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pure, 1874), démontre mathématiquement l'existence d'un équilibre général
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CHAPITRE 6 : DEUX GRANDES EXPLICATIONS DU CHOMAGE : KEYNES CONTRE LES NEOCLASSIQUES
Salaire, coût du travail, marché du travail, chômage, demande anticipée, marché (de biens et de services)
Plan
TempsMécanismesNotionsSavoir-faireMoyensVacqI - Lanalyse néoclassique du chômage
A-Qui sont les néoclassiques ?
B- Quest-ce qui détermine le niveau de lemploi, pour les ncl ?
C- Doù vient le chômage et comment y remédier?
Cours 1h30
DD 1h30Fonctionnement du marché du travail
Lien entre salaire et emploiSalaire
Coût du travail
Marché du travail
Chômage
Flexibilité (salariale)Lire courbes doffre et de demande
Doc 22 p 116, Q1 et 2
II Lanalyse keynésienne du chômage
A- Quest-ce qui détermine le niveau de lemploi, pour Keynes?
B- Doù vient le chômage et comment y remédier?
Cours 1h 30
Lien entre demande effective et emploi
Multiplicateur dinvestissementMarché (de biens et de services)
Demande effective
Chômage
VAC en fin de II, avant conclusion.Application :
TD Liens flexibilité-chômageA la maisonRevoir les mécanismes du chapitre 6Revoir notions du chapitre + flexibilité vue dans chapitre 5Construire une argumentationVoir TD
I- Lanalyse néoclassique : le chômage est dû à un coût du travail trop élevé
A - Qui sont les économistes néoclassiques ?
Cest un ensemble dauteurs de la fin du XIXème et du début du XXè (1870-1914) qui ont cherché à analyser le comportement individuel des acteurs économiques (analyse microéconomique), et à traduire ces comportements sous forme mathématique (modélisation).
Il supposent que le comportement des hommes est rationnel, et que les acteurs économiques cherchent toujours à satisfaire le mieux possible leur intérêt personnel.
Pour ces économistes, lactivité économique est un ensemble déchanges, de biens, de services, de travail, contre de largent.
Ces échanges se font entre des acteurs qui offrent un bien ou un service (des entreprises par exemple), et des acteurs qui demandent un bien (les ménages par exemple) : cest ce que lon appelle loffre et la demande. Tout ce passe comme si ces échanges avaient lieu sur un marché, et la confrontation des offres et des demandes a pour résultat final quune certaine quantité de biens est échangée, à un certain prix, prix auquel O = D.
En effet, si les entreprises sont trop nombreuses à offrir un bien par rapport à la demande des ménages, elles vont chercher à diminuer le prix du bien. A mesure que ce prix baisse, il y aura de plus en plus de ménages intéressés, et aussi de moins en moins dentreprises qui pourront vendre à un prix plus bas => la quantité offerte va diminuer et la quantité demandée va augmenter jusquà ce que O = D. Là les choses ne bougeront plus : on appelle cela léquilibre du marché.
Ces mécanismes qui conduisent à léquilibre du marché les économistes néoclassiques les ont traduits sons forme mathématique, et représentés sous forme graphique : ce sont les courbes doffre et de demande, vues en Première.
Dessiner les courbes au tableau.
Pour les économistes néoclassiques, cependant, cet équilibre entre offre et demande (qui satisfait tout le monde) ne doit pas se faire dans nimporte quelles conditions.
Pour que léconomie fonctionne de la meilleure manière possible, il faut que les acteurs des marchés soient en concurrence parfaite les uns avec les autres. Pourquoi ? Pour quaucun acteur ne puisse abuser dune position de force et imposer des prix qui soient ou trop élevés (pour les consommateurs) ou trop bas (pour les producteurs).
Exemple : un marché où une entreprise est seule à proposer un bien => elle pourra fixer le prix quelle veut => et proposera un prix sans doute bien plus élevé que cela lui coûte réellement, ce qui diminuera les possibilités de consommation de ce bien par les ménages.
La concurrence pure et parfaite permet de garantir que personne nabuse dune position de pouvoir, et donc que les prix soient toujours de « justes prix », et permettent la meilleure satisfaction possible des différents offreurs et demandeurs.
Quelques économistes néoclassiques (les précisions sont pour les profs) :
Alfred Marshall (Principes déconomie politique, 1890) première synthèse du marginalisme, démonstration de léquilibre général, et développe, pour la première fois, les courbes doffre et de demande.
Léon Walras (Eléments déconomie politique pure, 1874), démontre mathématiquement lexistence dun équilibre général dans une économie de libre concurrence, et aboutit à la conclusion que cet équilibre procure « le maximum dutilité des services et des produits ».
Francis Edgeworth (Psychologie mathématique, 1881) : développe lanalyse des courbes dindifférence, c'est-à-dire lensemble des situations pour lesquelles un individu éprouverait toujours le même niveau de satisfaction même si lassortiment de biens et de services quil acquiert se modifiait.
Stanley Jevons (Théorie de la politique économique, 1872) : pose les bases de lanalyse marginaliste.
Vilfredo Pareto (Manuel déconomie politique, 1906)
Arthur Cecil Pigou élève de Marshall (The theory of unemployment, 1908), « seul compte rendu détaillé qui existe de la théorie classique du chômage », selon Keynes.
Comment les économistes néoclassiques ont-ils utilisé leur théorie pour analyser le problème du chômage ?
B - Quest-ce qui détermine le niveau de lemploi, pour les néoclassiques ?
Pour les économistes néoclassiques, le travail est une marchandise, comme les biens et les services, et donc le nombre demplois (la quantité de travail) dans une économie est déterminé par la confrontation entre une offre de travail (venant des travailleurs), et une demande de travail (venant des employeurs, qui ont besoin de travailleurs), sur un marché : le marché du travail.
Le prix auquel les travailleurs vendent leur travail aux employeurs est un prix particulier : le salaire, et plus précisément, le salaire réel (le pouvoir dachat) : selon les néoclassiques, les travailleurs prennent en compte leffet de la hausse de prix sur leur salaire.
Comment se comportent les acteurs économiques sur ce marché du travail ? Et comment les néoclassiques représentent-ils ce comportement ?
Comportement des offreurs de travail, les travailleurs :
pour un niveau de salaire (réel) proposé, les futurs salariés vont comparer ce salaire avec la contrainte que représente pour eux le fait de travailler (ils doivent renoncer à des loisirs) : plus ce niveau de salaire est élevé, plus il devient intéressant de travailler, et donc plus il y aura de salariés volontaires pour un travail donné.
En réutilisant le graphique précédent, (changer la dénomination des axes) :
placer deux points au tableau pour deux salaires très différents et faire déduire aux élèves où se situe loffre de travail à chaque fois.
Remarque : Ceci implique que, dans la pensée néoclassique, si le salaire est jugé trop faible par les futurs salariés, ils peuvent choisir de ne pas travailler.
Comportement des demandeurs de travail, les employeurs
Pour les employeurs, le salaire est un coût (il fait partie des coûts de production) ; ils comparent donc ce coût avec la création de richesses que va permettre lembauche dun travailleur supplémentaire (c'est-à-dire avec la productivité de ce travailleur). Si le coût dun salarié supplémentaire est supérieur à ce quil rapporte, lentreprise na pas intérêt à embaucher ; par contre, plus le coût dun salarié supplémentaire sera faible par rapport à ce quil rapporte, plus il sera intéressant pour lentreprise dembaucher.
Placer deux points au tableau pour deux salaires très différents et faire déduire aux élèves où se situe la demande de travail à chaque fois.
Offreurs et demandeurs de travail se rencontrent. Si O>D => les travailleurs vont réviser à la baisse le salaire exigé => O diminue et D augmente, jusquà ce que O = D
Lorsque O = D, le marché du travail est à léquilibre, et pour le salaire réel déquilibre, un certain nombre de travailleurs sont embauchés : cest le niveau demploi dans léconomie.
Voilà comment est déterminé le niveau de lemploi selon les auteurs néoclassiques.
C - Doù vient le chômage, selon les néoclassiques ?
1- Si le marché du travail est concurrentiel, il ne peut pas y avoir de chômage durable
On parle de chômage lorsque des personnes souhaitent travailler mais ne trouvent pas demploi au salaire en vigueur, parce que la demande de travail des employeurs nest pas suffisante.
=> Dans le modèle néoclassique, il y a du chômage lorsque loffre de travail est supérieure à la demande de travail.
Montrer sur le graphique un point où O>D.
Si lon représente cette situation sur le graphique représentant le marché du travail, on voit quil y a chômage lorsque le salaire est supérieur au salaire déquilibre.
Pour que le chômage diminue, il faut que la demande de travail de la part des entreprises augmente, et que loffre de travail de la part des salariés diminue. Il faut donc que le salaire diminue.
On arrive ici à un premier élément de lanalyse néoclassique du chômage : le chômage est dû à un salaire trop élevé, ou, plus largement, à un coût du travail trop élevé : les entreprises, pour ce niveau de salaire, nont pas intérêt à embaucher, cela leur coûte trop cher.
Coût du travail : non seulement le salaire, mais aussi, lorsquil existe un système de sécurité sociale, les cotisations sociales qui sont versées sur le salaire (cotisations qui sont ensuite reversées aux caisses dassurance maladie, vieillesse, chômage, et servent à subvenir aux besoins du travailleur en cas dimpossibilité de travailler pour ces différentes raisons :maladie, maternité, vieillesse, chômage).
En France : Coût du travail pour lemployeur (100)= salaire brut (salaire net (55) (reçu par le salarié)+ cotisations salariales) + cotisations patronales
Pour les néoclassiques, cette situation de chômage due à un coût du travail trop élevé ne peut être que temporaire : le fonctionnement du marché du travail permet quil se résorbe. En effet, si le salaire demandé par les travailleurs est trop élevé et quils ne parviennent pas à trouver un emploi, comme ils sont en concurrence les uns avec les autres, certains vont diminuer leurs exigences, et au fur et à mesure que le salaire demandé diminuera, il y aura de plus en plus dentreprises prêtes à embaucher, et aussi de moins en moins de travailleurs désirant travailler. On arrivera à une situation où le salaire sera à un niveau pour lequel le nombre demplois proposés par les employeurs sera identique au nombre de travailleurs désirant travailler. Il ny aura plus de chômage.
Cest un deuxième élément de lanalyse néoclassique : si le marché du travail est dans une situation de concurrence, c'est-à-dire si les travailleurs sont en concurrence les uns avec les autres, alors le salaire finira toujours par sajuster de telle manière quil atteigne un niveau qui égalise O et D de travail. Il ny aura donc jamais de situation durable de chômage.
Doù vient alors que lon observe de longues périodes de chômage, comme cela a été le cas pendant toutes les années 1930 (suite à la crise de 1929) et depuis la fin des années 1970 jusquaujourdhui dans de nombreux pays occidentaux ?
2- Le chômage durable est dû à un dysfonctionnement du marché du travail.
Selon lanalyse néoclassique, il peut y avoir deux grandes raisons :
- il se peut que les emplois proposés se situent dans des régions très éloignées des travailleurs disponibles, ou bien que les qualifications demandées ne correspondent pas à celles des travailleurs, ce chômage est appelé le chômage « frictionnel », il peut se résoudre si les travailleurs se déplacent ou se forment ;
- mais il se peut aussi que le chômage vienne du fait que les salaires restent durablement à un niveau trop élevé, car ils ne sont pas suffisamment libres de baisser (on parle dune flexibilité des salaires à la baisse insuffisante), soit parce que les travailleurs se sont associés pour refuser cette baisse (ils ne sont donc plus en concurrence les uns avec les autres), soit parce que lEtat a mis en place des règles empêchant la baisse des salaires en-dessous dun certain seuil : un salaire minimum (en France, le SMIC). Ce chômage est un chômage « volontaire », selon les économistes néoclassiques.
Autrement dit, le chômage vient de ce que lEtat, ou certains groupes sociaux (syndicats de salariés), introduisent des « rigidités » dans le système économique, c'est-à-dire quils empêchent que les variables économiques (ici le salaire, ou plus largement le coût du travail) sajustent librement en fonction de loffre et de la demande et amènent à léquilibre, à une situation où tous ceux qui veulent travailler sont embauchés.
3- Comment diminuer le chômage, selon lanalyse néoclassique ?
Pour résoudre le problème du chômage, il faut donc, selon les néoclassiques, laisser le marché du travail fonctionner librement et dans la concurrence, sans que lEtat ou les groupes sociaux interviennent pour fixer des règles de salaire minimum.
Selon lanalyse néoclassique, le salaire est un coût pour les employeurs. Diminuer ce coût incitera les entreprises à embaucher. LEtat ne doit donc pas fixer de salaire minimum, ni même imposer de contraintes financières aux entreprises en cas de licenciement.
Cest sur cette idée que reposent les mesures dexonération de cotisations sociales mises en place par de nombreux gouvernements en France pour lutter contre le chômage : pour inciter les entreprises à embaucher, en particulier pour les emplois peu qualifiés, lEtat exonère les entreprises du versement des cotisations sociales patronales => cela diminue le coût du travail pour les employeurs, avec lavantage que cela ne diminue pas le salaire versé aux salariés.
Inconvénients :
- les cotisations sociales non versées par les employeurs sont des revenus de transferts (allocations chômage, retraite, maladie, etc.) => soit elles sont financées par dautres impôts, et donc réduisent dautres revenus, soient elles sont moins financées, et donc les revenus des travailleurs retraités, ou chômeurs, ou malades diminuent à plus ou moins long terme.
- effets daubaine (si temps)
Application
Doc 22 p 116, Q1 et 2
II Lanalyse keynésienne : le chômage est dû à une demande insuffisante sur le marché des biens et des services
Dans les années 1930 où le chômage atteint des niveaux sans précédent, le projet de Keynes est de rechercher lorigine du chômage au-delà des limites du marché du travail, dans le fonctionnement de lensemble de léconomie. Son analyse est donc macroéconomique, cest une première grande différence avec lanalyse néoclassique.
La théorie keynésienne de lemploi, tout comme lensemble des éléments de luvre majeure de Keynes, la Théorie générale de lemploi, de lintérêt et de la monnaie (1936), est à la fois
- une démonstration des limites de la théorie néoclassique,
- et une analyse complètement nouvelle du fonctionnement du système économique.
A Quest-ce qui détermine le niveau de lemploi, selon Keynes ?
Keynes, lemploi est déterminé par le niveau de la production : plus on produit, plus on a besoin dembaucher.
Or la production dépend de la demande anticipée par les entreprises, demande sur le marché des biens et des services, ce que Keynes appelle la « demande effective » : « ce que les entrepreneurs sattendent à voir la communauté dépenser, pour la consommation et pour linvestissement » (D = C + I en éco fermée).
Autrement dit : les employeurs embauchent en fonction des débouchés quils prévoient pour leurs produits.
Pour quil y ait beaucoup demplois créés, il faut donc que les entrepreneurs anticipent une forte demande globale, c'est-à-dire une forte demande de biens et de services de consommation et dinvestissement.
B Doù vient le chômage, et comment y remédier, selon Keynes ?
1- Doù vient le chômage ?
Pour Keynes, comme la quantité demplois dépend de ce que les entrepreneurs anticipent comme demande, il ny a aucune raison a priori pour que le plein emploi soit toujours assuré : en effet, rien ne garantit que la demande prévue par les entrepreneurs soit justement celle qui permet dembaucher tous ceux qui désirent travailler.
Contrairement à la conclusion de la théorie néoclassique, si lon laisse léconomie se réguler seule, il y a donc de fortes chances pour que léquilibre auquel on arrive soit un équilibre de sous-emploi, c'est-à-dire de chômage.
Le chômage nest donc pas une exception, mais la norme :selon K., il vient du fait que la demande prévue par les entrepreneurs nest pas suffisante pour quils embauchent tous ceux qui désireraient travailler.
Et ce chômage est un « chômage involontaire » (expression de Keynes, qui répond à celle des néoclassiques) : il y a des travailleurs prêts à travailler pour le salaire en vigueur, mais les entreprises ne les embauchent pas faute de débouchés.
Même si le salaire diminuait, cela naurait aucun effet sur lemploi puisque celui-ci ne dépend pas du niveau du salaire mais des débouchés anticipés. Et en plus, cela comprimerait encore plus la demande, donc aggraverait le problème au lieu de le résoudre.
Lanalyse de Keynes va donc contre celle des néoclassiques, non seulement en ce qui concerne les causes du chômage, mais aussi ses remèdes.
2- Comment peut-on réduire le chômage, selon Keynes ?
Le niveau demploi dépend de la demande anticipée. Pour que les entreprises créent des emplois, il faut donc augmenter cette demande. Deux composantes de la demande : C+I.
a) Stimuler linvestissement
Un investissement nouveau, en augmentant la demande prévue par les entreprises qui produisent les biens de production, permettra non seulement de créer de nouveaux emplois, mais aussi de générer de nouveaux revenus, qui seront en partie consommés, ceci accroissant les perspectives de demande, donc la production, donc les revenus et lemploi, etc.
Cest le mécanisme du multiplicateur dinvestissement (voir Chapitre 3) : un investissement dun montant donné provoque une augmentation de la production et des revenus distribués plusieurs fois égale au montant de linvestissement initial.
Relancer linvestissement est donc selon Keynes un moyen très efficace damorcer une reprise de lactivité économique et de réduire le chômage.
Pour cela, lEtat peut utiliser plusieurs moyens :
- mener une politique monétaire de diminution du taux dintérêt, pour inciter les entreprises à investir davantage (voir Chapitre 3, II)
- investir lui-même, en augmentant les dépenses publiques pour financer cet investissement. (ex : grands travaux).
b) Relancer la consommation
Lautre composante de la demande est la consommation. Keynes propose dagir sur cette consommation en augmentant la propension moyenne à consommer des ménages.
Ceci peut être réalisé au moyen dune fiscalité qui retire une partie de leurs revenus aux ménages les plus aisés (qui épargnent une grande partie de leurs revenus), et transfère des revenus aux ménages les plus pauvres, qui consomment une plus grande part de leurs revenus.
Plus largement, le fait dindemniser le chômage, et plus généralement de garantir des revenus à ceux qui ne peuvent travailler au moyen dun système de protection sociale, ont pour Keynes une utilité certaine car ils permettent de soutenir la consommation, grande composante de la demande, et ainsi, de maintenir un certain niveau demploi.
VAC Chapitre 6
Conclusion du II (à ne donner quau moment de la correction de la VAC)
Lanalyse de Keynes aboutit ainsi à des conclusions radicalement différentes de celles des néoclassiques :
Le chômage nest pas dû à un salaire trop élevé, mais à une demande anticipée par les entrepreneurs insuffisante.
Le fonctionnement libre et spontané du système économique ne conduit pas automatiquement au plein emploi, mais au contraire, le plus souvent à une situation de sous-emploi.
LEtat a donc un rôle à jouer, au moyen de politiques économiques de soutien de la demande, pour diminuer le chômage (contrairement à lidée néoclassique que cest lintervention de lEtat dans le fonctionnement du marché du travail qui est responsable du chômage).
La rigidité des salaires à la baisse nest pas source de chômage, mais est au contraire souhaitable, puisquelle permet de soutenir la demande, donc la production, et lemploi.
Conclusion du chapitre 6
Pour les économistes, la question du chômage est une question majeure : le chômage est un dysfonctionnement grave de léconomie. Il importe den chercher les causes, pour pouvoir ensuite mettre en uvre les moyens appropriés dy remédier.
Lopposition des conclusions de Keynes et des néoclassiques illustre combien la question est complexe, et combien il est difficile dy apporter une seule réponse. Depuis Keynes, de très nombreuses théories ont été développées, cherchant à expliquer le chômage qui perdure dans les pays occidentaux depuis le début des années 1970, et utilisant pour cela différents types dapproches : microéconomique, macroéconomique.
La question du chômage est une question dautant plus importante que ce qui est en jeu est toujours la place que lon doit donner à lEtat dans le fonctionnement de léconomie. LEtat doit-il intervenir ou laisser les variables économiques sajuster librement ? Et sil intervient, comment, et jusquoù doit-il le faire ?
Vérification des acquisitions (Chapitre 6)
1 Quentend-on par « flexibilité du salaire » ? « rigidité du salaire à la baisse » ?
2 Quest-ce que la « demande effective » ? la demande globale ?
3 Quest-ce que le sous-emploi ?
4 Pourquoi, selon Keynes, stimuler linvestissement est-il un moyen très efficace de relancer la demande ?
5 - Remplir le tableau suivant :
Analyse néoclassiqueAnalyse keynésienneComment est déterminée la quantité demplois dans une économie ?
A quoi est dû le chômage ?
Que doit faire lEtat face au sous-emploi ?
Quel peut être leffet sur lemploi dun salaire minimum ? Pourquoi ?
Quel peut être leffet sur lemploi dune indemnisation du chômage ? Pourquoi ?
Notes (pour les profs) sur classiques, néoclassiques, « économie classique » au sens de Keynes
Classiques : lignée des économistes allant de Smith (1776) à John Stuart Mill (1849, Principes déconomie politique), comprenant Jean-Baptiste Say (1803, Traité déconomie politique) (vulgarisateur de Smith) et auteur de la « loi des débouchés », David Ricardo (1817). Trait commun (le seul) de cette école : la conception de la valeur, exprimée avec le plus de force chez Ricardo : la valeur dune marchandise est déterminée par son contenu en travail. Parmi ces penseurs, bcp ont une conception plutôt libérale du rôle de lEtat, mais pas tous (Mill, Malthus).
Néoclassiques se distinguent des classiques par leur conception de la valeur : pour eux, la valeur dépend de lutilité attachée par les demandeurs à ce qui fait lobjet dun échange, et cette valeur (cette utilité) est variable selon les circonstances. Les ncl vont donc raisonner en terme de variations : leur support de réflexion, ce sont les courbes doffre et de demande, qui représentent lensemble des comportements possibles dun acteur économique (consommateur, travailleur, entrepreneur). Ils placent donc leur analyse au niveau des individus (et non plus, comme les classiques, au niveau de la société dans son ensemble et des divers groupes sociaux (travailleurs, capitalistes, propriétaires fonciers), et plus précisément dun individu représentatif, au comportement rationnel, l « homo conomicus »cherchant à décrire leur comportement, et à montrer comment tous ces comportements débouchent sur une situation déquilibre, c'est-à-dire une situation « stable », dans laquelle il ny a plus de changements (de prix, de demande, doffre).
Ces théoriciens nétaient pas tous des libéraux convaincus ; certes, aucun nétait révolutionnaire, mais Walras se disait volontiers socialiste, et Marshall se réclamait soucieux de justice sociale, et insista par exemple pour que lEtat dégage des dépenses publiques en faveur de la formation et des espaces verts (inventeur du concept déconomie externe (externalité positive)).
Keynes dénomme « économistes classiques » la plupart des économistes issus des branches bien distinctes que sont léconomie classique et léconomie néoclassique, parce quils ont en commun (à lexception de Malthus) dadhérer à la « loi de Say » ou « loi des débouchés » (1828). Selon les classiques, cest lépargne qui fait la richesse dune nation, parce que lépargne servira à investir pour créer une production supplémentaire de richesses génératrices de revenus ; lépargne est donc une vertu. Et si la production supplémentaire ne se transformait pas en revenu, faute de demande ? Cest là quintervient la loi de Say : « Un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à dautres produits pour le montant de sa valeur. » Parce que celui qui a produit va chercher immédiatement à vendre ce produit, et ensuite à acquérir avec le prix de sa vente dautres produits ; ceci pour que la valeur créée « ne chôme pas entre ses mains ».
Comme Malthus, Keynes va sopposer à cette loi de Say (et donc à ceux quil nomme les « classiques »), en montrant que la production de richesses est déterminée par la demande anticipée par les entrepreneurs, celle-ci étant stimulée par une forte consommation. Pour Keynes, lépargne nest pas une vertu.
Dès 1808, Mill avait écrit : « Il ne peut jamais y avoir manque dacheteurs pour toutes les marchandises. Quiconque met une marchandise en vente demande den recevoir une autre en échange, et il est donc acheteur du simple fait quil est vendeur. »
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