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« Le respect de la dignité humaine comme référence pour les devoirs moraux de lhomme envers lui-même et envers les autres hommes selon Kant »
Jacques FRÉDÉRIQUE
Mémoire de maîtrise soumis à la Faculté de Philosophie de lUniversité Saint-Paul en vue de lobtention du grade de maîtrise ès art en Éthique publique
Ottawa, Canada
Septembre 2015
© Jacques Frédérique, Ottawa, Canada, 2015
SOMMAIRE
Dans notre mémoire de maîtrise, nous voulons expliquer pourquoi Kant considère le respect de la dignité humaine comme référence pour les devoirs moraux que lhomme doit accomplir envers lhomme. Pour ce faire, nous préciserons le sens de sa pensée sur la dignité humaine et les devoirs moraux envers lhomme en tant que sujet moral. En fait, sa philosophie morale sur la dignité humaine se rapporte à sa maxime nous invitant à traiter lhumanité dans chaque personne humaine toujours comme une fin en soi. Agir de cette manière envers lhomme, cest laimer et le respecter. Cest reconnaître et affirmer son autonomie et sa valeur absolue. Pour Kant, cest là le critère par excellence pour apprécier la valeur morale des actions de lhomme envers lui-même et envers les autres hommes. Lintérêt que présente sa philosophie morale sur la dignité humaine cest quelle permet de valoriser lêtre humain et favorise la fraternité humaine.
LES REMERCIEMENTS
Nous remercions sincèrement le professeur Louis Perron qui a dirigé notre mémoire de maîtrise. Ses conseils salutaires, sa disponibilité et surtout la diligence avec laquelle il a corrigé notre travail de recherche nous ont profondément marqué. Nous lui exprimons notre plus vive gratitude.
LA TABLE DES MATIÈRES
Sommaire
...p. ii.
Les remerciements
.p. iii.
La table des matières
..p. iv.
Introduction
.....p. 5-8.
Chapitre I. La signification de la notion de la dignité humaine chez Kant
p. 8.
La dignité de lhomme comme être rationnel
.....p. 8-14.
La dignité de lhomme comme une personne humaine
p. 14-18.
Chapitre II. La reconnaissance de la dignité humaine comme condition du respect de la dignité et de lautonomie humaine
.......................p. 18.
2.1 Lhomme comme fin en soi
..p. 18-25.
2.2. Lhomme comme un être autonome
p. 25-33.
Chapitre III. Les devoirs moraux de lhomme envers lui-même et envers les autres hommes
p. 33.
3.1 Les devoirs envers soi-même
...p. 33-38.
3.2 Les devoirs moraux de lhomme envers les autres hommes
p. 38-47.
Conclusion
..p. 47-51.
Bibliographie
..............p. 52-53.
INTRODUCTION
De nos jours, la notion de la dignité humaine comme valeur morale nous est très familière. Elle est au centre des réflexions éthiques sur des sujets tels que la politique, le droit, la médecine, léconomie où la vie humaine est en jeu. Les gens réclament de plus en plus le respect de leur dignité. Certains réclament non seulement le droit de vivre dans la dignité mais aussi celui de mourir dans la dignité. Le respect de la dignité humaine est considéré comme un droit inaliénable et inviolable. Or cela na pas toujours été ainsi dans lhistoire. Selon Éric Fiat, cest « grâce à Kant qui démocratise la dignité humaine en disant que tous les hommes sont dignes ». Car avant son universalisation par Kant, elle nétait réservée quà une catégorie de personnes qui pouvaient lavoir par leur vertu, leurs talents et leur conduite. Ainsi, il y avait dun côté ceux qui étaient considérés comme dignes, et de lautre ceux qui ne létaient pas.
Le fait que Kant a valorisé tous les hommes marque un tournant dans la manière dont certains hommes étaient alors considérés. Pour lui, la valeur humaine, la dignité humaine est ontologique, cest-à-dire quelle ne dépend pas des facteurs extérieurs. Tous les hommes sont dignes dune dignité intrinsèque, absolue et inconditionnée par le fait même quils sont des hommes. Considérant leffet bénéfique de la démocratisation de la dignité humaine sur le mode de penser et sur la conscience humaine, Fiat dit que « la conception kantienne de la dignité humaine a changé en quelque sorte la face du monde ». Car elle permet détablir des relations plus humaines et plus fraternelles entre les hommes partageant la même humanité.
Cest exactement cette conception kantienne de la dignité humaine qui est lobjet de notre mémoire. En effet, non seulement Kant affirme la dignité de tout homme, il dit quelle doit être au centre des actions humaines. Cest-à-dire que cest elle qui doit servir de critère pour évaluer les rapports des hommes entre eux. En dautres termes, il propose le respect de la dignité humaine comme la référence pour les devoirs moraux que lhomme doit accomplir envers lui-même et envers les autres hommes. Ainsi, seules les actions humaines qui correspondent à la dignité humaine seraient des actions morales. Dans ce cas, la moralité aurait pour fondement non pas un principe qui est extérieur à lhomme, mais un principe qui lui est intérieur. Cest lautonomie et la liberté de la volonté humaine que cela sous-tend.
Mais pourquoi Kant propose-t-il le respect de la dignité humaine comme le critère des devoirs moraux envers soi-même et envers les autres? Pour répondre à cette question qui constitue la problématique de notre mémoire, nous allons analyser sa philosophie morale sur la notion de la dignité humaine et sur les devoirs moraux que les hommes doivent accomplir entre eux. Retenons deux idées fondamentales qui se rattachent au respect de la dignité humaine chez Kant. La première idée est que lhomme est un être rationnel, ce qui fait de lui une personne humaine. La deuxième est quil est une fin en soi et est un être autonome. Il est ainsi un sujet moral qui doit agir librement selon la loi quil se donne.
En ce qui concerne, les devoirs moraux, que le sujet moral doit accomplir envers lui-même et envers les autres, ils dérivent de la maxime kantienne disant que nous devons traiter lhomme comme une fin en soi, jamais comme un simple moyen. En fait, cela nous renvoie à la dignité de lhomme qui doit être traité avec respect. Cette maxime qui est au fond de la philosophie morale de Kant sur la dignité humaine est le fil conducteur de notre mémoire. Cest dans ce cadre théorique que sinscrit notre travail de recherche qui comprend trois parties ou chapitres, qui sont subdivisés en des sous-parties.
Le premier chapitre porte sur la signification de la notion de la dignité humaine qui désigne la valeur intrinsèque absolue de lêtre humain. Nous analyserons la pensée de Kant sur la dignité humaine qui sexprime par la rationalité et la personnalité. La raison exprime la dignité humaine parce quelle nous permet de penser et de nous interroger sur ce que nous devons faire comme des sujets moraux. Elle joue ainsi un rôle important dans la vie de lhomme que Kant considère une personne humaine. Car selon lui celle-ci exprime mieux le caractère absolu de lêtre humain.
Dans le deuxième chapitre nous expliquerons comment la reconnaissance de lhumanité dans chaque homme est la condition du respect de lêtre humain qui est un être autonome et une fin en soi. Nous insisterons sur lautonomie qui implique la liberté de la volonté humaine. Kant la considère comme le principe de la moralité. Selon lui, respecter lautonomie de lêtre humain et le traiter comme une fin en soi constituent en soi le même acte moral. Le troisième chapitre, qui est le cur même de notre travail, sera consacré aux devoirs moraux que nous devons accomplir envers nous-mêmes et envers les autres. Nous y montrerons les bienfaits des devoirs qui sont accomplis dans le respect de la dignité humaine. Cela favorise la fraternité et la paix entre les hommes et entre les peuples.
Bien entendu, les trois chapitres seront développés dans lordre indiqué dans la table des matières qui est placée au début de notre travail. Après la conclusion où nous synthétiserons les idées principales que nous aurons développées dans notre travail, nous fournirons nos sources bibliographiques. Considérant le caractère précis et concis que requiert un mémoire de maîtrise, nous ne prétendons pas épuiser toute la pensée morale de Kant sur notre problématique. Nous allons mettre laccent sur lessentiel, cest-à-dire sur des éléments pertinents qui permettent de mieux cerner notre problématique. Donc, ce qui revient à dire que notre mémoire sera une humble contribution dans leffort visant à approfondir la pensée kantienne sur la dignité humaine qui permet de justifier et daffirmer la valeur ontologique de lêtre humain. Cest-à-dire de promouvoir la souveraineté de lêtre humain par rapport aux choses.
La signification de la notion de la dignité humaine chez Kant
La dignité de lhomme comme être rationnel
Pour saisir et expliquer le sens de la notion de la dignité humaine chez Kant, commençons par la distinction quil a établie entre ce qui a un prix et ce qui a une dignité. On donne un prix à une chose qui a une valeur relative. Cest-à-dire quon peut la remplacer par quelque chose dautre à titre déquivalent. Or pour lhomme, cest différent. Il a une valeur absolue parce quil est « au-dessus de tout prix ». Cest pourquoi Kant parle de la dignité de lhomme ou de la dignité humaine pour exprimer le caractère unique et irremplaçable de ce dernier.
Mais quest-ce qui fait la valeur absolue de lhomme par rapport aux choses qui lentourent? Autrement dit, en quoi réside le fondement philosophique de la dignité humaine? Pour Kant, cela réside dans le fait quil y a dans lhomme « une faculté par laquelle il se distingue de tous les autres êtres, et cette faculté cest la raison ». Suivant lapplication de la raison, Kant parle de la raison pratique et de la raison pure ou spéculative. Pour connaître, la raison sappuie sur lexpérience sensible et conduit ainsi à la connaissance empirique. La raison est dite pure lorsquelle forme ses concepts a priori indépendamment de la réalité sensible. En fait, dans les deux cas, il sagit de la même raison qui nous permet dacquérir divers types de connaissances. Selon Kant, la raison pure devient la raison pratique lorsquelle détermine la volonté à agir.
Insistons sur la raison pratique, ou plutôt sur laspect pratique de la raison, par laquelle lhomme se donne une loi universelle que nous appelons la loi morale. Kant considère que la raison joue un rôle capital dans la vie humaine. Limportance quil lui accorde vient du fait que cest grâce à elle que « lhomme se rattache, comme intelligence, au monde intelligible ». Donc, contrairement aux choses, lhomme a une double appartenance. Il appartient au monde sensible dans lequel il vit tout en participant au monde intelligible par sa pensée. Doù la valeur de la raison qui permet à « lhomme de sélever au-dessus de tous les autres êtres du monde qui ne sont pas des êtres humains ». Cette élévation sexplique par le fait que lhomme peut penser et agir librement. Selon Kant, cette manière dagir est propre à tout être qui possède une volonté. « Je soutiens quà tout être raisonnable qui a une volonté nous devons attribuer nécessairement aussi lidée de la liberté ».
Car le propre de la volonté est dêtre une volonté libre. Chez Kant, la liberté de la volonté a un sens précis. Cela signifie que non seulement celle-ci est à elle-même sa propre loi, mais aussi elle doit y obéir. Car pour lui, « une volonté libre et une volonté soumise à des lois morales sont une seule et même chose ». Donc, cest toujours en ce sens quil faut comprendre sa pensée sur la volonté, à laquelle se rapportent la liberté et lautonomie du sujet moral. Cest à cela quil se réfère lorsquil parle de la volonté humaine. « La volonté dun être raisonnable doit toujours être considérée comme législatrice, parce quautrement lêtre raisonnable ne pourrait pas se concevoir comme fin en soi ». Une telle faculté ne se trouve quen lhomme qui a la notion du bien et du mal. Cest pourquoi il est responsable des actes quil a posés envers lui-même et envers les autres.
En fait, en considérant la raison comme la base théorique de la dignité humaine, Kant sinscrit dans la tradition philosophique grecque qui rattache la dignité de lhomme à sa nature rationnelle. Cela est remarquable avec Aristote qui identifie lhomme à son intelligence. « Lhomme est avant tout son intelligence ». Cest-à-dire que lintellect constitue lêtre même de chaque homme. Cest ce qui le caractérise, qui fait de lui un être humain. Aristote le définit comme « ce par quoi lhomme connaît et comprend ». Donc, dans ce cas, il joue un rôle important dans la vie humaine. Car cest par cela que lhomme se révèle comme un être autonome. Cest-à-dire un sujet moral qui peut obéir à la loi morale quil se donne. Cest pourquoi Aristote dit que « lhomme doit tout faire pour vivre selon lintellect qui est la partie la plus noble qui est en lui ». Car cest ce qui favorise la vie bonne qui est la fin de léthique. En dautres termes, cest laction rationnelle qui correspond à la dignité humaine.
Nous pourrions mentionner dautres philosophes qui montrent que la dignité humaine repose sur la raison humaine, qui est le principe de ses propres activités. Retenons par exemple Épictète qui considère lintellect comme « la partie maîtresse de notre âme ». De ce fait, nous devons en prendre soin, en la rendant plus pure que le soleil. Il a fait de ce devoir moral le programme de toute sa vie. « Désormais, la matière sur laquelle je dois travailler cest ma pensée...mon travail consiste à user de mes représentations avec rectitude ». Cest-à-dire quil se fait le devoir de méditer sur laction morale qui correspond à la dignité humaine. Thomas De Koninck a noté une réflexion chez saint Jean de la Croix qui rattache la dignité humaine à la pensée : « Une seule pensée de lhomme est plus précieuse que tout lunivers
» Doù limportance de la raison qui permet à lhomme de penser. Cela se rapporte à la philosophie de Kant qui considère la raison comme lélément fondateur de la dignité humaine.
Rappelons que pour Aristote et pour Épictète, le fait que lhomme possède la raison, cela lui impose un devoir moral, qui est celui dagir selon la raison. Cest la même chose pour Kant qui sinterroge sur ce quil doit faire en tant quun être rationnel. « Tout lintérêt de ma raison se concentre dans les trois questions suivantes : « Que puis-je savoir? Que dois-je faire? Que mest-il permis despérer? » Ces questions qui constituent les thèses centrales de sa philosophie, dépassent largement le cadre de notre travail portant sur la dignité humaine. Toutefois, disons que la première question porte sur la connaissance. La deuxième porte sur la philosophie morale ou léthique. La troisième qui est à la fois pratique et théorique porte sur lespérance. « Si je fais ce que je dois faire que mest-il permis despérer?» Pour Kant, seul lhomme peut se poser de telles questions.
Insistons un peu sur la deuxième question qui se rapporte à notre problématique. Kant y traite de la loi morale à laquelle le sujet moral doit obéir par devoir. Pour ce faire, la volonté de ce dernier doit être bonne, parce que « sans la bonne volonté rien ne peut être tenu pour bon ». Mais quest-ce que Kant entend par une bonne volonté? Comment peut-on bonifier sa volonté? Selon lui, cela se fait par la raison. Suivons son explication.
Puisque la raison nous a été départie comme puissance pratique, cest-à-dire comme puissance qui doit avoir de linfluence sur la volonté, il faut que sa vraie destination soit de produire une volonté bonne, non pas comme moyen en vue de quelque autre fin, mais en soi-même [
.]. Car la raison, qui reconnaît que sa haute destination pratique est de fonder une bonne volonté, ne peut trouver dans laccomplissement de ce dessein quune satisfaction qui lui convienne, cest-à-dire qui résulte de la réalisation dune fin que seule encore une fois elle détermine.
En ce qui a trait à la manière dont la raison détermine la volonté, en la rendant bonne, Kant dit que cela se fait a priori. Cest-à-dire quelle le fait indépendamment de toute inclination, de manière désintéressée. Pour une telle volonté, la loi morale est « un fait de la raison pure ». Cest-à-dire quelle est une pure forme. Cest pourquoi la raison peut y obéir pour elle-même, cest-à-dire par devoir. Une telle loi est universelle, car elle est nécessaire et objective et a une valeur pour tous les êtres rationnels.
Alors comment formule-t-il cette loi ? Pour indiquer que cette loi commande de manière nécessaire, il lexprime sous la forme de limpératif catégorique. « Agis uniquement daprès la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps quelle devienne une loi universelle ». Cest-à-dire que le sujet moral doit faire ce que ferait tout être rationnel sil était à sa place. Cest de cette loi morale fondamentale que dérivent les autres lois concernant laction humaine. Nous apprécions la pensée dOlivier Reboul qui considère que « limpératif catégorique pose clairement le principe universel de la dignité humaine ». Notons la parole suivante qui résume la pensée de Kant sur la raison qui est le fondement de la dignité humaine. « Cest là un trait bien sublime de la nature humaine dêtre immédiatement déterminée à agir par une loi pure de la raison ».
Donc disons que, pour Kant, la raison révèle la grandeur de lhomme par rapport aux choses qui lentourent. Cest grâce à elle que ce dernier est un législateur de la loi morale. Elle est propre à lhomme qui existe comme une fin en soi. Il peut se former ainsi « une intention véritablement morale et agir de manière qui corresponde à la valeur de sa personne ». La notion de la personne renvoie à une autre expression de la dignité humaine. Pour lui, la personne humaine est avant tout une personne morale. Dans les lignes qui suivent nous montrerons comment Kant a employé cette notion pour parler du respect qui est dû à lhomme en tant que sujet moral.
1.2 La dignité de lhomme comme une personne humaine
Kant appelle lhomme une personne humaine parce que cest là que ce dernier trouve son expression la plus authentique dans lordre éthique. Il explique pourquoi lhomme est une personne humaine. « Les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi ». Donc, cest à cause de sa naturelle rationalité que lhomme est une personne humaine. Cest-à-dire parce quil possède la raison et la volonté. La personne révèle la vérité de lêtre humain dans ses dimensions sensible, intelligible et morale. Elle exprime la valeur irréductible et inaliénable de chaque homme. En fait, en appelant lhomme une personne, Kant a voulu mettre laccent sur le respect qui lui est dû, en tant quun être rationnel : « Lidée de la personnalité éveille le respect et nous manifeste la sublimité de notre nature...».
Cest pourquoi il dit que lhomme, en tant que personne humaine, ne doit pas être traité nimporte comment. Il revendique pour ce dernier un traitement qui correspond à la dignité de son être : « Agis de telle sorte que tu traites lhumanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen ». Lhumanité désigne ici le principe qui fait de lhomme un être humain. Lidée fondamentale de limpératif catégorique cest quil faut respecter lhomme parce quil est un être humain. La personne quil nous invite à respecter cest la personne considérée dans son individualité existentielle comme étant un sujet moral. Cela correspond à lidée selon laquelle « le sujet de toutes les fins, cest chaque être rationnel, comme fin en soi ». Cest-à-dire quelquun qui est libre et autonome et qui est conscient de ses actes. Cest en tant que tel que la personne humaine sengage dans les relations interpersonnelles.
Cette idée sera reprise par des penseurs comme Georg Mohr ayant réfléchi sur la notion de la personne dans la philosophie morale de Kant. Mohr dit que pour ce dernier, la personnalité implique « la liberté et lindépendance du sujet moral qui est lauteur de ses actions ». La personne humaine se définit ici par rapport à la loi morale quelle se donne et à laquelle elle obéit par devoir. Otfried Höffe abonde dans le même sens. Influencé par la théorie morale kantienne quil a analysée, il définit la personne humaine de la manière suivante. « Est une personne celui qui peut prétendre être lauteur de ses actes et qui, dans cette mesure, est libre ». Cette définition de la personne vaut tant en morale quen droit. En droit, la liberté est extérieure. En philosophie morale, qui nous concerne, elle est une liberté intérieure ou morale. Cest à celle-ci que Höffe se réfère lorsquil parle de la personnalité morale quil appelle « la personnalité innée ».
Cela renvoie à la thèse centrale de Kant selon laquelle il faut toujours respecter la personne humaine comme une fin en soi. En vertu du fait quils sont personnes humaines, les hommes possèdent une dignité qui les force au respect mutuel. Il dit que pour que cela soit possible « les hommes doivent sestimer sur un pied dégalité ». Cest-à-dire que personne ne doit sestimer supérieur aux autres. Chacun doit sapprécier et apprécier lautre à sa juste valeur. Celle-ci nest pas quelque chose quon peut déterminer à son gré, car elle est inhérente à lhomme. Cest pourquoi il dit que personne ne doit « sagenouiller ou se prosterner jusquà terre devant un autre ».
Kant condamne ce genre de comportement car cela est contraire à la dignité humaine. Aucun être humain ne doit mépriser sa propre personne, sa propre humanité. Donc, ce qui revient à dire quil est indigne dun homme de shumilier devant un autre. La raison humaine assigne à la personne humaine des devoirs moraux envers elle-même et envers les autres. Ces devoirs reposent sur le respect réciproque qui favorise les rapports pacifiques et harmonieux les uns envers les autres. Afin de montrer le lien étroit quil y a entre laction morale et la raison humaine, il considère la personne humaine comme « le sujet dune raison moralement pratique ». Tout cela fait ressortir la valeur absolue et inaliénable de lhomme qui est lobjet du respect quil peut exiger de tout autre homme.
Kant dit que cest sur la valeur morale que repose la valeur de la personne humaine. En dautres termes, la personne humaine est une personne morale. Elle doit ainsi prendre conscience de sa dignité. Cela est important car cest en prenant conscience de sa valeur quon peut reconnaître celle des autres. La parole de Kant sur ce point est intéressante : « Il faut, à tout prix, présenter à lâme le principe déterminant moral pur qui apprend à lhomme à sentir sa propre dignité ». Cest cette connaissance morale de soi qui permet à lhomme de se comporter convenablement envers lui-même et envers les autres. Cela lui permet de prendre conscience quil partage avec eux la commune humanité caractérisant lêtre humain. Kant revient souvent sur cette idée centrale de sa philosophie morale : « Personne ne doit renier sa dignité ».
Donc, daprès ce que nous venons de voir, nous pouvons dire que pour Kant, la dignité humaine signifie que lhomme a une valeur absolue par rapport aux choses qui ont une valeur relative. Elle est fondée sur lautonomie de lêtre humain qui possède la raison et la volonté. Cest ce qui fait de lui une personne humaine. Cest-à-dire un sujet moral qui est le législateur de la loi universelle à laquelle il doit obéir par devoir. Selon Kant, la reconnaissance de lhumanité dans lhomme a en elle-même une valeur morale parce quelle est une expression de la dignité humaine. Alors comment explique-t-il cela? La réponse à cette question fera lobjet de la section suivante.
II. La reconnaissance de lhumanité dans chaque homme comme condition du respect de la dignité et de lautonomie humaine
2.1 Lhomme comme fin en soi
La notion de lhumanité exprime lidée dune qualité essentielle de lhomme. Cest-à-dire que cest elle qui le caractérise en tant quun être humain. Dérivant de la raison pure, elle est dans lhomme comme une fin objective. Elle renferme en elle-même lidée dune prescription morale, car elle est inviolable. Cest pourquoi Kant dit que « lhumanité est elle-même une dignité ». Cest-à-dire quelle est lexpression de la valeur absolue de lhomme. De ce fait, on doit la reconnaître et la respecter en tout homme par le fait même quil est un homme. « Lhomme est obligé de reconnaître dans le registre pratique la dignité de lhumanité en tout autre homme ». Cest-à-dire que cela ne doit pas être laissé au gré de chacun. Cest une obligation morale qui simpose à tous les hommes. Les relations interpersonnelles et la solidarité entre les hommes en dépendent.
Doù la valeur de la pensée de Kant qui considère que la reconnaissance de lhumanité dans chaque être humain est la base de légalité entre les hommes. Cest pourquoi chacun a le devoir moral de respecter et de faire respecter lhumanité dans sa personne. « Lhumanité présente en sa personne est lobjet du respect quon doit exiger de tout autre homme ». Cest là une responsabilité morale que nous avons envers nous-mêmes. Nous devons faire en sorte que lhumanité soit respectée dans notre personne, par nous-mêmes et par les autres. Car cest en respectant lhumanité dans notre personne que nous pouvons la respecter aussi dans les autres. Cest-à-dire que lhumanité dans lautre me regarde car elle est la mienne. Celle qui est en moi le regarde car elle est la sienne. Puisque nous partageons tous la même humanité. Cet aspect est fondamental dans la philosophie morale de Kant qui nous invite à traiter la personne humaine « toujours comme une fin en soi ».
Kant emploie lexpression de « fin en soi » pour dire que lhomme nest pas une fin en vue dautre chose, mais une fin en lui-même et pour lui-même. Cest-à-dire que lhomme représente sa propre existence. Il a une double conscience de lui-même, la conscience dappartenir au monde sensible et la conscience dappartenir au monde intelligible que Kant appelle le monde nouménal. Cest en ce sens que Reboul a compris aussi lexpression que nous venons de mentionner. Il dit que dans la philosophie morale de Kant, cela signifie que « lhomme est un but en lui-même et quil existe absolument ». Cest à ce noyau dur que Kant se réfère dans ses réflexions sur le respect de la dignité humaine. Lidée que lhomme est une fin objective et absolue découle de sa valeur absolue. Cest par rapport à cela quil définit la loi morale quil considère comme lexpression de la liberté humaine.
Donc, cette explication nous situe en quelque dans la pensée de Kant sur la dignité humaine. Cela nous permet de voir que pour lui, ce nest pas nimporte quelle réalité qui peut être une fin en soi. Parmi tous les êtres qui sont dans le monde, cest seulement à lhomme que ce privilège est réservé. « Lhumanité et la nature rationnelle sont considérées comme une fin en soi ». Cest pourquoi il est un être unique qui na pas déquivalent. Cest-à-dire cest quelquun qui est capable de la moralité faisant de lui un membre du monde intelligible. Donc, ce qui revient à dire que pour Kant, reconnaître lhumanité dans lhomme, cest reconnaître quil est une fin en soi. Car cest lui qui décide de la valeur de toutes les fins.
Kant considère cela comme une obligation morale. Non seulement il faut reconnaître lhumanité dans lhomme qui est une fin en soi, il faut le traiter aussi comme tel. « Lhomme existe comme une fin en soi et doit être toujours considéré en même temps comme une fin en soi ». Cest-à-dire quil faut le respecter en tant que personne humaine. Cette pensée est importante, cest delle que dérivent les lois morales concernant lagir humain. Par exemple, cest à elle que se rapporte la parole suivante où il dit que « le respect ne sadresse jamais aux choses mais aux personnes ». Donc, cela souligne la valeur absolue de lhomme qui mérite du respect par le fait même quil est homme.
Klein fait ressortir aussi cette idée dans son analyse de la philosophie morale de Kant. Elle reprend la parole de ce dernier disant que lhumanité dans lêtre humain est inviolable. Cest pourquoi Kant nous invite à traiter toute personne humaine toujours comme une fin en soi. Nous lisons dans Le droit dêtre un homme, qui est un recueil de textes préparé sous la direction de Jeanne Hersch, un texte qui montre la pertinence de la pensée de Kant sur le sujet en question. En effet, le texte dit que seul lhomme compte. Parce quil vaut plus que tout et quil est conscient de son existence. Il possède un langage articulé et peut communiquer sa pensée à ses semblables. En peu de mots, il peut réfléchir avant dagir. Cela permet de mieux apprécier la pensée de Kant affirmant que « sans les hommes la création tout entière ne serait quun simple désert, inutile et sans but final ».
Pourquoi? Parce que cest lhomme qui donne sens aux choses qui sont faites pour lui et qui sont ordonnées à son bien. Autrement dit, lhomme est le but final de la création parce quil est un sujet moral qui est une fin en soi et peut agir selon la loi quil se donne. Cet aspect est fondamental dans la philosophie morale de Kant qui considère que « cest sur la valeur morale que repose la valeur de la personne humaine ». Cest pourquoi selon lui, la façon dont lhomme agit envers lui-même et envers les autres révèle sa dignité. Doù limportance de bien agir envers soi-même et envers les autres. Avant lui, Aristote a exprimé cette idée en expliquant comment lhomme de bien doit se comporter envers lautre. Aristote dit quil doit entretenir avec lautre la même relation quil entretient avec lui-même. Cest-à-dire quil faut le considérer comme « un autre soi-même ».
En fait, cette idée nous rappelle les pensées de Paul Ricur et dEmmanuel Levinas faisant de laltérité le terme central de leur philosophie. Pour Ricur, la reconnaissance de lhumanité dans lautre commence par le dialogue favorisant la relation mutuelle : « Lorsque je dis « tu » à un autre, il comprend « je » pour lui-même. Quand il sadresse à moi à la seconde personne, je me sens concerné à la première personne ». Cela montre que dans le dialogue lautre nous renvoie à nous-mêmes. Il permet à chacun de prendre conscience de sa dimension relationnelle et de sa valeur absolue en tant que sujet moral qui est non seulement une fin en soi, mais aussi qui est irremplaçable. Autrement dit, il permet de voir dans lautre une personne humaine qui est son semblable. Cest pourquoi selon Ricur, la meilleure manière dagir envers lautre, cest le considérer comme nous-mêmes. « Je ne puis mestimer moi-même sans estimer autrui comme moi-même ». Cest-à-dire que nous devons reconnaître la valeur de lautre comme nous reconnaissons la nôtre.
Cest dans le même sens quil faut comprendre la pensée de Levinas affirmant que le visage de lautre est « le lieu originel de sens ». Cest-à-dire que le visage de lautre révèle lhumanité qui est en lui et qui est en nous. Doù lattention quil faut prêter à lautre qui est un être humain comme nous. Notons la pensée de Levinas à ce sujet : « Ma connaissance de lautre homme, me le représente comme semblable, pour découvrir dans le visage du prochain comme responsable de lui et, ainsi, comme unique ». Donc pour Levinas, reconnaître lhumanité dans lautre, cest le considérer comme notre prochain et répondre à son appel et à sa sollicitude.
Cette idée revient souvent dans la réflexion de Levinas disant que « le visage de lautre massigne, me demande, me réclame et me rappelle par là-même ma responsabilité envers lui en tant que mon prochain ». Le visage sadresse ainsi à la conscience morale de chacun. Il témoigne immédiatement de luniversalité humaine. Il simpose à nous en nous obligeant à établir des liens humains, des rapports dynamiques avec lautre. Pierre Hayat dit que « la socialité du face à face est pour Levinas le fait éthique auquel toutes les valeurs se rapportent ». Selon Levinas, nous agissons moralement bien lorsque nous considérons lautre comme lun de nous, comme un membre de la famille humaine. Car son visage nous renvoie à notre propre humanité et à lunicité de notre être.
Donc, ce quil faut retenir de Ricur et de Levinas, cest en dialoguant avec lautre, en regardant son visage que nous pouvons découvrir lhumanité qui est en lui. Cela permet dentretenir avec lautre un rapport éthique. Cest pourquoi ils considèrent cela comme une obligation morale. Cela correspond à la philosophie morale de Kant disant que cest « la moralité qui fait quun être rationnel est une fin en soi ». Or reconnaître lhomme comme une fin en soi, cest affirmer son droit à lautodétermination. Cela implique lautonomie de la volonté qui est un concept clé de la philosophie morale de Kant.
2.2 Lautonomie comme dignité humaine
Le mot autonomie désigne ce qui se dirige soi-même selon sa propre loi. Cest en ce sens que Kant lemploie pour parler de la dignité de lhomme qui est maître de lui-même parce quil peut agir selon la loi de sa volonté. Il considère lautonomie comme « le principe de la dignité de la nature humaine et de toute nature raisonnable ». Parce quelle désigne lindépendance de lhomme qui peut agir selon ses propres lois. Elle est la faculté que possède la volonté humaine dêtre « sa propre autorité impérative, comme législation suprême ». La loi suprême cest la loi universelle, dont nous avions parlé dans le premier chapitre de notre travail. Nous ne voulons pas insister sur sa formulation. Nous voulons insister ici sur son origine humaine et sa nature en montrant comment elle saccorde avec la raison commune de tous les hommes. Autrement dit, nous voulons montrer quelle est constitutive à la volonté humaine.
Tout dabord, disons que pour Kant, la loi morale nest pas un conseil de prudence, mais une obligation qui exerce une contrainte interne sur la volonté. Lisons ce quil écrit concernant la modalité de la loi morale qui vient de la volonté humaine : « Le principe de la moralité doit être un impératif catégorique, et que celui-ci ne commande ni plus ni moins que lautonomie de la volonté ». Car ce que la loi morale prescrit sadresse à tous de manière inconditionnée, cest-à-dire sans condition et sans restriction. Cest ainsi quelle peut déterminer objectivement et immédiatement la volonté à agir selon le jugement de la raison.
Kant emploie plusieurs expressions pour parler de lautonomie de la volonté humaine, à savoir la volonté bonne, la volonté libre, la volonté idéale. Elles se rapportent à sa parole disant que « la volonté humaine est conçue comme une volonté législatrice universelle ». Cest-à-dire quelle peut instituer ses maximes en une législation universelle. Cest pourquoi selon Kant nous avons lobligation morale de la respecter chez tout être humain, parce que cest elle qui fait de nous des sujets moraux.
Notre volonté propre, cette volonté idéale, est lobjet du respect, et la dignité de lhumanité consiste précisément dans la faculté quelle a détablir des lois universelles, à la condition toutefois dêtre en même temps soumise elle-même à cette législation, à la condition toutefois dêtre en même temps soumise elle-même à cette législation.
Mais comment peut-on expliquer cette faculté que possède la volonté humaine de prescrire des lois universelles? Cest-à-dire des lois qui rejoignent la volonté de tous les êtres raisonnables. Pour Kant, cela sexplique par le fait que dans lexercice de son jugement pratique, « la raison pratique est en parfait accord avec la raison commune ». Cest cet accord commun qui fait que la loi morale devient objective, nécessaire et obligatoire. Cest-à-dire qui lui confère son caractère universel. Doù la valeur absolue de lhomme qui est un être autonome. Cest en que tel quil est le législateur de loi universelle. « Lautonomie de la volonté est lunique principe des lois morales et des devoirs conformes à ces lois ».
Retenons deux idées de laffirmation de Kant. Lhomme ne doit être soumis quà sa propre législation. La deuxième idée découle de la première, cest-à-dire que cette législation doit être universelle. Selon Kant, en y obéissant, ce dernier obéit « à sa propre volonté qui établit une législation universelle ». Cest pourquoi il considère la loi morale comme une loi de la causalité par la liberté. Cest-à-dire que la loi morale cest laffaire dune volonté libre. Cette idée fondamentale est récurrente dans sa philosophie morale. Cela se justifie par le fait quil ny a pas de moralité sans la liberté du sujet moral. Car cest dans la mesure où ce dernier agit librement que son action a une valeur morale. Kant abonde ainsi dans le même sens quAristote en disant que « lhomme est le principe et le générateur de ses actions ». Cest-à-dire quil agit selon la loi quil se donne lui-même.
Cela montre que lautonomie et la moralité sont étroitement liées. Kant nous parle de la relation quil entretient avec la loi morale, en tant que sujet autonome : « Le concept de laction en soi-même contient déjà une loi pour moi ». Parce que laction morale implique nécessairement la volonté qui est une volonté législatrice. Celle-ci agit selon certains principes, à savoir les maximes, auxquelles elle donne une valeur universelle. Ce que Kant dit de lui vaut aussi pour tout être humain. Notons que laction dont il parle doit être accomplie pour elle-même, cest-à-dire uniquement par devoir.
La chose certaine, cest que la moralité ne vaut pas pour nous parce quelle présente un intérêt relevant du monde sensible ou du sentiment. Car cest là une hétéronomie et une dépendance de la raison pratique à légard de la sensibilité qui nétablit jamais une législation morale. La moralité présente un intérêt pour nous en tant quhommes, car cest de la volonté de lhomme, conçu comme intelligence, par suite de notre véritable moi, quelle est née.
Donc pour Kant, cest lhomme qui est la référence en matière de moralité. Autrement dit, il définit la loi morale par rapport à ce dernier, car elle est lexpression de sa volonté. Il dit quil faut poser pour principe fondamental de toutes les maximes des actions que « le sujet de toutes les fins doit être traité toujours comme une fin en soi ». Cela renforce lidée du respect qui est dû à lhomme qui est une fin en soi, qui est autonome et qui, de ce fait, doit agir librement. Une telle façon dagir « nous arrache un respect immédiat ». Ce respect doit être entendu dans le sens dun intérêt moral. Car on nobéit pas à la loi morale pour être respecté, mais on est respecté par le fait même quon y obéit.
Donc, nous voyons que pour Kant, il est nécessaire de reconnaître lhumanité dans lêtre humain, quil faut considérer comme une fin en soi et comme le législateur de la loi universelle. Alors pourquoi cela est-il nécessaire? Selon Kant, cela répond à une exigence existentielle : « Lhomme est un être destiné à la société, et en cultivant létat de société, il éprouve le besoin de souvrir à dautres ». Cest pourquoi lhomme ne peut pas vivre seul. Pour exister, il doit communiquer, établir des relations dynamiques avec les autres. Ce qui implique la connaissance, disons mieux, la reconnaissance de la valeur absolue de lautre. Doù la valeur de la philosophie morale de Kant qui nous invite à respecter la dignité humaine. Cest-à-dire quil nous invite à voir en chacun un être humain un membre de la famille humaine et à le traiter comme tel.
En effet, lue, analysée et diversement interprétée, la philosophie morale kantienne sur la dignité humaine suscite un grand intérêt chez les penseurs et les philosophes. Cependant ils ne lui accordent pas tous la même valeur. Si certains comme Olivier Reboul et Zivia Klein y voient une référence en matière éthique et en font lobjet de leur recherche, dautres comme Ruwen Ogien et Christine Tappolet estiment quelle est une notion floue et ambivalente. Par exemple, Ogien dit que dans le débat sur leuthanasie et le suicide assisté, suscitant de sérieuses questions éthiques de nos jours, la notion de la dignité humaine est utilisée par les deux camps « pour défendre des opinions complètement opposées ». Ceux qui soutiennent ces pratiques, le font au nom de la valeur de la personne humaine quils considèrent que la maladie diminue. Ceux qui sont contre affirment que celle-ci ne diminue pas vraiment la valeur de la personne humaine qui a un caractère absolu et est irremplaçable. De ce fait, il ne revient pas à nous de dire que « notre vie ou celle dun autre na pas de valeur et dy mettre un terme ».
Remettant en question la notion de la dignité humaine qui est au centre de la morale kantienne, Ogien propose léthique minimaliste qui est fondée sur les principes de non nuisance, consistant uniquement à « ne pas nuire aux autres ». Selon cette théorie éthique, tout ce qui ne nuit pas aux autres est permis. Chacun doit agir selon sa propre loi, qui nest pas nécessairement universalisable. Doù le caractère subjectif de léthique minimaliste qui suscite très peu dintérêt de nos jours. Dans Le droit au suicide assisté et à leuthanasie, Tappolet fait ressortir aussi le caractère ambigu de la notion de lautonomie qui découle de la dignité humaine. Elle dit que le respect de lautonomie de la personne humaine peut servir à la fois dans « un argument pour et un argument contre leuthanasie ». En un mot, elle conduit à une impasse. Face à une telle situation, il est difficile de savoir si leuthanasie et le suicide assisté sont conformes ou non à la dignité humaine. Cest pourquoi Tappolet dit que le débat en la matière est « un débat qui est loin dêtre clos ».
Mais Ogien et Tappolet ont-ils compris et interprété la notion de la dignité humaine dans le sens où Kant lentend? Autrement dit, la pensée de Kant sur la dignité humaine est-elle vraiment floue et ambivalente concernant leuthanasie et le suicide assisté, impliquant la liberté humaine? Lisons ce quil écrit à propos du suicide. Cela vaut aussi tant pour leuthanasie que pour le suicide assisté, suscitant de sérieux débats éthiques de nos jours.
Le suicide est un crime, un meurtre. À vrai dire, il peut aussi être considéré comme une transgression par lindividu de son devoir envers dautres hommes [
]. Cest la violation dun devoir envers soi-même, car lêtre humain est obligé de se conserver en vie simplement par sa qualité de personne [
]. Que lhomme puisse soffenser lui-même, cela semble absurde [
]. Ce serait une contradiction pour lui dêtre autorisé à se délivrer de toute obligation, cest-à-dire dagir aussi librement comme sil navait besoin pour agir daucune autorisation.
Ce texte montre clairement que la pensée de Kant nest pas ambivalente en ce qui a trait au suicide. Il est contre le suicide quil considère comme une atteinte à la dignité humaine. On pourrait alors objecter quOgien et Tappolet parlent dun cas précis, à savoir leuthanasie et le suicide assisté visant à mettre fin à la vie de quelquun, qui est en phase terminale ou qui souffre, et dont la maladie et la souffrance diminuent la valeur. À cela Kant répond : « La douleur ne diminue en rien la valeur de la personne, mais seulement la valeur de son état ». La valeur de son état correspond à sa santé physique ou mentale qui est relative, car elle varie dune personne à lautre. Elle ne diminue pas la valeur absolue de lhomme en tant que tel. Cest pourquoi Kant dit que ce dernier garde sa valeur absolue même lorsquil est malade.
Nous retrouvons la même idée chez De Koninck qui considère que « la valeur absolue de tout être humain est la même dans chaque phase de sa vie, depuis la conception jusquà lextrême faiblesse de la vieillesse ». Car même dans cet état, lhomme conserve sa dignité comme personne humaine. Cest pourquoi selon Gilbert Larochelle, il est erroné de soutenir que la philosophie de Kant sur lautonomie qui découle de la dignité humaine permet de « discriminer une vie digne dêtre vécue dune autre qui ne le serait pas en référence au critère de la capacité de projet pour mesurer lhumanité de lêtre souffrant ». Cela fait ressortir la valeur de la pensée de Kant affirmant que lhumanité dans chaque être humain doit être reconnue et respectée aussi bien par lui-même que par les autres en tant que sujet moral qui est une fin en soi :
Anéantir en sa propre personne le sujet de la moralité équivaut à extirper du monde, autant quil dépend de soi, la moralité dans son existence même, la quelle est pourtant une fin en soi. Disposer de soi comme dun simple moyen en vue dune fin quelconque, cest abaisser lhumanité en sa propre personne.
Si pour Kant la liberté est liée à lautonomie de lhomme, il dit que celui-ci nest pas libre de se suicider. Car non seulement le suicide ne correspond pas à la dignité humaine, ce nest pas une maxime qui peut devenir une loi universelle. Cest aussi la pensée de Reboul qui considère le suicide assisté et leuthanasie comme « la violation dun devoir envers soi-même ». Car admettre le suicide, cest admettre que la personne humaine nest que le moyen de maintenir une situation supportable jusquà la fin de la vie. Cest la considérer comme un moyen de bonheur ou de bien-être que lon rejette quand le bien-être nest plus possible. Influencé par la philosophie de Kant sur la dignité humaine, Reboul dit que se suicider, « cest avilir lhumanité dans sa personne, cette humanité qui a été pourtant confiée à la garde de lhomme ». Dautres penseurs comme Höffe abondent dans le même sens. Ce dernier dit que daprès Kant, le suicide va à lencontre de la tendance naturelle de lhomme à conserver sa vie. Cest pourquoi « il tient le suicide pour fondamentalement défendu ».
Donc, tout cela renforce la pensée de Kant pour qui on doit reconnaître et respecter lhumanité dans tout homme quel que soit son état ou son statut social. Cest-à-dire quon doit voir en chacun un être humain et le considérer comme sujet moral qui est une fin en soi, qui est autonome et qui a des devoirs moraux envers lui-même et envers les autres. Quels sont ces devoirs? En quoi consistent-ils? Cest ce que nous allons voir dans les lignes qui suivent.
III. Le respect de la dignité humaine comme critère dappréciation des devoirs moraux de lhomme envers lhomme selon Kant
Les devoirs moraux de lhomme envers lui-même en tant que sujet moral
Nous avons montré antérieurement que le respect de la dignité et de lautonomie de lhomme constitue la pierre angulaire de la philosophie morale de Kant. Cest pourquoi il considère le respect de la dignité humaine comme la référence pour les devoirs moraux que les hommes doivent accomplir les uns envers les autres. Alors quels sont ces devoirs? Bien entendu, Kant ne les a pas tous énumérés. Sil donne des exemples, cest pour soutenir sa réflexion sur le sujet. Cependant, il donne la règle permettant de les déterminer : « Il faut que la maxime de notre action devienne une loi universelle. Cest là le canon qui permet lappréciation morale de notre action en général ». Cest-à-dire que nous devons effectuer laction qui est universalisable. Celle que tout être raisonnable pourrait accomplir sil se trouvait dans la même situation que nous. Cest selon ce principe fondamental que nous devons agir.
Pour Kant, le devoir moral est un impératif catégorique qui peut être exprimée sous la forme affirmative ou négative. Il le formule de la manière suivante : « On doit faire telle ou telle chose, sabstenir de telle autre ». Cest le devoir qui convient pour exprimer notre rapport à la loi morale. Cest pourquoi il le considère comme « un mot grand et sublime qui exige la soumission sans pourtant employer, pour ébranler la volonté, des menaces propres à exciter laversion et la terreur ». Car le devoir nordonne pas laction sous la condition dune certaine fin, mais de manière désintéressée et nécessaire. Kant le rattache au perfectionnement moral de lhomme. Il le définit comme « ce qui élève lhomme au-dessus de lui-même et le lie à un ordre de choses que seul lentendement peut penser ». Cest dans cette élévation dans lordre de la pensée et de laction que réside la dignité humaine.
Revenons sur laction morale qui est universalisable. Quest-elle? Selon Kant, cest laction qui est accomplie uniquement par devoir, cest-à-dire par respect pour la loi. Laction qui est accomplie de cette manière exerce « sur lesprit humain linfluence la plus déterminée et la plus pénétrante ». Car elle ne vise aucun intérêt immédiat, elle nest motivée que par la volonté qui la présente au sujet moral comme nécessaire. Lisons ce quil écrit à ce sujet:
Il est de la plus grande importance dexaminer avec la dernière exactitude, dans tous les jugements moraux, le principe subjectif de toutes les maximes, afin de placer toute la moralité des actions dans la nécessité de les effectuer par devoir et par respect pour la loi, et non par amour et par inclination pour ce que les actions doivent produire. Pour les hommes et pour tous les êtres raisonnables créés, laction morale est contrainte, cest-à-dire obligation, et toute action qui se fonde sur celle-ci doit être représentée comme un devoir.
La contrainte dont il parle est exercée par la législation intérieure qui se rapporte à lautonomie de la volonté humaine. Dailleurs, Kant lexprime clairement: « Limpératif catégorique ne commande ni plus ni moins que lautonomie de la volonté humaine ». Cette idée est reprise par Höffe disant que « lorsque Kant parle de devoir ou dimpératif, il exclut davance lordre arbitraire venant dun pouvoir extérieur ». Donc, dans laction morale, tout se passe à lintérieur de lhomme. Aussi parle-on de lintention et de la conscience morale. Cela implique lautonomie de lhomme qui est le seul être qui puisse donner un sens moral à ses actions. Parce quil peut agir de manière libre et rationnelle.
Kant dit que les devoirs moraux sont au sens strict et au sens large. Dans le premier cas, ils sont parfaits, dans le second, ils sont imparfaits. Il dit que le premier devoir moral que lhomme a envers lui-même « cest de conserver sa nature animale ». Cest-à-dire que lhomme doit protéger sa vie par respect pour lhumanité qui est dans sa personne. Notons la pensée suivante qui résume sa pensée morale sur le sujet en question: « Je ne peux en rien disposer de lhomme en ma personne, soit pour le mutiler, soit pour le dégrader, soit pour le tuer ». Ce quil dit de lui-même vaut aussi pour tout homme. Cela rappelle ce que nous avions dit antérieurement concernant le suicide que Kant considère comme un crime et une atteinte à la dignité humaine.
En tant que sujet moral, lhomme doit être sincère, dans sa parole et dans ses actes. Pour cela, il doit éviter le mensonge que Kant considère comme « loubli et lanéantissement de notre dignité dhommes ». Car cela est en contradiction avec lhomme qui doit saccorder avec la déclaration queffectue en lui lêtre moral. Kant entend par mensonge le fait de faire une promesse quon sait davance quon ne pourra pas tenir. À la question de savoir si la maxime de cette promesse trompeuse peut devenir une loi morale, il répond : « Je vois aussitôt que le mensonge ne pourrait jamais valoir comme une loi universelle qui saccorderait avec elle-même, mais quelle se contredirait ».
Cest pourquoi le fait de se tromper soi-même volontairement contient en soi une contradiction. Kant dit quau sens éthique du terme, le mensonge est répréhensible même quand cela nest pas préjudiciable à quelquun. Parce quil est « un crime de lhomme envers sa propre personne et une indignité qui rend lindividu méprisable à ses propres yeux ». Doù limportance de rechercher et de dire la vérité qui se rapporte à notre perfection morale. Car il exprime le respect quon a non seulement envers soi-même mais aussi envers les autres personnes.
Kant parle aussi dun autre devoir auquel se rapportent tous les devoirs envers soi-même. Il lexprime dans la célèbre formule : « Connais-toi toi-même ». Ce devoir qui est lié à notre perfection morale consiste à nous interroger nous-mêmes, à analyser notre cur pour savoir sil est bon ou mauvais, si la source de nos actions est pure ou impure. Cette connaissance morale de soi est pour Kant « le début de toute sagesse humaine ». Car elle favorise lestime de soi qui commence par léquilibre entre la présomption consistant à évaluer de manière excessive ses propres qualités et le mépris exalté de soi-même comme homme, car un tel mépris se contredit lui-même. Comme a dit Kant, elle permet de « poser les bornes de lhumilité à la présomption et à lamour propre qui tous deux méconnaissent leurs limites ». En fait, Kant établit la différence entre lestime de soi qui procède de la connaissance de soi et celle qui procède de lamour de soi. Dans le premier cas, elle est une obligation morale. Dans le deuxième cas, elle ne lest pas.
Parce que selon Kant, lamour de soi nest pas une loi morale mais une maxime de prudence: « La maxime de lamour de soi ne fait que conseiller, la loi de la moralité ordonne ». Lestime de soi qui en découle est aussi une maxime de prudence. Ce nest pas à celle-ci que nous devons obéir mais à loi morale. En outre, il y a aussi un autre devoir qui se rattache à celui de se connaître soi-être. Cest de développer ses facultés naturelles tant physiquement quintellectuellement. Cela est nécessaire pour notre épanouissement en tant que sujets moraux. Dailleurs, selon Kant, cest ce qui nous permet dêtre « un maillon utile du monde, dans la mesure où cela appartient aussi à la valeur de lhumanité en notre propre personne, dont nous ne devons donc pas abaisser la dignité ». Doù la nécessité pour chacun de développer ses dons naturels et ses talents. Car non seulement cela se rapporte à la fin de lhumanité dans sa propre personne, cela permet aussi de contribuer de manière plus efficace à la vie sociale qui implique la solidarité avec les autres.
Les devoirs moraux de lhomme envers les autres hommes
Deux concepts clés résument nos devoirs envers les autres. Il sagit de lamour et du respect. Lamour mutuel se rapporte à la fin dautrui et le respect mutuel au droit dautrui. Il dit que le devoir damour envers les autres est « la maxime de bienveillance qui a pour conséquence la bienfaisance ». Ainsi, aimer quelquun et être bienveillant envers lui signifient la même chose. Kant dit que ce devoir est fondé sur la règle dor, cest-à-dire sur la loi de la perfection éthique nous invitant à « aimer notre prochain comme nous-mêmes ». Cest pourquoi le devoir damour est pour les hommes un devoir les uns envers les autres. Cela implique non seulement la bienfaisance mais aussi la reconnaissance et la sympathie.
En effet, la bienveillance et la bienfaisance concernent le bonheur ou le bien-être des autres. La première est la satisfaction que lon prend au bien-être des autres. La seconde correspond à la maxime de prendre ce dernier pour fin, cest-à-dire de contribuer au bien-être des autres. Selon Kant, la raison nous oblige à « reconnaître la maxime de la bienfaisance comme une loi universelle ». Ainsi, être bienfaisant est le devoir de tout homme. Notons que chez lui la bienfaisance ne doit pas être entendue dans le sens de ce que Levinas appelle « une bienveillance platonique ». Cest-à-dire quelque chose qui reste uniquement au niveau théorique. Elle exige de notre part une action concrète envers lautre qui respecte sa dignité. Car comme a dit Levinas, la bonté ne rayonne pas sur lanonymat de la collectivité, elle concerne « un être concret, un homme qui se révèle dans le visage du pauvre, de létranger, qui se présente comme égal ».
Daprès Levinas, le visage de lautre qui se présente à nous dans sa nudité, dans sa fragilité, dans sa misère, nous rappelle notre responsabilité. Cest-à-dire que « nous ne devons pas laisser lautre seul à sa solitude mortelle ». Donc, cest en sens quil faut comprendre la pensée de Kant qui considère que la bienfaisance doit être active et pratique. Pour ce dernier, la maxime de lintérêt commun qui recommande la bienfaisance envers les nécessiteux constitue « un devoir universel pour les hommes qui doivent saider réciproquement ». Pour Kant, la valeur morale de la bienfaisance réside dans le fait quelle nhumilie pas ceux qui en bénéficient. Pour ce faire, elle doit être considérée comme « un service amical permettant aux bénéficiaires de conserver le respect quils ont pour eux-mêmes ». Donc, nous devons aider les personnes qui sont dans le besoin dans la mesure de notre possibilité.
Lorsque nous exprimons notre reconnaissance envers notre bienfaiteur nous linvitons à plus de bienfaisance. Cest pourquoi Kant définit la reconnaissance comme « un devoir dont la violation peut anéantir dans son principe le mobile moral qui pousse à être bienfaisant ». Doù limportance dexprimer sa gratitude envers son bienfaiteur. Le manquement à ce devoir sappelle lingratitude qui est « un vice qui est extrêmement détesté selon le jugement de lopinion commune ». Car selon Kant cela peut dissuader le bienfaiteur de toute bienfaisance ultérieure. En dautres termes, ce dernier peut devenir indifférent à lavenir face aux souffrances des autres. Or cette attitude est contraire à la sympathie qui consiste à « prendre part à la joie et à la peine de lautre ».
Michel Coudarcher abonde dans le même sens. Il considère la bienfaisance, la reconnaissance et la sympathie comme des expressions du devoir damour que nous devons accomplir les uns envers les autres. Pour lui comme pour Kant, ces notions se rapportent à lamour réciproque qui favorise la vie fraternelle et la solidarité entre les hommes. Ce dernier parle aussi du respect réciproque qui consiste à traiter lhumanité dans chaque homme comme une fin en soi. Ce respect est à la fois un droit et un devoir.
En effet, pour Kant, respecter une personne humaine cest la considérer comme notre égal. Cest pourquoi Kant dit que « nous ne devons pas nous élever au-dessus des autres ». Car agir ainsi, cest rabaisser lautre avec qui nous partageons la même humanité faisant de nous des êtres humains. Comme a dit Simone Weil, légalité est un besoin vital chez lêtre humain qui a droit au respect. Cest la condition indispensable pour la fraternité entre les hommes. Cest en ce sens quil faut comprendre la pensée de Kant qui considère le respect mutuel comme une obligation morale : « Tout homme a une prétention légitime au respect de son prochain, et réciproquement il est obligé lui aussi au même respect envers chacun des autres hommes ».
Cest la raison pour laquelle nous devons respecter tout homme en tant quhomme, indépendamment de son état, de sa culture et de son statut social. Laissons Reboul nous dire ce que signifie le respect chez Kant: « Respecter la personne humaine comme fin en soi signifie la respecter dans son corps, dans ses dons naturels, dans ses besoins et ses fins privées ». Donc, cela est lié à tout ce qui se rapporte à la vie humaine. Cela reflète la pensée de Kant qui considère le respect de la dignité humaine comme le critère des devoirs de lhomme envers lhomme :
Le devoir de respecter mon prochain est contenu dans la maxime de nabaisser aucun homme jusquau point où il serait uniquement moyen au service de mes fins. Cest-à-dire de ne pas exiger que lautre doive renoncer à lui-même pour se faire lesclave de mes fins.
Cest pourquoi il dénonce les actions qui rabaissent et avilissent lhumanité dans lhomme. Il dénonce certaines pratiques qui étaient courantes en son temps et qui existent encore de nos jours mais qui sexpriment sous dautres formes comme « lécartèlement, le fait de livrer quelquun au chiens, de le mutiler en lui coupant le nez et les oreilles
». Cela vaut violences psychologiques comme la raillerie, le fait de tourner quelquun en dérision et toute autre action visant à traiter lautre avec mépris, cest-à-dire simplement comme un moyen. Lexagération de ces violences peut conduire au génocide qui constitue en soi une atteinte à la dignité humaine.
En fait, cest en analysant les conséquences du non-respect de la personne humaine que nous pouvons mieux saisir la portée de la pensée de Kant sur le respect de la dignité humaine. Dans Pardonner limpardonnable et limprescriptible, Jacques Derrida a analysé la pensée de Vladimir Jankélévitch sur le génocide nazi contre les Juifs. Cela lamène à la conclusion que le génocide est la conséquence du non-respect de la dignité humaine :
Cest lêtre même de lhomme que le génocide raciste tente dannihiler dans la chair douloureuse de ces millions de martyrs. Ce sont des crimes contre lhomme en tant quhomme
Cela vise lipséité de lêtre, cest-à-dire lhumain de tout homme. Cest une grave offense à lhomme en général
».
Nous pourrions dire la même chose des autres génocides que lhistoire a retenus. Hannah Arendt abonde dans le même sens en disant que « la guerre dépouille lêtre humain de sa dignité humaine ». Cest-à-dire quelle vide lhomme de son essence, de ce qui fait sa valeur. Se référant aux conséquences de la guerre faisant perdre à lhomme son humanité, Arendt conclut : « Lessence de lhomme ne peut pas être réifiée par lhomme ». Cela correspond à la pensée de Kant qui nous invite à respecter lhumanité dans chaque être humain. Pour lui, tout homme, même le vicieux, le criminel qui se rend indigne par ses actes a droit au respect « en raison de sa qualité dhomme ». Cest pourquoi nous ne devons pas accepter quon viole impunément ce droit.
Kant propose le comportement que nous devons adopter lorsque ce dernier est violé: « Chacun peut sopposer à bon droit comme une violation du respect qui lui est dû ». Donc, il revient à chacun de se respecter et de se faire respecter. Mais nous pourrions pousser la réflexion plus loin sur le sujet en nous interrogeant sur le cas des personnes vulnérables comme les enfants qui ne peuvent pas défendre leurs droits. En dautres termes, lenfant a-t-il un droit, si oui qui doit le défendre? Kant répond par laffirmation :
Les enfants en tant que personnes ont par là un droit originairement inné à bénéficier de lassistance de leurs parents jusquà ce quils soient capables de se conserver eux-mêmes, et cela immédiatement par la loi, cest-à-dire sans que soit requis pour cela un acte juridique particulier [
]. Cest pour les parents une obligation de rendre, de toutes leurs forces, les enfants satisfaits de la condition qui est la leur. Ils ne doivent pas détruire leur enfant comme sil était leur ouvrage, leur propriété, ni non plus labandonner au hasard, par ce que lenfant est un citoyen du monde
Donc, ce quil faut retenir cest que lenfant est un citoyen du monde qui a un droit inné, cest-à-dire un droit qui est inviolable. Alors il revient à ses parents de défendre ses droits jusquà ce quil puisse le faire lui-même. Ceux-ci doivent veiller à son développement physique et intellectuel. Sinon « la responsabilité de cette négligence incomberait aux parents ». À la question de savoir si lenfant qui devient adulte a un devoir envers ses parents. Kant répond quil leur doit « le devoir de la vertu de la reconnaissance ». En fait, le respect qui est dû à lenfant découle de limpératif catégorique qui invite à traiter lêtre humain dignement. Pour Kant, cette loi fondamentale doit être « le mobile moral unique et incontesté de nos actes ». Autrement dit, le respect de la dignité humaine doit être lunique référence pour les devoirs moraux que nous devons accomplir les uns envers les autres.
Kant passe des devoirs des hommes entre eux à ceux des États entre eux. En effet, il dénonce les États qui ne pratiquent pas le respect réciproque. Cela se traduit dans « leurs visées expansionnistes vaines et violentes qui entravent le lent effort de formation interne du mode de penser de leurs citoyens ». Il entend par mode de penser la formation morale des citoyens. Cette formation est nécessaire parce que « lidée de la moralité appartient à la culture ». Cest-à-dire quelle appartient aux murs et aux pratiques communes qui sont propres à une société déterminée. Alors, considérant que les pratiques violentes entre les États peuvent inciter leurs citoyens à la violence, il invite les États à « chercher le calme et la sécurité dans une constitution civile où chacun voit son droit garanti ». Cette constitution a pour but de favoriser le respect de la dignité de chaque État en passant de la guerre à la paix durable. Pour ce faire, elle doit reposer sur le principe dégalité. Car cest ainsi quelle pourra garantir le droit qui est lexpression de ce qui est juste.
Cette constitution nexige pas une loi particulière. Comme celle de chaque État, elle doit dériver de « la raison humaine universelle qui est la raison morale législative ». Cest-à-dire quelle doit être lexpression de la volonté de tous. Chacun doit décider « la même chose pour tous et tous la même chose pour chacun ». Donc, cest une constitution qui respecte lautonomie et le droit de chaque État qui doit favoriser le bien-être et lépanouissement de ses citoyens. En y obéissant un État nobéit pas à la volonté dun autre mais à la loi quil se donne. Cela est important pour Kant qui considère que « seule la notion de droit peut fonder la paix perpétuelle ». Doù la nécessité de respecter le droit de chacun. Car cela permet aux gens déviter les conséquences de la guerre ou des conflits violents qui sont « une violation du devoir de respect envers les autres hommes ».
Bien avant Kant, Thomas More, homme dÉtat Anglais, avait compris la nécessité de ne pas violer les droits des citoyens. Pierre Allard dit quil fut un homme dÉtat exceptionnel. Parce quil possédait « une conscience éclairée et que rien ne pouvait le détourner de suivre la route quelle lui indiquait ». Cest ce qui lui a permis de servir le public dans la plus grande intégrité morale en pratiquant lamour et la justice. Par exemple, cela lui a permis de ne pas accepter la tyrannie qui est à ses yeux en contradiction avec « légalité foncière de tous les hommes ». Cest-à-dire que pour lui nous partageons tous la même humanité. De ce fait, personne ne doit sélever au-dessus des autres, en les rabaissant et en les opprimant. Nous devons respecter lautonomie et la dignité de chacun. Notons les paroles dAllard résumant la vie de More : « Toute sa vie Thomas More a tenté de vivre le plus humainement possible, dans la plus grande liberté et sincérité, dans le plus grand respect de lui-même et des autres ». Les affinités entre les pensées de More et de Kant sur le respect de la dignité humaine sont évidentes. Nous nous demandons si celui-ci ne sest pas inspiré du premier dans sa philosophie qui accorde une place importante à lautonomie et au respect réciproque.
Dekens a analysé la pensée de Kant sur le respect réciproque. Il dit que pour lui le respect réciproque est « la manifestation la plus nette de la morale ». Cest pourquoi pour agir moralement bien, nous devons respecter la dignité de lautre. Dekens pousse plus loin encore sa réflexion sur le sujet en considérant que le respect mutuel se rapporte à la conception anthropologique de Kant pour qui « lhomme nest défini ni par sa finitude, ni par linfini qui se donne en lui, mais par le rapport de lun à lautre ». Cest dans ce rapport dynamique que se situent les enjeux éthiques concernant les actions que lhomme doit effectuer envers lhomme. Nous retrouvons cette idée aussi chez Coudarcher qui rattache le respect de lhomme au fait quil est une fin en soi. Pour lui, traiter lêtre humain comme une fin en soi, cest le respecter. Ce respect doit être mutuel car « on ne peut pas se respecter soi-même si on ne respecte pas autrui et réciproquement ». Selon lui, cest là une conséquence de luniversalité de la loi morale qui sadresse à tous sans distinction.
Cela correspond à la pensée de Kant qui considère lamour et le respect comme « lobjet réel de notre volonté ». Cest-à-dire que cest à cela que doit tendre notre volonté qui implique notre autonomie et notre liberté. Cest là que réside le sentiment moral et la bonne intention caractérisant laction morale. Cette parole revient souvent dans la pensée de Kant: « Tout bien qui nest pas greffé sur une intention morale bonne nest que pure apparence et faux clinquant ». Cest pourquoi cest sur elle que se fondent les devoirs moraux que nous devons accomplir envers nous-mêmes et envers les autres. En fait, ces devoirs se rapportent à la pensée de Kant affirmant: « Il ne faut retirer à personne le respect quil mérite ». Lhomme a droit au respect parce quil est une fin en soi et est la source de toutes les valeurs morales. Il est le seul être qui puisse sengager dans les pratiques raisonnables.
CONCLUSION
Nous venons danalyser la philosophie morale de Kant sur le respect de la dignité humaine quil considère comme la référence pour les devoirs moraux de lhomme envers lhomme. Nous avons vu que sa pensée sur le sujet est liée à sa maxime nous invitant à traiter lêtre humain toujours comme une fin en soi. Il emploie la notion de la dignité humaine pour parler de la valeur absolue de lhomme qui est au-dessus de tout prix. La dignité humaine sexprime par le fait que lhomme est un être rationnel, cest-à-dire quil possède la raison et la volonté lui permettant de penser et dagir librement en tant que sujet moral. Elle sexprime aussi par le fait que lhomme est une personne humaine. Kant considère cela comme la base de légalité entre les hommes, qui peuvent donner le sens à ce qui existe. Pour que cette égalité se traduise dans la vie pratique de manière concrète, il nous invite à reconnaître lhumanité dans chaque homme. Car cela est la condition du respect de la dignité et de lautonomie de lhomme qui est une fin en soi et qui doit être traité comme une fin en soi.
Or pour Kant, dire que lhomme est une fin en soi, cest dire quil est libre et autonome et est lauteur de la loi quil se donne. Kant considère lautonomie impliquant la liberté de la volonté humaine comme le principe de la moralité. Cest pourquoi il propose le respect de la dignité et de lautonomie humaine comme le critère des devoirs que nous devons accomplir envers nous-mêmes envers les autres hommes. En ce qui concerne nos devoirs envers nous-mêmes, il dit que la loi morale nous exige de protéger notre propre vie et déviter le mensonge.
Kant entend par la protection de notre vie le fait de ne pas nous suicider ou dautres actions qui visent à détruire en nous le sujet de la moralité. Car, pour lui, cela est un crime contre notre propre personne. Il condamne aussi le mensonge qui est indigne de lhomme qui doit saccorder avec la déclaration queffectue en lui lêtre moral. Nous devons développer aussi nos dons naturels et nos talents physiques et intellectuels. Car cela nous permet dêtre un maillon utile au monde. Ce devoir est lié à celui de la connaissance de soi qui nous permet de mieux nous estimer, en prenant conscience de notre dignité et de celle des autres. Il considère la connaissance morale de soi comme le commencement de la sagesse.
Kant résume nos devoirs envers les autres à lamour et au respect mutuels. Sa pensée morale sur lamour est fondée sur la loi de la perfection éthique nous invitant à aimer lautre comme nous-mêmes. Impliquant la bienfaisance, la reconnaissance et la sympathie, le devoir damour vise le bien-être des autres avec qui nous partageons la même humanité. La valeur morale du devoir de la bienfaisance réside dans le fait quelle ne rabaisse ni humilie ceux qui en bénéficient. Doù le lien étroit quil y a entre le devoir damour et celui du respect. Pour Kant, le devoir de respect consiste à ne pas nous élever au-dessus de lautre qui est une fin en soi, qui est notre égal et qui, de ce fait, a droit au respect au même titre que nous. Le respect réciproque entre les sujets moraux qui sont libres et autonomes est un droit inviolable. Cela vaut tant pour les relations des hommes entre eux que pour celles des peuples entre eux. Dailleurs, cest ce qui favorise la vie fraternelle et la paix durable entre les hommes.
Les penseurs qui ont analysé la philosophie de Kant sur le respect de la dignité humaine naccordent pas tous la même valeur à sa pensée sur le sujet. Pour Ruwen et Tappolet, lautonomie se rapportant à la dignité humaine, est une notion ambivalente. Ils disent que dans le cas de leuthanasie et du suicide assisté, elle peut servir dans un argument pour et contre. Les penseurs comme Reboul, Höffe et Renaut affirment le contraire. Selon eux, la pensée de Kant sur le suicide est claire. Le suicide est un crime qui vise à détruire lhumanité dans sa propre personne. Cela traduit un non-respect pour soi-même comme personne humaine. Derrida analyse la conséquence du non-respect de la personne humaine en reprenant la pensée de Jankélévitch sur le génocide nazi contre les Juifs. Il ressort de son analyse que le génocide, comme le suicide et le meurtre, est un crime de lhomme contre lhomme. Parce que cela détruit lêtre même du sujet moral. Ce que Hannah Arendt considère comme la réification de lessence de lhomme.
Ce faisant, Derrida et Arendt, rejoignent Kant pour qui le suicide, le meurtre et le génocide sont contraires à la dignité humaine. Car cela anéantit dans la personne humaine le sujet de la moralité. Donc, le non-respect de la dignité humaine a de graves conséquences sur la vie humaine. Cest pourquoi à la suite de Kant, des penseurs tels que Thomas De Koninck, Emmanuel Levinas et Paul Ricur insistent sur le respect de la vie et de la dignité humaine. De Koninck dit que cest une erreur de soutenir que la philosophie morale de Kant sur lautonomie, découlant de la dignité humaine, permet de justifier le suicide assisté et leuthanasie, sous prétexte quon veut soulager lêtre souffrant. Selon lui, nous devons respecter la personne humaine dans toutes les étapes de sa vie de la conception à la mort. Sa pensée permet de mieux saisir celle de Kant qui affirme que la souffrance ne diminue pas la valeur de lêtre humain, mais celle de son état.
Daprès Levinas et Ricur, cest surtout la personne qui est dans cette situation qui doit attirer davantage notre attention. Pour Levinas, lorsque nous la regardons, cela nous rappelle notre propre humanité et notre responsabilité envers lautre que nous ne devons pas laisser seul à sa solitude mortelle. Remarquons que la majorité des penseurs qui réfléchissent sur la dignité humaine saccordent avec Kant sur le fait que nous devons aimer et respecter chaque être humain, quelle que soit sa situation, parce quil est une fin en soi et quil partage la même humanité que nous. Doù la valeur de la philosophie morale de Kant qui propose le respect de la dignité humaine comme la référence pour nos devoirs moraux envers nous-mêmes et envers les autres. Car cela permet de lutter contre les formes dabaissements de lhomme dans le monde. Non seulement cela permet de valoriser lhomme, cela permet aussi à ce dernier de défendre ses droits inaliénables à vivre dignement en tant que sujet moral. Donc voilà le résultat de notre analyse de la philosophie morale de Kant sur le sujet en question. Pour nous, sa pensée en la matière permet dincarner lhumain dans les relations interpersonnelles.
Des études plus récentes sur la dignité humaine aboutissent à la même conclusion. Par exemple, pour Pierre Gire, léthique qui est fondée sur la dignité humaine est « un rempart contre les puissances de mort comme la violence, la corruption, la dérision, le mensonge
où la vie humaine risque dêtre défigurée et emportée ». Cela saccorde avec la pensée de Kant sur le sujet en question. Jean-Michel Hirt abonde dans le même sens en disant que la dignité humaine est « une haute autorité ». Pourquoi? Parce quelle peut protéger lhomme contre la violation de ses droits. Selon Hirt, elle a les qualités requises pour « affirmer et justifier la souveraineté de lhumain dans la conception scientifique du monde ». Cela montre à quel point la philosophie de Kant sur le respect de la dignité humaine imprègne et influence les penseurs qui sinterrogent sur les enjeux éthiques de laction humaine. Cest-à-dire sur la manière de faire pour bien faire, pour bien agir envers lhomme. En fait, la pensée de Kant à ce sujet découle de son impératif catégorique nous invitant à traiter lêtre humain toujours comme une fin en soi. Il dit que nous ne devons retirer à personne lamour et le respect quil mérite en raison de sa qualité dhomme. Nest-ce pas là la condition pour une société de droit, pour la fraternité entre les hommes et la paix dans le monde?
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« Il faut dire que sous lAncien Régime, la société donnait plus de valeur au noble quau serf, et plus au prince quau comte, plus au comte quau marquis, plus au marquis quau baron, etc. Elle donnait plus de valeur au membre du clergé quau bourgeois, et plus au cardinal quà lévêque, plus à lévêque quau curé, plus au curé quau bedeau, etc. Donc, tous les hommes navaient pas la même valeur ». Ibid, p. 99-100.
Ibid, p. 141.
« Dans le règne des fins, tout a un prix ou une dignité. Ce qui a un prix peut être remplacé par quelque chose dautre, à titre déquivalent; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, et par suite nadmet pas déquivalent, cest ce qui a une dignité. Ce qui se rapporte aux inclinations et aux besoins généraux de lhomme, cela a un prix marchand; ce qui, même sans supposer ce besoin, correspond à un certain goût, cest-à-dire à la satisfaction que nous procure un simple jeu sans but de nos facultés mentales, cela a un prix de sentiment; mais ce qui constitue la condition qui seule peut faire quelque chose est une fin en soi, cela na pas seulement une valeur relative, cest-à-dire un prix, mais une valeur intrinsèque, cest-à-dire une dignité ». Emmanuel KANT, Fondements de la Métaphysique des murs, trad. par Victor Delbos revue par Ferdinand Alquié, in « uvres philosophiques de Kant », sous la direction de Ferdinand Alquié, vol. 2, Paris, Gallimard, 1985, 2e section, p. 301-302 (IV, 435-435).
Id, Doctrine de la vertu, in « Kant : Métaphysique des murs, doctrine du droit, doctrine de la vertu », trad. par Alain Renaut, Paris, Flammarion, 1994, 1ère section, p. 293(I, § 11).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 3e section, p. 322(IV, 452).
« Toute connaissance rationnelle est ou bien matérielle et se rapporte à quelque objet, ou bien formelle et ne soccupe alors que de la forme de lentendement ou de la raison en eux-mêmes et des règles universelles sans distinction des objets. La philosophie formelle sappelle logique, tandis que la philosophie matérielle, celle qui a affaire à des objets déterminés et aux lois auxquelles ils sont soumis, se divise à son tour en deux. Car ces lois sont ou des lois de la nature ou des lois de la liberté. La science de la première sappelle physique, celle de la seconde sappelle éthique; celle-là est encore nommée philosophie naturelle, celle-ci philosophie morale ». Ibid, Préface, p. 243 (IV, 387).
Ibid, 3e section, p. 324(IV, 453).
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 333(II, § 38).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 3e section, p. 317 (IV, 448).
Ibid, 3e section, p. 316 (IV, 447).
Ibid, 2e section, p. 301 (IV, 434).
Aristote, Éthique à Nicomaque, trad. par J. Tricot, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 1997, IX, 8, 1168 b 35 et 1169 a 2, p. 458.
Id, De Anima, trad. par J. Tricot, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 2010, 429a 10, p. 199.
Aristote, Éthique à Nicomaque, op. cit., X, 7, 1177 b 23, p. 513-514.
Épictète, De la liberté, précédé de De la profession de Cynique, trad. par Joseph Souillé avec la collaboration dAmand Jagu, Collection Folio, Paris, Gallimard, 2012, p. 35.
Ibid, p. 15.
Thomas DE KONINCK, « Archéologie de la notion de dignité humaine », dans Yves Charles Zarka (dir.), La dignité humaine, philosophie, droit politique, économie, médecine, « Collection Débats Philosophiques », Paris, Presses Universitaires de France, 2005, p. 23.
Critique de la raison pure, trad. par Alexandre J.-L. Delamarre et François Marty, in uvres philosophiques de Kant, sous la direction de Ferdinand Alquié, vol. 1, Paris, Gallimard, 1985, p. 1365.
Ibid, p. 1365 (III, 523).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 1ère section, p. 250 (IV, 393).
Ibid, 1ère section, p. 254 (IV, 396).
Critique de la raison pratique, trad. par Luc Ferry et Heinz Wismann, in « uvres philosophiques de Kant », sous la direction de Ferdinand Alquié, vol. 2, Paris, Gallimard, 1985, 1ère partie, p. 645 (V, 31).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit, 2e section, p. 285 (IV, 421).
Olivier REBOUL, «La dignité humaine chez Kant», in Revue de Métaphysique et de morale, no 1, 1970, p. 189.
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 750 (V, 117).
Ibid, 1ère partie, p. 788 (V, 148).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2e section, p. 294 (IV, 428).
Reprenons ici lexplication dOlivier Reboul qui met laccent sur le triple aspect de la personne humaine chez Kant. « La dignité est fondée sur la personnalité intelligible de chaque homme en tant que sujet autonome. Elle inclut tous les éléments empiriques, transcendantaux et moraux qui constituent notre personne. Cest-à-dire le corps, la vie avec ses instincts de conservation et de reproduction, la parole, les plaisirs, les biens, lintelligence, la réputation, les dons naturels différents en chacun et les facultés physiques, psychiques et intellectuelles inhérentes à lespèce. Le bonheur enfin, avec ce quil comporte daffectif et dintime pour chaque homme». Olivier REBOUL, art. cit., p. 207.
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 714 (V, 87).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2e section, p. 295 (IV, 429).
Ibid, 2e section, p. 297 (IV, 431).
Georg MOHR, « Personne, personnalité et liberté dans la Critique de raison pratique », in Revue Internationale de Philosophie, vol. 42, no 165, 1988, p. 309.
Otfried HÖFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant : la morale, le droit et la religion, Fribourg, Castella, 1985, p. 179.
Pour souligner le respect et le caractère inaliénable de la personne humaine, Höffe dit : « Il est proscrit dutiliser lhomme comme simple moyen car il a « une personnalité innée » que, contrairement à la personnalité civile, il ne saurait perdre par le jugement dun tribunal ». Otfried HÖFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant : la morale, le droit et la religion, op. cit., p. 242.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 291 (I, § 11).
Ibid, 1ère section, p. 293 (I, § 11).
La pensée suivante montre que pour Kant, cest au sujet moral quil revient avant tout de défendre dans la mesure du possible sa dignité : « Celui qui se transforme en ver ne peut pas ensuite se plaindre quon le foule aux pieds ». Ibid, 1ère section, p. 294 (I, § 12).
Ibid, 1ère section, p. 291 (I, § 11).
Considérant limportance que Kant attache à la loi morale et au devoir moral dans sa philosophie morale, Zivia Klein dit que la personne morale est de loin la plus importante dans le système kantien. « Cest le centre autour duquel gravitent tous les autres éléments ». Voir Zivia KLEIN, La notion de dignité humaine dans la pensée de Kant et de Pascal, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1968, p. 28.
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 790-791 (V, 152).
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 336 (II, § 42).
Kant explique comment lhumanité est représentée dans lhomme : « Lhumanité est représentée dans lhomme non pas comme une fin purement humaine ou subjective, cest-à-dire comme un objet dont on se fait en réalité une fin de son propre gré, mais comme une fin objective, qui doit, quelles que soient les fins que nous nous proposions, constituer en qualité de la loi la condition suprême restrictive de toutes les fins subjectives ». Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2e section, p. 297 (IV, 431).
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 333 (II, § 38).
Ibid, 1ère section, p. 333 (II, § 38).
Dans sa réflexion sur la notion de la dignité humaine, Thomas de Koninck a analysé le préambule de la Déclaration universelle des droits de lhomme de 1948 qui abonde dans le même sens : « La reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde » Thomas DE KONINCK, « Archéologie de la notion de la dignité humaine », op. cit., p. 14.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 293 (I, § 11).
Notons la pensée de De Koninck que nous estimons intéressante: « Quand je reconnais lhumanité dautrui, je le fais grâce à une connaissance antérieure de cette humanité qui ne peut être au bout du compte que celle que jai de ma propre humanité ». Thomas DE KONINCK, « Archéologie de la notion de la dignité humaine », op. cit., p. 37.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 293 (I, § 11).
« Dun côté, lhomme a conscience dêtre affecté par le monde sensible. De lautre côté, il a la conscience de lui-même comme intelligence, cest-à-dire comme être indépendant, dans lusage de la raison, des impressions sensibles. Autrement dit, lhomme a conscience de faire partie du monde intelligible ». Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2e section, p. 329 (IV, 457).
Olivier REBOUL, art. cit., p. 190.
Kant explique la distinction de la manière suivante. « Les êtres dépourvus de raison nont quune valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les nomme des choses. Car leur existence a une valeur pour nous, de ce fait, elles sont des fins subjectives, elles ne sont pas des fins en soi. Au contraire, les êtres rationnels sont appelés des personnes parce que leur nature les désigne comme des fins en soi, cest-à-dire comme des fins objectives ». Fondements de la Métaphysique des murs, op.cit., 2e section, p. 294 (IV, 428).
Ibid, 2e section, p. 296-297 (IV, 430-431).
Cf. Ibid, 3e section, p. 325 (IV, 454).
Ibid, 2e section, p. 293 (IV, 428).
Critique de la raison pratique, op.cit., 1ère partie, p. 701 (V, 76).
« Que dans lordre des fins, lhomme, et avec lui tout être raisonnable sont une fin en soi
que par conséquent lhumanité dans notre personne doive nous être sacrée pour nous-mêmes, cest ce qui va de soi, puisque lhomme est le sujet de la loi morale, partant de tout ce qui est saint en soi, de ce qui permet seul dappeler sainte une chose qui est considérée par rapport à lui et en accord avec lui. Car cette loi morale se fonde sur lautonomie de sa volonté comme dune volonté libre qui, daprès ses lois générales, doit pouvoir nécessairement saccorder avec ce à quoi elle doit se soumettre ». Zivia KLEIN, op. cit., p. 33-34.
Il sagit dun proverbe akan, qui reflète la culture et les murs de Ghana. Il fait partie des textes recueillis par lOrganisation des Nations Unies pour léducation, la science et la culture de différents pays et de diverses traditions, sous la direction de Jeanne Hersch, afin de montrer que la notion de la dignité humaine qui est présente dans la Déclaration universelle des droits de lhomme de 1948 a été déjà bien ancrée dans la conscience humaine avant la dite déclaration. Le texte qui attire notre attention porte sur la valeur absolue de la vie humaine. Il dit : « Seul lhomme compte; je madresse à lor et il ne répond pas; je madresse à létoffe et elle ne répond pas; seul lhomme compte. Lhomme nest pas une noix de palmier : il na pas de raison dêtre centré sur lui-même ». Le droit dêtre un homme, recueil de textes préparé sous la direction de Jeanne Hersch, publié par lOrganisation des Nations Unies pour léducation, la science et la culture (lUnesco) et par les Éditions Robert Lafond, Paris, 1968, p. 43.
Critique de la faculté de juger, trad. par Jean-René Ladmiral, Marc B. de Launay et Jean-Marie Vaysse, in uvres philosophiques de Kant », Paris, Gallimard, 1980, vol. 2, p. 1247 (V, 442, § 86).
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 787 (V, 147).
Aristote, Éthique à Nicomaque, trad. par J. Tricot, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 1997, IX, 4, 1167 a 30-31, p. 445.
Paul RICOEUR, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1996, p. 225.
« Cest la dimension de valeur qui fait que chaque personne est irremplaçable dans notre affection et dans notre estime. À cet égard, cest dans lexpérience du caractère irréparable de la perte de lautre aimé, que nous apprenons le caractère irremplaçable de notre propre vie. Cest dabord pour lautre que je suis irremplaçable ». Ibidem, p. 226.
Ibid, p. 226.
Emmanuel LEVINAS, Éthique comme philosophie première, Paris, Payot, 1998, p. 94.
Ibid, p. 101.
Ibid, p. 97.
« Lhumanité parle directement dans le visage sous la forme dun commandement inconditionnel adressé à un moi singulier. Car si le visage ouvre à luniversel, luniversalité humaine se révèle à travers la singularité du visage», Pierre HAYAT, Emmanuel Kant, éthique et société, Paris, Kimé, 1995, p. 76.
Ibid, p. 53.
« Lhumanité en moi, cest-à-dire lhumanité comme moi, signifie, malgré sa contingence ontologique de finitude et de mortalité, la primogéniture de lunicité de non-interchangeable. Primogéniture et élection dune excellence irréductible aux traits qui peuvent marquer ou constituer des « étants » singuliers et les personnes, dans le rôle joué sur la scène sociale de lhistoire, comme personnage, cest-à-dire dans le miroir de la réflexion ou dans la conscience de soi ». Paul RICOEUR, Soi-même comme un autre, op. cit., p. 101-102.
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2e section, p. 302 (IV, 435).
Ibid, 2e section, p. 303 (IV, 436).
Ibid, 2e section, p. 310 (IV, 441).
Ibid, 3e section, p. 309 (IV, 450).
« Tout homme a la conscience morale et se trouve observé, menacé et, en général, tenu en respect par un juge intérieur, et cette puissance qui, en lui, veille sur les lois nest pas quelque chose quil se forge lui-même arbitrairement, mais elle est incorporée dans son être. Elle le suit comme son ombre sil songe à lui échapper. Il peut certes par des plaisirs et des distractions se rendre insensible ou sendormir, mais il ne peut éviter par la suite de revenir à soi-même ou de se réveiller dès quil perçoit la voix terrible de sa conscience
Il ne peut éviter de lentendre ». Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 295 ( I, § 13).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2e section, p. 298 (IV, 432).
Ibid, 2e section, p. 308 (IV, 440).
Ibid, 1ère section, p. 261 (IV, 402).
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 647 (V, 33, § 8).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2e section, p. 299 (IV, 432).
« Je soutiens quà tout être raisonnable qui a une volonté nous devons attribuer lidée de la liberté et quil ny a que sous cette idée il puisse agir. Car dans un tel être nous concevons une raison qui est pratique, cest-à-dire doué de causalité par rapport à ses objets ». Ibid, 2e section, p. 317-318 (IV, 448).
Éthique à Nicomaque, op. cit., III, 7, 1113 b 18, p. 141.
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 1ère section, p. 262 (IV, 403).
Ibid, 3e section, p. 333 (IV, 460-461).
Ibid, 2e section, p. 305 (IV, 437).
Ibid, 1ère section, p. 263 (IV, 403).
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 346 (II, § 47).
Ruwen OGIEN, Léthique aujourdhui : maximalistes et minimalistes, Paris, Gallimard, 2007, p. 130.
Ibid, p. 130.
Ibid, p. 191.
Christine TAPPOLET, « Le droit au suicide assisté et à leuthanasie : une question de respect de lautonomie?», in Revue Philosophique de Louvain, tome 101, no 1, 2003, p. 44.
Ibid, p. 45.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 274 (422, I, § 6).
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 681 (V, 60).
Thomas DE KONINCK, « Archéologie de la notion de dignité humaine », op. cit., p. 49.
Gilbert LAROCHELLE, « La dignité du mourir : un défi pour le droit », dans Yves Charles Zarka (dir.), La dignité humaine, philosophie, droit politique, économie, médecine, Collection « Débats Philosophiques», Paris, Presses Universitaires de France, 2005, p. 63.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 275 (423, I, § 6).
Olivier REBOUL, art. cit., p. 200.
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Critique de la raison pratique, 1ère partie, p. 713 (V, 86).
Ibid, 1ère partie, p. 713 (V, 86).
Ibid, 2e partie, p. 796 (V, 157).
Ibid, 1ère partie, p. 707 (V, 81).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2ème section, p. 309 (IV, 440).
Otfried HÖFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant : la morale, le droit et la religion, op. cit., p. 77.
« À travers toute notre expérience, nous ne connaissons aucun être qui soit capable dobligation active ou passive si ce nest uniquement lhomme. Lhomme ne peut avoir de devoir envers un être quelconque si ce nest uniquement envers lhomme
Son prétendu devoir envers dautres êtres nest quun devoir envers lui-même. Cest par méprise quil confond son devoir en considération dautres êtres avec un devoir envers ces êtres ». Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 301 (I, § 16).
Ibid, 1ère partie, p. 273 (I, § 5).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2ème section, p. 295 (IV, 429).
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 284 (I, § 9).
Fondements de la Métaphysique des murs, op. cit., 2ème section, p. 286 (IV, 422).
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 284 (I, § 9).
Ibid, 1ère partie, p. 299 (I, § 14).
Ibid, 1ère partie, p. 299 (I, § 14).
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 713 (V, 86).
Ibid, 1ère partie, p. 652 (V, 36).
« Lêtre humain se doit à lui-même, comme être rationnel, de ne pas laisser inutilisées, et pour ainsi dire, de ne pas laisser se rouiller les dispositions et les facultés naturelles dont sa raison peut un jour faire usage. Au contraire, à supposer quil puisse être satisfait de ce quil y a dinné dans sa capacité de prendre en charge ses besoins naturels, il faut cependant que sa raison instruise dabord par des principes cette satisfaction procurée par le degré plus développé de ses capacités. Parce que lêtre humain, en tant quêtre capable de concevoir des fins, doit être redevable de lusage de ses forces, non seulement à linstinct de la nature, mais bien à la liberté. [
] Cest un commandement de la raison moralement pratique et un devoir de lhomme envers lui-même de cultiver ses facultés et dêtre, du point de vue pragmatique, un homme conforme à la fin de son existence ». Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 306 ( I,§ 19).
Ibid, 1ère partie, p. 307 (I, § 20).
Ibid, 1ère partie, p. 315 (II, § 25).
Ibid, 1ère partie, p. 316 (II, § 27).
Ibid, 1ère partie, p. 319 (II, § 29).
Emmanuel LEVINAS, Totalité et infini: essai sur lextériorité, Paris, Martinus Nijhoff / La Haye, 1965, p. 201.
Ibid, p. 188.
Éthique comme philosophie première, op. cit., p. 97.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 320 (II, § 30).
Ibid, 1ère partie, p. 314 (II, § 23).
Ibid, 1ère partie, p. 323 (II, § 32).
Ibid, 1ère partie, p. 328 (II, § 36).
Ibid, 1ère partie, p. 324 (II, § 34).
« Être bienfaisant, cest prendre pour fin le bien-être dautrui. Être reconnaissant, cest honorer une personne à cause dun bienfait quelle nous a procuré. Être sympathique, cest prendre part aux émotions de joie et de peine dautrui. Sy opposent les vices de la misanthropie comme lenvie qui est le fait de ressentir avec la douleur le bien dautrui. Lingratitude qui est le manque de reconnaissance à son bienfaiteur ou même le haïr. La joie maligne qui est le fait de trouver plaisir à la peine dautrui ». Michel COUDARCHER, Kant, pas à pas, Paris, Ellipse, 2008, p. 269.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 315 (II, § 25).
Dans Le droit dêtre un homme, nous lisons un texte de Simone Weil qui explique en quoi consiste légalité entre les hommes. « Légalité est un besoin vital de lâme humaine. Elle consiste dans la reconnaissance publique, générale, effective, exprimée réellement par les institutions et les murs, que la même quantité de respect et dégards est due à tout être humain, parce que le respect est dû à lêtre humain comme tel et na pas de degrés ». Le droit dêtre un homme, op. cit., p. 270-271.
Ibid, 1ère partie, p. 332 (II, § 38).
Olivier REBOUL, art. cit., p. 196.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 315 (II, § 25).
Ibid, 1ère partie, p. 334 (II, § 39).
Jacques DERRIDA, Pardonner limpardonnable et limprescriptible, Paris, Galilée, 2012, p. 56.
Hannah ARENDT, Condition de lhomme moderne, trad. par Georges Fradier, Paris, Calmann-Lévy, 1994, p. 238.
Ibid, p. 272.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 334 (II, § 39).
Ibid, 1ère partie, p. 338 (II, § 43).
Emmanuel KANT, Doctrine du droit, in « Kant : Métaphysique des murs, doctrine du droit, doctrine de la vertu », trad. par Alain Renaut, Paris, Flammarion, 1994, 1ère partie, p. 82-83 (§ 28).
Ibid, 1ère partie, p. 83 (§ 29).
Ibid, 1ère partie, p. 83 (§ 29).
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ère partie, p. 703 (V, 78).
Emmanuel KANT, Histoire universelle, trad. par Luc Ferry, in « uvres philosophiques de Kant », sous la direction de Ferdinand Alquié, vol. 2, Paris, Gallimard, 1985, p. 199 (VIII, 26).
Histoire universelle, op. cit., p. 199 (VIII, 26).
Emmanuel KANT, Projet de paix perpétuelle, trad. par J. Gibelin, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 2002, p. 43 (no 354).
Ibid, p. 87 (no 369).
Doctrine du droit, op. cit., p. 129 (II, § 46).
Projet de paix perpétuelle, op. cit., p. 115, no 380.
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère partie, p. 339 (II, § 44).
Pierre Allard, Thomas More, une vie pour les autres, Paris, Médiaspaul, 2011, p. 93.
Ibid, p. 93-94.
Ibid, p. 95.
Olivier DEKENS, Comprendre Kant, Paris, Armand Colin, 2003, p. 99.
Ibid, p. 101.
Michel COUDARCHER, Kant, pas à pas, op. cit., p. 137.
Critique de la raison pratique, op. cit., 1ere partie, p. 757 (V, 122).
Histoire universelle, op. cit., p. 199 (III, 26).
Doctrine de la vertu, op. cit., 1ère section, p. 338 (II, § 44).
Pierre GIRE, Léthique à lépreuve de la vie, Paris, Cerf, 2010, p. 161.
Jean-Michel Hirt, La dignité humaine, Paris, Desclée de Brouwer, 2012, p. 172.
Ibid, p. 172.
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