le débat sur la croissance économique en suisse - HEC - Unil
Revenu national brut réel corrigé (RNBC) et Produit intérieur brut réel (PIB) .....
Par conséquent, elle est ? en probabilité ? non corrélée avec la variable ....
divers tests, en commençant par un examen visuel des résidus des équations est
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LE DÉBAT SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN SUISSE
QUELLES CONCLUSIONS ?
Jean-Christian Lambelet et Claudio Sfreddo
1. Introduction
« La Suisse souffre dun déficit de croissance chronique, au point dêtre la lanterne rouge du monde industrialisé ». Cette idée est aujourdhui largement reçue dans le pays, suite entre autres au rapport sur la croissance du Seco publié en 2002 ainsi quà dautres ouvrages récents, comme par exemple celui de Borner-Bodmer. Elle sous-tend aussi le train de mesures proposées par le Conseil fédéral pour revigorer la croissance économique en Suisse.
Des voix critiques et apparemment dissidentes se sont cependant manifestées, émanant entre autres dUlrich Kohli (léconomiste en chef de la BNS), du KOF/EPFZ et aussi, dans une moindre mesure, des soussignés. Selon ces voix, la croissance serait, pour diverses raisons, significativement sous-estimée en Suisse par rapport à dautres pays industrialisés ; ou elle ne serait pas significativement différente de la croissance dans la plupart dentre eux, du moins en Europe.
Ces divergences de vues ou prétendues telles sont apparues au grand jour lors dune conférence sur le thème de la croissance en Suisse organisée par Avenir Suisse à Zurich le 4 mars 2005. A sa suite, de nombreux médias ont conclu, un peu trop rapidement, que « les économistes ne sont pas daccord entre eux ». Certains, au Parlement et ailleurs dans le monde politique, sont allés plus loin. Selon eux, la réalité serait quen fin de compte « tout va très bien en Suisse, Madame la Marquise », les mesures proposées par le Conseil fédéral étant par conséquent superflues.
La présente étude ambitionne de montrer que les divergences de vues sur la croissance en Suisse nont guère lieu dêtre, les uns et les autres parlant souvent de choses différentes. Notre but est donc de proposer une synthèse et aussi dessayer de remettre comme on dit léglise au milieu du village.
2. Types de croissance
Partout et toujours, on parle de « la » croissance économique. En réalité, cependant, il y a au moins deux types de croissance à considérer, des types qui reflètent des perspectives différentes et qui nont pas la même signification économique.
Le premier type de croissance, le plus commun, se fonde sur le produit intérieur brut réel (PIB), cest-à-dire une mesure certes imparfaite du volume physique de la production de biens et de services réalisée sur le territoire du pays avec des ressources nationales ou étrangères (surtout le capital étranger investi dans le pays). Il sagit donc dune notion géographique ou territoriale. La croissance tendancielle du PIB réel est importante parce que lévolution de lemploi et du chômage sur le territoire du pays lui est largement liée.
Le deuxième type de croissance, moins connu, se focalise sur le revenu national brut réel (RNB) de la population résidante, soit un indicateur tout aussi imparfait de son bien-être matériel. Le RNB, mais non le PIB, inclut le solde des revenus des facteurs de production (surtout le capital) reçus de et versés à létranger. Si ce solde est positif et élevé, comme cest le cas de la Suisse en raison de sa vaste fortune nette à létranger, le RNB sera nettement plus grand que le PIB. Et si ce solde réel croît plus vite, en termes réels, que les autres agrégats constituant le PIB réel, le RNB réel croîtra plus rapidement que le PIB réel.
Jusquici, rien de neuf par rapport à la comptabilité nationale officielle. Celle-ci ignore cependant leffet, sur le bien-être matériel de la population résidante, dun changement dans les termes de léchange, cest-à-dire une évolution divergente des prix à limportation et à lexportation. Si ces termes saméliorent, avec des prix à lexportation qui augmentent plus rapidement que ceux à limportation, le bien-être matériel de la population saccroîtra en effet plus vite quindiqué par le RNB réel. Pourquoi ?
Parce que, dans la comptabilité nationale officielle, les exportations nominales sont « défla-tées » par un indice de prix pour les exportations alors que les importations le sont par un indice de prix des importations, ce qui se justifie lorsquil sagit de mesurer le volume physique de la production, cest-à-dire le PIB réel. Du point de vue du bien-être matériel, cependant, il est plus sensé de déflater les exportations nominales par lindice de prix des importations, ce qui donne le volume de biens importés que le pays pourrait consommer et investir avec le produit de ses exportations ; ou, de manière à peu près équivalente, de déflater par lindice de prix des importations la différence entre les exportations et les importations nominales de biens et de services, cest-à-dire la balance commerciale nominale. On obtient ainsi une balance commerciale réelle corrigée quon additionne aux autres composantes du PIB réel.
A noter que cette problématique est particulièrement importante pour la Suisse qui, grâce à des industries dexportation spécialisées et en général très performantes, a connu ces dernières décennies la plus forte amélioration des termes de léchange dans tout le monde industrialisé. (Pour une « parabole » explicative de la problématique, voir lencadré ci-dessous).
En corrigeant le PIB réel comme indiqué plus haut, on obtient ce que langlais appelle le real command GDP (GDP = PIB), un agrégat aujourdhui couramment utilisé en macroéconomie internationale. Comme on le verra au paragraphe suivant, il est cependant plus pertinent, du point de vue du bien-être matériel et donc du RNB, de déflater la balance commerciale nominale non pas par lindice de prix des importations, mais par lindice de prix général pour les marchés intérieurs, ce qui a été fait pour obtenir les résultats discutés plus loin. En procédant de même pour la balance des revenus de facteurs, on obtient finalement ce que nous appellerons le revenu national brut corrigé ou RNBC.
A noter enfin que toute la problématique tourne autour de la procédure de déflation. Sil sagit de mesurer (approximativement) le bien-être matériel actuel de la population, il suffit de considérer les dépenses réelles pour la consommation privée et collective. En y ajoutant lin-vestissement réel, on tient aussi compte de lévolution future de cette consommation. Reste le solde de la balance commerciale et celui de la balance des revenus. Supposons que lensemble de ces soldes soit positif en termes nominaux, comme cest très régulièrement le cas en Suisse. Ce solde consolidé constitue nécessairement un prêt consenti à létranger ou, si lon préfère, un accroissement de la fortune extérieure du pays. Comment déflater ce solde ? Là est toute la question. En le déflatant par lindice de prix moyen des trois grandes catégories de dépenses à lintérieur du pays (consommation privée, investissement, dépenses de lÉtat), comme nous lavons fait pour le RNBC, on admet que le meilleur moyen de passer dune grandeur nominale à une grandeur réelle est de calculer le volume de biens et de services que ce solde nominal pourrait acheter sil était dépensé à lintérieur du pays.
DEUX TYPES DE CROISSANCE : UN EXEMPLE FICTIF, DIDACTIQUE ET TRÈS SIMPLIFIÉ
Quon veuille bien simaginer une petite économie ouverte et ultra spécialisée qui ne produit, avec ses ressources propres, quun seul bien : des semi-conducteurs dune qualité tenue constante ou, pour faire court, des « chips ». Ceux-ci sont tous vendus à létranger à un prix déterminé sur le marché mondial. La demande internationale pour les chips étant forte, le volume physique de la production dans ledit pays, cest-à-dire la quantité de chips, augmente à un rythme soutenu. Il en va donc de même pour son PIB réel. Comme lemploi est lié avant tout à la croissance de la production, il ny aura vraisemblablement pas ou peu de sous-emploi dans ce pays.
Par ailleurs, tout ce que ce pays ultra spécialisé consomme doit nécessairement être importé de létranger, à des prix dont on va admettre quils restent constants. Imaginons maintenant que dautres pays produisent et exportent aussi de ces chips, en quantités croissantes de sorte que leur prix sur le marché mondial baisse régulièrement et fortement. Si cette baisse de prix est plus grande que laugmentation du volume des chips exportés par le pays en question, ce dernier ne pourra importer avec le produit de ses exportations quune quantité toujours plus faible des biens quil consomme.
Le revenu réel du pays, indicateur de son niveau de vie et de son bien-être matériel, baissera donc : à une croissance positive de son PIB réel sopposera une croissance négative de son revenu réel ! Pourquoi ? Essentiellement, parce que les termes de léchange du pays se sont fortement détériorés. Bien entendu, la situation inverse se produira si ces termes saméliorent.
3. PIB et RNCB réels En Suisse
Le graphique 1 ci-après confirme quen 1970-2003 le RNBC réel de la Suisse, calculé de la manière indiquée plus haut, a augmenté davantage que son PIB réel. Autrement dit, le bien-être matériel de la population résidante a crû nettement plus vite que le volume de la production intérieure : 1,84% par an en moyenne contre 1,45%, un écart qui nest pas négligeable. Cela signifie que le problème de la croissance dans notre pays ne concerne pas tant le bien-être matériel de la population, qui dépend du RNBC, que lemploi et le chômage, lesquels sont largement liés au PIB et cela malgré un marché du travail réputé souple.
Les années 1990-1996 méritent quon sy arrête un moment. Dans toute cette période, le PIB réel a pratiquement stagné voir le graphique 2 ci-dessous. Cela explique, du moins en partie, la montée dun chômage dune ampleur inédite. Considérons maintenant le RBNC réel. Suite à la récession qui est intervenue au tournant des années 1980-1990 à létranger comme en Suisse, la progression du RBNC réel a marqué une courte pause en 1991 et 1992 ; puis elle est repartie fortement à la hausse dès 1993 déjà. Cela peut expliquer pourquoi il ny avait pour ceux qui ont vécu cette période troublée et troublante guère dindications dune panne ou a fortiori dun déclin du bien-être matériel en Suisse. Cest-à-dire quon navait ni le sentiment ni des raisons de penser que le pays sappauvrissait et cela malgré la montée du chômage.
4. PIB et RNCB réels En Suisse et dans dautres pays industrialisés
Les mêmes calculs ont été faits pour 19 autres pays industrialisés voir ci-dessous les graphiques 3 et 4 ainsi que le tableau 1.
Tableau 1
Revenu national brut réel corrigé (RNBC) et Produit intérieur brut réel (PIB)
Taux de croissance tendanciels, 1970-2003
(1)
Pays(2)
RNBC réel
(3)
PIB réel(4)
Écart
RNBC-PIB
(points de pourcentage)
% p.a.
Rang
% p.a.
RangLuxembourg4,5514,222+0,33Irlande3,3724,7311,36Japon3,0833,0850Australie3,0743,1440,07USA2,9853,0760,09Canada2,7362,8670,13Espagne2,6972,6980Pays-Bas2,3282,42110,10Grde-Bretagne2,3192,2414+0,07Autriche2,27102,4890,21Finlande2,23112,4890,25Belgique2,22122,2015+0,02France2,17132,27130,10Italie2,17132,29120,12Allemagne2,14152,20150,06Portugal2,09163,1631,07Suisse1,84171,4520+0,39Danemark1,80181,7819+0,02Suède1,66191,90180,24Grèce1,08201,95170,87Moyenne non pondérée
2,44
2,63
0,19
On voit ainsi que si la Suisse est bien la lanterne rouge pour la croissance du PIB, elle remonte au dix-septième rang dans le palmarès du RNBC ; ce qui reste cependant peu brillant, du moins en apparence voir plus loin. Par ailleurs, on constate aussi dans le tableau 1 que cest la Suisse qui connaît le plus grand écart positif entre le taux de croissance tendanciel du RNBC réel et celui du PIB réel : 0,4 point de pourcentage par année sur toute la période 1970-2003. Vient ensuite le Luxembourg avec 0, 3 point. Dans lautre sens, celui dun écart négatif, lIrlande accuse lécart le plus grand (1,4 points de pourcentage), ce qui ne surprend pas car la croissance irlandaise a été largement tributaire de capitaux étrangers, surtout américains, qui se sont investis dans le pays. Après lIrlande, on trouve les écarts négatifs les plus grands pour le Portugal (1,1 points) et la Grèce (0,9 point). On reviendra sur ces cas.
Le Luxembourg occupe le premier rang dans le palmarès du RNCB réel et le deuxième dans celui du PIB réel. Cest cependant un cas très spécial, quil vaudrait mieux ignorer dans le présent contexte. Avec une population denviron un demi million, le Luxembourg donne du travail à un nombre très élevé de non résidants qui ont leur domicile dans les pays voisins. En outre, les activités financières y occupent de loin la première place. Dès lors, ne conviendrait-il pas plutôt de comparer le Luxembourg non pas avec les autres pays, mais avec des entités telles le quartier des banques à Zurich et Genève ou la City londonienne ? Comme il est cependant usuel dinclure le Luxembourg dans ce genre de comparaisons entre économies nationales, nous ferons de même.
Une chose frappe dans le graphique 4, celui pour les taux de croissance tendanciels du RNBC réel. Pour certaines économies nationales, allant des Pays-Bas (à gauche dans le graphique) à la Suède (à droite), ces taux sont étroitement groupés autour de la valeur de 2 % p.a. Cela soulève la question de savoir si les taux pour ces pays sont significativement différents entre eux, au sens statistique du terme. A cet égard, il importe de bien voir que les taux de croissance tendanciels sont toujours des estimations qui, comme telles, sont sujettes à des marges derreur. Il est en tout cas frappant de constater que pratiquement tout le monde y compris nombre déconomistes chevronnés tend à considérer ces taux de croissance comme sil sagissait de mesures exactes, ce qui nest jamais le cas.
Ce quon cherche à déterminer en loccurrence, ce sont en effet les taux de croissance sous-jacents aux diverses économies, cest-à-dire les tendances du PIB et du RNBC réels sur le moyen ou le long terme. Si lon calcule la croissance dans une année donnée par rapport à la précédente, il est évident que le taux obtenu sera généralement entaché par toutes sortes de « chocs » plus ou moins aléatoires dus à des fluctuations conjoncturelles, climatiques, politiques, etc. et quil ne signifiera donc pas grand-chose dans une perspective à moyen ou long terme. Au fur et à mesure que le calcul sétend sur un nombre dannées de plus en plus élevé, les effets de ces chocs sur le taux de croissance estimé tendront à se compenser le plus souvent et leur importance diminuera donc ; mais elle ne disparaîtra jamais complètement. En dautres termes, les taux estimés seront toujours sujets à des marges derreur. Peut-on calculer ces dernières pour les taux tendanciels figurant dans les graphiques 3 et 4 ainsi que dans le tableau 1 ? et aussi, du même coup, déterminer si les taux estimés sont significativement différents entre eux ? Répondre à ces deux questions demande quelques développements un peu plus techniques, surtout dordre économétrique. Le lecteur pressé ou rebuté par ces questions techniques peut passer directement à la section 6, page 12.
5. Une incise relativement plus technique
Les taux de croissance tendanciels ci-dessus ont été calculés, par la méthode de régression dite des moindres carrés ordinaires (MCO), à partir de la formule
log Yt = b + a time + et (1)
où Yt est la variable (PIB ou RNBC réels) dont il sagit de calculer le taux de croissance tendanciel ; où « time » est un simple indice de temps (par exemple, 1970=0, 1971=1,
) ; où et est un terme aléatoire, du moins en principe (on y reviendra) ; et où « log » désigne les logarithmes naturels.
Comme le paramètre « a » est égal à (dY/dt)/Y pour autant, toutefois, que lon considère la croissance comme un processus continu dans le temps et non pas discret , il exprime lélasticité de Y par rapport au temps ; cest-à-dire son taux de croissance tendanciel. Quant à la constante « b », elle sans importance aucune, car il est toujours possible de redéfinir les unités de Y et de fixer lannée zéro de sorte à la rendre nulle et quelle disparaisse de léquation. En effet, « b » est aussi le log de Yo dans la formule non logarithmique correspondant à (1), soit Yt = (Yo)(ct), où Yo est la valeur de Yt en t = 0, « c » est lantilog de « a » et où lon néglige le terme aléatoire dans (1) en lui attribuant une valeur nulle. En assignant à lindice de temps la valeur nulle en 1970, on aura b = log Yo = log Y1970 = log (1) = 0 si lunité de Y a été définie de sorte que Y = 1 en 1970.
Il y a cependant une autre manière, plus traditionnelle, dexprimer un taux de croissance tendanciel, une manière qui se fonde sur la formule
Yt = Yo (1+r)t (2)
où cest maintenant « r » qui exprime le taux de croissance tendanciel. Comme on peut le vérifier aisément, il sensuit que
a = log(1+r) (3)
Les deux taux sont cependant très proches pour de petites valeurs :
r a
1% 0,995%
1,98
2,96
5 4,88
6,77
9,53
18,23
100 69,31
Connaissant les « a » estimés, comme dans le tableau 1 ci-dessus, il est toujours possible de calculer les « r » correspondants en utilisant la formule (3) et le fait quil y ait deux manières dexprimer les taux de croissance ne devrait donc troubler personne.
Venons-en aux marges derreur ou intervalles de confiance affectant les « â », cest-à-dire les taux de croissance tendanciels estimés pour les PIB et RNBC réels dans les graphiques et le tableau 1 ci-dessus.
Les « â » ayant été estimés par les MCO dans un premier temps, on dispose destimations de leurs écarts-types, ce qui permet de construire des marges derreur ou intervalles de confiance. Les résidus de toutes les équations estimées sont cependant entachés dune très forte corrélation sérielle positive. Cela signifie que les termes et, qui devraient être aléatoires, ne le sont pas. Comme on sait, il sensuit que les écarts-types estimés par les MCO sont « biaisés » vers le bas (sont trop petits), très probablement de beaucoup, ce qui débouche sur des marges derreur (beaucoup) trop petites et donc non fiables. Que faire ?
La principale raison de la présence de corrélation sérielle positive dans les résidus est certainement quon ne tient pas compte dautres facteurs affectant la croissance annuelle, dont avant tout la conjoncture. Cette dernière prend cependant la forme dune courbe qui, dans les logs, est approximativement sinusoïdale et aussi stationnaire. Par conséquent, elle est en probabilité non corrélée avec la variable explicative incluse dans les équations, cest-à-dire lindice de temps.
On se trouve donc très vraisemblablement en présence de corrélation sérielle due à une variable omise dominante qui est non corrélée avec la variable incluse. Dès lors, il est pertinent de chercher à corriger cette corrélation sérielle en rendant artificiellement aléatoires (randomize) les résidus des équations estimées. A cette fin, nous avons utilisé des schémas autorégressifs dordre un, dénotés AR(1), et le plus souvent aussi dordre deux, dénotés AR(2). Cela signifie que les estimations sont faites non plus par les MCO, mais par une version des MCG (moindres carrés généralisés), de sorte à obtenir pour les « â » des écarts-types estimés qui soient non (ou, en tout cas, moins) biaisés et donc (plus) fiables.
Ce faisant, on procède empiriquement en examinant les autocorrélogrammes des résidus et en adoptant, par tâtonnement, tel(s) ou tel(s) schéma(s) correctif(s) jusquà obtenir à la fin non seulement des Durbin-Watson non significativement différents de la valeur centrale de 2, mais aussi des autocorrélogrammes pour les résidus qui soient clean et « sympathiques ». A noter enfin que, sil est vraiment pertinent de procéder ainsi, les taux de croissance tendanciels estimés par les MCO et par le MCG ne devraient différer que de peu, ce qui est le plus souvent le cas voir le tableau 2. Que la plupart des taux estimés changent un peu ne doit pas surprendre : avec des AR(1) et des AR(2), par exemple, ce qui est le cas le plus fréquent, il y a deux paramètres supplémentaires à estimer et on perd aussi les deux premières observations, ce qui signifie quatre degrés de liberté en moins.
Tableau 2
Revenu national brut réel corrigé (RNBC) et Produit intérieur brut réel (PIB)
Taux de croissance tendanciels, 1970-2003, sans ou avec traitement des résidus
(1)
Pays(2)
RNBC réel, % p.a.
(3)
PIB réel, % p.a.(4)
Méthode de traitement des résidus (pour le PIB réel)aSans traitement des résidusbAvec traitement des résidusSans traitement des résiduscAvec traitement des résidusLuxembourg4,554,554,225,13AR(1)Irlande3,373,604,735,78AR(1), AR(2)Japon3,083,023,081,84AR(1), MA(1)Australie3,073,313,143,26AR(1)USA2,982,983,073,06AR(1), AR(2)Canada2,732,632,862,75AR(1), AR(2)Espagne2,692,692,692,62AR(1), AR(2)Pays-Bas2,322,282,422,37AR(1), AR(2)Grde-Bretagne2,312,512,242,26AR(1), AR(2)Autriche2,272,162,482,36AR(1)Finlande2,232,142,482,35AR(1), AR(2)Belgique2,222,142,202,09AR(1)France2,172,122,272,13AR(1), AR(2)Italie2,172,112,291,67AR(1)Allemagne2,142,092,202,13AR(1), AR(2)Portugal2,092,223,163,06AR(1), AR(2)Suisse1,841,901,451,49AR(1), AR(2)Danemark1,801,981,781,77AR(1)Suède1,661,671,901,87AR(1), AR(2)Grèce1,080,941,951,74AR(1)a/ AR(1) = processus autorégressif dordre un ; AR(2) = dordre deux; MA(1) = moyenne mobile dordre un.
b/ Taux du graphique 4.
c/ Taux du graphique 3.
Dans quelques cas, cependant, les taux de croissance tendanciels estimés par les MCO diffèrent assez fortement de ceux obtenus par les MCG. Cela nest pas le cas pour les RNCB réels, mais lest pour les PIB réels des pays suivants : Luxembourg, Irlande, Japon, Italie et Grèce. (Que le problème touche les PIB beaucoup plus que les RNBC est intéressant en soi : se pourrait-il que le RNBC soit en général une variable économique better behaved que le PIB ou dune signification économique plus centrale ?)
Ces quelques différences importantes entre les taux estimés par les MCO et par les MCG tien-nent, en partie, à une question plus fondamentale : doit-il y avoir nécessairement un seul taux de croissance tendanciel sur toute la période de 34 ans allant de 1970 à 2003 ? Ou des ruptures, de niveau et/ou de pente, pourraient-elles survenir dans telle ou telle année et cela pour différentes raisons sur lesquelles on ne va pas sétendre ici ? Ou encore, se pourrait-il que certaines économies soient sujettes, pour telles ou telles raisons, à un phénomène daccélération ou de décélération sétendant sur plus ou moins toute la période ? Dans un cas comme dans lautre, cela signifierait que léquation souffrirait dun défaut de spécification.
Nous avons tenté de vérifier ces possibilités de rupture ou daccélération/décélération au moyen de divers tests, en commençant par un examen visuel des résidus des équations estimées. Plus rigoureusement, on peut tester lhypothèse dune accélération/décélération significative sur toute la période en incluant la variable « time2 » dans les équations ; et de vérifier celle dune rupture au moyen de divers tests tel celui de Chow ou à partir des résultats destimations récursives. A noter cependant quavec des observations sur 34 ans il nest guère possible de tester la présence de plus dune rupture et que, de manière générale, tout lexercice est largement une affaire de jugement ; et enfin quil existe des cas où il nest pas possible démettre une conclusion non ambiguë. Quoi quil en soit, les tableaux 3 et 4 ci-dessous indiquent ce que nous avons trouvé.
Tableau 3
Croissance du PIB réel dans 20 pays industrialisés, 1976-2003
Indications dune rupture dans la tendance ou dune accélération/décélération
Pas dindications de rupture ou daccélération/décélérationIndications dune ruptureaIndications dune accélération (A) ou dune décélération (D) sur toute la période
AmbiguAUS
A
B
CDN
DK
F
P
E
GB
USAFIN (1990; 0)
J (1992; )
NL (1983; +)GR (A)
IRL (A)
I (D)CH
D
L
Sa/ Entre parenthèses : année de la rupture ; + = plus forte croissance dans la deuxième sous-période ;
= plus faible croissance dans la deuxième sous-période; 0 = pas clair.
Tableau 4
Croissance du RNBC réel dans 20 pays industrialisés, 1976-2003
Indications dune rupture dans la tendance ou dune accélération/décélération
Pas dindications de rupture ou daccélération/décélérationIndications dune ruptureaIndications dune accélération (A) ou dune décélération (D) sur toute la période
AmbiguA
B
CH
F
L
E
S
GB
USAFIN (1990; 0)
J (1992 ; )
NL (1983 ; +)
DK (1982 ; +)AUS (A)
CAN (A)
GR(A)
IRL(A)
I (D)D
Pa/ Comme dans le tableau 3.
On voit ainsi quil y a certains pays où lhypothèse dun seul taux de croissance tendanciel sur toute la période semble difficilement tenable. Pour le PIB réel, il sagit de 6 pays sur 20, avec en outre 4 cas ambigus, ce qui laisse 10 pays où lhypothèse semble satisfaite ; et de 9 pays pour le RNBC réel, avec 2 cas ambigus, ce qui laisse 9 pays où lhypothèse paraît vérifiée. Soit dit en passant, cela montre combien il faudrait être prudent lorsquon parle de « la » croissance dans tel ou tel pays sur telle ou telle période
Dans les cas où une rupture significative a été détectée, il conviendrait de calculer non pas un taux tendanciel, mais deux ce qui peut cependant savérer délicat en raison de la perte de degrés de liberté résultant de la division de léchantillon en deux parties de longueur généralement inégale. Sil y a des indications daccélération/décélération, il sagirait alors dévaluer le taux de croissance au centre de gravité de léchantillon, en admettant ou espérant que ce taux soit suffisamment représentatif. Nous avons cependant renoncé à faire lun et lautre, premièrement par manque de temps et, deuxièmement, pour ne pas non plus trop compliquer graphiques et tableaux. Pour les pays où lhypothèse dun seul taux de croissance tendanciel ne semble pas satisfaite, « le » taux indiqué dans les graphiques et tableaux sera plus ou moins biaisé, où il y a cependant des raisons de penser que le biais tend en général à être petit plutôt que grand. En outre, la présence dune rupture ou dun phénomène daccélération/décélération va généralement de pair avec une marge derreur particulièrement grande.
6. Marges derreur et taux de croissance significativement différents ou non
Pour résumer la section précédente à lintention de qui laurait sautée, on voit ainsi quil y a deux manières ou méthodes destimer les marges derreur des taux de croissance tendanciels estimés une manière simple, en appliquant la méthode destimation statistique dite des MCO (moindres carrés ordinaires), mais avec des marges derreur biaisées, cest-à-dire trop petites, probablement de beaucoup ; et une méthode plus sophistiquée, soit les MCG (moindres carrés généralisés), laquelle donnera des marges derreur corrigées qui seront non seulement plus fiables, mais vraisemblablement plus grandes de beaucoup.
Commençons par les RMBC réels voir les graphiques 5 et 6 ci-après, qui confirment largement ce qui vient dêtre dit sur la taille des marges derreur avec lune et lautre méthodes. A noter que toutes les marges derreur sont définies au seuil conventionnel de 95% : il y a au moins 95% de chances pour que les vrais taux de croissance tendanciels se trouvent dans les intervalles indiqués ou, si lon préfère, 5% de chances pour quils se situent en dehors de ces intervalles. En outre, si les marges derreur pour deux taux se recoupent (intersect), cela veut dire que ces taux ne sont pas significativement différents entre eux, au sens statistique du terme.
Considérons le graphique 6, avec des marges derreur corrigées. En prenant la Suisse comme point de référence, on constate que, de tous les pays, seule la Grèce a connu un taux de croissance significativement plus bas pour le RNBC réel puisque sa marge derreur ne se recoupe pas avec celle de la Suisse. Les autres pays européens, jusque et y compris (tout juste) la Grande-Bretagne à gauche dans le graphique, ont des taux qui ne diffèrent pas significativement de celui de la Suisse. Par ailleurs, il apparaît que ces pays, Suisse y comprise, ont tous connu en 1970-2003, un taux de croissance tendanciel du RNBC pratiquement égal à 2% p.a. Seuls parmi les pays européens, le Luxembourg (un cas très spécial), lIrlande et lEspagne (parties de très bas) ont connu une croissance significativement plus rapide que la Suisse. Mais cest surtout vrai des pays industrialisés doutre-mer : lAustralie, les USA, le Canada et même, sur toute la période, le Japon et cela à un seuil de signification (95%) qui est un critère exigeant.
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Le graphique 7 reproduit les mêmes résultats pour les taux de croissance tendanciels des PIB réels, où nous nous limitons aux seules marges derreur corrigées.
Il est frappant de constater que, dans ce graphique pour les PIB réels, les marges derreur corrigées pour la plupart des pays sont beaucoup plus petites que dans le cas des RNBC réels. Celle pour les USA, par exemple, est trop petite quon puisse la voir dans le graphique. Cest sans doute parce que les PIB réels indicateurs (imparfaits) des volumes des production sont des variables plus rigides et moins « volatiles » que le RNBC réels, en particulier parce que le solde net des revenus de facteurs, non compris dans les PIB mais compris dans les RNBC, tend en général à fluctuer considérablement, au gré entre autres des ups-and-downs des marchés financiers. Par conséquent, il est plus aisé de déterminer, pour la plupart des pays, un taux de croissance tendanciel relativement précis pour les PIB que pour les RNBC.
Pour quelques autres pays, cependant, la marge derreur pour le PIB est vraiment très importante : Irlande, Luxembourg, Japon, Italie et, dans une moindre mesure, Grèce. Selon le tableau 3 ci-dessus, le Japon a connu vers 1990 une rupture de tendance du PIB très significative. LIrlande et la Grèce ont bénéficié, semble-t-il, dune accélération de leur croissance sur plus ou moins toute la période alors que lItalie a souffert dune décélération continue. Enfin, le Luxembourg est un cas ambigu. Cest sans doute pour ces raisons que ces pays sont caractérisés par des taux de croissance tendanciels avec une aussi forte marge derreur. Dans ces cas, les taux de croissance centraux les point estimates représentés par les carrés noirs sont aussi moins fiables parce que plus ou moins biaisés, comme argué plus haut.
Il est aussi frappant que, par contraste avec le RNBC, le taux tendanciel du PIB réel helvétique est non seulement le plus bas de tous les pays, mais que les seuls pays dont le taux de croissance du PIB réel nest pas significativement différent de celui de la Suisse sont maintenant le Japon, la Grèce, lItalie et, tout juste, le Danemark. Tous les autres pays ont un taux de croissance tendanciel du PIB réel significativement plus élevé que celui de notre pays.
A cet égard, répétons un « message » central de la présente étude : si la Suisse a un problème de croissance, il se situe beaucoup davantage au niveau du PIB et donc de lemploi et du chômage quau niveau du RNBC et donc du bien-être matériel.
Jusquà présent, nous avons toujours considéré les 34 années allant de 1970 à 2003, ce qui est du moyen, voire du long terme. Quen est-il des années plus récentes ? Le graphique 8 ci-dessus reproduit les taux de croissance tendanciels des RNBC réels sur les années 1990-2003, avec des marges derreur corrigées où il faut cependant voir quun échantillon de 14 années seulement est « limite » lorsquil sagit de déterminer des taux de croissance tendanciels.
On constate avec ou sans surprise que le tableau pour 1990-2003 nest pas très différent de celui pour 1970-2003. Apparemment, la Suisse se situe toujours dans le peloton de queue, mais on voit aussi que son taux de croissance estimé pour le RNBC réel nest pas significativement différent de celui de la plupart des autres pays européens comme cétait aussi le cas en 1970-2003. Aucun de ces pays européens na cependant un taux significativement plus bas que celui de la Suisse (tout juste pas pour lAllemagne) alors que les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Grande-Bretagne ont maintenant avec, comme précédemment, lIrlande, le Luxembourg et lEspagne un taux de croissance significativement plus élevé. Ce qui reste aussi le cas des pays industrialisés doutre-mer, à lexception toutefois du Japon dont la croissance nest tout juste pas significativement plus basse que celle de la Suisse. Mais sans doute ne faut-il pas tirer trop de conclusions dun échantillon limité à 14 années.
7. Quelles erreurs ?
Il faut bien voir que les marges derreur calculées ci-dessus ne reflètent que linévitable imprécision inhérente au processus destimation des taux de croissance tendanciels. Mais elles ne tiennent pas compte dautres erreurs possibles inhérentes, celles-là, aux données mêmes des comptabilités nationales officielles et à la manière dont elles sont calculées dans les divers pays.
De telles erreurs existent certainement et elles peuvent affecter les taux de croissance tendanciels estimés, mais ce nest pas nécessairement toujours le cas. Supposons que deux pays aient en réalité le même PIB (ou RNBC) réel, mais que celui du premier pays est systématiquement sous- ou surestimé de X% par rapport à celui du deuxième pays. Les taux de croissance estimés pour les deux pays resteront les mêmes.
Dans certains cas, cependant, les taux de croissance seront affectés. Un cas bien connu est celui des dépenses des entreprises pour leur software informatique. Aux États-Unis, on considère depuis 1999 quil sagit de dépenses dinvestissement, ce qui augmente le PIB dautant, alors quen Europe et en Suisse on les traite du moins jusquà tout récemment comme des dépenses intermédiaires, lesquelles naffectent pas le PIB. Comme ces dépenses croissent considérablement plus vite que le reste du PIB, cela signifie que toutes choses égales par ailleurs la croissance des USA est surestimée par rapport à celle des autres pays ou de beaucoup dentre eux, dont la Suisse. En outre, il y a dassez nombreuses autres différences de pratique allant dans le sens dune surestimation de la croissance américaine ou, si lon préfère, dune sous-estimation de la croissance dautres pays.
Ces différences dans lélaboration des diverses données nationales ont été mises en lumière dans une récente étude du KOF/EPFZ, qui a conclu que, dans les années 1980-1997, la productivité a augmenté en Suisse plus... rapidement quaux USA. Tout ne nous paraît pas entièrement convaincant dans cette étude, mais on peut admettre quil y a en effet dassez nombreuses différences de pratique allant dans le sens indiqué. De son côté, et outre la différence entre PIB et RNBC réels, Ulrich Kohli identifie diverses raisons supplémentaires dune sous-estimation probable de la croissance des PIB et RNB réels de la Suisse par rapport à dautres pays, des raisons qui paraissent éminemment pertinentes.
Cependant, refaire les calculs ci-dessus en éliminant, pour 20 pays et sur 34 ans, les effets possibles de toutes ces différences de pratique est une très vaste entreprise allant bien au-delà de la présente étude et des ressources dont nous disposons. En attendant que cela soit peut-être réalisé un jour, nous ne pouvons que faire état ici non pas de preuves, mais dune conviction à savoir que les écarts de croissance identifiés ci-dessus entre, dune part, la plupart des pays européens (dont la Suisse) et, dautre part, les pays industrialisés doutre-mer comme les USA, le Canada et lAustralie sont dune taille telle que, très probablement, les taux de croissance de ces pays doutre-mer resteraient significativement plus élevés.
Létude du KOF conclut dailleurs que, même si la productivité a augmenté plus vite en Suisse quaux USA sur la période indiquée, le PIB réel total des USA a crû plus rapidement que celui de la Suisse et cela en raison dévolutions divergentes, dans les deux pays, du nombre moyen dheures de travail par année et par personne active, de la proportion des emplois à temps plein et à temps partiel ainsi que des taux dactivité de la population, en particulier celle de plus de 65 ans. Dans le même ordre didées, la lectrice ou le lecteur sest peut-être demandé pourquoi la présente étude se focalise sur les taux de croissance des PIB et RNBC totaux plutôt que sur ceux par tête. La raison en est que, dans un monde où les migrations sont toujours plus importantes et la libre circulation de la main-duvre toujours plus générale, la population résidante devient une variable endogène, cest-à-dire dépendante, en partie au moins, de la croissance du PIB ou RNBC réel. Il semble donc plus sensé de se concentrer sur les PIB et RNBC totaux, du moins dans un premier temps.
8. Conclusions, en particulier pour la politique économique suisse
Les analyses et résultats ci-dessus incitent à rejeter sans hésitation lillusion utopique et dangereuse selon laquelle « tout va très bien en Suisse, Madame la Marquise ». Par rapport à des économies doutre-mer autrement plus dynamiques, notre pays a en commun avec presque toutes les nations européennes un authentique déficit de croissance, pour le RNBC comme aussi pour le PIB. Ces déficits de croissance en Europe nont pas les mêmes causes partout. En Suisse, nous nous trouvons surtout en présence dune économie éminemment duale où, dune part, les industries dexportation sont en général très performantes et le marché du travail reste souple, mais avec dautre part de nombreux marchés intérieurs particulièrement sclérotiques. Cest à ces différents problèmes structurels quil faut sattaquer de manière sérieuse et urgente, en Suisse comme dans pratiquement tous les autres pays européens.
Il sensuit que le besoin de réformes est réel, pour ne pas dire criant, dans notre pays comme ailleurs en Europe, et que le train de mesures proposé par le Conseil fédéral pour stimuler la croissance en Suisse se justifie entièrement. Il est dautres problèmes structurels encore, comme par exemple un marché du logement (surtout locatif) corseté, inefficace et inégalitaire ainsi quune politique daménagement du territoire dont il faudrait repenser toutes les bases. Si des réformes dans tous ces domaines finissent par être adoptées, comme nous lespérons vivement même si elles peuvent être plus ou moins douloureuses dans le court terme, sensuivra-t-il un regain permanent de croissance (la pente change) ou « seulement » un gain unique et plus ou moins ponctuel (le niveau change) ? Peu importe, est-on tenté de répondre, car cest tout bénéfice, dans un cas comme dans lautre.
Quoi quil en soit, rien ne serait plus faux que de croire (et, à plus forte raison, de proclamer) quil ny a pas de problèmes structurels en Suisse. A cet égard, lanalyse et la « philosophie » des auteurs de la présente étude se recouvrent parfaitement avec celles qui imprègnent un récent ouvrage dErnst Baltensperger, un ouvrage où léconomiste bernois fait aujourdhui le point sur laffaire du célèbre Livre blanc publié en 1995 examinant en particulier les réformes qui y étaient prônées, si elles étaient justifiées ou non, dans quelle mesure elles ont été ou non réalisées depuis lors et sil en est dautres à entreprendre.
Comme il serait difficile dentreprendre toutes ces réformes en même temps et avec la même urgence, quel en est lordre des priorités ? A cet égard, on renvoie à une récente enquête dAvenir Suisse auprès dun groupe déconomistes et autres experts voir sa première Newsletter. Cette enquête a révélé un consensus marqué sur lordre de priorité des réformes, ce qui montre quéconomistes et autres experts sont beaucoup plus daccord entre eux que les médias et le public le croient souvent. Alors, mettons-nous au travail, mettons ces réformes en chantier et la croissance suivra !
ANNEXE
Un problème supplémentaire
Les termes de léchange et les inputs de production importés
Dans létude ci-dessus, nous avons (implicitement) supposé que toutes les importations consistaient en biens finaux, cest-à-dire de consommation et dinvestissement. En réalité, cependant, une partie des importations se compose de biens intermédiaires, cest-à-dire dinputs de production importés. Cest par exemple le cas du pétrole utilisé dans la production et les transports commerciaux (mais non dans les transports privés ou pour le chauffage des habitations) ; ou encore lacier importé pour fabriquer machines, outils, montres,
; etc.
Lexistence de ce type dimportations complique lanalyse précédente, particulièrement en cela que, lorsque les termes de léchange se modifient pour les inputs importés, le volume de lemploi ne sera plus lié (surtout) au PIB réel, contrairement à ce que nous avons constamment maintenu ci-dessus. Une récente publication dUlrich Kohli éclaire la question. Il y est montré que lorsque ces termes de léchange saméliorent, le PIB réel
baissera par rapport au revenu réel/bien-être matériel ; ou le premier croîtra moins vite que le second lorsque les termes de léchange saméliorent de manière suivie. Kohli établit aussi une distinction entre volume de la production et PIB réel. En fin de compte, le lecteur de létude de Kohli en vient à se demander si la notion de PIB réel a überhaupt un sens
Pour sa (limpide) démonstration, Kohli fait appel à des graphiques et à des mathématiques qui ne devraient pas poser de problèmes aux économistes, mais qui le pourraient à dautres. A leur intention, nous incluons à la fin de cette annexe une deuxième « parabole » qui, au plan formel, ne fait appel quà des mots, à la plus simple des algèbres et aux notions déconomie politique quon peut avoir acquis après avoir suivi un cours dintroduction à la discipline. Il sagit dune note de travail, rédigée vers 1980 et destinée aux étudiants dun cours dhistoire économique à HEC/UNIL où il était question de limpact économique des chocs pétroliers. Ces étudiants sortaient de leur année propédeutique et entamaient une formation spécialisée en économie politique ; par conséquent, la parabole est simple et facile à comprendre (nous semble-t-il), mais elle est aussi, en contrepartie, assez longue. Peut-être intéressera-t-elle et/ou amusera-t-elle la lectrice ou le lecteur. Les conclusions sont grosso modo les mêmes que celles de Kohli, mais il y a quelques différences. Ainsi, Kohli distingue-t-il entre deux concepts, le PIB réel et le volume de la production/revenu réel alors que la parabole en propose trois : PIB réel, volume de la production et revenu réel. Cela tient à cela que Kohli se concentre sur une seule économie nationale (deux dans la parabole) et comprend deux marchés (plusieurs dans la parabole). Répétons, cependant, que les conclusions ne diffèrent guère, spécialement en cela quon nest plus sûr, en fin de compte, de la pertinence du concept de PIB réel lorsque les termes de léchange (en général) se modifient de manière continue et marquée.
Tenir compte des inputs de production importés, pour 20 économies et sur 34 ans, demanderait un programme de recherche encore plus vaste que celui qui est esquissé vers la fin du texte principal ci-dessus. Cela exigerait en effet quon construise en partie et examine trois séries pour chaque économie : le PBI réel, vu comme la somme des valeurs ajoutées et série aisément disponible ; le RNBC réel, comme ci-dessus ; et le volume de la production. Pour construire cette dernière série, il est nécessaire quon connaisse, avec précision et pour chaque pays, le volume des importations dinputs de production, ce qui est problématique pour certains dentre eux, dont la Suisse., Par conséquent, nous ne pouvons à nouveau faire état ici que de quelques hypothèse ou intuitions sur ce quil en résulterait, en particulier pour la Suisse. (Pour les pays dont les termes de léchange sont restés stables, les conclusions restent les même que plus haut).
Une des caractéristiques de léconomie suisse est que beaucoup de ses secteurs, souvent les plus importants, sont à haute valeur ajoutée et ne font que peu appel à des inputs de production importés. (Malheureusement, les statistiques économiques ne permettent guère de déterminer quelle est la part relative des importations consistant en inputs de production et non pas en biens de consommation ou dinvestissement.) A priori on peut donc penser que tenir compte des du rôle des inputs de production importés et donc des insights de Kohli ne changerait pas grand-chose aux conclusions qui figurent dans le corps de la présente étude, du moins dans le cas de la Suisse.
Limpact économique des chocs pétroliers
UNE ROBINSONNADE
Jean-Christian Lambelet
Note de travail rédigée vers 1980 pour le cours dhistoire économique
Rien nest simple
Tout se complique
Pas de panique
Sempé
Un univers statique et paradisiaque
Imaginons un monde isolé, avec deux îles tropicales au milieu de locéan. Chaque île abrite une population qui se nourrit exclusivement des produits de sa pêche. Les autres besoins de lexistence ne lui causent pas de soucis et les satisfaire ne lui demandent pratiquement pas de travail : elle dort au chaud sous les étoiles, boit leau limpide des sources, se distrait en chantant et dansant, etc.
La première île (A) est couverte dune espèce darbres ne poussant que là et dont les troncs sont indispensables pour la fabrication des canots sans lesquels il nest pas de pêche possible ; mais la population de A ne maîtrise pas la technique de construction de ces embarcations. La deuxième île (B) se trouve dans la situation inverse : pas darbres de ladite espèce, mais une population sachant produire des canots dun type unique, avec une technique traditionnelle immuable. Les habitants de B considèrent leur savoir-faire comme un secret national quil est interdit de divulguer à la population de A, sous peine des pires sanctions., Les deux populations sont aussi ethniquement et culturellement dissemblables. Chacune refuse donc toute immigration à partir de lautre île ; il est de même tabou partout de chercher à émigrer.
Pour pouvoir vivre et même en fait survivre, les deux populations doivent nécessairement pro-céder à des échanges. Une partie des canots produits par B est donc livrée à A, en échange direct (sans monnaie) dune certaine quantité de troncs des arbres poussant sur A. On peut se représenter que, pour limiter le contact entre les populations, ces opérations de troc se déroulent sur un récif dénudé et sans habitants permanents, appelé « Barter Reef ».
Dans cette robinsonnade, lîle A est censée représenter lOPEC et B le monde industrialisé. Cela peut paraître tiré par les cheveux, mais notre but ici est non pas dêtre réaliste, mais de mettre en lumière quelques concepts et principes nécessaires pour lanalyse de limpact économique des chocs pétroliers ; et cela au moyen dun exemple (relativement) simple et, on veut lespérer, aussi limpide que leau des sources sur ces îles.
De quoi sagit-il ? Avant tout dessayer de comprendre ce qui se passe, des deux côtés, lorsque certains pays (ceux de lOPEC) exportent un input de production (le pétrole) en échange de biens (surtout industriels) produits par dautres pays non pétroliers et que les termes de léchange se modifient brusquement et de beaucoup (chocs pétroliers).
Venons-en donc à lanalyse économique de létat stationnaire initial. Quels sont, premièrement, les PIB (= PNB) réels des deux îles ? La question nest pas évidente et une distinction est nécessaire entre, dune part, le PIB réel et, dautre part, certaines autres grandeurs physiques en cause. La technique (constante) propre à B pour la production de canots sapplique en effet au volume physique des arbres importés de A ainsi quà celui des autres inputs de production. La fonction de production correspondante, comprise comme reposant sur les lois de la physique, sécrit donc
VBC = f(MB, TB) (1)
où VBC (V pour volume, B pour lîle et C pour canots) est la quantité physique de canots produits sur lîle ; MB (M pour importations) est le volume physique des troncs importés par B de A ou, si lon préfère, exportés par A vers B ; et TB (T pour travail) est le volume physique de linput « travail-outils » entrant dans la production des canots : avec telle quantité de troncs et telle quantité de linput « travail-outils », on obtient telle quantité de canots.
Si MB = 0 et/ou TB = 0, on aura bien sûr VBC = 0. De manière réaliste, cette fonction de production est du type Leontief : pour produire un canot, il faut un tronc et une quantité fixe de « travail-outils ». Les inputs ne sont donc pas substituables. Par ailleurs, il est difficile dimaginer quon nest pas dans une situation de rendements déchelle constants : chaque canot est produit sur un chantier naval différent, cest-à-dire plus ou moins nimporte où sur les rivages de lîle. En outre, tous les producteurs de canots sont de qualification égale.
Supposons maintenant que le prix relatif « canots/troncs » reste constant dans cet univers statique quaucune perturbation ne vient jamais troubler (la taille des populations est stable et les techniques, de la construction navale comme aussi de la pêche, sont immuables). Autrement dit, les termes de léchange sont connus et ne changent pas ; cest du moins ce que nous allons supposer dans un premier temps. Concrètement et pour initialiser un exemple numérique qui permettra de mieux fixer les idées tout au long de la discussion, imaginons que 5 troncs séchangent contre 1 canot. Ignorons aussi, pour le moment, le produit de la pêche dans les deux îles.
Sous langle des valeurs ajoutées réelles, la contribution dénotée PIBBC de lindustrie des canots au PIB réel total de B est
PIBBC = VBC M (2)
8 = 10 2 par exemple et dans une période de temps donnée
où VBC et M sont rendus comparables en utilisant leur prix relatif. Admettons que, par convention, tout soit mesuré en termes de canots cest notre « numéraire » (mais cela pourrait aussi bien être les troncs tant que le prix relatif ne change pas). Dans une période de temps donnée, B produit par exemple 10 canots, ce qui nécessite limportation de 10 troncs, lesquels sont « payés » (entre guillemets parce quil sagit de troc) par 2 canots « vendus » à A. Les termes de léchange sont donc bien : 10/2 = 5 « troncs/canot ». A noter que ces termes de léchange sont réels, comme aussi les autres prix relatifs (voir plus loin) : il ny a, répétons-le, pas de monnaie dans cette économie de troc.
On voit ainsi quil y a une différence entre, dune part, le volume physique des canots, cest-à-dire VBC, auxquels la technique de B sapplique via sa fonction de production et, dautre part, la contribution (PIBBC) de lindustrie de la construction navale au PIB réel total de B vu comme la somme des valeurs ajoutées réelles dans léconomie de lîle. En outre, on a VBC > PIBBC (10 > 8 dans lexemple numérique) tant que les échanges sont non nuls, ce qui est nécessairement le cas pour les raisons de survie quon a vues. Mesurés dans les mêmes unités, le volume de la production dans ce secteur est donc plus grand que son PIB. Par ailleurs, si lon peut produire 10 canots avec 10 troncs valant 2 canots ainsi quavec une certaine quantité de travail-outils, la valeur ajoutée réelle due à ce dernier facteur de production sera, dans notre exemple numérique, de 10 2 = 8.
Reste le produit physique de la pêche en B. Appelons-le PB (P pour pêche). Comme il doit aussi exister dans lîle un prix relatif « produits de la pêche/canot », en raison de la nécessité dun marché où les producteurs de canots troquent la fraction non exportée de leur production contre des produits de la pêche, le PIB réel total de B, dénoté PIBBT, sera donc
PIBBT = PIBBC + PB = VBC MB + PB (3)
28 = 8 + 20 = 10 2 + 20
où toutes les variables sont mesurées en termes de canots et où lon suppose raisonnablement que loutput de la pêche est nettement plus important que celui de la construction navale.
Au niveau global de léconomie de B, il y donc aussi une différence entre, dune part, le volume total des productions physiques, VBC + PB, et dautre part le PIB réel total de B, avec comme précédemment VBC + PB > PIBBT (10 + 20 = 30 > 28).
Dans lautre lîle (A), on aura pour « lindustrie » des troncs darbre simplement : PIBA = VA = XA (X pour exportations), où PIBA est la contribution de lindustrie des troncs en A au PIB total de lîle et où VA est à la fois le volume des arbres abattus et écorcés, la valeur ajoutée réelle dans la branche (cest bien le cas de le dire) et le volume des exportations de troncs, dénoté par XA. La raison de cette plus grande simplicité de léconomie de A est que tous les troncs sont produits sans inputs importés et quils sont tous exportés. (LOPEC consomme ou consommait peu de son pétrole, dont la très grande partie est ou était exportée).
Pour le PIB réel total de A, on aura tout aussi simplement
PIBAT = PIBA + PA = VA + PA = XA + PA (4)
12 = 2 + 10 = 2 + 10 = 2 + 10 pour une illustration numérique
où PA est le produit de la pêche en A et où toutes les variables sont mesurées en termes de canots. On remarque quon fait ici abstraction des coûts de transport et de transaction, de sorte que les prix relatifs sont les mêmes partout dans cet univers insulaire. Et aussi que léconomie de A est nettement plus petite que celle de B, comme cest le cas de lOPEC vs le monde industrialisé. Et enfin que le volume physique de la production en A est simplement VA + PA et quil est donc identique au PIB total de A.
A noter encore quon a MB = XA, mais seulement tant que les termes de léchange ou prix relatifs ne changent pas (et quon ignore les coûts de transport et de transaction) : on peut additionner des pommes et des oranges en utilisant leur prix relatif, mais si ce dernier change, la somme obtenue changera ; ou, plus exactement, les parts relatives des deux biens dans cette somme changeront.
On voit que nous avons maintenant trois concepts ou agrégats économiques centraux : les PIB réels, les volumes de production et aussi un indicateur du bien-être matériel des populations. Comment mesurer ce dernier, dont nous navons pas parlé jusquici ? Il sagit évidemment de PA sur A et de PB sur B : si lon met à part les sources de bien-être matériel et autres bienfaits offerts gratuitement par la nature (climat, eau, etc.), le niveau de vie des populations dépend du produit de leur pêche. Parce que le macroéconomie traditionnelle ne faisait pas de distinction entre ces trois concept pour se focaliser exclusivement sur les PIB réels, elle a eu initialement quelque peine à analyser limpact économique des chocs pétroliers. En dautres termes, elle ignorait la différence entre les trois concepts ou agrégats définis ci-dessus.
A noter enfin que le bien-être matériel de la population de A, mesuré par PA, est en fait son revenu réel. Cela signifie quil faut non seulement faire une distinction entre, dune part, entre PIB réel total et volume total de la production, mais aussi, dautre part, entre PIB réel et revenu réel. Nous voici loin des concepts de la comptabilité nationale traditionnelle.
Le monde change tout à coup Fin du paradis
Imaginons maintenant quun jour il se produit un choc dans cet univers qui était précédemment entièrement statique et stable. Avant le choc, les échanges troncs contre canots sur « Barter Reef » se faisaient supposons-le sur un marché concurrentiel et donc sans position dominante. Puis, un jour, pour des raisons quelconques, les producteurs/vendeurs de A (lOPEC) se liguent et forment un cartel des troncs darbre. Pour dautres raisons quelconques (différences culturelles et/ou politiques ? taille relative des deux populations ?), les producteurs/vendeurs de canots en B sont incapables den faire autant en créant un contre-cartel. Les producteurs/vendeurs de troncs en A se trouvent donc en position dominante face à des vis-à-vis sur le marché international qui restent fragmentés : dorénavant, les producteurs de troncs, agissant conjointement, exigent plus de canots pour un volume donné de troncs. Pour arriver à leurs fins, ils décident de restreindre leurs exportations de troncs (= MA) en sentendant sur un quota dexportation, comme lOPEC la fait. Face à cette restriction de loffre de troncs, les constructeurs navals de B font monter les enchères sur le marché des troncs et les termes de léchange se modifient à lavantage de A (lOPEC) et au détriment de B (les économies industrialisées non productrices de pétrole, la plus grande partie de lOccident, « nous »). Quelles en seront les conséquences ?
Notons, pour commencer, que cela va compliquer les problèmes dagrégation des valeurs réelles, comme par exemple dans (2) ci-dessus, parce quil existe maintenant deux ensembles différents de prix relatifs et de termes de léchange : ceux avant et ceux après le choc. Ci-après, nous nallons utiliser que les « anciens » prix relatifs et termes de léchange ; cest-à-dire que nous faisons, pour des raisons de temps, léconomie dune discussion sur les problèmes de mesure qui se posent lorsque les prix relatifs changent. Cest une question intéressante, mais qui nest pas centrale pour notre propos.
La chose essentielle, à part cette question dagrégation, est que les troncs deviennent plus chers relativement aux canots, en termes réels et sur les deux îles. A ce point du raisonnement, nous allons faire appel à la théorie économique, cest-à-dire à la « loi de la demande », laquelle dit que lorsque le prix réel dun bien augmente la quantité demandée de ce bien doit diminuer. La demande de troncs est VA, qui va donc baisser.
Commençons par les conséquences économiques pour lîle A (lOPEC), même si, de notre point de vue, cest la situation dans B (le monde industrialisé) qui nous intéresse peut-être le plus. Comme VA = PIBA = XA (voir plus haut), PIBA et XA baissent aussi suite à la diminution de VA. (De même, notons-le, pour MB mesuré aux anciens termes de léchange).
Selon lexpression (4) ci-dessus (soit PIBAT = PIBA + PA = VA + PA = XA + PA), une baisse de VA entraînera une baisse du PIB réel total de A si PA, le produit de la pêche en A, ne change pas. Mais PA va changer. Dune part, lemploi dans lindustrie des troncs dans A va diminuer puisque moins de troncs sont produits et exportés. Une partie de la main-duvre employée précédemment dans lindustrie des troncs devient redondante et, comme lémigration est exclue, cette main-duvre va devoir trouver à semployer dans lindustrie de la pêche en A ; laquelle industrie connaîtra une expansion, du moins après quelque temps (la nouvelle main-duvre doit se former à son nouveau métier). A cet égard, nous nous concentrons dabord sur le nouvel équilibre économique général qui sétablira lorsque les effets du choc auront été entièrement absorbés. Les effets à plus court terme seront examinés ensuite.
La pêche se fait avec des canots. Dans le nouvel équilibre, en faudra-t-il davantage sur A ? Cest vraisemblable, mais pas certain, car on peut aussi imaginer que la taille des équipages sur chaque canot pourrait simplement augmenter. Cela dépend donc de la fonction de production pour la pêche, qui nest pas nécessairement du type Leontief et qui ne comporte pas nécessairement des rendements constants. Si la pêche connaît des rendements décroissants, comme cest possible, laugmentation de PA sera plus petite que la baisse de VA et le PIB réel total de A
baissera, ce qui peut sembler paradoxal, étant donné que A se trouve maintenant dans une situation économique générale plus favorable. Si les rendements sont constants, augmentation et baisse se compenseront et le PIB réel de A restera constant. Leffet, sur ce dernier, dune amélioration des termes de léchange est donc incertain, dépendant dhypo-thèses spécifiques sur, entre autres, les rendements déchelle dans les deux types dactivité économique. On en viendrait presque à se demander quels sont überhaupt le sens et lutilité du concept de PIB réel, du moins dans le contexte dun changement important dans les termes de léchange
Ce qui est en revanche certain est que PA, le produit de la pêche en A, augmentera et donc aussi le bien-être matériel de la population de lîle.
Quid du volume de lemploi en A, lequel dépend dabord, du côté de la demande de main-duvre, du volume de la production dans les deux branches dactivité économique ? La réponse tient donc au changement dans ce volume de production, ce qui dans le cas de A renvoie à la discussion ci-dessus sur le PIB réel en A. (Il peut baisser ou rester constant). La réponse à la question dépend cependant aussi de lélasticité de loffre de main-duvre par rapport à sa rémunération. Comme on sait, cette élasticité peut être positive ou négative, dépendant de la taille absolue respective de leffet-prix et de leffet-revenu (voir votre cours de micro). Quelle soit positive, négative ou nulle, lemploi restera le même si le PIB est inchangé. Si le PIB baisse et donc que la demande de main-duvre diminue et que lélasticité de loffre de main-duvre est positive, le volume de lemploi baissera. Enfin, lemploi augmentera si lélasticité de loffre de main-duvre est négative. A tout prendre, leffet sur lemploi est donc incertain. Cependant, dans la mesure où le marché du travail est suffisamment concurrentiel et flexible, le plein-emploi sera préservé dans le nouvel équilibre bien que le plein-emploi puisse dorénavant correspondre à un volume demploi différent.
Pour ne pas allonger, nous allons faire léconomie de la discussion (plus complexe) de leffet dune (dans ce cas) détérioration des termes de léchange sur le nouvel équilibre économique en B, cest-à-dire lautre île, et nous nous contenterons den énoncer les conclusions : leffet de cette détérioration est également incertain pour le PIB réel total de B, pour le volume total de ses productions et donc pour le volume de lemploi, le plein-emploi restant cependant préservé si le marché du travail fonctionne librement. La seule autre conclusion quon puisse énoncer sans ambiguïté est que PB, le produit de la pêche en B, diminuera et quil en ira donc de même pour le bien-être matériel de la population de lîle.
On peut arriver à certaines des conclusions ci-dessus, en fait les plus importantes, de manière plus simple, plus directe et plus courte, mais qui ne permet pas de mettre en lumière les problèmes tenant aux PIB, aux volumes de production et au volume de lemploi dans les deux économies.
Le choc infligé par la cartellisation du marché des troncs (du pétrole) se traduit en effet par une déformation des prix relatifs existants en situation concurrentielle et donc par une allocation non (ou moins) optimale des ressources de production dans lensemble des deux îles, les deux étant considérées comme une seule économie. Le revenu réel global dans cet ensemble insulaire doit donc diminuer. Pour ce qui est du revenu réel et donc du bien-être matériel dans chacune des deux économies prises séparément, ils doivent augmenter en A (lOPEC) ; et ils doivent donc diminuer en B (« nous ») puisque le revenu réel baisse dans lensemble des deux îles. Si tel nétait pas le cas, A naurait pas avantage à former un cartel.
Dans le plus court terme
Ci-dessus, nous nous sommes concentrés sur le nouvel équilibre général qui finira par sétablir suite à un brusque changement dans les termes de léchange. Quid de la période suivant immédiatement ce choc ? Dans cette période, la main-duvre devenue redondante dans lindustrie des troncs en A et dans celle des canots en B ne trouvera pas immédiatement à semployer dans les industries de la pêche, respectivement en A et B, ne serait-ce que parce quelle doit apprendre un nouveau métier (à supposer quelle était précédemment spécialisée et ne connaissait rien à la pêche) ; et peut-être aussi parce que de nouveaux contrats doivent être négociés ou dautres renégociés, ce qui demande du temps.
Quoi quil en soit, on peut montrer que, dans cette période initiale, les divers volumes de production baisseront ; ou, au mieux, certains resteront inchangés. Lemploi se contractera sur les deux îles et il y aura du chômage sur les deux une récession « mondiale » se déclarera. Le PIB réel de B baissera et, chose plus inattendue, il en ira de même pour celui de A. Cette dernière conclusion met cependant en évidence une limitation de notre analogie entre, dune part, ces deux îles et, dautre part, lOPEC vs le monde industrialisé. Nous avons en effet implicitement supposé dans notre parabole insulaire laviez-vous remarqué ? quil ny avait pas de marché international pour les produits de la pêche. Transposé au cas OPEC vs monde industrialisé, cela signifierait que lOPEC importe du monde industrialisé uniquement des biens déquipements (quelle importe en grandes quantités), mais non des biens de consommation (quelle importe pourtant aussi en grandes quantités).
Pour ce qui est de lunivers insulaire, nous avons toutefois déjà deux économies, quatre secteurs du côté de la production (la pêche en A et en B, lindustrie des canots et celle des troncs), un marché international où les troncs séchangent contre des embarcations, deux marchés intérieures (canots contre produits de la pêche en B ; canots importés de B par les producteurs de troncs en A et troqués contre des produits de la pêche en A) et deux marchés de lemploi. Y ajouter un deuxième marché international, celui où les produits de la pêche séchangeraient entre les deux îles, compliquerait beaucoup la présente robinsonnade, raison pour laquelle nous y avons renoncé, les conclusions nous semblant suffisamment claires et généralisables malgré labsence déchanges internationaux de biens de consommation.
/ Professeur honoraire déconomie, HEC/UNIL, Lausanne ; jean-christian.lambelet@unil.ch.
/ Chargé de recherches, Institut Créa, HEC/UNIL, Lausanne ; HYPERLINK mailto:claudio.sfreddo@unil.ch claudio.sfreddo@unil.ch.
/ Plus les rapports annexes.
/ Borner, Silvio & Bodmer, Frank, HYPERLINK "http://www.books.ch/is-bin/INTERSHOP.enfinity/eCS/Store/de/-/CHF/DisplayProductInformation-Start;sid=7EtqARABsp1qT1I-A1S-LrtVM02iwWAnNxo=?ProductID=wDfUL6tXZDwAAAD8AzQohC3O" Wohlstand ohne Wachstum - Eine Schweizer Illusion, Orell Füssli Verlag, Zurich, 2004.
/ Parmi plusieurs contributions sur ce thème, voir en particulier : Switzerlands Growth Deficit : A Real Problem But Only Half as Bad as it Looks ; papier présenté lors dune conférence sur la croissance en Suisse organisée par Avenir Suisse à Zurich le 4 mars 2005.
/ Voir en particulier : Jochen Hartwig, Messprobleme bei der Ermittlung des Wachstums der Arbeits-produktivität dargestellt anhand eines Vergleichs der Schweiz mit den USA ; Working Paper No 100, KOF/EPFZ, Zurich, mars 2005.
/ Voir en particulier : J.-Ch. Lambelet et Cl. Sfreddo, HYPERLINK "http://www.hec.unil.ch/jlambelet/croissance_ue_ch.doc" Comment dynamiser l'économie suisse ?, article paru sous un autre titre dans l'AGEFI du 19 avril 2004.
/ Linterprétation du PIB réel en tant que volume de la production soulève quelques problèmes lorsque les inputs de production sont en partie importés et que les termes de léchanges se modifient ; voir lannexe in fine.
/ Le RNB est bien sûr identiquement égal au PNB, sauf que ce dernier ninclut pas les transferts unilatéraux reçus de et à destination de létranger. Cette dernière rubrique est cependant si petite que nous lignorerons.
/ Aux USA, une série pour le command GDP est publiée depuis une vingtaine dannées par le U.S. Bureau of Economic Analysis.
/ Cette « parabole » figurait dans une première version de larticle pour Le Temps qui sert de résumé à la présente étude. Pour des raisons despace à disposition, elle a dû être excisée de la version publiée.
/ Il ny a donc pas de progrès technique dans cet exemple fictif et simplifié.
/ Dans le graphique, il faut considérer la pente des deux courbes logarithmiques, mais non leurs niveaux absolus, lesquels ne sont pas comparables en raison de procédures de déflation différentes.
/ Mais ce nest sûrement pas la seule raison. A lépoque, un système dassurance-chômage a été mis en place qui était parmi les plus généreux en comparaison internationale, avec un « taux de remplacement » allant jusquà 80% pour les revenus relativement petits. Indépendamment de sa justification au point de vue de la justice sociale, cela a sûrement aussi contribué à la montée du chômage dans ces années.
/ Les labels pour les pays sont ceux quon voit sur les voitures, sauf pour la Finlande (FIN au lieu de SF). A noter que « AUS » dénote lAustralie alors que lAutriche est désignée par « A » ; et que, pour des raisons inconnues, « CDN » plutôt que « CND » désigne le Canada.
/ En anglais, on dirait : « There is no measurement without theory (or at least without some theory).
/ Contrairement à lusage, nous utilisons « b » pour désigner la constante de léquation et « a » pour le paramètre de la variable temps ; et cela afin de pouvoir mettre un circonflexe sur la valeur estimée de « a », cest-à-dire « â », vu que Word refuse de mettre un circonflexe sur la lettre « b »
/ Considérer la croissance comme un processus continu ou discret importe peu dans le présent contexte, sauf en cela quutiliser les MCO présupposent un processus discret.
/ Pour obtenir un taux de croissance en %, il faut bien sûr multiplier « â » par 100. Ainsi â = 0,02 donne un taux ce croissance de 2% p.a.
/ La plupart des Durbin-Watson sont très proches de zéro et les autocorrélogrammes révèlent des coefficients de corrélation partiels entre résidus qui sont pratiquement toujours significatifs pour un retard dune année et souvent aussi pour un retard de deux années.
/ Voir nimporte quel manuel déconométrie.
/ « Faussés », en bon français.
/ Cela est tautologique si la conjoncture est définie comme les écarts de log(Y) par rapport à un trend. Par ailleurs, pour que la courbe soit stationnaire, les écarts en logs doivent avoir une variance constante dans le temps.
/ Dans un ou deux cas, on a aussi eu recours à des moyennes mobiles dordre un, dénotées MA(1), ou dordre deux, dénotées MA(2).
/ Cela peut évoquer un danger de data-mining. En fait, cependant, une bonne version des MCG a été trouvée presque immédiatement pour pratiquement toutes les équations.
/ Dautres résultats, comme les écarts-types, peuvent être obtenus sur demande.
/ Nous avons utilisé la période 1976-2003 plutôt que 1970-2003 pour éliminer une rupture commune à la plupart des pays (mais pas aux USA) liée au premier choc pétrolier en 1972-73.
/ « Pratiquement » parce que les intervalles de confiance pour la Grande-Bretagne, lUE et la Suède ne coupent (tout juste) pas la ligne des 2%.
/ La marge est plus petite que le carré noir.
/ Le taux tendanciel pour lUnion Européenne à 15 (= EU) nest pas non plus significativement différent de celui de la Suisse, comme nous lavions déjà établi dans une recherche précédente, mais par une autre méthode ; voir la note 7.
/ En dautres termes, tous les calculs dont on a fait état jusquici se fondent sur les données brutes des comptabilités nationales officielles telles quelles sont publiées, sans aucun ajustement pour déventuelles différences de pratiques qui pourraient affecter les taux de croissance estimés.
/ A noter quaux USA les données de la comptabilité nationale sont révisées « en arrière » (pour les années précédentes) lorsquil y a un changement de pratique comme celui concernant les dépenses des entreprises pour leur software. Malheureusement, ce nest souvent pas le cas en Suisse lorsquil se produit de tels changements, sans doute parce que lOffice fédéral de la statistique travaille avec des moyens étonnamment réduits. Il reste que résultat en est bien sûr des séries chronologiques dont il est probable que beaucoup sont non ou insuffisamment homogènes.
/ Voir la note 6 ci-dessus.
/ Ce qui, en revanche, nest pas admissible dans cette étude est que son auteur accuse le Seco davoir volontairement et sciemment sous-estimé la croissance de la productivité en Suisse et cela à des fins politiques. Cest mettre publiquement en doute la bonne foi du Seco. Pour cela, il faudrait des preuves.
/ Voir la note 5 ci-dessus.
/ Comme la non utilisation, jusquà récemment, dindices de prix dits enchaînés ou superlatifs ; la non prise en compte déléments non marchands qui ajoutent au bien-être matériel, tels que les infrastructures collectives et la qualité de lenvironnement ; la sous-estimation possible de la croissance réelle du secteur financier.
/ Ernst Baltensperger, Mut zum Aufbruch - 10 Jahre danach, Zurich, Orell Füssli Verlag, 2005.
/ « avenir aktuell », no 1, février 2005 ; disponible sur linternet.
/ Cf. « Terms-of-Trade Changes and Real GDP : Evidence from Switzerland » (text of a farewell lecture held at the University of Geneva on April 30, 2002), Bulletin trimestriel de la BNS, 2, juin 2002.
/ Ceteris paribus, cest-à-dire en cas dune amélioration ponctuelle et en équilibre général.
/ La variable dépendante dans une fonction de production spécifiée correctement..
/ Il ne faut cependant pas exagérer : le PIB réel reste la somme des valeurs ajoutées réelles, un concept qui peut être relevant dans dautres contextes.
/ Nous en avons « repêché » un exemplaire-papier et lavons transcrit avec quelques modifications sur ordinateur.
/ Et peut-être rappellera-t-elle quelques (bons ?) souvenirs à certains.
/ Cette information est disponible pour les pays où il existe un tableau input-output ; mais encore faudrait-il que ce soit pour chaque année. En Suisse, ce nest le cas que pour 1995.
/ En outre, il faudrait aussi tenir compte des inputs de production exportés vers dautres pays.
/ Dans la statistique du commerce extérieur, le problème se situe avant tout au niveau des importations dagents énergétiques.
/ Ce cours sappelait alors « Analyse économique de situations économiques » (AESH) parce que les enseignements dhistoire étaient censés être la province exclusive de la Faculté des Lettres... Il sadressait aussi à des étudiants en début de formation, doù le recours à une « parabole ».
/ Statique dans le sens détat stationnaire.
/ Ce qui peut être problématique du point de vue diététique et physiologique, mais peu importe.
/ A noter que le terme de « robinsonnade » nest pas tout à fait pertinent, puisquil y a plus dun être humain en cause ; mais, derechef, peu importe.
/ En bon français, il faut dire « technique » et non pas « technologie », cette dernière étant définie comme létude des techniques.
/ Cf. lAngleterre au commencement de la révolution industrielle (fin du XVIIIe et début du XIXe siècles).
/ De même, il est interdit à la population de lîle A de vendre à celle de B les graines des arbres dont les troncs servent à produire les canots. Ou, alternativement, le sol de B ne convient pas à ces arbres.
/ Chaque année (ou autre unité de temps), une fraction des canots devient hors dusage sur A comme sur B et doit être remplacée. Par ailleurs, il pousse chaque année suffisamment darbres sur A pour quil ny ait pas de problème dépuisement de cette ressource naturelle (déforestation) à la différence de ce qui sest passé sur lîle de Pâques, par exemple.
/ Avec labsence totale de mouvements migratoires, cest là évidemment la différence avec la situation de lAngleterre mentionnée à la note 49. Dans le cas anglais, la volonté de ne pas divulguer les nouvelles techniques de la révolution industrielle na été effective que pour un temps limité, car il était en pratique difficile dappliquer linterdiction démigrer frappant les ingénieurs et techniciens anglais de lépoque. De même, les échanges commerciaux de lAngleterre avec les autres pays entraînaient nécessairement des contacts suivis entre leurs populations.
/ Le pétrole est bien sûr aussi un bien de consommation (chauffage des maisons, circulation automobile,
), mais nous mettons ici laccent sur son rôle comme input de production.
/ Dans ce monde, il ny a évidemment pas de différence entre le PIB et le PNB.
/ Nous ne nous préoccuperons pas de savoir comment les outils sont produits, par qui, à quel prix et contre quelle rémunération. On peut imaginer quil sagit simplement de silex quon ramasse par terre ; ou que les outils sont inusables et ont été produits dans un passé lointain. Quoi quil en soit, nous éliminons ainsi la notion de capital de production et cela afin de rester simple.
/ En assimilant, du moins dans une première phase, les augmentations du prix du pétrole à une augmentation équivalente des impôts indirects sur ce bien, ce qui sest révélé trompeur, principalement parce quon ne pouvait expliquer ainsi lapparition dun phénomène inédit dans lhistoire macroéconomique préalable : la stagflation. Plus généralement, il régnait, à lépoque des chocs pétroliers, une certaine confusion quant à leur impact économique. Certains prétendaient en particulier que ces chocs ne devaient pas nécessairement faire souffrir les pays importateurs de pétrole. La présente note montre que tel a bien été le cas, comme le simple bon sens pouvait le suggérer.
/ Comme en 1972-73 et, dans une moindre mesure, en 1979 (chocs pétroliers).
/ Lélasticité-prix de la demande de B pour les troncs est donc non nulle, ce qui dépend en partie de lélasticité-prix de la demande pour les produits de la pêche en B, puisque les canots faits avec les troncs sont utilisés en partie pour la pêche en B.
/ On suppose que locéan est suffisamment poissonneux pour quil ny ait pas de problème dépuisement de cette ressource naturelle.
/ Le produit marginal du facteur travail-outils est le même dans les deux branches.
/ Et aussi sur lélasticité-prix de la demande de A pour les produits de la pêche.
/ Voir cependant la note 42 ci-dessus.
/ Sous certaines conditions, le PIB pourrait
augmenter en B.
/ Ou des prix relatifs qui existeraient sil y avait concurrence sur tous les marchés.
/ Cf. votre cours de microéconomie ou votre cours déchanges internationaux.
/ On peut en effet montrer que lemploi va aussi diminuer dans lindustrie des canots en B, sauf en des circonstances peu vraisemblables, tenant à la nature dun certain nombre dhypothèses spécifiques, particulièrement sur lélasticité-prix et lélasticité-revenu de diverses demandes.
/ Cela pourrait se justifier en admettant que les produits de la pêche sont homogènes et quil existe des coûts de transport et de transaction (mais nous avons ignoré ces coûts en définissant les termes de léchange et les introduire dans lanalyse la compliquerait grandement). Ou il faudrait faire intervenir dautres barrières aux échanges, comme des tabous locaux ce qui serait un peu ad hoc et tiré par les cheveux.
/ En outre, il conviendrait peut-être aussi de relaxer lhypothèse dabsence de mouvements migratoires : les pays de lOPEC fourmillent de techniciens et autres spécialistes occidentaux, sans compter la main-duvre non qualifiée quils importent des Philippines, du Pakistan, etc. mais cela a-t-il un impact économique significatif, du moins sur léconomie des pays industrialisés ?
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