Equations différentielles - Free.fr
Equations aux différentielles totales. 2. Equations à variables séparées. 3.
Equations homogènes. 4. Equations incomplètes. 5. Equations de Bernoulli et de
Riccati. 6. Equations de Lagrange et de Clairaut. F. Applications géométriques
des équations différentielles. 1. Equation différentielle d'une famille de courbes. 2
.
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E. Equations différentielles élémentaires.
1. Equations aux différentielles totales.
2. Equations à variables séparées.
3. Equations homogènes.
4. Equations incomplètes.
5. Equations de Bernoulli et de Riccati.
6. Equations de Lagrange et de Clairaut.
F. Applications géométriques des équations différentielles.
1. Equation différentielle dune famille de courbes.
2. Trajectoires orthogonales et isogonales.
Pierre-Jean Hormière
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« Le physicien devra prendre scrupule quil est le bras droit dun souverain très temporaire, obtus et probablement criminel. »
René Char, Le souhait et le constat
« Une science est dite utile si son développement tend à accentuer les inégalités dans la distribution des richesses, ou bien favorise plus directement la destruction de la vie humaine. »
Godfrey Harold Hardy (1915)
« Les mathématiques font partie de la physique. La physique est une science expérimentale, une des sciences naturelles. Les mathéma-tiques, ce sont la partie de la physique où les expériences ne coûtent pas cher. »
Vladimir I. Arnold
Introduction
Dans son récent Cours danalyse paru chez Springer, Roger Godement ne traite pas des équations différentielles. Il est vrai quil sadresse aux lecteurs « que les mathématiques intéressent en elles-mêmes ou comme langage des sciences, et non en tant que moyen de parvenir ou que langage de technologies contestables », et quil ne se conforme pas aux programmes imposés par les com-missions ministérielles et les « administrateurs dun pensionnat militaire grand standing, lEcole polytechnique ». Humble répétiteur de taupe, je nai pas la même liberté daction que cet esprit libre et iconoclaste, cet imprécateur au cur fidèle, mais cest peu dire que je lapprouve lorsquil rappelle que la science nest pas politiquement neutre, et surtout pas les équations différentielles. Quant à lEcole polytechnique, elle ne coupera ses liens avec le complexe militaro-industriel quaprès lextinction du système solaire
Bien difficile de commencer ce chapitre sans citer deux passages célèbres de Laplace :
« LÉtat présent du système de la nature est évidemment une suite de ce quil était au moment précédent, et, si nous concevons une intelligence qui, pour un instant donné, embrasse tous les rapports des êtres de cet Univers, elle pourra déterminer pour un temps quelconque pris dans le passé ou dans lavenir la position respective, les mouvements, et généralement les affections de tous ces êtres. »
« Nous devons donc envisager létat présent de lUnivers comme leffet de son état antérieur, et comme cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si dailleurs elle était assez vaste pour soumettre ses données à lanalyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de lUnivers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et lavenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.»
Bref, il était admis au 18ème siècle que les équations différentielles avec conditions initiales avaient des solutions uniques : elles avaient pour origine des problèmes physiques. Or monothéistes et mécanistes sentendaient sur un point : le monde est un, et le cours des choses ne saurait hésiter à tout instant entre deux voies. Les Bernoulli, Riccati, Euler, Clairaut, dAlembert, Lagrange ont multiplié les méthodes de résolution. Il revint à Cauchy, au début du 19ème siècle, de sattaquer à la démonstration de lexistence et lunicité des solutions, autrement dit de transformer en une question mathématique ce qui était auparavant une certitude philosophique, ouvrant la voie aux « théorèmes de Cauchy » : Cauchy-Lipschitz, Cauchy-Arzelà, Cauchy-Kovalevskaïa
A. Généralités
1. Equations différentielles dordre 1.
1.1. Définitions.
Soient E un espace de Banach réel, I un intervalle de R. Si y est une fonction dérivable de I dans E, sa dérivée y sera considérée comme une fonction de I dans E (en somme, on identifie E et L(R, E)).
Soient V une partie de R(E(E, et F : (t, EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 )(V ( F(t, EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 )(E une fonction données.
Résoudre léquation différentielle F(t, EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ) = 0 (1)
cest trouver un intervalle non trivial I de R et une fonction dérivable t(I ( EMBED Equation.3 (t)(E vérifiant :
i) ((t(I) (t, EMBED Equation.3 (t), EMBED Equation.3 (t))(V ii) ((t(I) F(t, EMBED Equation.3 (t), EMBED Equation.3 (t)) = 0
Dans de nombreux cas, léquation (1) se présente sous forme, dite normale : EMBED Equation.3 = f(t, EMBED Equation.3 ) (2)
f : (t, EMBED Equation.3 )(U ( f(t, EMBED Equation.3 )(E étant une fonction définie sur une partie U de R(E.
Résoudre léquation (2), cest trouver une fonction dérivable t(I ( EMBED Equation.3 (t)(E vérifiant :
i) ((t(I) (t, EMBED Equation.3 (t))(U ii) ((t(I) EMBED Equation.3 (t) = f(t, EMBED Equation.3 (t))
Remarquons déjà que la plupart des théorèmes sur les équations différentielles supposent léquation sous forme normale. Sous les hypothèses du théorème des fonctions implicites, la forme (1) se ramène localement) à la forme (2).
1.2. Interprétation géométrique des équations scalaires dordre 1.
Supposons E = R ; U est une partie de R2, f : (x, y)(U ( f(x, y)(R.
Résoudre léquation différentielle y = f(x, y) cest trouver une fonction x ( y(x) définie sur un intervalle non trivial I inclus dans la projection de U sur Ox, et dont les tangentes ont une pente bien définie en chaque point où elles passent.
Associons à tout point M(x, y)(U le vecteur EMBED Equation.3 = (1, f(x, y)). On définit un champ de vecteurs sur U, ou encore un champ déléments de contact M ( (M, R. EMBED Equation.3 ). Un élément de contact est un couple formé dun point M et dune droite vectorielle. Les solutions de y = f(x, y) sont les courbes qui, en chaque point M où elle passent, sont tangentes à lélément de contact (M, R. EMBED Equation.3 ).
Appelons isoclines de y = f(x, y) les courbes de niveau Ik : f(x, y) = k tracées dans U ; ce sont aussi les lignes de niveau du champ de vecteurs EMBED Equation.3 . Lisocline I0 est le lieu des points à tangente horizontale des courbes intégrales. Elle sépare les régions I+ = {(x, y) ; f(x, y) ( 0} et I( = {(x, y) ; f(x, y) ( 0} où les fonctions y(x) sont croissantes, resp. décroissantes.
Si lon trace le réseau des isoclines de léquation, ou du moins un réseau suffisamment dense disoclines, et en chaque point de ces isoclines un vecteur lié (M, EMBED Equation.3 ), on voit apparaître une sorte de limaille de fer, dessinant des tourbillons, des chevelures, qui donne une idée qualitative de la forme des courbes intégrales, courbes que lon peut presque tracer à main levée.
Exercice : Résoudre graphiquement les équations
y = x + y , y ( y + cos x = 0 , y = 1 + |y| , y = |y ( x| , y = x2 + y2 , y = x2 + y2 ( 1.
[Indication : on pourra utiliser les commandes dfieldplot du package plots, et DEplot du package DEtools de Maple.]
1.3. Courbes intégrales.
Reprenons les équations différentielles scalaires F(x, y, y) = 0 (1) ou y = f(x, y) (2).
Si x ( y(x) est une solution de lune ou lautre de ces équations, larc paramétré x ( (x, y(x)) est appelé courbe intégrale de léquation. Des considérations pratiques conduisent à généraliser cette définition, et à appeler courbe intégrale de (1) ou (2) tout arc paramétré t ( (x(t), y(t)) vérifiant respectivement :
((t) F(x(t), y(t), EMBED Equation.3 ) = 0 ou EMBED Equation.3 = f(x(t), y(t)).
Ces dernières sont incluses dans lensemble des solutions de EMBED Equation.3 = f(x(t), y(t)). EMBED Equation.3 .
Les courbes intégrales stricto sensu x ( (x, y(x)) sont les courbes cartésiennes dont le graphe est inclus dans le support des courbes intégrales t ( (x(t), y(t)).
2. Systèmes différentiels dordre 1.
Définition 1 : Soient V un ouvert de R2p+1, F1,
, Fp p fonctions V ( R.
Une solution du système différentiel dordre 1 :
( F1(x, y1,
, yp, y1,
, yp) = 0
( . . . . . . . . . . . . . . (1)
( Fp(x, y1,
, yp, y1,
, yp) = 0
consiste en la donnée dun intervalle non trivial I de R, et de p fonctions dérivables (j : I ( R telles que ((x(I) (x, (1(x),
, (p(x), (1(x),
, (p(x)) ( V
((j) Fj(x, (1(x),
, (p(x), (1(x),
, (p(x)) = 0
Dans de nombreux cas, le système (1) se présente sous la forme dite « résolue » ou « normale »
( y1 = f1(x, y1,
, yp)
( . . . . . . . . . (2)
( yp = fp(x, y1,
, yp)
les fj étant des fonctions U ( R, U ouvert de Rp+1.
Proposition 1 : La résolution de (1) équivaut à la résolution dune équation différentielle dordre 1 vectorielle F(x, Y, Y) = 0 , où F : V ( Rp est définie par :
F(x, u1,
, up, v1,
, vp) = (F1(x, u1,
, up, v1,
, vp),
, Fp(x, u1,
, up, v1,
, vp)).
De même, (2) équivaut à une équation différentielle Y = f(x, Y) vectorielle.
Définition 2 : Les systèmes (1) et (2) sont dits autonomes si les fonctions Fj, resp. fj, sont indépendantes de x.
Dans ce cas, si les (j : I ( R sont solutions de (1), les x ( (j(x + a) sont aussi solutions:
Proposition 2 : La résolution dun système différentiel non autonome équivaut à celle dun système différentiel autonome.
Preuve : Lastuce consiste à considérer x comme fonction et non comme variable.
Résoudre léquation différentielle y(x) = f(x, y(x)) équivaut à résoudre le système différentiel
x(t) = 1 , y(t) = f(x(t), y(t)).
Par exemple, le système (2) équivaut à
z = 1 , z(0) = 0 , y1 = f1(z, y1,
, yp) ,
, yp = fp(z, y1,
, yp).
Remarque : Cette proposition a un intérêt théorique, car elle montre quon ne restreint pas la généra-lité en se limitant aux équations de la forme Y = F(Y). Mais elle a peu dintérêt pratique : souvent la variable est le temps, un système autonome y = f(y) a des propriétés plus simples quun système non autonome.
Exemple : système différentiels autonomes dans le plan.
Supposons quun ensemble de souffleries établisse sur un portion du plan (la situation serait la même dans lespace), un système de courants dair constant dans le temps, donc parvenu après un certain temps à un régime stationnaire, et que lon puisse connaître en chaque point la direction et la force du vent (i.e. son vecteur vitesse). Si une plume est lâchée en un point, elle sera entraînée par les courants dair et suivra une trajectoire bien déterminée qui en chaque point sera tangente au vecteur vitesse du vent au point où elle passe. Que peut-on dire des trajectoires de cette plume ?
En termes mathématiques, on associe à chaque point M(x, y) de louvert U du plan R2 un vecteur EMBED Equation.3 = (f(x, y), g(x, y)), et on cherche deux fonctions dérivables t ( x(t) et t ( y(t) définies sur un intervalle non trivial I et vérifiant :
(t(I (x(t), y(t))(U x(t) = f(x(t), y(t)) et y(t) = g(x(t), y(t)).
ou encore une fonction dérivable t(I ( EMBED Equation.3 = (x(t), y(t))(R2 vérifiant :
(t(I EMBED Equation.3 (U et EMBED Equation.3 = F( EMBED Equation.3 ) , où F(x, y) = (f(x, y), g(x, y)).
Le plan xOy est appelé plan des phases. Chaque solution t ( (x(t), y(t)) définit un arc paramétré appelé trajectoire de phase, ou courbe intégrale du champ de vecteurs M ( EMBED Equation.3 . Le diagramme formé de toutes les trajectoires de phases est appelé diagramme des phases. Le point (x, y) est appelé état du système, ou point figuratif. Le diagramme des phases décrit lévolution des états du système pour des états initiaux arbitraires. Les trajectoires de phases sont tracées dans un espace à trois dimensions (t, x, y), dont lensemble est appelé flot du système. Les images des trajectoires de phases sont des courbes tracées dans louvert U de R2, appelées orbites du système.
Ci-contre : le champ de vecteurs ((1 + x² + y² , (x)
(commande dfieldplot de Maple)
Pour étudier leurs propriétés géométriques, on pourra tracer les isoclines Ik : EMBED Equation.3 = k (k( EMBED Equation.3 ), ainsi que les régions I+ et I(. On pourra aussi chercher si le système nadmet pas une intégrale première, ou hamiltonien, cest-à-dire une fonction H : U ( R telle que t ( H(x(t), y(t)) soit constante sur chaque orbite. Les images des trajectoires seront alors tracées sur les courbes de niveau de la fonction H. Mais il faudra ensuite équiper ces courbes de leurs lois horaires, cest-à-dire étudier dans quel sens elles sont parcourues, à quelle vitesse et durant quel laps de temps. Nous reviendrons sur ces idées plus tard.
Par exemple, les deux systèmes différentiels :
(S) x = y , y = ( x
(S) x = xy , y = ( x2
ont les mêmes propriétés géométriques : leurs courbes intégrales sont tracées sur des cercles de centre O. Mais ces cercles ne sont pas du tout parcourus dans le même sens dans les deux cas, comme le montrent les figures ci-contre.
3. Equations et systèmes dordre n.
Définition : Soient E un Banach réel, V un ouvert de R(En+1, F une fonction V ( E.
On appelle équation différentielle dordre n une équation de la forme F(x, y, y,
, y(n)) = 0 (1).
On appelle solution de (1) une fonction ( : I ( E, n fois dérivable sur lintervalle non trivial I, vérifiant : (x(I (x, ((x), ((x),
, ((n)(x))(V et F(x, ((x), ((x),
, ((n)(x)) = 0.
Léquation est dite sous forme résolue ou normale si elle sécrit : y(n) = f(x, y, y,
, y(n(1)) (2).
Proposition 1 : La résolution dune équation différentielle dordre n équivaut à la résolution dun système différentiel dordre 1 à n équations.
Preuve : Il est clair que la résolution de (1) équivaut à celle du système différentiel dordre 1
( y(x) = y1(x)
( y1(x) = y2(x)
( . . . . . . . .
( yn(2(x) = yn(1(x)
( F(x, y(x), y1(x),
, yn(1(x), yn(1(x)) = 0.
où lon cherche n fonctions inconnues y(x), y1(x),
, yn(1(x).
Exemple 1 : Léquation y + a y + b y = f(x) équivaut au système autonome du premier ordre :
y = y1 , y1 = ( a y1 b y + f(x)
Exemple 2 : Léquation y 3.y + x.y y + x2 = 0 est équivalente au système non autonome du premier ordre y = y1 , y1 = y2 , y2 = 3 y2 x y1 ( x2
Exemple 3 : Léquation x.y + 2.y + EMBED Equation.3 = 0 équivaut au système : y = y1 , y1 = ( EMBED Equation.3 y1 ( EMBED Equation.3 .
En combinant les résultats des § 2 et 3, on voit que la résolution dun système différentiel dordre n se ramène à celle dun système différentiel dordre 1, puis à celle dune équation différentielle vectorielle. Par exemple, en dynamique du point, laccélération du point M est fonction de linstant t, de la position et de la vitesse : EMBED Equation.3 (t) = F(t, M(t), EMBED Equation.3 ) se traduit par :
( x(t) = f(t, x(t), y(t), z(t), x(t), y(t), z(t))
( y(t) = g(t, x(t), y(t), z(t), x(t), y(t), z(t))
( z(t) = h(t, x(t), y(t), z(t), x(t), y(t), z(t))
Ce système du second ordre équivaut au système du premier ordre :
( x(t) = u(t)
( y(t) = v(t)
( z(t) = w(t)
( u(t) = f(t, x(t), y(t), z(t), u(t), v(t), w(t))
( v(t) = g(t, x(t), y(t), z(t), u(t), v(t), w(t))
( w(t) = h(t, x(t), y(t), z(t), u(t), v(t), w(t))
lequel se réduit à une équation vectorielle du premier ordre :
Y(t) = F(t, Y(t)) , où Y(t) = (x(t), y(t), z(t), u(t), v(t), w(t)), et F est facile à définir.
4. Problèmes.
La théorie des équations différentielles est vaste. Voici quelques-uns des problèmes quelle soulève :
1) Etant donnée une équation différentielle, peut-on la résoudre élémentairement, cest-à-dire trouver ses solutions au moyen de calculs de primitives ?
2) Si tel nest pas le cas, peut-on néanmoins étudier ses solutions au moyen de méthodes qualitatives ou quantitatives ? En particulier, quel est le comportement des solutions quand la variable (le temps, souvent), tend vers linfini ? Peut-on approcher numériquement les solutions ?
3) Souvent la solution cherchée vérifie des conditions qui peuvent être de deux types :
( conditions initiales: résoudre y(x) + a(x).y(x) + b(x).y(x) = f(x) , où y(0) et y(0) sont donnés.
( conditions aux limites : y(x) + a(x).y(x) + b(x).y(x) = f(x) , où y(0) et y(L) sont donnés.
4) Linéarisation et perturbation : Si lon modifie léquation, ou les conditions initiales, obtient-on des solutions voisines de celles de léquation de départ ? Ces questions se posent lorsquon linéarise au voisinage de léquilibre, comme dans létude du pendule simple.
B. Equations différentielles linéaires
1. Equations scalaires dordre 1.
1.1. Problème.
Soient I un intervalle de R, A, B et C trois fonctions continues de I dans K = R ou C.
On veut intégrer léquation différentielle linéaire A(x).y + B(x).y = C(x) (1)
Soit J un sous-intervalle de I sur lequel la fonction A ne sannule pas.
Alors (1) sécrit sous forme normale y = a(x).y + b(x) (2)
où a(x) = EMBED Equation.3 et b(x) = EMBED Equation.3 . Léquation homogène associée est y = a(x).y (3)
Nous allons montrer comment intégrer (3), puis (2). Enfin, nous reviendrons à (1).
1.2. Résolution de léquation homogène y = a(x).y .
Méthode du logarithme. Supposons a : J ( R continue.
1) Cherchons les solutions de (3) qui ne sannulent en aucun point de J.
(3) sécrit EMBED Equation.3 = a(x) , i.e. (ln |y(x)|) = a(x).
Ainsi, ln|y(x)| = EMBED Equation.3 + K , où EMBED Equation.3 est une primitive de a(x).
Finalement |y(x)| = eK.exp EMBED Equation.3 , y(x) = ( eK.exp EMBED Equation.3 ,
et y(x) = C.exp EMBED Equation.3 (C(R*).
Remarque : y étant de signe constant sur J, le ( eK est sans ambiguïté : cest + ou cest (.
Réciproquement, de telles fonctions sont solutions de (3) et ne sannulent pas sur J.
2) Montrons que si y est solution de (3) et sannule en un point de J, alors y est la solution nulle.
Soit en effet y1 une solution ne sannulant pas sur I, par exemple exp EMBED Equation.3 .
Alors y = a.y et y1 = a.y1 impliquent y1.y ( y1.y = 0 , donc EMBED Equation.3 = 0, EMBED Equation.3 = 0, y = (.y1. Si y(x0) = 0, alors ( = 0 et y(x) ( 0. cqfd.
Méthode de lexponentielle. Supposons a : J ( K continue.
y(x) a(x).y(x) = 0 ( [y(x) a(x).y(x)].exp ( EMBED Equation.3 = 0 ( EMBED Equation.3 [y(x).exp ( EMBED Equation.3 ] = 0.
Cette condition équivaut à y(x).exp ( EMBED Equation.3 = cte , donc y(x) = (.exp EMBED Equation.3 .
Proposition 1 : Soit a(C1(J, K). Les solutions de léquation homogène y = a(x).y forment une droite vectorielle de C1(J, K). Ce sont les (.exp EMBED Equation.3 , où EMBED Equation.3 est une primitive de a(x).
Il y a une seule solution y de (3) telle que y(x0) = y0, cest y(x) = y0.exp EMBED Equation.3 .
Remarque : Comparaison des deux méthodes.
1) La méthode du logarithme est naturelle, et rigoureuse si lon observe que le léger problème de rigueur quelle pose peut être facilement surmonté. Il ny a donc aucune raison de la rejeter dans le purgatoire des « méthodes de physiciens ». Si vous lutilisez, dites :
« Cherchons les solutions ne sannulant pas sur J
», et concluez en disant que « la méthode de variation des constantes (ou le théorème de Cauchy) assure quil ne manque que la solution nulle. »
2) La méthode de lexponentielle est parfaite, mais dogmatique. Elle a lavantage dêtre valable dans C, ou un evn.
1.3. Résolution de léquation y(x) = a(x).y + b(x).
Cherchons y(x) sous la forme y(x) = C(x).exp EMBED Equation.3 , ce qui revient à faire un changement de fonction inconnue ; changement légitime, lexponentielle ne sannulant jamais. Il vient :
y(x) = [C(x) + C(x).a(x)].exp EMBED Equation.3 = C(x).exp EMBED Equation.3 + a(x).y(x),
donc y(x) = a(x).y(x) + b(x) ( C(x).exp EMBED Equation.3 = b(x).
Remarque : Le schéma de calcul est le suivant : y ((( y( a(x).y
( o ( = D o ( E ( ( E
où E est lopérateur de multiplication par e(((x) y.e(((x) (( (y( a(x).y).e(((x)
( lopérateur différentiel y ( y ( a(x).y, et D lopérateur de dérivation usuelle.
( et D sont conjugués via E.
Léquation ((y) = 0 se ramène à D(z) = 0, léquation ((y) = b(x) se ramène à D(z) = c(x).
Théorème 2 : Soient a, b(C1(J, K). Les solutions de léquation homogène y = a(x).y + b(x) forment une droite affine de C1(J, K). Elles sécrivent en effet [( + ((x)].exp EMBED Equation.3 ,
où ((x) = EMBED Equation.3 est une primitive de a(x), et ((x) = EMBED Equation.3 .
Il y a une unique solution y de (2) définie dans J et telle que y(x0) = y0, à savoir :
y(x) = [y0 + EMBED Equation.3 ].exp ((x) , où ((x) = EMBED Equation.3 .
Remarque : La résolution de léquation homogène nécessite une quadrature (cest-à-dire un calcul de primitive), celle de léquation « avec second membre » en nécessite deux. Il peut arriver que a(x) ou b(x).exp (((x) ne sintègrent pas élémentairement ; on laissera la solution sous forme intégrale, et on létudiera par des méthodes qualitatives.
Exemple : Equations à coefficients constants.
Léquation y (.y = 0 a pour solutions y(x) = C.e(x , léquation y (.y = b(x) a pour solutions :
y(x) = [y0 + EMBED Equation.3 ].exp{((x ( x0)} = y0.exp{((x ( x0)} + EMBED Equation.3
Lorsque b(x) = P(x).e(x , où P est un polynôme. Alors léquation y (.y = b(x) a une solution particulière de la forme y(x) = Q(x).e(x , où deg Q = deg P si ( ( (, deg Q = deg P + 1 si ( = (.
Cela peut sétablir, soit directement, à laide de la formule intégrale ci-dessus, soit indirectement, en étudiant comment agit lopérateur différentiel y ( y (.y sur les fonctions de la forme P(x).e(x .
Application à la chute dun corps.
Un corps de masse m tombe en chute libre. Il est soumis à la force de gravitation m EMBED Equation.3 et subit une force de freinage proportionnelle à sa vitesse k. EMBED Equation.3 . Doù m. EMBED Equation.3 = m EMBED Equation.3 k. EMBED Equation.3 , i.e. m. EMBED Equation.3 = m EMBED Equation.3 k. EMBED Equation.3 . Si v(0) = 0, on a v(t) = EMBED Equation.3 [1 ( exp( EMBED Equation.3 )]. La vitesse-limite est EMBED Equation.3 .
1.4. Propriétés géométriques des courbes intégrales.
Considérons léquation (2). Il découle du théorème de Cauchy que, par tout point de la bande J(K passe une et une seule courbe intégrale, et que les courbes intégrales y = y(x) ne se rencontrent pas.
Soit x0(J. La tangente en M(x0, y) a pour équation Y y = [a(x0).y + b(x0)].(X x0)
( Si a(x0) ( 0, toutes les tangentes aux points M(x0, y) sont concourantes ;
( Si a(x0) = 0, les tangentes sont parallèles, de pente b(x0).
Dans les deux cas, les tangentes font partie dun faisceau de droites.
1.5. Retour à léquation (1).
Après avoir cherché le domaine de définition commun aux fonctions A, B et C, on intègrera (1) sur les intervalles où A, B et C sont définies et où A ne sannule pas. En les points où A sannule, on étudiera comment se raccordent les solutions. Seule une étude concrète, au cas par cas, permet de préciser ce qui se passe. Une méthode alternative consiste à chercher les solutions développables en série entière au voisinage des points où A sannule.
Exemple : Résoudre léquation x.y = a.y (a(R).
Intégrons séparément (E) sur R*+ et R*(.
Cherchons les solutions ne sannulant pas. On obtient EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 , ln |y(x)| = a.ln |x| + cte,
doù : y(x) = (.xa sur R*+ et y(x) = (.((x)a sur R*(.
Les solutions forment des droites vectorielles de C1(R*+, R) et de C1(R*(, R) resp.
Que se passe-t-il en 0 ? Cela dépend des valeurs de a.
( Si a < 0, les solutions sont non bornées au V(0), sauf si ( = ( = 0.
La seule solution définie sur R est 0.
( Si a = 0, les solutions sont constantes.
( Si 0 < a < 1, les solutions sont toutes continues en 0, la seule solution dérivable en 0 est y ( 0
( Si a = 1, les solutions sont toutes continues en 0, mais les seules solutions dérivables en 0 correspondent à ( = ((. Elles forment une droite vectorielle dans C1(R, R).
( Si a > 1, les solutions sont dérivables en 0 quels que soient ( et (. Elles forment un plan vectoriel dans C1(R, R).
Exercices : Résoudre les équations différentielles suivantes. Pour chacune, étudier le raccord.
x.(x ( 1).y + y = x2.(2x 1) x.(1 ( x).y + y = x
x2.y + y = 0 ln(x).y ( y = 0
y.cos x + y.sin x = 1 , resp. cos x , x + 1 , EMBED Equation.3 .
(1 ( x2).y + x.y = a.y (a(R) (1 ( x2).y ( x.y = 1
(x2 ( 1).y x.y + EMBED Equation.3 = 0. Existe-t-il des courbes intégrales algébriques ?
x.(2 ( x).y + (1 ( x).y = 1 2x.y + y = EMBED Equation.3 . Solutions dse(0) ? Graphes.
2x.(x ( 1).y + (2x ( 1).y + 1 = 0. Solutions dse(0) ?
EMBED Equation.3 .y ( x.y = x. EMBED Equation.3 .
|x|.y + (x ( 1).y = x , |x|.y + (x ( 1).y = x2
Exercice : Soient a et b continues 2((périodiques R ( R. Etudier lexistence de solutions 2(-périodiques de léquation différentielle y(x) = a(x).y(x) + b(x).
Exemple : solutions périodiques de y + y = cos x ; y + (sin x).y = 1 ;
Exercice : Lemme de Gronwall. Soit u : I = [0, T) ( R une fonction continue vérifiant :
( a ( 0 ( k > 0 (t(I u(t) ( a.t + k. EMBED Equation.3 .
Montrer que (t(I u(t) ( a. EMBED Equation.3 .
En particulier si ( k > 0 (t(I 0 ( u(t) ( k. EMBED Equation.3 , alors u est la fonction nulle.
2. Equations linéaires générales ; théorème de Cauchy linéaire.
1.1. Le cadre.
Soient I un intervalle de R, E un espace de Banach sur R ou C, L(E) lalgèbre des endomorphismes continus de E muni de la norme subordonnée |||L||| = supx(0 EMBED Equation.3 .
Par analogie avec les matrices, on notera L.x, plutôt que L(x), limage par L du vecteur x.
Soient A : t(I ( A(t)(L(E) et B : t(I ( B(t)(E deux applications continues.
On cherche les fonctions vectorielles Y : t(I ( Y(t)(E vérifiant léquation différentielle linéaire :
((t(I) Y(t) = A(t).Y(t) + B(t) (1)
On appelle équation homogène associée léquation :
((t(I) Y(t) = A(t).Y(t) (2)
1.2. Résultats élémentaires.
Proposition 1 : Les solutions de léquation homogène (2) forment un sous-espace vectoriel de lespace C1(I, E), celles de léquation (1) forment un sous-espace affine de C1(I, E).
En dautres termes, la solution générale de léquation (1) est la somme dune solution particulière et de la solution générale de léquation homogène associée.
Proposition 2 (« principe de superposition »). Soient Bk : I ( Bk(t)(E des applications données (1(k(n). Si Yk est une solution particulière de léquation Y = A(t).Y + Bk(t), alors Y = EMBED Equation.3 est solution particulière de léquation Y = A(t).Y + B(t), où B(t) = EMBED Equation.3 .
1.3. Théorème de Cauchy linéaire.
Théorème 3 : Sous les hypothèses précédentes, pour tout couple (t0, y0)(I(E, léquation différen-tielle linéaire (1) Y = A(t).Y + B(t) a une solution unique, définie sur tout I, et vérifiant Y(t0) = y0.
Il sagit donc dun théorème dexistence et dunicité globales de la solution sur tout lintervalle I, à la différence du théorème de Cauchy-Lipschitz général.
Corollaire : Sous les hypothèses précédentes, pour tout couple (t0, y0)(I(E, léquation différentielle linéaire homogène (2) : Y = A(t).Y admet une solution unique, définie sur tout I, et vérifiant Y(t0) = y0. Les solutions de cette équation forment un sous-espace vectoriel H de C1(I, E) isomorphe à E.
Preuve du corollaire : Pour tout t0(I, lapplication Y( H ( Y(t0)(E est linéaire bijective.
1.4. Démonstration par la méthode des approximations successives de Cauchy-Picard.
1) Transformation de léquation différentielle en équation intégrale.
Lemme 1 : Pour que Y soit une solution de (1) telle que Y(t0) = y0, il faut et il suffit que Y : I ( E soit continue et vérifie : ((t(I) Y(t) = y0 + EMBED Equation.3 (3)
Preuve : Si Y : I ( E est continue et vérifie (3), alors Y(t0) = y0 et Y est de classe C1, et vérifie ((t(I) Y = A(t).Y + B(t). Si Y est solution de (1) telle que Y(t0) = y0, Y est de classe C1, et :
Y(t) = y0 + EMBED Equation.3 = y0 + EMBED Equation.3 .
Lintérêt de cette étape peut se justifier par le principe suivant : lintégration est une opération beaucoup plus souple que la dérivation.
2) Méthode des approximations successives.
Nous supposerons I compact jusquen 5). En vertu du lemme 1, la solution cherchée est un point fixe de lopérateur fonctionnel T : C0(I, E) ( C0(I, E), qui, à une fonction Y associe la fonction T(Y) définie sur I par : T(Y)(t) = y0 + EMBED Equation.3 (4)
Définissons la suite de fonctions Yn : I ( E par :
Y0(t) = y0 et Yn+1(t) = y0 + EMBED Equation.3 (5)
On va montrer que cette suite de fonctions converge uniformément sur I vers une fonction vérifiant (3). Puis on montrera lunicité et on étendra ce résultat au cas où I est non compact.
3) Majorations préliminaires.
La fonction A est continue de I dans L(E), donc bornée : (( > 0 (t(I |||A(t)||| ( ( (6)
Donc ((x, y)(E2 (u(I ||A(u).(x ( y)|| ( ( ||x ( y||.
La fonction B de I dans E est bornée : (( > 0 (t(I ||B(t)|| ( ( (7)
Lemme 2 : ((n) ((t(I) ||Yn+1(t) ( Yn(t)|| ( (( ||y0|| + () EMBED Equation.3 .
Preuve par récurrence sur n, laissée au lecteur.
4) Existence dune solution.
Si I = [a, b], alors ((n) ((t(I) ||Yn+1(t) ( Yn(t)|| ( (( ||y0|| + () EMBED Equation.3 .
Il découle de ceci que la série de fonctions EMBED Equation.3 est normalement convergente sur I. Comme E est complet, la suite des fonctions (Yn) converge uniformément sur I vers une fonction continue Y.
Il est alors facile de montrer, par convergence uniforme et passage à la limite sous lintégrale, que Y vérifie (3), donc (1).
5) Unicité de la solution.
Supposons que Y1 et Y2 vérifient (3). Alors Z = Y1 Y2 vérifient Z(t) = EMBED Equation.3 .
Z est continue sur I, donc bornée : (M > 0 (t(I ||Z(t)|| ( M.
Lemme 3 : ((n) ((t(I) ||Z(t)|| ( M. EMBED Equation.3 .
Preuve par récurrence sur n. Par passage à la limite, on en déduit Z (t) = 0.
6) Cas où I nest pas compact.
Si I nest pas compact, ce qui précède montre que sur tout segment J inclus dans I et contenant t0, il existe une seule solution YJ de (1) définie dans J et telle que YJ(t0) = Y0.
Si J1 et J2 sont deux tels segments, le théorème dunicité appliqué à J1(J2 montre que YJ1 et YJ2 coïncident sur J1(J2 . Par suite, si J est un segment contenant à la fois t0 et t, YJ(t) ne dépend que de de t, et pas de J. Notons-le Y(t). Il est clair que Y est solution de (1) sur I, quune telle solution est unique et vérifie Y(t0) = Y0. cqfd.
Remarque 1 : Si I est compact, lopérateur fonctionnel T : C0(I, E) ( C0(I, E) nest pas contractant, mais je pense quun de ses itérés lest. Et si I nest pas compact, je pense quon doit pouvoir trouver une distance pour laquelle il lest. Préciser cela serait assez facile. En tout cas, nous sommes dans le cadre intellectuel du théorème de point fixe, sans être tout à fait sous ses hypothèses.
Remarque 2 : Il existe dautres démonstrations du théorème de Cauchy linéaire :
1) On peut déduire ce théorème du théorème de Cauchy-Lipschitz général : cf. § D.4.
2) On peut résoudre léquation homogène Y = A(t).Y par la méthode des produits intégraux de Volterra (1887) [cf. Avez, Cours de calcul différentiel, Masson].
Exercice : Soient A : t(R ( A(t)(L(E) et B : t(R ( B(t)(E deux applications continues T-périodiques, Y une solution de léquation différentielle linéaire Y(t) = A(t).Y(t) + B(t).
Montrer que Y est T-périodique si et seulement si Y(T) = Y(0).
3. Systèmes différentiels dordre 1.
3.1. Problème.
Soient aij : t(I ( aij(t)(K = R ou C (1 ( i, j ( n) et bi : t(I ( bi(t)(K (1 ( i ( n) des fonctions continues sur lintervalle I. On veut résoudre le système différentiel :
y1(t) = a11(t).y1(t) +
+ a1n(t).yn(t) + b1(t)
( . . . . . . . . . . . . . . . (1)
( yn(t) = an1(t).y1(t) +
+ ann(t).yn(t) + bn(t)
où les fonctions inconnues y1,
, yn sont à valeurs dans K.
Introduisons lespace E = Kn et les fonctions vectorielles et matricielles :
Y(t) = EMBED Equation.3 A(t) = EMBED Equation.3 b(t) = EMBED Equation.3
Le système précédent sécrit : Y(t) = A(t).Y(t) + b(t) (2)
et le système homogène associé : Y(t) = A(t).Y(t) (3)
3.2. Equation homogène Y = A(t).Y.
Proposition 1 : Lensemble H des solutions de (3) est un sous-espace de dimension n de C1(I, E).
Définition : On appelle système fondamental de solutions de (3) toute base (Y1 ,
, Yn) de H .
Proposition 2 : Soit (Y1 ,
, Yn) un n-uplet de solutions de (3). Les propriétés suivantes sont équivalentes :
i) (Y1 ,
, Yn) est une base de H ;
ii) Pour tout t(I, (Y1(t),
, Yn(t)) est une base de E = Kn ;
iii) Il existe t0(I tel que (Y1(t0),
, Yn(t0)) soit une base de E = Kn .
Remarque : On sait donc tout de la structure de lespace H, mais attention ! il ny a pas de méthode générale par quadratures pour trouver un système fondamental de solutions de (3). Cela peut se démontrer au moyen dune branche de lanalyse appelée « algèbre différentielle », fondée par Liouville vers 1846, et approfondie depuis par Lie, Ostrowski, etc. Elle consiste à associer à chaque équation différentielle linéaire un groupe de transformations analogue au groupe de Galois dune équation algébrique. De même quune équation algébrique est résoluble par radicaux si et seulement si son groupe de Galois possède une certaine propriété, une équation différentielle linéaire sera résoluble par quadratures si et seulement si son groupe de transformations possède certaines propriétés.
3.3. Méthode de variation des constantes.
Revenons à léquation « avec second membre » (2), et supposons que lon dispose dun système fondamental (Y1 ,
, Yn) de solutions de (3).
Je dis quon peut chercher la solution générale de (2) sous la forme :
Y(t) = C1(t).Y1(t) +
+ Cn(t).Yn(t) ,
où C1(t),
, Cn(t) sont des fonctions de classe C1.
En effet, notant Yj(t) = EMBED Equation.3 et W(t) = EMBED Equation.3 la matrice, inversible pour tout t, dont les colonnes sont les Yj(t), alors Y(t) = W(t).C(t) , où C(t) = EMBED Equation.3 ; donc C(t) = W(t)(1.Y(t).
On a W(t) = A(t).W(t), donc :
Y(t) = W(t).C(t) + W(t).C(t) = A(t).W(t).C(t) + W(t).C(t) = A(t).Y(t) + W(t).C(t),
de sorte que Y(t) = A(t).Y(t) + B(t) ( W(t).C(t) = B(t) ( C(t) = W(t)(1.B(t).
On trouve donc C(t) au moyen de n quadratures, et on revient à Y(t).
3.4. Méthodes particulières.
Sil ny a pas de méthode générale pour intégrer le système Y = A(t).Y, il y a des cas où lon peut le résoudre :
( Lorsque la matrice A(t) est constante : cf. § C.
( Lorsquun changement de fonctions inconnues permet de se ramener à un système à coefficients constants.
Exemple 1 : Le système x(t) = a(t).x(t) + b(t).y(t) + c(t)
y(t) = b(t).x(t) + a(t).y(t) + d(t)
où a, b, c, d, x et y sont à valeurs réelles ou complexes, peut se résoudre grâce à lintroduction des fonctions inconnues u(t) = x(t) + y(t), et v(t) = x(t) ( y(t).
Exemple 2 : Le système x(t) = a(t).x(t) ( b(t).y(t) + c(t)
y(t) = b(t).x(t) + a(t).y(t) + d(t)
où a, b, c, d, x et y sont à valeurs réelles, peut se résoudre en introduisant la fonction inconnue z(t) = x(t) + i.y(t). Si les fonctions sont à valeurs complexes, on introduira les deux fonctions inconnues
z(t) = x(t) + i.y(t) et w(t) = x(t) i.y(t).
( Lorsque les matrices A(t) sont simultanément diagonalisables (ce qui équivaut à : diagonalisables et 2 à 2 commutantes). Les deux exemples précédents rentrent dans ce cadre.
Plus généralement, lorsque les A(t) sont simultanément trigonalisables.
( Lorsquon connaît une solution non nulle de (3), il y a moyen de chercher les autres, par un procédé dabaissement de lordre que lon trouvera dans les livres spécialisés, et qui est exposé dans le § suivant.
( On démontre que si les fonctions aij et bj sont développables en série entière sur ](R, R[ , il en est de même que toutes les solutions de Y = A(t).Y + b(t) qui sont définies sur cet intervalle.
Exercice : Résoudre les systèmes différentiels suivants, et tracer leurs courbes intégrales :
x = a(t).x + b(t).y x = t.x + y x = (ch t) .x + (sh t).y
y = b(t).x + a(t).y y = x + t.y y = (sh t). x + (ch t).y
x = a(t).x ( b(t).y x = t.x y x = (cos t).x ( (sin t).y
y = b(t).x + a(t).y y = x + t.y y = (sin t).x + (cos t).y
(t2 + 1).x = t.x + y + 2.t2 1 2.(1 + t2).x = (t.x ( y
(t2 + 1).y = ( x + t.y + 3.t 2.(1 + t2).y = x ( t.y
Exercice : Résoudre les systèmes différentiels suivants :
Y = A(t).Y , où A(t) = EMBED Equation.3 , A(t) = EMBED Equation.3
4. Equations différentielles linéaires dordre 2.
4.1. Le problème.
Soient A, B, C et D des fonctions continues I ( K = R ou C.
On se propose détudier léquation A(x).y + B(x).y + C(x).y = D(x) (1)
Si on se place dans un sous-intervalle J de I dans lequel A ne sannule pas, léquation (1) se met sous la forme normale y + a(x).y + b(x).y = c(x) (2)
Posant Y(x) = EMBED Equation.3 , cette équation sécrit, conformément aux principes généraux :
Y(x) = EMBED Equation.3 .Y(x) + EMBED Equation.3 (3)
Cest un système linéaire de la forme Y(x) = A(x).Y(x) + B(x).
Nous voilà donc ramenés au § 3. Nous pourrions en rester là, mais limportance des équations linéaires du second ordre nous oblige à traduire les résultats du § 3 dans ce cadre.
Rappelons deux résultats-clés, le premier simple, le second découlant du théorème de Cauchy :
Proposition 1 : La solution générale de (2) est la somme dune solution particulière et de la solution générale de léquation homogène associée y + a(x).y + b(x).y = 0 (4)
Théorème 2 (Cauchy) : Pour tout triplet (x0, y0, y0)(J(K(K, il existe une unique solution de (2) telle que y(x0) = y0 et y(x0 ) = y0 .
4.2. Etude de léquation homogène.
Proposition 3 : Lensemble H des solutions de (4) est un plan vectoriel inclus dans C2(J, K).
Preuve : Soit x0(J. Considérons lapplication ((x0) : y(H ( (y(x0), y(x0))(K(K.
Elle est linéaire, et bijective en vertu du théorème 1 ; cest donc un isomorphisme.
Corollaire : Soient y1 et y2 deux solutions de (4). Les propriétés suivantes sont équivalentes :
i) (y1, y2) est une base de H ;
ii) Pour tout x0(J, EMBED Equation.3 ( 0 ;
iii) Il existe x0(J tel que EMBED Equation.3 ( 0 .
Un tel couple sappelle un système fondamental de solutions de (4).
Définition : Si y1 et y2 sont deux fonctions de classe C1 : J ( K, on appelle wronskien de y1 et y2 la fonction : W(x) = EMBED Equation.3 .
Proposition 4 : Soient y1 et y2 deux solutions de (4). Leur wronskien vérifie :
W(x) = W(x0).exp ( EMBED Equation.3 (formule de Liouville) .
Il résulte de ce résultat, mais aussi du corollaire de la prop. 2, quon a lalternative suivante :
( soit le wronskien de y1 et y2 est identiquement nul, et alors y1 et y2 sont liées ;
( soit leur wronskien nest jamais nul dans J, et alors (y1, y2) est un système fondamental de solutions de (4).
Remarque : Cette alternative ne vaut que pour les couples (y1, y2) de solutions dune équation (4), pas pour tous les couples de fonctions de classe C1.
Ainsi, pour y1(x) = x2 + 1, y2(x) = x , W(x) = 1 ( x2. Autre exemple : y1(x) = x3 , y2(x) = |x|3.
Ainsi, grâce au théorème de Cauchy linéaire, on sait tout de la structure des solutions de (4). Malheureusement, il ny a pas de méthode générale et élémentaire dintégration de (4). Et lon peut démontrer quil en est ainsi, comme nous lavons déjà noté en § 3. Autrement dit, on ne sait pas obtenir concrètement un système fondamental de solutions de (4).
Voici des cas où lon peut cependant le faire :
( Si (4) est une équation à coefficients constants ; cf. § C.
( Si un changement de fonction inconnue permet de se ramener à une équation à coefficients constants ;
( Si un changement de variable permet de se ramener à une équation à coefficients constants ; cest le cas des équations dEuler, qui sera examiné en 4.5. ;
( Si lopérateur différentiel y ( y + a(x).y(x) + b(x).y est composé de deux opérateurs différentiels de la forme y ( y ( ((x).y.
( Enfin, on peut parfois trouver des solutions particulières de (4) de forme simple : polynômes, exponentielles, séries entières ou trigonométriques.
4.3. Résolution de (2) et (4) lorsquon connaît une solution de (4).
Si lon connaît une solution y1 de (4) ne sannulant pas, on peut obtenir toutes les solutions de (4) en les cherchant sous la forme y(x) = y1(x).z(x).
Il vient b(x) y = y1.z
a(x) y = y1.z + y1.z
1 y = y1.z + 2.y1.z + y1.z
_________________________________
Doù c(x) = (a.y1 + 2.y1).z + y1.z
Cest une équation linéaire dordre 1 en u = z : y1.u + (a.y1 + 2.y1).u = c(x)
Elle sintègre au moyen de 2 quadratures si c = 0, de 3 quadratures sinon.
On retrouve au passage le plan vectoriel des solutions de léquation homogène. Au fond, dans ce cas, on vérifie le théorème de Cauchy.
Remarque : Si y1 sannule en certains points de J, on pourra encore poser y = y1.z dans les sous-intervalles de J où ne sannule pas, le théorème de Cauchy affirmant que les solutions se raccordent dans J de façon à former un plan affine inclus dans C2(J, K). Cest ainsi que lon trouve les fonctions de Legendre et de Tchebychev de seconde espèce.
4.4. Résolution de (2) lorsquon connaît un système fondamental de solutions de (4).
Si lon connaît un système fondamental (y1, y2) de solutions de (4), on peut résoudre léquation (2) par la méthode de variation des constantes. Elle consiste à chercher sa solution y(x) sous la forme :
(5) y(x) = C1(x).y1(x) + C2(x).y2(x)
(6) y(x) = C1(x).y1(x) + C2(x).y2(x)
Matriciellement, cela revient à poser EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 . EMBED Equation.3
changement de fonctions inconnues légitime car le wronskien nest jamais nul.
Dérivons (5) et retranchons (6). Il vient : C1.y1 + C2.y2 = 0
Dérivons (6) et calculons y + a(x).y + b(x).y = c(x). Il vient : C1.y1 + C2.y2 = c(x)
On obtient un système de Cramer en C1 et C2, que lon résout ; puis on calcule C1 et C2 en deux quadratures. Comme C1 et C2 sont définies à constantes près, on retrouve le plan affine des solutions.
Exemples : la méthode précédente permet détablir que :
( léquation y ( (2.y = f(x) (( > 0) a pour solutions :
y(x) = EMBED Equation.3 EMBED Equation.3 + A.ch((x) + B.sh((x)
( léquation y + (2.y = f(x) (( > 0) a pour solutions :
y(x) = EMBED Equation.3 EMBED Equation.3 + A.cos((x) + B.sin((x)
( léquation y = f(x) a pour solutions y(x) = EMBED Equation.3 + A.x + B.
4.6. Remarques finales.
On démontre que si les fonctions a, b et c sont développables en série entière dans lintervalle ](R, R[, il en est de même de toutes les solutions de léquation (2) qui sont définies sur cet intervalle.
Si lon veut revenir à léquation (1), il faudra étudier les raccords aux points où A sannule.
Cela peut aussi se faire en étudiant les solutions de (1) qui sont développables en série entière au voisinage des points où A sannule (équations du type de Fuchs, équations de Bessel, équations hypergéométriques, etc.). Enfin, tout ce qui précède sétend sans difficulté aux équations linéaires dordre n.
Exercices
Exercice 1 : Intégrer les équations différentielles suivantes :
y + y = EMBED Equation.3 y + y = tan x y + y = | tan x |
y + y = cos2x y + y = EMBED Equation.3 y + y = EMBED Equation.3
y + 6.y + 9.y = EMBED Equation.3 y + 3.y + 2.y = (x ( 1). EMBED Equation.3 .
y ( y = EMBED Equation.3 , y(0) = y(0) = 0 y + 3.y + 3.y + y = EMBED Equation.3 .
Exercice 2 : Intégrer les équations différentielles suivantes, en tenant compte des indications données. Si aucune indication nest donnée, cest quil y a une solution particulière très simple.
(x + 1).y ( y ( x.y = 0 , resp f(x) .
x2.(ln x).y + y = 0 .
(1 + x).y ( 2.y + (1 ( x).y = x.exp((x) .
x2.(ln x ( 1).y ( x.y + y = 0 , resp. ( EMBED Equation.3 .
(x2 + x).y ( 2.x.y + 2.y = 0 ; solutions bornées au V(0), au V((1) ?
(x2 ( 1).y ( 6.y = 0 (Sol. part. polynomiale)
x3.y + x.y ( y = exp EMBED Equation.3 .
4.x.(1 ( x).y ( 2.y ( y = 0 (Solution part : y1 = EMBED Equation.3 ).
(x ( 1).y + (4.x ( 5).y + (4.x ( 6).y = x.exp((2x) (Sol. part. de la forme emx).
Exercice 3 : Résoudre les équations suivantes, en se ramenant, au moyen dun changement de variable convenable, à des équations à coefficients constants :
(1 + x2)2.y + 2x(1 + x2).y + m2.y = 0 y ( y.cotan x + y.sin2 x = 0
y + y.tan x ( y.cos2 x = 0 4 x y + 2 y + a y = 0
(1 + x2).y + x.y + a.y = 0 x2.ln2 x.y + x.ln x.(ln x +1).y a.y = 0
y + y + a.exp((2x).y = 0 puis y + y + a.exp((2x).y = 3.ch x + sh x .
Exercice 4 : Equations dEuler. On nomme ainsi une équation de la forme
(E) x2.y + a.x.y + b.y = 0 ou f(x) , où a et b sont des constantes.
1) Montrer que le chgt de variable x = ( et ramène cette équation à une équation à coefficients constants. En pratique, cela revient à chercher des solutions particulières de léquation homogène sous la forme x(, où ((C.
2) Applications : a) Résoudre les équations :
x2.y + x.y + y = 0 , x2.y + 3.xy + y = ln(x + 1) , x2.y + x.y + 6.y = ln(x + 1)
b) Trouver les fonctions f dérivables de R*+ dans R telles que (x > 0 f(x) = f( EMBED Equation.3 ) .
c) Trouver les applications f ( C1(R*+, R) telles que (x > 0 f(x) = x2.f( EMBED Equation.3 ).
Exercice 5 : Soient a et b deux fonctions continues sur I, b ne sannulant pas. CNS pour quil existe un changement de variable transformant léquation en une équation à coefficients constants.
Exercice 6 : Résoudre 2x.y + y 2.y = 0 sachant quil existe un intervalle sur lequel cette équation admet deux solutions dont le produit vaut 1
Exercice 7 : Intégrer les équations suivantes au moyen du changement de fonction inconnue indiqué :
x.y + 2.y + x.y = 0 , resp. 1 , sin x (poser z = x.y)
x2.y + 4.x.y + (2 ( x2).y = 0, resp. 1 , ex (poser z = x2.y)
x.y + (x ( 2).y ( 2.y = 0 (poser z = y + y)
y + (1 ( EMBED Equation.3 ).y = 0 (poser z = y + EMBED Equation.3 )
Exercice 8 : On considère léquation y + a(x).y(x) + b(x).y = 0. Relation entre a et b pour quil existe deux solutions linéairement indépendantes u et v telles que u2 + v2 soit constant.
Application : intégrer y.cos x + y.sin x + y.cos3 x = 0.
Exercice 9 : Intégrer y + x.y + y = 0 par séries entières. Reconnaître les solutions.
Exercice 10 : On considère léquation différentielle x2.y + 4.x.y + (2 ( x2).y = 1.
1) Montrer quelle admet une seule solution dse ; rayon de convergence et somme.
2) Intégrer léquation. |Voir aussi exercice 7.]
Exercice 11 : Soient m > 0, f une fonction de classe C2 telle que ((x > 0) f(x) + m.f(x) ( 0.
Montrer que ((x > 0) f(x) + f(x + EMBED Equation.3 ) ( 0.
Exercice 12 : Fonctions hypergéométriques.
On considère léquation différentielle, où c(R({0, (1, (2, (3,
} :
(E) x.(1 ( x).y(x) + [ c (a + b ( 1).x ].y(x) a.b.y(x) = 0 .
1) Trouver les solutions développables en série entière en 0 ; rayon de convergence en 0.
Montrer que ce sont des polynômes si a ou b ( {0, (1, (2, (3,
}.
2) On note (x)0 = 1, (x)n = x(x + 1)
(x + n (1) (symbole de Pochhammer ou des factorielles montantes), et F(a, b , c ; x) = 1 + EMBED Equation.3
Montrer que EMBED Equation.3 F(a, b, c ; x) = EMBED Equation.3 .F(a + 1, b + 1, c + 1 ; x)
3) Exemples : Etablir les identités suivantes :
F(1, b, b ; x) = EMBED Equation.3 F(a, b, b, x) = (1 ( x)(a
x.F(1, 1, 2 ; (x) = ln(1 + x) x.F( EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ; x2) = Arcsin x
x.F( EMBED Equation.3 , 1, EMBED Equation.3 ; (x2) = Arctan x x.F( EMBED Equation.3 , 1, EMBED Equation.3 ; x2) = EMBED Equation.3
C. Equations et systèmes linéaires à coefficients constants.
Cette partie est un cas particulier de la précédente. Elle se situe au confluent des résultats précédents et des méthodes algébriques développées dans les chapitres consacrés à la réduction des endomorphismes et aux exponentielles de matrices ; ces méthodes algébriques permettent de retrouver tous les résultats de B dans ce cas particulier.
1. Systèmes différentiels dordre 1 à coefficients constants.
1.1. Le problème.
Soient aij (1 ( i, j ( n) et bi (1 ( i ( n) des constantes réelles ou complexes.
On se propose de résoudre le système différentiel :
( y1(t) = a11.y1(t) +
+ a1n.yn(t) + b1(t)
( . . . . . . . . . . . . . (1)
( yn(t) = an1.y1(t) +
+ ann.yn(t) + bn(t)
où les fonctions inconnues y1,
, yn sont à valeurs dans K = R ou C.
Introduisons lespace E = Kn et les vecteurs et matrices :
Y(t) = EMBED Equation.3 A = EMBED Equation.3 b(t) = EMBED Equation.3
Le système précédent sécrit : Y(t) = A.Y(t) + b(t) (2)
et le système homogène associé : Y(t) = A.Y(t) (3)
1.2. Résolution par réduction de A.
a) Lorsque A est diagonalisable dans Mn(C), (P(Gln(C) P(1.A.P = diag((1, (2,
, (n) = D.
Léquation (3) sécrit Y = P.D. P(1.Y , cest-à-dire P(1.Y = D.P(1.Y.
Si lon pose Y = P.U, cest-à-dire si lon se place dans le repère propre, il vient U = D.U, système formé de n équations scalaires dordre 1 : ui(t) = ai.exp((i.t), etc.
Léquation (2) sécrit Y = P.D. P(1.Y + b(t) , cest-à-dire P(1.Y = D.P(1.Y + P(1.b(t).
Si lon pose Y = P.U, il vient U = D.U + c(t) , où c(t) = P(1.b(t).
Doù n équations scalaires dordre 1 indépendantes.
b) Dans le cas général, A est trigonalisable : (P(Gln(C) P(1.A.P = T , trigonale supérieure.
Léquation (3) sécrit Y = P.T. P(1.Y , cest-à-dire P(1.Y = T.P(1.Y.
Si lon pose Y = P.U, il vient U = T.U, système que lon peut résoudre par remontée.
Léquation (2) sécrit Y = P.T. P(1.Y + b(t) , cest-à-dire P(1.Y = T.P(1.Y + P(1.b(t).
Si lon pose Y = P.U, il vient U = T.U + c(t) , où c(t) = P(1.b(t), système que lon peut aussi résoudre par remontée.
Exercice : Résoudre Y = A.Y , puis Y = A.Y + b(x), lorsque A = EMBED Equation.3 .
En déduire une méthode générale de résolution de (3) et (2) par réduction de Jordan.
1.3. Présentation abstraite : exponentielles de matrices.
Les exponentielles de matrices permettent de présenter élégamment les calculs précédents.
Proposition : Le système différentiel linéaire homogène à coefficients constants :
Y'(t) = A.Y(t) , où ASYMBOL 206 \f "Symbol"Mn(C) (1)
a pour solution générale : Y(t) = exp(t.A).Y(0) (SYMBOL 34 \f "Symbol"tSYMBOL 206 \f "Symbol"R) (2)
ou encore : Y(t) = exp((t ( t0).A).Y(t0) (SYMBOL 34 \f "Symbol"tSYMBOL 206 \f "Symbol"R) (3)
Preuve : Cela se montre par variation des constantes, i.e. en cherchant Y(t) sous la forme :
Y(t) = exp(t.A).C(t) ,
Cela revient à faire un changement de fonction inconnue, légitime car lexponentielle est inversible.
On a : Y(t) = A.exp(t.A).C(t) + exp(t.A).C(t) = A.Y(t) + exp(t.A).C(t).
Comme lexponentielle est inversible, (1) ( exp(t.A).C(t) = 0 ( C(t) = 0 ( C(t) = cste.
La variation des constantes permet également de résoudre :
Y'(t) = A.Y(t) + b(t) (4)
où b est une fonction continue I SYMBOL 174 \f "Symbol" C (I intervalle de R).
Posons Y(t) = exp(t.A).C(t). On a Y(t) = A.exp(t.A).C(t) + exp(t.A).C(t) = A.Y(t) + exp(t.A).C(t).
Alors (4) ( exp(t.A).C(t) = b(t) ( C(t) = exp((t.A).b(t) ( C(t) = EMBED Equation.3 ,
formule que lon peut préciser si lon introduit une condition initiale. Il vient alors :
Y(t) = exp((t ( t0).A).[Y(t0) + EMBED Equation.3 ] .
Les exponentielles de matrices fournissent donc une expression analytique exacte des solutions de (1) et (4). Cette expression est intéressante sur le plan théorique, mais non indispensable : on peut résoudre un système différentiel sans recourir aux exponentielles de matrices, par réduction directe de A.
Avec Maple, pour calculer exp(A), taper :
with(linalg) ; ouvre le package dalgèbre linéaire
A := matrix(n, n, [
]) ; entre la matrice
exponential (A) ; affiche lexponentielle de A
exponential(A, t) ; affiche lexponentielle de t.A
Exercice : Soient A, B, C(Mn(C). Montrer quil existe une et une seule fonction t ( M(t) de classe C1 de R dans Mn(C) telle que ((t(R) M(t) = A.M(t) ( M(t).B et M(0) = C (S)
Montrer que ((t(R) M(t) = exp(tA).C.exp((tB).
2. Systèmes différentiels dordre 1 homogènes dans le plan.
Le grand spécialiste américain des systèmes dynamiques George Birkhoff (1884-1944) avait coutume de dire à ses étudiants : « Si lon a compris les équations linéaires, on a presque tout compris sur les équations différentielles ; si lon a compris les équations linéaires de degré 2, on a presque tout compris sur les équations différentielles linéaires ; enfin, on a presque tout compris sur les équations différentielles linéaires de degré 2 si lon a compris celles à coefficients constants. »
2.1. Généralités.
Soit A= EMBED Equation.3 (M2(R). On se propose détudier en détail les solutions du système différentiel :
Y = A.Y, où Y = EMBED Equation.3 , cest-à-dire les arcs paramétrés Y(t) = exp(t.A).Y(0).
Les courbes intégrales sont invariantes par homothéties de centre O. Les isoclines sont des droites passant par O.
Exercice : Dessiner les régions EMBED Equation.3 > 0 et EMBED Equation.3 < 0 .
2.2. Les 14 formes dorbites.
Théorème : A est semblable dans M2(R) à lune des matrices :
EMBED Equation.3 ((, ()(R2 , EMBED Equation.3 ((, ()(R(R* , EMBED Equation.3 (((R) .
Preuve : On peut en effet distinguer trois cas :
( A est diagonalisable dans M2(R) ;
( A est diagonalisable dans M2(C), mais non dans M2(R). Elle a alors deux valeurs propres com-plexes non réelles ( ( i.(. Soit Z un vecteur propre associé à ( + i.(, écrivons Z = X + i.Y (parties réelle et imaginaire). En identifiant, il vient A.X = (.X ( (.Y , A.Y = (.X + (.X.
La matrice P = [X, (Y] est inversible, car équivalente à [Z, EMBED Equation.3 ], et P(1.A.P = EMBED Equation.3 .
( A nest pas diagonalisable dans M2(C). Elle a alors une seule valeur propre (, qui est réelle, car égale à tr(A)/2. Et A est trigonalisable dans M2(R).
Plaçons-nous désormais dans le repère uOv où A est sous forme réduite. Nous avons à résoudre et discuter : u = (.u u = (.u ( (.v u = (.u + v
v = (.v v = (.u + (.v v = (.v
1er cas : A semblable à EMBED Equation.3 ((, ()(R2. On peut supposer ( ( (.
Alors u(t) = u(0).exp((.t) , v(t) = v(0).exp((.t).
0 < ( < ( : nud instable ( < 0 < ( : col ou selle ( < ( < 0 : nud stable
0 = ( < ( : droite instable ( < ( = 0 : droite stable.
0 < ( = ( : source ( = ( < 0 : puits 0 = ( = ( : repos total
2ème cas : A semblable à EMBED Equation.3 ((, ()(R(R* .
Posons z = u + i.v. Il vient z(t) = (( ( i.().z(t) , donc z(t) = z(0).exp((( ( i.().t).
Passons en polaires : z(t) = r(t).exp(i.((t)) , où r(t) = r(0).exp((t) , et ((t) = ((0) ( (.t.
Du coup r(t) = r(0).exp(( EMBED Equation.3 ) .
Dans le repère uOv, les supports sont des cercles si ( = 0 , des spirales logarithmiques sinon. Rappelons toutefois quen général ce repère nest pas orthonormé, de sorte que les cercles sont en réalité des ellipses, et les spirales logarithmiques sont déformées.
( > 0 : foyer instable ( = 0 : centre ( < 0 : foyer stable
Remarque : le signe de ( sert à distinguer sens trigonométrique et sens des aiguilles dune montre.
3ème cas : A semblable à EMBED Equation.3 (((R) .
On trouve u(t) = [u(0) + t.v(0)].exp((.t) v(t) = v(0).exp((.t)
( > 0 : point de repos instable ( = 0 : lautoroute ( < 0 : point de repos stable
2.3. Diagramme de bifurcation dans le plan trace-déterminant.
On peut visualiser la discussion précédente en se plaçant dans le plan (T, D), où T = tr A = a + d, et D = det A = ad bc, ( = T2 ( 4.D.
( Le quart de plan T < 0, D > 0 correspond au cas où le point O est asymptotiquement stable, i.e. toutes les trajectoires M(t) tendent vers O quand t ( +(.
( Le quart de plan T > 0, D > 0 correspond au cas où le point O est asymptotiquement instable, i.e. || EMBED Equation.3 (t)|| tend vers +( avec t. On peut aussi dire que M(t) tend vers O quand t ( ((.
( Le demi-plan D < 0 correspond au cas où O est point-col.
Le changement A ( (A conserve D et change T en (T. Les courbes intégrales ont mêmes formes géométriques, mais le sens des temps est inversé. Stabilité à gauche et instabilité à droite. Cest leffet-miroir.
La parabole déquation ( = 0 coupe en deux chacun des deux quarts de plan supérieurs. Elle sépare valeurs propres réelles et imaginaires :
( Dans la région ( < 0, A a deux valeurs propres complexes : foyers, stables ou instables, et centres.
( Dans la région ( > 0, A a deux valeurs propres réelles distinctes : on obtient essentiellement les nuds stables ou instables, et les cols. A quoi il faut ajouter les droites stables ou instables, correspondant au cas où D = 0.
( Sur la parabole ( = 0, A a une seule valeur propre, mais elle nest pas toujours diagonalisable.
( La demi-parabole ( = 0, T < 0 correspond aux puits ou aux nuds impropres instables ;
( La demi-parabole ( = 0, T > 0 correspond aux sources et aux nuds impropres stables ;
( Le point O( D = T = 0) correspond au repos total ou à lautoroute.
On voit sur la figure que les 14 cas ne sont pas équiprobables : les cas génériques, cest-à-dire les plus fréquemment recontrés, sont au nombre de 5 : foyers et nuds, stables et instables, et cols.
De plus, une famille continue de systèmes dynamiques ne peut évoluer, par exemple, dun foyer stable à un foyer instable sans passer par un système à centre. Ces changements qualitatifs de comportement sappellent des bifurcations.
Exercices
Exercice 1 : Résoudre les systèmes différentiels suivants (la variable est t).
Pour chacun deux, indiquer la forme géométrique des courbes intégrales, la stabilité, etc. :
x = 5.x y x = x 2.y x = 2.x + 2.y x = 3.x + 8.y x = x ( 5.y
y = 2.x + y y = 3.x 4.y y = 2.x + 3.y y = x 3.y y = 2.x y
x = x + y x = ( x y x = 2.x + y x = x + y x = 1,2.x + 1,2.y
y = (2.x + y y = x y y = x + 4.y y = 4.x 3.y y = 2.x + 2.y
Exercice 2 : Ecrire une procédure Maple prenant en argument une matrice A(M2(R) et affichant la nature et les solutions du système Y = A.Y.
Exercice 3 : Exemples de bifurcations.
Résoudre les systèmes différentiels suivants, et étudier leur évolution lorsque le paramètre varie :
x = 2.x + p.y x = (y + (.y x = x + a.y
y = x + (2 + EMBED Equation.3 ).y y = x + (.y y = a.x + y
Exercice 4 : Résoudre les systèmes différentiels suivants :
x = x + y + sin t x = 5.x + 2.y + et x = (2.x ( y
y = x + 3.y y = x 6.y + t y = 5.x + 4.y + e2t
Exercice 5 : Résoudre les systèmes différentiels suivants (la variable est t) :
( x = 2.x + 2.y ( 3.z ( x = 2.x + y + 3.z ( x = 3.x ( y + z
( y = (6.x + 4.y ( z ( y = x + 2.y + 3.z ( y = ( x + 5.y ( z
( z = 4.x ( 6.y + 4.z ( z = ( y + z ( z = x ( y + 3.z
( x = ( 2.x + 2.y + 2.z ( x = x ( y ( x = x + y + 1
( y = (10.x + 6.y + 8.z ( y = y ( z ( y = x + 2.y + z + t
( z = 3.x ( y ( 2.z ( z = z ( x ( z = y + z + t²
Exercice 6 : 1) Intégrer les systèmes ( x = ( r.y + q.z
x = ( a.y ( y = r.x ( p.z
y = a.x ( z = (q.x + p.y
2) Soit A(Mn(R). Montrer léquivalence des propriétés suivantes :
a) A est antisymétrique ;
b) Les courbes intégrales des systèmes Y = A.Y sont tracées sur des sphères de centre 0.
Préciser la géométrie des courbes intégrales à laide du théorème spectral des matrices anti-symétriques (chap. Espaces euclidiens, §4)
Exercice 7 : Esquisser une typologie des orbites des systèmes différentiels réels dordre 3 : Y = A.Y lorsque la matrice A est diagonalisable dans M3(R), puis dans M3(C).
Exercice 8 : Résoudre les systèmes différentiels suivants (la variable est t) :
x = 7.x ( 3.y x = 5.x + y ( 4.z
y = 3.x + y y = 3.x + 3.y ( 4.z
z = x ( y + 2.z
x = 3.x ( 4.y
y = 3.y + 4.x. Tracer la solution correspondant à x(0) = 2, x(0) = y(0) = y(0) = 0.
x = x + y ( y
y = x + y ( x
3. Equations différentielles dordre n à coefficients constants.
3.1. Equations homogènes.
Considérons léquation différentielle linéaire homogène dordre n à coefficients constants :
y(n) + a1.y(n(1) + ... + an(1.y' + an.y = 0 (1)
Ses solutions appartiennent à CSYMBOL 165 \f "Symbol"(R, C), et forment un sous-espace vectoriel H de CSYMBOL 165 \f "Symbol"(R, C).
H est en réalité un noyau, le noyau de lopérateur différentiel :
T : y ( y(n) + a1.y(n(1) + ... + an(1.y' + an.y .
Cet opérateur est un polynôme de lopérateur de dérivation D :
T = P(D) = Dn + a1.Dn(1 + ... + an(1.D + an.I .
Factorisons P(X) dans C[X], sous la forme P(X) = EMBED Equation.3
Le théorème de décomposition des noyaux donne aussitôt H = Ker P(D) = ( Ker(D ( (j)kj.
Tout revient donc à déterminer Ker(D SYMBOL 45 \f "Symbol" SYMBOL 108 \f "Symbol".I)k.
Proposition 1 : Ker (D SYMBOL 45 \f "Symbol" SYMBOL 108 \f "Symbol".I)k = {y(x) = P(x).eSYMBOL 108 \f "Symbol"x ; PSYMBOL 206 \f "Symbol"Ck(1[X]}, pour k SYMBOL 179 \f "Symbol" 1.
Preuve : On peut toujours chercher y(x) sous la forme y(x) = f(x).eSYMBOL 108 \f "Symbol".x.
On a aussitôt (D SYMBOL 45 \f "Symbol" SYMBOL 108 \f "Symbol".I).y(x) = f(x).eSYMBOL 108 \f "Symbol".x , donc (D SYMBOL 45 \f "Symbol" SYMBOL 108 \f "Symbol".I)k.y = f(k)(x).eSYMBOL 108 \f "Symbol".x .
Par suite (D SYMBOL 45 \f "Symbol" SYMBOL 108 \f "Symbol".I)k.y ( f(k) = 0 , doù le résultat.
Théorème 2 : Les solutions de (1) sont les fonctions de la forme :
y(x) = EMBED Equation.3 , où deg Pj ( kj ( 1.
Elles forment un C-ev de dimension n, dont une base est (xh. EMBED Equation.3 ) (1 ( j ( r, 0 ( h ( kj ( 1).
Proposition 3 : On suppose les ai réels. Les solutions réelles de (1) forment un R-ev de dimension n.
Preuve : Ce résultat peut sembler paradoxal, mais il ne lest pas : les solutions complexes de (1) forment un C-ev de dim n, donc un R-ev de dim 2n, mais il est logique que les solutions réelles de (1) en forment un R-sev de dim n.
Plus précisément, factorisons P dans R[X] : P(X) = EMBED Equation.3 EMBED Equation.3
où les (j sont les racines réelles, (h = (h + i.(h. Alors une C-base de H est formée
( des xt. EMBED Equation.3 (1 ( j ( p, 0 ( t ( kj ( 1)
( des xt. EMBED Equation.3 cos((h.x) et xt. EMBED Equation.3 sin((h.x) (1 ( h ( r, 0 ( t ( lh ( 1).
Ces fonctions sont à valeurs réelles. Et une fonction f(H est à valeurs réelles ssi elle est combinaison linéaire réelle de ces fonctions.
Remarque : méthode de dAlembert.
Pour résoudre léquation (D SYMBOL 45 \f "Symbol" SYMBOL 108 \f "Symbol".I)k.y = 0 , dAlembert procède par passage à la limite.
Léquation (D SYMBOL 45 \f "Symbol" SYMBOL 108 \f "Symbol".I) o (D SYMBOL 45 \f "Symbol" (SYMBOL 108 \f "Symbol" + t).I) o
o (D SYMBOL 45 \f "Symbol" (SYMBOL 108 \f "Symbol" + (k ( 1).t.I).y = 0
admet pour système fondamental de solutions : e(.x , e((+t).x ,
, e((+(k(1)t).x ,
donc aussi : e(.x , EMBED Equation.3 .e(.x , ( EMBED Equation.3 )2.e(.x , ... , ( EMBED Equation.3 )k(1.e(.x .
Quand t tend vers 0, on obtient comme système fondamental e(.x , x.e(.x , x2.e(.x , ..., xk(1.e(.x .
Ce raisonnement heuristique manque de rigueur, mais on peut le rendre rigoureux en appliquant un théorème de Poincaré sur les équations dépendant analytiquement dun paramètre t.
3.2. Equation avec second membre.
Léquation y(n) + a1.y(n(1) + ... + an(1.y' + an.y = f(x) (2)
sécrit P(D).y = f(x) . On peut alors la résoudre par deux méthodes :
( soit en cascade, car P(D) est composé dopérateurs de la forme D ( (.I ;
( soit par variation des constantes, puisquon dispose dun système fondamental de solutions de léquation homogène.
Exemples :
( léquation y ( (2.y = f(x) (( > 0) a pour solutions :
y(x) = EMBED Equation.3 EMBED Equation.3 + A.ch((x) + B.sh((x)
( léquation y + (2.y = f(x) (( > 0) a pour solutions :
y(x) = EMBED Equation.3 EMBED Equation.3 + A.cos((x) + B.sin((x)
( léquation y = f(x) a pour solutions y(x) = EMBED Equation.3 + A.x + B
Exercice : Une formule explicite.
Soit P(X) = Xn + a1.Xn(1 + ... + an(1.X + an = EMBED Equation.3 ( C[X] , f ( Cp(I, C) .
Montrer quune solution particulière de léquation P(D).y = f(x) est donnée par :
y(x) = EMBED Equation.3 EMBED Equation.3
où EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 EMBED Equation.3 est la décomposition en éléments simples de EMBED Equation.3 .
3.3. Exponentielles-polynômes.
Définition : On appelle exponentielle-polynôme une fonction f : R SYMBOL 174 \f "Symbol" C de la forme :
f(x) = SYMBOL 229 \f "Symbol" Pj(x).exp(SYMBOL 97 \f "Symbol"j.x) , où Pj est un polynôme.
Exemples : (x2 + x + 1).cos x.ch(2x) , ex.sin(3x).ch(4x) , x3.cos3x.sh(2x) , etc.
Proposition 1 : Les exponentielles-polynômes forment un sous-espace vectoriel E de C((R, C).
Cet espace est somme directe des E( = {e(x.P(x) ; P(C[X]} , (((C).
Les fonctions xh.e(.x (h(N, ((C) forment une C-base de cet espace.
Les exponentielles-polynômes forment une algèbre stable par dérivation et primitivation.
f(E ssi f est solution dune équation différentielle linéaire homogène à coefficients constants..
Preuve facile.
Comment résoudre y(n) + a1.y(n(1) + ... + an(1.y' + an.y = f(x) (2)
lorsque f est une exponentielle-polynôme ?
Par superposition on se ramène au cas où f(x) = e(x.Q(x), et alors :
Proposition 2 : Soit P(X) = Xn + a1.Xn(1 + ... + an(1.X + an = EMBED Equation.3 ( C[X]
Léquation différentielle P(D).y = e(x.Q(x) admet une solution particulière de la forme :
y(x) = e(x.R(x) , où deg R = deg Q si ( nest pas racine de P ;
y(x) = e(x.R(x) , où deg R = deg Q + kj si ( = (j .
Preuve : Lidée est que (D ( (.I).(e(x.Q(x)) = e(x.[(( ( ().Q(x) + Q(x)].
Autrement dit, chaque opérateur différentiel D ( (.I laisse stable E( ; par composition, P(D) aussi.
Plus précisément : (D ( (.I).(e(x.Q(x)) = e(x.T(Q) , où T(Q) = (( ( ().Q(x) + Q(x).
T est un endomorphisme de C[X] qui est :
( bijectif si ( ( (, car il conserve le degré ;
( surjectif non injectif si ( = (, car il abaisse le degré de 1.
Par composition,
( si ( nest pas racine de P, P(D).(e(x.Q(x)) = e(x.S(Q), où S est un isomorphisme de C[X] qui conserve le degré ;
( si ( = (j, P(D).(e(x.Q(x)) = e(x.S(Q), où S est un endomorphisme surjectif de C[X] qui abaisse le degré de kj. On conclut aussitôt.
Exercices
Exercice 1 : Intégrer les équations différentielles :
y ( 2.y ( 3.y = 0 y + 2.y + y = 0 y + 4.y + 13.y = 0
y(4) ( y = 0 y(4) ( 2.y + y = 0
Exercice 2 : Intégrer les équations différentielles :
y(5) ( 2.y(4) + 2.y(3) ( 4.y + y ( 2.y = 0
y(6) ( y(5) + y(4) ( 2.y(3) + y(2) ( y + y = 0
y(7) ( EMBED Equation.3 y(6) + EMBED Equation.3 y(5) ( 2y(4) + EMBED Equation.3 y(3) ( EMBED Equation.3 .y + y = 0.
Quelles sont les solutions bornées sur R+ ? de limite nulle en + ( ?
Exercice 3 : Intégrer léquation différentielle y(n) + EMBED Equation.3 .a.y(n(1) +
+ EMBED Equation.3 .an(1.y + EMBED Equation.3 .an.y = 0 .
Exercice 4 : Intégrer les équations différentielles suivantes :
y ( 5.y + 6.y = ch(2x) y ( 6.y + 9.y = x.e3x + ex
y ( 3.y + 2.y = x.e3x + ex + 1 y ( 4.y + 5.y = 1 + 8.cos x + e2x
y + y = 2.sin x.sin(2x) y + 4.y + 3.y = x
y ( 7.y + 6.y = (x ( 2).ex y ( 2.y + y = (x2 + 1).ex
y + 3.y + 3.y + y = (a.x2 + b.x + c).e(x
y + y = cos3 x y ( 2.y + 10.y = ex.sin(3x)
Exercice 5 : Exemples de problèmes aux limites. Résoudre et discuter les équations différentielles :
y + y = 0 , y(x0) = y0 , y(x1) = y1
y + (.y = 0 , y(0) = 0 , y(L) = 0 (L > 0)
y + (.y = 0 , y(0) = 0 , y(L) = 0
y + (.y = 0 , y(0) = 0 , y(L) + (.y(L) = 0
[On voit quun problème aux limites est fort différent dun problème aux conditions initiales.]
Exercice 6 : 1) Soit f(C1(R, C). Montrer que limx(+( f(x) + f(x) = 0 implique limx(+( f(x) = 0.
2) Soient ((C tel que Re ( < 0, et f(C1(R, C). Montrer que :
limx(+( f(x) ( ( f(x) = 0 implique limx(+( f(x) = 0.
3) Soit f(C2(R, C). Montrer que limx(+( f(x) + f(x) + f(x) = 0 implique limx(+( f(x) = 0.
4) Soit H lensemble des solutions de y(n) + a1.y(n(1) + ... + an(1.y' + an.y = 0 .
Si le polynôme P(X) = Xn + a1.Xn(1 + ... + an(1.X + an a toutes ses racines de partie réelle < 0, montrer que (y(H limx(+( y(x) = 0. Réciproque ?
Exercice 7 : Trouver les fonctions f dérivables de R dans R, telles que (x(R f(x) = f(1 ( x) .
Exercice 8 : Trouver les fonctions f dérivables de R dans R, telles que (x(R f(x) + f((x) = x.ex .
Exercice 9 : Trouver les fonctions f(C2(R, R) telles que (x(R f(x) + f((x) = x.ex .
Exercice 10 : Trouver les solutions périodiques de y y = |sin EMBED Equation.3 | , y + y = cos x .
Exercice 11 : Résoudre léquation différentielle : y(4) + 5.y + 4.y = |sin 2x| .
On cherchera une solution EMBED Equation.3 -périodique sous forme de série trigonométrique.
3.4. Applications en physique : systèmes à un degré de liberté.
En physique, on rencontre les équations différentielles
EMBED Equation.3 + 2h. EMBED Equation.3 + k2.x = 0 et EMBED Equation.3 + 2h. EMBED Equation.3 + k2.x = f(t)
dans létude des faibles oscillations dun système à 1 degré de liberté autour de sa position déquilibre :
( Le terme 2h vient de la résistance du milieu ou du frottement et h est le coefficient de résistance
( Le terme k2.x vient de la force propre du système qui tend à ramener celui-ci à sa position déquilibre : k2 est coefficient délasticité.
( Le second membre f(t) provient de la force extérieure agissant sur le système.
Exemple 1 : les ressorts.
Un ressort oscille autour de la position déquilibre dans laquelle le poids du corps et la réaction du ressort séquilibrent exactement. Les forces suivantes agissent sur le corps :
( La réaction du ressort tend à ramener celui-ci dans sa position déquilibre ; on la considère proportionnelle à léloignement x du corps de sa position déquilibre.
( La force de résistance du milieu, proportionnelle à la vitesse et de direction opposée.
La loi EMBED Equation.3 = m. EMBED Equation.3 sécrit ici m. EMBED Equation.3 = ( B. EMBED Equation.3 ( C.x , doù EMBED Equation.3 + b. EMBED Equation.3 + c.x = 0 .
Exemple 2 : pendule linéarisé avec frottement.
Léquation du mouvement dun pendule simple de longueur L dans un milieu de résistance proportionnelle à la vitesse est mL. EMBED Equation.3 = ( mg.sin( ( b. EMBED Equation.3 ,
où ( est langle du pendule avec la position déquilibre verticale.
Pour les petites oscillations, on remplace sin ( par son équivalent (, et lon obtient :
m.L. EMBED Equation.3 = b. EMBED Equation.3 + mg.( = 0.
On remplacera 0 par f(t) si une force extérieure agit sur le pendule.
Exemple 3 : circuits électriques.
Un condensateur de capacité C se décharge à travers un circuit de résistance h et de coefficient de self-induction L. Supposons quil y ait dans le circuit une source de courant ayant une force électromotrice E, considérée comme positive si elle agit dans le sens contraire à lintensité i. Si v est la tension aux bornes du condensateur, v ( E = R.i + L. EMBED Equation.3 , i = ( C. EMBED Equation.3 .
LC. EMBED Equation.3 + RC. EMBED Equation.3 + v = E , EMBED Equation.3 + EMBED Equation.3 . EMBED Equation.3 + EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 .
EMBED Equation.3 EMBED Equation.3 est analogue au terme provenant de la résistance, EMBED Equation.3 au terme provenant de la force de réaction, et EMBED Equation.3 au terme venant de la force extérieure.
D. Théorèmes généraux
1. Problème de Cauchy, théorème de Cauchy-Lipschitz.
1.1. Problème de Cauchy.
Soient E un espace de Banach réel, U un ouvert de R(E,
f : (x, y)(U ( f(x, y)(E une application continue.
Résoudre léquation différentielle (1) y = f(x, y) avec la condition initiale y(x0) = y0, où (x0, y0)(U, cest trouver un couple (J, (), où J est un intervalle de R contenant x0 et de longueur ( 0, et ( est une fonction dérivable de J dans E vérifiant :
(1) (x(J (x, ((x))(U (2) (x(J f(x, ((x)) = ((x) (3) ((x0) = y0 .
Remarque : Si lon a affaire à une équation du second ordre y = f(x, y, y), il faudra se donner deux conditions initiales y(x0) = y0 et y(x0) = y0, puisque léquation équivaut au système du premier ordre : y = y1 , y1 = f(x, y, y1). Tout cela est conforme aux idées vues en A.
1.2. Théorème de Cauchy-Lipschitz .
Définition : Lapplication f(x, y)(U ( f(x, y)(E est dite :
lipschitzienne en y si (k > 0 ((x, y1)(U ((x, y2)(U ||f(x, y1) ( f(x, y2)|| ( k.||y1 ( y2|| ;
localement lipschitzienne en y si, pour tout (x0, y0)(U, il existe un voisinage V de (x0, y0) dans U et un réel k > 0 tels que ((x, y1)(V ((x, y2)(V ||f(x, y1) ( f(x, y2)|| ( k.||y1 ( y2|| .
Exemples et contre-exemples :
1) Le résultat suivant fournit une vaste classe de fonctions localement lipschitziennes :
Proposition : Si f est continue et admet en tout point (x, y)(U une dérivée partielle fy(x, y)(L(E) continue, alors f est localement lipschitzienne en y.
2) Cependant, cet exemple nest pas le seul : les fonctions f(x, y) = |y| , g(x, y) = |y ( x| , h(x, y) = 2.|y|.cos x nont pas de dérivée partielle en y mais sont lipschitziennes.
3) En revanche, f(x, y) = EMBED Equation.3 nest pas lipschitzienne en 0.
Théorème de Cauchy-Lipschitz : Soient E un espace de Banach réel, U un ouvert de R(E, et
f : (x, y)(U ( f(x, y)(E une application continue, et localement lipschitzienne en y, (x0, y0)(U.
Existence locale : Il existe un intervalle J de R contenant x0 dans son intérieur, et une fonction ( dérivable de J dans E vérifiant :
(1) (x(J (x, ((x))(U (2) (x(J f(x, ((x)) = ((x) (3) ((x0) = y0 .
Unicité globale : Si J est un intervalle contenant x0 et si (1 et (2 sont deux solutions de y = f(x, y) définies dans J et telles que (1(x0) = (2(x0) , alors (1 = (2 .
Ce théorème, dont la démonstration est hors programme, sera démontré au § 2.
1.3. Solutions maximales.
Contrairement au cas linéaire, il ny a pas existence globale : même si lensemble de définition de f est de la forme I(V, où I est un intervalle de R, V un ouvert de E, léquation différentielle y = f(x, y) nadmet pas nécessairement de solution définie sur tout I, et cela, même pour des fonctions f très simples : nous en verrons des exemples dans le §2.
Sil ny a pas de solutions globales, en revanche nous allons voir quil y a, pour chaque couple (x0, y0)(U de conditions initiales, une solution maximale. Notons en effet E lensemble de tous les couples (J, (), où J est un intervalle de R contenant x0 et ( : J ( E une solution de y = f(x, y) vérifiant ((x0) = y0.
Proposition : Sous les hypothèses du théorème de Cauchy-Lipschitz, il y a un plus grand intervalle I contenant x0 dans son intérieur, et une solution ( : I ( E de y = f(x, y) vérifiant ((x0) = y0.
Définition : Cette solution, unique, est dite solution maximale correspondant au couple (x0, y0).
Par définition, on ne peut la prolonger à un intervalle contenant strictement I.
Quest-ce qui empêche de prolonger ( au-delà de I ?
( Ce peut être le domaine de définition de f ; ceci se produisait déjà dans le cas linéaire ;
( Mais cela peut se produire même si f est partout définie : ( peut avoir des asymptotes.
1.4. Théorème de Cauchy-Peano-Arzelà.
Si f est continue sans être localement lipschitzienne, on a un résultat plus faible : lexistence dau moins une solution locale.
Théorème de Cauchy-Peano-Arzelà : Soit E un R-espace normé de dimension finie, U un ouvert de R(E, et f : (x, y)(U ( f(x, y)(E une application continue. Pour tout couple (x0, y0)(U, il existe un intervalle ouvert J contenant x0, et une fonction ( de classe C1 de J dans E vérifiant :
(1) (x(J (x, ((x))(U (2) (x(J f(x, ((x)) = ((x) (3) ((x0) = y0 .
Ce théorème hors programme sétablit par des méthodes très différentes de celui de Cauchy-Lipschitz.
2. Démonstrations du théorème de Cauchy-Lipschitz.
Cauchy a indiqué deux démonstrations très différentes du théorème de Cauchy-Lipschitz, démonstrations qui ont été approfondies par la suite. Lune, géométrique, repose sur la méthode de la tangente dEuler ; lautre, fonctionnelle, sur la méthode des approximations successives. Il est remarquable que ces deux méthodes permettent détablir le même théorème, et non deux théorèmes distincts.
2.1. Construction du tonneau de sécurité.
f étant localement lipschitzinne, il existe un voisinage V de (t0, y0) dans U, que lon peut supposer ouvert (car U est ouvert), et k > 0 tels que :
((t, y1)(V ((t, y2)(V || f(t, y1) ( f(t, y2) || ( k.||y1 ( y2|| .
f étant continue au point (t0, y0) est bornée au voisinage de ce point :
(a > 0 (b > 0 (M ( 0 |t ( t0| ( a et ||y ( y0|| ( b ( (t, y)(V(U et || f(t, y) || ( M
Posons r = inf (a , EMBED Equation.3 ) , J = [t0 r, t0 + r] et C = {(t, y)(R(E ; |t ( t0| ( r et ||y ( y0|| ( b}
C est appelé cylindre ou tonneau de sécurité. Il vérifie : C ( V ( U.
2.2. La méthode des approximations successives (Cauchy, Liouville, Picard).
Formons la suite de fonctions vectorielles suivantes :
Y0(t) = y0 , Yn+1(t) = y0 + EMBED Equation.3 .
Les fonctions Yn(t) sont toutes définies et continues dans J, leurs graphes étant inclus dans C.
On montrera cela par récurrence sur n.
La suite de fonctions (Yn(t)) est uniformément convergente dans J.
Soit Un(t) = Yn+1(t) ( Yn(t), et montrons que la série EMBED Equation.3 converge normalement dans J.
Montrer dabord que ||U0(t)|| ( M.|t ( t0| et ||Un(t)|| ( k.| EMBED Equation.3 | .
En déduire que ((n) ((t(J) ||Un(t)|| ( M. EMBED Equation.3 , et conclure.
La fonction limite Y est solution dans J du problème de Cauchy.
Y est continue sur J comme limite uniforme de fonctions continues.
C étant fermée, le graphe de Y est inclus dans C.
On a (t(J ||f(t, Yn(t)) ( f(t, Y(t))|| ( k.||Yn(t) ( Y(t)|| ,
donc les fonctions f(t, Yn(t)) tendent uniformément vers f(t, Y(t)) dans J, et :
Y(t) = y0 + EMBED Equation.3 . On conclut aussitôt.
2.3. Lemmes de Gronwall.
Ces lemmes joueront un grand rôle dans la suite ; nous en donnerons deux versions, lune continue, lautre discrète
Lemme 1 : Soit u : I = [0, T) ( R une fonction continue vérifiant :
( a ( 0 (k > 0 (t(I u(t) ( a.t + k EMBED Equation.3 (1)
Alors (t(I u(t) ( EMBED Equation.3 (ekt 1)
En particulier si (k > 0 (t(I 0 ( u(t) ( k EMBED Equation.3 , alors u est la fonction nulle.
Indication de preuves.
1ère méthode : introduire la fonction w(t) = v(t).e(kt , où v(t) = EMBED Equation.3
2ème méthode : montrer la majoration u(t) ( a.t + a. EMBED Equation.3 +
+ a. EMBED Equation.3 + kn EMBED Equation.3 .
Lemme 2 :
2.4. La méthode de la tangente (Euler, Cauchy, Lipschitz).
Reprenons le tonneau de sécurité construit en 2.1. Nous allons construire, par la méthode dEuler, pour tout ( > 0, une fonction (( : J ( E, continue, et de classe C1 par morceaux (et en fait continue affine par morceaux), de graphe inclus dans C, vérifiant ((t0) = y0 et :
( ||((t) ( f(t, ((t))|| ( ( en chaque point où elle est dérivable,
( ||(g(t) ( f(t, ((t))|| ( ( et ||(d(t) ( f(t, ((t))|| ( ( en chaque point où ( est discontinue.
Une telle fonction sera appelée solution (-approchée de léquation dans J.
Supposons que lon sache construire de telles fonctions construites.
Soit ((n) une suite à valeurs > 0 tendant vers 0. Notons (n une fonction (n-approchée.
Lemme : (t(J ((n, p) ||(n(t) ( (p(t)|| ( ((n + (p). EMBED Equation.3 .
Preuve : ||(n(t) ( (p(t)|| ( (n + (p + || f(t, (n(t)) ( f(t, (p(t)) || ( (n + (p + k.|| (n(t)) ( (p(t) || .
Conclure par Gronwall.
Il résulte de ce lemme que la suite ((n(t)) est uniformément de Cauchy sur J, donc, E étant complet, elle converge vers une fonction continue ((t). C étant fermé, le graphe de ( est inclus dans C.
En intégrant les inégalités ||(n(t) ( f(t, (n(t))|| ( (n , etc., il vient :
Il vient ||(n(t) ( y0 ( EMBED Equation.3 || ( (n.|t t0| .
Par passage à la limite (à justifier) : ((t) = y0 + EMBED Equation.3 .
2.5. Démonstration de lunicité globale.
Soient y1 et y2 deux solutions de y = f(t, y) définies sur le même intervalle I et vérifiant :
y1(t0) = y2(t0) = y0 .
Soit F = {t(I ; y1(t) = y2(t)}. Nous allons montrer que F est un ouvert-et-fermé non vide de I. Comme I est connexe, on en déduira F = I.
F ( ( par hypothèse ; comme y1 et y2 sont continues, F est un fermé relatif de U.
Montrons que F est ouvert dans I, i.e. (t(F (( > 0 ]t ( (, t + ([ ( I ( F.
f étant localement lipschitzienne, il existe ( et ( > 0 tels que :
[ |t ( t0| ( (, ||x ( y0|| ( (, ||y ( y0|| ( ( ] ( (t, x)(U , (t, y)(U et ||f(t, y) ( f(t, x)|| ( k.||x ( y||.
y1 et y2 étant continues, (( > 0 t([t0 ( (, t0 + (](I ( ||y1(t) ( y0|| ( ( et ||y2(t) ( y0|| ( (.
Doù ||y1(t) ( y2(t)|| = || EMBED Equation.3 || ( k.| EMBED Equation.3 |.
Il reste à utiliser le lemme de Gronwall.
2.6. Un exemple simple.
Léquation y = y, y(0) = 1 est de toutes la plus simple.
( La méthode des approximations successives conduit à former la suite de fonctions :
y0(x) = 1 , yn+1(x) = 1 + EMBED Equation.3 .
Un récurrence donne yn(x) = 1 + EMBED Equation.3 +
+ EMBED Equation.3 : nous voilà en terrain connu !
( La méthode de la tangente dEuler sur R+ conduit au schéma :
Si 0 ( t ( h , uh(t) = 1 + t uh(h) = 1 + h .
Si h ( t ( 2h , EMBED Equation.3 = 1 + h , donc uh(t) = t.(1 + h) + 1 ( h2 , uh(2h) = (1 + h)2
Si nh ( t ( (n+1)h , EMBED Equation.3 = (1 + h)n , donc uh(t) = t.(1 + h)n + (1 + h).(1 ( nh) ,
et en particulier uh((n+1).h) = (1 + h)n+1.
Exercice : Quelle est la limite simple des fonctions uh(t) quand h ( 0+ ?
Exercice : Un contre-exemple. On définit la fonction f sur [0, 1](R par :
f(x, y) = 0 si x = 0 , f(x, y) = 2x si 0 < x < 1 et y < 0 ,
f(x, y) = 2x ( EMBED Equation.3 si 0 < x < 1 et 0 ( y ( x2 , f(x, y) = (2x si 0 < x ( 1 et x2 < y.
Montrer que f est continue. Que donne la méthode des approximations successives appliquée à y = f(x, y), y(0) = 0 ?
3. Premiers exemples.
Exemple 1 : léquation différentielle y = 1 + y2.
1) Il sagit dune équation différentielle dordre 1, qui obéit au théorème de Cauchy-Lipschitz.
Elle est autonome, en ce sens que f ne dépend pas de x. il en résulte que si x ( y(x) est une solution, x ( y(x + h) lest aussi : le réseau des courbes intégrales est invariant par translations horizontales.
De plus, cest à la fois une équation à variables séparées et une équation de Riccati.
2) Mais on peut intégrer cette équation élémentairement car :
y = 1 + y2 ( EMBED Equation.3 = 1 ( Arctan y(x) = x + C
( y(x) = tan(x + C) et EMBED Equation.3 < x < EMBED Equation.3 .
Soit (x0, y0)(R2. Alors C = Arctan y0 x0 . La solution maximale correspondante est (I, y), où
I = ] EMBED Equation.3 + x0 Arctan y0 , EMBED Equation.3 + x0 Arctan y0 [ et y(x) = tan(x x0 + Arctan y0)
3) Il est impossible de prolonger y au-delà de cet intervalle, car y(x) a des asymptotes au bornes de I. La solution maximale correspondant à (0, 0) est x(] EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 [ ( tan x. La solution maximale correspondant à (x0, y0) est la translatée de cette branche de la tangente passant par ce point.
4) A noter que cette étude illustre le théorème de Cauchy-Lipschitz, mais ne lutilise pas.
Exemple 2 : léquation différentielle y = y2.
1) Même situation que dans lexemple précédent. Mais la résolution va être plus ardue, car léquivalence y = y2 ( EMBED Equation.3 = 1 na lieu que sur les intervalles où y ne sannule pas.
2) Cherchons la solution maximale telle que y(x0) = y0.
( Si y0 = 0, on dispose dune solution de y = y2 telle que y(x0) = 0 : la fonction nulle. En vertu du théorème de Cauchy-Lipschitz (unicité globale), cest la seule.
( Si y0 ( 0, la solution maximale ne sannule en aucun point de lintervalle, pour la même raison.
Alors y = y2 ( EMBED Equation.3 = 1 ( EMBED Equation.3 = x + C ,
où C = ( EMBED Equation.3 ( x0 . Donc y(x) = EMBED Equation.3 .
En résumé :
( Si y0 > 0, la solution maximale est y(x) = EMBED Equation.3 ; elle est définie sur ](( , EMBED Equation.3 + x0 [
( Si y0 < 0, la solution maximale est y(x) = EMBED Equation.3 ; elle est définie sur ] EMBED Equation.3 + x0 , +( [
( Si y0 = 0, la solution maximale est 0, définie sur R.
En conclusion, la solution maximale est 0 ou la translatée de la branche de y = EMBED Equation.3 passant par (x0, y0). Comme dans lexemple précédent, lasymptote interdit tout prolongement au-delà de lintervalle maximal.
3) Le théorème de Cauchy-Lipschitz a joué un rôle décisif dans la discussion précédente.
On peut cependant éviter de recourir à ce théorème au prix de détours techniques.
Supposons y0 > 0. Soit I lintervalle maximal ; y = y2, donc y est croissante dans I.
On a y(x) > 0 au V(x0), donc y(x) = EMBED Equation.3 , et cela reste vrai dans tout sous-intervalle ouvert de I contenant x0 dans lequel y(x) est > 0.
( Pour x ( x0 , on a y(x) ( y(x0) > 0 dans I , donc I contient [x0, +([.
( Pour x ( x0 dans I, on ne peut avoir y(x) ( 0. Sinon, soit x1 = inf{x(I ; y(x) > 0}.
On aurait y(x1) = 0 (pourquoi ?), et y(x) > 0 si x(]x1, x0], donc y(x) = EMBED Equation.3 dans ]x1, x0], contredisant y(x1) = 0. Idem si y0 < 0. Il en résulte que y0 = 0 ( y(x) = 0.
Exercice 1 : Soit y(C(I, R) telle que (((I) y(x) = EMBED Equation.3 . Montrer que y ( 0 [ Indication : y est bornée sur tout segment ; penser au lemme de Gronwall ]. Retrouver les résultats précédents.
Exercice 2 : Résoudre le système différentiel EMBED Equation.3 = x2 ( y2 , EMBED Equation.3 = 2xy, où x et y sont réelles.
Exercice 3 : Soit A(Mn(C). Trouver la solution maximale t ( M(t)(Mn(C) de léquation différen-tielle M(t) = M(t)2, M(0) = A. A quelle condition est-elle définie sur R ?
Exemple 3 : léquation différentielle y = ( 2xy2.
1) Généralités. Cest une équadiff dordre 1, obéissant au théorème de Cauchy-Lipschitz, car f(x, y) = ( 2xy2 est continue, et localement lipschitzienne en y. Cest à la fois une équation à variables séparées et une équation de Riccati. De plus, si x ( y(x) est solution x ( y((x) aussi.
2) Solution maximale correspondant au couple y(x0) = y0.
( Si y0 = 0, on dispose dune solution telle que y(x0) = 0 : la fonction nulle. En vertu du théorème de Cauchy-Lipschitz (unicité globale), cest la seule.
( Si y0 ( 0, la solution maximale ne sannule en aucun point de lintervalle, pour la même raison.
Alors y = (2xy2 ( EMBED Equation.3 = (2x ( EMBED Equation.3 = x2 + C , où C = EMBED Equation.3 ( x02. Donc y(x) = EMBED Equation.3 .
( Si C > 0, i.e. y0 < 0 < 1/x02, la solution est définie sur R
( Si C = 0, i.e. y0 = 1/x02, on trouve y = 1/x2 ; lintervalle maximal est R*+ si x0 > 0, R*( si x0 < 0.
( Si C < 0, lintervalle maximal est ]((, ( EMBED Equation.3 [, ]( EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 [, ou ] EMBED Equation.3 , +([, selon que 1/x02 < y0 et x0 < 0 , y0 < 0 ou 1/x02 < y0 et x02 > 0.
Exemple 4 : léquation différentielle y = |y ( x|.
1) Généralités. Cette équation obéit au théorème de Cauchy-Lipschitz, car la fonction f(x, y) = |y ( x| est continue et lipschitzienne en y. Notons que les solutions y sont des fonctions croissantes.
Si x ( y(x) est solution x ( ( y((x) aussi, ainsi que x( y(x ( k) + k : le flot est symétrique par rapport à O, et invariant par translations parallèles à y = x.
2) Sur tout intervalle où y(x) ( x , on a y(x) = x + 1 + a.ex ;
Sur tout intervalle où y(x) ( x , on a y(x) = x ( 1 + b.e(x .
3) Discussion :
( Si y0 > 1 + x0 , posons a = (y0 x0 1). EMBED Equation.3 > 0.
Alors y(x) = x + 1 + a.ex est solution maximale ; elle reste telle que y(x) ( x.
( Si y0 = 1 + x0 , on a a = 0. Alors y(x) = x + 1 est solution maximale ; elle reste telle que y(x) ( x.
( Si x0 < y0 < 1 + x0 , posons a = (y0 x0 1) EMBED Equation.3 < 0. Alors y(x) = x + 1 + a.ex reste ( x sur une demi-droite ]((, x1], où x1 = (ln((a) ; en x1, y(x1) = x1 et y(x1) = 0, quil faut raccorder à y(x) = x ( 1 + b.exp((x), où y(x1) = x1, et b = exp(x1) = (1/a.
( Si y0 = x0 , les solutions se raccordent ainsi : y(x) = x + 1 exp(x ( x0) si x ( x0
y(x) = x ( 1 + exp(x0 ( x) si x ( x0
( Les cas y0 < x0 sont symétriques.
La chevelure des courbes intégrales fait apparaître deux « séparatrices » : les droites y = x ( 1.
Avec Maple
with(DEtools) ; with(plots) ;
de : = diff(y(x), x) = abs(y(x) x);
DEplot(de, y(x), x = -2..2, {[0, 0], [0, 0.5], [0, -0.5], [0, 1], [0, -1], [0, 1.1], [0, -1.1]}, stepsize = 0.1, scaling = constrained) ;
Exemple 5 : léquation différentielle y = |y| , y(0) = 0 , y(0) = 1.
1) Généralités.
Changeons de notations et notons ce système :
x = |x| , x(0) = 0 , x(0) = 1 , t étant la variable.
Cest une équation du second ordre, qui est équivalente au système du premier ordre x = y , y = |x|.
Ici, f(t, x, y) = (y, |x|) est continue localement lipschi-tzienne en Y = (x, y).
Le théorème de Cauchy-Lipschitz sapplique. Il y a une solution maximale, définie sur I.
Le système est autonome : si t ( x(t) est solution, t ( x(t + a) est aussi solution.
En fait, cest une équation de Newton, qui sera étudiée dans le §6.
Enfin, les solutions sont convexes.
2) Sur les intervalles où x(t) ( 0, x(t) = a.cht + b.sht
Sur les intervalles où x(t) ( 0, x(t) = c.cost + d.sint
3) Recherche de la solution maximale.
( Au V(0), x(t) ( t, donc
x(t) ( 0 dans [0, (] ; x(0) = 0, x(0) = 1 impose x(t) = sh t.
x(t) ( 0 dans [((, 0] ; x(0) = 0, x(0) = 1 impose x(t) = sin t.
( Mais alors, considérons la fonction x(t) = sh t si t ( 0 , x(t) = sin t si (( ( t ( 0.
Cette fonction vérifie léquation différentielle sur [((, +([.
En vertu de lunicité, il ny en a pas dautre.
( En ((, x((() = 0 et x((() = (1. On peut réappliquer le théorème de Cauchy-Lipschitz avec ces conditions initiales. x(t) ( ((t + () au V((() donc x(t) > 0 au V((((0).
x(t) est donc de la forme a.ch t + b.sh t, et, après calculs, x(t) = ( sh(t + () au V((((0).
( La fonction x(t) = sh t si t ( 0 , x(t) = sin t si (( ( t ( 0, x(t) = ( sh(t + () si t ( ((
est solution de léquation différentielle. Par unicité, il ny en a pas dautre.
Exercice : Résoudre et discuter léquation y = |y| , y(0) = 1 , y(0) = a.
Exemple 6 : les équations y = |y| et y = EMBED Equation.3 .
1) Généralités. Ces deux équations illustrent de manière très pédagogique le théorème de Cauchy-Lipschitz. Ce sont deux équations à variables séparées et autonomes, en ce sens que si x ( y(x) est solution, x ( y(x + a) aussi.
De plus f(x, y) = |y| est continue et lipschitzienne en y dans R(R.
f(x, y) = EMBED Equation.3 est continue et lipschitzienne en y dans R(R*+.
2) Intégrer la première équation est facile.
( Sur les intervalles où y(x) ( 0, on a y(x) = a.exp(x) , a ( 0
( Sur les intervalles où y(x) ( 0, on a y(x) = b.exp((x) , b ( 0
Par chaque point (x0, y0) passe une et une seule courbe intégrale
y(x) = y0.exp(x x0) si y0 > 0 ; y(x) = 0 si y0 = 0 ; y(x) = y0.exp(x0 x) si y0 < 0.
3) Intégrer la deuxième équation est plus délicat.
( Sur les intervalles où y(x) > 0, on a y(x) = ( EMBED Equation.3 )2 et x ( a
( Sur les intervalles où y(x) < 0, on a y(x) = ( ( EMBED Equation.3 )2 et x ( a.
4) Supposons par exemple y(0) = 0. Comme y est croissante, il y a quatre cas :
( (x(I(]0, +([ y(x) > 0. Alors y(x) = EMBED Equation.3 pour x(I(]0, +([.
( (x1(I(]0, +([ y(x1) = 0. Alors y(x) = 0 pour x([0, x1].
( (x(I(]((, 0[ y(x) < 0. Alors y(x) = ( EMBED Equation.3 pour x(I(]((, 0[.
( (x2(I(]((, 0[ y(x2) = 0. Alors y(x) = 0 pour x([x2, 0].
Ce nest pas tout ! Notons x1(I(]0, +([ y(x1) = 0. Alors y(x) = 0 pour x([0, x1].
Si x1 = +(, y(x) = 0 pour x ( 0. Si x1 < +(, alors y(x) = ( EMBED Equation.3 )2 pour x ( x1.
Idem de lautre côté. Ainsi, à tout moment, la fonction y peut changer de parcours ! Le déterminisme laplacien en prend un fameux coup !
4. Exemples détudes qualitatives.
Les équations étudiées dans le § précédent sintègrent toutes élémentairement. Le rôle des théorèmes généraux dexistence est donc limité. Les équations que nous allons maintenant étudier ne sintègrent pas toutes élémentairement. Néanmoins, on peut préciser lintervalle maximal au seul vu de la fonction f, grâce à diverses techniques importantes à connaître.
Exemple 1 : Si la fonction f : (x, y)(I(E ( f(x, y)(E continue, localement lipschitzienne en y, est bornée, alors les solutions maximales de y = f(x, y) sont définies sur I.
En effet, notons I = (a, b). Soit (x0, y0)(I(E et y(x) la solution maximale correspondante, définie dans lintervalle J = (c, d). Supposons par absurde d < b ; cela implique d < +(.
La fonction y est de classe C1 dans J et |y(x)| = |f(x, y)| ( M, donc y est M-lipschitzienne. Elle est a fortiori uniformément continue sur J, et le critère de Cauchy montre que y aurait une limite quand x ( d(0 (cf. chap. Espaces métriques, § D 4).
y(x) ( f(d, y(d(0)) et y est prolongeable en une fonction C1 sur (c, d].
En ré-appliquant le théorème de Cauchy-Lipschitz au couple (d, y(d)), on pourrait prolonger y à droite de d, contredisant la maximalité de J. Donc d = b. De même, a = c.
Exercice 1 : Montrer que les solutions maximales des équations différentielles :
y = sin(x + y) , y = sin(x.y) , y = EMBED Equation.3 sont définies sur R.
Exercice 2 : Montrer que les solutions maximales de y = y2.sin2y sont bornées et définies sur R
Exercice 3 : Soit F : y(E ( F(y)(E une fonction continue localement lipschitzienne (en y) et bornée. Montrer que les solutions maximales de y = F(y) sont définies sur R.
Application à léquation du pendule simple : montrer que les solutions ((t) de mL2.( + mgL.sin ( = 0 sont définies sur R.
Exemple 2 : Retrouvons le théorème de Cauchy linéaire comme cas particulier du théorème de Cauchy-Lipschitz.
Reprenons les notations du § B. 2. : Y = A(t).Y + b(t) , où A : I ( L(E) et b : I ( E sont continues.
La fonction f(t, y) = A(t).y + b(t) est continue et localement lipschitzienne en y.
En effet sur [t0 ( r , t0 + r](E2 || f(t, y) ( f(t, z) || ( |||A(t)|||.|| y ( z|| ( K.||y ( z|| ,
avec K = sup { |||A(t)||| ; t([t0 ( r, t0 + r] }.
Notons I = (a, b). Soit (t0, y0)(I(E et y(x) la solution maximale correspondante, définie dans lintervalle J = (c, d). Supposons par absurde d < b ; cela implique d < +(.
Si d(J, y est continue en d, y aussi, donc réappliquant le TCL à (d, y(d)), on pourrait prolonger y au-delà de d ; impossible.
Si d(J, soit K = sup {|||A(t)||| ; t0 ( t ( d}, L = sup {||b(t)|| ; t0 ( t ( d},
y(t) = y0 + EMBED Equation.3 ( ||y(t) y0|| ( EMBED Equation.3 = L.(t t0) + K. EMBED Equation.3
Le lemme de Gronwall donne ||y(t) y0|| ( EMBED Equation.3 .exp(K(t ( t0)) .
y est bornée sur [t0, d], et par suite y aussi. On conclut par largument du 1) : impossible aussi.
Dans les problèmes, on trouvera des exemples déquations différentielles ne sintégrant pas élémentairement, mais dont on peut étudier les courbes intégrales par des méthodes « qualitatives ».
5. Etude dun système différentiel : le modèle prédateurs-proies.
« Cinq cent mille mangeurs, et trente millions de mangés » ;
le voilà, lordre social, en France.
Henri Guillemin
Oui, mais, comme dans les Fables de La Fontaine, nous nous limiterons ici, prudemment, aux animaux
On peut utiliser les méthodes qualitatives pour étudier les dynamiques de populations animales, renvoyant à lexcellent livre de Murray pour des approfondissements.
5.1. Léquation logistique x = A.x B.x2.
Considérons dabord une population animale isolée, de taille x0 à linstant initial t = 0, et x(t) à linstant t.
1) Le modèle de Quételet.
Si rien ne vient inhiber la croissance de cette population, cest-à-dire si ses ressources sont inépuisables, son taux de croissance (différence des taux de fécondité et de mortalité) est proportionnel à la taille de la population : x = A.x (1)
Cela conduit aussitôt à x(t) = x0.eAt (2)
Cette loi dévolution exponentielle peut être valide aux étapes initiales de la croissance mais ne peut rester valable pendant une période de temps infinie.
2) Le modèle de Verhulst.
Il consiste à adjoindre au modèle précédent un facteur inhibant proportionnel à x². La population s « autoconcurrence », car, lorsquelle est trop nombreuse, les maladies se propagent plus vite, etc. Laccroissement négatif est proportionnel au nombre de rencontres entre individus, donc au carré x2.
Léquation différentielle obtenue devient x = A.x B.x2
que lon peut écrire x = a.x.(1 ( EMBED Equation.3 ) (3)
On reconnaît une équation autonome, obéissant au théorème de Cauchy-Lipschitz.
Comme elle est autonome, si t ( x(t) est solution, t ( x(t + h) aussi.
Les fonctions x(t) = 0 et x(t) = k sont solutions évidentes.
En vertu du TCL, si x0 ( 0 et k, alors pour tout t, x(t) ( 0 et k, ce quon supposera.
Léquation est à la fois à variables séparées et de Bernoulli. (cf. E.2 et E.5)
Elle sécrit EMBED Equation.3 = ( EMBED Equation.3 + EMBED Equation.3 . Posant u = EMBED Equation.3 , il vient u + a.u = EMBED Equation.3 , doù u = EMBED Equation.3 + C.e(at
Finalement x(t) = EMBED Equation.3 , avec C = EMBED Equation.3 .
Si C = 0, on retrouve x = k ; si C = (, on retrouve x = 0.
( Si x0 < 0, lintervalle maximal est ] (( , EMBED Equation.3 [ .
( Si 0 < x0 < k, lintervalle maximal est R ; limt(+( x(t) = k.
( Si x0 > k, lintervalle maximal est ] EMBED Equation.3 , +( [ ; on a de même limt(+( x(t) = k.
Commentons ces résultats, le cas x0 < 0 étant physiquement exclu :
( Quand x0 est grand (x0 > k), la population tend en décroissant vers k ; dès le début, lautoconcurrence lemporte sur laccroissement naturel.
( Quand 0 < x0 < k, la population tend en croissant vers k ; sa croissance sinfléchit pour :
x = EMBED Equation.3 , t = EMBED Equation.3 .ln C .
Le modèle de Verhulst
3) Le modèle logistique.
Notons pour finir que lorsquon discrétise le modèle de Verhulst par la méthode dEuler, on tombe sur x((n+1)h) ( x(nh) = ah.x(nh).(1 ( EMBED Equation.3 ), système dynamique discret de grand intérêt, qui débouche sur la bifurcation et la constante de Feigenbaum, etc.
5.2. Le modèle prédateurs-proies de Lotka-Volterra.
Un lac contient deux espèces de poissons : lespèce A est herbivore et lon suppose quil y a assez de plantes pour la nourrir, lespèce B est carnivore et subsiste exclusivement en mangeant A.
Soit x(t) la population des proies A, et y(t) celle des prédateurs B, à linstant t.
( Supposons que les individus de A ont une vie relativement longue et se multiplient rapidement si laissés seuls. Alors, en un temps (t il y a un accroissement a.x.(t, a > 0, et un accroissement négatif (c.x.y.(t, c > 0, dû au fait que les A sont mangés par les B (le nombre des mangés est proportionnel au nombre des rencontres des individus des deux espèces, donc au produit xy).
En résumé : (x = a.x.(t ( c.x.y.(t .
( Supposons quen labsence totale de A, le taux de mortalité de B surpasse le taux de naissances. Laccroissement naturel de B est négatif, de la forme (b.y.(t, b > 0, mais il est compensé par le nombre de rencontres entre A et B, lequel induit un accroissement du type d.x.y.(t, d > 0.
En résumé : (y = ( b.y.(t + d.x.y.(t .
On est donc conduit au système différentiel suivant, où a, b, c et d sont > 0 :
(1) x = a.x ( c.x.y , y = ( b.y + d.x.y .
Ce système différentiel a été proposé et étudié simultanément par Lotka et Volterra vers 1935.
5.3. Etude du système.
(1) est un système différentiel dordre 1, autonome, obéissant au théorème de Cauchy-Lipschitz.
Positions déquilibre et linéarisation.
Il y a deux points déquilibre O(0, 0) et A( EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ), correspondant à des trajectoires constantes :
x(t) = y(t) = 0 et x(t) = EMBED Equation.3 , y(t) = EMBED Equation.3 .
Linéarisons au voisinage de chacun de ces points déquilibre, cest-à-dire formons le système voisin en négligeant les termes du second ordre.
Linéarisons en O ; posons x = ( , y = ( ; il vient ( ( ( , ( ( (( , doù ( = a.et , ( = b.e(t :
O est un point col du système linéarisé.
Linéarisons en A ; posons x = EMBED Equation.3 + ( , y = EMBED Equation.3 + ( ; il vient ( ( ( EMBED Equation.3 (, ( ( EMBED Equation.3 ( , doù ( ( (ab.(. ( = A.cos( EMBED Equation.3 .t) + B.sin( EMBED Equation.3 .t)
( = A EMBED Equation.3 .sin ( EMBED Equation.3 t) ( B EMBED Equation.3 .cos( EMBED Equation.3 .t) A est centre du système linéarisé.
Attention à ne pas tirer de conclusions hâtives de ces résultats !
( Il est légitime de penser que O restera point col du système originel : un théorème dHartman (1963) affirme quil en est bien ainsi.
( En revanche, rien ne dit que les trajectoires voisines de A sont des courbes fermées ; un système voisin dun système à centre peut avoir pour trajectoires des spirales logarithmiques convergentes ou divergentes.
Séparatrices, et régionnements.
( x = x, y = 0 est solution du système, i.e. x = a.et, y = 0. En labsence de prédateurs, les proies se reproduisent selon le loi exponentielle de Quételet.
( x = 0, y = (y est solution du système, i.e. x = 0, y = b.e(t. En labsence de proies, les prédateurs disparaissent à vitesse exponentielle.
En vertu du théorème de Cauchy-Lipschitz, les trajectoires ne se recoupent pas. Si x0 et y0 sont > 0, ce que nous supposerons dans la suite, il en sera de même dans tout lintervalle maximal. Le quart de plan ]0, +([2 est donc un domaine de stabilité du système différentiel.
Lisocline horizontale est la droite verticale x = EMBED Equation.3 , lisocline verticale la droite horizontale y = EMBED Equation.3 .
On peut régionner le quart de plan x > 0, y > 0, selon le signe de EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 . On « voit » que M(t) = (x(t), y(t)) tourne autour de A dans le sens trigonométrique. Nous allons maintenant montrer quil reste sur une courbe fermée.
Intégrales premières.
On a : EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 , i.e. a. EMBED Equation.3 ( c.y = ( b. EMBED Equation.3 + d.x.
Donc : a.ln y(t) ( c.y(t) = ( b.ln x(t) + d.x(t) + Cte.
Introduisons la fonction H(x, y) = d.x ( b.ln x + c.y a.ln y.
Elle est constante au cours du mouvement. Autrement dit une courbe intégrale est incluse dans une courbe de niveau de la fonction H. H(x(t), y(t)) = Cte est appelée intégrale première du système, et la fonction H est appelée hamiltonien ou énergie du système. Or on peut démontrer que :
i) La fonction H est strictement convexe et coercive sur ]0, +([2, minimum en A( EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ).
ii) Les courbes de niveau H(x, y) = C (C > m = min H), sont des courbes fermées simples de classe C1 entourant le point A.
iii) Les domaines H(x, y) ( C (C > m), sont des parties convexes compactes de ]0, +([2, contenant le point A dans leur intérieur.
Exercice : 1) Tracer avec Maple la surface déquation z = H(x, y), et ses lignes de niveau.
[avec la commande implicitplot du package Plots.]
2) Etudier les variations de la fonction t ( t ln t, et démontrer les résultats précédents.
Remarque : La fonction W de Lambert fournit une autre approche de cette question.
Loi horaire du mouvement.
La géométrie des trajectoires étant déterminée, reste à munir les courbes de leurs lois horaires.
Soit (t0 = 0, x0, y0) un système de conditions initiales (x0 > 0, y0 >0).
Nous allons montrer que lintervalle maximal est I = R, que le mouvement t ( M(t) = (x(t), y(t)) est périodique de période T, et de point moyen A : EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 . EMBED Equation.3 (Loi de Volterra).
1) Les trajectoires étant bornées, M(t) est fonction bornée de t, donc EMBED Equation.3 est également borné. Le mouvement t ( M(t) est donc lipschitzien, donc uniformément continu. En vertu dun argument déjà vu en D.1.4., lintervalle I est R.
2) Supposons M(0) ( A. Alors ((t) M(t) ( A.
La fonction t ( EMBED Equation.3 est de classe C1 et obéit au théorème de relèvement : EMBED Equation.3 = r(t). EMBED Equation.3 , où r et ( sont des fonctions de classe C1, avec r(t) = || EMBED Equation.3 || > 0.
En évaluant de deux façons, en polaires et en cartésiennes, le produit mixte [ EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ], il vient :
r2. EMBED Equation.3 = (x ( EMBED Equation.3 ). EMBED Equation.3 ( EMBED Equation.3 .(y EMBED Equation.3 ) , doù EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 .
La fonction K(x, y) = EMBED Equation.3 est continue sur R² ( {A}, donc minorée sur le compact K = {(x, y) ; H(x, y) = H(x0, y0)} par une constante m > 0. De sorte que la vitesse angulaire vérifie EMBED Equation.3 > m ((t). Il en résulte que t ( ((t) est un difféomorphisme croissant.
Donc si : EMBED Equation.3 = r(0). EMBED Equation.3 , il va exister un premier instant T tel que ((T) = ((0) + 2(.
Les courbes que t ( M(t) et t ( M(t + T) sont solutions du même système différentiel et coïncident à linstant 0. Par le théorème de Cauchy-Lipschitz, elles sont égales, et le mouvement est périodique.
3) La formule EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 . EMBED Equation.3 sobtient en intégrant EMBED Equation.3 = a c.y et EMBED Equation.3 = d.x b sur une période.
5. 4. Commentaires.
Sous les hypothèses du modèle de Lotka-Volterra, les deux populations x(t) et y(t) décrivent un cycle en quatre phases :
( Lorsque lespèce A est abondante, et lespèce B peu abondante, celle-ci trouve à se nourrir à bon compte et prolifère. Au début, les deux populations augmentent.
( Lorsque B est trop nombreuse, les proies commencent à diminuer, mais restent suffisamment nombreuses pour que les prédateurs continuent daugmenter.
( Lorsque les proies se raréfient, les prédateurs commencent à mourir de faim. Mais les proies continuent de se raréfier, car les prédateurs sont encore nombreux. Dans cette phase, les deux populations diminuent.
( Enfin, lorsque les prédateurs sont très rares, les proies peuvent commencer à se reproduire. Au début cependant, elles restent peu nombreuses, et les prédateurs continuent à dépérir.
Si lon pêche des requins et des sardines, on soustrait des populations de proies et de prédateurs, ce qui revient à remplacer le système originel x = a.x ( c.x.y , y = ( b.y + d.x.y
par le système x = (a ( ().x ( c.x.y , y = ( (b + ().y + d.x.y.
Le nouveau point déquilibre est alors A( EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ). Il est situé en bas et à droite de A.
Doù ce résultat paradoxal : la pèche augmente le nombre de poissons comestibles !
5. 5. Remarques finales.
Le modèle de Lotka-Volterra peut être amélioré, ou modifié, de plusieurs façons :
1) On peut introduire un facteur dautoconcurrence des populations avec elles-mêmes, cest-à-dire un système du type : x = a.x ( c.x.y ( (.x² , y = ( b.y + d.x.y ( (.y² .
2) On peut supposer quen labsence de proies, les prédateurs arrivent à survivre grâce à des ressources alimentaires alternatives : x = a.x ( c.x.y , y = b.y + d.x.y.
3) On peut introduire une troisième espèce (lherbe pour les poissons herbivores), afin détudier les interactions entre trois espèces animales ou végétales.
4) On peut mettre en concurrence deux espèces prédatrices, pour voir si lune va supplanter lautre, ou si elles vont coexister : léopards et guépards, grandes entreprises capitalistes, bosniaques pris en tenaille entre serbes et croates, polonais entre nazis et staliniens, taupins pris en tenaille entre loption SI et loption info, etc.
Dans quelle mesure le modèle théorique de Lotka-Volterra est-il corroboré par les observations expéri-mentales ? Depuis un siècle, des mesures de populations animales ont été effectuées, et des recherches se poursuivent actuellement sur leurs fluctuations, non dénuées dapplications (sauterelles dAfrique, etc.).
Durant la période 1845-1935 des graphiques dévolution de quantités de lynx et de lièvres polaires ont été réalisés par la Compagnie de la baie dHudson, au Canada. Les fluctuations observées semblent conformes au modède de Lotka-Volterra. Autre exemple : Umberto dAncona, responsable du bureau de pêche de Trieste, avait remarqué que durant la Première guerre mondiale, période où la pêche était très réduite, la proportion des requins et autres prédateurs impropres à la consommation, avait augmenté jusquà 36% des poissons pêchés, avant de diminuer et de retrouver son niveau davant guerre (11%). Cest pour expliquer ces fluctuations que Volterra avait élaboré son modèle. Cela corrobore la remarque faite précédemment selon laquelle la pêche augmente le nombre de sardines.
Tout cela soulève des questions difficiles : Quest-ce quun modèle mathématique ? Dans quelle mesure explique-t-il les phénomènes observés ? Dans quelle mesure les observations conduisent-elles à préférer un modèle à un autre ? Enfin, si les lynx et lièvres, les requins et sardines, se plient assez bien au modèle de Lotka-Volterra, dautres espèces animales ont des fluctuations plus mystérieuses : ainsi les lemmings de Scan-dinavie, qui ont donné naissance à la légende célèbre des rats de Hamelin. De récentes recherches ont montré que le suicide périodique des lemmings était une fable, et que les effectifs de ces mustélidés étaient simplement régulés par leurs quatre prédateurs naturels : renards polaires, hermines, chouettes harfang et labbes à longue queue (cf. Le Monde, 7 novembre 2003, p. 25).
EMBED MSPhotoEd.3
Fluctuations de quantités commerciales de lynx du Canada et de lièvres polaires (en milliers)
6. Systèmes conservatifs à un degré de liberté : équation de Newton x = F(x).
6.1. Généralités.
Définition : On appelle système conservatif à un degré de liberté le système dynamique décrit par léquation différentielle de Newton x = F(x) ou EMBED Equation.3 = F(x(t)) (1)
où F : I ( R est une fonction continue sur lintervalle I.
Exemple : le pendule simple est régi par m.L.( + m.g.sin( = 0.
Léquation (1) équivaut au système x = y , y = F(x) (2)
En mécanique, on utilise le vocabulaire suivant :
I est lespace de configuration F est le champ de forces, F(x) est la force au point x
x est la position ou translation T = EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 est lénergie cinétique
x est la vitesse U = ( EMBED Equation.3 est lénergie potentielle
x est laccélération E = T + U lénergie mécanique totale
Les solutions de (1) peuvent être visualisées comme fonctions t ( x(t), ou comme arcs paramétrés t ( (x(t), y(t)) dont le support sera tracé dans le plan de phases (x, y) = (x, x). Les courbes support de ces arcs sont les trajectoires de phase.
Le point (x, y) est dit figuratif : lorsque t varie, il se déplace sur la trajectoire de phase. Lorsque y > 0, on a x > 0, donc x augmente, lorsque y < 0, on a x < 0, x diminue. Le déplacement dans la trajectoire de phase se fait dans le sens des aiguilles dune montre.
Notons que (1) implique x.x = x.F(x) , i.e. EMBED Equation.3 [ EMBED Equation.3 + U(x)] = 0
Chaque solution de (1) vérifie donc léquation différentielle dordre 1 EMBED Equation.3 + U(x) = E (3)
On dit que (3) est une intégrale première de (1).
Principe de conservation de lénergie. Lénergie totale est constante le long du mouvement.
Géométriquement, cela signifie que les trajectoires de phase sont incluses dans les lignes de niveau de lénergie E(x, y) = EMBED Equation.3 + U(x).
Réciproquement, soit x : J ( R une fonction de classe C² à valeurs dans I vérifiant (3). Alors elle vérifie x.x = x.F(x), et sur tout sous-intervalle de J où x ne sannule pas, x est de signe constant ( = (1, et alors x = F(x) , EMBED Equation.3 = (. EMBED Equation.3 , donc t t0 = (. EMBED Equation.3 .
Il y a donc deux quadratures : les calculs de U, puis de EMBED Equation.3 , et une bijection réciproque.
Attention, lintégration de (1) néquivaut pas à celle de (3) : (1) implique (3), (3) nimplique pas (1). Par exemple les solutions constantes de (1) sont x = x0, où F(x0) = 0, tandis que toute fonction constante est solution de (3) pour un certain E.
Notons pour finir que, si x : J ( I est une solution de (1), t ( x(t + a) est solution de (1) sur J ( a, t ( x(2a ( t) est solution de (1) sur lintervalle symétrique de J par rapport à a.
6.2. Un exemple : le pendule terrestre.
Equation du pendule simple.
Soit S un solide de masse m, mobile sans frottement autour dun axe horizontal fixe par rapport à la terre. La projection O du centre dinertie G de S sur laxe est donc fixe.
Choissions le repère orthonormé direct (O, EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ), où EMBED Equation.3 est colinéaire à laxe de rotation, et EMBED Equation.3 a pour direction la verticale descendante issue de O. Il sagit dun repère lié à la Terre, supposé galiléen. On suppose tous les efforts exercés sur S négligeables à lexception des efforts de liaison et des forces dues à la pesanteur. Les efforts de liaison ont un moment nul par rapport à laxe Ox. Léquation du mouvement est celle du moment cinétique par rapport à laxe Ox :
I.( = ( mgL.sin ( ,
I moment dinertie de S par rapport à Ox , L = OG , ( = ( EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ).
Posant (2 = EMBED Equation.3 , ( > 0 , il vient ( = ( (2.sin (.
Généralités.
Notons désormais x = (. Léquation différentielle x = ( (2.sin x, x(0) = x0, x(0) = x0 équivaut au système différentiel autonome x = y x(0) = x0
y = ( (2.sin x y(0) = x0
Ce système obéit au théorème de Cauchy-Lipschitz, et rentre dans le cadre précédemment défini, avec F (x) = = ((2.sin x. Comme F est bornée, lintervalle maximal des temps est R+.
De plus, si t ( x(t) est solution, t ( x(t + 2n() aussi.
Points déquilibre et linéarisations.
Les équilibres correspondent à y = 0, sin x = 0 ; ce sont les (n(, 0).
Par périodicité, on se limite aux points O = (0, 0) et A = ( (, 0).
Linéarisation en O : x = ( , y = (. On est conduit au système :
( ( ( , ( ( ((2.( , dont la résolution est laissée au lecteur.
On obtient un système à centre, dont les trajectoires sont des ellipses de centre O, parcourues dans le sens des aiguilles dune montre.
Linéarisation en A : x = ( + (, y = (. On est conduit au système :
( ( ( , ( ( (2.( , dont la résolution est laissée au lecteur.
On obtient un point col à trajectoires hyperboliques.
Intégrale première.
Soient T = EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 lénergie cinétique, U = ( (2.cos x lénergie potentielle.
Lénergie mécanique totale E = T + U est constante.
Dans le plan des phases, les points figuratifs (x, y) restent sur la courbe de niveau
H(x, y) ( EMBED Equation.3 ( (2 cos x = E , où E = EMBED Equation.3 ( (2.cos x0 . En résumé, y = ( ( EMBED Equation.3 .
Il y a quatre types de courbes :
a) Si E > (2, réunion de deux courbes périodiques de classe C( sur R.
b) Si E = (2, y = ( ( |cos EMBED Equation.3 |.
c) Si ((2 < E < (2, réunion de courbes non partout définies sur R, formant des courbes fermées disjointes entourant les points x = 2n( , y = 0.
d) Si E = ((2, réunion de points x = 2n( , y = 0.
Exercice : Tracer avec Maple la surface déquation z = EMBED Equation.3 ( (2 cos x , et visualiser les courbes de niveau de cette surface.
Lois horaires.
1) Supposons dabord E > (2. Cela suppose |x0| non nulle, et suffisamment grande.
Exercice : On suppose x0 > 0. Montrer que y = x = (. EMBED Equation.3 ( m > 0.
En déduire que t ( x(t) est un difféomorphisme croissant, et que le mouvement du pendule est révolutif autour de O.
2) Supposons ((2 < E < (2. Cest le cas si le pendule est lâché avec vitesse initiale nulle ou une vitesse initiale insuffisante pour entraîner une révolution complète.
Exercice : Montrer que larc t ( (x(t), y(t)) est périodique, parcouru dans le sens des aiguilles dune montre. On pourra paramétrer le mouvement en polaires au moyen du théorème de relèvement, et sinspirer des idées du § 4.2.
3) Traiter les cas limites en exercice.
EMBED MSPhotoEd.3
diagramme des phases du pendule terrestre
Remarques : 1) Dans chacun des cas, les lois horaires ne sexpriment pas au moyen de fonctions élémentaires, mais au moyen des fonctions elliptiques de Legendre-Jacobi. Ces fonctions, connues et tabulées depuis deux siècles, jouent un très grand rôle dans toutes les branches des mathématiques, de la physique mathématique (mécanique, astronomie) à la géométrie (grand théorème de Poncelet, théorème de Mac Cullagh) et à la théorie des nombres (théorème de Fermat-Wiles, programme de Langlands).
2) Si lon introduit une force de frottement, on est conduit à un système du type :
x = y , y = ( (2.sin x 2a.y (a et ( > 0).
Ce système nest plus conservatif, et son étude introduit aux méthodes de stabilité de Liapounov.
Exercice 1 : Résoudre le problème de Cauchy x = 2.x3 , x(0) = x(0) = 1 .
Exercice 2 : Etudier le système différentiel x = y , y = ( x + x3 .
Exercice 3 : Etudier les équations différentielles x = |x| , x = ( |x| .
7. Léquation différentielle y = y2 ( x.
7.1. Généralités.
( Léquation différentielle (E) y = y2 ( x est de la forme y = f(x, y) où f(x, y) = y2 ( x.
f est continue, et localement lipschitzienne en y. (E) obéit donc au théorème de Cauchy-Lipschitz. Les courbes intégrales forment une partition du plan.
( (E) est une équation de Riccati (cf. E, §5.2 ci-après). Si lon connaît une solution particulière y0, on sait trouver toutes les autres.
( Cependant, on peut démontrer que (E) ne peut sintégrer élémentairement.
( Malgré cela, on peut entièrement étudier les solutions de (E) à laide de différents outils :
( Etudes qualitatives : isoclines, monotonie, concavité, majorations intégrales, etc.
( Recherche de solutions développables en série entière.
( Changement de fonctions et de variables, ramenant (E) à une équation différentielle linéaire, et en fin de compte à des fonctions de Bessel.
7.2. Isoclines, concavité.
Sur les intervalles où y2(x) ( x, y est décroissante, sur les intervalles où y2(x) ( x, y est croissante.
Lisocline Ik est la parabole y2 = x + k ; elle est asymptote à I0.
Les solutions de (E) sont de classe C( ; leurs solutions vérifient y = 2y.(y2 ( x) 1.
On en déduit le lieu des points dinflexion, et un régionnement du plan selon la concavité.
Notons L1 = {(x, y) ; x = y2 ( EMBED Equation.3 , y > 0} et L2 = {(x, y) ; x = y2 ( EMBED Equation.3 , y < 0}.
7.3. Portrait de phases.
Le package DEtools de Maple permet de visualiser le champ de vecteurs (x, y) ( (1, y2 ( x), et les courbes intégrales de ce champ.
> phaseportrait(de , y(x) , x = -1.5 .. 3 , [[y(0) = -1] , [y(0) = -0.5] , [y(0) = 0] , [y(0) = 0.5] , [y(0) = 0,69] , [y(0) = 0.725] , [y(0) = 0.75] , [y(0) = 1]] , y = -2 ..2 , color = black) ;
On voit apparaître deux types de courbes intégrales :
( les unes sont croissantes, et rencontrent L1.
( les autres sont croissantes puis décroissantes ; elles rencontrent I0, sinfléchissent alors et restent piégées à lintérieur de cette parabole.
7.4. Tous les intervalles maximaux sont minorés.
Soit (I, y) une solution maximale définie sur lintervalle I = (a, b).
Je dis que (( < a, et que y(x) ( (( quand x ( a + 0.
Preuve : Supposons en effet le contraire. y(x) serait définie sur lintervalle ]((, (1].
On aurait alors (x ( (1 y(x) = y(x)2 ( x ( y(x)2 + 1 , doù 1 ( EMBED Equation.3 .
Intégrons cette inégalité sur [x, (1] ; il vient (1 ( x ( Arctan y((1) ( Arctan y(x) ( (,
doù x ( ( 1 ((. Cela contredit le fait que x peut être aussi petit quon veut.
7.5. Etude des solutions qui rencontrent lisocline I0.
Soit (x0, y0) un point de I0 , x0 = y02. Notons (I, y) la solution maximale correspondante, I = (a, b), avec a < x0 < b, et D = {(x, y) ; x ( y2} lintérieur de la parabole I0.
( Sur [x0, b), on a (x, y(x))(D ; autrement dit le domaine D est stable.
Comme y(x0) = 0, on a y2(x) < x et y(x) < 0 sur ]x0, x0 + (]
On peut choisir ( > 0 assez petit pour que y(x) < 0 sur ]x0, x0 + (].
Si y(x) sortait de D, elle rencontrerait I0 une première fois en x1 > x0.
On aurait alors y(x) < 0 sur ]x0, x1[, donc y(x1) < y(x0).
Comme y(x1) = 0, on aurait y(x) > 0 sur ]x1 ( (, x1[. Impossible !
( Je dis que b = +(, et que y(x) ( (( quand x ( +(.
Supposons b < +( ; y(x) serait décroissante minorée par ( EMBED Equation.3 , donc aurait une limite c en b(0.
Appliquant le th. de Cauchy-Lipschitz au couple (b, c), on pourrait prolonger y à droite de b, contredisant la maximalité de b.
Montrons maintenant que y(x) ( (( quand x ( +(.
Si lon avait y(x) ( c quand x ( +(, alors on aurait y(x) = y2(x) x = x + c2 + o(1).
Par le th. dintégration des relations de comparaison,
y(x) = EMBED Equation.3 = ( EMBED Equation.3 + c2.(x ( x0) + o(x) ( ( ( : contradiction.
( Je dis que y a un unique point dinflexion dans D, est concave dabord, convexe ensuite.
Si y navait pas de point dinflexion, elle serait concave décroissante sur [x0, +([, donc au-dessous de ses tangentes. Or elle a une tangente de pente < 0 au V(x0 +), donc elle sortirait de D.
y a donc un point dinflexion en x1, situé sur L2.
Or, il est facile de voir que lintérieur de la cubique L2 est une domaine de stabilité.
( Je dis que (( < a < 0, et que sur ]a, x0[, on a (x, y(x))(D.
7.6. Etude des solutions ne rencontrant pas lisocline I0.
Je dis qualors les solutions maximales (I, y) sont telles que :
I = ]a, b[ est borné ; je dis y(x) ( (( quand x ( a + 0, et y(x) ( +( quand x ( b(0.
Leurs graphes sont situés au-dessus des graphes des solutions du type précédent.
Le premier point a été vu en 7.3. Une solution
7.7. La solution particulière y(0) = 0.
Exercice : On cherche une solution développable en série entière en 0 telle que y(0) = 0, sous la forme y(x) = EMBED Equation.3 . Former une relation de récurrence entre les an. Calculer an pour 0 ( n ( 11. Montrer que an = 0 si n ( 0 ou 1 (mod 3), que ((p) ((1)p(1a3p+2 > 0, et que ((n) | an | ( 1.
En déduire que le rayon de convergence de cette série entière est ( 1.
7.8. Lien avec léquation dAiry.
On nomme ainsi léquation différentielle linéaire du second ordre (F) u = x.u.
Proposition : Soit (I, u) une solution de (F) ne sannulant pas sur I.
Alors y(x) = ( EMBED Equation.3 est une solution de (E) sur I ; on a u(x) = exp ( EMBED Equation.3 .
Lapplication (I, u) ( (I, y) établit une surjection de lensemble des solutions de (F) ne sannulant pas sur I sur lensemble des solutions de (E) définies sur I. Cette application nest pas injective, car u et (u , ((R*, définissent la même solution.
Références :
M. Artigue, V. Gautheron, Systèmes différentiels (Cédic-Nathan)
ENS Saint Cloud 1983 et Agrégation 1959
Equation dAiry : ENSI 1991 et mon problème sur le sujet.
___________
E. Equations différentielles élémentaires.
« Comment intégrez-vous, candidat Saint-Exupéry, les équations de Bernoulli ? »
« Euh ... »
Bernoulli... Bernoulli... Et lon reste là, immobile, sous ce regard, comme un insecte orné dune épingle au travers du corps.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXI
Sont ici présentées, par familles, les équations différentielles les plus usuelles. On peut les intégrer élémentairement au moyen de techniques simples ; mais ces techniques posent parfois des problèmes de rigueur, et, si elles fournissent des solutions, elles ne fournissent pas toujours toutes les solutions. Si lon veut obtenir toutes les solutions, il faudra combiner ces techniques avec les hypothèses du théorème de Cauchy-Lipschitz sil sapplique, ou étudier les problèmes de raccords sil ne sapplique pas.
Enfin, ces équations sintégrant élémentairement permettent détudier celles qui ne sintègrent pas élémentairement, et dont on peut étudier les solutions par diverses méthodes, expérimentales (simu-lations numériques et graphiques), ou qualitatives (linéarisation, perturbations, etc.) déjà entrevues.
1. Equations aux différentielles totales.
1.1. Généralités.
Définition : On appelle équation aux différentielles totales une équation de la forme :
P(x, y).dx + Q(x, y).dy = 0 (1)
où P et Q deux fonctions réelles continues sur un ouvert U de R2.
Une solution de (1) est une fonction dérivable y : I ( R vérifiant :
(x(I (x, y(x))(U et P(x, y(x)) + Q(x, y(x)). EMBED Equation.3 = 0 (2)
Autrement dit ce sont les solutions de P(x, y) + Q(x, y).y = 0 (3)
1.2. Cas où la forme est exacte.
Définition 2 : Léquation (1) est dite exacte sil existe une fonction F : U ( R de classe C1 telle que : ((x, y)(U P(x, y) = EMBED Equation.3 et Q(x, y) = EMBED Equation.3 (4)
Elle est donc de la forme EMBED Equation.3 .dx + EMBED Equation.3 .dy = 0.
On dit que F est une primitive de la forme différentielle ( = P(x, y).dx + Q(x, y).dy.
La règle de la chaîne montre que si y : I ( R est de classe C1 , alors :
(x(I (x, y(x))(U et F(x, y(x)) = cte.
Autrement dit, les solutions de (4) sont tracées sur les courbes de niveau de la fonction F(x, y). Ce sont les courbes implicites y = y(x) tracées sur ces courbes de niveau.
Attention, en général (4) nobéit pas au théorème de Cauchy-Lipschitz. Mais le théorème des fonctions implicites entraîne un théorème dexistence et dunicité locales des solutions, que voici :
Proposition : Pour tout couple (x0, y0)(U vérifiant EMBED Equation.3 ( 0, il existe un intervalle I de R tel que x0(Int(I) et que (4) admette dans I une solution unique vérifiant y(x0) = y0.
Exercice 1 : Intégrer léquation différentielle (y2 ( x2).dx + 2.x.y.dy = 0
Exercice 2 : Soit c > 0. 1) Montrer que la forme différentielle
((x, y) = 4 (x2 + y2 ( c2).x.dx + 4 (x2 + y2 + c2).y.dy
est fermée et exacte. Trouver ses primitives.
2) Intégrer léquation différentielle 4 (x2 + y2 ( c2).x.dx + 4 (x2 + y2 + c2).y.dy = 0.
Reconnaître géométriquement les courbes intégrales.
Exercice 3 : Résoudre léquation différentielle (2x2y3 ( x).dx + (2x3y2 y).dy = 0.
1.3. Facteurs intégrants.
Dans le cas où léquation (1) P(x, y).dx + Q(x, y).dy = 0 nest pas exacte, on peut avec Euler chercher des facteurs intégrants.
Définition : La fonction ( : U ( R est appelée facteur intégrant de (1) si la forme différentielle :
((x, y) = ((x, y).[P(x, y).dx + Q(x, y).dy] est exacte.
Si ( est un facteur intégrant ne sannulant pas dans U, et si ((x, y) = dF(x, y), les solutions de (1) sont définies implicitement par F(x, y) = cte.
Exemple : Considérons léquation différentielle (y2 ( x2).dx ( 2xy.dy = 0.
La forme différentielle ( = (y2 ( x2).dx ( 2xy.dy nest pas fermée, donc pas exacte.
Mais on vérifie que ((x, y) = EMBED Equation.3 est un facteur intégrant sur R²({(0, 0)}.
EMBED Equation.3 = d( EMBED Equation.3 ) : doù les solutions EMBED Equation.3 = cte.
Exercice 1 : Résoudre (x + y2).dx 2xy.dy = 0.
[On pourra chercher un facteur intégrant de la forme ((x, y) = f(x).
Exercice 2 : Résoudre léquation différentielle ((x, y) = (x3 ( 3.xy2).dx + (3.x2y y3).dy .
Trouver une fonction f : R ( R de classe C1 et non nulle telle que f( EMBED Equation.3 ).((x, y) soit exacte.
Exercice 3 : On considère la forme différentielle ((x, y) = (x2 + y2 ( 1).dx 2xy.dy.
1) Montrer que ( nest fermée sur aucun ouvert non vide de R².
2) Trouver un ouvert non vide U de R2, et une fonction non nulle ( : I ( R de classe C1, tels que
((x, y) = ((x2 ( y2).((x, y) soit exacte dans U. Résoudre (x2 + y2 ( 1).dx 2xy.dy = 0.
Remarque : Avec Maple, on peut chercher un facteur intégrant grâce à la commande intfactor du package DEtools.
1.4. Systèmes différentiels à hamiltonien.
1.5. Systèmes différentiels dérivant dun gradient.
2. Equations à variables séparées.
2.1. Généralités.
Définition : On appelle équation à variables séparées toute équation différentielle de la forme :
b(y).y = a(x) ou encore b(y).dy = a(x).dx (1)
où a et b sont deux fonctions continues définies sur des intervalles J et K de R, à valeurs réelles.
Une solution de (1) est une fonction dérivable ( : x ( ((x), définie sur un sous-intervalle I ( J, à valeurs dans K, telle que ((x(I) b(((x)).((x) = a(x) (2)
Notons A(x) = EMBED Equation.3 et B(y) = EMBED Equation.3 des primitives de a et b sur J et K.
A et B sont des fonctions de classe C1, et, si ( vérifie (2),
b(((x)).((x) ( a(x) = EMBED Equation.3 (B(((x)) ( A(x)) = 0 , donc B(((x)) ( A(x) = cte.
Donc y = ((x) vérifie B(y) ( A(x) = cte (3)
Réciproquement, si la fonction dérivable y = ((x) vérifie (3) dans I, alors elle est solution de (1).
Proposition 1 : Les solutions de (1) sont les fonctions dérivables ( : x ( y = ((x) définies sur un sous-intervalle I de J, et vérifiant (3).
On sera donc amené à étudier les courbes de niveau de la fonction H(x, y) = B(y) A(x).
Cette étude peut être menée élémentairement, car « en général » B est un difféomorphisme par morceaux : si lon note B1,
, Br les difféomorphismes induits, et C1,
, Cr leur réciproques,
B(y) A(x) = cte ( y ({ Ck(A(x) + cte) ; 1( k ( r }.
Cela fournit autant de solutions de (1), quil faudra raccorder.
Remarques : 1) Les équations à variables séparées rentrent dans le cadre du § précédent, la forme différentielle b(y).dy a(x).dx étant exacte.
2) Léquation (1), qui sécrit y = EMBED Equation.3 , nobéit pas toujours au théorème de Cauchy-Lipschitz.
Cest un point à examiner au cas par cas.
3) Les livres spécialisés contiennent dautres résultats sur ces équations.
2.2. Exemples devs.
1) Les équations où y manque : elles sont du type y = f(x), f continue sur J.
Les solutions sont les primitives de f : y(x) = EMBED Equation.3 + y0.
Cest loccasion de remarquer que les calculs de primitives sont des équations différentielles simples.
Les intégrales sont invariantes par translations verticales.
2) Les équations où x manque : elles sont du type y = g(y), g continue sur K.
Dans ce cas, f(x, y) = g(y), mais rien ne dit que g est localement lipschitzienne.
( Si g ne sannule pas sur K, elle est de signe constant. Léquation sécrit EMBED Equation.3 = dx, donc
x = EMBED Equation.3 + ( = G(y) + (, où G est de classe C1 et strictement monotone.
Les courbes intégrales se déduisent de lune delles par des translations parallèles à Ox.
( Pour chaque zéro y0 de g, la fonction constante y = y0 est solution de y = g(y).
Mais cette solution nest pas forcément unique, il faudra étudier les raccords possibles.
Exercice : Résoudre et discuter les équations différentielles y = ay2 + by + c (a, b, c réels).
Exercice : Résoudre léquation y = (y ( a1)(
((y ( an) (a1 < a2 <
< an).
Exercice : Résoudre y = |y| + 1.
Exercice : Résoudre et discuter y = |y|a (a > 0).
Exercice : Résoudre les équations différentielles y = EMBED Equation.3 + 1 , y = EMBED Equation.3 + a (a > 0).
Le théorème de Cauchy-Lipschitz sapplique-t-il ? Pourtant, que dire des solutions ?
Exercice : Résoudre les équations et indiquer les solutions maximales :
y + ey(x = 0 , y = ( 2xy , y = x.cos y , y = y2.cos x , x.y = tan y.
Exercice : Résoudre y.x(x 1) = y(y 1) , y = EMBED Equation.3 .
Exercice : Résoudre y = EMBED Equation.3 ; lien avec le modèle prédateurs-proies.
Exercice : Un corps de masse m soumis à la gravité tombe dans un milieu qui offre une résistance au mouvement proportionnelle au carré de la vitesse. Si x est la position verticale à linstant t,
m. EMBED Equation.3 = m.g ( K. EMBED Equation.3 2 . Intégrer cette équation différentielle ; commenter les résultats.
2.3. Equations se ramenant à des evs.
1) Les équations du type y = f(a.x + b.y + c) ne sont pas des evs, mais elles se ramènent à une evs : en effet, si lon pose z = a.x + b.y + c , il vient z = a + b.f(z).
Exercice : Résoudre les équations différentielles :
y = |y ( x| , y = EMBED Equation.3 , y = exp(x + y) , y = sin(x + y) , y = ch(x + y) , y = sh(x + y).
2) Les plus importantes sont les équations homogènes, que nous allons étudier maintenant.
3. Equations homogènes.
3.1. Définition, généralités.
Définition : Une équation différentielle dordre 1 est dite homogène (résolue ou normale) si elle peut sécrire y = (( EMBED Equation.3 ) , où ( : I ( R est continue sur lintervalle I.
Ici donc y = f(x, y), où f : (x, y)(U ( (( EMBED Equation.3 )(R , U = { (x, y)(R*(R ; EMBED Equation.3 ( I }.
U est en général une réunion de secteurs angulaires de sommet O, et les isoclines sont des droites ou réunions de droites dorigine O.
Proposition 1 : Les courbes intégrales de (1) forment un réseau homothétique de centre O.
Preuve : Soit x ( y(x) une courbe intégrale. Son image par Hom(O, () est Y(X) = (.y( EMBED Equation.3 ), et lon vérifie que : Y(X) = y( EMBED Equation.3 ) = (( EMBED Equation.3 ) = (( EMBED Equation.3 ).
3.2. Intégration élémentaire de (1).
Pour intégrer élémentairement léquation y = (( EMBED Equation.3 ), nous sommes obligés de généraliser la notion de courbe intégrale, et de considérer comme courbes intégrales les arcs paramétrés t ( (x(t), y(t)) vérifiant EMBED Equation.3 = (( EMBED Equation.3 ). La proposition 1 reste vraie dans ce cadre.
Les solutions x ( y(x) sont des courbes intégrales particulières, et ce sont les fonctions x ( y(x) dont le graphe est inclus dans le support des arcs paramétrés t ( (x(t), y(t)).
Solutions singulières : on appelle ainsi les droites y = m.x , où m = ((m).
Solutions non singulières : on les obtient en prenant comme paramètre t = EMBED Equation.3 .
dy = x.dt + t.dx = ((t).dx conduit à lEVS (((t) ( t).dx = x.dt , EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 , ln|x| = EMBED Equation.3 .
Doù x = C.exp EMBED Equation.3 , y = C.t. EMBED Equation.3 (2)
Précisons : sur les sous-intervalles de I où ((t) ( t ne sannule pas, on obtient des solutions non singulières paramétrées, auxquelles il faudra adjoindre les solutions singulières.
On obtient un réseau homothétique de courbes.
Il restera à étudier comment les solutions non singulières se raccordent aux solutions singulières.
Cependant, si (x, y) ( (( EMBED Equation.3 ) est continue localement lipschitzienne en y, on peut préciser :
Soit M0 = (x0, y0)(U, i.e. x0 ( 0 et y0/x0(I.
( Si y0/x0 = m0 vérifie ((m0) = m0, la seule solution passant par M0 est la solution singulière y = m0.x.
( Sinon, la solution x ( y(x) est localement fournie par les formules (2). Elle est bien de la forme x ( y(x) car EMBED Equation.3 a un signe déterminée donc est un difféomorphisme local. De plus, si dans lintégrale EMBED Equation.3 , t tend vers un zéro de ((t) ( t, lintégrale impropre diverge, sans quoi la courbe intégrale se raccorderait à une solution singulière, contredisant Cauchy-Lipschitz.
3.3. Intégration de (1) en polaires.
Une autre méthode de recherche des solutions non singulières consiste à passer en polaires. Elle est parfois plus simple, et parfois moins, que la précédente.
dx = cos( ( r.sin(.d( , dy = sin(.dr + r.cos(.d( impliquent EMBED Equation.3 = ((tan (),
qui conduit à une evs EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 .d( = ((().d(.
Finalement r = C.exp EMBED Equation.3 .
3.4. Equations homogènes non résolues.
On nomme ainsi les équations de la forme (( EMBED Equation.3 , y) = 0 (3)
Les remarques de 3.1. sétendent sans peine.
Les solutions singulières sont les y = m.x , où ((m, m) = 0.
Pour intégrer élémentairement, on paramétrera la courbe ((u, v) = 0.
Supposons ((u, v) = 0 ( ((t) u = ((t) , v = ((t), où ( et ( sont continues.
Paramétrons les courbes cherchées par t : y = x.((t) implique dy = ((t).dx + x.((t).dt = ((t).dx
On est conduit à levs EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 .dt .
Doù x(t) = C.exp EMBED Equation.3 et y(t) = C.((t). exp EMBED Equation.3 .
Exercice : Résoudre les équations différentielles :
y.y2 ( 2xy + y = 0 x2 + y2 = 2xyy x2.y2 = x2 + y2 x2.y2 = x2 ( y2 .
3.5. Equations se ramenant à des équations homogènes.
Considérons une ed du type y = f( EMBED Equation.3 ).
Si ( = ( = 0, cest une équation homogène. Sinon, lorsque ad ( bc ( 0, une translation sur x et y ramène à ce cas.
4. Equations incomplètes.
Définition : Une équation différentielle dordre 1 est dite :
( incomplète en y si elle est de la forme F(x, y) = 0 ;
( incomplète en x si elle est de la forme G(y, y) = 0.
Les équations à variables séparées y = f(x) et y = g(y) en sont des exemples. Le théorème des fonctions implicites permet théoriquement de ramener F(x, y) = 0, resp. G(y, y) = 0 à chacune de ces formes.
4.1. Equations F(x, y) = 0.
( Les courbes intégrales sont globalement invariantes par des translations parallèles à Oy.
( Supposons que la courbe F(u, v) = 0 se paramètre u = ((t), y = ((t), ( et ( étant de classe C1.
Supposons que x = ((t) , avec ((t) ( 0 sur lintervalle I.
EMBED Equation.3 = ((t) , dy = ((t).((t).dt , doù la paramétrisation : x = ((t) , y = EMBED Equation.3 + C.
On obtient des courbes intégrales au sens large (voir § A. 1.3). x ne sera pas toujours paramètre admissible.
4.2. Equations G(y, y) = 0.
( Les courbes intégrales sont globalement invariantes par des translations parallèles à Ox.
( Supposons que la courbe G(u, v) = 0 se paramètre u = ((t), y = ((t), ( et ( étant de classe C1.
Supposons que x = ((t) , avec ((t) ( 0 et ((t) ( 0 sur lintervalle I.
y = ((t) , EMBED Equation.3 = ((t) , dx = EMBED Equation.3 .dt , doù la paramétrisation : x = EMBED Equation.3 + C , y = ((t) .
On obtient des courbes intégrales au sens large. x ne sera pas toujours paramètre admissible.
( Si (t0 ((t0) = 0, alors y = ((t0) est une solution constante de G(y, y) = 0 : problème de raccords de solutions.
Exercice : Résoudre a2.y2 ( x2.(1 + y2) = 0.
Exercice : Résoudre x3 + y3 3.x.y = 0.
Exercice : Résoudre léquation différentielle x = y.exp y.
5. Equations de Bernoulli et de Riccati.
Les équations de Bernoulli sont des équations dordre 1 quun simple changement de fonction inconnue ramène à une équation linéaire. Les équations de Riccati, très importantes, sont apparentées aux équations différentielles linéaires du second ordre.
5.1. Equations de Bernoulli.
Définition : On appelle équation de Bernoulli une équation différentielle de la forme
y = A(x).y( + B(x).y (1)
où A et B : I ( R sont des fonctions continues sur lintervalle I.
Si ( = 0 ou 1, cest une équation linéaire. Si A ou B = 0, cest une équation à variables séparées. Ecartons ces cas. La méthode générale consiste à introduire la fonction z = y1((.
Léquation devient EMBED Equation.3 = A(x) + B(x).z (2) , qui est linéaire.
Remarques : 1) Selon les valeurs de (, on devra supposer y ( 0, y > 0 ou y de signe quelconque.
2) Prendre garde également que y et z nont pas toujours le même ensemble de définition ou de dérivabilité.
3) Enfin, selon les valeurs de (, le théorème de Cauchy-Lipschitz peut sappliquer ou non.
( Si ( > 1, il sapplique partout
( Si 0 < ( < 1, y = 0 est toujours solution de (1) mais ce nest pas toujours la seule qui sannule en un point : penser à y = y 1/3 déjà étudiée.
Exercices : Résoudre les équations différentielles :
2y = y + y2.e(2x ; y = xy ( x.y3 ; y = y + x.y2 ; 5y y.sin x + y4.sin 2x = 0.
5.2. Equations de Riccati.
De nombreux problèmes de géométrie différentielle conduisent à cette classe déquations.
Définition : On appelle équation de Riccati une équation différentielle du type :
a(x).y = b(x).y2 + c(x).y + d(x) (3)
où a, b, c et d sont des fonctions continues I ( K = R ou C.
Sur les sous-intervalles J de I où a ne sannule pas, cette équation se ramène à la forme résolue :
y = A(x).y2 + B(x).y + C(x) (4)
où A, B et C sont trois fonctions continues sur J.
La fonction f(x, y) = A(x).y2 + B(x).y + C(x) est continue sur J(K et localement lipschitzienne. Le théorème de Cauchy-Lipschitz sapplique donc toujours.
Malheureusement, on ne sait pas résoudre par quadratures une équation de Riccati générale, et on peut démontrer quil en est ainsi. Mais, comme pour les équations linéaires du second ordre, si lon connaît une solution particulière, on peut achever la résolution par quadratures.
Résolution par quadratures lorsquon connaît une solution particulière.
Supposons que lon dispose dune solution particulière y0 de (3). Alors par soustraction
y = A(x).y2 + B(x).y + C(x) ( y ( y0 = A(x).(y ( y0).(y + y0) + B(x).(y ( y0).
Posons z = y ( y0 . Il vient z = A(x).z.(z + 2y0) + B(x).z = A(x).z2 + (2A(x).y0(x) + B(x)).z.
Cest une équation de Bernoulli en z, de la forme z = A(x).z2 + D(x).
Posant u = EMBED Equation.3 , il vient : ( u = D(x).u + A(x) .
Les solutions sont de la forme u = u0 + (.u1 . Elles se trouvent en deux quadratures.
Donc y = y0 + EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 .
Les solutions ont une structure homographique, la solution y = y0 se retrouvant pour ( = (.
Si lon connaît deux solutions particulières, on évite une quadrature.
Exercice 1 : Intégrer les équations différentielles
x.y y2 + (2x + 1).y = x2 + 2x y y2 + 2.ex.y = e2x + ex .
y.e(x + y2 ( 2y.ex = 1( e2x y + y2 ( 2y.sin x + sin2 x ( cos x = 0
Exercice 2 : Lien avec les équations linéaires du second ordre.
Considérons léquation de Riccati : y(x) = A(x).y2 + B(x).y + C(x).
On pose y = EMBED Equation.3 . Former léquation différentielle linéaire du second ordre vérifiée par u(x). Préciser les liens entre les deux équations.
6. Equations de Lagrange et Clairaut .
Définition : On appelle équation de Lagrange une équation différentielle à isoclines rectilignes.
Elles sécrivent y = x.f(y) + g(y) (1)
où f et g sont supposées de classe C1 sur un intervalle I de R.
Exemples :
1) Equations homogènes résolubles en y = f( EMBED Equation.3 ). Elles sont à isoclines rectilignes.
2) Equations de Clairaut : elles sont du type y = x.y + g(y).
Méthode générale dintégration.
1) Plutôt que de résoudre (1) en y, on prend y = u pour paramètre. Mais ce paramètre nest admissible que sur les courbes intégrales où y ( 0.
2) Solutions affines : y = mx + p est solution ssi mx + p = x f(m) + g(m), i.e. m = f(m) et p = g(m).
A chaque racine de léquation m = f(m) correspond une solution affine de (1).
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Exercices divers
Exercice : On considère léquation différentielle (E) y.y y2 = 1 .
Montrer que y est C(. Résoudre (E).
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F. Applications géométriques des équations différentielles.
1. Equation différentielle dune famille de courbes.
Soit ( EMBED Equation.3 ) une famille de courbes à p paramètres, déquation F(x, y, (1,
, (p) = 0.
Si lon élimine ces paramètres entre léquation de ces courbes et les dérivées successives de cette équation par rapport à x, on obtient en général une équation différentielle dordre p qui admet pour courbes intégrales toutes les courbes de la famille. Ces courbes fourniront lintégrale générale de léquation différentielle obtenue ; cette équation pourra en outre admettre des intégrales singulières.
Exemple 1 : équation différentielle des cercles.
Notons F(x, y, a, b, c) ( x2 + y2 + 2a.x + 2b.y + c = 0 léquation générale dun cercle.
On a ((x) F(x, y(x), a, b, c) ( x2 + y2 + 2a.x + 2b.y + c = 0, donc :
EMBED Equation.3 = 2x + 2yy + 2a + 2by = 0
EMBED Equation.3 = 2 + 2.y2 + 2.yy + 2b.y = 0
EMBED Equation.3 = 4.yy + 2.yy + 2.yy + 2b.y = 0
Il vient y(1 + y2) ( 3.yy2 = 0.
En réalité, cette équation est satisfaite par les cercles et les droites.
Exemple 2 : équation des courbes du second degré (Halphen).
Ici y(x) = ax + b + EMBED Equation.3 .
On calcule y(x), puis y(x), et on voit que T = (y)(2/3 est un trinôme.
En écrivant que T = 0, il vient 40.(y)3 45.y.y.y(4) + 9.(y)2.y(5) = 0 .
Les calculs se remontent sans peine.
Les paraboles correspondent à r = 0, donc T = 0 donne 5.(y)2 3.y.y(4) = 0 .
2. Trajectoires orthogonales et isogonales.
Définition : Soit (C()((( une famille de courbes dépendant dun paramètre. On appelle trajectoire orthogonale de cette famille une courbe telle quen chacun de ses points passe une courbe C( qui lui soit orthogonale.
Rappelons que si F(x, y, () = 0 est léquation de (C(), on obtient léquation différentielle de cette famille en éliminant ( entre les équations F(x, y, () = 0 et Fx(x, y, () = 0.
Notons G(x, y, y) = 0 léquation différentielle de la famille (C().
Léquation différentielle de la famille des courbes orthogonales est G(x, y, EMBED Equation.3 ) = 0.
En effet, si (y, y) est un élément de contact de (C(), (y , EMBED Equation.3 ) est un élément de contact de ses trajectoires orthogonales.
Exemple : Trajectoires orthogonales de la famille de cercles de rayon constant dont le centre décrit une droite fixe.
Ces cercles ont pour équation F(x, y, () ( x2 + y2 ( 2(x ( a2 = 0.
On dérive en x et on trouve (y.y)2 + y2 = a2.
Les trajectoires orthogonales ont pour équation ( EMBED Equation.3 )2 + y2 = a2.
Cest une équation où x manque. Posant y = tan ( , il vient y2 = a2.sin2( , y = ( a.sin(.
x = x0 ( a.[ln | tan EMBED Equation.3 | + cos ( ] , y = ( a.sin (.
On trouve des tractrices.
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Bibliographie
L. Pontriaguine : Equations différentielles (Mir)
V. Arnold : Equations différentielles (Mir)
H. Cartan : Cours de calcul différentiel (Hermann)
D. W. Jordan, P. Smith : Non linear ordinary differential equations (Oxford)
M. Artigue, V. Gautheron : Systèmes différentiels, étude graphique (Cédic/Nathan)
J. Hubbard, B. West : Equations différentielles et systèmes dynamiques (Cassini)
Cours de taupe : Lelong-Ferrand Arnaudiès, Arnaudiès Fraysse, etc.
R. Bronson : Equations différentielles (Schaum)
J. D. Murray : Mathematical biology (Springer)
A. Dahan Dalmedico, etc : Chaos et déterminisme (Seuil)
Encyclopedia universalis :
Laplace, Poincaré, Birkhoff, Smale
Equations différentielles (C. Coatmelec)
Systèmes dynamiques différentiables (A. Chenciner)
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Recherches sur les suites récurro-récurrentes et sur leurs usages dans la théorie des hasards, uvres, t.VIII.
Essai philosophique sur les probabilités, 1814.
Cela relève de la théorie des systèmes différentiels holomorphes (hors programme).
Hoëné Wronski (1776-1853), officier de larmée russe, étudia les mathématiques et la philosophie en Allemagne avant de se fixer en France. Cet esprit mystique et millénariste eut une illumination le 15 août 1803, qui lui permit de concevoir l « absolu ». Il dédia à Alexandre 1er son Introduction à la philosophie des mathématiques (1811). Il a inspiré à Balzac le personnage central de La Recherche de labsolu.
Rudolf LIPSCHITZ (près de Königsberg 1832 - Bonn 1903). Après des études à lUniversité de Königsberg, puis de Berlin, comme élève de Dirichlet, il passa son doctorat en 1853 à Berlin, et enseigna aux Universités de Berlin (1857-62), Breslau (1862-64) et Bonn, où il resta jusquà sa mort. On lui doit la notion de fonction lipschitzienne, qui lui permet daffaiblir les hypothèses du théorème dexistence et dunicité de Cauchy-Lipschitz. En géométrie riemanienne, il cherche des invariants des surfaces par changement de coordonnées ; pour cela il ébauche la notion de différentiation covariante, ouvrant la voie à Ricci-Curbastro.
et même trois, mais la troisième, intégration par séries entières, concerne une version analytique du théorème, nécessitant des hypothèses différentes. Elle est le point de départ des systèmes différentiels holomorphes, sujet non abordé ici.
Le belge Adolphe Quételet (1796-1874) a mis les mathématiques au service des sciences sociales.
Pierre Verhulst (1804-1849), disciple de Quételet.
Ce modèle est conforme à certains observations : à une certaine époque, les martres ont été chassées systéma-tiquement ; on sest alors aperçu que les écureuils se sont mis, non à proliférer, mais à disparaître. La prédation joue donc aussi un rôle positif.
Alfred Lotka (1880-1949), bio-démographe américain dorigine autrichienne.
Vito Volterra (1860-1940), grand mathématicien italien, a fait des travaux danalyse fonctionnelle. Il a exposé ce modèle dans son libre Théorie mathématique de la lutte pour la vie (1926).
Ce distinguo illustre les remarques de René Thom sur lhyperbole stable donc féminine, lellipse instable donc masculine. Ajoutons que les théorèmes de linéarisation de Hartman etc., qui reposent sur des idées heuristiques anciennes, nont été démontrés quà une date récente.
Jacopo Francesco RICCATI (Venise 1676 - Trévise 1754). Noble vénitien, il partit à Padoue étudier le droit, mais sy lia damitié avec Angeli qui lencouragea à étudier les mathématiques. Sa renommée sétendit loin : Pierre le Grand lui proposa de présider lAcadémie des sciences de Saint-Pétersbourg, mais il déclina cette offre et dautres encore, pour rester en Italie. Expert au sénat de Venise, Riccati fit des travaux dhydraulique et aida à construire des digues le long des canaux. En mathématiques il étudia les équations différentielles, et trouva des méthodes dabaissement de lordre et de séparation des variables. Il étudia de larges classes déquations différentielles, et trouva des méthodes de résolution, notamment les équations dites de Riccati (1724), déjà considérées par les Bernoulli. Riccati correspondit avec de nombreux mathématiciens européens, et eut une grande influence sur Daniel Bernoulli et Euler. Il étudia les pendules cycloïdaux, les lois de la résistance dans un fluide et la géométrie différentielle.
Alexis-Claude CLAIRAUT (Paris 1713 - Paris 1765) était le second des 21 enfants de Jean-Baptiste Clairaut, professeur de mathématiques et membre correspondant de lAcadémie de Berlin. Il fit, sous la conduite de son père, de tels progrès quà douze ans il lisait devant lAcadémie une note sur les propriétés de quatre courbes quil avait découvertes. Ses Recherches sur les courbes à double courbure (1731) le firent élire à lAcadémie des sciences, bien quil neût pas lâge légal. En 1736, il part en expédition en Laponie avec Maupertuis pour calculer un degré de méridien ; en 1743, il publie son traité Théorie de la figure de la Terre où il est traité de léquilibre des fluides, dans lequel se trouve le théorème de Clairaut, reliant la gravité aux points de la surface dun ellipsoïde en rotation à la compression et à la force centrifuge à léquateur. En 1750, il remporte le prix de lAcadémie de Saint-Pétersbourg pour son essai Théorie de la Lune déduite du seul principe de lattraction et, en 1759, il calcule le périhélie de la comète de Halley. On lui doit aussi des travaux sur les solutions singulières des équations différentielles (équations de Clairaut). Contemporain de François Boucher, Clairaut prisait fort les femmes : Voltaire le surprit un jour en train de donner des cours de mathématiques fort galants à la marquise du Châtelet. De mauvaises langues, des jaloux sans doute, assurent que cest la raison pour laquelle Clairaut est mort jeune
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