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55° Année N°193 (Trimestriel) VJ.M.J. JANVIER 1964
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« Que dans chaque région de la terre se lève un chœur de prières ferventes, afin que s'accomplisse visiblement le mystère de la volonté de Dieu, qui veut ramener les hommes à leur chef unique, le Christ, pour que ceux qui sont encore éloignés de lui se rapprochent et que partout fleurisse, dans des expressions concrètes, la charité ardente et fructueuse qui permet aux fidèles de comprendre les dimensions de l'amour du Christ ».
Paul VI - Message pour le dimanche des missions Octobre
1963


Ecole chrétienne, donc école missionnaire

(Réflexions d'un Frère pendant le Concile)

« L'apostolat laïc trouve son fondement dans son
être propre de chrétien ».
K. Rahner

« Les saints, disait Péguy, n'étaient pas des « messieurs tranquilles ». Il faut l'affirmer également de tout chrétien authentique, car « l'Eglise est essentiellement une société inquiète », écrivait Mgr. Mathieu. En effet, si elle n'était pas en souci du monde entier dont elle a la responsabilité, serait-elle fidèle au Christ qui lui a donné la mission d'évangéliser l'univers? L'Eglise est envoyée par le Christ pour le salut de l'Humanité; donc, l'humanité telle qu'elle est aujourd'hui, doit être sauvée par l'Eglise. Inutile de gémir sur notre temps. Mais alors, cette inquiétude essentielle doit pénétrer tout cœur chrétien, toute œuvre chrétienne. Et nos maisons religieuses ne seraient pas ecclésiales, ne seraient que des décors, si, trop repliées sur elles-mêmes, si, isolées comme de vieux châteaux forts, elles ne participaient pas à l'angoisse de l'Eglise en face du momie actuel.
Ne serions-nous pas de ces «messieurs tranquilles»? C'est pourquoi, parmi les nombreuses et diverses réflexions que doit provoquer le Concile Vatican II, il est absolument indispensable que le problème de la valeur missionnaire de nos écoles soit envisagé par nous tous en pleine franchise.
Chacun de nous doit se poser deux questions:
a) Ai-je l'esprit et le sens missionnaires?
b) Nos écoles ont-elles assez le sens de leur responsabilité missionnaire?

1. - RAPPEL D'UNE VERITE DE BASE DU FONDEMENT DE NOTRE ESPRIT MISSIONNAIRE.

a) Regard sur notre profession religieuse.

Par le mystère de l'Incarnation, Jésus est consacré au Père et l'envoyé du Père; il y a consécration et mission. Pour parler comme St. Thomas, la mission prolonge la procession éternelle et ne se sépare point de la consécration. Et il nous importe beaucoup dans notre vie active, de voir dans la personne du Christ cette jonction indissoluble de la mission et de la consécration.
Jésus lui-même s'est défini: «Celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde » (Jean X, 36). Tant que nous n'aurons pas pris au sérieux cette parole du Christ, nous ne comprendrons pas notre propre vie.
En fait, tout religieux est simultanément un consacré et un envoyé. Il est, suivant l'expression de Bérulle, le «religieux de Dieu»; et il l'est à la suite du Christ, celui-ci étant le «parfait religieux du Père».
Précisément cette consécration religieuse, en nous faisant entrer complètement dans le mouvement du Christ, nous prend tout entiers et d'un seul coup :

1° pour la gloire du Père, comme et avec le Christ;
2° pour le salut du monde, comme et avec le Christ.

Ces deux choses ne peuvent jamais se dissocier, et nous n'avons pas à insister sur l'une ou sur l'autre, mais sur les deux ensemble. Si nous sommes unis au Christ, c'est nécessairement et pour la gloire du Père et pour le salut des hommes; tel est le sens même de notre vie religieuse.
A ce propos, Mgr. Renard emploie une comparaison fort expressive: «Hier, dit-il, on avait peut-être le sens adorateur! Hier, on était plus vertical; aujourd'hui, on est plus horizontal. De la croix on ne prend qu'une poutre — c'est plus facile — avec les prétextes les plus pieux ou les plus raisonnables; mais alors, dans la pratique, on est moins en croix... ». C'est peut-être bien ou probablement ce que nous cherchons : une position moins pénible, une manière plus commode de nous installer entre ciel et terre! Il n'en reste pas moins vrai qu'alors nous ne sommes pas à la hauteur de notre foi. Nous sommes inadaptés parce que notre conduite n'est pas en harmonie parfaite avec ce que nous croyons... La faiblesse de l'apostolat chrétien vient de la faiblesse de la vie chrétienne elle-même » (Paul Emile Rup).
Conclusion pratique : Consacré, je suis, par le fait même, envoyé pour le salut du monde, quel que soit mon genre de vie religieuse; parce que consacré, je suis envoyé.
Aussi est-ce dans la consécration au Seigneur que se trouve l'élan de !a mission ou participation à l'œuvre du salut universel par le Christ lui-même. Et un religieux qui ne regarderait que lui, qui ne s'occuperait pas constamment de l'Eglise et du monde, qui n'aurait pas de l'Eglise et du monde, malgré le sens ambivalent de ce dernier, ce religieux n'aurait pas du tout compris sa consécration religieuse ni la portée de ses vœux, car ceux-ci sont liés au rayonnement des grâces du baptême.
Missionnaire signifie envoyé pour travailler à la croissance du royaume de Dieu; notre consécration comporte cet envoi dans notre être lui-même. Ce n'est pas un emploi spécial qui nous fait missionnaires, ce n'est pas une situation, c'est notre état religieux: il ne serait pas complet sans cela. C'est pourquoi, tout religieux doit avoir le cœur missionnaire, et tout Frère mariste doit dire avec son Fondateur : « Tous les diocèses du monde entrent dans nos vues ». Même les paralysés et les impotents de nos infirmeries, tous doivent parler ainsi, pas seulement ceux qui se croient missionnaires parce qu'ils sont intrépides ou parce qu'ils se sont expatriés! Tous nous sommes missionnaires en tant que voués à Dieu.

b) Regard sur notre état de baptisés.

Or, ce sens de la profession religieuse, cette ampleur de vues, d'intention et d'action, nous l'aurions plus facilement ou plus communément si, dans notre vie religieuse, nous gardions toujours consciente la pensée des sacrements, de tous les sacrements, non sous un aspect dévotionnel mais théologal. Notre vie de grâce est alimentée par ces sources que sont les sacrements; pourquoi notre piété ne le serait-elle pas, elle aussi? Ainsi la vie du religieux devrait sans cesse s'appuyer sur le baptême: pour ne prendre qu'un exemple: «Le baptême n'est pas un simple rite d'entrée dans l'Eglise; il est présent à chaque moment de la vie chrétienne; il est la source de toutes les vertus et le point d'appui de tous les engagements » (Card. Léger).
Une telle spiritualité, toujours soucieuse de se référer au baptême et à toute la vie sacramentelle, pas seulement à l'Eucharistie envisagée plutôt comme objet d'une dévotion que comme le centre de tous les sacrements, nous ferait mieux comprendre la totalité et l'extension de notre profession religieuse. De plus, cette spiritualité n'est-elle pas l'une des formes profondes de cet exercice de la présence de Dieu que le Bienheureux M. Champagnat nous a présenté comme capital pour nous, Frères maristes?
Quoi qu'il en soit, cette pensée du baptême fait mûrir en nous le sens de notre consécration de religieux. En effet, le baptême me « greffe » sur tout le Christ (cf. Jean XV, 1 à 9), pas seulement sur une simple partie du Christ. Et mes vœux n'ont rien changé à ce raccord; ils sont venus renforcer cette union. Donc, la vie religieuse n'est pas une vie chrétienne à part, une vie en marge de celle des autres; nous n'avons que trop cela dans la tête! Ma profession religieuse exige de suivre le Christ aussi près que possible, mais elle ne le fait pas suivre différemment que les autres. Nos vœux ne sont jamais un à-côté de la vie baptismale; ils sont dans le dynamisme des grâces du baptême.
Or, ici, l'important pour nous, soit en tant que religieux soit en tant qu'éducateurs, est de saisir que déjà notre vie de baptisés exige que nous soyons adorants vers le Père et offrants pour les hommes: notre vie de baptisés a déjà les deux dimensions de notre vie religieuse: elle en est le fondement solide et précis. Le baptême n'est ni donné ni reçu pour l'unique préoccupation de la sainteté individuelle du sujet; il nous insère dans l'Eglise et donc nous tourne vers les autres. « L'Eglise est la volonté de salut de Dieu devenue visible dans l'institution fondée par le Christ» (Semmerloth). En faisant de nous des fils de l'Eglise, le baptême nous rend participants de cette volonté de salut; tout baptisé a donc sa part de responsabilité missionnaire, puisqu'il doit prendre part au rôle de l'Eglise qui est d'unifier en sanctifiant.
Par conséquent, pour être vécus dans l'esprit du baptême, nos trois vœux doivent être compris comme un service de l'Eglise au travail dans le monde pour la construction du Corps du Christ; nos vœux doivent nous apparaître comme des moyens réels et concrets de diffusion du message chrétien; ils ne sont pas uniquement des privations; ils ont un dynamisme conquérant; dans l'esprit des vœux, il y a une efficace pédagogie apostolique, pédagogie qui dérive de la consécration, du service, du témoignage. Au baptême, nous avons demandé et reçu la foi; mais la foi n'est pas seulement une vérité à accepter; elle est aussi un message à faire passer, puisque l'Evangile est la «Bonne Nouvelle». «Le disciple du Christ, semblable en cela à la Bienheureuse Vierge Marie, présente Jésus-Christ aux hommes. Il est authentiquement porteur du Christ» (Pie XII, 22-9-1956). Notre profession n'a pas changé de ce fait; elle doit au contraire servir à nous rendre plus fidèles à cette mission déjà reçue au baptême.

2. - SUGGESTIONS POUR QUE NOS ECOLES AIENT LE SENS DE LEUR RESPONSABILITE.

Si nous avons une âme missionnaire, nous passerons à l'action, non à l'activisme ni à l'agitation; nous chercherons coûte que coûte à donner une grande valeur missionnaire à toutes nos œuvres scolaires, car un professeur n'est pleinement éducateur chrétien que s'il fait des apôtres.

A. Ce dont nous nous défierons.

1°. Nous nous défierons tout d'abord d'une éducation religieuse qui n'éveillerait pas de vastes et généreux désirs, en même temps qu'elle donne des principes et des cadres. Une éducation chrétienne doit toujours semer des désirs altruistes, pas seulement des velléités.
Ce point est grave: sommes-nous toujours assez éveilleurs de désirs? Ne sacrifions pas le dynamisme au statique, ni le sens de la responsabilité à celui de l'orthodoxie. Etre orthodoxe, serait-ce ne rien faire, n'agir qu'avec peur, manquer de vie? Un mort n'est tout de même pas le symbole de l'orthodoxie; je l'espère du moins!
Ici encore, le Père Champagnat nous montre le chemin à prendre, lui qui éveillait si bien le sens de la responsabilité chez nos aînés: «Gardez-vous de croire, leur disait-il, que cette tâche (l'action missionnaire) n'est que pour ceux qui ont le bonheur d'être choisis pour aller dans les pays lointains; c'est l'œuvre de tous les membres de l'Institut... que chacun de nous se regarde donc comme chargé de la conversion de tous ces peuples ».
2°. Nous nous défierons aussi « d'une éducation de la volonté trop uniquement centrée sur la vie intérieure, et pas assez sur une participation à l'infinie générosité de Dieu pour ce monde », écrit le P. Babin.
Nous insistons, à bon droit, sur la formation de la personnalité; ne manquons pas d'insister aussi pour obtenir que toute personnalité en croissance agisse dans un sens désintéressé et altruiste; ne séparons pas ces deux mouvements, l'un et l'autre nécessaires : se développer et s'oublier. Chacun de nous sait comment « Sedes Sapientiæ » et les statuts qui l'accompagnent demandent cette formation de l'homme tout entier, afin que le résultat du développement des personnalités n'aille point aboutir à une opposition d'individus pétris de subjectivisme.
Le signe de la maturité adulte est l'esprit de collaboration et de dévouement, non l'esprit de possession ni d'opposition. Un missionnaire, c'est d'abord un homme capable de travailler avec d'autres, un homme avide de coopération, non un franc-tireur.
3°. Nous nous défierons enfin de créer dans l'esprit de nos élèves des connexions de pensées préjudiciables et qui donnent trop facilement une fausse « bonne conscience ». Nos élèves participent à des œuvres organisées dans nos écoles; ils auront tendance à croire et à dire: «Puisque je fais ceci ou cela, je suis quitte ». Ce serait alors une erreur et un mal. C'est à nous d'empêcher que nos élèves se fixent de façon prématurée et exclusive sur une organisation. Tout en les enrôlant dans des réalisations précises, sachons maintenir vif et insatisfait leur sens de la responsabilité. Faire ceci ou cela ne suffit jamais. L'action accomplie n'épuise pas toute la responsabilité. « Le poids des âmes » est plus grand que notre mesure.
En bref, ne nous croyons pas trop vite en règle avec nos exigences chrétiennes. Les pharisiens, eux aussi, se croyaient quittes, et nous savons ce que Jésus en pensait, ce qu'il pense de celui qui ce croit juste!
Pour illustrer cela, pensons à l'effort de Vincent de Paul pour convaincre Louise de Marillac qui tenait à 33 actes vertueux, ni plus ni moins, en l'honneur des 33 années du Christ, pour la convaincre qu'il fallait toujours donner plus et mieux afin de donner vraiment. Or, de cette éducation de la responsabilité, sont sorties les « Filles de la Charité ».
Ce fait nous fait palper ce qu'est une éducation missionnaire et sa valeur. Ce ne sont pas les réalisations toutes seules qui donnent l'esprit missionnaire : c'est le cœur qui le fait naître.
C'est dire aussi que l'esprit missionnaire est aussi une mentalité dans laquelle convergent et le sens de l'Eglise à aimer, et le sens du monde à aimer également, comme le demandait, il y a peu, l'Archevêque de Milan, notre Pape actuel. « Nous aimerons notre temps », disait-il, et il développa longuement l'idée.

B. Ce que nous tenterons de faire.

1°. Ambiance à créer dans chaque école.

Quel que soit le poste que nous occupions, il nous faut donc travailler à assurer la formation apostolique de nos élèves; là est l'essentiel de la formation missionnaire. Ce ne sont point des circonstances particulières de temps et de lieu qui créent la nécessité missionnaire ni la responsabilité missionnaire; celle-ci ne dépend point de statistiques établies. Les circonstances, dont l'un des langages est la statistique, ne font que rendre plus visible la nécessité, pour tout chrétien, d'être apôtre et missionnaire. Ceci dérive, non du moment historique, mais bien de notre rattachement vital au Christ, de notre état de membre du Corps mystique.
Tout établissement scolaire chrétien, pour être effectivement chrétien, doit être missionnaire. Toute œuvre chrétienne, pour être fidèle au Christ, doit être missionnaire, car « Dieu aime les païens » (Titre de J. Dournes).
D'où il suit que chaque éducateur chrétien doit:
1° exercer une action missionnaire sur ses élèves;
2° éveiller ses élèves à leur responsabilité missionnaire;
3° imprégner toute la formation humaine des ses élèves du sens d'autrui et d'esprit apostolique non orgueilleux.
Un éducateur est apôtre par l'école, s'il apprend à ses élèves à être apôtres dans l'école, dès l'école et hors de l'école.
Les examens et les règlements scolaires ne boucheraient-ils pas notre vue à ce propos?
Ce sont là des vérités élémentaires, mais ne serait-il pas pédant, parfois au moins, de montrer trop de dédain pour les vérités élémentaires? Ce sont les plus oubliées.

2°. Utiliser simultanément nos trois grands moyens missionnaires.

La mentalité étant convenablement orientée, tout en tenant compte de la psychologie de nos jeunes actuels, tenant compte surtout de leur désir de sincérité et d'universalisme, de leur besoin d'action et de responsabilité, de leur opposition à l'esprit de domination, mais, par contre, de leur sens, exact d'ailleurs, de la délicatesse en face d'autrui, il nous faudra prendre les moyens à notre portée pour l'éducation apostolique de nos élèves, éducation où doivent entrer tant de respect et de sympathie pour autrui.
a) Le premier moyen, le moyen irremplaçable, sera le rayonnement de notre vie, nous le savons tous. Ici comme ailleurs, notre témoignage de vie est primordial: «Si l'exemple vient à manquer, nous rappelait Jean XXIII, l'éducation donnée est comme privée d'âme ». Si l'éducateur a une âme missionnaire, toujours soucieuse de bien universel et du salut du monde, s'il croit à sa mission et à sa consécration, s'il n'est ni égoïste ni égotiste, alors beaucoup de ses élèves communieront à son idéal. Avec peu de paroles, sans faire le moralisateur ni le sermonneur, le maître qui est effectivement un «Petit Frère Universel», comme le demandait le P. de Foucauld, ce maître entraîne ses élèves vers un idéal ecclésial et missionnaire. Les convictions d'un maître se sentent et une conviction rayonne toujours. Examinons-nous sur notre rayonnement.
b) Le second moyen est l'enseignement vraiment chrétien sous son double aspect, et en commençant par le premier qui est fondamental: enseignement général et enseignement religieux.

1. L'enseignement général.

Un enseignement vraiment chrétien comporte d'abord l'enseignement de tout le profane avec une mentalité chrétienne. Celle-ci n'exige point des sermons mais un enseignement aussi objectif que possible, fait par un chrétien sincère, sans respect humain. Alors tout ce qui a de la valeur prend un sens plus complet, plus explicite et qui approche de la justesse de la pensée chrétienne. Il ne s'agit pas de parsemer le profane de remarques pieuses; il s'agit de faire sentir toutes les valeurs pour élever les esprits. Or, toute élévation d'âme est une approche de Dieu. En somme, la justesse de pensée est pour l'enseignant chrétien un moyen d'éveiller le sens de Dieu et celui de l'union à autrui; elle est donc facteur d'éducation apostolique.
« L'enseignement chrétien des sciences, dit Mgr. Ancel, est un des moyens les plus efficaces pour purifier la civilisation technique dans laquelle nous sommes entrés, de sa contamination matérialiste et athée et pour l'orienter dans le sens voulu par Dieu. Car Dieu veut que la civilisation technique devienne chrétienne, elle aussi... Je ne crois pas que l'on pourra arrêter la déchristianisation et la matérialisation de la mentalité moderne si l'on n'arrive pas à donner un enseignement vraiment chrétien. C'est pourquoi la doctrine de l'Eglise sur l'enseignement chrétien, bien loin d'être dépassée, se situe, au contraire, en pleine actualité et dans une perspective missionnaire ».
Voilà qui est clair, et de la part d'un évêque qui ne passe pas pour un retardataire ni un antimoderne. A nous de comprendre!

2. L'enseignement religieux.

Si l'enseignement profane peut préparer le sens missionnaire en donnant accès aux valeurs essentielles et universelles, a fortiori l'enseignement spécifiquement religieux, à condition, cependant, qu'il ne prédispose pas au funeste et fréquent repli sur soi, mais donne, au contraire, le sens de la responsabilité du salut de tous: on ne se sauve jamais seul! L'enseignement religieux n'est donc pas missionnaire grâce à de petits moyens. Il ne prépare une action missionnaire que s'il est d'abord et surtout une éducation de la foi de nos élèves; j'ai bien dit de la foi, car nous avons tendance à ne rattacher l'action missionnaire qu'à la charité, genre aumône. Or, l'action missionnaire exige d'abord une éducation de la foi.
Il faudrait y réfléchir afin de ne pas ravaler notre enseignement religieux. Sommes-nous des artisans de la foi? Notons la tournure que ce souci donnerait à nos leçons religieuses et à nos vies. Mais il faudrait alors que tous nous soyons convaincus de la valeur de notre mission, et que nous en jugions dans cette perspective de service ecclésial. Nous retiendrons surtout que l'esprit missionnaire ne s'éduque pas par des moyens secondaires; il s'éduque dans la proportion même où nous, nous éduquons la foi. Résultats: moins de conseils dans nos leçons mais plus de profondeur; moins de morale, au sens péjoratif, mais plus de doctrine. C'est déjà une salutaire conclusion pratique en pédagogie religieuse.
Avec le témoignage de la vie et le caractère chrétien de l'enseignement général il est certain qu'un enseignement religieux axé d'abord sur la foi, produira des fruits missionnaires durables.
c) Enfin, notre troisième grand moyen missionnaire est notre organisation de l'école en vue de faire prendre le sens des responsabilités.
D'abord et principalement, ne pas organiser l'école uniquement en fonction d'elle-même; l'organiser avec ouverture, liaison, débouché sur l'Eglise et le monde. Trop souvent l'école se referme sur elle-même, croit ou veut se suffire, et méconnaît le reste. L'école, elle non plus, n'est pas une île ni une forteresse ni une évasion.
Au contraire, l'école doit s'intégrer fortement dans la vie concrète de l'Eglise, ne jamais se couper des paroisses ni des autres œuvres chrétiennes et apostoliques, rentrer résolument dans le mouvement communautaire de l'Eglise, dans ce qu'on a appelé « une pastorale d'ensemble » ou apostolat concerté; c'est un effort pour agir ensemble avec union et esprit de suite, en vue d'un bien commun: le service de l'Eglise pour le bien de tous. Règle pratique: diversité, oui; division, jamais.
Ce souci de l'organisation de l'école en vue de faire converger les efforts est un point primordial dans l'éducation du sens missionnaire; celle-ci est parfois basée sur l'intérêt porté à l'exotisme, à ce qui est étranger.
C'est une erreur. Elle ne doit pas, non plus, être envisagée comme une conquête à base de force; elle est une délicatesse et un très grand respect pour tout humain.
Préparer des missionnaires, c'est préparer des hommes capables de collaborer en gardant le sens de leur responsabilité, sans vouloir s'imposer. Même Goethe avait pressenti ce principe, lui qui écrivait: «Il faut que le chrétien soit accoutumé à considérer la religion intérieure du cœur et celle de l'Eglise extérieure comme ne faisant qu'un» (Poésie et vérité).
Ce sens de la coopération enseigné, donné, exercé, toujours témoigné par la conduite personnelle de tous les maîtres, on pourra et devra procéder, dans l'école, à des créations d'œuvres précises pour toutes sortes d'aides à apporter aux missions. Nous ne rentrerons pas dans les détails des créations possibles et désirables. Il est sûr que des réalisations sont à entreprendre ou à développer ou à améliorer ou simplement à maintenir, suivant les cas divers.
A ce sujet, ne serait-il pas bon que, dans nos grands établissements, soit généralisée l'action effective d'un responsable de toutes les questions missionnaires? Ceci faciliterait beaucoup un travail d'ensemble et suivi, surtout si ce responsable est un homme dynamique, optimiste, plein d'allant. Cette nomination bien faite serait un remède à certaines déficiences, pour quelques maisons du moins.

Conclusion :
Après avoir rappelé que :
1° « Aucune âme se consacrant au Seigneur n'est dispensée du sublime devoir de continuer la mission salvatrice du divin Rédempteur » (Jean XXIII),
2° que notre consécration religieuse est « un renouvellement, une reprise lucide et exigeante de la consécration baptismale (Henri Holstein),
3° que les conditions d'une éducation missionnaire dépassent l'organisation d'œuvres particulières, quoique celles-ci soient nécessaires, car il faut arriver à la sympathie profonde, au respect, à la coordination des efforts, nous aboutissions à ceci:

L'éducation missionnaire est une éducation de la foi et du sens communautaire chrétien. Car l'action missionnaire n'est pas un geste comme serait une générosité; elle n'est pas un don fait par un riche à un pauvre; son contraire est le complexe de supériorité, lequel nous guette souvent.
L'action missionnaire est un effort, fait avec la plus grande délicatesse possible, pour une rencontre, afin de découvrir et de libérer des valeurs; ainsi on rapproche les hommes de Dieu. Sans un respect foncier d'autrui, il n'y a pas de sens missionnaire.
Que la Vierge Marie, mère des croyants, mais aussi idéal de délicatesse d'âme, nous apprenne à aller à Dieu de « tout notre être » et au prochain « en toute hâte » ; qu'elle nous apprenne à ne pas être des « messieurs tranquilles » !
F. M. Colin

Comment amener la jeunesse
à la pratique saine du renoncement
et de la mortification

IX.

Au risque de me rendre suspect auprès de nos confrères du Canada, je ne résiste pas à la tentation de reproduire ici, en guise d'introduction, un paragraphe de la conférence donnée par M. A. Lussier, au Congrès d'étude tenu à Montréal, en novembre 1961, par le Mouvement laïque de langue française. Il me semble éminemment propre à résumer la situation psychologique dans laquelle l'enfant de 6 ans affronte l'école élémentaire et à introduire les considérations et remarques pratiques qui vont suivre, particulièrement en ce qui concerne une éventuelle mise en garde contre certaines erreurs de tactique auxquelles nous sommes exposés en matière d'éducation morale et sociale de l'enfant.
Parlant de l'enfant qui vient d'atteindre ses 6 ans, voici ce qu'écrit M. A. Lussier. « C'est le moment si vulnérable où l'enfant aborde l'univers de l'école. Il a cinq ans, il a six ans. On dit « âge de raison » et « âge scolaire », par opposition toujours à quelque chose de précis. Ce quelque chose de précis, nous pourrions le résumer en un mot : c'est l'instinct. Ou encore, c'est l'univers de l'affectivité première chez l'enfant; toute la vie des émotions fécondée par l'instinctuel, c'est-à-dire l'amour et l'agressivité. A six ans, cette frêle entité qu'est la personnalité de l'enfant est encore un composé dont les principaux éléments constitutifs sont comme indistincts les uns des autres; les frontières internes ne sont pas encore assurées entre: affectivité, émotivité, raison, intelligence, magie, rêverie, etc. ...; tout y est réciproquement en état d'osmose. Cet âge pourtant dit « de raison » est aussi le premier temps de l'existence où les efforts conjugués des lois de la psychobiologie d'une part, et les exigences du milieu d'autre part, demandent à l'enfant d'opérer une première synthèse dans sa personne, lui imposent et lui dictent une première structuration de sa personne, de son caractère. Il faut qu'il fasse le point en lui-même, le plus harmonieusement possible, de ce qu'il veut être, de ce qu'il peut et doit être.
Cette première synthèse implique une première sédimentation de moralité. C'est la couche de la pré-morale, la morale dite automatique, inconsciente, celle que l'enfant a graduellement empruntée à ses parents; celle qui par une sorte d'osmose encore, sorte d'assimilation lente, lui vient de la famille. Très tôt, par les mécanismes psychiques de l'identification et de l'imitation, les parents en viennent, dit-on, à constituer une instance dans le psychisme de l'enfant. C'est l'amorce de la censure inconsciente. On dit aussi qu'il importe beaucoup que cette orientation pré-morale, d'abord automatique et nécessairement rigide dans l'enfant, se fasse quand même le plus possible « par compréhension et sympathie » (G. Mauco), de façon à pouvoir par la suite s'assouplir. Il faut tout le contraire d'une attitude autoritaire de la part des parents pour que cette première couche de moralité à base d'impératifs catégoriques, puisse se prêter subséquemment à une graduelle assimilation par le moi conscient de l'enfant, à une adhésion de plus en plus libre opérée par le moi de l'enfant. Nous venons de dire subséquemment, mais c'est immédiatement qu'il faudrait dire, puisque, au moment même où l'enfant complète cette première ébauche de sa personnalité, ébauche au sein de laquelle se trouve cette moralité inconsciente, à ce moment même, il est entré dans l'âge dit « de raison », il a franchi le seuil crucial de la conscience morale, de la morale consciente. L'enfant fait face à la nécessité de franchir le seuil au-delà duquel morale automatique et aveugle doit devenir de plus en plus morale librement assumée; acheminement graduel vers l'adhésion libre. J'ai dit seuil crucial, parce que nous avons là une frontière devant laquelle les chrétiens ont maintenu une prise de position, en soi et non intentionnellement, strictement profanatoire. Je ne dis rien de neuf ici, car les plus grands parmi les chrétiens nous le répètent depuis toujours.
« Etre encore bien chétif et très vulnérable », l'enfant de six ans se rend donc à l'école pour y être placé aussitôt devant des exigences presque sans limites : moralité, conscience, vie de raison, démarche de l'intelligence, exigence de liberté, exigence d'amour » (A. Lussier). Et cela, quelle qu'ait été sa première éducation au sein de la famille.
S'il n'a pas été gâté outre mesure à la maison, cet événement, bien que représentant pour lui un certain détachement de la famille, ne constitue généralement pas un drame. Bien souvent même, l'enfant soupire après ce jour, car aller à l'école n'est-ce pas grandir?, et grandir n'est-ce pas son suprême désir? « A mon premier jour d'école, je vais apprendre tous les mots que je ne sais pas encore, annonça triomphalement à ses parents une enfant d'un peu plus de quatre ans, de plus en plus impatiente dans l'attente de cet événement. Et ce fut dit avec dans les yeux une sorte d'extase anticipée » (A. Lussier).
Il n'empêche que le premier contact avec l'école ne se solde souvent par une déception: l'enfant expérimente à présent combien il a besoin du nid familial, tout centré sur sa petite personne et au sein duquel il pouvait mener en toute sécurité une vie parasitaire.
Au premier abord, l'école lui apparaît comme un milieu indifférent voire même hostile et dans lequel, en tout cas, il ne représente qu'un numéro parmi quantité d'autres. Du coup, il se sent bien petit, esseulé, abandonné. L'angoisse l'étreint et il a hâte de retrouver auprès de sa maman la chaude atmosphère du foyer.
Mais pour peu que son éducation première ait été virile, cette impression défavorable ne tarde pas à s'effacer et le petit écolier se fait à sa nouvelle forme de vie.
L'école constitue pour l'enfant la première rencontre sérieuse avec cette grande réalité de la vie humaine qu'est la société et qui exige aussitôt qu'il s'y adapte au prix de petits — ou de gros — renoncements, sans cesse renouvelés. L'instinct social — disons plutôt la tendance altruiste — doit donc l'emporter graduellement sur la tendance adverse: affirmation de soi, égocentriste, et sur les mécanismes de défense qu'elle déclenche. Ou du moins, ces derniers doivent-ils constamment composer avec les exigences sociales de son nouveau milieu en sorte qu'entre eux soit établi et gardé un juste équilibre.
C'est là une tâche d'envergure et souvent extrêmement pénible pour l'enfant. L'éducateur de profession doit savoir y intervenir avec énormément de tact, c'est-à-dire de fermeté et de douceur en même temps, mais surtout de patience. Dans le domaine de l'éducation morale et sociale plus qu'en aucun autre, il faut se souvenir de cette parole de M. Prévost: Education, ton nom est patience.
Avec l'arrivée de la scolarité débute pour l'enfant la possibilité d'une conduite vraiment morale.
Les renoncements de la première enfance avaient un caractère réflexe, instinctif, résultat de l'interaction des deux grandes tendances vitales. Il s'agit désormais de les rendre conscients et voulus. L'enfant devient capable de comprendre et d'accepter la nécessité de se renoncer et de se mortifier. L'objet aimé dont l'enfant reçoit de l'amour doit acquérir à présent de la valeur en soi, indépendamment de l'instinct, toujours orienté vers le moi. La réalité extérieure, la loi ou la norme, sous l'influence éducative de l'école, vont acquérir peu à peu de la valeur en elles-mêmes. C'est là, bien entendu, œuvre de longue haleine et non pas d'un jour, mais à laquelle se prêtent les intérêts objectifs de l'enfant. Ces intérêts doivent être stimulés et développés de façon concentrique : porter d'abord sur le milieu immédiat, puis, par cercles concentriques, s'étendre à toute la création: fruits, récoltes, animaux, voisins, compatriotes, humanité tout entière. Durant les premières années, l'enfant n'a certes encore qu'une conception fort primitive et étriquée de la société: il la considère surtout en tant qu'un bien pour lui. Mais c'est là, encore une fois, un stade transitoire nécessaire. Pendant cette période des intérêts objectifs, il n'est pas prudent de s'appesantir devant les enfants sur la relativité, la précarité des valeurs terrestres et de les comparer aux biens suprasensibles. Ceux-ci échappent encore à leur horizon tout autant que la relativité des choses purement matérielles. Et puis, pareilles considérations, parce que prématurées, rendent les enfants moroses. Laissons donc mûrir l'enfance dans l'enfant et donnons à la période des intérêts objectifs le temps de s'amortir, avant de fixer l'esprit des enfants sur les valeurs éternelles. Procédons par paliers. Intégrons d'abord dans leur bagage intellectuel et affectif les valeurs sensibles. Viendra ensuite, à l'arrivée de l'adolescence, le tour des valeurs supérieures et éternelles, car l'enfant ne peut y accéder qu'après avoir assimilé les premières.
Nous pourrions encore nous exprimer d'une autre façon en nous reportant à ce que nous avons dit au sujet des forces affectives qui sont actives au cours de la première enfance.
L'enfant a dû renoncer à beaucoup de choses au nom des exigences de son milieu. Les forces affectives furent bridées par son besoin d'affection, en prodiguant de l'amour au monde extérieur, et ainsi elles furent détournées du «moi». Cet amour se prodigue d'abord au milieu immédiat: à ce et à ceux dont on reçoit de l'amour. Si cette force, cette capacité d'aimer est étouffée, on constatera plus tard que l'enfant est incapable d'entrer vraiment en contact avec autrui. Mais, par le fait même, il lui devient également impossible d'entrer en contact avec Dieu. Comment voudriez-vous que l'enfant parvienne à aimer Dieu qu'il ne voit pas, s'il n'a pas pu aimer les êtres qu'il voit et au milieu desquels cependant il est condamné de vivre? Sans fusionnement affectif préalable avec les choses du monde extérieur: jouets, friandises, animaux domestiques (chiens et chats), puis avec les personnes de son entourage immédiat, pas question d'un amour supérieur. Et il faut bien reconnaître que du côté chrétien, sous l'influence pernicieuse autant que tenace de doctrines que cependant l'Eglise n'a jamais voulu faire siennes, on s'est souvent méfié et on se méfie encore toujours de ce fusionnement, de cette communion avec le inonde, considéré comme mauvais. Si on n'y voit pas trop de dangers en ce qui concerne le petit enfant, dès que s'éveille en lui la raison, on croit sage de le détourner du monde sensible et de le porter, même en faussant parfois à tout jamais sa conscience, vers les valeurs supérieures.
Pourquoi se refuser à s'incliner devant la réalité? L'esprit de l'enfant s'attache d'abord aux valeurs sensibles. Contrecarrer cette tendance, c'est nuire souvent très gravement et de façon irrémédiable à sa croissance spirituelle et affective ultérieure.
Comment faire croire l'enfant à l'amour du Créateur si on ne lui inspire que la crainte et le mépris de la création? Comment le faire croire à un Dieu bon si nous lui présentons constamment le monde comme mauvais et dangereux?
La religion n'est devenue dans le passé que trop souvent la proie d'un rationalisme desséchant, d'où tout sentiment affectif devait être banni et où dominait le mépris, la dévalorisation des biens terrestres. Accordons à l'enfant et à l'adolescent le temps nécessaire pour découvrir et reconnaître la supériorité des valeurs spirituelles sur les autres, et ne cherchons pas d'emblée à leur faire admettre une échelle de valeurs qui n'est nullement de leur âge, mais de l'âge adulte.
Et enfin, il faut que nous nous rendions compte, quand nous stimulons l'enfant à pratiquer des mortifications, qu'il ne peut renoncer à une valeur déterminée que pour autant qu'il en entrevoit une autre qui lui soit supérieure. C’est une loi psychologique très générale qui se réalise aussi bien chez celui qui se suicide que chez celui qui accepte le martyre. Exiger de l’enfant qu'il renonce à des valeurs tangibles au profil de valeurs supérieures non encore expérimentées ni intégrées dans sa vision du monde c’est le porter a la résistance intérieure et exacerber son agressivité. Dès lors, que devient le renoncement? Quelle est sa valeur morale ?
(à suivre)
F. Elie-Victor
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NOS ŒUVRES
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L'INSTITUT SAINTE-MARIE D'ARLON, ALMA MATER DE LA PROVINCE DE RELGIQUE, A FETE SES 75 ANS D'EXISTENCE.

Pour tous les Frères des Provinces de Belgique-Hollande et du Congo, l'Institut Sainte-Marie d'Arlon est l'Aima Mater. Il en fut de même pour ceux de Beaucamps avant la division de cette Province en 1934 et pour ceux d'Allemagne avant 1914.
L'histoire de cette Maison a été résumée dans le N. 164 du Bulletin (octobre 1956). Elle vient d'être complètement retracée dans une luxueuse plaquette jubilaire, agrémentée d'illustrations, de plans et de diagrammes. On pourrait y cueillir bien des traits dignes d'intérêt pour les lecteurs du Bulletin. Bornons-nous à l'un ou l'autre.
A l'origine, la Maison devait être uniquement un noviciat dont l'aire de recrutement s'étendait sur quatre régions: la Belgique, le Grand-Duché de Luxembourg, l'Alsace et la Lorraine, l'Allemagne. Mais sur les instances des catholiques de la ville, deux mois après la fondation, s'ouvrait une école primaire, malgré le défi du Doyen qui gageait que jamais, dans le climat des idées de son chef-lieu, elle ne rassemblerait 20 élèves. De fait, l'atmosphère n'était guère favorable aux Frères lorsqu'au nombre de trois ils arrivèrent à Arlon le 5 novembre 1888. Le libéralisme était entretenu par une presse qui prenait la religion à partie dans chacune de ses éditions. Quelques jours après l'acquisition de la propriété par la Congrégation, on y lisait des slogans de ce genre : « Où prospèrent les couvents meurt la liberté»; «Il est acquis depuis longtemps que confier ses enfants aux Petits Frères, c'est les exposer aux plus graves périls ». Puis, sans réserve, on parlait d'« ignobles ensoutanés » et de « capucinière »...
Jusqu'en 1921, aucun catholique ne fut élu au Conseil communal de la Ville, mais en 1958 la liste de M. Charles Simon, Président de l'Amicale des Anciens élèves, obtenait la majorité absolue et lui-même devenait le premier bourgmestre catholique de cette Cité qui longtemps se targua de rester une forteresse du libéralisme.
Successivement, au fil des années et des opportunités, s'ouvrirent diverses Sections d'enseignement comme en témoigne le diagramme ci-joint. Le «tableau» du 75* anniversaire présente les chiffres suivants:
1.500 élèves dans une ville de 13.500 habitants (c'est l'établissement le plus important du diocèse de Namur);
127 vocations religieuses ou sacerdotales, dont 34 Frères Maristes;
1.125 diplômes d'instituteur, dont 563 à des Frères; 501 diplômes de régent ou professeur d'école moyenne, dont 46 à des Frères;
699 certificats de fin d'Humanités;
113 professeurs, instituteurs, surveillants, en service dans la Maison.
Conjointement à l'école, un noviciat y fut installé dès les commencements et un groupe de jeunes gens v prenait l'habit mariste en 1889. Ce noviciat fonctionna régulièrement jusqu'aux événements de 1914 qui forcèrent les supérieurs à le transférer ailleurs. Au cours de ces 25 années, 826 jeunes y revêtirent les livrées maristes.
Au noviciat s'ajouta naturellement le scolasticat pour les jeunes Frères qui devaient se munir des diplômes officiels exigés pour l'enseignement.
Scolasticat et école primaire ont évolué et fusionné pour ainsi dire, et donné naissance au complexe scolaire actuel de l'Institut Sainte-Marie avec ses sections multiples que nous allons présenter.
En 1909, un petit juvénat y prit naissance et fonctionna jusqu'en 1914. Un nouvel essai de juvénat, en 1920, ne dura que trois ans, mais, de nos jours, Arlon abrite le juvénat supérieur. Les grands juvénistes suivent une partie du cycle des Humanités ou de l'Ecole Normale avant d'entrer au noviciat.
L'école primaire a toujours joui d'une grande vitalité. « Dans le vaste complexe de l'ISMA, dit la plaquette publiée dernièrement, et qui décrit magnifiquement l'ensemble de l'établissement, les Primaires tiennent honorablement leur place. Elles ont d'abord le prestige du nombre. Dans les défilés, les séances récréatives, les manifestations sportives, les petits apportent une note de fraîcheur, de simplicité, de naturel. La tradition a fait que la distribution des prix soit son panache ». Ce sont les primaires qui assurent aux autres sections leur recrutement normal et cela est précieux pour l'esprit de continuité et de famille.



Comme nous l'avons déjà dit, il v a eu constamment à Arlon une section d'Ecole Normale où les jeunes Frères se préparent à l'enseignement. C'est de cette Ecole que sont sortis les Frères qui ont développé et soutenu les œuvres maristes de Belgique et du Congo. Réservée d'abord aux Frères, on y admit plus tard, à la prière de Monseigneur l'Evêque de Namur, des élèves laïcs, en vue d'assurer des maîtres chrétiens aux écoles primaires du pays. Qui pourra jamais apprécier le bien immense de cette mesure?
Elle a donné « 1.125 Instituteurs répandus aujourd'hui dans toute la région et qui dirigent des écoles à l'esprit bien chrétien. L'on ne dira jamais assez la grandeur, la noblesse de leur mission. Ils sont vraiment les seigneurs de l'esprit et les conducteurs des âmes ».
Dès l'année 1896, sur les instances des catholiques d'Arlon, on avait créé une section d'Humanités anciennes qui ne put prospérer et qui se mua en classes appelées Professionnelles, puis en Humanités modernes.
« De ces classes sont issus des hommes formés, devenus dans la société une élite influente: fonctionnaires, ingénieurs, officiers supérieurs, diplomates... Beaucoup sortis timidement de leur village, se sont taillé une situation enviable ou ont assumé des responsabilités pour le bien public... Il y a eu aussi de probes artisans, des cultivateurs avisés, des hommes d'œuvres, qui ont constitué une aile marchante pour les idées chrétiennes ».
L'ancien projet pourtant ne fut jamais abandonné. Repris ces dernières années, il a donné lieu à l'établissement de la section d'Humanités complètes qui fonctionne à plein rendement à la satisfaction de tous et ouvre devant les élèves « tout un éventail de possibilités d'avenir, élargi encore par l'adjonction récente d'un cycle latin-mathématiques ».
Enfin, la dernière-née des sections du vaste complexe de l'ISMA est la Régence, laquelle a pris un bel essor. Alimentée en bonne partie par les élèves qui sortent des Humanités ou de l'Ecole Normale, la Régence comporte quatre sections: langue maternelle-histoire; mathématiques-physique; langues modernes; sciences-géographie.
On appelle Régence l'école normale moyenne qui prépare au diplôme « d'agrégé de l'enseignement moyen de degré inférieur » (plus communément désigné du nom de régent) qui donne droit d'enseigner dans les cycles inférieurs de l'enseignement moyen ou secondaire. Il y a plusieurs programmes d'enseignement normal moyen, parmi lesquels peut choisir le futur régent: langue maternelle et histoire, mathématiques et physique, sciences et géographie, langues germaniques, arts plastiques, éducation physique (l'ISMA n'a pas les deux dernières spécialités).
« Elle est aujourd'hui en pleine prospérité et il n'est rien de plus opportun que de souhaiter qu'elle continue sa voie ».
Nous ne reviendrons pas sur les toutes dernières réalisations menées £• bien ces dernières années au sein de l'ISMA. Le Bulletin les a signalées (Cfr. n. 185. p. 50; n. 186, p. 119}. L'établissement a dû agrandir ses locaux pour faire place aux élèves toujours plus nombreux et pour se mettre à jour. De nouvelles constructions ont surgi: classes, dortoirs, réfectoires, cuisines, terrains de sport... La chapelle a subi une complète transformation (Cfr. Bull. n. 187, p. 2241. «Toutes les pierres de la vieille maison sont ainsi devenues vivantes en cette dernière décade, tant elles ont pris un visage nouveau. A l'image de la jeunesse qui l'anime et l'égaie, celle Maison souhaite, même matériellement, rester dans un continuel printemps ».
Est-il nécessaire de dire que tout ce monde de I'ISMA\ est animé d'un grand esprit chrétien? « La Maison a une âme qui se manifeste de multiples manières». On \ départit une formation chrétienne profonde et une culture ouverte à tous les horizon-. Messin- Dieu, premier servi» (Ste Jeanne d'Arc) pourrait être sa devise. Les groupements apostoliques y ont toujours prospéré: Croisade eucharistique à l'école primaire, JEC et Congrégation de la Sainte Vierge dans les classes secondaires, Cadets du cycle inférieur de l'enseignement moyen, Légion de Marie qui travaille dans divers quartiers d'Arlon. La vie liturgique y est intense et animée par des messes dialoguées, des veillées bibliques, le chant des psaumes et l'usage de la langue maternelle. Nous devrions parler aussi de la chorale des « Rossignolets » de toute la grâce et de la fraîcheur qu'elle apporte aux cérémonies religieuses. Leur art, leur réputation ont appelé souvent leur activité au loin: ils ont chanté bien des fois la messe radiodiffusée à l'intention des malades; ils ont été invités à des congrès de chanteurs: Paris, Lourdes, Rome et Lille; à l'occasion de Noël, ils portent à travers Arlon un message rie joie, chantant dans les rues, à l'Hospice, à l'Hôpital, à la Caserne et à la Prison.
Cette formation a produit ses fruits, nous l'avons vu, par le nombre de maîtres chrétiens qui travaillent auprès de l'enfance. Nous pourrions aussi donner la longue liste de ceux qui se sont donnés à Dieu et aux âmes dans le sacerdoce et dans la vie religieuse; elle aligne plus de 126 noms. L'ISMA fut, dès son aurore, une pépinière de religieux qui ont planté ou fécondé l'arbre mariste, non seulement en Belgique et au Congo, mais en Grande-Bretagne, au Brésil, en Afrique du Sud, en Nouvelle-Calédonie et en Uruguay.



Arlon - Un groupe d'autorités assiste au défilé des élèves. Au premier rang, la sœur du R.F. Sup. Général.
Las autoridades durante el desfile del alumnado. En primera linea, la hermana del Rmo. H. Superior General.
The Official party during the march-past. In the first row, Rev. Bro. Sup. General's sister.

Des initiatives y sont nées en vue de favoriser une meilleure culture et un plus bel épanouissement humain, intensifiant le rayonnement intellectuel et l'influence morale de l'établissement. Citons entre autres la réorganisation de la bibliothèque avec ses 26 000 volumes et documents, l'initiation cinématographique avec les cinés-forums qui se propose de former « des spectateurs éclairés des salles obscures » ; on y organise même des chansons-forums. En plus d'une Académie de culture littéraire, l'Institut compte un Cercle culturel qui multiplie les conférences et les spectacles variés où se produisent des figures de renom dans le monde de l'esprit.
Depuis1958, un «cours de préparation au mariage » pour les grands élèves. Un père de famille et un prêtre en assument la direction.
Les cérémonies jubilaires du 75ième anniversaire ont constitué une sorte de triduum.
Le vendredi 10 mai, les élèves rendaient hommage à « leur » école Nous sommes l'Institut Sainte-Marie, connue s'exprima leur porte-parole.



Arlon – S.E. Mgr Musty, ancien élève, évêque auxiliaire de Namur, remet au F. Directeur la distinction pontificale « Benemerenti »

Nous le fêtons dans la joie et la fierté. Il est comme un être vivant qui Mil fur et à mesure de sa croissance, a grandi en taille, a développe ses organes, élargi son champ d'action. Le voilà maintenant à l'âge adulte... ». Un «Son et lumière», sorte d'évocation historique de l'Etablissement, avait été réalisé avec art et goût à l'intention élèves.
Le second jour, on honora particulièrement les défunts. Durant les 30 premières années de l'Institut, le sectarisme de la municipalité refusa aux Frères — comme d'ailleurs aux autres communautés religieuses de la Ville — un coin de terre pour accueillir leurs morts. Et c'est dans un cimetière de la commune voisine que furent inhumés les 26 Frères décédés de 1894 à 1924. Pour honorer leur mémoire, un monument y fut inauguré le 11 mai et par un digne retour des événements, devant ce tableau d'honneur proclamant les noms de ces pionniers arrivés de Wallonie et de Flandre, de France et du Palatinat, sont venus se recueillir des autorités du plus haut rang, des anciens élèves, des amis... Eux, dont le monde n'était pas digne, comme s'exprime l'Ecriture... On aurait pu graver en épigraphe au-dessus de leur nom ces mots de Lacordaire: «Aux jours d'autrefois, on voyait des chrétiens quitter leur patrie pour se donner à quelque cathédrale qui se bâtissait sur les bords d'un fleuve étranger... Et, lorsque, après vingt ou trente ans d'un obscur travail, la croix brillait enfin au sommet du sanctuaire élevé de leurs mains, ils y jetaient un dernier regard et... s'en allaient, sans laisser leur nom, mourir en paix, dans la bienheureuse pensée d'avoir fait quelque chose pour Dieu ».
Le CF. Provincial de Belgique prononça le discours inaugural. « Les circonstances peu favorables, dit-il, les humbles moyens du bord dont disposaient ces pionniers mettent en relief aujourd'hui leur mérite personnel et la valeur spirituelle du patrimoine apporté à ces pays ».
Après cette inauguration, fut célébré un service solennel pour les défunts: Frères, professeurs, élèves et anciens élèves, bienfaiteurs. Les familles des 87 anciens élèves et professeurs victimes des guerres et des 46 élèves décédés au cours de leurs études avaient été personnellement invitées.
Dans la soirée du samedi 11 mai, l'Administration communale d'Arlon donnait, à l'Hôtel de Ville, une réception officielle à l'occasion du jubilé. Le nombre et la qualité des invités qui s'y pressaient, comme aussi la cordiale sincérité, la solennité et l'ampleur du discours de M. Simon, bourgmestre, donnèrent à cette cérémonie un relief qui fit sensation. Celui-ci rendit hommage au R.F. Supérieur Général et au CF. Econome Général, anciens élèves et anciens professeurs d'Arlon (ce dernier étant de plus citoyen arlonais) puis avant évoqué les temps moins favorables du passé, il se livra à une analyse complète des motifs de reconnaissance de la Ville d'Arlon envers l'Institut Sainte-Marie. « Si, dit-il, Arlon est actuellement dans le Luxembourg le chef-lieu non seulement politique et économique, mais aussi intellectuel et spirituel; s'il est le centre attractif de la jeunesse, et donc, tout tourné vers l'avenir, c'est tout de même en grande partie à l'action de l'Institut Sainte-Marie qu'il le doit... ».
M. Lacoste, ambassadeur de France à Bruxelles, dit sa joie de prendre part à cette fête de l'éducation et d'y représenter la France chrétienne. Il était accompagné de M. Thiollier, Consul général de France à Liège, qui se plut à révéler qu'il était originaire de la région de Saint-Chamond.
Le dimanche 12 mai, en l'église primaire Saint-Martin, à l'allure de cathédrale, fut chantée une grand'messe solennelle d'action de grâces. Mgr. Musty, évêque auxiliaire de Namur et ancien élève, bénit le nouveau drapeau de l'Amicale portant l'emblème des trois violettes. Puis, dans les rues de la ville s'organisa le défilé des élèves, comme toujours impressionnant par son ordonnance, la tenue uniforme des élèves et aussi son ampleur, car ceux-ci étaient au nombre de 1.300. Sur le parcours furent fleuris le mémorial des morts de la Ville, le monument du Roi Albert et de la Reine Astrid, celui des anciens élèves victimes des guerres. Après le déploiement des élèves dans la vaste cour de récréation, qui se termina par l'annonce d'un jour de congé, une séance solennelle allait se tenir dans la salle des fêtes.
Elle s'ouvrit par l'exécution de la cantate du 75e anniversaire, une œuvre poétique et musicale de grande valeur, à laquelle les Rossignolets du F. Charles et un orchestre avaient apporté, des mois durant, une préparation persévérante et méticuleuse. Les paroles sont du F. Marcien Bradfer et la musique de M. E. Binet. Nous donnons deux passages de la cantate qui montreront sa haute tenue poétique.

Voici le haut-lieu millénaire,
Solidement ancré
Sur l'océan des horizons illimités.

Dessus la houle des forêts
Que le Trévire parcourait.
Jaillissent dans l'azur les tours des sanctuaires.

Voici la colline en prière,
Que saint Donat et saint Martin.
Et la Vierge Marie, Etoile du Matin,
Protègent de toute misère.

Et voici la vaste maison,
Le grand chantier des Petits Frères,
Qui sont venus semer jadis en notre terre,
Avec amour, modestement, le grain fécond.

Le frêle arbuste d'autrefois est devenu forêt vivante;
La petite école d'antan.
La voici maintenant
Comme une ruche foisonnante.
Des milliers de garçons,
Sous le regard de Notre-Dame,
Patronne de cette maison.
Ont éclairé ici leur âme.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Heureux vous tous qui gardez souvenir
Du grand rêve ébauché en votre enfance lumineuse!

Heureux vous tous, que Dieu pourra bénir
D’avoir gardé fidélité à vos promesses généreuses !

Enracinés en même sol,
Nous avons puisé même sève;
Emportés par un même rêve.
Nous avons pris un même envol.

Sur nos rêves d'enfants, nous bâtissons la cathédrale!
Sonne le carillon, en la plus hante tour!
Et chantent les oiseaux, à lire d'aile, aux alentours!
Sonne le carillon, dans l'allégresse triomphale!

Aux premiers rangs de l'assemblée on remarquait: M. Servais, Ministre de l'Emploi et du Travail, Mgr. Musty, le Baron de Sélys-Longchamp, ambassadeur de Belgique au Luxembourg, M. Dumont, représentant du Ministre de l'Education nationale, le Chevalier Lamalle, Gouverneur de la province, le Rme. Père Abbé d'Orval, Mgr. Litt, Pro-recteur de l'Université de Louvain, M. Coppé, Président de la Haute Autorité de la C.E.C.A., le Président du Conseil provincial et le Commandant militaire de la province, Mgr. Jost, représentant de l'Evêque de Luxembourg, le Bourgmestre et le clergé de la ville, nombre d'officiers supérieurs, des membres de la magistrature et du barreau, des supérieurs de maisons religieuses et de collèges. La Congrégation était représentée par le CF. Gildo, A.G., le CF. Simon-Henri, Econome général, les Frères Provinciaux de Belgique et de Beaucamps. Les Frères anciens élèves de la Maison étaient revenus nombreux.



Arlon - Le groupe des décorés.
Grupo de los condecorados.
The group of those who received decorations

Il y eut bien sûr des discours. On en apprécia la qualité. Tous, sur le leitmotiv de la reconnaissance et de l'admiration pour l'œuvre réalisée à Arlon par les Frères, eurent le même accent, souvent émouvant, de franche sympathie et de profonde sincérité. Plusieurs personnalités fuient bien aises de pouvoir dire leur sentiment au cours du banquet. M. Servais, Ministre de l'Emploi et du Travail:
«Au nom du Gouvernement, je tiens à vous remercier pour la tâche accomplie et à vous féliciter pour les résultats obtenus. Pendant trois quarts de siècle, de nombreuses générations de jeunes gens ont reçu dans cet Etablissement, en même temps qu'une éducation morale el religieuse solide, une formation intellectuelle qui leur ont permis de prendre une place enviable dans la société où certains ont même joué un rôle de premier plan ».
Mgr. Musty, Evêque auxiliaire de Namur:
« Laissez-moi vous dire que je suis émerveillé et que je laisse à Dieu seul la possibilité de faire le total de toute l'œuvre accomplie, œuvre mystérieuse mais profonde et durable, pour laquelle l'Institut mérite vraiment les félicitations de l'Eglise ».
Mgr. Jost, Chancelier de l'Evêché de Luxembourg: « Quelle terre plus fertile les glorieux et vaillants fils du Bx. Champagnat pouvaient-ils trouver, il y a 75 ans, à Arlon: Frères Maristes de l'Institut Sainte-Marie, sur une terre maria le, pour y semer à tout vent, la bonne semence d'une jeunesse forte et fidèle! ».
M. Dumont, délégué du Ministre de l'Education nationale: « L'enseignement qui est donné ici depuis trois quarts de siècle témoigne avec éclat qu'en ajoutant une dimension surnaturelle, une signification divine aux connaissances humaines, on n'en diminue nullement le caractère raisonné ».
M. Schmit, Conseiller du Gouvernement luxembourgeois:
« La fidélité qui continue à lier les Anciens du Grand-Duché à leur Alma Mater arlonaise ne constitue-t-elle pas le plus sincère hommage de mon Pays, à travers des centaines de ses citoyens, envers l'Institut Sainte-Marie? ».



Arlon - La chorale «les Rossignolets ».
Los niños cantores del Instituto Hanta Maria.
The choir of «The Nightingales*.

La phase la plus pathétique de la séance académique fut assurément la remise de distinctions honorifiques à seize membres du personnel de la Maison. Le F. Daniel, Directeur général, reçut, de la part du Saint-Siège, la Médaille « Bene merenti », et, de la part du Gouvernement belge, la Croix de Chevalier de l'Ordre de la Couronne. Les Frères Pierre-Herman, Achille, Julien, Georges, Louis-Maurice, MM. Justin et Maxime Sainlez furent décorés, soit pour 25 ans, soit pour 35 ans d'enseignement. Mais ce qui émut particulièrement l'assistance, ce fut l'honneur d'une décoration aux travailleurs modestes dans un emploi effacé: conciergerie, cuisine, jardin, menuiserie: les Frères Liénard, Matthieu, Etienne-Marius et Adrien-Jérôme. Celui qui le premier fut à l'ordre du jour est un domestique qui est au service de l'Institution depuis 39 ans, M. Frédéric Martin.
L'Ambassade de Belgique à Luxembourg avait eu la délicatesse de demander au Gouvernement grand-ducal, un geste officiel de sympathie pour l'école qui accueillit depuis le début du siècle près de 3 000 jeunes gens de son pays. Le Frère Directeur et les Frères Jean-Michaël et Laurien reçurent respectivement la Croix de Chevalier et la Médaille de l'Ordre du Mérite Luxembourgeois.
Le banquet qui suivit se passa dans une atmosphère de famille, bien qu'il fût ordonné selon un protocole assez solennel, eu égard au nombre et à la qualité des invités et au prestige de la Maison.
Le C.F. Gildo, A.G., dégagea la portée spirituelle du jubilé et, réunissant les points de vue de l'Eglise et de la Congrégation, il précisa dans quel sens l'œuvre mariste à Arlon allait devoir se poursuivre.
Après ce qui fut évoqué plus haut concernant l'hostilité ou du moins la méfiance que trouvèrent les Frères à Arlon en 1888, il est intéressant de noter la large sympathie que suscita le jubilé; y participèrent des personnes ne partageant pas les convictions chrétiennes et on remarqua la présence de chefs d'établissements scolaires officiels; décidément la tolérance a fait du chemin!
Dans le même ordre d'idées, il faut aussi relever que les organes de presse, dans toute la variété de leurs tendances, ont donné largement et favorablement écho aux fêtes jubilaires.
S. E. Mgr. Oddi, Nonce apostolique à Bruxelles, qui avait été empêché de participer, vint rendre visite à l'Institut le 18 mai. Accompagné de son Auditeur, Mgr. Innocenti, il y prit le repas du soir et ne quitta qu'à une heure assez avancée. I' raconta que lors de sa mission diplomatique au Moyen-Orient, il vivait en très bonne amitié avec les Frères Maristes, ses voisins à l’Inter-nonciature de Damas.
Quelques jours plus tard, les familles Michaélis et Lamy, auxquelles les Frères Maristes sont redevables de leur installation à Arlon, étaient reçues à l'Etablissement. Ensemble, des souvenirs furent rappelés; on feuilleta des documents — notamment la correspondance échangée avec le R. F. Théophane — et surtout on exprima à ces bienfaiteurs une reconnaissance méritée.
On ne peut mieux terminer cette relation qu'en reprenant l'épilogue de la plaquette jubilaire:
Ne pourrait-on pas appliquer à l'Institut Sainte-Marie ce que Henri Massis disait de l'Académie française, lors de sa réception en cette illustre Compagnie, le 3 juin 1961:
« L'Académie n'aime pas être le dernier refuge d'une cause qui se sentirait perdue... Elle s'attache à ce qui ne passe pas. C'est ce qui ne meurt pas, ce qui mérite de vivre et à quoi ses membres ont cherché par leur art, par leur action, par leur talent, par le génie, à donner une figure ».
C'est en effet dans la catégorie de l'éternel que se situe l'œuvre d'enseignement et d'apostolat de l'Etablissement. Participant à la construction de deux cités, la communauté humaine et l'Eglise, l'Institut a vraiment formé des « pierres vivantes », selon l'expression de saint Pierre.
Et dans cette mission, il y eut toujours en filigrane la bienveillante et toujours présente sollicitude de Notre-Dame du Rosaire, sa Patronne. Dans la famille mariste, elle a tout fait, comme se plaisait à le redire son fondateur, le Bienheureux Marcellin Champagnat.
C'est à Elle que l'I.S.M.A. confie encore son destin, après avoir reçu l'auréole humaine de son 75ième anniversaire.
F. L. D.
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Autour du monde Mariste
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MAISON GENERALICE

Au cours des vacances dernières, la maison a vu le mouvement, déjà familier, des Frères de passage. Nous pouvons signaler la visite d'un groupe de Frères vétérans d'Espagne venus à Rome à l'occasion de leurs noces de diamant ou d'or.
Les Frères de la Maison ont vu avec regret le départ, pour raisons de santé, du F. Manuel Gutiérrez Mora qui remplissait les fonctions de Secrétaire des Amicales maristes. Il a été remplacé par le CF. André Cerise, de la Province de São Paulo. De même le CF. Dionisio Busato est rentré dans sa Province de Caxias do Sul après avoir travaillé, deux ans, à la Sacrée Congrégation des Rites.



Rome - Frères étudiants de Jesus Magister autour du R.F. Sup. Général, de Mgr. Arteaga, évoque auxiliaire de Popayán, de M. l'Abbé Bublik, aumônier, du CF. Vie. Général, de plusieurs Frères assistants Généraux et de leurs Frères Professeurs.
Hermanos del Jesus Magister en torno al Rmo. Hno. Superior General, a Möns. Arteaga, obispo aux. de Popayân, al R.H. Vie. General y a otros Hermanos Superiores.
Student Brothers of Jesus Magister with Rev. Bro. Sup. General, His Lordship Mgr. Arteaga, auxiliary of Popayân, the Vie. General and other Major Superiors.

Le 15 septembre avait lieu l'ouverture de l'Année de Spiritualité pour 31 Frères appartenant à 24 Provinces ou Districts.
A la fin du mois nous reçûmes la douloureuse nouvelle du décès du CF. Sebastiani, ancien F. Assistant Général, qui a tant travaillé à l'organisation, chez nous, du Jesus Magister.

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Le 20 octobre vit l'inauguration, à la Maison Généralice, de l'Année académique de cet Institut. Elle se fit en présence du R.F. Supérieur Général et de tous les Supérieurs Majeurs présents à la maison. Y assistaient aussi Mgr. Alonso Arteaga, Evêque auxiliaire de Popayán (Colombie) qui a résidé chez nous durant la seconde session du Concile. Il est ancien élève mariste. On y remarquait de même la présence du R.P. Corcarán, S.M., professeur de mariologie à l'Année de Spiritualité, et de M. l'Abbé V. Bublik, professeur à St. Jean de Latran et aumônier de la maison. Le CF. Marcel Colin y donna une conférence sur le rôle missionnaire de l'école chrétienne que le Bulletin a le bonheur de reproduire dans ce numéro pour le plus grand profit des lecteurs. Le R.F. Supérieur clôtura la séance par quelques mots instructifs et pleins d'à-propos. II parla de l'importance du travail, montrant que c'est par lui qu'on acquiert la compétence requise dans tous domaines, qu'il prépare à l'action apostolique, attire l'estime et l'affection des élèves et du public, justifie notre vocation, maintient le bonheur dans les communautés, en même temps qu'il est nécessaire au recueillement et à la vie de prière et qu'il favorise l'union des esprits et des cœurs. « Le travail, affirma-t-il, collabore à l'œuvre de Dieu ». Il termina en souhaitant à tous force et courage pour réaliser de la bonne besogne dans le calme et la joie, sans oublier le bon sommeil, toutes choses si utiles au bon travail et à notre vie religieuse.



Rome – Frères de l’année de spiritualité
Brothers of the Year of Spirituality and their Director.



Le R.F. Supérieur saluant Mgr. Alonso Arteaga.
El Rmo. Superior General saludando a Mons. Alonso Arteaga
Rev Bro. Sup. General welcoming Mgr. A. Arteaga.

Les Frères qui fréquentent actuellement l'Institut Jésus Magister sont au nombre de 41, provenant de 22 Provinces ou Districts de la Congrégation. Les Provinces les mieux représentées sont Bética (5), Colombie (4), Madrid (41, Argentine (3) et Levante (3).
Rappelons en passant quelques données sur cet Institut.
L'Institut Pontifical Jésus Magister fut érigé en 1957 et agrégé à l’Athénée Pontifical du Latran. En 1959, lorsque le dit Athénée devint Université Pontificale, l'Institut Jésus Magister en devint une Faculté. Une lettre du 4 mars 1961 a confirmé la pleine valeur des diplômes conférés par cet Institut. Ces diplômes sont les suivants: 1° Baccalauréat en sciences religieuses, accordé à la fin de la deuxième année. 2° Licence en sciences religieuses, accordé à la fin de la quatrième année. 3° Le doctorat en théologie, moyennant deux années d'études supplémentaires.
Le cycle des études est le suivant : I° Année : Initiation philosophique : Logique, Métaphysique, Cosmologie, Psychologie, Gnoséologie, Ethique, Théodicée, Histoire de la Philosophie. Initiation théologique: Théologie fondamentale, introduction à l'Ecriture Sainte, Philosophie biblique.



Le conférencier, F. Marcel Colin.
El Hermano conferenciante.
Rev. Bro. Marcel Colin giving the address.

II°, III, IV° Années: Ecriture Sainte, Théologie dogmatique et morale, Histoire ecclésiastique, Pastorale catéchétique et Pédagogie religieuse, Droit canon et spiritualité, Liturgie et archéologie chrétienne, Doctrine sociale de l'Eglise...
A l'heure actuelle, ce programme est développé en deux sections parallèles, l'une en langue française, l'autre en langue anglaise.


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Le 10 novembre, Sa Sainteté le Pape Paul VI prit possession de cathédrale, Saint Jean de Latran, église mère de toutes les églises. Des Frères de la Maison Généralice ont eu l'avantage d'assister à cette fastueuse cérémonie par leur présence dans la basilique ou par télévision. La cérémonie était cette fois rehaussée par la présence des Pères conciliaires. Tout le long du parcours qui sépare le Vatican de Saint Jean de Latran, le Saint-Père fut acclamé par le peuple romain. Au pied du Capitole, il reçut l'hommage des autorités de la Ville éternelle. Arrivé à Saint Jean, il fut salué par une délégation du gouvernement italien, présidée par le Premier ministre, puis il reçut l'obédience des Cardinaux et les hommages de la noblesse romaine, du Chapitre et du clergé de sa cathédrale. Son Eminence le Cardinal Aloisi Masella, Archiprêtre de la basilique, donna à Sa Sainteté le crucifix à baiser et lui remit les clés du temple. Au cours de la messe papale, le Souverain Pontife prononça une homélie que le monde chrétien a lue et admirée et que l’Osservatore Romano a qualifiée de «magistrale et d'admirable». Le Saint Père termina son message par une splendide apostrophe latine à la Ville éternelle, à la « Roma nobilis et domina cunctarum gentium ».



Aspect de la salle durant la conférence.
Un aspecto de la sala
View of the hall during the address.

La cérémonie prit fin par la bénédiction urbi et orbi du Pape donnée du haut de la loggia extérieure. En retournant au Vatican, Paul VI eut un geste touchant: il entra au Colisée et alla se prosterner devant la grande croix qui rappelle les luttes et les triomphes de nos frères dans la foi.

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Le 24 novembre, les 4 Frères de la Sainte Famille, qui fréquentent le Jésus Magister, présentèrent un riche ensemble de vues diapositives sur leur Fondateur, le Serviteur de Dieu F. Gabriel Taborin, dont leur Congrégation s'apprête à célébrer le centenaire de la mort. F. Dionisio Da Rosa ouvrit la séance par ces mots sur le personnage qu'on allait célébrer: « Je voudrais présenter un aspect de la personnalité religieuse de F. Gabriel Taborin. Catéchiste, religieux, il est aussi un passionné du culte divin. Nous allons suivre sa route matérielle: les lieux qu'il a parcourus pour fonder une Congrégation « qui unit aux exercices de la vie religieuse l'éducation de la jeunesse, le soin de décorer les saints autels et les autres fonctions secondaires du culte sacré ». Nous allons voir que sa route est parsemée de clochers. Les clochers l'orientent comme les étoiles guidaient jadis les navires dans les sentiers de la mer. Sa route matérielle est un symbole de sa route spirituelle. Les deux ne font qu'un seul chemin vers le sanctuaire qui «n'a pas été fait de main d'homme», où le Grand-Prêtre éternel célèbre la liturgie céleste « à la tête de la maison de Dieu » (Héb. 10, 21).



Concile Vatican II - Groupe de Pères conciliaires de l'Eglise orientale.
Padres de la Iglesia oriental.
Group of Council Fathers of the Oriental Church.



Saint Jean de Latran - Le Saint-Père adressant son message à la Ville éternelle. A sa droite, S. Em. le Card. A. Ottaviani, Secr. de la S. Congr. du Saint-Office; à sa gauche. Mgr. E. Dante, Préfet des cérémonies pontificales.
El Padre Santo dirigiendo un mensaje al pueblo romano.
The Holy Father giving his message to the Roman people.

A la fin de la réunion, F. D. Da Rosa donna lecture d'une lettre que notre second Supérieur Général, le R. F. Louis-Marie, écrivit au T. C. F. Supérieur Général des Frères de la Sainte Famille à l'occasion de la mort du Serviteur de Dieu. Elle dit ainsi: «...Je ne doute pas que Dieu n'ait reçu en sa miséricorde, votre excellent Supérieur et que déjà il ne l'ait récompensé de ses longs travaux et de ses rares vertus. Je n'ai eu le bonheur de le voir que quelquefois en passant. Mais il m'a toujours Fait l'effet d'un saint, d'un religieux rempli de l'esprit de Dieu. Puisse l’héritage de ses vertus et de ses bons exemples être recueilli, conservé et perpétué par tous les Frères qu'il a formés. Puisse son esprit revivre en chacun de ses enfants et continuer cette sainte et nombreuse famille qu'il a réunie avec tant de peine et de soins pour la gloire de Dieu, le service de l'Eglise et le bien des âmes » (St.-Genis-Laval. 2-12-1864).



SAINT Jean de Latran - Son Em. le Card. Aloisi Masella, notre Cardinal Protecteur, présente les clés de la basilique à Sa Sainteté. A gauche du Saint-Père, le Card. A. di Jorio, Administrateur des biens du Saint-Siège.
Nuestro Cardenal Protector, el Emo. Card. Aloisi Masella, en. trega a Su Santidad las Haves de la basilica.
His Em. Card. A. Masella, our Protector, hands over to His Holiness the keys of the Basilica.


Honorables visites.

Au début de septembre, la maison reçut l'honorable visite de Son Excellence M. Attilio dell'Oro, Ambassadeur de la République argentine, accompagné de son épouse, Mme Susana Vaccaresa dell'Oro. Visite de courtoisie, de sympathie et d'estime pour notre Institut. Le Docteur dell'Oro est une des grandes figures du catholicisme argentin. Il a été militant de l’Action Catholique, organisateur des catholiques universitaires, fondateur du Centre de Culture religieuse et de « l'Athénée de la Jeunesse ». Ecrivain remarquable, il a dirigé la revue « Criterio » et collaboré à « Estudios ». Professeur d'université, il a enseigné à la chaire de Droit maritime et du Travail. Depuis 1959, il enseigne aussi à l'Université Catholique de Buenos Aires. C'est lui qui posa les bases de la loi de l'Enseignement libre pendant qu'il fut ministre de l'Education nationale. Son Excellence, qui présidait la représentation argentine lors de la première session du Concile Vatican II, est actuellement Ambassadeur près le Quirinal.




Rome - Son Exc. le Dr. Atilio Dell'Oro Amoros, Ambassadeur d'Argentine près le Quirinal, accompagné de sa digne épouse, Mme Susana Vaccaresa de Dell'Oro, en visite à la Maison Généralice.
S. E. el Dr. Atilio Dell'Oro Maini, Embajador de Argentina cerca el Quirinal, acompañado de su esposa, Dña. Susana Vaccaresa Dell'Oro, de visita en la Casa Generalicia.
His Exc. Dr. Atilio Dell'Oro, Ambassador for Argentine to the Quirinal and his wife, Mrs. Susana Vaccaresa Dell'Oro on a visit to the Generalate.

La visite n'eut rien de protocolaire et revêtit la plus grande simplicité. Les deux illustres botes visitèrent la maison, suivant les explications données par les Frères qui les accompagnaient. Ils furent surtout intéressés par la grande chapelle où ils admirèrent les remarquables travaux en céramique qui en font l'ornement. Après avoir salué les Supérieurs Majeurs et les représentants d'Argentine, peu nombreux en vérité en cette période de vacances, ils se retirèrent, laissant tout le monde sous le charme de leur exquise amabilité.


Rome - Monsieur Manuel Amoros, Président des Amicales d'Espagne, en visite à la Maison Généralice. De gauche à droite: CF. Alessandro, Proc. Gén.. M. Amoros, R. F. Supérieur Gén., CF. Lucinio Maria. A .G.. CF. André Cerise, Secr. des Assiciations des Anciens Elèves.
El Senor Manuel Amoros, Présidente de las Associaciones de Antiguos Alumnos Maristas de Espana, de visita en la Casa Generalicia.
Mi Manuel Amoros, President of the Spanish Old Boy's association on a \i-it I»' the Generalate.


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Signalons aussi la visite de M. Manuel Amoros, Président de la Fédération des Amicales maristes d'Espagne. Venu à Rome pour participer à un congrès de dirigeants catholiques, il tint à présenter ses hommages au R.F. Supérieur Général et aux Supérieurs Majeurs. Il visita la maison et participa à un repas intime.

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A l'occasion de la seconde Session du Concile Vatican II, bien des Pères sont venus à la Maison Généralice pour saluer nos Supérieurs. Nommons entre autres: Mgr. J. Fryns, évêque de Kindu (Congo), accompagné de son Vicaire Général, Mgr. Shindano; Mgr. J. Musty, évêque auxiliaire de Namur, en compagnie de Monsieur le Doyen de Virton; Mgr. A. Baroni, évêque de Khartoum; Mgr. F. Me Sorley, Vicaire Apostolique de Jolo; Mgr. G. Mongeau, Vie. Ap. de Cotabato et Mgr. M. del Rosario, évêque de Malolos. Ces trois dernières localités appartiennent aux Philippines. Ajoutons encore Mgr. Salvador Martinez, Vie. Ap. de Tarahumara, grand ami de nos Frères du Mexique; Mgr. Albino Mensa, évêque d'Ivrée; Mgr. P. Gurpide, évêque de Bilbao; Mgr. Jaime de Nevares, évêque de Neuquén (Argentine); Mgr. H. Berlier, évêque de Niamey (Niger); Mgr. Aut. Castro, évêque de Palmira, (Colombie) (Ces trois derniers, ainsi que Mgr. Musty, sont anciens élèves maristes); Mgr. Manuel da Silveira, archevêque de Curitiba; Mgr. José Alvares, évêque de Labres; Mgr. José Gomes, évêque de Bagè; Mgr. Edmundo Kunz, évêque auxiliaire de Porto Alegre. professeur à l'Université Catholique Pontificale; Mgr. Alberto Etges, évêque de Santa Cruz do Sul, ancien Recteur de la même Université; Mgr. Tadeo Prost, évêque auxiliaire de Belem do Para. Les six derniers, comme l'on voit, sont évêques du Brésil.
Visite aussi de plusieurs Evêques maristes, en groupe, accompagnés du T.R.P. J. Buckley, Supérieur Général et de plusieurs Membres de l'Administration Générale, S. M., Mgr, Th. Wade, ancien V. A. de Salomon-Nord, Mgr. J. Mangers, Evêque à Oslo, Mgr. L. Juilliard , V. A., aux Iles Hébrides, Mgr. G. Pearce, V. A. à Samoa, Mgr. P. Martin, V. A. en Nouvelle-Calédonie, Mgr. D. Stuyvenberg. V. A. aux Iles Salomon-Sud, Mgr. L. 'Lemay (ancien Elève), V. A. aux Iles Salomon-Nord, Mgr. M. Darmancier, V. A. aux Iles Wallis et Futuna.


ARGENTINE

LES VINGT-CINQ ANS DU COLLEGE SAN RAFAEL

Le collège de San Rafael (Argentine) vient de célébrer ses noces d'argent.

Les fêtes commémoratives organisées à cette occasion ont manifesté aux Frères les multiples et profondes sympathies dont ils jouissent auprès de la population. Le principal numéro de ces fêtes a été l'inauguration d'une grandiose chapelle dédiée au Bx. M. Champagnat par Induit spécial de la Sacrée Congrégation des Rites.

Un peu d'histoire.

Voici ce que les annales de l'établissement nous apprennent sur ses origines et sur sa marche au cours des 25 années écoulées.
Les Frères Maristes s'établirent à San Rafael en 1938, à la demande de Mgr. Aníbal Verdaguer, ancien élève de nos Frères de Gérone. C'est lui qui avait déjà obtenu la fondation du collège de Mendoza alors qu'il était curé d'une paroisse de cette ville. Devenu évêque et responsable de tout le diocèse, il voulut doter la ville de San Rafael d'un établissement similaire. San Rafael est une ville, à 250 km. plus au sud et centre d'une riche région vinicole.
« Monseigneur dut prier, supplier et beaucoup insister auprès de nos Supérieurs, car, alors comme aujourd'hui, les Frères n'abondaient pas. Mais la prière constante et persévérante vient à bout de tout », disent les annales.



San Rafael – Vue du nouveau collège. A droite, extérieur de la nouvelle chapelle.



San Rafael - Consécration de l'autel. Moment où Monseigneur dépose les reliques des saints martyrs Justin et Victoire unies à celles du Bx. Champagnat.
Momentos en que Monseñor R. Primatesta deposita en el altar las reliquias de los santos Justino y Victorina, mártires, con la del Beato Marcelino Champagnat.
Consécration of the altar. Mgr. R. Primatesta in the act of setting in the relies of SS. Justin and Victoriana, martyrs, and of Bl. Champagnat,


Le premier février 1938, les Frères Donaciano et Generoso prenaient possession du local de l'école. Ils furent rejoints, quelques jours plus tard, par les Frères Hilarión, Guillermo, Pablo Esteban et Mario Cellone. Le 7 mars, premier jour de classe, 107 élèves étaient présents. L'année scolaire se clôtura avec 139 étudiants. La maison était déjà petite et il fallut, sans tarder, commencer à agrandir. En 1941, le nombre des élèves s'élevait à 315. C'est à cette époque qu'on fit divers aménagements utiles ou nécessaires: on construisit le jeu de pelote basque, les cours furent pavées et l'on fit des chambres pour le personnel enseignant: l'Amicale des Anciens Elèves fut réorganisée et on fonda l'Association des Pères et Mères de famille. Enfin, l'année du centenaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception, on éleva un modeste monument, à l'entrée de la maison, « représentant l'Immaculée de Murillo qui accueille bénignement tous ceux qui franchissent le seuil de sa maison », disent encore les annales.
Sous le directorat de F. David Cesareo, on acheva le cycle complet du baccalauréat. Les premiers bacheliers quittèrent le collège en 1961. A cette époque commença la construction du nouveau bâtiment, d'après les plans de l'architecte M. Jorge [narra, ancien élève du collège de Mendoza. La première partie du plan a comporté six classes modernes, amples et gaies, bénites par Mgr. Jorge Jacob, le 30 avril i960. La cérémonie fut présidée par le CF. Lucinio Maria, A.G. (Voir Bull. Vol. XXIX, p. 335). Enfin, de nos jours, ce mouvement de prospérité et de renouvellement s'est continué. C'est ainsi que pour célébrer dignement les noces d'argent du collège, a eu lieu la bénédiction et l'inauguration de la nouvelle chapelle dont nous parlons plus loin.




Les fêtes commémoratives.

Elles commencèrent le 14 août par une séance récréative donnée au théâtre Marconi et qui attira l'élite de la population de San Rafael. Le lendemain, fête de l'Assomption de Marie, eut lieu l'inaugurât ion el la bénédiction de la nouvelle maison du Seigneur.
«Vers dix heures, dit une relation sur les fêtes, solennelle bénédiction de la chapelle par Mgr. Raul Primatesta, Evêque du diocèse, accompagné de prêtres, d'enfants de chœur, et, comme chantres, les Frères de la Communauté et de ceux de Mendoza qui voulurent bien s'associer aux réjouissances et les rehausser de leur présence. De Mendoza vinrent aussi des représentations de l'Amicale des Anciens Elèves, des Associations des Pères et Mères de famille et de nombreux élèves, sans oublier le réputé « Coro de Niños Cantores Maristas » (les Petits Chanteurs Maristes) de cette localité, qui déjà la veille avait tenu un beau rôle au théâtre Marconi. La bénédiction finie, commença la grand'messe pontificale. Le chœur de la cathédrale y interpréta la « Prima Pontificalis ». Le temple était comble.
La construction de cette chapelle a demandé de fortes dépenses, rouvertes en partie par de nombreux bienfaiteurs. Le grand crucifix qui surmonte le maître-autel est un don des bacheliers de la dernière promotion; l'Association des Mères de famille a fait don de la statue de la Sainte Vierge; celle du Bienheureux M. Champagnat a été offerte par les Anciens Elèves; le tabernacle, par le Centre d'Action Catholique et le calice avec sa patène, par les étudiants du secondaire. Les élèves du collège se sont cotisés entre eux pour offrir un riche ostensoir. La classe de cinquième a donné un assortiment de six chandeliers; la lampe du Saint Sacrement provient des offrandes de la classe de seconde. La remise de ces dons s'était faite la veille, durant la séance récréative. Le F. Directeur les reçut au nom de la Congrégation et remercia de grand cœur les bienfaiteurs présents et absents, en invoquant les bénédictions divines sur eux et sur leurs familles.
La chapelle, aux lignes très modernes, couvre une superficie de 500 m². «Ce qui y attire surtout l'attention ce sont les colonnes de structure très hardie, en forme de W, et le plafond plié », dit la relation.
La cérémonie de la bénédiction fut suivie d'un buffet servi aux autorités religieuses, civiles et militaires, au clergé et aux nombreux amis qui avaient tenu à honorer les Frères de leur présence et de leur sympathie. Quelques pièces du folklore musical argentin, accompagnées du quintette de guitare du collège de Mendoza, agrémentèrent cette réunion.
Le 16 août fut le jour d'hommage aux fondateurs de l'établissement. Un seul était présent: F. Mario Cellone, venu de La Plata pour la circonstance. Les autres étaient retenus au loin ou sont allés déjà recevoir la récompense céleste.
Le F. Directeur prononça, à cette occasion, un grand discours en présence des élèves du collège et des délégations des autres établissements scolaires de la ville. Ensuite, au chant des hymnes nationaux et scolaires, il décora F. Mario Cellone d'une médaille d'argent.
Le soir du même jour, avait lieu la consécration de l'autel de la nouvelle chapelle. C'est un monobloc de granit des Andes. La touchante cérémonie, bien que longue, intéressa grandement les assistants.
Le 17, un dîner fut servi dans la cour aux parents des élèves el aux sympathisants de la maison. Il réunit 320 couverts.
Le 18, eut lieu un festival aérien: Vols de baptême de l'air dans un DC 3; acrobaties aériennes des avions Sabre: vols à voile descente en parachute et exposition de travaux d'aéromodélisme...
Ces fêtes laisseront dans les esprits des souvenirs ineffaçables.
Tout à la plus grande gloire de Dieu, de la très Sainte Vierge Marie et de notre Bienheureux Fondateur!
F.L.R.


BEAUCAMPS

WORMHOUT: Une nouvelle étape.

Wormhout, chef-lieu de canton de 2 800 âmes, est un gros bourg rural placé au centre d'une immense plaine, les Flandres françaises, sur la nationale Lille-Dunkerque. L'antique et imposante église, pose son clocher au centre de la route et, à 10 km, le voyageur l'aperçoit.
Saint Winoc, apôtre des Flandres y établit un monastère au VII° siècle et une école importante. Il y mourut le 6 novembre 717.
La Vierge Marie y est invoquée sous le titre de Notre-Dame des Larmes.
Les Frères Maristes furent appelés par la Municipalité de Wormhout en 1868. Us y dirigèrent l'école communale jusqu'en 1891, époque où la laïcisation les obligea à s'installer dans un local aménagé en arrière de la primitive école.
Le premier Directeur fut le Frère Chrysole. C'est lui qui distingua parmi ses jeunes élèves le petit Henri Bécuwe, qui devint, sous le nom de Frère Diogène, le 6ième Supérieur Général de l'Institut. Son frère Alphonse Bécuwe, Frère Evergile, suivit son aîné au noviciat de Beaucamps. Cette école a donné plus de 10 Frères Maristes, une vingtaine de Prêtres, et d'autres religieux.
L'effectif de l'école s'est maintenu à une centaine d'élèves, remplissant trois classes, parfois quatre. Les locaux scolaires étaient parmi les plus pauvres de la Province. Ancienne maison bourgeoise d'un docteur du pays, aménagée au mieux, elle restait peu adaptée à l'enseignement. La cour était des plus exiguës! Louons les générations de Frères qui ont catéchisé, instruit des milliers d'enfants au cours de ce petit siècle d'existence. Dieu seul sait les merveilles de dévouement et d'amour de ces apôtres au cours des 70 dernières années en des locaux de fortune.
Quelques faits suffiront à convaincre les lecteurs. Longtemps la salle commune servit de cuisine et de chambre à coucher d'un Frère! Comme tant d'autres enseignants chrétiens, les Frères avaient dû se contenter d'un très maigre traitement. Les paysans et commerçants de Wormhout ne l'ignoraient pas; ils approvisionnaient largement la cave et la table de la petite Communauté longtemps réduite à deux Frères.



Wormhout - La nouvelle école libre.
La nueva escuela de los Hermanos.
The new parochial School.

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L'abondance était telle parfois que le Frère Directeur appelait à l'aide le Juvénat de Cassel, voisin de Wormhout. A la même époque, l'histoire rapporte qu'à Wormhout le Saint Curé d'Ars était imité: la nourriture, le café étaient préparés pour plusieurs jours... Cette époque est révolue. Les traitements ont été améliorés, mais les dons en nature ont beaucoup diminué et les vieux locaux scolaires ont été abandonnés.

Renouveau.

Dans les conditions matérielles décrites plus haut, le contrat n'avait été accordé que sous la condition de nouveaux locaux scolaires.
Wormhout est un centre rural. Un Cours d'Enseignement Général s'imposait pour la région. Les responsables de l'école y songèrent longuement. La Commune organisa le ramassage scolaire, les cantines, ne demandant aux familles qu'une légère participation. Faire des plans, acheter le terrain, trouver des fonds... autant d'étapes qui ont été heureusement franchies.
Et voilà qu'un terrain libre est acquis; au printemps 1963 la nouvelle école de garçons est tracée et les murs s'élèvent à 50 mètres de la route, devant une vaste cour; à gauche du préau il y a des possibilités de nouvelles constructions. A. l'entrée de la cour existe l'espace voulu pour la future habitation des Frères. Pour l'instant, trois belles classes modernes, au mobilier propret, où air et lumière abondent, de plain pied avec la cour, un long corridor-vestiaire, salle de toilette bien aménagée, le, chauffage à mazout en chaque classe... Telle est cette petite école moderne de campagne. Disposition et organisation bien étudiées, construction en très bons matériaux qui défiera les décades, car l'Enseignement Libre est trop pauvre pour construire du provisoire!




Wormhout - Son Em. le Card. Liénart salué par M. Allaeys, Président du Comité Familial scolaire.
Su Em. el Sr. Card. Liénart saludado por el Présidente del Comité escolar.
His Em. Card. Liénart welcomed by the President of the School Committee.




Inauguration et bénédiction de la nouvelle école Saint Joseph.

15 septembre 1963. Toute la journée a été centrée sur l'école chrétienne. Monsieur le Chanoine Froidure, Directeur de l'Enseignement libre, donna la prédication de circonstance à toutes les messes paroissiales. « A quoi bon ces efforts de l'Eglise, du clergé, des religieux, des religieuses, du Comité Familial scolaire de votre paroisse? Le petit chrétien baptisé est Fils de Dieu. Il faut lui donner le climat d'une école à l'esprit chrétien. Dans le diocèse de Lille, 90% des prêtres sont anciens élèves de l'enseignement libre. C'est un devoir sacré pour l'évêque de fournir cette école aux 65 000 jeunes qui demain se présenteront aux portes des écoles primaires. Si Son Eminence le Cardinal Liénart se déplace, c'est signe que l'événement est d'importance ».
En effet, à 15 heures, Son Eminence arrive pour bénir et inaugurer la nouvelle école. Les cloches appellent à la cérémonie. Monsieur le Maire reçoit le chef du diocèse. Le cortège s'ébranle; une longue théorie d'enfants de chœur, de nombreux prêtres, des Frères, des religieuses, toute la population chrétienne de l'endroit et de la région précèdent Son Eminence. Monsieur Allaeys, Président du Comité Familial scolaire, salue Son Eminence et souligne combien la présence du Cardinal est appréciée; il remercie les autorités présentes et tous ceux qui ont contribué à la belle réalisation que l'on célèbre. Il adresse un merci spécial aux souscripteurs, aux donateurs à domicile et aux quêtes, et dont la générosité a été en tous points admirable. Il ne peut oublier Monsieur le Doyen, au dévouement inlassable et intelligent. Personne n'est oublié ni le CF. Provincial des Frères Maristes, ni les Frères Directeurs qui se sont succédé au cours de ce siècle, ni les Dames de la Sainte-Union qui dirigent l'école des filles.
« Les Frères Maristes, continue l'orateur, se dévouent à l'éducation de nos fils depuis près d'un siècle. Quelle richesse pour notre paroisse de posséder ces Religieux qui élèvent nos enfants suivant les principes qui importent avant tout ici-bas: la réalisation du plan d'amour de Dieu sur eux, qui doit informer non seulement les activités purement religieuses, mais toutes celles de la vie d'un homme.
Qu'ils soient donc assurés de l'attachement profond que les Familles leur portent, qu'ils sachent que notre plus grande joie serait que cette petite Communauté puisse se développer en même temps que l'école.
Un merci aux parents qui confient à l'Ecole chrétienne la responsabilité d'élever et d'éduquer leurs enfants malgré les sacrifices imposés.
Mais il n'est que de regarder les résultats acquis pour se convaincre que le sacrifice n'est pas inutile. Nous remarquons autour de nous, à tous les postes de confiance et de dévouement civique, social, professionnel, culturel, des anciens élèves de St. Joseph. Le bilan des vocations de prêtres, séminaristes, frères, nous portent à remercier le Seigneur et à féliciter les éducateurs ».
S'adressant à Son Eminence, il le prie de faire descendre la bénédiction de Dieu sur cette nouvelle école pour qu'elle soit le gage d'un avenir prospère, d'une action rayonnante dans toute la région, suivant le désir des familles, un Cours d'Enseignement Général ouvert à toute la jeunesse des environs.
Dans sa réponse, Son Eminence le Cardinal avoue qu'il a tenu à se déranger pour bénir une nouvelle école, afin de marquer le prix que les chrétiens doivent y attacher.
« De l'audace? Oui; vous avez raison car la liberté est un grand bien à garder. Les familles doivent pouvoir choisir leur école ».
S'adressant aux garçons, Son Eminence leur dit « que cette construction nouvelle et coûteuse est pour eux. Devenez des hommes instruits et des chrétiens solides ».
Evoquant les Frères Maristes, les maîtres de Saint Joseph, S. Em. relève que la veille, la presse annonçait à Beaucamps 10 Professions Perpétuelles: « Il y a donc des vocations religieuses enseignantes». Il leur souhaite des maisons de formation prospères.
Il magnifie la réalisation de ce jour, fruit d'une belle collaboration entre Monsieur le Doyen et les autres Responsables. On ne mène une affaire de ce genre à bien et avec entrain qu'en équipe bien soudée. S. Em. invite et encourage à poursuivre l'effort, non seulement de maintenir la foi chrétienne et des bons principes dans la paroisse, mais aussi l'effort financier, lourde charge des années à venir.
Après avoir coupé le ruban qui barrait l'entrée de l'école, le Cardinal bénissait les nouveaux locaux. La foule satisfaisant sa légitime curiosité, envahissait les lieux.
15 septembre 1963 s'inscrit pour la paroisse de Wormhout et pour toute la région des Flandres, comme une grande journée, engageant les Chrétiens, les Frères dans un avenir réconfortant, mais d'un enjeu important.
Saint Joseph Patron de l'Ecole, grand pourvoyeur, procurez-nous fonds et enseignants!
Que Dieu en soit béni et nous aide!

CHILI

I – Curicó : bel exemple de dévotion a la sainte Vierge.

Il y a quelque temps, Monseigneur Francisco Gillmore, aumônier militaire, rendait visite au poste de carabiniers de Rio Negro (Chili), commandé par le capitaine Alberto Vidal, ancien élève mariste.
Cet ecclésiastique fut frappé par la dévotion que ces braves carabiniers professaient envers la Vierge Marie. Il avait remarqué, en effet, la belle statue que ces bons chrétiens ont érigée à la Vierge dans un coin de la cour de la caserne. Comme il se rendait en leur compagnie vers la statue, il demanda au capitaine: «Ne seriez-vous pas un ancien élève des Frères Maristes? — Comment l'avez-vous deviné?, reprit l'officier. - C'est la dévotion que vos hommes et vous-même professez à la Vierge Marie, les invocations mariales que l'on voit autour de cette grotte si bien ornée. — Oui, il en est ainsi, répondit le capitaine. Je suis ancien élève mariste du collège San Martín de Curicó. C'est là que j'ai appris à aimer et à vénérer la Reine du ciel, Mère de Dieu et notre Mère. Tous mes frères y ont appris la même dévotion, et maintenant la transmettent à leurs enfants. Le jour où je serai destiné à une localité qui aura une école mariste, soyez sûr que j'y enverrai mes enfants. Marie, Monseigneur, est le phare qui guide les anciens élèves des Frères Maristes. Partout où se trouve un groupe de ces anciens, Marie ne tarde pas à briller au milieu d'eux».




Curicó - Statue de la Sainte Vierge vénérée dans la caserne des carabiniers. De gauche à droite: Mgr. J. Gilmore, aumônier militaire; M. Alberto Vidal, capitaine, ancien élève; deux autres officiers.
Le jeune garçon est le fils du capitaine.
Estatua de María que se venera en el cuartel. Vemos: Mons. Gilmore, capellán militar; Sr.
Alberto Vidal, capitán, antiguo alumno marista; dos oficiales. El niño es hijo del capitán.
Statue of the Bl. Virgin in the parade ground of the barracks


Monseigneur, très édifié, félicita ces carabiniers de leurs bons sentiments, et finit en disant: «Je souhaite que la Congrégation des Frères Maristes qui donne à l'Eglise et à la Patrie des chrétiens si fervents et des maîtres si excellents, soit toujours prospère chez nous ».
Le narrateur qui cite ce fait ajoute ces réflexions : « C'est goutte à goutte que les Frères Maristes nous ont inculqué la dévotion à la Sainte Vierge. Avec quelle attention et ferveur nous écoutions le catéchisme du samedi! Comme ces leçons se sont imprimées dans notre âme! Les années sont passées; nous avons grandi; nous sommes devenus pères de famille et des citoyens qui sauront toujours servir fidèlement la Patrie et porter l'idéal que les Frères nous ont inculqué ».

II. - Expositions catéchistiques.

Les Frères de l'Ecole Normale de La Cisterna (Chili) ont organisé dernièrement, à San Fernando et à Rancagua, deux expositions catéchistiques qui ont suscité le plus grand intérêt, autant par le goût délicat des exposants que par le choix du matériel exposé. Les diverses sections contenaient des textes de catéchèse, des vues, des images de la vie de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge, des dessins, des diagrammes, des tableaux sur des thèmes bibliques, liturgiques ou doctrinaux: sacrements, commandements, œuvres de miséricorde, première communion, etc. Les tableaux sur la Sainte Vierge tenaient une place de choix.

Italie

1. - ROME: RECEPTION, A SAN LEONE MAGNO, DE PERES CONCILIAIRES, ANCIENS ELEVES MARISTES.

Rome vit dans un climat ecclésial depuis le jour mémorable où Sa Sainteté le Pape Jean XXIII, de sainte mémoire, ouvrit le Concile Œcuménique Vatican II. On pourrait croire que la longueur des assises conciliaires a pu refroidir la ferveur des commencements; il n'en est rien. D'ailleurs des cérémonies religieuses ou des événements particuliers viennent de temps en temps en raviver la flamme. C'est ainsi que le 16 novembre dernier, sur le collège San Leone Magno souffla un vent d'œcuménisme bien dans l'esprit du Concile. On y recevait en ce jour des Pères conciliaires, anciens élèves des Frères Maristes. La réception avait été organisée par la Fédération des Amicales italiennes qui tenait sa réunion annuelle. Répondirent à l'invitation les Pères qui n'étaient pas retenus par d'autres engagements. Les autres se sont excusés avec regret et ont envoyé leur chaleureuse adhésion. Voici la liste des Pères accourus:
Sa Béatitude Mgr. Paul Pierre Meouchi, Patriarche Maronite.
Son Excellence Mgr. Michel D. Miranda, Archevêque Primat de Mexico.
» » » Benoît Printesis, Archevêque d'Athènes.
» » » George Cabana, Archevêque de Sherbrooke.
» » » Louis Joseph Cabana. Archevêque tit. de Carallia.
» » » Owen Me Cann, Archevêque de Cape Twon.
» » » Emmanuel Mabathoana, Archevêque de Maseru.
» » » Alberto Gaudencio Ramos, Archevêque de Bélem.
» » » Orlando Chaves, Archevêque de Cuiabâ.
» » » Thomas Vincent Cabill, Evêque de Cairns.
» » » Francis Xavier Formosa, Evêque de Gerardton.
» » » Luis Manresa Formosa, Evêque de Quezaltenango.
» » » Luis Guizar Barragan, Evêque de Saltillo.
» » » Arthur Green, Evêque de Port-Elizabeth.
» » » John Patrick Kavanagh, Evêque de Dunedin.

 SHAPE \* MERGEFORMAT 

Rome - Réception, à San Leone Magno, de Pères conciliaires, anciens élèves maristes.
Autour des Pères et du R.F. Supérieur Général, se pressent les Frères du collège et de nombreux autres anciens élèves d'Italie.
Padres conciliares, antiguos alumnos maristas, el Rmo. H. Superior General, Hermanos del colegio y antiguos alumnos de Italia, durante una recepción en el San Leone Magno.
Réception at S. Leone Magno to the Council Fathers who are Marist Oíd Boys. With them are the Rev. Bro. Sup. General, Brothers of the Community and many other ex-students.


» » » Ernesto Segura, Evêque aux. de Buenos Aires.
» » » Manuel Cardenas, Evêque aux. de Buenos Aires.
» » » Owen Snedden, Evêque aux. de Wellington.
La cour d'honneur du Collège, le grand hall d'entrée et la salle des réunions avaient pris leur grand air de fête. A l'entrée, des carabiniers et des gardes civiques rendaient les honneurs. A leur arrivée, les Pères étaient reçus par le R.F. Supérieur Général en personne, entouré des CC.FF. Assistants Généraux du Brésil et d'Italie, du CF. Secrétaire Général, du CF. Procureur Général près le Saint-Siège, du CF. Provincial d'Italie, des Frères du collège et des Anciens élèves accourus nombreux.
Le CF. Diego, Provincial, adressa, dans la grande salle, un salut affectueux à tous les Pères, leur manifestant la joie et la gratitude de tous les Frères à leur égard. Puis, M. Bombelli, Président de la Fédération des Amicales maristes italiennes, eut des paroles animées d'un esprit vraiment mariste et catholique. Il se dit heureux de se trouver au milieu de tant d'illustres personnages élevés si haut dans l'échelle de la Hiérarchie de l'Eglise, avec lesquels il se sentait uni par un lien étroit et sympathique: l'éducation reçue dans les classes des Frères. Au nom de tous les anciens élèves italiens, il adressa un salut respectueux et plein d'affection aux Pères conciliaires, formulant des vœux pour le plein succès du Concile œcuménique.
Les intervalles de la réunion furent agrémentés par un concert de musique classique donné par un quatuor à cordes formé par des « maestri » de l'Académie musicale «Santa Cecilia ». Les pièces jouées furent fort goûtées par tous et justement applaudies.
L'Assemblée se rendit ensuite à la grande chapelle pour rendre hommage au Souverain Maître de céans et à Notre-Dame, Ressource Ordinaire de l'Institut. Après une prière à la Vierge, Sa Béatitude le Patriarche maronite bénit l'assemblée. Il y eut ensuite au parloir un cocktail très animé où l'on se sentait vraiment en famille.
Les Pères quittèrent San Leone Magno visiblement satisfaits d'une soirée qui leur avait rappelé tant de souvenirs heureux de leur enfance et jeunesse.
F. S.



San Leone Magno. Le R.F. Sup. Général prend congé de Sa Béatitude P. Meouchi, Patriarche du Liban. A sa gauche, Son Exc. Mgr. M. Miranda, Archevêque de Mexico; à sa droite, le CF. Directeur du Collège!
El Rmo. H. Sup. General se despide de Su Beatitud P. Meuchi, Patriarca del Libano. A su izquierda, el Ilmo. Sr. M. Miranda, Arzobispo de Mexico; a su derecha, el R.H. Director del colegio.
Rev. Bro. Sup. General takes leave of His Beatitude P. Meouchi, Patriarch of Lebanon. At his left, His Grace M. Miranda, Archbishop of Mexico; at his right, Rev. Bro. Dir., of the college.


II, - MANZIANA : RESTAURATION DE LA CHAPELLE.

Le 14 septembre dernier, le juvénat de Manziana voyait arriver des groupes nombreux de visiteurs: Frères, parents et amis, venus prendre part à une fête de famille.
Quelque temps auparavant, le plafond de la chapelle s'était passablement détérioré. Mais, « à quelque chose malheur est bon », dit le proverbe: on a profité de cette mésaventure pour remettre à neuf la maison de Dieu et y instaurer un nouveau tabernacle, riche et artistique, plus digne de l'Hôte divin.



Manziana - Le Bx. Fondateur, après la mort de l'enfant du Bessat, prie Dieu de l'aider à réaliser son rêve. Il est exaucé: Bientôt des milliers d'adolescents comme celui de droite viendront peupler les
juvénats de son Institut.
El Beato Padre Fundador, después de la muerte del niño de Bessat, pide al Señor que le ayude a realizar sus sueños. Dios acoge su oración: Pronto los niños como éste llenarán las casas de formación de su Instituto.
After the death of the boy from Bessat, the Bl. Founder begs God to help him to realize his inspiration. His prayer is heard: soon thousands of boys like this one will come to fill the juniorates of his Institute.
Monseigneur G. Gori, Evêque de Sutri, vint en personne bénir le nouveau tabernacle. Au cours de la cérémonie, il adressa la parole aux assistants et fit une touchante allocution. Il parla du culte que nous devons à Jésus au Très Saint Sacrement, du bonheur d'habiter sous le même toit que Lui, des grâces précieuses qui découlent, pour le chrétien, de la présence réelle.
La décoration de la chapelle a été menée à bonne fin par M. Publio Muratore, artiste de renom qui a à son actif bien d'autres décorations d'églises. C'est lui, en particulier, qui a décoré le grand sanctuaire de Sainte Rose à Viterbe.



Héroïsme d'un Frère martyrisé pour la foi.
Heroísmo de un Hermano mártir.
Heroism of a Brother martyred for the Faith,

Le F. Directeur expliqua le symbolisme des peintures qui ornent les murs et le plafond. Toutes se rapportent à l'histoire et à la vie maristes. On y montre, par exemple, le Bx. Père Fondateur offrant au Seigneur l'enfant mourant du Bessat qu'il vient de sauver in extremis, et priant le Seigneur de l'aider à mettre à exécution l'inspiration reçue à Fourvière. Et voilà que, bientôt, des milliers d'enfants, comme celui de la seconde scène du tableau, iront se presser dans les centres de formation du nouvel Institut. D'autres tableaux rappellent l'héroïsme de nos Frères martyrs ou missionnaires. Une représentation centrale montre le Bienheureux qui présente ses enfants à la Vierge Marie, la priant de les accueillir et de les protéger.



Dévouement et charité de nos Frères missionnaires.
Zelo y caridad de los Hermanos misioneros.
Zeal and charity of our Missionary Brothers.




Le Bx. Fondateur présente à la Vierge ses premiers disciples.
El Beato Fundador ofrece a la Virgen su primeros discípulos.
The Bl. Founder presents his first disciples to the Bl. Virgin.

NOTRE-DAME DE L'HERMITAGE

Au mois de juin dernier, se déroula à l'Hermitage une grande manifestation qui réunit toute une foule composée de Frères, de prêtre», de religieux, d'amis, d'élèves et d'anciens élèves des écoles mariste*. De nombreuses personnalités honoraient de leur présence, cette réunion: Mgr. Maziers, Evêque de Saint-Etienne; les CC.FF. Louis-Martin et Lorenzo, Assistants Généraux; le R. P. Chièze, Provincial des Pères Maristes; le CF. Visiteur des Frères des Ecoles Chrétiennes et les CC.FF. Provinciaux de Saint-Genis et de Notre-Dame de l'Hermitage.
Le motif de cette manifestation était la célébration de la fête du Bienheureux Fondateur avec, au programme, la bénédiction d'un monument symbolique du Bx. Marcellin Champagnat, situé près de l'entrée.
Le jour précédent avait vu la réunion du Conseil national de la Fédération des Amicales maristes françaises. Me Duchamp, Président de ce Conseil, et M. Samuel, Président des Amicales de la Province de l'Hermitage, y montrèrent la nécessité de mener une action intense en faveur de l'éducation des jeunes et de diffuser davantage l'organe mariste « Voyages et Missions», avec ou non une partie spécifique pour chaque école. Ce même jour fut marqué par un pèlerinage effectué, par un groupe d'anciens et de Frères qui parcoururent la « route Champagnat », visitant La Valla, le Bessat, MarIhes et le Rosey.



N.-D. de l'Hermitage - Messe en plein air. On voit trois violettes en ter forgé qui ornent l'autel.
Misa de campana. Notar his tres violetas que adornan el altar.
Mass in the open air. Notice the three violets in wrought iron decorating the altar.


La messe en plein air.

Mais c'est surtout le dimanche matin que se déroulèrent les plus importantes cérémonies, celles qui réunirent une foule imposante. Chacun au demeurant pouvait s'extasier devant la décoration magnifique de la maison et notamment devant la transcription, avec des fleurs sur les fenêtres, du nom du Bienheureux. Une messe fut célébrée en plein air par le R.P. Chièze et là encore on remarquait, derrière l'autel, une réalisation artistique du F. Paul Devantery, professeur d'école technique. Il s'agissait de trois immenses violettes, emblème des Amicales des Elèves maristes, exécutées en fer forgé. Les chants furent interprétés en alternance par la foule et par un groupe vocal formé par la chorale de l'Hermitage et de Saint-Genis, celle des juvénistes de La Valla, de Varennes et de l'Institution de Valbenoîte.
Après l'Evangile, S. Exc. Mgr. Maziers, dressa un parallèle entre Sa Sainteté Jean XXIII et le Père Champagnat. « Tous deux ne sont-ils pas des fils de famille rurale, de montagne, ce creuset des âmes fortes?
Les deux vies, au bout de leur itinéraire terrestre se sont achevées par deux testaments dont les conclusions se recoupent.
Peut-on rêver plus belle réussite spirituelle que celle de Marcellin Champagnat dont l'œuvre comporte actuellement dix mille religieux dans soixante nations ou que celle de Sa Sainteté Jean XXIII qui a tant fait en quatre ans de pontificat qu'au jour de sa mort croyants ou incroyants se sont reconnus comme frères ».



N.-D. de l'Hermitage - Les autorités durant le saint sacrifice.
Las autoridades durante el santo sacrificio.
The Official party during Mass.

Mgr. Maziers souligne alors quelques conditions de cette réussite et insiste sur la pauvreté et l'humilité, sur l'amour de Dieu et du prochain.
La pauvreté ce doit être aussi la qualité essentielle de l'école chrétienne. Elle doit en porter le témoignage en même temps que le souci des autres et plus particulièrement des enfants qui sont les plus pauvres en dons humains.
Cette école chrétienne aura également un aspect familial par la participation des parents à l'éducation.
Et après avoir évoqué le devoir d'engagement des chrétiens au plan des institutions temporelles, l'évêque de St-Etienne conclut en demandant à la Vierge, patronne des Maristes, de nous aider à être ainsi les témoins de Jésus-Christ.

Bénédiction du monument.

Après la messe, la foule des amis se rendit au pied du monument qui se dresse à l'entrée de l'Hermitage, dans un décor très simple, étudié pour lui.
M. Samuel souhaita tout d'abord la bienvenue aux personnalités et à tous ceux qui étaient venus en ce jour de fête, puis il présenta le sculpteur, M Gabriel Gouttard, dont l'œuvre peut paraître à certains surprenante. Il faut l'étudier avec un esprit accueillant et disponible.
M. Gabriel Gouttard, qui est ici un symboliste, peut être aussi bien un figuratif. Il n'est qu'à voir son exposition.



N.-D. de l'Hermitage - Le monument symbolique.
El monumento simbôlico.
Symbolic monument.

D'ailleurs, celui qui sait sculpter sur bois et dans la pierre a montré qu'il pouvait aussi travailler le fer, faire des tableaux, composer des vitraux.
M. Samuel conclut en dégageant le sens de cette journée de rencontre qui doit être une étape dans une action authentique de témoins du Christ, agissant comme si la prière était inutile et priant comme si l'action était stérile.
Avec beaucoup de simplicité et de bonhomie, M. Gabriel Gouttard expliqua ce qu'il a voulu réaliser. Il s'agissait pour lui de souligner aussi l'humilité, la pauvreté du Bienheureux Champagnat, dans la lumière du détachement et de l'accueil. « Je suis très ennuyé, dit-il, d'avoir à dire quelque chose de cette statue, parce que je crois n'avoir pas plus à en dire qu'une maman ne peut en dire de son nouveau-né: elle a fait ce qu'elle a pu... et moi aussi. Je ne peux donc pas dire que c'est raté... parce que ce ne serait pas vrai; ni que c'est beau, ça aurait l'air trop prétentieux. Ce que je vous demande simplement — parce que je sais bien que cette statue n'est pas faite pour plaire tout de suite, et à tout le monde — c'est peut-être d'essayer de la contempler bien tranquillement, bien patiemment... d'en user. Quand on veut connaître quelqu'un, je crois qu'il ne faut pas essayer de l'assommer de paroles, de porter trop vite des jugements dessus. Il vaut mieux se taire un petit peu, et puis, l'écouter, le regarder, se laisser prendre, et puis, quand on est rentré en communion, on a alors quelques chances de se comprendre et de se rencontrer pour de vrai.
Cette statue n'est pas là pour que vous la regardiez; elle est là pour que vous vous en serviez; et vous servir d'une statue, je crois que cela veut dire essayer de passer au-delà, essayer de trouver ce qu'elle veut dire pour vous, ce que le Père Champagnat a à vous dire, à chacun. Si elle ne vous dit rien, c'est peut-être que j'ai raté mon coup; c'est peut-être aussi que vous n'avez pas été assez disponible; ce qui est possible ».
L'artiste lut ensuite un joli petit poème qui condense le sens profond de son œuvre. L'auteur y montre le Bienheureux Fondateur comme « un homme, ce qu'on appelle un homme; rude comme le granit de sa terre natale et que la grâce a poli en galet jaillissant à une forme d'humilité, de pauvreté et d'accueil ». Accueil aux moins favorisés, pour qu'eux aussi deviennent « fies hommes, fils d'Abraham, branches d'un même tronc en croix »...
Mgr. Maziers procéda ensuite à la bénédiction du monument. Mais il voulut auparavant, lui aussi, dire son mot sur le sens de l'œuvre et sur le disposition d'accueil qu'il faut avoir pour la juger. « Je dois vous dire, expliqua-t-il, que j'ai été moi-même un peu déconcerté lorsque, pour la première fois, on m'a présenté la maquette. Et je puis vous dire aussi que, ce matin, je le suis beaucoup moins, surtout après ce que vient de nous dire son auteur. C'est vrai que, peut-être, devant une statue, quelle qu'elle soit, il ne faut pas vouloir comprendre trop vite; c'est comme si nous avions l'impression de comprendre Dieu. Même lorsque nous admirons la création, nous savons bien que Dieu est toujours au-delà de son œuvre. Eh bien! ce sera le mérite de cette statue de nous aider à chercher le Bienheureux Champagnat au-delà de la pierre et de retrouver son âme à travers ce granit qui veut le signifier.
Je suis heureux que, par un texte, M. Gouttard ait voulu exprimer l’idée qui l'a guidé dans ce lent travail d'amour. Je souhaite que le texte qui vient de nous être lu soit gravé et mis ici, pour que ceux qui contempleront son œuvre soient guidés vers le Bienheureux dans une prière et, par lui, vers Dieu. Que grâce à cette prière, nous ayons dans notre âme cette pauvreté, cette humilité dont j'ai parlé tout à l'heure, et qui sont des conditions essentielles de l'accueil de Dieu et de l'accueil des autres.
Demandons au Bienheureux de faire croître l'arbre qu'il a planté ici et de répandre à travers beaucoup de cœurs de jeunes et d'enfants, par ses fils, son esprit de charité et de bonté dans le monde d'aujourd'hui ».

Natif d'une campagne de granit
fils de paysan destiné à la terre
un homme
ce qu'on appelle un homme.

La grâce a poli cette pierre
elle l'a tendue en un galet
fort et jaillissant du dedans
à une forme pleine
d'humilité et de pauvreté
dans la lumière
de détachement et d'accueil.

Accueil aux moins favorisés
dans la montagne.

Que les pierres du chemin
soient roulées et polies
dans les torrents de grâce.

Que des petits hommes
jaillissent, fils d'Abraham,
enfants d'une même famille,
branches d'un même tronc
en croix.

G. Gouttard)



PEROU

NOCES DE DIAMANT, A CHOSICA, DU F. PLACIDO LUIS.

Il y a quelques mois, la maison de Chosica (Pérou) célébrait les noces de diamant de vie religieuse du F. Plácido Luis, vin des fondateurs de la Province du Pérou, actuellement Directeur de la maison provinciale.
La fête revêtit ce caractère d'intimité et de sainte joie qui caractérise ces anniversaires de famille. Cérémonies solennelles à la chapelle, chants compliments et réjouissances diverses, rien ne manqua pour marquer la joie qui régnait dans tous les cœurs. Mais ce jour-là ces démonstrations avaient un caractère de réelle sincérité et d'enthousiasme, car on célébrait les mérites d'un véritable enfant de l'Institut et d'un Frère remarquable à tous égards. Ce n'est pas la première fois que le Bulletin nous entretient de ce Frère si méritant. Il nous en a parlé à plusieurs reprises (Voir Bull, vol. 20, p. 441; Vol. 24, p. 432). Rappelons les faits saillants de sa vie. Né à Elburgo (Espagne) en 1886, il est au juvénat de San Andrés de Palomar en 1899 où sa faible santé semble faire obstacle à sa vocation pourtant vraie. Rendu à sa famille, il persiste dans son désir de devenir Frère Mariste coûte que coûte. Sa pieuse mère lui propose d'essayer du séminaire, sans cependant forcer sa volonté. « Si Dieu te veut Frère, dit-elle, que sa volonté soit faite ». Enfin il voit ses Vœux comblés, et, le 31 mai 1903, il a la joie de revêtir le saint habit mariste. En 1907, il fait partie du groupe des quatre Frères qui vont fonder le collège Saint Joseph du Callao (Pérou) et poser les fondements de nos œuvres dans ce beau pays. Ici encore sa santé chancelante lui cause des déboires. Il doit consulter souvent un médecin français de Lima qui excédé finit par lui dire: «Laissez-moi la paix! Je vous ai dit et vous répète que si vous voulez guérir, vous devez demander la dispense de vos vœux ». C'est brusque et peu gentil. F. Plácido est trop fervent religieux pour tenir compte de pareils conseils. Il choisit d'obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Le 16 février 1910, il fait sa profession perpétuelle et c'est là le meilleur remède à ses troubles de santé. Il ne tarde pas à se remettre et demeure désormais actif et bien portant, travaillant avec ardeur à l'œuvre de l'enseignement de la jeunesse, se dépensant sans compter dans divers emplois qu'on lui confie. Il fonde le collège de San Luis de Barranco en 1923 et celui de Miraflores en 1927. En 1936, il est envoyé au Chili pour y remplir la charge de Maître des novices, tâche qu'il reprendra plus tard à Chosioa. En 1942, il est nommé Visiteur du District Chili-Pérou, charge qu'il garde jusqu'à la formation des deux Provinces correspondantes en 1946. H est aujourd'hui Directeur de la maison provinciale où il continue à donner le meilleur de ses belles énergies aux juvénistes et aux scolastiques. Il n'est pas rare de le voir encore, malgré son âge, préparer soigneusement ses leçons d'anglais en se servant de disques et même du magnétophone.

Ses distinctions honorifiques.

« L'homme qui s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé » (Luc, 18, 14). F. Plácido, malgré sa modestie toute mariste, a vu souvent ses mérites exaltés par les hommes. Ainsi le gouvernement espagnol lui conféra en 1951 la haute distinction de « Chevalier d'Isabelle la Catholique ». En 1959, il fut décoré de la « Médaille Civique » de la municipalité de Miraflores. La même année, le Conseil Provincial de El Callao lui accorda le «Diplôme et la Médaille d'Or» de la ville, en reconnaissance de ses mérites comme fondateur de la Province mariste au Pérou.



Chosica - F. Provincial, Frères de la maison, Scolastiques et juvénistes autour de l'heureux jubilaire.
R.H. Provincial, Hermanos de la casa, Hermanos Escolásticos y júniores en torno al H. Plácido.
Rev. Bro. Provincial, Brothers, Scholastics and Juniors with the happy jubilarian.

Le 22 octobre suivant, le gouvernement du Pérou lui envoya les « Palmes académiques » pour « le silencieux et efficace labeur de ce méritant éducateur de la jeunesse péruvienne ».

Ses conseils à la jeunesse.

Répondant le jour de la célébration de ses noces de diamant aux questions familières des jeunes scolastiques, F. Plácido Luis se plut à leur donner des conseils marqués au coin de la sagesse de sa longue expérience.
« Il n'y a que l'amour, leur dit-il, qui puisse remplir parfaitement la vie de l'homme. Notre donation au Seigneur par l'amour du prochain et par l'instruction chrétienne des enfants est un amour capable de donner un sens plein à notre vie, le vrai sens de la vie... Je crois que l'incompréhension est la cause ordinaire des mésententes et des difficultés dans la vie de communauté. Que de cas je pourrais vous citer de pertes de vocation dues à la simple incompréhension... Sachons ouvrir notre cœur au supérieur... La chose la plus efficace dans l'apostolat d'un religieux éducateur, est le bon exemple. Nous devons être des témoins vivants de ce que nous enseignons. Le monde d'aujourd'hui ne croit plus à la parole; ii demande l'exemple et la mise en pratique de ce que l'on prêche... Ce qui me cause le plus de satisfaction en ce moment, c'est d'avoir tâché d'être pieux, d'avoir considéré le bon Dieu comme un Père et de m'être efforcé de vivre en bon fils. J'ai toujours considéré l'oraison comme un dialogue filial et amoureux avec Dieu et la Sainte Vierge, notre bonne Mère... Le dernier mot que je puis vous laisser, mes chers scolastiques, c'est le même que Notre-Seigneur adressa à ses apôtres et que notre Bx. Fondateur laissa à ses Frères sur son lit de mort: "Aimez-vous les uns les autres ". C'est le plus beau conseil que je puisse vous laisser... ».
Frs. Fortunato, Mario et Pablo


Exemple de dévotion mariale.

« Guión », l'organe de la Province du Pérou, publie trois lettres d'un instituteur rural et inspecteur régional des écoles, ancien élève de notre Ecole Normale de Cajamarca, dans lesquelles il raconte comment il a organisé dans sa localité la pratique du mois de Marie.
Il a su d'abord s'assurer de la collaboration, non seulement des écoles et des confréries pieuses, mais aussi des pères de famille, des autres instituteurs et des autorités locales. « Nous avons besoin, dit-il, de renouveler l'esprit chrétien, en baisse chez nous, et de favoriser par tous les moyens la bonne éducation de nos enfants ». A défaut de prêtre dans la paroisse, c'est lui-même, aidé de ses collaborateurs, qui dirigeait l'exercice de chaque soir. L'entretien et la décoration de l'autel de la Sainte Vierge étaient assurés, à tour de rôle, par les écoles, les confréries du saint Rosaire, par les pères de famille, le centre sportif des jeunes, le Gouverneur du District et le Conseil provincial. Le 25 du mois, l'exercice fut dirigé par les membres de l'Association des Instituteurs du District.



Chosica . Orchestre du scolasticat.
Escolásticos y su orquesta.
The Scholasticate orchestra.

Chaque soir, au signal de la cloche, la population accourait à l'église avec enthousiasme. L'exercice comportait la récitation du chapelet, la lecture d'un chapitre de la vie de la Sainte Vierge, du récit d'un exemple édifiant et du chant d'un pieux cantique. Le dernier jour eut lieu la distribution d'images envoyées par les Frères. « Pendant que je les distribuais, dit l'ancien élève, les enfants chantaient les cantiques que nous avions appris à l'école. Ah! Frère, quelle scène! Je pleurais d'émotion. On ressent alors de bien douces consolations qui viennent compenser les moments de découragement qui assaillent quand tout semble se mettre contre soi ».
Le Frère qui publie ces lettres ajoute ceci, en guise de leçon : « Frère qui lisez ceci. Vous avez été sûrement édifié. Que cela nous porte à nous montrer toujours plus les apôtres de Marie. Qu'avec la grâce de Dieu et la protection de Marie, nous parvenions à faire de tous et de chacun de nos élèves, par nos paroles et surtout par nos exemples, de vrais enfants de celle qui mérite tout notre dévouement ».
(Cfr. « Guión ». juillet 1963)


Ecoles gratuites du soir.

La «Conférence péruvienne des Religieux», suivant les consignes de l'épiscopat du pays, est intervenue auprès des collèges tenus par des Congrégations, pour que l'on y favorise le plus possible l'éducation religieuse du peuple. Ces établissements sont priés de prêter les classes qui servent le jour aux enfants de familles aisées, afin d'y établir des cours du soir gratuits pour des adultes. Nos collèges de la région de Lima se sont tous prêtés gracieusement à cet apostolat qui ne manquera pas de produire des fruits excellents.
(Cfr. « Guión », avr. 1963)

PORTO ALEGRE

NOCES D'OR DU C. F. DESIRE-ALPHONSE, ANCIEN ASSISTANT GENERAL.

Le CF. Désiré-Alphonse, ancien Assistant Général, célébrait, il y a quelques mois, ses noces d'Or de vie religieuse. Il y a eu à cette occasion diverses manifestations de joie dont nous donnons le compte rendu.



PORTO ALEGRE – F. Désiré-Alphonse, ancien A.G.,entouré de Frères, d’anciens élèves et d’amis nombreux.
Rev. Bro. Desire-Alphonse, former Ass. Gen., Brothers, Old Pupils and their families.

Au scolasticat de Viamâo, où le cher Jubilaire réside actuellement, une messe solennelle fut célébrée dans la chapelle de l'établissement, suivie d'une séance durant laquelle les orateurs rappelèrent les diverses phases du fécond apostolat du Frère ancien Assistant Général.
Mais l'Université Pontificale et le Collège, Notre-Dame du Rosaire qui doivent en grande partie, au C. Frère Alphonse, leur prodigieux développement, désiraient vivement lui donner un vibrant témoignage de sympathie et de reconnaissance.
La nombreuse Communauté assista donc à une Messe d'actions de grâces dans la chapelle du Collège. Le C. Frère Désiré-Alphonse, le C. Frère Stanislas-Joseph. Secrétaire du Gymnase et également Jubilaire, ainsi que Mr. Manuel Barbosa, Bienfaiteur de la Congrégation, allèrent, au son du grand orgue, occuper les places qui leur étaient réservées dans le chœur.
Durant la cérémonie, les Frères entonnèrent de très beaux chants de circonstance.
Après la Sainte Messe, toute la Communauté se rendit au réfectoire où devait avoir lieu un dîner de famille, durant lequel la Chorale des Frères entonna des chants appropriés.
Au dessert, le C. Frère Faustino, Directeur de la Faculté de Philosophie, rappela en termes émouvants, les péripéties qui marquèrent l'époque où le C. F. Désiré-Alphonse prit la direction de l'établissement, toutes les démarches qu'il entreprit auprès des autorités pour obtenir la reconnaissance officielle du Gymnase N.-D. du Rosaire, qui, plus tard, allait devenir Collège. Il énuméra les diverses transformations par lesquelles passa cette institution et les agrandissements successifs des bâtiments qui en font actuellement un modèle de maison d'éducation.
Il insista, comme de juste, sur la fondation de l'Université Catholique qui devait couronner l'œuvre éducative entreprise par le C. Frère Assistant, depuis la Faculté de Philosophie, créée pour assurer la formation des Frères, jusqu'aux autres Facultés et Ecoles devenant ainsi l'Université Pontificale du Rio Grande do Sul qui, avec ses trois mille étudiants, constitue un des principaux centres culturels de l'Amérique Latine.
Le C. Frère Désiré-Alphonse étant au Brésil depuis bientôt soixante ans a pratiqué un long et fructueux apostolat auprès des milliers d'enfants et de jeunes gens qu'il a formés au cours de sa longue carrière comme professeur, Préfet Général ou Directeur. Aussi l'Association des Anciens Elèves des Frères Maristes du Rio Grande do Sul tint à manifester sa reconnaissance en une cérémonie tout empreinte de simplicité et de fraternelle amitié.
Cette Association a acquis, il y a plusieurs années, une très belle propriété située sur une plage de l'immense fleuve Guaiba, et y a effectué diverses installations qui permettent aux familles d'anciens élèves de venir passer une journée agréable dans un très beau site, et avec un service de table assuré. L'Association projette également de construire Un centre d'accueil pour les anciens élèves de passage dans la Capitale.
Plusieurs allées ont été tracées dans le vaste parc et destinées) à rappeler le souvenir de noms chers aux anciens élèves: celui du CF. Weibert, fondateur de la Province et celui du vénéré Jubilaire que l'on fêtait en ce jour.
Les anciens accoururent nombreux à l'invitation, heureux de se retrouver en compagnie d'un de leurs anciens maîtres, dont ils gardent un si cordial souvenir.
La fête commença par une messe célébrée à l'ombre des arbres séculaires. Puis, les invités assistèrent à l'inauguration des avenues où devaient être dévoilées les plaques cimentées sur de lourdes pierres posées à même le sol, et qui portent le nom des Frères à qui on désirait rendre hommage.
On inaugura d'abord l'allée dédiée au F. Weibert, et ensuite celle consacrée au CF. Désiré-Alphonse. Ce fut avec une certaine émotion que le cher Jubilaire découvrit lentement la pierre couverte du drapeau brésilien, pendant qu'une main discrète hissait ce même drapeau jusqu'à hauteur de branche. Les applaudissements retentirent lorsqu'il proclama à haute voix: « Avenida Irmâo Alfonso ».
Peu après les invités se rendirent sous le feuillage épais des grands arbres où des tables avaient été dressées pour faire honneur au savoureux churrasco — viande grillée sur la braise — que d'habiles gauchos avaient préparé selon les coutumes traditionnelles, et vêtus élégamment en portant la bombacha — pantalon flottant — et I'espeto — broche — où s'étalaient d'appétissants filets suintant le jus de viande et répandant une odeur caractéristique à laquelle ne peut résister le moins affamé des convives.
Lorsque tout le monde se fut régalé, vint le tour des orateurs. Le discours officiel fut prononcé par Mr. le Docteur Antonio César Alves, Directeur de la Faculté de Sciences Economiques.
Le CF. Désiré-Alphonse, en une très belle improvisation, rappela les temps heureux où toute une jeunesse se pressait dans les nombreux Collèges maristes que nous dirigeons au Rio Grande do Sul, et qui maintenant font honneur à leurs Maîtres, en exerçant de hautes fonctions dans les administrations officielles et particulières, ou jouant des rôles de grande importance dans les affaires publiques depuis le simple Conseil Municipal jusqu'à la Présidence de la République. Il se sentait bien à l'aise dans cette ambiance si sympathique et si consolante pour un Maître religieux qui conserve de ses anciens élèves un souvenir ineffaçable et une affection toute paternelle.
Ce fut sur ces paroles que se terminèrent ces agapes fraternelles, après quoi chacun se leva de table soit pour prendre le chemin du retour, soit pour se livrer à quelques divertissements sur les pelouses ou sur la plage.


RIO DE JANEIRO

ACTIVITES SOCIALES AU COLLEGE DE BELO HORIZONTE




Belo Horizonte - Eleves qui font la «ronde ».
Alumnos que se encargan de la «ronda »
Pupils making rounds.

Dans le présent travail nous envisageons la situation de la société brésilienne, en particulier celle de notre ville de Belo Horizonte. Cet article est le résultat d'observations et d'expériences faites par un grand nombre de personnes, prêtres, religieux et professeurs. Notre exposé semblera peut-être teint de pessimisme; je crois plutôt qu'il est réaliste et plein d'espoir dans les ressources inépuisables que nous trouvons dans notre religion chrétienne.

La situation.

L'Eglise ne cesse de faire briller sa lumière, et sa doctrine s'adresse à tous les chrétiens, quelle que soit leur situation et condition sociales. Au Brésil, l'Eglise catholique s'est toujours préoccupée de l'enseignement de la doctrine chrétienne et les écoles catholiques ont toujours constitué l'avant-garde dans le champ de l'éducation. Mais les temps évoluent rapidement. Le problème social prend des proportions gigantesques, et, ici comme ailleurs, nous nous trouvons devant une besogne urgente et immense. Nous avons un énorme pourcentage d'illettrés et très peu de jeunes ont la possibilité de suivre l'enseignement secondaire. A Belo Horizonte, comme dans bien des villes modernes, on se trouve en présence d'un contraste navrant pour un cœur chrétien: d'un côté, les gratte-ciels somptueux, les maisons luxueuses, les magnifiques étalages, l'illumination féerique, les autos dernier-cri; de l'autre, quantité de pauvres gens sans abri, dont la misère s'étale lamentablement devant nos yeux.



Belo Horizonte . La vieille crèche, centre d'assistance pour les pauvres. Les œuvres de Dieu ont des commencements bien modestes.
Primer pesebre o centro de asistencia para pobres. Las obras de Dios tienen principios modestos.
The former Nursery, now a help-centre for the poor. God's works have very modest beginnings.

Au spectacle de cette situation si alarmante, que faisons-nous? que fait-on dans nos collèges catholiques? Ne sommes-nous pas, trop souvent, condamnés à faire la classe à des bourgeois bons vivants, à de futurs profiteurs qui seront, non seulement inutiles, mais nuisibles à la nation? La plupart des élèves de nos collèges et même plus d'un professeur semblent ne se préoccuper que de leur avenir personnel. L'esprit bourgeois gagne du terrain. La collaboration entre collèges fait défaut. L'enseignement de la religion même, sauf quelques heureuses exceptions, est déficient et ne va pas au-delà de la théorie. On a l'air de se trouver dans un petit paradis où les jeunes gens n'ont qu'à perfectionner leurs vertus naturelles, à l'abri de toutes les occasions de péché et de l'influence d'un monde qui devient pourtant de plus en plus antichrétien. On y oublie peut-être trop qu'il faut former avant tout des chrétiens convaincus, de futurs entraîneurs capables de vivre et de faire vivre un christianisme authentique.
Cependant malgré tant de sombres situations, il n'y a pas lieu de se décourager. Avec de la bonne volonté et le secours de Dieu, nous pouvons arriver à de grands résultats. La route à suivre nous est tracée par les magistrales Encycliques du Pape Jean XXIII, de sainte mémoire. La doctrine sociale de l'Eglise, une doctrine vécue, faite de charité envers Dieu et le prochain, de justice, de fraternité, de vrai christianisme, en un mot, voilà le salut. La visite aux hôpitaux, aux familles miséreuses, aux enfants abandonnés, aux fabriques, aux ouvriers, tout cela est bon et contribue à la transformai ion religieuse et civique de nos jeunes, mais avant tout, il y faut l'exemple d'une vie chrétienne fervente.

Heureuses réalisations à Belo Horizonte.

Devant cette situation, un mouvement de résurrection, un réveil collectif s'est opéré dans notre milieu de Belo Horizonte. Les éléments responsables ont voulu agir et se sont mis à l'œuvre. Quelques prêtres courageux, suivis d'un grand nombre de chrétiens de bonne volonté, notamment de la jeunesse étudiante catholique, ont secoué leur torpeur, leur position commode, prenant conscience de leur responsabilité, se disant qu'il y avait quelque chose à faire. C'est ainsi que dans notre collège Don Silverio nous avons organisé des associations dans le but de travailler pour les pauvres des quartiers miséreux, et venir en aide aux pauvres gens qui donnent sur



Belo Horizonte - La nouvelle crèche Marcellino Champagnat installée au Morro do Papagnio (colline du Perroquet), dans un bidonville de Belo Horizonte. Fondee par notre college, elle est soutenue par un groupe de mamans des eleves.
Nuevo pesebre Marcelino Cham pa gnat, situado en el « Morro del Papagayo», entre las chabolas de la ciudad. Fundado por el colegio marista y sostenido por un grupo de madres de alumnos.
New Nursery « Marcellin Champagnat » situated in the «Morro do Papagaio », in one of the slums of the town. Founded by the College and maintained by a group of the mothers of the pupils.

le pavé. D'autres groupements d'élèves travaillent au sein de l'Action Catholique, cherchant à intervenir dans les cercles de la politique, dans le but de la christianiser. Ces associations sont sous le contrôle d'un Frère responsable appelé Assistant.
Voici les principales de ces associations :
a) L'Académie littéraire : Nous ne nous attarderons pas à décrire son fonctionnement. Il en existe partout de semblables.
b) Les cours extrascolaires: formation sociale, littéraire, cinéma...
c) Groupement des loisirs: théâtre, chorale, etc. ...
d) Groupement de lecture pour la diffusion de la bonne presse.
e) L'école gratuite. Cette école est maintenue par les élèves du collège, sous la direction d'un Frère et des plus grands élèves. C'est une école du soir. Elle a suscité un grand enthousiasme. Les premiers bénéficiaires de cette école ne sont pas les pauvres, mais bien les élèves-maîtres eux-mêmes. Us s'y forment à la charité, au vrai christianisme et au véritable patriotisme.
f) La ronde nocturne. Cette ronde est une chose tout à fait originale. C'est une association dont les membres ont voulu s'appeler les vers luisants de Saint François, et qui a pour but de secourir les sans-abri qui couchent sur les trottoirs ou sous les ponts. Elle a quelque chose d'émouvant, surtout pour nous Brésiliens qui avons trop de cœur. Il est poignant de voir l'état où se trouvent beaucoup de pauvres gens qui, comme nous, sont enfants de Dieu. Ce choc a marqué la vie de plus d'un d'entre nous. La présence d'un prêtre, d'un Frère, ou d'un père de famille donne à l'élève le sens de la famille et du travail en équipe. Nous ne citerons qu'un cas pour illustrer ces avantages : Le 27 avril dernier, nous avons assisté à une messe de nuit sous un pont. Tous les composants de la ronde y étaient. Le célébrant, un Père Jésuite, adressa la parole aux balayeurs des rues, les invitant à faire leurs Pâques. Un jeune balayeur se fit baptiser; quatre autres mirent en règle leur mariage; un grand nombre firent la sainte communion. Quel spectacle pour nous : Père, Frères, riches et pauvres, balayeurs et gens sans abri recevant le même Christ! Il nous a semblé alors que Dieu doit avoir quelque grand dessein sur nous et qu'il nous montrera la voie à suivre.
D'autres groupements d'étudiants bâtissent des crèches pour les enfants pauvres, dans des quartiers les plus misérables. L'essentiel est de nous mettre en contact avec les pauvres gens à qui nous irons rendre justice dans et par la charité chrétienne. Le travail auquel nous nous consacrons fait voir de plus près l'importance de l'instruction religieuse, d'abord pour nous et ensuite pour les autres. Les élèves de nos collèges sentent de plus en plus ce besoin et se mettent avec enthousiasme à l'étude de la religion, à l'instruction chrétienne des enfants qui sont l'avenir de notre patrie.

L'esprit communautaire.

Il n'est pas facile de décrire les difficultés qu'il faut vaincre pour arriver à quelque résultat dans un pays où la masse des habitants) se dit catholiques et croit l'être en vérité. Ceux qui se sont engagés pour le Christ doivent se mettre courageusement à l'œuvre, chacun dans son milieu, dans son foyer familial. Il faut surtout secouer la torpeur de trop de chrétiens indolents, et réveiller l'ardeur de la jeunesse. Il nous faut des équipes de travail. On a fait quelque chose, mais il y a encore un long chemin à faire. Que l'effort des Frères qui se dévouent déjà, que l'exemple de l'Abbé Pierre et de ses pauvres, que la parole du grand pape Jean XXIII dans son Encyclique Pacem in terris et dans son dernier message de Pâques, surtout que l'exemple du Christ en croix suscitent parmi nous des apôtres pour les pauvres abandonnés.
Frs. João Batista Araujo e Oliveira


SAINT-GENIS-LAVAL

MACON: ECOLE OZANAM.

L'école Ozanam de Mâcon commença petitement en 1903. Fondée par des pères de famille pour maintenir dans la ville un centre d'enseignement religieux après l'expulsion des Congrégations, elle s'installa rue des Ecoles et fut dirigée par l'abbé Vernemchet, prêtre de haute valeur, bientôt secondé par l'abbé David. L'école prospéra et, en 1913, elle dut s'installer dans des locaux plus vastes, dans un ancien couvent de Franciscains. Durant la guerre 1914-1918, le local fut réquisitionné et l'école dut se réfugier ailleurs. Après la guerre, la prospérité revint et il fallut encore «'établir dans un bâtiment ad hoc et mieux situé. En 1931, les catholiques maçonnais donnèrent la somme de 260 000 francs et ce fut l'installation définitive rue Rambuteau. Désormais, l'école a sa structure légale, son association d'éducation populaire, son amicale d'anciens élèves (depuis 1928) et son association de parents d'élèves de création récente. Elle a fourni de nombreux hommes d'élite dans les diverses professions religieuses civiles ou militaires.
C'est cette école au brillant passé, que les Frères Maristes ont prise en charge à la rentrée 1963. Avec l'école du Sacré-Cœur toute proche (section primaire), Ozanam formant la section secondaire, les catholiques maçonnais ont à leur disposition un complexe d'éducation complet en harmonie avec les instructions ministérielles. Il permettra aux enfants rentrant en petite classe de poursuivre leurs études jusqu'au baccalauréat.
Nous souhaitons bon succès au nouvel établissement dans la riche tradition de l'école Ozanam.



Mâcon - Ecole Ozanam.
Escuela de los Hermanos.
The School.


Oullins.

Oullins est une agglomération populeuse entre Lyon et Saint-Genis-Laval. Les Frères des Ecoles Chrétiennes y dirigeaient autrefois une école libre qui connut une grande prospérité. Mais aux jours néfastes de 1903, les Frères durent s'en aller. Us furent remplacés par des laïcs pieux et dévoués qui, sacrifiant des places plus lucratives, se consacrèrent à la cause de l'enseignement chrétien... Un exemple à méditer en ces temps où l'argent est roi.
Dernièrement, la Province de Saint-Genis a pu se charger de la direction de l'école, à la grande satisfaction des catholiques de la ville. M. Maurice Blanc, ancien de l'école, ancien élève de nos Frères de Neuville et qui a contribué au retour des Frères, a pu écrire : « L'ancien élève des Frères que je suis en a le cœur en fête. Il avait toujours rêvé de voir les Frères Maristes à Oullins. Les voilà... Merci. El que votre règne arrivé, ô Christ-Roi par l'Ecole! ».

Aux Charpennes.

Les Frères Maristes sont installés à Bellecombe depuis 1897, date de la fondation de la paroisse de même nom, à la limite Lyon-Villeurbanne. Il y eut même, outre l'école de la rue Inkermann, une école payante rue Germain. Et cela fait nombre d'élèves qui usèrent leurs culottes sur les bancs des deux écoles des Frères Maristes...
Actuellement dans les quartiers environnants de Bellecombe le cœur est à la joie. L'école libre des Charpennes est confiée aux Frères depuis la rentrée 1963. Comme les deux écoles sont voisines on peut prévoir dans un proche avenir un cycle primaire complet couronné par un cours d'enseignement général, de sorte que les parents qui veulent pour leurs enfants une éducation chrétienne et moderne, trouveront sur place les maîtres et les locaux nécessaires pour arriver à la 3ième. Un comité de familles va étudier dès la rentrée la création d'une cantine aux Charpennes et un ramassage par car pour faciliter l'accès à ces écoles.
(Voy. et Missions)

DIVERS
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COLOMBIE

Nous avons le plaisir de présenter quelques vues de la dernière visite du CF. Vicaire Général aux Frères de Colombie. Le CF. Vicaire Général a parcouru toute la Province prodiguant partout ses conseils et ses encouragements. U a trouvé les œuvres maristes en pleine prospérité et regorgeant d'élèves. Il n'a pas oublié les écoles de mission de Sibundoy et de Santiago où nos Frères réalisent depuis plus de cinquante ans un labeur de civilisation chrétienne grandement apprécié par les autorités locales et nationales.



Itagui - CF. Vicaire Général entouré des Frères et des juvénistes.
R.H. Vicario General rodeado de los Hermanos y juniores.
Rev. Bro. Vicar General, Brothers and Juniors.


CUBA-AMERIQUE CENTRALE


Activités apostoliques au «Liceo Salvadoreño».

Le bulletin a déjà parlé du zèle déployé au Liceo Salvadoreño (San Salvador) en faveur des pauvres et des enfants des faubourgs. Ce zèle n'a pas diminué, bien au contraire. Le lycée continue à catéchiser les enfants de plusieurs localités de la périphérie. Les enfants catéchisés sont au nombre de plus de 1.675 et les catéchistes volontaires, dirigés par nos Frères, sont 94. Ces catéchistes sont reçus partout avec joie et gratitude.
De même, les membres de la Congrégation de la Sainte Vierge et de la JEC du collège exercent une action sociale très active. C'est parmi eux d'ailleurs que se recrutent surtout les catéchistes. D'autres visitent en groupe les familles pauvres, leur distribuant des aliments et des pièces de vêtement. Us ont soin en même temps de rappeler aux gens la nécessité de vivre en bons chrétiens et le devoir de s'approcher des sacrements. Ils organisent aussi des collectes parmi les élèves du collège et ont recueilli dernièrement jusqu'à 3 000 pièces de vestiaire et 160 paires de souliers pour les pauvres.



Cali - CF. Vicaire Général avec les vétérans de la Province. De gauche à droite: F. José Rafaël, F. Fortunato, F. Eusebio, CF. Vie. Gén., F. Buenaventura, F. Amable.
Los veteranos de la Provincia en torno al R.H. Vicario General.
Rev. Bro. Vicar General with the vétérans of the Province.



Sibundoy - C. F. Vicaire Général en compagnie du F. Sous-Directeur de l'école et de trois élèves, enfants de chef. Remarquer le «poncho», manteau typique des populations des Andes.
R.H. Vicario General acompañado del H. Sub-Director y de tres alumnos, hijos de jefe. Nótese el típico « poncho » de los Andes.
Rev. Bro. Vicar General, Bro. Sub-Director and three pupils, sons of one of the Chiefs. Notice the «poncho», the typical cloak of the people of the Andes.

Frères et élèves s'occupent aussi de l'instruction religieuse des pensionnaires de l'école de correction située à Apopa, à 15 kilomètres de San Salvador. Dernièrement, 50 de ces jeunes ont fait leur première communion; huit d'entre eux avaient reçu le baptême quelques heures plus tôt.
(Cfr. «Estrella del Mar». Juin 1963)

Opa-Locka.

Nos Frères chassés de Cuba dirigent à Opa-Locka (USA) un campement semblable à celui de Kendall dont le Bulletin a parlé (Voir Vol. XXV, pag. 329). C'est un centre d'accueil pour les jeunes cubains qui ont trouvé refuge aux Etats-Unis après la tourmente de Cuba. Ces jeunes fréquentent divers établissements scolaires à Miami et les Frères les ont à leur charge en dehors des heures d'école. Nos Frères y ont organisé dernièrement des cours de vie chrétienne (cursos de cristiandad) qui ont donné certainement d'excellents résultats. Le mot d'ordre était: «Vivons heureux en état de grâce; un catholique qui vit en état de péché mortel est une infiltration du communisme dans nos rangs ». On a fait circuler, à travers le camp, des feuilles volantes portant un texte dont voici quelques phrases : « Propageons le rosaire... Si tu le récites seul, bien. Si en groupe, mieux. Si en famille, beaucoup mieux. C'est là ce que veut la Sainte Vierge... Parmi les dévotions en l'honneur de la Mère de Dieu, la plus utile, la plus recommandée par l'Eglise, la plus redoutée par le démon est la constante récitation du rosaire... Quand pourras-tu le réciter? Quand tu vas par la rue; quand tu guides ton auto; quand un feu rouge t'arrête; en attendant ton tour au bureau, au magasin, à la clinique; avant l'arrivée du train, de l'autobus, de l'avion; quand tu ne peux dormir; en passant devant un lieu où l'on offense Dieu et la Sainte Vierge... ».
Ajoutons que de ce campement sont sorties plusieurs vocations.

QUITO: « Académie» militar Ecuador ».

Le collège que nos Frères dirigent à Quito, sous le nom de «Academia militar Ecuador», vient de subir une inspection de la part des autorités scolaires qui n'ont pu que reconnaître pleinement la valeur de l'enseignement et de l'éducation qu'on y donne. 4 la suite de l'inspection, M. le Ministre de l'Education se présenta en personne, manifesta toute sa satisfaction et proclama ce collège l'école modèle de la République. Témoignage précieux quand on connaît les idées du Ministre.
Il est question d'ouvrir en Equateur une troisième école mariste pour répondre aux désirs des autorités ecclésiastiques qui nous l'offrent.

CONGO-RWANDA

Nouvelles.

Buta. Hier, vigile de l'Ascension, on a baptisé 146 garçons et 73 fillettes. Il y a de l'avenir... Ces enfants proviennent de parents païens ou chrétiens.
Le dimanche 12 mai, nous avons eu à Buta une fête grandiose pour célébrer le cinquantenaire de l'arrivée des Frères Maristes. En effet, c'est le 5 décembre 1912 que les trois premiers Frères arrivèrent à Buta, accompagnés d'une douzaine de porteurs. Ils venaient à pied de Stanleyville, éloignée de 325 km. après avoir suivi pendant trois semaines les sentiers tortueux des chasseurs.
Les grands élèves de l'école professionnelle ont érigé à cette occasion un arc de triomphe magnifique. La maison des Frères était ornée de multiples drapeaux congolais. Un des rares survivants des premiers élèves des Frères offrit après son discours quelques œuvres d'art indigène au F. Pierre, ancien Directeur. Une messe composée par Mgr. Maluba, évêque indigène, fut exécutée par les garçons et les fillettes sous la direction du F. Engel. Au dîner de fête, un membre du gouvernement provincial prit la parole. Il rappela l'œuvre des Frères et les remercia au nom du peuple congolais. En finissant, il donna, au nom de la province, la somme de 50.000 francs.
Nya-Ngezi. A l'occasion de la fête du Bienheureux Fondateur, le 6 juin, les 650 élèves de l'école primaire ont offert au groupe scolaire un programme de jeux variés. C'est au rythme cadencé du tam-tam que les scouts et les xavéris ouvrirent la marche vers le stade. Un défilé impeccable nous fit admirer maîtres et élèves. Des saynètes, dont les indigènes ont le secret, ont fait l'admiration de tous. La démonstration des petits gymnastes, tous torse nu, fut souvent interrompue par de longs applaudissements. Puis un élève de Sixième, d'une voix claire, s'adressa aux autorités:
« Aujourd'hui, nous avons l'honneur de fêter le Bienheureux Marcellin Champagnat. Notre école primaire est heureuse de pouvoir participer aux activités, pour exprimer ses vœux de reconnaissance à l'Institut des Frères. Si nous sommes contents, c'est parce que nous reconnaissons les grands bienfaits de l'œuvre du Bienheureux Fondateur, le Bienfaiteur de l'humanité entière et plus particulièrement de notre petit coin de Nya-Ngezi.
Notre village n'est pas le moindre parmi les grands centres du Kivu, car les Frères Maristes l'ont rendu noble et renommé.
Depuis leur arrivée à Nya-Ngezi, en 1948, nous comptons un bon nombre d'anciens élèves bien cultivés, lesquels sont au service de la Nation pour l'extension du règne du Christ dans les âmes; d'autres travaillent pour le développement de la vie sociale, dans presque tous les postes de notre pays.
Révérends Frères, nous savons que votre tâche est lourde mais noble. Nous, vos petits élèves primaires, nous vous promettons notre appui dans nos prières. Nous nous efforcerons d'alléger vos peines par notre soumission et notre application en classe ».


GRANDE BRETAGNE ET IRLANDE

DUMFRIES: Cours de vacances.

Durant les vacances dernières, les Frères scolastiques de Grande-Bretagne et Irlande se sont réunis à Dumfries pour suivre un cours sur des matières religieuses. Les leçons ont été assurées par les Frères Kieran d'Australie et Romuald de Nouvelle-Zélande, tous deux actuellement au Jésus Magister de Rome. Le premier a donné 15 leçons de théologie thomiste, sur «De Verbo Incarnato»; le second a traité la Mariologie. Ces cours ont eu un aspect théorique et pratique, adaptés à la catéchèse.



Dumfries - The Scholastics of Great Britain and Ireland with Bro. Provincial, Bro Director and the Australia and New Zealand Brothers who gave the courses. The two Nigerian Brothers in the photo are completing their studies in Great Britain.


LEVANTE

SANTA MARIA DEL MAR: Cours de spiritualité durant les vacances.



Santa Maria del Mar - M. l'Abbé Wl. Bublick durant sa leçon.
Don Wl. Bublick dando su lecciôn.
Fr. W. Bublick during his lesson.

La Province de Levante vient de fonder un juvénat à Santa Maria del Mar, charmante localité maritime, proche d'Alicante, région de couleur et de lumière. C'est dans cette maison de construction récente, que le CF. Provincial de Levante organisa, en juillet dernier, un cours de vacances auquel participèrent une quarantaine de Frères accourus de diverses parties d'Espagne.
Ces cours avaient pour but de procurer à ces Frères l'occasion d'approfondir leurs connaissances théologiques et d'étudier à fond leur vie mariste, à la lumière de la philosophie et de l'ascétisme.
Les questions théologiques furent traitées par M. l'Abbé Vladimir Boublik, professeur de théologie dogmatique à l'université Pontificale de Saint Jean de Latran et aumônier à la Maison Généralice. Les études sur la vie mariste furent à la charge du CF. Marcel Colin, professeur au Jésus Magister. Le premier donna une série de conférences sur la religion en général, sur la mission de l'Eglise, l'Eucharistie, l'Eglise et l'Etat. Il profita aussi de la mort tragique d'un juvéniste péri en mer pendant ces journées, pour étudier le sens chrétien de la mort, à la lumière de la théologie. Le CF. Marcel Colin présenta une étude exhaustive sur la personnalité dans nos Règles. En une suite de 45 conférences, il étudia de façon approfondie le type de personnalité mariste selon l'esprit du Bienheureux l'ère Fondateur et les enseignements de nos Règles.
Ces conférences ont été tirées en plusieurs exemplaires et seront, de plus, publiées en espagnol par la revue «Cataluña-Levante».


MADAGASCAR

Nouvelles.

«Nos maisons de formation, dit la lettre circulaire du CF. Visiteur du District, donnent de belles espérances: Juvénistes. 72: Noviciat, 6 postulants et 5 novices; 3 scolastiques. Que cette abondance de vocations ne fasse qu'accroître notre zèle pour en susciter de nouvelles et faire un bon choix... Les Provinces de St. Paul et de \.-D. de l'Hermitage nous ont envoyé chacune un Frère en renfort pour deux ans. Nous les remercions de cette aide fraternelle... En la fête du Christ-Roi, un orage de grêle d'une extrême violence s'est abattu sur Antsirabe ravageant vigne et arbres fruitiers. Cette épreuve n'entame pas notre confiance en la Providence... ».


Antsirabe - Collège Saint Joseph.
Colegio San José.
St. Joseph's College.


Antsirabe - Bibliothèque du juvénat.
La biblioteca del juniorado.
Juniorate Library.


Village malgache des environs d'Antsirabe
Pueblo cerca de Antsirabe.
A Madagascar village near Antsirabé.




Alto Molocue - Travail des champs. Récolte de haricots.
Trabajos del campo. Se recogen las alubias.
Work in the fields: harvesting beans.

SAO PAULO

BRASILIA: « Colegio Marista ».

Au collège mariste de Brasilia, on relève la présence de plusieurs élèves, enfants de ministres. Le ministre du Travail y a trois de ses enfants; deux, ceux d'Education et des Communications; un, celui d'Agriculture. Deux élèves sont enfants du Préfet de la ville.
Au mois de juin dernier, Monsieur le député national Arruda Camara donna, dans notre collège, une conférence aux parlementaires, en préparation à la communion pascale des députés. Elle fut suivie de nombreuses confessions.
«Le fait d'avoir dans nos classes, tant de fils de ministres et de députés, dit la revue "Vida Marista", est un motif de sentir davantage notre responsabilité plutôt (pie «le se réjouir île.- protections humaines, comme l'enseignait notre Bienheureux Fondateur. Nous disons cela, plus pour les lecteurs que pour les Frères de Brasilia que nous savons bien conscients de leur rôle et à la hauteur de leur grande mission ».
(Vida Marista, oct. 1963)

VUES DE MOZAMBIQUE



Alto Molocue - Un des moniteurs finissant fait le catéchisme. Les enfants catechises sont plus de 200.
Un alumno del grado superior haciendo el catecismo. Los catequizados son más de 200.
One of the trained monitors teaching Catechism. More than 200 chil. dren are taught Catechism.



Un Frère catéchise les habitants de la brousse.
Hermano enseñando a los habitantes de la selva.
A brother teaching Catechism to the children and otrer bush people.

NOS CAUSES DE BEATIFICATION
ET DE CANONISATION
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CINQUIEME PROCES DE L'ORDINAIRE SUR NOS MARTYRS D'ESPAGNE.

Le 27 déc. 1963 s'est ouvert à Barcelone le Procès de l'Ordinaire sur la réputation de martyrs de 46 Frères Maristes, connus sous le nom de « Martin della Cheka di San Elias». Le fait, survenu à Barcelone, le 8 octobre 1936, est l'un des plus horribles que rapporte le martyrologe espagnol.
Ce procès sera le cinquième puisqu'il a déjà été précédé des quatre suivants :
1. Celui du F. Bernardo, déroulé à Burgos de 1945 à 1948.
2. Celui du F. Crisanto, déroulé à Lérida de 1946 à 1948.
3. Celui du F. Aquilino et de ses trois compagnons martyrs, déroulé à Seo de Urgel de 1949 à 1950.
4. Celui du F. Cipriano et de ses vingt Confrères martyrs, déroulé à Saragosse de 1957 à 1961.

Tentative de sauvetage.

C'était aux premiers jours d'octobre 1936. La révolution espagnole avait éclaté depuis deux mois et demi à peine. Déjà 103 Frères Maristes avaient été massacrés, dont 42 dans la seule Catalogne. Les autres vivaient errants et cachés, privés de tout, menacés dans leur vie physique et morale.
Le Frère Laurentino qui portait à cette heure tragique le poids de la « Grande Province d'Espagne », tenta par tous les moyens de faire évader les Frères afin de les sortir de cette fosse infernale qui n'admettait d'autre alternative que la fuite ou la mort.
Quant à lui, il avait refusé catégoriquement de se mettre en sûreté, et même il s'opposa à l'avis de ses conseillers provinciaux qui, pour faire pression sur lui, l'avaient mis devant ses obligations de sauvegarder les intérêts de ses religieux situés dans la « zone nationale ». Ces derniers, spécialement au début de cette nouvelle année scolaire, n'avaient-ils pas grand besoin de directives et de gouvernement?
«Vous savez déjà, leur répondit-il, mon idée à ce sujet: tous ceux qui partagent la responsabilité de la direction, absolument tous, doivent se trouver à la tête des Frères traqués tant que ceux-ci ne seront pas hors de danger». Et le Frère Laurentino demeura à son poste avec les angoisses d'un père et la tendresse d'un cœur plus que paternel. Il aurait pu répéter à chaque Frère de sa Province ce qu'il fit dire aux Frères de la communauté de Murcie, auxquels il avait envoyé par l'entremise du F. Atanasio, une douzaine d'hosties consacrées: «Dites aux Frères que depuis qu'a éclaté cette angoissante révolution, je ne vis plus que pour eux: à tout instant de la journée, je pense à eux et les recommande à la protection de la Sainte Vierge ».
Ce fut l'audace de l'amour qu'il portail à ses Frères, audace unie à la plus grande prudence possible dans une créature humaine, qui fit tenter l'impossible au F. Laurentino.
Suivre le conseil de Notre-Seigneur était, en cette occurrence, l'unique chose à faire: «Si l'on vous pourchasse dans telle ville, fuyez dans telle autre» (Mat. X, 23). Ce fut ce critère que suivit F. Laurentino, d'autant plus qu'il s'agissait de sauver la foi, la pureté, la vocation, la vie physique elle-même de jeunes Frères.
Mais comment faire, puisque toutes les frontières étaient bloquées avec une extrême rigueur? De plus, s'échapper par mer était impossible du fait de la surveillance inexorable de la FAI (Fédération anarchiste ibérique).
Diverses tentatives furent faites auprès des autorités et des anciens élèves prêts à nous aider: mais tous ces essais avortaient à cause de la méfiance réciproque que le régime sanguinaire avait instaurée. L'ami se défiait de l'ami; le fonctionnaire craignait l'accusation et la vengeance de son collègue. Aux Frères Virgilio et Atanasio, ses collaborateurs les plus audacieux, presque découragés par tant de démarches n'ayant abouti à rien, F. Laurentino disait: «Les hommes peuvent nous faire défaut, mais Dieu est avec nous ». On croirait entendre l'écho de la parole du Bienheureux Champagnat quand il disait: «Quand tout le monde serait contre nous, nous ne devons rien craindre si Dieu est avec nous » (Vie, II, p. 3. Desclée, 1931).

Lueur d'espoir.

Cependant, il arriva qu'une circonstance imprévue ouvrit une possibilité.
Le Frère Epifanio, conseiller provincial, fut arrêté; connaissant son identité et ses fonctions, la police le conduisit au « Comité Central Revolucionario » de Barcelone; là, les fonctionnaires de la F.A.I. et du C.N.T. firent au Frère des offres de libération moyennant rançon.
Fallait-il refuser la proposition? Non! Est-ce que Notre-Seigneur n'avait pas dit : « Et moi je vous dis : faites-vous des amis avec l'argent d'iniquité?» (Luc XVI, 9). Certes, il ne fallait guère se fier à ceux qui avaient fait de la force et du massacre la loi propre de leur gouvernement: mais la tentative devait être faite, puisque, dans un cas comme dans l'autre, c'était la mort qu'on risquait.
Le Café «Tostadero», de la Place de l'Université, est devenu tristement célèbre: là, les Frères Virgilio et Atanasio firent les tractations avec les révolutionnaires, tandis que le Frère Adjuteur se rendait en France pour se procurer les 200.000 francs exigés pour la mise en liberté de tous le Frères Maristes.
Certes, il fallait aller de l'avant à tout prix. L'avocat Maspons, homme de confiance des Frères, leur avait dit: «Ces hommes-là sont les seuls qui) sur promesse ferme, puissent vous tirer de ce bourbier». Et de fait, les chefs responsables donnèrent leur parole d'honneur de respecter tous les accords.
Avec les premiers 100.000 francs (les rouges voulaient des devises étrangères puisqu'ils possédaient déjà les pesetas de toutes les banques), 116 étudiants, accompagnés par le Frère Moisés, passèrent la frontière à Puigcerdá, non sans menaces et difficultés.

Effroyable trahison.

L'heureuse issue de la 1ière expédition encouragea le Frère Laurentino et ses collaborateurs à poursuivre leur ligne de conduite. Aussi, les Frères de toutes les cachettes de la zone rouge furent-ils invités à se rassembler à Barcelone: cependant, on laissait à chacun la plus complète liberté d'accepter ou non cette invitation. Les autorités rouges elles-mêmes favorisèrent cette opération à tel point que 56 Frères détenus dans les prisons de Murcie et de Carthagène furent libérés afin de se rendre à Barcelone.
C'était le 7 octobre; entre 21 et 22 heures, 107 Frères, grâce au mot de passe: «Asunto Ordax », montèrent à bord du vapeur le «Cabo San Agustín»; de là, ils auraient dû passer sur le bateau français l'« Enfa » qui les aurait transportés à Marseille.
La soirée se passa dans l'allégresse de Frères ayant retrouvé des Frères, certains en piteux état de santé et ne s'étant plus vus depuis longtemps. A chacun, Frère Laurentino réservait un accueil cordial et paternel.
Mais au matin du 8 octobre, les doutes et les inquiétudes de quelques-uns devinrent une cruelle réalité. D'abord, les miliciens réquisitionnèrent valises et objets personnels, sous prétexte de faciliter le contrôle de la douane! Puis, vers 12 heures, les Frères reçurent cet ordre: «Haut les mains». Et. en file indienne, sans mettre les pieds à terre, on les fit passer du bateau aux autobus de la F.A.I., sous cette menace: «A qui dit une parole, le couvercle de la cervelle lui saute ».
A cause de l'heure, le port et tous ses alentours regorgeaient d'ouvriers, de sorte que les autobus défilèrent sous les injures et les menaces de la populace. Arrivés à la «checa de San Elias», couvent transformé en prison, on fit descendre les Frères dans le jardin intérieur: «Eh bien! il y a du travail! », dit avec ironie un milicien; d'autres, armés de fusils mitrailleurs, menaçaient les Frères, leur lançant des plaisanteries cruelles et terrifiantes.
Le chef de la F.A.I. vint enfin; c'était Aurelio Fernández. Il passa les prisonniers en revue; se tournant vers les gardes, il glapit: «Bonne chasse, les gars; je vous félicite! Il y a du plaisir à tirer sur ces Lapins; bon œil, hein! ».
Frère Laurentino, profitant de la présence du chef, sortit des rangs et s'approcha. « Que veux-tu? » lui lâcha, avec mépris, Fernández. Dune voix ferme et sereine tout à la fois, Frère Laurentino reprit: «S'il y a quelque responsabilité, elle retombe sur moi seul, le supérieur: laissez donc en paix ces Frères qui n'on fait aucun mal ».
«Fiche-moi le camp, va-t-en, va-t-en; rien à faire», telle fut la réponse grossière et brutale du chef.
A partir de cet instant, le calme le plus résigné plana sur ce groupe de 107 héros, occupés seulement à répéter des oraisons jaculatoires. On en détacha 46 parmi lesquels se trouvait le Frère Laurentino; en s'éloignant, il dit à tous de la main et de la parole: « Adiós Hermanos, hasta el cielo! ». (Au revoir; au ciel!).
Le soir même de ce 8 octobre, les 46 furent transportés au cimetière « Moncada » ; et là, un crépitement glissa dans l'air, celui de fusils mitrailleurs jetant leur plomb sur des innocents, mais il ne réussit pas à couvrir le cri unanime: «Vive Cristo Rey! ». Les 61 autres réussirent, grâce à une circonstance fortuite, à éviter le massacre et restèrent les témoins oculaires de ce qui s'était passé.
Le 9 octobre, Frère Adjuteur atterrissait à l'aéroport de Barcelone: de retour de France, il était porteur des 100.000 francs promis. On le dépouilla de son argent sans tenir compte de ses protestations; reprochant aux sbires leur fausseté, leur vol, leur mauvaise foi, il fut conduit à la « Prison modèle » pour partager la détention de ses Confrères survivants.

Les « Articuli ».

Ce que nous venons de voir est un résumé succinct de ce qui est exposé dans les « Articles » préparés par la vice-postulation, et qui seront présentés au tribunal ecclésiastique. Ces « Articles » constituent une publication de 144 pages, très bien réussie et divisée en deux parties.
Dans la première, nous trouvons le nom des 46 martyrs et le récit des événements, récit ramené à 46 articles concis et clairs. Dans la seconde, ont pris place les 46 biographies, avec forme et contenu synthétiques. En tête, se trouve, naturellement, celle du Frère Laurentino, suivie immédiatement de celle du Frère Virgilio.
Les autres biographies sont disposées suivant l'ordre alphabétique.
Le titre proposé pour la Cause est le suivant: « Barcinonen. Beatifi-cationis seu declarationis martyrii Servorum Dei Fratrum Laurentini, Vergilii et sociorum ex Instituto Fratrum Maristarum a Scholis in ordium fidei, uti fertur, interfectorum ».
Les nombreux témoins, au moins huit pour chaque martyr, trouveront dans les « Articles » une mine de faits, noms de lieux et de personnes, qui leur servira à rafraîchir des souvenirs précieux, enfouis depuis quelque 26 années, facilitant ainsi leur déposition au tribunal.
Le travail sera long et ardu, mais il réussira à préparer, nous en sommes certains, cette lumineuse auréole qui, un jour, viendra ceindre cette gerbe de nos 46 Confrères martyrs.
De son côté, le tribunal ecclésiastique trouvera, dans les « Articles », un précieux instrument qui facilitera sa tâche difficile en vue d'établir, en bonne et due forme, les faits, les événements et les figures, dans la pleine lumière de la justice et de la vérité. Ainsi seront mis en relief, sans aucune ombre d'incertitude, l'honneur et la gloire des 46 héros pris et élus parmi les 107 prisonniers de la « cheka di San Elias ».

Bibliogr. :

Position et articuli. Vicepostulaciôn. Barcelona, 1963.
Historia de la persecución religiosa en España, por A. Montero. Madrid, 1961.
In obra marista en Cataluña en 1936-39. Fr. M. Mediavilla, pro manuscrito, Roma. 1963.
Flores de martirio y santidad, N. 79, 127, 129. Vicepostulaciôn, Barcelona.

* * *

Guérison attribuée à l'intercession du Bienheureux M. Champagnat.

Le 4 avril 1962, l'enfant Paolo Pinho était victime d'un grave accident. Comme il traversait la rue, une camionnette le renversa et le traîna sur un long parcours. Le petit Paul fut recueilli tout en sang et conduit rapidement dans une ambulance de secours où il reçut les premiers soins. De l'ambulance, il fut transporté à l'hôpital «Santa Teresina » où il fut de nouveau soigné, mais le père de l'enfant voulut le placer dans l'hôpital « Cruzeiro» pour le confier au Docteur Luis Calderón, spécialiste pour les maladies de tête. Ce docteur lui fit deux radiographies.
L'enfant demeura quatre jours sans donner signe de vie, puis il se réveilla mais resta sans connaissance. Au bout de quatre jours, il commença à s'améliorer et aujourd'hui son état de santé est satisfaisant.
Il faut savoir que sa maman invoqua, tout de suite après l'accident, notre Bienheureux Fondateur et commença une neuvaine en son honneur pour lui demander la guérison de son enfant. Elle apporta à l'hôpital une relique du Bienheureux qu'elle plaça sous l'oreiller du malade. Mme Caterina Locatelli, amie de la famille, invoqua Notre-Dame Aparecida et notre Bienheureux Fondateur à la même intention, encourageant d'autres personnes à faire de même.
Voilà ce qui m'a été raconté par les parents et par d'autres personnes de la ville d'Herval, le 12 octobre 1962.
F. J. B.

HISTOIRE
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POUR MIEUX CONNAITRE LE BX. M. CHAMPAGNAT

LA FORMATION ECCLESIASTIQUE DE MARCELLIN CHAMPAGNAT

I - Principe général.

Pour comprendre un homme et son œuvre, il est nécessaire d'étudier son temps, son pays, son milieu, sa famille, les situations où il s'est trouvé; en tout cas, la toute première honnêteté consiste à ne point le juger avec nos idées à nous, mais à nous replonger dans son ambiance à lui. A juger un homme de 1800 avec nos vues de 1963, nous commettrions certainement erreurs et injustices graves.
C'est là un principe général. Mais attachons beaucoup d'importance surtout à la formation de l'homme à juger.
Ainsi, pour comprendre avec justesse notre Bienheureux Fondateur, il nous faut pénétrer dans son éducation elle-même; sans cet effort, le cadre et les sources de l'esprit mariste nous échappent totalement. L'activité de Marcellin Champagnat fut, pour une part sérieuse, déterminée par la formation reçue dans les Séminaires du diocèse de Lyon, c'est-à-dire Verrières et le Grand Séminaire Saint-lrénée.
Mais c'est surtout dans l'atmosphère du Grand Séminaire qu'il nous faut revoir le Vicaire de La Valla, car c'est là qu'il a puisé ses principes de vie et d'action. On peut affirmer du Bienheureux Champagnat qu'il est, au point de vue spirituel et apostolique, le fruit de cette formation sulpicienne donnée à Lyon, malgré l'ostracisme napoléonien.
«L'an 1811, en punition de leur dévouement au Saint-Siège, les Sulpiciens furent de nouveau dispersés et ne revinrent qu'en 1816 » (Bordarrampé). Cependant à Lyon, sous la protection du Cardinal Fesch lui-même, l'esprit de Saint-Sulpice sera maintenu grâce à Messieurs Gardette, Cholleton, Cattet, Mioland. Ce Grand Séminaire, « Vu le nombre et la qualité de ses sujets, était à la fois au confluent de tous les courants d'idées du moment et le point de mire des hommes qui travaillaient alors à une renaissance religieuse. C'est dans cette ambiance, à bien des titres exceptionnelle, que doivent être replacés les deux projets de fondations nouvelles, qui virent alors le jour à Saint-Irénée » (Origines Maristes 1, 167). C'est également sous cette lumière qu'il faut revoir et juger Marcellin Champagnat.

Il - Monsieur Gardette.

En 1813, Marcellin Champagnat rentre au Grand Séminaire; sa vie reçoit sa forme définitive.
Le Saint curé d'Ars, le Bienheureux Champagnat, les Vénérables Colin et Chevrier, le Père Querbes et M. Coindre, le cardinal Donnet et Monseigneur Milland. M. Duplay ami de notre Fondateur et qui joua un rôle important à Lyon comme supérieur du Grand Séminaire, tous ces noms et bien d'autres encore sortis du même moule ont des constantes dans leur vie: mêmes principes, mêmes perspectives spirituelles et apostoliques, mêmes vertus marquantes, parfois mêmes expressions; une simple coïncidence n a pas de valeur, mais une longue répétition en a une.
Tous ces hommes ont été formés par la même main, par Monsieur Gardette. Celui-ci fut le supérieur et l'éducateur. Tout d'abord son autorité lui venait de son titre de confesseur de la foi; il était, peut-on dire, auréolé du prestige du martyr, étant l'un des rares rescapés des pontons de Rochefort. Puis, cet homme sut s'imposer par sa droiture, sa piété, son dévouement et sa fidélité à être ce qu'il demandait que les autres fussent.
Aidé par Messieurs Cattet et Cholleton, ses deux principaux professeurs et directeurs spirituels du Séminaire, s'appuyant aussi sur des tout jeunes qu'il mène comme il veut: Messieurs Mioland et Ménaïde, Monsieur Gardette, sulpicien dans l'âme, insuffle à ses séminaristes et cette vie sulpicienne et ce zèle que rien n'arrête (Dans Origines Maristes, voir les plaintes de Monsieur Bochard 1 p. 177-8; ce dernier n'aime pas les Sulpiciens fidèles à Rome, alors que lui est gallican. Les amis des Sulpiciens et de Rome étaient mal vus de ce singulier vicaire général: notons que c'est un bon signe pour le Père Champagnat si bien persécuté par lui, précisément).
Et si nous regardons les hommes sortis de Saint-Irénée, nous retrouvons chez eux les idées maîtresses des Sulpiciens; citons: sens de Dieu, développé au maximum, crainte filiale très vive, horreur du péché en tant qu'offense faite à Dieu même, abnégation poussée aussi loin que possible mais pour adhérer aux mystères du Christ, surtout à son anéantissement dans le mystère de l'Incarnation, amour des trois premières places à la crèche, à la croix et à l'autel, intime dévotion aux Saints Cœurs de Jésus et de Marie, pratique de la consécration totale à Jésus et à Marie, dévotion aux anges et aux saints, même zèle pour l'apostolat au sein du peuple par les mêmes moyens: catéchisme et œuvres de bienfaisance, même dévotion au Saint-Sacrement et à la T. Ste Vierge Marie comme médiatrice même amour de l'humilité. Tout ceci est sulpicien, tout ceci se retrouve chez le Père Champagnat et ses compagnons de Séminaire: et ceci se retrouve, comme fruit logique et normal, dans la formation de nos premiers Frères.
Deux cas concrets: il donne à ses Frères la méthode d'oraison de Saint-Sulpice et leur méthode de catéchisme. Autre fait pour illustrer mon dire: si l'on veut saisir toute la portée de la vie du Père Champagnat, il faut lire celle de Monsieur Olier, par Faillon, et publiée alors: on y constate les mêmes caractéristiques et insistances.
Mais nous avons un témoignage plus explicite. Le fameux Frère Sylvestre qui vécut plusieurs années avec le Père Champagnat cl qui eut tant de contacts personnels avec le Bx. Fondateur (Fr. Sylvestre était espiègle et terrible: le Père devait souvent s'en occuper!). Ce Frère composa un manuscrit où il consigna ses souvenirs. Voici ce qu'il dit à propos de Monsieur Gardette : « Il avait dans Monsieur Gardette, son supérieur, un modèle de régularité devenue proverbiale; car, plusieurs fois, j'ai entendu dire que c'était la règle incarnée. Aussi le Père Champagnat fit-il l'admiration du Séminaire par la manière scrupuleuse dont il l'observa constamment (sic). Du reste, il trouva cette règle si sage, qu'il la prit pour type de celle qu'il donna plus tard à la congrégation. Plusieurs sujets, qui avant d'entrer au noviciat de l'Hermitage, avaient passé par le Grand Séminaire, disaient qu'ils trouvaient dans notre règle à peu près les mêmes pratiques de dévotion et les mêmes exercices de piété qu'au Grand Séminaire et, dans le Père Champagnat, la régularité de Monsieur Gardette, leur ancien supérieur (Manuscrit du Frère Sylvestre, p. 7).
Ce témoignage est capital pour donner une idée exacte de la formation de notre Bx. Fondateur, et une indication à suivre pour découvrir les sources profondes de toute son œuvre et de l'esprit de celle-ci.
D'autre part, je ne rappellerai pas les faits les plus connus et cités dans la vie du Fondateur écrite par le F. Jean-Baptiste, faits qui montrent combien le Père Champagnat eut toujours confiance en Monsieur Gardette qui le soutint dans les moments les plus critiques. L'abbé Champagnat estimait et vénérait son ancien supérieur en qui il avait pleine confiance. Il en prit donc normalement l'esprit; une telle confiance allait normalement de pair avec une profonde imitation.
C'est pourquoi, nous retrouvons, dans les directives du Bx. Fondateur, les grandes idées des Sulpiciens et donc du XVII° siècle. Il nous faut carrément enjamber le XVIII°' siècle pour arriver à la vraie source de la spiritualité, de la vie apostolique et des méthodes du Père Champagnat. Fidèle et généreux élève de Saint-Irénée, Marcellin Champagnat est un authentique fils de Saint-Sulpice. D'ailleurs cet enjambement fut général à cette époque de réaction. Gusdorf dit avec exactitude : « La Révolution politique se solde par un échec. Elle déclarait la paix au monde, et elle a fait la guerre au monde. Elle promettait la concorde civique; elle a abouti à la Terreur. Le XIX° siècle, après le raz de marée napoléonien, est un siècle de réaction, de retour aux valeurs traditionnelles ». C'est là une bonne synthèse des multiples et courageux efforts qui furent tentés entre 1815 et 1848 pour une restauration religieuse, là où elle était nécessaire.
Mais cette notation doit nous faire voir, dans l'histoire de l'Eglise, le point de départ, plus lointain, de cette école du XVII° siècle.
Ne pas voir assez grand est toujours une erreur. Ainsi l'effort sulpicien lui-même, qu'est-il sinon la fidélité aux directives du Concile de Trente? Et le saint dont ils parlent le plus, c'est saint Charles Borromée, l'âme de la Contre-réforme.
Contre-Réforme et Contre-Révolution, il est logique que l'une se rapproche de l'autre. C'était le même mal à remédier: l'orgueil et l'indépendance. Aux mêmes maux, les mêmes remèdes. Ne l'oublions pas pour juger de l'importance de l'humilité dans ces deux tentatives et chez nous.
Comme on dit de lire la vie de Monsieur Olier, il faut dire de lire la vie de saint Charles. On y trouvera beaucoup pour expliquer notre esprit et notre mission de catéchistes. Puis, il faut connaître le catéchisme de Trente et l'histoire de la Contre-Réforme.
Ayant ainsi le contexte complet, au point de vue historique de nos sources réelles, on comprendra le mot de Benoît XV affirmant que le Père Champagnat est venu pour «lutter contre les faux-prophètes».
Et puisque nous sommes nés dans un courant de réaction, il est compréhensible «pie Ton ait alors accordé tant d'importance à la fidélité aux règlements. Durant une période de reprise des traditions par réaction à une indépendance, la loi prend beaucoup de place. Ce fut vrai pour la Contre-Réforme: cela resta Mai pour la Contre-Révolution.
C est un peu le revers normal de la médaille.
Ainsi on a pu dire de Monsieur Gardette qu'il fut le «Grand zélateur de la loi ». Et au cours de ses trente années de supériorat effectif et même ses huit années de supériorat, il saura imprimer, avec une sainte obstination, ce respect de la discipline et des traditions, cet amour quelque peu excessif à notre goût des règlements multipliés qui caractérisent cette époque» (Soulcié. p. 207-208). Pour des gens qui ont tant souffert de la Révolution, la chose se conçoit aisément. Ne les traitons pas de petits esprits; ils ont voulu remonter un courant.
Et alors, ils ont sauté à pieds joints le «maudit XVIII° siècle» pour revenir minutieusement au XVII°. «Cependant, on ne se privera pas de compléter ce règlement. A côté de lui, et s'imposant avec la même autorité, toute une légion de règlements accessoires va naître. Cela nous semble représenter un des aspects caractéristiques du XIX° siècle» (Soulcié, p. 207). Je tenais à souligner ce point; parfois on reproche cette minutie à notre Bx. Fondateur; la chose ne lui est pas spéciale: c'est un fait de l'époque: tenons-en compte.
Une semblable remarque fut faite par l'abbé Chausse et Monsieur Duplay: «Monsieur Gardette était moins communicatif, plus austère d'abord, d'une vertu plus rude. Il prenait ses délices dans les petites observances, il concentrait sa vie dans les soins de son Séminaire... » (Vie de M. l'abbé Duplay, I, 298). Mais sous cette exigence, tout le monde notait une grande bonté: «Monsieur Gardette tenait par dessus tout à l'observation rigoureuse de la règle, mais il avait un cœur excellent » assurait son successeur et ami, M. Duplay (Livre précédent, p. 299).
Comme son ancien supérieur et modèle, le Père Champagnat sera exigeant et bon. Souvenons-nous de cette apparente antinomie dès qu'il est question de la discipline à laquelle tout le monde tenait au début du XIX° siècle, en raison même de l'effort de réaction contre les influences du XVIII° siècle et de la Révolution.
D'un mot, résumons tout ce qui précède en disant que M. Gardette n'est pas simplement le bienfaiteur de notre Institut pour l'avoir sauvé au moment de la crise provoquée par Monsieur Bochard, mais qu'il l'est surtout, notre bienfaiteur, pour nous avoir donné, façonné, le Père Fondateur tel qu'il fut.

III - Monsieur Cholleton.

L'influence de Monsieur Cholleton fut au moins aussi grande sur le plan spirituel que celle de Monsieur Gardette.
En effet, si Monsieur Gardette fut le protecteur, Monsieur Cholleton fut leur confident et leur orienteur dès le séminaire. Il les conseilla et assura à leur groupement le couvert de l'autorité dont il avait besoin. Puis, refusant quatre fois l'épiscopat, il se fit l'un d'eux. Ces faits indiquent assez sa parenté d'âme et sa sympathie pour les Maristes. Et lorsqu'il fut Père Mariste, il devint Maître des novices; on avait donc reconnu en lui un modèle capable de former d'authentiques Pères Maristes.
Quant à Monsieur Champagnat, il ne fait rien sans s'ouvrir à M. Cholleton qui connut, dès l'origine, tous les projets de notre Bienheureux Fondateur. Et il ne cacha pas sa sympathie pour l'œuvre du Vicaire de La Valla. En 1824, c'est Monsieur Cholleton qui vient bénir la première pierre de l'Hermitage, alors que les autres prêtres traitaient notre Fondateur de fou.
Mais nous avons une autre preuve des relations intimes de Monsieur Cholleton et de notre Père Fondateur; c'est une parole de Monsieur Cholleton d'une portée immense, et qui doit avoir encore un fort retentissement pour nous. Un jeune lyonnais, un « canut » Jean-Marie Mercier veut se faire religieux; il s'adresse à Monsieur Cholleton lequel lui dit: «Allez de ma part chez les Frères Maristes, là on vous apprendra à aimer Dieu » (Biographies - Frère Damien - p. 74). Parole belle et grave; elle en dit long; fasse le ciel qu'elle soit toujours vraie!
La question qui se pose ici est donc de savoir sous quelle forme l'influence de Monsieur Cholleton s'est exercée, particulièrement sur notre Fondateur?
Dans la vie du Père Colin, écrite par Mulsant (Vie du Père Colin, par Mulsant, Vitte p. 21) nous trouvons des traits que Monsieur Cholleton saura donner à ses dirigés.
« Il se distinguait par l'étendue et la sûreté de sa science, sa charité admirable envers les malades et les prisonniers, et une modestie qui lui fit refuser quatre fois l'épiscopat». Ajoutons que sa vie mariale était notoire, car il était le directeur de la « Congrégation » à Lyon et le directeur spirituel de Marie-Pauline Jaricot (cf. David Lathoud, I, p. 177-8). Et il est certain qu'à Lyon la « Congrégation » influença beaucoup pendant la Restauration, la plupart des œuvres religieuses naissantes, et presque toutes nées dans le rayonnement de Fourvière.
Professeur de théologie morale de 1811 à 1824, Monsieur Cholleton enseignait avec « compétence et brio » mais appuyant son enseignement sur le témoignage de sa conduite. « Esprit judicieux et positif, il savait choisir avec un juste discernement dans les questions controversées l'opinion la plus conforme à la pratique des Saints et aux sentiments des Docteurs les plus autorisés » (David Lathoud, I, p. 170). Cependant Monsieur Cholleton fut marqué, lui aussi, par les défauts de son siècle: qui y échappe totalement? Là encore, il faut revoir le contexte historique pour comprendre. Après la Révolution qui déchaîna des mœurs trop libres, après les débauches du Directoire et le laisser-aller moral de l'Empire, on comprend facilement la réaction avec sa tendance vers le rigorisme. Citons le cas des danses qui avaient servi aux révolutionnaires à corrompre les mœurs; alors, lors de la renaissance religieuse on fut catégorique contre la dansé. Et nous, nous jugeons avec nos vues qui sont toutes différentes.
Tâchons de comprendre la mentalité de l'époque et, sans nous scandaliser, faisons la part du temps.
Cependant, ceci fait, il nous faut reconnaître que les jeunes prêtres sortit alors de Saint-Irénée devront peu à peu se dégager «de la doctrine, habituellement sévère qu'on enseignait alors en France, pendant les années de Formation ecclésiastique» (Mulsant, p. 35); ils auront surtout à tempérer les principes d'une morale trop rigide» qui d'ailleurs n'est point janséniste.
Or, que constatons-nous?
Sorti du séminaire avec une formation plutôt rigoriste, le Père Champagnat sut, comme vicaire, se montrer très bon; et sa bonté progressa sans cesse. Et sans attendre les directives que le Père Colin donnera bien plus tard, de façon «que l'attitude apostolique très respectueuse des personnes (soit) la caractéristique de la Société de Marie», le Père Champagnat eut ce souci et ce soin de respecter toujours les personnes, le soin d'être bon et très bon dès le début de son apostolat. Aussi, un témoin, le Frère Théodose, peut-il affirmer: «Le Père Champagnat désapprouvait le rigorisme qui détruit la charité dans les communautés. Et dans le Procès informatif, tous trouvons des affirmations comme celles-ci, et je n'en donne que des échantillons: «Le Père confessait beaucoup à La Valla et on le recherchait de préférence. Il eut toujours plus à confesser que les autres prêtres avec qui il vivait. Dans ses directions, il était très paternel » (p. 217). Ou encore: «Le Père Champagnat confessait beaucoup: à La Valla, presque tout le monde; à l'Hermitage, les trois quarts des Frères. Pendant mon noviciat, j'ai suivi sa direction éminemment paternelle. En confession, il était si bon, si intéressant, si encourageant que cet exercice ordinairement pénible à la nature était avec lui agréable et même intéressant » (p. 146). Et l'un de ses paroissiens, François Courbon fait bien remarquer: «Il savait relever le courage de tout le monde par des paroles pleines de foi et de confiance en Dieu ».
Des témoignages semblables sont nombreux; nous n'en avons retenu que quelques-uns. Ce qui frappe en lisant le Procès informatif ce sont ces dépositions sur la grande bonté du Père au confessionnal. C'est à retenir et à dire.
Donc, pour notre propos actuel, nous notons avec sûreté que l'abbé Champagnat, tout en gardant l'esprit humble, charitable, dévoué aux plu-pauvres, et animé de vie mariale intense, tout en gardant ces principes-la il a su éviter son rigorisme. Et s'il nous arrive, d'ailleurs le plus souvent par méconnaissance des situations, de trouver que le Bx. Fondateur tient à une discipline trop forte, ne perdons pas de vue l'époque et la victoire que le Père a à son actif: celle de ne pas être rigoriste en morale et d'être toujours très bon en confession. Ce fut une bonté vécue.
Le Père Champagnat était déjà mort quand le Père Colin donna aux Pères Maristes, la directive suivante: «Saint Thomas pour le dogme, Saint Liguori pour la morale, Saint François de Sales pour l'ascétisme; tels sont les trois maîtres que le vénérable Fondateur, le Père Colin, voulut donner à sa société» (La société de Marie, chez Letouzey et Ané, p. 48-49). Comme tout cela s'harmonise avec les idées du Père Champagnat qui avant cette consigne aimait ces trois auteurs. Dans son manuscrit, le Frère Sylvestre nous dit: «Saint Thomas d'Aquin, Saint Liguori et Saint François de Sales qu'il citait souvent dans ses conférences ».
Monsieur Cholleton avait considéré la diffusion qui commençait alors des principes de Saint Alphonse comme une nouveauté dangereuse: chacun sait qu'il y eut au début du XIX° siècle le « Cas Liguori » ; ce fut une bataille acharnée (On pourrait voir: Esprit de la Société de Marie, p. 218-221). Monsieur Cholleton était un opposant.
Les jeunes Pères Maristes, Monsieur Champagnat y compris, dépassèrent Monsieur Cholleton et prirent parti pour la morale de Saint Alphonse. Les Sulpiciens disent: «Tel séminariste, tel prêtre». L'adage est juste; il est ici à nuancer pour les idées.
Un autre point de divergence entre Monsieur Cholleton et les jeunes Pères Maristes, ses disciples:
Rigoriste en morale, Monsieur Cholleton est de plus gallican (cf. Esprit de la Société de Marie, p. 404). Un détail en dira long sur sa vertu; une fois Mariste, le Père Cholleton renoncera à ses positions rigoristes en morale et à ses positions gallicanes, sur la demande de son ancien élève devenu son Supérieur, le Père Colin. Ce sont des exemples d'obéissance qui nous révèlent la mentalité d'un homme et d'une époque. Car Monsieur Cholleton avait eu une influence énorme et avait été Vicaire général; religieux et déjà avancé en âge, il accepte, avec pleine soumission, de changer tout son enseignement.
Mais le Père Champagnat, encore séminariste, n'avait pas accepté les idées de son maître, nouvelle preuve de son esprit foncièrement catholique et de son esprit ouvert.
Le Frère Sylvestre a noté: «Non seulement il croyait à l'infaillibilité du pape (et nous sommes bien avant sa proclamation comme dogme de foi), mais il désirait que tous les membres de la Congrégation l'enseignassent aux enfants. Il avait une espèce d'aversion naturelle pour le Gallicanisme qui, en ce temps-là, avait passablement de partisans dans le diocèse de Lyon » (Notes du F. Sylvestre, p. 143).
Cette position courageuse lui coûtera cher, car les difficultés qu'il aura avec Monsieur Bochard, Vicaire Général, viendront un peu ou beaucoup de là. Mais pour un Fondateur qui peut écrire à deux évêques : « Tous les diocèses du monde entrent dans nos vues» (Lettre du 15-2-1837: Circulaires, Tome I, p. 220 et p. 226), quel avantage et quel sens chrétien de l'homme!
Un témoignage analogue nous est donné par le Frère Jean-Baptiste rappelant des mots significatifs du Fondateur: «Moi aussi, j'y ai toujours cru (à l'infaillibilité); malgré ce que j'ai entendu dire de contraire, jamais je n'ai eu le moindre doute à ce sujet » (Vie, 1ière édition, tome I, p. 124). Et pour bien signifier son sens de l'Eglise et son attachement à Rome, le Père Champagnat choisira pour ses Frères, et malgré les inconvénients possibles, non pas l'office de la Vierge en usage dans le diocèse de Lyon mais celui approuvé par le Concile de Trente. Voilà un fait significatif et très beau ; une fois encore, nous sentons le Père Fondateur lié à la Contre-Réforme; sachons voir tout, insistons sur ce Tout, tout le contexte historique.
Les idées se retrouvent chez l'ami intime du Père Champagnat, son répétiteur au séminaire, l'abbé Duplay (cf. sa vie p. 326-327). Et surtout, nous les retrouvons chez les Pères Maristes. Un mot, au passage, car en percevant l'esprit des Pères nous voyons mieux celui de notre Bienheureux Fondateur.
Résumant la position de toujours de sa Société, le Père Colin peut affirmer : « Nous, Maristes, nous ne devons penser, juger que comme Rome » ou encore : « Soumettons-nous au Souverain Pontife en tout et pour tout ». Et les insistances sont pressantes sur ce point; l'attachement au Saint Siège devient une des fins particulières de toute la Société de Marie.
(N. B. voir dans « Esprit de la Société de Marie», p. 385 à 404; un fait amusant p. 222. comment les livres jansénistes furent lacérés et brûlés!)
Cette seconde divergence entre les Pères Maristes, le Père Champagnat nommément et leur ancien vénéré professeur (le terme vénéré est rigoureusement exact et nécessaire), cette divergence fait ressortir la trempe et la richesse de ces hommes: de fortes personnalités.
Pour conclure nous pouvons affirmer que l'influence de Monsieur Cholleton fut malgré les deux restrictions signalées, profonde et décisive. Mais elle fut une influence avant tout spirituelle, dans le sens de l'humilité, et sur ce point très fortement, et de la charité (amour des pauvres), enfin de la vie mariale. Quant au point de vue des idées, le Père eut une personnalité assez forte et un jugement assez sûr pour se protéger des deux théories subversives signalées. Le Père Champagnat imite; il ne copie pas. Donc une personnalité forte et saine.
(à suivre)
F. M. Colin

BIBLIOGRAPHIE
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Les psaumes, prière d'aujourd'hui, par Mgr Garrone.

Porteurs de la prière et de l'espérance des siècles, les psaumes ne finiront jamais d'inspirer études et commentaires à des niveaux différents. Mgr. Garrone, Archevêque de Toulouse, vient de leur consacrer un travail qui se veut service rendu à tous ceux qui prient les psaumes: prêtres, religieux, religieuses et laïcs.
Dans une typographie aérée et un format pratique, chaque psaume est précédé d'une courte introduction qui le situe dans ses prolongements chrétiens. Le texte — qui est celui du Livre d'Heures d'Encalcat — est parfois ponctué d'une nouvelle explication à ses articulations principales. Mais introductions et explications ne veulent que rendre au texte inspiré toute sa force et sa signification et leur ambition est visiblement de disparaître, de s'effacer après avoir rempli leur emploi.
Un petit livre précieux qui permettra à tous de prier les psaumes comme le fait l'Eglise: par la bouche et le cœur du Christ.
Le livre se présente de la manière suivante:
1. Position des Psaumes: prière du Seigneur, de l'Eglise et des Saints.
2. Matière des Psaumes: les Psaumes miroirs de la Parole, de la Bible.
3. Matière des Psaumes: les Psaumes instruments de la Parole.
4. La forme des Psaumes: forme poétique; richesse de la poésie hébraïque.
5. Jésus et les Psaumes: Il comble et dépasse les désirs exprimés en eux.
6. L'Eglise et les Psaumes: un seul psalmiste : le Christ. Tout le fleuve de la prière des hommes s'est resserré pour passer par son cœur; mais le Christ, c'est l'Eglise, car le Christ est le Chef de ce Corps qu'il est venu bâtir lui-même, avec lui-même.
Chaque psaume est donné dans son intégralité, toujours précédé d'une introduction, souvent scandé de discrètes remarques, parfois suivi de quelques réflexions ultimes. Tout cela nourri de références au Nouveau Testament et appliqué à notre vie présente.
L'auteur nous donne le mode d'emploi: «Une seule méthode, dit-il; lire lentement le texte proposé, puis abandonner le commentaire et lire d'un trait le Psaume seul. On se découvrira alors en train de prier; l'âme, sans effort, aura trouvé Dieu et commencé de Lui parler et de L'entendre ».
Prix : 12 F. broché; 15 F. en reliure plastique.
En vente aux Editions Tardy, 22 rue Joyeuse, Bourges.
89 rue De Seine. Paris,
Et à l’Abbaye d'Encalcat par Dourgne (Tarn) qui peut faire des rabais sur commandes Importantes (Livre très recommandé pour dos communautés).

«La Vénérable Catherine», par le Chanoine Paul Thône.
Biographie de lu Vénérable Catherine Tckakwitha jeune vierge iroquoise, lys entre le- épines, épanoui en pleine terre païenne. C'est un témoignage sensible de ce que la grâce du Saint-Esprit et la protection de la Sainte Vierge peuvent sur une âme qui se livre pleinement à leur action sanctificatrice.
Bel ouvrage de 90 pages, sous couverture en couleurs et avec de nombreuse- illustration-.
En vente aux Editions Marie Médiatrice. 172, avenue Gevaert. Genval. Branan.
Prix. 40 FB.

«Mon Royaume est au milieu de vous», par Mère M. R. G. de la Trinité, fondatrice des Servantes du Christ-Roi.
L'auteur y approfondit le mystère du royaume de Dieu dans nos cœurs. Il a compris l'Evangile, entend et paraphrase avec lucidité les paroles de Jésus, faisant comprendre la profondeur des enseignements divins. Le sujet est élevé, mais il est développé avec tant de clarté et de simplicité que l'adhésion de notre esprit est immédiate.
Ouvrage de 172 pages, sous couverture artistique en quatre couleurs. Ed. «Marie Médiatrice». Prix: 54 FB.

Fiches mariales pour aider au catéchisme du samedi, en espagnol.
21° livraison.
En vente à: E. M. Luis Vives.
Apartado 3.
Tuy (Pontevedra). Espagne.

Mémento de l'éducateur d'Ames, par Laurent Carrau, s.j.
C'est un guide schématique contenant les principes de la vie spirituelle, les éléments de la caractérologie, de la pédagogie et les lignes de force propres aux divers âges et conditions de vie.
Destiné aux prêtres, cet ouvrage pourra être utile à tout éducateur. 168 pages.
En vente à: Editions Prière et Vie.
9, rue Monplaisir. Toulouse. France.
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V.J .M. J.

SOMMAIRE DU N° 193
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I. — Ecole chrétienne, donc école missionnaire 5

II. — Comment amener la jeunesse à la pratique saine du renoncement et de la mortification (IX) 13

III. — Nos œuvres: L'Institut Sainte Marie d'Arlon, Alma Mater de la Province de Belgique, a fêté ses 75 ans d'existence 18

IV. — Autour du monde mariste :
Maison Généralice : Nouvelles. Honorables visites 30
Argentine : Les 25 ans du collège San Rafael 40
Beaucamps: La nouvelle école de Wormhout 45
Chili: Curicó. Bel exemple de dévotion à la Sainte Vierge 49
Italie: Réception, à San Leone Magno, des Pères du Concile, anciens élèves maristes. - Restauration de la chapelle de Manziana 50
N.-D. de l'Hermitage: Un monument au Bx. M. Champagnat 57
Pérou: Noces de diamant du CF. Plácido Luis. – Exemple de dévotion mariale 62
Porto Alegre: Noces d'or du CF. Désiré-Alphonse, ancien A. G 66
Rio de Janeiro: Activités sociales à Belo Horizonte 69
St-Genis-Laval : Nouvelles écoles: Macon, Oullins, les Charpennes 73

V. — Divers :
Colombie — Activités apostoliques au Liceo Salvadoreño, à Opa Locka — Nouvelles de Buta, de Nya-Ngezi — Cours de vacances à Dumfries, à Santa Maria del Mar — Nouvelles de Madagascar — Colegio Marista de Brasilia —Vues de Mozambique 75

VI. — Causes de Béatification et de Canonisation Cinquième procès de l'Ordinaire sur nos martyrs d'Espagne — Guérison attribuée à l'intercession de notre Bx. Père Fondateur 85

VII — Histoire:
Pour mieux connaître notre Bx. Père Fondateur. La formation ecclésiastique de Marcellin Champagnat 90

VIII. — Bibliographie:
1. Les psaumes, prière d'aujourd'hui — 2. La Vénérable Catherine Tekakwitha — 3. Mon Royaume est au milieu de vous — 4. Fiches mariales — 5. Memento de l'Educateur d'Ames 98


 Mais bien à tort, car le fait d'emprunter à un auteur discuté un passage de l'un ou l'autre de ses écrits, n'implique nullement que l'on se déclare d'accord avec toutes les conclusions auxquelles, suite à son exposé, il croit pouvoir aboutir.
Qu'ils se rassurent d'ailleurs: certains griefs formulés par l'auteur en question à l'adresse de l'enseignement confessionnel canadien se retrouvent en bien d'autres pays. Qu'on se donne la peine de lire le R.P. Rey-Hermé, ou simplement Mgr. Suenens
 Le sur-moi: voir plus haut.

 Les non-profanes en la matière constateront que j'adopte ici le point de vue individualiste cher à J. J. Rousseau et défendu par Piaget. Kurt et Wallon nourrissent d'autres vues en ce qui concerne la psychologie sociale, sa genèse et son évolution.

 Voir le texte du discours dans «Unitas», n. 17, p. 258.