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Vocation (la) du laïc mariste - Champagnat.org

Et enfin, ils ont corrigé et ajusté à la nouvelle numérotation les références .... Constitution pastorale sur l'Église dans le monde de ce temps - Vatican II ...... discerne la volonté de Dieu sur lui et vérifie ses motivations et ses aptitudes en vue ...... son Conseil et à l'examen des questions régulièrement mises à l'ordre du jour.




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AUTOUR DE LA MÊME TABLE

La vocation des laïcs maristes de Champagnat









PRÉSENTATION


Chers membres de la famille mariste,

Le campus de l’Université newyorkaise de Columbia est le lieu choisi par Chaim Potok pour son roman The Promise. Le livre raconte l’histoire de Reuven Malter, un jeune à l’esprit curieux et réfléchi, étudiant pour devenir rabbin, et de son ami Danny Saunders qui, par suite des décisions qu’il a prises dans sa vie, a fini par se séparer de la communauté juive hassidique dont il est membre.

Au cours du récit, Potok invite les lecteurs à se faire pèlerins avec Reuven et Danny dans les luttes et conflits qui surgissent, inévitablement, lorsque les traditions de leur foi s’opposent aux valeurs du monde des années 50. The Promise est un conte concernant l’identité, même si l’auteur n’emploie jamais le mot, et il décrit le voyage que chacun de nous doit faire pour y parvenir.

Depuis la fin du Concile Vatican II, de nombreux laïcs catholiques, qui luttent pour trouver un nouvel espace au sein de l’Église, ont réalisé un voyage qui n’est pas très différent de celui des personnages du livre de Potok. Les raisons sont claires. Avant cette rencontre historique de l’Église, seuls les prêtres, les religieux et religieuses, étaient considérés comme ayant une « vocation », ainsi que l’on disait alors ; les laïcs, hommes et femmes, étaient regardés comme n’étant pas l’objet d’un véritable appel les concernant. Heureusement, avant que le Concile soit terminé, cette vision fausse avait été corrigée et le laïcat, au moins en théorie, avait retrouvé sa place spécifique dans l’Église.

À partir de ce moment, beaucoup d’efforts ont été faits pour clarifier l’identité des laïcs, hommes et femmes, ainsi que leur place et leur rôle dans notre Église. Quel que soit le prix à payer, c’est une tâche que nous devons mener à bien. En effet, les documents conciliaires sont d’une grande clarté : l’appel à la sainteté est universel ; de par son baptême, chacun de nous est responsable de la mission de l’Église qui est de proclamer le Royaume de Dieu et sa venue.

Au cours des années qui ont suivi le Concile, bien des personnes, qui voulaient être au clair sur leur identité, ont trouvé dans le charisme de telle ou telle congrégation religieuse un havre de sécurité. Les religieux, hommes et femmes, ont aussi pris conscience que les charismes qui avaient inspiré leurs Instituts depuis si longtemps étaient, de fait, des dons de Dieu pour l’Église universelle.

Je crois que le document Autour de la même table – La vocation des laïcs maristes de Champagnat contribuera grandement à alimenter nos échanges sur la vocation du laïcat dans l’Église. Et, ce qui importe davantage, il nous aidera tous à marcher résolument vers une plus grande estime du rôle important que le laïcat mariste joue aujourd’hui dans la vie de l’Institut et de l’Église, en partageant avec les frères le vécu du charisme et l’élan apostolique qui ont été donnés à notre Église dans la personne de saint Marcellin Champagnat.

Le document, composé par une petite commission de rédaction, présente les réflexions d’un groupe bien plus nombreux de laïcs maristes. Son contenu est basé aussi sur l’expérience quotidienne vécue par des hommes et des femmes de toutes les parties du monde. Cela donne au texte une saveur riche et internationale ; les nombreux témoignages personnels qui en jalonnent les pages amènent le lecteur à s’identifier davantage aux thèmes abordés.

Il est clair que Dieu a suscité, à notre époque, des vocations de laïcs maristes. Le document Autour de la même table sera, pour ses lecteurs, un guide qui les aidera à apprécier plus profondément le cadeau reçu de Dieu au bénéfice de notre Église et de l’Institut. En même temps, ils auront l’occasion d’analyser plus à fond au moins trois éléments significatifs qui caractérisent leur appel : l’apostolat, la spiritualité et la vie partagée.

Je vous encourage à lire et à étudier ce document, à y réfléchir soit personnellement, soit avec d’autres. Dieu fasse qu’il soit le premier de beaucoup d’autres documents écrits par des laïcs maristes du monde entier. Qu’il soit pour tous un rappel de la vitalité et de la réussite du charisme donné à l’Église et au monde par Marcellin Champagnat, charisme qui donne à chacun son identité de frères et de laïcs maristes.

Je remercie les membres de la commission de rédaction pour leur excellent travail : Annie Girka (L’Hermitage), Bernadette Ropa (Melanesia), Carlos Navajas (América Central), José María Pérez Soba (Ibérica), Sergio Schons (Rio Grande do Sul), et les frères Afonso Murad (Brasil Centro-Norte) et Rémy Mbolipasiko (Afrique Centre-Est). Merci, également, à Anne Dooley (Melbourne) qui a fait partie de la commission pendant une bonne partie du travail, de même que Noël Dabrera (Asie Sud) qui a aussi collaboré à cette tâche mais qui est mort avant d’en voir l’achèvement.

Un merci tout particulier au frère Pau Fornells qui a coordonné ce projet du début à la fin. Sans ses efforts et ceux des membres de la commission, je pense que ce document n’aurait jamais vu le jour. Tous ont travaillé avec beaucoup de constance et de patience à l’élaboration du texte, à son suivi et à sa révision, dans les délais prévus. Vraiment, ils ont travaillé avec beaucoup d’amour.

Je remercie également le frère Pedro Herreros et les membres de la Commission du Laïcat du Conseil général et, venus plus tard, les frères Emili Turú, Pedro Herreros, Juan Miguel Anaya et César Henríquez, membres de la Commission Mission et Laïcat, pour leurs conseils avisés et le constant appui donné à ceux qui participaient au projet. Merci encore au frère Antonio Martínez Estaún, Directeur des Communications de l’Institut, qui a traduit en images les travaux de la Commission et réalisé la mise en pages de la publication.

Reuven Malter et Danny Saunders, les deux jeunes amis, héros du roman de Chaim Potok, ont fait un long et difficile pèlerinage à la recherche de leur identité. Le chemin parcouru depuis le Concile Vatican II par tous ceux qui aiment le style de vie mariste et sa mission, pour affirmer leur propre identité commence, juste maintenant, à porter du fruit. Le document Autour de la même table – La vocation des laïcs maristes de Champagnat n’est qu’un exemple de cette réalité. Puisse-t-il enrichir votre compréhension de la vie mariste et de sa mission, et stimuler votre foi.

Avec ma bénédiction et mon affection,






Frère Seán D. Sammon, FMS
Supérieur Général


Rome, le 6 juin 2009
Saint Marcellin Champagnat


















INTRODUCTION



Ce document est né de la vie. La force qui l’anime et l’initiative qui est à son origine, c’est l’expérience de beaucoup de laïcs, hommes et femmes du monde entier, qui entendent l’appel de Dieu à une vocation : être des laïcs maristes.

Il est le fruit d’un long chemin d’écoute et de réflexion, parcouru par le monde mariste depuis quelques décennies. Les inquiétudes des associations d’anciens élèves à la recherche de leur identité dans une Église renouvelée, les cours de spiritualité pour éducateurs et parents d’élèves, les processus de la pastorale des jeunes et de solidarité, le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste, l’approfondissement de la mission partagée, la canonisation de Marcellin Champagnat – un charisme pour toute l’Église – le déroulement de l’Assemblée internationale de la mission mariste qui s’est achevée à Mendès (Brésil), sont parmi les événements les plus importants qui ont aidé à comprendre, de plus en plus clairement, ce que l’Esprit disait au cœur de nombreux laïcs.

Le Conseil général, suivant les lignes d’action du 20° Chapitre général, a voulu donner forme à cette expérience dans un document qui, d’une part, affirme la réalité de la vocation laïcale mariste et, d’autre part, l’invite à grandir encore. Pour cela, le Conseil a créé une commission internationale composée de sept laïcs et de trois frères, différents par la langue, la culture et l’histoire personnelle. Ils ont travaillé trois ans à son élaboration.

Ce document veut être une réponse à la vie des laïcs de Champagnat. C’est pourquoi, il a été réalisé à partir de leur expérience. Quatre-vingt-douze témoignages de laïcs du monde entier, dont quelques-uns apparaissent dans le texte, ont été les matériaux de base qui ont servi à décrire la vocation laïcale mariste et les éléments qui la composent. Les observations d’autres laïcs de chacune des Unités administratives, comme aussi les apports de l’Assemblée internationale de la mission mariste et des récentes rencontres de formation conjointe relative à la vitalité charismatique, ont aidé à améliorer les divers brouillons du document.

Notre désir a été de recueillir ce qui se passe en bien des cœurs et de le présenter au monde mariste, l’engageant ainsi à construire l’avenir. Le texte est rédigé à partir du « nous » car il s’agit d’une confession, d’une expérience partagée. Aussi bien, le langage prétend-il être plus suggestif que rigoureux, faisant appel non seulement à la raison mais, surtout, au cœur. Il faudra, parfois, aller au-delà des mots, toujours limités, pour découvrir la vitalité qu’ils veulent refléter.

Ce document, bien que centré sur la vocation laïcale mariste, s’adresse à tous, frères et laïcs. Peu importe qu’ils soient en recherche, qu’ils connaissent la vie mariste depuis peu ou qu’ils la vivent depuis longtemps. Nous voulons offrir un instrument permettant de faire une expérience, de s’interroger, d’approfondir le vécu, afin de décider et de continuer à marcher.

Le schéma du texte est simple. Nous partons de la constatation qui est à la base du document : Dieu a suscité des vocations de laïcs maristes (chapitre premier). Cette vocation s’exprime à travers trois éléments charismatiques : une mission, une spiritualité et une vie partagée, qui s’intègrent en une manière de vivre unique : être laïc mariste (chapitres 2,3 et 4). La vocation laïcale mariste, aujourd’hui, est liée de diverses façons avec l’Institut des frères, dépositaires du charisme de fondation (chapitre 5) et, comme toute vocation, elle doit être promue, formée et soutenue tout au long de la vie (chapitre 6).

Ces pages ne veulent ni ne peuvent en finir avec le cheminement de croissance du laïcat mariste. Sa mission est d’aider afin que l’Esprit, qui souffle où il veut, continue à nous stimuler, comme personnes et comme institution, dans la réalisation du rêve de Dieu.

C’est pourquoi, nous croyons que la meilleure manière d’apprécier le document est de le travailler en groupe, de laïcs ou de frères. Cela peut être une bonne occasion pour les uns et les autres de se réunir et de partager la vie. A la fin de chaque chapitre, nous présentons quelques questions simples qui pourront nous guider lors de ces rencontres.

Le document s’intitule Autour de la même table. L’image de la table partagée est le grand symbole que Jésus a utilisé pour expliquer le Royaume de Dieu. La table de l’Eucharistie nous réunit autour de lui et le rend présent après deux mille ans. Pareillement, la table toute simple de La Valla représente pour nous, maristes, le commencement de notre vocation. Frères autour de la même table, nous partageons le travail, la prière et la fraternité. Comme à la table de nos familles, nous nous réunissons pour célébrer la vie. Ces pages expriment aussi un désir, celui d’inviter davantage de personnes à s’asseoir à cette table, à avoir leur place dans cette famille mariste que Dieu veut continuer à bénir.

Membres de la commission de rédaction, nous avons formé une authentique communauté de foi, de mission et de vie pendant trois ans. Ce fut sûrement pour nous un temps de grâce. Nous avons été transformés par la mission reçue : la force et l’exemple des témoignages venus du monde entier, la richesse de la diversité et, en même temps, de ce qui nous est commun, la puissante vitalité du charisme mariste à travers le monde, ont changé nos cœurs. Notre désir est que le fruit de ce travail en aide d’autres à vivre cette même expérience, qu’il contribue à fortifier et à étendre le charisme mariste vers de nouveaux horizons, qu’il apporte un renouveau d’optimisme dans le monde mariste et multiplie les liens de fraternité entre tous.

Nous demandons au Seigneur que, malgré les limites de ce travail que nous vous présentons, Lui-même ouvre nos cœurs et les fasse brûler du désir passionné de vivre et de transmettre le cadeau précieux du charisme mariste. Et que Marie, notre Bonne Mère, accompagne votre lecture, votre réflexion, votre prière.

La Commission


Nota : Ce document est spécialement dédié à D. Noel Dabrera, laïc mariste de Sri Lanka, membre de cette commission, homme de bien qui déjà nous attend à la table du Père.
































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LA VOCATION LAÏCALE MARISTE


Un frère s’approcha de moi et me demanda : « Toi aussi, tu es Mariste ? » (Je crois qu’il voulait me demander si j’étais frère mariste). Je lui ai répondu : « Oui, je suis Mariste. » Cette expression jaillit du plus profond de mon âme et je me suis senti reconnu en le lui disant de cette manière. (Espagne)


Fils de notre époque

Notre époque, comme toutes les époques de l’Histoire, est un mélange d’ombres et de lumières. De même qu’a augmenté la sensibilité en ce qui concerne la paix, la justice, l’écologie, la spiritualité, nous devons aussi reconnaître que la Terre s’épuise, que des millions de personnes souffrent de la misère ou vivent dans le superficiel et le désir du pouvoir.

Chrétiens laïcs, nous partageons les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de nos contemporains et, séduits par le Dieu de Jésus-Christ, nous voulons incarner aujourd’hui la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Fils de l’esprit de renouveau du concile Vatican II, nous avons redécouvert notre vocation de baptisés et nous nous sentons poussés par l’Esprit à transformer ce monde en une terre plus juste et plus humaine, en marchant à la suite de Jésus.

Ce réveil de notre vocation laïcale a fait découvrir à quelques-uns que notre identité atteignait sa plénitude dans les charismes des ordres ou instituts religieux. Nous avons été séduits par leur spiritualité et leur mission et nous sentons que Dieu nous appelle à partager leur riche héritage pour le divulguer dans les temps à venir. Beaucoup de familles religieuses ont accueilli ce don avec joie.

C’est ce qui est arrivé aussi pour nous, Maristes. Le charisme de saint Marcellin Champagnat, incarné dans l’Institut des frères, a pris racine parmi les laïcs. Quelques-uns d’entre nous ont été touchés par Dieu qui nous a donné un cœur mariste. En vérité, plus que de notre décision, l’initiative est venue de Dieu. Nous ne pouvons plus vivre d’une autre manière : nous sommes Maristes !


Je peux dire que je me sens réalisée et fière d’être une laïque avec un cœur mariste. Ce fut une révélation progressive où Dieu s’est manifestée par de nouveaux appels, initiatives et rêves ; une histoire pleine de vie que n’en finit pas de s’écrire. (Brésil)


Les laïcs dans l’Église, Peuple de Dieu

Quand j’ai abordé l’institution mariste, j’étais seulement en quête de travail. Mais Dieu est venu à ma rencontre et j’ai découvert l’écho de l’intuition de Marcellin au-dedans de mon cœur. J’ai compris, d’une certaine manière, que cet appel était aussi pour moi, que le travail avec les jeunes enfants, garçons et filles, me comblait, me donnait de l’enthousiasme, influençait ma vie. Je sens que je peux accomplir ce travail pour le reste de mes années et que je dois le faire bien. (El Salvador)

La vie laïcale, comme toute vocation chrétienne, est réponse à un appel de Dieu qui nous aime infiniment. Elle est le fruit de notre baptême qui nous envoie tous en mission, l’unique mission chrétienne : rendre présent le Royaume de Dieu en ce monde.

Le Christ nous réunit tous comme Peuple de Dieu. Nous sommes égaux en dignité et différents selon nos états de vie et les services à rendre. Tous et chacun, travaillons dans la vigne du Seigneur, unique et commune, avec des charismes et des ministères divers et complémentaires. Nous sommes un peuple de frères parce que fils d’un même Père.

Dans cette communion ecclésiale, l’Esprit a fait jaillir, parmi les laïcs, des charismes nés d’abord dans des instituts religieux. Le charisme partagé inaugure un nouveau chapitre, riche d’espérance sur la route de l’Église. Le charisme de saint Marcellin Champagnat s’exprime en de nouvelles formes de vie mariste. L’une d’elles est celle du laïcat mariste.


Les laïcs maristes

Je peux entendre clairement cet appel dans ma vie, comme si cette vocation avait été pensée spécialement pour moi. Je parle d’une vocation qui dépasse les murs d’une ‘œuvre mariste’, d’un appel qui imprègne toute ma vie, une vocation qui m’aide à être davantage une personne heureuse et réalisée. C’est une vocation qui est un défi permanent et qui, chaque fois que je réponds ‘Oui’, me rend meilleur, dans les diverses situations que ma condition de laïc me demande de vivre. (Brésil)

Manières différentes, pour les laïcs, de se situer face au charisme

Le monde du laïcat est en relation avec ce qui est mariste de bien des façons. Beaucoup de personnes entrent en contact, de diverses manières, avec la vie et la mission des frères maristes. Élèves, éducateurs, catéchistes, personnel d’administration et de service, anciens élèves, parents, amis…, tous connaissent les frères et ont entendu parler du charisme mariste.

De cette relation avec les frères, naissent différentes attitudes :

Quelques-uns ne s’identifient pas avec la manière de vivre mariste : certains, parce qu’ils ont fait des choix qui diffèrent de la vie chrétienne ; d’autres, parce qu’ils ont déjà trouvé leur place dans l’Église. Nous accueillons et respectons les divers choix et options, partageant avec tous les valeurs humaines et chrétiennes. Nous unissons nos forces pour travailler à la construction d’un monde meilleur et nous rendons grâce à Dieu pour tout ce que nous recevons des autres.

D’autres laïcs ont été attirés par le témoignage des frères : ils admirent leur vie et veulent se lier de quelque manière avec leur spiritualité ou leur mission, sans y voir une vocation partagée. Il est possible que quelques-uns n’aient pas suffisamment réfléchi au sens de ce lien et qu’ils aient besoin de temps d’accompagnement qui leur permettront de découvrir ce que Dieu attend de chacun.

Il existe un troisième groupe de personnes qui, après un temps de discernement personnel, ont décidé de vivre leur spiritualité et leur mission chrétienne à la manière de Marie, selon l’intuition de Marcellin Champagnat. Ce sont les laïcs maristes.


Les laïcs maristes : une vocation chrétienne

C’est pendant ces années que j’ai commencé à sentir la présence de Jésus qui m’accompagnait, me donnait force et enthousiasme, et m’attendait. Je me suis rendu compte que j’avais besoin de m’arrêter pour être avec lui, pour pouvoir le rencontrer. Et je l’ai vraiment rencontré ! Il y avait longtemps qu’il me parlait par les enfants, les jeunes et les plus nécessiteux, mais je ne le comprenais pas tout à fait. C’est pourquoi ‘il m’a conduit au désert et m’a parlé au cœur’, me faisant voir qu’il me voulait pour lui, pour continuer à bâtir le Royaume avec tout mon être. (Espagne)

Laïcs maristes, nous sommes des chrétiens et des chrétiennes qui avons entendu dans nos vies l’appel de Dieu à vivre le charisme de Champagnat. Nous y répondons à partir de notre état de vie laïcale.

L’initiative de notre vocation vient de Dieu qui nous aime et veut notre bonheur. C’est pourquoi, il invite chacun à parcourir une route unique. Ainsi, la vocation laïcale mariste ne naît pas d’une nécessité pour des temps de crise de vocation parmi les frères, ni comme une manière de leur manifester notre affection. Elle est un appel personnel à une forme spécifique d’être disciples de Jésus.

La vocation laïcale mariste, comme toute vocation, naît et se développe en lisant sa vie à la lumière de l’Esprit. Ce discernement comporte différentes étapes ; c’est pourquoi, il faut accompagner chaque personne en respectant son rythme.

Chrétiens et chrétiennes, aux histoires et aux cultures très différentes, nous partageons l’appel à vivre le charisme mariste dans l’état laïcal. Nous remercions Dieu pour le cadeau d’être membre d’une famille qui parle beaucoup de langues mais n’a qu’un seul cœur.


La vocation laïcale mariste et la vocation du frère

Laïcs et frères, nous avons bien plus de traits communs que de différences propres dans notre vocation. Les uns et les autres, nous partageons la beauté et les limites de la condition humaine en ce moment de l’Histoire. Nous vivons une même vocation chrétienne de par notre baptême et nous avons entendu l’appel de Dieu qui nous attire vers le charisme mariste.

Nous avons la certitude que nos vocations respectives s’éclairent mutuellement. De même que nous découvrons qui nous sommes par nos relations avec les autres, ainsi l’identité spécifique de frère et de laïc mariste se clarifie et s’enrichit par le partage de la vie : spiritualité, mission, formation…

Il y avait quelque chose de plus dans ce frère : son dévouement, une attitude d’accueil envers tous, la manière de s’adresser aux patients, l’esprit renouvelé que je percevais en chaque malade après qu’il lui eût donné ses soins, la spontanéité pour défendre les sans voix. Toutes ces attentions allaient bien au-delà de l’accomplissement du devoir professionnel. Lui, était différent. (Brésil)

Répondant à un appel de Dieu, les frères sont des personnes qui choisissent un état de vie reconnu dans l’Église comme vie religieuse ou vie consacrée. Ils nous donnent leur témoignage de vie à la suite de Jésus en prenant des engagements publics.

Le choix du célibat, vécu en fraternité et sans s’être choisis, exprime l’amour de Dieu comme communauté de frères ouverte à tous. La vie de pauvreté, renoncement à la possession de biens matériels personnels, manifeste la liberté évangélique qui dépasse le désir de posséder et qui ouvre le cœur au service des autres. L’engagement d’obéissance à Dieu, à travers les médiations humaines, rend significative la disponibilité pour le Royaume.

Les frères nous offrent leur manière propre de cultiver la spiritualité et cela nous stimule à grandir ensemble dans la foi. L’état de vie du frère est un signe prophétique spécial pour le monde et les autres chrétiens. Il rappelle à chacun son propre appel à suivre le Christ, passionnément et sans partage.

Parfois, à l’occasion de rencontres ou lors d’interventions, j’entends l’expression ‘collaborateurs’, à propos des laïcs, et je vois aussi le mot écrit dans quelques documents. Pour moi cela fait voir les laïcs comme des gens qui donnent de leur surplus, qui aident quand ils ont du temps, qui sont dans des lieux où les frères ne sont pas, qui font les travaux que les frères ne peuvent plus faire… J’ai le cœur plein de douleur lorsque j’entends le mot ‘collaboratrice’, parce que je sens qu’on me laisse dehors ! Pour moi, je me vois avec une vocation de laïque mariste, un membre de la famille. (Venezuela)

Laïcs, nous apportons notre manière spécifique de vivre le charisme mariste. Notre identité ne se réduit pas à être des collaborateurs des frères.

L’amour dans le couple laisse entrevoir la fidélité passionnée de Dieu. Il rappelle la passion et la fécondité qui doit animer toute vocation chrétienne. De même, l’amour des parents pour leurs enfants est l’image vivante de l’amour inconditionnel de Dieu à notre égard.

L’engagement dans les réalités du monde fait de nous des signes de Dieu dans les diverses sphères sociales, économiques et politiques où nous évoluons. En même temps, cet engagement nous rend capables de découvrir, avec un regard particulier, les appels de Dieu dans ces situations.

La profession est une manière de nous réaliser personnellement et de servir le Royaume. La nécessité de gagner notre pain quotidien, ainsi que l’instabilité inhérente à la condition laïcale, nous permet un contact plus direct avec la réalité.

Le charisme mariste, vécu selon la perspective de la femme, nous invite tous à intégrer dans nos vies des éléments mariaux comme la ténacité, la force, l’amour maternel, la tendresse, l’attention aux détails et l’intuition dans notre expérience quotidienne.

Laïcs et frères, nous approfondissons nos vocations spécifiques à mesure que nous nous rencontrons mutuellement sur un chemin qui s’ouvre sur l’avenir et dont nous avons déjà découvert quelques traits significatifs.


La transmission d’un don : le charisme mariste

Arriver à connaître Marcellin Champagnat, au-delà du beau garçon représenté sur le tableau du mur, n’a pas été facile. Finalement, je me suis rendu compte qu’ici, en Nouvelle-Zélande, nous avons notre vrai Marcellin en la personne du frère N. qui travaille sans se lasser, possède un cœur généreux et un grand sens de l’humour. Il est affable et patient. Quand il te parle, tu te perçois comme la seule personne présente dans une salle pleine de monde. Il entre en relation avec tous, sans regarder l’âge ou la condition des personnes. Il aime la simplicité. Il se rend disponible partout où il le peut et sait faire apparaître ce qu’il y a de meilleur chez celui qu’il rencontre. (Nouvelle-Zélande)

La vocation religieuse des frères a inspiré notre propre vocation laïcale. L’expérience de leur accueil, de leur simplicité, de leur présence parmi les jeunes nous a fascinés et nous encourage à être des témoins du Christ, aujourd’hui.

De même, l’exemple de beaucoup de laïcs, qui ont vécu et vivent le charisme mariste avec simplicité, nous a portés à prendre conscience de notre vocation. Ils ont écrit par leurs vies ce que nous exprimons avec des mots.

La vitalité d’un charisme se manifeste quand il est reçu, qu’il est recréé à la lumière des signes des temps et transmis à d’autres. Avec les frères, nous sommes responsables de promouvoir et d’étendre ce don de Dieu en marchant vers l’avenir.


Saint Marcellin Champagnat, notre guide pour suivre Jésus

Je pense que ce qui m’a toujours frappé chez Marcellin, c’est que, malgré tous les obstacles, il a persévéré à cause de sa foi. Dieu, sans doute, a profondément marqué sa vie et, comme Marie, il a dit ‘Oui’. J’admire son affabilité et sa détermination, sa loyauté, sa confiance, sa fermeté, son rêve d’un monde meilleur pour la jeunesse. (Australie)

Marcellin est notre guide pour suivre Jésus. En lui nous trouvons un modèle de vie chrétienne qui nous touche, nous séduit, nous pousse chaque jour à nous dépasser à la suite de l’unique Maître.

La table de La Valla et la maison de l’Hermitage sont des symboles qui incarnent le don de Dieu que nous transmet Marcellin. Ils continuent à être pour nous source d’inspiration pour recréer le charisme mariste en notre temps. En partageant le pain et en construisant la maison, nous comprenons que Marcellin nous invite aujourd’hui, nous aussi, à être communauté pour la mission.

Champagnat a connu des difficultés dans ses études en vue du sacerdoce. Il a vécu toute sa vie dans des villages, se dépensant jusqu’à la mort pour que les enfants et les jeunes connaissent l’amour de Dieu. Il est aujourd’hui un exemple qui n’inspire pas seulement la famille mariste. L’Église, en le proclamant saint, l’a proposé comme modèle à tous les chrétiens.

L’Église reconnaît que l’intuition de saint Marcellin demeure vivante aujourd’hui en nous et qu’elle est un cadeau de Dieu pour le monde. La mission mariste est appelée à se diffuser dans tous les diocèses du monde, jusqu’à ce que les enfants et les jeunes goûtent la tendresse de Dieu. Laïcs maristes, nous croyons que Dieu nous appelle à prolonger cette intuition dans l’histoire, comme disciples du Christ à la manière de Champagnat.


Trois dimensions d’une seule vie : mission, vie partagée, spiritualité

Ce qui m’a frappé d’abord dans le charisme c’est son objectif d’éducation, sentir que ‘ce qui est mariste’ est une manière d’être chrétien dans et pour le monde, situation peu commune dans les mouvements religieux. Mais ce qui m’a portée à choisir d’être mariste, c’est de me voir confirmée dans ma condition de femme, d’éducatrice, de membre de l’Église, dans une communauté où l’on respire un air de famille. Et cela se perçoit dans la profondeur et la simplicité des liens, dans l’accompagnement, dans la présence constante et libératrice, dans les difficultés et dans les désaccords, comme en toute famille. (Uruguay)

Suivre le Christ aujourd’hui, comme Marcellin Champagnat, signifie s’engager à vivre les trois dimensions fondamentales chrétiennes et maristes : la mission, la vie partagée et la spiritualité. Nous sentons que ces trois dimensions sont inséparables : la spiritualité se vit dans et pour la mission ; la mission suscite et anime la vie partagée ; la vie partagée, à son tour, est source de spiritualité et de mission.

Les tâches apostolique peuvent être diverses dans la mission ; les accents, variés, dans la spiritualité ; la vie partagée se traduire en bien des formes. Mission, spiritualité et communion sont trois couleurs d’un unique rayon de lumière : le charisme mariste. Selon les contextes et les moments, l’une ou l’autre de ces couleurs prendra plus de relief, mais il est impossible d’en choisir une sans retrouver les deux autres.




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LA MISSION


Dans mon esprit, je vois deux images : celle du pain que l’on coupe et distribue pour que tous soient nourris et celle de la bougie qui donne le meilleur d’elle-même – sa lumière – en se consumant, comme le frère Basilio Rueda dont l’idéal de vie a été : « brûler ma vie pour le Christ », idéal qui, de fait, a consumé sa vie. (Venezuela)


Le Christ nous envoie : la mission des laïcs

Laïcs, dès notre baptême, nous sommes envoyés par le Christ à l’unique mission de l’Église : annoncer la Bonne Nouvelle, être sacrement et ferment du Royaume de Dieu dans l’humanité.

Nous sommes des évangélisateurs du monde, en vivant dans le monde. Comme le sel dans les aliments, plongés dans la vie quotidienne, nous manifestons la profondeur qui s’y cache et nous témoignons des trois dimensions de la mission du Christ : consacrer le monde à Dieu, être prophète d’un avenir différent et être au service des autres.

Par notre engagement baptismal :

Nous sommes des signes de Dieu pour les autres. Greffés sur le Christ, qui fait toutes choses nouvelles, nous vivons l’incarnation dans les réalités terrestres et nous aidons à les relier à leur vraie racine qui est l’amour. Ainsi nous consacrons le monde à Dieu.

Comme prophètes, nous annonçons un monde de paix, basée sur la justice, et nous dénonçons les causes d’exploitation et d’exclusion que connaissent des millions de personnes, faisant ainsi naître l’espérance qu’un autre monde est possible.

Par le travail et les relations humaines, nous construisons un monde plus fraternel et réconcilié, où le plus grand est celui qui se fait le serviteur des autres.

Chrétiens laïcs, nous sommes attentifs aux signes des temps, demeurant à l’écoute de ce que l’Esprit nous dit à travers l’histoire, la société, les personnes. Incarnés dans le réel, nous vivons en dialogue permanent avec le monde, lui révélant le visage de Dieu amour.

Cette triple dimension de la mission souligne l’universalité de l’appel à la sainteté pour tous les chrétiens. La consécration baptismale fait naître une communauté de frères et de sœurs, égaux en dignité et responsables de la mission de l’Église.


Avec la passion de Marcellin : la mission laïcale mariste

Marie et Marcellin m’encouragent et me donnent la force de m’impliquer totalement dans la mission reçue qui consiste à accueillir, écouter et accompagner les jeunes, malgré mes limites et celles de ceux qui sont engagés avec moi dans cette mission. Dans les moments de doute, quand j’ai envie de jeter l’éponge, je regarde l’une et l’autre. Et ils me donnent la force d’aller jusqu’au bout du ‘Oui’ que j’ai prononcé, une nuit, dans la chapelle de Notre-Dame de l’Hermitage. (France)

Notre cœur bat au rythme du cœur passionné de Marcellin. Une passion qui s’exprime aujourd’hui dans les mots que le frère Seán Sammon adresse aux frères : Vivre et travailler au milieu des jeunes, évangéliser d’abord par l’éducation et parfois par d’autres moyens, faire montre d’un souci particulier pour les jeunes et les enfants pauvres, ceux qui vivent en marge de la société.

Telle est notre mission : contribuer à ce que les nouvelles générations découvrent le visage de Dieu et qu’elles aient la vie en abondance. Sur les pas de Marcellin, nous devons, à notre tour, répondre au cri de tant de jeunes Montagne qui nous entourent. Nous ne pouvons pas voir un enfant sans l’aimer et lui dire combien Dieu l’aime.

Nous consacrons le monde en aidant les jeunes à découvrir le sens de leur existence et en les rendant capables de prendre leur vie en mains, à la lumière de la foi.

Prophètes parmi les jeunes, nous leur annonçons que la vie est une merveille et qu’il vaut la peine de lutter pour construire un monde meilleur. Nous les encourageons à être critiques vis-à-vis de la société qui les entoure et nous les invitons à s’engager pour que le rêve d’un monde meilleur devienne réalité.

Serviteurs des jeunes, nous leur sommes proches et notre vie sert de référence à la leur. Nous restons attentifs à leurs besoins et nous les accompagnons dans leurs succès, erreurs, doutes et aspirations.

La mission mariste est unique et se réalise dans des tâches diverses: profession, engagement volontaire, famille, prière. La pluralité laïcale fait que les travaux sont multiples. Nous pouvons partager la mission mariste, quel que soit notre travail, s’il est vécu dans la foi.

Chaque action individuelle, communautaire ou institutionnelle est comme un fil avec lequel nous tissons le réseau de la mission mariste. Ce qui est fondamental, c’est que nos cœurs vibrent pour cette mission unique et que nous restions unis pour l’accomplir, avec la force de la prière.


Coresponsables de la mission commune

Ensemble dans la mission

Être avec, faire avec, être attentif aux enfants souvent les moins favorisés, voilà des réalités que je vis avec les moniteurs, monitrices et les frères. Nous sommes là les uns pour les autres et pour les enfants, telle une grande famille. (Canada)

Laïcs et frères, nous avons reçu en don le charisme de Marcellin. C’est pourquoi, nous sommes compagnons dans la mission mariste et coresponsables devant Dieu de son accomplissement.

La coresponsabilité concerne tous les niveaux : prise de décisions, planification, réalisation, évaluation. Nous partageons la richesse que les dons de chacun et les différents états de vie apportent à la mission commune.

Pour les laïcs maristes, les tâches concrètes de la mission sont plus vastes que les œuvres des frères. Quelques-uns sentent que, en ce moment de leur vie, ils doivent se dévouer davantage à l’éducation de leurs enfants. D’autres vivent la mission en travaillant dans des œuvres éducatives qui dépendant des instances officielles ou d’autres communautés de l’Église. Quelques-uns partagent leur vie et leur temps en d’autres travaux. Dans cette diversité, propre à la vie laïcale, nous restons en communion et cherchons ensemble de nouveaux chemins pour exprimer la mission mariste.


La relation de travail

Pour moi, l’école est devenue ma deuxième maison et la communauté mariste ma seconde famille. Bien que ne touchant qu’un maigre salaire, nous n’évaluions pas le prix de ce que nous faisions. (Philippines)

Beaucoup de laïcs maristes vivent la mission en travaillant comme professionnels dans des œuvres de l’Institut. Cette relation de travail est source de fécondité et elle peut aussi, parfois, être à l’origine de tensions.

Elle est source de fécondité :

Pour l’œuvre, car, ensemble, nous pouvons approfondir son identité mariste et animer avec plus d’énergie et de créativité son action évangélisatrice.

Pour les frères, qui y trouvent soutien et enrichissement dans leur vocation et leur tâche.

Pour les laïcs, qui accomplissons la mission mariste dans un climat que nous ressentons comme nôtre et qui enrichissons aussi notre vocation dans la relation avec les frères.

Pour les enfants et les jeunes, qui font l’expérience de la vitalité de la présence mariste à partir de vocations diverses.

Des tensions peuvent surgir :

En raison de différences de critère ou d’une conception personnaliste de la gestion qui, parfois, occasionnent des injustices, des blessures et jusqu’à l’exclusion de laïcs pourtant identifiés au charisme.

En raison de l’attitude de professionnels qui ne répondent pas à leurs obligations avec la compétence et l’honnêteté requises, ou qui profitent de leurs responsabilités dans les œuvres à leur bénéfice personnel.

En raison d’un manque d’articulation des relations de travail. Une dynamique convenable entre employeur et employé demande des conditions de travail claires et justes, qui soient non seulement en accord avec la législation en vigueur, mais qui s’inspirent de l’évangile et de la doctrine sociale de l’Église.


La relation de volontariat

En voyant la simplicité de vie de tant de frères et laïcs, je me suis rendu compte que la vie mariste n’est pas seulement pour des pédagogues. Chacun de nous, par sa profession, son emploi, quel qu’il soit, est capable de donner de l’amour à bien des personnes qui en ont besoin, spécialement aux enfants, et ainsi de les éduquer en bons chrétiens et en vertueux citoyens. (Colombie)

D’autres laïcs maristes participent à des œuvres de l’Institut comme volontaires dans des œuvres sociales ou pastorales. Cette relation peut aussi être source de fécondité.

Sa fécondité est la même que celle qui existe dans la relation de travail, aussi bien pour l’œuvre que pour les laïcs ou les frères. La singularité réside dans la force du témoignage chrétien qui consiste à donner gratuitement ce que l’on a reçu gratuitement. Le don du temps et de l’effort est une image privilégiée de l’amour de Dieu.

Cet amour se manifeste d’une manière spéciale chez ceux qui abandonnent leur pays et leur famille pour aller, en d’autres parties du monde, servir avec un amour sans frontières.

La relation de volontariat peut aussi, parfois, être source de tensions. À celles déjà signalées auparavant, on peut ajouter les suivantes :

Il n’est pas facile de trouver le juste équilibre entre le don personnel volontaire et les exigences de la vie professionnelle ou familiale.

Le dévouement volontaire ne peut servir à suppléer le travail professionnel, quand celui-ci est requis.

La tentation peut aussi se présenter d’utiliser ce dévouement gratuit pour satisfaire des intérêts personnels ou familiaux, pour rechercher le pouvoir, le prestige, ou pour d’autres motivations.


Gestion et coresponsabilité

Nous savons qu’une longue route reste à parcourir, qu’il y a encore des étapes à franchir pour aboutir dans la recherche d’autonomies et de complémentarités. Participer c’est pouvoir : pouvoir dire, pouvoir faire, pouvoir décider, pouvoir être et être avec les autres, pouvoir être un digne fils et fille de Dieu, là où nous souhaitons vivre, pouvoir savoir, pouvoir être heureux. (Argentine)

La gestion d’une œuvre doit refléter la spiritualité dont nous témoignons. Quand l’esprit de famille commande nos relations de travail et de volontariat, qu’il inspire un modèle de gestion coresponsable, les tensions internes diminuent et la fécondité de l’œuvre augmente.

Les laïcs et les frères qui exercent des charges de coresponsabilité doivent avoir les capacités voulues du point de vue professionnel et actualiser continuellement leur formation. Ils doivent aussi se faire remarquer par leur respect et leur solidarité envers les personnes comme aussi par leur manière de vivre en profondeur la spiritualité.

Tous, nous devons faire ce qui est possible pour dépasser les tensions, éliminer les injustices qui peuvent surgir. Cela exige de créer ou de développer des structures de gestion participatives, d’établir clairement le profil et les attributions de chaque fonction, d’évaluer systématiquement à partir de critères transparents et de garantir les démarches et politiques communes, au-delà des changements qui peuvent se produire dans les équipes d’animation et de gouvernement des œuvres ou de la province.

Conscients d’être coresponsables de la mission, nous montrons notre disponibilité à assumer les tâches nécessaires, selon nos capacités et nos situations de vie, les accomplissant comme un service et sans nous y attacher.

Laïcs maristes, par amour de la mission, nous sommes engagés dans une formation permanente qui permette d’améliorer l’action éducative et pastorale. L’institution mariste reste attentive à donner les moyens adaptés pour que cette formation soit effectivement offerte à tous.


Passionnés pour diffuser la mission

Je pense prendre ma retraite comme enseignante l’année prochaine, mais j’espère, avec l’aide de Dieu, continuer à me dévouer à l’évangélisation explicite. Il n’y a pas de retraite pour une laïque mariste engagée. (Nigeria)

L’amour de Dieu fait brûler nos cœurs de la passion d’atteindre davantage d’enfants et de jeunes, et de travailler pour qu’ils vivent en plénitude. Nous sommes particulièrement attentifs à ceux qui, aujourd’hui, nous demandent :

d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus, surtout là où elle n’est pas connue, avec un amour ardent, un zèle apostolique et des méthodes renouvelées ;
de dénoncer et de nous engager à lutter contre les nouvelles formes de pauvreté ;

d’éduquer les nouvelles générations à l’amour et au respect de la création ;

d’éduquer dans l’égalité des sexes, de la diversité culturelle, religieuse et ethnique, insérés dans le monde des jeunes ;

d’éradiquer les causes de l’exclusion et de l’exploitation des enfants et des jeunes, par notre engagement sociopolitique ;

d’être solidaires de la réalité des peuples, au-delà de nos propres frontières.

Ces appels nous demandent non seulement de prendre en charge des œuvres plus nombreuses mais de nous ouvrir à de nouvelles formes de présence, en des lieux où nous n’étions pas encore. Le désir de répondre aux besoins des enfants et des jeunes nous rend créatifs et nous aide à sortir de l’inertie et de la commodité. Aujourd’hui, nos possibilités de formation, nos ressources humaines et matérielles sont plus grandes que celles dont disposait Marcellin. Son audace inspire notre créativité pour faire un usage prophétique de ces moyens.

Laïcs, nous pouvons apporter une nouvelle manière d’animer la vie mariste dans les œuvres. Avec les frères, il est possible de former des communautés locales qui soient le cœur de la mission et le garant de son identité mariste évangélisatrice. Ces communautés peuvent être la semence d’une nouvelle vitalité de la mission qui ne dépend pas seulement du nombre ou de la présence de frères sur le lieu d’implantation.

La vocation laïcale mariste nous pousse à collaborer à l’évangélisation des nouvelles frontières de la mission universelle : les banlieues des villes, les victimes de l’exclusion sociale, les moyens de communication sociale, la promotion de la paix, la lutte pour la justice et la sauvegarde de la création.

L’Assemblée Internationale de la Mission Mariste, tenue en septembre 2007 à Mendès (Brésil), a été le symbole du chemin parcouru et de l’horizon vers lequel, laïcs et frères, nous marchons, animés par l’Esprit. Nous y avons été invités à œuvrer pour une éducation évangélisatrice, une éducation engagée vis-à-vis de la solidarité et la transformation sociale, attentive aux cultures et au respect de l’environnement ; une éducation sans discrimination, qui crée de nouveaux champs d’action pour ceux qui en sont privés.

La Mission Ad gentes, que les frères ont relancée ces dernières années, est aussi pour nous, laïcs, un appel à ouvrir nos esprits et nos cœurs à de nouvelles formes de présence et de générosité, ignorées jusqu’à maintenant.

Ensemble, à partir de notre spécificité et mission commune, nous cherchons à connaître quel est le rêve de Dieu. Il nous appelle à revitaliser la mission en l’étendant et en l’ouvrant à de nouveaux défis, et il nous envoie pour que son rêve se transforme en réalité.











3

LA VIE PARTAGÉE


Pendant les mois de souffrance et d’incertitude où notre jeune enfant était à l’hôpital, avec sa poupée « Champagnat » pour compagnon de lit, j’ai senti que notre famille mariste souffrait avec nous, qu’elle priait pour nous et se réjouissait avec nous. Nous avons connu le vrai sens de la communion. Si cela n’est pas partager la vie, qu’est-ce donc ? (Espagne)


Dieu est communion dans la diversité

Dieu nous a révélé que son cœur est communion dans la pluralité : il est un et trine. Il est amour, amant et aimé; une puissance d’amour qui aime toujours. Fils de ce Dieu, nous désirons sortir de nous-mêmes pour aller à la rencontre des autres et vivre de la vie même de Dieu.

L’Église, signe du Royaume de Dieu, vit de cet amour trinitaire. C’est pourquoi, elle reflète intérieurement le visage un et multiple de l’humanité et, fidèle à sa mission, fait naître l’unité dans la diversité.

Maristes laïcs, nous voulons suivre le Christ à la manière de Marie, et nous participons aussi à cette façon de vivre avec une sensibilité spécifique: l’esprit de famille.


Notre expérience de communion : l’esprit de famille

La beauté, la tendresse, le respect et le souci de l’autre sont possibles ; il y a un pain cuit au four, une place à table dans notre maison pour se reposer en cours de route ; il y a le baiser fraternel. C’est pourquoi, tant de frères et de laïcs continuent à faire ce rêve. (Argentine)

Marcellin Champagnat a transmis aux premiers frères une manière d’entrer en relation basée sur l’exemple de Marie. Ils vivaient dans une ambiance de famille, de foyer, de proximité. Partout où ils allaient, ils apportaient avec eux ce sentiment de fraternité qui marquait leur style éducatif dans les écoles. Nous appelons cette manière de vivre esprit de famille et elle est pour nous un élément fondamental de l’héritage légué par Marcellin. C’est la caractéristique de notre charisme qui, dès l’abord, attire davantage les personnes, et qui nous distingue. C’est notre grand signe prophétique.

L’esprit de famille est une manière d’exister qui nous guérit et nous transforme en tant que personnes. Il nous rend confiant en l’autre, nous fait accepter nos limites personnelles et nous pousse à mettre en valeur les dons reçus de Dieu. Quand on n’a pas à faire semblant, seule reste la joie de la rencontre avec l’autre.

De cet esprit, naissent ces attentions envers les autres, qui nous sont propres. Comme Marcellin, nous cultivons les petites vertus : pardonner les offenses quotidiennes, comprendre les raisons de l’autre en nous mettant à sa place, être joyeux, prévoir les besoins des autres et se montrer pleins d’attention et de simplicité à leur service, être patients et affables, savoir laisser la place aux autres quand c’est à eux d’agir… Ainsi se nourrit notre vie quotidienne, en même temps qu’elle s’approfondit.

L’esprit de famille nous donne d’être un reflet de la Trinité et d’accueillir avec tendresse ceux qui se sentent loin d’un foyer. C’est pourquoi, la pastorale mariste doit se caractériser par cette manière d’être qui nous distingue et qui imprègne notre mission.

Avec Marie, nous allons au devant de qui a besoin de nous, nous visitons Élisabeth, nous nous réjouissons en sa compagnie et construisons ensemble une famille. Nous sommes attentifs aux mariés de Cana, nous offrant à les aider avec simplicité et célébrant, ensemble, le bon vin. Nous prions les uns pour les autres à Jérusalem, nous vivons la fraternité, faisant naître ainsi une communauté selon l’Esprit.


La famille, signe de communion

Je rends grâce à Dieu car je me rends compte que ma relation familiale, née de l’amour envers mon épouse et mes enfants, alimente et enrichit ma relation avec une communauté plus ample. La vie de famille, dans le monde si agité d’aujourd’hui, peut devenir exigeante et parfois même fatigante. Mais mon épouse et mes enfants sont pour moi une source de compréhension, de croissance, de vraie joie. Ils me donnent un cœur tendre. (Etats-Unis)

La famille est le premier lieu où la communion est à vivre. Nous y grandissons en tant que personnes et disciples de Jésus. Avec les difficultés normales et les conflits qui surgissent dans la vie des familles, en elles mûrit aussi la compréhension dans le couple, l’abnégation dans le soin des enfants, des personnes âgées ou malades, l’accueil de chacun avec ses différences, l’union pour que tous puissent vivre dignement et que chacun trouve sa place, la pratique de la fidélité, l’assurance qu’il y aura toujours une place à table, dans l’attente de l’absent.

Pour beaucoup d’entre nous, le mariage est un aspect fondamental de notre vocation laïcale. Notre don mutuel, comme époux, révèle l’amour de Dieu, toujours fidèle par sa présence au monde. Nous voulons que nos familles, à l’exemple de Nazareth et La Valla, soient des familles ouvertes, sources abondantes qui multiplient la vie dans les enfants, la mission et la proximité avec ceux qui ont besoin de nous.

Les laïcs célibataires prennent soin de leur famille respective avec une délicatesse particulière, cherchant à être un ferment d’union entre les frères, une source de compréhension et d’attention envers les parents et une référence pleine d’amour pour les nouvelles générations de la famille.

Nous reconnaissons qu’il y a parmi nous de nouvelles formes de familles. Laïcs maristes, quelles que soient les circonstances, nous voulons les vivre comme foyer chrétien où l’amour et la compréhension seront au cœur des relations.

Maristes, quel que soit notre état de vie, nous prenons soin de nos familles comme d’un cadeau unique et nous devenons féconds en construisant la famille à partir de nos vocations respectives.


Faire naître la communion en toute la vie

Rien ne me donne autant de joie que de faire tous mes efforts pour que, frères et laïcs, nous puissions enflammer les cœurs et brûler nos vies afin de nous enthousiasmer mutuellement et de réaliser ainsi le rêve de Marcellin. (Mexique)

La table de La Valla…

La force de l’esprit de famille rassemble ceux qui vivent le charisme mariste en une nouvelle famille de disciples du Christ à la manière de Marie. La table de La Valla est un symbole de la relation qui nous unit.

La communion entre laïcs et frères rend complémentaires et enrichit nos vocations spécifiques et nos différents états de vie. Non seulement il y a une place à table pour chacun, mais nous avons besoin des autres à nos côtés.

Un tel partage exige des moments passés en commun. Autour de la table se réunissent des personnes pour parler, rire, être ensemble. Il faut prévoir ces temps et ces lieux de communication en profondeur, rencontres de qualité qui nous unissent dans l’essentiel. Il sera ainsi plus facile de comprendre les différentes manières de penser et d’agir, d’accepter nos limites et celles des autres, dans un climat de fraternité.

…nous unit au monde entier

La table de La Valla s’agrandit pour accueillir toutes les personnes de notre entourage. Nous voulons être des instruments de paix dans nos professions, dans la vie quotidienne et dans notre propre cœur. L’effort de chaque jour peut nous porter, parfois, à nous éloigner d’autres personnes et à les affronter ; mais nous souhaitons vivre les difficultés en Dieu, dans la paix et la sérénité, en cherchant l’union et non la division.

La table toute simple des premiers frères nous garde en communion avec l’Église, Peuple de Dieu, et avec les chrétiens d’autres Églises qui marchent avec nous à la suite du Christ. Elle nous unit aussi à d’autres personnes, non croyantes ou d’autres religions, avec qui nous partageons l’engagement de construire un monde plus juste.

Frères et sœurs en humanité, nous cherchons à créer des réseaux de soutien mutuel pour rendre visible l’interdépendance de toutes les personnes. Jésus nous invite à prendre soin de notre planète, la maison commune, demeure de tous les êtres.


Du partage naît la communauté

La vie en communauté m’a fait sortir de mon confort personnel en m’amenant à rencontrer et vivre avec des gens que je n’aurais jamais pu connaître sans cela. Elle m’a appris aussi à tenir compte des autres avant de penser à moi-même. Sans aucun doute, la vie communautaire m’a aidé à élargir l’horizon de ma vie et donné une vision plus positive des choses. (Nouvelle-Zélande)

L’esprit de famille amène à trouver des lieux et des temps pour partager la foi et la vie: il engendre la communauté. À l’exemple de Jésus, Marie et Marcellin, nous nous réunissons avec d’autres pour cheminer ensemble, dans le partage et l’entraide, afin de grandir dans la foi et la mission.

Nous vivons des réalités très différentes ; c’est pourquoi, les formes concrètes de chaque communauté sont également diverses. Le modèle de la communauté où tous vivent sous le même toit et où tout est commun, est une possibilité qui se présente à nous, mais qui ne représente pas l’unique idéal mariste laïcal.

Dans le monde mariste, il existe aujourd’hui diverses formes d’expression de cette vie en commun : Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste, les communautés de vie de frères et laïcs, et d’autres groupes maristes.


Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste

Je fais partie d’une fraternité mariste ainsi que ma famille. Quelle chance que ce mouvement soit né ! Mon époux, mes enfants et moi-même, y trouvons une source d’eau vive et une inspiration permanente qui nous dit que nos vies n’ont de sens que dans la foi. Ce lien, qui nous unit étroitement aux frères et à l’Institut, nous porte à réfléchir sur notre vie chrétienne et à en témoigner dans notre travail et dans la communauté où nous sommes insérés. (Brésil)

Le Mouvement Champagnat est une forme d’organisation reconnue par l’Institut pour les communautés maristes laïcales. Approuvé par le 18° Chapitre général (1985) et encouragé par le F. Charles Howard, Supérieur général, comme une réponse à ce qu’il tenait pour un authentique appel de l’Esprit, il compte aujourd’hui des milliers de membres à travers le monde et, en quelques décennies, il a fait surgir un réseau de fraternités qui commencent à s’articuler au niveau régional et continental.

Son Projet de Vie est un moyen fécond pour développer la vie communautaire et une source d’inspiration pour le Mouvement, afin que celui-ci puisse relever les défis qui se présentent à lui en ces temps nouveaux : grandir en autonomie et en responsabilité à l’intérieur de la vocation laïcale  mariste; entrer en relation avec les nouvelles générations ; transmettre la passion pour la vocation mariste, vocation de frère ou de laïc ; s’impliquer dans de nouvelles formes de mission ; s’articuler de manière plus effective avec les autres réalités du monde mariste.

Le Mouvement Champagnat, en tant que prolongement de l’Institut, a déjà produit beaucoup de fruits dans la spiritualité et la mission. Il a multiplié la vocation mariste et il est une source d’espérance pour l’avenir de notre charisme. Il est nécessaire que le Mouvement reste attentif à actualiser son Projet de Vie pour continuer à grandir en vitalité.


Communautés de vie de frères et de laïcs

Il y eut quelques jours de retraite entre frères et laïcs. C’est alors, en nous voyant tous réunis, qu’a jailli en moi l’appel à vivre toute l’année ce que nous expérimentions pendant cette retraite de vacances: vivre en communauté, frères et laïcs, au service des jeunes. (France)

Il existe aujourd’hui un nombre significatif de communautés maristes où frères et laïcs partagent leur vie dans une même mission. Quelques-unes sont nées pour aider au discernement des vocations de jeunes adultes ; d’autres, en raison d’un travail d’insertion sociale ; d’autres développent des projets à partir de la vie et de la mission partagées. Les unes sont temporaires, d’autres durent davantage. Toutes témoignent de la richesse de la vie communautaire engendrée par des personnes aux états de vie différents.

De telles communautés naissent aussi en d’autres instituts religieux et en divers mouvements qui désirent promouvoir de nouvelles formes de vie ecclésiale. Elles apportent une nouvelle vitalité au charisme, pourvu que, dès le départ, elles soient accompagnées, par la vie religieuse et par le laïcat, à discerner comme il convient.


Autres groupes de laïcs maristes

L’esprit de famille que j’expérimente dans mon engagement avec le groupe des laïcs maristes, me pousse à manifester mon vécu du charisme mariste dans la communauté scolaire, parmi les collègues et les étudiants. (Australie)

En des lieux assez nombreux, les laïcs partagent la vie de communauté dans diverses structures et œuvres de l’Institut (communautés éducatives en écoles et œuvres sociales, commissions provinciales, équipes d’animation), comme en d’autres groupes maristes. Ils apportent leur couleur particulière dans l’arc-en-ciel des expressions du charisme.

La vie partagée laïcale, animée par l’Esprit, est en croissance et prendra, à l’avenir, de nouvelles formes d’expression. Si nous sommes ouverts pour apprendre les uns des autres, ensemble, nous donnerons plus de force à la mission et à la spiritualité maristes.


Nouvelles structures de communion

J’ai parfois la sensation d’appartenir au monde mariste parce que les frères me l’ont permis, et que je devrais être reconnaissant pour tout ce qu’ils m’ont donné. Même si cela est vrai en partie, j’aimerais être reconnu comme mariste parce que j’ai moi-même choisi de l’être, que je me sens mariste et laïc par vocation, c’est-à-dire coresponsable de ce que signifie être maristes, comme des égaux, partageant une même spiritualité et mission, dans un état de vie différent. (Espagne)

En beaucoup de provinces naissent de nouvelles structures où se manifeste la communion entre laïcs et frères. La mission est un des lieux où l’on perçoit le plus clairement cette nouveauté.

La coresponsabilité dans la mission est à l’origine d’assemblées, de chapitres, de commissions et d’équipes provinciales, où laïcs et frères travaillent au coude à coude. En d’autres lieux, il y a eu création de structures où sont partagées la gestion et l’animation provinciale. Les laïcs s’impliquent non seulement dans la mission mais ils participent à sa planification d’ensemble. Des Conseils provinciaux élargis ont aussi été mis en place. On y travaille unis, pour mieux répondre aux besoins actuels.

Les communautés maristes laïcales offrent une nouvelle carte de la vie mariste, un cadre de référence pour le charisme qui peut donner une nouvelle impulsion à la mission, même si actuellement, le nombre de frères diminue.

La communion va au-delà de la mission. Jésus nous invite à boire ensemble de l’eau vive, à nous réunir pour prier, à partager la spiritualité à partir de notre cœur. Il faut continuer à développer des structures qui favorisent cette dimension, comme les retraites de laïcs et de frères, les expériences de formation commune et vitalité charismatique, ou d’autres moyens.

Les rencontres entre laïcs et frères sont un moment privilégié pour mieux nous connaître, nous accepter comme nous sommes et vivre en communion avec Dieu qui nous envoie, aujourd’hui plus que jamais, à rendre présent dans le monde le charisme de Marcellin.

Sur le chemin parcouru ensemble, naîtront de nouvelles formes de relation, de plus en plus profondes, qui exigeront de nouvelles structures pour accueillir et développer la vitalité. Ensemble aussi, nous pouvons rêver au foyer, vaste et lumineux, où s’épanouira la vie mariste de demain.












4

LA SPIRITUALITÉ


Quel meilleur style de vie, quelle plus belle proposition à notre monde d’aujourd’hui que la spiritualité mariste ! L’amour de Marie, l’esprit de famille, la simplicité, le travail et la présence aux familles les plus nécessiteuses, nous lancent le défi de vivre, jour après jour, pas à pas, dans une grande confiance en Dieu, le sourire toujours aux lèvres, l’annonce de cette Bonne Nouvelle : Jésus nous aime ! (Mexique)


Vivre dans l’Esprit

La spiritualité, c’est vivre de Dieu et en Dieu. Elle est comme la sève de l’arbre. On ne la voit pas, mais elle nourrit et fait grandir le fruit. De même, les chrétiens font l’expérience de la force de l’Esprit qui donne un sens à leur existence, alimente leurs convictions et soutient leurs actions.

La spiritualité, c’est vouloir vivre en profondeur et non en surface. L’être humain ouvert à la spiritualité découvre que chaque instant est un temps de grâce. Il est capable de garder l’espérance dans la joie comme dans la douleur. Il fait le pari de vivre à fond chaque instant de cette existence, merveilleuse ou difficile. Cette attitude ne se confond pas avec une religiosité ritualiste, mais elle conduit à un vrai changement de vie.

Marcellin et les premiers frères vécurent dans l’Esprit. La tradition mariste a recueilli leurs expériences et leurs enseignements, leur héritage, et l’a transmis, de génération en génération, d’une manière fidèle et nouvelle à la fois. Aujourd’hui, la source de cette tradition est devenue un fleuve abondant dont l’eau féconde des peuples et des cultures dans le monde entier. Laïcs maristes, nous alimentons aussi cette source par l’apport de notre expérience personnelle de Dieu.

La spiritualité mariste est en plein accord avec la vie laïcale parce qu’elle est pratique et qu’elle imprègne le quotidien. Son lieu est d’être parmi les enfants, au foyer, au travail. Les personnes et leurs circonstances sont le livre de Dieu où nous apprenons, et que nous enseignons pour y lire la vie. C’est une spiritualité contagieuse, facile à donner et à recevoir, qui nous relie aux espoirs de nos enfants et de nos jeunes.


Suivre Jésus, le centre de la vie du laïc mariste

Ma façon de vivre la spiritualité mariste a changé quand un frère m’a dit : « Marcellin voulait pour nous les premières places à la Crèche, au pied de la Croix et à la table de l’Eucharistie. » (Brésil)

Notre spiritualité est centrée passionnément sur le Christ. Nous sommes ses disciples et voulons suivre ses pas afin que la famille, la profession et toutes nos relations, en soient illuminées. En offrant à Dieu les aspects divers de notre vie, notre intimité avec Jésus grandit.

Marcellin nous a appris à fonder notre existence à la suite du Christ, sur trois moments de sa vie : la Crèche, la Dernière Cène et la Croix.

L’incarnation du Christ, la crèche, nous apprend à partager les joies et les souffrances des gens que nous connaissons, en plein monde ; à revenir à l’essentiel par un style de vie simple ; à nous émerveiller des enfants et à découvrir, dans leur fragilité, le visage de Dieu.

Dieu est présent, parmi les enfants et les jeunes, spécialement parmi ceux qui n’ont pas de place dans l’auberge. C’est là que nous voulons le contempler, tous les jours.

La Dernière Cène, l’autel de l’Eucharistie, nous apprend à réaliser le rêve de Dieu pour l’humanité, la table du partage entre fils et filles d’un même Père; à célébrer la fête de la vie ; à nous engager dans la lutte contre les forces actuelles de l’exclusion.

Dieu est présent, réconciliant les êtres et les choses, dans le pain et le vin de sa vie livrée. C’est là que nous voulons le contempler, à la table du banquet du Royaume.

La Croix, le don définitif de Jésus, nous apprend être fidèles à l’amour jusqu’à la mort, car l’amour seul est digne de foi; elle nous enseigne le dévouement de chaque jour, source cachée d’un bonheur durable ; l’affection qui accompagne le frère souffrant.

Dieu est présent, qui nous invite à cette fidélité dans l’amour et à la foi dans la victoire de la Résurrection. C’est là que nous voulons l’adorer, essuyant les larmes de ceux qui pleurent.

Vivre la spiritualité mariste, c’est, en définitive, découvrir la source permanente de la passion de Marcellin pour le Royaume et, comme lui, répondre ‘Oui’. C’est raviver notre premier amour, renouveler notre engagement à suivre Jésus, à la manière de Marie.


Comme Marie

Marie est le modèle que je me sens appelée à imiter : femme laïque ouverte à la présence de Dieu, elle partage les préoccupations, les joies et les peines des gens de son peuple. Je crois fermement que Marie est toujours notre Ressource Ordinaire et que c’est Elle qui a tout fait chez nous. (Espagne)

Marie est notre modèle à la suite de Jésus. Elle offre sa vie afin que Dieu la façonne comme l’argile entre ses mains : Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. Première disciple, elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Elle écoute, accueille et donne du fruit. Nous rendons Jésus présent avec les traits du visage de Marie.

Marie, femme laïque, est aussi pour nous un modèle de vie simple et laborieuse. Auprès d’elle et de Joseph, Jésus apprend à entrer en relation, à voir le monde et à découvrir sa vocation. Comme elle, nous évangélisons et nous éduquons par la présence. Dans nos familles, sur nos lieux de travail, en rencontrant les amis et les voisins, nous rendons visible le visage maternel de l’Église à la manière de Marie.

Dans nos engagements pour la libération des exclus, nous proclamons le Magnificat de Marie, sachant que Dieu est celui qui inspire et soutient nos efforts pour que naisse un monde où les affamés sont comblés de biens.

La statue de Marie que Marcellin a choisie pour ses frères est aussi notre symbole : la Bonne Mère. Nous voulons que nos relations soient empreintes de sa tendresse, de sa proximité. Avec des entrailles de miséricorde, nous présentons au monde le don merveilleux de Dieu qui s’est fait enfant.

Nous avons une confiance spéciale en Marie. Comme Marcellin, nous déclarons que c’est elle qui a tout fait chez nous. Notre habitude est d’aller au Christ par Marie, sa mère aimante. La dévotion à Marie centre nos vies sur Jésus et nous soutient sur le chemin de l’Évangile.


Un style de vie dans l’Esprit

Le style mariste n’est pas une expérience qui se vit à certains moments ou en tel ou tel lieu, mais c’est quelque chose que l’on intériorise et que l’on vit continuellement, où que l’on soit, un véritable style de vie particulier. (Afrique du Sud)

Séduits par Jésus, nous voulons vivre dans son intimité. Marcellin nous apprend l’exercice de la présence de Dieu, qui accompagne et donne un sens à nos tâches quotidiennes. Tout au long de la journée, jaillit spontanément de notre cœur la prière d’action de grâces, de demande, d’abandon entre les mains du Seigneur.

En faisant chaque jour une visite à la chapelle du collège, j’ai appris à remettre ma vie entre les mains de Dieu par notre Bonne Mère. Je vois dans les frères maristes une expression de l’amour que Dieu a pour moi. C’est par eux que je me suis rapproché de Dieu, jour après jour, jusqu’à m’abandonner à Lui pour le reste de ma vie. (Sri Lanka)

Nous employons de nombreux moyens pour grandir dans cette présence. Nous mettons notre journée dans les mains de Dieu et nous la revoyons à la lumière de l’Évangile. Nous participons avec la communauté chrétienne à l’Eucharistie dominicale, ainsi qu’à d’autres sacrements. Nous méditons et prions la Parole de Dieu et partageons la prière. Nous avons des temps de rencontre avec Marie, récitant le chapelet ou utilisant d’autres pratiques mariales.

De cette intimité avec Dieu jaillit, comme un don reçu et à transmettre, notre manière d’être caractéristique, la simplicité. Infiniment aimés de Dieu, nous voulons être transparents : nous connaissons nos faiblesses et les acceptons dans nos vies. C’est pourquoi, nos relations humaines deviennent, peu à peu, fraternelles et accueillantes.

La simplicité est la source de notre sens de l’humour, qui ne blesse pas mais qui transforme en fête la vie quotidienne. Il nous aide à surmonter les difficultés et à affronter la vie à partir d’une nouvelle perspective plus ample, la perspective de Dieu.

L’amour du travail naît, lui aussi, de la simplicité. Passionnés du Royaume, nous sommes disponibles pour la mission, selon nos capacités et les circonstances de la vie. Nous assumons toute tâche nécessaire et, comme Marcellin, nous sommes disposés à retrousser nos manches pour prendre le pic et la pelle. Nous savons que ce qui est fondamental c’est de vivre au service des autres.

L’exercice de la profession n’est pas seulement, pour nous, une manière de gagner notre vie, mais il constitue, de plus, notre forme d’engagement pour le Royaume, la façon d’être coresponsables dans la construction d’un monde meilleur. Nous essayons de dépasser une conception du travail aliénante et destructrice de la nature, et nous en faisons un lieu d’humanisation.

Ainsi, notre vie acquiert une dimension prophétique, en rupture avec quelques idéaux de la société centrés sur le moi. Le succès, le prestige, le niveau de consommation sont des mots qui ont, pour nous, un sens différent à partir de l’expérience de Dieu, selon le style de Marcellin.


Interrelation entre mission, vie partagée et spiritualité


Je crois que la spiritualité intègre tous les aspects de notre vie. Elle ne consiste pas seulement en ce que nous pourrions appeler l’élément religieux, mais elle est, plutôt, une recherche de Dieu en chaque dimension de la vie. Quand je me mets à réfléchir sur la manière dont la spiritualité mariste a inspiré ma vie, je me rends compte que cette spiritualité n’a pas surgi dans le vide mais en un moment bien précis de mon histoire personnelle. C’est ainsi que Marcellin fit personnellement l’expérience de Dieu et qu’il y répondit. (Australie)

La spiritualité ne nous coupe pas de la réalité, mais elle l’approfondit et nous permet de la vivre à partir de la source : comme Moïse dans le désert, elle fait jaillir de l’eau du rocher. C’est pourquoi, elle est nécessairement une spiritualité apostolique qui nous fait trouver Dieu dans le monde, un monde qui nous ramène à Dieu.

Notre vie est ainsi unifiée autour du Christ dans les trois dimensions du charisme : la spiritualité nous envoie en mission et engendre la vie partagée; la communion nous rend forts dans la mission et développe la spiritualité ; la mission nous fait découvrir de nouveaux aspects de la spiritualité et nous fait vivre la fraternité.




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FORMES DE RELATION AVEC LE CHARISME MARISTE


Je ne sais ce que l’avenir nous réserve, mais je me sens plein d’enthousiasme face au défi de trouver de nouvelles manières d’être Mariste. (États-Unis)


Ensemble, témoins du charisme

La vocation des laïcs maristes est une expression nouvelle du charisme de Champagnat. C’est pourquoi, nous ne pouvons nous comprendre que si nous sommes en communion avec l’Institut des frères, forme originelle du charisme où nous avons découvert le trésor de notre identité.

La vie laïcale se manifeste en une multitude de contextes et de chemins personnels. Aussi bien, pour nous, laïcs maristes, la forme de notre relation avec l’Institut et avec d’autres groupes maristes est en constante évolution et varie selon les cultures et l’histoire de chaque endroit. Face à cette diversité, l’essentiel est de maintenir la fraternité, selon le désir de Marcellin : Qu’on puisse dire de vous… voyez comme ils s’aiment.

Cette même fraternité nous unit aussi à des personnes qui vivent le charisme mariste selon d’autres états de vie : le sacerdoce diocésain, la vie religieuse féminine ou d’autres formes d’associations religieuses. Pareillement, il se trouve des personnes d’autres confessions chrétiennes qui partagent avec nous l’appel charismatique et dont les vies nous enrichissent.

Le charisme mariste, don de l’Esprit qui souffle où il veut, touche aujourd’hui le cœur d’hommes et de femmes d’autres religions ou convictions. Laïcs et frères maristes, nous accueillons ces personnes qui trouvent dans le charisme de Champagnat un chemin pour vivre plus en profondeur leur expérience religieuse personnelle et leur engagement envers l’humanité.


En relation avec d’autres congrégations maristes

Depuis son origine, le charisme mariste de Champagnat entretient une relation spéciale avec la Société de Marie : Pères Maristes, Sœurs Maristes, Sœurs Missionnaires de la Société de Marie, Tiers Ordre Mariste. Nous avons en commun une partie de notre histoire ainsi que notre chemin spirituel avec Marie, qui conduit à Jésus. En quelques endroits du monde, nous sommes ensemble pour la mission, ce qui renforce nos liens. Nous désirons enrichir cette relation et la rendre plus étroite par l’apport de notre identité de laïcs maristes de Champagnat.

Nous avons aussi le sentiment d’être une famille avec les diverses associations de fidèles et les congrégations diocésaines nées du charisme de Champagnat, spécialement les Petites Sœurs Maristes de Champagnat (Guatemala) et les Filles Maristes de Jésus Bon Pasteur (Nigéria).

De plus, en quelques endroits, nous partageons la mission avec des prêtres diocésains qui se sentent appelés à vivre le charisme mariste. Cela nous enrichit d’une manière particulière. À partir de leur vocation spécifique, ils présentent, eux aussi, un nouveau visage mariste.


En relation avec l’Institut des Frères Maristes

Du jour où j’ai connu Marcellin, j’ai grandi constamment, approfondissant la connaissance de moi-même et devenant capable de me sentir en communauté avec les Maristes. Auparavant, j’étais plus indépendant. Ce qui m’est arrivé de mieux, depuis que j’ai connu les frères, c’est d’avoir réussi à voir que ce que Dieu veut de moi est aussi ce qu’il veut des frères. Dieu m’a donné un lieu d’appartenance. (Australie)

Partager le charisme avec l’Institut demande, surtout, d’établir une relation facile qui permette une communication effective entre les laïcs et les frères. Le charisme mariste originel est né avec l’Institut des frères ; c’est là que nous avons trouvé notre vocation et que nous voulons partager notre cheminement.

Cette relation doit s’approfondir dans les réalités locales, en dépassant les difficultés qui se présentent. Nous cherchons des temps de rencontre afin de mieux nous connaître et de fortifier nos vocations personnelles. Les groupes de laïcs, comme aussi les communautés de frères, doivent ouvrir mutuellement leurs portes. Ainsi témoigneront-ils de leur appartenance à une même famille et de leur union dans un même cœur.

En un monde de plus en plus global, les rencontres et expériences nationales et internationales montrent que le charisme mariste dépasse les frontières et facilite le dialogue entre cultures et traditions. Ces rencontres donnent l’occasion de connaître différentes formes d’incarnation du charisme mariste aujourd’hui et elles offrent de nouvelles intuitions pour le renouveler.

Bien que la qualité de notre relation se révèle surtout dans la communication interpersonnelle spontanée, celle-ci présente également, entre frères et laïcs maristes, une dimension institutionnelle. Grâce à la richesse du vécu en ces dernières décennies, le moment est venu de développer de nouvelles structures permettant d’approfondir davantage cette relation institutionnelle.


Lien et sens de l’appartenance

Ensemble, avec d’autres laïcs, nous avons décidé de commencer à cheminer pour arriver à mettre en relation toute la vie mariste présente en Catalogne, au niveau des laïcs. Nous appelons ce projet ‘Mouvement Laïc Mariste’ et nous lui consacrons, accompagnés par les frères, une grande partie de nos énergies. Nous pensons que le laïcat peut s’exprimer de bien des manières et que le charisme mariste est présent en beaucoup de cœurs qui battent en harmonie avec lui. (Espagne)

L’Institut des frères, au cours de son histoire, a gardé une riche tradition de laïcs, hommes et femmes, qui se sont sentis attirés par le charisme mariste. Ainsi naquirent les Associations d’Anciens Élèves Maristes qui, à partir de leur identité, commencèrent à réfléchir sur la participation des laïcs à la spiritualité et à la mission mariste. Cette réflexion en a conduit quelques-uns à la découverte de leur vocation laïcale mariste.

Les Affiliés à l’Institut sont des personnes (laïcs, prêtres ou religieux) avec lesquelles l’Institut partage les biens spirituels de la famille religieuse des frères, parce qu’elles ont montré leur grand amour et leur soutien à l’égard de l’œuvre mariste. Ils ont ainsi une reconnaissance formelle de la part de l’Institut.

Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste est lié aux provinces et districts maristes avec l’approbation explicite de chacune des fraternités par le frère provincial. En chaque endroit existent différents lieux et structures qui assurent le lien avec la province, tout en sauvegardant leur autonomie.

Les communautés de vie de frères et de laïcs supposent une autre forme de relation avec l’Institut. Les laïcs y partagent la vie spirituelle et la mission avec les frères et, d’ordinaire, ils figurent explicitement dans l’organisation des communautés de la province ou du district.

D’autres groupes de laïcs maristes, chacun avec son histoire et son parcours, ont de multiples formes de relation avec l’Institut. L’essentiel d’une vocation mariste laïcale, c’est son lien avec le charisme. De ce lien naît la communion avec les frères, communion qui n’implique pas, dans tous les cas, le désir d’appartenance à l’Institut.


Reconnaissance de la vocation

J’ai été invitée à une retraite spirituelle dont le thème central était le rôle du frère et du laïc mariste dans la refondation. Lors de la dernière eucharistie eut lieu le renouvellement des vœux des frères et l’engagement des laïcs. Pendant cette cérémonie j’ai concrétisé mon choix de vie à la suite de Jésus au service des autres, dans la vie quotidienne, comme saint Marcellin l’a fait. (Colombie)

Toute vocation chrétienne naît dans et pour l’Église, au service du monde. C’est pourquoi, notre vocation de laïcs maristes, comme celles des laïcs, hommes et femmes, qui se sentent attirés par d’autres charismes fondateurs, souhaite d’être reconnue par la communauté ecclésiale.

Selon le Projet de Vie du Mouvement Champagnat, les fraternités, après des démarches convenables de discernement personnel et de groupe, voient leur vocation mariste confirmée par la reconnaissance officielle donnée par le Frère Provincial.

D’autres personnes et groupes sentent la nécessité de demander la reconnaissance de leur vocation à la province mariste, à l’Institut ou à l’Église diocésaine. Mais il existe aussi des personnes qui, conscientes de vivre la vocation mariste, ne croient pas nécessaire d’avoir cette reconnaissance.

Nous vivons un temps de créativité intéressante et complexe. Quelques provinces expérimentent de nouvelles manières d’accueillir la vocation laïcale mariste. Laïcs et frères, nous devons discerner ensemble les meilleures façons de permettre à la vitalité qui jaillit de se répandre. L’articulation des initiatives, nées dans les provinces, contribuera à consolider cette reconnaissance.


Vers un nouveau modèle mariste dans l’Église

Mon mari et moi souhaitons réfléchir à de nouveaux projets permettant l’intégration des laïcs dans l’Institut. Nous rêvons d’une communauté mariste regroupant des frères, des laïcs célibataires, des couples et des familles, des prêtres… désirant tous s’engager à vivre le charisme mariste. Nous nous demandons comment des personnes comme nous peuvent vivre ce sentiment d’appartenance et une union réelle avec la grande famille mariste qu’est l’Institut, sans avoir son appui, son soutien, sa reconnaissance et des liens concrets. (Canada)

Poussés par l’Esprit, nous contribuons à faire naître un nouveau modèle ecclésial, basé sur l’égale dignité de toutes les vocations chrétiennes, à l’image de l’Église, Peuple de Dieu en communion.

L’expérience du charisme partagé nous amène à repenser le modèle institutionnel qui, jusqu’ici, a incarné le charisme mariste dans l’Église. La réalité semble montrer que nous avons non seulement à élargir la tente de l’Institut, mais aussi à construire ensemble une nouvelle tente où tous, laïcs et frères, puissions être chez nous.















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ITINÉRAIRES DE CROISSANCE DANS LA VOCATION


Mon désir pour l’avenir est que la famille mariste continue de grandir, que ceux qui nous observent puissent dire : « Regardez comme ils s’aiment », et que, voyant la fraternité qui existe entre nous, les vocations de frères et de laïcs augmentent pour l’extension du Royaume de Dieu, réalisant le rêve de Champagnat. (Mexique)


La vocation, un chemin de foi

La vocation est la réponse affirmative à l’appel de Dieu-Amour. Elle comprend non seulement les décisions initiales d’un projet de vie chrétienne, mais aussi la fidélité renouvelée au Seigneur dans les circonstances changeantes de la vie.

Nous aimons notre vocation laïcale comme nous aimons la vocation de frère, et nous nous engageons à les propager toutes les deux. Passionnés du charisme, nous partageons la responsabilité de l’animation d’une pastorale d’ensemble des vocations maristes qui multiplie les membres de notre famille.

Marie est notre modèle sur le chemin de la vocation. Elle nous apprend à établir notre vie dans le Christ, à le suivre jusqu’au pied de la croix et à goûter la joie de la résurrection.


Étapes du chemin

Avec beaucoup d’émotion, je peux dire que mon expérience de laïque mariste est un chemin sans retour. (Chili)

Nous découvrons l’appel de Dieu…

Quand j’étais étudiant, j’étais très agréablement impressionné par la manière dont le frère directeur se comportait avec les personnes. Je suis sûr que cela a influé directement sur le choix de ma carrière. Pour moi, ce fut très important qu’il m’ait fait confiance de manière inconditionnelle. Sans son appui, je ne serai pas devenu un laïc mariste. (Allemagne)

Beaucoup de laïcs ne sont pas encore conscients de leur vocation chrétienne personnelle. En certains milieux, sous le poids de certaines traditions, ils sont devenus des membres passifs dans l’Église. Ils ne se sentent pas appelés à une vocation, parce que personne ne les a aidés à la découvrir.

Il est nécessaire d’inviter les laïcs à commencer un discernement vocationnel ouvert aux différents charismes et ministères de l’Église. Pour cela, nous devons ouvrir des lieux d’évangélisation où puisse grandir la relation personnelle avec Dieu. Ceci implique la mise en route d’un plan de formation humaine de base, chrétienne et mariste, pour tous les laïcs, hommes et femmes, intéressés.

Dans ces lieux d’évangélisation, nous rencontrons des personnes qui montrent un intérêt pour la vie mariste dans ses différentes formes. Nous invitons ces personnes à commencer une démarche de discernement.

La pastorale des jeunes, avec ses différentes étapes, est une structure particulièrement importante pour prendre conscience de la vocation. Laïcs et frères, nous nous y rendons présents, donnant le témoignage de notre propre vocation chrétienne et mariste. Vivant parmi les jeunes, nous partageons leurs inquiétudes et leurs besoins; nous les encourageons à rencontrer Dieu et à lui répondre avec générosité.


Nous discernons le choix de vie mariste…

J’ai eu souvent des doutes sur ma vocation, me demandant si elle s’inspirait vraiment de la spiritualité mariste. Mais Dieu ne cesse pas d’écrire son histoire, même s’il prend des chemins de traverse. J’ai mis bien du temps à percevoir combien la vocation mariste est simple, en même temps que très engageante. Peu à peu, j’ai perçu cet appel dans ma vie, comme si cette vocation avait été pensée spécialement pour moi. (Brésil)

Comme toute vocation, la vie mariste naît d’une découverte progressive. Nous avons été séduits par la manière dont Marcellin a vécu comme chrétien et par la communauté de ceux qui suivent son charisme, et nous comprenons que Dieu nous invite à faire partie de cette famille.

Pour en arriver là, un discernement est nécessaire. Il suppose trois étapes: être conscients de notre histoire personnelle lue à la lumière de Dieu, séparer l’accessoire de l’essentiel dans la vie et choisir avec décision.

Au cours de ce discernement, il est nécessaire de confronter notre vie avec celle de nos compagnons de route. C’est pourquoi, nous suivons et offrons un accompagnement personnel afin d’aider les autres à se décider par eux-mêmes, dans une vue de foi. Ainsi, comme devant un miroir, ils peuvent découvrir leur vrai visage, leur vocation.


Et nous vivons ensemble en constante croissance

J’ai dû reconnaître que le désir de faire changer les personnes et d’être exigeant envers les autres n’est pas le bon chemin. Il s’agit seulement de guider et de comprendre la démarche de croissance de chacun, qui ressemble sans doute à la mienne. Nous avons tous notre heure. (Pérou)

Frères et laïcs, nous sommes responsables de la vitalité du charisme. C’est pourquoi les temps de formation commune sont indispensables. Nous programmons, réalisons et évaluons ces temps de formation qui nous enrichissent mutuellement. Les expériences vécues en ce domaine ont été très fécondes. Elles nous invitent à rester créatifs, en imaginant de nouvelles initiatives encore plus riches.

La formation commune se prolonge par la formation propre à chaque vocation spécifique. La croissance dans la vocation laïcale comporte des temps d’approfondissement de ce qui caractérise nos vies, dans une perspective mariste : les fiançailles et le mariage, le soin des enfants, les vieillards et les malades de la famille, le travail, les choix et engagements politiques, les crises de la vie, la retraite et la vieillesse.

Au cours de cette formation spécifique, l’apport des autres états de vie peut faire découvrir des perspectives inattendues, auxquelles nous n’étions peut-être pas suffisamment sensibles.


Caractéristiques fondamentales du chemin

Les temps de formation doivent être vécus en communauté. Les autres nous aident à grandir. Sans leurs richesses partagées et leur correction fraternelle nous demeurons fermés sur nous-mêmes et notre vocation s’affaiblit.

L’objectif de la formation est de redonner vigueur à notre histoire personnelle. Nous croyons que l’expérience est un chemin de croissance : une expérience lue, interprétée et partagée en communauté.

Ces temps de formation sont intégraux, embrassant les différentes dimensions de la vie humaine, chrétienne et mariste. Ils sont aussi intégrateurs, favorisant l’unification de notre vie dans le Christ.

La formation inclut aussi la prise de conscience des causes d’exclusion de tant de personnes dans notre société, ainsi que l’engagement pour la justice et le développement durable.


C’est en marchant qu’on trace le chemin : formation permanente.

Pour ma croissance et mon discernement, ce qui est crucial c’est l’amour envers la Bonne Mère ; la vie de Marcellin, qui me sert de soutien et de modèle au jour le jour ; l’expérience de communauté dans la pastorale du collège et dans la fraternité ; l’expérience d’Église et d’ouverture à tous les autres mouvements ; l’expérience d’amour avec mon épouse et le fait d’être père, ainsi que le contact quotidien avec les jeunes qui me nourrit beaucoup et me parle de Dieu. (Espagne)

La vie mariste laïcale suscite sa propre sagesse. Partager sa foi, y réfléchir en communauté, fortifie notre vocation chrétienne et mariste. En ce sens, les communautés laïcales doivent devenir des communautés formatrices.

La formation mariste permanente est complétée par des itinéraires proposés au niveau provincial et international. Ces itinéraires élargissent notre regard au-delà de nos groupes et découvrent de nouveaux horizons à notre foi.

Ces itinéraires de formation doivent être pensés et animés par des personnes sachant accompagner les participants. Elles les aident à se poser des questions et les invitent à trouver leurs propres réponses.

La création de réseaux de personnes et de communautés laïcales est fondamentale pour le développement de la vocation laïcale et pour apprendre en découvrant d’autres mentalités et cultures.

Partager avec l’Église locale et l’Église universelle est indispensable pour grandir dans la foi. Le partage nous aide à comparer notre vie avec celle de la grande communauté ecclésiale et à garder l’assurance que nous sommes fidèles à la suite de Jésus.

La rencontre avec des personnes d’autres confessions chrétiennes, d’autres religions et avec des non-croyants, nous fait aussi entendre de nouveaux appels de l’Esprit. Elle nous apprend à être, plus en profondeur, des hommes et des chrétiens. Nous voulons mieux les connaître et nous participons avec elles à des rencontres interconfessionnelles et interreligieuses.

Laïcs maristes, nous nous impliquons, avec les frères, dans des initiatives de formation nouvelles et audacieuses. Nous avons à relever le défi d’aider à naître l’aurore d’une nouvelle vie mariste et à fortifier celle qui existe en la rendant plus créative, fidèle et dynamique. L’avenir dépend de notre réponse.

















Lettre ouverte


Aujourd’hui, nous avons le sentiment de faire partie d’une famille. Nous sommes contents, heureux et reconnaissants car, ensemble, frères et laïcs, nous pouvons partager la même spiritualité et la même mission. Une nouvelle expérience d’Église est née aujourd’hui. (Bolivie)


Chers frères et sœurs,

Nous sommes très heureux de vous écrire cette lettre. Nous sommes un groupe de personnes qui, bien que très différentes les unes des autres, nous sentons fortement appelés à être laïcs maristes, et nous voulons partager avec vous la joie de savoir que :

Dieu nous a fait le cadeau de la vocation mariste

Nous avons fait l’expérience de l’amour infini du Dieu de Jésus de Nazareth et nous avons été séduits par son amour. Aussi voulons-nous être, avant tout, des disciples de Jésus, des serviteurs passionnés de son Royaume.

En suivant Jésus, et grâce à l’exemple de beaucoup de frères, nous avons découvert que Dieu nous appelle à vivre le charisme mariste comme une vocation personnelle. Et, comme Marie, nous avons répondu ‘Oui’.

Cette vocation nous unit aux frères et nous porte à partager avec eux la mission, la spiritualité, la formation, la vie. Nous sommes certains que nos vocations spécifiques, sans se confondre, s’éclairent mutuellement et que nous sommes, les uns pour les autres, une source permanente de richesse.

Nous nous sentons appelés à suivre le Christ comme Champagnat. Saint Marcellin est notre inspiration. Il nous conduit à Jésus par Marie, notre Bonne Mère et Ressource ordinaire. Avec l’Église, nous croyons qu’il est un don de Dieu pour le monde et qu’il nous pousse à prolonger son charisme dans l’histoire.

Le charisme mariste imprègne notre existence. Il nous est impossible d’envisager notre vie autrement. Notre vie se démultiplie et se fortifie dans la mission, se nourrit de la spiritualité et s’enrichit par le partage de la vie mariste. Mission, spiritualité et vie partagée sont les trois couleurs qui, en une seule harmonie, nous caractérisent et nous font dire : nous sommes maristes !

Les besoins des enfants et des jeunes nous brûlent et nous rêvons d’une mission mariste démultipliée et recréée avec force parmi les frères et les laïcs.

Nous sentons que le rêve de Marcellin est plus réel que jamais. Des millions d’enfants et de jeunes sont abandonnés, exploités, oubliés. Leurs cris sont ceux de l’Esprit de Dieu : ils nous brûlent, nous arrachent à nos commodités et nous envoient à leur service.

C’est pourquoi, nous sentons que la présence mariste, celle des frères comme celle des laïcs, doit se multiplier maintenant, sans attendre. Nous devons arriver jusqu’au dernier recoin du monde où l’on a besoin de nous.

Comme Maristes, nous sommes coresponsables de la réponse à cette mission commune, avec des tâches différentes. Ensemble, nous voulons décider, planifier, accomplir et évaluer ce que Dieu nous demande :

Évangéliser les enfants et les jeunes, là où ils sont et comme ils sont, dans une culture plurielle, complexe, où souvent ils n’entrevoient aucun espoir d’un avenir meilleur et dans laquelle leur vie est absorbée par l’attrait de la consommation et la superficialité.

Travailler sans relâche pour un monde plus juste, où personne ne serait exclu, où la misère disparaîtrait, où nous pourrions tous grandir en notre être, comme fils et filles de Dieu.

Développer entre nous et dans la société de nouvelles relations de réciprocité entre hommes et femmes, en sachant apprécier l’autre pour ce qu’il est, en éduquant une nouvelle génération pour un monde où tous seront à la fois égaux et différents.

Approfondir le dialogue interreligieux et œcuménique. En effet, c’est en étant à l’écoute de nos frères et sœurs des autres Églises et religions que nous entendrons l’Esprit qui, en eux, nous attend pour nous mener ensemble vers Dieu.

Propager une nouvelle relation avec la nature, plus évangélique, née du désir de la respecter et d’en prendre soin, relation qui permettra à nos jeunes de s’émerveiller de la création et de vivre de telle manière que l’existence de notre planète soit durable.

Pour ces nombreux motifs, nous nous engageons, de toute notre âme, à donner le meilleur de nous-mêmes dans l’accomplissement de cette mission.

Nous voulons vivre dans l’Esprit à la manière mariste

Comme chrétiens, nous voulons vivre dans l’Esprit. Nous avons appris de Marcellin à rencontrer Jésus à la Crèche, à l’Eucharistie et à la Croix. La spiritualité mariste :

nous invite à demeurer en présence de Dieu dans notre vie de chaque jour ;
nous porte à vivre la simplicité, la transparence qui naît de se savoir aimé inconditionnellement par Dieu, ce qui est déjà en soi un signe prophétique pour le monde ;
nous remplit de joie, de créativité, et nous fait apprécier la nouveauté de chaque jour ;
nous transforme en serviteurs de tous, passionnés de travailler pour le Royaume.

Être disciples de Jésus, à la manière de Marcellin, nous apprend à vivre un esprit de famille qui nous réunit en communauté et qui nous unit aux frères dans une grande famille mariste.

Marie de Nazareth est notre modèle. Elle nous append à vivre en famille, à évangéliser par la présence, à nous engager auprès des pauvres et à être accueillants envers tous ceux qui vivent à nos côtés. Nous voulons vivre en Christ, en imitant son amour de mère. Marie, qui chemine avec nous, nous conduit à Dieu.

Nous voulons cheminer ensemble avec les frères et revitaliser le charisme mariste

Ensemble, en partageant la vie, la mission et la spiritualité, nous nous connaissons de mieux en mieux. En répondant à l’appel de Dieu, nous découvrons et apprécions ce qui nous unit comme ce qui nous différencie. Nous constatons avec joie que notre fraternité se multiplie et s’enrichit, qu’une nouvelle tente est dressée par tous.

C’est maintenant le temps de faire ensemble les pas que l’Esprit nous demande. Nous ne pouvons le décevoir. Nous croyons que l’Esprit nous appelle à :

Montrer, ensemble, le visage de Dieu. Laïcs et frères, nous avons des manières de vivre complémentaires. Laïcs, insérés dans les réalités temporelles, nous consacrons le monde à Dieu. Frères, par nos engagements religieux, nous sommes prophètes du Royaume. Ensemble, nous montrons le visage de Dieu au monde.

Créer davantage d’espaces de communication profonde entre nous, des espaces qui permettront le partage de notre vie sous tous ses aspects : nous réjouir d’être ensemble, envisager la mission, prier d’un même cœur, partager notre histoire et notre formation… Tout ceci nous fait grandir en fraternité et devenir une vraie famille.

Apprendre à nous pardonner est indispensable. Les relations ne sont pas toujours positives. Il y a des personnes blessées, des plaies ouvertes. Les conflits ne doivent pas nous effrayer. L’important est de savoir guérir les blessures, de comprendre et accepter les limites de chacun et de nous réconcilier autour de la même table.

Prendre soin de la vocation mariste, la revitaliser et la multiplier. Proposer et accompagner la vocation mariste, de frère et de laïc, est une urgence pour nous, parce que nous brûlons d’accomplir la mission confiée : aller vers les enfants et les jeunes qui nous attendent.

C’est pourquoi, nous nous engageons à nous impliquer dans des actions de formation à la vocation mariste, religieuse et laïcale. Nous voulons que notre témoignage attire beaucoup de monde et que notre enthousiasme soit contagieux. L’amour nous habite et nous désirons que beaucoup d’autres jouissent de cet amour qui comble nos vies.

Cher frère, chère sœur, nous voulons te dire que Dieu, aujourd’hui, a béni cette famille en suscitant une nouvelle forme de vie mariste : la vie laïcale mariste. Nous le remercions de ce don et lui demandons de changer nos cœurs afin qu’ils soient à la hauteur de son appel.

En toute simplicité, nous demandons à Dieu de nous aider à être fidèles toute notre vie. Avec les frères, nous nous sentons envoyés par lui afin de faire connaître et de vivre plus profondément le charisme de Champagnat pour le bien des enfants et des jeunes, le bien de l’Église et du monde. Nous sommes invités à rêver, à prier et à réaliser ensemble le rêve de Dieu.

Je rêve d’œuvres maristes où la personne aurait toujours la première place. Où la mission serait si bien partagée qu’elle pourrait se programmer, se travailler et se décider en commun, en coresponsabilité.
Je rêve que nous devenions de plus en plus courageux et audacieux dans l’option pour les plus défavorisés.
Je rêve d’une famille de laïcs et de frères où tous se soutiennent et deviennent responsables, ensemble, dans le service mutuel. Une famille où Jésus soit, en vérité, le centre de notre vie. (Espagne)

Voilà bien, en vérité, une Bonne Nouvelle.

Merci, Jésus,
de m’appeler à te suivre.
Merci, Marie,
pour ta présence tendre, proche.
Merci, Marcellin,
de me communiquer ta passion
et de permettre que je rejoigne ton projet.
Merci, frères,
de partager votre trésor,
de nous inviter à rêver ensemble,
en fraternité ;
vivant, d’un seul cœur,
la même mission.
Merci à tous,
frères et laïcs maristes,
de m’apprendre
qu’on peut être plus heureux
quand on sait travailler et aimer :
travailler pour ce qu’on aime
et aimer ce pour quoi on travaille.
Amen.

(Uruguay)


















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NOTES


 Jn. 3, 8

 Gaudium et Spes, 1

 Cf. Lumen Gentium, 4

 Cf. Vita Consecrata, 54-55

 Christifideles Laici, 55

 Vita Consecrata, 54

 XXème Chapitre général, Choisissons la vie, 26

 L’amour de la volonté de Dieu et le désir de la réaliser tout au long de notre vie nous font accepter un ensemble de médiations (Constitutions, 40).

 Cf. Os. 2, 16-25 et tout le Cantique des Cantiques.

 Cf. Lc. 15, 11-32

 Cahier 4 du P. Champagnat. AFM 132.4, p. 33, n° 6

 Titre du document final du Forum Social Mondial de Porto Alegre (Brésil, 2001).

 Cf. Mc. 9, 35

 F. Seán D. Sammon, SG, Faire connaître et aimer Jésus : la vie apostolique mariste aujourd’hui. Circulaires du Supérieur général des Frères Maristes, volume XXXI, (3), 6 juin 2006, p. 72.

 Jn. 10,10

 Jean-Baptiste Montagne était un adolescent pauvre, sans aucune connaissance de Dieu, qui vivait aux Palais, hameau de la paroisse de La Valla, et qui, malade, fut visité par Marcellin quelques heures avant de mourir. Il est devenu le symbole de tous les enfants et les jeunes auxquels s’adresse la mission mariste (Cf. Jean Coste, SM, Origines Maristes, IV, p. 120).

 Cf. F. Jean-Baptiste, Vie de Joseph-Benoît-Marcellin Champagnat. Éd. Du Bicentenaire, Rome 1989, p. 504.

 Cf. Mt. 10,8

 Cf. Mission Éducative Mariste, 51 b et 165

 Cf. Redemptoris Missio, 37

 Assemblée Internationale de la Mission Mariste (Mendès, Brésil, septembre 2007) : Document final, élément 4°.

 Cf. Saint Augustin, De Trinitate, VIII, 10, 14

 Cf. Jean-Baptiste Furet, Avis, Leçons, Sentences, cap. XXVIII, Lib. Emmanuel Vitte, Lyon, 1927, p. 275-285. Notre texte présente les Petites vertus d’une manière adaptée aux laïcs, mais il correspond, pour l’essentiel, avec celui du frère Jean-Baptiste.

 Cf. Lc. 1, 39-56

 Cf. Jn. 2, 1-11

 Cf. Act. 1, 12-14

 Cf. F. Charles Howard, SG, Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste : une grâce pour chacun de nous (Projet de Vie). Circulaires du Supérieur général des Frères Maristes, volume XXIX (7), 15 octobre 1991, p. 348.

 Cf. F. Charles Howard, SG, Idem, p. 411-419

 Constitutions, 167.4

 Nous comprenons tous que le document « définitif » c’est la vie qui le rédigera; il sera écrit avec le cœur des laïcs, leur foi, leur expérience vécue de la spiritualité de Champagnat. Ce modeste document ne constitue que les grandes lignes, les premiers pas sur un chemin que la Famille Mariste aura à parcourir à l’avenir (Cf. F. Charles Howard, SG : Idem, p. 401).

 Cf. Jn. 4, 10

 Cf. Constitutions, 49

 Cf. Lc. 2, 7

 Cf. Lc. 15, 11-32

 Cf. Lc. 14, 15-24

 Cf. Titre de l’ouvrage : Urs Von Balthasar, Seul l’amour est digne de foi, Salamanque 1975.

 Cf. Ap. 21, 4

 Lc. 1, 38

 Lc. 2, 19

 Lc. 1, 53

 F. Jean-Baptiste, Idem, p. 97

 Cf. L’Eau du Rocher, 80-87

 Cf. L’Eau du Rocher, 33-41

 Cf. Ex 17, 1-7

 Cf. L’Eau du Rocher, 124

 F. Jean-Baptiste, Idem, p. 242

 Jn. 3, 8

 Cf. Redemptoris Missio, 55

 Cf. Assemblée Internationale de la Mission Mariste de Mendes (Brésil) : Idem, élément 2°. L’expression Maristes de Champagnat y apparaît pour la première fois. Elle concerne tous les états de vie qui suivent le charisme de saint Marcellin.

 Cf. Constitutions, 8

 Cf. Projet de Vie, 6 et 22 (F. Charles Howard, SG, Idem, pp. 413 et 418).

 XXe Chapitre général, Choisissons la vie, 26

 Cf. L’Eau du Rocher, 114

 Cf. Jn. 19, 25-27

 Cf. Act. 1, 14

 Cf. Vita Consecrata, 54

 Cf. F ; Benito Arbués, SG, Cheminer sereinement mais sans tarder. Circulaires du Supérieur général des Frères Maristes, volume XXX (1), 8 novembre 1997, p. 36. Le frère Benito raconte une belle légende américaine : Il s’agit d’une tribu indienne qui campe depuis des temps immémoriaux au pied d’une haute montagne. Son chef, gravement malade, appelle ses trois fils et leur dit : « Gravissez la sainte montagne. Celui qui me rapportera le plus beau cadeau me succédera comme chef ». L’un des trois fils lui rapporta une belle fleur rare. Un autre lui offrit une magnifique pierre multicolore. Le troisième dit à son père : « Je ne vous ramène rien. Du sommet de la montagne, j’ai pu voir sur son autre versant de merveilleuses prairies et un lac aux eaux cristallines. J’en ai été tellement impressionné que je n’ai rien pu rapporter ; mais je rêve de ce nouvel emplacement pour notre tribu. » Et le vieux chef répondit : « C’est toi qui seras le chef parce que tu m’as apporté en cadeau la vision d’un avenir meilleur pour notre tribu. »

 Assemblée Internationale de la Mission mariste (Mendès-Brésil, septembre 2007), Idem, élément 2° (Vocation 4 et Mission 4) et élément 4° (4)

 Cf. Redemptoris Missio, 28 et 29

 F. Basilio Rueda : Discours d’ouverture de la 1ère Conférence générale (Méditation à haute voix d’un Frère Supérieur général devant ses Frères Provinciaux. Circulaires des Supérieurs généraux des Frères Maristes, volume XXV, 1er juillet 1971, p. 399 (Citant Yves Congar).





























GUIDE DE TRAVAIL


1
LA VOCATION LAÏCALE MARISTE

Comment le charisme mariste est-il devenu présent, au cours de ta vie ?

Face au charisme mariste, les laïcs se situent de différentes façons. Quelle est la façon dont tu te situes ? Pourquoi ?

Dans ton expérience de laïc/frère mariste, quels ont été les apports des frères/laïcs ? Et toi, que leur as-tu apporté ?


2
LA MISSION

Partage ton expérience de participation à la mission mariste.

Quelles lumières et quelles ombres as-tu connues dans ce partage de la mission mariste ?

À quelles nouvelles présences, styles, lieux… te sens-tu appelé au service de la mission mariste ?


3
LA VIE PARTAGÉE

Qu’est-ce qui te motive pour rendre tes relations authentiques, simples, accueillantes, et pour vivre l’esprit de famille ?

La dimension communautaire fait partie de la vocation laïcale. Comment vis-tu cette dimension ? Que souhaiterais-tu en ce domaine ?

Comment et où vis-tu la rencontre entre frères et laïcs ? En quoi pouvons-nous progresser dans ce domaine, comme personnes, province, Institut ?


4
LA SPIRITUALITÉ

Où rencontres-tu Dieu le plus facilement ? Quels sont les principaux obstacles que tu rencontres sur ce chemin ? Peux-tu compter sur quelqu’un pour t’aider et t’accompagner ?

En quel sens Marie est-elle un modèle pour ta vie ? Quelles sont les principales attitudes mariales qui t’attirent le plus ? Pour lesquelles ressens-tu un besoin d’approfondissement ?

Concrètement, comment vis-tu la présence de Dieu en famille, au travail, en groupe de vie, dans l’Église locale… ?

Note : la même question peut être posée à propos d’autres caractéristiques de la spiritualité : simplicité, sens de l’humour, amour du travail…

Question sur l’unification aux chapitres 2, 3 et 4 :

Comment ressens-tu dans ta vie la relation entre mission, vie partagée et spiritualité ? Ta vie en est-elle unifiée dans le Christ ?


5
FORMES DE RELATIONS AVEC LE CHARISME MARISTE

Pour les laïcs : Partage comment tu te sens face à la relation que, personnellement ou comme groupe de laïcs, tu entretiens avec l’Institut et/ou avec le charisme mariste.

Pour les frères : Partage comment tu te sens face aux laïcs qui, personnellement ou comme groupe, désirent une relation plus forte avec l’Institut et/ou avec le charisme mariste.

Penses-tu que la reconnaissance de la vocation mariste laïcale soit importante ? Pourquoi ? À ton avis, quels chemins seraient les meilleurs pour arriver à cette reconnaissance et que devrait-elle impliquer ?

Considérant ta propre expérience mariste (de laïc ou de frère), vers quel nouveau modèle mariste penses-tu que l’Esprit Saint nous guide, comme personne et comme groupe ?


6
ITINÉRAIRES DE CROISSANCE DANS LA VOCATION

Pense à ton propre chemin de foi. Quels en ont été les pas ou les étapes qui t’ont permis de découvrir, peu à peu, ta vocation mariste de laïc ou de frère ?

Par quelles réalités te sens-tu interpelé en ce temps où le charisme mariste connaît une vitalité et une compréhension nouvelles ? Quel style de formation pourrait nous aider à relever les défis ?

Chacun de nous a rencontré des personnes importantes qui l’ont aidé à découvrir sa vocation mariste, à y grandir et à la vivre. Réfléchis et partage ce que nous, laïcs et frères, pourrions faire pour promouvoir nos vocations respectives.





REMERCIEMENTS

Nous remercions de tout cœur les laïcs qui nos ont envoyé un témoignage concernant leur vocation mariste. Ces témoignages donnent une âme au document :


Amazônia :
Aldemízia Magalhães, Alice, Edilene Petry, Éster Aquino, Gisalda Mariano, Sernizia Araújo, Vânia Magalhães (comme groupe de laïcs), Maria de Nazaré do Nascimento (Brésil).

América Central :
Lilian Cobar (El Salvador), Francisco Porres (Guatemala), Víctor Quiñones – Miranda (Porto Rico).

Brasil Centro-Norte :
Geraldinho Costa, José Jorge Ribeiro, Layza Gomes, Maria da Conceição Santana, Maria de Lourdes Leal, Silas Rodrigues (Brésil).

Brasil Centro-Sul :
Ivete Maria Piai Nascimento, Karin Eliana Lacerda, Lúcia Lima Coelho (Brésil).

Canada :
Adrienne Rainville, Claude Harvey, Claude Prégent, Linda Corbeil (Canada).

Compostela :
Carmina Romo, Roberto González, Sonia Calvete (Espagne).

Cruz del Sur :
Feno et Mónica Larrambebere, Magdalena Peychaux (Argentine), Ana Karina Parente (Uruguay).

East Asia :
Charita Y. Salibio, Ladislao Flores, Olimpia S. Cristobal (Philippines), Gabriel Khoo, Joseph Chua (Singapour).

Ibérica :
Ana Sarrate, Andrés Gil, Andrés Larrambebere, Lucila Lobo, Manuel Ángel Poyatos (Espagne).

L’Hermitage :
Josep Buetas (Espagne), Catherine Demougin, Jean-Marie Weibel, Pierre et Mireille Reynaud (France), Dimitri Kostas (Grèce).

Madagascar :
Pauline Ramampiandra, Rufine Lalatiana, Solonirina J. Rahantamalala (Madagascar).

Mediterránea :
Carlos Ares, Carlos et Mercedes Ramos, Dolores Moreno (Espagne).

Melanesia :
Benedict Tooming (Papouasie-Nouvelle-Guinée).

Melbourne :
Barbara Radford, Gail Coates, Maria Outtrim, Peter Chalkley (Australie).

México Central :
Alba Guerrero, Héctor G. Flores, Pedro Chinchilla (Mexique).

México Occidental:
Luis H. Medrano, María de los Ángeles Noriega, Patricia C. Ríos (Mexique).

New Zealand:
Ami Aukusitino (Nouvelle-Zélande).

Nigeria:
Achi Godwin Chibueze, Andrew Chukwuka Okwuo, Ohawuchi Anthonia Eje (Nigeria).

Norandina:
Claudia Rojas, Francisco Murillo, María Eugenia Muñetón, Ruperto Lasso, Teresa Hernández (Colombie), Peggy Vivas (Venezuela).

Paraguay:
Emilio Tomás Delgado, Marisa Armoa (Paraguay).

Rio Grande do Sul:
Edison Jardim de Oliveira, Reni Giaretta Oleksinski, Rosani Brochier Nicoli (Brésil).

Santa María de los Andes:
Ricardo et Silvia Miño (Bolivie), Carolina Vargas (Chili), Doris Castillo (Pérou).

South Asia:
D.A. Siyambalapitiya, G.K.L. Jayanthya Fernando, W.T.A. Leslie Fernando (Sri Lanka).

Southern Africa:
Caron Darby, Hugh Fynn, Michelle de Rosnay Parker, Valerie Vella (Afrique du Sud).

Sydney:
Carmel Luck, John Pestana, Tania Pestana, Mark Tuffy (Australie).

United States of America :
Alice J. Miesnik, Kate Authenrieth, Pedro Garcia-Casals, Vincent Andiorio (États-Unis).

West Central Europe :
Aiden Clarke (Irlande), Alfred Urban (Allemagne), Tony McLean (Royaume-Uni).
























INDEX


PRÉSENTATION

INTRODUCTION

1
LA VOCATION LAÏCALE MARISTE

Fils de notre époque

Les laïcs dans l’Église, Peuple de Dieu

Les laïcs maristes

Différentes manières de se situer, pour les laïcs, face au charisme
Les laïcs maristes : une vocation chrétienne

La vocation laïcale mariste et la vocation du frère

La transmission d’un don : le charisme mariste

Saint Marcellin Champagnat, notre guide pour suivre Jésus

Trois dimensions d’une seule vie : mission, vie partagée, spiritualité

2
LA MISSION

Le Christ nous envoie : la mission des laïcs

Avec la passion de Marcellin : la mission laïcale mariste

Coresponsables de la mission commune

- Ensemble dans la mission
- La relation de travail
- La relation de volontariat
- Gestion et coresponsabilité

Passionnés pour diffuser et dynamiser la mission

3
LA VIE PARTAGÉE

Dieu est communion dans la diversité

Notre expérience de communion : l’esprit de famille

La famille, signe de communion

Faire naître la communion en toute la vie

La table de La Valla
Nous unit au monde entier

Du partage naît la communauté

Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste
Communautés de vie de frères et laïcs
Autres groupes de laïcs maristes

Nouvelles structures de communion

4
LA SPIRITUALITÉ

Vivre dans l’Esprit

Suivre Jésus, le centre de la vie du laïc mariste

Comme Marie

Un style de vie dans l’Esprit

Interrelation entre mission, vie partagée et spiritualité

5
FORMES DE RELATION AVEC LE CHARISME MARISTE

Ensemble, témoins du charisme

En relation avec d’autres congrégations maristes

En relation avec l’Institut des Frères Maristes

Lien et sens de l’appartenance

Reconnaissance de la vocation

Vers un nouveau modèle mariste dans l’Église

6
ITINÉRAIRES DE CROISSANCE DANS LA VOCATION

La vocation, un chemin de foi

Étapes du chemin

Nous découvrons l’appel de Dieu…
Nous discernons le choix de vie mariste…
Et nous vivons ensemble en constante croissance

Caractéristiques fondamentales du chemin

C’est en marchant qu’on ouvre le chemin : formation permanente.

Lettre ouverte

NOTES

GUIDE DE TRAVAIL

REMERCIEMENTS