judith polonsky - notreclan
Les collèges n'enseignent que la géométrie, mais les parisiens se pressent aux
cours ... le climat moral change, la littérature est plus hardie, plus gaie, dès 1716,
... Cet esprit qui unit le goût du savoir et le goût de plaire aux contemporains est
.... Examen de la religion dont on cherche l'éclaircissement de bonne foi, a été ...
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JUDITH POLONSKY
Chez mes parents, dans la cuisine, ma mère baignait ma soeur aînée Slava, elle interpella mon père : « regarde comme elle est belle ! ».
Cette réflexion marque toute mon enfance, comme dailleurs le sentiment de notre extrême pauvreté.
Ma soeur aînée était belle et bête de lavis de tout notre entourage, et moi intelligente mais laide !
Alors jai tenu à faire des études pour men sortir et compenser ainsi tout ce qui me faisait souffrir : le fait dêtre pauvre et le sentiment dêtre laide.
Je suis née en août 1913 à LIEPAJA ville de 60000 habitants en LETTONIE. Nous étions 5 enfants : ma soeur Slava, moi Judith, Riwkah, mon frère Joseph, ensuite ma plus jeune soeur Pessi.
Ma mère sappelait Malka ; elle était une grande et jolie femme, noble de coeur.
Mon père David était moins chaleureux, javais peu de contacts avec lui. Rapidement, jai été envoyée chez ma grand-mère maternelle « MINA » qui habitait avec son mari Hirsche KAHN et sa deuxième fille, ma tante Guitta, à Salanti, petit village de Lithuanie appelé « Schtetl » où je ne voyais que des juifs.
Les « Schtetl » étaient des petites bourgades, habitées par des juifs, disséminés par centaines en Pologne et dans les pays baltes. Ils ont tous disparu pendant la guerre. Salanti était un de ces « Schtetl ». Je me souviens dune rue principale qui traversait toute la bourgade. Les jours de marché, les paysans non juifs venaient des alentours pour vendre les produits ou acheter sur place. Cétait une foule très vivante. Ces fois là, mon grand-père était très occupé à vendre ou à acheter du chanvre.
En permanence, un fil de fer était tendu dun bout à lautre de la rue et délimitait une zone aussi sacrée que lintérieur dune maison juive. Ce périmètre incluait la synagogue et presque toutes les maisons juives. Cela signifiait que les jours de Sabbat on navait pas le droit de travailler, comme à lintérieur dune maison.
Ma tante achetait beaucoup de choses pour coudre pour mhabiller. Elle était très bonne pour moi. Ma soeur Riwkah ma rejointe. Donc ma grand-mère nous a élevées toutes les deux.
Mon grand-père était un homme très respecté. Il était honnête, bon, juif pratiquant. Il était marchand de chanvre, il allait chercher le chanvre loin dans le pays, avec une voiture à cheval pour le revendre le mercredi jour de marché.
Nous marquions les fêtes religieuses, jallais à lécole juive où je recevais aussi un enseignement religieux.
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Chez ma grand-mère, tante Guitta était déjà âgée (environ 30 ans) et on cherchait un mari pour elle à laide dune marieuse. Le fiancé une fois trouvé est venu à la maison. Il présentait bien. Elle mettait de lail dans ses poches pour ne pas le perdre ! ou quil ne fasse pas enlever par une autre femme , ou encore que le mauvais oeil ne le touche pas !
Plus tard, des parents les ont fait venir tous les deux en Afrique du Sud.
Une fois mariée, tante Guitta a continué à soccuper de moi. En Afrique du Sud, elle a eu un fils : « le petit Yossele » (Joseph) qui a étudié la médecine. Elle en était très fière.
Elle se mit à apprendre langlais et un jour elle mécrivait à Paris : « Yossele est devenu un « Mantel-Arbeiter ». (Jai cru quelle voulait dire : tailleur. Or cétait « Mental-Arbeiter » !!!).
Quand javais huit ans, ma soeur Riwkah et moi avons été ramenées chez mes parents en LETTONIE à Liepaja. Ma mère métait tout à fait étrangère.
On nous a inscrites à lécole. Jétais très bonne en maths, physique, géométrie, et cela a toujours continué ainsi. Nous fréquentions une école juive où lon nous enseignait lallemand, mais cétait aussi la langue dans laquelle était donné lenseignement des autres matières, nous avions deux heures déducation religieuse par jour où nous étudions la bible en hébreu.
Ma soeur était dans la même classe que moi, car elle avait redoublé. Lécole coûtait très chère, et mes parents navaient pas les moyens de payer les frais de scolarité pour deux, aussi ma soeur aînée, mauvaise élève était souvent renvoyée, et moi étant très bonne élève jy suis restée.
Quand nous avons pu payer, ma soeur est revenue à lécole. Je navais pas une scolarité heureuse car je devais toujours être excellente, LA PREMIERE. Je devais être un exemple pour mes camarades à qui je devais donner des cours !
Chaque composition était un cauchemar. Le professeur de maths venait avec trois sujets, un pour Judith et un garçon « Dodo », un pour les dix premiers élèves et enfin un pour les autres.
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A Liepaja, nous habitions un appartement de 3 pièces plus 1 cuisine. Nous dormions à plusieurs enfants dans la même chambre. Lappartement se trouvait dans une maison en bois à 1 étage avec une cour. Lappartement était très dur à entretenir ; nous navions pas de bonne et je devais frotter le parquet en bois blanc. La pauvreté resta le souvenir de mon enfance.
Ma mère soccupait de la maison et aidait mon père à la petite boutique de mercerie quil tenait. Il vendait du fil en gros « D.M.C.». Il allait sapprovisionner par le train à Riga. Mon père lui, était lintellectuel de la maison ! Il allait le soir dans un club nommé « KADIMA » pour lire différents journaux spécialement en hébreu. Cétait un grand bel homme, plutôt gentil avec moi, plus tard il fut très fier de moi : « LA SEULE DANS LA VILLE QUI ETUDIA A LETRANGER ».
Ses parents nous invitaient de temps en temps chez eux laprès-midi du Sabbat pour goûter, ma grand-mère était boulangère à Liepaja et mon grand-père ne travaillait pas, mais étudiait le Talmud.
Mon père avait trois soeurs qui nous invitaient aussi le samedi après-midi.
A 16 ans, jai passé brillamment mon « bachot » ; dans cette école on me trouvait très perfectionniste et tenace. Ce bac avait une équivalence en France. Javais une envie folle détudier : donc de quitter la Lettonie et daller à létranger.
Après le bac je suis restée une année à la maison où je donnais des leçons pour gagner de quoi payer en partie mon voyage. Il se trouvait quune de mes condisciples (Rebecca) à qui je donnais des cours, avait un frère qui étudiait la médecine à Paris. Elle voulait y aller pour voir Paris et sest inscrite à la faculté de droit.
Jai décidé de partir avec elle. Jai écrit au cousin de ma mère Louis SHER, établi en Afrique du Sud qui était riche, pour lui demander de maider à payer mes études, il accepta.
En arrivant à Paris à lautomne 1930, javais 17 ans. Jai débarqué Gare du Nord avec mon amie, après un voyage terrible de 24 heures, assises sur des banquettes en bois, avec un changement à Berlin.
Le matin, la Gare du Nord me semblait lugubre.
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Le frère de mon amie nous attendait et nous a emmenées, transies de froid, à lHôtel des Mines, 191 boulevard Saint Michel, où il nous avait loué une chambre pour toutes les deux au dernier étage sans ascenseur.
Jécrivais souvent à mes parents et décrivais tout ce que je découvrais. Entre autre jétais enchantée par la minuterie qui restait allumée tout le temps de la montée de lescalier.
Je me suis mise rapidement à apprendre le français par moi-même, en me promenant et en lisant les enseignes. Jai pris peu de cours particuliers par manque dargent, « comestible » et «combustible » me travaillaient beaucoup... je confondais les deux ! je suis vite rentrée pour regarder dans le dictionnaire.
Par manque de revenus stables, je pensais faire des études courtes. Déjà à Liepaja je pensais à la bactériologie. Je me suis aperçue quil ny avait pas de cours de bactériologie à la Sorbonne. Jai entendu parlé dune école privée « SCIENTIA ».
Je my suis inscrite malgré le prix élevé des cours et jai économisé sur la nourriture et sur lhabillement, pas une seule fois de la viande la première année !
A la fin de la 1ère année 1930/1931, jai reçu le diplôme daide-chimiste, et la 2ème année 1931/1932, le diplôme daide bactériologiste.
Je retournais à Liepaja en vacances chaque année.
Par manque de nourriture équilibrée, ma mère sest effrayée car javais « gonflée ». Javais fait des progrès énormes en français. Au cours de la seconde année décole, je me suis aperçue quil valait mieux minscrire à la Sorbonne.
Je my suis donc inscrite en 1931 pour passer le plus petit certificat : « chimie appliquée », jai réussi ce certificat avec bien des difficultés. Cela ma demandé énormément de travail.
A lécole Scienta, jai été reçue avec mention TRES BIEN !
En troisième année (1932-1933), je me suis inscrite à deux certificats à la Sorbonne : « chimie générale » et « chimie biologique ». A ce moment là, la licence ès-sciences que je souhaitais obtenir comportait trois certificats dont chimie générale qui était très important. En juin jai passé chimie générale, (360 candidats, jai été reçue 4ème !
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Pendant lété à Liepaja, jai préparé le certificat de chimie biologique que jai réussi avec MENTION BIEN à la session dautomne.
Ce certificat ma beaucoup intéressée, javais un très bon professeur, M. JAVUILLIERS, avec lui une petite anecdote : jai appris que la fonction « ALDEHYDE » du sucre se combine au cyanure. Il a illustré cette propriété par lhistoire vraie ou fausse de RASPOUTINE qui aurait échappé à lempoisonnement au cyanure en mangeant des mets sucrés !
Je me trouvais en possession dun diplôme qui me permettrait dêtre aide-chimiste ou aide-bactériologiste et dune licence ès-sciences avec chimie générale.
Jai alors cherché un laboratoire pour travailler et pour préparer éventuellement un doctorat.
Avec bien du mal, jai trouvé une place, non payée, chez le Pr TIFFENEAU à la Faculté de Médecine, rue de lEcole de Médecine. Ses collaborateurs, dont Mlle TCHOUBAR (un peu plus âgée que moi, elle fut mon premier professeur) étaient très gentils avec moi.
Jhabitais une chambre de bonne mansardée au 7ème étage au quartier latin, 43 rue des Ecoles.
Jai été témoin de nombreuses bagarres provoquées par les J.P. (Jeunesses Patriotiques Fascistes) contre les étudiants. La police ne pouvait les poursuivre à lintérieur de luniversité, ils se réfugiaient à la Sorbonne.
Un jour une bande a fait irruption dans le laboratoire du Pr TIFFENEAU, en criant des slogans antisémites et xénophobes. Mlle TCHOUBAR a eu la présence desprit et le sang froid dattraper un flacon dACROLEINE sur une étagère et de le leur lancer. Cest ce puissant lacrymogène qui les a fait fuir.
Il y avait aussi M. WEIL et M. CAHNMAN qui venaient darriver comme réfugiés dAllemagne et mont beaucoup appris. Ce dernier travaillait comme un dieu !
Il mapprit notamment à travailler sur de petites quantités. Plus tard il est devenu un grand ami.
Il est parti aux Etats-Unis en 1939 où il est devenu un chimiste réputé.
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Mlle TCHOUBAR est morte il y a 2 ans, auparavant je la voyais de temps en temps aux Congrès. Elle a fait une belle carrière de chimiste.
Pour vivre, mes collègues sont intervenus auprès de TIFFENEAU afin quil me donne un salaire. Il a refusé ! il a simplement proposé de me donner à faire une bibliographie à traduire de lallemand, le soir, après mon travail au labo. Pour cela il pourrait me payer un peu.
Cest ce que jai fait, mais cétait loin de me permettre de vivre. Mon cousin a continué à menvoyer de largent de façon très irrégulière, de sorte que je ne savais toujours pas ce dont je pouvais disposer.
Au laboratoire, TIFFENEAU ma donné un sujet de travail qui pouvait devenir un sujet de thèse.
Parallèlement, je cherchais de petits travaux. Cest ainsi que jai trouvé, bd Raspail, à travailler dans un foyer de jeunes filles, au self, pendant les repas du soir. Et jy gagnais ainsi mon dîner !
Autre travail qui consistait à aller chercher deux enfants à lécole à midi et à les raccompagner après le repas rue dAssas, dans une famille bien française.
Je prenais mon déjeuner avec eux, au moment du fromage, comme nous étions habitués dans notre pays à le prendre le soir au dîner, je me suis servie une tranche de gruyère très mince, mais sur toute la largeur du morceau ... Quelle ne fût pas ma surprise et ma gêne lorsque je vis les autres personnes prendre un petit morceau de plusieurs fromages !!!
Le dimanche, javais été engagée dans la famille FERRIER pour promener les enfants au Bois de Boulogne, une petite fille et un petit garçon, et leur parler allemand.
Ils habitaient un superbe appartement à la Muette. M. FERRIER (haut fonctionnaire au Ministère de lAir) sintéressait beaucoup à mes études et était particulièrement gentil avec moi.
Quand jai réussi Chimie Générale, il ma offert le champagne que jai bu pour la première fois de ma vie.
Souvent le soir, ils minvitaient à sortir avec eux. Cest ainsi que je suis allée pour la première fois au cinéma, au Paramount, sur les grands boulevards.
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Après la guerre, et après la soutenance de ma thèse, je voulais lui prouver ma reconnaissance et lui montrer que sa gentillesse navait pas été vaine. Jétais mariée, javais deux enfants et je lai invité à déjeuner à la maison. Il était ravi de me voir.
Un jour jai appris que mon ancien professeur dhébreu de Salanti se trouvait à Paris où il était devenu fourreur.
Je lui ai rendu visite et lui ai demandé sil avait du travail pour moi. Il ma proposé de doubler des cols de fourrure.
Je me promenais à travers Paris avec de grands ballots de cols de fourrure jusquà ma chambre dhôtel.
Par une petite annonce dans un quotidien, (PARIS-SOIR), javais trouvé un petit travail mémorable.
Il y avait deux équipes qui se remplaçaient : la première de sept heures du matin à midi, la seconde laprès-midi.
Moi jai choisi celle du matin pour continuer mes études dans la journée. Nous habitions avec Rebecca au 360 rue de Vaugirard. (Elle avait aussi fait venir sa soeur !).
Je prenais le premier métro, notre travail était le suivant : nous étions assises chacune à un petit pupitre surmonté dun clavier sur lequel je tapais des noms et des adresses qui se gravaient sur une plaque de métal. Jen avais des ampoules aux mains !
Jy ai travaillé plusieurs mois, et, chaque matin dans le premier métro je voyageais avec des ouvriers qui partaient avec leur musette sur lépaule.
Un jour je me suis aperçue que je navais plus mon portefeuille avec tous mes papiers et tout mon argent ... désespoir. Le soir jétais chez moi, désespérée. On a sonné vers dix sept heures et quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver un de ces ouvriers qui me rapportait mon portefeuille avec tout ce quil contenait !
Je lai presque embrassé ! Cela ne se serait jamais produit chez nous en Lettonie !
A partir de ce jour, jai tenu le peuple français comme le plus honnête et le plus gentil du monde.
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Jai répondu aussi à une petite annonce où lon proposait de fabriquer des abat-jour. Jai confondu avec la broderie « faire des jours » et je ne me suis aperçue de mon erreur quen arrivant à la porte !
Pendant ce temps, jéconomisais de largent pour faire venir ma soeur aînée qui est restée environ deux ans en France avant davoir le droit de partir pour Israël. Cétait les anglais qui donnaient la licence pour partir en Israël et exigeaient quelon fasse 2 ans de préparation dAgronomie, appelée « HACHARA » ce quelle fit à Tours. Deux ans pendant lesquels nous avons vécu ensemble.
Pendant tout ce temps je continuais de travailler au laboratoire du Pr TIFFENEAU. Mlle TCHOUBAR, sa collaboratrice, ma offert ma première cigarette (une chesterfield), ce quelle fuma jusquà sa mort. Elle ma fait également découvrir le n° 5 de Chanel !
Le Docteur CAHNMAN , quant à lui, ma invitée à mon premier concert à Pleyel et par la suite my invitait souvent.
Cétait un grand mélomane qui suivait le concert sur la partition ! je me moquais de lui.
Pendant les vacances, ayant du temps libre, je me suis inscrite à la Sorbonne pour un certificat de Physiologie Générale que jai passé brillamment à lautomne 1935.
Cest cet été là, à Liepaja, que jai connu mon mari. Je préparais mon certificat de Physiologie Générale dans la petite mercerie de mon père. Comme il ny avait pas de clients, il se tenait sur le trottoir de la boutique et a rencontré Madame POLONSKY, la femme du Rabbin qui se promenait avec son fils Joseph.
Celui-ci était en vacances, comme moi et revenait aussi de France, (de Grenoble), où il venait de finir lEcole dElectricité et sapprêtait à repartir à Paris pour continuer ses Etudes Supérieures dElectricité.
Jai entendu Madame POLONSKY dire « je veux la voir ! », « je veux la voir » il sagissait de moi.
Elle est entrée dans la mercerie avec mon père et elle ma présenté son fils. Nous avons décidé de nous revoir car il voulait des renseignements pour trouver une chambre à Paris.
Ce jour là, nous sommes allés nous promener sur la plage. Il a beaucoup parlé. Nous sommes convenus de nous revoir à Paris lorsquil y viendrait et je lui ai donné mon adresse.
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Je rentrais chez moi un soir, après mon travail au foyer de jeunes filles ; jai vu arriver un jeune homme avec un pull à pompons et cest ainsi qua commencé notre idylle.
Joseph et moi navions pas eu daventures avant de nous rencontrer, il était gai, chaleureux, passionné.
Dans la chambre du boulevard Saint Michel, jai rencontré Yety SIVSON qui est devenue par la suite Madame FRESCO et qui est actuellement une de mes meilleures amies, bien quétant de cinq ans plus âgée que moi.
Quelques années plus tard, elle a fait venir sa soeur Jenka. Jai fait sa connaissance et nous sommes devenues aussi des amies très proches.
Jai partagé plusieurs fois ma chambre dhôtel avec Jenka, dont un studio rue Pierre Curie. A lhôtel jai commencé par habiter au 7ème étage pour finir au 3ème. Le dimanche nous allions aux bains municipaux car nous navions pas de salle de bains.
Le futur mari de Jenka, Manès SPERBER, était appelé MOUNJU, par ses amis. De huit ans plus âgé que nous, il venait de Vienne où il avait fait de brillantes études de psychologie. Il avait été lélève, puis le collaborateur dADLER. Cétait une lumière pour moi. Je nai plus jamais de ma vie rencontré un homme cultivé, érudit et généreux.
Mounju nous appelait Joseph et moi « DIE KINDER ».
Nous sortions tous les quatre au cinéma ou en excursion, nous étions très souvent ensemble. Un jour que nous faisions du bateau sur un lac à Vincennes, Manès voulait rappeler Joseph pour quil rentre, parce quil sétait éloigné, il a trouvé plus facile de lappeler POLO : ce nom lui est resté et par la suite tous les intimes lont appelé comme ça, et moi Madame POLO.
Je garde un excellent souvenir de cette période de ma vie.
Nous nous sommes mariés POLO et moi le 1er septembre 1939 à la Mairie du Vème. Témoins : MOUNJU et JENKA.
Tous les quatre portions des masques à gaz !!!
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Nous avons fêté ce mariage au restaurant BEULMAN, bd Saint Germain. On sest tant jeté sur les nombreux hors-doeuvre que nous navions plus faim pour la suite du repas.
Nous avions écrit pour annoncer notre mariage à nos parents, mais la guerre ayant éclaté, nous ne savions pas sils avaient reçu nos lettres !
Le Professeur TIFFENEAU (de 1935 à 1939) ma donné un sujet de thèse qui ma permis de faire quatre publications sous mon nom de jeune fille. Publications parues dans les comptes rendus de lAcadémie des Sciences (1935-36-38-39).
Cependant je nétait toujours pas payée. Pour trouver du travail dans ma spécialité, il me fallait une carte de travail. Cétait extrêmement difficile à obtenir.
Je me disais que jallais encore passer des diplômes et que jen tapisserai ma chambre.
Jai été reçue PREMIERE au certificat de Physiologie Générale ! mon professeur LA PIC ma félicitée.
Mon français sétait amélioré sans cesse et sur le conseil de Melle TCHOUBAR, jai découvert les classiques de la littérature française Stendhal, Flaubert, Zola ... Lénorme livre de Jaurès.
TIFFENEAU ma fait entrer en contact avec une de ses anciennes élèves qui travaillait à Argenteuil chez ROURE BERTRAND, Justin DUPONT & Fils (matière première pour parfumerie), où il y avait un poste de chimiste à pourvoir.
Mais il fallait ce fameux certificat de travail ! ...
TIFFENEAU ma recommandée auprès dun haut fonctionnaire dun Ministère, en faisant valoir mes connaissances de différentes langues qui me rendaient indispensable !
Jai obtenu mon certificat de travail de la préfecture et une salaire de 35000 F ce qui était considérable pour lépoque ! Avec cà, jai acheté ma première fourrure !!!
Javais pour condisciple une jeune roumaine avec qui je formais un « binôme » pour les travaux pratiques. Elle aussi a continué ses études à la Sorbonne avec difficultés cependant. Elle madmirait beaucoup. Elle sest mariée, est devenue Mme WEISSBUCH et a interrompu ses études. Ses deux fils ont fait lEcole Normale Supérieure et sont actuellement dexcellents physiciens. Lun deux est en relation étroite avec ma fille Nicole.
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Grâce à ce travail à Argenteuil, nous étions les plus riches de notre groupe damis (POLO a terminé SUPELEC et a trouvé une place à la THOMSON-CSF).
Puis ce fut la guerre et lexode, lusine sest repliée à Nevers et je suis partie avec eux.
Mounju sest engagé comme volontaire. Jenka ma rejointe à Nevers. Tout le personnel de lusine sest dispersé.
Nous avons continué de nous replier jusquà Bergerac car jy avais ladresse dun compatriote. POLO my a retrouvée. Il ma amenée à Limoges. Jenka a rejoint Mounju à Cagnes sur Mer.
Le directeur de ROURE BERTRAND dArgenteuil mécrivit que je pouvais rejoindre le Pr LEDERER qui était à ce moment là leur Conseiller Scientifique et qui se trouvait à Lyon en zone libre. Il me proposait de travailler avec lui.
Mon mari a accepté et je suis partie, déjà enceinte dIrène. POLO venait me rejoindre le week-end en apportant des pommes de terre dans sa valise !
Je logeais chez des amis les GLICKMAN. Japprenais beaucoup de choses avec le Professeur LEDERER. Je navais pas dit que jétais enceinte et début juillet, jai arrêté le travail pour me reposer avant la naissance dIrène.
Le Pr LEDERER ma écrit que je pourrais reprendre mon travail après laccouchement. Cest ce que jai fait avec le bébé car les SPERBER mavaient trouvé une amie (Rosy HOCHWALD) pour soccuper dIrène. Elle vivait à Nice avec son enfant de 3 ans Edith, son mari étant prisonnier. Elle est venue et nous avons vécu ensemble dans un petit appartement à Lyon.
Son mari Théo a été rapatrié par la suite, car il était malade. A lissue de la guerre jusquà il y a encore peu dannées nous sommes restés des amis très intimes.
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Près de Limoges, en zone libre, la THOMSON avait un émetteur radio. POLO est allé y travailler avec tout le reste du personnel. Avec deux collègues de mon mari, M. GLICKMAN et sa famille, nous avons partagé un pavillon. Cest là quIrène est née. Nous vivions au rez-de-chaussée qui souvrait sur une véranda glaciale à tel point que lorsquIrène est née, elle y dormait avec des gants.
Mme GLICKMAN était doctoresse. Elle était rayonnante de bonté et sa maison était ouverte, le samovar toujours prêt, pour accueillir et consoler. Les GLICKMAN avaient deux fils de 12 et 13 ans.
Nous nous sommes liés dune amitié qui a duré jusquà leur mort.
Pour laccouchement et la naissance dIrène, Jenka est venue de Cagnes sur Mer. Elle est restée quelques semaines après la naissance.
Irène était un très beau bébé de 4kg100 qui se développait très bien malgré les conditions de ravitaillement difficiles : cartes dalimentation.
Les allemands ont occupé la région de Limoges. La zone libre a reculé. Nous avons alors décidé daller à Grenoble où la THOMSON sest repliée. Nous habitions avec une grande partie du personnel dont M. et Mme OUREVITCH et leurs enfants. Loccupation italienne était moins antisémite.
Les GLICKMAN sont partis avec nous. Ils habitaient à Sassenage (banlieue de Grenoble) où ils nous ont trouvé un petit appartement de 2 pièces chez un tanneur qui nous empestait.
Cest là que Nicole est née dans une clinique de la Tronche (banlieue de Grenoble).
YETY, qui avait fui aussi au centre de la France en zone libre, est venue passer quelques semaines avec nous pour la naissance de Nicole.
Mme GLICKMAN voulait assister à laccouchement en tant quamie et médecin, mais lorsquelle est arrivée avec sa blouse blanche, le bébé était déjà né.
Pour nous ravitailler, Rosy se débrouillait avec le marché noire et les pommes de terre quapportait POLO nous changeaient des topinambours.
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Lorsque je rentrais le soir du labo, je faisais léloge du Pr LEDERER que jadmirais énormément.
Tout le monde disait quIrène (qui était très jolie) me ressemblait.
Je la tenais debout dans son lange, contre moi, devant le miroir et disais à Rosy : « Dîtes-moi quelle ne me ressemble pas ! ». Je me trouvais si laide !
Plusieurs de nos amis réfugiés sur la Côte dAzur, dont Jenka et Munju, avait trouvé asile politique en Suisse.
POLO voulait suivre la même filière en se renseignant sans toutefois avoir de leurs nouvelles. Nous avons tenté de passer. Nous étions un groupe dune dizaine de personnes. On nous a amenés à la frontière dans un petit hôtel et nous attendions la nuit pour pouvoir passer.
On ma donné une chambre pour me reposer car jétais enceinte et Irène avait 1 an et demi. Les autres attendaient en bas.
Le soir, la milice française et la Gestapo ont fait irruption et ont confisqué tous les papiers.
On les a emmenés, mais POLO était le seul naturalisé français, moi je létais par le mariage. On nous a laissé passer la nuit à lhôtel. Jai pu dormir ... Cest devenu une anecdote car jétais bien la seule dans ce cas.
Le lendemain matin, les allemands mont rendu mes papiers en disant que : « Jehudis Gutmanis » était sûrement un nom Letton !
Ils ont remis ceux de POLO à la milice française. Celle-ci a fait beaucoup de difficultés à les lui rendre ; il a dû faire intervenir la THOMSON et finalement, à la fin de la journée, ils les lui ont rendus.
Nous sommes repartis en voiture vers Grenoble. Je souffrais beaucoup du manque de cigarettes ce qui ma valu de dire le plus gros mensonge de ma vie !
Jai feint de me trouver mal et demandé que nous nous arrêtions à Aix les Bains chez nos amis EICHNER ; elle, étant une grande fumeuse, javais lespoir de trouver des cigarettes auprès delle ! Nous avons passé la nuit chez eux où jai trouvé des cigarettes puis nous avons continué sur Grenoble, où nous sommes arrivés épuisés, sales, chez les GLICKMAN.
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Ils nous ont accueillis, nourris et fait reposer ...
Cest là quils nous ont trouvé lappartement de Sassenage ...
Yety, en rentrant de la clinique, a croisé mon mari qui lui demande :
Alors ?
Cest une fille !
Et lui sest écrié :
Ce nest pas possible !
Irène venue me voir à la clinique où je donnais le sein au bébé déclara : « Vilaine, elle mord maman ! »
Irène était une enfant très vive, très éveillée et précoce.
A Grenoble, rue du Drac, la Société THOMSON-TSF avait loué une maison pour ses employés. Nous sommes venus y habiter un 2 pièces cuisine, ainsi que les OUREVITCH, Jacques et Michèle, leurs deux enfants.
Eux avaient une salle de bains dont nous avons bien profité. Notre appartement était à peine meublé et nous avions des lits en fer !
Javais tous les jours une femme de ménage italienne qui venait quotidiennement de Sassenage. Elle adorait nos enfants. Nous lappelions Mme COCOTTE.
Laprès-midi, Mme OUREVITCH et moi promenions nos enfants. Mes filles étaient particulièrement bien habillées grâce à Rosy qui me donnait des vêtements dEdith sa fille.
Mme COCOTTE a fait faire des photos qui ont été agrandies et exposées chez un photographe à Grenoble.
Mme OUREVITCH descendait quelques fois repasser chez moi. Un après midi, nous avons eu une terreur folle en entendant des pas lourds dans les escaliers. Nous avons cru que les allemands arrivaient ... Cétait un brave ouvrier français.
Les italiens ont été remplacés par les troupes allemandes. A lépicerie par exemple, jentendais des conciliabules à voix basse : on racontait que tel ou telle avait été arrêté par les allemands.
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Nous avons falsifié tant bien que mal notre livret de famille, francisé GUTMANIS en GUTMANSAY ainsi que les prénoms de mes parents Marika au lieu de Malka et David en Daniel.
Notre livret était tout barbouillé dencre. Les gens cachaient leur identité. Cest ainsi que POLO était à lépicerie, derrière une petite dame « mal fagotée » qui a sorti une carte dalimentation au nom de Mme de SEVIGNE.
Lannée 43-44 a été terrible. Il y avait des rafles tous les jours. Les GLICKMAN nous ont trouvé un appartement à partager avec la famille ABRAGAM, dans un petit village, « LA FERRIERE » au-dessus de Grenoble. Mon mari venait nous y rejoindre les enfants et moi, le week-end à bicyclette !
M. ABRAGAM qui est un physicien célèbre maintenant, a publié un livre où il consacre deux pages à ce séjour. Il y raconte que Nicole et Irène étaient deux petites filles « particulièrement intelligentes et mignonnes ».
Nous attendions tous le débarquement allié de jour en jour.
Le 6 juin 44, quelle ne fut pas notre joie dapprendre à la radio que le débarquement avait eu lieu en Normandie.
Mais, avant cela et cette joie, nous avons vécu une véritable terreur le jour où les allemands sont arrivés au village à la recherche de résistants.
POLO et M. ABRAGAM se sont cachés dans une cabane du village où ils sont restés terrés toute la journée.
Nous étions restées à la maison avec les enfants et la petite Irène de deux ans et demi se promenait devant la maison en disant « moi, je suis née à Limoges ».
Le 21 août 44, libération de Grenoble !
A « LA FERRIERE », toutes les maisons étaient pavoisées de drapeaux. Irène pensait que cétait son anniversaire !
Sans tarder, nous sommes rentrés rue du Drac à Grenoble et nous y avons vécu jusquà la libération de Paris.
En automne 45, juste après ces évènements, beaucoup sont remontés à Paris. POLO est reparti avec la THOMSON. Il nous cherchait un appartement.
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De nombreux amis qui avaient eu la chance de pouvoir se réfugier en SUISSE où ils vivaient dans des camps, sont revenus et la plupart sont passés par Grenoble pour nous rendre visite : Docteur Socrate HELMAN, Dela et Dodo KRAFT.
Je suis restée avec les enfants à Grenoble jusquen 46.
Pendant les vacances 45, POLO nous a envoyés à la montagne à Autrans. Mlle TCHOUBAR, Colinette, devenue par la suite la femme de M. ASSELINEAU, actuellement Professeur de chimie biologique à Toulouse, Suzanne et sa famille (élève de Mlle TCHOUBAR) nous ont rejoints pour passer les vacances.
Un soir nous avons voulu sortir et jai demandé à Colinette de jeter un coup doeil sur les enfants. Le lendemain matin, quand je lui ai demandé comment sétait passée la soirée, elle ma raconté quelles avaient pleuré et que lorsquelle est entrée dans la chambre, Nicole a déclaré : ce nest pas Irène qui a pleuré !
Mes filles faisaient la joie de tous les pensionnaires qui les admiraient.
Cest la famille EICHNER qui, ayant trouvé un appartement au 6 rue J.E. Voisembert , nous en a trouvé un au 8, au septième étage. Un magnifique appartement de 7 pièces que nous avons partagé avec les SPERBER. Ils avaient eu un enfant au cours de leur séjour à Cagnes sur Mer, « DAN ».
Plus tard Irène raconta quelle partageait son lit avec Dan.
Au bout de quelque temps, des amis habitant au 3ème sont partis aux Etats-Unis et nous avons pu reprendre leur appartement et acheter leurs meubles.
Nous y sommes restés jusquà ce quun appartement plus grand se libère au 4ème étage.
Bien plus tard, les appartements ont été mis en vente. Comme nous navions pas de quoi lacheter, nous avons demandé à Louis SHER qui mavait déjà aidée pour mes études, et grâce à lui, nous avons pu lacheter.
La famille SPERBER et les EICHNER sont donc restés auprès de nous pendant des années.
Bien plus tard, en 1949, Jenka et Manès ont vendu leur appartement à Issy les Moulineaux pour sinstaller rue Notre Dame des Champs à Paris.
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Le mari dElise EICHNER, dorigine polonaise, était un grand savant à Saclay. Il a été victime dirradiation et en 54 est mort dune leucémie.
A Saclay, existe une salle EICHNER qui lui est dédiée ainsi quun prix annuel (CHARLES EICHNER). Par la suite sa femme a trouvé un emploi à Saclay.
A la mort de M. FRESCO, Yety est venue habiter avec Elise qui était sa grande amie.
Cest ainsi que jai actuellement ces amies auprès de moi.
Après la fin de la guerre, les quelques survivants sont arrivés de Lettonie, les amis de Yety nous ont appris lextermination de mes parents et la mort de ma soeur (du typhus) en déportation. Mon mari et moi avons peu parlé de ces terribles nouvelles par égard pour nos enfants afin quelles ne soient pas traumatisées.
Un dimanche, il faisait très chaud. Nous étions assis sur une pelouse du Bois de Boulogne avec les SPERER, lorsque Mounju lisant un journal en yiddish publié à Paris, est tombé sur une annonce :Sonia, la soeur aînée de POLO le recherchait.
Naturellement POLO sest mis en contact immédiatement avec elle et la fait venir à Paris.
Nous avons appris de sa bouche quelle avait été cachée pendant toute la guerre, avec son fils Henri, par un curé, en Pologne.
Elle était doctoresse et, ici, aurait été obligée de repasser ses examens. Alors elle sest débrouillée pour avoir un visa pour les Etats-Unis où elle pouvait exercer.
Elle est récemment décédée. Henri est devenu médecin comme son père qui nest jamais revenu de déportation. Pendant leur séjour à Paris, ils habitaient chez les SPERBER et Henri, sans connaître un mot de la langue, allait courageusement à lécole communale.
Le directeur de ROURE-BERTRAND, M. ROGER mavait proposé du temps où nous étions à Lyon, de travailler à la fondation ROTHSCHILD, rue Pierre Curie à lInstitut de Chimie Biologique, lorsque nous serions rentrés à Paris. Cest ce que jai fait à mon retour. Jy ai travaillé à mi-temps.
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Par la suite jai travaillé à plein temps avec le Pr LEDERER et jai pris une bonne pour soccuper des enfants et de la maison. Irène et Nicole allaient à lécole communale.
Nous étions très heureux tous les quatre après ces temps de terreur des années de guerre. Les nouvelles atroces des morts dans nos familles avaient été un choc terrible.
POLO et moi étions très amoureux.
En 1946, le Pr LEDERER ma fait entrer au CNRS comme Attachée de Recherches. Il ma donné comme sujet de travail :
« la structure de lacide asiatique ». Cest par la suite devenu mon sujet de thèse.
Cest le constituant principal du CENTELA ASIATICA, plante qui pousse à Madagascar et en Nouvelle Calédonie. Un extrait de CENTELA est actuellement sur le marché comme médicament pour soigner la lèpre.
Javais comme collaboratrice Zoia BASKEVITCH qui est devenue Mme VERON et aussi de nombreux élèves.
Zoia devait travailler vingt ans avec moi jusquà sa retraite.
Je dirigeais la thèse de doctorat de mes élèves. Quelques années après ma thèse, mon premier élève, Sach, a élucidé la partie glucidique de lasiaticoside. Cétait son sujet de doctorat de 3ème cycle.
Jai eu une joie immense lorsquen 1988, le Pr LEDERER nous a adressé un « tiré à part » dune publication indienne qui traite de la structure de lasiaticoside. Cétait mon sujet de doctorat de 3ème cycle.
Cétait formidable de constater que 40 ans auparavant nous avions élucidé cette structure sans avoir recours aux techniques physiques modernes.
Daniel MERCIER fut le seul collaborateur à suivre LEDERER de Lyon à Paris. Nous étions ses premiers collaborateurs.
Mon sujet de thèse était : « la structure de lacide asiatic. laglycone du glucoside asiaticoside ».
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Jai pu élucider ce problème : il sest avéré que lacide asiatic était un acide triterpenique pentacyclique.
Travail très dur, compliqué, que jai pu mener à bien sans laide des méthodes modernes physiques.
Jai écrit une partie de ma thèse pendant les vacances à Villers sur Mer où jétais avec mon amie Charlotte HELMAN. Cest elle qui a corrigé les fautes éventuelles de français.
Jai soutenu ma thèse en 1950. Le jury la trouvée excellente et jai obtenu une subvention de luniversité pour la faire imprimer. Jai été promue Chargée de Recherches en 1951.
Pour que ma thèse soit reconnue comme Doctorat dEtat, il maurait fallu une licence comportant (à part Chimie Générale que javais déjà) un certificat de Biologie Générale ou Physique Générale. Je me suis donc réinscrite à la Sorbonne comme étudiante pendant un an pour obtenir Biologie Générale. Je nétais pas assez forte en maths pour obtenir Physique Générale.
Ma vie de famille nen a pas souffert bien que mon mari fût un peu jaloux de mon travail et de mes études. Je nouvrais jamais un livre de chimie en sa présence !
Malgré cela, il y avait de lacide asiatic dans lair.
Je restais parfois à la maison pour rédiger ma thèse et un jour « Renika » ne cessait de venir me poser des questions.
Maman, combien de temps vit un chien ? ... Un chat ? ... Un papillon ? ...
Je lui demandais de me laisser travailler.
Alors maman, voilà quelque chose que tu sauras ! combien de temps vit lacide asiatic ?
En 1950, jai obtenu mon certificat de Biologie Générale, tout en travaillant au labo, moccupant de la maison, enfants et mari !
Ma thèse a été reconnue Doctorat dEtat grâce à ce certificat. Pendant tout ce temps Mounju ma beaucoup encouragée.
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Avec ce doctorat, je suis devenue Chargée de Recherches au CNRS. Tous les cinq ans, jai eu une promotion :
1957 Maître de Recherches
1962 Directeur de Recherches
Lorsque jai été nommée Directeur de Recherches, jai été, je crois, la première du CNRS à être admise sans avoir présenté les titres et travaux habituellement de rigueur. On ma acceptée demblée au vu de mes travaux précédents et de ma réputation.
Jai eu la chance à plusieurs reprises de découvrir des structures qui étaient les premiers représentants de leur famille de composés.
Cest ainsi que lacide asiatic est le premier triperpène possédant cinq atomes doxygène :
le Calophyllolide est la 1ère Phenyl 4 coumarine
lAscarylose est le 1er 2,6 2,3 Desoxyribose
Jai été la première avec le groupe italien (NERA BELLA VITA) à découvrir le 1er Altroside naturel dun triperpène isolé dun champignon « VIRESCENS OOSPORA ».
Jai collaboré avec le Professeur LEDERER à la synthèse de lanalogue de lacide Mycolique (un des constituants principaux du bacille tuberculeux).
Jai pris une part active à létude du P.A.F. (Pletelettes Activating Factor) qui fut le sujet de thèse dun de mes élèves.
Jai également travaillé sur le PENICILLIUM ROQUEFORTI dont jai isolé plusieurs alcaloïds :
la Roquefortine, les Marcfortines
Dès 1950, après avoir passé ma thèse, jai eu des élèves (une dizaine environ) dont plusieurs ont préparé sous ma direction des thèses de 3ème cycle et doctorat duniversité ou des doctorats dEtat et ont fait une belle carrière scientifique.
Jusquen 1960, au labo. rue Pierre Curie et par la suite à lI.C.S.N. à Gif sur Yvette (Institut de Chimie de Substances Naturelles).
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Passé le choc de la guerre, des nouvelles de déportation et de la mort de nombreux membres de nos familles, la vie a continué.
Nous formions un groupe dune douzaine damis dont ceux qui étaient passés chez nous à Grenoble, au retour de la Suisse. Nous nous réunissions chaque dimanche chez les uns, les autres, à tour de rôle. Nous jouions au poker et au bridge.
Comme nous nétions pas religieux pratiquants, les fêtes traditionnelles juives étaient remplacées par des anniversaires somptueux pour les enfants : Yety écrivait des pièces de théâtre jouées par les enfants, POLO organisait des surprises avec la radio et moi jétais la « chimiste-sorcière ».
Pour les adultes aussi, nous fêtions tout particulièrement chaque anniversaire.
Manès SPERER était le centre de ce groupe. Nous buvions littéralement ses paroles.
Ma vie conjugale commençait à se détériorer, par une sorte de jalousie dont jai déjà parlé. Cependant nos disputes étaient toujours suivies de réconciliations.
Ce groupe damis ne sest jamais dissous. Seule la mort nous a séparés, le premier à nous quitter fut M. EICHNER.
Mon mari soccupait beaucoup de nos filles dun point de vue culturel. Moi, vers le 15 juillet presque chaque année, avant les vacances daoût que tous prenaient normalement, je partais en Bretagne avec mes filles, où mon mari nous rejoignait en août. De là, nous prenions la voiture et partions vers le sud.
Les filles ont connu très tôt Florence et Venise. Notre voiture usagée tombait parfois en panne et je nai jamais oublié les histoires de « vis platinées » !
Les filles sont entrées au lycée Camille Sée dans le 15ème. Elles ont toujours été dexcellentes élèves. POLO disait que Nicole serait un bonne physicienne, ce quelle est devenue !
Souvent le soir en rentrant, nous la trouvions dans la cuisine en train de faire des exercices déquilibre avec les fourchettes.
Elles ont toutes les deux fait Math Sup et Math Elem à Janson de Sailly. Elles se sont présentées à lEcole Normale : Irène a échoué et sest dirigée vers la Sorbonne où elle a fait une licence ès-sciences. Nicole a été brillamment reçue à lEcole Normale et a donc quitté la maison.
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Je travaillais au CNRS, ma carrière était brillante. Irène menait sa vie détudiante et mon mari avait également une carrière brillante à la THOMSON et a largement contribué au développement de la télévision.
Nicole a terminé dans les premières lEcole Normale et a réussi lagrégation de physique. Elle est alors entrée rue dUlm au laboratoire du Pr KASTLER (prix Nobel de physique par la suite).
Irène a préparé un doctorat de chimie-physique chez le Pr BROT à Orsay (Faculté des Sciences). Elle est ensuite entrée au CNRS en 62 pour en sortir en 72.
En 63, elle a épousé Jacques DARMON, un jeune polytechnicien. Le mariage a eu lieu à la mairie du VIème et la réception dans les salons de lEcole Polytechnique. Par la suite, Jacques DARMON a été admis à lE.N.A. dont il est sorti Inspecteur des Finances. Ils ont eu 3 enfants : Marc, Laurent et David.
En 67, Nicole a rencontré Dan OSTROVSKY dans une école dété de physique, en Corse. Il préparait un doctorat de physique. Elle est partie le rejoindre pendant deux ans aux Etats-Unis où elle a travaillé avec le Pr BLOOMBERGEN (qui a reçu le Prix Nobel de physique par la suite). A son retour elle sest mariée et a eu des jumeaux qui sont nés en novembre 68 à Paris : Serge et Karine.
Le mariage de Nicole a eu lieu à Paris. Les parents de Dan qui habitaient Miami sont venus naturellement et le mariage religieux (souhaité par les parents de Dan) a été célébré par un rabbin dans mon appartement.
Jai fait refaire celui-ci par une amie, Mme SCHIFF, qui est décoratrice.
Javais donné un déjeuner à la maison et la réception se passait dans les salons de lEcole Polytechnique à Paris. Le mariage civil a eu lieu à la Mairie dIssy les Moulineaux.
Nicole sest installée à Nice où lon a proposé à son mari (titulaire de physique) un poste à lUniversité. Ils ont acheté une maison tout près de la Faculté.
Elle a continué sa carrière de physicienne au CNRS (Directeur de Recherches) ; récemment elle a choisi denseigner à lUniversité.
La réussite de mes enfants me comblait de joie.
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Le plus grand compliment que jai jamais reçu mest venu de ma fille Nicole. Elle ma dit un jour quelle souhaitait élever ses enfants comme elles avaient été élevées elle et sa soeur.
En 54, grâce à lhéritage dun oncle américain, nous avons acheté une maison de campagne à Gometz le Chatel. Nous lavons meublée. POLO sest occupé du jardin. Nous y passions des week-ends fantastiques très souvent avec des amis.
Je me suis beaucoup occupée de Marc, laîné de tous mes petits enfants, soit à Gometz, soit pendant les vacances. Je lai beaucoup gâté ! une amie me disait : quand on vient à Gometz, tu nes là que pour admirer Marc !!
La maison est très bien située, en haut dune petite colline. POLO plantait beaucoup de fleurs. Cétait un temps heureux que celui passé à Gometz.
Nous invitions souvent amis et collègues.
En 1954 jai obtenu le prix (RAYMONT BERRE) équivalent du prix Goncourt. Cétait un prix très important de 5000 F, décerné par la Société Chimique de France.
Jai donné une partie de cette somme à Monsieur MERCIER pour le remercier de sa collaboration.
En outre, jai fait cadeau à mon filleul, Dan SPERBER, dune paire de skis et puis jai acheté ma première « deux-chevaux ».
Javais passé mon permis de conduire quelques semaines avant. Je ne lavais pas eu du premier coup ... Cétait bien le seul examen auquel javais échoué dans ma vie !!!
Mon mari voyageait beaucoup pour son travail. Il a représenté la THOMSON dans plusieurs congrès et rencontres internationales. Il revenait chargé de cadeaux pour les enfants, pour moi et pour chacun de nos amis.
Quelquefois je laccompagnais si mon travail me le permettait et jassistais à ses conférences : Stockholm, Oslo, Londres, où nous avions chacun un congrès. Il était très à laise lorsquil présentait des conférences. Jestimais son travail mais pas assez à son goût. Je pense quil voulait être admiré ce que je nai pas fait, à tort.
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Jai aussi beaucoup voyagé seule. Tous les deux ans se tenait un International Symposium des Substances Naturelles (I.U.P.A.C. Natural Products).
Jai assisté à presque chacun deux. Jai également été invitée à la GORDON CONFERENCE, meeting annuel prestigieux où jai été la première femme à être conviée pour parler des « quassinoïdes ». Ensuite jai continué à voyager : au Japon, où ce fut ma première conférence en anglais à part une communication à lI.U.P.A.C. la même année, puis en Nouvelle Zélande, en Inde, en URSS à Riga et à part cela jai donné des conférences sur mon travail à Oslo, à Pérugia en Italie, au Mexique à Moneterey, en Allemagne à Bonn, en Suisse et jen oublie.
Jai assisté à plusieurs colloques internationaux, conviée là aussi à y donner des conférences : Maroc, Tchécoslovaquie.
Au cours de mes travaux, jai eu des collaborations fructueuses avec Nera BELLA VITA, professeur de chimie à lécole de pharmacie de Perugia, et avec Dervilla DONNELI, professeur de chimie à Dublin, qui sont devenues des amies très chères.
Avec Nera, jai travaillé sur la structure des métabolites dun champignon « OOSPORA VIRESCENS » et avec Dervilla, nous avons fait plusieurs publications sur létude structurale des composés isolés des champignons.
Jai rencontré Dervilla à un congrès à Londres en 70. Depuis elle est venue à Gometz et à la maison à chaque fois quelle passe par Paris. Je suis allée la voir à Dublin à deux reprises.
En général mon travail a consisté à lisolement et à létude structurale des composés isolés de : plantes, bactéries et champignons.
Jai beaucoup travaillé sur létude structurale des « quassinoïdes », substances amères isolées dune certaine famille de plantes, notamment les simarubacées, poussant dans les régions tropicales. Une seule espèce « lAilanthus Altissima » pousse au sud de la France et en Italie.
Les « quassinoïdes » révèlent plusieurs activités biologiques notamment anti-leucémiques. Cependant elles sont trop toxiques pour être utilisées en médecine.
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Je mamusais à désigner certaines substances isolées du nom de mes petits enfants : « Marcfortine », « Sergeolide », « Karinolide » ...
En 60 le CNRS crée pour les Professeurs LEDERER et JEANOT, lInstitut de Chimie des Substances Naturelles. Ils en étaient directeurs et, cette année là, le Pr LEDERER ma offert le poste de sous-directrice de sa section.
Plusieurs fois jai collaboré avec le Pr LEDERER sur les substances odorantes isolées, de lAMBRE GRIS CASTORIUM, sponsorisées par la firme suisse « FIRMENICH and Co », ainsi que sur les « ACIDES MYCOLIQUES » isolés du bacille tuberculeux.
Jai travaillé avec le Pr LEDERER pendant quarante ans. Jétais sa collaboratrice et son sous-directeur jusquà sa retraite.
Le Pr LEDERER a été remplacé par le Pr BARTON (Prix Nobel de Chimie).
Lorsquen 1981, jai atteint lâge de la retraite, le Pr BARTON ma avisée par lettre que je pouvais prolonger mon travail de 3 ans à condition de me procurer largent pour financer mes recherches.
Avec beaucoup de peine, jai obtenu pour 2 ans, une bourse américaine de N.I.H. (National Institute of Health). Jétais le seconde en France, je crois, à lobtenir.
Jai du quitter mon laboratoire pour un plus modeste, mais jai pu, grâce à ma bourse, engager durant une vingtaine de mois un jeune chercheur américain (Handy CARUSO) qui sest révélé très brillant.
Jai pu obtenir, grâce à un excellent rapport, un renouvellement de ma bourse pour 2 ans supplémentaires. Jai alors engagé un chercheur indien, travailleur et dévoué (Sudoh BHATNAGAR). Il a travaillé avec moi durant 3 ans jusquà lépuisement de la bourse.
En 1986-1987, à la fin de ma bourse, jai vidé mon laboratoire en conservant soigneusement tous les échantillons de mes précieux « quassinoïdes » et dautres produits dans un placard que lon ma alloué.
Ma vie conjugale a commencé à devenir moins harmonieuse vers 1950. Mon mari semblait toujours amoureux, mais il était jaloux de mon travail et de ma réussite.
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Cette animosité entre nous a été aggravée par de nombreuses fausses couches volontaires. Il était insatisfait à la maison. Je lappelais le « Roupéteur », il relevait chaque détail.
Il a beaucoup souffert que je ne sache pas faire la cuisine. Il aimait acheter des spécialités dans les boutiques russes qui lui rappelaient sa jeunesse.
Il avait beaucoup de succès dans son travail. Il a représenté la France dans plusieurs rencontres internationales de télévision.
Moi, jai compensé cette situation par un travail acharné. Manès SPERBER my a encouragée. Les SPERBER sont intervenus à plusieurs reprises pour aider à nos réconciliations qui devenaient assez fréquentes.
Puis la tragédie de ma vie est survenue en janvier 1970, mon mari ma fait savoir par lintermédiaire des SPERBER quil était amoureux de la « baby-sitter » des jumeaux de ma fille Nicole, elle était étudiante en physique à Saclay, il allait me quitter.
Cette femme avait la moitié de son âge, lâge de ma fille Nicole.
En janvier 1970, il a définitivement quitté la maison. Ce fut la plus grande douleur de ma vie. Jen ai beaucoup souffert au point davoir une grave dépression réactionnelle. Jétais suivie par un psychiatre, le Docteur DANON-BOOILEAU, qui ma donné beaucoup de psychotropes.
Mon travail ma énormément soutenu 2 à 3 ans. Après jai décidé darrêter les médicaments. Cest ainsi que je suis sortie de cette dépression, mais jai fermé ma maison.
Jai accepté de divorcer au bout de 2 ans. Il sest alors marié avec cette jeune femme dont il a eu un enfant « Alain ».
Notre groupe damis sest scindé à cause de cet évènement. Certains, dont Mme FRESCO et Mme EICHNER, par égard pour moi, ont cessé de voir mon ex-mari. Mes relations avec ceux qui continuaient de le voir se sont refroidies.
En janvier 1982, mort de M. POLONSKI. Je ne suis naturellement pas allée à son enterrement.
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Pour mes 70 ans, grande fête à Nice chez Nicole. Irène et son mari sont venus avec leurs 3 enfants. Jétais très touchée par cette attention de la part de mes filles. Cest une journée inoubliable : Alain, alors âgé dune dizaine dannées, était présent.
POLO, comme nous lavons dit, était un très bon père et il était normal que mes filles continuent à le voir, mais je leur en voulais beaucoup dêtre devenues amies avec sa nouvelle femme.
Vers 1980, jai commencé à souffrir des dents et de la bouche. Je nai pas supporté les prothèses faites à ce moment là. On men a refait plusieurs, mais les douleurs nont cessé daugmenter.
Maintenant je suis handicapée. Je ne peux plus conduire. Je ne suis plus retournée à mon laboratoire depuis des mois. Je ne veux pas que les gens me voient ainsi, sans dents. Jen suis arrivée à souffrir en permanence, avec ou sans prothèse.
Quatre fois par semaine, des jeunes femmes venaient me tenir compagnie et me préparer à déjeuner. Je passais le temps en leur compagnie ou bien en lisant.
De temps en temps je sortais avec mes amies, Mme FRESCO et Mme EICHNER qui sont toujours proches de moi. Je déjeunais avec elles ou bien nous allions au théâtre ou au cinéma.
Irène et son mari ont acheté un château classé monument historique. Il date du XVIème siècle. Au MEUX, près de Compiègne. Jy passe quelquefois le week-end avec eux.
Cest un endroit très agréable, le parc est magnifique, le bâtiment très harmonieux.
Beaucoup damis viennent les y rejoindre. Cest une maison ouverte !
Le fils aîné dIrène, Marc, sest marié en 1988. La naissance dAudray en mai 1989 a fait de moi la première arrière grand-mère de mon groupe damis. Puis 18 mois plus tard Diane est venue de sorte que je suis 2 fois arrière grand-mère.
Puis le 2ème fils dIrène, Laurent, sest marié. Il sest marié religieusement, bien que nétant pas pratiquant, pour accéder au désir de ses beaux-parents qui sont des juifs algériens très pratiquants.
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Pendant lannée de la femme, lorsque Michel dORNANO était Ministre de la Recherche, jai reçu la distinction dOfficier de lOrdre du Mérite qui ma été remise par le Pr LEDERER pour mes recherches.
A cette occasion, javais organisé un apéritif au laboratoire pour mes collaborateurs et amis de notre institut.
Il ma été décerné en décembre 1985, le prix (Emile JUNGFLEISCH) dun montant de 10000 F, ce prix est décerné à lissue dune séance solennelle qui se déroule sous la coupole de lInstitut de France. La séance a été suivie dune très grande réception.
Jai beaucoup travaillé, beaucoup publié dans des revues de réputation internationale. Au total, environ 230 publications.
Jai séjourné à Dublin chez mon amie Dervilla durant plusieurs semaines. Là elle a eu la gentillesse de moffrir un ouvrage en 2 volumes des deux cents « TIRES A PART » de tous mes travaux en 2 exemplaires destinés, après ma mort, lun à Nicole, lautre à Irène.
Jai été très touchée de cette gentillesse et ne pas prête de loubler.
Je crois que cest le plus beau cadeau que jai jamais reçu.
Depuis jai publié une autre trentaine de travaux portant sur des sujets bien différents dont une bonne partie publiés en commun avec Dervilla.
Dervilla est maintenant chimiste reconnue qui représente lIrlande dans diverses manifestations internationales.
Avec elle, nous avons isolé le premier orsellinate naturel LARMYNOL.
A ce moment là, létude structurale des substances naturelles était facilitée par des équipements modernes :
la R.M.N. des protons et du carbone 13 C13
(Résonnance magnétique nucléaire)
la diffraction aux rayons X ...
Mon état physique a beaucoup empiré, des grandes douleurs de la bouche et des jambes massaillent continuellement de sorte que, pour moi, le labo est loin ...