Voici quelques uns des principes à suivre, dans l'idéal, préconisés ...
"Sciences et Technologies de l'Apprentissage et de la Formation" ... Le sujet de
ce mémoire traite de l'utilisation des TIC (Technologies de ... Mais depuis
quelques années, on peut dire à partir de la démocratisation ..... y a deux
manières d'agir?chacune des deux cultures apprendra vite comment se nourrir l'
une de l'autre.
part of the document
est de faire face à létrange, au merveilleux,
à linexplicable que nous rencontrons. »
R.-M. Rilke
« Si tu veux construire un bateau, ne bats
pas le rappel des hommes pour se
procurer du bois, préparer des outils et
répartir les tâches, mais apprends leur
le goût du grand large. »
A de Saint-Exupéry
Introduction
Le sujet de ce mémoire traite de lutilisation des TIC (Technologies de lInformation et de la Communication) au Collège en France (élèves de 11 ans à 14-15 ans) au travers dun dispositif denvironnement numérique de travail. Cette étude est réalisée dans le cadre dun stage effectué en France encadré par Ghislaine Chabert, sociologue à lUniversité de Savoie, dont lobjectif était de rencontrer des enseignants utilisant le dispositif du « cartable électronique de Savoie » ® , danalyser lutilisation qui en est faite et leur capacité à mutualiser leurs ressources.
Ce sujet est de plus en plus étudié, découpé, sectionné et la multiplication de ces recherches illustre parfaitement la diversité des utilisations faites des TIC dans lenseignement et par conséquent de leurs problématiques. Lintérêt porté actuellement sur ce sujet traduit différentes inquiétudes vécues par la plupart des enseignants. Ce malaise sexplique donc par une lente mais effective transformation des moyens denseigner. Cette transformation est double puisquelle concerne la manière denseigner (utilisation de ces dispositifs numériques) mais également les contenus enseignés (expérimentation de nouveaux scénarios pédagogiques). Elle peut sapparenter à un mouvement pédagogique nouveau et renvoi à la question de lintégration dune innovation dans léducation.
De linformatique aux TIC
Le corps enseignant nen ait pas à sa première mouvance pédagogique. On peut prendre pour exemple les apports de Freinet (pédagogie active) qui ont été intégrés et suivi par certains enseignants sans que cela remette en cause la manière denseigner de leurs collègues plus frileux au changement. Les plans nationaux de plus grande envergure comme par exemple le plan « Informatique pour tous » mis en place en France dès 1985 dont lobjectif était dintroduire linformatique dans tous les collèges et lycées du territoire. On peut citer également des innovations plus récentes telle que larrivée de lEnseignement Assisté par Ordinateur, les micro-mondes, les quelques tuteurs intelligents, utilisation qui est restée relativement ponctuelle
Mais la plus ou moins bonne intégration de tels mouvements pédagogiques peut sexpliquer par le fait quils nont pas remis en cause le rôle de lenseignant et sa « manière » denseigner. La pédagogie transmissive restait le canon standard et lenseignant derrière son bureau, face aux élèves lhabitus général.
Mais depuis quelques années, on peut dire à partir de la démocratisation dInternet, les projets et innovations pédagogiques ont pris une autre dimension et leur objectif principal est bien celui dune intégration des TIC dans lenseignement à travers des dispositifs « concentrateurs » doutils et de ressources. Contrairement aux années 80, il ne sagit plus de se préparer à des évolutions annoncées mais de participer à une mutation en cours. Ces projets prennent différentes formes actuellement et se concrétisent par exemple à travers la création de cartables électroniques ou de tablettes multimédia... La diversité de ces environnements corrobore dailleurs leur nouveauté. La mise en place de tels projets coïncide avec la banalisation de lutilisation dInternet qui facilite la communication et engendre de nouveaux comportements comme le partage de connaissances, dexpériences (pour preuve le nombre important de sites éducatifs sur Internet), et la mise en place de projets collaboratifs, de réseaux.
Travailler sur le cartable électronique me permet de faire un inventaire sur la question de lintroduction des TIC dans lenseignement en France à travers ce qui est communément appelé dorénavant, les Espaces Numériques de Travail.
Quels sont les principaux projets mis en place, leurs caractéristiques, le positionnement de linstitution sur ces innovations.
Après avoir caractérisé le cartable je mintéresserais à travers mes entretiens à lutilisation qui en est faîte pour :
évaluer si cet outil est maîtrisé par les enseignants, si il répond à leurs besoins et quels sont les freins à une utilisation optimale.
Ces questions renvoient au thème de lintégration de linnovation dans léducation. Je chercherais également à savoir si la mise à disposition dun tel dispositif :
transforme leur façon denseigner, les encourage à mettre en place de nouveaux scénarios pédagogiques ou au contraire sils décident de renforcer ou daméliorer les habiletés dune pédagogie dite traditionnelle.
Dans un second temps je mintéresserais à la question des ressources utilisées et souhaitées dans le cadre du cartable et lidée de mutualisation dans ce type despace. En effet il sagit bien de linnovation principale de ces dernières dix années, larrivée dInternet et le développement de la communication et déchange entre les enseignants au sein de sites officiels ou personnels.
Pour aborder ce sujet je mintéresserais dabord à létat de la mutualisation en France au travers des listes de diffusion éducatives. Je veux prendre connaissance de lampleur du phénomène et des caractéristiques de ces participations (taux déchange, modération, etc.). Mon enquête me permettra de connaître sil existe déjà des réflexes de mutualisation au sein du cartable (échange important entre enseignants, co-construction de cours, partage de ressources, etc.).
Je dois aborder également la question des contenus et ressources au sein du cartable.
Comment sorganise lenseignant face à cette abondance de linformation entre des sites où lon pioche, des contenus déditeurs proposés et des contenus que lon peut à nouveau stocker dans ce dispositif ? Il sagit donc pour eux de développer des habiletés pour exploiter ces différentes couches dinformation.
Trouvons nous des pratiques communes ou au contraire leur représentation de la gestion des ressources est-elle très variée ?
Car pour apporter des premières réponses à lébauche dun classeur de référence il est important de réfléchir sur les capacités de mutualiser des enseignants mais aussi sur leur conception de ces différentes couches dinformation. Cest un sujet qui sintéresse donc beaucoup plus à la composante enseignant que élève car si lon veut assurer une bonne intégration des TICE il est indispensable de se pencher sur les dires des enseignants, de les écouter
et de satisfaire leurs besoins.
Etant donné quil nest pas encore créé mais à létat de projet, je ne pourrais pas estimer la réelle utilisation dun tel espace mais le discours des enseignants me permettra dentendre leurs besoins et ce quils font réellement au niveau de la mutualisation.
Plus généralement, le cadre de ce travail exploratoire, traitera donc davantage de la relation enseignant-enseignant à travers létude de la mutualisation que de la relation enseignant-apprenant plus fréquemment étudié jusquà présent et dont lobjectif pressant est de justifier pédagogiquement lutilisation des TIC en classe.
1 - Contexte de la recherche
1 -1 Linstitution veut rattraper son retard : élaboration du concept
dEspace Numérique de Travail (ENT)
Cadre politique
Consciente des enjeux actuels concernant lintégration des TICE dans les établissements, lEducation Nationale en France sest fortement mobilisée ces dernières années pour encourager la réflexion autour de ce phénomène. Elle a fait un effort considérable en dotation déquipement des établissements par le biais des collectivités territoriales.
Lavènement des TICE en France correspond à une période charnière, celle de la décentralisation, qui si elle permet un déploiement du matériel et une mobilisation plus rapide, ne facilite pas le contrôle de leur utilisation et laide quelle doit apporter car la relation entre les collectivités locales et lÉducation nationale est encore fragile, pourtant « Les compétences des collectivités et de lEducation sont à la fois clairement définies par la loi et, dans le contexte des ENT, très complémentaires, voire parfois imbriquées. ». En effet, les collectivités sont responsables de léquipement sur propositions formulées par les responsables académiques et lEducation nationale est chargée de la dimension pédagogique ainsi que de la formation des enseignants. La difficulté réside dans le fait que « les ENT constituent une sorte de « domaine partagé », à la fois du côté de léquipement et de celui de la vie scolaire et de la pédagogie. » (ibid.). Linstitution doit également faire face aux choix personnels des enseignants, « Les enseignants sen tiennent au principe du libre choix : ils veulent décider eux-mêmes sils utiliseront ou non les TICE et éventuellement, comment ils le feront. Les politiques et les administrateurs, sensibles au principe dégalité des moyens et à leffet daffichage, visent la généralisation des usages dans les classes et, sil le faut, cherchent à limposer. ».
Pour rattraper son retard lÉducation nationale a édité différents documents pour encadrer la constitution de ces projets sous le terme dEspace Numérique de Travail. Le document principal est le SDET (Schéma directeur des espaces numériques de travail) inscrit dans le S3IT (Schéma Stratégique des Systèmes dInformation et des Télécommunications) . Les recommandations que lon y trouve ont pour but de permettre linteropérabilité entre le socle de lespace numérique de travail et les services logiciels qui sy rattachent.
Le défi à relever pour les années à venir est lévolutivité de ces espaces étant donné le nombre important de projets hétérogènes. Lobjectif à plus long terme étant de structurer le secteur des ENT avec un nombre restreint de plates-formes proposant une diversité doffres de services et de contenus.
Axé dans un premier temps sur les infrastructures et les systèmes, linstitution souhaite masquer la complexité technique pour se concentrer davantage sur la question de lapport des TIC pour la pédagogie et lorganisation de létablissement denseignement. Les collectivités ont besoin de ce type dinformation pour faire les bons choix technologiques mais selon un rapport de lInspection générale de lÉducation nationale de juillet 2002, il ressort que ces documents ne sont pas suffisamment connus ou consultés par les municipalités et sils le sont ils ont pour inconvénients de nêtre pas suffisamment clairs sur les options pédagogiques. On comprend toute la difficulté de la mise en place de ces espaces où la technologie devance la pédagogie. Même si les acteurs sont conscients quil sagit dune période dexpérimentation, les coûts imputés par le matériel représentent un frein et peuvent ralentir un dialogue indispensable entre enseignants, collectivités et Éducation nationale.
Ces documents font figure de véritable instrument de dialogue entre lÉducation nationale et ses partenaires. Ils sont remis à jour chaque année et prennent en compte lévolution des réglementations, des technologies et des usages.
Autre mesure daccompagnement, la mise en place dun dispositif de suivi et déchange des projets ENT sous la direction des technologies de linformation et de la communication dans lenseignement (SDTICE) et la Caisse des dépôts pour accompagner ces projets, structurer les échanges et la mutualisation concernant les bonnes pratiques, ainsi que structurer le marché des services et des plates-formes ENT (ibid).
Enfin, pour permettre aux enseignants de repérer plus facilement des produits multimédia reconnus par le milieu éducatif, lÉducation nationale a créé le label RIP (Reconnu dIntérêt Pédagogique) et mise en place différents sites nationaux sur le web (Educnet, Educasource, sites académiques, etc).
Comment sont définis ces espaces dans les documentations officielles :
Une définition générale des ENT :
« Un espace numérique de travail désigne un dispositif global fournissant à un usager un point daccès à travers les réseaux à lensemble des ressources et des services numériques en rapport avec son activité. Il est un point dentrée pour accéder au système dinformation de létablissement ou de lécole. »
Plus concrètement :
« il sagit de rassembler toutes les fonctions disponibles dans un « portail personnalisé » adapté aux besoins de chacun : bureau numérique (annuaire, espace de stockage, agenda, outils bureautiques...), outils de communication (courriel, accès Internet...), services de vie scolaire (emploi du temps, notes, absences, information administrative...), services pédagogiques et documentaires (ressources pédagogiques,
dictionnaires et bases de données, outils de création, de publication et de
collaboration...). » (ibid.)
LENT est donc un objet hybride car ce nest ni un pur équipement ni un outil pédagogique. Mais leur profil aura une incidence sur la vie de létablissement ainsi que sur la pédagogie.
Létude du positionnement du cartable vis à vis dautres projets, des choix technologiques qui les caractérisent et leurs évolutions prévues permet dillustrer cette hétérogénéité et de comprendre les enjeux auxquels ces projets doivent faire face pour opérer une certaine transition vers des espaces plus globaux du type ENT.
1-1-2 Situer le « cartable électronique » ® dans la pléthore de projets français :
Pour commencer cette recherche jai ressenti le besoin de connaître létat actuel de tels projets en France. La présentation de ces différents projets permettra de situer le « cartable électronique de Savoie » ® et den comprendre ses particularités.
Les informations récoltées pour la France sont issues dun gros travail dinvestigation effectué par la Fondation Internet Nouvelle Génération.
Projets étudiés :
Projets avec mise à disposition dordinateurs portables aux enfants
La première expérience (1991-1994) : les élèves et les enseignants de 12 classes au sein de deux lycées et dun collège ont été équipé de micro-ordinateurs portables, support de logiciels et de contenus quils utilisaient également chez eux.
Le « cartable électronique » des éditions Bordas et Nathan (2000-2001): écran-ardoise portatif intégrant plusieurs manuels électroniques, un dictionnaire et autres contenu de référence. Les élèves pouvaient lutiliser à la maison mais dépourvu de modem les élèves ne peuvent se connecter à Internet quau travers du réseau de létablissement.
Lopération « Un collégien, un ordinateur » du département des Landes (2001) :mise à disposition dun ordinateur portable aux élèves, utilisation de la plate-forme ESV (vu plus avant), budget pour lachat de logiciels choisis par les enseignants, lobjectif étant déquiper la région en télécommunications.
« Un portable, une autre pédagogie » au collège Jean Rostand de Montpon-Ménesterol dans les Landes (2001) : mise à disposition des élèves et enseignants dordinateurs portables équipés de nombreux logiciels et connectés en réseau sans fil. Ils disposent dune suite de logiciels bureautiques et disciplinaires et dune plate-forme dautomatisation des échanges entre professeurs et élèves.
Projets sans distribution dordinateurs portables
Le i-manuel et le « cartable virtuel » dEditronics Éducation (2001): manuel scolaire réunissant un livre papier et un site Internet dédié proposant un environnement de travail complet et personnalisé. Il est possible pour lenseignant de travailler en réseau avec ses élèves et mettre en consultation publique ses cours et ses ressources.
Le « cartable électronique » de luniversité de Savoie (2001) : espace virtuel proposant des services et des contenus.
Le « CyberLycée » Charles de Gaulle de Muret (31) : réseau détablissements avec utilisation dune carte à puce multiservices (contrôle daccès au salle, porte-monnaie pour la cafétéria, gestion des absences, consultation des notes, CDI, etc) intégrant un « cartable électronique » virtuel et personnel de lélève.
LEtablissement Scolaire Virtuel (ESV) de luniversité de Strasbourg 1 (2001): deux outils de départ, Cahier dabsences et Cahier de textes, création de fonds de cours ou utilisation de produits existants via Internet au sein dun cartable numérique pour les enseignants et les élèves.
Pour affiner létude et clarifier le positionnement du cartable électronique de Savoie les auteurs (D.Kaplan, 2002) nous propose de le situer selon deux axes, laspect matériel ou virtuel du dispositif et la propension à utiliser du contenu figé ou à encourager la création de contenu.
Matériel
Contenu Coopération
Virtuel
Fig. n°1: cartographie des principales expériences de « cartables numériques »
Le cartable électronique se démarque comme étant un espace de coopération cest à dire que les enseignants doivent être les principaux producteurs du contenu mais certains logiciels sont tout de même mis à leur disposition. Cette orientation a été vivement souhaitée par léquipe de conception qui sintéresse à la problématique du travail collaboratif. Les choix des concepteurs ont donc été dorienter lusage vers lutilisation des espaces de groupe et des outils de communication pour coopérer.
1-1-3 Dune variété de projets vers un socle commun :
Ces environnements sont issus de choix stratégiques très différents que se soit au niveau des partenariats, des technologies utilisées ou des publics concernés mais ils ne sont pas figés et proposent petit à petit les mêmes services et peuvent être considérés comme de véritables ENT. Ils sont confrontés par conséquent aux mêmes problèmes : quel contenu à proposer, quel équipement pour les élèves, choix de lergonomie de linterface, trouver lenvironnement technologique adéquat, etc.
Le point commun entre tous ces projets est quils proposent un espace personnel aux enseignants et aux élèves, lutilisateur nest donc plus anonyme comme auparavant mais voici les distinctions que lon retrouve la plupart du temps entre ces différents projets :
part de lindividuel et du collectif : certains dispositifs intègrent la dimension de létablissement à travers des outils tels que le cahier de texte ou de correspondance (ESV, Savoie, Lycéoduc) tandis que dautres se consacrent plus particulièrement au contenu pédagogique à offrir (Edition Bordas et Nathan, Editronics).
Espace numérique personnel nomade, virtuel (Savoie, Editronics, Lycéoduc) ou matérialisé par un portable ou tablette (Edition Bordas et Nathan, TMM-Hachette)
Mettre en avant des contenus (Editronics, Edition Bordas et Nathan, TMM-Hachette) ou encourager la création de contenu et sa capitalisation (ESV, Savoie, Limoge)
Introduire simultanément les deux champs dévolutions, environnement et pédagogie (Savoie, Limoges), ou acclimater lenseignant avec lenvironnement puis favoriser ensuite lévolution en pédagogie (Edition Bordas et Nathan)
Utilisation de lordinateur en classe de manière intense remplaçant les cahiers et les manuels (Edition Bordas et Nathan, le département des Landes, collège de Montpon) ou réduite (Savoie, ESV)
Léquipement des élèves pour réduire la fracture numérique (le département des Landes) ou amélioration et adaptation de lenseignement avec dautres possibilités moins coûteuses (Savoie, ESV)
Ces distinctions illustrent la diversité des projets, les enjeux pédagogiques sous-jacents et la difficulté pour linstitution de se prononcer sur les orientations à prendre. On se rend compte que les projets liés à lintégration des TICE à lécole sont confrontés à de nombreux choix et ne peuvent pas être maîtrisés en une seule fois. La perfection se construit par étapes. Cet aspect est pris en compte dans la documentation puisque lon conseille aux développeurs de « Choisir un « angle dattaque », une orientation qui privilégie certaines fonctions et, dans un premier temps, se limite à celles-ci. Certains projets se concentrent ainsi sur la vie scolaire et les tâches administratives, dautres sur les usages pédagogiques, dautres encore sur lusage des fonctions « génériques » de communication, bureautique, navigation et publication. Dans un second temps, le projet pourra chercher à sétendre à dautres services.»(Ibid.)
Cest pourquoi les documents liés aux ENT restent très ouverts, très larges sur les options possibles. Ces documents nabordent pas ou très peu la question pédagogique, que mettent-ils en avant ? :
Voici quelques uns des principes à suivre pour la mise en place des ENT, dans lidéal, préconisés par ces documents officiels:
Préciser les profils dacteurs-utilisateurs pour assurer une vision densemble de lorganisation dun établissement scolaire,
Accompagner les usagers dans lapprentissage de ces outils,
Créer une cellule pilote ou désigner une personne-ressource qui serait une autorité émettrice des informations,
Tenir compte des habitudes déjà présentes des utilisations des TIC,
Considérer la charge de travail supplémentaire des techniciens réseaux et des enseignants également.
Prendre en compte les spécificités fortes des publics primaires et secondaires par rapport aux publics universitaires,
Gérer la mobilité dun espace secondaire à un espace universitaire ou la mutation dun enseignant sur une autre région : comment emmener avec soi ses productions,
Les offreurs dENT doivent permettre à 10 000 utilisateurs dêtre connecté 24h/24 et 7j/7 (surtout à luniversité).
Nous verrons que bien souvent linstitution ne donne pas de moyens suffisants pour remplir ce cahier des charges.
Les quelques considérations sur lenseignement concernent la constitution progressive dune « culture de réseau », sur un an, ce qui semble relativement optimiste.
Ce document ne préconise donc pour linstant aucune recommandation pédagogique mais espère généraliser ce type despace dans tous les établissements dici 2006 car il représente un socle solide pour expérimenter des projets détablissements. Les principaux éléments du socle que nous retrouverons dans le cartable électronique® sont présentés dans la figure n°2.
SHAPE \* MERGEFORMAT SHAPE \* MERGEFORMAT
1-1-4 Un regard sur nos voisins :
Que se passe t-il en dehors de nos frontières ? Cet intérêt pour les TICE concerne lensemble des pays dEurope et lon tente dapprendre de son voisin. Il est à lorigine du renouveau dune branche de la recherche qui est léducation comparée dont le but est de « faire progresser lintégration des nouvelles technologies dans les systèmes denseignement et de formation » (Harrari, 2002, p.63). Ces études comparatives peuvent apporter des réponses mais il semble quelles soient confrontées à deux obstacles principaux, à savoir « les limites des interprétations » et « la fragilité des encadrements théoriques et conceptuels » (ibid., p.62). En effet les indicateurs nationaux diffèrent et peuvent être difficilement comparables. Il faut prendre en compte également la difficulté des mises à jours de ces travaux puisque « des données considérées comme récentes car ayant été publiées depuis moins de deux ans peuvent ce trouver sur certains points dépassées » (ibid, p.67).
Une étude a tout de même été effectuée par la caisse des dépôts sur lutilisation dENT dans 7 pays différents peut nous apporter quelques éclaircissements.
En ce qui concerne lutilisation des TICE en Europe se sont les pays européens du Nord qui remporte la palme. Parmi ces pays certains encouragent lutilisation dInternet à la maison (Allemagne, Royaume-Uni) et dautres limitent cette utilisation pour éviter que lordinateur et Internet ne prennent une trop grande place dans le quotidien de lélève.
Ces différences mettent en exergue une certaine maturité des pays scandinaves qui ont tendance à prendre plus de recul sur les apports de ces environnements.
On peut relever de cette étude que les différents ENT mis en place dans chacun de ces pays sont aussi variés que ceux existant en France et quil nexiste pour linstant pas de modèle exemplaire même dans les pays pionniers (Etats-Unis, Canada, Danemark).
La FING précise que « la France se distingue par la grande diversité des projets, par lexistence dinitiatives déquipement individuel très ambitieuses (que lon ne rencontre pas à létranger, sauf dans quelques Etats et Comtés des Etats-Unis) et par lexistence dune démarche nationale volontariste. »
Au vu de cet état des lieux des ENT, comment se passe lintégration du cartable électronique, quels sont les comportements des enseignants et pouvons nous parler de maîtrise dun tel outil ? Il est clair que face à la diversité des contextes (taille et milieu des établissements, niveau des classes et des enseignants, léquipement informatique, etc) chaque établissement forme une configuration unique et par conséquent les résultats de mon enquête ne sont pas généralisables.
1-1-5 Linnovation chez les enseignants et de quelles innovations parlons-nous dans le cadre de cet ENT ?
Comment se comportent les enseignants face à linnovation ? La particularité de linnovation dans lenseignement est quil ny a pas de recherche de résultat économique, de gain de productivité
Lenseignement pourrais continuer à fonctionner comme il a débuté il y a des années cest à dire avec une craie, un tableau, un cahier
en respectant le rythme de chaque élèves. Donc linnovation ne seffectue pas de façon évidente. Jusque là les innovations étaient souvent imposées par le haut (Informatique pour tous, 1985) mais celles concernant les TICE sont davantage impulsées par des équipes de chercheurs, sappuyant sur des considérations du domaine du cognitif, de la psychologie et de lergonomie principalement mais également par une poignée denseignants se sentant à laise en informatique et sintéressant aux nouveaux scénarios pédagogiques. Cest pourquoi bien souvent les innovations sont « parlantes » pour un petit nombre denseignant et peu claires pour la majorité dentre eux « Les nouveaux mots-clés de lactivité pédagogique, ils arrivent avant quon connaisse les objets nommés et avant quon sache sils représentent un avenir souhaité ».
Contrairement aux entreprises, il nexiste pas de réelle demande des enseignants pour lintégration dinnovations. Lintégration de linnovation aura lieu si les enseignants y trouvent une réelle utilité. Au départ, largument phare de lintégration des TICE sur laquelle se repose linstitution et la plupart des enseignants concerne la responsabilité de ces derniers déduquer lélève pour sa vie future sociale mais aussi laborieuse et il est incontestable que lélève sera tôt ou tard confronté à loutil informatique (Brodeur, Deaudelin, Legault, 2002). Cest un peu la reprise du flambeau du mouvement « Informatique Pour Tous » mais les TICE sont porteuses dune évolution sociale densemble à laquelle veulent participer les enseignants. Ici, linnovation est délicate car on agit sur les attitudes et les savoirs, cest pourquoi, dans un second temps seulement, lorsque lenseignant sera plus apte à utiliser loutil informatique et quil aura pris connaissance des possibilités quoffrent les TICE au niveau didactique, sa démarche servira éventuellement une innovation proprement pédagogique (expérimentation de scénarios pédagogiques socio-constructiviste par exemple).
Linnovation se fait difficilement également parce que lenseignant travail seul. Il nest pas lié à ses collègues contrairement aux entreprises où chaque chaînon a son importance. Interdépendants, ils nécessitent une certaine régulation.
Dans léducation chaque classe et chaque discipline représentent des systèmes autonomes, fermé et pour scléroser davantage le tout, chaque enseignant de chaque disciplines forme une unité. Par conséquent linnovation sinfiltre lentement et différemment.
Dailleurs de quelle innovation parlons-nous dans le cadre des ENT ? De la possibilité déchanger, de trouver de linformation plus facilement, de disposer de nouveaux outils pour enseigner avec plus dinteractivité ? Si les deux premières innovations sintègrent relativement facilement, la dernière est loin dêtre évidente et son intégration se fait par tâtonnement.
Egil Borre Johnsen illustre très bien cette introduction progressive en parlant d Ecotone « Le terme « Ecotone » décrit une zone où deux écosystèmes se rencontrent, par exemple forêt et champ. Sétablit alors un territoire neuf appelé Ecotone avec sa propre écologie
il y a deux manières dagir
chacune des deux cultures apprendra vite comment se nourrir lune de lautre. Ainsi pourront naître de nouvelles formes intéressantes. ». Ces nouvelles formes, les fruits de lintégration de linnovation, sont difficilement transposables car les écosystèmes éducatifs sont très différents les uns des autres. Cet « écotone » se développe et seffectue plus ou moins bien si le produit est porteur dune valeur dusage suffisante.
Linnovation prend forme selon le sens collectif dans lequel elle se développe et par conséquent « Le processus dintégration dune nouvelle technologie parce quil repose sur des négociations et des compromis effectués pendant des périodes de temps important, conduit à des situations qui sont en général loin des prévisions initiales dautant que les équipements vieillissent vite. ».
Etant donné les usages qui sont fait du cartable pouvons-nous parler dintégration dinnovation? Au delà des considérations techniques, les enseignants utilisant le cartable ont-ils changés leur façon denseigner, utilisent-ils dautres type de pédagogie ?
Nous avons vu que la particularité du cartable électronique est doffrir des espaces de mutualisation et de construction de savoirs. Ces objectifs impliquent lintégration de nombreuses innovations. Le schéma de M. Drechsler (IEN TICE Moselle) qui renvois à la notion de Knowledge Management, c'est-à-dire la gestion de connaissances, utilisé en entreprise, résume bien lensemble de ces habiletés à considérer dans le cadre dun tel dispositif.
En effet dans le cadre de la mutualisation et de la construction de contenus par les enseignants eux-mêmes, le challenge est de savoir gérer un tel espace de liberté. Comment accompagner ces investissements, mettre en place les conditions favorisant les processus de production, de formalisation et de dissémination des savoir-faire pédagogiques. Est-ce quau travers du cartable on voit déjà pointer une certaine capitalisation des expériences vécues sur le terrain ? Est-ce que dans leur utilisation les enseignants font remonter des activités prometteuses ? Est ce que lon peut commencer à parler de communauté de pratiques ?
1-2 Cadre de la recherche
1-2-1 Contexte institutionnel du projet du cartable électronique :
Début 2001 le Conseil Général et lUniversité de Savoie ont présenté au Directeur de la Technologie au Ministère de lÉducation, un projet denvironnement de travail en ligne destiné au monde éducatif. Ce projet sappuie sur les travaux conduits depuis plusieurs années par une équipe de recherche de lUniversité de Savoie du laboratoire Syscom qui a déposé au nom de luniversité de Savoie, la marque « cartable électronique » auprès de lINPI. Étant donné lintérêt porté par le Ministère pour ce type de projet, le Département décide début 2001 en accord avec le Rectorat de Grenoble, de le mettre en place dès la rentrée de septembre 2001 dans quatre collèges publics et privé savoyards (collèges publics dUgine et St-Jean-de-Maurienne, collèges privés St-François et du Rocher à Chambéry).
Lenvironnement du cartable électronique a été développé par lUniversité de Savoie et Savoie Technologie en partenariat avec les enseignants puis les parents et les élèves.
Après une année test en 2001 auprès de ces collèges, lUniversité de Savoie généralise lemploi du cartable électronique à ses 12 000 étudiants. Convaincu de la réussite dun tel dispositif, le cartable est demandé par dautres académies telles que Nancy Metz, la Bretagne, le Nord et leur départements franciliens.
Le premier gros travail dans ce type de projet est la mise en réseau des établissements scolaires.
Objectifs
Les premiers objectifs fixés au début sont:
Enseignants : bâtir simplement des plans de travail présentant les objectifs fixés à lélève, les ressources électroniques quils mettent à leur disposition en utilisant la version électronique du cahier de texte
Familles : pouvoir consulter les notes de leurs enfants, communiquer avec les enseignants (difficilement réalisable sans les portables)
Élèves : pouvoir retrouver simplement les documents produits par les enseignants à leur intention (ne sera pas évalué dans cette enquête)
Objectifs seconds concernant surtout lenseignant :
Coopérer avec ses collègues de létablissement où il exerce, ou des établissements distants (réunir facilement leurs classes avec possibilité de réaliser des travaux en commun, porte ouverte à une diversité des pratiques pédagogiques)
Offrir à lenseignant des contenus didactiques de bonne qualité quil pourrait retravailler à sa guise pour assurer par exemple une pédagogie différenciée
Public concerné
Élèves : se familiariser avec les modes déchange et de travail en ligne, permet le transport, la conservation et le rangement des documents circulant entre lécole et le domicile
Enseignants : favorise les échanges avec la famille, avec lélève, rendre plus explicite la manière dont ils travaillent en créant et en diffusant les supports quils utilisent pour pouvoir consacrer plus de temps à la pédagogie et moins à la technique
Parents : accéder facilement aux informations concernant le cahier de texte, le carnet de correspondance ou le relevé de notes de leur enfant
Personnel administratif et technique des établissements : suivi de la scolarité
Les partenaires du système éducatif : éditeurs de contenu, outils et service à linstar des manuels scolaires
Composition de la plate-forme
Développée par une équipe de chercheurs et dingénieurs issus de lUniversité de Savoie Technologie, cette combinaison garantie la liberté de la collectivité et des établissements scolaires dans les choix des logiciels à développer et les solutions réseaux quils veulent mettre en place. Elle permet également une généralisation de lutilisation de la plate-forme à lensemble des collèges de Savoie sans que cela représente un coût prohibitif pour la collectivité. Sa conception et son développement ont été réalisés en partenariat avec les enseignants utilisateurs.
Description structurelle de la plate-forme :
Architecture physique : des serveurs détablissement clients dun serveur central utilisant « lInternet Protocol ».
Architecture logicielle : lapplication est développée à partir de logiciels libres. Elle sappuie sur un serveur dapplication ZOPE.
Composants du dispositif :
Un portail des collèges : traduit linterdépendance institutionnelle des établissements au niveau départemental à travers des services communs (annuaire général des établissements et coordonnées de tous les interlocuteurs)
Un portail détablissement : base dappartenance des acteurs, référence pour les enseignants, élèves, parents pour toutes les questions relatives à la pédagogie et pour les problèmes administratifs
Un bureau nomade : lieu où sont regroupés les services variant selon les rôles de chacun (élève, enseignant, parent
)
Schéma de la structure des outils du cartable électronique®
Interface du cartable électronique®
Après identification voici lespace du cartable
Ce « cartable électronique » ne correspond donc pas à un objet physique distribué à des élèves mais à un environnement virtuel type plate-forme proposant un ensemble de services et de contenus éducatifs accessible depuis tout lieu disposant dune liaison Internet. Actuellement cet environnement est réellement utilisé par les élèves, les enseignants et ces derniers encouragent les parents à consulter également ce site.
Depuis peu, 11 collèges de Savoie, six collèges du département de lIsère et quelques collèges ardéchois utilisent cet espace.
Pour être tout à fait opérationnel au départ, les élèves des premiers établissements ont reçu un ordinateur portable. Mais comme le précise Christian Martel, concepteur du système, « léquipement en portables nest pas indispensable au concept « cartable » tel que lentend cette expérience. Un accès depuis des lieux publics, à lintérieur et en dehors de lécole, pourrait suffire » (D. Kaplan, 2003). Les élèves ont rendu les portables prêtés depuis 2001 dès la rentrée 2003. Ce changement de condition de travail pour les enseignants devrait se ressentir dans mes entretiens. Mais cette gêne nenlève rien des objectifs pédagogiques poursuivis :
permettre à lélève de sapproprier les TIC par une utilisation à des fins personnelles ou dans le cadre dactivités collectives avec la classe
affranchir lélève des contraintes de localisation en interrogeant les services depuis son domicile ou tout autre lieu connecté
permettre à lélève de conserver les traces de ses différentes activités et cela tout au long de sa scolarité
Une structure industrielle (Savoie technologies) a été créée en 2003 pour assurer la commercialisation du cartable électronique®. Les plates-formes de chaque établissement sont reliées par Internet et peuvent donc communiquer entre elles mais également avec dautres plates-formes similaires pour récupérer des données ou prévoir des projets en collaboration. Cette plate-forme est appelée à évoluer facilement puisquelle a été développée à partir dune technologie « open source ». Courant 2004 le cartable électronique a été vendu à une société, ERN, qui désormais assure le développement de la plate-forme, le département ne souhaite donc plus sappuyer directement sur les compétences des développeurs initiaux (Savoie Tchnologie).
Le cartable doit mettre à disposition :
des informations sur lorganisation de létablissement et de la classe de lélève
des ressources pour laide au travail personnel, un agenda et des polycopiés utilisés en classe
des fonctions de gestion de ses données et de ses échanges, journal, espace darchivage personnel
Nous verrons dans les entretiens quelles sont les utilisations des enseignants de ces outils.
G. Chabert sest intéressée à lutilisation de ce dispositif et voici quelques uns des résultats de son enquête effectuée en 2002 auprès des enseignants utilisateurs (à cette époque les élèves disposaient dun portable chacun):
- accroissement de la communication entre enseignants et élèves avec un contact « plus convivial, ou plus proche »,
- mise en ligne de leur cours, complets et au propre ainsi que des corrections, des contenus spécifiques,
- sentiment que le rendu est plus visuel, attractif et nouveau et peut répondre en partie aux problèmes de motivation des élèves,
- imaginent mettre en place une pédagogie différenciée,
- intention de faire des travaux de groupe, « dabord dans leur propre communauté, pour « échanger des idées et communiquer avec les enseignants de leur propre discipline ».
Ces résultats me permettront dévaluer si les utilisations et les représentations qui en sont faites ont changées.
1-2-2 Question de recherche
Léquipe de développement du cartable électronique souhaite mettre en place un classeur de référence qui pourrait correspondre à un espace de mutualisation de ressources et déchange. Le classeur de référence serait en quelque sorte un endroit où les enseignants partageraient leurs ressources mais sont-ils prêt à échanger leurs ressources, à mutualiser leurs données.
Cet espace peut être investit de différentes manières par les enseignants et pose par conséquent un certain nombre de questions qui rejoignent les cadres théoriques explicités plus haut concernant la gestion de linformation.
Pour aborder cette question avec les enseignants je souhaitais au préalable connaître leur utilisation du cartable pour estimer le degré dintégration dun tel dispositif. Selon Depover et Strebelle, nous pouvons parler dintégration « uniquement dans le cas dun usage habituel et suffisamment régulier pour conduire, à terme, à une modification des pratiques scolaires » et pour être plus précis les auteurs avancent que « lintégration des NTI passe dabord par une modification des pratiques denseignement. Rien ne sert de maîtriser dun point de vue technique linformatique si lon nest pas prêt à changer sa manière denseigner. ». Je vais donc aborder la question des usages « en construction » et des usages « stabilisés » c'est-à-dire « des modes dutilisation se manifestant avec suffisamment de récurrence sous la forme dhabitudes intégrées dans la quotidienneté » pour évaluer si les enseignants ont transformé leur manière denseigner. Quelles sont les utilisations habituelles du cartable ? Quelles sont les opinions des enseignants sur ce dispositif et leurs représentations ?
Il semblerait selon certaines études que les enseignants après formation ne modifient pas ou très peu leur manière denseigner et selon certains auteurs (Larose et Peraya, 2001 ; Lenoir, Larose, Deaudelin, Kalubi et Roy, 2002) cette difficulté de transformer leur manière denseigner est due au rapport complexe quils entretiennent avec le « savoir scolaire » ainsi que de la lecture quils font de leur fonction de médiation entre la matière scolaire et lélève. Est ce que les formations sont davantage centrées sur les modalités dapprentissage des élèves ou sur lordinateur et loutil ?
Dans lutilisation que font les enseignants du cartable électronique®, stabilisent-ils des stratégies pédagogiques ? Recourent-ils à ces outils dans la mesure où cela ne perturbe pas leur habitus denseignement ou de gestion de la classe ? Est-ce que lon voit apparaître la mise en place de scénarios socio-pédagogiques, collaboratifs ?
Compte tenu de limpact du sentiment dutilité dans lintégration dune innovation, pouvons-nous attester dans le cadre de ce dispositif de bénéfices retirés par les enseignants ?
Dans un deuxième temps ma question de recherche concerne donc plus spécialement la mutualisation entre les enseignants et leur représentation du classeur de référence, réceptacle de cette mutualisation.
Quelles sont leurs habiletés actuelles en terme de mutualisation au sein du cartable mais également à lextérieur ?
A travers lidée quils doivent être les constructeurs des contenus pédagogiques du cartable électronique®, quelle est leur position vis-à-vis de cet investissement ?
Quelles sont les stratégies quils mettent en place pour exploiter les ressources quils ont à disposition sur Internet et quelles sont les ressources dont ils ont besoin au sein du cartable ?
1-2-3 Méthodologie
Mon travail est une enquête, un regard posé sur les utilisateurs du dispositif. Il est basé sur une étude qualitative et la rencontre de 11 enseignants de différents collèges qui utilisent le cartable électronique® de Savoie. Nous avons préféré questionner plusieurs équipes pour que létude soit la plus représentative possible.
Voici les contraintes de départ à respecter :
Ils utilisent déjà le cartable électronique et ont une petite expérience de la mutualisation.
Âge indifférent
Même proportion homme/femme
Les deux établissements publics qui ont utilisé le dispositif depuis le début ne permettaient pas de toucher suffisamment denseignants, jai donc élargit la sélection à dautres établissements qui utilisent le dispositif depuis la rentrée 2003. Personnes rencontrées :
Collèges qui ont débutés avec le cartable électronique dès 2001
Collèges SexeAgeDisciplineUtilisation du cartableSt Jean de MaurienneFemme31 à 40 anslettres1 anFemme31 à 40 ansPhysique-Chimie1 anHomme26 à 30 ansScience et Vie de la Terre3 ansE. Perrier de la Bâtie
UgineFemme+ de 55 ansMathématique3 ansFemme41 à 50 ansHistoire-Géographie3ansHomme31 à 40 ansPhysique-Chimie3 ans
Collèges qui utilisent le cartable depuis 2003 :
Collèges SexeAgeDisciplineUtilisation du cartableCôte-Rousse ChambéryFemme31 à 40 ansLettres1 an, mais utilisation dun dispositif à LilleHomme31 à 40 ansMathématique1 anHomme31 à 40 ansHistoire-Géographie1 anCombe de Savoie
AlbertvilleFemme26 à 30 ansLettres1anHomme+ de 55 ansMathématique1 an
Le type dentretien soriente vers le « Story telling » ou « récit de vie ». Peu directif, parfois une seule question suffit et ne comporte aucune question directe et fermée. Dans ce cadre, il faut insister sur ce quils font concrètement et essayer de modérer les appréciations sur ce quils pensent. Ils doivent raconter par exemple un événement difficile ou au contraire enrichissant.
Mes entretiens ont durés en moyenne 40 minutes. Jai construit un canevas reprenant mes points principaux. Dans mes entretiens je me suis tenu à rester au maximum sur les faits, les pratiques et les applications mais certains passages renvoient à leurs représentations, passages que jai séparés dans mon analyse. Cest la particularité des récits autobiographiques ou lon retrouve toujours deux types dinformation : des indications évènementielles et des réflexions subjectives.
Cest mon premier travail à base dentretiens et il est très difficile dorienter le fil de linterview. Dans ce type de travail il est indispensable de ne pas interrompre linterviewé et il faut réussir à garder en mémoire les éléments sur lesquels nous voulons rebondir. Lorsquil y a plusieurs éléments à approfondir, il se peut que nous en omettions certains malheureusement. Je nai pas fait de relecture avec ces enseignants des entretiens car il est assez difficile de disposer de plus de temps avec ces derniers étant donné leur charge de travail. Cétait également un parti pris de travailler sur un matériau brut, sans « retouche », à vif.
Un questionnaire à la fin de lentretien leur a été adressé pour connaître leur équipement informatique et leur utilisation à domicile dInternet. Il se trouve quils sont tous équipés dune connexion Internet et quils utilisent le web quotidiennement.
Jai rencontré progressivement les enseignants et retranscrit parallèlement les entretiens (Annexe D) ce qui ma permis de réorienter certaines questions.
Jai traité mes données par rapport à mon canevas (Annexe A et B). Le but de lanalyse est de mettre en évidence les constantes des récits, les régularités mais également les cas de particularité. La découpe des entretiens (Annexe C) a permis de faire émerger certains thèmes que jai traités séparément dans chacune de mes parties sur les utilisations et la mutualisation. Cette méthode est délicate car au départ le canevas utilisé est très peu structuré et cest lexploration qui donne corps à la recherche.
2 - Pratiques éducatives
Cette partie est consacrée aux pratiques éducatives mises en place par les enseignants pour évaluer si le dispositif a atteint les premiers objectifs dutilisation des enseignants qui étaient fixés par léquipe de développement à savoir :
Bâtir simplement des plans de travail présentant les objectifs fixés à lélève, les ressources électroniques quils mettent à leur disposition en utilisant la version électronique du cahier de texte
Coopérer avec ses collègues de létablissement où il exerce, ou des établissements distants (réunir facilement leurs classes avec possibilité de réaliser des travaux en commun, porte ouverte à une diversité des pratiques pédagogiques)
Offrir à lenseignant des contenus didactiques de bonne qualité quil pourrait retravailler à sa guise pour assurer par exemple une pédagogie différenciée
Cette partie permettra dévaluer si lenseignant commence à mettre en place quelques scénarios pédagogiques ou pratiques éducatives innovants.
Enfin jaborderai le sentiment général des enseignants vis à vis du dispositif, les freins quils ont quant à son utilisation.
2-1 Utilisation du cartable
2-1-1 Utilisation des outils
2-1-1-a Envoi de travail par le casier
« Jenvoie du travail dans le casier des élèves, ils ont travaillé dessus et me lont renvoyé »
Enseignante en français
« Soit je leur envoie la séance que lon va faire le lendemain, soit je leur envois une démarche à faire avec dautres documents à côté »
Enseignant de mathématique
« chaque midi et chaque soir ça fait a peu près 2 heures et ½ par jour, les élèves peuvent se connecter au cartable électronique aller chercher des fichiers quon leur a envoyé, nous renvoyer des fichiers dans nos casier, cest vrai que cest souple, cest pratique »
Enseignante en français
La messagerie avec les élèves seffectue principalement à travers le casier car le web mail ne fonctionne pas toujours correctement selon certains enseignants.
2-1-1-b Cahier de texte
Depuis la récupération des portables des élèves, le cahier de texte est beaucoup moins utilisé, mais cet outil nest pas complètement abandonné et trouve encore sa raison dêtre auprès de certains enseignants.
« Je remplis le cahier journal régulièrement comme on complète un cahier de texte dailleurs jai cessé les cahiers de textes manuscrit, lélève absent peut consulter ce qui a été fait en classe, même les parents peuvent savoir »
Enseignante en français
«
pour la vie scolaire, quand on est prof principal, pour transmettre des documents, dialoguer avec les familles, signaler des absences, suivre des absences, suivre des élèves qui sont sportifs et qui sont en absence. »
Enseignant en SVT
« Le cahier de texte je lutilise depuis quon a ouvert les salles le soir et le midi pour des projets sur 15 jours, là maintenant ils sont obligés de le faire »
Enseignant de mathématique
Cet outil trouve son intérêt si lon met en place des conditions dutilisation. Concernant cet enseignant de mathématique, la mise en place dheures rendant accessible le cartable électronique au sein de létablissement permet de lutiliser.
2-1-1-c Forum
Dune manière générale le forum et le chat sont encore peu utilisés entre les enseignants ou dans le cadre dactivité en classe.
«
mutualiser aussi des documents concernant lorientation. Avec ma 3ème je mutualise des fiches de renseignement sur différents métiers, cest une façon de faire un forum de lorientation »
Enseignant en SVT
«
des forums de discussion avec 1 collègue et la Conseillère dOrientation Pédagogique pour 2 classes sur lorientation, cest plus facile pour récupérer documents et poser des questions »
Enseignante en français
2-1-1-d Création de groupes à thème
« Chaque classe a son groupe, jai créé également un groupe CDI, dans le groupe classe apparaît immédiatement leur dossier par matières »
Enseignante en français
« Jai créé un groupe classe et un groupe thème science et informatique »
Enseignant de mathématique
Nous avons vu dans la partie présentant le dispositif que la création de groupe est une des fonctions principales. Après consultation des groupes existant au sein du cartable et consultables on se rend compte que très peu fonctionnent réellement. La plupart ont été créés pour tester le dispositif et abandonnés par la suite. Seuls quelques rares enseignants et encadrants du projet créent des groupes pour mettre à disposition des autres enseignants des ressources. Ce sont des groupes publics quils enrichissent régulièrement. Les groupes créés par les enseignants sont ceux de leurs classes constitués de dossiers sur le cours ou dactivités des classes. Cela reste une utilisation principalement individuelle. Lobjectif de cet outil étant que des communautés se constituent, se dissolvent et sinterpénètrent.
2-1-2 Les principales pratiques éducatives : questionnaires et exercices, stockage de liens et de documents
2-1-2-a Questionnaires et exercices
Tous les enseignants font ce type dactivité et en retire des avantages variés.
Facilité de correction
« Des exercices interactifs qui se corrigent automatiquement de grammaire, conjugaison
»
Enseignante en français
« Correction de démonstration en faisant un exercice à trous, cétait un avantage sur le plan organisation »
Enseignante en mathématique
« Jutilise de petits exercices à la fin de chaque leçon puis avec un logiciel les notes apparaissent, le nombre d'erreurs et le temps qua mis chaque élève »
Enseignante en physique et chimie
pas toujours partagée
« Jai utilisé quelques fois le questionnaire, mais cest infernal à corriger. »
Enseignante en histoire et géographie
permet de personnaliser au maximum
« Des exercices types que je mettais dans le cartable, donc comme on trouve sur des livres ou des exercices rédigés, que javais rédigés selon ma méthode, bon, en quelque sorte ils retrouvaient la méthode du professeur alors que sur le livre parfois cela diffère un petit peu »
Enseignante en mathématique
« Je crée des fichiers fait avec des exerciser genre Netquiz ou Hot Potatoes »
Enseignante en français
« Je sais faire quelques exercices avec HotPotatoes » « certains exercices avec les élèves qui sont en lignes sur Internet »
Enseignante en physique et chimie
Vérifier une leçon
« HotPot, ça permet de créer soit des qcm, soit des mots croisés soit tout un tas de petits exercices qui peuvent en gros vérifier la leçon »
Enseignante en physique et chimie
2-1-2-b Liens et documents
« Jai mis des liens Internet pour quils puissent aller chercher des informations pour un projet sur le tabac
les sites sont prédéfinis parce que sinon on a pas besoin du cartable pour ça »
Enseignante en français
« Je met des liens Internet pour éviter qu'ils aient à taper l'adresse. »
Enseignante en histoire et géographie
« Télécharger des documents et les utiliser tels quels, les faire travailler sur des liens vers dautres sites Internet quon stocke dans le casier ou quon leur envoie par courrier »
Enseignant de physique et chimie
« Ensemble de liens que jai trouvé intéressant sur Internet quon utilise ou non en classe et qu'ils peuvent consulter »
Enseignante en français
« On a créé du contenu, images, texte, son, des exercices le plus interactif possible, stockés sur le cartable »
Enseignant en SVT
«Je cherche de linformation sur Internet et je la dépose, que jenvoie après aux élèves, ils ont donc ladresse sur laquelle ils doivent cliquer »
Enseignante en physique et chimie
« Je fais des montages de documents dans lesquels on doit repérer des informations »
Enseignante en français
« Jai fabriqué des documents sous forme de mini site web dans lesquels ils pouvaient, répondre à des exercices dauto évaluation, renvoyer des questionnaires, télécharger des choses, mettre à jour les documents »
Enseignant de physique et chimie
2-1-2-c Stockage personnel
« Cela membêterait quon me le retire parce que jai vraiment ce dépôt, je sais où cest, le réseau cest super compliqué »
Enseignante en histoire et géographie
« Jai beaucoup de documents dans mon espace à moi »
Enseignante en mathématique
« Dans le cartable rien est à moi tout est stocké sur mon ordinateur »
Enseignante en français
2-1-3 Pédagogies mises en place et utilisations en classe
2-1-3-a Pédagogie différenciée et autonomie des élèves
« Cela me permet de mettre en place une pédagogie différenciée »
Enseignante en français
«Je projette soit sur leur poste soit sur la télé et elle tourne en continue pendant ce temps là ils font leur tracé au lieu de tout réexpliquer et ça nous permet de passer et daller voir les autres »
Enseignant de mathématique
« Une fois que jai expliqué ce que jattendais deux ils sont laissés en autonomie sur le cours et au fil du déroulement de laction ils accèdent à des exercices dauto évaluation »
Enseignant de physique et chimie
« Jai fait pour les élèves de troisième un dossier brevet avec quelques entraînements au brevet interactif, là je vais faire des dictées donc je vais menregistrer et faire des dictées qu'ils pourront faire, donc cest une manière de développer lautonomie parce que lobjet est interactif »
Enseignante en français
« Des séances dexercices et ils doivent menvoyer leur travail dans mon casier dans le cartable électronique à la fin de lheure ou alors sils ont besoin de plus de temps ils ont un jour pour me le renvoyer »
Enseignant de mathématique
« Je montre aussi aux élèves que cest important de sorganiser pour retrouver ses documents, fautes d'orthographe
»
Enseignant de physique et chimie
Daprès ces témoignages on se rend compte que la pédagogie différenciée est largement utilisée par les enseignants et elle sest enrichie par rapport aux premières enquêtes effectuées par G. Chabert où cette pratique était encore principalement à létat de projet.
2-1-3-b Travail collaboratif ou interdisciplinaire
Dans cette étude jutilise le terme « collaboratif » de manière très large incluant trois types de collaboration :
- activités pédagogiques de collaboration entre plusieurs classes
« Jai fait du travail collaboratif en français-histoire sur la seconde guerre mondiale donc avec des documents à visionner, des questionnaires, etc. Puis restitution à la fois en classe de français et en classe dhistoire, mais on a travaillé dessus en salle des profs à deux puis on la mis sur le cartable »
Enseignante en français
«Nous avons fait une course à lénigme entre physique et SVT, en passant par lespace coopératif du cartable, lespace groupe pour trouver ce quavait fait les autres équipe et lintégrer dans leur réponse »
Enseignant en SVT
« Un travail de collaboration avec le professeur de biologie (SVT), avec des énigmes, envois de mails, mise en commun de leurs informations dans lespace groupe »
Enseignante de physique et chimie
- activités pédagogiques de collaboration au sein dune classe :
« Quelques fois le voisin ou les deux voisins participent pour aider leur camarade donc il y a une émulation, un effet de groupe qui se créé mais cest des petits groupes parce que au delà de 2, 3 ça commence à partir
»
Enseignant de physique et chimie
- activité de collaboration entre enseignants pour la construction de documents ou denseignements :
« Des réassemblages de liens avec un collègue enseignant, on stockait des liens intéressants vers des sites »
Enseignant en SVT
«Nous avons fait plus dutilisation coopératives la seconde année, avec mise en commun de documents, retravaillés
»
Enseignant en SVT
2-1-3-c Socio-constructivisme
« Jai proposé aux élèves de faire eux même des exercices mais ils nutilisent pas lexerciser, cest à dire quils me font des phrases par exemple au passé simple en mettant plusieurs choix puis moi je le met dans lexerciser »
Enseignante en français
Cette activité de type constructiviste nest pas véritablement impulsée par le dispositif car elle exploite très peu les outils à disposition. Elle pourrait être effectuée en dehors de tout dispositif.
« Mise en commun des images, de dessins scientifiques en SVT des élèves et chacun allait voir ce que les autres avaient fait et ça interagissait
comparer les images permettait de découvrir les critères nécessaires et non connu par les élèves...mais cette utilisation coopérative est restée très ponctuelle, elle ne sest pas généralisée »
Enseignant en SVT
« Dernièrement il y avais des cours interactifs en ligne que je nai pas créés mais trouvé intéressants donc jai mis mes élèves dessus ils doivent prendre des notes sur les parties qui les intéressent et après on construit le cours ensemble et puis je leur donne une fiche de résumé dans laquelle il y a quelques petites choses à compléter, normalement la notion doit être comprise avec le cours sur lordinateur »
Enseignante de physique et chimie
« Ils sont par deux par ordinateurs et après ils vont au tableau et ils écrivent tout ce quils ont pris comme notes et puis après on restructure un peu, je guide un peu la constitution du document »
Enseignante de physique et chimie
2-1-3-d « Pédagogie appliquée »
« Ce dispositif trouve son intérêt dans ce que lon appelle les itinéraires de découverte (IDD) les élèves ont besoin de stocker des favoris, ont besoin de stocker des images récupérées sur Internet pour refabriquer un produit, un exposé »
Enseignant en SVT
«Dans le cadre dun travail pluridisciplinaire, chacun doit faire dans son domaine du travail sur la sécurité routière, j'ai recopié un tableau dans le cartable, je lai envoyé à chacun et ça à débouché sur des calculs de pourcentages, construction de graphique, cest ce qui est demandé dans le B2I »
Enseignante en mathématique
Synthèse
Pour linstant lutilisation qui est faite du cartable a plutôt tendance à stabiliser des pratiques traditionnelles avec :
La résurgence des exercices à trous et des questionnaires qui étaient pourtant remis en cause lorsquils étaient appliqués sous forme papier-crayon.
La transmission de documents, dinformation
Le stockage et la construction de documents à des fins personnelles
Linnovation pédagogique est quasi inexistante excepté quelques initiatives de scénarios socio-constructiviste à travers la construction par les élèves eux-mêmes dexercices ou de cours. Elles restent minimes et exploitent peu les possibilités offertes par le dispositif, mais elles ont pour intérêt de donner une certaine place à linteractivité. Ils ont essayé quelques activités de collaboration mais elles sont longues à mettre en place et à gérer. Ces activités sont portées par des cadres pré-établis du type IDD ou B2I.
« Javais pas de situation, jai été obligé dinventer des situations en quelque sorte, je navais pas de pratique collaborative »
Enseignant en SVT
Les activités pédagogiques établies via le cartable électronique sont toujours de lordre des pratiques de transmission du savoir et encore trop peu de construction du savoir. Par contre on se rend compte que la documentation prend une place beaucoup plus importante que dans lenseignement traditionnel mais cet aspect informatif reste très voisin de la pédagogie transmissive.
Cette utilisation de type « Drill and Practice » correspond selon Newby et Lai (1996) à la seconde étape de la prise en main de ce type de dispositif. Précédent une étape de « familiarisation » où les enseignants découvrent les outils et certains logiciels, létape « dutilisation » correspond à lintégration de lordinateur en classe à travers ce quil y a de plus simple à construire et qui ne remet pas en cause leur façon denseigner, c'est-à-dire questionnaires et présentation dinformation. Ce stade devrait être suivi dune étape dintégration et de réorientation que lon voit poindre à travers les quelques utilisations socio-constructiviste effectuées.
Après cette évaluation des utilisations, quel est leur sentiment vis-à-vis du dispositif ?
A travers les questions de mes premiers entretiens les enseignants ont principalement insisté sur les freins quils rencontraient pour lutilisation du cartable. Ils ont mit en avant leurs malaises et jai été le dépositaire de nombreux mécontentements. Les retours sur le cartable sont assez alarmants mais ne signifient pas labandon total de ce dernier. Une des enseignantes et la plus récalcitrante ma précisé quelle serait embêtée si on le lui retirait. Le tableau que je vais dresser nest donc pas si noir et peut comporter des informations intéressantes concernant ladoption dun tel dispositif par les enseignants.
2 -2 Freins généraux à lutilisation dun dispositif cartable
La littérature a déjà dénombré un certain nombre de ces freins ce qui me permet destimer si la configuration du cartable et son introduction dans les établissements obéissent ou non à ces préceptes malheureux ou sil est porteur dautres handicaps.
2-2-1 Laspect commercial
Plusieurs des enseignants rencontrés ont insisté sur le décalage qui existe entre le discours des institutions et des médias et la réalité sur le terrain. Ils sont persuadés dêtre utilisés aux yeux de lEducation Nationale pour servir les intérêts des équipes de développement ou des éditeurs privés. Ils déplorent le manque de formation et labsence dencadrement pour la maintenance. Ils se sentent abandonnés, utilisés et impuissants face aux possibilités que permettrait un tel dispositif.
«
et le truc avait même pas commencé que déjà « achetez le cartable électronique savoyard il est tip top », ce en quoi je ne suis pas entièrement contre mais on sest dit bon ben là à quoi bon saffoler, si on leur dit dans deux ans votre truc on sen sert pas et ça sert à rien, ce que je ne dis pas aujourdhui mais, qui nous écoutera ? cest fini, cest lancé, cétait lancé avant, on a été une belle vitrine »
Enseignante en histoire et géographie
«
vu le peu de retour que cela nous procure pour linstant, le sentiment d avoir été quand même utilisé comme prétexte, comme estampille éducation nationale pour le développement du cartable plutôt sur la plate-forme à un niveau université, nous on était un petit peu la justification de tout ça »
Enseignant en SVT
2-2-2 Linvestissement des enseignants
Lintroduction dun tel dispositif sera vécu différemment selon que lon impose le dispositif à des enseignants dune même classe ou que lon propose le dispositif à des enseignants volontaires. On retrouve souvent le même scénario dintroduction pour ces dispositifs, à savoir son imposition sur une ou plusieurs classes dont les enseignants ne sont pas tous forcément volontaires. Par conséquent, certains enseignants sy retrouvant contraints et forcés peuvent endiguer lélan général ou, autre éventualité, faire preuve de bonne volonté, tenter de suivre, mais se retrouvant à bout de souffle réduiront considérablement leur utilisation voir rejetteront définitivement le dispositif. Mais en contrepartie, il est certain que de sadresser seulement à des enseignants volontaires ne fera quaugmenter le gouffre qui existe dun enseignant à lautre sur la question des TICE. Le choix qui sera fait sur lintroduction dun dispositif jouera sur le sens collectif qui sera construit.
« Je participe à lexpérience par accident parce que jétais la prof de la classe, ce nest pas moi qui est réfléchi et demandé, je me suis retrouvée dedans par hasard »
Enseignante en histoire et géographie
« On sest mis a utiliser les TICE contraint et forcé mais on sy est mis, alors je ne sais pas si au niveau pédagogique cela a fait un plus, ça moi jen suis pas persuadée du tout, ça reste à prouver, pédagogiquement lutilisation, les bénéfices jen suis pas persuadée au collège en tout cas »
Enseignante en physique et chimie
«Le projet nest pas basé sur le volontariat des enseignants donc ils ne sont pas forcément motivés pour le faire » «
on a du mal à trouver des profs volontaires, les gens ont un peu peur »
Enseignante en français
« Les IPR de math qui ne sont pas du tout pour un cartable électronique soit parce quils ne voient pas lintérêt
et les collègues qui étaient là nétaient pas au courant alors quils avaient reçu un mot dans leur cartable »
Enseignant de mathématique
Les enseignants attendent plus de soutien de la part de leur inspecteur et le rapport de linspection général de léducation nationale souligne le problème de la formation de ces derniers.
Les enseignants qui agissent le plus rapidement sont ceux qui connaissent linformatique et leur enthousiasme amplifie le décalage avec leurs congénères qui nosent pas toujours avouer quils sont en difficultés. Les enseignants de chaque bord se retrouvent seuls, les uns en fuyant lutilisation, les autres en attente de réalisations.
« Mes collègues ont eu un petit peu le comportement de mes élèves, tant quils sont à lécoute ça va, dès que lon demande une production cest plus difficile, ça demande du temps. »
Enseignant de mathématique proposant des formations
« Pour le groupe outil que jai créé, il faudrait quil soit connu, que tout le monde le sache et comme tout le monde nouvre pas son cartable électronique tout le monde ne le sait pas »
Enseignant de mathématique qui a créé un groupe outil
Le problème est de savoir sil est préférable pour de tels projets de toucher seulement quelques enseignants ou lensemble dun établissement. Si lon veut toucher lensemble dun établissement se pose la question du temps nécessaire pour la formation et lévaluation, dailleurs cette dernière est quasi absente dans le cadre du cartable électronique et semble lêtre très souvent des autres projets de ce type.
Un des axes de ces projets qui pourrait aboutir à une utilisation du dispositif à léchelle de létablissement est celui de la vie scolaire, mais il est mis entre parenthèse depuis que les élèves nont plus de portables.
Lun des soucis également des enseignants retrouvé dans les entretiens et qui rejoint la question du projet porté par létablissement dans son ensemble, est de ne pas oublier non plus les autres élèves. En effet, appliquer des activités différentes dune classe à une autre demande plus de travail à lenseignant et innover avec une partie de ses classes ne doit pas entamer le travail à effectuer avec les autres classes. Dailleurs certains enseignants réutilisent certaines activités prévues pour les classes « cartable » avec leurs autres classes.
Dans le même ordre de difficulté, et daprès certains des enseignants rencontrés, les élèves de ces classes sélectionnées ont le sentiment de travailler deux fois plus que leurs collègues sans cartable, ce qui peut déclencher un certain découragement de lélève et par conséquent provoquer chez lenseignant encore hésitant une inquiétude ou un doute de lutilité de ses activités et scénarii pédagogiques.
« On a plein de classes qui ne sont pas dans le cadre expérimental qui faut bien faire avancer »
Enseignant en SVT
2-2-3 Une utilisation irrégulière
Lapprentissage du dispositif apparaît comme compliqué aux enseignants car la masse dinformation divulguée en formation est énorme et les fonctionnalités nombreuses. Ils tentent de réinvestir ce quils ont appris rapidement mais soctroient des périodes de non utilisation du dispositif et par conséquent perdent en habileté. Ces oublis concernent principalement lutilisation de logiciels et la mémorisation de certains contenu dans le cartable (un groupe particulier, une information précise, utilisation des outils
). Ce handicap concerne également les élèves. Cette difficulté à réinvestir le dispositif pose la question de lergonomie de linterface que nous aborderons plus loin.
« Il faut du temps pour mettre les élèves dedans
puis vu quil ny allaient pas souvent, une fois par semaine ou tous les 15 jours, ils oublient vite, ils sont comme nous »
Enseignante en français
« Mais cest très ponctuel, jutilise ça comme ça »
Enseignante en histoire et géographie
« Si les élèves ont jamais mis le nez dedans on peut pas forcément passer par le cartable, il y a dautres moyens »
Enseignante en histoire et géographie
La non utilisation est due à un besoin de faire un break car la mise en place dactivité au sein du cartable leur demande un effort important en temps.
« Le cartable a été une succession de petits projets de lordre du mois avec parfois 2 ou 3 mois où on faisait moins de choses parce que cétait un peu lourd à porter voir même très lourd
»
Enseignant en SVT
Cette utilisation très ponctuelle est un frein pour lintégration de ce dispositif car il est très tentant pour les enseignants de ne plus réitérer leurs efforts et de reprendre danciennes habitudes quils nont pas totalement abandonnées dailleurs.
2-2-4 Superposition de deux systèmes
Pour certains des établissements visités il existait au préalable un dispositif en réseau qui leur permettait déjà daller sur Internet et mettait à leur disposition quelques outils type messagerie ou stockage de documents utilisable par les enseignants et les élèves. Bien souvent le cartable est intégré dans ce premier dispositif ce qui signifie que pour latteindre les utilisateurs doivent rentrer dans le premier dispositif puis dans le cartable, ils ont donc besoin de deux mots de passe. On comprend que si les enseignants peuvent faire la même chose sur lintranet ils éviteront dutiliser à chaque fois les deux mots de passe. Par conséquent, certains des travaux des élèves ce situent sur lun ou lautre des dispositifs ce qui complique les manipulations. De plus les équipes de développement de chacun des dispositifs innovent et proposent petit à petit les même possibilités ce qui ne permettra pas dapprécier ces dispositifs à leur juste valeur.
« La superposition d'HARP et du cartable, complique les manipulations
Enseignante en français
« Pendant les cours, le cartable électronique je ne lutilise pas ou alors on peut dire que je lutilise en faisant des exercices sur lintranet sur Internet, donc que les élèves y accèdent par le cartable ou lintranet »
Enseignante en physique et chimie
2-2-5 Nouveau rapport avec les élèves
En ce qui concerne la relation avec les élèves, certains enseignants ont été confrontés à de nouveaux rapports. Sans émettre de véritable plainte, ils ont dû faire face à certaines situations de rapprochement ou de familiarité auxquelles ils nétaient pas préparés. Il semblerait que lélève à travers la messagerie soit plus à laise pour communiquer et franchir certaines limites peu tolérées auparavant dans le cadre dun enseignement entièrement en présentiel. La communication à distance facilitée par les TIC permet de faire tomber quelques barrières et opacifie les codes de conduite entre enseignants et élèves, « dans la mesure où ces technologies prolongent et modèlent ses capacités cognitives et sociales, ce processus à des conséquences dans la manière de concevoir la réalité et de se concevoir soi-même. ».
« Pendant cette expérience il y a eu beaucoup de rapprochement et il était difficile après pour les élèves de définir leurs limites, ils navaient plus trop la notion du prof, trop de familiarité avec certain et par contre des oppositions avec dautres »
Enseignante de mathématique
« Un jour il y a un élève qui nest pas venu, qui était absent et le soir il mavait envoyé un message dans mon casier en disant, il a voulu faire de lhumour, quil na pas pu venir parce quil devait payer le parcmètre de la poussette de sa petite sur, envoyé avec un sourire. Mais je lui aie répondu. Donc il y avait ça, cest arrivé une fois mais ce nest pas significatif. Je lui aie montré que cétait marrant mais pas le fait de ne pas être venu. Par contre cest vrai que ce qui serait intéressant cest de développer ça mais pas quavec les élèves , avec les familles aussi, qui ont besoin de ça aussi, qui nosent pas venir au collège »
Enseignant de mathématique
« Jessaie toujours de leur dire quils peuvent me joindre comme ça mais il faut quil y ait des limites parce que autrement on se retrouve avec des « bonnes années », « bonnes fêtes » « bonne ceci, bonne cela" »
Enseignante en mathématique
Ce nouveau rapport est donc différemment perçu par les enseignants.
Autre inconvénient, pour les établissements qui ont tablé lintégration du dispositif sur lobservation de mêmes classes, démarrant pour la plupart en 5ème et suivies jusquen 3ème et préservant les mêmes enseignants tout au long de leur scolarité car une sorte de lassitude se met en place et peut provoquer des conflits entre enseignants et élèves.
« Ils annonçaient clairement que davoir toujours le même professeur et davoir éventuellement en troisième année encore le même professeur,et pas uniquement en math, ils avaient envie de changer »
Enseignante en mathématique
Nous lavons vu plus haut, chaque détail concernant les choix effectués pour lintroduction dun tel projet ont leur importance.
On peut également citer un autre problème pour ce type de classes « prototype » concernant un sentiment de charge supplémentaire de travail ressenti par ces élèves qui pourrait à long terme être mal vécu et enfreindre le bon déroulement de lapprentissage.
« Ce qui avait été reproché par les élèves lors de lexpérimentation quand ils avaient les portables à la maison cest quils disaient que par rapport à une classe normale ils étaient surchargés de travail. Cest sur puisque le travail sur papier y était encore et puis il y avait plus de chose, soit des choses à lire, alors après ils le faisaient ou le faisaient pas ça ce nétait pas vérifiable mais comme cétait une classe très sérieuse, je pense quils le faisaient. Il y a des élèves qui avaient dit « moi je ne veux plus faire parti du cartable parce quon a plus de travail que les autres » ».
Enseignante en physique et chimie
2-2-6 Temps et identification de lutilité du cartable
Je ne vais pas développer trop longuement ce frein qui a été largement dénoncé dans des travaux précédents (Baron et Bruillard, 1996). Mais ce qui est intéressant de remarquer cest que certains enseignants par manque de temps réduisent leur temps dutilisation du cartable en cours et prévoient de plus en plus dactivités en dehors du cours tablant sur une hypothétique suffisance des accès aux salles de libre service. Connaissant les difficultés quont les établissements à assurer un encadrement de ces salles de libre service on imagine le devenir de ces activités.
« Jessaye de refaire un peu la même chose pendant des heures qui sont en dehors des heures de classe car il ne faut tellement ne pas perdre de temps pour le programme »
Enseignante en mathématique
Un aspect également important de mes entretiens est que la plupart du temps lorsquun enseignant invoque le temps comme obstacle il le relie très souvent à la question du « savoir quoi faire ». Avoir du temps pour se former est une chose, mais prendre du temps pour savoir quoi faire exactement en est une autre.
« En même temps il y avait de la formation technique donc tout allait en même temps, cest ce qui était très difficile, tout sentremêle en permanence, problème technique, problème pédagogique, quest ce quon fait avec loutil
»
Enseignant en SVT
« cest un outil fantastique
mais il y a tout à mettre dedans, ce sont aux enseignants à créer des choses et ça cest loin dêtre évident, si on na pas les idées
et puis on peut avoir les idées et puis il peut manquer le technique »
Enseignante en français
« Pour résumer le problème avec le cartable, cest que pendant longtemps on a été 80 % technicien et 20% pédagogue, moi mon métier cest exactement linverse, je dirais nettement linverse »
Enseignant en SVT
« on était chargé aussi pour ceux qui pouvaient former au cas par cas les autres collègues et en plus il y avait dautres formations qui venait se rajouter donc tout ça créait une sorte de nébuleuse où on évoluait sans vraiment de recul pendant 3 ans »
Enseignant en SVT
On voit que les enseignants ont besoin de prendre du recul en tout cas pour ceux qui maîtrisent déjà les outils.
Les enseignants invoquent de toute façon le programme pour incriminer ce manque de temps mais également la nécessité de se préoccuper des élèves qui nutilisent pas le cartable, largement évoqué dans les entretiens.
« Actuellement pour moi, moindre utilisation car « chronophage », trop de problèmes techniques et peu de gains pédagogiques »
Enseignant en SVT
Ce sentiment est évoqué par un enseignant, personne-ressource, qui utilise le cartable depuis trois ans et il semble souhaiter se détacher du dispositif. Après une attitude du converti enthousiaste ou « missionnaire » pour reprendre lexpression de Charlot suit peut être un travail de reconstruction identitaire. Lappropriation dun tel dispositif semble nécessiter un certain temps, par conséquent il est inutile de tirer des conclusions trop hâtives sur lutilité de ces derniers. Jaime à reprendre une phrase de P. Flichy, sociologue, « Enfin, lamorçage de la diffusion des usages ne saurait être confondu avec les pratiques pionnières. La sociologie de linnovation a montré de façon très convaincante que les pionniers ne constituaient pas le premier cercle des utilisateurs dune technologie que lon souhaite banaliser. »
Ce besoin de recul va dans le sens de la difficulté quils ont de se faire une représentation du cartable, qui est loin dêtre claire pour linstant.
« Jai trouvé aujourdhui une utilisation du cartable qui me convient en classe, moi jai plein de ressources, jai plein de truc dans mon cartable, oui je dépose plein de choses et jaime bien avoir ça, je trouve ça vraiment bien de pouvoir me connecter de nimporte où, de pouvoir retrouver ces trucs mais bon initialement je ne pense pas que se soit lesprit du cartable »
Enseignante en histoire et géographie
« En fait on a parfois du mal à discerner car les fonctionnalités propres au cartable et puis les applications pédagogiques de loutil, bon évidemment tout ce mélange »
Enseignante en français
2-2-7 Compétences en informatique
Certains enseignants ont encore du mal à accepter le fait quils doivent sintéresser à linformatique.
« Donc cest bien on peut avoir des idées mais après pour les mettre à exécution on a besoin de connaissance informatique et ce nest pas notre rôle »
Enseignante en mathématique
La charge de travail induite également par le changement régulier de logiciels peut représenter un frein.
« Et bien écoutez du basic au TO5 jen suis à XP du serveur entre je ne sais pas, Windows ça a été le 91, 95, 98, 2000, XP à chaque fois vous avez des changements vous êtes obligé de vous remettre en cause ou du moins dapprendre des nouvelles notions et ça nécessite du temps »
Enseignant de mathématique
Dautres évoquent la « disparité importante en informatique entre collègues»
Enseignante en français.
2-2-8 Individualisme des enseignants
« Cette année chacun a travaillé dans son coin, pas de cohésion », mais cette remarque est issue dun collège qui a utilisé le cartable depuis cette année seulement, on peut lopposer aux collèges qui lutilisent depuis 3 ans où au contraire il est question dans les entretiens de lémergence dune forte cohésion entre collègues. Cette même enseignante craint le travail en équipe « mais ce nest déjà pas évident pour travailler en équipe dans un collège, et avec lextérieur il faut prévoir des rencontres ». Ce besoin de se rencontrer en présentiel, de voir physiquement ses interlocuteurs a été exprimé également par des enseignants qui utilisent le cartable depuis plusieurs années.
Dans les établissements qui débutent on retrouve lidée de lenseignant qui nose pas dire quil ne sait pas faire mais je ne relève pas cette opinion dans les établissements qui ont commencé il y a 3 ans. Au contraire ils mettent en avant dans les entretiens lentraide et la cohésion qui est effective même si elle est encore insuffisante pour des raisons de disponibilité. Malgré tout le sentiment dindividualisme peut persister.
« Bon je connaissais la collègue de St Jean de Maurienne mais bon cest vrai que jessaie de trouver toute seule des réponses à mon enseignement parce que on a quand même chacun notre façon de voir les choses. »
Enseignante de mathématique
2-2-9 La maintenance, mobilité et formation
Ils ont tous exprimé le besoin de personnel pour la maintenance. En effet, les solutions précaires que leur propose létat ne peuvent que nuire à leur utilisation des TICE.
« Parce que jai fait la désagréable expérience au premier trimestre davoir un éducateur, de lui avoir donné des responsabilités et puis dêtre parti au bout dun trimestre donc le deuxième je me suis dit je vais attendre »
Enseignant de mathématique et AIPRT
Dans le cadre de la maintenance linstitution doit se prononcer plus clairement sur le statut de ces nouvelles fonctions et mettre en place une véritable reconnaissance car cest une des pièces maîtresses de ces dispositifs.
Normalement il faut distinguer la personne-ressource de ladministrateur de réseau. Ce dernier dispose en général dune dotation de 2h par semaine pour gérer parfois jusquà 300 ordinateurs ce qui est peu. La personne-ressource a pour mission au minimum dêtre le correspondant de létablissement pour la mission TICE, parfois elle est considérée comme lélément fédérateur du projet en ayant une action technico-pédagogique auprès des personnels et pour les petits établissements elle peut être également ladministrateur de réseau. (Ingénierie éducative, Les réseaux dans létablissement, juin 2000 n°31)
Ces relations de pouvoir entre enseignants et les responsabilités de chacun ne sont pas clairement établies, par exemple entre ceux qui gèrent les installations techniques ou la maintenance ou ladministration du site et les autres.
Les efforts effectués par linstitution ces dernières années ne sont pas suffisants. Les informaticiens recrutés dernièrement par le ministère exercent davantage dans les services centraux, académiques et universitaire et non dans les établissements scolaires.
« Moi je suis arrivée dans léquipe la deuxième année et les stages avaient eu lieu la première année donc ça a été un peu compliqué au niveau formation, jallais grappiller des informations à droite à gauche »
Enseignante de physique et chimie
Ce témoignage met le doigt également sur un gros problème propre à lEducation nationale, la mobilité des enseignants.
Ce grignotage dinformation est délicat et ne facilite pas le travail des personnes-ressources, car il est difficile de répondre à tous les besoins face à cette grande disparité de niveaux et lorsquils le font cela peut être au dépend de la qualité de leur cours.
Les enseignants sont donc inégalement formés mais la formation varie également dun établissement à lautre et il semblerait quelle soit beaucoup moins efficiente dans les derniers établissements intégrés au projet (certains établissements débute lexpérience sans aucune formation sur le B.A.-Ba du dispositif).
La question de la formation est délicate et certain chercheurs remettent en cause lintérêt dune formation générale des enseignants. S. Pouts-Lajus préconise davantage de sappuyer sur la conscience professionnelle des enseignants mais il estime quil est important de prévoir pour les élèves une certification nationale, qui est en place dailleurs à travers le B2I. Il avance pour argument deux principes clés de lenseignement en France : « liberté pour les enseignants, égalité pour les élèves
». Cet avis rejoint dailleurs le comportement des enseignants vis à vis de la formation.
« Cest normal, il nallait pas nous dire à nous enseignants « vous allez faire ça avec ces outils », ça a bien était à nous et il était bien daccord avec ça, cétait bien le but de Savoie Technolac à lépoque quon définisse ce que lon pouvait faire avec loutil. Le problème cest que nous on était un petit peu « mais quest ce que lon va en faire, on a un outil, quest ce quon en fait » cela nous renvoyait à de nouvelles situations pédagogique que lon ne connaissait pas, quon a essayé de mettre en place de façon maladroite, de façon gênée par les soucis techniques »
Enseignant en SVT
Des travaux de Karsenti ont mis en évidence également ce dilemme de la formation au Canada où malgré des efforts de réformes, les enseignants nouvellement formés nintégraient pas ou peu les TIC à leur pédagogie. Une grande part de la formation des enseignants aux technologies se réalise de façon informelle, chacun allant à son rythme mais la formation officielle doit être maintenue et doit être porteuse de valorisation pour éviter un découragement des enseignants. Parmi les enseignants rencontrés certains sont motivés pour assurer une certaine formation pour leurs collègues mais rien nest prévu à cet effet (aménagement de leur cours, reconnaissance dun statut
). Ces personnes ressources déjà intégrées dans un établissement pourraient permettre de passer à des formations non plus traitées au niveau des individus mais de létablissement ce qui pourrait constituer un moteur pour la mise en place dactions ou dactivités davantage collaboratives. Pour linstant les formations sont très ponctuelles et faites par des intervenants extérieurs. Principalement transdisciplinaires, elles sont peu rattachées aux contenus denseignement.
« Jaimerais quand même une formation propre à ma discipline parce que jusquà présent on a toujours eu, cest vrai que les formations quon a eu sur le collège regroupais léquipe du collège, les besoins ne sont pas les mêmes et la formation initiale des enseignants nest pas la même »
Enseignante en mathématique
« Elles sont en général très peu ciblées donc ce qui fait que cest très compliqué de se retrouver, le public est très hétérogène »
Enseignante en lettre
La formation sur les TICE dans les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres en France est encore peu importante et S.Pouts-Lajus lexplique par le fait que « les voies actuellement explorées par la recherche forment un ensemble de savoirs fragmentaires et instables ». Ces savoirs sont en construction, nombreux et donc difficilement exploitables.
Certaines travaux entre autre au Québec et en Australie ont tentées de définir des compétences, savoirs, savoirs-faire et savoirs-être nécessaires chez lenseignant mais G.Paquette souligne le danger de ces grilles qui peuvent devenir un moyen de contrôle plutôt que de développement des individus et des groupes.
Mais cette question de la formation rejoint ma partie sur lidentification du cartable.
« De toute façon linformatique cest quand même un monde de bidouillage, il faut y aller individuellement et puis je nai jamais vu une formation de base, claire, nette en disant attention on va vous montrer ce que cest, vous navez qua demander à mes collègues qui sont ici et qui en entende parler depuis quatre ans maintenant, le cartable électronique, ils ne savent pas ce que cest ça ne représente rien pour eux, ils ne savent pas à quoi ça peut servir »
Enseignante en histoire et géographie
« ce qui manque cest du concret parce que bon les fonctionnalités du cartable on arrive petit à petit à les connaître mais ce qui
je ne sais pas comment dire ça, ce quon peut faire en fait
enfin jarrive pas à expliquer clairement ce qui manque »
Enseignante en lettre
Face à ce comportement peu rassuré nous retrouvons certains enseignants prêts à jouer le rôle de formateur.
«
nous (enseignants qui utilisent le cartable depuis trois ans) on a peut être plus besoin de formation cartable électronique, on serait peut être plus dans le rôle de formateur pour dire aux collègues se quon a fait mais on ne nous a pas sollicités pour ça »
Enseignant de physique et chimie
Ici on voit poindre le problème de linitiative de mutualiser de la connaissance, la définition du rôle quils doivent et peuvent tenir au sein du cartable et les limites de ce rôle.
La liste des freins à lintégration et à lutilisation dun Environnement Numérique de Travail est longue. Nous retrouvons les gênes que peuvent connaître la plupart des enseignants dans les divers dispositifs de ce type. Entre autre que laction des enseignants dépend en partie du soutien de linstitution et de lenvironnement où ils travaillent (confiance avec la direction, reconnaissance de leur travail,
) Nous allons nous intéresser maintenant aux freins propres au cartable électronique® de Savoie.
2-3 Freins dus au cartable
2-3-1 Ergonomie
Il apparaît que linterface du cartable ne convient pas aux enseignants. Ils nhésitent pas à dire quelle a été prévue pour des étudiants et non des élèves du secondaire et surtout des élèves de collège.
2-3-1-a Arborescence
« Pour un enseignant cest pas forcément évident dorganiser ses documents dans le cartable » « pour un élève cest difficile faut trier les dossiers faut ensuite ranger, enfin on retrouve un peu le système de Windows mais il ny a pas larborescence du Windows explorer, on est un petit peu perdu vu quon a pas une vision globale de larborescence de notre rangement et ça cest peu intuitif pour les élèves et ça gène vraiment le fonctionnement »
Enseignant en SVT
« Yen a qui posent leurs fichiers dans nimporte quel sens donc pour nous enseignants aller dire « utilisez tel fichier ou retrouvez tel fichier » ça tombait à plat. »
Enseignant en SVT
« cest vrai quil y a plein de fonctions, honnêtement moi je ne sais pas encore à quoi ça sert, par exemple il y a des classeurs, je ne sais pas à quoi ça sert pour linstant, jai beau me mettre dedans, malgré les notices cest confus »
Enseignante en français
Les travaux de F. Calisir ont démontré quil était préférable de mettre en place des menus avec une structure peu profonde et large. La possibilité pour les utilisateurs du cartable électronique de créer des groupes et des dossiers facilement, provoque une certaine confusion par la suite et disperse linformation. Les mêmes auteurs précisent que «
end-users tend to rate ERP systems as less useful if they find them difficult to use ».
2-3-1-b Interface
« Pour les élèves ce nest pas intuitif, ergonomique pour eux, pour des élèves de cet âge là, on nous a quand même demandé quelle était lergonomie sur le plan de la présentation mais cela ne sest pas suffisamment suivi »
Enseignant en SVT
« Elle a été créé pour des étudiants, cela manque de vie pour des collégiens, cest tout bête mais ne serait-ce que pour cliquer cest un petit bonhomme, alors après on nous dit oui mais ça coûte plus cher au niveau du développement oui mais faut penser que lon sadresse à des collégiens et là le cartable va se développer dans des écoles primaires et bien je peux vous dire ils ont un sacré boulot à faire sur linterface parce que même nous en rentrant là dedans bon, cest clair cest propre, cest net, mais
»
Enseignante de français
« Cest trop professionnel, il faut associer un peu le ludique, cest froid
il faut que les élèves est aussi la possibilité dintervenir sur cette interface »
Enseignant de mathématique
Les seules interventions possibles sont lordre des boutons de la télécommande « cartable », celui des outils du menu déroulant « service » et lespace que présente la page daccueil (Journal, casier, groupe
), ce qui limite grandement les possibilités dintervention sur linterface.
2-3-1-c Awarness
« Lergonomie est moyenne pour communiquer avec les autres, où les trouver
»
Enseignant en SVT
Linformation nest pas suffisante sur les interlocuteurs, ce point rejoint un des freins généraux vu plus haut concernant la difficulté de communiquer avec des personnes extérieures à létablissement car ils ne se connaissent pas. Cest un obstacle pour les enseignants et pour les élèves.
« La mise en commun de documents, techniquement cétait possible, pédagogiquement on na pas fait parce quils ne se connaissent pas physiquement. »
Enseignant en SVT
2-3-2 Outils et fonctions
2-3-2-a Outils pédagogiques
Les enseignants sont confrontés à un manque doutils leurs permettant de réaliser leurs activités. Certaines des fonctions quils souhaitent ne sont pas destinées à concevoir des scénarios pédagogiques innovants mais à faciliter leurs pratiques habituelles. Il sagit par exemple du retour des scores des élèves aux exercices donnés en ligne. Cette possibilité a été réclamée depuis un moment mais léquipe de développement na toujours pas proposée de solution.
« La possibilité de gérer des résultats délèves, de savoir très vite à qui on a envoyé un questionnaire avec une liste et qui nous a renvoyé le questionnaire. Avec le cartable, il faut aller voir dans notre casier, regarder tous les prénoms les uns après les autres qui se sont entassés et ensuite les cocher sur une liste »
Enseignant de SVT
Autre absence comme le souligne un enseignant de mathématique, la possibilité de gérer le suivi des élèves à travers un outil dévaluation.
2-3-2-b Intégration de logiciels
Les établissements sont équipés différemment en logiciels et certains souhaiteraient réajuster ces inégalités à travers les logiciels proposés au sein du cartable.
« Sur le cartable il ny a pas de correcteur automatique, et dans létablissement nous navons pas Word mais open office sans correcteur »
Enseignante en français
« Il y a eu des logiciels installés sur le cartable mais relativement peu, javais quelque fois recours à des exercices en lignes qui utilisaient Excel que je nait pas pu utiliser parce que je navais pas le matériel, les logiciels adéquates »
« Au niveau géométrie il ny avait pas de logiciel pour pouvoir traiter de la géométrie en tant que figure ou autre »
Enseignante en mathématique
2-3-2-c Outils annexes
Le manque se situe également au niveau des outils annexes au cartable tel que le rétroprojecteur. Mais certains exploitent le matériel disponible, cas dun enseignant de mathématique qui projette une animation sur la télé.
Certains enseignants souhaiteraient plus dautonomie au niveau des droits, dans le cadre de la messagerie par exemple pour pouvoir faire pression sur les élèves.
« Jestime quen tant que prof je nai pas à me demander est-ce que un tel envoie un message à truc, ils sont 24, 25 dans la salle, je ne sais pas sil est possible de bloquer la messagerie vers certains destinataires »
Enseignante en français
2-3-2-d Téléchargement
Les enseignants en mathématique, physique et chimie, SVT et géographie sont intéressés par lutilisation danimations, mais ces programmes sont assez lourds et ils se retrouvent très vite confrontés à des problèmes techniques.
« Il y a un cours qui est très bien fait et qui est animé avec « Sésamath » mais jai des problèmes techniques pour la lecture »
Enseignante en mathématique
Ce problème de téléchargement se fait sentir aussi dans le cadre de travaux collaboratifs lorsque les élèves ou les enseignants senvoient des fichiers importants avec des images.
«
après quand on est plusieurs à télécharger en même temps pour le serveur du collège, ça patine un petit peu, malgré ladsl, ça demandait en début de séance un peu plus de temps. »
Enseignant en physique
« Bel espace mais le tuyau qui permet daccéder à cet espace nest pas très ergonomique »
Enseignant SVT
Les enseignants ont besoin dinformations sur les possibilités permises par le dispositif pour éviter quils se retrouvent désarmés. Il serait utile de les informer plus profondément pour quils puissent diagnostiquer et gérer ce genre de problème.
« Pour lactivité coopérative, si ça cest bien passé côté élève, nous en tant quenseignant pour coopérer on na pas eu de problème mais ça a été une question dorganisation, de temps pour trouver les documents , partager, prémouler, en papier cest déjà dur mais là cela na pas facilité les choses avec le cartable, lergonomie de loutil na pas accéléré les choses, on avait besoin de transmettre plein de fichiers à la fois dans notre cartable, et le logiciel FTP fonctionnait mal »
Enseignant SVT
2-3-3 Problèmes techniques en cours
2-3-3-a Problèmes de connexion
Ils ont rencontré des problèmes de configuration qui ont pris du temps, donc certains enseignants se sont lassés davance.
« La première a pu se connecter les autres non. Donc ça quand on commence ça décourage un peu, parce quil y a des moyens mais
»
Enseignante en mathématique
« Il faut que cela se mette en place cest à dire que tous les élèves ait leur mot de passe et que cela puisse rentrer etc, il y a tout un travail au départ, une perte de temps »
Enseignante en histoire et géographie
2-3-3-b Disponibilité et configuration des salles
«
et puis en plus il y a crise du logement, heureusement que lon est pas trop à vouloir aller dans la salle info »
Enseignante en histoire et géographie
Les collèges visités disposent à peu près de la même organisation des salles informatiques :
une salle informatique généraliste, proposant des heures en libre service,
une salle informatique spécialisée (pour lenseignement de linformatique ou de la technologie)
quelques salles de classes avec deux ou trois postes dans le fond de la classe,
bibliothèque,
salle des profs
« Là jai une classe qui va arriver ils sont 29, je fais quoi avec quelques postes, si, en musique il le fait et en SVT »
Enseignante en histoire et géographie
« Ma situation de prof de science est un peu particulière parce quil y a une grosse partie expérimentale donc lorsque je peux jamène le matériel en salle info, car déplacer du matériel cest parfois lourd »
Enseignant en physique et chimie
Malgré un équipement relativement important, les enseignants sont encore gênés par les configurations à disposition. Mais chaque configuration présente des avantages et des inconvénients. Telle activité requière une disposition en îlots pour un travail de groupe, telle autre nécessite une configuration facilitant le contrôle ou au contraire une disposition tournée vers un tableau ou lenseignant.
« Surtout quon a une disposition de la salle qui nest pas extraordinaire car on ne peut pas voir ce quils font sauf quon a un logiciel »
Enseignant en mathématique
2-3-4 Problème technique à la maison
« Entre ceux qui me lenvoient 8 fois parce quils ont tellement peur que cela ne marrive pas, ceux qui ont pas pu me lenvoyer mais pourtant ils ne comprennent pas pourquoi et puis moi pendant une heure connectée sur Internet chez moi avec mon bloc-note sur les genoux à lire sur écran, ce que je naime pas du tout, je peux pas corriger quoi que se soit et en annotant comme ça sur du papier »
Enseignante en histoire et géographie
« Jai Internet mais pas l'adsl donc cela prend trop de temps pour télécharger »
Enseignante en français
2-3-5 Récupération des portables
De nombreux enseignants ont abandonné lidée de lutilisation du cahier de texte et du carnet de correspondance étant donné que peu de familles sont équipées en informatique et en connexion internet. Labandon de ces outils concerne surtout les établissements qui ont commencé lexpérience avec léquipement des élèves en portables en 2001. Les autres établissements ont très vite cherchés des solutions pour encourager l'utilisation de ces outils en générant au maximum des heures de libre service encadrées
bénévolement.
Le contexte dans lequel se met en place un tel projet est donc très important et les conditions choisies pour lintroduction doivent être mûrement réfléchies.
« Ainsi, selon les circonstances, certaines innovations pourront garder un caractère expérimental pendant une longue période voire ne jamais atteindre la stabilisation qui leur donnerait un caractère routinier témoin de leur intégration aux pratiques éducatives alors que dautres seront très rapidement adoptées par le milieu et inscrites dans les pratiques. »
La plupart des enseignants des premiers établissements équipés ont considérablement réduit leur utilisation du cartable depuis la disparition des portables.
« Le cahier de texte je trouve ça sans intérêt parce que les enfants nont pas dordinateurs à la maison, pareil pour le carnet de correspondance, parce que les parents nont pas accès forcément à Internet »
Enseignante en français (pionniers)
« Le sujet qui mintéresse le plus avec le cartable cétait possible les deux années précédentes, ils avaient une connexion gratuite »
Enseignante en mathématique (pionniers)
« Bon tout ce qui est travail à la maison on nen parle même pas, lheure nest pas arrivé, là je pense que cest encore la fiction. Nous on a un élève sur jsais pas combien qui peut être connecté »
Enseignante en histoire et géographie (pionniers)
« Cest un peu particulier parce que le cartable on a été mis assez rapidement dans une situation idéale, cest à dire que les élèves avaient chez eux un portable, ils avaient une connexion gratuite de 10 heures à lInternet, au collège on avait ladsl, maintenant cest beaucoup plus difficile, je trouve quon a retiré pas mal de ce qui faisait effectivement lattrait de cet outil »
Enseignant en physique et chimie (pionniers)
Nous avons vu dans la partie sur les utilisations du cartable que loutil cahier de texte est utilisé par certains des enseignants qui ont commencé à utiliser le dispositif cette année, mais ils sont conscients de linconvénient de ne pas avoir délèves équipés et mesurent le décalage qui existe entre la réalité et le discours officiel.
« Le discours est « lien entre collège et maison » mais ce ne sont que des mots puisquils nont pas d'ordinateurs à la maison et les populations ne vont pas se déplacer pour ça »
Enseignante en français
« si les élèves étaient tous connectés chez eux on pourrait lutiliser beaucoup plus dans lesprit du cartable électronique, leur envoyer des choses , des cours, des exercices, leur envoyer les notes, parce que moi ils ont tout les résultats sur Internet mais cest en dehors du cartable »
Enseignant en mathématique
Mais il est encore un peu trop tôt pour parler de deux évolutions différentes entre les établissements qui ont été équipés de portable au départ et ceux qui ne lon jamais été.
Je lai dit plus haut, les établissements nouvellement équipés ont très vite cherché des solutions pour permettre aux enseignants ainsi quaux élèves dutiliser lensemble des outils du dispositif. Cette disponibilité porte ses fruits puisque les élèves fréquente assidûment ces heures de libre service toujours encadrées mais ce bénévolat est anormal.
« Le libre service est encadré par un prof donc là on a Mr
prof de math , deux profs de SVT qui étaient volontaires, une des deux documentaliste, moi-même et un des surveillants du collège qui a des compétences en informatique et qui peut aider les élèves pour envoyer un fichier par exemple, on a un planning donc cest tous les jours excepté le mercredi et le samedi et cest chaque midi et chaque soir ça fais a peu près 2 heures et ½ par jour, les élèves peuvent se connecter au cartable électronique aller chercher des fichiers quon leur a envoyé, nous renvoyer des fichiers dans nos casier, cest vrai que cest souple, cest pratique »
Enseignante en français
On peut rapporter ce type dinitiatives à lopération IPT (Informatique Pour Tous, 1985) qui a le mieux fonctionné là où il y avait ouverture après les heures de cours à la communauté environnante despaces de travail. Laspect club générant une animation et une mobilisation porteuse de dynamique (Chaptal, 2003).
Dans les autres établissements la gestion du libre service reste un obstacle important voir insurmontable pour le moment.
« Les heures en permanence, on ne peut pas laisser des élèves seuls dans une salle dinformatique »
Enseignante en physique et chimie (pionniers)
« Au début de lannée il y avait une heure de prévue dans leur emploi du temps pour faire les devoirs de tous les profs donc déjà ça saturait énormément et puis maintenant on a plus personne pour des problèmes autres »
Enseignante en physique et chimie (pionniers)
« Nous navons pas de personnel pour encadrer en dehors des horaires de cours dans la salle libre service »
Enseignante en français (pionniers)
2-3-6 Le compromis innovation et tradition
Les enseignants ont des difficultés à jongler entre leur matériel habituel et les possibilités offertes par le dispositif. Ils doivent trouver un équilibre entre ce qui est dématérialisé et ce qui reste sur papier. Mais la plupart du temps le compromis choisi se justifie pédagogiquement.
« Je fais souvent tracer des courbes à la main avant de les tracer sur lordinateur parce que je pense que savoir tracer une courbe à la main ça me semble important au collège »
Enseignant SVT
« Les élèves ont besoin aussi quon écrive au tableau, quon leur fasse tracer des choses »
Enseignant de mathématique
« et puis moi les élèves qui travaillent tout le temps sur écran pas question, jaime bien la manip, jaime bien le manuscrit »
Enseignante en histoire et géographie
« Cest vrai, on utilise plus le manuel, cest normal puisquils lemmènent dans leur cartable, sinon chez eux ils vont réviser comment »
Enseignante en histoire et géographie
Parfois cela part davantage dune méfiance vis à vis de loutil.
« Je refais des exercices avec eux sur papier crayon pour massurer que les notions sont passées, donc je fais pas confiance à 100% sur ce quils ont appris avec lordinateur »
Enseignante en physique et chimie
« Cest toujours un problème de volonté, donc ça les amuse deux minutes mais après il faut travailler comme avec une feuille »
Enseignante en physique et chimie
« Jai dautres habitudes, cest à dire quils travaillent avec le cartable sils ont des trucs dedans et quils regardent et puis ils me rendent une feuille »
Enseignante en histoire et géographie
« Mais moi je fonctionne avec le manuscrit et le cahier à côté »
Enseignante en histoire et géographie
2-3-7 Responsabilité et impuissance des enseignants
La configuration et les possibilités du cartable peuvent mener à certaines situations où lenseignant se trouve démuni et ne peut agir.
« Même les devoirs, hier il y avait un devoir à rendre et il y en a qui au lieu de le mettre dans mon casier il la mis dans le casier du groupe de la classe donc tous les élèves avaient accès à son résultat, cest pareil ils peuvent senvoyer très facilement les contrôles, les devoirs, nous on na pas tellement daccès »
Enseignant en mathématique
« Tout ce qui est travail à la maison je lai fait deux fois mais quand jai eu « madame je narrive pas à me connecter, jai pas réussi à faire ceci ou je nai pas reçu ce que vous mavez envoyé, ou bien si je vous lai envoyé mais vous ne lavez pas reçu », jai coupé cours tout de suite »
Enseignante en histoire et géographie
« Bon cest vrai que lon ne pouvait pas vérifier sil avait fait lexercice ou pas, celui qui ne veut pas ne sinvestit pas, et le travail à la maison ceux qui ne voulaient pas faire leur exercice ils arrivaient jamais à se connecter »
Enseignante en histoire et géographie
« La seule chose qui me gêne dans le cartable électronique cest quon est au collège, quils puissent faire des groupes privés entre eux sans aucun accès dadulte. Qui est responsable de quoi, dans ce quils vont senvoyer, dans ce quils vont mettre dans le groupe, là on leur donne une possibilité. Je ne sais pas si cest nous, si cest les parents (responsabilité), ça serait au lycée on ne se poserait pas la question. Il y a un espèce de flou aussi quand même de ce point de vue là. Que font les élèves sur la plate-forme, quest ce quils échangent ?. Je dois aller voir, ça me gène de devoir me retrouver dans cette situation là mais pour le bon fonctionnement du groupe, non pour me préoccuper de se quil fait en dehors de lécole, est ce que je ne dois pas aller voir sils ne senvoient pas des messages quand il est en cours ? »
Enseignante en français
Jai retrouvé dans un rapport de S. Pouts-Lajus certaines écoles primaires qui ont interdit le chat et qui ont recours à des logiciels de protection pour un meilleur contrôle de ce qui était échangé. Il me semble que les enseignants ont besoin de débattre sur cette question pour trouver un certain consensus car ils manquent dinformation pour évaluer leur responsabilité dans ce cadre.
Synthèse
Voici les pratiques éducatives mises en place et quils nauraient pu réalisées auparavant, représentant des facteurs de transformation de leur pédagogie :
- facilite linteractivité avec les élèves lors de la construction dun document en cours à partir dinformations électroniques donc plus faciles à manipuler. Permet de lier une pratique interactive et partiellement socio-contructiviste.
- amélioration, partage et enrichissement de ressources utilisées en cours. Cette recherche encourage la communication entre enseignants.
- permet la mise en place dune pédagogie différenciée par la rétroprojection en cours danimations ou par une gestion plus simple de la distribution dexercices permettant à lélève davancer à son rythme. Lenseignant est plus proche de lélève.
- une communication plus importante avec les élèves par le mail ou le casier.
Il me semble que pour des utilisateurs pionniers les enseignants ont fait preuve de beaucoup de courage vis-à-vis de ce dispositif. Leffort de formation individuelle et informelle est important. Ces enseignants utilisent énormément Internet à la maison et sont satisfaits des possibilités que leur offre loutil. Les appréhensions de lutilisation des TICE en cours sont dues en partie aux problèmes technologiques, au contexte de la mise en place de ces séquences (séance de cours trop courtes, élèves trop nombreux, salle informatique non disponible) et pour certains à des résistances vis-à-vis de linformatique et du bouleversement de leurs habitudes.
« Le changement des pratiques pédagogiques, sil accompagne « lintégration », en est-il une des conditions préalables ou une des conséquences ? » Au sein du cartable les changements de pratiques sont à la fois une conséquence par lappropriation spontanée des enseignants de certains des outils et de la mise en place dutilisations particulières et individuelles et une condition par lencouragement des enseignants de mettre en place des activités collaboratives qui sont pour linstant porteuses de trop peu de sens pour ces derniers.
Dans les résultats nous retrouvons deux types de comportements face à lutilisation du dispositif, comportement définis par Depover et Strebelle à partir de « lApproche par appropriation progressive » basée sur la hiérarchie des besoins de Maslow. La plupart des enseignants ont une appropriation que les auteurs appellent « secondaire » c'est-à-dire quils proposent des manières de faire, développent des outils personnels ou contribuent à dépasser certaines réticences exprimées par dautres et quelques uns parmi eux se démarquent en allant plus loin et en mettant en place une appropriation de dissémination où lenseignant véhiculant son savoir à lintérieur et en dehors de son établissement devient un vecteur de linnovation (enseignants créant un groupe dentraide public, se proposant comme formateur
). Mais pour que cet enseignant demeure un vecteur de linnovation il devra être soutenu par les inspecteurs et le directeur de son établissement.
Si lon reprend certains travaux qui ont établis des phases dévolution on peut dire que les enseignants commencent à sortir dune phase dadoption pour entamer une phase dadaptation et dimplantation. Depover et Strebelle caractérisent la phase dadoption par le fait que les formations réclamées par les enseignants concernent essentiellement les outils informatiques. Or, les formations réclamées par les enseignants que jai rencontré concerne autant laspect pédagogique que laspect technologique. Par contre les enseignants nont pas encore suffisamment amorcé de réflexion sur cette innovation « Laxe relationnel, par contre, est totalement négligé par les maîtres de même que les préoccupations liées à une réflexion sur les finalités de linnovation. » (Depover et Strebelle, 1997). Ce manque de concertation sur linnovation peut sexpliquer par le fait de lindividualisme des enseignants mais nous verrons dans la seconde partie que les enseignants naccueillent pas tant linnovation de manière individuelle mais manquent sérieusement de temps.
Si lon reprend lapproche proposée par P. Landry nous pouvons préciser les enjeux qui sont en cours. Je reprends une partie dun tableau de sa contribution qui résume bien ce qui se met en place.
Phase 1
Entrée Phase 2
AdoptionPhase 3
AdaptationPhase 4
Appropriation Phase 5
Invention InstitutioninvestissementSupport techniqueSupport méthodologiqueVisionDiffusionMoyensDécouverteUsageIntégrationDiversificationEvolutionRéaction des intervenantsFrustrationNeutralitéCréativitéEngagementMaîtrise des usages
Avec ce tableau on peut mesurer le décalage qui existe entre chaque élément et la complexité du déroulement non linéaire du processus de changement.
On peut dire que linstitution se situe toujours dans une phase dadoption napportant pour le moment que très peu de support méthodologique et de vision. Les enseignants abordent les moyens mis à disposition dans une optique de définition de lusage et ensuite dintégration. On ne peut pas encore parler dengagement des intervenants car la mise en place dactivité, cette étape de création et de tâtonnement, nécessite beaucoup de temps.
Pour passer aux phases 4 et 5 lauteur précise quil faut que les intervenants qui innovent soient valorisés et reconnus comme tels par leurs pairs. Les résultats des premières applications doivent être analysées et critiquées en commun. On rejoint lidée de capitalisation des expériences pour garantir lévolution et la pérennité dun tel dispositif.
Par défaut de temps, les enseignants semblent à lheure actuelle plus dans une démarche dexpérimentation et dintégration des TIC que dans une démarche suffisante de réflexion sur lamélioration de léducation. Mais le besoin de recul exprimé par certains enseignants, utilisateurs de ce dispositif ces trois dernières années, prouverait quils entament cette dernière démarche. Il faudrait que linstitution et les acteurs porteurs de ce projet accompagnent les enseignants dans cette réflexion.
Si ce nest pas le cas, le risque est que ce dispositif reste un espace de dépôt de documents effectué dans une optique individuelle et non de partage. Ce qui me fait dire cela cest lattitude déloignement du dispositif que lon peut trouver chez lenseignant par le renvois de lutilisation du dispositif en dehors du cours en comptant sur la bonne volonté dun surveillant ou éducateur et par lutilisation minime des outils vie scolaire et cahier de texte et de correspondance. Egalement le manque de concertation et de débat sur lidentification dun tel dispositif entre les enseignants, avec les inspecteurs et tout le corps de léducation nationale. Est-ce que cet échange à lieu sur des listes de diffusion ou des sites personnels internet officieux ? Est-ce que les enseignants commencent à développer des pratiques déchange au sein du cartable et à lextérieur ? Nous verrons cela dans la seconde partie.
3- La mutualisation
Dans cette partie je vais tenter dapporter quelques éléments qui peuvent donner quelques premières pistes pour la construction dun classeur de référence, c'est-à-dire dun espace de mutualisation. La mutualisation peut prendre différentes formes. Dans le cadre de ce travail elle sera étudiée sous langle de la gestion des ressources et de la constitution de contenu via le cartable électronique et dans un second temps sous langle des échanges entre enseignants.
La mutualisation pour introduire les TIC
De façon générale, il semblerait que la mise à disposition et le partage de ressources soit bien établie entre les enseignants car on voit apparaître sur la toile de plus en plus de sites construits par ces derniers qui répertorient un nombre important de documents et de ressources variées. Ces sites sont à lorigine de communautés virtuelles plus ou moins éphémères où la mutualisation est une des conditions sine qua non de leur existence.
Le classeur de référence peut être vu comme lespace dune communauté dapprentissage virtuelle puisquil est question de partage de ressources mais sa mise en place diffère car les participants ne se sont pas inscrits spontanément mais sont conviés à y participer. Il sinscrit dans un environnement plus large qui est celui dun environnement numérique de travail. Il ne fonctionne donc pas de façon autonome et sera tributaire de choix bien précis de fonctionnement qui ne connaîtront pas de véritables transformations dans le temps par opposition à la communauté virtuelle qui « nest pas liée à un choix technologique particulier » (Dillenbourg, Poirier, Carles, 2003).
Ces communautés spontanées sont des communautés de pratique qui regroupent des enseignants dune même région ou dune même discipline. Leur apparition démontre un certain changement de comportement chez les enseignants qui jusque maintenant ont eu tendance à travailler de manière individuelle, partageant très rarement leur conception de lenseignement et les objectifs pédagogiques de leurs actes ou activités. Ces changements ont des conséquences importantes car ils transforment les rapports entre enseignants et leur hiérarchie (Dillenbourg, Poirier, Carles, 2003). Est-ce que lon peut entrevoir un début de communauté de pratique à travers les échanges qui se font entre les enseignants au sein du cartable électronique ?
3-1 Gestion des ressources à disposition :
3-1-1 Consultation des ressources sur Internet :
Lensemble des enseignants rencontrés consulte différents sites sur Internet pour constituer leurs cours. Ils tiennent à tenir le rôle de producteurs de cours, de contenu. Ils ont multiplié leurs sources de recherche car parallèlement aux recherches sur des livres ils naviguent intensément sur des sites Internet personnels ou académiques. Certains émettent quelques réserves sur ces sites.
« Vous avez des sites parfois qui sont perso comme on voit « perso/wanadoo » et lannée suivante ils ont disparu. Donc finalement cest plus facile de retourner consulter des livres à la bibliothèque avec des marques page dedans que des sites qui sont finalement très volatiles »
Enseignante en mathématique
« Si les sites académiques, oui, je vais les voir souvent, mais ça donne le tournis tous ces sites, il y a des tonnes et des tonnes de choses, ce nest pas la peine dalourdir encore le cartable avec des tonnes de liens vers bidule et compagnie, moi je ne passe pas mes nuits sur internet. »
Enseignante en histoire et géographie
« Et puis le site faut le découvrir, faut aller dedans, faut essayer des erreurs, des fois vous pouvez pas passer à lexercice n°2 tant que vous avez pas fait le 1. Pour nous cest trop fastidieux car on a pas besoin dessayer 20 exercices »
Enseignante en mathématique
La production multimédia de ces dernières années est très importante. Un large budget a été consacré au développement et à la commercialisation de ces produits. Mais selon lIGEN, la plupart des enseignants méconnaissent ces produits. En effet aucun des enseignants rencontrés ne mont fait part de leur utilisation de produits multimédia particulier en dehors de quelques logiciels classiques. Ils ont véritablement une approche de construction de contenu et si ils récupèrent, ils modifient toujours.
« les sites académiques, ce sont des séances de cours des trucs qui sont montés, qui sont construits, on peut aller piocher plein didées, cest très bien mais on ne prend pas en général la chose telle quelle , on peut difficilement, ça donne des idées. »
Enseignante en histoire et géographie
« Si jai besoin dillustrations particulières je vais sur le web et je regarde ce quil se fait, je rapatrie quelques photos, je scanne des choses que jai faite moi que jai prise en photo avec mon appareil numérique et je créer mon document à partir de là »
Enseignant de physique et chimie
«Je ne récupère jamais de projets complets. Je récupère une fiche qui me plaît et la remodèle, je fais plus du travail personnel que de la récupération, jaime pas en fait, il y a toujours des choses qui ne me conviennent pas. »
Enseignante en lettre
« Pour linstant moi je reste sur ma pratique mini site web et je nai pas encore changé. Je les construit de a à z. »
Enseignant en physique et chimie
« Je vais sur le site académique SVT ou dautres sites académique SVT, ou des sites qui nont rien avoir avec les institutions académiques. On prend, on jette, on modifie. »
Enseignant en SVT
Les enseignants semblent toujours remodeler les éléments quils récupèrent, quil sagisse dune activité, dun exercice ou dun ensemble de documents.
A côté des sites personnels, totalement établis de façon informelle, les sites institutionnels se sont multipliés ces dernières années et chacun présente une structure différente. Les enseignants doivent mémoriser à chaque fois différents schèmes pour améliorer leur recherche.
Voici les principaux sites institutionnels actuellement présents sur la toile :
- site officiel du ministère : documents de linspection générale en partie sur des questions pédagogiques
- Eduscol : direction des enseignements secondaires, données accessibles par disciplines, rapports, échos sur la formation
- Educnet : direction de la technologie, encourage lutilisation des nouvelles technologies
- sites spécifiques à chaque discipline
- sites académiques
- site du CNDPet qui parallèlement anime les sites Educlic et Educasource
- sites de lINRP et des IUFM
Parallèlement à ces sites les enseignants consultent des sites personnels, souvent créés par des « collègues ».
« Souvent des collègues qui font une base de donnée et où tout le monde vient charger et échanger des fichiers, cest très simple, ya pas de fioriture autours on va tout de suite à lessentiel »
Enseignant en SVT
« Jai fréquenté des sites Internet qui sont pas mal fait, ça me permet de voir aussi ce que font les collègues au niveau construction du site, ce quils proposent, des fonctionnalités auxquelles je n aurais pas pensé »
Enseignant en physique et chimie
Ils nhésitent donc pas à récupérer des informations sur Internet. Ces ressources sont stockées dans leur espace cartable comme nous lavons vu dans la partie concernant les utilisations, elles ne sont pas partagées.
Nous allons voir si nous retrouvons des avis communs sur le type de ressources que les enseignants aimeraient retrouver au sein du cartable.
3-1-2 Ressources souhaitées au sein du dispositif
A travers les entretiens on peut voir que les enseignants désirent davantage des éléments et non des activités. Cela se rapporte à des outils :
«Des langages de programmation quon puisse faire des pages, parce que moi cest ce que je fais et donc quand je veut mettre ça sur le cartable cela ne fonctionne pas. Par exemple le langage php on peut pas lutiliser, des choses comme ça »
Enseignant en mathématique
« Avoir 2, 3 ressources genre Lirebel ou Smao
des logiciels tout prêts, mais je ne pense pas que se soit lesprit cartable, lesprit cartable il doit être innovant
si cest pour reprendre des logiciels qui sont dans le commerce
, trouver sur le cartable des choses un petit peu innovantes par rapport à ce que lon peut trouver sur Internet ou dans les livres »
Enseignante en français
« Moi je ne veux pas grand chose parce que je vais voir sur Internet et je trouve plein de choses. Enfin moi je trouve que ce quil faut ce sont des choses de base, comment par exemple, comment utiliser le cartable électronique »
Enseignant en mathématique
« Ce quil faudrait cest un dictionnaire orthographique avec la possibilité de trouver des synonymes, je nai pas besoin dy trouver des activités. »
Enseignante en français
Ou des données :
« Les cours à la limite pas tellement, mais une banque de données dexercices scientifique avec différents degrés de difficultés, un dictionnaire des mots scientifiques, une banque dimages. »
Enseignante en physique et chimie
« Moi je veux un grand panier avec plein, plein dimages libre de droit avec toutes les doc de références en histoire parce quon a des documents éducation civiques, ils appellent ça documents de référence, et après on en fait ce quon veux. Que des éléments, pas ce que propose tous les éditeurs, une activité de a à z. »
Enseignante en histoire et géographie
« Une banque dimages scientifiques »
Enseignant en SVT
Les enseignants ne veulent pas surcharger le cartable électronique de contenu et sont plus demandeurs déléments permettant la construction dun cours. Ces éléments peuvent être des banques dimages, de données scientifiques ou dexercices. Ces banques de données existent pourtant sur Internet. On peut citer le Projet réseau SVT mis en place en 1996 qui mutualise les contenus des sites académiques pour offrir une banque de ressources cohérentes, quantitativement importante et qualitativement contrôlée, libre de droit. En cohérence avec les orientations ministérielles, cette banque de données est bien adaptée aux besoins de lenseignement. Elle est alimentée par plusieurs sources institutionnelles et reconnues : travail des équipes académiques, résultats des trois groupes de recherche nationaux, lINRP et le CNDP, les serveurs scientifiques nationaux et internationaux, les groupes dexpert qui élabore les programmes. Ce réseau est donc très ouvert et fortement coordonné et piloté. Il peut répondre aux besoins exprimés par les enseignants. Rapatrier ce type de ressource au sein du cartable électronique fait figure de double emploi. Il se pourrait que certains de ces enseignants ne soient pas suffisamment au courant des possibilités offertes par ces sites institutionnels dont lutilisation ne remet pas en cause leur liberté dagir.
Certains enseignants ne voient pas lintérêt de mettre à disposition des ressources.
« Je ne vois pas lintérêt de centraliser des ressources, au contraire
cest ce qui avait dintéressant, cest la liberté quon avait dans ces outils. Le contenu pédagogique je lavais avant le cartable donc il me suffit de ladapter finalement. »
Enseignante en français
On retrouve laspect étudié dans la partie sur les utilisations, sur le fait que certains des enseignants confortent leur pratique et par conséquent ne sont pas demandeurs dinnovation.
Toute la difficulté est donc détablir un équilibre entre les sources locales et les ressources extérieures. Dans quelle mesure ouvrir le réseau à des ressources autres que locales, est-ce bien nécessaire ?
3-1-3 inscription de ces ressources dans le site
« Un bouton ressources pédagogiques par matière et puis projets pluridisciplinaires ou projets transversaux
mais que cela soit une rubrique de plus au niveau du cartable parce que là honnêtement je vais consulter, il y a le groupe éloge, le groupe plein de choses
il y a des fois, je ne sais plus où il faut que jaille parce quil y en a de partout »
Enseignante en français
« La matière, le niveau, et dans le niveau donc le type, alors le type, est-ce que cest une activité, un travail pratique, est ce que cest une évaluation, est ce que cest un cours, est ce que cest un document brut, est ce que cest un type pédagogique dans le genre fiche de suivi, de méthode, est ce que cest grille de compétence. »
Enseignant en SVT
« Il faut que se soit quelque chose qui soit intégré dedans, jai pas besoin de faire un groupe. On a un espace casier, on a un espace contact et bien quil y ait un espace outil »
Enseignant de mathématique
«
linterface du campus virtuel et lorganisation interne de son sous-sol constituent deux représentations articulées, à la manière dont le sont les plans du contenu et de lexpression dans la théorie du signe de Hjelmselv : dune part, forme du contenu pour la structure des ressources et dautre part, forme de lexpression pour linterface et la visualisation. »
Pour linstant il ny a pas eu de réflexion commune sur lindexation des ressources. Certains des enseignants mont donné quelques indications sur ce quils souhaiteraient comme type de documents et leur représentation dans le dispositif mais pour linstant la gestion des ressources se fait principalement de manière individuelle et elle sopère très facilement au sein du cartable.
Après ces premiers éléments qui peuvent être pris en compte pour la définition dun espace de mutualisation, quelles sont concrètement les activités de mutualisation des enseignants ?
Nous avons vu quils construisaient surtout individuellement leur cours, par conséquent où se situe la mutualisation ?
3-2 Forme de mutualisation
3-2-1 Récupération dinformations
Nous avons vu quils récupéraient des ressources sur Internet. Si ce nest pas une forme complète de mutualisation, elle a pour intérêt de les habituer aux outils et par soucis déquité de les pousser à proposer à leur tour des ressources.
« Je ne me sens pas encore suffisamment au point pour ça (proposition de ressources), mais je le ferais cet été »
Enseignante en français
« Jai pensé à mettre à disposition mes travaux, effectivement javais commencé à structurer mes documents pour les lier entre eux et mettre ça sur le web, cest une idée qui suis son chemin
»
Enseignant en physique et chimie
« Je serais prête à proposer mes travaux et à échanger mais on pense toujours que ce quon fait c est trop simple »
Enseignante en physique et chimie
Les enseignants cherchent également dans le cartable au sein des quelques groupes constitués.
« Je vais voir dans les groupes, je consulte régulièrement, voir ce qui ait fait ailleurs, les comptes-rendus des autres établissements, quand on ouvre la plate-forme il y a toujours un petit édito où on sait. »
Enseignante en français
« Jai un tout petit peu travaillé avec mon collègue dUgine mais ça a été des petits phénomènes ponctuels où jai utilisé certains cours quil a fabriqué lui. »
Enseignante en physique et chimie
« Jutilise ce que font les collègues dans la même équipe au sein de létablissement, on séchange nos fichiers par mail »
Enseignant en SVT
3-2-2 Les conditions déchanges :
« Chaque fois que lon va dans des stages de physique on rencontre des collègues de sa matière, cest vrai souvent on échange et on a des renseignements »
Enseignante en physique et chimie
«
en discutant avec les collègues, on sest dit « tiens, on va faire ça », en faisant des stages, des réunions déchange avec dautres collègues, en allant voir sur les sites québécois pour loccasion »
Enseignant en SVT
« Je suis sur une liste de diffusion de physique et je reçoit aussi beaucoup de choses du rectorat »
Enseignante en physique et chimie
« Je crois quil y a une liste de diffusion qui a été mise en place, mais il faudrait que jaille voir »
Enseignant de physique et chimie
« Nous on a une liste de diffusion SVT que japprécie personnellement beaucoup, cest une sorte de veille pour savoir ce qui se passe dans notre matière, dans notre académie. Cest la liste de diffusion académique matière »
Enseignant en SVT
Les enseignants mutualisent à loccasion des stages, des formations en présentiel pour linstant trop rares. Certains fréquentent également les listes de diffusion. Les listes de diffusion existaient avant larrivée dInternet et dès le début des années 80 dans le milieu scolaire. Elles furent introduites entre autre dans les classes Freinet à travers lutilisation de la télématique.
Une étude à été récemment entrepris par Béatrice Drot-Delange sur les listes de diffusion éducatives actuelles. Lenquête concernait au total neuf listes de diffusion. Il en ressort que la participation aux listes disciplinaires est le fait dune « minorité active ». Pour lensemble des listes plus de la moitié des messages sont émis par moins de 10% des participants. Nous avons des résultats similaires dans létude de Rojo et Ragsdale sur une liste de diffusion académique où 82% des abonnés nont jamais demandé ni fourni dinformations ou fait des commentaires. Le taux de participation se réduit finalement à 18%. Il ne faut pas sétonner si pour linstant dans le cartable la participation de début est minime. B. Drot-Delange explique également que les archives des listes de diffusion sont très peu consultées car les connaissances au sein de ces listes ont une « très grande réactivité » et par conséquent enfreignent la permanence et la capitalisation des expériences. Lauteur pense que dautres outils sont nécessaires pour ne pas réduire ces espaces à la discussion et développer la formation et le partage des connaissances. Les enjeux que connaissent les listes de diffusion peuvent être rapportés à lébauche dun espace de mutualisation au sein dun environnement de travail.
Mais très peu denseignants participent à ces listes. Par exemple pour la liste H-Français, au premier trimestre 2001 ils sont 5% en terme dadoption (cest à dire rapport entre le nombre dabonnés à la liste et le nombre total denseignants de la discipline pour lenseignement secondaire). Donc finalement très peu denseignants utilisent ces listes de diffusion, et au sein même de ces listes seulement 10% des abonnés participent réellement. La mutualisation est donc loin dêtre pratiquée par une majorité denseignants et reste une nouveauté pour une grande partie du corps professoral.
3-2-3 Inconvénient rencontré dans léchange
Disponibilité en temps
« Pas d'inscription aux lettres de diffusion car quand on ouvre son ordinateur le soir on a déjà plein de messages puis après ça devient presque ingérable »
Enseignante en mathématique
« Moi je suis pas du tout forum, jai pas trouvé un ajout au forum, forum en général, ça mapparaît toujours stérile, cest en terme de rentabilité, on a aussi une vie privé, on ne va pas passer notre temps à bosser on va là où on est sur de trouver des choses »
Enseignant en SVT
« Cest vrai que des fois jaimerais rentrer en contact, on a la possibilité mais je nai pas voulu me mettre dans cet engrenage. Cest un problème de temps »
Enseignante en mathématique
Individualisme et connaissance de lautre
« Cest dans la proximité des connaissances quon échange avant déchanger avec des gens quon ne connaît pas »
Enseignant en SVT
« Jai besoin de maîtriser le dispositif avant de passer à autre chose et puis bon on nest un peu seul, mais ça ne demanderais quà moi de joindre dautres collègues»
Enseignante en mathématique
« Si cest juste pour que lon récupère mon boulot et puis que cela en reste là, non, moi ce serais plus dans lidée, je propose un exercice et tel collègue laméliore »
Enseignante en français
Différents niveaux de compétences
« Je participais plus avant maintenant un petit moins enfin ça dépend de quelle liste, la liste de prof de math oui il y a un moment où cest tout le temps la même chose quand ça fait 4 ou 5 ans que lon reçoit des messages »
Enseignant en mathématique
« La réticence vient du fait va falloir que je produise quelque chose dénorme alors que lon commencerais déjà par déposer petit à petit un exercice »
Enseignante en français
Certains sont très partagés sur la mutualisation :
« Des documents neutres, qui nalourdissent pas où on a pas une tonne de truc à lire, pour le cartable ce sera 4 fois, mille fois plus utilisé que des liens vers le site académique de Versailles où « dans la partie 3ème en éducation civique on a trouvé
on ne peut pas le reprendre exactement comme ça mais
» ça non »
Enseignante en histoire et géographie
Il faut respecter les souhaits de chacun et construire le dispositif pour permettre une géométrie variable de lutilisation. On voit que cette enseignante ne désire pas pour linstant participer à une mutualisation des connaissances il ne faut pas pour autant lexclure du dispositif. Il est nécessaire de dissocier un « espace proposant des ressources » dun « espace de construction de ressources » et dun « espace dappréciation de ressources ou de connaissances ».
3-2-4 Condition pour la mutualisation
Si la mutualisation est encore faible au sein du cartable électronique, les enseignants ont déjà une petite idée sur son établissement.
« Il faut une partie spéciale pour la création de documents, création de pages Internet ou danimation et puis une partie par matière où chaque matière puisse mettre ce quils ont fait au lieu de groupes fait chacun dans son coin »
Enseignant de mathématique
« Mais ce quil faut cest quil y ait un partage, cest à dire je ne veux pas être le seul à alimenter ça, il faut que moi aussi jy trouve mon compte et que je puisse discuter, partager ça avec dautres collègues pour faire avancer ma pratique à moi. »
Enseignant en physique et chimie
« On connaît dabord léquipe que lon côtoie physiquement au jour le jour on échange dabord avec elle avant déchanger
même en interdisciplinaire. Moi jai plus échangé en interdisciplinaire quen intradisciplinaire entre 2 collèges différents »
Enseignant en SVT
3-2-5 Apport du dispositif au niveau de la communication entre les enseignants
« Dun point de vue informatique ça a créé une émulsion très forte car dun seul coup on a créé ces stages du mardi où on échange plus, on saide plus, au début chacun était dans son coin. »
Enseignant en SVT
« Je leur ait montré quon pouvait utiliser cet outil de manière plus simple que je ne le fais moi et je crois que ça commence à
je reçois qq messages de temps en temps pour des petits coups de main, des infos « comment tu fais ci, comment tu fais ça
»
Enseignant en physique et chimie
« Interaction forte qui cest créée et cest vrai que les enseignants de léquipe cartable se connaissent bien, mieux et pas forcément que sur des sujets cartable, cette dimension a aussi été humaine. Jai aussi découvert ce quétait un projet en interdisciplinarité parce que même si on ne bossais pas en interdisciplinarité tout le temps, on a vraiment été pris en terme déquipe en permanence donc on a senti existé une nouvelle unité qui était vraiment léquipe. Avant le cartable léquipe se réunissait au conseil de classe »
Enseignant en SVT
Cette cohésion a lieu principalement dans les établissements qui ont été les premiers à utiliser le dispositif et cela peut sexpliquer par limpulsion importante des porteurs du projet, équipe de développement et institution, à lépoque. Il faut veiller à ce que cet enthousiasme se mette en place dans les autres établissements pour créer une cohésion entre les enseignants, pour que la mutualisation prenne racine.
Synthèse
A linstar de lutilisation qui se limite encore à une pédagogie transmissive, on se rend compte que les aspects de mutualisation des ressources se développent mais pour une utilisation individuelle et non de travail collaboratif.
De nombreux points restent à établir dans un espace de mutualisation. Quel est le type de modération que lon veut mettre en place ? Est-ce que lon accepte une diversité de débat ou est ce que lon contrôle les échanges et dans ce cas qui contrôle ? Faut-il prévoir différents espaces plus ou moins modérés ? Est-ce que lon ouvre suffisamment lespace pour encourager les enseignants à échanger au sein du cartable et constituer un esprit de communauté de pratique ou laissons-nous ce type déchange aux sites informels présents sur Internet ?
Létude des listes de diffusion donne des informations importantes sur les enjeux de léchange de ressources entre enseignants et sur les paramètres à prendre en compte pour lorganisation de tels espaces. Les espaces déchanges créé petit à petit au sein des établissements ne remplaceront peut être pas les listes car elles offrent des possibilités particulières comme lanonymat, la liberté dexpression, leur forte flexibilité par la création rapide de listes complémentaires et adaptées au climat social, politique et pédagogique ambiant. Elles resteront éventuellement le terreau des changements futurs dans lenseignement, piochant une information à droite, à gauche, validant cette dernière auprès dun « panel » denseignants représentatif de la nation et qui se chargeront de diffuser ces innovations et cela sans aucune organisation préétablie, dans la spontanéité et linitiative personnelle la plus totale
jusquà maintenant. Les espaces déchanges des établissements ne seront peut être que le réceptacle de ces découvertes et les établissements le laboratoire qui validera ou non ces propositions.
Conclusion
Le regard porté sur le cartable électronique en tant qu'environnement numérique de travail après quelques années d'utilisation permet de connaître les aléas de sa construction.
On se rend compte que ces environnements numériques de travail et l'utilisation des TICE se développent simultanément et qu'ils représentent deux entités différentes s'établissant parallèlement mais non conjointement. En effet, l'utilisation qui est faite des TICE au sein de ces environnements n'est pas représentative de ce qu'elles permettent réellement. Ces dispositifs servent une pédagogie encore traditionnelle, pour le moment.
Mais d'après les résultats de ces entretiens, des changements s'opèrent mais fébrilement. Les enseignants ont fait un pas en avant, il ne tient qu'à l'institution et aux porteurs des projets d'encourager le dialogue sur le développement des usages.
Il faut mettre en place de meilleures conditions d'utilisation et cela passe par une amélioration du dispositif et de la formation. Les moments de formation doivent être plus importants, mieux organisés, mieux pensés. Ils doivent susciter la réflexion collective sur les pratiques pédagogiques et cette réflexion doit être poursuivie au sein des dispositifs dans un cadre prévu. Si ces cadres ne sont pas prévus, les enseignants risquent de faire deux pas en arrière.
Tout investissement dans une innovation nécessite un effort et ce dernier doit être allégé. L'investissement s'opère actuellement de façon spontanée et empirique parce que nous nous trouvons encore dans une phase d'adoption encore portée par un certain enthousiasme. C'est une question de dialogue puisque l'institution fait des efforts de son côté par la création de sites très opérationnels et les enseignants par l'apprentissage de ces nouveaux outils. Les cartes sont entre les mains de chacun, elles doivent être posées.
Un des éléments marquant de ces dispositifs est le manque d'évaluation qui doit leur être rattaché. La part du budget qui leur est alloué est trop faible en général. Cette évaluation doit se faire sur l'ergonomie du dispositif et l'évolution des pratiques. Cette évaluation doit permettre en partie de capitaliser l'expérience qui est acquise. En tout cas l'arrivée des TIC et de ces dispositifs présente comme intérêt entre autre de reposer la question de l'évaluation de l'enseignement qui jusque maintenant et depuis un moment est mis entre parenthèse (ce qui pourrait expliquer en partie l'absence d'évaluation de ces dispositifs actuellement).
L'apparition d'Internet transforme les habitudes des enseignants et les ouvrent sur le monde extérieur. D'une structure verticale et hiérarchique, les enseignants participent au déploiement de considérations basées sur l'échange et donnent forme en partie à l'enseignement de demain.
Sur le travail d'enquête:
L'approche de cette étude est délicate car dans la définition d'un espace de travail, la frontière entre outil et usage est floue. Dans un sens le concept d'ENT est neutre vis à vis des usages pédagogiques. "Son objectif n'est pas de transformer la pédagogie mais
de faciliter le travail quotidien de tous les acteurs de la communauté éducative. L'ENT opère une distinction nette entre le socle et les applications entre la plate-forme technique et les usages".(du cart él. aux ENT) Mais dans un autre il y est forcément lié puisque ces outils servent la pédagogie.
Mon sujet est assez large et nécessiterait d'aborder plus précisément d'autres axes pour apprécier pleinement l'intégration qui s'opère. Il serait par exemple intéressant d'examiner les voeux des enseignants lors de la construction du site en coopération avec les développeurs. Connaître leur besoin de participer à l'évaluation, à des moments de régulation, à la définition d'objectifs.
« On sait d'expérience que le temps d'appropriation d'une technologie par les enseignants est nécessairement long. Il n'est donc pas surprenant de ne pas encore pouvoir mettre en évidence un mouvement de grande ampleur mais seulement des indices d'évolution. » (Chaptal, 2003)
Bibliographie
Livres :
Georges-Louis Baron et Eric Bruillard (sous la dir.) - Les technologies en éducation : perspectives de recherche et questions vives : actes du Symposium international francophone - Paris, Maison des sciences de l'homme, rue Suger, 31 janvier, 1er février 2002
Georges-Louis Baron et Eric Bruillard Linformatique et ses usagers dans léducation - Paris, PUF, 1996.
G.-L Baron... [et al] - L'ordinateur à l'école : de l'introduction à l'intégration - éd. par Luc-Olivier Pochon et Alex Blanchet ; contributions de Institut de recherche et de documentation pédagogique ; Lausanne : LEP Loisirs et pédagogie, cop 1997
F. Calisir et F. Calisir The e des approches française et américaine - Paris : L'Harmattan, 2003 relation of interface usability characteristics, perceived usefulness, and perceived ease of use to end-user satisfaction with enterprise resource planning (ERP) systems Computers in Human Behavior 20 (2004), p. 505-515.
Alain Chaptal - L'efficacité des technologies éducatives dans l'enseignement scolaire, analyse critique des approches française et américaine Paris, lHarmattan, 2003
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Les dossiers de lingénierie éducative :
N° 45, décembre 2003, « Publier en ligne aujourd'hui » :
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N° 41, décembre 2002 « Communautés et réseaux locaux » :
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N° 36, octobre 2001 « Communautés en ligne » :
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N° 33, décembre 2000, « Les TICE et l'école » :
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intégration des médias dans les dispositifs http://www.txtnet.com/ote/toulousepl.htm 10/01/2004
Annexe A
Guide dentretien exploratoire :
Décrivez-moi les utilisations que vous avez faites du cartable électronique ?
Premières manipulations et utilisations
Fonctionnalités quils utilisent le plus actuellement
Connaissance et maîtrise de tous les services du cartable électronique
- dépôt de documents
- utilisation de ces documents
- organisation de leurs documents
Quelles sont les activités pédagogiques que vous mettez en place ?
Travail collaboratif
Interdisciplinarité
Type de pédagogies
Comment renouvelez-vous vos activités pédagogiques ?
Quelle est votre utilisation dInternet en dehors du cartable électronique ?
Comment votre utilisation du cartable évolue-t-elle ?
Mesure de soutien
Personnes ressources
Entraide entre collègue
Formation
Pour linstant il y a absence dans le dispositif de contenu pré-formaté car les concepteurs souhaiteraient que les enseignants soient les principaux producteurs de contenus, que pensez-vous de cette proposition ?
Ont-ils des documents à proposer ?
Quelle modération ?
Quels sont les principaux types de ressources dont vous avez besoin ?
Finalement quel est lapport le plus important du cartable électronique dans vos activités ?
Quels sont les principaux freins à votre utilisation ?
Annexe B
Canevas de traitement des entretiens, première extraction dinformations, chacune de ces parties feront lobjet dun traitement détaillé dans Excel :
Représentations
Freins généraux
Pratiques éducatives
Utilisation du cartable
Utilisation antérieure de linformatique en classe
Projets dutilisation
Freins à lutilisation
Mutualisation
Activité d mutualisation
Type de recherche pour trouver des ressources
Sites de recherche documentaire
Ressources utilisées
Ressources souhaitées
Condition à remplir pour que fonctionne la mutualisation
Contenu à proposer dans le cartable
Forme de lespace de mutualisation
Communication et entraide entre collègues
Utilisation dInternet
Formation
Tutoriels
Souhaits
Modération
Annexe D :
Retranscription des entretiens (présentation de deux entretiens)
Sébastien Pardonneau prof de SVT, personne-ressource (Collège St Jean de Maurienne)
On a fait ça en synergie avec le développement du cartable puisquau début on avait peu de service donc peu dutilisation et puis au fur et à mesure du temps sest développé dautres services donc dautres utilisations ;
Au début on a essayé de créer plutôt du contenu puisquon avait un espace donc on a essayé de le remplir, cétait des images, cétait du texte, cétait du son pour certains collègues, pour moi cétait texte-image, cétait des exercices le plus interactif possible
voilà ce quon a fait dans un premier temps pour résumer ensuite
« où étaient stockés ces documents ? »
ils étaient stocker sur le cartable dans lespace privatif de chacun et puis on les faisait passer aux élèves par lespace public ou si c était un document qui intéressait toute la classe on le mettait sur une zone groupe, ensuite il a fallut organiser un peu tout ça car le cartable ne le faisait pas vraiment, ben jai produit un truc qui sappelle le classeur de lélève et donc les documents des élèves se rangeaient par le biais des liens hypertextes préétablis, les documents se rangeaient deux même dans ce mini site on va dire, ça cest très personnel mais ça a été utilisé par dautres collègues en math, même principe de classeur
on avait besoin de ranger après avoir remplis, cest vraiment lidée de la première année.
Après les utilisations coopératives sont plus souvent lobjet de la 2de année, cest à dire lannée dernière et cest à dire de mise en commun de documents, retravaillés
on a mis par exemple en commun des images, des élèves que chacun produit une modification dimages et puis comme ça les élèves allaient voir ce que les autres avaient fait et ça interagissait un petit peu sur le fonctionnement de la classe
de façon plus précise cétait comparaison de dessins scientifiques on a des critères pour analyser un dessin scientifique en svt et y strouve que de comparer les images permettait de découvrir les critères nécessaires et non connu par les élèves, dire « tient machin, ha il a oublié sa légende, un tel a oublié son titre voilà donc ça cétait dans lutilisation collaborative pour moi du cartable, cétait assez ponctuel, on peut pas prendre ça comme une généralité
En fait le cartable ça a été une succession de petits projets qui durait de lordre du mois avec parfois 2 ou 3 mois où on faisait moins de choses parce que cétait un peu lourd à porter et cétait même très lourd à porter,
Et en même temps il y a de la formation technique donc tout allait en même temps cest ce qui était finalement très difficile tout sentremêle en permanence, pbm technologiques, problèmes de techniques, formation technique, problème pédagogique, quest ce quon fait avec loutil, on a des idées, ça colle pas, ça peut pas se faire, voilà un petit peu les deux premières années du cartable technologique
Un autre aspect, cest quon lutilise aussi en vie scolaire, quand on est prof principal en faite dune classe on se sert du cartable pour transmettre des documents, pour dialoguer avec les familles, signaler des absences, suivre des absences, suivre des élèves qui sont sportifs et qui sont en absence ne serait ce que pour mutualiser aussi des documents concernant lorientation, cest ce quon fait encore cette année, nous euh moi jai une classe de troisième je mutualise des fiches de renseignement sur différents métiers, cest une façon de faire un forum de lorientation, ya la conseillère dorientation qui sy joint.
« sur lorganisation des documents »
la prise de recul en tant quenseignant, pour un enseignant cest pas forcément évident dorganiser ses documents dans le cartable, ça létait pas trop, cest devenu un petit peu mieux , pour un élève cest difficile faut trier les dossiers faut ensuite ranger, enfin on retrouve un peu le système de windows mais il ny a pas larborescence du windows explorer , on est un petit peu perdu vu quon a pas une vision globale de larborescence de notre rangement et ça cest peu intuitif pour les élèves et ça gène vraiment le fonctionnement
2) actuellement aucune, par le passé cétait la mise en commun de documents on a jamais vraiment travaillé avec dautres établissements alors que techniquement cétait possible, pédagogiquement on a pas fait parce que et les élèves même si on les a incité à communiquer avec dautres établissements dans certaine situations pédagogiques qui leur nécessitait ça ne sest pas fait pcq ils ne se connaissent pas physiquement, jai entendu un élève qui dit « moi je nvais pas aller envoyer un mail à qqn que je ne connais pas, à quelquun que je nait jamais vu », voilà pour être clair, ça limitait pas mal, donc des utilisations pédagogiques cest un petit peu comme jai dit tout à lheure, on modifie une photo , jenvoi des photos à des élèves, cest un document brut, scientifique, une photo, encore que ça peut être un graphique, ça peut être des résultats scientifiques et puis les élèves pouvaient compléter un petit questionnaire et me retourner ce petit questionnaire, cétait de cette nature là le travail que lon avait fait
après cétait aussi des rassemblages de liens on stockait des liens intéressants vers des sites donc ça à pu être lobjet une partie de lactivité faite avec les élèves, sinon on travaille essentiellement sur le réel donc après en SVT le cartable nous il nous permet surtout de distribuer des photos quon a acquis sur le réel, des résultats dexpérience, des courbes, des graphiques il ne permet pas vraiment dacquérir çà il permet surtout de stocker ou déchanger ce genre
« recherche dinfo sur Internet ? »
si mais sans cartable on le fait très bien on le fait même mieux jai envie de dire. Le cartable nous a simplement permis de stoker des favoris de façon personnelle et déchanger des favoris, ce qui est toujours pas mal
« au niveau de linterdisciplinarité ? »
si on a fait une course à lénigme entre physique et svt lannée dernière sur le thème de leffet de serre donc on a monté le projet à 2 enseignants, ce qui était très lourd et puis les élèves ont fait cette course là mais ça na rien donné de grandiose. Les équipes dépendaient les unes des autres, en faite dans leur réponse chaque équipe apportait une pierre, yavait 5 parties dans la résolution globale du problème quon avait posé, chaque équipe apportait un élément et il fallait passer par lespace coopératif du cartable, lespace groupe quon avait créé pour loccasion pour trouver ce quavait fait les autres équipe et lintégrer dans leur réponse et donc on avait poussé la coopérativité le plus loin possible, si ça cest bien passé côté élève, nous en tant quenseignant pour coopérer on a pas eu de problème mais ça a été une question dorganisation, de temps pour trouver les documents , partager, prémouler finalement tout lensemble cétait pas évident de mettre les documents tout préparer pour chaque équipe, cétait toute une organisation, en papier cest déjà dur mais là cela na pas facilité les choses avec le cartable, lergonomie de loutil nétait pas, ca na pas accéléré les choses
« nest ce pas une maîtrise qui nest pas encore suffisante de loutil ? »
moi jai envie dêtre un peu présomptueux prcq en ce qui me concerne je maîtrise sans aucun problème loutil donc ça pas été un facteur limitant pour moi, cest vraiment une question de temps en fait pour être très clair on a besoin de transmettre plein de fichiers à la fois dans notre cartable, pour transmettre plusieurs fichiers à la fois dun seul coup on a besoin dun logiciel FTP qui est intégrer au cartable mais qui fonctionnait mal très mal pour plein de raisons techniques. Donc ça ça a été gonflant donc on est obligé de passer les fichiers les uns après les autres donc moi ce que je reproche essentiellement au cartable jte àle dire cest que on a un bel espace mais pour remplir ou enlever de cet espace finalement le tuyau qui permet daccéder à cet espace nest pas très ergonomique, nous on a eu plein de problèmes peut être que les autres établissements ne lon pas vécu comme ça.
« vous connaissez tous les outils du cartables ? »
ouais, à lexeption de qq uns mais ouais. Régulièrement jy retourne même si cette année je ne lutilise pas pour me faire une idée actuelle du cartable
3)en fait moi jutilise cque font les collègues dans la même équipe au sein de létablissement donc cest papier ou quand on bosse tous sur informatique on séchange nos fichiers par mail ou alors je vais sur le site académique svt ou dautres sites académique svt, cest plus rare que je trouve des choses qui mintéresse et enfin moi je trouve des sites qui nont rien avoir avec les institutions académiques mais qui sont un lieu dapposition de plein de fichiers et on se sert là dedans en gros dans le tas et on voit cquon aime ou aime pas , on prend on jette, on modifie
« des sites de toutes façon éducatif »
pas forcément ça peut être des sites à vocation éducative bien sur mais cest souvent des collègues qui font une base de donnée et où tout le monde vient charger et échanger des fichiers. Cest très simple, ya pas de fioriture autours on va tout de suite à lessentiel on sait quon peut trouver des choses dans tous les domaines de notre enseignement. Sinon il y a du recul sur soi même et on reproduit autre chose
« vous avez déjà proposé des documents sur ces sites éducatifs ? »
oui, oui, on participe, souvent on va sur des sites il y en a tellement, quon va sur des sites où on ne laisse rien, on a pas connaissance de tous les sites, cest vrai quon est beaucoup à poser et à ne pas
oui on est beaucoup, on est peu à poser je veux dire et par contre il y en beaucoup qui récupère. Mais bon faut pas exagérer limportance de cette chose là, on est surtout à refaire, déjà en petit comité dans les proches, on rejoint un peu ce que je disais tout à lheure, cest dans la proximité des connaissances quon échange avant déchanger avec des gens quon ne connaît pas.
« quels paramètres utilisez-vous ? »
le niveau, la matière évidemment donc le niveau et dans le niveau donc le type, alors le type, est-ce que cest une activité, un travail pratique, est ce que cest une évaluation, est ce que cest un cours, est ce que cest un document brut, est ce que cest un type pédagogique dans le genre fiche de suivi, de méthode, est ce que cest grille de compétence voilà
« vous avez débattu dans ces sites, forum ? »
non, moi je suis pas du tout forum, jai pas trouvé un ajout au forum, jai essayé une fois mais cest pas
« sur le cartable électronique ? »
non forum en général, je ne retire rien de très essentiel, pour moi ça mapparaît toujours stérile, cest en terme de rentabilité, on a aussi une vie privé, on ne va pas passer notre temps à bosser on va là où on est sur de trouver des choses
4) la recherche de document scientifique brut jusquau document clé en main déjà fabriqué par un enseignant ou collègue entre tout ça on a plus dutilisation, curiosité, culture, réservation de voyages et puis cest aussi les listes de diffusion par matière, nous on a une liste de diffusion svt que japprécie personnellement beaucoup, cest une sorte de veille pour savoir ce quise passe dans notre matière , dans notre académie . Cest la liste de diffusion académique matière.
5) en fait elle a évoluée vers une moindre utilisation prcq à cause de soucis technologiques , jai pas trouvé vraiment de gains pédagogiques, cest chronophage, ça mange pas mal de temps donc avec tout ça on a tout de même autre chose à faire faut quand même que les élèves avancent, on a plein de classes qui ne sont pas dans le cadre expérimental qui faut bien faire avancer, faut bien faire notre métier donc vu le temps passé sur le cartable vu le peu de retour que cela nous procure pour linstant, le sentiment d avoir été quand même utilisé comme prétexte comme estampille éducation nationale pour le développement du cartable plutôt sur la plateforme à un niveau université, nous on était un petit peu la justification de tout ça. Cest le sentiment que jai
le cartable na pas été conçu pour des élèves de collège mais conçu plutôt pour des étudiants et donc nous on venait nous chercher pour avoir une justification vis à vis de léducation nationale, un aval de léducation nationale, cest aujourdhui chose faite donc on soccupe nettement moins de nous
donc ça a notamment contribuer à abandonner tout ça
mais avant ça ya des soucis techniques et le fait que le cartable ne gère pas par exemple le suivi des élèves, ya pas doutils dévaluation.
pour les élèves ce nest pas intuitif, ergonomique pour eux, pour des élèves de cet âge là, on nous a quand même demander quelle était lergonomie sur le plan de la présentation mais cela ne sest pas suffisamment suivi. Techniquement il y avait des problèmes, cela ne sest pas résolu, pour quelle raison, je men fiche un peu.
« que demandiez-vous ? »
nous on a réclamé la possibilité de gérer des résultats délèves, possibilité de savoir très vite à qui on avait envoyé un questionnaire dans une liste et puis en retour quand qqn nous envoyait un questionnaire on aurait bien aimé avoir par exemple une liste délève avec des coches en face des noms qui nous avait renvoyé le questionnaire pour que dun seul coup dil on sache qui la renvoyé et qui ne la pas renvoyé, alors quen fait avec le cartable il faut aller voir dans notre casier, regarder tous les prénoms les uns après les autres qui sétaient entassés et nous cocher sur une liste. Alors je trouve que pour un outil informatique qui est censé justement pouvoir soccuper de ce genre de gros travail statistique ça ne le faisait pas et ça ne le fait pas encore.
Donc pour résumer le problème avec le cartable, cest que pendant longtemps on a été 80 % technicien et 20% pédagogue, moi mon métier cest exactement linverse, je dirais nettement linverse.
« de la part des élèves vous avez pas mal de remarques sur la façon dont cest conçu ? »
ouais, on le voit bien sur larborescence, disons que les élèves ont du mal de faire abstraction, déjà ils ont du mal à acquérir la conception de ce quest un fichier, ce quest un dossier, le cartable rajoute une difficulté car larborescence nest pas visible donc lélève doit se faire une image mentale de pour moi larborescence cest ça, et puis davoir organisé ça en rigueur prcq il y a des élèves qui ont une rigueur naturelle acquise tôt et qui organisent ça par matière, dautres organisent ça différemment de manière tout aussi rigoureuse par contre yen a qui posent leurs fichiers dans nimporte quel sens donc pour nous enseignants aller dire « utilisez tel fichier ou retrouvez tel fichier » ça devenait, ça tombait à plat.
« suffisamment de soutien entre vous ? »
la question cest plutôt est ce que lon a le temps et les moyens de se former entre nous, de communiquer entre les plus expérimentés ou techniquement
on a pas forcément eu le temps et il faut aussi assurer pas mal de choses à côté, notre métier, avant lexpérimentation, donc cest vrai quil y a pas mal de collègues qui restent avec leurs problèmes techniques même si au coup par coup de manière épisodique on peut intervenir
cest vrai que cétait un frein, maintenant on est dans un collège où il y a vraiment une très bonne cohésion des enseignants, lambiance est vraiment très très sympathique donc il ny a pas de problème
6) je pense que cétait une très bonne idée mais cela dépend de ce que lon entend par contenu, prcq le contenu est ce que cest le document scientifique, est ce que cest une activité qui fait travailler lélève sur ce document scientifique ou est ce que cest un outil du cartable qui va gérer les réponses de lélève sur cette activité, javoue que je suis passé par les 3 phases, producteur de documents scientifiques, producteur dactivité et producteur doutils, moi jaimerais bien que le cartable prenne la part du niveau de loutil et que les enseignants on garde notre travail pédagogique de production dactivité et quon ait à disposition des maisons déditions qui nous fournissent des documents brut on a tenté de faire ça, ça na pas fonctionné
« mis à disposition public de vos réalisations ? »
moi jai partagé un peu avec un collègue dSVT dun autre établissement qui faisait parti de lexpérience dès le départ il sagit dOlivier Depère et on a mis en place lhistoire de classeur de référence dans lesquels il y a tous les documents, les cours auxquels peuvent se référer les élèves et je ne trouve pas quon spécialement échangé au delà de çà on a pas vraiment eu loccasion déchanger et puis on a jamais vraiment eu un cours complet qui fonctionnait prcq on était sans arrêt en train dessayer de nouvelles choses, de buter sur des problèmes. Cest très difficile de dire « tiens, on est arrivé à faire qqch qui fonctionne réellement » on a eu parfois une activité qui fonctionnait sur le cartable, mais cétait une activité et on la pas forcément échangée car on était pris dans le flot de lexpérience. il faut voir que nous les enseignants on était pris dans les problèmes techniques avec les problèmes de gestion avec nos élèves ce qui est aussi dautre problèmes techniques, on était chargé aussi pour ceux qui pouvaient former au cas par cas les autres collègues et en plus il y avait dautres formations qui venait se rajouter donc tout ça créait une sorte de nébuleuse où on évoluait sans vraiment de recul pendant 3 ans enfin moi je commence seuleument à prendre un peu de recul cette année donc dire avoir échangé des choses, non, dire avoir fait des trucs qui marchent, non. Jai essayé des trucs, cest certainement pas bon mais franchement, javais rien, on me proposait rien donc cétait à moi de créer, de défricher, on était un peu au jour le jour.
Jai voulu arréter pendant 9 mois ce cartable depuis mai-juin lannée dernière, volontairement, pour diverses raisons, nous les avons évoquées tout à lheure mais aussi pour prendre du recul sur toutes ces choses là, mais aussi prcq jai dautres classes, jai mon métier et il faut vraiment que ça marche pour les élèves sans cartable
Rejoint une remarque trouvée dans un article qui expliquait que pour fonctionner il faut quun tel projet concerne lensemble dun établissement
7) banque dimages scientifiques, mais ça on peut très bien y arriver avec une mutualisation des images récupérées par chacun des collègues via le cartable, on pourrait le faire seulement il faut communiquer avec les collègues, on sait pas où les trouver, les nouveaux collègues de lIsère, on a du mal à les contacter.
« ils débutent dans lIsère donc parler de mutualisation avec eux cest peut-être encore un peu tôt, mais au niveau de la Savoie ? »
au niveau de la Savoie le problème cest que lon ne connaît pas physiquement les collègues on a un petit peu de mal à échanger avec eux, jen reviens toujours à cet aspect, moi ça me gène pas mal, mais au delà de ça javoue avoir eu du mal, le cartable me permet pas très bien de rentrer en communication rapide avec mes collègues au niveau de lergonomie je veux dire. Ce nest pas que techniquement ce nest pas rapide une fois quon a trouvé mais cest où chercher, où trouver les collègues
« en fait il y a très peu de communication entre les collèges, il ny a pas un sentiment dappartenance à une communauté »
tout a fait mais cest normal, tout à lheure je ne sais pas si vous étiez là mais jai dit 2% de lutilisation entre collèges et 98% en équipe intra-collège, je ne parlais pas seulement du cartable, je parlais dune utilisation via les réseaux cest pour ça que
on connaît dabord léquipe que lon côtoie physiquement au jour le jour on échange dabord avec elle avant déchanger
même en interdisciplinaire. Moi jai plus échanger en interdisciplinaire quen intradisciplinaire entre 2 collèges différents. Voilà ce que ma permis de faire le cartable par exemple
« a partir de quel moment une référence proposée dans le cartable et construite par les enseignants est valide ? »
cest une question à poser aux AIPR de la matière prcq cest eux qui apportent leur validation en qq sorte par leur évaluation ce qui nest pas la même chose mais bien leur validation après les critères sont pas forcément bien établis entre les académies mais des critères qui se valident scientifiquement qui a une formation avec compétence une ou plusieurs compétences que ça met lélève en situation de recherche et déchec ça me paraît être des critères en tout cas cest les miens je ne dit pas que cest ceux des collègues voilà ce que je retire de mon expérience, je sais que dautres collègues utilisent dautres critères et je sais que des collègues utilisent ces critères moi jutilise dailleurs ces critères prcq jai travaillé avec des collègues qui mont permis de comprendre ça. Voilà, maintenant, moi je suis contre une évaluation de ce que lon produit hors du site académique. Cest à dire que lon a un site académique qui sert à ça, quand on va chercher qqch on sait que cela est validé, on y va les yeux fermés, après à nous davoir notre, un paysage plus ample, mais en même temps davoir une critique vis à vis de ce que lon récupère
quel type de critique ?
« lespace groupe est-il suffisant pour construire qqch de collaboratif ? »
oui
quand jai essayé de lutiliser comme tel prcq javais pas de situation, jai été obligé dinventer des situations en qq sorte, je navais pas de pratique collaborative, là pour le coup, loutil a précéder lutilisation, généralement cest un peu linverse donc pour le coup cest ce qui nous a mis un peu mal dailleurs tous, quon soit enseignant, élève, formateur,
donc bon pour répondre à cette question, pour ce que jai pu lutiliser, oui, oui il était adapté mais je pense que jai fait les utilisations qui étaient adaptées à loutil, jai été conduit par loutil en qq sorte.
« tutorial, formation individuelle ? »
franchement je nai jamais expérimenté le tutoriel en ligne, pour une raison, cest quil y a x façon dappréhender qqch que lon ne connaît pas, on a tous la notre et on commence tous par tout essayer enfin moi jvois les élèves et leur façon de faire, on est tous pareil on essaye tout plein de truc dans tous les sens, on comprend rien, on svautre mais moi je prend jamais un bouquin qui explique le logiciel, à la première page, je ne rentre jamais de façon linéaire et je ne suis pas le seul à être comme ça. Donc proposer une façon de rentrer, une explication, cest peut être une roue de secours mais à mon avis cest pas une voie de développement durable
« mais ce sont les formations que vous avez reçu au sein du collège qui vous ont guidées un petit peu dans lutilisation du cartable électronique ? »
non, de toute façon qui pouvait nous former, personne, personne ne la utilisé avant nous donc on a été nos propres formateurs, on a tout essayé, on a vu des trucs qui marchaient ou marchaient pas
« aucune formation na été prévu à linstallation du cartable électronique »
si mais je nappellerais pas cela une formation mais une prise en main, mais en fait là on se rencontre pas forcément sur les termes mais cest pas grave, cest que
si, si Alain Gemini, voulait nous faire des formations aux parents pour la prise en main de loutil mais pas pour lutilisation ce qui nest pas du tout la même chose.
Cest normal, il nallait pas nous dire à nous enseignants « vous allez faire ça avec ces outils », ça a bien était à nous et il était bien daccord avec ça , cétait bien le but de Savoie Technolac à lépoque quon définisse ce que lon pouvait faire avec loutil. Le problème cest que nous on était un petit peu « mais quest ce que lon va en faire , on a un outil, quest ce quon en fait » cela nous renvoyait à de nouvelles situations pédagogique que lon ne connaissait pas, quon a essayé de mettre en place de façon maladroite, de façon gênée par les soucis techniques
« vous avez tout de même essayé de mettre en place des innovations , des nouvelles pédagogies
»
oui, des nouveaux scénarios pédagogiques en tout cas. Ca a pris beaucoup de temps, des retours faibles, peu de gains prcq les élèves savaient pas faire, prcq problèmes techniques, jen reviens toujours, il faut avoir conscience que cest toujours, toujours avec ce développement, on était en train de se développer avec loutil lui même
« vos scénarios pédagogiques vous les avez trouvés où ? »
ben en discutant avec les collègues, on sest dit tiens, on va faire ça, en faisant des stages, des réunions déchange avec dautres collègues, en allant voir sur les sites québécois pour loccasion
8) moi jai gardé de ça un espèce de stockage, organisé, qui tente de lêtre, personnalisé, je parle pour les enseignants, pour les élèves et qui peut communiquer lorsque lon en a besoin. Ca trouve son intérêt dans ce que lon appel les itinéraires de découverte (IDD) en 5ème et 4ème, les élèves ont besoin de stocker des favoris, ont besoin de stocker des images récupérées sur Internet pour refabriquer un produit, un exposé, ça ça a trouvé son intérêt. Après, la mutualisation moi je la vois en tant que professeur principal, des élèves qui ont fait des fiches métier lors dun forum, dun salon de létudiant, des collégiens ou des lycéens, qui vont faire un petit compte rendu « tiens, jai vu tel métier, tel métier » voilà jen suis là.
« au niveau de la communication, cela à changé qqch entre vous, vos collègues
»
on a une expérience qui est très très positive vis à vis de ça puisque on a suivi une classe depuis la 6ème elle est aujourdhui en 3ème, on a un vécu avec ces élèves qui est totalement différent des autres élèves car je pense quils nous on vu, nous, dans la même situation queux cest à dire en tant quapprenant et en tant que distributeur de savoir, du coup ça a renforcé les liens entre nous et les élèves, ça cest une interprétation personnelle que je fais mais ça semble vrai, après avec les parents un petit peu moins mais entre enseignants il y a une interaction forte qui cest créée et cest vrai que les enseignants de léquipe cartable se connaissent bien, mieux et pas forcément que sur des sujets cartable, cette dimension a aussi été humaine, ça cest clair. Avec les élèves on a vraiment qqch de différent, une ambiance totalement différente dans la classe.
« et vous en tant quenseignant pensez-vous que votre rôle aurais changé ?»
forcément comme toute expérience ma vie a changée, jai appris plein de choses, jai aussi découvert ce quétait un projet en interdisciplinarité prcq même si on ne bossais pas en interdisciplinarité tout le temps , on a vraiment été pris en terme déquipe en permanence donc on a senti existé une nouvelle unité qui était vraiment léquipe. Avant le cartable léquipe se réunissait au conseil de classe, on ne la voit pas se matérialiser à dautres moments, alors que là elle était plus fréquemment matérialisée donc on a eu plus conscience de ça, ouais ça a changé des choses, ça a changé des rapports, des façons de faire, jpense que moi jai appris des choses, des façons de faire, jpense que jai appris des choses denseignants dautres matières, ouais jai pris des choses chez eux et inversement.
2 Caroline Duré, enseignante en français au collège de Côte-Rousse, Chambéry.
Caroline Duré, professeur de français, je suis au collège depuis la rentrée, depuis le mois de septembre avant jétais dans une autre académie ou on avait un autre projet de développement doutil informatique à usage pédagogique qui sappelait les classes pupitres ds lacadémie de Lille donc javais déjà une petite expérience de l exploitation pédagogique de loutil mais je ne connaissais pas le cartable électronique, je lai découvert en venant là mais se sont deux fonctionnement différents mais dans lexploitation pédagogique on reste dans le même type de document bien quavec le cartable électronique on peut avoir dautres ouvertures dans la mesure où il est possible que les élèves consultent des documents de chez eux donc ça cest un plus
« pour ceux qui ont un ordinateur chez eux » oui je crois même que certains élèves vont à la bibliothèque je ne suis pas sur mais je crois quil doit y avoir des postes libres donc certains vont là , dautres viennent le soir au collège ou le midi parce que on a ouvert une des salles pour que les élèves puissent effectuer le travail quon leur donne quand ils ne veulent pas le faire chez eux ou quand ils nont pas dordinateur chez eux
« ils viennent souvent ? » ils viennent assez régulièrement cela fais 3 semaines quon la mis en place depuis la rentrée des vacances de Pâques, on a de plus en plus de monde, ils sont content ça leur fais plaisir en même temps ils viennent travailler bien sur car il sagit de documents bon généralement pour linstant en math ou en français puisquon est surtout deux pour linstant même sil y a dautres profs, on est surtout deux à vouloir sinvestir mais cela fais beaucoup délèves puisquon touche quasiment toutes nos classes
« cest des moments qui sont encadrés ? »
oui cest encadré par un prof donc là on a Mr Aubaton prof de math , deux profs de SVT qui étaient volontaires, une des deux documentaliste, moi-même et un des surveillants du collège qui a des compétences en informatique et qui peut aider les élèves pour envoyer un fichier par exemple
« et vous vous organisez entre vous »
oui on a un planning donc cest tous les jours excepté le mercredi et le samedi et cest chaque midi et chaque soir
ça fais a peu près 2 heures et ½ par jours, les élèves peuvent se connecter au cartable électronique aller chercher des fichiers quon leur a envoyé, nous renvoyer des fichiers dans nos casier. Là jai eu un élève de 4ème qui apparemment a fait le travail chez lui donc on ma envoyé son travail, je lui ait envoyé un message derrière en lui indiquant ce quil pouvait améliorer jusqu'à la date butoir car évidemment comme tout devoir ils ont une date butoir, et puis voilà ils modifient ou ne modifient pas si ils menvoit à nouveau son fichier avec son texte modifié je prendrais en compte celui là, donc cest vrai que cest souple, cest pratique
« oui par rapport au dispositif que vous aviez sur Lille » disons que sur Lille on avait la même chose on dira dun point de vue matériel au collège cest à dire que cétait un élève par poste ce qui dun point de vue pédagogique est absolument indispensable cela mapparaît même une condition absolument nécessaire, le dispositif était un petit peu différent cétait sur une classe en particulier enfin on est passé de la classe pupitre à la salle pupitre enfin y a eu un glissement , y a eu une expérimentation sur des classes pupitre cest à dire que des classes étaient désignées et elles avaient toute leur cours dans une même salle avec toujours un poste par élève et elle passait donc toute la journée, toute la semaine dans cette salle et les profs venaient faire leur cours en utilisant on disait en moyenne au moins 30 % loutil informatique
« utilisation que vous faites du cartable électronique
ici il a été mis en place
»
il a été mis en place, jaurais du mal à vous dire, il y a qq mois cest depuis cette année scolaire en tout cas. Cela ne sest pas mis en place tout de suite au mois de septembre je crois que cela cest mis en place à la fin du premier trimestre, qq chose comme ça. Alors les utilisations de la plate-forme véritablement , pas lexploitation pédagogique de loutil informatique, en fait on a parfois du mal à discerner car les fonctionnalités propre au cartable et après les applications pédagogique de loutil, bon évidemment tout ce mélange. Bon pour ce qui est de la plate-forme même et de ce quelle propose moi je remplis le cahier journal régulièrement comme on complète un cahier de texte dailleurs jai cessé les cahiers de textes manuscrit, bon ça depuis longtemps car cest vrai qua Lille je faisais un cahier de texte qui se trouvait dans le dossier commun de la classe, donc ils accédaient au cahier de texte mais uniquement depuis le collège, là cest vrai quen remplissant le cahier journal lélève absent peut consulter ce qui à été fait en classe, même les parents peuvent savoir de ce quil se fait, donc je remplis le cahier journal , le cahier de texte ça cest régulier, jai mis dans les groupes classes à chaque fois une encyclopédie sur laquelle on va systématiquement dès quon a une recherche soit une recherche toute simple du purement orthographique, soit une recherche plus élaborée sur un auteur, donc cette encyclopédie quil y a sur le cartable je la trouve vraiment très bien donc je lutilise régulièrement
« donc vous avez créez des groupes pour chaque
»
ha oui alors chaque classe a son groupe , jai créé également un groupe CDI dont on pourra reparler tout à lheure, cest une des fonctionnalités du cartables, cest à dire quil y a une encyclopédie intégrée et je peux mettre ce lien où lon veut, je pense que même lélève sil veut peux mettre ce lien dans son cartable électronique. Moi je lai mis à la racine du groupe on va dire quand ils ont rejoins leur groupe classe immédiatement apparaît leur dossier par matières donc il y a par exemple un dossier français dans lequel je vais mettre par exemple quand on étudie une uvre complète donc là par exemple on étudie
bon je vais mettre un ensemble de liens que jai trouvé intéressant sur internet quon utilise ou non en classe donc ils peuvent très bien aller consulter pour leur propre gouverne il y a aussi dautres sites que jutilise dun point de vue pédagogique en classe pour aller faire des recherches, jai mis également comme on étudie les nouvelles qq nouvelles en ligne des outils par chapitre, en français on fonctionne par séquences, pour chaque séquence il y a un dossier et dans ce dossier on va trouver dautres dossiers dans lequel on va trouver soit des liens vers internet soit des fichiers qui correspondent généralement à des exercices à télécharger , cela peut être aussi des fichiers fait avec des exerciser genre netquiz ou hotpotetoes cest difficile, il faudrait que je vous montre pour que vous ayez une idée ça prendra 5 minutes, donc voilà toue sorte de fichier qui peuvent être autant dexercices à faire à la maison, dexercice que lon va faire en classe ou de document simplement ou par le plaisir ou par curiosité , tous ces documents sont classés, là depuis peu jai fait pour les élèves de troisième un dossier brevet avec qq entraînements au brevet interactif, là je vais faire des dictées donc je vais menregistrer et faire des dictées donc ils pourront aussi faire des dictées donc cest aussi une manière de développer lautonomie parce que lobjet est interactif donc les élèves sont vraiment dans lensemble on va dire sauf ceux qui sont un petit blasé partout, dans lensemble ils sont assez contents de travailler dans ce genre de condition ça leur plaît , on sent quil y a un intérêt accru rien que cet aspect là cest beaucoup, cest pas tout mais cest beaucoup. Donc voilà, la plate-forme je lutilise pour ça, je créer aussi des questionnaires avec les formulaires disponibles sur la plate-forme. Je nutilise pas du tout le Toko et lagence de presse, je nai pas encore cherché.
« au niveau de la communication, du casier, comment vous communiquez »
bon déjà il est évident quen classe il est interdit de senvoyer des messages dans les casiers , ce nest pas toujours évident à gérer car évidemment quand on est sur la plate-forme certain pourrait être tenté en 2, 3 minutes daller envoyer des messages aux copains et aux copines donc ça je dirais que pour moi cest un inconvénient en même temps il y a la notion de confiance cest bien mais certains adolescents nont pas suffisamment de maturité pour suffisamment comprendre que lon ne doit pas faire ça en cours. Javoue que gérer ce problème là même sil nest pas énorme ça me dérange, jestime quen tant que prof je nai pas à me demander est-ce que un tel envois un message à truc, ils sont 24, 25 dans la salle sur un cours normal de temps à autre il peut subvenir un problème technique donc cest une difficulté supplémentaire à gérer jsuis pas trop pour, envoyer des messages aux camarades jsuis pas pour. Jpense que je ne sais pas si dun point de vue technique cest possible je ny connaît pas grand chose en programmation, je ne sais pas sil est possible de bloquer la messagerie vers certains destinataires mais jpense que ce serait bien ou en tout cas après jestime que cela ne me regarde plus , il pourrait y avoir un débat éthique là dessus, mais ça ne me regarde plus ou que se soit bloqué toute la journée pendant la période scolaire après se sont les parents qui gèrent, après je ne sais pas il y a un espèce de flou aussi quand même de ce point de vue là, que font les élèves sur la plate-forme, quest ce quils échangent. Parce que on a leur code alors nous on leur a dit de ne pas modifier leur mot de passe là encore une fois dun point de vue éthique on pourrait dire, oui mais attention liberté individuelle etc, moi jpense que parfois la liberté nest pas toujours forcément bon et quand on est adolescent je ne suis pas sur que lon sait toujours faire bon usage de la liberté, donc ça vous voyez pour moi cest un gros inconvénient cest que les adolescents à lheure actuelle sont quand même , sont pas comme nous on était et je craindrais qq dérives , jche pas , à voir, mais on a pas de moyen de surveillance, un enfant qui change son mot de passe, moi je ne suis pas encore allé voir dans les espaces privés des élèves, euh il y en a certain jpense que ça va pas tarder jvais aller voir ce quil se passe parce que jai limpression quil y a quand des envois intempestifs de messages, ça me gène de devoir me retrouver dans cette situation là, je ne lai pas encore fait mais est-ce que pour le bon fonctionnement du groupe non pour me préoccuper de se quil fait en dehors de lécole, mais est ce que pour le bon fonctionnement du groupe je ne dois pas aller voir sils ne senvoient pas des messages quand il est en cours, parce que je ne peux pas vérifier on a , on peut toujours prendre un logiciel pour balayer les écrans des élèves mais je ne peux pas rester toujours derrière mon poste pendant une heure pour vérifier et cest sur que , moi jsuis sur quils sen envoient de temps en temps et pourtant je suis très vigilante et ils savent que si je m en aperçoit cela va mal se terminer.
«Je voulais revenir sur ce que vous déposiez , éventuellement pour les élèves mais vous déposez des choses pour vous sur le cartable ? »
sur le cartable je nai que des fichiers professionnels pour linstant
« pour les élèves ou pour vous »
oui cela peut être un ensemble de liens vers des sites Internet qui mintéresse ça peut être des fichiers que moi jai créé, des préparations, des évaluations, mes listes de classe
« dans larborescence vous arrivez à lorganiser »
oui ben cest la même chose que la répartition sur un disque dur , on créer des dossiers dans les dossiers on met des fichiers et puis voilà
« le carnet de correspondance, bientôt proposé
»
je pense que se serait une bonne idée, ça et puis les évaluations par exemple vous allez rencontrer après Vincent Aubaton qui a dun point de vue technique un niveau assez élevé et il a notamment développé un site Internet qui sappel évaluation.net et à partir de ce site les élèves se connectent avec un mot de passe confidentiel et ils ont accès à leur livret d'évaluation en ligne. Bon moi jai commencé a utiliser son site mais cest vrai que sil était possible de le développer
« fonctionnement ? »
on entre des objectifs si vous voulez, ça peut être en français en 6ème « différencier les repères spatiaux des repères temporels » ce sont des objectifs à atteindre au niveau 6ème donc on entre tout ça sur un niveau, on créer un niveau dévaluation puis après on créer les évaluations évidemment dans une évaluation il peut y avoir 15 objectifs et dans une autre il peut y en avoir 5 en fonction des résultats de lélève on met une couleur et lélève a accès à son livret de compétence et cest moins aléatoire que la note. Bon maintenant on pourrait très bien avoir un relevé de note mis à jour régulièrement sur le cartable ce serait traditionnel mais quimporte après cest juste une question pédagogique cela na rien à voir avec linformatique et encore moins avec le cartable mais cest vrai
« pédagogies innovantes ? »
le cartable comme son nom me lindique il me sert de contenant donc cest dans le cartable que je vais stocker tous les fichiers sur lesquels on travail et après on sort un petit peu du cartable dans la mesure où à partir du moment où ce fichier est téléchargé depuis le cartable après à partir de nimporte quel ordinateur on lélève va travailler sur un document donc cela peut être de la recherche sur internet qui serait guidé, cela peut être des formulaires à compléter, cela peut être des exercices interactifs, de lexpression écrite
« exercices avec travail collaboratif ? »
vous voulez dire avec dautres collègues
« oui et au sein de la classe en groupe »
ce que jai fait cest, alors dans lacadémie de Lille jai déjà fait ce genre de chose, jai déjà fait un roman interactif , jai déjà fait un roman photo, un site internet donc ça cest un travail collectif avec répartition des cours, des exposés aussi avec lutilisation de la messagerie, on pourrait faire la même chose avec le casier ici, cest à dire que lon créer des groupes et puis ils ont un thème à développer on leur sélectionne les sites ou ils les trouvent, ça après dun point de vue pédagogique tout dépend de lobjectif poursuivi et puis les élèves sorganisent entre eux et dans la grille dévaluation on inclut lorganisation au sein du groupe donc demander aux élèves de menvoyer en copie les messages quils senvoient pour dire par exemple bon et bien moi jai travaillé sur tel site, tient et bien moi regarde jai trouvé ça, je vais travailler sur ce paragraphe là je vais travailler sur autre chose, cest une trace écrite de leur organisation quand ils nont pas la possibilité de le faire ici au collège quand ils sont chacun chez eux ça peut se faire par lintermédiaire de la plate-forme, ça je ne lait pas encore fait ici mais ça pourrait se faire. Là ce que jai commencer à faire cest que jai proposé aux élèves de faire eux même des exercices en fait, mais ils nutilisent pas lexerciser, cest à dire quils me font des phrases par exemple au passé simple en mettant plusieurs choix puis moi je le met dans lexerciser, ça en 6ème et puis sinon on va faire la même chose en 4ème dans le cadre de lIDD justement avec Mr Baton sur lIDD science et technique et donc les élèves ont créé un site internet sur une personnalité scientifique et une démarche scientifique ou une découverte technique ou scientifique et chaque élève a son site et de chaque site on va faire un plus gros , le site de la classe, de lIDD et pour chaque personnalité il y aura des questionnaires, cest à dire que les élèves vont eux même , ils vont les générer eux même, parce quils nont pas le niveau suffisant, avec NetQuiz ou HotPotatoes , jcrois plutôt avec NetQuiz qui est plus simple ils vont créer des questionnaires sur la recherche quils font. Donc lintérêt de ce travail, dun point de vue pédagogique cest de pallier linconvénient du copier-coller quil faut absolument éviter donc dans ces moments là il y a toujours une première approche cest repérer linformation donc simplement la relever, à la limite ils copient et collent le mot ou lexpression qui répond à la question là ça va et puis généralement il y a une reprise soit collective soit je corrige pour bien vérifier quil ny a pas du copier-coller intempestif de paragraphe complet ce qui ne mintéresse pas et puis après il y a la reformulation sous forme dune phrase lorsquil sagit de question puis éventuellement après on peut passer de la phrase au texte cest lintérêt de loutil informatique du point de vue de lexpression écrite cest à dire quil ne sagit pas de faire taper un texte cela na aucun intérêt ça peut même devenir anti-pédagogique pour les élèves qui sont lents et qui ont du mal à taper ça peut même leur poser des difficultés mais par contre quand on a
on suit cette démarche là, lélève relève dabord linformation ensuite il produit une phrase donc cest pas fastidieux de taper une phrase et puis enfin il va lier ses phrases en texte, oui de manière à formuler un texte et du point de vue de lexpression écrite cest intéressant. Souvent les textes sont incohérents car on a une succession de phrases qui sont dailleurs pas toujours bien construite donc là ça permettrait sur les connecteurs logiques les organisateurs textuels, là les outils informatiques pour ça est très très intéressant et cest moins fastidieux car quand il y a une erreur lélève na pas à tout recopier, ça cest super au niveau de lexpression écrite.
« vous avez fait des choses interdisciplinaires ? »
alors oui dans le cadre de lIDD donc on a réussi à relier un peu math-français
« et le cartable vous a été une aide ou pas ? »
on a commencé lIDD avant maintenant le cartable est une aide dans la mesure où les élèves pourront stocker des fichiers là, on peut leur mettre des liens vers internet qui sont intéressants pour regarder de chez eux, ils peuvent stocker éventuellement qq fichiers sur lesquels ils vont pouvoir travailler chez eux, bon cest un plus mais cest vrai que lon a pas attendu le cartable.
« avec dautres établissements »
pour linstant non mais cest vrai que lon pourrait imaginer un travail autour de la messagerie de léchange, ouais je pense quil y a des choses à imaginer de ce point de vue là mais cest un chantier que je nait pas encore exploré.
« comment renouvelez-vous vos activités pédagogiques en général ? »
je peux minspirer de ce que je trouve parfois dans les manuels, je peux minspirer de ce que je peux trouver sur internet, alors quand je dis ce que je peux trouver sur internet cela peut être un site intéressant qui va me donner des idées soit par son contenu, soit par sa forme. Pour ceux que je conseil aux élèves, je choisi des sites académiques , il y a déjà un bon potentiel, cest très rare que jaille sur des sites personnels, quand il sagit de sites personnels je vérifie bien linformation, ça cest pour les liens que je propose aux élèves, moi je surf comme une malade pendant des heures donc je navigue sur tout, jai pas de
je cherche de tout
« vous trouvez que linformation est facilement accessible sur ces sites académiques par exemple ? »
je trouve, cest relativement simple avec les moteurs de recherche qui soient généralistes ou spécialisés je trouve que maintenant , cest vraiment facile, ben là avec les élèves on travail sur, on a déjà travaillé sur la navigation avec internet car il faut apprendre à lire une page web, il faut apprendre à naviguer dans un site, on peut faire des analogies avec les ouvrages documentaires, cest un peu comme quand on rentre dans un livre puisquils sont davantages habitués à cette lecture là quand au point de vue méthodologique ils sont bien au point on peut leur demander deffectuer eux même les recherches en travaillant sur les mots clés, les synonymes, on aborde en même temps des notions lexicales qui sont inclus dans les programmes officiels.
« votre utilisation perso dinternet en dehors du cartable »
relativement importante pour tout, comme je vous lait dit jutilise beaucoup internet pour aboutir ensuite à des travaux dexpression écrite individuelle ou collective, cest à dire quon va passer par la recherche dinformations pour ensuite aller vers la production, soit la production d exercices avec peut être pourquoi pas la création simplement dune phrase ou la création dun exercice ou la création dun site, disons que cest rare que ma recherche dinformation naboutisse pas à une production ensuite, maintenant ça peut être simplement de la recherche dinformation pour préparer un cours, mais cest assez rare, en règle général, bon là en 4ème ils ont fait un dossier complet sur le théâtre on a travaillé pendant des mois dessus je les ait lancé au premier trimestre parce quon a commencé par le théâtre en 4ème et jai fait 3 questionnaires, si vous voulez la manière dont je procède surtout cest que je pose une question puis à cette question jassocie une page, un url donc ils cliquent sur le lien et ils arrivent sur une page et cest sur cette page quils vont trouver linformation donc à chaque question est associé un lien vers internet, une page, pas un site, toujours une page, cest sur cette page là quils vont trouver linformation qq fois si la page est longue dans ma consigne je vais indiquer dans tel paragraphe notamment pour les plus jeunes ou les élèves en difficulté, mais lintérêt cest que tous les élèves produisent là jai pourtant qq élèves de 4ème en difficulté ils ont tous produit un dossier sur le théâtre, cest à dire quils sont tous aller chercher linformation donc il y avait les origines du théâtre, la comédia dellarte, le théâtre au 17ème siècle avec trois fichiers qui ensuite ne doit en former quun seul qui constitue ensuite leur dossier , donc ça cest lessentiel de ce que je fait sur internet ou alors ça peut être aussi de la lecture notamment il y a la
. En ligne sur un site académique où à chaque mot de vocabulaire, ça à du être fait avec des calques vous savez quand vous passez la sourie sur un mot vous avez soit une image qui apparaît soit
« vous utilisez internet depuis combien de temps à peu près »
dans lenseignement je dirais 4 ou 5 ans
« comment votre utilisation du cartable évolue-t-elle ? »
pour linstant je nen suis quaux prémices alors est-ce quelle a évoluée, alors elle a évolué dans la mesure ou en découvrant de nouvelles fonctionnalités jai de nouvelles idées, notamment je vous dit lencyclopédie que je navais pas tout de suite vu au début, javais pas tout de suite vu la possibilité de créer uniquement des dossiers avec des images des choses comme ça donc jutilise ça aussi , je vais certainement
« vous avez eu des formations ? »
on a eu deux journées de formation mais comme javais déjà qq notions en informatique javais déjà exploré un peu la plate-forme avant, effectivement ces formations mont permis de mentraîner pas mal et de découvrir éventuellement dautres fonctionnalités que je navais pas vu
« maintenant vous auriez besoin de quel type de formation ? »
moi jaimerais avoir des formations plus techniques maintenant par exemple pour apprendre à créer des formulaires ou des choses comme ça, cela mintéresserais. Jaimerais bien pouvoir commencer à faire des choses un peu plus poussé davoir davantage doutils pour créer des
« vous avez rencontré dautres enseignants dautres établissements qui utilisent le cartable »
oui jen ai rencontré là cette année au cours dune formation dans un groupe lettre qui était organisé par le rectorat et linspection je crois, sinon jen rencontrais régulièrement dans lacadémie de Lille parce que jétais formatrice à lIUFM justement pour les nouvelles technologies donc là
« vous restez en contact ? »
je reste en contact par mail
« suffisamment ? »
ha ben ce serais toujours mieux si on pouvait faire régulièrement des échanges de pratiques par des journées ou des demi-journée où ne ferait que des échanges de pratique ça cest une richesse, on est tous là à travailler dans notre coin si on pouvait se regrouper
« en présentiel »
oui je pense que cest beaucoup mieux. Vous savez quand on est devant son ordinateur et que lon reçoit un mail avec un fichier, ben tient regarde ce que jai fait bon cest bien, cest mieux que rien, mais on a pas toujours le temps parce que cest un moment donné où on est à la maison, si on est devant lordinateur cest généralement parce que on a un truc à faire cest pas seulement pour consulter les mails donc cest un plus mais pour moi ce ne serais pas suffisant du tout.
« seriez-vous prête à proposer des choses que vous avez construit au sein du cartable pour les mettre à disposition des autres ? »
ha oui sans problème, et également de pouvoir échanger
« vous imaginez cela comment ? »
il y a déjà des groupes déchange, Vincent en a créé un déchange de pratique, il y en a un autre en lettre en particulier, je pense que les autres y vont régulièrement moi jy vais régulièrement et jalimente régulièrement, je met pas tout mais je met des choses.
« vous auriez besoin dun type dobjet particulier »
lencyclopédie est bien mais ce quil faudrait cest un dictionnaire orthographique parce que lencyclopédie quand les élèves orthographient mal un mot , avant il y avait un dictionnaire orthographique mais maintenant il ny en a plus donc ce serais vraiment bien sil y avait cela avec la possibilité de trouver des synonymes vraiment le dictionnaire quoi
« vous avez besoin dactivités »
non, si la possibilité de mettre éventuellement des évaluations se serais bien mais sinon non, je ne vois pas en tout cas pas pour linstant je ne vois pas .
« inconvénient ? »
parfois la plate-forme nest pas accessible donc quand on fait une activité cest très pénible et puis il y a linconvénient qui a le droit de faire quoi, qui détermine les droits les devoirs, comment on vérifie, je pense que ça cest à préciser assez sérieusement
Le cartable électronique est une marque déposée depuis 1999 par le laboratoire Syscom de lUniversité de Savoie.
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Institut National de Recherche Pédagogique
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Animer des communautés virtuelles denseignants (berceau de linnovation)
Utiliser des « groupwares », des outils de travail collaboratif
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Knowledge Management
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Capitaliser les expériences du terrain et observations des pratiques pédagogiques
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Fig. n°2 - ENT : Fonctions du « socle » et « briques » de services et de ressources
Daprès « Du cartable électronique aux espaces numériques de travail», La documentation française,collection des Cahiers pratiques du développement numérique du territoire, Juin 2004