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Le rapport à l'écrit renvoie toujours à notre vécu scolaire. ...... Formation/
relationnel.
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EN PARTENARIAT
UFR Psychologie, Sciences de lEducation Institut de Formation des Cadres de Santé Département des Sciences de lEducation Section Rééducation
Université de Provence Centre Hospitalier Bellevue
Aix-Marseille 1 Montpellier
Diplôme de cadre de santé
Et
Master professionnel Education et Formation
1 ère année
Année Universitaire 2006-2007
Contribution et enjeux du langage écrit dans la construction dune posture de consultant en IFMK.
Frédérique Jorge-Villemur
Sous la direction de Monsieur Franck Gatto
REMERCIEMENTS
A Monsieur Franck GATTO qui a accepté dêtre Directeur de ce mémoire. Merci de mavoir accompagné tout au long de cette « aventure » par vos conseils éclairés et votre soutien, davoir consacré du temps à lire mes écrits qui sont les témoins de la progression de ma pensée et de ma réflexion.
A Madame Marie-Hélène IZARD, qui a su prendre le temps de répondre à mes interrogations.
A Messieurs Franck GATTO et Jean-Luc GERARDI qui ont élaboré avec succès un partenariat entre lIFCS Rééducation de Montpellier et le Département des Sciences de lEducation de lUniversité de Provence, pour notre enrichissement à tous.
A mes proches qui mont soutenue inconditionnellement dans tous les domaines durant cette formation. Un immense merci, que les mots seuls ne peuvent pas exprimer. Merci pour mavoir permis cette réussite personnelle.
A tous les autres élèves cadres de ma promotion pour lambiance amicale quils ont su générer toute lannée.
SOMMAIRE
INTRODUCTION p5
1. ETAT DES LIEUX DU LANGAGE ECRIT p8
1.1 Historique
1.2 Précisions langagières p9
1.3 Enjeux de lécriture pour le rééducateur p11
1.4 Ecrire est recherche de sens dans notre rapport au monde p13
1.4.1 Ecrire pour qui ?
1.4.2 Ecrire pourquoi ?
1.4.3 Ecrire pour quoi, sur quoi ? p14
1.5 Ecrire, cest lire
1.6 Ecrire cest évaluer nos pratiques réelles par rapport à un référentiel p15
2. ENQUETE EXPLORATOIRE p16
2.1 Méthodologie de lenquête
2.1.1 Les objectifs
2.1.2 Le terrain denquête et la population p18
2.1.3 Le choix de loutil denquête : le questionnaire
2.1.4 Protocole suivi et présentation du questionnaire
2.1.5 Recueil et traitement des données p22
2.1.6 Résultats de lenquête p27
3. LA PROBLEMATIQUE PRATIQUE : Etat des lieux de la Recherche p29
3.1 Précisions langagières
3.2 Définitions complémentaires p30
3.2.1 Lengagement
3.2.2 Linformation p31
3.2.3 La communication p32
3.3 Les postures des masseurs-kinésithérapeutes p34
3.3.1 Définition
3.3.2 Lagent-lacteur-lauteur
3.3.3 Lexpert-le chercheur-le consultant p35
3.3.4 Sautoriser à
3.4 Les modèles de santé p36
3.4.1 Définition de la santé
3.4.2 Le modèle biomédical
3.4.3 Le modèle social p37
3.4.4 Le modèle global
3.5 La profession de masseur-kinésithérapeute p38
3.5.1 Historique
3.5.2 Réglementation dobtention du DE de masseur-kinésithérapeute p39
3.5.3 Formation initiale des masseurs-kinésithérapeutes p40
3.5.3.1 Le projet visée
3.5.3.2 Le projet programmatique p43
3.5.3.3 Le travail de fin détudes : TFE p45
4. LA QUESTION CENTRALE p46
5. LA PROBLEMATIQUE THEORIQUE p47
5.1 Les modèles de santé
5.1.1 Définitions de la santé
5.1.2 Définitions des modèles de santé p48
5.1.2.1 Le modèle de santé biomédical
5.1.2.2 Le modèle de santé global depuis 2001 p49
5.2 Les postures p50
5.2.1 Définition
5.2.2 Lagent-lexpert
5.2.3 Lacteur-le chercheur
5.2.4 Lauteur-le consultant p51
5.3 Les modèles de la formation p52
5.3.1 Définition
5.3.2 Modèle de la formation centré sur lacquisition (ou charismatique)
5.3.3 Modèle de la formation centré sur lanalyse (ou ajustage)
5.3.4 Modèle de la formation centré sur la démarche (ou affranchissement) p53
5.4 Présentation des matrices théoriques p54
5.4.1 Matrice théorique des modèles de santé
5.4.2 Matrice théorique des modèles de postures p55
5.4.3 Matrice théorique des modèles de la formation p57
6. LE DISPOSITIF DE RECHERCHE p58
6.1 Choix de la méthode
6.2 Population et terrain dexpérimentation
6.2.1 Critères dinclusion
6.2.2 Critères dexclusion
6.3 Loutil denquête : le questionnaire
6.3.1 Le choix de loutil
6.3.2 Test de validité de loutil p59
6.3.3 Construction du questionnaire
6.3.4 Description du questionnaire définitif p60
6.4 Protocole de distribution des questionnaires p67
6.5 Recueil et traitement des données
6.6 Résultats et interprétations p68
6.6.1 Analyse des profils p69
6.6.2 Analyse des modèles de la santé p77
6.6.3 Analyse des modèles de la posture p78
6.6.4 Analyse des modèles de la formation p80
6.6.5 Analyse statistique p84
6.7 Discussion autour des résultats p87
6.8 Critiques et propositions
6.8.1 Critiques p88
6.8.2 Propositions p89
CONCLUSION p91
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES p93
ANNEXES
Annexe 1 p98
Références 33 et 34, 2ième procédure daccréditation (p70), manuel accréditation des établissements de santé HAS, septembre 2004.
Annexe 2 p99
Tableau recueil des données des résultats de lenquête exploratoire.
Annexe 3 p101
Loi n° 46-857 du 30 avril 1946 et Décret n° 47-1279 du 7 juillet 1947, relatif à la réglementation de la profession de masseur gymnaste médical.
Annexe 4 p105
Décret n°2000-577 du 27 juin 2000 modifiant le décret n° 96-879 du 8 octobre 1996 relatif aux actes professionnels et à lexercice de la profession de masseur-kinésithérapeute.
Annexe 5 p107
Décret n° 93-1037 du 30 août 1993 relatif aux études préparatoires et au diplôme dEtat de masseur-kinésithérapeute.
Annexe 6 p108
Décret des compétences n° 98-879 du 8 octobre 1996, relatif aux actes professionnels et à lexercice de la profession de masseur-kinésithérapeute.
Annexe 7 p112
Plan de la méthode expérimentale du mémoire.
Annexe 8 p114
Questionnaire définitif.
Annexe 9 p118
Tableaux Excel recueil des données du groupe A.
Annexe 10 p120
Tableaux Excel recueil des données groupes B1 et B2, puis B1+B2= groupe B.
Annexe 11 p122
Tableaux Excel comparatif des groupes A et B.
Annexe 12 p128
Tableaux test du Khi2 pour objectiver les résultats des modèles de formation en relation avec le TFE des IFMK groupe A et groupe B.
INTRODUCTION
Masseur kinésithérapeute diplômée depuis vingt cinq ans, mon parcours personnel et professionnel mont permis de vivre en France comme à létranger. Jai travaillé en situation libérale et salariale, privée et publique.
Ce fut pour moi, loccasion dappréhender une vision des pratiques professionnelles diversifiées, organisées autour dun travail interdisciplinaire. Dapprendre à travailler en coordination et en partage avec des équipes dans la gestion des soins (cabinet libéral, thermalisme et thalassothérapie) avec lobjectif de satisfaire au mieux lusager.
Ma vie à létranger, dabord enfant avec mes parents en Afrique du Nord, puis adulte en Suisse et en Espagne mont permis de mimprégner de façons de penser et dagir différentes. Ainsi, jai pu observer lorganisation cartésienne de la Suisse romande protestante de mentalité anglo-saxonne, et celle plus extravertie de lEspagne catholique de mentalité latine. Et malgré ces différences culturelles, jai apprécié dans ces deux pays une « culture de soignant » et une recherche similaire de qualité de soins auprès du patient.
Ces expériences ont développé en moi, une plus grande capacité dadaptabilité et dobservation de lenvironnement humain et culturel. Ce fut aussi la révélation de limportance des mots et des règles sociales qui en découlent ; de la nécessité de comprendre dautres langues en les replaçant dans leur contexte géographique, historique et culturel ; de limportance de lécoute dans la relation et la communication.
Ces dernières années de retour en France, jai travaillé au sein du service public, dans un service de soins de suite et de réadaptation en gériatrie, où jai mené au quotidien une réflexion globale sur le projet de vie du patient et son devenir à sa sortie de lhôpital. Lapproche de la « culture gériatrique », la recherche constante dune cohérence des soins autour du patient âgé, ma fait prendre conscience que les échanges quils soient de nature verbale ou écrite concernant la rééducation et le projet du patient sont peu ou pas intégrés dans la prise en charge. Il y a même certains domaines comme la psycho gériatrie où il nexiste pas de références théoriques se rapportant à notre prise en charge rééducative.
Ma démarche a été confrontée à cette difficulté dévaluer ma pratique sur une prise en charge globale du patient gériatrique. En effet, cette conception transversale dune démarche déquipe mobilise une évaluation globale des activités professionnelles, qui se complexifie avec linterrelation et linteraction de plusieurs intervenants. Chaque soignant a un rôle singulier et une responsabilité dans la coordination globale et collective de ces actions dans lespace du patient gériatrique. Je me suis penchée avec les autres rééducateurs, sur la recherche doutils dévaluation et de transmission plus pertinents, plus fidèles à notre démarche qualité, tout en progressant dans lutilisation de loutil informatique.
Jai réalisé, que malgré la formation continue réalisée pendant toutes ces années, chaque fois quil me fallait rédiger un bilan diagnostic dun patient, une fiche de liaison avec les rééducateurs libéraux à la sortie du patient de lhôpital, jéprouvais la même difficulté que mes pairs à pouvoir trouver les mots précis, les termes scientifiques validés et reconnus par tous pour faciliter la transmission de linformation.
Je me suis rendue compte de la résistance en général des rééducateurs, pour écrire les informations du dossier patient avec les outils dévaluation kinésithérapique. Pourtant, la transmission rapide et complète de ces informations est importante, car elle permet de sécuriser le circuit du patient en assurant une continuité dans sa prise en charge.
Cest une responsabilité partagée et engagée qui sappuie sur la compétence pluridisciplinaire, facteur defficacité et de qualité des soins. Je prends appui sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) en référence au manuel daccréditation des établissements de santé de septembre 2004 : Prise en charge du patient en soins de suite ou de réadaptation concernant le chapitre du parcours du patient, références n°: 33 et 34 sur la continuité des soins et la traçabilité des actes et la transmission, en temps opportun, des informations qui reposent sur une organisation adaptée du dossier du patient.(Annexe 1, p98)
En tant que futur cadre de santé, mon questionnement porte sur la relation quentretiennent les rééducateurs avec le langage écrit, afin de mieux cerner les enjeux damélioration et de plus-value de «sens » que celui-ci peut apporter à nos pratiques professionnelles. Notre profession est en pleine mouvance face à la loi du 04 mars 2002 qui fait état de lobligation de réaliser une relation thérapeutique et éducative de qualité et de permettre plus dautonomie de lusager en laccompagnant vers une « culture » du langage écrit scientifique et accessible.
En effet, la construction du projet patient passe par la rédaction de celui-ci, lu et écrit, relu et réécrit, afin quil se lapproprie entièrement. La législation française a adopté la loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé dont les articles :
Art. L.1111-2 du CSP, alinéa 1 : « Toute personne a le droit dêtre informé sur son état de santé » ; alinéa 2 : « Cette information incombe à tout professionnel de santé. »
Lexigence dinformation de la personne malade transmise par tout professionnel de santé constitue une pièce maîtresse de la loi dans une optique déquilibre de la relation soignant / soigné. Lécrit devient force probatoire tandis que loral reste la modalité habituelle de transmission de linformation.
Art. L.1111-4 ordonne : « Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations quil lui fourni, les décisions concernant sa santé. [
] Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment «.
Cette loi contrecarre le fait que les patients soient agents (Ardoino, 2000), le patient deviendrait alors co-auteur de son projet de vie et de son traitement. Pour pouvoir réaliser ce changement de posture de lusager, celui-ci doit être en possession de toutes les informations le concernant. Il en va du devoir de tout professionnel de santé et de celui du cadre de santé de promouvoir cet engagement, dans le cadre de ses compétences. La loi n°2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie étend cette obligation aux personnes en fin de vie.
Larticle 6 de cette dernière loi ordonne : Art. L.1111-10-« Lorsquune personne, en phase avancée ou terminale dune affection grave et incurable, quelle quen soit la cause, décide de limiter ou darrêter tout traitement, le médecin respecte sa volonté après lavoir informée des conséquences de son choix ». Le législateur français impose un changement de paradigme. Le professionnel de santé est laccompagnant nécessaire auprès du patient pour laider à appréhender la communication et la compréhension de ce savoir le concernant. Encore faut-il que le rééducateur accepte dêtre cet interlocuteur privilégié et quil soit lui-même dans une démarche dappropriation des informations scientifiques du dossier patient, quil en soit co-auteur.
Cette année de formation à lInstitut de Formation de Cadre de Santé et de Master I à Montpellier est un temps privilégié de questionnement et de réflexion dans mon itinéraire personnel et professionnel et je prends le temps détudier, par curiosité intellectuelle notre relation au langage écrit. Jai pu partager avec mes pairs en formation ainsi quavec ceux qui sont sur le terrain, de notre difficulté dévoluer vers cette relation thérapeutique et éducative sans passer dabord par lappropriation de notre propre autonomie. Linterrogation de tous est de savoir comment amener les rééducateurs à construire leur savoir savant, afin daffirmer leur identité professionnelle au sein du Système de Santé. LInstitut de formation de cadre de Santé de Montpellier propose un partenariat avec lUniversité de Provence, dispensant les Sciences de lEducation.
Des questions surgissent : Le langage écrit favoriserait-il une pensée scientifique chez les rééducateurs ? Quels en seraient les enjeux ? Serait-il un facteur daffirmation scientifique de notre profession? La production de ces nouveaux savoirs serait-il à son tour, facteur de changement de paradigme de notre profession? Le changement de paradigme de notre profession serait-il un facteur de facilitation de changement de paradigme du patient?
Je vais tenter de mieux comprendre, à travers la production de ce mémoire, comment lappropriation du langage écrit pourrait permettre aux rééducateurs, une affirmation scientifique de leur identité professionnelle? Et en tant que cadre, mieux appréhender les raisons qui freinent ceux-ci à sautoriser à écrire ?
1. ETAT DES LIEUX DU LANGAGE ECRIT
1.1 Historique
Lécriture est la représentation visuelle du langage par un système de signes graphiques adoptés conventionnellement par une communauté de personnes.
Si lHomme utilise un langage articulé depuis environ cent mille ans, il nécrit que depuis un peu plus de cinq mille ans. Cest dans des sociétés en plein développement, avec lessor du commerce au bord des fleuves et lémergence du besoin de fixer des messages et de consigner faits et pensées de façon durable que naît lécriture en Egypte et en Mésopotamie dans la seconde moitié du IV ème millénaire avant J.C. Elle fonde lordre social et politique, et garantit le pouvoir de quelques-uns.
Lhistoire des écritures, sapparente à un voyage à travers tous les temps et tous les univers, une histoire riche en contrastes et en questions où la nécessité de noter les noms propres contribue à accélérer la phonétisation de lécriture, tandis que dans la signature, lécriture redevient image et signe didentité.
Plus ou moins idéographique ou plus ou moins phonétique, tout système décriture représente une alliance singulière entre limage et la parole. Il allie lart du visible (mise en page, tracé, calligraphie) aux signes lisibles qui répondent à un code admis de tous et qui permettent à chacun dy trouver un sens.
1.2 Précisions langagières :
Lécriture : selon Rey (2004) vient du latin scriptura « écriture », « écrit », « art décrire » et dans la langue de lEglise « les Livres Saints », dérivé du supin de « scribere ». Au XVe siècle, écrire prend le sens de « fait, action de créer par le langage, art décrire »
Le langage : selon Rey (2004), dabord noté lentguage (vers 980), il désigne spécifiquement la faculté propre à lhomme de sexprimer et de communiquer au moyen dun système de signes produits par la parole ou par une écriture. Dès le XIIe siècle et jusquà lépoque classique, le mot a désigné la parole, le discours (vers 1131). Il a aussi désigné la manière de sexprimer propre à un peuple, à un pays (vers 1138) et la manière de sexprimer propre à un individu (fin XIIe siècle), un groupe (en 1669), une profession. Enfin, il est défini linguistiquement au XVII e siècle comme un système de signes plus ou moins complexes servant à lexpression et à la communication (en 1662).
Lidentité : selon Rey (2004) est un emprunt au bas latin identitas « qualité de ce qui est le même », dérivé du latin classique idem (idem) comme identificare (identifier) et identicus (identique). Au début du XIV e siècle signifie « caractère de deux objets de pensée identiques ». Le mot est repris au XVIII e siècle pour désigner le caractère de ce qui est permanent, et en logique (en 1797) le caractère de ce qui est un. En droit et dans lusage courant (en 1801), il désigne le fait, pour une personne, dêtre un individu donné et de pouvoir être reconnu pour tel.
La lecture : selon Rey (2004) il est emprunté (en 1350) au latin médiéval lectura « fait de lire », « études, érudition, commentaire juridique » (XIVe siècle). Les premières attestations du mot réalisent le sens de « récit, instruction, enseignement » et la spécialisation religieuse de « texte liturgique »(en 1380). Le sens courant « action matérielle de lire à haute voix » nest attesté que depuis 1445, suivi au XVI e siècle par celui « daction de prendre connaissance dun texte en le lisant pour soi » (pour linstruction, pour le plaisir) (en 1561).
Les Activités scripturales ou qui relèvent de ce qui touche à lécrit : lire pour écrire ou écrire pour lire, semblent être des activités incontournables, qui excluraient ceux qui nen possèderaient pas les clefs. Ce va et vient incessant entre la lecture et lécriture est interactif et pendant longtemps, les débats ont porté sur les méthodes dapprentissage et sur la hiérarchie de la lecture sur lécriture ou de lécriture sur la lecture.
Selon Fijalkow (1994) « On considérera donc quil existe un système, la langue écrite, et des comportements permettant de lutiliser : lecture, écriture, copie et bien dautres
ce qui différencie un comportement dun autre, par exemple la lecture de lécriture, cest son niveau dans cette hiérarchie, son degré de complexité cognitive». Pour cet auteur, lécriture se trouve être loutil danalyse et la lecture, la source de connaissances spécifiques de lécrit. Travailler ces deux activités, successivement ou tour à tour, dans une relation de plaisir et pas seulement comme un acte mécanique, permettrait dappréhender le langage écrit comme une aventure personnelle, une activité gratifiante, et ceci dès le moment de lapprentissage. Lun des premiers endroits où senseigne et donc se révèle les difficultés à appréhender le langage écrit est lécole, excluant progressivement les élèves en difficulté des modes de communication de la vie en société. Au cours de litinéraire scolaire, lécriture est dabord ordinaire, puis littéraire et conventionnelle dans le secondaire, elle devient ensuite plus académique dans les études supérieures pour évoluer ensuite vers un caractère professionnel.
Les futurs professionnels de rééducation sont des étudiants souvent issus des filières scientifiques, ayant une maîtrise littéraire suffisante, mais peu souvent enclins « à dévorer » des livres sortant de leur domaine dintérêts, ce qui pourrait être un facteur de réduction de leur vision du monde.
Le rapport à lécrit renvoie toujours à notre vécu scolaire. Face à la page blanche, réapparaît dans notre mémoire, les annotations de notre enfance : « manque de style », « peut mieux faire », « fautes dinattention », cette confrontation est lourde daffect, elle nécessite du temps pour donner du sens à nos écrits et de la cohérence dans notre réflexion.
La lecture nous permet de « prendre » chez les auteurs rencontrés des pensées, des modèles, des concepts qui sont autant de clés ouvrant des portes de réflexion et de questionnement. Chaque auteur nous envoie à un suivant, ce chemin emprunté ne se fait pas en ligne droite, il dresse des courbes sinueuses, qui parfois se perdent un peu loin pour ensuite revenir vers ce qui faisait notre point dintérêt initial. Une fluidité suffisante, acquise par un décodage et une connaissance des mots est nécessaire pour que la compréhension du texte se fasse de façon harmonieuse.
Lécriture est toute autre, soit on restitue en copie conforme ce qui a été lu et ce nest que de la retranscription dauteur ; soit on sapproprie le modèle lu, on l'imprègne de notre histoire et de notre vécu. Il devient alors une réponse personnelle à une interrogation personnelle, fruit du résultât dune démarche qui nous est singulière. Il est le témoin de lévolution et de la progression de la structuration de notre réflexion au fur et à mesure de nos lectures et de notre écrit.
Ce nest pas facile, car le langage écrit nous confronte à des théories nouvelles, nous interpelle et nous interroge sur les modèles, les théories de notre formation initiale. Ce va et vient permanent entre les théories et lécriture permet une remise à niveau mais aussi une intériorisation de nos pratiques professionnelles. Il nous donne loccasion de clarifier notre fonction de rééducateur, de définir notre position dans le système de santé et de faciliter lémergence de cohérence mais aussi dincohérence de nos pratiques. Lécrit construit la pensée, qui à son tour évolue et le transforme en retour dans un système de boucle évolutive. Il semble que ce mouvement soit en spirale et constant, avec des moments de construction, de cohérence, de plus de sens mais aussi, il est vrai des moments de doute, dinterrogation qui sinscrivent dans cette progression.
1.3 Enjeux de lécriture pour le rééducateur
Ce groupe professionnel : les rééducateurs, rassemble sept professions (masseur-kinésithérapeute, ergothérapeute, pédicure-podologue, psychomotricien, diététicien, orthophoniste, orthoptiste), qui entendent faire évoluer leur statut vers plus dautonomie vis-à-vis du corps médical. Dans ce contexte, laccès à lécriture avec le droit à la prescription tient une place importante, elle est un enjeu primordial et un point de marquage dans les rapports de pouvoir et dautorité. En effet, longtemps, les professionnels de rééducation ont vu lexercice de leur profession soumise à des obligations de prescription par lautorité hiérarchique médicale, il y avait un devoir à accomplir, une tâche précise qui allait jusquà la description minutieuse de tous les actes à réaliser. Peu à peu, les professionnels de rééducation ont progressé dans lautonomie de choix des traitements des patients, révélateurs dune évolution favorable de leurs connaissances scientifiques à argumenter leurs choix et décisions. Actuellement cette évolution semble sorienter vers une formation « de toute une vie » marquée par une lecture plus scientifique et une écriture professionnelle qui construirait son histoire en traçant. Elle serait soutenue par la puissance de ses écrits validés par la société savante et la construction dune mémoire de la progression de sa pensée et de sa réflexion.
Lire conditionne laccès à linformation et écrire est un acte qui engage fortement son auteur. Cest pourquoi, lenjeu y est plus important dans le contexte professionnel, puisquelle engage des savoirs et des compétences au vu de tous.
Plusieurs composants entrent en jeu : Le rapport personnel au langage écrit
Les aspects techniques : lappropriation des outils pratiques et méthodologiques comme la syntaxe, lorganisation des idées, les règles, les codes en vigueur.
Les enjeux philosophiques : le sens donné à lécrit, les questions fondamentales du pour qui ? Et pour quoi ? Donc de limportance du destinataire de lécrit, et ce, dautant plus que lautre peut prendre plusieurs visages. Il peut être le patient, un partenaire de santé, un étudiant ou linstitution ou encore comme lécrivait Arthur Rimbaud : « Je, est un Autre »
Lenjeu de traçabilité, dune part dans lhistoire du patient, avec la mémorisation de son parcours de soin en relation avec son projet de vie, et dautre part lécrit collabore à donner plus de pertinence aux actes de soins, à penser ses pratiques, à élaborer pour agir mieux, de façon plus efficace et moins empirique. Il est un outil dinformation plus ou moins « ciblé », un outil de communication entre des partenaires dans un circuit de santé interne ou en lien avec lextérieur, enfin il participe à la cohésion dune équipe ainsi quà lélaboration permanente dune pédagogie sous-jacente.
La loi du 4 mars 2002, qui situe le patient au centre du dispositif de soin et son droit daccès à son dossier médical. La législation place ainsi lusager et sa famille comme les premiers destinataires des écrits des professionnels de santé, ce qui suppose une lisibilité facilitée, hors des « jargons » typiquement médicaux. Doù limportance dune réflexion sur ces écrits, sur le fond et sur la forme de leur rédaction. En respectant la loi du 4 mars 2002, le patient passe dun statut dagent devant se soumettre à un statut de « co-auteur, co-évaluateur et co-décideur [
] de sa santé ». (Gatto, 2004)
La question dune éthique des écrits avec respect de la confidentialité et selon la déontologie en vigueur, participation et engagement de lauteur de lécrit sans jugement de valeur ou interprétation abusive mais sur une argumentation constructive et une responsabilité acceptée.
En fait, il sagirait de permettre lémergence dune production écrite singulière, argumentée sur des faits objectivés et des données scientifiques où le rééducateur pourrait exprimer son professionnalisme. Tout en reconnaissant cependant, quil existe une part de subjectivité indéniable, propre à chaque production humaine.
Ainsi la cohérence, la fluidité du texte élaboré permettrait de révéler les zones de qualité et celles plus embrumées de nos pratiques professionnelles, reflets de nos faiblesses, de nos limites. Car létude dun écrit en profondeur interroge la pratique éducative et le travail en équipe. Cest pourquoi, très sûrement, les écrits professionnels suscitent tant de réticences, de freins, de résistances. Ces remises en question peuvent être déstabilisantes non seulement pour lauteur de lécrit mais aussi pour le groupe de travail ou professionnel quil sous entend, entraînant une perte dillusion. Vouloir séloigner dune technicité trop souvent sacralisée et de son statut d'expert, désirer changer de posture et se retrouver devant limmensité du « savoir savant » peut provoquer un mal-être et perturber certains dentres nous avec raison.
1.4 Écrire est recherche de sens dans notre rapport au monde.
Elle répond à trois questions :
1.4.1 Écrire, pour qui ?
Pour soi, pour lAutre, quil soit un individu, un groupe, une institution avec ce que cela implique de règles langagières, de codes sociaux et déthique. Mais aussi de volonté de sengager dans une relation découte à autrui, avec tout ce que cela engage daffect.
1.4.2 Écrire, pourquoi ? Pourquoi en un seul mot pourrait-nous indiquer les finalités de la production écrite,
Pour construire son identité professionnelle : les rééducateurs ne sont pas seulement dans lacte, ils théorisent leurs pratiques et questionnent leurs manières de faire. Une réflexion collective serait souhaitable afin dorganiser pendant le cursus pédagogique, un espace de formation à « loutil écriture professionnelle ».
Pour construire du sens : donner du sens à la mise en mémoire du projet de vie du patient en permettant ainsi à lusager de sapproprier et/ou se réapproprier son histoire. Donner du sens à ses observations, à ses bilans en argumentant ses choix de traitements. Cette pensée se construit lentement, à mesure que se développe lactivité scripturale.
Pour apprendre à penser ; à développer un esprit critique, à être vigilant quand à ses choix, ses décisions en tout connaissance « éclairée », donc avec un élargissement de sa vision du monde. Selon Kant (1981) »Apprendre à penser, cest apprendre à marcher. Lentendement ne doit pas apprendre des pensées mais à penser. On ne doit pas le porter mais le guider si lon veut quil soit capable de marcher lui-même ».
Doù limportance de la fonction éducative et accompagnatrice du formateur et du cadre de santé vis-à-vis de son équipe, puisque cest lui qui va dynamiser la production décrits. On voit bien que selon Morin (1999) lécriture est « réflexive » puisquelle est un tremplin pour la pensée et « réfléchissante » pour celui qui écrit, qui se voit en action avec un statut, une fonction, un rôle bien assigné.
Pour témoigner de la compréhension humaine ; écrire sur lAutre implique une écoute attentive, une ouverture indulgente à lhistoire dautrui, une attention à la logique et au mode de fonctionnement de lautre. A chaque fois que les mots sont indispensables, le rôle du langage sert de « point dancrage » à laccomplissement dactivités professionnelles. Cependant, il faut considérer le risque dune trop grande subjectivité venant perturber la vérité de ce qui est vécu et ressenti par lautre et dont on essaie de rapporter les propos lors dune évaluation ou dun entretien.
1.4.3 Écrire, pour quoi, sur quoi ? Pour quoi en deux mots pourrait nous indiquer les buts recherchés.
Pour sapproprier nos savoirs et nos découvertes, nous permettre de les communiquer à autrui et daccéder à lhistoire dune profession en pleine mutation, mais aussi plus généralement à lhistoire de lHumanité.
Pour prendre de la distance et se donner le temps de réfléchir, donc de se questionner et de chercher à comprendre, ne pas se laisser dominer et submerger par les émotions qui peuvent entraver notre jugement. Pouvoir prendre du recul.
Pour rendre visible notre activité au quotidien, rendant ainsi trace de laccompagnement au quotidien de nos pratiques professionnelles, des valeurs éducatives et éthiques qui les sous-tendent. Notre réflexion clinique sappuie sur ces pratiques quotidiennes et les écrire nous permet de les faire voir, reconnaître et valoir aux yeux de tous. Doù une exigence de rigueur indispensable aux écrits professionnels.
1.5 Écrire, cest lire
Lécriture et la lecture sont indissociables. La lecture nous ouvre grand le monde des mots, des raisonnements des auteurs et élargit le champ de vision. Il ne tient quà nous de nous engager dans cette voie de découverte, de nous y plonger aux risques de connaître quelques angoisses à la découverte dautres modes de pensée qui peuvent nous déstabiliser, le temps daccéder à une nouvelle étape de construction. IL est parfois nécessaire de prendre du temps pour saisir toute la portée du sens des mots, des raisonnements et de leurs limites.
Lire pour trouver le mot juste, qui va nous permettre dexprimer notre pensée, notre émotion, notre ressenti. Chassons le jargon professionnel, que seuls les initiés peuvent comprendre. Permettons à linformation de circuler, facilitons sa communication. Je maperçois que le langage écrit est en lien avec la théorie de linformation et de la communication.
Notre écrit est susceptible dêtre lu par lusager de soins et sa famille, il doit pouvoir être compris, sans ambiguïté ni par eux, ni devant la Loi si besoin était. Il est question de comprendre et de construire ce travail de liens entre notre regard de professionnel porté dune part sur nos pratiques avec lautoévaluation, et dautre part sur les personnes concernées : professionnels, patients et leurs familles, en accord avec les textes législatifs comme la loi du 4 mars 2002 ainsi quavec les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS).
Le langage écrit semble jouer le rôle darticulation reliant différents acteurs, qui tous progressent vers plus dautonomie, qui évoluent vers un changement de posture selon Ardoino (2000) et son triptyque, leur permettant de passer dune posture dagent à une posture dacteur ou dauteur pour le patient et dune posture dexpert à une posture de chercheur ou de consultant pour le professionnel.
Accompagner le patient dans cette évolution de projet de vie, déducation à la santé, dautonomie ressemble à prendre ensemble laventure vers le grand large. Un peu, comme initier un voyage sur un bateau où patient et professionnel aurions embarqué ensemble depuis un point connu dembarquement, avec connaissance de la destination convoitée mais dont le port darrivée resterait méconnu.
1.6 Écrire, cest évaluer nos pratiques réelles par rapport à un référentiel
Mon observation dans les services de soins, me fait entrevoir une distinction dactivité scripturale entre les pratiques réelles réalisées par les rééducateurs et les pratiques prescrites ou énoncées selon les recommandations de la HAS.
Selon Nonnon (1995), il semblerait que les recommandations soient fortement codées dans du discursif avec des règlements, des codes, des procédures [
] qui décrivent le travail tel quil devrait être réalisé par les professionnels concernés, il est donc en quelque sorte « prescrit » par une autorité hiérarchique et trouve sa place facilement dans ce moule scriptural.
Il en est tout autrement pour le travail réel, qui est par excellence le lieu des savoir-faire incorporés, le lieu des découvertes, de linventivité empirique plus difficile à mettre en mots. Il peut être freiné dans lexpression écrite par certains silences révélateurs de pratiques inappropriées, qui ne sont pas en concordance avec les « bonnes pratiques », et sont plus difficiles à énoncer. Il y aurait, semble til, un décalage entre le travail prescrit et le travail réel. Toujours, selon Nonnon, le travail réel ne donnerait pas lieu à une activité sociale de verbalisation. Ainsi, lactivité scripturale serait perturbée par les tensions induites par le décalage entre travail réel et travail prescrit. Il semblerait possible selon cet auteur, que se réalise une certaine autocensure, conséquence dune distanciation avec la réalité qui expliquerait, en partie, la difficulté de certains professionnels à pouvoir écrire leurs pratiques.
Dautre part, selon Goody (1979), lécriture serait un formidable outil pour construire sa pensée, construire du savoir et pour produire une trace matérielle de ce savoir. Il parle dune « écriture capable de domestiquer la pensée sauvage ».
Ainsi, apprendre à connaître lécriture, à savoir mieux la maîtriser, à en repérer ses enjeux, et à en reconnaître ses limites, nous permettrait par le travail personnel et collectif engagé dacquérir cette compétence scripturale. Pendant cette année de formation et en tant que futur cadre de santé, jenvisage cette étude comme une intention de réaliser quelque chose sous-tendue par des valeurs qui me guident, me poussent à aller de lavant. Ce projet détude essaie de mieux cerner dune part les entraves à lévolution de notre profession, et dautre part les résistances de nos pairs à construire notre savoir savant, freinant ainsi lémergence de notre discipline universitaire reconnue par tous.
«Le projet est avant tout une intention philosophique ou politique, une visée, affirmant, de façon quelque peu indéterminée, indéfinie, si ce nest infinie, des valeurs en quête de réalisation ». Ardoino (1986).
2. ENQUETE EXPLORATOIRE
2.1 Méthodologie de lenquête :
2.1.1 Les objectifs
Pour compléter létat des lieux de la contribution et des enjeux du langage écrit dans la construction dune affirmation scientifique professionnelle des rééducateurs, une enquête préalable est réalisée auprès de rééducateurs diplômés. Lenquête exploratoire permet une confrontation de notre question centrale avec le constat de terrain. Elle éclaire par lapport déléments nouveaux, lobjet de notre réflexion pour orienter les choix. Avant de conduire cette pré-enquête, il a été mené une recherche bibliographique de lexistant sur les notions véhiculées par le langage écrit.
Selon Eymard (2003) : «lenquête exploratoire permet de recentrer lobjet de recherche, de dépasser le stade du thème, de réduire linvestigation. Elle permet aussi de tester la pertinence de lobjet de recherche au terrain des pratiques.» Ainsi que le souligne lauteur, cette enquête a permis «dévaluer lintérêt socioprofessionnel du thème de recherche, de nous distancier de nos a priori, de nos certitudes de sens commun sur lobjet».
Lobjectif de cette étude est de tenter de recueillir des informations sur létat des pratiques concernant le langage écrit chez les professionnels rééducateurs et de mieux en cerner les enjeux. Les interroger sur leurs ressentis, essayer didentifier leurs savoirs écrits face aux savoirs savants, repérer les difficultés éventuelles et mieux comprendre lintérêt de lappropriation du langage écrit comme moteur daffirmation scientifique de leur profession. Enfin les questionner sur la place accordée au langage écrit, son influence sur leur représentation professionnelle et sur leur posture.
Pour Dubar (2003), «La construction des identifications personnelles, subjectives et plurielles signifie la construction dun autre type de collectif, différend du précédent, plus «sociétaire» librement choisi et volontairement régulé».
Dans ma future fonction de cadre, mieux cerner les pratiques scripturales des professionnels de la rééducation qui regroupent les sept professions plus haut citées, permettra de mieux comprendre les valeurs, les attitudes qui sous-tendent leurs pratiques, dadapter mon management afin de mieux répondre et doptimiser la démarche de professionnalisation qui nous est demandée par la réglementation actuelle.
En outre, cela me permettra de vérifier si mon ressenti personnel, basé sur une expérience personnelle de vingt cinq ans de terrain est fondé ou pas. Appréhender quels sont les enjeux (dont la réglementation) et les obstacles du langage écrit chez les rééducateurs ?
Se questionner sur la construction dun langage écrit qui pourrait être vecteur daffirmation scientifique des rééducateurs ? Par quelle démarche le «sujet apprenant» peut sur un plan individuel acquérir une émancipation personnelle et singulière, sapproprier une recherche sur soi qui entrouvrirait un autre regard par rapport aux autres ?
Lobjet de lenquête exploratoire a pour but de faire apparaître des concepts destinés à éclairer la problématique. « Un concept est un sens formé, référé, construit par le sujet et communicable » Eymard. (2003). Un même concept peut avoir des effets différents. Ainsi, quest-ce qui permet daffirmer à ce stade de la recherche que lappropriation du langage écrit par les rééducateurs peut être un moteur daffirmation de leur identité professionnelle? Encore faut-il pouvoir le démontrer au travers dun recueil de données; ceci constituera ma pré- enquête.
2.1.2 Le terrain denquête et la population
Pour cette enquête, des rééducateurs diplômés ont été interrogé: cadres et non cadres de santé, des masseurs-kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des pédicures podologues ainsi que dautres professionnels de rééducation, afin de chercher à diversifier la population interrogée dans des secteurs dactivité différents avec des statuts salariés (privés et publics) et libéraux.
2.1.3 Le choix de loutil denquête : le questionnaire
Loutil choisi est le questionnaire qui est défini comme « une série de questions ouvertes et fermées» selon Eymard et coll. (2004), cest un outil quantitatif. « Un questionnaire na pas pour but de renseigner sur ce que les gens font, mais plutôt sur ce quils déclarent faire ou sur ce quils pensent faire ».Eymard (2003).
Il est important de souligner quun questionnaire renvoie ce que les gens disent faire (perception du faire) plus que ce quils font réellement (le faire).
Le questionnaire élaboré est fait de questions fermées et ouvertes. Comme le souligne Eymard. (2003) «en tant quoutil denquête standardisé dans la forme des questions et le plus souvent préformé dans les réponses, le questionnaire réduit considérablement le choix des réponses et donc le type dinformation recueillie».
Les réponses sont majoritairement binaires (oui-non), et ne permettent pas de nuances, cest pourquoi, il est apparu intéressant dy adjoindre quelques questions ouvertes afin douvrir le champ qualitatif des réponses possibles. Lobjectif étant de laisser un espace à linterviewé pour sexprimer sur son vécu, sur lexpression de son histoire personnelle et professionnelle face au langage écrit, dans le souci, toujours selon Eymard (2003) de recueillir des « données plus personnelles et sincères ».
2.1.4 Protocole suivi et présentation du questionnaire.
Le questionnaire a fait lobjet dune régulation par le directeur de mémoire avant sa distribution. Le protocole de distribution est le suivant : les questionnaires sont remis aux destinataires soit par courrier, soit en main propre par leurs supérieurs, après autorisation de la hiérarchie sil y a lieu et sont retournés ensuite par la poste.
Frédérique Jorge-Villemur, IFCS Montpellier 2006-2007
Madame, Mademoiselle, Monsieur,
Je vous remercie de maccorder quelques minutes de votre temps pour répondre à ce questionnaire anonyme dans le cadre d une enquête exploratoire pour mon mémoire de formation de fin d étude de cadre de santé à l IFCS rééducation de Montpellier et d un Master 1 en Sciences de l Éducation.
Quel âge avez-vous ? & & & ans
2- Êtes-vous : ¡% Une femme ¡% Un homme
3- De quelle profession de rééducation êtes-vous diplômé ?
¡% Masseur- kinésithérapeute
¡% Ergothérapeute
¡% Pédicure podologue
¡% Autre, précisez laquelle& & &
4- En quelle année avez vous obtenu votre Diplôme d État (DE) ? & ..
5- Êtes vous cadre de santé :
¡% Oui ¡% Non
De quel Institut de formation de cadres de santé ? & & ..
En quelle année ?& & & ..
6- Exercez vous en activité (1 réponse attendue)
¡% Salariale privée ¡% Salariale publique
¡% Libérale ¡% Mixte
7- Exercez-vous à temps :
¡% Plein ¡% Partiel
8- Êtes-vous formateur ? :
¡% Oui ¡% Non
Si oui, précisez à quelles actions de formation vous participez& &
9- Avez-vous effectué une formation complémentaire depuis l obtention de votre DE et/ou du diplôme de cadre ?
¡% Oui ¡% Non
Si oui, précisez laquelle ou lesquelles& & & & &
Si formation universitaire, précisez quelle discipline& & & & & & & &
Et le diplôme le plus élevé & & &
10- Aimez vous écrire ?
¡% Oui ¡% Non
Prenez vous le temps d écrire dans le cadre professionnel?
¡% Oui ¡% Non
12- Dans quel but écrivez-vous au travail? (Hiérarchisez vos réponses : 1 étant le plus important).
¡% Transmission d informations dans le dossier patient
¡% Rester en lien avec un collègue, une équipe de travail
¡% Déclarer un fait particulier (une chute, un évènement indésirable)
¡% Rédiger une réclamation administrative
¡% Partager vos connaissances
¡% Rédiger un article
¡% Autre: préciser& &
13- Avez-vous repéré des freins à l écriture professionnelle ?
¡% Oui ¡% Non
Si oui, précisez lesquels ?& & & & &
14- Aimez-vous lire ?
¡% Oui ¡% Non
15 Lisez-vous des articles ou livres en lien avec votre pratique professionnelle ?
¡% Oui ¡% Non
Si oui, précisez lesquels ?...
16- Etes vous abonné(e) à une ou plusieurs revues professionnelles ?
¡% Oui ¡% Non
Si oui, précisez lesquelles ?&
17-Vos activités d écriture et de lecture modifient-elles vos pratiques professionnelles?
¡% Oui ¡% Non
Si oui, précisez en quoi?....
18- Dans l hypothèse d une impasse thérapeutique pour un patient, que faites-vous ? (Hiérarchisez vos réponses : 1 étant le plus important).
¡% Vous interrompez le traitement et demandez l avis du médecin prescripteur
¡% Vous continuez le traitement par obligation envers la prescription qui est contractuelle.
¡% Vous partagez votre problématique avec des pairs pour trouver une solution
¡% Vous discutez avec le patient pour voir avec lui quels sont les obstacles à l amélioration de son état avant de choisir l arrêt ou la prolongation des soins
¡% Vous décidez de changer d orientation thérapeutique et rechercher :
¡% Sur Internet ¡% dans des livres scientifiques
¡% Dans des revues professionnelles.
- MERCI POUR VOTRE COLLABORATION -
Ce questionnaire comprend 18 questions, les réponses sont enregistrées de façon anonyme. Au total, 28 questionnaires sont déposés selon ce protocole, et 26 questionnaires ont été retournés soit environ 90% (deux professionnels nont pas répondu, ils étaient en congé).
Les questions 1 à 7 questionnent sur le profil des rééducateurs (âge, sexe, profession précise, année dobtention du diplôme professionnel, statut de cadre et année de formation, statut dactivité et taux dactivité).
Les questions 8 et 9 concernent la formation universitaire et/ou complémentaire.
Les questions 10 à 13 concernent lécriture (le plaisir décrire, le temps décrire, les enjeux et les difficultés).
Les questions 14 à 16 concernent la relation à la lecture.
La question 17 est commune au langage écrit et questionne son influence sur les pratiques professionnelles.
La question 18 questionne sur la posture du rééducateur dans sa démarche thérapeutique et son degré dautonomie par rapport à la prescription médicale.
2.1.5 Recueil et traitement des données
Traitement des données à plat, global (moyenne arithmétique simple) et par logiciel Excel pour les questions fermées. (Annexe 2, p99).
Analyse des profils des rééducateurs interrogés :
Question 1 : la moyenne dâge est de 42 ans, cest une moyenne représentative et significative.
Lécart-type est de 12 et lintervalle moyen est de [30-54] ans
Question 2 : Cest un échantillon composé majoritairement de femmes à 57,6% et de 42,30% dhommes.
Question 3 : Répartition et représentation des professions selon le genre :
Chez les femmes : les professionnelles sont à majorité (40%) des masseurs-kinésithérapeutes (MK) et des ergothérapeutes, avec représentation moindre (6,6%) de psychomotricienne, de pédicure-podologue et dorthophoniste
Chez les hommes : Majorité des MK (90,90%) et dergothérapeutes (9,09%).
Question 4 : Année du DE, il est choisit lannée 1993, en référence à larrêté du 30 août 1993 (Annexe 5, p107) relatif aux études préparatoires et au diplôme détat de MK. Donc 73,33%des MK sont diplômés avant 1993 et 26,66% après 1993.
Question 5 : 3 cadres de santé, ayant réalisé leur formation à Montpellier, diplômés avant 1995, date de larrêté du 18 août 1995, relatif au diplôme de cadre de santé. Au final, une proportion de 11,5% de cadre de santé.
Question 6 : le mode dexercice prédominant concerne lactivité dans le secteur public à 53,84%, le secteur privé à 30,76%, activité mixte à 11,53% et secteur libéral à 3,84%.
Question 7 : 73,07% travaillent à temps plein et 26,92% à temps partiel.
Question 8 : majorité non formateur à 76,9%, et formateur avec 23,07%.
Question 9 : 80,76% ont suivi une formation complémentaire depuis lobtention de leur diplôme détat, 15,38% nont suivi aucune formation et 3,84% sans réponse.
Question 10 : équi-répartition des résultats sur lamour de lécriture avec 13 réponses « oui » et 13 réponses « non ».
Question 11 : 69,23% prennent le temps décrire au travail (26,92% réponse négative et 3,84% sans réponse).
Question 12 : les finalités de lécriture au travail : Par ordre décroissant, les résultats sont les suivants
Transmission dinformation27%Lien avec collègue23%Déclarer un fait18%Rédaction administrative12%Partage des connaissances11%Rédaction darticles6%Autre (compte rendu)3%
Le choix de position de la réponse sest majoritairement porté sur les trois réponses soulignées, en relation avec la traçabilité, le relationnel et la réglementation.
Question 13 : 65,38% ont répondu repéré des freins à lécriture professionnelle, 26,92% de réponse négative et 7,69% sans réponse.
Question 14 : 69,23% réponse positive de modification des pratiques professionnelles par leurs activités décriture et de lecture, 23,07% de réponse négative et 7,69% sans réponse.
Modification des pratiques
professionnellesRésultat observéFréquenceOui1869,23%Non623,07%Sans réponse27,69%
Nous proposons la représentation graphique suivante :
SHAPE \* MERGEFORMAT
Question 15 : 96,15% aiment la lecture et 3,84% de réponse négative.
Question 16 : 88,46% réalisent une lecture professionnelle, 11,53% de réponse négative.
Nous proposons une représentation graphique du rapport à la lecture du professionnel rééducateur interrogé.
SHAPE \* MERGEFORMAT
Question 17 : 53,84% ne sont pas abonnés à une revue professionnelle. (26,92% sont abonnés et 7,6% sans réponse)
Question 18 : Leur posture thérapeutique face à une problématique professionnelle est la suivante :
Par ordre décroissant, les résultats sont les suivants :
Interruption traitement/avis du prescripteur85 %Discussion avec le patient / choix arrêt ou prolongation76 %Partage des connaissances avec des pairs73 %Orientation thérapeutique nouvelle avec recherche69 %Continuité du traitement par obligation prescription médicale38 %
Ce qui donne la représentation graphique suivante, avec 85% des professionnels qui majoritairement interrompent le traitement et questionnent le prescripteur. La recherche dune orientation thérapeutique nouvelle se réalise dabord sur internet (35%), puis dans des livres scientifiques (27%) ou dans des revues professionnelles (27%). Ce résultat reflète lusage croissant de linformatique dans la vie quotidienne ou professionnelle et la part croissante de lusage dinternet comme source dinformation rapide, simple et précise ». Les sites du web constituent une riche ressource qui permet de comparer ce que lon croit savoir à létat des connaissances professionnelles du moment. Ainsi le web permet de se « tenir à flot » sur bien des sujets. (Gatto et coll., 2007)
2.1.6 Résultats de lenquête
Le constat de terrain et les résultats de lenquête laissent apparaître des résistances réelles à lactivité scripturale professionnelle des rééducateurs (réponse positive de freins à lécriture = 65,38%) avec le ressenti suivant :
Lensemble des personnes interrogées évoquent une « activité chronophage».
Elles disent ressentir des « difficultés dexpression dans la langue française », des « difficultés à trouver les mots, à être fidèle à ce qui se passe en pratique ».
Elles se plaignent de « manque de support » et« nécrivent pas, parce que personne ne lit leurs écrits professionnels ».
Elles estiment que «la filière kinésithérapique est scientifique, pas littéraire ».
Dautre part, la majorité (69,23%) des rééducateurs ont répondu trouvé des modifications de leurs pratiques professionnelles par leurs activités lecture-écriture avec le ressenti suivant :
« une modification des connaissances »
« oui, mais pas de révolution ! »
« une actualisation des techniques et des pratiques », « suivre lévolution », « faire le point ».
« un affinement, une structuration des pratiques professionnelles «
« trop de traçabilité », « une perte de temps au détriment du temps passé avec le patient »
« offre la possibilité de mettre en valeur les pratiques en les argumentant ».
« permet plus dinformations réactualisées, plus déchanges, de communication entre pairs ».
Ces propos nous éclairent en apportant plus dindices à notre question de départ. Des éléments du discours recueilli, expriment un sentiment dinsatisfaction des rééducateurs vis-à-vis du langage écrit, puisquils « perdent du temps » à écrire et disent ne pas être lus.
Ce nest pas tant la culture du langage écrit qui est questionné, mais plus encore, les moyens organisationnels de la mettre à disposition, les supports pédagogiques existants et laffirmation nécessaire dune imagination pédagogique au service des soignants et des rééducateurs en particulier. (De Singly, 2005)
Ainsi, nous nous sommes tout dabord intéressés à lapprofondissement des concepts de la communication et de linformation. Car, on peut supposer quil existe un lien avec le langage écrit. Cependant, cela ne nous semble pas suffisant dans notre tentative de cerner les enjeux des pratiques scripturales des rééducateurs. Si bien quensuite, il nous a semblé intéressant détudier la construction du rapport au temps des professionnels et plus en amont des étudiants. Se servir du langage écrit comme fil conducteur pour essayer de repérer, de cerner mieux la contribution de celui-ci au changement de posture des rééducateurs, et plus particulièrement des masseurs-kinésithérapeutes en nombre majoritaire par rapport aux autres professions de rééducation. Cest tout un système pédagogique qui est mis en exergue lors de la formation initiale des masseurs-kinésithérapeutes, moment fort de leur construction professionnelle et de leur culture de soignant, mais pour quelle posture ?
Une démarche prospective oblige à réfléchir sur nos rapports au temps, aux normes et aux modèles, ce qui nest pas simple. En effet, elle est à la fois relation à la vie et à la mort, porteuse despérances, de continuités, de projets et de renoncements. Elle change notre relation à lavenir permettant les changements culturels et nous préparant aux mutations et aux ruptures. Raisonner en « investisseur », cest changer notre rapport au monde, donc notre rapport au passé, au présent et au futur. Cest un projet qui engage une profession dans un co-investissement authentique qui implique une transparence des projets, des enjeux et des règles du jeu pour sarticuler à la réalité et à la quotidienneté des problèmes. Dans cet espace de double contrainte, le rôle du cadre est prépondérant par son rôle de manager des équipes, il est complètement intégré dans la poursuite des enjeux defficacité et de compétitivité de toute institution de soin ? Il a pour mission de permettre dune part, le développement économique et financier et dans le même temps celui des personnes. Il joue le rôle de facilitateur, de lien cohérent entre lorganisation et les équipes, mais il doit cependant éviter de jouer le rôle de « fusible » entre ces deux forces. Il doit pouvoir sautoriser à poser la question du « pourquoi, du comment, du quoi et du combien ». Les rééducateurs dont les masseurs-kinésithérapeutes vivent un temps de « turbulences » mais il est nécessaire quils déroulent et maintiennent un fil conducteur reliant leurs actions, par une démarche scientifique commune et reconnue.
Les constats de terrain sont posés par les professionnels. Il est intéressant, à partir de ceux-ci dessayer de viser la réalité profonde des faits, au sens des phénomènes sociaux construits ou de leur compréhension, pour les relier entre eux en un tout plus cohérent. (Kevassay, 2006)
Se posent alors les questions suivantes :
Quest ce qui explique les freins des rééducateurs et plus spécifiquement des masseurs-kinésithérapeutes à sautoriser à écrire ? Que signifie « ne pas être lu ? Par qui ? Et pourquoi ?
Quelle stratégie favoriserait lengagement mature dune profession en plein mutation de reconnaissance scientifique et à la recherche dune culture qui lui soit propre ?
Quels peuvent être les enjeux du langage écrit professionnel dans cette quête existentielle ?
3. LA PROBLEMATIQUE PRATIQUE : Etat des lieux de la Recherche.
3.1 Précisions langagières
Les résultats obtenus font rebondir notre recherche vers lapprofondissement du rapport de communication des rééducateurs avec lensemble des autres acteurs (pairs, médecins, patient, scientifiques, autres intervenants) et de lengagement de ceux-ci à travers leurs écrits, en définissant :
La notion « despace » de communication, de « lieu » déchanges dinformations, de zones de partage et de débat critique, avec la progression des réseaux de soins et daccompagnement du patient et des familles.
De « temps »de rencontres et déchanges avec autorisation de débat sur les écrits sans risque de jugement possible. Se ménager des temps de recul, des temps de réflexion, où il est possible et admis de (re)penser lexpérience, darticuler le passé et le devenir, de relier le temps social, biologique et psychologique « des partenaires impliqués dans laventure éducative ». Ce qui faciliterait la prise de conscience de labstraction de cette notion du temps, de ses rythmes (biologique, physiologique, psychologique, social), de sa durée (rapports intermittents et discontinus du formateur et du formé, du thérapeute et de lusager) et enfin de sa chronologie. (Eymard, Thuilier et Vial, 2004) Toutefois, il ne faut pas omettre que « La notion du temps restera subordonnée aux exigences de la performance ». (Ardoino, 2000) et quau mieux, il nous sera proposé « un choix entre subir le temps social ou inventer son temps propre ». (Attali, 1982) Il est à noter, lexclusion intentionnelle mais sûrement pas volontaire du temps vécu, éprouvé même collectivement, dans lorganisation institutionnelle du Système de Santé. Nous sommes dans une organisation qui répond à une économie de santé assujettie à de nouvelles réformes budgétaires, telle que la tarification à lactivité (T2A) depuis 2004 pour le secteur public, et depuis 2005 pour le secteur privé ; à une réduction de temps dhospitalisation et à un management par objectifs (contrat dobjectif et de moyen). Le temps ny est pas paramétré ni formalisé pour être pris en compte. Il serait très sûrement souhaitable de faire coexister ces différents temps (« temps multiples » selon Ardoino, 2000) de la vie humaine et de les relier afin de ne plus les nier. Mais sans pour autant, en venir à réduire la temporalité par un excès de formalisation à son égard !
De « scènes » daction (institution, société savante, systèmes éducatifs).
De contextes spécifiques qui permettent à chacun de donner une interprétation, de déduire un sens à la relation, en donnant à la communication sa dimension la plus complète. Linterprétation des directives de la Santé, de lapplication de la Charte dOttawa (OMS, 1986), de la Loi Kouchner et des recommandations des pratiques professionnelles de la Haute Autorité de Santé qui ont remis le patient au cur de la démarche « du bien soigné » et du »prendre soin ». (Wils, 2003)
3.2 Définitions complémentaires
Quelques définitions peuvent éclairer plus en avant cette problématique pratique :
3.2.1 LEngagement
Vient de Engager, formé (vers.1150) du mot engagier de « gage » avec le préfixe en, on relève en latin médiéval les formations analogues se ingnadiare « sengager à fournir des preuves» et invadiare « mettre en gage ». Il est employé comme terme de droit (en 1184-1186), il désigne laction de mettre quelque chose en gage, de lier par un contrat, puis de se lier par une promesse (vers 1283). Il semploie à lépoque classique (depuis 1580) à propos de ce qui pousse à agir dune certaine façon, aujourdhui de létat dune personne engagée dans une liaison, etc. (en 1665) ou dune situation sociale qui implique des obligations (en 1671). (Rey, 2004)
3.2.2 Linformation
Le terme dinformation, vient du latin in-formare, « donner une forme à
», informer est ainsi proche dinstruire, « donner une structure à... » désigne tantôt une action, la transmission, le transport dun contenu (message), tantôt ce contenu lui-même (une ou des informations). Daprès la théorie de Shannon, lémetteur est le plus souvent représenté comme une source denvoi donc de détenteur de pouvoir sur le récepteur qui est lui-même souvent investit dinertie sans tenir compte de ses capacités de contre stratégie, définie par le terme de « négatricité » selon Ardoino (2000). Ce dernier définit linformation comme un ensemble de procédures et insiste sur limportance de la transmission du message, de sa compréhension qui répond à un code précis ayant pour qualités le fait dêtre commun et univoque afin doptimiser la conformité du message reçu avec celui qui est envoyé, et de le rendre le plus fidèlement possible.
Actuellement, le système de transmission nest plus aussi linéaire et fait intervenir la rétroactivité (ou feedback) permettant une régulation de la compréhension de linformation. Ce qui a pour effet damplifier les interrogations sur le sens et les significations des messages.
De nos jours un fait confirmé par Ardoino (2000), est le suivant : la forme écrite prédomine linformation amplifiée par lévolution moderne des technologies (informatique, télématique). Elle devrait dans un système organisationnel efficient, suivre le schéma de lorganigramme. Il explique quau lieu de cela actuellement, le réseau informel prime et parasite le système formel dinformation, en le « doublant ». Nous entrons alors dans un système dorganisation pathologique où le filtrage des informations par certains prive la base subalterne de lorganisation, de pouvoir sapproprier du sens de leurs pratiques et ainsi de comprendre les finalités de leurs actions au sein de lensemble.
Le sommet hiérarchique néchappe pas à ce dysfonctionnement du système de distribution des informations. Il souffre de la pénurie ou même de labsence du retour dinformation de la base, avec le risque éminent de sisoler de la réalité et dagir à contre courant. Mais comble du paradoxe de la connaissance, plus la recherche avance et moins la lisibilité est grande ; nous sommes submergés par un flot incessant dinformations qui nous rend difficile la compréhension du tout. Le sens global de ce « savoir en miettes » nous échappe.
« La pensée contemporaine ressemble à un immense chantier en perpétuelle reconstruction. Et il est bien difficile dy percevoir un ordre général, des lignes de force [
] ainsi que des modèles unificateurs ». (Dortier, 2006)
3.2.3 La communication
Le terme communication est emprunté au mot latin communicatio « mise en commun, échange de propos, action de faire part ». Il a été introduit en français avec le sens général de « manière dêtre ensemble » et envisagé dès lancien français comme un mode privilégié de relations sociales (vers 1370). Son expansion sest faite avec le sens métonymique de « chose communiquée » (en 1507) et diverses acceptions spéciales dans les vocabulaires théologiques (av. 1662, communication avec Dieu). Le mot comme le verbe communiquer a connu un essor particulier dans le domaine de la publicité et des médias (techniques de communication). (Rey, 2004) Il y intervient alors des jeux dintérêts et de pouvoir, en fonction des positions des acteurs les uns par rapport aux autres dans le réseau organisationnel formel ; et des qualités « multidimensionnelle et multi référentielle » de la communication qui donnent une pluralité des regards et des optiques pour lanalyser. (Ardoino, 2000) Ainsi, selon ce même auteur, la communication est du domaine du processus, de la mise en commun et de léchange dinformations, ce qui suppose une hétérogénéité et une légitimité des différences entre les partenaires, concernant leurs histoires, leurs formations et leurs expériences, révélées par tout un jeu dintérêts.
La communication est loutil de cohésion de léquipe, le jugement et labsence découte (« ne pas être lu ») en sont les principaux obstacles, lesprit déquipe peut parfois se heurter à des divergences de fond sur la manière de soigner. Pour Ardoino (2000), » il ne peut être question de pratiques, de situations, de management, danimation, de coopération, de travail social [
] sans se référer explicitement à la notion de communication ».
Les professionnels doivent pouvoir se reconnaître comme différents mais se retrouver autour dun axe commun, autour des mêmes objectifs : projet de service, projet professionnel personnel et/ou collectif, ce qui sous entend une capacité dengagement réel. Se pose la reconnaissance de soi par autrui qui constitue la fin recherchée par tous les individus dans lactivité de travail. La possibilité et/ou lespoir de lobtenir doit préexister à la mobilisation subjective de ceux-ci et à leur engagement. « Cest la dimension sociale de lingéniosité au travail qui se trouve ainsi mis en avant. Celle-ci procède de la nécessité dans laquelle se trouvent les travailleurs pour compenser le décalage entre la définition théorique et la réalité des situations de travail. Cette renormalisation des actes exige de la discrétion, et celui qui tâtonne et invente a besoin dintimité car toute création comporte un risque ». (Carré et Caspar, 2004)
Enfin il semble nécessaire pour une meilleure compréhension, de prendre connaissance de la façon dont chacun se « débrouille » dans les interstices de la prescription ou face à des situations atypiques, celles-ci réclamant des décisions et des choix dont lenjeu est tout autant moral quéthique. Cette mise en visibilité du travail réel comporte une importante prise de risque personnelle des rééducateurs, en pratique ils ne vont sy engager quen multipliant les précautions. Encore faut-il que lorganisation du travail et la hiérarchie les y encouragent! De plus, il nexiste pas le droit déontologiquement et devant le patient de parler de ses doutes et de ses pratiques.
En tant que futur cadre, cette responsabilité dans la gestion humaine, dans lorganisation du travail et du temps institutionnel de discussion et déchange sur les pratiques, dinformation à tel ou tel projet minterpelle. Quand le rééducateur dit : « personne ne lit ce que jécris », ce propos révèle le besoin de reconnaissance de sa contribution propre, il attend que son engagement subjectif dans lactivité déployée lui procure la reconnaissance sociale de sa personne et participe à sa construction identitaire. Lespace ouvert au déploiement de son intelligence est réduit de par la rigueur de la prescription ou par laction réductrice de la hiérarchie qui limite les initiatives souvent exigées par la réalité du travail. A la satisfaction identitaire et au plaisir se substituent trop souvent le désengagement, la démotivation ou la souffrance.
La place des personnes (agent, acteur, auteur) dans le système à la dimension macro sociale (institutionnelle, organisationnelle, systémique) ou micro sociale (groupe, relation) néchappe pas au risque de confusion attachée aux interprétations langagières. Ainsi, les termes dinformation et de communication sont souvent utilisés indifféremment. Il en est de même dans le domaine de la formation. « La formation est avant tout pensée en termes dinformation (enseignement, instruction), alors que la communication est souvent réduite à létat daccessoire ». (Ardoino, 2000)
La communication écrite prend du temps, dune part parce que les mots utilisés doivent être choisis avec soin pour rendre fidèlement le message transmis, mais aussi parce que linformation va plus lentement à son destinataire ou récepteur. Par contraste avec la communication verbale, outil privilégié des soignants qui permet un retour immédiat de linformation. Selon Mintzberg (2005) : Les commentaires faits par ces cadres dirigeants viennent renforcer notre analyse sur le traitement du courrier. Lun disait « je naime pas écrire des mémos, comme vous voyez, je préfère de beaucoup les contacts de face à face ». Le courrier nest pas un moyen de communication adapté pour le cadre qui préfère laction. Et Mintzberg (2005) décrire ensuite : « Linformation écrite peut facilement être transmise de façon systématique, au contraire de celle qui est en mémoire : transmettre linformation verbale prend du temps et la transmission est toujours infidèle ».
Dans ce contexte, les situations quotidiennes de travail sont traversées par de vives tensions entre les limites cognitives et sociales de la joignabilité rapide des personnes et la dispersion de leurs engagements. Cette accélération du rythme des échanges, en lien avec la sensation des rééducateurs de ne pas avoir le temps pour faire les choses, fait de lusage de la messagerie immédiate électronique, une expérience particulière décriture qui incite les utilisateurs à utiliser la métaphore pour la décrire de « conversation écrite ». Elle permet de construire des « fils décriture », sintégrant parfaitement dans ces nouvelles conventions rituelles dorganisation des collectifs.
A ce stade et au vu de la pré-enquête, il est délibérément choisi détudier parmi les rééducateurs, la population des masseurs-kinésithérapeutes qui résulte être la plus représentative en nombre.
3.3 Les postures des masseurs-kinésithérapeutes
3.3.1 Définition
Dans ce contexte, sopposent très souvent deux visions du monde, deux conceptions de lorganisation collective du travail avec des représentations sur lhomme et sur la société correspondant à des postures. « Parce quelles sont toujours plus ou moins articulées à des pratiques sociales constituant leur matière première, tissus complexes de représentations, délaborations imaginaires, de processus inconscients, de productions langagières, deffets de force et deffets de sens, dinterrelations, de situations mettant en jeu, aussi bien comme agents que comme acteurs, des sujets individuels et collectifs, les sciences de lhomme et de la société oscillent ainsi, constamment, entre les deux paradigmes de lexplication et de limplication et, à un niveau plus profond encore, à celui des « visions du monde » qui sy attachent respectivement. »(Ardoino, 2000)
Entrent en ligne de compte, des enjeux stratégiques, politiques, tactiques de choix des personnes ressources, dont la posture est difficile à discerner car elles se situent dans des zones dactions ambiguës, résultant de la commande des missions. Ardoino (2004) souligne quil serait bon de clarifier « les postures » de ceux qui interviennent dans le jeu des acteurs sociaux. Les postures étant définies par les statuts, les fonctions et les rôles de ces personnes ressources.
3.3.2 Lagent-lacteur- lauteur
Ce triptyque a été défini par Ardoino (2000). Le rapport au savoir et son mode daccès a changé, le dialogue sinstalle entre le producteur de savoir et son public. La « libido sciendi » qui est « laspiration au savoir » dont parlait déjà Saint augustin, sest vulgarisée en lusage dInternet comme mode de documentation personnelle. Confrontés à des enjeux humains, un nombre de plus en plus élevé de professionnels relevant du champ social ou de la santé et de léducation, acquièrent une formation grandissante en sciences humaines, pensent, réfléchissent, expérimentent et analysent leur propre pratique. Pour cela, ils ont besoin de construire des outils danalyse, de se placer comme acteurs et auteurs de leurs pratiques et non comme agents qui appliqueraient des recettes. (Ardoino, 2000)
3.3.3 Lexpert-le chercheur- le consultant
« Le chercheur, lexpert et le consultant ont en commun le fait dêtre des intervenants, contribuant, à partir de perspectives relativement différentes, à lélaboration des repères nécessaires à lintelligibilité des pratiques ». (Ardoino, 2000)
Par la proposition de pluralité de modèles et de recherches, la formation universitaire joue en faveur du pluralisme explicatif, confronte des théories et les contextualise. Ce qui positionne lapprenti chercheur quest létudiant dans une démarche de recherche, dorganisation de la pensée, de sélection et de structuration des informations en puisant à des sources diverses de la connaissance. En outre, en 1999 sont signés les accords de Bologne avec date butoir dapplication pour lannée 2010, instituant au niveau européen, le système L-M-D (Licence- Master- Doctorat). Le système vise à faciliter une meilleure lisibilité quant aux connaissances acquises durant les études, quel que soit le pays européen dorigine.
Quelle est la stratégie des masseurs-kinésithérapeutes face au pouvoir de prescription médicale ? Quels sont les facteurs historiques et culturels expliquant leur difficulté décrire ? Quest ce qui ne leur permet pas de « sautoriser à », de devenir auteurs légitimes de leurs choix thérapeutiques dans laccompagnement des soins et déducation au patient?
3.3.4 Sautoriser à
Autoriser, vient du latin médiéval (XIIIe siècle) auctorizare, « confirmer » dérivé de auctor, « garant », le latin classique connaissait auctorare. Le sens moderne dominant, « permettre » apparaît en 1439, doù le pronominal sautoriser à. (Rey, 2004)
La définition donnée par Ardoino (2000) est la suivante : Autorisation, dérivant dautoriser, partage son étymologie avec autorité et auteur, en latin : auctor et dauctoritas qui vient de augere (augmenter).
Autoriser, cest donner, transmettre, déléguer, mais aussi accorder à quelquun une faculté, la permission de faire, de pouvoir faire quelque chose. Sautoriser revient à se positionner en tant quacteur, mais aussi à sautoriser à soi-même et donc à décider des moyens dépendant de soi, à se faire son propre auteur. Sautoriser permet dexprimer sa créativité et de développer ses potentialités, sans crainte de faire un « faux pas » puisque lerreur est formative, elle fait partie du processus et de la richesse du résultat final.
Introduire ici ce paragraphe sur sautoriser à, est un choix délibéré darticuler cette notion avec les modèles des postures. Il semble opportun de différencier lautonomie et lautorisation à propos des professionnels de santé. En effet, selon Ardoino (2000), lautorisation dune part est une notion plus profonde que lautonomie et ne doit dautre part, ne pas être homogénéisée avec la notion de pouvoir, qui est liée à un modèle de référence macrosocial et organisationnel.
Pour Wils (2003), cette question de lautorisation qui est à luvre se traduit en terme de puissance ou dimpuissance à agir, à soigner, à prendre soin. Le rôle du cadre de santé est prépondérant dans ce processus dautorisation, en posant les questions suivantes :
Son management laisse t-il une place à lautorisation ?
Facilite t-il ou au contraire freine t-il la possibilité pour les membres de son équipe, de devenir acteur, voire même auteur ?
Ce qui nous amène à chercher pourquoi ? Et comment ? En interrogeant les modèles de santé, puis lhistoire de la profession des masseurs-kinésithérapeutes, et enfin leur formation initiale.
3.4 Les modèles de santé
3.4.1 Définition de la santé
En 1986, lOrganisation mondiale de la Santé définit la santé dans la Charte dOttawa du 21 novembre 1986 (OMS, 1986) comme suit : « La santé est perçue comme une ressource de la vie quotidienne et non comme un but de la vie. Cest un droit fondamental de lêtre humain. Il sagit dun concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles ainsi que les capacités physiques [
] La promotion pour la santé a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens de laméliorer. Ils doivent pouvoir identifier et réaliser leurs ambitions, satisfaire leurs besoins et évoluer avec leur milieu »
3.4.2 Le modèle biomédical
Cest le premier système de santé. Lapproche de la maladie est curative, prescriptive, organiciste, symptomatique, fondée sur la peur et la culpabilité, autant pour le patient que pour le professionnel de santé. Cest lépoque de la « médecine triomphante », de la « biologie triomphante », les professionnels de santé sont dans une logique de soins et dévaluation positiviste. (Gatto, 2005) Les pratiques sont protocolisées, systématisées, le patient est dans une posture dagent (Ardoino, 2000), tout autant que le professionnel qui est lui aussi dans une posture dagent puisquil assène les savoirs scientifiques actuels (savoirs savants, recommandations scientifiques), sans possibilité et/ou capacité de réaliser une démarche de réflexion et de créativité thérapeutique avec le patient. (Gatto, Garnier et Viel, 2007)
3.4.3 Le modèle social
Cest le modèle qui centre son pôle dintérêt sur le traitement social de la maladie et du handicap (Gatto, 2005)
Aujourdhui les politiques de santé (Kouchner, 2001 ; Raffarin, 2002) « recommandent de modifier lapproche thérapeutique [
]. La médecine curative a monopolisé la majorité des budgets de recherches et de soins ». (Grémy, 1995)
3.4.4 Le modèle global
Ce modèle est axé sur « léquilibre dynamique » entre lindividu et son environnement. (Gatto, 2005) Actuellement, il sagirait de « passer dun système de soins où la maladie est au centre du dispositif de santé à une génération de soins où la santé serait déterminée par léquilibre dynamique et évolutif entre la population et son environnement » (Gatto, 1999).
Le modèle global est un système ouvert, qui prône la prévention avec léducation et la formation. La maladie est prise en globalité, elle est considérée comme affectant lindividu, sa famille et son environnement, et résultant de facteurs complexes, organiques, psychiques, économiques, sociaux et environnementaux.
Ce modèle est caractérisé par la recherche de sens et sattache à recueillir des données qualitatives en regardant la réalité singulière de chaque personne. Cest létude du cas par cas, sans hypothèse a priori, on se place dans la compréhension. La subjectivité de chaque personne est prise en compte. Les théories répondant à la logique du paradigme phénoménologique se rapprochent de ce modèle de santé global et répondent mieux aux attentes de la loi Kouchner (Loi du 4 mars 2002). La démarche thérapeutique globale et plus particulièrement léducation à la santé devient une nécessité de santé publique. Pour Deccache (1994), « lapproche thérapeutique classique doit prendre en compte les facteurs psychologiques, les relations subjectives et intersubjectives présentes dans tous les domaines de la pratique médicale, depuis la réaction du patient à sa maladie, en passant par la vie à lhôpital, la consommation de médicaments, jusquà la prévention et léducation pour la santé ».
La loi du 4 mars 2002, a pour conséquence de placer le « patient co-décideur », les soins sont personnalisés en fonction de ses possibilités et de ses demandes. Pour le professionnel il sagit de sortir du systématisme des séances stéréotypées, de réaliser une mise en commun de ses pratiques avec ses pairs et doccuper une posture de consultant et non dexpert. (Gatto, Garnier et Viel, 2007)
Selon Gatto (2004), il sagit pour le professionnel de réaliser un acte thérapeutico-éducatif, définit ainsi : « Comprendre le sens des actes déjà réalisés avec des modèles théoriques et réorienter avec le patient le projet thérapeutique. Ensemble dans le dialogue, dans léchange, linteraction, la relation quils construisent de nouveaux objectifs et un nouveau programme ».
3.5 La profession de masseur-kinésithérapeute
3.5.1 Historique
Le masseur-kinésithérapeute est un professionnel de la santé, qui est au service du patient. Cest en 1946 quest créé le diplôme de masseur-kinésithérapeute : Loi n° 46-857 du 30 avril 1946 (Annexe 3, p101) : « Nul ne peut exercer la profession de masseur-kinésithérapeute, cest-à-dire pratiquer le massage et la gymnastique médicale, sil nest pas français et muni du diplôme détat de masso-kinésithérapie ». La masso-kinésithérapie est une pratique sociale de soins et de rééducation. (Article L.487) : « Lorsquils agissent dans un but thérapeutique, les masseurs-kinésithérapeutes ne peuvent pratiquer leur art que sur ordonnance médicale. »
Ce statut dauxiliaire « médical » ou du « savoir médical », implique de rendre compte au médecin de ce qui a été fait par rapport à sa prescription. Le masseur-kinésithérapeute (MK) est responsable de lexécution du traitement prescrit et le dossier du patient en masso-kinésithérapie sert de référentiel dans le cadre juridique.
Depuis le 27 juin 2000, le Décret n° 2000-577 modifie le Décret 96-879 du 8 octobre 1996 (Annexe 4, p105), concernant les actes professionnels et lexercice de la profession de MK. Ce dernier peut établir et choisir les actes et les techniques qui lui paraissent les plus appropriés au cas du patient. En fonction de ce diagnostic kinésithérapique réalisé, le masseur-kinésithérapeute va établir dune part la stratégie thérapeutique, préventive et éducative du patient ; et dautre part, il va communiquer au médecin prescripteur un rapport de diagnostic sur létat du patient.
La Haute Autorité de santé : HAS (Agence nationale dAccréditation et dEvaluation en Santé : ANAES, 2000) préconise quapparaisse dans le dossier du patient en masso-kinésithérapie (DPMK) : « les objectifs du médecin prescripteur et du masseur-kinésithérapeute doivent être communs et toute divergence identifiée doit être discutée.»
3.5.2 Réglementation dobtention du DE de masseur-kinésithérapeute
Les études de kinésithérapie durent trois ans et font suite dans le cas de lIFMK de Marseille à une année préparatoire en faculté de médecine en PCEM 1 (premier cycle des études médicales). Cest donc une formation courte qui oblige les étudiants à devenir rapidement « des praticiens opérationnels sur le terrain ». (Sauvageon, 2006)
Selon lArrêté n° 93-1037 du 30 août 1993 (Annexe 5, p107), relatif aux études préparatoires et au diplôme dEtat (DE) de masseur-kinésithérapeute, il est stipulé que lexamen final dobtention du DE comporte deux épreuves de mise en situation professionnelle et la soutenance dun travail écrit devant un jury (Art.5). Ce travail écrit est définit comme létude dun cas clinique, « qui doit permettre à lélève de synthétiser lensemble de la démarche de prise en charge masso-kinésithérapique. » (Art.14) Les deux épreuves de mise en situation professionnelle (MSP) auprès de deux patients suivent le protocole suivant : un temps de préparation de vingt minutes(les éléments du dossier patient sont alors remis au candidat), suivi dune MSP de quarante minutes, comprenant : « le bilan et le plan de traitement masso-kinésithérapiques du patient, lexécution, la justification et lévaluation des techniques masso-kinésithérapiques nécessaires à la mise en uvre de la prescription médicale, la prise en compte et lénoncé déléments liés au patient et à son environnement. »(Journal officiel du 3 septembre 1993)
Le diplôme est délivré par le Ministère de la Santé, cette formation rend compte dune application correcte et linéaire de bonnes pratiques et de modèles thérapeutiques enseignés à lIFMK. Elle place létudiant en contradiction entre ce qui lui est enseigné et ce quil essaie de mettre en application sur ses terrains de stage, face à un patient qui depuis la Loi Kouchner, devient co-décideur de son projet de vie. Selon Jean Wils (2003), lévaluation des pratiques qui en résulte procède plus dune « régularisation » (Vial, 1996) que dune régulation des pratiques (Bonniol et Vial, 1997), qui pourrait déplacer la notion de qualité de soin vers la notion de « valeur de soin ». (Levinas, 1991)
3.5.3 Formation initiale des masseurs-kinésithérapeutes
Les modèles de santé influencent les modèles de formation initiale, transmettant et facilitant ainsi ou non, plus ou moins bien le patient à mieux gérer son handicap.
3.5.3.1 Le projet visée
Le projet politique de santé dune nation définit le projet-visée des instituts de formation. Ainsi, « une pédagogie est une voie rationnellement pensée, c'est-à-dire un ensemble de moyens et de dispositifs humains, psychologiques, sociologiques, économiques, organisationnels, institutionnels, matériels et techniques, méthodologiques, stratégiques que lon se donne pour poursuivre et atteindre certaines fins éducatives ». (Ardoino, 1986)
La Loi Kouchner (Loi du 4 mars 2002) préconise de « mettre le patient au centre du système de soins », lobjectif est de servir la santé des personnes. Selon Gatto (2004), cette loi oblige le kinésithérapeute à construire avec son patient « des objectifs et un programme thérapeutico-éducatif ». Sauvageon (2006) ajoute « quil faut faire en sorte que létudiant adopte de nouvelles postures [
] dune représentation du kinésithérapeute comme acteur et auteur de ses décisions et de ses actes [
] il semble nécessaire de permettre aux étudiants dinventer, de créer et de favoriser le développement de leur esprit critique et réflexif ».
Depuis le 8 octobre 1996, le Décret des compétences n° 98-879 (Annexe 6, p108) relatif aux actes professionnels et à lexercice de la profession de MK, marque une étape importante de progression vers plus dautorisation de notre profession, en stipulant ceci : « Dans le cadre de la prescription médicale, le masseur-kinésithérapeute établit un diagnostic kinésithérapique et choisit les actes et les techniques les plus appropriés ». On retrouve une définition similaire de la masso-kinésithérapie, de ses champs dapplication et des modalités de sa mise en oeuvre dans larticle R4321-2 de la partie Règlementaire du Code de la Santé Publique (CSP) «Dans le cadre de la prescription médicale, il établit un bilan qui comprend le diagnostic kinésithérapique et les objectifs de soin, ainsi que le choix des actes et des techniques qui lui paraissent les plus appropriés ». Il est ajouté que « Dans lexercice de son activité, le masseur-kinésithérapeute tient compte des caractéristiques psychologiques, sociales, économiques et culturelles de la personnalité de chaque patient, à tous les âges de la vie ».
La publication croissante de travaux de recherche en kinésithérapie par des kinésithérapeutes diplômés de 3° cycle universitaire, notamment dans la revue « Recherche en Kinésithérapie », signe la production de savoirs savants spécifiques à notre profession. Ce sont des « signes de reconnaissance de laccès à lautonomie de la profession », cette évolution est nécessaire selon Pastor (2004) car « Le champ daction des masseurs-kinésithérapeutes se doit dintégrer ce modèle conceptuel de santé global ». Ainsi, peut-on mieux comprendre que lémergence de la « didactique de la santé » soit une discipline initiée par des professionnels de la santé. (Gatto, 1999)
Ardoino (1986) insiste sur limportance du projet : « Le projet représente la mission, la stratégie, les choix éthiques et culturels au service du bénéficiaire ». En effet, cest le projet-visée en Santé en 2006, à travers les choix politiques, gouvernementaux, des établissements de soins et des instituts de formation qui va permettre de donner du sens, des valeurs aux actes de soin, de partager une culture et des pratiques communes. En respectant ces contraintes économiques mais tout en poursuivant le projet damélioration de la qualité du service de soin et dune autonomie croissante du patient. Dans le cas présent, le terme employé « bénéficiaire » pourrait signifier le patient, mais aussi plus en amont, le professionnel ou létudiant en masso-kinésithérapie. Il est à préciser, ici qu « une profession se distingue dun métier en ce quelle est professée ; dès lors, elle est, en formation, liée à une démarche dintellectualisation [
] qui permet un apprentissage par transmission et non seulement par imitation, imprégnation, apprentissage sur le tas » (Beautier, 1994)
Le « projet-visée » des IFMK veut aider létudiant à développer son projet professionnel en lui apportant les bases nécessaires à son exercice futur, à laider dans son processus dapprentissage et de professionnalisation. Mais le paradigme « de profession prescrite et exécutant [
] amène létudiant à reproduire le même schéma auprès des patients au cours dactes mécanisables ». (Sauvageon, 2006) Il sinscrit toujours dans un modèle mécaniciste, curatif et positiviste. « Lenseignement privilégie les connaissances, lextérieur à soi ». Les orientations privilégiées de la formation sont la généralisation, la justification et la protocolisation. (Cochet, 2003) Lenseignement vise alors à former des techniciens-experts capables dexécuter des actes prescrits ou des protocoles mais qui ne peuvent être à terme que des agents (Ardoino, 2000).
Cependant, La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé est en vigueur depuis cinq ans. Elle indique que « Ces patients deviendront co-auteurs et co-programmateurs de leur rééducation ». La formation des étudiants en masso-kinésithérapie devrait donc favoriser la créativité et lécoute des patients, en évitant la systématisation thérapeutique. En effet, cette loi incite à faire évoluer les pratiques et les dispositifs pédagogiques, qui devraient ainsi sinscrire dans laccompagnement de ces changements. « La profession des masseurs-kinésithérapeutes est dans une dynamique dévolution, et cette injonction à lécriture fait partie pleinement de ce processus » (Pilotti, 2005).
Comme il a été rappelé dans ce mémoire, le Décret n° 96-879 du 8 octobre 1996 instituant le « diagnostic kinésithérapique, le choix des actes et des techniques qui lui paraissent les plus appropriés », fut ensuite modifié le 27 juin 2000 (Annexe 4, p105) en introduisant « les objectifs de soins et lévolution du traitement kinésithérapique » qui est adressé au médecin, donnant ainsi à lécriture du bilan toute son importance. « Lécriture pourrait servir à renouveler les façons de penser dune profession et de sa formation ». (Signeyrole, 2004) « Létudiant apprendra ainsi quen dehors de sa compétence propre en pathologie et en thérapeutique, il ne peut se passer dune culture diverse, biologique, psychologique, épidémiologique, de santé publique et déthique. Il pourra acquérir ainsi non seulement le savoir, mais le savoir-faire et le savoir-être. Il aura la chance de devenir un citoyen. Ces acquisitions sollicitent le travail personnel de létudiant et ses capacités dinitiative et de curiosité, de sens critique, de créativité et de production de savoir ». (Grémy et al, 1996)
Ceci suppose des compétences nouvelles relevant du projet pédagogique dapprentissage par létudiant et de la responsabilité des instituts de formation professionnelle. « La compétence ne réside pas dans les ressources mais dans la mobilisation de ces ressources ». Il sagit de construire de nouvelles représentations individuelles pour ensuite « ancrer ces représentations du groupe dans une pratique sociale ». (Izard et Nespoulous, 2006)
Kaddouri (1999) parle de construire une « dynamique identitaire » à travers lengagement des étudiants. Il semble quétudier la question de leur rapport au savoir et à la formation peut nous éclairer sur le paradigme daction et de posture des professionnels en activité. Etudier au-delà de lexpertise professionnelle indispensable à tout enseignement initial, la démarche de construction du sens donné au « geste ». Ce qui revient à sintéresser au professionnel qui impulse ce geste et lui donne sa signification, ainsi quau projet pédagogique qui le « forme » ou léduque. Pour Serieyx (1996), « Il vaut mieux apprendre que savoir ».
Selon Gatto(1998), il devient nécessaire de former les professionnels de la santé à la « démarche dialogique », qui selon Edgar Morin permet daccepter deux logiques différentes, contradictoires et complémentaires. Le professionnel doit disposer de la compétence (savoir, savoir-faire, savoir-être) mais aussi avoir conscience du contexte dans lequel il exerce.
3.5.3.2 Le projet programmatique
Le projet programmatique thérapeutique, éducatif, formatif
« Cest seulement ensuite, une traduction stratégique, opératoire, précise, déterminée, dune telle visée ». (Ardoino, 2000) Lors de leur formation, les stages sont organisés par disciplines médicales, aucune spécificité clinique ne structure le fonctionnement des études. Le regard en masso-kinésithérapie, selon Cochet (2003), « est redresseur orthopédique, descriptif anatomique, sattachant aux structures ». La référence est au contrôle, à la mesure, à la rationalisation normative, à la justification. La formation est découpée en modules, en capitalisation des connaissances, sans que des liens entre la théorie et la pratique du terrain ne soient réalisés.
« Une pédagogie est une voie rationnellement pensée, c'est-à-dire un ensemble de moyens et de dispositifs humains, psychologiques, économiques, organisationnels, institutionnels, matériels et techniques, méthodologiques, stratégiques que lon se donne pour poursuivre et atteindre certaines fins éducatives » (Ardoino, 1986). On peut supposer pour létudiant un vécu plein dambiguïté et de tension, entre ce qui senseigne à lIFMK où le patient dune part est approché avec un regard schématique et virtuel ; et dautre part, la réalité vécue en stage avec confrontation de létudiant, à un patient singulier, présent et co-décideur de sa prise en charge thérapeutique. Il serait bon pour létudiant de lui permettre « de dépasser la cohérence pour parvenir à une véritable construction de sens ». (Balcou-Debussche, 2004)
La boucle qui relit « ce qui se pense » et « ce qui se passe » caractérise la prise de sens de laction thérapeutico-éducative (Gatto, 2004)
Selon Cochet (2003) : «Lincomplétude de maturation dune profession se révèle dans cette béance processuelle.» Et Gatto (2005) dinsister sur le fait que « lenseignement du savoir sur un mode majoritairement dogmatique risque de limiter létude et lapprentissage en se heurtant aux objets sensibles et aux certitudes affectivo-cognitives des élèves ».
Dans ce contexte positiviste, lapprentissage centré sur laccumulation des savoirs par conditionnement, produit chez les étudiants des « têtes bien pleines », sans temps aménagé de réflexion ni demande de compréhension. Les enseignants transmettent le savoir, les étudiants doivent adhérer, apprendre et restituer ce savoir par cur, afin dobtenir le diplôme qui certifie leur passage avec succès, nommée « évaluation formatrice » (Thuilier et Vial, 2003) qui « labellise leur trajectoire » (Kaddouri, 1999) et confirme leur adhésion et leur identification au « corps professionnel » dont ils veulent faire part, en loccurrence les rééducateurs, avec la connaissance de leurs logiques de penser et de faire. Logiques impulsées lors de la formation initiale et qui font partie des identités professionnelles. Elles évoluent selon le contexte environnemental, les conditions dexercice en relation avec les rapports institutionnels et le parcours personnel de chaque professionnel. (Thuilier et Vial, 2003)
La démarche déducation au patient, permettant que laction éducative se confonde avec le soin singulier de chaque patient ; que la relation humaine sétablisse entre soignant-soigné sont peu ou pas relatées lors de la formation.(Gérardi, 2005) On pourrait penser que les terrains de stage permettraient dentrouvrir cette vision des choses, mais il nen est rien puisque là encore, sont appliquées les références des « bonnes pratiques cliniques »diffusées par la Haute Autorité de Santé (HAS, anciennement, ANAES : Agence Nationale dAccréditation et dEvaluation en Santé). Ces références sont des procédures dapplication biomédicale, ce qui renforce encore plus lapproche curative et normative des stagiaires sur leur lieu de stage. Il faut cependant reconnaître que le diagnostic kinésithérapique permet dentrouvrir une brèche dans ce modèle cybernétique, en introduisant le concept de projet de soin et de vie du patient. « Ecouter le projet du patient, cest donc lui reconnaître le droit à la différence » (Gedda, 2001) et « Le patient na pas une maladie, il est malade. Le masseur-kinésithérapeute va co-construire avec son patient un projet de soins, voire un projet de santé » (Cleach, Delezie, Lebihan et al, 2005).
Le développement des capacités cognitives, relationnelles, et éducatives de létudiant pourrait lamener à réfléchir et à exercer seul (Mialaret, 1998). Lui permettre dêtre capable de créativité, délaboration dun projet thérapeutique sans faire appel ou en dépassant lapplication des protocoles ou des procédures préétablies qui ne peuvent en aucun cas sappliquer à la singularité de chaque patient. La formation devrait amener les futurs professionnels à être capables de concevoir une stratégie thérapeutique, à la mettre en uvre et à être capables den évaluer les résultats afin den réguler la progression. Les programmes des IFMK sont aujourdhui centrés presque exclusivement sur la pathologie biomédicale, sans perspective rapide douverture du projet pédagogique en y intégrant : létude de la relation humaine (soignant-soigné), une démarche de distanciation de létudiant (en tant que futur praticien), un développement de la capacité de létudiant à conceptualiser (en favorisant le raisonnement de va-et-vient entre théorie et réalité). Selon Joshua (1999), les masseurs-kinésithérapeutes auraient du mal à sextraire de leur logique de restitution.
Dans le contexte de la majorité des IFMK, la méthode pédagogique appliquée sinspire de celle des sciences exactes ; elle recherche des lois générales ; elle privilégie lexpérimentation causale, la recherche dobjectivité, de restitution en privilégiant le rationnel et la certitude ; elle correspond au modèle de santé biomédical et curatif. On peut se demander alors, si elle peut être en accord avec la nouvelle réglementation de la Loi du 4 mars 2002. De plus lobtention du diplôme détat résulte, dans la majorité des IFMK dun travail de fin détude basé sur une étude de cas clinique. Comme le souligne Eymard (2003) « lorsque lon utilise un modèle de lévaluation, on sinscrit dans le paradigme qui le sous entend.» Selon Gatto, Garnier et Viel (2007) « Ce paradigme constitue celui de la formation des professionnels de la santé sans leur avoir donné les éléments historiques et contradictoires ».
Ce qui nous amène à nous interroger sur la cohérence et/ou la concordance entre la politique de santé et le projet-visée, ainsi que sur le projet programmatique actuel des IFMK. « Pour répondre au projet-visée des politiques de santé, améliorer les résultats biomédicaux et mieux appliquer les nouvelles règlementations de la santé, il semble important dinclure dans les programmes de formation initiale et continue des savoirs issus des sciences de léducation : les méthodes de la recherche, les modèles de lévaluation, les modèles de la formation, les théories de lapprentissage, les outils denquête. Alors, les professionnels de la santé et de la formation pourront faire évoluer leurs compétences professionnelles et acquérir des capacités aux fonctions déducation et dévaluation des systèmes de pratiques éducatives en soins » selon Gatto, Eymard et Simonian, (2006).
3.5.3.3 Le travail de fin détudes (TFE)
Il est défini par le projet pédagogique de linstitut de formation, il peut ainsi être considérer comme un travail de restitution des connaissances et des savoirs scientifiques (analyse de cas clinique), ou un travail de recherche (mémoire de recherche), une initiation à la recherche en soins et santé. Dans ce dernier cas lensemble de la formation suivie, quil sagisse des savoirs théoriques comme pratiques dont les stages (mise en place dun contrat de stage entre stagiaire et responsable afin de fixer conjointement les objectifs de stage), sert le travail de fin détudes. Certains enseignements plus spécifiques comme la méthodologie de recherche enseigne les outils de recueil et de traitement de données, tandis que dautres sont axés sur lenseignement de la pédagogie afin daider létudiant à réaliser ce travail (suivi individuel ou en groupe). Un cahier des charges spécifiant les consignes dorganisation du travail sont remis aux étudiants. Ce travail décriture nest jamais linéaire, il est thématique. Tout ce qui sécrit sert le mémoire dans le parcours de construction de ce travail, comme une démarche qui avance « de question en question » et non « de question en réponse » Le produit fini résulte du travail progressif de la démarche de clarification des idées et des intentions ainsi que de la précision de la pensée.(Eymard, Thuilier et Vial, 2004) Ce travail de conceptualisation permet « de lire les pratiques, de les nourrir : elle stimule limaginaire et la transformation des pratiques ». (Eymard, Thuilier et Vial, 2004) Tout au long de la formation, les futurs professionnels sont incités à avoir une démarche de raisonnement active et personnelle de réflexion sur les pratiques, damélioration de leurs compétences « dexpertise et à la relation humaine » quil sera nécessaire de prolonger tout au long de la vie, afin dêtre capable daffirmer ses choix et de les argumenter, développant par là-même sa responsabilité et son autonomie.
4. LA QUESTION CENTRALE
Il sagit danalyser un dispositif éducatif en formation initiale, en sappuyant sur létude de laccompagnement de réalisation de la production écrite demandée aux étudiants en fin de cursus de formation professionnelle. Le mémoire de fin détude ou le travail détude de cas clinique selon les instituts de formation. Sinterroger sur la dimension daffirmation scientifique et de changement de posture de ces rééducateurs à travers lanalyse de leurs modèles de formation. Sinterroger sur lenjeu dune démarche éducative autour dun projet humain qui sinscrit dans une pratique socioprofessionnelle. Comparer une démarche scientifique de recherche, avec la production dun mémoire de fin détudes et une restitution de savoir à travers létude de cas clinique axée sur la pratique professionnelle.
Deux modèles de formation sont actuellement appliqués :
Pédagogie de questionnement, de réflexion, de distanciation et desprit critique par léchange, le débat et la confrontation entre étudiants ; apprendre à apprendre, à. mobiliser ses savoirs, à les intégrer et à penser.
Ou pédagogie de restitution, daccumulation des connaissances, de têtes bien pleines, dapplication de recettes toutes faites.
Je souhaite donc analyser quelle est la contribution du langage écrit à travers les modalités du travail de fin détudes à lIFMK sur lémergence dune posture de consultant chez les rééducateurs ?
Faire travailler lhypothèse suivante comme jalon pour indiquer une piste de recherche.
Voici lhypothèse : Incidence du travail écrit de fin détudes en IFMK sur la construction dune posture de consultant chez les masseurs-kinésithérapeutes.
5. LA PROBLEMATIQUE THEORIQUE
Un état des lieux a été réalisé en lien avec le langage écrit des rééducateurs. Lapproche théorique de plusieurs concepts va être abordée afin dapprofondir et éclairer la problématique pratique. « Cest un travail qui aide à la distanciation vis-à-vis de ses pratiques et des observations sur le terrain» (Eymard, Thuilier et Vial, 2004)
La théorie est « un nombre restreint de concepts reliés entre eux par des liens stables. Elle vise la généralisation.» « Le théorique nous est, au premier abord, étranger, parce quil est exprimé dans un langage qui nest pas le langage ordinaire, parce que justement il sagit dun langage qui nexprime pas ce que perçoive nos sens mais qui exprime une manière de concevoir, de formuler et de formaliser le sensible. En cela, le théorique formalise des idées, des concepts, voire des lois provisoires ou des savoirs, jusquà ce quune autre recherche les régule, les fasse évoluer ». (Eymard, Thuilier et Vial, 2004)
Ainsi, successivement vont être étudié : les modèles de la santé, les modèles de la posture et les modèles de la formation, qui seront ensuite représentés par trois matrices théoriques.
5.1 Les modèles de santé
5.1.1 Définitions de la santé
En premier lieu, il apparaît nécessaire de définir ce quest la santé : en 1946, lOrganisation Mondiale de la Santé (OMS) a défini la santé comme étant « un état complet de bien-être physique, mental et social, et pas seulement comme labsence de maladie ou dinfirmité ». Ensuite, en 1986 dans la Charte dOttawa (en date du 21 novembre 1986), lOMS ajoute la précision suivante : « la santé est perçue comme une ressource de la vie quotidienne et non comme un but de la vie. Cest un droit fondamental de lêtre humain. Il sagit dun concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles ainsi que les capacités physiques [
] a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens de laméliorer. Ils doivent pouvoir identifier et réaliser leurs ambitions, satisfaire leurs besoins et évoluer avec leur milieu ». Elle intègre la notion de « promotion pour la santé », ce qui « a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens de laméliorer. Ils doivent pouvoir identifier et réaliser leurs ambitions, satisfaire leurs besoins et évoluer avec leur milieu. » (OMS, 1986)
5.1.2 Définitions des modèles de santé
Le terme modèle a pour sens celui de « système représentant les structures essentielles dune réalité ». (Rey, 2004) « Un modèle évoque [
] une démarche dactions possibles [
] permet de construire des dispositifs. Cest le dispositif général où ne sont gardés que les dispositifs daction. Un modèle offre une organisation de principes, de formes à utiliser ». (Eymard, Thuilier et Vial, 2004)
Bury, en 1988, propose deux modèles de santé : un modèle biomédical et un modèle global. Gatto (2003) précise « depuis la fin du XIX ème siècle, la médecine a évolué dun modèle biomédical (selon un paradigme positiviste) [
] vers un modèle de santé global » (selon un paradigme phénoménologique), il rajoute à ce propos en 2005, ceci : « Cette nouvelle vision de la santé est appelée promotion de la santé ». Deccache (1994), en avait déjà fait lévocation suivante : « Par la notion de promotion de la santé, la prévention englobe la totalité de la vie : travail, relations humaines, motivations, corps-psyché-esprit ».
Cependant, il ne sagit pas de faire déchelle de valeur, « dopposer ou de choisir entre les démarches curatives indispensables et les approches éducativo-thérapeutiques, mais de les fusionner dans un modèle global de la santé où la personne décide et participe aux soins ». (Ramin et Gatto, 2005)
5.1.2.1 Le modèle de santé biomédical
Ce modèle sest imposé après la seconde guerre mondiale, il place la maladie au centre du système de soins, il est régi par « la médecine triomphante ». (Gatto, Pastor et Riolacci, 2005) « Le modèle biomédical infère que la maladie provient principalement dun problème organique. Il véhicule lidée selon laquelle toute maladie a une cause biologique qui peut-être guérie. Le modèle médical est essentiellement centré sur une approche curative comportant des investigations diagnostiques et des actions thérapeutiques. Le médecin est le seul référent dans cette approche » (DIvernois et Gagnayre, 1995)
La santé est considérée comme un segment social dépendant de politiques publiques, dorientations législatives, de mesures sociales avec des lois applicables, de budgets à maîtriser, de non-maladie à produire. (Thuilier et Vial, 2003)
« Trop souvent, le système dintervention parfois réduit aux seuls moyens médicaux curatifs est confondu avec le système de santé ». (Grémy, Béraud, Grenier et al, 1996) Son objectif est de corriger la déficience, ce qui positionne les soignants hors le médecin prescripteur, dans une position « dauxiliaires du savoir des médecins et de leur science ». (Gaston, 2006)
Un troisième modèle est cité selon Gatto, Pastor et Riolacci (2005) : le modèle social, intéressant le traitement social de la maladie et du handicap (Sécurité Sociale, la COTOREP), mais celui-ci ne sera pas développé plus longuement dans cette étude.
5.1.2.2 Le modèle de santé global depuis 2001
Les dérives budgétaires occasionnées par lapproche biomédicale ont conduit les politiques à préconiser un changement dapproche thérapeutique : « La médecine curative a monopolisé la majorité des budgets de recherches et de soins » (Grémy, 1995)
Ce modèle qui englobe les deux autres modèles, développe une approche globale de la santé et de lindividu malade, il prône « la promotion de la santé ». « Il sagit de passer dun système de soins où la maladie est au centre du dispositif de santé à une génération de soins où la santé serait déterminée par léquilibre dynamique et évolutif entre la population et son environnement ». (Gatto, 1999) Ainsi, selon Gatto et Viel (2001) au seul objectif de « soulager » du modèle biomédical, se combinent en se coordonnant, les « objectifs éducatif et thérapeutique » de ce troisième modèle.
La santé est considérée, selon Thuilier et Vial (2003), comme une relation humaine spécifique et éducative, lévaluation comme une « pratique signifiante » (Barthes, 1984)
La prévention passe par léducation et la formation ; la maladie résulte de facteurs complexes, organiques, psychologiques et sociaux. Cest un système ouvert, constitué de professionnels de la santé qui travaillent en collaboration avec dautres professionnels issus du social et de léducation, pour « la promotion de la santé ».
Dans ce modèle, « léducation et la relation thérapeutique font partie intégrante des soins et des actes de rééducation » (Gatto, 2003) Ce nest plus seulement la pathologie que lon considère, mais le patient dans sa globalité avec son affect, son histoire singulière et son ressenti. Il a pour but de « donner davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens de laméliorer ». (Gatto, Pastor et Riolacci, 2005)
5.2 Les postures
5.2.1 Définition
Ce terme de posture est décrit selon Rey comme emprunté à litalien postura « position, attitude »au XIVe siècle qui représente le latin positura « position, disposition », lui-même dérivé de positum « placer, poser ». Pour le Petit Larousse (2004), la posture est définie comme « une position particulière du corps ; attitude, maintien ». Mais Ardoino (2000) ajoute que « Posture est pris ici au sens de position. Il faut y entendre le système dattitudes et de regards vis-à-vis des partenaires, des situations, des objets... » Précisant ainsi sa dynamique identitaire déclinée en 1993 à travers le fameux triptyque des postures « dagent-acteur-auteur ».
5.2.2 Lagent- lexpert
Selon Ardoino (2000), lagent est « essentiellement agi par la finalisation ou par la détermination de lensemble », dans ce cas de figure interviennent « des effets de force ».
Dans cette posture, le sujet applique des décisions prises par dautres, il est passif, défini par ses fonctions, il est spectateur, il na pas de pouvoir sur les règles du jeu qui déterminent son action. (Gaston, 2006)
« La formation initiale par ses choix didactiques, son dispositif de formation et ses méthodes pédagogiques positionne létudiant, futur professionnel, dans une posture dagent. Sa pratique de terrain [
] le pousse à devenir acteur et auteur par le processus de la relation thérapeute/patient. Linstitution par le type dévaluation demandé au praticien le réduit à garder ce rôle dagent». (Pastor, 2004)
5.2.3 Lacteur- le chercheur
Dans cette posture, le sujet possède une certaine marge de manuvre et dinitiative, « il est porteur de sens inséré dans une situation sociale ». (Ramin et Gatto, 2005)
Il « joue ou interprète sa partition ou son texte. Il ajoute donc certainement plus ou moins au livret initial, mais il nen devient pas pour autant lorigine », il est « co-producteur de sens » (Ardoino, 2000). Il peut ainsi interpréter les recommandations préconisées par la HAS et les prescriptions médicales.
Le chercheur, « dispose du théorique pour se mettre à distance des réalités observées, pour argumenter le point de vue doù il parle, et pour rendre compte de ses interprétations» « La référence à du théorique est un critère incontournable pour fonder la scientificité du travail de recherche. Cest un travail qui aide à la distanciation vis-à-vis de ses pratiques et des observations sur le terrain ». (Eymard, Thuilier et Vial, 2004)
5.2.4 Lauteur- le consultant
Dans cette posture, le sujet innove, crée et produit « des effets de sens ». Il est « celui qui réussit à se situer lui-même comme étant à lorigine, à la source de son propre devenir ». (Ardoino, 2000) En respectant la loi du 4 mars 2002, le patient doit passer dun statut dagent devant se soumettre à un statut dauteur de son traitement et de sa santé. (Ramin et Gatto, 2005) Il développe « un processus dautorisation » (Ardoino, 2000), en tant que « capacité de sautoriser, de se faire soi-même au moins co-auteur de ce qui sera produit socialement ». En effet, « le thérapeute accepte ici de perdre le contrôle et le pouvoir pour transférer ceux-ci aux patients [
] le professionnel mute dune mission technique à une mission déducation, de formation et de soin des patients ». (Ramin et Gatto, 2005)
Se pose alors aujourdhui, le paradoxe dans lequel se situe les masseurs-kinésithérapeutes : « Les procédures proposées par les institutions sur lévaluation des pratiques et reprises par la profession ne traduisent pas le processus déclenché par la relation singulière. Elles brident lengagement des professionnels à évoluer vers une recherche de lidentité professionnelle dans la santé, hors du champ de la médecine. La maîtrise qualitative doit permettre de sortir de ce rôle mais la profession doit faire émerger les particularités du concept de soin en masso-kinésithérapie et lévaluation des pratiques qui en découle. Le diagnostic masso-kinésithérapique, pivot de cette évaluation traduit-il réellement laccession souhaitée par la profession au statut dauteur ou nest-il quun artifice destiné à réifier notre processus pour mieux nous contenir au statut dagent ?» (Pastor, 2004)
Pourtant, selon Joulé et Beauvois (1987), « limplication augmente si lagent peut concevoir lui-même les objectifs et les procédures dapplication».
Néanmoins, il est important dapporter une nuance à ces propos, car comme le souligne Ardoino (2000), il ny a pas une hiérarchisation des notions de posture lune par rapport à lautre. On est et demeure dans lune et lautre, selon le point de vue où lon se place. Ainsi, il explique dans lexemple suivant quun salarié, en posture dagent par rapport à une dynamique sociale, peut avoir une attitude dacteur conscient et réfléchi ou, dauteur responsable de sa démarche en se positionnant lors dun entretien avec sa hiérarchie pour une augmentation de salaire. Il conclut en disant que « cest essentiellement affaire de représentations, doptiques et de langages ».
Se pose alors la question suivante : la politique de santé en uvre ne pourrait-elle inciter le projet-visée de la profession à accompagner les masseurs-kinésithérapeutes vers une posture dauteur, créateurs de leurs propres savoirs savants hors des sentiers battus de la toute puissante médecine... ?
5.3 Les modèles de la formation
5.3.1 Définition
Le petit Larousse la définit comme une « action de former, de se former ; processus entrainant lapparition de quelque chose qui nexistait pas auparavant » mais aussi comme « une instruction, éducation, intellectuelle et morale ; ensemble de connaissances, savoir acquis dans un domaine déterminé ».
Ferry en 1983, définit trois modèles de la formation, comme suit :
Modèle centré sur lacquisition
Modèle centré sur lanalyse
Modèle centré sur la démarche
5.3.2 Modèle de formation centré sur lacquisition (ou charismatique)
Ce modèle, « Centré sur les acquisitions [
] est censé garantir un niveau de compétences défini en terme de connaissances, de comportements, de performances ou dhabiletés [
] la pratique est une application de la théorie ». (Ferry, 1983)
Apprendre revient dans ce modèle à instruire ; le formateur est au centre de laction éducative, il est transformateur de lautre. Il sinscrit dans un modèle dapprentissage de type béhavioriste. Le principe théorique est limplication de la théorie qui conduit à la pratique. Ce modèle est sous-tendu par le modèle biomédical de la santé, il sinscrit dans un paradigme positiviste. Mais il faut souligner que « Cela conduit dans certains cas à un échec dapprentissage et dans dautres cas à une systématisation des pratiques axées sur lorgane malade et non à de linventivité en fonction de la personne ». (Gatto, 2004)
5.3.3 Modèle de formation centré sur lanalyse (ou dajustage)
Ce modèle, « centré sur lanalyse se fonde sur limprévisible et le non maîtrisable [
] la théorie fondant la régulation de la pratique ». (Ferry, 1983)
Apprendre revient à repérer ce quil convient dapprendre, donc à développer la lucidité, lanalyse des pratiques et linterprétation des idées lues dans un document. Le formateur est un « passeur », qui renvoie au sujet son propre questionnement et ne propose pas de réponse. La pratique est régulée par la théorie, sinscrivant dans un modèle dapprentissage socioconstructiviste et un paradigme phénoménologique.
5.3.4 Modèle de formation centré sur la démarche (ou daffranchissement)
Ce modèle « centré sur la démarche [
] Laccent est mis sur le développement de la personnalité [
] donne son plein sens à la notion dalternance [
] la théorie comme médiateur du transfert dune pratique à une autre pratique ». (Ferry, 1983) Il sinscrit dans un modèle dapprentissage de type constructiviste.
Dans le modèle centré sur lanalyse, il y a un va et vient entre théorie et pratique, qui permet dacquérir des « comportements » et « des attitudes » tout au long du cheminement. (Berbaum, 1999) Ainsi que le soulignent Eymard, Thuilier et Vial (2004), « La théorie nest pas le contraire de la pratique [
] le théorique est un discours construit à partir dun certain regard sur les pratiques, selon une démarche rigoureuse, avec des outils de prise de distance, de façon à pouvoir obtenir des informations fiables ».
Fabre, en 1994 ajoute : « [
] du point de vue sémantique, former cest transmettre des connaissances avec le souci de développer la personnalité globale et en articulant théorie et pratique«. « il sagit dun changement qualitatif plus ou moins profond, dans une logique, non daccumulation, mais de structuration[
] Former nest pas enseigner une foule de connaissances, ni même un système de connaissances. Cest plutôt induire des changements de comportements, de méthodes, de représentations, dattitudes ».
La matière enseignée serait un prétexte, selon Gatto (2004), pour laisser place à un travail sur la forme « pour aider le formé à se questionner sur le sens de son histoire professionnelle, de ses actions de soins, sur ses valeurs, sur son projet professionnel et sur sa position déthique de thérapeute.»
5.4 Présentation des matrices théoriques
5.4.1 Matrice théorique des modèles de santé
AuteursCritèresIndicateursIndicesRéponses attendues/questions(Q)OMS, Gatto, PastorModèle BiomédicalSanté = absence maladie
Maladie est organique
Modèle cybernétique, mécaniciste, fermé
Priorité au traitement curatif, à la correction de la déficience
Santé publique
Projet thérapeutique
Evaluation mesure Intérêt du patient
Un référent = le médecin
Discours paternaliste (non écoute)
Adhésion du patient
Multiplication des examens médicaux Application des protocoles thérapeutiques
Relation thérapeute - patient
Relation de pouvoir
Le thérapeute sait ce qui est bon pour le patient
Test- protocole
randomisationGatto, EymardModèle GlobalSanté = état de bien être physique, mental, social et psychologique
Maladie est
Multifactorielle
Santé communautaire
Modèle holistique, systémique, ouvert (réseaux)
Evaluation questionnement
Prévention- promotion de la santé
Patient est au centre du système de soins
Projet éducativo-thérapeutique
Patient = co-auteur, co-décideurDiagnostic de masso-kinésithérapie
Information patient
Discours adapté
au patient (écoute)
Un ensemble de personnes ressources
Prévention et évaluation se confond avec le soinRelation éducateur à la santé / patient
Dialogue, échange
Décloisonnement
Adaptation
Gestion de lincertitude, de limprévisible
5.4.2 Matrice théorique des modèles de postures
Auteurs
CritèresIndicateursIndicesRéponses attendues/QArdoino (1986)
Triptyque dArdoino
Taylor, Skinner, Watson, Pavlov, Gatto
Ardoino (2000)
Garnier, Vial, Delplanque
Gatto, Vial, Ravenstein, Eymard,
Ardoino (2000)
Garnier, Viel, DelplanqueAgent
ExpertExécutant- Méthode
Réalise 1 produit/ norme
Logique de régulation- restitution.
Formation initiale.
Acquisition de savoirs- techniques.
Injonction-Obéissance.
Pédagogie frontale
Notation régularisation.Prescription.
Application.
Protocole.
Mesure logique.
Obéissance.
Punition-
récompense.Passivité/ Soumission.
Application des règles.
Formation centrée sur les acquis.
Faute sanction
Exclusion (si note 0,42 et pour une probabilité derreur à 1%, si r > 0,53. Ce qui nest pas le cas, donc pas de corrélation entre les deux variables TFE= analyse de cas clinique et posture consultant du groupe A.
Coefficient de corrélation= r =0,27ddl=n-2=26-2=24risque erreur 0,05 =O, 42 risque erreur 0,01 =O, 53
Pour le groupe B, léchantillon est de 23 étudiants, le degré de liberté (ddl) sera de n-2 soit 21 sur la table numérique de référence. Ainsi, il y aura corrélation pour une probabilité derreur à 5%, si r > 0,42 et pour une probabilité derreur à 1%, si r > 0,53. Ce qui nest pas le cas, donc pas de corrélation entre la variable TFE= mémoire de recherche et posture consultant du groupe B. Mais avec un risque derreur à 10% avec r> 0,36, la corrélation est égale en valeur absolue à la probabilité, ce qui témoigne dun lien entre ces deux variables pour le groupe B mais sans influence majeure.
coefficient de corrélation= r = 0,36ddl=n-2= 21risque erreur 0,05 =O, 42 risque erreur 0,01 =O, 53 risque erreur 0,10= 0,36
Distribution des variables
Voici le tableau récapitulatif des résultats des moyennes des totaux des moyennes simples des 3 modèles convoqués.
Groupe concernéModèle de SantéModèle des posturesModèle FormationA0,800,640,52B0,830,650,47B10,890,660,52B20,780,640,46
On compare maintenant la distribution des 2 groupes principaux A et B pour objectiver si les échantillons sont homogènes ou dispersés, voici le résumé selon le tableau de la courbe de Gauss (Eymard, 2003) avec la signification de leurs écart-types et médianes. Il en résulte que 68% des valeurs de la variable modèle de santé sont comprises entre la moyenne moins un écart type et la moyenne plus un écart type. Les courbes de ces deux groupes sont dites « normales » ou en « cloche » et les résultats se juxtaposent.
Pour létude de la distribution des scores au vu des modèles de santé, les résultats du groupe B ont un meilleur score que le groupe A ; tous deux sinscrivent dans un modèle de santé global.
groupe AMod Santégroupe BMod Santémoyenne des moyennes0,80moyenne des moyennes0,83Ecart type0,12Ecart type0,12m+écart type0,92m+écart type0,95m-écart type0,68m-écart type0,71médiane0,81médiane0,88
Il est ainsi réalisé le tableau des courbes de Gauss pour les deux autres variables étudiées : les modèles des postures et les modèles de formation.
groupe AMod Posturegroupe BMod Post.moyenne des moyennes0,64moyenne0,65écart type0,10écart type0,13m+écart type0,74m+ écart type0,78m- écart type 0,54m- écart type0,52médiane0,62médiane0,64
La courbe de Gauss a une distribution plus élargie pour le groupe B (disparité plus grande des scores) et concentration plus « en cloche » autour de la médiane pour le groupe A (groupe plus homogène), les résultats des moyennes sont très proches. Il ny a pas véritablement de différences entre les deux groupes quelque soit le TFE concerné par rapport à une posture dauteur-consultant présente mais de petit score dans les deux cas.
groupe AMod formationgroupe BMod Form.moyenne0,52moyenne0,47écart type0,18écart type0,19m+ écart type0,70m+ écart type0,66m- écart type0,34m- écart type0,28médiane0,50médiane0,50
Les deux courbes de Gauss ont une distribution plus large à leur base (surtout pour le groupe B), autour du même score de médiane (0,50) avec un modèle de formation centré sur la démarche, et une moyenne pour le groupe A (0,52) plutôt orientée au-delà de la médiane vers un modèle de formation centré vers lanalyse , tandis que le groupe B (0,47) reste en-deçà de la médiane, c'est-à-dire vers la démarche mais avec un moindre score.
Ainsi, le groupe A est un échantillon représentatif, qui se positionne plutôt dans un modèle de santé global (moyenne = 0,80), avec une posture orientée plutôt dauteur-consultant (moyenne = 0,64), selon une formation plutôt centrée sur la démarche (moyenne =0,52) avec un TFE danalyse clinique et les personnes interrogées sont satisfaites de leur formation à 80,76%.
Le groupe B composé de deux sous-groupes (B1 et B2) ont été étudiés séparément puis conjointement afin de révéler les similitudes ou différences. En effet, le modèle de santé est plutôt global (moyenne= 0,83), selon une formation centrée plutôt sur la démarche (moyenne= 0,47) et une posture intermédiaire entre les deux postures convoquées (agent-expert et auteur-consultant), mais avec le plus fort % dinsatisfaction de la part des étudiants du groupe B2 (question 26= 53,84%) et un score moindre (0,64) de cet échantillon B2 quand au positionnement sur léchelle dauteur-consultant tandis que le groupe B1 a le score 0,66.
6.7 Discussion autour des résultats
Le travail dinterprétation sappuie sur les résultats statistiques et sur le sens quon peut leur attribuer, en regard de lapproche théorique privilégiée et de létat des lieux des savoirs sur la question. (Eymard, Thuilier et Vial, 2004)
Au vu des résultats et en reprenant lhypothèse de départ : Incidence du TFE en IFMK sur la construction dune posture dauteur-consultant chez ces novices-professionnels (avec la production dun écrit : analyse dun cas clinique ou mémoire de recherche, ce qui interroge le rapport des étudiants avec le langage écrit en formation initiale). Lhypothèse théorique ne semble pas se confirmer mais cette interprétation personnelle doit être nuancée, elle résulte des scores notamment du sous-groupe B2 qui fait baisser lensemble du score du groupe B. Le type de TFE ne semble pas intervenir directement sur la posture des étudiants, tout en y participant néanmoins. Il est un outil au service dun projet pédagogique qui prépare les futurs masseurs-kinésithérapeutes à leur métier. Il sert lensemble des stratégies mises en uvre dans linstitut de formation pour assurer la cohérence de ce projet autour de la construction dune méthodologie de raisonnement permettant à ces futurs professionnels de sadapter à toutes les situations professionnelles, quelque soit leur domaine dexercice.
6.8 Critiques et propositions
« Toute méthode de recherche, par lapproche quelle privilégie, présente des intérêts et des limites « (Eymard, 2003).
6.8.1 Critiques
Plusieurs biais existent, ainsi dans le questionnaire,
Absence de représentation de la profession des agriculteurs-exploitants (code de lINSEE : groupe 1) dans la grille des positions sociales.
Il aurait été intéressant dinterroger les étudiants sur leur projet professionnel, déterminant dans la révélation dune posture dauteur.
D'une manière générale, il faut conserver à l'esprit que la subjectivité de tout ce qui participe à une expérience, peut affecter les résultats de cette expérience.
Idéalement, les sujets eux-mêmes devraient ignorer qu'ils participent à une expérience, sinon leurs motivations et leurs réactions normales peuvent être profondément modifiées. Intervient alors leffet Hawthorne : les résultats, positifs ou négatifs, qui ne sont pas dus aux facteurs expérimentaux, mais à l'effet psychologique que la conscience de participer à une recherche et d'être l'objet d'une attention spéciale exerce sur le sujet ou sur le groupe expérimental. Ainsi, il a été prouvé que tout changement des conditions extérieures peut provoquer des transformations de comportement, indépendamment de la nature du changement apporté.
Il est acquis quau moment de la distribution du questionnaire, les attentes de la direction des instituts peuvent exercer une influence considérable sur leur comportement envers l'élève et induire une orientation de réponse.
Un biais éventuel : le choix dun IFMK dont le corps enseignant est de formation universitaire, ce qui peut impliquer une méthodologie de recherche dans le projet programmatique de linstitut même si le TFE reste à ce jour une étude de cas clinique.
« A une question complexe ou gênante, lenquêté peut ne pas répondre ou le faire de façon vague ou biaisée. Se pose alors le problème des non réponses à une question ». (Eymard, 2003). En effet, sur 49 questionnaires retournés, un total de 14NR (28,57%) et 1IN (2,04%) pose le problème de complexité ou de gêne à répondre. Peut-être le fait que les questions étaient fermées noffrait pas aux étudiants suffisamment de liberté dexpression.
Létude porte sur une petite représentation de la population, il serait intéressant dobtenir plus de réponses. Dautre part, «
la comparaison entre deux groupes de sujets, sur une variable intergroupe, ne peut être valide quà partir du moment où les deux groupes sont similaires ». (Eymard, 2003), leffectif est inégal à chaque intergroupe étudié.
Cependant, lavantage du questionnaire répond à un gain de temps précieux par la rapidité de réponses quil permet, surtout quil sagissait dinterroger des étudiants de 3ième année en préparation finale de leur diplôme détat.
6.8.2 Propositions
Ce travail réalisé dans le cadre du diplôme de Cadre de Santé et dun Master 1 en Sciences de lEducation, sest appuyé sur des théories issues de ces sciences. Parmi les étudiants interrogés, quelques uns suivent un enseignement avec des formateurs inscrits dans cette même dynamique universitaire des Sciences Humaines. Il apparaît logique qualors de meilleurs scores émergent même si le TFE reste une analyse de cas clinique comme cest le cas pour le groupe A.
Un questionnement reste en suspens : Est-ce que seule une discipline universitaire comme celle des Sciences humaines enseignée comme telle dans le programme de formation des IFMK peut-elle aider les futurs professionnels à se construire une posture dauteur-consultant ? Ainsi, Pastor (2004) propose de « tester lhypothèse, que la formation des masseurs-kinésithérapeutes aux Sciences de lEducation, développe chez le praticien des capacités de réflexivité, de distanciation, de problématisation et de changement de modèles théoriques au cours de lactivité ». Le cursus universitaire semble le plus adapté à accélérer ce processus, ainsi Gatto(1999) précise que « luniversité semble être la mieux placée pour permettre de produire des savoirs scientifiques de la rééducation et de léducation à la santé ».
Dautre part, pour améliorer le dispositif de recherche, il aurait pu être proposé un deuxième groupe de contrôle de leffet Hawthorne ne participant quà un simulacre dexpérience, selon la proposition de Rosenthal.
CONCLUSION
La Loi Kouchner du 4 mars 2002 sadresse à tous les professionnels de santé dont les rééducateurs. Les masseurs-kinésithérapeutes doivent faire évoluer leur formation, pour être en accord avec cette nouvelle législation et rompre avec la démarche mécaniciste antérieure. Car il nous appartient de choisir maintenant, « entre subir le temps social ou inventer son temps propre». (Attali, 1982)
Permettre aux étudiants comme aux patients de quitter la posture dattente, dagent et de « prise en charge » du système de santé biomédical. Favoriser les moyens, pour quils sautorisent à réagir par une attitude ou une posture dauteur singulière et personnelle, par une démarche créative de production engagée comme limpose le modèle de santé global si on leur laisse « une zone dinitiative et de responsabilité ». Tel fut le thème de ce travail.
Une enquête fut menée auprès détudiants en IFMK, afin détudier la contribution du langage écrit à construire une posture de consultant chez ces futurs professionnels.
Pour essayer de mettre en évidence la relation entre le type de travail de fin détudes (TFE : analyse de cas clinique ou mémoire de recherche) et la posture dauteur-consultant, la méthode expérimentale semblait la plus appropriée. Lanalyse des résultats porte sur 49 questionnaires. Il nexisterait pas de corrélation linéaire positive entre tel ou tel modèle de TFE et la construction dune posture de consultant du futur professionnel, pour un seuil de risque à 0,01 comme à 0,05. Ainsi, les étudiants se positionnent plutôt dans un modèle de santé global, une posture dauteur-consultant et selon un modèle de formation centré sur la démarche. Il semble quils soient sur le chemin dune autonomie récente et en voie de maturation. Ainsi, la connaissance du passé dune profession, permet de mieux comprendre son présent et de sinscrire dans la projection de son futur.
Un sentiment dinsatisfaction exprimée par certains étudiants peut indiquer une inadéquation entre leur projet personnel-professionnel en lien avec la nouvelle politique de santé et le projet pédagogique de lInstitut concerné ; soit la difficulté à voir sinstaller un « équilibre dans le système formé-formateur-environnement ». (Berbaum, 1999)
Elargir cette enquête sur dautres instituts de formation, en interrogeant une plus grande population détudiants en masso-kinésithérapie permettrait de confirmer ou dinfirmer les résultats obtenus.
Les cadres de santé sont un élément moteur et engagé dans la responsabilité daccompagnement des étudiants en IFMK, en formation comme en stage. Ils ont une action « régulatrice », qui les oblige à se positionner et à adopter des langages adaptés aux acteurs (étudiants, patients, soignants, tutelles), aux enjeux et aux valeurs auxquelles ils sadressent. Mais ceci soulève la question de savoir « Jusquà quel point consentons-nous leffort de devenir quelque peu polyglottes ? »
Cette étude a permis de révéler quelques pistes de réflexion, notamment sur limportance des textes professionnels et sur la complexité du chemin à entreprendre pour appréhender ce que signifie sautoriser à « réaliser une lecture plurielle, multiréférentielle, hors de laquelle les présupposés théoriques et épistémologiques de ces démarches resteraient exagérément cloisonnés, parcellisés ». (Ardoino, 2000)
Ainsi, se former en formation initiale, continue ou en éducation thérapeutique relève dun engagement personnel et social, sous-tendu par un projet-visée sociétaire. Il apparait essentiel que celui-ci soit explicité, élucidé et débattu par les masseurs-kinésithérapeutes au niveau national, afin déviter quil ne devienne « le prétexte à toutes les manipulations et à toutes les tromperies ». (Ardoino, 2000)
Ce qui favoriserait une dynamique délaboration du projet-visée de cette profession, qui ensemble réfléchirait sur son projet de formation afin de sintéresser à la personne qui se construit et se donner les moyens de réaliser un exercice professionnel mature, en accord avec la réglementation actuelle.
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HYPERLINK "http://www.snmkr.fr/decret.html" www.snmkr.fr/decret.html
ANNEXE 1 : Références 33 et 34, 2ième procédure daccréditation, Manuel daccréditation des établissements de santé HAS, septembre 2004. (P 70)
Manuel daccréditation : Prise en charge du patient en soins de suite ou de réadaptation ANAES / Direction de laccréditation et de lévaluation des pratiques / Septembre 2004
Référence 33
La continuité des soins est assurée. Il sagit de la continuité des soins au sein de létablissement, mais aussi à loccasion des transferts du patient vers dautres structures.
33. a. Des règles de responsabilité, de présence, et de concertation sont mises en uvre pour
assurer la continuité des soins.
À titre dexemple, les tableaux de gardes et dastreintes constituent un support. À noter que lorganisation des changements et linformation correspondante aux services et aux professionnels concernés font partie des règles de présence et de concertation.
33. b. La coordination entre les équipes médicales et paramédicales est organisée. La coordination et la continuité des soins sappuient notamment sur les transmissions orales et écrites entre les diverses équipes.
33. c. La prise en charge des urgences vitales survenant au sein de létablissement est assurée.
Cette prise en charge doit être possible dans nimporte quel secteur dactivité dun établissement de santé ; une organisation tant en personnel (référent, formation, etc.) quen matériel (chariot durgence contrôlé à périodicité définie, système dalerte, etc.) est mise en place et évaluée régulièrement pour juger de son efficacité.
Référence 34
La traçabilité des actes et la transmission, en temps opportun, des informations reposent sur une organisation adaptée du dossier du patient.
34. a. Linformation contenue dans le dossier du patient est actualisée tout au long de sa prise en charge et également après sa sortie.
34. b. Linformation contenue dans le dossier du patient est accessible aux professionnels en charge du patient, en temps utile.
34. c. Tout acte diagnostique et/ou thérapeutique fait lobjet dune prescription écrite, datée et
signée. Il sagit de toutes les prescriptions : ordonnances médicamenteuses, prescriptions dexamens biologiques, dimagerie, dexploration fonctionnelle, dactes de kinésithérapie, etc.
34. d. Linformation sur son état de santé et son traitement donnée au patient et/ou à son entourage est enregistré dans le dossier du patient. Le refus des soins est également à noter dans le dossier du patient.
ANNEXE 2 : Tableau recueil des données des résultats de lenquête exploratoire
(Légende : SR= sans réponse)
QthèmeRéponseMasseur-kinésithérapeuteErgothérapeutePPPM0123456789101112131415161234561121Q1Age 5549262732605856264057572354484636443858404446292527Q2SexeF1111 1 1 1111111 11H 11 11111 111 1 Q3ProfessionMK1111111111111111 E 111111 PP 1 autre 111Q4Année DE 727832977069722927070274829096869476898483200033Q5CS 00000101000000000001000000Institut 00000M0M00000000000M000000Année 00000740870000000000086000000Q6ActivitéS privé1 1111 11 1 S public 1111111111 11 1 1 libérale 1 mixte 1 1 1Q7Taux A.ETP 111111111 1 11 11 1 1111partiel1 11 1 1 1 1 Q8Formateuroui 1 1 1 11 1non11111 1 111 1111111 1111 Q9F° complSR 1 oui11 111 1 11111111111111 1non 1 11 1 Q10Amour lectureoui1 11 111111 1 11 1non 111 111111 1 11 1 Q11Temps écrireoui 111111 11 11 11 11111 1SR 1 non1 1 1 1 11 1 Q12Finalités écrituretrans infos11111122112122211111111112lien11222111 21031105220111211Fait103441332330132035300006 R adminis.006331050500001044400003 partage004601440400000023000104 Article005501000000000006002005 autre007001000000000000000100 Q13Freins/écritureSR 1 1 oui 111 1 111 1 111111111 non111 1 1 1 1Q14Amour lectureoui111111111 1111111111111111non 1 Q15Lecture prof.oui111111 1 11 11111111111111non 1 1 1 Q16AbonnementSR 1 1 11 1oui 11 1 1 1 11 non1 1 1 1111 111 11 11 Q17Modif. PratiquesSR 1 1 oui1 11 11 1111 1 11 111111non 11 1 1 1 1 Q18Postureinterruption11342031321111224340200543continuité tt0055000050050225005001040 connaiss.10130112432200131110100311discussion00210023113300312421111132orientation10421104200400443231010224Internet00010001101000000110010101livres10020003200000000100000101revues10030002301000000100000001ANNEXE 3 : Loi n° 46-857 du 30 AVRIL 1946 et Décret du 7 juillet 1947, relatif à la réglementation de la profession de masseur-gymnaste médical (Titre I et III).
MINISTERE DE LA SANTE
EXPOSE DES MOTIFS
MESDAMES, MESSIEURS,
En vue d'organiser l'ARMEMENT SANITAIRE du pays, afin d'en assurer la valeur et l'efficacité, le l'Assemblée Nationale Constituante ont mis à l'étude un certain nombre de projets réglementaires l'exercice des professions médicales ou paramédicales ou encore le service social.
C'est ainsi que le projet de loi concernant le statut des assistantes et auxiliaires du service social et les infirmiers et infirmières a reçu l'approbation de votre Commission de la famille, de la population et de la santé publique.
Il apparaît utile d'établir pour deux autres professions une réglementation et un statut. Il s'agit des professions de masseur-gymnaste médical et de pédicure.
Il faut, en effet, réserver l'exercice de ces professions à de véritables professionnels qui collaborent avec le corps médical. Cette réglementation assurerait l'efficacité des traitements, enlèverait toute chance d'erreurs et écarterait les pratiques irrégulières qui, sous le couvert de massage, servent la prostitution clandestine.
L'Assemblée Nationale Constituante a adopté,
Le Président du Gouvernement provisoire de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
TITRE 1er : MASSEURS KINESITERAPEUTES (spécialement les articles 2 et 5)
ART.1 Réserve faite des dérogations prévues à l'article 5, nul ne peut exercer la profession de masseur-kinésithérapeute, c'est-à-dire, pratiquer le massage et la gymnastique médicale s'il n'est français et muni du diplôme d'Etat de masseur-kinésithérapeute institué par l'article 2 de la présente loi. Lorsqu'ils agissent dans un but thérapeutique les masseurs-kinésithérapeutes ne peuvent pratiquer leur art que sur ordonnance médicale.
ART. 2. - Il est créé un diplôme d'Etat de masseur-kinésithérapeute qui sera délivré après des études préparatoires et des épreuves dont la durée et le programme seront fixés par décret du Ministère de la Santé publique. Des modalités particulières seront prévues pour permettre aux candidats aveugles de s'y préparer et de s'y présenter dans des conditions équivalentes à celles des voyants. Ce diplôme sera délivré par équivalence aux titulaires du brevet de capacité d'infirmier masseur ou d'infirmière masseuse aveugle établi en application du décret du 27 juin 1922 ou de celui de masseur médical institué par le décret du 9 février 1944, aux masseurs définitivement autorisés à exercer la massothérapie conformément à l'article 8 de la loi du 15 janvier 1943 ainsi qu'aux gymnastes médicaux munis d'un diplôme d'Etat d'éducation physique et justifiant de huit années d'exercice.
ART. 3. - Seules les personnes munies du diplôme d'Etat de masseur-kinésithérapeute institué par l'article 2 de la présente loi pourront porter les titres de masseur-kinésithérapeute, de gymnaste médical ou de masseur, accompagnés ou non d'un qualificatif.
ART. 4. - Il est crée au Ministère de la Santé publique un Conseil supérieur de la kinésithérapie composé en nombre égal de représentants de l'administration, de médecins spécialisés dans le massage ou dans la gymnastique médicale et de masseurs-kinésithérapeutes. Ce conseil est chargé de donner son avis sur toutes les questions intéressant la formation de masseur-kinésithérapeute. Les membres sont nommés pour trois ans par arrêté du Ministre de la Santé publique.
ART. 5. - Les personnes qui exerçaient la profession de masseur-kinésithérapeute sans remplir les conditions fixées ci-dessus devront cesser leur activité dans les deux ans qui suivent la promulgation de la présente loi. Toutefois, celles qui exerçaient le massage médical ou la gymnastique médicale depuis trois années lors de la publication de la présente loi, peuvent être autorisées définitivement à continuer leur activité suivant les modalités fixées par arrêté du Ministre de la Santé publique. Elles doivent, si elles ne l'ont déjà fait, déposer leur demande à la préfecture de leur résidence dans les trois mois à dater de la publication de la présente loi. Mention des autorisations doit être portée sur un registre spécial déposé à la préfecture.
Le TITRE II nest pas retracé dans ce mémoire, celui-ci ne concernant pas les masseurs-kinésithérapeutes.
TITRE III : DISPOSITIONS COMMUNES
ART. 11. - Les masseurs-kinésithérapeutes et les pédicures sont tenus dans le mois qui suit leur entrée en fonctions de faire enregistrer à la préfecture leur diplôme, brevet, titre ou certificat. Tout changement de résidence professionnelle hors des limites du département oblige à un nouvel enregistrement. La même obligation s'impose aux personnes qui, après deux ans d'interdiction, veulent reprendre l'exercice de leur profession.
ART.12. - Dans chaque département et pour chacune des deux professions visées par la présente loi, le préfet dresse annuellement la liste des personnes qui exercent régulièrement cette profession en indiquant la date et la nature des diplômes, titres et certificats dont elles sont effectivement pourvues. Cette liste est insérée au recueil des actes administratifs de la préfecture. Elle est remise au directeur départemental de la Santé qui la tient à la disposition des intéressés. Une copie certifiée est adressée au Ministre de la Santé publique.
ART.13. - Les masseurs-kinésithérapeutes et les pédicures, titulaires du diplôme d'Etat, peuvent porter les insignes respectifs conformes aux modèles établis par le Ministre de la Santé publique et dont l'usage leur est exclusivement réservé. Il leur est délivré en outre une carte professionnelle dont le modèle est également établi par le Ministre de la Santé publique.
ART.14. - Les masseurs-kinésithérapeutes et les pédicures se préparent à l'exercice, soit de l'une ou de l'autre profession, sont tenus au secret professionnel dans les conditions et sous les réserves énoncées à l'article 378 du Code pénal.
ART.15. - L'exercice illégal de la profession, soit de masseur-kinésithérapeute, soit de pédicure, est puni d'une amende de 1 000 à 5 000 francs ; en cas de récidive, d'une amende de 5 000 à 10 000 francs et d'un emprisonnement de six jours à six mois ou de l'une de ces deux peines seulement. L'usurpation d'un des titres visés aux articles 3 et 6 de la présente loi sera punie des peines prévues à l'article 259 du Code pénal.
ART.16. - La suspension temporaire ou l'incapacité absolue de l'exercice de la profession de masseur-kinésithérapeute ou de celle de pédicure peut être prononcée par les cours et les tribunaux accessoirement à toute peine, soit criminelle, soit correctionnelle, à l'exception toutefois, dans ce dernier cas, des peines ne comportant qu'une amende. Les personnes contre lesquelles a été prononcée la suspension temporaire ou l'incapacité absolue tombent sous le coup des peines prévues au premier alinéa de l'article 15 ci-dessus, lorsqu'elles continuent à exercer leur profession.
ART.17. - Les groupements professionnels régulièrement constitués de masseurs-kinésithérapeutes et de pédicures sont habilités à poursuivre les délinquants par voie de citation directe devant la juridiction correctionnelle sans préjudice de la faculté de se porter partie civile dans toute poursuite intentée par le ministère public.
ART.18. - Est abrogée la loi du 15 janvier 1943 relative à la profession de masseur médical ainsi que le décret du 9 février 1944 relatif à la délivrance du brevet de masseur médical. La présente loi délibérée est adoptée par l'Assemblée nationale constituante, sera exécutée comme loi de l'Etat.
Fait à Paris, le 30 avril 1946, Félix GOUIN Par le Président du Gouvernement provisoire de la République : Le ministre de la santé publique et de la population, R. PRIGENT. Le garde des sceaux, ministre de la justice, Pierre-Henri TEITGEN. Le ministre de l'intérieur, André Le TROQUER.
ANNEXE 4 : Décret n° 2000-577 du 27 juin 2000 modifiant le décret n° 96-879 du 8 octobre 1996 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession de masseur-kinésithérapeute.
(NOR : MESP0021636D), (Journal officiel du 29 juin 2000)
Le Premier ministre ; Sur le rapport de la ministre de l'emploi et de la solidarité,Vu le code de la santé publique, notamment les articles L. 4161-1, L. 4321-1, L. 4321-2 et L. 4381-2. Vu le décret n° 96-879 du 8 octobre 1996 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession de masseur-kinésithérapeute ; Vu l'avis de l'Académie nationale de médecine. Le Conseil d'Etat (section sociale) entendu ; Décrète :
Art. 1er. - L'article 2 du décret du 8 octobre 1996 susvisé est modifié comme suit :
I.- Il est ajouté à la fin du premier alinéa la phrase suivante : « Le masseur-kinésithérapeute communique au médecin toute information en sa possession susceptible de lui être utile pour l'établissement du diagnostic médical ou l'adaptation du traitement en fonction de l'état de santé de la personne et de son évolution. »
II. - Le deuxième alinéa est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés : « Dans le cadre de la prescription médicale, il établit un bilan qui comprend le diagnostic kinésithérapique et les objectifs de soins, ainsi que le choix des actes et des techniques qui lui paraissent les plus appropriés.« Ce bilan est adressé au médecin prescripteur et, à l'issue de la dernière séance, complété par une fiche retraçant l'évolution du traitement kinésithérapique, également adressée au médecin prescripteur. »
Art. 2. - L'article 6 du même décret est ainsi rédigé :« Art. 6. - Le masseur-kinésithérapeute est habilité à procéder à toutes évaluations utiles à la réalisation des traitements mentionnés à l'article 5, ainsi qu'à assurer l'adaptation et la surveillance de l'appareillage et des moyens d'assistance. »
Art. 3. - A l'article 7 du même décret, les mots : « Pour la mise en uvre des traitements prescrits par le médecin » sont remplacés par les mots : « Pour la mise en uvre des traitements mentionnés à l'article 5 ».
Art. 4. - I. - A l'article 8 du même décret, le c est ainsi rédigé :« c) A participer à la rééducation respiratoire ».II. - Au b de l'article 9, après les mots : « à pratiquer les aspirations rhinopharyngées », sont ajoutés les mots : « et les aspirations trachéales chez un malade trachéotomisé ou intubé ».
Art. 5. - La ministre de l'emploi et de la solidarité et la secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés sont chargées, chacune en ce qui la concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.Fait à Paris, le 27 juin 2000. Lionel Jospin. Par le Premier ministre : La ministre de l'emploi et de la solidarité, Martine Aubry. La secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés, Dominique Gillot.
ANNEXE 5 : Décret no 93-1037 du 30 août 1993 modifiant le décret du 29 mars 1963 modifié relatif aux études préparatoires et aux épreuves du diplôme d'Etat de masseur-kinésithérapeute
NOR : SPSP9302190D
Le Premier ministre, Sur le rapport du ministre délégué à la santé, Vu le HYPERLINK "http://ordmed.org/csp.html" code de la santé publique, livre IV, titre III, et notamment l'article L. 488; Vu le décret du 29 mars 1963 modifié relatif aux études préparatoires et aux épreuves du diplôme d'Etat de masseur-kinésithérapeute; Vu l'avis de la commission des masseurs-kinésithérapeutes du Conseil supérieur des professions paramédicales ; Décrète:
Art. 1er. - L'article 5 du décret du 29 mars 1963 susvisé est abrogé et remplacé par les dispositions suivantes: 7h¢ Åh#ÿh¢ Åhdrh¢ ÅhÃah¢ ÅhV½h¢ ÅhT¡h¢ Åh=¸5h¢ ÅhÚ95h¢ ÅhT¡5h¢ Åh#ÿ5h¢ ÅhYx5h¢ ÅhYx6h¢ Åh/±6h¢ Åh=¸h¢ Åh=¸6h¢ ÅhØPih¢ ÅhÒKh¢ ÅhÒK6h
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