SOMMAIRE - Lettres-Histoire dans l'académie de versailles
Le professeur rappelle que, dans le cadre du CCF, les candidats au CAP doivent
présenter oralement un ... (1) examen des documents 1 et 2 .... que l'essentiel du
texte lu à la maison est compris en projetant le questionnaire et un bref corrigé :
.... C'est à ce moment que l'enseignant pose la question : le Vésuve en 2009 ?
part of the document
Sommaire
HYPERLINK \l "_Présentation"Présentation page 1
Suzanne BOUDON
HYPERLINK \l "_La_bivalence_lettres-histoire"La bivalence lettres-histoire en lycée professionnel : page 2
un objet aux contours flous ?
Maryse LOPEZ
HYPERLINK \l "_Vivre_la_bivalence"Vivre la bivalence au quotidien : le témoignage des collègues page 18
Françoise BOLLENGIER, Christine ESCHENBRENNER
HYPERLINK \l "_La_bivalence_du"La bivalence du côté des élèves page 29
Françoise BOLLENGIER
HYPERLINK \l "_La_bivalence_lettres-histoire_"La bivalence lettres-histoire page 44
Ingrid DUPLAQUET, Régis SIGNARBIEUX
HYPERLINK \l "_La_bivalence_sur"La bivalence sur HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.f"www.lettres-histoire.ac-versailles.f page 59
Pierre BRUNET, Suzanne BOUDON
HYPERLINK \l "_Le_récit,_raconter"Le récit, raconter en histoire, un objet bivalent ? page 63
Régis SIGNARBIEUX
HYPERLINK \l "_Du_côté_des"Du côté des lettres-langues page 69
Françoise GIROD
HYPERLINK \l "_Dialogue_avec_Estelle,"Dialogue avec Estelle, PLP anglais-lettres page 75
Stéphane RENAULT
Présentation
interlignes est au rendez-vous de juin avec un numéro 42 consacré à « La bivalence en lettres-histoire » thème presque jamais abordé du fait de la place marginale de la bivalence dans lorganisation de lÉducation Nationale française. En effet, les professeurs bivalents de lettres-histoire et géographie qui enseignent aussi léducation civique, les professeurs danglais-lettres, exercent uniquement dans les lycées professionnels. Ce numéro apporte un regard neuf sur notre identité de professeur de lycée professionnel et des réponses à nos interrogations.
Maryse LOPEZ, qui conduit un travail de recherche sur lenseignement de la littérature dans lenseignement professionnel de 1945 à 1985, lance une réflexion sur cette bivalence « La bivalence lettre-histoire, un objet aux contours flous ? » en sappuyant sur lhistoire de lenseignement professionnel.
Françoise BOLLENGIER, Christine ESCHENBRENNER enquêtent auprès de quelques collègues sur « Vivre la bivalence au quotidien » pour tenter de cerner la construction de la bivalence sur le terrain, les avantages et les inconvénients relevés par ces professeurs.
Dans larticle « La bivalence du côté des élèves », Françoise BOLLENGIER rassemble les témoignages délèves autour de la question : « Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire et la géographie ? ».
Régis SIGNARBIEUX et Ingrid DUPLAQUET abordent la bivalence dans le cadre des stages de formation continue et nous livrent leur analyse sur « La bivalence lettres-histoire », exposent les conceptions de la bivalence, la place et le croisement des disciplines dans la bivalence.
Avec Pierre BRUNET, nous avons recensé les expériences pédagogiques, introduisant la bivalence, présentes sur le site académique et dans les anciens numéros du bulletin : « La bivalence sur HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr"www.lettres-histoire.ac-versailles.fr ».
À partir dun objet denseignement : le récit, Régis SIGNARBIEUX fait le constat des pratiques du récit en lycée professionnel et de son utilisation dans les classes : « Le récit, raconter en histoire, un objet bivalent ? ».
Françoise GIROD élargit notre champ de réflexion en allant voir « Du côté des lettres-langues ». Léchange quelle conduit donne la parole à deux inspecteurs danglais-lettres : Patricia LASAUSA et Marc LEWIN.
Enfin Stéphane RENAULT interviewe une professeure danglais-lettres qui enseigne le français. Dans «Dialogue avec Estelle, PLP anglais-lettres », il montre lintérêt, pour le professeur danglais, denseigner aussi cette discipline.
Avec ce numéro dinterlignes, léquipe de rédaction a donné une place importante à lenquête de terrain afin de mieux nourrir la réflexion sur la bivalence. La relecture a été réalisée avec laimable collaboration de Georges BÉNET et Pierre BRUNET.
interlignes poursuit sa mission de mutualisation des expériences. Le bulletin de liaison des PLP est encore, pour 2012, tiré sur papier, envoyé dans les lycées professionnels et publié sur le site des PLP lettres-histoire de lAcadémie de Versailles. Avec lère du tout numérique, vous retrouverez le bulletin uniquement sur le site académique en 2013. Nous vous souhaitons une bonne lecture.
Suzanne BOUDON
Coordonnatrice du numéro
La bivalence lettres-histoire en lycée professionnel :
un objet aux contours flous ?
En 1998, André Rettig alors IEN dans lacadémie de Toulouse, posait la question suivante : « La bivalence, pour quoi faire ? ». Cette question en apparence banale est pourtant celle que se pose tout jeune professeur qui entre dans le métier et qui va laccompagner durant toute sa carrière de professeur de lettres-histoire. Nous pourrions compléter cette question par une autre : Pourquoi la bivalence en lycée professionnel ? Cette dernière interrogation incite alors à se tourner vers le passé et à repenser la bivalence dans une perspective historique, en lien avec lhistoire même de lenseignement professionnel. Nous développerons donc dans cet article une approche diachronique de la bivalence lettres-histoire, approche qui nous paraît utile pour éclairer le présent et pour comprendre ce que signifie être aujourdhui professeur bivalent en lycée professionnel.
Bien que la bivalence soit une notion aux contours relativement flous, peu évoquée dans les programmes ou dans les discours officiels, bien que les recherches universitaires -plus particulièrement dans le champ de la didactique- soient quasi-inexistantes, la grande majorité des PLP LH lui sont attachés et considèrent ce statut constitutif de leur identité professionnelle.
Nous avions, à ce sujet et dans un autre contexte, souligné un apparent paradoxe : une adhésion en demi-teinte à lidée dêtre bivalent lorsquil était question des contenus denseignement et un attachement revendiqué lorsquil sagissait de pédagogie. Ce paradoxe est révélateur des tensions qui traversent lenseignement général en LP : dun côté, le souci de prendre en compte lélève, au centre des préoccupations du professeur de LP, de lautre, la nature des contenus à enseigner, tension donc entre un modèle universitaire monovalent et une réalité du métier qui conduit les enseignants à apprécier la bivalence. Or, les récentes évolutions de la voie professionnelle -baccalauréat en trois ans, alignement des programmes, disparition de toutes références au métier dans les programmes de français- reposent la question du croisement des deux logiques qui traversent la bivalence : logique verticale des disciplines et logique horizontale au croisement des disciplines. Comme le note Edgar Morin (1990), la discipline est « une catégorie organisationnelle au sein de la connaissance scientifique » ; elle sorganise selon des lois qui lui sont propres et qui lui assurent une certaine autonomie tout en sinscrivant dans un domaine de connaissances beaucoup plus large. La bivalence dans ce cas permettrait de pouvoir dépasser un cloisonnement disciplinaire ce qui, dans lenseignement professionnel, pourrait aider les élèves à appréhender la connaissance de manière plus globale.
La bivalence : un cadre de questionnement
Pour un professeur du second degré général et technologique, la notion de discipline peut apparaître comme un allant de soi de la même manière que certains objets nodaux qui la constituent semblent relever de la « naturalisation » de lobjet enseigné : la littérature ou la grammaire pour la discipline français, le document comme fondement de la démarche historique en histoire ou encore le paysage en géographie. Ainsi dans lenseignement secondaire a-t-on lhabitude de penser lorganisation scolaire autour des disciplines, dailleurs fortement hiérarchisées selon le segment scolaire. Il suffit pour cela de regarder la façon dont elles sont déclinées dans les bulletins scolaires. Or de nombreux chercheurs dont plus particulièrement André Chervel ont montré que cette notion de discipline est en fait une invention récente. Dans un article qui a fait date dans lhistoire des disciplines scolaires (1988/1998) et par voie de conséquence dans le champ de la didactique, ce chercheur montre comment à la fin du XIXème siècle et au début du XXème le développement de lenseignement secondaire saccompagne dun renforcement de lorganisation de lenseignement en découpage disciplinaire. Dans cette organisation sérielle, toute remise en question des découpages disciplinaires peut alors apparaître comme dangereuse aux yeux des acteurs (Forquin 1990) et expliquer en partie la méfiance et la suspicion qui entourent les enseignements bivalents.
Lhistoire de linstitution scolaire peut aider à comprendre le poids des disciplines dans lenseignement secondaire français. À partir de 1880, le développement de ce quon appelle les enseignements intermédiaires ou lécole moyenne (Chapoulie 2010) obéit à deux mouvements spécifiques dune organisation par ordres et non par degrés comme nous la connaissons aujourdhui. En effet, le développement de lenseignement au-delà du primaire obéit à deux logiques au départ distinctes : la diversification du secondaire dune part, avec lenseignement spécial de Victor Duruy, enseignement secondaire sans latin, et la prolongation de la scolarité du primaire dautre part, avec la création des écoles primaires supérieures. Celles-ci proposent une poursuite détudes de 3 à 4 ans aux élèves du primaire. Il serait trop long ici de reprendre lhistoire de ces deux enseignements mais selon que lon se situe du côté du secondaire ou du primaire, limportance accordée aux disciplines est différente. On ne peut pas dire que lenseignement primaire ignore totalement les spécificités disciplinaires mais la polyvalence des maîtres et les finalités de cet enseignement limitent les conflits de territoire des disciplines tels quon peut les trouver dans le secondaire. Lhistoire, cependant, montre comment la première logique va lemporter sur la seconde. Lenseignement spécial va dès 1891 devenir sections modernes des lycées, les écoles primaires supérieures vont se rapprocher du collège dès 1936 sous linfluence du ministre de lÉducation nationale dalors : Jean Zay. Cette assimilation va paradoxalement saffirmer en 1941 lorsque le ministre Jérôme Carcopino décide, pour des raisons idéologiques dintégrer les écoles primaires supérieures au collège. Il y voit là un moyen de limiter laction des instituteurs considérés comme dangereux pour le gouvernement de Vichy. Au lendemain de la guerre, lenseignement primaire a donc perdu son plus beau fleuron, lécole primaire supérieure, et le secondaire affirme sa suprématie, renforçant par là-même le poids des disciplines dans un système qui sorganise non plus autour des seules humanités classiques mais autour des enseignements littéraires dun côté et des enseignements scientifiques de lautre.
Ce rapide détour par lhistoire montre combien le modèle du secondaire est un modèle qui a absorbé tous les autres au fur et à mesure que le système éducatif glissait du verticalisme vers lhorizontalisme.
Cest donc dans ce contexte historique quil faut penser la bivalence qui constitue lune des spécificités fortes de lenseignement général dans les enseignements professionnels. Plusieurs questions se posent alors. Cette bivalence tient-elle à la filiation de lenseignement professionnel, au croisement du primaire et du secondaire ? Le maintien de la bivalence serait-il le signe dune survivance de lordre primaire comme lont envisagé Christian Baudelot et Roger Establet dans Lécole capitaliste en France faisant référence à la survie dun ordre primaire professionnel face à un ordre secondaire supérieur ? Participe-t-elle de la manière dont on perçoit, depuis la fin du XIXème siècle, le modèle culturel à proposer aux futurs ouvriers et aux futurs employés ? Est-elle le signe de la place occupée par les enseignements généraux dans les filières professionnelles qui, comme le note Vincent Troger dans un article du Café pédagogique, sont dans ce segment scolaire des enseignements dominés ? Sans doute faudrait-il répondre à chacune de ces questions pour pouvoir comprendre comment la bivalence est aujourdhui constitutive de lenseignement général en lycée professionnel. Nous essaierons ici den aborder certaines en appréhendant notre sujet dun point de vue diachronique. Cette approche historique peut en effet aider à comprendre le maintien de ce corps de professeur bivalentet ce, malgré lélévation du niveau de recrutement des professeurs denseignement général en LP et la création en 1985 dun baccalauréat professionnel qui a permis à lenseignement professionnel de sortir de son statut de technique court pour se rapprocher de lenseignement général et technologique.
La bivalence : une histoire
1945-1966 : La bivalence, une question qui ne se pose pas
Pour comprendre les spécificités de la voie professionnelle, il nous faut donc repartir de 1880, époque où la formation professionnelle recoupe deux réalités différentes : les écoles manuelles dapprentissage dun côté qui après de multiples transformations deviendront les actuels lycées technologiques et les enseignements professionnels de lautre qui, avant 1945, désignent l'enseignement élémentaire donné dans des cours du soir ou du dimanche pour former des employés de commerce ou des ouvriers (dictionnaire de Ferdinand Buisson). Au moment de sa création en 1945, lenseignement professionnel, sous la tutelle de lÉducation nationale, se trouve au croisement de ces deux héritages mais la filiation avec le primaire semble cependant lemporter tout au moins en ce qui concerne les épreuves de certification. On peut en effet lire au sujet du programme dexamen de certains CAP quil sagit de consolider « les connaissances acquises à lécole primaire en vue du CEPE » et de choisir « les lectures et les textes (
) de manière à avoir un rapport avec la profession. » (Programmes de français des centres dapprentissage, 1946). Il est par exemple stipulé pour un CAP dArts ménagers de 1946 que « lépreuve de français portera soit sur le programme de morale familiale soit sur celui déconomie domestique, dhygiène de puériculture ou de savoir vivre ». Les programmes de 1946, quant à eux, insistent sur la nécessité de la formation intellectuelle dune part et sur le rôle des disciplines générales comme adjuvant des disciplines professionnelles dautre part. On peut en effet lire :
« Le français, lhistoire et la géographie, le calcul et les sciences de lobservation constituent la formation intellectuelle. Par elle, il faut instruire le garçon de façon telle quil sente lutilité et les besoins de cette instruction, en même temps que séveillent chez lui la curiosité et, sil est particulièrement doué, le goût de la lecture. »
Le français doit également aider lélève « à la compréhension des textes techniques quil devra lire pendant son apprentissage et au sortir du Centre pour son enrichissement » (Instructions sur les programmes et les méthodes des centres dapprentissage de garçons, 1946).
Par ailleurs, les élèves accueillis dans les centres dapprentissage, ancêtres des actuels lycées professionnels, sont issus des classes de fin détudes et les enseignants en charge des enseignements généraux sont des instituteurs souvent proches des mouvements déducation populaire. Instituteurs militants, soucieux de développer une culture adaptée au profil des élèves, ils se font défenseurs tantôt dune culture ouvrière, tantôt dune culture prolétarienne, tantôt dune culture générale. Mais, dans tous les cas, ils partagent lidée dune culture populaire centrée sur le monde du travail et les pédagogies actives. Cette représentation de la culture à donner aux futurs ouvriers se distingue donc dans ses finalités et ses contenus de celle proposée dans le secondaire. Cest ainsi que lon peut lire dans les instructions de 1946 des propos qui aujourdhui peuvent étonner :
« La nécessité dune culture est évidente : il ne peut suffire dapprendre au garçon ce qui est utile à lexercice de son métier, mais bien de lui ouvrir laccès aux satisfactions auxquelles il a droit en tant quouvrier, Français et homme. La culture permet à chacun de dépasser la routine quotidienne à laquelle, sil ne réagissait pas, il serait réduit, pensant et travaillant dans un monde irrémédiablement clos. Une conception bourgeoise réduit trop souvent ce dépassement à la seule culture des humanités classiques. »
On voit bien ici comment ce que les programmes appellent un peu plus loin « les humanités techniques » est pensé en opposition au secondaire général. Dans ce contexte, la notion de discipline ne paraît donc pas pertinente et il est plus juste de parler denseignements. Se pose alors la question de ce quHervé Terral (2009) nomme le « tiers enseignement » au croisement de lenseignement primaire et secondaire et qui, de par sa polyvalence et sa visée globalisante allait pouvoir peser face aux enseignements des disciplines professionnelles. Pour répondre à ce besoin, un concours national de recrutement de professeurs bivalents est mis en place en 1949, installant durablement la bivalence dans lenseignement professionnel malgré lintégration de plus en plus importante de celui-ci dans le système éducatif global.
La bivalence voire la polyvalence des enseignants ne constitue en rien un obstacle. Le fait quun même enseignant enseigne le français, lhistoire et la géographie, la législation du travail, linstruction civique et la morale semble, alors, pouvoir répondre à la volonté de donner aux élèves une culture globale, ouverte sur la vie et qui leur permette non seulement de dominer le métier, de comprendre le monde mais également de sinscrire dans un processus de promotion sociale. Les enseignements généraux participent donc de ce projet global et les finalités des enseignements dépassent largement le cadre habituel des disciplines. Lidée de doter les élèves dune culture dont la finalité émancipatrice est fortement affirmée ne semble pas compatible avec une trop forte centration sur les cultures disciplinaires dautant que lhistoire et la géographie mais également la littérature sont absentes des épreuves certificatives.
La relation entre les deux enseignements se fait essentiellement autour de valeurs communes « préparer le garçon à sa vie dhomme, douvrier et de français » et plus particulièrement autour de celles qui renvoient à la culture nationale. Ainsi peut-on lire dans les programmes dhistoire : « Un peuple qui perd la mémoire de son passé et qui ignore jusquà son comportement actuel, comme un peuple qui ne sait plus sa propre langue nest pas loin de sa perte ». Elle se fait également à partir de lorganisation de lenseignement du français autour des centres dintérêt hérités du primaire. Ainsi, à partir dun travail autour des loisirs on propose en français les activités suivantes :
« Écrire une lettre au chef de gare pour lui demander le remboursement dun billet inutilisé, le voyage ayant été retardé et le billet pris. »
« Faire un compte rendu dun voyage que vous avez eu à faire ces derniers temps. Difficultés et joies quil vous a procurées. »
Et en histoire, il sagit de réfléchir aux « débuts du chemin de fer et à lévolution des transports ». Dans ces premières instructions les disciplines et leur contenu sont donc largement subsumés sous la formation globale de lapprenti et sous « la culture ouvrière », explicitement développée par les prescripteurs qui recommandent de :
« Ne jamais se laisser entraîner par lintérêt de chacune des disciplines [
]. Il importera donc de confronter méticuleusement les notions quon va leur emprunter avec les nécessités de la vie et du métier. »
La culture ouvrière se veut, en effet, structurante de toute la formation intellectuelle des futurs ouvriers. Le lien réfléchi entre les deux disciplines apparaît donc comme tout à fait secondaire par rapport à la relation que le professeur denseignement général se doit dentretenir avec les métiers pour répondre à cet ambitieux projet de formation globale.
Ainsi la relation entre les deux disciplines peut, aux yeux du professeur daujourdhui, paraître surprenante. Dans le cahier dhistoire dun élève de centre dapprentissage de 1956, on trouve une leçon consacrée au Romantisme, après la leçon sur les doctrines socialistes et avant celle consacrée à la troisième république (annexe 1). Dans le cahier de français consacré à lexplication de textes, aucun texte décrivains romantiques nest cependant présent. La leçon, qui apporte des connaissances sur le Romantisme, semble être plus légitime du côté de lhistoire que du français qui se centre davantage sur les auteurs. La relation tient davantage à une distribution des savoirs : le contexte du côté de lhistoire, le texte et son auteur du côté du français. Cette répartition des contenus est révélatrice dune impossible rencontre entre lintérieur et lextérieur du texte. Nous pourrions faire le même constat concernant les manuels de français ou dhistoire dont une grande majorité ont été écrits jusque dans les années 60 par des enseignants du primaire. Cette analyse nous conduit à avancer lidée que la relation entre les deux enseignements ne constitue pas une préoccupation majeure à lépoque puisque les programmes distinguent comme principe structurant non les disciplines comme dans le secondaire mais les enseignements littéraires versus les enseignements scientifiques. Cette distribution des savoirs différents selon les époques questionne par ailleurs lidée fort répandue du caractère essentialiste des disciplines et tend à montrer laspect momentané des configurations disciplinaires. Mais à lépoque, lessentiel reste de doter les élèves de repères culturels qui, comme le suggèrent les programmes de 1954, doivent leur permettre de se construire sur le plan professionnel mais aussi personnel.
« Il nest pas aujourdhui de citoyen vraiment conscient sil ne connaît lessentiel de la géographie du monde : le quotidien le plus banal le promène chaque jour ici ou là sur le globe et évoque les faits du passé que le présent rappelle (
). Le même journal ne sinterdit pas non plus les allusions littéraires. ». Les enseignements littéraires doivent permettre doccuper ses loisirs : « Apprécier une lecture, savourer un beau poème, goûter une uvre dart, quelles excellentes façons de meubler ses loisirs, de sélever soi-même, denrichir sa vie professionnelle comme sa vie extra-professionnelle ! ».
On peut alors se demander si la prise en compte de la bivalence va davantage se faire au moment où les enseignements du français, de lhistoire et de la géographie entament un processus de « disciplinarisation » et où lhistoire et la géographie deviennent des épreuves certificatives, ce qui nétait pas le cas dans les périodes précédentes où seul le français était évalué. Il apparaît en effet que dans la configuration précédente où le métier prime, il est difficile de considérer chacune des disciplines pour ce quelles sont. Lenseignant bivalent est alors avant tout un enseignant au service du métier et la bivalence na dintérêt que si elle sinscrit dans cette perspective.
Les nouveaux programmes de 1954 et les instructions pédagogiques (27 octobre 1960) qui vont les accompagner au moment de la réforme Berthoin (1959) se rapprochent dune configuration plus classique et relèguent au second plan la question des relations entre les disciplines enseignées par le professeur bivalent. Celui-ci reste avant tout enseignant de français et plus particulièrement de langue avant dêtre un enseignant dhistoire et de géographie.
Largement ignorée des prescripteurs, la réflexion sur la bivalence apparaît toutefois dans certains manuels comme celui dAndré Rougerie, professeur à lENNA de Nantes prenant la forme dune contextualisation du texte étudié.
Ainsi, un poème de Victor Hugo, « Melancholia », est accompagné des questions suivantes : « Quels détails ont frappé le poète dans ce cortège denfants ? Quel sentiment éprouve-t-il à leur égard ? Quel sentiment traduit le poète? ».
« Avez-vous ou non limpression que le poète traduit une émotion vraie ? ».
Ces questions, centrées sur lauteur et sa subjectivité, poussent le concepteur du manuel à poser la question du vrai en littérature. La partie intitulée « le texte et lhistoire » dans laquelle est rappelée la situation des enfants dans lindustrie semble alors constituer la dimension objective qui permet de répondre à la dernière question posée sur le texte dHugo.
1970-2009 : la bivalence, une configuration qui relève de lévidence
À partir de la création du BEP (1966) et la refonte des programmes de CAP en 1973, laccent est mis dune part sur la notion de compétences et dautre part sur limportance dun enseignement général ouvert sur la vie. Dans un contexte de modernisation des disciplines, la bivalence est pensée autour dune tentative de création de ce que Jean Paul Courbon qualifie de néo-discipline : la connaissance du monde contemporain. Comment, alors, dans ce nouveau contexte disciplinaire, la bivalence va-t-elle pouvoir se décliner ? Les prescriptions, une fois de plus, restent très laconiques sur les contenus à travailler : « cest pourquoi aussi les programmes dexpression française ne sintéressent plus à tel ou tel auteur considéré en lui-même ou à létude de la littérature proprement dite. En revanche, ils proposent létude de thèmes qui font écho aux préoccupations majeures dune époque et aux problèmes de la condition humaine. »
Malgré une allusion rapide dans les programmes de français de CAP (Instructions n° 73-303 du 25 Juillet 1973) : « il nest ni nécessaire ni possible de faire entrer dans un thème toute lactivité de la classe, le souci de lactualité, celui de la variété, les liaisons à établir avec lhistoire et la géographie, interdisent de sasservir à un seul procédé. »
La bivalence, reste très largement ignorée. Cette absence de réflexion sur le lien entre les deux disciplines, à un moment où lhistoire et la géographie prennent le nom de « connaissance du monde contemporain » se rapprochant ainsi de lautre discipline enseignée, ne peut quétonner.
Les programmes de français de BEP reposent, quant à eux, sur une approche diachronique des textes qui suffit à établir la relation : « le professeur sefforcera de renouveler lintérêt des études de textes en orientant son choix [
] vers des thèmes qui permettront de constater, dune part la pérennité des grands problèmes humains, dautre part les caractères particuliers quils revêtent au cours des XVIIIème, XIXème et XXème siècles (programmes de BEP, arrêté du 24 Février 1969). »
Le thème semble alors suffisamment structurant pour pouvoir établir des liens quil suffit de pointer, par exemple : « En utilisant les écrits des grands romanciers, des historiens et des poètes, on pourra évoquer le type de paysan et la condition paysanne ». Ainsi dans un manuel de CAP de 1980, un chapitre est consacré au monde du travail. On y trouve des textes de Jean-Jacques Rousseau, Émile Zola, Henri Vincenot, Louis Aragon, Pierre Drouin et Claire Etcherelli ; contrairement à lexemple précédemment évoqué, la perspective historique ouvre le chapitre.
« En un siècle le machinisme a substitué lusine à latelier, louvrier à lartisan ou au compagnon dautrefois et provoqué la naissance dun énorme prolétariat urbain ; les conditions de travail et de vie des ouvriers, leurs conditions sociale et légale ont été radicalement transformées
»
La bivalence, plus que de solliciter une réflexion sur la manière darticuler les savoirs et savoir-faire disciplinaires, conduit à diluer les disciplines. Ainsi le texte en français devient-il un document au même titre quen histoire : ainsi cette question qui accompagne un passage de lÉducation sentimentale : « On a reconnu à Flaubert et notamment en ce qui concerne la relation des événements de 1848 des soucis dhistorien et des scrupules de chroniqueur. Quelle est votre opinion à cet égard ? (Revoir les pages dun manuel dhistoire qui étudient la révolution de 1848) ».
Cest donc du côté des compétences que la bivalence va pouvoir se construire : lire un texte, faire une synthèse, mettre en rapport texte et image
Les programmes de baccalauréat de 1987, 1995 et 2009 vont poursuivre le processus de disciplinarisation entamé avec les BEP et les références à la bivalence ne seront guère plus nombreuses autant dans les programmes que dans les manuels. Bien au contraire, les programmes semblent cliver les disciplines enseignées par le professeur bivalent. Dans les préambules, les liens avec lhistoire et la géographie sont parfois soulignés mais au même titre quavec dautres disciplines : art, langue vivante, et plus récemment histoire des arts. Et lorsque les manuels prennent en compte la relation avec lhistoire, cest davantage dans la perspective de lanalyse des discours que dans un éventuel lien avec lhistoire. Le travail généralement proposé dans les manuels relève des indices dénonciation sans pour autant se saisir de ceux-ci pour réfléchir le lien entre la littérature et lhistoire par exemple. Si la relation apparaît plus souvent au sein même de la discipline français que dans les années 1950, elle nest pas pour autant construite et les propositions faites relèvent essentiellement de la monovalence. Il semblerait donc que le cloisonnement disciplinaire demeure malgré les quelques incitations comme celles émanant de lInspection de lAcadémie de Versailles. « Comme pour les autres sections d'enseignement professionnel, le professeur de lettres-histoire articule l'enseignement du français à celui de l'histoire et de la géographie en ce qui concerne les compétences et les méthodes de travail mais aussi les thèmes d'étude. Il participe par ailleurs à l'enseignement de l'éducation civique, juridique et sociale (ECJS), en concertation avec les autres enseignants concernés (VSP, Économie et gestion tout particulièrement). »
Il est dailleurs intéressant de noter à ce propos la référence aux thèmes qui apparaît depuis lorigine comme un élément structurant des enseignements bivalents.
Les récents programmes de Baccalauréat professionnel, malgré une allusion à la bivalence dans les programmes dhistoire et de géographie, naccordent pas une attention particulière à celle-ci. Les thèmes proposés en français ne sont pas communs à ceux qui sont imposés en histoire, sauf à quelques rares exceptions (humanisme et renaissance en seconde, colonisation et décolonisation en terminale).
Cette rapide histoire de la bivalence dans lenseignement professionnel montre à quel point celle-ci semble relever dune évidence au point que le statut même de professeur bivalent devrait pouvoir fédérer une alchimie que ni les prescriptions ni les manuels ne semblent avoir vraiment réfléchie. Jamais vraiment pensée ni théorisée, elle participe dun souci defficacité, pédagogique et éducative. Et au niveau didactique il semble, au travers des exemples analysés, que la présence de lhistoire dans la discipline français ou inversement ne suffise pas à construire des objets spécifiques.
La bivalence : Du côté des pratiques
Paroles de professeurs bivalents
À ce moment de notre réflexion, si nous reprenons le cadre proposé par les sociologues du curriculum autour des notions de curriculum prescrit et de curriculum réel, il semble que la faiblesse du curriculum prescrit en matière de bivalence oblige à considérer les pratiques. Nous pouvons en effet faire lhypothèse que les PLP Lettres-histoire et géographie construisent la bivalence au fur et à mesure de leur carrière. Pour tenter dapprocher cet aspect, jai tenté dappréhender au travers des pratiques les représentations de la bivalence. Je me suis appuyée sur des entretiens menés auprès de professeurs confirmés et sur un travail fait par une stagiaire PLP Lettres-histoire et géographie.
Pour les enseignants confirmés, la bivalence est avant tout une façon de mieux accompagner lélève pour laider à faire les liens quil ne ferait pas sans son aide. Cest aussi une façon de pouvoir gérer le temps pour pouvoir concilier au mieux le programme denseignement et le nombre dheures réservées au français à lhistoire et à la géographie.
« Elle nest pas naturelle si le professeur na pas fait les études universitaires mais elle est intéressante car tout simplement en lycée professionnel on manque dheures. »
Aux yeux des enseignants interrogés, elle apparaît cependant comme plus difficile à mettre en uvre avec les nouveaux programmes : « avec les anciens programmes on avait une assez grande liberté : pas de périodes imposées en termes de connaissances et de choix. On était plus libre. Les nouveaux programmes sont davantage axés sur des compétences que sur des connaissances. De plus, il est difficile de croiser les programmes. Mais les compétences transversales sont à travailler. »
« La bivalence nest pas un mélange de tout car il y a des savoirs et des compétences spécifiques aux disciplines. Ça ne doit pas servir à faire tout et nimporte quoi. Je prends un exemple. Étudier la Seconde Guerre mondiale à travers un roman, ce nest pas faire de la bivalence. Ça va devenir de la bivalence à partir du moment où il y aura un apport spécifique en français qui permettra de construire des connaissances et des compétences spécifiques à lhistoire. Dans ce cas, la bivalence facilite la complémentarité. »
Dans la plupart des cas, les professeurs soulignent cependant les difficultés à envisager un équilibre réel entre les disciplines. Lune semble toujours au service de lautre. Ainsi certaines séquences de français, lorsque les textes étudiés le permettent, ont-elles une coloration historique. Cest le cas, par exemple, dun roman comme la Bête humaine qui convoque en amont un cours sur lhistoire des techniques. On peut toutefois se demander si cette verticalité qui demeure dans le cadre de la bivalence est véritablement un obstacle à partir du moment où on pense les connaissances en lien avec les compétences telles quelles sont déclinées dans le socle commun.
Enfin la bivalence peut consister à sapproprier des pratiques travaillées en français pour faire de lhistoire.
La bivalence ça peut aussi être le fait de se mettre dans une situation énonciative particulière, par exemple se mettre à la place dun personnage historique pour sapproprier des savoirs en histoire. Dans lobjet détude « les grandes découvertes », je dis à mes élèves : « Vous êtes Christophe Colomb et vous allez relater dans une lettre écrite par lui les évènements les plus importants. » Cest une façon dutiliser des savoirs et des savoir-faire travaillés en français pour mémoriser des savoirs en histoire.
Ces différents témoignages montrent combien la pratique de la bivalence prend des contours différents selon les professeurs interrogés et leur formation dorigine. Elle apparaît comme le résultat dun tâtonnement expérimental qui demanderait à être théorisé en étant mis à lépreuve des concepts construits dans le cadre des didactiques disciplinaires qui analysent la construction des objets propres aux disciplines. La bivalence reposant sur lidée dun enseignement intégré et non cloisonné, il paraît essentiel de pouvoir repenser la spécificité des objets construits dans ce cadre par des professeurs aujourdhui en très grande majorité de formation historienne.
Se construire comme professeur bivalent
Il ma paru par ailleurs intéressant dans un article comme celui-ci de présenter un travail de professeur débutant qui au travers dun mémoire professionnel tente de réfléchir à la spécificité de son statut, à la bivalence quelle définit demblée non comme deux disciplines mais comme « deux matières en interpénétration du point de vue des savoirs et des savoir-faire enseignés » Cette jeune professeure, pour approcher la bivalence, a choisi de travailler Lettres de poilus, texte qui permet de croiser deux points de vue très différents : celui du littéraire et celui de lhistorien. Lintérêt de ce travail est de partir dune posture heuristique consistant à poser la question de la pertinence du croisement des points de vue pour développer une connaissance plus complète du sujet abordé. Sappuyant sur les concepts développés par Edgar Morin de « migrations inter-poly-trans-disciplinaires » et de « métadisciplinarité », elle sest intéressée à ce quelle appelle « la rupture des frontières ». Cette approche ma paru particulièrement intéressante car au-delà de la bivalence lettres-histoire, elle pose la question plus large de lévidence des couples. Est-il en effet plus naturel denseigner les lettres et lhistoire que les lettres et les langues ? Pourquoi ne pas envisager un couple lettres-arts ? Enseigne-t-on de la même façon les lettres si on est bivalent avec lhistoire ou avec les langues ?
« Le littéraire et lhistorien parlent-ils la même langue pour se comprendre et sont-ils mus par les mêmes préoccupations ? Il nous faut postuler que chaque discipline adopte un « angle de vue » ou un prisme au travers duquel elle aborde son sujet détude, il ne sagit donc pas de rendre indistinctes les lettres et lhistoire, mais de comprendre dans quelles mesures des connaissances disciplinaires et des compétences peuvent « circuler » dun cours à lautre pour en optimiser la richesse en termes de savoirs et savoir-faire : tel est lenjeu de ce travail. »
Cest donc la logique interdisciplinaire que ce mémoire tente de travailler pour penser la bivalence seul outil susceptible, selon son auteur, de « répondre aux interrogations des élèves qui brisent toutes frontières disciplinaires » car « leurs questions incarnent en effet ce va et vient continu entre préoccupations dhistorien et préoccupations littéraires ».
La présentation de la séquence se trouve en annexe 2 et cest sur lune des séances que nous nous attarderons ici. Il est en effet demandé aux élèves décrire la lettre de la femme dArthur en réponse à la lettre envoyée le 16.04.1917, page 124, collection librio.
16 avril 1917
Je suis heureux malgré tout, mais il me manque encore des tas de choses pour que le bonheur soit complet ; cest la destinée, jespère quand même que ma belle étoile ne me quittera pas, mais seulement voilà, lattaque est à 8 heures du matin et il ny a plus détoiles.
Arthur
Les élèves ont la fiche méthode qui suit :
Fiche méthode pour créer un personnage
Exemples de personnages vivant à lArrière
Un parent proche, une fiancée ou une épouse, une marraine de guerre, un poilu rapatrié
.
Méthode
Choisir la lettre initiale à laquelle vous souhaitez répondre.
Faire un bref résumé de cette lettre.
Choisir le personnage narrateur et définir :
son nom, son prénom, son âge, son sexe, et son caractère
son milieu social, son lieu dhabitation et son activité
son niveau de langue
son lien avec le poilu et son degré dintimité
Choisir le destinataire :
un poilu ou autre
Identifier lobjet de la lettre.
Identifier le ton de la lettre.
Vous devez observer lexistence de la censure et lexactitude des faits rapportés.
et les critères dévaluation suivants :
Critères dévaluation de la lettre
Respecter la forme de la lettre : mise en page, paratexte.
Écrire à la première personne.
Prendre en compte le destinataire dans sa lettre.
Prendre en compte le contexte socio-historique.
Respecter le niveau de langue adapté.
Utiliser des modalisateurs de subjectivité.
Insérer des éléments qui permettent de se représenter la grande guerre.
Manifester un point de vue.
Tenir compte des remarques et des corrections du 1er jet.
Jai par la suite proposé ce travail à un groupe de stagiaires en leur demandant décrire une lettre telle quon aurait pu lattendre des élèves.
De Marie Ambert
à Arthur Ambert
Paris le 18 Avril 1917
Cher Arthur,
Je técris cette lettre sans savoir si tu as survécu à lattaque du 17 avril mais je sais que notre bonne étoile te protégera une fois de plus. Dailleurs lIntransigeant de jeudi mest parvenu aujourdhui et il nest pas fait allusion à des batailles ou à des morts. Peut-être est-ce simplement pour nous rassurer ?
Pourtant je minquiète. Le retour de certains complètement défigurés (tu sais on les appelle « les gueules cassées ») me laissent parfois envisager le pire. Te reverrai-je un jour et si oui comment me reviendras-tu ?
A Paris, les beaux jours arrivent mais je crains tellement la « grosse Bertha » que je namène plus notre petit Antoine au jardin public. Il y a des milices de surveillance partout et Antoine a très peur. Je ne peux plus travailler à Auteuil car Marie est morte de la tuberculose et personne ne peut garder le petit. Je fais donc quelques ménages chez Henriette.
Tu nas pas oublié quAntoine va avoir un an et chaque soir je lui parle de toi. Chacun de ses regards me rappelle ta présence. Fais attention à toi car cette guerre ne doit pas nous séparer.
Nous taimons infiniment.
Marie et Antoine
Ce travail qui tente une articulation des connaissances disciplinaires en lettres et en histoire autour dun projet commun permet dans une perspective de complémentarité de croiser une lecture littéraire enrichie par une étude historique même si la logique disciplinaire du français est ici dominante. Il sagit de traiter un sujet commun au travers de deux regards complémentaires : celui de lhistorien connaissant les faits et celui du littéraire étudiant une écriture marquée par la subjectivité. Cela permet à lélève de mobiliser des connaissances et des compétences transversales. Dans ce cas, les savoirs en histoire sont des ressources pour le français et les compétences du français des ressources pour lhistoire.
Ainsi au travers des témoignages et de lexemple de ce professeur débutant, la bivalence est loin dapparaître comme une évidence, ce que les prescriptions et les manuels auraient pu laisser croire. Elle suscite, en effet, chez les professeurs soucieux de la mettre à profit sur un plan didactique, des interrogations et des pratiques très variées. Dans tous les cas, elle semble prendre en compte le souci exprimé par les prescriptions dès 1945, celui de pouvoir dépasser le cloisonnement disciplinaire pour pouvoir répondre de manière plus globale aux interrogations des élèves. Elle reste cependant un champ très largement ignoré par la recherche qui sintéresse peu aux enseignements généraux dans lenseignement professionnel.
Maryse LOPEZ
Professeure de lettres-histoire
Formatrice IUFM
EMA - Université de Cergy-Pontoise
Bibliographie
BAUDELOT C., ESTABLET R. (1971), Lécole capitaliste en France, Maspero.
BLANCHARD-LAVILLE C. (2000) De la co-disciplinarité en sciences de léducation Revue française de pédagogie, n° 132, pp 55-66.
BRUCY G. (1998), Histoire des diplômes de lenseignement technique et professionnel (1880-1965), Létat, lEcole, les Entreprises et la certification des compétences, Paris, Belin.
CASPARD P. (dir) (1989), Un chantier déserté : l'histoire de l'enseignement technique, Formation Emploi, numéro spécial : L'Enseignement technique et professionnel. Repères dans l'histoire (1830-1960) n° 27-28, juillet-décembre 1989, pp. 193-197.
CHAPOULIE J. M. (2010) Lécole détat conquiert la France, deux siècles de politique scolaire, Presses universitaires de Rennes, collection histoire.
CHARLOT B., FIGEAT M. (1985), Histoire de la formation des ouvriers : 1789-1984, Paris, Editions Minerve.
CHERVEL A. (1988/1998), Lhistoire des disciplines scolaires. Réflexions sur un domaine de recherche, Histoire de léducation n° 38, Paris, INRP, p. 59-119, repris dans CHERVEL A. (1998), La culture scolaire. Une approche historique, Paris, Belin, p. 9-56.
CHERVEL A. (2005), En quoi une culture peut-elle être scolaire ?, dans Jacquet-Francillon F. et Kambouchner D. (dir.), (2005), La crise de la culture scolaire, Paris, PUF, p. 77-85.
COURBON J. P. (1998), Lévolution des programmes dhistoire dans lenseignement professionnel (centres dapprentissage, CET, LEP, LP), de 1945 à 1995 dans L'histoire et la géographie dans l'enseignement professionnel depuis 1945 : hommage à Jean-Paul Courbon, Toulouse : Groupe de recherche en histoire immédiate.
FORQUIN J. C. (1990), Savoirs scolaires, contraintes didactiques et enjeux sociaux, Sociologie et sociétés, vol. 23, n° 1, pp. 25-39.
GRIGNON C. (1971), L'Ordre des choses, les fonctions sociales de l'enseignement technique, Paris : Éditions de Minuit.
JELLAB A. (2008), Sociologie du lycée professionnel : l'expérience des élèves et des enseignants dans une institution en mutation, Toulouse, Presses universitaires du Mirail.
LEON A. (1965), Formation générale et apprentissage du métier, essai sur la psychopédagogie de l'enseignement technique, Paris, Presses universitaires de France.
LEON A. (1968), Histoire de l'éducation technique ,2ème édition mise à jour, Paris, Presses universitaires de France.
LOPEZ M. (2010), Enseigner le français en lycée professionnel. Quels changements dans le métier ?, Le français aujourdhui, n° 171.
MORIN E. (1990), Carrefour des sciences, Actes du Colloque du Comité National de la Recherche Scientifique Interdisciplinarité, Editions du CNRS.
MORIN E. (1997), Sur la transdisciplinarité. Guerre et paix entre les sciences. Disciplinarité, inter et transdisciplinarité, Revue du MAUSS, n° 10.
PELPEL P., TROGER V. (1993), Histoire de lenseignement technique, Paris, Hachette Education, coll. Pédagogies pour demain.
PROST A. (1992), Éducation, société et politiques: une histoire de l'enseignement en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil.
RETTIG. A. (1998), La bivalence, pour quoi faire ? dans L'histoire et la géographie dans l'enseignement professionnel depuis 194 5: hommage à Jean-Paul Courbon, Toulouse : Groupe de recherche en histoire immédiate.
TANGUY L. (1983), Les savoirs enseignés aux futurs ouvriers, Sociologie du Travail, XXV, n° 3, juillet-septembre 1983, pp 336-354.
TANGUY L. (1991), Quelle formation pour les ouvriers et les employés en France ?, Paris, La Documentation française.
TANGUY L. (2000), Histoire et sociologie de lenseignement technique et professionnel en France : un siècle de perspective, Revue française de pédagogie, n° 131, p. 97-127.
TANGUY L. (1991), Lenseignement professionnel en France. Des ouvriers aux techniciens, Paris, Presses Universitaires de France.
TERRAL H. (2009) Eduquer les pauvres, Former le peuple, Généalogie de lenseignement professionnel français, LHarmattan.
TROGER V. (1989), Les centres dapprentissage de 1940 à 1960 : le temps des initiatives, Formation-emploi, n° 27-28, juillet-décembre 1989, pp 163-187.
TROGER V. (1990), Histoire des centres dapprentissage, 1939-1959. Les enjeux économiques, politiques et culturels de la constitution de lenseignement technique court, thèse de doctorat dUniversité, direction F. Caron, Université de Paris IV-Sorbonne.
TROGER V. Cest une question de dignité, entretien, en ligne sur cafepedagogique.net
Annexe 1 : extrait dun cahier délève de centre dapprentissage (1955)
Je remercie Guy Brucy, historien de lenseignement professionnel, de mavoir prêté ces cahiers délèves qui ont constitué une source précieuse pour le travail que je mène actuellement sur lenseignement de la littérature dans lenseignement professionnel de 1945 à 1985
En 1955, le professeur a choisi le cours dhistoire pour enseigner le romantisme qui aujourdhui est abordé dans les programmes de Lettres au Lycée professionnel. Au-delà des territoires disciplinaires, lessentiel est de doter les élèves de repères culturels qui, comme le suggèrent les programmes de 1954, doivent leur permettre de se construire sur le plan professionnel mais aussi personnel.
Retrouve-t-on aujourdhui lesprit de ces premiers programmes et ce malgré le renforcement des logiques disciplinaires ? La mise en parallèle de ce cahier et du programme actuel laisse-t-elle percevoir une continuité dans le souci de la pluridisciplinarité inhérente au lycée professionnel ?
Dans les derniers programmes de lycée professionnel, il est à noter que lenseignement de lhistoire des arts « est mis en uvre dans le cadre des « humanités » (
) Dans le cadre de la voie professionnelle, lenseignement de lhistoire des arts établit des relations entre les savoirs assurés par lenseignement général et les savoir-faire acquis lors de la formation technique reçue en ateliers professionnels
. » .
Annexe 2 : Séquence Lettres de poilus
Document 1 : Regards « en toutes lettres sur la grande guerre » Paroles de poilus
Objectifs généraux de la séquence :
- travailler le genre épistolaire
- sinterroger sur le statut des lettres de Paroles de poilus
- écrire une lettre en linsérant dans une correspondance intime
N° séance
Dominante
Objectifs
Supports
Procédure
Activités des élèves
1
Lecture
Un genre, un
narrateur, un contexte
1h
- Identifier les caractéristiques de Paroles de poilus
- Différencier lobjectif du subjectif
Lettres du 22 février 1915 et du 15 avril 1916
Cours dialogué
Lire les deux lettres
Compléter un tableau avec nom, âge, dates, destinataire, faits racontés, sentiments exprimés
Reprise des réponses
2
Recherche
documentaire
Au CDI
2h
- Comprendre la situation historique : la relation front et arrière
Documentation préparée avec la documentaliste
Travail de groupe
3 groupes :
1. Etablir une chronologie de la guerre et la mettre en relation avec les lettres
2. Fabriquer un lexique des termes liés au conflit qui sera réutilisé dans les lettres produites
3. Proposer un tableau qui présente les principaux faits concernant le front et les principaux faits concernant larrière
Mettre au propre ses recherches et échanger avec les autres groupes
3
Etude de la langue
Les principaux modalisateurs
1h
- Identifier les principaux modalisateurs
- Comprendre leur fonction dans la subjectivité de lécriture
Lettre du 3 mai 1916
Lettre du 3 août 1916
Classe entière
Cours dialogué
Relever les modalisateurs
Les classer
Les nommer
Identifier leur fonction dans la lettre
4
Lecture
La figure du poilu
2h
- Sinterroger sur le statut littéraire de la lettre de poilu : héros ou anti- héros ?
Le recueil de lettres
Cours dialogué
Travail de groupes
Etude de deux lettres : finalités, portrait du poilu, champs lexicaux, modalisateurs, personnification de la mort, héros ou victime ?
Travail individuel à partir de deux autres lettres avec questionnaire
Synthèse : Ces lettres ont-elles une dimension littéraire ?
5
Écriture
Rédiger une lettre fictive
3h
- Découvrir dautres lettres de poilus
- Réinvestir les connaissances sur le genre épistolaire
- Réinvestir ses recherches
Paroles de Poilus,
Les lettres sources
Les consignes décriture
Les consignes dévaluation
Travail par groupes de 3 élèves
Travail à partir de la fiche méthode
Rédaction dun premier jet individuel
Confrontation
Lecture par le professeur
Rédaction du second jet collectif
Vivre la bivalence au quotidien :
le témoignage des collègues.
Sept professeurs ont bien voulu apporter leur témoignage et nous expliquer comment ils vivaient la bivalence. Parmi eux deux historiennes : Mylène S. à Sceaux au lycée Florian, Séverine à Argenteuil au lycée Jean Jaurès, deux géographes : Marina B. à Porcheville au lycée Lavoisier et Alain C. à Brétigny-sur-Orge au lycée Jean-Pierre Timbaud, une littéraire philosophe : Stéphanie V. à Magnanville au lycée Senghor et un professeur de formation vraiment bivalente puisque Gwenaëlle P. à Savigny-sur-Orge au lycée Gaspard Monge, historienne, est titulaire dun DEUG de géographie et a suivi un cursus littérature en khâgne. Nathalie L, enseigne à Montsoult au lycée Jean Mermoz.
Nous leur avons posé la question suivante :
Nous souhaiterions recueillir votre témoignage sur la manière dont vous vivez la bivalence dans votre pratique quotidienne : En quoi cette bivalence est-elle une difficulté, un atout ? Comment la prenez-vous en compte dans vos constructions didactiques ?
Voici une rapide synthèse de ce quils nous ont confié.
Vous trouverez des exemples de réponses des professeurs en annexe.
Des étudiants monovalents devenus des professeurs bivalents.
Si, à lorigine, et bien que tous les enseignants fassent le même métier, il y avait une grande différence de pratique entre le professeur de lycée général qui nenseignait que la littérature et le professeur de CET qui enseignait le français, la langue, lhistoire, la géographie parfois la vie sociale et professionnelle, le fossé sest un peu comblé. Au lycée général comme au lycée professionnel, le professeur de lettres ou le professeur dhistoire et de géographie sont amenés à intervenir dans des procédures comme lAide au Travail Personnel (au collège), lAccompagnement Personnalisé (au lycée professionnel, général, et technologique), à encadrer les élèves lors des TPE (Travaux Personnels Encadrés) au lycée général, et lors des enseignements généraux liés à la spécialité au lycée professionnel.
Il nen reste pas moins quun professeur certifié ou agrégé intervient au collège comme au lycée dans la discipline qui a fait lobjet de sa formation universitaire alors quun professeur de lycée professionnel intervient toujours sur deux disciplines et pratiquement quatre domaines (la littérature, la langue, lhistoire, la géographie) et na, le plus souvent, été formé à luniversité que dans une seule. À lorigine, les professeurs de lycée professionnel, anciens instituteurs étaient de vrais professeurs bivalents, voire polyvalents. Les enseignants nouvellement recrutés le sont à bac + 5 dans une seule valence (dans les universités où étaient implantés des IUFM des masters bivalents lettres histoire sont mis en place, ce qui permet une formation mieux adaptée au LP). Ces jeunes professeurs ne sont donc pas vraiment bivalents en début de carrière. Pourtant les quelques témoignages qui nous sont parvenus, sils soulignent parfois la difficulté dêtre performants dans trois disciplines (lettres, histoire et géographie) dans les « éducations à » (instruction civique), montrent que les PLP, du moins ceux qui ont répondu à notre question, vivent la bivalence comme « enrichissante, stimulante, facteur de liberté et dinventivité ouvrant sur une pédagogie de louverture et du projet. »
Vivre la bivalence au quotidien, difficulté ou atout ?
Pour tous, la bivalence présente plus davantages que dinconvénients, certains ny voient même que des avantages.
Nous présenterons donc dans un premier temps les quelques difficultés liées à lexercice de la bivalence, pour ensuite en souligner les atouts.
La tâche difficile du professeur bivalent
Enseigner avec exigence une discipline qui na pas fait lobjet dune formation universitaire préalable rend parfois la tâche difficile.
Pour Alain C. comme pour Séverine C., le recrutement des enseignants forcément non spécialistes dune ou deux des trois valences oblige les professeurs à un apprentissage en action qui nest pas toujours facile à réaliser : labsence de connaissances essentielles pour mettre en place des programmes malgré tout exigeants, en baccalauréat professionnel en particulier, et maîtriser des didactiques spécifiques à chaque matière oblige à des efforts permanents.
Les professeurs se disent en fait « plurivalents », amenés à enseigner des disciplines réunissant des savoirs séparés à luniversité : lhistoire, la géographie, le français mais cest aussi la littérature et la langue) et lECJS qui aborde des questions liées au Droit. Il faut être compétent partout, ce nest pas facile. Pour les historiens par exemple, nous explique Séverine C. : « il faut se mettre à lire les textes en littéraire et ne pas systématiquement utiliser le texte, littéraire ou fonctionnel, comme une source ou une illustration ». Pour Stéphanie V. qui, elle, est littéraire de formation, il na pas été facile au début denseigner lhistoire et la géographie, il lui a fallu prendre conscience de la nécessité de recourir à des supports variés autres que le « texte » justement.
Alain C. constate que la création du baccalauréat en 3 ans et les nouveaux programmes mis en place augmentent la charge de travail en terme de préparation, recherches de supports, utilisation du numérique ce qui alourdit le fait denseigner plusieurs disciplines.
Pour Nathalie L., les difficultés rencontrées ne tiennent pas tant à la bivalence lettres/histoire et géographie quà une réalité de terrain qui fait quon intervient aussi sur des procédures et sur larticulation avec les autres enseignements : « (
), laccompagnement personnalisé, lenseignement général lié à lenseignement professionnel. »
Enseigner à la fois le français, lhistoire, la géographie, léducation civique : des atouts indéniables.
- La bivalence stimulante, enrichissante pour le professeur.
La bivalence est stimulante pour Alain C. Elle oblige à un regard croisé. Cest aussi ce que dit Gwenaëlle P. qui parle de stimulation et aussi dépanouissement. Elle a suivi avec beaucoup dintérêt un stage sur la bivalence et entend continuer à se former dans ce domaine afin de « renouveler et diversifier sans cesse ses pratiques et de sinterroger sur la façon dont on peut aider les élèves à se construire en tant que citoyens responsables et éclairés dans le monde complexe qui les entoure. ».
La bivalence pour Séverine C. est facteur de liberté. On dispose de choix multiples de constructions pédagogiques et douverture aux autres domaines ou disciplines. Stéphanie parle elle de richesse.
- La bivalence au centre dun enseignement globalisé, transdisciplinaire et au service dune pédagogie du projet.
La bivalence va dans le sens des approches transdisciplinaires et des pédagogies de projet : en établissant des passerelles entre le français, lhistoire et la géographie ou le français et léducation civique ou entre lhistoire et l'éducation civique. Cette approche des disciplines comme un « ensemble cohérent » (Alain C.) ouvre aussi à lensemble des autres disciplines. Cette remarque renvoie à lhistoire de lenseignement professionnel qui a toujours établi un lien fort entre les disciplines générales et professionnelles.
Pour tous les professeurs qui ont répondu à notre petite enquête, la bivalence permet avant tout de lier les enseignements et de lutter contre le cloisonnement pour donner du sens à des disciplines qui rebutent parfois les élèves. Elle permet aussi une globalisation entre connaissances, capacités, attitudes, globalisation qui transparaît dans les programmes du lycée professionnel mais aussi dans le socle commun. Elle se justifie dautant mieux avec les élèves en difficulté accueillis par le LP quelle donne sens en mettant en place des compétences transversales. Mais la bivalence ouvre aussi à une attention portée aux autres disciplines, scientifiques ou professionnelles et rend sensible à la pédagogie de projet.
La bivalence pour Gwenaëlle P. concourt aussi à « développer lesprit critique des élèves et en faire des citoyens responsables et autonomes, en leur donnant de multiples grilles de lecture de faits de société, à travers la littérature, mais aussi lHistoire, la Géographie ou lÉducation Civique ».
Pour Mylène S. aussi, la bivalence aide les élèves à « faire le lien entre les compétences recherchées et lappropriation des notions et des événements ». Du côté des élèves, Séverine C. rejoint ses collègues quant à lintérêt de la bivalence pour installer des capacités transversales mais, comme Nathalie L., elle y voit aussi un moyen de mieux encadrer et structurer les élèves avec des équipes restreintes, la bivalence en lettres histoire et en maths sciences réduisant le nombre de professeurs intervenant, tout en augmentant le nombre dheures avec les mêmes élèves et offrant davantage de souplesse pour mettre en place des dispositifs daide.
Mylène et Gwenaëlle soulèvent toutefois un problème : confrontés à des démarches pédagogiques qui touchent plusieurs disciplines, certains élèves sont troublés, perdent les repères scolaires construits au collège, ils expriment le besoin de savoir « sils font du français ou de la géographie ».
- Comment établir des liens dans les activités de classe : quelques exemples de pratiques de la bivalence.
Pour Marina B., la préparation des progressions sarticule sur les liens entre français, histoire et géographie. Un bon exemple : « pour préparer le CCF dhistoire en CAP, on travaille loral en français ». Gwenaëlle P. quant à elle travaille « les sociétés face aux risques » en géographie, fait étudier en français des articles de presse sur les catastrophes survenues dans le monde. On voit ici le risque, malgré tout, qui est détudier les textes de français comme illustration dune étude dhistoire ou de géographie et non plus en tant que texte, littéraire ou fonctionnel, mais le professeur évite cet écueil en étudiant en français le lexique utilisé par les textes de presse, ce qui offre aux élèves la possibilité davoir les mots pour expliciter le phénomène géographique étudié. Marina et Stéphanie V. proposent des démarches proches, mettant en parallèle par exemple lanalyse de textes de presse sur la famine dans la corne de l'Afrique et une séquence de géographie sur "nourrir les hommes", ou dans une séquence autour de « identité, l'altérité et la diversité » en associant la lecture d'un extrait du discours de J. Ferry vantant les mérites de la colonisation et une analyse du texte de Lévi-Strauss sur "le barbare" à létude d'une photographie présentant un "zoo humain".
Mylène S. mène un projet pertinent qui lie lécriture, le récit à la première personne et un épisode de lhistoire en loccurrence lexpédition de Christophe Colomb. Les élèves sapproprient ainsi lécriture du récit de vie et des savoirs sur les grandes découvertes, ils trouvent un intérêt nouveau à létude de lhistoire.
Pour Nathalie L., les programmes de français de baccalauréat qui réinscrivent la littérature dans une chronologie trouvent un écho avec les cours dhistoire. Des textes étudiés en français autour dun objet détude comme la construction de linformation pourront aussi être étudiés au cours dhistoire.
Alain C. envisage un autre aspect positif de la bivalence lié aux programmes de français des baccalauréats en trois ans : une pédagogie qui introduirait une corrélation entre la littérature et les sciences humaines
Nous terminerons cet article par lanalyse de Christine Eschenbrenner, professeure dexpérience et formatrice dans notre académie depuis de nombreuses années et qui apporte léclairage dune longue pratique de la bivalence.
À lécole de la bivalence
Littéraire de formation, jai passé il y a plus de vingt ans le CAPLP. Le concours correspondait à lidée que javais dun enseignement ouvert sur le monde sadressant à des élèves qui avaient choisi dautres chemins, alors souvent considérés comme voies de garage.
Cest en ENNA que pendant une année, la bivalence a été passée au double crible théorique et pratique de la didactique et de la pédagogie. Cette formation initiale a connu lépreuve du feu, celle du terrain, avec linvention de séquences à géométrie variable, tenant compte à la fois des passerelles possibles entre les disciplines, des centres dintérêt des élèves, et des programmes, renouvelés plusieurs fois, dans la forme et dans le fond.
Dans lintervalle, les programmes ont changé à plusieurs reprises mais les postulats initiaux sont restés actifs et incontournables.
Il me semble aujourdhui pouvoir tirer bien des leçons dun enseignement fondé sur la réflexion permanente quengendre la bivalence. Dabord, la nécessité dinterroger des objets détude différents en ne confondant ni les méthodes, ni les finalités a généré une manière distanciée et créative de préparer les propositions de séquences avec passerelles pluridisciplinaires. La bivalence, cest aussi linvention dune attitude permettant à lenseignant daider lélève à situer ce qui diffère et ce qui relie, ne serait-ce quà travers sa question liminaire : « Avant, au collège, deux professeurs enseignaient des matières différentes. Comment va-t-on sy retrouver, maintenant quune seule personne représente plusieurs matières ? »
Ce qui sest donc imposé, cest la nécessité dinterroger en permanence la pratique et la langue la pratique de la langue aussi. Si le professeur de lettres-histoire et géographie est bien le professeur de tous les textes et de tous les discours, il est aussi, de ce fait, celui qui explique aux élèves les attendus, les différences et les points communs, sagissant des productions écrites ou orales, selon les disciplines enseignées.
Il sagit donc au préalable daborder clairement cette question. En français, en histoire, en géographie, il sagit pour lélève de prendre connaissance dun texte, dun document, de décoder, de situer, dinterpréter, de présenter à loral, de développer des écrits nayant ni la même structure ni la même visée. À partir de là, la confrontation des productions simpose : par exemple, argumenter en français nest pas argumenter en histoire, dun côté, les opinions sont mises en débat jusquà la résolution finale -les assertions conclusives-, de lautre, ce sont les faits qui « parlent » et lénonciateur napparaît que pour marquer la distance objective. De même, commentaires ou synthèses ont des fonctionnements apparentés mais un sens différent selon les disciplines.
Sans ce positionnement permanent dans le rapport à la langue, il est difficile pour lenseignant de mettre en place des passerelles claires entre les disciplines, notamment dans la prise en compte des nouveaux programmes qui invitent à croiser contenus et démarches.
Mettre en relation, ce nest pas inféoder une discipline à lautre mais distinguer dune part capacités, attitudes, connaissances et dautre part contextualiser, analyser, caractériser, situer, en appui sur des capacités communes, sil y a lieu pour éveiller « lesprit dexamen » en mobilisant le cas échéant la pluridisciplinarité.
Enfin, pour des enseignements comme lhistoire des arts ou léducation civique, la mise en débat des idées autour de thématiques et de problématiques artistiques et culturelles et/ou citoyennes, les pistes de réflexion ouvertes reprennent et enrichissent de manière essentielle tous les positionnements évoqués précédemment.
À lécole de la bivalence, le ressourcement permanent passe donc par la manière dont chacun se situera au cur des pratiques langagières pour mieux donner du sens aux apprentissages dans leur riche diversité.
Conclusion
Si lon en croit ces quelques témoignages, la bivalence est bien vécue dans le quotidien des professeurs de lycée professionnel qui ont bien voulu répondre à notre enquête. Mais parmi ceux à qui la question a été posée beaucoup nont pas répondu. Manque de temps ou difficulté à sexprimer sur le sujet, crainte de sengager dans une critique de la bivalence qui reste un axe clé dans la définition de la mission du PLP ? Il est bien impossible de suggérer une explication. Je serai tentée de penser que, comme en témoignent les quelques enseignants qui nous ont fait part de leur expérience, la bivalence est plutôt bien vécue et jugée pertinente par ceux qui la pratiquent.
Pour aller un peu plus loin sur cette question, on ira vers le travail effectué sur ce thème par Anissa Belhadjin et Maryse Lopez au colloque de lINRP « Histoire et littérature regards croisés », en mai 2011, « Comment la bivalence en lycée professionnel interroge-t-elle les relations entre histoire et littérature ? » et à larticle de Maryse Lopez dans ce numéro.
Françoise Bollengier
Professeure lettres-histoire
Formatrice IUFM
Retraitée E N
Et Christine Eschenbrenner
Professeure de lettres-histoire
Lycée Professionnel, Argenteuil
Formatrice Académie de Versailles
Co-responsable du programme Dix Mois dÉcole et dOpéra
Annexes : témoignages des enseignants
Question : En quoi cette bivalence est-elle une difficulté ?
« - De fait, il s'agit plus dune trivalente que d'une bivalence.
- Monovalence des littéraires confrontés aux spécificités de l'enseignement de l'Histoire-Géographie.
- Nécessité d'apprendre « sur le tas » à identifier, à comprendre et à transmettre, les démarches et les enjeux spécifiques à chacune des trois matières.
- Obligation de mener de front de multiples activités : Français, Histoire, Géographie, ECJS, rapports de stage, soutenances orale, aide individualisée, projet
au risque de se perdre (sans évoquer la difficulté pour les élèves de s'y retrouver).
- Nouveaux programmes volumineux et ambitieux, difficiles à transmettre et « à boucler », particulièrement en 1ère (10 semaines de stage), classe d'examen.
- Charge de travail conséquente et en hausse compte tenu de la réforme BAC PRO 3 ans : 90 % de nouvelles préparations de séances/séquences à élaborer dans les différentes matières exploitant les TICE. Recherches de supports nouveaux en l'absence d'une base de données pourtant indispensable aujourd'hui. »
Question : En quoi cette bivalence est-elle un atout ? (ou peut-être : comment faire de la bivalence un atout pédagogique ?)
« - un enseignement et une pédagogie diversifiés : intellectuellement enrichissant pour l'enseignant et stimulant pour l'apprenant.
- Favorise une approche transdisciplinaire en établissant des passerelles entre les différentes matières : Lettres, Histoire, Géographie, ECJS.
- Permet d'envisager ces disciplines comme un tout, un ensemble cohérent, chacune des disciplines contribuant à enrichir et révéler les autres : contextualisation, énonciation, etc
Voilà les quelques idées qui me viennent à l'esprit. Il y aurait beaucoup à dire
Il serait par ailleurs intéressant de réfléchir à l'élaboration d'une pédagogique novatrice de l'enseignement des lettres et des sciences humaines en lycée pro, en exploitant justement les atouts de la bivalence. »
Alain C.
Lycée Jean Pierre Timbaud
Brétigny 91
Question : La bivalence dans votre pratique quotidienne.
En quoi cette bivalence est-elle une difficulté, un atout ? Comment la prenez-vous en compte dans vos constructions didactiques ?
« En ce qui me concerne, la bivalence est une vraie stimulation dans mes pratiques professionnelles. En effet, sans mièvrerie aucune, jai toujours hésité entre être professeur de Lettres ou professeur dhistoire et de Géographie. Cest donc un réel épanouissement pour moi de pouvoir enseigner les lettres, comme lHistoire et la Géographie. Dans de nombreuses séquences, cest pour moi loccasion de montrer aux élèves que tous les enseignements sont en lien les uns avec les autres, de donner parfois plus de « sens » à leur formation. Cest aussi nécessaire à mon goût pour développer lesprit critique de nos élèves et en faire des citoyens responsables et autonomes, en leur donnant de multiples grilles de lecture de faits de société, à travers la littérature, mais aussi lHistoire, la Géographie ou l Education Civique.
Par exemple, pour les classes de Seconde Bac Pro, jai testé une séquence où la bivalence est très prégnante, à travers létude des « Sociétés face aux risques » du programme de Géographie. En effet, à un moment, il est possible de traiter les notions de «risques» et de « catastrophes » aussi bien en géographie quen Français, à travers des exercices sur le lexique de la presse relatant des catastrophes (Haïti et Xynthia en 2010, Le Japon en 2011). Cela rend les séances particulièrement stimulantes pour les élèves, et cela développe leur sens critique vis-à-vis du traitement de lémotion et du catastrophisme par la presse écrite, les J-T
La seule réelle difficulté que je pourrais trouver est quil est parfois difficile pour une minorité délèves en manque de repères scolaires de savoir si « on est en français ou en Histoire Géo ? », chose à laquelle il est cependant facile de palier avec quelques « astuces » pédagogiques. Mais le fait davoir le même enseignant pour toutes ces matières peut parfois amener certains élèves à se poser la question.
Donc, dans mes pratiques professionnelles, la bivalence est pour moi stimulante, cest un atout. Elle permet de donner du sens au travail des élèves et déveiller leur intérêt pour lactualité. Cela me permet de renouveler et diversifier sans cesse mes pratiques et minterroger sur la façon dont nous pouvons aider nos élèves à se construire en tant que citoyens responsables et éclairés dans le monde complexe qui les entoure. Cette réflexion autour de la bivalence savère tellement primordiale à mes yeux que jai participé à une Formation au PAF lannée dernière à ce sujet, et que je me suis réinscrite cette année à ce stage sur la bivalence pour pousser davantage la réflexion sur ce sujet fort intéressant. »
Gwennaelle P.
LP Gaspard Monge
Savigny-Sur-Orge 91
Question : En quoi cette bivalence est-elle une difficulté, un atout ? Comment la prenez-vous en compte dans vos constructions didactiques ?
« Exercer la bivalence en classe de lycée professionnel peut constituer un atout lorsque les élèves font le lien entre les compétences recherchées et lappropriation des notions et des événements. Ainsi, jai eu lopportunité de faire travailler en classe de seconde (bac professionnel), le thème des Grandes Découvertes et la narration dans le même temps. Les élèves devaient écrire à la première personne le récit de lexpédition de Christophe Colomb. Cela a permis aux élèves non intéressés par lhistoire de sapproprier les connaissances dune autre manière, eux-mêmes devenant acteur de leur apprentissage. Cet exercice a plu aux élèves malgré leur surprise provoquée par la consigne. Ces derniers ont semblé perdre temporairement leurs repères et me questionnaient afin de savoir si on était en français ou en histoire. Ils se sont bien prêtés au jeu et ont pour la plupart retenu un certain nombre déléments historiques et dautres liés à la narration à la première personne. En revanche, certains élèves ont ressenti des difficultés pour écrire à la première personne et prendre les traits du personnage historique. Lintérêt pour lenseignant est de pouvoir les suivre dans la mise en écriture en tentant dapporter une approche et un suivi plus personnalisé de lélève sur la compréhension des événements.
Si ce type dexercice est intéressant, il nen reste pas moins quil ne peut être fait tout au long de lannée faute de temps et de restitution des connaissances, car le risque est que les élèves écrivent lhistoire à la première personne du singulier. Cela implique donc une transposition supplémentaire qui pourrait gêner lapprentissage méthodologique. »
Mylène S.
Lycée Florian
Sceaux 92
« Comme convenu, je vous fais part de remarques sur la bivalence. Diplômée de philosophie et de lettres modernes, je rencontrais, en début de carrière, de nombreuses difficultés à enseigner l'histoire-géographie. L'élaboration des séquences était laborieuse et les cours proposaient beaucoup de textes (défaut des littéraires !) et peu de documents d'autres natures. Un jour, un élève me l'a d'ailleurs fait remarquer, réflexion pertinente qui a certainement été un élément déclencheur de l'évolution de ma pratique dans ce domaine. Aujourd'hui, j'essaie de varier les documents autant que possible et lie souvent enseignement du français et de l'histoire-géographie-éducation civique.
Dernier exemple : une séquence sur « l'identité, l'altérité et la diversité ». Lors d'une séance, qui a beaucoup plu aux élèves, j'ai associé la lecture d'un extrait du discours de J. Ferry vantant les mérites de la colonisation à celle d'une photographie présentant un « zoo humain », pour finir par l'étude détaillée du texte de Lévi-Strauss sur « le barbare », qui présente notamment une dimension étymologique intéressante. Une élève est intervenue en évoquant l'étude de « Tamango » menée au collège. Aujourd'hui, la classe a retenu, en comprenant le sens de la phrase (ce qui n'a pas été évident), que « le barbare, c'est celui qui croit à la barbarie ». J'estime que la plurivalence lettres-histoire-géographie-éducation civique est une richesse, dans la mesure où elle permet de décloisonner les savoirs. »
Stéphanie V.
Lycée Senghor
Magnanville 78
« En ce qui me concerne, la bivalence est un atout, et ne constitue en rien une difficulté. En effet, elle permet, d'une part, de relier des matières que les élèves n'affectionnent pas particulièrement, et, d'autre part, de montrer aux élèves que les disciplines ne sont pas cloisonnées. Les capacités, les connaissances et les attitudes de l'une peuvent être utiles à l'autre et vice et versa. Cela peut également nous permettre de vérifier que l'acquisition n'est pas mécanique, mais qu'ils peuvent l'appliquer dans une autre matière. Cette bivalence est enfin un atout pour travailler de manière interdisciplinaire avec les collègues d'autres disciplines, qu'ils soient en enseignement général ou professionnel, dans le cadre de la pédagogie de projet notamment. Il s'agit finalement d'une habitude de travail, qui s'avère très utile avec un public jugé difficile, puisque l'élève voit l'intérêt des différentes matières.
La bivalence est en quelque sorte le fil rouge de mes constructions didactiques. Je m'arrange toujours dans ma progression pour relier les deux matières. Par exemple, lorsque je travaille sur la Une en français, avec la documentaliste nous prenons soin de sélectionner des Unes qui illustrent la famine dans la corne de l'Afrique cet été. La séquence de géographie "nourrir les hommes" se fait donc en parallèle. Les "ponts" ne sont pas seulement thématiques. Je pense notamment au travail sur l'oral en français pour préparer le CCF d'histoire en CAP. »
Marina B.
Lycée Lavoisier
Porcheville 78
Question : Problèmes liés à la bivalence.
« Sur les classes de Seconde Bac Pro, les professeurs de lettres histoire se retrouvent avec des classes quils voient 9 h 30 par semaine, ces heures incluant le français, lhistoire géographie, lEP et lAP. Seules quelques heures sont dédoublées. Du coup, le face à face avec des classes de 30 élèves est parfois délicat, dautant que les emplois de temps ne prennent pas forcément en compte le fait que le professeur dEP est aussi le professeur dAP, de français et dhistoire géographie. Ainsi nombre denseignants se retrouvent avec ce genre demploi du temps :
Lundi de 9 h 30 à 10 h 30 : AP
Lundi de 10 h 30 à 12 h3 0 : Français
Lundi de 13 h 30 à 14 h30 : EP
Pédagogiquement, il est difficile de travailler correctement quand on voit les élèves 3 h 00 minimum dans la journée, même en variant les activités.
Ainsi, le problème nest pas la bivalence mais le fait quon enseigne quatre matières. De plus, les choix concernant la répartition des heures dAP, le dédoublement des heures revenant au chef détablissement, les conditions ne sont pas toujours à notre avantage.
Lautre difficulté ressentie avec les nouveaux programmes est la diminution de liberté concernant le choix des uvres intégrales en français quon pouvait faire correspondre avec les anciens programmes au cours dhistoire, cela nous permettait de nous servir de lhistoire dun personnage pour illustrer lHistoire
Enfin, une petite interrogation concernant le choix de mettre les Lumières au programme dhistoire en seconde et au programme de première en Français
le lien est difficile à faire dune année sur lautre.
- Avantages de la bivalence :
De nombreuses passerelles entre les deux matières sont toujours possibles comme par exemple « la construction de linformation » en seconde permet de travailler sur lanalyse de certains documents historiques. Les « périodes de rupture » étudiées en français font écho au cours dhistoire.
De plus, le fait de travailler avec les nouveaux programmes sur des siècles bien précis, sur des courants littéraires définis permet de relier lhistoire au français et déviter le cloisonnement par matière : tout est lié : les courants littéraires sont liés à des évènements historiques
Ainsi, les élèves peuvent plus facilement se construire une chronologie incluant à la fois lhistoire et le français.
Enfin, dans les classes de CAP, le fait denseigner deux matières offrent plus de souplesse dans notre pratique et permet de mettre en place différents dispositifs afin daider au mieux ces élèves. De plus, lélève comprend limportance de ces ceux matières pour sa vie future : le français pour pouvoir communiquer avec les autres et lhistoire géographie pour mieux comprendre le monde dans lequel il vit et donc mieux sadapter et sintégrer.
Pour conclure, la bivalence reste pour moi un point très positif et indispensable pour des professeurs de lycée professionnel. »
Nathalie L.
Lycée Jean Mermoz
Montsoult 95
Question : La bivalence, contrainte ou difficulté ?
« Si la bivalence induit des difficultés, elle représente pour moi un atout, surtout en lycée professionnel où il est primordial de donner du sens aux apprentissages, de créer des « ponts » entre les matières, les connaissances.
Au départ, on est confronté à deux grandes difficultés. Tout dabord, la formation dans la valence qui nest pas la sienne est lourde. Il faut se mettre « au niveau » tout en assumant le travail préparatoire des cours. Ensuite, il faut en finir avec les réflexes dhistorien. Un texte na pas toujours besoin dêtre contextualisé par exemple !
Dun autre côté, le va et vient entre les valences est facilité. On peut plus facilement faire la critique interne dun texte historique avec les outils de français, lénonciation ou les modalisateurs par exemple, sont primordiaux dans un discours.
Ce « va et vient » facilite aussi lacquisition de compétences transversales pour les élèves. Et pour ceux, les plus en difficulté, limiter le nombre des intervenants est rassurant.
Pour nous, enseignants, cest aussi une plus grande liberté dans lorganisation de nos enseignements. Notre programmation ou notre progression tient compte des deux valences, nous ne traitons donc pas forcément le programme dans lordre indiqué dans le B.O. mais dans celui qui nous parait le plus pertinent compte tenu de notre spécificité.
Surtout, le travail en équipe simpose à nous. Puisque on a la charge de plusieurs matières (Français, Histoire, Géographie, Education civique, Histoire des arts), le travail pluridisciplinaire apparaît comme une évidence. »
Séverine C.
Lycée Jean Jaurès
Argenteuil 95La bivalence du côté des élèves
Après avoir posé à quelques collègues cette question du vécu quotidien de la bivalence, il nous a semblé intéressant daller voir du côté des élèves. Deux professeurs, Françoise Abjean et Sylvain Huet ont diffusé les questionnaires dans leur lycée professionnel afin dinterroger un petit panel de lycéens.
Vous trouverez des exemples de réponses des élèves en annexes.
1 Le point de vue des élèves du lycée Jules Verne de Sartrouville
Dans une classe terminale, une classe de seconde baccalauréat professionnel « Commerce », une classe de seconde « Électrotechnique », une classe de seconde « Sécurité prévention » une classe de première année de CAP « Broderie dart » Sartrouville, on a demandé aux élèves de répondre à la question suivante :
« Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire et la géographie ? Expliquez votre point de vue ».
On constate que les élèves de terminale sont plutôt enclins à apprécier la bivalence, les élèves de seconde, du moins certains dentre eux, se révèlent parfois un peu plus réticents. Cela peut sans doute sexpliquer par le fait que les élèves de seconde sont issus récemment du collège où ils ont connu pendant quatre ans, parfois cinq ans, sils ont redoublé, un système où tous les professeurs sont monovalents. En terminale, les élèves ont eu le temps de shabituer à la bivalence, en lettres-histoire, mais aussi dans dautres domaines denseignement. On peut donc supposer quils se sont habitués mais aussi quils ont appris à apprécier la bivalence.
Les élèves de terminale Commerce et de CAP Broderie lanalysent assez finement. Chez eux, mais aussi chez certains élèves de seconde, on retrouve les grands traits qui, pour eux, caractérisent la bivalence en lettres/histoire géographie. Les trois témoignages de première année CAP Broderie dart semblent montrer que des élèves nouvellement arrivés au lycée professionnel sont demblée acquis à la bivalence.
Ce que les élèves retiennent en premier lieu, cest la cohérence dans la méthode. Avoir un même professeur évite dêtre confronté à différentes approches méthodologiques, ce qui est toujours un peu déconcertant. Alors quavec un seul professeur on shabitue mieux, plus vite aux méthodes de travail, aux exigences, aux attentes et donc on progresse plus vite.
Que mettent exactement les élèves derrière ce terme de méthode ? On peut imaginer quil sagit de pratiques de classe, de modes dapproche des savoirs, de choix didactiques et lon prend conscience que nos élèves perçoivent ces différences dun enseignant à lautre et que, parfois, la différence peut se révéler déconcertante.
Parmi les élèves de Sartrouville revient aussi très souvent, le mot « lien ». Les trois matières sont « liées ». Quelques élèves montrent quils ont bien perçu la transdisciplinarité qui se met en place autour du français, de lhistoire et de la géographie, ce qui suppose bien évidemment que les enseignants ont su jouer la carte de la transdisciplinarité de manière efficace dans leurs progressions et on ne peut que se réjouir que les élèves laient compris.
On retrouve aussi chez tous les élèves quelle que soit la section ou le niveau un argument qui touche au relationnel : le professeur a davantage dheures, connaît mieux et comprend mieux ses élèves et va donc plus facilement les aider. Mais côté « contre » on lit aussi à plusieurs reprises que les professeurs étant difficiles à supporter, les avoir de nombreuses heures pose problème. Tous disent aussi que pour quil soit appréciable davoir un professeur qui enseigne plusieurs matières, il est préférable quil soit compétent et sympathique.
Un autre argument est invoqué à plusieurs reprises, la gestion du temps, plus souple, adaptable aux contraintes matérielles et didactiques : déplacer un cours, le continuer sur une autre plage horaire, établir des relations dune discipline à lautre sans attendre une autre séance. On sourira de quelques justifications pragmatiques : « on a un seul cahier. »
Les arguments qui justifient un rejet de la bivalence sont plus éclatés. On retrouve toutefois à plusieurs reprises le risque, dailleurs soulevé par certains professeurs eux-mêmes, de ne plus bien différencier les disciplines, de les « mélanger ». Mais largument est repris aussi pour défendre la bivalence : avec un seul professeur, on confond moins.
À deux reprises aussi le fait, intéressant, de nêtre confronté quà un seul point de vue, à une seule vision de la chose enseignée. Argument matériel enfin, mais qui est donné une fois en « pour » et une autre fois en « contre » : en cas dabsence, cela fait de nombreuses heures en moins, cest donc regrettable pour certains, qui y voient des heures manquées et très apprécié pour dautres qui y voient des heures de liberté.
Quelques élèves, mais très peu à Sartrouville, disent que cela leur est égal ou que ce nest pas gênant.
Voici sous forme de tableau un condensé des arguments qui étayent le point de vue des élèves. Il sagit parfois de reformulation, parfois, en italique, des paroles délèves.
Classe de Seconde professionnelle Commerce 12 élèves
Les réponses sont courtes, parfois très peu argumentées et assez diversifiées.
Pour
MéthodologieUn seul fonctionnement, « cest plus simple, on shabitue mieux »
Les élèves sont mieux organisés, comprennent mieuxRelationnel- le professeur connaît mieux les élèves Gestion du temps- le professeur peut imposer un rythme qui favorise le travail des élèvesArguments isolés- « on a un seul classeur, cest moins lourd »
- « peu importe du moment quon a le bac à la fin » (plusieurs occurrences pour cet argument)
Contre
Relationnel- si le professeur nest pas sympathique (on retrouve cet argument dans plusieurs témoignages)Méthodologie- on est confronté la même façon denseigner, au même point de vue, « cest dommage »Gestion du temps- le professeur sil enseigne plusieurs matières ne peut y consacrer autant de temps que sil en enseigne une seuleConfusion des disciplines- on ne peut pas différencier les matières
Classe de Seconde professionnelle Sécurité prévention
16 élèves : 9 avancent des arguments « pour », 4 des arguments « contre, » 2 envisagent points positifs et négatifs, 1 est indifférent, les réponses sont assez peu argumentées.
Classe de Seconde professionnelle Électrotechnique
5 élèves ; 2 pour, 1 argument « pour » et contre, 2 « contre »
Là encore les réponses sont souvent brèves et assez peu argumentées surtout dans la seconde classe.
Pour
Relationnel cest bien si le professeur est bien (plusieurs témoignages dans ce sens)
on sadapte mieux, plus vite aux attentes du professeur
« le professeur nous connaît mieux et peut plus facilement nous aider, il comprend mieux nos problèmes »
le professeur a plus dheures, il est plus attentif aux élèves
(plusieurs occurrences pour ces arguments)Méthodologie on peut plus facilement sadapter aux règles du professeur (plusieurs occurrences)
on comprend mieux ce que le professeur attend (plusieurs occurrences)Gestion du temps (plusieurs élèves)plus de souplesse pour mener le programme
on peut mieux gérer le temps, finir un cours ou changer lEDT entre français et histoire
« on nest pas obligé de faire que du français en français »Transdisciplinaritéla maîtrise du français écrit est utile en histoire géographie (plusieurs occurrences)Arguments isolés ou pratiquescela peut libérer des postes pour dautres professeurs
on a un seul classeur, cest moins lourd (plusieurs occurrences)
Contre
On ne comprend pas toujours bien la logique des arguments « contre » avancés qui sont plus éclatés.
Gestion du temps cela fait des heures de trous en cas dabsence (plusieurs occurrences)
cela fait trop peu dheures pour faire le programmeRelationnelsi cest un mauvais professeur ou si on a de mauvaises relations, « on le supporte plusieurs heures » (plusieurs occurrences)
trop dheures avec le même professeur, cest pénible à supporterArguments isolés (aspect pratique, confusion des disciplines.)- cela supprime des postes denseignants
- « cela fait plus lourd dans le sac, il faut apporter le matériel des 3 matières »
- « on mélange tout, on est perdu » (plusieurs occurrences)
Classe Terminale professionnelle Commerce à Sartrouville
29 élèves (10 élèves section européenne, 10 élèves de terminale classique)
Les élèves de la section européenne avancent des arguments relativement bien développés et la plupart dentre eux apprécient le fait davoir un seul professeur pour trois disciplines. Les autres élèves argumentent un peu moins et sont un peu plus négatifs pour certains. 24 élèves ny voient que des avantages, 4 élèves avancent à la fois arguments pour et des arguments contre. Un seul est contre.
Pour
MéthodologiePresque tous soulignent lintérêt de nêtre confronté quà une seule méthode denseignement, plusieurs avancent les mêmes arguments
Un seul professeur, une seule méthode, cest mieux pour les élèves.
Les élèves perçoivent une cohérence didactique
Les élèves sadaptent plus vite et plus facilement à la façon de travailler du professeur
Ils sapproprient plus facilement la méthode
Cette cohérence méthodologique facilite la compréhensionTransdisciplinaritéPresque tous sont sensibles à la transdisciplinarité que facilite la plurivalence de lenseignant. Le mot « matières liées » revient très souvent dans la plupart des témoignages
- le professeur peut « jongler » avec les matières
- on comprend mieux le lien entre les matières avec un seul professeur qui sait établir ces liens
- on peut transférer des compétences dune discipline à lautre : écrire un bilan en histoire en maîtrisant lorthographe et la rédaction ; points communs entre la dissertation et les bilans en histoire
- on saisit mieux la cohérence, larticulation entre le français, lhistoire et la géographie
- on peut plus facilement faire des rapprochementsRelationnelUne dizaine délèves avancent lavantage relationnel
on se connaît mieux parce quon a beaucoup dheures avec la même personne
savoir comment on va travailler élimine le stress de lattente du professeur
connaître les attentes permet de mieux réussir les contrôles et lexamen
« plus il y a de professeurs, moins on les supporte sil y en a trop, cela ne va plus » Gestion du tempsQuatre témoignages sintéressent à la gestion du temps
le professeur peut mieux gérer son temps en choisissant de consacrer plus de temps à un sujet ou il peut revenir sur quelque chose
on a beaucoup dheures avec le professeur ce qui permet darriver à bout du programme
on a le temps de poser une question en histoire qui éclaire le cours de françaisEnfin trois arguments isolés Côté pratique« cela fait moins de matériel à transporter » (plusieurs occurrences)
les élèves en ont pris lhabitude à lécole élémentaire et même au collège
« cest bien en cas dabsence, cela fait plus dheures de libre »
Contre
Les élèves avancent généralement un ou plus rarement deux arguments « contre » dans leurs réponses
Pour 8 élèves, si le professeur nest pas sympathique ou est un mauvais professeur- « on le supporte plus longtemps que sil nenseignait quune seule matière »Deux élèves abordent la confusion des disciplinesil ne faut pas que le professeur mélange les matières
on (les élèves) peut confondre les matièresOn na quun seul point de vueun élève qui se retranche derrière un avis denseignant : « Ce serait mieux selon certains professeurs davoir deux professeurs avec plusieurs points de vue » (on retrouve cet argument chez deux autres élèves)
cest gênant davoir la même façon denseigner et le même point de vue sur les deux matières
- En cas dabsence cela fait beaucoup dheures en moins
Classe de première année de CAP Broderie dart
Trois élèves sefforcent dargumenter plutôt « pour », avec un seul argument un peu restrictif.
Pour
Transdisciplinarité - lien entre le français et lhistoire (on étudie des textes en relation avec des époques et des mouvements littéraires) entre lhistoire et la géographie (cartes et textes)Méthodologie- on comprend mieux la méthode du professeurRelationnel le professeur cerne mieux les difficultés
cest bien si cest un bon professeur
Contre
- cest gênant si le professeur ne convient pas
2 Le point de vue des élèves du lycée Paul Belmondo à Arpajon
Lenquête menée à Arpajon révèle une image un peu différente de la bivalence. Lon retrouve cependant des justifications communes même si les arguments avancés sont plus épars. La même question est posée aux élèves :
« Appréciez-vous davoir le même professeur en français et en histoire géographie ? » mais sans la consigne « Expliquez votre point de vue ». Certaines réponses sont effectivement très brèves mais la plupart des élèves justifient spontanément leurs réponses. La question posée a parfois décontenancé les élèves. Il a fallu expliquer ce que signifiait la bivalence, évoquer la nature du concours passé par les PLP mais aussi aider les élèves à trouver des arguments.
Comme les élèves de ce lycée, dans leurs réponses, évoquaient lenseignement professionnel, une autre question a été posée :
« Et dans vos matières professionnelles, comment vivez-vous le fait davoir plusieurs enseignants ? »
3 Monovalence ou bivalence dans lenseignement du français, de lhistoire et de la géographie.
Dans une première enquête, 28 élèves (terminale Commerce, terminale Secrétariat, seconde professionnelle tertiaire) ont été interrogés.
12 élèves se disent plutôt pour mais certains navancent pas toujours des arguments pour justifier leur opinion.
3 élèves avancent à la fois des arguments pour et des arguments contre.
9 élèves saffirment contre.
4 ne prennent pas position.
Dans un deuxième temps, deux classes terminales Secrétariat (24 et 11 élèves) se sont exprimées.
Sur ces deux classes, 20 élèves apprécient la bivalence, 11 ne lapprécient pas, 4 avancent des arguments pour et contre.
Les témoignages dune classe de seconde professionnelle Vente de 16 élèves modifient peu lanalyse. Sur les 16 élèves interrogés, aucun ne refuse la bivalence en lettres histoire mais peu (7) argumentent vraiment : un élève pèse le pour et le contre « oui, si le professeur est bon », un autre se dit indifférent.
Beaucoup disent, comme plusieurs élèves de Sartrouville, quil faut, quand on a un seul professeur pour plusieurs matières, quil soit plutôt compétent et sympathique. En effet, cest important puisquil intervient sur un grand nombre dheures. Un élève soulève le problème de la compétence : un professeur qui nenseigne quune matière est perçu comme un spécialiste, le professeur plurivalent perd cette qualité.
On trouve davantage délèves assez indifférents « ça na pas dimportance, ça me va comme ça ».
Largument méthodologique apparaît fréquemment, la transdisciplinarité est plus rarement évoquée sauf en ce qui concerne le risque de « confondre » les disciplines. Les avis sont parfois contradictoires en ce qui concerne la perception dune discipline en tant que telle, pour certains avec un seul enseignant on sy retrouve mieux, pour dautres, on ne sy retrouve plus.
En ce qui concerne laspect relationnel, les élèves disent souvent apprécier leur enseignant et lun souligne quon connaît mieux le professeur bivalent et que cest plus motivant.
Je réunis en un seul tableau un condensé des arguments qui étayent le point de vue des élèves.
Méthodologie De très nombreuses réponses avancent lintérêt dêtre confronté à une seule méthode :
on shabitue mieux à la méthode.
on est confronté à une seule méthode, à une seule pédagogie
la façon dapprendre est la même
si on a des professeurs différents, ils ne fonctionnent pas de la même façon, donc un seul cest mieux Transdisciplinaritéles matières sont en relation et cela peut aider
cest plus simple et cela évite de tout mélanger
on peut enseigner le français et lhistoire parallèlement Relationnelcest plus facile de parler dune difficulté à un professeur qui enseigne les deux matières
cela permet un rapport plus complice
cest plus facile parce quon a déjà beaucoup de professeurs
on connaît mieux le professeur
cest plus motivantCôté pratique« cela nous fait moins de cahiers », plusieurs réponses dans ce sens comme chez certains élèves de Sartrouville (au moins trois élèves)
le professeur ne sera pas tenté de mettre tous les devoirs le même jour
un seul nom à retenir
cest mieux au niveau des horaires
les heures de cours sont réduitesGestion du tempson voit davantage le professeur, on a plus loccasion dobtenir des explications.
on peut plus facilement passer dune matière à lautre sur un créneau de cours.
on avance dans plusieurs matières en même tempsArguments isolésoui si cest un bon professeur
on mélange moins les matières
Contre
Confusion des matièreson se perd
« on mélange »,
« on ne sy retrouve pas »
« on se mélange les pinceaux »,
« ça mélange le cerveau »
« on se retrouve mieux avec un seul professeur »
« on se trompe dans lemploi du temps »Relationnelsi on naime pas le professeur ou sa méthode on est doublement pénalisé
« le professeur peut nous juger différemment dune matière à lautre »
avoir beaucoup dheures avec le même professeur est difficilement supportable
« cela dépend du prof » pour beaucoup (comme à Sartrouville)
cela change les idées davoir des professeurs différentsMéthodologiecest plus difficile « de faire des matières différentes » avec le même professeur
on ne doit pas avoir le même professeur pour des matières différentes le professeur fonctionne différemment selon la disciplineGestion du tempsil est préférable davoir des profs différents en fonction du nombre dheures dans la semaine
lenseignement est segmenté en séquences successives, cest mieux davoir des professeurs différents
avec plusieurs professeurs on avance dans le programme
un professeur qui enseigne plusieurs matières peut avoir tendance à faire plus une matière que lautreArgument isoléun professeur spécialiste dune matière est plus compétent
Sans avis - « ça na pas dimportance »
« ça me va comme ça »
« cest pareil »
« je ne me suis jamais posé la question » (5 occurrences)
« je nai pas davis »
« cela ne me dérange pas »
4 Et dans les enseignements professionnels ?
La question pose le problème un peu à lenvers. On demande en effet aux élèves comment ils vivent le fait davoir plusieurs enseignants dans les matières professionnelles. Les réponses des élèves induisent le fait quil arrive quils aient des professeurs différents pour enseigner une même discipline.
Sur les deux classes, 16 élèves préfèrent avoir un seul professeur, 15 élèves apprécient davoir plusieurs professeurs, 2 avancent des arguments dans les deux sens, 2 sont indifférents.
Dans la dernière classe interrogée, les élèves semblent assez indifférents, ils le vivent plutôt bien sauf un qui nen dort pas la nuit !
Cest mieux davoir un seul enseignant (pour une discipline)Cest bien davoir plusieurs enseignants (pour une discipline)Méthodologie
« ce serait mieux en secrétariat davoir plusieurs années le même professeur pour shabituer à ses méthodes ».
« en secrétariat il faut mieux avoir un seul professeur, pour lélève cest mieux sil nest confronté quà une seule méthode »
Confusion des disciplines
« on se perd moins avec un seul professeur »
Contenu des cours
en professionnel il est préférable davoir « un seul professeur, pour entendre le même discours sur la matière. » (Cet argument revient très souvent)
Relationnel
cela évite que les professeurs se disputent pour une classeMéthodologie
« cest bien davoir des professeurs différents, on est confronté à plusieurs méthodes dapprentissage ce qui permet de mieux apprendre et de nous adapter à des différences comme en entreprise »
cest plus clair pour les élèves
Diversité des points de vue
plusieurs professeurs cela permet davoir plusieurs points de vue
Relationnel
« on sennuie moins, cest plus intéressant »
« cest difficile davoir le même professeur plusieurs heures dans la semaine, mieux vaut en avoir plusieurs »
On constate que la teneur des arguments et leur répartition ne sont pas tout à fait les mêmes que pour lhistoire-géographie, ce qui sexplique par une situation finalement comme on la dit plus haut inversée : en lettres-histoire on a le même professeur pour enseigner plusieurs disciplines, en secrétariat on peut avoir plusieurs professeurs pour la même discipline, sachant que sous le terme « secrétariat », qui réfère plus à un domaine professionnel quà une discipline, se rattachent plusieurs enseignements.
Pour conclure
Je voudrais revenir sur quelques remarques des élèves autour de la transdisciplinarité et du contact relationnel que permet la bivalence, remarques qui font écho au témoignage des professeurs pour qui ces deux éléments justifient la pertinence de la bivalence.
Le français est au carrefour des disciplines. Ce nest pas une idée nouvelle, même si elle est remise au goût du jour par le socle commun. Pour un élève de terminale « ...les matières sont liées, cela permet de pouvoir écrire un bilan en histoire géographie sans faire de fautes de conjugaison ou dorthographe et de mieux sexprimer dans la composition de nos phrases. »
Lidée est intéressante et montre à quel point les élèves, même en terminale, ont du mal à transférer des compétences dune discipline à lautre. Lorsque le professeur nenseigne pas le français, lélève oublie les compétences langagières acquises ou a tendance à moins les convoquer. Les élèves ressentent lintérêt dune transdisciplinarité mais ont un peu de mal à la construire eux-mêmes «
il est préférable que ce soit un seul professeur qui enseigne ces matières pour quil mette le cours en rapport (par exemple étudier un texte de Victor Hugo en français, étudier le dix-neuvième siècle en histoire et les problèmes de faim du dix-neuvième siècle) ». On voit bien que lélève de lycée professionnel attend du professeur quil construise ses fameux « liens ». Est-il alors posé que les élèves des lycées généraux et technologiques sont capables détablir seuls les liens tissés autour des disciplines afin de donner du sens à lensemble des apprentissages dun cursus ? Et que penser des élèves de collège, plus jeunes et dont certains nont pas forcément bien compris leur « métier délève » ?
Une crainte, mise en avant par les enseignants, se retrouve aussi bien chez les élèves de Sartrouville que ceux dArpajon : «
Je préférerais avoir deux profs différents car je mélange les cours et je comprends rien
». Cest là encore matière à réflexion. Ainsi certains élèves identifient la discipline grâce au professeur qui lenseigne, à tel point que la passion des mathématiques, des lettres ou de lhistoire se déclenche souvent par le biais dun professeur particulièrement apprécié et que, au lycée professionnel comme au collège et sans doute aussi au lycée, le rejet et léchec dans une matière sont attribués à celui qui lenseigne.
Enfin un autre point de rencontre entre les professeurs et les élèves : la qualité relationnelle que procure le fait de consacrer plusieurs heures à une seule classe, une nécessité dans lenseignement professionnel où les élèves écorchés aboutissent assez souvent. « Avoir trop de profs je ne trouve pas ça bien » dit lun « le professeur peut mieux nous aider, il trouve les problèmes de chacun et dans la mesure du possible il nous aide. » disent les autres.
Un élève dArpajon y voit cependant un risque : « Le professeur peut nous juger de deux façons différentes selon le français et lhistoire/géographie car il y a forcément une matière quon préfère à une autre et le professeur peut nous juger ». Il faut comprendre sans doute qui si lon est bon en français et apprécié par le professeur, on risque de perdre son estime parce quon est moins bon en géographie.
Pour quelques élèves la bivalence se réduit au nombre dheures passées avec une même personne et certains confondent exigence de lemploi du temps, avoir trois, voire quatre heures daffilée avec un seul professeur, et bivalence.
Dans lensemble nos élèves du lycée professionnel ont plutôt bien compris lintérêt de la bivalence et, on le voit, cest en fin de parcours scolaire, dans les classes de terminale quelle est le mieux perçue et analysée.
Françoise BOLLENGIER
Professeure lettres-histoire
Formatrice IUFM
Retraitée E N
Annexes : Témoignages délèves
Lorthographe a été corrigée mais la formulation est celle des élèves.
Annexe 1 : quelques témoignages recueillis au Lycée professionnel Jules Vernes à Sartrouville
Classe de Baccalauréat professionnel Commerce section européenne
Question : « Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie ? Expliquez votre point de vue ».
Réponses des élèves :
« Cest un avantage que les élèves ont car le professeur enseigne avec les mêmes méthodes sur les trois matières. Lorsque les cours sont exposés de la même façon lélève peut se créer une méthode de travail afin davoir une meilleure réussite au niveau des examens. Le cours peut avoir des liens par exemple lhistoire, la géographie donc faciliter les explications que le professeur nous expose lors des heures passées en cours. De plus nous avons loccasion de passer beaucoup plus dheures avec le même professeur afin déviter davoir plusieurs professeurs et ne pas avoir les liens actuels. »« Oui car les matières sont liées, cela permet de pouvoir écrire un bilan en histoire géographie sans faire de fautes de conjugaison ou dorthographe et de mieux sexprimer dans la composition de nos phrases. »« Oui japprécie le fait quun seul professeur enseigne ces quatre matières car nous ne sommes pas perdus pour noter, rattraper et poser des questions suite à un cours de français qui ferait référence à une date dhistoire par exemple. Il y a également plusieurs points communs ; notamment en français nous faisons des dissertations et en histoire des bilans : les méthodes sont liées.
Mais si le courant ne passe pas avec ce seul professeur et que nous lavons pour quatre matières (cela fait environ 7 heures par semaine), suivre les cours va savérer difficile car lenvie dapprendre ny sera pas. »« Japprécie le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie et linstruction civique. Grâce à ça nous pouvons mieux connaître notre professeur ainsi lui aussi peut mieux connaître ses élèves. Il peut donc jongler comme il le souhaite avec ces quatre matières ce qui apporte plus de facilités au professeur. Ainsi je pense que ces quatre matières se rejoignent et se relient de quelque manière que ce soit, ce que je pense positif pour chacun dentre nous. »
Classe de Baccalauréat professionnel Commerce
Question : « Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie ? Expliquez votre point de vue ».
Réponses des élèves :
« Oui du moment que le professeur ne mélange pas les matières entres elles et parfois les matières peuvent se relier, donc si on fait du français on peut revenir tout de suite sur lhistoire pour voir exactement de quoi on parle, au lieu daller chercher lautre professeur. »« Oui japprécie parce quon a plus de liens avec le prof mais le plus important cest quil apprenne bien les matières quil enseigne et avoir trop de profs je ne trouve pas ça bien. »« Personnellement japprécie le fait davoir un seul professeur enseignant les trois matières car cela nous évite davoir différentes façons de la part des professeurs dexpliquer ou de se faire comprendre, nous nous habituons à ses méthodes. »« Non, car avec un seul professeur il est possible de confondre les matières. Et lorsque lon naime pas les méthodes du professeur du coup cela nous pénalise dans deux matières. En revanche cest intéressant lorsquun professeur est absent, cela fait plus dheures manquées. »« Ces trois matières ont des points communs, certains cours de français vont être reliés à lhistoire ou la géographie et vice versa. En ayant le même professeur pour ces trois matières cela facilite la méthode de travail et surtout lapprentissage, voilà pourquoi je trouve plus intéressant et plus pratique davoir le même professeur de français, histoire-géo. »« Japprécie le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire et la géographie car ces trois matières sont liées et ça nous permet dacquérir une seule et même méthode. Au niveau de largumentation par exemple, les analyses, le développement, lorthographe
»« Oui il est bon pour un élève davoir un seul professeur pour ces trois matières. Cela nous permet de connaître le professeur et ses manières de travailler mais aussi de savoir ce quil attend de nous lors des examens. Bien sûr il peut être bon davoir plusieurs professeurs en cas de conflit mais généralement les élèves étaient habitués à navoir quun seul professeur lors de lécole primaire et même dans les années de collège. »
Classe de Seconde professionnelle Commerce
Question : « Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie ? Expliquez votre point de vue ».
Réponses des élèves :
« Japprécie le fait quun enseignant nous fournit le savoir sur deux matières complètement différentes. Mais ce qui est plus contraignant cest davoir la même façon denseigner et le même point de vue sur les deux matières. »« Non, je préfèrerais avoir un professeur pour chaque matière car chaque professeur doit se concentrer sur sa matière pour pouvoir faire un cours de qualité sans se prendre la tête avec une autre matière. »Classe de Seconde professionnelle Sécurité prévention et Seconde Électrotechnique
Question : « Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie ? Expliquez votre point de vue ».
Réponses des élèves :
« Je trouve cela très bien car le professeur nous connaît et peut savoir nos difficultés tout au long de lannée. Cest beaucoup mieux pour apprendre parce quon a le temps de sadapter à ses règles et de comprendre ce quil attend de nous. »« Oui japprécie le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire et la géographie car le professeur peut mieux nous aider, il trouve les problèmes de chacun et dans la mesure du possible il nous aide. Cela est bénéfique car ça nous permet davoir un professeur attentif pour les élèves pour plusieurs heures de cours. »« Non je préférerais avoir deux profs différents car je mélange les cours et je comprends rien. Mais jaime bien avoir un cahier pour plusieurs matières. »« Non je napprécie pas car on a trop souvent le même professeur dans la semaine, et cela supprime des postes denseignants, je préférerais avoir des professeurs différents. »
Classe de Seconde CAP (première année) Broderie dart
Question : « Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie ? Expliquez votre point de vue ».
Réponses des élèves
« Japprécie le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie et léducation civique car le français est souvent en rapport avec lhistoire et lhistoire avec la géographie. En français on étudie des textes souvent en fonction des époques et des mouvements littéraires de lhistoire. Et en histoire on peut voir des cartes ou des textes en rapport avec la géographie. En voyant tous ces points communs entre ces matières, qui semblent très différentes au premier abord, il est préférable que ce soit un seul professeur qui enseigne ces matières pour quil mette le cours en rapport (par exemple étudier un texte de Victor Hugo en français, étudier le dix-neuvième siècle en histoire et les problèmes de faim du dix-neuvième siècle). »« Cela dépend du caractère du professeur, sil est sympa ou non, sil nous motive, car un professeur qui enseigne trois matières et qui nest pas motivant on appréciera moins de lavoir plusieurs heures. »
Annexe 2 : quelques témoignages recueillis au Lycée professionnel Paul Belmondo à Arpajon
Classes Terminales Secrétariat
2 questions sont posées à chaque élève
- Question 1 : « Appréciez-vous le fait quun seul professeur enseigne à la fois le français, lhistoire, la géographie ? »
- Question 2 : « Et dans vos matières professionnelles, comment vivez-vous le fait davoir plusieurs enseignants ? »
Question 1 :
« Non, car lenseignant fait ce dont il a envie et des fois navance pas dans son travail. Sil y avait un enseignant pour chaque matière il approfondirait plus dans son cours. »
Question 2 :
« Le fait davoir plusieurs professeurs ne me dérange pas car chacun a sa méthode et nous apprend différemment. »Question 1 :
« Oui japprécie car il faut que je mhabitue à la méthode du professeur pendant mes années détude mais je pense que ce serait bien quil y ait un professeur dhistoire géographie et éducation civique et un autre en français (pour mieux avancer dans le programme et je serais moins mélangée) »
Question 2 :
« Je vis très mal le fait davoir plusieurs enseignants en professionnel, je narrive pas à mhabituer aux différentes méthodes dans un délai très bref. »Question 1 :
« Oui japprécie davoir le même professeur en français et en histoire géo car dans les trois matières on a la même façon de travailler et on a plus dheures si on ne comprend pas quelque chose dans la matière, on peut lui demander dans le cours de lautre matière. »
Question 2 :
« Je préfère avoir quune professeure de professionnel car des fois les professeurs de professionnel ne sont pas daccord, ils ne disent pas la même chose. » Question 1 :
« Oui, cest plus facile davoir le même professeur, on est habitué aux mêmes méthodes dans deux cours différents et on garde le même matériel. »
Question 2 :
« Ce nest pas pratique. On fait deux chapitres différents de la même matière en même temps, on sy perd facilement. » Question 1 :
« On apprend bien, nous avons des cours détaillés. »
Question 2 :
« Cest dur, jen pleure la nuit. » Question 1 :
« Oui car les méthodes de travail restent les mêmes et en faisant de lhistoire on peut enseigner le français et parallèlement. »
Question 2 :
« Cest mieux car nous avons beaucoup dheures par jour et par semaine dans les matières professionnelles. Moralement cest difficile davoir le même professeur plusieurs heures dans la journée. »Question 1 :
« Non, avoir plusieurs profs différents ça nous change les idées, ça change dorganisation. »
Question 2 :
« Cest plus intéressant, on sennuie moins. »Question 1 :
« Oui ça ne me dérange pas et puis on est moins perdu, puis comme ça, la façon dapprendre est la même. »
Question 2 :
« Là par contre, cest moins simple puisque les façons de travailler ne sont pas identiques et cela est très perturbant quand le contrôle arrive. » Question 1 :
« Oui car on le connaît mieux. »
Question 2 :
« Je le vis bien, ça nous permet de changer et ça fait du bien, on nous apprend pas pareil. » Question 1 : « Oui je préfère avoir le même enseignant dans les deux matières, cest plus motivant. »
Question 2 : « Je trouve quils nont pas la même façon, cest assez énervant pour certaines matières parce quon a du mal à sy retrouver. »Question 1 :
« Oui cest plus pratique notamment pour les classeurs et les cahiers. On sait comment est le prof, on nest pas surpris. »
Question 2 :
« Cest bien aussi car aux oraux il y a plusieurs professeurs, donc cest logique. »
La bivalence lettres-histoire
« L'éducation authentique ne se fait pas de A vers B, ni de A sur B, mais par A avec B, par l'intermédiaire du monde. » Paulo Freire, Pédagogie des Opprimés, (1974).
La bivalence, si elle apparaît comme constitutive pour les PLP, ne va pas de soi ; cette identité est traversée de tensions internes fortes et n'a pas encore fait l'objet de recherche.
Les nouveaux programmes renforcent dailleurs cette tension car peu de thèmes communs peuvent être identifiés. Le terme de bivalence revient aussi bien dans le statut des PLP que dans les instructions officielles mais il est peu ou pas défini du point de vue didactique et pédagogique. Lors du stage de formation continue pour une pratique effective de la bivalence en lettres-histoire que nous avons animé, de nombreuses interrogations ont été soulevées par les collègues. Tout dabord la bivalence lettres-histoire est en fait une trivalence lettres histoire et géographie.
Deux conceptions peuvent alors apparaître :
- les 3 disciplines sont complètement décloisonnées : le professeur de lettres-histoire et géographie est bien la même personne mais il enseigne trois disciplines bien distinctes ; ce qui ne semble pas totalement schizophrène puisque ces 3 disciplines ont bien des objets détude différents, des méthodes propres, une approche des documents distincte
- la deuxième conception repose sur lidée quun certain nombre de points communs transversaux relient ces trois disciplines et quà raison de 4 heures de cours par semaine, il est parfois indispensable voire essentiel de travailler les compétences transversales si on veut faire progresser nos élèves.
Quel est l'intérêt didactique et pédagogique d'intégrer la bivalence dans l'enseignement des lettres-histoire et géographie?
Pour répondre à cette question, il s'agit dans cet article de tenter d'identifier et de caractériser les objets bivalents propres au français et à l'histoire-géographie en proposant une première définition de la bivalence puis d'envisager comment les disciplines français , histoire et géographie peuvent s'articuler dans le cadre de l'enseignement en LP et comment nous pouvons ou pas tenter de les croiser.
1 Approche de la bivalence
Qu'est-ce qu'un professeur bivalent ?
Si l'on reprend les définitions du dictionnaire, nous constatons que la bivalence n'appartient ni au domaine de la didactique ni à celui de la pédagogie.
Selon le dictionnaire Robert des noms communs « la bivalence est le caractère de ce qui a 2 usages, 2 fonctions » donc un professeur bivalent a 2 usages, 2 fonctions. De la même façon, il existe des enseignants polyvalents, les professeurs des écoles, et des bivalents, les PLP, en capacité d'enseigner au moins deux disciplines.
Qu'est-ce qu'une valence ?
En chimie : il s'agit du nombre de liaisons chimiques quun atome ou un ion engage avec dautres atomes ou ions dans une combinaison. Un électron de valence est un électron dun atome responsable de liaison de cet atome avec dautres atomes.
En physique, cest le domaine dans lequel se placent les énergies des électrons de valence qui permettent notamment la cohésion du cristal.
En reprenant ces éléments de définition à notre compte, on pourrait ainsi affirmer qu'un enseignant bivalent doit donc être aussi efficace en lettres quen histoire et géographie mais aussi être capable de mettre en place, de créer des liaisons, des liens entre les disciplines.
Cette idée nous amène à interroger le concept de rapport au savoir, de construction des connaissances et des méthodes propres aux disciplines français, histoire et géographie.
On considère souvent le terme de savoir comme synonyme de connaissance, or on peut, en s'appuyant sur la recherche et notamment le dictionnaire de pédagogie, retenir au moins deux acceptions.
les savoirs sont des connaissances objectivées, des contenus ou des énoncés sur le monde, détachés de toute subjectivité, extérieurs aux individus,
2- des connaissances individuelles, indissociables du sujet, mises en uvre par la personne pour comprendre le monde, en construire une représentation et agir sur lui.
Donc, le savoir regroupe savoir faire (compétences ou capacités) et savoir être (attitudes).
Les savoirs se multiplient et se diversifient. Nul ne pourra maîtriser toutes les connaissances, lessentiel nest donc pas den savoir toujours plus mais bien davoir la capacité dapprendre ce dont on aura besoin pour comprendre le monde et agir.
On sait tous et les élèves le disent parfois de façon virulente : « on apprend ailleurs quà lécole
TV, radio, Internet, la famille, les amis, les autres, le monde »
Danièle ALEXANDRE résume clairement ce propos : « le rapport au savoir se construit en fonction de lhistoire de chacun dans toutes ses dimensions : familiale, sociale, historique [
] il est singulier par nature, propre à chaque individu et peut évoluer tout au long de la vie. Le rapport au savoir interroge le sens de lécole et du travail quon y fait ». La bivalence, quand elle est loccasion de transfert, déchanges, de liens, peut y contribuer, modestement mais certainement.
Et le rapport au savoir sans entrer dans l'ouvrage théorique de Bernard CHARLOT est toujours une mise en lien, c'est nommer une liaison entre le sujet et lobjet de savoir. Construire un réseau de signifiants.
Le concept de bivalence
Interroger le concept de bivalence suppose donc pour les enseignants de lettres-histoire et géographie d'interroger à la fois les programmes, les disciplines et leur spécificité, les liens qu'elles entretiennent, les savoirs à construire, les postures, les attitudes à adopter face aux savoirs afin que les élèves puissent construire leur propre vision du monde à partir de connaissances et de savoir-faire partagés.
La bivalence suppose dès lors une grande maîtrise de chaque discipline et de saisir les enjeux et les spécificités.
La spécificité des professeurs denseignements généraux en lycée professionnel, des PLP lettres-histoire, est davoir à leur charge lenseignement de deux disciplines lettres, histoire (correspondant en fait à lenseignement de lhistoire et de la géographie) doù lemploi du terme de PLP bivalent. Cependant, les instructions officielles abordent peu cette bivalence et ne livrent pas de préconisation particulière à son sujet, si ce nest davoir le souci pour tout professeur exerçant en collège, en lycée denseignement général et technologique ou en lycée professionnel détablir des collaborations avec les collègues de la même discipline et dautres disciplines, ainsi quavec le professeur documentaliste. Ceci afin déviter que ne se développe chez les élèves le sentiment dun éclatement des savoirs et dune juxtaposition des méthodes. À cet égard, la bivalence des professeurs de lycées professionnels favorise une dimension transversale qui dépasse le cadre de la simple discipline.
La question qui se pose à propos de la bivalence en termes de pratiques denseignement est alors de savoir si elle se traduit davantage par un cloisonnement ou par une interdisciplinarité. En effet, deux choix sopèrent pour le professeur bivalent. Celui qui consiste à cloisonner les trois disciplines : français, histoire et géographie, ce qui se conçoit aisément dans la mesure où ces trois disciplines ont des objets détude différents, des méthodes propres. Le second choix est celui dopter pour un décloisonnement des trois disciplines afin de privilégier linterdisciplinarité, rendue possible grâce à un certain nombre de points communs transversaux reliant ces disciplines. Ces deux attitudes face à la bivalence sont aussi valides lune que lautre quand on les analyse. Pourtant, si lon confronte les référentiels et des documents daccompagnement, si lon analyse cette confrontation, on remarque très vite les points communs dans lenseignement des trois disciplines. Effectivement, les objets détude, lessence même de ces matières, sont très éloignés mais elles possèdent, tout de même, de nombreuses compétences et démarches pédagogiques en commun.
2 Larticulation entre les disciplines
En traitant lensemble des questions ayant trait à la bivalence, il sagit de tenter dapprocher les modes darticulation internes entre les disciplines, le français, lhistoire et la géographie, que privilégient les professeurs de lettres-histoire en lycée professionnel.
Rappelons dabord quune discipline est un ensemble de savoirs, de connaissances et de méthodes propres à une matière enseignée. Les disciplines sont devenues une évidence naturelle : le savoir aurait ses compartiments. On retrouve leur nom à luniversité, lieu de la science. On peut penser dès lors que linstitution est le relais du savoir des savants, elle est lécho dune discipline universitaire. Mais lhistoire scolaire, une discipline scolaire a des fonctions différentes de la discipline universitaire. Selon Yves CHEVALLARD la transposition didactique est la transposition du savoir savant, il est reformulé par la noosphère cest-à-dire la sphère où lon pense : experts, les décideurs, auteurs de manuels, inspecteurs
On anonyme le savoir savant. « Le travail qui dun objet de savoir à enseigner fait un objet denseignement est appelé transposition didactique ».
CHERVEL qui a étudié la grammaire française, voit dans les disciplines des entités propres, des réalités spécifiques ayant leurs ressorts et leurs fonctions. Il y a invention dexercices qui sont propres à la discipline.
Enseignant de lettres-histoire et géographie, nous pratiquons lexercice de la problématique, nous construisons un cours pour répondre à une problématique à la fois en lettres, en histoire, en géographie et en éducation civique. Ne peut-on pas sinterroger sur laspect bivalent de cet objet didactique et pédagogique ?
Que ce soit en lettres, en histoire ou en géographie, les problématiques sont utiles pour accrocher les élèves, éveiller leur curiosité, leur sensibilité mais aussi pour sélectionner des informations, faire des choix pour construire des réponses adéquates à l'objectif visé.
- La problématique, les programmes et leur application
- Dans les documents daccompagnement des CAP 2002, « une problématique met en tension un faisceau de questions dont les réponses sinscriront toujours dans lunivers du possible, du discutable, du préférable, du probable : non parce qu'elles manqueront de rigueur dans la démarche délaboration, mais parce quelles engageront davantage dans une démarche de questionnement que dans un univers de certitude ».
- Dans les programmes de baccalauréat professionnel en 3 ans, chaque objet détude comporte 3 interrogations ou problématiques scolaires qui organisent la réflexion comme dans le schéma ci-dessous. Ces questions ont des fonctions différentes.
EMBED PowerPoint.Slide.12 - La problématique et le professeur
La problématique permet de faire des choix, darticuler les textes entre eux ou de sélectionner des extraits pertinents dans une uvre complète. Étudier Dom Juan de Molière nest pas la même chose quétudier LÎle des esclaves, bien que toutes deux soient des pièces de théâtre. La problématique permet aussi de ne pas se focaliser sur les notions (la scène dexposition, les didascalies
) même si bien sûr celles-ci pourront être abordées avec les élèves en fonction de la problématique retenue.
- La problématique et les élèves
La problématique les mobilise comme lecteurs actifs. On pose des questions mais on doit y apporter des réponses. Langle dapproche de luvre est resserré mais significatif. Et il est nécessaire, tout comme en histoire et en géographie de prendre un temps pour examiner ces réponses.
Il est peut être utile de rappeler que ce moment est extrêmement important dans les 3 disciplines. À quoi sert de poser une problématique, si on ne prend pas un temps pour examiner les réponses possibles amenées par la ou les séances ? On peut également ajouter que toutes les réponses sont intéressantes, y compris les réponses fausses ou saugrenues. Jean-Pierre ASTOLFI déclarait « vos erreurs mintéressent ». Si on veut réussir à modifier certaines représentations, difficultés, confusions de nos élèves, il faut alors les connaître, les identifier et donc accepter de les entendre.
La problématique dans le cours de français :
Il faut distinguer la problématique littéraire que lon pose lors dun commentaire de texte ou dune dissertation de la problématique du cours de français ; autrement dit : distinguer la didactique de la pédagogie, même si elles se rejoignent. Mais « lenseignement du français risque dêtre soit réduit à une approche techniciste de la discipline soit limité à un enseignement dune vague culture, sans réel contenu alors que les programmes invitent à transmettre une culture car une fréquentation des textes et des uvres quelles soient littéraires, picturales ou filmiques est le moyen de lappropriation de la culture et de la construction de lidentité personnelle » souligne Anne Raymonde de BEAUDRAP dans un article intitulé « la littérature au risque de la bivalence ». En littérature, «
Les problématiques littéraires ne proposent pas de solutions uniques et exclusives » si nous reprenons B. VECK dans la problématique, dune discipline à lautre.
Depuis 2002 et les programmes de CAP, ce mot problématique et ses dérivés (questions, interrogations
) sont très prisés. Quentend-on par problématique ? Si on observe les manuels récents, chaque séance, quelle soit à dominante lecture, écriture, orale ou même en étude de la langue, souvre sur une question. Celle-ci offre une direction que lon se propose de suivre pour amener des réponses, des solutions. Le pluriel nest ni anodin ni fortuit. En effet, il est important davoir à lesprit quil ny a pas de réponse unique. Ce qui ne signifie pas labsence de rigueur nécessaire pour parvenir à donner ces réponses. Les apprentissages textuels, notionnels, méthodologiques, grammaticaux, lexicaux, historiques
sont nécessaires pour amener, affiner, confirmer ou infirmer les réponses possibles.
En lecture, quelle soit analytique, duvres longues, de groupements de textes, la problématique, tout comme en histoire, doit permettre de faire des choix. Elle offre une entrée ouverte dans les textes : la tournure interrogative facilitant, bien sûr, le caractère hypothétique et ouvert de linterprétation. Les entrées dans les textes sans problématique donnent souvent lieu à des séries de questions parfois fermées et trop précises qui ne permettent ni de comprendre ni dinterpréter. Souvent les réponses sont alors celles attendues par le professeur ou bien le résultat dune instrumentalisation par les notions.
La problématique en histoire :
Elle sinscrit dans la logique dune histoire-recherche, cependant la méthode nest pas celle des historiens. La problématique scolaire appelle une méthode danalyse et dappréciation critique, par la mise à distance des événements, par la reconnaissance de leur complexité, lexamen des discours et des croyances dans leurs contextes, leurs ressorts, leurs fonctions.
Le sens est élaboré à partir de la problématique qui permet de centrer le cours autour dun projet intellectuel mais on peut avoir parfois des doutes sur son usage. En effet, on peut poser les bonnes questions puis les oublier ensuite ; on peut aussi plaquer des questions artificiellement : où ? quand ? comment ? pourquoi ? sur nimporte quel sujet détude. On croit alors mettre lélève en situation de recherche.
Or il s'agit d'identifier un problème historique et géographique pour poser des hypothèses, démontrer avec l'appui des documents et élaborer une ou des réponses. En histoire, Jacqueline Le PELLEC rappelle qu« une problématique scolaire se définit comme une problématisation du savoir, c'est-à-dire une transformation des constats en interrogation » ; il sagit de poser des questions, ou un problème pour créer un fil directeur. Cest ce fil directeur qui donne du sens pour lélève.
La problématique en géographie :
Il sagit de poser un problème en lien avec ses implications spatiales. La géographie sintéresse au rôle des acteurs, au lieu, à lespace et au territoire, ses questions fondamentales sont : Où a lieu le phénomène géographique ? Pourquoi ici et pas ailleurs? Les problématiques sont toujours en relation avec les transformations spatiales dun phénomène géographique sous laction de lhomme ou de la nature et lévolution du phénomène comme par exemple le changement des paysages.
Pour les élèves, la problématique doit permettre darticuler le savoir, elle les place en situation dêtre des lecteurs actifs et autonomes. Quelle que soit la discipline, elle permet aussi davoir un angle dapproche dun texte ou dune uvre, d'un problème historique ou dune situation géographique. Ne peut-on pas dire, déjà, que la problématique en tant que projet, problème, interrogation à résoudre est un objet bivalent ?
3 Lintérêt de croiser les objets disciplinaires ?
Croiser les disciplines c'est la base de départ du stage de formation continue que nous avons mené depuis quelques années maintenant, le savoir ne sempile pas, ne se juxtapose pas, il se construit. Il faut amener les élèves à mobiliser leurs connaissances dans toutes les disciplines et les lier en fonction des objectifs propres à chaque discipline.
- Pourquoi croiser les disciplines et comment les croiser ?
En français, en histoire et en géographie, nous avons en commun des démarches pédagogiques, des démarches didactiques comme la méthode inductive, des supports pédagogiques : des textes, des documents, des objets de savoir, des thèmes comme celui des Lumières, de lHumanisme en baccalauréat professionnel, des notions qui méritent un travail complémentaire en lettres et en histoire comme la notion de Renaissance. Il y a dautres enseignements communs : la pratique de lécrit descriptif, de lécrit argumentatif et de lécrit narratif. Croiser les disciplines semble donc nécessaire et incontournable en lycée professionnel. Mais croiser les disciplines comporte des limites qu'il ne faut pas négliger au risque de perdre les élèves, parfois les enseignants dans les objectifs du cours, et au risque de noyer le cours en ne sachant plus s'il s'agit de l'histoire, de la géographie ou du français.
Dans leurs pratiques les professeurs croisent les disciplines en intégrant un document littéraire dans une séquence dhistoire ou de géographie ou en intégrant un document historique ou géographique dans une séquence de lettres, ce qui ne se fait pas de la même façon. Mais cette démarche permet, comme nous l'avons vu, de soulever des problématiques, de lever des implicites culturels.
Il peut également s'agir, par exemple, non pas de mener des séquences totalement bivalentes, mais parfois d'inscrire dans une séquence de lettres, une séance à dominante historique ou géographique pour éclairer une interprétation. La difficulté et les erreurs à éviter sont de prendre le cours de français pour en faire une séquence dhistoire et inversement. Il faut clairement définir la dominante (littéraire ou histoire ou géographie) et définir précisément les objectifs de séance et surtout les objectifs de séquence. Par exemple : luvre intégrale ne doit pas être un prétexte à une séquence dhistoire. Certes, afin de distinguer la fiction de la réalité dans un roman historique, un axe de lecture n'est pas suffisant pour dégager une problématique littéraire, mais la confrontation du texte littéraire avec les documents historiques est nécessaire pour dégager cet enjeu et y répondre.
On peut également utiliser des documents textuels ou une uvre picturale : source pour témoigner dune époque, problématiser un cours sur la vie culturelle et la représentation dévénements de la culture, dun mode de pensée
On peut également utiliser ces documents, notamment les témoignages pour étudier la force du témoignage, le rendu des impressions et des sentiments, l'argumentation ou lautobiographie et donner une représentation des lieux, dune période historique, se repérer dans lespace et croiser la réalité avec la fiction, identifier un contexte historique.
La bivalence, cest aussi travailler des méthodes communes des savoir-faire et capacités, des thèmes communs et la maîtrise de la langue écrite et orale tout en conservant les objets, les approches, les méthodes propres à chaque discipline.
Selon A.R. de BEAUDRAP « de prime abord, on pourrait penser que la « HYPERLINK "http://www.cairn.info/search.php?WhatU=bivalence&Auteur=&doc=N_ELA_121_0009.htm&ID_ARTICLE=ELA_121_0009&xb=&xf=&DEBUT=" \l "HIA_12"bivalence » se limite à lenseignement de deux disciplines par le même professeur, enseignement pour lequel ce dernier aurait reçu une double formation. Lexamen des actions et expériences menées montre quelle dépasse la simple concomitance de deux enseignements et il sagit de mettre laccent sur une coordination des contenus à enseigner et, surtout, sur des transferts de pratiques pédagogiques, voire de toute une méthodologie, entraînant les élèves à opérer eux-mêmes des transferts de savoirs et de savoir-faire acquis dans lapprentissage simultané du français, de lhistoire et de la géographie. Il sagit en clair dun enseignement/apprentissage à double sens basé sur le rapprochement et linteraction des deux ou trois disciplines ».
De plus en plus, les référentiels énoncent des capacités transversales : sinformer, réaliser, apprécier, rendre compte, raconter... et nous pouvons être tentés comme nous l'avons montré dans le tableau ci-dessous de relier des capacités communes aux deux disciplines.
- Lettres-histoire et géographie : des compétences communes, transversales ?
La confrontation des instructions officielles de lettres et dhistoire géographie, dans le tableau ci-dessous, montre bien la transversalité des capacités à rédiger, plus largement à produire un écrit organisé, à rendre compte à loral, à développer des attitudes intellectuelles.
FRANÇAIS
HISTOIRE/GÉOGRAPHIE
ÉDUCATION CIVIQUE
1/ LES COMPÉTENCES
Entrer dans léchange oral : écouter, réagir, sexprimer
Entrer dans léchange écrit : lire, analyser, écrire
Devenir un lecteur compétent et critique
Confronter des savoirs et des valeurs pour construire son identité culturelle
2/ LES CAPACITÉS
- Liées à lexpression orale :
Rendre compte à loral dun événement dactualité présenté à travers différents médias
Exprimer à loral ses convictions, son
engagement, son désaccord
À lécrit et à loral, identifier les idées essentielles dun texte, le résumer
Organiser sa pensée dans un débat didées à loral, à lécrit
Situer la visée dune parole dans son contexte
- Liées à lexpression écrite ou de lecture
Rédiger
Distinguer information, commentaire, prise de position
Raconter, caractériser
Sinterroger sur le contexte de production dune information, identifier les sources
Analyser comment un personnage se construit à travers des mots, des attributs
Analyser une prise de position en fonction de son contexte de production et de réception
Prendre en compte le point de vue de lautre, le reformuler objectivement
Argumenter à lécrit : énoncer son point de vue, le soutenir par des arguments, conclure
À lécrit et à loral, identifier les idées essentielles dun texte, le résumer
Traiter et analyser linformation : repérage, sélection, reformulation, hiérarchisation, analyse de valeur
Situer les uvres du genre biographique dans leur contexte historique
Comprendre comment la mise en scène de la parole contribue à son efficacité
- Capacités « générales » (entre parenthèses des exemples de pratiques)
Mémoriser (écrit de mémorisation)
Organiser sa pensée (écrit de travail)
Rédiger
Raconter
Caractériser
Argumenter (écriture dargumentation)
Utiliser un lexique approprié (lexique usuel et thématique)
Résumer
1/ LES COMPÉTENCES
Inciter au développement et aux comparaisons
Développer la curiosité, mieux connaître et mieux comprendre les hommes dans leur diversité et leur universalité
2/ LES CAPACITÉS
- Liées à lexpression orale :
Confronter des points de vue
Exercer un jugement critique
Résumer à lécrit ou à loral lidée essentielle dun document
Rendre compte à loral
- Liées à lexpression écrite ou de lecture
Rédiger
Confronter des points de vue et exercer un jugement critique
Raconter un événement historique, raconter et caractériser un événement historique
Identifier la nature, lauteur et les informations accompagnant le document
Caractériser un personnage et son action en rapport avec la situation étudiée
Dater des faits importants relatifs à la situation, dater des faits et les situer dans un contexte chronologique, contextualiser
Confronter des points de vue et exercer un jugement critique
Produire un raisonnement relatif à la situation étudiée
Mémoriser et restituer les principales connaissances et notions
Produire un raisonnement relatif à la situation étudiée
- Capacités « générales »
Utiliser le vocabulaire disciplinaire
Résumer à lécrit ou à loral lidée essentielle dun document ou lui donner un titre
Présenter à lécrit un travail soigné
Présenter à loral un exposé structuré
Rédiger un texte organisé, respectant lorthographe, la construction des phrases, en utilisant un vocabulaire historique ou géographique
Prendre des notes sur lexposé du professeur ou dautres élèves à partir dune fiche-guide
Prendre des notes de manière autonome sur lexposé du professeur ou dautres élèves
Néanmoins, pour pouvoir enseigner des capacités ou des compétences communes, il faut résoudre le problème de transfert. Il faut, dun point de vue idéal, que soient construites en permanence des situations de contextualisation-décontextualisation-recontextualisation, afin dinstaller ce savoir-faire abstrait que lon nomme capacité. Le degré de transversalité dune capacité dépendrait alors du nombre de situations contextualisées quun élève rencontre au cours de sa formation ; laccès à la généralisation se faisant par prise de conscience de certains invariants opératoires et leur explicitation par les élèves.
Pour favoriser le transfert il faut décliner, dans toutes les disciplines, « le lire » : relever des informations et les interpréter, « le dire », « lécrire » : sous différentes formes, écrire en histoire et en géographie nest pas écrire en lettres (types de texte, énonciateur).
Il s'agit dès lors de construire des connaissances partagées et de les rencontrer dans différents contextes afin de se les approprier. Il nous faut sensibiliser les élèves à cette approche et les amener à comprendre ce quils sont en train dapprendre. Enfin, envisager des sujets décriture qui croisent les deux disciplines : en histoire et en géographie par exemple, ne pas hésiter à intégrer la vision des auteurs sur un événement ou une époque. La synthèse peut être une façon dévaluer la construction de ce savoir.
Conclusion
Nous pouvons dire que la bivalence n'est pas seulement une question de statut, elle peut être réappropriée par l'enseignant afin de permettre aux élèves de sortir d'un enseignement fortement cloisonné et de donner du sens aux apprentissages. Elle peut être envisagée autour de thèmes croisés menés dans des séquences en parallèle, la question est de savoir quand l'enseignant invite à faire les liens. Il peut s'agir d'utiliser un document de l'une ou l'autre discipline afin de lever des implicites, d'éclairer un contexte, de dégager la subjectivité, d'en faire une critique externe et interne.
Au cours de lun des derniers stages, il nous a semblé aussi qu'une problématique sous-jacente était celle de la conceptualisation.
Penser le monde, organiser le savoir et l'utiliser passe par la conceptualisation, c'est-à-dire être capable de classer des objets dans une catégorie, transformer des mots en idées, en pensées, utiliser le lexique ; conceptualiser cest formaliser les phénomènes que nous rencontrons pour les comprendre, pour les analyser, les étudier.
La bivalence comme objet de recherche didactique et pédagogique encore balbutiant, permet néanmoins d'ouvrir des champs de réflexion que nous navons probablement pas encore explorés ou exploités et qui au-delà de la question statutaire repose pour les PLP lettres-histoire et géographie notre rapport aux disciplines et notre posture quant à la transmission des savoirs.
Ingrid DUPLAQUET
Professeure de lettres-histoire
Lycée Léonard de Vinci, Bagneux
Formatrice, Académie de Versailles
Régis SIGNARBIEUX
Professeur de lettres-histoire
Lycée Valmy, Colombes
Formateur, Académie de Versailles
Annexe 1 : Les objets détude en français
En baccalauréat professionnel, dans les programmes actuels de français, lapproche de chaque objet détude sorganise autour de 3 problématiques scolaires.
Classe de seconde
Construction de linformation
- Les médias disent-ils la vérité ?
- Comment sassurer du bien-fondé dune information ?
- Peut-on vivre sans sinformer ?
Des goûts et des couleurs, discutons-en
- Les goûts varient dune génération à lautre. Ceux daujourdhui sont-ils «meilleurs » que ceux des générations précédentes ?
- Comment faire partager ses goûts dans une démarche de dialogue et de respect ?
- En quoi la connaissance dune uvre et de sa réception aide-t-elle à former ses goûts et/ou à souvrir aux goûts des autres ?
Parcours de personnages
- Les héros littéraires dhier sont-ils les héros daujourdhui ?
- En quoi lhistoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le
lecteur à se construire ?
- Les valeurs quincarne le personnage étudié sont-elles celles de lauteur, celles dune époque ?
Classe de première
Du côté de limaginaire
- La fable, le conte, les récits imaginaires sont-ils réservés aux jeunes lecteurs ?
- Comment limaginaire joue-t-il avec les moyens du langage, à lopposé de sa fonction utilitaire ou référentielle ?
- Le lecteur duvres de fiction fuit-il la réalité ?
Les philosophes des Lumières et le combat contre linjustice
- Une action juste lest-elle pour tout le monde ?
- Quelles armes littéraires les philosophes des Lumières ont-ils léguées aux générations suivantes pour dénoncer linjustice ?
- En quoi les écrits des philosophes des Lumières permettent ils lélaboration dun jugement argumenté ?
Lhomme face aux avancées scientifiques et techniques :
enthousiasmes et interrogations
- En quoi les avancées scientifiques et techniques nécessitent elles une réflexion individuelle et collective ?
- Le dépassement des limites de lêtre humain peut-il faire craindre une perte dhumanité ?
- Le virtuel est-il un enrichissement du réel ?
Classe terminale
Identité et diversité
- En quoi l'autre est-il semblable et différent ?
- Comment transmettre son histoire, son passé, sa culture ?
- Doit-on renoncer aux spécificités de sa culture pour s'intégrer dans la société ?
Au XXe siècle, lhomme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts
- En quoi le XXème siècle a-t-il modelé lhomme moderne ?
- Les mythes appartiennent-ils seulement au passé ?
- Comment la lecture duvres littéraires permet-elle de sinterroger sur le rapport de lhomme au monde ?
La parole en spectacle
- Dans le dialogue, utilisons-nous seulement des mots ?
- Comment la mise en spectacle de la parole fait-elle naître des émotions (jusquà la manipulation) ?
- Quapporte à lhomme, dhier et daujourdhui, la dimension collective de la mise en spectacle de la parole ?
Les thèmes communs à lhistoire et géographie sont rares pour le même niveau de classe. Les philosophes des Lumières sont abordés en français en première et les Lumières en histoire en classe de seconde.
Par contre, la Renaissance est étudiée en histoire en classe de seconde et aussi en français lorsquon travaille sur des goûts et des couleurs. De même, des passerelles sont possibles en classe terminale avec létude de lhomme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts, au XXème siècle.
Annexe 2 : Piste pour un travail transversal lettres, histoire et histoire des arts en classe terminale
En classe terminale avec létude de lhomme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts, au XXème siècle, voici une piste où lon peut faire des liens entre léducation civique, le français et la sculpture en travaillant sur luvre du sculpteur Krajcberg. Ses sculptures expriment le cri dun homme révolté contre la destruction de la vie. Après un voyage au Mato Grosso où la forêt amazonienne est ravagée par les incendies, il travaille les bois brûlés.
« Mon uvre est un manifeste. Jexprime ce que jai vu hier au Mato Grosso, en Amazonie ou dans létat de Bahia. Je montre la violence contre-nature faite à la vie. La destruction a des formes bien quelle parle de linexistant. Je ne cherche pas à faire de la sculpture. Je cherche des formes à mon cri. Peindre la musique pure nest pas facile.
Comment faire crier une sculpture comme une voix ? ».
KRAJCBERG : bois brûlés dAmazonie
KRAJCBERG : bois brûlés dAmazonie
Articulation des thèmes dans les différentes disciplines en classe terminale
Français : lhomme et son rapport au monde
Question : « comment la lecture duvres littéraires permet-elle de sinterroger sur le rapport de lhomme au monde ? »
Voici 3 uvres possibles au choix pour une classe terminale baccalauréat professionnel
La peste de Camus, la bande dessinée de ART SPIGELMAN : Maus ou encore La ferme des animaux de G. ORWELL.
Éducation civique : la biodiversité
Question : en quoi la destruction de la forêt amazonienne est-elle une atteinte grave à
la biodiversité ?
Histoire des arts : art visuel au XXème siècle
Champ historique et social : arts témoignages, engagements.
Question : en quoi lart de KRASJCBERG est-il celui dun homme révolté ? (Étude de sculptures de KRAJCBERG, de son processus de création, de son engagement, un support très intéressant : le film diffusé en boucle et disponible à lespace KRASJCBERG, le portrait dune révolte, 2003).
La bivalence sur
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr"www.lettres-histoire.ac-versailles.fr
Ce numéro 42 dinterlignes, consacré à la bivalence, sera le dernier à exister en version papier doublée dune version numérique mise en ligne sur le site. En effet, les prochains numéros du bulletin seront uniquement disponibles en version numérique pour consultation ou téléchargement depuis le site des professeurs de lettres histoire et géographie de lacadémie de Versailles [HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/].
Ce numéro est aussi loccasion de recenser, sur le site académique et sur le bulletin de liaison interlignes, les travaux de collègues qui intègrent notre bivalence.
Baccalauréat professionnel ! Progressions et séquences ! Français
1 Faust en scène ! - Parcours de personnage par Sébastien CALLEGARI
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article650"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article650
Cette séquence « a pour finalité, tout en intégrant les exigences fixées par les nouveaux programmes de français, daccorder une place particulière à lhistoire des Arts et plus spécifiquement à lart lyrique ».
2/ Parcours de personnage et évaluation diagnostique : Adèle Blanc-Sec par Jessica LAFITTE et Aurélia LEDRU
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article781"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article781
«
la diffusion du documentaire « Quelle aventure ! » [
] cette fiction documentaire présente les différentes classes sociales de la société du début du XXe siècle en évoquant les bouleversements scientifiques et technologiques de cette époque ».
Il est à remarquer que le deuxième sujet détude du programme dhistoire en première « Les femmes dans la société française de la Belle Époque à nos jours » pourrait parfaitement correspondre avec létude du personnage dAdèle et de son époque. Ce sujet détude « présente lévolution économique et sociale de la situation des femmes ainsi que les inégalités qui persistent ». Mais dans le cas présent lexploitation de la bivalence ne peut alors se faire quavec un « effet retard ».
Le même constat se retrouve pour faire coïncider le programme dhistoire en seconde (sujets détude 3 et 4) avec la littérature. Dans larticle « Relues à laune des
», Lire une pièce de théâtre du XVIIIe : Lîle des esclaves de Marivaux correspond au programme de français de la classe de première. Les concepteurs des programmes ont, semble-t-il, négligé quelque peu les possibilités de création pédagogique offertes par la bivalence.
3/ Le théâtre comme moyen pédagogique pour entrer dans lhistoire
Par Régis SIGNARBIEUX, page 75, interlignes n°39
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/INTERLIGNES_no39_-_Enseigner_autrement_l_histoire-geographie_en_LP.pdf"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/INTERLIGNES_no39_-_Enseigner_autrement_l_histoire-geographie_en_LP.pdf
Dans une séquence intitulée « si les Gabonais avaient découvert lEurope
», Lauteur a conduit 2 séances de 2h chacune. Son objectif était de susciter le questionnement des élèves et de mesurer si le processus didentification propre au théâtre était opératoire et permettait dentrer dans lhistoire pour à la fois interroger le passé et le présent.
Baccalauréat professionnel ! séquence ! Histoire et géographie
1/ Enseigner l histoire avec un document de fiction
« Good Bye Lenin ! W. Becker par Céline VIGNAL, page 35, interlignes n° 39.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/INTERLIGNES_no39_-_Enseigner_autrement_l_histoire-geographie_en_LP.pdf"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/INTERLIGNES_no39_-_Enseigner_autrement_l_histoire-geographie_en_LP.pdf
Après une réflexion sur la validation du document de fiction comme source historique par les historiens et par linstitution, la séquence présentée : « leffondrement du modèle soviétique et la victoire de la démocratie libérale et léconomie de marché » a pour objectif global détudier la chute du Mur de Berlin et ses conséquences sociales, culturelles, économiques et politiques au travers dun document de fiction.
2/ Enseigner lhistoire par la photographie : la crise de mai 1968
Par Michael SCANNAPIECO, page 23, interlignes n°41.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Interlignes_no41_-_Histoire_et_geographie_au_lycee_professionnel_-_Juin_2011.pdf"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Interlignes_no41_-_Histoire_et_geographie_au_lycee_professionnel_-_Juin_2011.pdf
Cette expérience pédagogique illustre un article traitant de lapproche de la photographie par les historiens. Elle a été conçue pour enseigner lhistoire par la photographie et mettre en place une méthode critique. Elle repose à la fois sur le travail de groupe, les capacités à analyser des photographies, la capacité à justifier des choix. Lexpression orale est ici privilégiée.
3/ Enseigner lenjeu énergétique en classe de baccalauréat professionnel par Virginie BEVIÉRE page 40, interlignes n° 41.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Interlignes_no41_-_Histoire_et_geographie_au_lycee_professionnel_-_Juin_2011.pdf"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Interlignes_no41_-_Histoire_et_geographie_au_lycee_professionnel_-_Juin_2011.pdf
Cette séquence, qui a pour objectif daborder le développement durable en géographie à partir détudes de cas, comporte une première séance sur la question énergétique à léchelle mondiale, puis deux séances privilégiant léchelle locale , une sur la question énergétique en Chine et une sur la situation russe. La séance trois a pour objectif de faire écrire les élèves et la séance quatre de préparer au débat avec un travail sur largumentation. Cette séquence a été prolongée par un projet dexposition lors de la semaine du développement durable, projet qui a nécessité une autre séance à dominante écriture.
CAP ! Progressions et séquences ! Français
1/ Le gone du Chaâba : du film au roman par Cécile BOUVIER.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article29"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article29
Cette séquence contient une séance qui a pour objectif d « établir le lien entre le roman et la réalité historique » : guerre dAlgérie, immigration, intégration.
2/ La course du zèbre par Catherine BOUCHERIE.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article421par"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article421
Cette séquence permet dévoquer le conflit vietnamien : « Cette approche du conflit vietnamien permet dexploiter la pluridisciplinarité et peut faire lobjet dune séance dhistoire dans le cadre du thème n° 2 : guerres et conflits contemporains.
3/ Fat Bob : lecture dune nouvelle intégrale et écriture longue en CAP CCF par Georges BÉNET.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article85"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article85
Cette séquence est trivalente puisquelle contient une séance de géographie (séance 3) et une séance dhistoire (séance 5) concernant la guerre dAlgérie.
Il est à remarquer que ces 3 articles ont été conçus avec lancienne question du programme « Guerres et conflits contemporains », lactuel sujet détude « Guerres et conflits en Europe au XXe » et ses 3 situations est plus contraignant pour exploiter la bivalence, mais offre cependant de nombreuses perspectives. (Une séquence associant des lettres de poilus et la situation « Verdun et la mémoire de la bataille », textes et/ou BD en rapport avec le génocide juif,
)
4/ Récits de voyages et catastrophes naturelles par Pierre BRUNET.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article515"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article515
Cette séquence explore la problématique Récits de voyage et représentations de lautre et y associe le thème n° 7, du programme dhistoire et géographie (Les sociétés face aux risques naturels). La séquence oscille entre deux volcans, le Vésuve pour les séances de français et la montagne Pelée pour les séances de géographie.
5/ Le CCF décriture longue en classe de CAP, une démarche vers davantage dautonomie ? par Ingrid DUPLAQUET.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article576"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article576
Larticle est surtout axé sur le CCF de français « en fin de séquence, après létude de la bande dessinée Carton Jaune de Didier Daeninckx et dAsaf Hanuka, menée en parallèle avec le cours dhistoire et géographie sur le thème « Guerres et conflits contemporains ». Il sagit ici de la Seconde Guerre mondiale, la rafle du Vel dHiv et Drancy.
6/ Oltenita et Carmelo par Stéphanie GAHINET.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article647"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article647
Cette séquence utilise un support qui peut être exploité dans les deux situations du CCF de français. En première année la nouvelle de Didier Daeninckx est accompagnée dune séance de géographie. La séance 2 est axée sur « les espaces traversés, les lieux : un élément important dans une histoire ». Elle permet danalyser les lieux dans la nouvelle, mais aussi de faire le lien avec le thème de géographie : le développement inégal.
7/ Le marathon de Safia par Pierre BRUNET.
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article733"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article733
Cette séquence « écrite à plusieurs mains » sarticule autour de la lecture intégrale de la BD Le marathon de Safia et de la problématique du programme déducation civique « Égalité, différences, discriminations ».
Sur ces sept séquences à destination des classes de CAP quatre sorientent vers lhistoire, trois vers la géographie et une vers léducation civique, une séquence contient à la fois de la géographie et de lhistoire. La bivalence semble plus présente dans les travaux pédagogiques concernant les classes de CAP. Son efficacité dans lacquisition des connaissances et leur mémorisation, la possibilité délargissement culturel et le fait quelle donne du sens à notre enseignement font quelle simpose naturellement aux PLP lettres histoire et géographie qui enseignent dans ces classes.
Pierre BRUNET
PLP lettres-histoire
Formateur, Académie de Versailles
Retraité E N
Suzanne BOUDON
PLP lettres-histoire
Formatrice IUFM
Retraitée E N
Le récit, raconter en histoire,
un objet bivalent ?
Ce texte est écrit à partir de la lecture des ouvrages de Bernard Charlot, « Le Rapport au savoir en milieu populaire, enquête sur les lycées professionnels de banlieue », l'article de Béatrice Legris publié sur le site Strabon, l'ouvrage d'Antoine Prost, « Douze leçons sur l'histoire » et des réflexions menées lors du stage de formation continue « Pour une pratique efficace de la bivalence ».
En lycée professionnel, les programmes dhistoire, en CAP ou en baccalauréat 3 ans, invitent à faire acquérir une capacité : raconter un événement historique et caractériser un personnage et son action en rapport avec la situation étudiée. Alors certes, parfois il nous arrive, en tant que professeur dhistoire, daccorder une place à lanecdote ou à la fiction, mais de manière générale, on recourt essentiellement aux documents.
Or, on constate un retour du récit dans nos séances en histoire. Il ne sagit pas pour nous de le réhabiliter mais de le réinterroger dans le cadre de notre enseignement lettres-histoire et de la bivalence.
Comment enseigner le récit sans revenir au cours magistral ? En quoi le récit est-il un outil pertinent dans le cadre de lenseignement de lhistoire ? Comment le récit peut-il permettre de développer des stratégies bivalentes et de répondre aux difficultés des élèves en histoire ? Quest-ce qui fait la spécificité du récit historique ?
1 Le constat des pratiques
Tout dabord, nous sommes partis des constats des collègues : en histoire et en géographie, les élèves ont de grandes difficultés pour écrire les synthèses, ne maîtrisent ni la chronologie ni les notions et ils ne mémorisent pas les connaissances essentielles. Or, les élèves doivent mettre en forme les explications à partir du travail critique sur documents et maîtriser la temporalité. Doù la question : le récit peut-il les aider dans les apprentissages ?
Paul RICOEUR dans Temps et Récit ne faisait-il pas remarquer que le temps du récit est du « temps humainement pertinent ». ?
Le récit est constitué à la fois par une intrigue et une structure interne qui est un puissant mode de compréhension communément partagé.
Ces dernières années, à la lumière de la réflexion épistémologique, les pratiques pédagogiques ont été fortement remises en question. Avant les années 1960, lhistoire enseignée se déroulait en un fil continu, il sagissait de dégager les causes, lévénement et les conséquences. En histoire, le récit a longtemps été délégitimé par lécole des Annales. Lhistoire problème a instauré une rupture en pédagogie, rupture avec le cours magistral qui envisageait la transcription des faits sur un rythme ternaire : cause/événement/conséquence. Lenseignement de lhistoire consistait à demander aux élèves de mémoriser et restituer.
Désormais, la pratique courante en élémentaire, collège, lycées est le cours dialogué qui doit permettre à lélève de « construire son savoir ». Les enseignants sattachent donc à construire un cours dialogué avec un jeu de questions/réponses portant sur des documents choisis par le professeur, afin de répondre à une problématique dégagée à partir dun document de lancement. Les dérives liées à ces pratiques ont été mises à jour par une étude de la DEPP en 2007 concernant lévaluation des acquis des élèves. Par exemple, les élèves de collège écrivent beaucoup mais très rarement dune manière autonome. Loral est réduit. Enfin, ils travaillent rarement en groupes. Ils répondent à un questionnaire sur un ou deux documents successivement. La correction sous forme de dialogue aboutit à la rédaction dun résumé magistral. Le récit a disparu de la salle de classe.
Lors des visites conseil/évaluation des professeurs, mes observations de cours montrent que ces pratiques de collège sont assez similaires à celles du lycée professionnel malgré des conduites de cours qui tentent de rompre avec ce qui na pas fonctionné au collège.
Le récit magistral nest plus là pour donner la cohérence, certains le déplorent. On peut aisément constater que le cours dialogué devient souvent une variante du cours magistral. « La liberté de parole, qui est lun des atouts de cette méthode, est limitée par le nombre dinteractions possibles, sachant que plus de la moitié des prises de parole concerne le maître. Il reste finalement bien peu despace à chaque élève » souligne Danielle Alexandre Lenseignant imposant finalement son raisonnement et son questionnement, le plus souvent, il élabore lui-même la trace écrite. Mais lhistoire impose une reconstruction du passé. Et il ne sagit pas en lycée professionnel de revenir au cours magistral (le faut-il au collège et au lycée général ?), les élèves le disent eux-mêmes : « le prof dhistoire, il parle, il parle, il parle, il ne s'arrête pas, donc nous on nose pas linterrompre et tout. On préfère le laisser continuer à faire ses cours et puis voilà quoi. Euh
il nous donne des tonnes de photocopies, on sait même pas quoi en faire et tout. Donc voilà, quoi (
) On dirait il na pas le souci des élèves, quoi, il fait son cours et puis voilà. Tas compris, tas pas compris cest tant pis pour toi. » (G. BEP2 électrotechnique)
».
Ou encore « en histoire par exemple, il y a des dates, les lieux où ça se situe, les noms des choses comme ça. Par exemple en mécanique on apprend le nom des pièces et par exemple la façon de les enlever et de les retirer. Voilà cest pas
disons que si je pourrais comparer ça, ça serait un puzzle et lhistoire-géographie ça serait un scrabble (
). Par exemple en histoire, on lit une leçon sur un livre puis après il y a le professeur qui commente tandis quen mécanique on apprend une leçon et on lapplique directement sur la machine ou autre chose. Cest pas pareil (
). Ben en histoire, cest surtout la mémoire qui travaille et en mécanique on jette juste un coup dil sur la leçon, je me rappelle des choses essentielles et puis le lendemain, par exemple pour un contrôle, ça se passe directement sur latelier » (G. bac pro 2 MSMA). « Lhistoire-géo si tu veux cest une des matières les plus chiantes pour moi : cest une matière, si même tu écoutes en cours faut quand même apprendre et jaime pas apprendre
».
À la question : « comment fais-tu pour apprendre ? » un élève répond : « ben je regarde la phrase, je me la répète plusieurs fois dans la tête et puis voilà, faut que ça rentre ».
Dans ces conditions, on comprend bien que le cours magistral ne permet pas de répondre aux difficultés que rencontrent les élèves pour sapproprier les connaissances. Utiliser le récit comme moyen de réhabiliter le cours magistral, car il répondrait à une autonomie intellectuelle, ne semble pas être la réponse adéquate pour les élèves de LP.
2 Le récit un objet bivalent ?
On peut rappeler ce qu'écrivait un professeur d'ENNA, François Mattray, au sujet de la lecture et l'histoire à enseigner : « Il faut connaître un arsenal de mots tels que gouvernement, constitution, lois, ministres... » et il ne s'agit pas d'enseigner « la seule histoire des rois, des guerres et des traités mais celle des civilisations, de la civilisation, [
] l'histoire économique et sociale aussi bien que l'histoire technique ». Cela exige également de « raconter des histoires, se servir des journaux et de revues, de mettre en train telle enquête relative à l'étude du milieu, sans exclure les liaisons avec la géographie, un jeu dirigé de l'imagination ».
L'écriture historienne ne relève pas de l'imagination, elle est écriture scientifique. Mais dans lutilisation du récit, l'intérêt est l'imitation des actions humaines, de la vie en action. Lécriture de lhistoire appartient toujours au genre du récit. Elle reconstitue le passé. Mais lécriture historienne est différente de lécriture de la fiction même s'il y a parenté de structure qui relie la fiction du romancier au récit de lhistorien.
En effet, la recherche et notamment Nicole Lautier dans Enseigner lhistoire au lycée a montré que les adolescents mémorisent les éléments qui permettent la mise en intrigue : acteurs individuels ou collectifs, les intentions, les transformations. Quand ils ne perçoivent pas l'idée d'un changement, ils utilisent des mécanismes liés aux images, portraits mais sans interventions de la temporalité.
Une narration n'est pas seulement une succession de choix chronologiques mais est aussi un enchaînement causal. Sa structure est un puissant mode de compréhension communément partagé, elle a comme avantage que généralement l'élève n'a pas besoin de l'apprendre. Le récit est « la manière la plus naturelle et la plus précoce selon laquelle nous organisons nos expériences et nos connaissances », écrit Bruner dans l'Éducation, entrée dans la culture.
Néanmoins, le récit historique se distingue du récit littéraire par sa fonction qui permet la compréhension du passé, son intention de la réalité complète, par lextension de son projet et ses problématiques.
À partir des écrits d'Antoine Prost on peut retenir quelques caractéristiques du récit :
- distance entre les faits et le narrateur : l'historien nest ni un acteur, ni un témoin ;
- connaissance préalable des faits. Lhistorien ne les découvre pas au fur et à mesure ;
- les procédures : travail critique à partir de preuves, les documents, par ses moyens documentaires et méthodologiques ;
- temporalité : temps construit, élaboré, mise en forme dexplication, par des temporalités complexifiées ;
- personnages : actions des hommes, mentalités : personnages individuels ou collectifs, les individus ont des interactions dont les causes sont plus vastes que leurs volontés et leurs sentiments.
Le récit a pour finalité la compréhension. Le récit historique est une composition hétérogène, juxtaposant des éléments divers : présentation des faits, des preuves, comparaison diachronique pour étayer lexplication. La narration est au principe même de lhistoire, elle est constituante de lhistorien. Une narration comprend un début, un milieu, une fin, un ensemble.
Le récit historique est une production spécifique :
- Le récit historique est fondé sur une problématique. On pose une question, on effectue une mise en intrigue, on dégage une hypothèse initiale. Lhistorien fait un choix.
- Le récit historique sappuie sur des preuves. On procède à une analyse critique des documents. Et contrairement au récit littéraire, on ne retient pas le vraisemblable ou même limaginaire.
- Le récit historique est explicatif, argumentatif et interprétatif. On ne fait pas que de «raconter des histoires». Le récit historique rend intelligible des traces du passé ; il reconstruit le passé. Il peut être intéressant de mener un travail de comparaison entre récit de fiction et récit historique avec les élèves.
- Le récit historique assume sa part fictionnelle. Quand on reconstruit le passé, il y a des «blancs ». On peut évoquer en faisant imaginer à condition que ce soit explicite, mais on sinterdit les représentations fausses.
Cest une « mise en langage » spécifique :
- Le récit historique a une cohérence structurelle. On choisit un découpage chronologique, on élabore une argumentation fondée sur une mise en relation de documents, de notions et de références.
- Le récit historique utilise un vocabulaire précis et des notions spécifiques. Le concept est loutil intellectuel indispensable, nous l'avons montré dans l'article précédent. Ce qui nous amène à reposer la question du travail sur le lexique et la conceptualisation.
Le texte du récit est objectivé et le je disparaît au profit du on ou du nous. Le temps du récit historique est le passé ou le présent historique : n'y a-t-il pas un enjeu en LP à travailler des récits historiques à la 1ère personne afin que les élèves puissent s'identifier aux acteurs de l'histoire ? Ce qui est un facteur de mémorisation. Puis ensuite de travailler la maîtrise de la langue sur le changement de narrateur
Il sagit donc dexpliquer et de raconter, la structure narrative a comme avantage que lélève na pas besoin de lapprendre. Il sagit bien de mobiliser toutes les composantes de la discipline : expliquer et comprendre, argumenter et raconter, imaginer et vérifier.
À partir de lensemble de ces éléments voici des expériences dutilisation du récit en histoire :
3 Les exemples de situation avec lutilisation du récit en classe :
La Révolution française est une période riche en événements. Leur enchaînement nécessite une maîtrise des ruptures chronologiques. Chaque groupe d'élèves choisit un acteur individuel ou collectif du Tiers- État, de la Noblesse ou du Clergé. En fin de séance, chacun reçoit une lettre datée et signée par un membre de son ordre qui demande qu'on lui raconte les événements entre deux périodes de rupture par exemple juillet-août 1789. Dans le cadre de son travail à la maison l'élève reprend la leçon, raconte les événements à la 1ère personne en introduisant les notions du cours, et il choisit un point de vue. L'écriture à la 1ère personne et dans le registre du genre épistolaire lui permet ainsi de se mettre à la place de. Il ne s'agit pas d'une écriture historique, le narrateur n'est pas objectivé. On peut alors construire une séance de maîtrise de la langue sur le changement de narrateur et envisager la mise à distance nécessaire.
À laide d'un corpus documentaire lors de l'étude dHumanisme et Renaissance ou Voyages et découvertes, les élèves ont créé, imaginé un personnage qui accompagne Érasme en Europe ou Colomb lors des voyages ou l'acteur de l'histoire lui-même. Il raconte, décrit les lieux, les mentalités, etc. Ils ont raconté en se mettant à la place de.
Pour létude dune séquence intitulée « être ouvrier à
», nous avons utilisé la peinture La Grève au Creusot de Jean Adler (1899) : l'élève choisit un personnage, le situe dans l'espace du tableau, le contextualise avec la chronologie, formule des hypothèses sur le passé, le présent, et l'avenir du personnage.
Un travail a été également réalisé grâce au texte théâtral contemporain pour démarrer létude de Voyages et découvertes. Cette procédure a permis des lectures à haute voix, des confrontations du texte avec les documents historiques, des identifications de la fiction et de la réalité mais aussi limitation des actions humaines.
Ainsi les élèves ont écrit, reconstitué le passé avec les notions, mémorisé par l'identification, l'imaginaire, l'émotion... et se sont également mis à la place des personnages.
Conclusion
Lors de ces activités avec utilisation du récit en histoire, les grandes compétences des programmes de français (la lecture, lécriture, loral et la maîtrise de la langue) ont bien été intégrées dans le cours dhistoire. Nous avons également fait appel à limagination des élèves, à la mise en situation, à la mise à distance et à létablissement de la temporalité. Nous avons ainsi permis aux élèves par le récit de se réapproprier connaissances et méthodes mais également la mémorisation. Ces procédures ont suscité un vif intérêt de la part des élèves, reste à en valider l'efficacité dans le cadre des évaluations notamment en terme d'acquisition des connaissances.
Le récit au même titre que la problématique peut être envisagé comme un objet bivalent. Que l'enseignant l'utilise aussi bien à l'oral qu'à l'écrit sans revenir au cours magistral, que l'élève l'utilise en français ou en histoire en tant qu'objet spécifique aux disciplines, peut être une façon de le replacer dans une dimension anthropologique des savoirs sans craindre de ne plus enseigner l'histoire. Il pourrait être intéressant de réfléchir de la même manière à la description en français et en géographie ou à l'argumentation.
Régis Signarbieux
Professeur de lettres-histoire
Lycée Professionnel Valmy, Colombes
Formateur Académie de Versailles
Du côté des lettres-langues
Et du côté des collègues lettres-langue, comment vit-on la bivalence ? Patricia Lasausa et Marc Lewin, inspecteurs danglais-lettres et Françoise Girod pour les lettres-histoire, ont échangé sur ce thème
Christiane Doison, inspectrice darts appliqués, a facilité lenregistrement de cet échange.
Françoise Girod La bivalence, pour les professeurs de lycée professionnel lettres-histoire, peut poser des problèmes de maîtrise des contenus, de formation. Mais elle est vécue comme une évidence. Sinon, les enseignants ne restent pas longtemps en lycée professionnel et passent vite le CAPES. Je souhaiterais savoir si un PLP langue-lettres a ce même positionnement ou sil vit la bivalence autrement ?
Patricia Lasausa Ce quil faut savoir, cest quil y a de moins en moins de lauréats du CA PLP langue vivante-lettres, en particulier en anglais-lettres, qui ont une expérience du lycée professionnel et de la bivalence. Dailleurs, même sils ont été contractuels en LP, ils nont pratiquement jamais eu loccasion denseigner le français. Ils découvrent donc la bivalence en préparant le concours voire lannée de leur formation professionnelle et, contrairement aux collègues de lettres-histoire, ils nont pas eu lhabitude de se projeter dans la bivalence.
FG Est-ce à dire quil y a eu une époque où les PLP anglais-lettres avaient le projet denseigner le français et que ça nexiste plus ?
PL Disons que ça paraît de moins en moins être le cas, même si, vraisemblablement, il existe toujours des PLP bivalents par choix. Pour illustrer cette situation, cette année, par exemple, sur les six stagiaires anglais-lettres, il ny en a quun qui a lexpérience du lycée professionnel. Les autres sortent de luniversité où, parce quils y préparaient le CAPES, ils nont jamais fait de stage en responsabilité, ni même de pratique accompagnée dans la voie professionnelle. On peut dire que, pour eux, le CA PLP est une sorte de roue de secours en cas déchec au CAPES danglais, ou bien de propédeutique à ce concours
En fait, ils passent souvent les épreuves de français sur leurs acquis du lycée
FG Mais la situation est analogue en lettres-histoire : les enseignants sont pratiquement tous monovalents de formation (depuis plusieurs années ils sont généralement historiens), ils ont souvent préparé le CAPES à luniversité et leur dernier entraînement au commentaire composé date parfois de leur classe de 1ère
Et malgré tout la grande majorité dentre eux assume cette bivalence, voire la revendique
Il nest quà lire larticle de Françoise Bollengier
Mais ce positionnement différent des anglicistes face à la bivalence ne viendrait-il pas de ce que, contrairement aux professeurs de lettres-histoire, un PLP anglais-lettres peut fort bien ne jamais avoir à enseigner le français de toute sa carrière ? Cette situation nexiste pas pour un PLP lettres-histoire. On lui demandera toujours denseigner les trois disciplines, ne serait-ce que quelques heures
Il ny en a quasiment aucun à avoir lopportunité de nenseigner quune des deux valences. Donc est-ce que ce nest pas plutôt ça, cette probabilité forte de ne pas avoir à enseigner le français, qui fait quils nont pas le même positionnement face à la bivalence ?
PL Ça dépend des établissements. Il y a des lycées professionnels où, historiquement, les PLP langue-lettres ont toujours exercé leur bivalence. Dans les autres, pour des raisons de volume horaire en langue vivante, ce nest pas quils se désintéressent de la bivalence, cest quils la subissent
Ou alors, ils nenseignent quune heure, en CAP, en 3 DP6
FG Une heure de quoi
?
PL Mais de français !
FG Les élèves nont quune heure de français ?
PL Mais non, mais les autres heures sont attribuées au collègue de lettres-histoire qui a accepté de laisser une de « ses » heures
En fait, on pourrait dire que la bivalence langue-lettres devient une « variable dajustement » dans les établissements, pour gérer les emplois du temps, voire pour sauver des postes
Cest dire que, dans ce contexte, les collègues ont rarement la classe à la fois en anglais et en français !
FG Mais ça nest pas du tout lesprit dun corps denseignants bivalents
La bivalence doit dabord de faciliter les apprentissages des élèves
Et les collègues ne protestent pas ?
Marc Lewin Cest tout un changement de culture qui se produit depuis quelque temps dans la voie professionnelle. Un changement dans la durée des cursus (trois ans pour un baccalauréat au lieu de 2 + 2), un changement dans lorganisation des enseignements, un changement dans les positionnements disciplinaires... Jusquà lavènement de la LV2 obligatoire dans les sections tertiaires, la problématique était inverse : on « sauvait des postes » en confiant un maximum dheures de français aux PLP espagnol-lettres. Or maintenant on change complètement de paradigme ! Autrement dit, on a de tels besoins en espagnol que les PLP sont complètement « aspirés » par la monovalence. Et en anglais, cest la même chose. Et la baisse dans le recrutement les postes ont chuté au concours narrange rien
PL En même temps, nous avons toutes les difficultés à recruter des professeurs contractuels qui, eux, par essence, sont monovalents
FG Cest la même en chose pour tous les enseignements généraux
Il ny a pas plus de formations plurivalentes en sciences quen lettres ou en langue vivante. Et pourtant on recrute très régulièrement des contractuels de math-sciences ou de lettres-histoire
PL Il se trouve que jamais un proviseur ne ma signalé quil avait besoin dun contractuel bivalent. On en revient toujours à la même chose : dans le quotidien des établissements, on na pas ou de moins en moins dheures de lettres dispensées par les anglicistes
FG Alors essayons de faire un peu de « pédagogie-fiction » ! Imaginons que, pour des raisons diverses, il y ait dans la voie professionnelle de vrais besoins de PLP langue-lettres réellement bivalents : est-ce que ça aurait un sens quun même professeur enseigne une langue étrangère et la langue maternelle ?
ML Mais évidemment que ça a un sens !!!! Didactiquement
PL
oui, didactiquement
ML
dans une optique de pédagogie fiction, bien évidemment !
PL Dans les deux cas, il sagit denseigner une langue vivante. Tu as parlé denseigner aussi la « langue maternelle », mais le français est parfois, pour nos élèves, une « langue seconde »
FG Oui, bien sûr, une « langue de scolarisation »
Je pose la question de la pertinence dune bi (ou pluri)valence en langue-lettres parce que, chez nos PLP lettres-histoire, y compris quand ils sont littéraires de formation, on constate souvent une bivalence par juxtaposition des disciplines. C'est-à-dire quils enseignent le français ET lhistoire, ET la géographie, Et léducation civique mais les articulations entre ces disciplines sont faites plus par le thème que par les compétences transversales. Par exemple, dans le programme de 2nde professionnelle, le thème dhistoire « Humanisme et Renaissance » est loccasion détudier en parallèle la poésie de la Pléiade
Mais en fait on assiste à une juxtaposition de deux disciplines. Et, dans ce cas, si ce nétait que lon connaît mieux les élèves quand on les voit 5 heures que quand on nenseigne que le bloc histoire-géographie-éducation civique à raison dune heure et demie par semaine, on pourrait fort bien faire enseigner le français par un autre enseignant
Je pense que ça doit se passer différemment quand on enseigne deux langues quil y en ait une maternelle ou pas où de vraies articulations devraient se faire sur les compétences.
PL Elles se font, mais implicitement
Lobjectif, quand on enseigne une langue étrangère, cest denseigner au maximum dans cette langue pour amener les élèves à produire oralement ou par écrit un maximum dans cette langue. Si on ne parle plus de langue « étrangère » mais que lon se préoccupe de « parler une langue », il sagit bien de faire produire plus et mieux, quelle que soit la langue, quelle soit étrangère, maternelle, seconde, de scolarisation
Alors les moyens didactiques et pédagogiques peuvent être transférables. Mais ce nest pas parce que lon a une compétence linguistique supplémentaire, que lon a une connaissance de la langue étrangère, que lon aura la compétence didactique dans la langue maternelle ou seconde
On pourra avoir une approche plus linguistique que culturelle, par exemple. Cest tout simplement un problème de formation des enseignants, mais de formation initiale des enseignants, avant même parfois passer le concours
ML Ce quil faut savoir, cest que, avant dêtre professeurs danglais en baccalauréat professionnel, les PLP sont professeurs de langue. Cest ce quon leur dit !
PL Et ça, cest très difficile à faire comprendre à nos enseignants qui sont extrêmement attachés à la spécificité de la langue vivante quils ont choisi denseigner. Ça suppose un recul quils nont pas eu les moyens dacquérir dans leur formation
ML Or nous avons de plus en plus de candidats au CA PLP qui préparent le CAPES. Autrement dit, qui sont rentrés très rapidement dans le moule de la langue étrangère et de cette langue là et pas une autre depuis le départ. Autrement dit, où est le transversal linguistique ? De toute façon il y a de moins en moins de transversal linguistique... Et lhorizon des professeurs est limité
FG Quand un « historien » lit un programme de français, quel quil soit, il y voit aussitôt laspect culturel. Par exemple, quand il repère, en classe de 1ère professionnelle lobjet détude « Les philosophes des Lumières et la lutte contre linjustice », il sait immédiatement évoquer les savoirs historiques, voire civiques, quil lui faut convoquer pour traiter ce sujet. Et cest tout naturellement quil se tourne vers son collègue darts appliqués pour lui proposer de « monter » un projet pluridisciplinaire. Est-ce que le « linguiste », lui, parce quil a la compétence, par exemple, à développer lexpression orale de ses élèves en anglais, a le projet de transférer ses savoir-faire pour améliorer leur expression en français ? Ou encore : les PLP de langue-lettres enseignent-ils le français avec dautres catégories que les PLP lettres-histoire ? Mon hypothèse en effet cest que, dans une discipline aussi malléable que le « français », on peut le tirer vers la « communication » ou, à lopposé, vers la « littérature », la formation universitaire initiale des professeurs a des effets sur leur conception de lenseignement du français et, par là même, leurs pratiques
PL Cest vrai des professeurs qui viennent du FLE
ML
tout à fait
PL Parce quils ont cette connaissance des mécanismes dacquisition du français comme langue étrangère, ils vont appréhender lenseignement du français comme une langue, y compris envers des francophones dorigine. Ils vont donc faire ces « ponts linguistiques » entre les deux langues, et ils vont mettre « du culturel » dans lenseignement du français comme ils mettent « du culturel » dans leurs cours danglais ! Et ils vont mettre de la « littérature » en français comme ils le font en anglais. Mais ce sont les seuls, parce que le FLE leur a donné ce « savoir transférer ». Les autres vont être davantage dans lintuition. Ou alors, parce que leurs élèves ont des difficultés dans la maîtrise de la langue, ils vont mettre laccent sur la grammaire et oublier la production écrite et orale
Mais comment conduire une démarche aussi réfléchie quand on est affecté dans un établissement où lon se voit attribuer une heure ou deux de français, comme ça, avec largument du « sous-service »
? Je dirais que lon suit là une logique comptable et pas une logique pédagogique. On ne se préoccupe pas de réduire le nombre dintervenants devant les élèves parce que ça va faciliter les apprentissages ce qui est à lorigine de la bivalence mais on se demande comment conjuguer le volume horaire auquel les élèves ont droit, le volume horaire de service du professeur et la DHG.
FG Est-ce que cest vraiment choquant quun PLP langue sache quil naura pas tous les ans une classe de français, parce que les horaires des classes changent, ou parce quun professeur prend un temps partiel, par exemple
?
PL Ah oui ! Cest choquant !
ML Nous ne sommes pas des intermittents de lenseignement du français !
PL Et où est la cohérence dans ce cas ?
ML Où est linvestissement ?
PL Les professeurs ne sont pas des pièces que lon prend et que lon jette quand elles ne sont plus nécessaires ! Ils nont pas à être cette « variable dajustement » dont on parlait précédemment ! Quand on nest pas un « spécialiste », enseigner le français exige de linvestissement. Cest un surcroit de travail, de recherche, de mise en uvre, de formation, de tout ! Si on enseigne sans continuité, où est la cohérence ? Comment vérifier que ce quon a mis en place a ou na pas fonctionné ? Comment savoir si cet échec vient de la classe ou bien de la séquence denseignement ? Comment réajuster son enseignement dune année sur lautre ? Comment « rentabiliser » parce que cest important aussi
le temps passé à chercher, à se former, à organiser, à préparer, à mettre en uvre avec les élèves, à évaluer, à remédier ensuite ? Cest tout ça, le métier
Voilà pourquoi nous, inspecteurs, nous ne militons pas pour la bivalence à tout prix
FG Il est vrai que, quand je réunis une équipe et que le proviseur y a associé les professeurs de langue-lettres, je ne rencontre que ceux qui ont des heures de français
PL Bien sûr, ils sont motivés, parce quils ont un besoin
FG Oui, et puis si on me les envoie à la réunion cest
PL
cest quils ont des besoins
Tu ne verras pas les professeurs qui nenseignent pas les lettres !
FG Cependant, ils précisent souvent quil y a des années « blanches » où ils nont pas loccasion denseigner le français
PL Oui, mais ces années « blanches » vont se multiplier dans les années à venir et les plages vont être de plus en plus longues
ML Et ce phénomène va toucher toutes les langues, lespagnol et même lallemand. Car avec la LV2 obligatoire, les besoins augmentent chaque année en même temps que « montent » les classes de baccalauréat professionnel
Même si ce phénomène il faudrait vérifier est peut-être moins marqué dans les académies de province
PL Par exemple, dans lacadémie de Créteil, en cinq ans on est passé de 50 % de professeurs réellement bivalents à 20 %...
FG La bivalence interroge tout le monde ! Sil ny avait pas le barrage de lhoraire, si toutes les sections avaient trois ou même seulement deux heures dhistoire-géographie au lieu dune heure, les historiens vivraient-ils aussi bien la bivalence ? Ne seraient-ils pas tentés, comme certains de leurs collègues littéraires de formation, de se constituer un emploi du temps largement monovalent
? Est-il si « naturel », si évident, de faire enseigner le français, lhistoire, la géographie, léducation civique par le même enseignant ? Je minterroge donc sur lévidence de la bivalence pour un linguiste
PL Mais sur le papier ça lest ! Sans quoi, nous naurions pas choisi ce métier ! On naurait pas choisi de rester en lycée professionnel !
ML Mais on nest pas de la même génération. On na pas eu la même formation professionnelle, pas la même motivation à passer ce concours
FG Il est vrai que le statut de PLP, qui permet maintenant les mêmes perspectives de carrière que celui de certifié laccès à lagrégation interne ou aux concours dencadrement réduit le nombre de professeurs monovalents « contrariés » : ceux qui souhaitent ne pas être bivalents peuvent passer dautres concours
ML Même si lon peut passer le CAPES a fortiori lagrégation pour dautres raisons que la recherche de la monovalence
PL
parce que lon a des représentations du métier denseignant, que lon veut se prouver que lon est capable de réussir un concours où lon a échoué une première fois
FG En fait, ne restent PLP lettres-histoire que les gens qui trouvent un intérêt réel à enseigner le français. Car ils sont nombreux les historiens à enseigner majoritairement le français et à sy plaire ! Souvent cette discipline a été pour eux une vraie découverte. Ils y ont découvert lintérêt pour la formation de leurs élèves mais aussi un véritable intérêt personnel, qui ravive parfois les souvenirs dune classe préparatoire
ou du lycée
PL Et cétait vrai aussi il y a une dizaine dannées pour les anglais-lettres
Françoise GIROD
Inspectrice de lettres-histoire
Académie de Versailles
Dialogue avec Estelle, PLP anglais-lettres
Échange entre deux collègues au lycée Jean Moulin, Le Chesnay, Académie de Versailles.
SR - Interviewer - Depuis quand enseignes-tu ?
Estelle - Jenseigne langlais depuis 15 ans.
SR - Tu enseignes le français et langlais, cest une situation assez atypique au lycée. Comment as-tu été amenée à faire ce choix ?
Estelle - Sachant quil y avait des heures de français disponibles, quil était nécessaire quune des profs danglais les prenne pour quon ait toutes nos 18h, je me suis portée volontaire.
SR - Au niveau pédagogique, quelles différences fondamentales y a-t-il à enseigner les lettres plutôt que langlais ?
Estelle - Lenseignement de langlais se limite souvent à létude linguistique de la langue. Lenseignement des lettres permet daborder la littérature, la civilisation, de faire se confronter des idées de manière beaucoup plus approfondie. Il ny a pas la barrière de la langue, en français, donc on peut aller plus loin.
SR - En quoi ton expérience de professeur de langues est-elle un avantage pour les lettres en LP ? Que tapporte ta formation en langues étrangères pour enseigner les lettres dans la langue maternelle des élèves ?
Estelle - Ça me permet de mieux comprendre certaines difficultés dapprentissage. Cest notamment le cas avec les élèves qui ne parlent pas couramment le français. Cette situation est assez similaire à lapprentissage de langlais, finalement.
SR - Quest-ce que lenseignement des lettres apporte de positif à ton métier denseignante ?
Estelle - Lenseignement des lettres mapporte un épanouissement personnel. Depuis 15 ans, jutilise ma langue maternelle uniquement pour gérer la classe, expliquer, punir. Son usage est devenu répressif. Enseigner les lettres me permet de redécouvrir ma propre langue, de la voir sous un autre angle, de linvestir différemment. Cest une respiration dans ma semaine de professeur danglais. Et puis, je cerne mieux certaines difficultés que les élèves rencontrent en anglais également. Lorsquils ont des difficultés, en français, pour exprimer la causalité, par exemple, je retrouve ces mêmes erreurs en anglais, et je procède alors différemment pour corriger ce problème.
SR - Quelles difficultés rencontres-tu lorsque tu enseignes le français ?
Estelle - Les difficultés rencontrées sont essentiellement dues à ma méconnaissance du niveau et des difficultés des élèves dans leur propre langue. Ce que je croyais plus simple est en fait très compliqué, et ce que je croyais acquis ne lest pas forcément.
SR - Est-ce que cela a tendu les relations avec tes collègues de lettres-histoire ? Comment vivez-vous la cohabitation sur les classes communes ?
Estelle - Les relations avec mes collègues de lettres-histoire sont restées courtoises. Ils me conseillent lorsque jen fais la demande.
Stéphane Renault
PLP lettres-histoire
Lycée Jean Moulin
78 Le Chesnay
Académie de Versailles
SUR LE NET
LE SITE LETTRES-HISTOIRE
DE LACADÉMIE DE VERSAILLES
Consultez les anciens numéros dinterlignes
Informez-vous
Sur le CAP, le baccalauréat professionnel
Un clic
HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr
interlignes
Présidente
Françoise GIROD
Inspectrice de lettres-histoire
Rectorat de Versailles
Tél. 01 39 51 00 00
Vice présidente
Françoise BOLLENGIER
Professeure
Présidente dhonneur
Maryse BOSSUET
Inspectrice de lettres-histoire
Rédactrice en chef
Suzanne BOUDON
Professeure
Trésorière
Chantal DONADEY
Professeure
Secrétaire
Christiane ROUYER
Professeure
Chargé des relations
Pierre BRUNET
Professeur
Le comité de rédaction dinterlignes 2011-2012
Françoise ABJEAN
Professeure lettres-histoire
Formatrice académie de Versailles
LP Paul Belmondo,
23 av de la Division Leclerc,
91290 ARPAJON
Edith BIREAUD
Professeure lettres-histoire
Retraitée E N
Françoise BOLLENGIER
Professeure lettres-histoire
Formatrice IUFM, Retraitée E N
Suzanne BOUDON
Professeure lettres-histoire
Formatrice IUFM, Retraitée E N
Georges BÉNET
Professeur lettres-histoire
Lycée professionnel A. Perret,
avenue de la liberté, 91000 ÉVRY
Pierre BRUNET
Professeur lettres-histoire
Formateur académie de Versailles
Retraité E N
Annie COUDERC
Inspectrice de lettres-histoire
Académie de Versailles
Catherine DONNADIEU
Professeure lettres-histoire
Lycée professionnel A Perret
Avenue de la liberté, 91000 ÉVRY
Chantal DONADEY
Professeure lettres-histoire
Lycée professionnel Henri Matisse
55 rue de Montfort, 78110 TRAPPES
Formatrice IUFM
Université Cergy Pontoise
Site : ANTONY 92167
Ingrid DUPLAQUET
Professeure lettres-histoire
Formatrice académie de Versailles
Lycée professionnel léonard de Vinci,
5 rue Henri Barbusse,
92220 BAGNEUX
Christine ESCHENBRENNER
Professeure lettres-histoire
Formatrice académie de Versailles
LGT F. et N LEGER 7 allée F. et N. Léger
95104 ARGENTEUIL
Françoise GIROD
Inspectrice de lettres-histoire
Académie de Versailles
Sylvain HUET
Professeur lettres-histoire
Formateur académie de Versailles
LP Jules Verne, 2 rue de la Constituante
78500 SARTROUVILLE
Francine LABEYRIE
Professeure lettres-histoire
Formatrice académie de Versailles
Lycée professionnel
25 rue Louis Dardenne, 92170 VANVES
Jeanne-Marie LECAS BOCKSTAL
Inspectrice de lettres-histoire
Académie de Versailles
Dominique LE NUZ
Professeure lettres-histoire
Formatrice académie de Versailles
LPO E de Breteuil, 3 rue du Canal
78180 MONTIGNY LE BRETONNEUX
Maryse LOPEZ
Professeure lettres-histoire
Formatrice IUFM de Versailles
Université Cergy Pontoise
Site : ANTONY 92167
Christiane ROUYER
Professeure lettres-histoire
Formatrice académie de Versailles
Retraitée E N
Michèle SENDRE
Inspectrice de lettres-histoire
Académie de Versailles
Régis SIGNARBIEUX
Professeur lettres-histoire
Formateur académie de Versailles
Lycée professionnel Valmy,
130 boulevard Valmy
92700 COLOMBES
Ce numéro a été mis en forme
Au Lycée Robert Doisneau
Avenue Jean Jaurès
91107 CORBEIL ESSONNES
Par les classes de Baccalauréat Professionnel Secrétariat
Sous la responsabilité de leurs professeures
Agnès CHARRUYER et Safia BOUHASSOUN
Le courrier doit être adressé à :
Chantal DONADEY
Lycée professionnel Henri Matisse
55 rue de Montfort
78110 TRAPPES
Tél. 01 30 62 87 42
Cet article sintéresse à la bivalence en privilégiant le point de vue de lenseignement du français. Cette réflexion sinscrit dans un travail de recherche que je mène actuellement sur la littérature dans lenseignement professionnel de 1945 à 1985.
Nous naborderons ici que la bivalence lettres et histoire. Il faudrait bien entendu approfondir cette question du côté de la bivalence lettres et géographie.
Léquipe de formateurs de PLP lettres-histoire et géographie est intervenue sur cette question lors dun colloque sur les didactiques en questions qui sest déroulé à lUniversité de Cergy-Pontoise en 2010.
Les écoles normales de formation des instituteurs seront supprimées par Vichy et rétablies au lendemain de la guerre. Cest également en 1945 que seront créées les ENNA (École normale nationale dapprentissage) chargées de la formation des professeurs de lenseignement professionnel. Elles intégreront les IUFM en 1991.
Contrairement au corps des PEGC de collèges qui sera définitivement supprimé en 1987.
Le niveau de formation des PEG de lenseignement professionnel sest très rapidement élevé. Recrutés avec le baccalauréat en 1945, avec des licences incomplètes en 1960, ils sont dans leur grande majorité détenteurs dune licence ou dune maîtrise dès la fin des années 70. Ils sont aujourdhui recrutés, dans le cadre du concours, avec un niveau master 2.
Certificat détude primaire et élémentaire.
Le centre dapprentissage devient collège denseignement technique (CET) suite à la réforme Berthoin de 1959. On continue à y préparer le CAP. La mise en place du BEP à titre expérimental date, quant à elle, de 1967 et le diplôme est officiellement reconnu en 1968 (BO n°1 du 04 Janvier 1968). Quelques années plus tard, en 1976, le CET, qui prépare au CAP et au BEP, devient Lycée denseignement professionnel (LEP) par le décret du 28 Décembre 1976. En 1985, suite à la création du baccalauréat professionnel le LEP prend le nom de lycée professionnel (LP). Ces changements de sigles illustrent cette intégration.
Pour une chronologie de lenseignement technique et professionnel voir HYPERLINK "http://www.inrp.fr/she/fichiers_rtf_pdf/bode_%20chronologie_et.pdf"http://www.inrp.fr/she/fichiers_rtf_pdf/bode_%20chronologie_et.pdf
M. LOPEZ : « Enseigner le français en lycée professionnel. Quels changements dans le métier ? », Le français aujourdhui, n° 171, 2010.
Textes choisis, lectures expliquées, lectures suivies et dirigées, XIX et XXème : uvres dobservation sociale, Grands problèmes de la civilisation contemporaine, Ecrivains français et étrangers, 3e année, DUNOD, 1962.
Cette période qui suit les années 60 est marquée par la réflexion sur les disciplines : pour le français, commission Rouchette pour lécole élémentaire (1963-1966) et de la commission Pierre Emmanuel pour le secondaire (1970-1974). Pour les mathématiques, commission Lichnérovitz, pour la physique et la technologie commission Lagarrigue.
J. CARADEC, G. NEGRE, Thèmes et textes de français, collection G. Belloc, Delagrave, 1980.
G. BELLOC, G. NEGRE, Thèmes et textes, 1ère année de BEP, Delagrave, 1972, p. 355 et suivantes.
Il sagit dun mémoire fait par une stagiaire de lIUFM, Claudia Dibon.
À ma connaissance, les seuls travaux récents sont ceux de Marie Noëlle Allart, sous la direction de Pierre Kahn, ceux de Xavier Sido en mathématiques sous la direction de Joël Lebeaume et Renaud dEnfert et les miens sur la littérature sous la direction de Marie Laure ElalouF et Pierre Kahn.
Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008.
Séquence dans le mémoire de Claudia Dibon, professeure stagiaire IUFM.
Expérience en AP au lycée professionnel sur le site académique lettres histoire de lacadémie de Versailles HYPERLINK "http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?rubrique171"http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/spip.php?rubrique171
BO spécial n°2 du 19 février 2009. Rénovation de la voie professionnelle : enseignements dispensés dans les formations sous statut scolaire préparant au baccalauréat professionnel ; site HYPERLINK "http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/webdav/site/espaceeducatif3/groups/RECTORAT-COM_Tous/public/bacpro3/EG_specialites.pdf"http://espaceeducatif.ac-rennes.fr/jahia/webdav/site/espaceeducatif3/groups/RECTORAT-COM_Tous/public/bacpro3/EG_specialites.pdf
A. BELLADJIN, M. LOPEZ, Colloque INRP, HYPERLINK "http://litterature.inrp.fr/litterature/histoire-et-litterature/abstracts/belhadjin-lopez-1"http://litterature.inrp.fr/litterature/histoire-et-litterature/abstracts/belhadjin-lopez-1
M. LOPEZ, La bivalence lettres-histoire en lycée professionnel : un objet aux contours flous ?, interlignes n° 42.
Les collègues qui ont fait circuler les questionnaires : Françoise ABJEAN, Camille TACAIL, Marina VIDIL, Laurence MENGELLE et Séverine FREBAULT, PLP lettres-histoire au Lycée professionnel à Arpajon, Sylvain HUET, Anthony CAVA et Coralie ROGER, PLP lettres-histoire au Lycée professionnel de Sartrouville.
Françoise RAYNAL, Alain RIEUNER, Pédagogie, dictionnaire des concepts clés, Apprentissages, formation, psychologie cognitive, ESF 2009.
Danielle ALEXANDRE, Les méthodes qui font réussir les élèves, ESF, 2011.
Bernard CHARLOT, Du Rapport au Savoir, Éléments pour une théorie, Anthropos1997.
Y. CHEVALLARD (1985), La transposition didactique Du savoir savant au savoir enseigné, La Pensée sauvage, Grenoble, deuxième édition augmentée, 1991.
A. CHERVEL, La culture scolaire une approche historique, Belin 1998.
Annexe 1 : Les objets détude en Français dans le programme de 2009.
Schéma réalisé pour le stage de formation continue « pour une pratique effective de la bivalence en lettres histoire et géographie » 2010-2011.
J.P. ASTOLFI, Lerreur, un outil pour progresser, ESF éditeur, 1997.
A. CHERVEL, La culture scolaire une approche historique, Belin 1998.
Anne Raymonde de BEAUDRAP, « la littérature au risque de la bivalence »
HYPERLINK "http://www.colloqueairdf.fse.ulaval.ca/fichier/Communications/Beaudrap.pdf"http://www.colloqueairdf.fse.ulaval.ca/fichier/Communications/Beaudrap.pdf
B. VECK et Jean-Paul FALCY, Michel TOURNEUX, Jacques LAMBERT, Marc LEGRAND, Marc BUONOMO, Patrice ALLARD, Bernard VECK, Simonne GUYON, Guy RUMELHARD, La problématique dune discipline à lautre, ADAPT éditions, 1997.
Citée dans Clé pour lenseignement de lhistoire sous la direction de Marc VIGIÉ, collection démarche pédagogique, CRDP Académie de Versailles, 1996.
Annexe 2 : thème de lhomme et son rapport au monde.
Anne Raymonde de BEAUDRAP « la littérature au risque de la bivalence »
HYPERLINK "http://www.colloqueairdf.fse.ulaval.ca/fichier/Communications/Beaudrap.pdf"http://www.colloqueairdf.fse.ulaval.ca/fichier/Communications/Beaudrap.pdf
Programmes de 2009.
Espace KRAJCBERG, Musée du Montparnasse, 21 avenue du Maine, 75015 Paris.
Dans « Le combat dun artiste » site du Musée du Montparnasse : HYPERLINK "http://www.museedumontparnasse.net/IMG/file/Krajcberg/BIO%20de%20Krajcberg.pdf"http://www.museedumontparnasse.net/IMG/file/Krajcberg/BIO%20de%20Krajcberg.pdf
Photographie des sculptures de KRAJCBERG sur le site : http://lesvertuoses.anciot.fr
Photographie des sculptures de KRAJCBERG sur le site
HYPERLINK "http://lesvertuoses.anciot.fr/FRANS-KRAJCBERG-ART-ET-REVOLTE"http://lesvertuoses.anciot.fr/FRANS-KRAJCBERG-ART-ET-REVOLTE
P. Ricoeur, (1983, 1984, 1985), Temps et récit, Paris, Le Seuil, 3 volumes.
Les méthodes qui font réussir les élèves, Danielle Alexandre, ESF, 2011.
Le rapport au savoir en milieu populaire, une recherche dans les lycées professionnels de banlieue, Bernard Charlot, Anthropos, 1999.
Le récit dans la leçon dhistoire, Béatrice Legris, Site Strabon : HYPERLINK "http://www.histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article690&var_recherche=r%E9cit"http://www.histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article690&var_recherche=r%E9cit
François Mattray, Pédagogie de l'enseignement technique, PUF, 1952.
Nicole Lautier (1997), Enseigner l'histoire au lycée, Paris, Armand Colin.
J. Bruner (1996), Léducation, entrée dans la culture, Paris, Retz.
A. Prost (1996), Douze leçons sur l'histoire, Paris, Point Seuil.
Le récit dans la leçon dhistoire, Béatrice Legris Site Strabon :
HYPERLINK "http://www.histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article690&var_recherche=r%E9cit"http://www.histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article690&var_recherche=r%E9cit
Jean Adler (1865-1952), La grève au Creusot (1899), écomusée le Creusot Montceau.
LV2 = deuxième langue vivante
FLE = Français Langue Etrangère
DHG = Dotation Horaire Globale,
+,-9:;µõêâêâêõêÛÑÛõÛÑÛÑÉÛÅê·ê©ÅÛÑÛêõê·êâê·êõêêêêâê·êÅÛõÛhP`hU¤;nHtHhP`hU¤]nHtHhP`hU¤5\nHtHhP`hU¤6]nHtHhU¤hP`hU¤]hP`hU¤6]hP`hU¤hU¤nHtHhP`hU¤nHtHhP`hU¤0J]5ì²í³£´Þµd¶Û¶·,¸¢¸&¹¸¹MºÉºH»¼¢¼½Ä½E¾¿¾W¿UÀªÀ«ÀôÀõÀÂÂÂööñññññññññññññööñññññññññññgdã' 7$8$H$gdã'>µ?µµ§µÜµôµ0¶I¶c¶d¶w¶½¶í¶]··¸ ¸*hU¤hP`hU¤;hý9?hU¤5hý9?hU¤6 hU¤5hP`hU¤6H* hU¤6hP`hU¤6hP`hU¤hP`hU¤5@aÊe\ú,
||||||s $Ifgd $Ifgdã'ykd>$$IflÖcÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt¸qû,-.« $Ifgdã'jkdÞ$$IflÖKÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöyt«¬1Áx¢£¬ÆÒ
|||s||gg[$$Ifa$gd$$Ifa$gdã' $Ifgd¸qû $Ifgdã'ykd_$$IflÖUÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt¸qû
ÒÓÔÖ×ypp $Ifgdã'
$If`gd¸qû
$*$`a$gdã'jkdÿ$$IflÖNÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytÕ^!ý"Ë%Ì%Ú%ë%
xoooffZZ$$Ifa$gdã' $Ifgdã' $Ifgd¸qû
$If`gd={ykd$$IflÖ>Öÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt¸qû ë%ÿ%&&&&&ózqq $Ifgdã'
$*$`a$gdã'jkd $$IflÖhÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytã'$$Ifa$gd&&&º+ -!-+-9-C-
|s||bbQ$$7$8$H$Ifa$gd$$7$8$H$Ifa$gdã' $Ifgd¸qû $Ifgdã'ykd¡$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt¸qûC-D-E-F-ö/%323@3tfUU$$7$8$H$Ifa$gdã'
$7$8$H$Ifgd_|H
$7$8$H$Ifgdôh6
$7$8$H$Ifgdã'gdã'jkdA$$IflÖeÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytã'111A1M1W1^1a1Ò1Ô1Û1Ý1V2X222%323@3K3P3Q3c4d4969B9D9E9F9H9I9q9r9t9u9¾?Ú?ÓDñDúDþDEEEE5E7E8EÓIÔI]K{K
KKKK«KK_L÷ò÷èò÷ò÷ò÷ò÷ò÷ò÷áÚÒÚò÷Ú÷ÚÒÚÊÚÆÚÊÁÚò÷·÷ÚÒ²ÚÁÊÁÊÚò÷Ú÷ÚÒÚÊÚ£ÚhP`hU¤5CJ$aJ$hÅ{?hU¤B*CJ$aJ$phÿ hU¤;hR®hU¤56 hU¤5hU¤hP`hU¤5hP`hU¤;hP`hU¤hþ:ShU¤hP`hU¤6; hU¤6hP`hU¤6;@3O3P3Q3ï699&969îrr``KK$$-DIfMÆ
ÿÿÿÿa$gdd$-DIfMÆ
ÿÿÿÿgdd$-DIfMÆ
ÿÿÿÿgd={jkdÂ$$IflÖëÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytrv$$7$8$H$Ifa$gd69E9F9G9H9I9s9êyylc $Ifgdã'
$If`gdR®`gd¸qûhkdC$$IflÖÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöyt$$-DIfMÆ
ÿÿÿÿa$gds9t9u9;Î;õ;h?hRhªh«h¬hÉhCiDiEiJiQiµiÆiBjCjDjOjjjj´j¶jkkkPkkkk÷ðèðà÷ð÷ð÷ð÷ð÷ðÛ÷ð÷ð÷ð×ð×ð×ð×÷ð÷ðÒàÒàð×ð÷ð÷ð÷ð÷ðàðÒàÒ÷ð÷ð÷ð÷ð÷ðÛ÷ð÷ð÷ð÷ðàÒàÒð÷ð÷ðè× hU¤6hU¤ hU¤5hP`hU¤6hXÛhU¤6hP`hU¤hP`hU¤5SWbXb¯b
t
ÆÐ$If`gddykd§$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytd¯b°bÁb $IfgddjkdG$$IflÖ-Öÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdÁbÂb8c
tâ:ÿ$If^â`:ÿgddykdÈ$$IflÖ8Öÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytd8c9cSc $Ifgddjkdh$$IflÖ÷Öÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdScTcc
tâ:ÿ$If^â`:ÿgddykdé$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytdcccºcmdnd¢dádEeJeWey $Ifgddgdg;´gdÒWcÅ^ÅgdÒWcjkd$$IflÖîÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytGfu
WeXe¢eÚeCfff
ssssf
Ð$If^Ðgdd
&F"Lþ$*$If`Lþgddykd
$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytdf®f¼f $Ifgddjkdª $$IflÖÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytd¼f½fgWg
sb
&F"Lþ$If`Lþgdd
&F"Lþ$*$If`Lþgddykd+!$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytdWgXg|g $IfgddjkdË!$$IflÖÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytd|g}g§gh>h
ssb
&F"Lþ$If`Lþgdd
&F"Lþ$*$If`LþgddykdL"$$IflÖFÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytd>h?hSh $Ifgddjkdì"$$IflÖ$Öÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdShTh«h
t
&F"Lþ$If`Lþgddykdm#$$IflÖ8Öÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytd«h¬hÊh $Ifgddjkd
$$$IflÖçÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdÊhËhiDi
sa
&F"Lþ$*$If`Lþgd.)Ì
&F"Lþ$*$If`Lþgddykd$$$IflÖôÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytdDiEiFiGiHiIiJiQiµiÇizq $IfgddgdÒWc $*$a$gdg;´
$*$`a$gdg;´jkd.%$$IflÖÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöyt.)Ì ÇiÈijCj
wj
&F"$Ifgdd
&F"$*$Ifgddykd¯%$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytdCjDjPj $IfgddjkdO&$$IflÖ¥Öÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdPjQjÐjk
ob
&F"$Ifgdd
&F"Êþ$*$If^Ê`þgddykdÐ&$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytdkkQk $Ifgddjkdp'$$IflÖJÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdQkRk|kÑkl
pp_
ÆÐh$If`hgdÀDð
ÆÐÅ£þ$If^Å`£þgdÀDðykdñ'$$IflÖËÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytdkÎkÐkÖk×kØkõk÷kllllLl&n'n(n9nannòoóoôop'pjpÑpÒpÔpÛpÞp±r²r³r¾r¿rÞrôrÕs×s*t,t-t.t/t?tdtwt¢u£u°uÎuÏuÐuÒuûuýubvdv v£v¥vvww wEwgwhwiw±w³wÊwæwKxix¢x¤x¥x÷òîæî÷òß×ßÒ×ßîß×ß×ß×ß×ß×ß÷ò÷òß×ß×÷ß×ßò÷ò÷×ß×ß×ß×ß×÷ßò÷òßò÷òß×ßîÒ×ßæî÷òß×ß×ßîÈhP`hU¤56 hU¤5hP`hU¤5hP`hU¤hXÛhU¤6hU¤ hU¤6hP`hU¤6MlllLll'n(n-n:n~ $IfgddgdÒWcÅ^ÅgdÒWcjkd($$IflÖÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytd:n;nÀno3ooºoóo
||nnna
&F"$Ifgdd
&F"$*$Ifgdd $Ifgddykd)$$IflÖËÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oIóoôop $Ifgddjkd²)$$IflÖÛÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdp p»pðpSqr~r²r
|ggggg
ÆÐÅåþ$If^Å`åþgdd $Ifgddykd3*$$IflÖôÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oI²r³r¿r $IfgddjkdÓ*$$IflÖá
Öÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytd¿rÀrõr?ssÕs.t
|nnna
&F"$Ifgdd
&F"$*$Ifgdd $IfgddykdT+$$IflÖÙÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oI.t/t@t $Ifgddjkdô+$$IflÖ Öÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytd@tAtxtûtRu£u
|nna
&F"$Ifgdd
&F"$*$Ifgdd $Ifgddykdu,$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oI£u¤uÏu $Ifgddjkd-$$IflÖÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöyt{xëÏuÐuvbv¤v
wwj
&F"$Ifgdd
&F"$*$Ifgddykd-$$IflÖFÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oI¤v¥v¦vvwcw $IfgddgdÒWcjkd6.$$IflÖÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdcwdw´w
p
ÆÐÅWþ$If^Å`Wþgddykd·.$$IflÖ¾Öÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oI´wµwçw $IfgddjkdW/$$IflÖaÖÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdçwèwxJx
wj
&F"$Ifgdd
&F"$*$IfgddykdØ/$$IflÖÖÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oIJxKxjx $Ifgddjkdx0$$IflÖ-Öÿ#ü#
tàÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytdjxkx>yyÝy
wwj
$If`gd
oI
&F"$*$Ifgddykdù0$$IflÖ8Öÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt
oI¥x¦x§xyyyy yyÝyßyz4z5zFzLzozpzqzz:{;{_`l
ƽ$IfgdÈ)þjkd»7$$IflÖsÖÿ#ü#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytÈ)þlmÉî+J^
rrrr[
&F#*þ¤$If^*`þgd.)Ì
&F#dð¤$Ifgd §m$ykdTw
rrrr[
&F#*þ¤$If^*`þgd.)Ì
&F#dð¤$Ifgd §m$ykd]9$$IflÖçÖÿ#ü# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt/«
ƽ$IfgdÈ)þjkdý9$$IflÖ¸Öÿ#ü#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöyt.)Ì«¬þN~
rr[
&F#*þ¤$If^*`þgd.)Ì
&F#dð¤$Ifgd §m$ykd~:$$IflÖ±Öÿ#ü# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt/~
ƽ$IfgdÈ)þjkd;$$IflÖ©Öÿ#ü#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöytÈ)þ°Î
r[
&F#*þ¤$If^*`þgd.)Ì
&F#dð¤$Ifgd §m$ykd;$$IflÖôÖÿ#ü# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌyt/ÎÏÐ×î $IfgdÈ)þgd¼Tjkd??KyèéìÙðw
.$If^.gdÈ)þ
&F#¡$*$If^¡`gdN#b%$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌ^gdJϪ$*$If^ª`gdN#b
&F#£$*$If^£`gdN#b$*$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌgdJÏ.$*$If^.`gd §éêëîïýwÇ£N¦¨wwne`[```gd¼Tgd@,^gd¼TÆ^Ægd¼T%
ƽ^gd¼T{kdmD$$IflÖÖ0ükÚ#ûû
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÿÖÿÿÖÿÿÖÿÿ4Ö4Ö
laöhytÈ)þ
©©¶©z«{«|«¤«¥«Ï«Ð«×«ï«ð«7¬8¬¬Ù¬Ú¬qr᯳߯°µ°¶°·°¸°³³-´.´µµ µÏµÐµÑµ÷ðßÒÎðÊð¾°¤¾ðððððzrjðððcðhU¤5\hp,hU¤6hp,hU¤\hXÛhU¤6\hP`hU¤5\hP`hU¤5CJ\aJhP`hU¤6hShU¤5CJ aJ hShU¤5>*CJ aJ hP`hU¤5CJaJhU¤hXÛhP`hU¤OJQJ^J hP`hU¤CJOJQJ^JaJhP`hU¤hXÛhU¤6%¨¶©ªz«{«|««¯«¿«Î«Ï«ï«ð«7¬8¬¬¬Ù¬Ú¬qúîîåÝÝÝÝÝÔÔÏÏÏÏÏÏÏÆ $Ifgdgdrö
ÆZgd Õ$a$gdí&ó^gd¼Tdð^gdp,gd@,qrsà¯~~~u $Ifgd $IfgdÈ)þwkd÷D$$IflÖÖ*ÿ #ö# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿpÖ
ÿÿÿÌyt7Òà¯á¯´°µ°&hkdF$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdE$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þµ°7²³³µöí
íhkdF$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $Ifgd $IfgdÈ)þµµµ µ8µ9µÐµ $Ifgd
$*$`a$gdröhkdG$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þеѵҵèµý¶~ul $Ifgd $Ifgd_|H $Ifgd}wkd G$$IflÖÖ*ÿ #ö# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿpÖ
ÿÿÿÌyt7Òѵçµèµù¶ú¶ü¶ý¶þ¶¸·¹·®¸¯¸Á¹Ã¹Ä¹Æ¹3»4»O¼Q¼¾¾3¾4¾É¾Ê¾Ë¾á¾â¾Å¿Æ¿Ç¿ÀÀÁÁÁÂÂÂçÃèÃéÃ
ÄÄ5Å6Å7Å8Å9ÅÆ ÆÆ%É&ÉôÉõÉ÷ÉøÉÊ÷ïçâçØÑçÑçÑçÑÉÑçÑçÑçÑØÑØçÑ÷ïçØÑçÑØÑ÷ç¾Ñç¾ÑçÑç¾ÑØÑØÑØçÑçÑØ°¡hShU¤5>*CJ \aJ hP`hU¤5CJ\aJhP`hU¤56\hXÛhU¤6hP`hU¤hP`hU¤5\ hXÛ6hP`hU¤6h_|HhU¤5hP`hU¤5;ý¶þ¶¸·¹·®¸$jkdÃH$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdAH$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ®¸¯¸Å¹Æ¹3»&hkdËI$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdII$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ3»4»P¼Q¼¾&hkdÏJ$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdMJ$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ¾¾¾¾3¾4¾Ê¾ $IfgdgdröhkdQK$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þÊ¾Ë¾Ì¾â¾Æ¿~ul $Ifgd $Ifgd_|H $IfgdÈ)þwkdÓK$$IflÖÖ*ÿ #ö# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿpÖ
ÿÿÿÌyt7ÒÆ¿Ç¿ÀÀ&hkdöL$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdtL$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þÀëÀìÀÁÁÁÁÂúúñypgñ $Ifgd_|H $IfgdÈ)þwkdxM$$IflÖÖ*ÿ #ö# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿpÖ
ÿÿÿÌyt7Ò $IfgdgdröÂÂèÃéÃ
Ä&hkdN$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdN$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ
ÄÄ6Å7Å&hkdO$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdO$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ7Å8Å9ÅoÅpÅÆ Æ
ÆÆ%Éúúúúñypgñ $Ifgd_|H $IfgdÈ)þwkd!P$$IflÖÖ*ÿ #ö# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿpÖ
ÿÿÿÌyt7Ò $Ifgdgdrö %É&ÉôÉõÉ&hkdDQ$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ $IfgdhkdÂP$$IflÖÖ*ÿ #ö#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þõÉöÉ÷ÉRÊSÊrÊÊÊÊËËËËúúïïïääÕÆÆ½°
$If`gdjo $Ifgd7Ò$1$7$8$H$Ifgd7Ò1$7$8$H$`gd7Ò
1$7$8$H$gdp,
1$7$8$H$gdrögdröÊRÊrÊÊÊÊÊÊʩʫÊÊË&Ë(Ë*ËËËËËËËËOÌPÌXÌ]Ì^Ì_ÌÑÌÒÌÓÌÛÌÞÌßÌàÌáÌÎÎÎÎÎÎÎÎαβλνοÎÀÎËÏÌÏÍÏÖÏÙÏÚÏÜÏòèàÛàèÔÍÔÃÍÃÔÃÍû³¬èÔ¬³¤èÔèÔ³è¬èÔèÔè³³¤èÔèÔ³¬èÔ賤ÔèÔè¬hp,hU¤5\ hXÛ6hp,hU¤6hP`hU¤hP`hU¤6hï#hU¤5hï#hU¤5\hXÛ5\hU¤5\ hU¤\hï#hU¤\hP`hU¤5\hShU¤5CJ \aJ :ËËËPÌ_ÌÒÌzzzz $Ifgd7Ò|kdÆQ$$IflÖÅÖ*ÿ%#û# Öà
t Ö
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öö&ÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿpÖ
ÿÿÿÌytjoÒÌÓÌàÌÎαÎww $Ifgd $Ifgdp, $IfgdÈ)þlkdpR$$IflÖÄÖ*ÿ%#û#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öö&ÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þ±Î²ÎÀÎÌÏÜÏzÐy $Ifgd $IfgdÈ)þ $Ifgdp,jkdûR$$IflÖÖ*ÿ%#û#
t Ö0ÿÿÿÿÿÿö6öö&ÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöÿytÈ)þÜÏzÐ{Ð|ÐÐÐÐÑÑÑ&Ñ)Ñ,Ñ-ѤѥѦѮѱѴÑåÑæÑèÑéÑêÑóÑõÑ÷ÑøÑÒÒÒ'Ò)Ò,ÒÒ®Ò¯Ò¸ÒºÒ½ÒÓÓÓÓÓðÓøÓûÓýÓþÓ-Ô.Ô6Ô9Ô*B*phÿjhU¤UjhP`hU¤0J1UhU¤hP`hU¤5hP`hU¤6ý-þ-ÿ-.
.. .2.3.÷÷á̾©¾
dd$G$Ifgdç 0$dd$G$If`a$gdç 0
dd$G$Ifgdú)x$#dd$G$If`#a$gdç 0dd$-DàG$IfMÆ
ÿÿÿÌgdjoddgdiPÞ3.4.5.H.I..·.à..///rfVVVVf
&F$dd$Ifgdú)xdd$Ifgdú)xdd$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌgdû
dd$G$Ifgdú)xjkdDv$$IflÖ0qÿo³#þD ÖààÖÿÿÿÌÿÿÿÌööÖÖÖÖÿ4Ö4Ö
laöÝÿpÖÿÿÿÌÿÿÿÌytjo //0/A/B/k/Â/é/0S00À0Á0ñ0ò0óÞóŵµ¡µµµóx%dd$Ifgdú)xdd$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌ^`gdéSgÐdd$If^Ð`gdç 0
&F$dd$Ifgdú)xdd$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌ`gdéSgdd$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌgdûdd$Ifgdú)x
ð0ò011647484=4>4W4V5Y5[5n566#6$6*6+6/6L6æ6ë6í677Â9Ã9É9Ì9Ð9ç9è9DPQQQ\QkQnQ5RLR[S\S]S^S_S5T6TÂTÃTUYU\UiUqUtUÐUóçàÓàËÀà¶à¶à¶à¶à¶à¶à¶à¶à¶à®à¶àÀàÀªàªàªà¢¢sh.âhU¤5CJ aJ h.âhU¤CJ aJ h®
(hU¤5>*CJ aJ h7hU¤H*\hP`hU¤\hU¤h7hU¤H*hP`hU¤5\hP`hU¤CJaJhP`hU¤5jhP`hU¤0J1UhP`hU¤hP`hU¤5CJaJhàB=hU¤5CJ aJ -·I7JJK KbKºKÔK8L9LLLMLeLºL/MeM¢MåÏå½ååå彨½ååå½h$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌ^hgdàB=
&F%$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌgdàB=$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌgdàB=$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌ`gdàB=$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌ^`gdàB=¢MÕMUN¾NöNOOâOPPPPP'P(P>PpPåååÓÓååååå嵨$If^`gd
$Ifgdib9
h$If^hgdvg
&F%$IfgdvgÐ$If^Ð`gd
$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌgdàB=$-DàIfMÆ
ÿÿÿÌ^`gdàB=pP¬PQ\QQÊQ5RLRRêR[S\SîîåîîîåîîîÜ $Ifgd÷l $Ifgdib9$If^`gd
\S]S^S_S+TfUgUiUÑUÒU´W
wwrrmmd_gdé
Î dd7$gdiPÞgd
gdI dd7$gd÷lgdäNvykd¡w$$IflÖ9Öÿ#ü# Öà
tàÖ
ÿÿÿÌÖ0ÿÿÿÿÿÿö6öÖÿÖÿÖÿÖÿ4Ö4Ö
laöpÖ
ÿÿÿÌytàB=
ÐUÑUòUóUHVKVdVéVêV³W´W¶WÑWóW$X/X:XIXWXÄXãXDYEYHYIYJYKYmYnYoYpYqYõîàØÎØîÁîØµ¦µ¦µ¦µ¦µ¦µµxµiîÁbîihì9hU¤hP`hU¤CJOJQJaJ4jAxh_=¼hU¤CJOJQJUaJmHnHtHu$jhP`hU¤0J16UnHtHhP`hU¤56\nHtHhP`hU¤6nHtHjhP`hU¤0J1Uh7hU¤H*\hP`hU¤\hP`hU¤5CJ\aJhP`hU¤h.âhU¤CJ aJ ´WYGYHYJYKYoYpYqYsYtYYYçYZZãZO[t[Í[úúúñèßèèÒèÉɼ¯¦¦è¯è dd7$gd'kh
&F$dd7$gd
dd7$`gd[; dd7$gd[;
dd7$`gdYA4 dd7$gdì9 dd7$gdiPÞ`gdYA4gdYA4qYrYYYYçYñYZZZâZäZìZ
[[[ [![,[@[F[G[H[N[O[`[c[r[à[\\\æ\] ]9]C]E]^]d]e]g]h]i]åÞÑÞŽ³«Þ«Þ£ÞÞ£Þ£ÞÞÞ½Þ½Þ½½ÞÞÞÞp!hP`hU¤B*aJ$nHphÿtHh
÷hU¤6hµ0hU¤hµ0hU¤5H* hU¤6hU¤hP`hU¤6hP`hU¤\hP`hU¤5\hP`hU¤5hP`hU¤5CJaJjhP`hU¤0J1UhP`hU¤4jh_=¼hU¤CJOJQJUaJmHnHtHu+Í[à[\K\g]h]j]k]|]Ý]Þ]ß]à]Ê_Ë_è`ê`ì`tavaöéöààÏÇÇ¿··²²²¤²`gdEgdEgd.â$a$gd.â$a$gd¶rÕ$a$gdÅ{?$
Æ1`a$gd[; dd7$gdµ0
&F$dd7$gd
dd7$gdiPÞi]j]k]|]}]µ]¶]Û]Ü]Þ]ß]á]ê]í]ð]ñ]û]ü]ý]^:^A^^_____Æ_Ç_^```t`v`ì`rañåÖÎÊμγ§ÊyqÊÊÎÊÎgÎÊyÊ[hDdLhU¤5CJ aJ hphU¤0J25hxXlhU¤5hU¤56hxXlhU¤56h¶jLOZhtuìòóô+,4:ENxóèàèàèàèóèàèàèÔÆèàèàèÔèó»àèóèàèóèàèàèàèóèàèàèàèèóèàèó»à»èèóèàèhP`hU¤56CJaJh-rhU¤CJaJhP`hU¤5CJ\aJhP`hU¤CJ\aJhU¤CJaJhP`hU¤CJaJhP`hU¤5CJaJ@CDRr½Úüý
+Mo¯°ÁÞîáÓááááááÊáá¹ááááÊááá
Æ%$If^gd& $IfgdÈ)þ
$$Ifa$gd-rm$
$If^gd&
Æ7$If`7gdÈ)þ'>LMPh¨Ñâãô+,öööéÚÉÉÉÉÉö³³¢
Æ$IfgdÈ)þ[©$If^[`©gd-r$[©$If^[`©a$gd-rm$ë$If^ë`gd^_
Æ$G$IfgdÈ)þ
$If`gdâü $IfgdÈ)þ,:Wx¢µ¶Èæ@A]}îááÒÁÁ°°°°°£$[©$If^[`©a$gd*m$
$If`gd^_
Æ$IfgdÈ)þÏÿ7$If^Ïÿ`7gd^_
Æó$If`ógdÈ)þ_ó¤$If`ógdÈ)þ
ò$If`ògdÈ)þ
Æò$If`ògdÈ)þx¢¿ÈÔÝæçðAN]}¥³´º¼ÅÆ/ 5 A B H J S T ® µ Á Â È É !!
!!4!R!^!h!{!Û!Ü!à!å!óçÙçÐçÐçÅçŹ®Å¹Å¦Å¦Å¦Å¹Å¦Å¦Å¦Å¦Å¦Å¹Å¦Å¦Å¦Å¹®Å¹Å¦ÅhP`hU¤56hP`hU¤hP`hU¤56CJaJhU¤CJaJh-rhU¤CJaJhP`hU¤5CJaJhP`hU¤CJaJhU¤CJ\aJhP`hU¤5CJ\aJhP`hU¤CJ\aJh+#ÿhU¤CJ\aJ4}§Åç ' ( 5 S r ¢ £ µ Ó õ !îáÐÐÐÐÐá¿¿¿¿®á¡¡¡¡
$If`gd^_]©$If^]`©gd®q]©$If^]`©gd^_
Æò$If`ògdÈ)þ
7$If^7gdÈ)þ[©$If^[`©gd*!!!4!K!L!^!z!!¸!Ì!Û!Ü!òåϾ± ååååå±ë$If^ë`gd^_
7$If^7gdÈ)þ[©$If^[`©gd*$[©$If^[`©a$gd*m$
$If`gd^_
7$If^7gdâ]ÂÜ!Ý!Þ!ß!à!á!â!ã!ä!å!"""0"}}}}}}}qq$7^7a$gdü{$
ÆèÐ^Ða$gdü{$a$gdü{jkd}´$$IflÖ0ÿ}¢#ý% ÖààÖÿÿÿÌÿÿÿÌööÖÖÖÖÿ4Ö4Ö
laöìÿpÖÿÿÿÌÿÿÿÌytª,r
å!"""""""ß"###i#k#l#m#i$j$
%%%%Ü%Ý%&&' 'w'x'Þ(ß()
))íÛÌķįÄÄ{okokok`kokYkokokokokhÇTh@N¢h0Vh@N¢6\]h@N¢jh@N¢0J1U^Jh@hU¤5CJaJhhAhU¤hU¤56B*CJaJphÿ#hhAhU¤56B*CJaJphÿhhAh÷I±5hhAhU¤5B*phÿhhAhU¤5hU¤56B*CJ aJ phÿ#hª,rhU¤56B*CJ aJ phÿ#hª,rhU¤56B*CJ$aJ$phÿ"0"G"H"I"J"K"L"M"""µ"Ù"Ú"Û"Ü"Ý"Þ"ß"###4#G#óóóóóóóëëÛÏóóóóóó¿¿¿¿¿$
ÆèÐ^Ða$gdü{$7^7a$gdª,r$
Æ97^7a$gdª,r$a$gdü{$7^7a$gdü{G#U#i#j#k#l#i$
%Ü%'w'Þ()v+R,S,Ý,Þ,»-/n/Ð/ïïãÞÒÍÍÍÍÍÍÍÈÀÀ»»¶ÍͶgdã'gdA·/$a$gdá/gdá/gdã'$7^7a$gd
&Ygdü{$7^7a$gdü{$
ÆèÐ^Ða$gdü{)þ*ÿ*++u+v+¾+¿+
,,P,Q,R,S,T,U,X,^,¶,Í,Ý,Þ,ß,à,î,ï,
--,-/-a----¢-ôèôèôàôØÔØËØÄÔ³Ô¨ ¨¨Ô t tf Zt t th[!h@N¢CJH*aJh9ßh@N¢5CJ\aJh9ßh@N¢CJaJ%jhb!h@N¢0J1CJU^JaJhÐdxh@N¢6CJ]aJh@N¢CJaJhÐdxh@N¢CJaJ!jh#Ìh@N¢0J1CJUaJháh@N¢h|h@N¢0J2h@N¢jh@N¢Uh@N¢B*phh@N¢B*OJQJphháh@N¢B*ph#¢-£-¥-¦-º-»-¼-½-4.1C1D1E1F1m1n1o1p111¹1º1»1ðâ×Ï×À×¼°¼¨¼¼¨¼¨¼¨¼¨¼¨¼¨¼¼¼um¼¼¨¼¼h@N¢nHtHhÐdxh@N¢nHtHjh@N¢0J1UhÑmÑh@N¢;hÇTh@N¢jhÇTh@N¢0J1U^Jhrzðh@N¢;jh@N¢0J1U^Jh@N¢hÐdxh@N¢B*CJaJphÿh@N¢CJaJhÐdxh@N¢CJaJhÐdxh@N¢6CJ]aJhb!h@N¢6CJH*]aJ(Ð/0D1o1¹1»244t5u5ê57 7ª7õ7H8â8)9p9:J::Û:;úúõðîééîîîÝÝØØØÒØîØØØÍÈgdò)£gdiPÞ7$gdiPÞ/gdiPÞdð^gdÒWc/gdò)£//gdíO/gd7QÌ/gdã'»1)2*2w2x2¹2º2»2¼2Þ2à2q3s3x3y3444
4444°4±455r5s5u5v5w5x555Õ5×5Ø5ê5ùñíñàñíÓùíÈùÁñíñ´ñ©ííñíññííízsfíhEh@N¢56\]hEh@N¢hEh@N¢6hÇTh@N¢jhÇTh@N¢0J1UhÍYh@N¢0J2jh@N¢0J1Uh¸|h@N¢nHtHhtrVh@N¢0J2B*phÿh¸|h@N¢hÐdxh@N¢nHtHjhÐdxh@N¢0J1UhÐdxh@N¢0J2B*phÿh@N¢jh@N¢UhÐdxh@N¢%ê5ë5ì5ð51686A6F6P6T6`6t6u6|666¾6Ã6Ì6Ð6Ü6à6å6÷67 7!7"7,727:7B77 7¤7¨7ª7«7¬7´7¾7À7Ì7è7ó7õ7ö7÷7þ7887898;8B8F8H8óïáÐáÐáÐáÐáÐáÐáÐáÐáÐáÐáÐïÆï¿ï¿ïµ¿ï¿ï¨ï¿ï¡¿ï¨ï¿ï¿µï¿ï¿ïhò)£h@N¢6hï#h@N¢6hï#h@N¢jhò)£h@N¢0JZUhò)£h@N¢6]hò)£h@N¢jh@N¢0JZU hÒWch@N¢CJOJQJ^JaJh@N¢CJOJQJ^JaJh@N¢jh@N¢0J1U^J8H8I8`8¡8á8â8ã8ð89)9*9p9q9r9·9×9Þ9à9ç9õ9:::: :
:::5:D:J:K:L:N:O:V:W:X::::îæÛæ×Íׯ׼׼׵׵׵׵׍סס¡×סססz×i!jhò)£h@N¢0J1CJUaJhò)£h@N¢6]jhò)£h@N¢0JZUhò)£h@N¢6hï#h@N¢6hò)£h@N¢jho+h@N¢0JZUhoR¾h@N¢jh@N¢0J1Uh@N¢6]jh@N¢0JZUh@N¢h@N¢6CJ]aJh@N¢CJaJ!jhîM#h@N¢0JZCJUaJ(:::°:Ø:Û:Ü:2;3;};~;;;;;|>}>»>¾>¿>??h?i?j?k??£?¶?À?Â?Ã?Ä?Å?ü?ý?E@F@@@@
@@@ôðæðæðßðÒßðÊðʽÊ𬡡ð¬¡ÊðÊrÊ¡ða!jhdÍh@N¢0JZCJUaJ!h
h@N¢0J2B*CJaJphÿh{âh@N¢CJaJh¬M°h@N¢CJaJh@N¢CJaJh
h@N¢CJaJ!jh
h@N¢0J1CJUaJh
h@N¢0J2B*phÿjh@N¢Ujh
h@N¢0J1Uh
h@N¢jh@N¢0J1Uh@N¢ho+h@N¢B*ph$@@@§@µ@Ò@Ó@Ô@ AAAAAA¦A§AÕAÚAÛAëAìAFBGBBBBB¢B©B«BÒBÝBÞBåBíBõBöBCCC(C*C+C,C0C5C>Cóêâ×âÓÉÓÁÓÉÓÁÓÉÓÁ¼Ó´Ó´§´ÓÉÓÁÓ ÓÉÓÁÓÓÓuâóâhdÍh@N¢CJaJ!jhdÍh@N¢0JZCJUaJh«Qh@N¢6h«Qh@N¢h@N¢6]h¸|h@N¢0J2B*phÿjh@N¢U h@N¢;h®¸h@N¢;jh@N¢0JZUh@N¢h@N¢6CJ]aJh@N¢CJaJh@N¢;CJaJh®¸h@N¢;CJaJ.>CaCoCpCqCuCzCCC´CµCãCèCøCùCúCTDUD£D¤D¥D¦D§D®D²DÀDÙDúDûDEEE#E+E3E;E