A chaque problème, une solution - SNUipp 89
Nous avons ainsi suivi un parcours qui illustre une formation théorique à partir
..... applicable qu'aux adultes migrants non scolarisés dans leur pays d'origine.
...... Ils mettent en jeu des savoirs plus élémentaires : utiliser un téléphone, ......
rationnelle et coopérative pour faciliter l'interprétation de ses énoncés » (RM 98 :
51).
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mentale.
En fait, l'objectivité scientifique n'est possible que si on a d'abord rompu avec l'objet immédiat, si on a refusé la séduction du premier choix, si l'on a arrêté et contredit les pensées qui naissent de la première observation. Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec l'objet. Elle doit d'abord tout critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même la plus constante, l'étymologie, enfin, car le verbe, qui est fait pour chanter et séduire, rencontre rarement la pensée. Loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser. Sans cette vigilance malveillante, nous ne prendrons jamais une attitude objective. »
G. Bachelard. La psychanalyse du feu, chap. 1, p. 9 (Gallimard)
En guise davant-propos...
A
u cours des dernières années, les enseignants ont été de plus en plus interpellés sur la nécessité de travailler davantage sur les résultats de leurs élèves aux évaluations. Très pragmatiquement, la contrainte institutionnelle a pris la forme dévaluations normalisées, à faire passer au cours des premières semaines du CE2 et de la 6e. Force est cependant de constater quune fois la passation faite, les enseignants se trouvent alors parfois démunis pour en « faire quelque chose », cest à dire en tirer des pistes utiles pour la « remédiation » auprès des élèves. En allant voir dun peu plus près les questions posées par lévaluation des élèves, je me propose daller essayer de comprendre quelles nouvelles difficultés se posent alors à lenseignant lorsquil veut prendre appui sur ce que lui disent effectivement les évaluations des élèves, et quelles postures professionnelles il doit essayer de mettre en place, tout en restant dans les contraintes liées à lexercice quotidien dun métier.
En effet, poser la question de lévaluation, de ses différentes typologies (largement explorées par la recherche savante) impose de facto à lenseignant de terrain denvisager sous un autre angle la question des savoirs et des apprentissages, de la maîtrise quil en a, et de sa capacité à mettre en uvre des stratégies efficaces pour qu « ils » apprennent, tant dans sa manière de « faire classe » entre tous les élèves que dans les situations didactiques mises en uvre en classe.
Mais comme un écheveau qui nen finirait pas de se dérouler, ces questions débouchent sur de nouvelles, intrinsèquement liées (sauf à en rester à desthétiques controverses...) : tous les élèves peuvent-ils également apprendre ? Le Système Educatif le rend-il possible ? Lenseignant en a-t-il les moyens matériels ? Et comment prendre en compte la place des parents des élèves ? Autant de questions quon pourrait rassembler sous le terme déthique personnelle, dans laquelle lenseignant de terrain doit se situer, dans un va-et-vient permanent entre ce quil est comme professionnel et ce quil est comme individu...
Mais tout ne serait-il alors que question dindividu ? dengagement personnel ? Ce nest pas mon expérience : comme pour les élèves, cest lorsque des dynamiques entre pairs se mettent en route que chacun peut alors mieux trouver sa voie, son style pour mieux réussir. « Seule, je ny arrive pas » déplorait récemment une directrice en formation. Faute davoir trouvé lespace pour y croire, il ne sinscrit pas dans une spirale de formation, dappétence pour élucider un réel qui pèse... Le travail collectif, la rencontre, léchange avec différent de soi (collègue, chercheur, formateur...) est un moteur essentiel pour rendre le travail quotidien supportable, voire passionnant. Cette posture de « travail collectif » ne va pas de soi, car elle demande une grande confiance dans celui avec qui je vais devoir me livrer. Jessaierai de décrire quels sont les facteurs qui peuvent y contribuer.
Le propos est assurément vaste. Lest-il trop ? Sans doute. Mais articuler les différentes facettes qui composent les nouvelles injonctions faites à lenseignant est à mon sens indispensable. Se limiter, dans un mémoire professionnel, de nen prendre quun morceau serait selon moi sexposer à ce qui pervertit (au passé comme au présent) le fruit de nombreux éclairages fournis par la recherche. Pour prendre le contre-pied dune boutade célèbre, la forme ne garantit pas du fond.
« Il faut se garder des outils et technologies dévaluation, qui peuvent amener des illusions. Tout dépend de lusage quon en fait. Lutter contre léchec, cest changer la visée de lévaluation. Il y a une nouvelle attente sociale à légard de lécole : la réussite pour tous. A lopposé, les pratiques actuelles dévaluation restent marquées par une autre attente sociale : la création de hiérarchies dexcellences [
]
Lécole ne peut pleinement assumer deux finalités aussi opposées. Ne lui appartient-il pas dinterpeller la société civile et de lui demander si elle est réellement prête à faire le postulat déducabilité pour tous les enfants ? »
Marcel Crahay, professeur de psychologie à lUniversité de Liège
J
ean est depuis vingt-deux ans à la retraite, mais il se souvient bien de ce que signifiait une évaluation dans sa classe du bassin minier dAlès : « Le critère était net : ceux qui savaient faire des opérations pouvaient entrer comme employés à la mine. Les autres étaient bons pour le fond ». Une sélection efficace et opérationnelle que personne ne songeait à contester, pas même les parents voyant se concrétiser ou senvoler des rêves dascension sociale reportés sur leur progéniture.
Mais il ny a plus de mineurs, ou si peu. Et moins encore de parents prêts à accepter denvoyer leurs enfants à la mine. Lente à se mouvoir, la société sait néanmoins quelle devient une société de savoir et que la mission de formation confiée à lécole primaire est désormais la réussite pour tous. Si lenfant est en échec, cest à lécole de len sortir.
Dès lors, lévaluation ne joue plus le même rôle. Elle nest plus là pour sélectionner. A quoi sert-elle alors ?
Depuis plusieurs dizaines d'années, cette crise du sens de l'école a conduit des centaines d'observateurs, de chercheurs, de pédagogues à redéfinir le concept de l'évaluation scolaire. Des milliers de pages ont été écrites, qui progressivement ont fabriqué un des plus important corpus de savoirs, de remises en questions, d'injonctions faites à l'École. Pourtant, force est de constater que ce problème est l'un des plus complexes à affronter pour les praticiens de l'Éducation que sont les enseignants. Si plus grand chose ne semble à inventer du côté de l'analyse du problème, tout est encore à construire pour traduire en actes le fruit de la recherche savante, parce que l'évaluation des élèves interroge fortement les injonctions paradoxales faites à l'école.
Évaluation : de quoi parle-t-on ?
Dans sa simplicité, la définition générale donnée par le dictionnaire Larousse historique pose toute lambiguïté du terme : "déterminer approximativement la valeur, "estimer" les qualités, les chances dune personne".
Plus sérieusement, les nombreuses études entreprises sur le sujet (Cardinet, Landsheere, Hadji, Allal, Perrenoud) catégorisent plusieurs fonctions de lévaluation habituellement utilisée à lécole :
Lévaluation diagnostique (ou pronostique) :
envisagée en début dapprentissage ou de formation, elle vise à savoir si un sujet possède les capacités nécessaires pour entreprendre une formation ou suivre un apprentissage. Elle vise moins à juger des acquis que des aptitudes. Elle permet de justifier des décisions de sélection ou dorientation.
Lévaluation sommative :
Version "commune" de lévaluation, elle intervient lors des bilans, au terme dun processus dapprentissage ou de formation. Elle permet de situer les élèves les uns par rapport aux autres. Elle vise à prendre une décision dorientation ou de sélection en fonction des acquis. Certains distinguent aussi évaluation normative (en référence aux autres membres du groupe évalué) et évaluation critériée (en référence à des critères, un objectif, un programme
). Elle peut aussi être certificative si elle garantit des acquis à légard dun tiers (fin de cycle détude), en particulier sur le marché du travail.
Des critiques lourdes
Mais les dernières décennies ont vu fleurir les études mettant à jour les faces cachées dune évaluation qui, sous couvert dégalité ou dobjectivité, nen développe pas moins des logiques perverses :
- A. Grisay, analysant les parcours de 1500 élèves, montre que chaque enseignant tend inconsciemment à ajuster le niveau de son enseignement (et ses appréciations) à la réalité des élèves de sa classe, pour retrouver une distribution des élèves en courbe de Gauss : quelques faibles, beaucoup de moyens, quelques forts
- Pire même, Amigues et Zerbato-Poudou (1996) montrent que si on enlève alors toutes les copies situés dans la partie médiane de la distribution et donne les copies restantes à dautres correcteurs, chaque évaluateur recrée une distribution " normale " ! On obtient le même résultat si lon ne conserve que la moitié inférieure ou supérieure dun premier lot. Les notateurs créent des écarts qui tiennent davantage à léchelle et au principe du classement quaux écarts significatifs entre les connaissances ou les compétences des uns et des autres.
- V. De Lansheere explique, quun enseignant évite dévaluer une notion lorsquil pense que tous les élèves la maîtrisent, ou que tous lignorent. Ce faisant, dit-elle, il névalue pas le patrimoine commun de la classe, et survalorise lhétérogénéité entre ses élèves. Tel élève pourra très bien rester à 5/20 toute lannée, bien quayant fait dimportants progrès, sil continue à rester sous la moyenne de la classe. Que signifie, alors, lévaluation pour cet élève ?
- P. Perrenoud va plus loin encore : « Lécole na pas le monopole des hiérarchies dexcellence. [
] Les classements scolaires ne sont que la préfiguration de hiérarchies qui ont cours dans la société globale, en vertu de modèles dexcellence suffisamment valorisés pour trouver place dans le curriculum [
] Dans le passé, les sociétés étaient moins unifiées et les hiérarchies dexcellence sétablissaient à lintérieur de chaque sous-groupe. Désormais, la scolarisation est la forme dominante de socialisation des enfants dans les sociétés industrielles ; le jugement dexcellence porté par lécole surpasse désormais toute autre appréciation des qualités des enfants, au point dapparaître comme la seule hiérarchie vraiment importante. [
] Lécole fabrique alors une réalité nouvelle, qui donne aux inégalités réelles une signification, une importance et des conséquence quelle nauraient pas en labsence dévaluation. »
Des évaluations au service de lélève ?
Face à ses critiques, les chercheurs ont donc construit progressivement des concepts plus en rapport avec les découvertes des sciences humaines.
Lévaluation formative cherche à sincorporer au processus dapprentissage lui-même :
Elle intervient dans le cours dun apprentissage et permet de situer la progression de lélève par rapport à un objectif donné. Elle a lambition dobtenir une double rétroaction :
* sur le maître pour lui indiquer comment se déroule son programme pédagogique et quels sont les obstacles auxquels il se heurte, laider à réguler, lui fournir des informations.
* sur lélève pour lui indiquer les étapes quil a franchies et les difficultés quil rencontre, laider, le guider, le rendre "acteur de son apprentissage", favoriser la "métacognition".
Elle fait partie de lapprentissage même, plutôt que de lentrecouper. Elle cherche ladaptation à une situation individuelle ; elle doit donc comporter une certaine souplesse, et son esprit doit être ouvert à la pluralité, à la diversité.
Lexpression évaluation formative, note G. de Landsheere, « marque bien que lévaluation fait, avant tout, partie intégrante du processus éducatif normal, les « erreurs » étant à considérer comme des moments dans la résolution dun problème (plus généralement comme des moments dans lapprentissage), et non comme des faiblesses répréhensibles ou des manifestations "pathologiques" ».
Dans une perspective cognitiviste, lévaluation formative doit certes donner des informations sur les résultats de lapprentissage, mais ces informations donneront aussi des indications à lenseignant sur les difficulté rencontrées par lélève dans le processus dapprentissage lui-même. Lenseignant va sintéresser davantage au comportement cognitif de lenfant, face à la tâche proposée ou au savoir à acquérir. Mais lévaluation, si elle va révéler les difficultés, saura-t-elle donner à lenseignant la recette pour faire réussir lélève ?
Lévaluation formatrice, dernier maillon de lévolution ?
Les années 90 ont vu se vulgariser une nouvelle ambition pour lévaluation. Elle se distingue de l'évaluation formative "par le fait que les objectifs, identiques, sont poursuivis par l'élève lui-même qui doit aussi assurer la régulation du circuit d'apprentissage, la gestion de ses erreurs et de ses réussites".
Les objectifs prioritaires de lenseignant vont donc être de permettre à l'élève :
- la représentation du but et celle des propriétés des objets sur lesquels on va travailler.
- l'anticipation sur la démarche à suivre.
- la planification ou le choix d'une stratégie.
- l'exécution proprement dite.
- le contrôle des opérations d'orientation et des opérations d'exécution.
- lappropriation des critères d'évaluation (V. Bouysse).
Lélève sest approprié les critères dévaluation des enseignants, il connaît le but à atteindre, il sait comment auto-gérer ses erreurs, il a les outils nécessaires pour anticiper et planifier son action : le rêve pédagogique ! Comme le souligne C. Hadji (1992) "L'évaluation formative, en devenant formatrice, devient proprement pédagogique. Mais pour constituer une pédagogie efficace, capable de réaliser l'intention formative, il lui faut en quelque sorte se délivrer de ses préoccupations premières en devenant [...] une démarche didactique".
Le problème va donc être, dans la mise en uvre proposée en classe, de faire avancer les élèves vers cette voie ambitieuse. Pour plagier Vygotski : dabord ensemble, puis tout seul...
On le conçoit aisément : pour lenseignant, cette représentation sélabore à partir dindices observables et un dialogue avec les élèves. Encore faut-il que la posture développée par lenseignant permette à lélève dapprendre à utiliser lévaluation.
La difficulté pour lenseignant va évidemment être dans le détour quil va devoir faire, au moyen de cadres théoriques et de méthodes, pour pouvoir proposer des situations didactiques permettant aux élèves de mieux cerner les enjeux des savoirs à maîtriser, de simpliquer dans des conduites dapprentissage. Pour le maître, lappropriation de ces cadres de référence et de cette posture professionnelle est loin daller de soi, nous y reviendrons...
Des difficultés pour évaluer les élèves en classe ?
La conception même des instruments dévaluation est une source permanente de confusion : une fois engagé dans ce processus, lenseignant doit accepter de ne pas se perdre à produire à perte de vue des grilles et à des moulinettes dévaluation, fussent-elles assistées par ordinateur, sil veut avoir lespoir de se forger des outils conceptuels : une théorie des difficultés dapprentissage, des obstacles cognitifs et affectifs rencontrés par les élèves, et donc des interventions et démarches didactiques possibles pour lui.
A ce propos, dans Lenseignant et lévaluation, la sociologue Anne Jorro distingue quatre profils denseignants-évalueurs : « contrôleur » qui « sattache à mesurer la performance », « pisteur-talonneur » qui « au delà de la note identifie les remédiations possibles, "conseiller » qui « identifie avec les élèves les critères visibles de réussite de la tâche ou du projet » ou « consultant » qui cherche « à faire émerger chez lenfant le sens avant la norme ».
Les évaluations CE2 et 6e : le pire ou le meilleur ?
Afin de développer une culture de lévaluation pourtant déjà inscrite dans la loi dorientation depuis 1989, un travail important a été fourni par la DEP, puis la DPD. Il est arrivé dans toutes les écoles par la mise en place des évaluations CE2 et 6e, actuellement complétées par dautres bilans au cours du cycle II. Nous ne traiterons pas ici des polémiques ont eu lieu sur ces évaluations, sur leur rôle, les savoirs évalués ou les implicites quils véhiculent. Je me contenterai de rejoindre lopinion de S. Broccolichi qui refuse de jeter le bébé avec leau du bain : « Évaluer, cest mesurer les progrès de lélève. Cela remet en question, quand les objectifs affichés ne se vérifient pas dans la classe. Limportant, cest de se mettre daccord dans lécole pour faire les choix en conscience. Mais comparer ce qui se passe entre écoles est aussi essentiel que dangereux. Essentiel, pour identifier des paramètres ou des actions efficaces, dangereux si ça entraîne la mise en concurrence entre écoles. ». Pour linstant, rien ne permet de faire ce procès à lAdministration. Mais elle-même, quen dit-elle ? (extraits CIRCULAIRE MEN 16/11/00) :
"Cette évaluation donne lieu, chaque année, à un important travail des maîtres sans que, pour autant, les informations quelle révèle soient pleinement exploitées". Pourtant, dit la circulaire, "ces repérages donnent des indications sur les procédures de travail mises en uvre par les élèves." Lanalyse des résultats devrait permettre détudier de près "les performances et les profils individuels, quil sagisse des points forts ou des points faibles", en accordant "une attention particulière aux compétences de base". Les Programmes personnalisés daide et de progrès "doivent identifier les acquis, définir les objectifs sur lesquels une mobilisation particulière est indispensable et préciser les étapes du parcours à suivre par lélève et des échéances pour une nouvelle évaluation". Comment ? "sont constitués des groupes de besoin plus ou moins nombreux, mais aussi des groupes de travail hétérogènes (certains enfants en situation dapprofondissement des apprentissages pour eux-mêmes aidant leurs camarades)", mais aussi "des situations dentraînement et dexercice" "Quil sagisse de remédiation, de consolidation ou dapprofondissement, chacun doit pouvoir se confronter à des tâches à sa mesure". Quand aux choix didactiques de lenseignant -est-ce la prudence naturelle des circulaires ministérielles ?-, les recommandations sont minces : certes, "cet entraînement sera dautant plus bénéfique que les élèves auront conscience de ce quils apprennent, des situations où ces connaissances sont utiles et des modalités qui conduisent à la réussite" et les analyses produites fourniront "une utile réflexion sur le projet décole, la nature et le rythme des progressions, voire certains choix didactiques".
Ces conclusions sont donc très prudentes, voire timides. Elles ont aussi du mal à choisir les solutions à mettre en uvre : groupes de niveau ou pas ? quest-ce que la remédiation ? Les élèves souffrent-ils de manque dexercices ? Cette note de synthèse est révélatrice des difficultés du système à faire siens les fruits des typologies que nous avons évoqué plus haut. Sommative, prédictive, formative, formatrice... ? Quel rôle assigne-t-on à cette évaluation ? Que veut-on que les enseignants en fassent ? Nest-ce pas un constat de faiblesse qui montre limportant décalage entre lextraordinaire foisonnement des études et conclusions rendues disponibles par la recherche, et lutilisation effectivement parcimonieuse qui en est faite sur le terrain ? Force est de constater que létat du système éducatif ne le rend pas en capacité de les rendre disponibles et opérationnelles pour la grande masse des enseignants.
Pourquoi ? Sauf à chercher des boucs émissaires, il faut sans doute chercher des solutions du côté de lincapacité du système éducatif à trancher entre les attentes contradictoires que les différents acteurs (parents, enseignants, hiérarchies, politiques) peuvent avoir. Nombre de sociologues de lÉducation (A. Robert, B. Rey, F. Dubet), y voient la difficulté de passer dun système pyramidal, dans lequel lenseignant était lexécutant dobjectifs et de modèles décidés hors de lui, à une nouvelle professionnalité, dans laquelle lenseignant est pleinement responsable des modalités de la mise en uvre des nouveaux objectifs qui lui sont assignés par linstitution, au sens défini par Perrenoud :
"Il y a, dans les systèmes éducatifs, un décalage important entre le discours moderniste, teinté de sciences de léducation et de pédagogies nouvelles, et les préoccupations prioritaires de la majorité des enseignants et des responsables scolaires. Rares sont ceux qui sopposent résolument et ouvertement à une pédagogie différenciée ou à une évaluation formative. Il ny adhèrent toutefois quà condition quelles soient données " par-dessus le marché ", sans compromettre aucune des fonctions traditionnelles de lévaluation, sans toucher à la structure scolaire, sans bouleverser les habitudes des parents, sans exiger de nouvelles qualifications des enseignants. Or, si lévaluation formative nexige, en elle-même, aucune révolution, elle ne peut se développer pleinement que dans le cadre dune pédagogie différenciée, fondée sur une politique persévérante de démocratisation de lenseignement.
Un jour ou lautre, les systèmes éducatifs seront au pied du mur : ou ils persisteront à saccrocher au passé en tenant un discours davant-garde ; ou ils franchiront le pas et sorienteront vers un avenir où importeront moins les hiérarchies dexcellence que les compétences réelles du plus grand nombre."
Réfléchir à lévaluation, cest donc être progressivement amené faire des choix conscients pour lEcole, dans lesquels on voit se dessiner le concept de « réussite de tous » par opposition au rôle de sélection sociale et scolaire attribué à lécole... Mais pour lenseignant confronté à tous ces doutes et toutes ces questions, que faire en classe ? Voyons de près quels fils jessaie de tirer, à partir des évaluations institutionnelles...
Mon expérience : lectures et navigation à vue...
Évaluer : et après ? Dix ans de tâtonnements...
Lévaluation des élèves est évidemment une entrée pertinente pour ancrer des pistes de travail, en particulier à partir du dispositif institutionnel des évaluations nationales.
Mais paradoxalement, jai déjà constaté que mesurer et comparer des acquis des élèves fait prend conscience de... la difficulté de cerner de façon précise et consensuelle ces acquis. Dans une expérience précédente, menée à deux collègues en cycle II (deux classes parallèles GS-CP-CE1 pendant 6 ans), javais eu loccasion de toucher les limites du décorticage des compétences. En renseignant systématiquement des "grilles de compétences" au quotidien des activités des élèves, nous avions certes progressé dans notre analyse de leurs erreurs. Mais elles ne nous étaient (malgré le travail important et quotidien quelles représentaient) finalement daucune aide pour renseigner avec certitude les célèbres items "acquis", "non acquis" ou "en cours dacquisition" au moment des évaluations terminales
En effet, une compétence apparemment "acquise" dans telle situation pouvait se trouver "non acquise" dans une autre. Et je me suis aperçu, au cours des mois, que la "technicité" du dispositif nenlevait rien de la "subjectivité" de mon évaluation de lenfant, subjectivité vers laquelle je me retournais souvent pour fixer lévaluation que je transmettais aux parents !
Heureusement, la rencontre de quelques écrits me prémunit contre langoisse excessive...
Critiques sur lévaluation : quand les spécialistes de lévaluation légitiment les généralistes de lenseignement...
"il est difficile dévaluer le raisonnement, limagination, lautonomie, la solidarité, la citoyenneté, léquilibre corporel ou loreille musicale à travers des épreuves standardisées, qui sont la plupart du temps des " tests papier-crayon " explique Perrenoud. En effet, évaluer des apprentissages complexes demande une créativité méthodologique considérable et induit des coûts importants de passation et de traitement des données. Il est plus expéditif et moins cher de sen tenir à des épreuves écrites, ce qui ne peut que réduire les apprentissages scolaires à des acquis cognitifs, avec une prime aux disciplines principales et aux opérations techniques.
Il faut donc savoir prendre de la distance avec ces tests dévaluation, qui ne mesurent... que ce quils ne peuvent mesurer, pour reprendre la boutade de Binet. "Lévaluation est prise en tenaille entre le désir de précision qui lui ôte toute signification sociale, et un souci douverture sur la vie qui lui ôte toute valeur métrique", explique J. Cardinet. Dans le même ordre didée, J. Weiss pense que l'enseignant se trouve constamment partagé entre la tentation technicienne qui soulagerait sa conscience et le déchargerait de toute responsabilité envers lélève, et la profonde conviction de savoir intuitivement ce que "vaut" un élève, mais quil nest pas strictement en mesure de justifier, pièces à lappui.
Doù la spécificité de chacun. Lenseignant ne doit pas renoncer à faire valoir son sentiment, son expérience, son habitude. Linda Allal va même jusquà oser écrire que "les spécialistes doivent intervenir pour rappeler la primauté de lévaluation intuitive interactive qui se déroule au cours de lapprentissage"
Convaincu, donc, quil me fallait sans douter osciller entre le « bon sens professionnel » et ce que javais compris des controverses didactiques et pédagogiques, je décidai donc de creuser un peu ce que je pouvais faire des évaluations institutionnelles de CE2 et de 6e, avec une question apparemment simple : comment allaient-elles pouvoir mêtre utiles pour choisir les pistes de travail prioritaires de mon travail denseignant ?
Ce que jessaie de faire
des évaluations institutionnelles
Travaillant dans une école rurale à deux classes, jai depuis trois ans la charge dune classe de cycle III (CE2, CM1, CM2) dont leffectif oscille entre 27 et 34 élèves. Arrivant dans lécole au moment où se finalisaient les nouvelles instructions officielles du cycle III, mon premier souci a donc été de les rendre lisibles, tant pour moi que pour les parents et les élèves.
Dès le départ, jai présenté aux parents lorganisation de la classe en cycle, en mappuyant sur les IO de 89 et un « référentiel de compétences du cycle III ». Installer chez les parents délèves une conscience claire de ce qui va être au cur du temps scolaire est en effet un défi : le découpage et les contenus disciplinaires leur est peu familier, soit quils aient pour seule référence leur passé scolaire, soit quils considèrent que cest affaire de spécialiste... Je reviendrai sur le travail avec les parents.
Je vais donc décortiquer les contenus disciplinaires pour les rendre « présentables » (rassemblées sur un document de quatre pages), mais aussi « lisibles » par les parents et les élèves. Ce document va constituer le socle du « contrat » qui va lier les trois parties pendant trois ans : « voici ce que vous avez trois ans pour apprendre. Je suis là pour vous y aider »
Cette année-là, au CE2, quatre enfants sur 12 sont en échec sévère (grandes difficultés à lire, évaluation en français autour de 40 %). Au CM1, 10 enfants, dont une redoublante prise en charge pour "dyslexie" par une orthophoniste privée, et un garçon avec dimportants troubles du langage. Au CM2, une fille également prise en charge pour "dyslexie" en orthophonie privée (voir plus bas).
Les CE2 de lannée suivante sont plus homogènes (bons lecteurs), mais 2/8 sont très lents et très introvertis. Ceux de cette année (2003-2004) sont aussi extraordinairement hétérogènes, comme va lidentifier clairement lévaluation CE2.
Un travail spécifique sur lévaluation CE2-6e :
Partant du principe quil est difficile aux enfants de situer leur niveau (par rapport au groupe-cours et par rapport aux compétences attendues en fin de cycle), je décide faire passer les évaluations CE2 aux trois cours. Objectif : faire la photographie de la classe en fonction des "acquis attendus" (CE2), en tentant de faire changer de posture les élèves sur ce que pouvait être lévaluation : non plus un moyen de classement ou un outil pour décider des sélections scolaires et des redoublements, mais une aide pour savoir ce quon vient faire à lécole (évaluation formative).
Une fois les passassions faites, vient le temps des corrections. Elles sont faites collectivement, au cours de longues séances au cours desquelles je fais découvrir aux élèves le sens des items de codage. Le codage des items et le report dans Casimir sont faits par les élèves, afin quils prennent conscience de toute la démarche dévaluation. Cela représente évidemment un temps de travail conséquent (environ deux semaines). Mais jai averti les élèves que cette phase de correction nétait pas du temps perdu, au contraire un moment où chacun allait pouvoir prendre conscience de ce quil sait faire. La conduite de ces séances doit être extrêmement rigoureuse : chacun doit savoir quon fait un travail important, quil est nécessaire de laisser le temps aux plus lents de coder correctement.
Pour les élèves, cest un premier moment de travail pour poser au groupe les problèmes que lui pose la correction. Une fois la situation présentée, on doit sentendre sur la bonne réponse. Parfois, la quasi unanimité se fait. Mais parfois, la controverse bat son plein. Et une fois la solution reconnue par tous, reste à savoir quoi faire de son erreur : "Moi, jai fait ça
Comment dois-je coder ma réponse ?". Les finesses des codages 4, 5, 8 ou 9 présents sur certains items posent problème, demandent échange et réflexion.
Cest aussi loccasion de premières interrogations sur le mode : "Si Untel a fait telle erreur, quest-ce que ce ça veut dire quil a eu comme difficulté ?". On va aider ainsi les élèves à commencer à discerner que le but de lévaluation nest en rien le classement des élèves ou la « bonne note », mais davantage daider à comprendre ce qui fait souci : telle erreur de résultat vient-elle dune technique opératoire mal assurée ? dun défaut de raisonnement ? dun oubli dans la démarche ?
Jusquau report des résultats dans le logiciel Casimir, le sérieux dont font preuve les élèves, le taux très faible de "tricherie" dans les codages est un premier indice de la pertinence du travail pour chacun dentre eux. Dailleurs, je pose publiquement le dilemme à affronter :« Vous pouvez tricher, de toutes façons, je ne regarderai pas vos cahiers sauf pour les épreuves dexpression écrite. Cest vous que ça regarde... ».
Premiers résultats visibles
On résume les résultats, sous forme graphique simplifié ci-dessous le Français- : chaque x est un CE2, chaque o un CM1, chaque u un CM2. Ce codage permet danonymer (relativement...) les résultats, de décentrer lattention des enfants, au départ davantage portés à connaître les premiers et derniers que de chercher à comprendre les enseignements de la présentation des résultats.
Exemple de tableaux affichés dans la classe (français) :
Résultats de la entrée 2001
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
CE2 x x x x x xx x x x x x
CM1 o o o ooo o o
CM2 u u u u
Rentrée 2002
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
CE2 x x x x x x x x x x
CM1 o o oooo o o
CM2 u uuuuuuu
Rentrée 2003
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
CE2 x x x x x x x x x x x
CM1 o o ooooo o
CM2 u u u u u uuuu
Une exploitation collective de ce tableau est alors faite avec les élèves, permettant de prendre conscience de plusieurs résultats observables :
- au sein dun cours, la dispersion des résultats est importante (on prend la mesure des différences de performances entre élèves), mais le chevauchement des résultats entre élève cours est tout à fait significatif. Il va permettre dengager avec les élèves une justification et une théorisation du travail en cycle
- sans nier les écarts de performance entre élèves (pourquoi faudrait-il les masquer ?), un graphique aussi simple permet aussi de lire la position respective de chacun en français et en maths (tel élève faible en français se situe dans "la moyenne" de son cours en maths
- On lit facilement la progression dun groupe en un an. "Tu es peut-être encore en difficulté, mais regarde combien tu as progressé en un an". Dans cet exemple précis, les CM1 de 2002 ont clairement vu, en comparant avec le graphique de lannée précédente, quils avaient à la fois progressé et resserré leur dispersion ("On a avancé tous ensemble, et Damien et Kévin nous ont rattrapés !")
- Pour les CM, laffichage de résultats supérieurs à 80 % de bonnes réponses est rassurante, positive, permet à chacun de se dire quil possède manifestement les "compétences de bases" et sentir que les compétences exigées en cycle III lui sont accessibles. Et que dire de Laurie, CM2 en 2001, paniquée à lidée de subir les mêmes évaluations que tout le monde (« Mais, maître, tu sais, moi, je suis dyslexique... ») subjuguée de voir des résultats lui indiquant plus de 90% de bonnes réponses !
Un peu facile, dira-t-on, pour des CM... Certes. Mais est-il bien évident que chaque CM ait clairement conscience de ses progrès depuis le CE2 ? Personnellement, ce nest quaprès avoir effectué ce travail trois ans de suite avec des élèves que jai peu enfin entendre régulièrement, cette année, des « grands » sécuriser des petits en leur disant : « C(e n)est rien... Moi aussi, au CE2, je ne savais pas... Regarde, maintenant, où jen suis... »
Évidemment, il ne sagit pas, en proposant aux CM une évaluation trop facile, den rester aux bons sentiments et de limiter les exigences conceptuelles et disciplinaires à leur égard.
Et les évaluations 6e...
Cest pourquoi, cette étape de "sécurisation-balisage" franchie, je décide de faire passer (en novembre) aux élèves de CM1 et CM2 les évaluations 6e. Lobjectif affiché est de faire sentir à chacun lécart le séparant du "niveau" exigible dun élève de 6e. Que cette évaluation soit trop difficile pour eux ne pose dans ce cadre aucun souci : le but est de pouvoir mesurer ce qui reste à chacun à apprendre, tout en ayant éventuellement quelques bonnes surprises au cas où lévaluation montrerait que, un an ou deux avant, tel ou tel possède déjà tout ou partie des compétences exigées dun collégien pour tel apprentissage
Résultats des élèves aux tests d'évaluation 6e (nov 2002)
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Bonnes réponses Maths (éval. 6e)
CM1 o o o o o o o o
CM2 u u u u u u u u
Compétences fondamentales maths (éval. 6e)
CM1 o o oo oo o o
CM2 u u u uuu u u
Inutile de dire limportance de la représentation graphique pour les élèves qui voient bien le chemin à accomplir
tout en ayant le repère sécurisant des tableaux dévaluation CE2 (voir plus haut)
Au cours du traitement des résultats (conduit de la même manière, avec correction et codage avec les élèves), jessaie de pousser un peu avec eux la démarche, en tentant de sintéresser spécifiquement aux "compétences fondamentales". Une fois le traitement fait dans Casimir, on sintéresse, pour chaque élève, au rapport entre résultat global et compétences fondamentales : tel CM1, avec 50 % de bonnes réponses, mais 78 % des compétences fondamentales, semble armé pour les apprentissages à venir. Par contre lobservation dun autre élève du même cours, ayant un score apparemment proche avec 45 % de bonnes réponses, mais ne "possédant" que seulement 55 % de compétences fondamentales, signale sans doute des "trous" dans les connaissances quil faut regarder de plus près.
Pour chaque enfant, il est évidemment important de pouvoir faire un bilan individuel qui va être loccasion de discuter avec lui (elle) de ses résultats aux évaluations, de ce quil pense de ses résultats, de ses points de force et de faiblesse
Le rendu de lévaluation aux parents en sera une occasion « solennelle » qui permettra à chacun (élèves, parents, maître) de dire ce quil pense pouvoir faire pour la suite... Mais les échanges très dynamiques qui ont lieu en groupe-classe sont à mon avis fondamentaux pour la prise de conscience de chacun.
Et au-delà du constat ?
Létape suivante est évidemment de conduire avec les élèves la réflexion sur "que faire de ces résultats ?", cest à dire dengager avec eux le débat sur les "choses" à mettre en place pour permettre à chacun de "profiter au mieux" du temps scolaire, compte tenu des contraintes (plus de 30 élèves
). Rapidement, les échanges vont porter sur plusieurs points.
Comment vivre ensemble ?
Cest loccasion de donner sens à des règles de vie mises en place en classe (si on veut que tout le monde ne fasse pas la même chose en même temps, quelles contraintes en terme de déplacements, de conduite individuelle, de droits, de volume sonore ?
), mais aussi doutils (si moi, jai besoin de travailler spécifiquement telle notion, où, quand et comment vais-je pouvoir le faire ?) On va donc négocier des règles, des modalités de travail individuel ou dutilisation doutils qui vont être équitables (chacun a droit de travailler ses points faibles, quels que soient ses résultats
). Se pose immédiatement la question des outils disponibles, de leur tri, classement et rangement pour pouvoir les utiliser (bibliothèque, fichiers de travail individuels, logiciels
). Des règles doivent être suivies par tous, pour donner à chacun le droit dapprendre. Le maître en est garant.
Au fur et à mesure que lexpérience commune de la classe va grandir, on va aussi examiner les conditions nécessaires à chacun pour exercer son métier délève. Quelques règles de confiance installées sur "ce quon a à faire ensemble", on va progressivement oser parler publiquement de soi. "A ton avis, à votre avis, que faut-il quon fasse, tous et chacun, pour que Untel se sente mieux ? A votre avis, quest-ce qui fait quUntel na pas réussi ça ? ou quil a perturbé le travail ? Quelles sont les raisons du conflit qui a eu lieu ce matin ?".
Ces multiples régulations oralisées, ritualisées (on ne laisse pas un incident sans lélucider collectivement) mettent en place petit à petit lidée que tel comportement, tel résultat est peut-être le symptôme dautre chose, quon va pouvoir contribuer à améliorer les choses en négociant, en faisant un effort dans sa relations avec lautre, avec moins dexclusion, plus de tolérance
Je pense que cest une condition essentielle pour que chacun(e) fasse le chemin intérieur pour recomposer limage quil a de lécole, lieu de violence et de conflit dintérêts souvent plus que symboliques
. La mise en place progressive dune "ambiance de travail" nest pas quun supplément dâme. Cest pourquoi la négociation avec les élèves des "projets", des "défis" quon va se lancer chaque année participe totalement à la conscience que chacun va construire de lui-même, de la place quil peut espérer conquérir dans lécole, quels que soient ses résultats aux évaluations
Cela passe, pour le maître, par une exigence de tous les instants. Si chaque enseignant na évidemment pas les mêmes seuils de tolérance de ce qui est « acceptable » (bruit, échanges verbaux, déplacements), ce sont toutes ces régulations qui vont (ou non...) petit à petit « faire classe », cest à dire fabriquer un groupe qui va accepter de vivre ensemble une rencontre avec les savoirs scolaires.
Pour apprendre quoi ?
Se pose également la question de l'organisation disciplinaire des savoirs scolaires : faire de la grammaire, de l'histoire, des sciences, c'est quoi ? Plusieurs écrits sont fabriqués, qui constitueront la mémoire des débats et serviront de référence lorsqu'il sera nécessaire de se poser la question (souvent !) : "que sommes nous en train de faire ? d'apprendre ? Quest-ce qui gêne ?"
Du côté des contenus disciplinaires, une fois ces évaluations faites, la décision est prise dessayer didentifier, en maths et en français, pour chaque cours, les 10 "compétences" évaluées les mieux réussies, et les 10 les moins réussies. Cest loccasion dutiliser concrètement les possibilités dun tableur (grâce au traitement informatique dExcel à partir des données de Casimir) pour faire des tris selon différents critères, jusquà ce quon parvienne à "lire" quelque chose qui semble opérationnel.
On va alors fabriquer des listes qui, affichées, deviendront la synthèse collective de ce que nous ont appris les évaluations.
Exemple en maths, de "compétences" identifiées dans le groupe de CM :
Les mieux partagées :
- reconnaître les parallèles et des figures géométriques simples
- technique opératoire addition et soustraction
- lire un graphique
- situer un nombre décimal sur une échelle
- calcul mental simple
- calculs avec parenthèses.
Les moins partagées :
- diviser un nombre par 10/100/1000, tables de multiplication
- encadrement de nombres décimaux
- calcul mental complexe, estimation et ordre de grandeur, technique opératoire de divisions à deux chiffres
- lecture de problème, lecture de données en tableaux, lecture de consignes
- double/triple/tiers, fractions, proportionnalité
- parallèle/perpendiculaire, aires et périmètres
Très naturellement, le groupe va intégrer lidée que ces notions, affichées au vu de chacun, vont être le "programme prioritaire" au cours des mois à venir
Mais du coup, on les travaille avec un autre regard
"Cest ce dont on a besoin pour aller en 6e".
Cette utilisation dans la classe des outils proposés par les évaluations institutionnelles contribue indéniablement à la clarification collective et individuelle des enjeux scolaires. Mais lidentification de priorités de travail ne garantit évidemment pas que lélève « apprenne ». Devant les différences significatives des « performance » de ses élèves, que doit faire le maître ? Quelles situations dapprentissage à mettre en place par le maître ? Faut-il aider ? Individualiser ? A quelles conceptions de ce quest lenfant cela est-il relié ?
Avant de préciser ce que jessaie de mettre en uvre en classe, un petit détour par quelques références qui ont contribué à construire mes réponses sur ces questions...
Faire que lélève apprenne : un impératif nouveau ?
L
e développement des théories psychologiques sur lenfant, puis sur les apprentissages ont induit une profonde révolution dans la manière de penser lécole. « Dresser lanimal qui est en nous, réfréner ses désirs » disait Alain. Le XXe siècle verra se vulgariser les idées de Freud, Montessori, Freinet, Rogers, Neill dans lesquelles le « désir » est central. Rogers théorise la valorisation de lapprenant : « On na bien appris que ce quon a appris tout seul », mais Paul Ricur dit au contraire « Tout autodidacte est un imposteur ». L'ICEM ou la pédagogie institutionnelle de Vasquez et Oury tentent une synthèse pour imaginer des relations pédagogiques prenant en compte les évolutions sociétales : désir, expression individuelle, coopération, sans pouvoir sextraire de contradictions et de malentendus dans leur vulgate. Ainsi, Freinet : chantre de la liberté et du laisser-faire ou marxiste convaincu qui croyait aux valeurs du travail social (imprimerie, coopératives ouvrières
) ?
Ces conceptions, qui vont progressivement irriguer les discours sur lÉcole, ne seront cependant mises en uvre que par un cercle restreint de militants revendiquant des ambitions de transformations sociales. Elles ne vont pas manquer dêtre récupérées par la « modernité » de la seconde moitié du XXe siècle, se contentant parfois de la forme de certains outils pour lifter sans transformer.
Mais le ver est dans le fruit. Loin des conceptions moralistes de Jules Ferry, les "Compagnons de lUniversité Nouvelle", ancêtres du GFEN, structurent de nouvelles doctrines pédagogiques, à la lumière des enseignements de Bachelard. Elles iront jusquà prendre forme dans létonnante audace du plan Lanvevin-Wallon qui ne survivra pas à laprès-guerre. A partir des années 80, on voit cependant apparaître des essais de digestion de ces apports théoriques dans les écrits institutionnels (Legrand, De Peretti). Mais lÉcole reste largement sous la domination des modèles élitistes, comme lexplique clairement, une fois de plus, Perrenoud : "les objectifs de léducation scolaire de base ne sont pas faits pour le plus grand nombre, mais pour les futures élites. Léchec dune fraction importante de chaque génération est donc programmé et il est inutile de sépuiser à développer des cycles et des pédagogies différenciées si on ne sattaque pas au curriculum. Il existe un conflit dintérêt évident, quil ne faut pas sous-estimer, entre :
* dune part, ceux qui attendent de la scolarité de base la préparation la plus dense, la plus complète et la plus spécifique possible aux études longues ;
* dautre part, ceux qui lui assignent la mission damener chacun à un niveau suffisant de culture générale, quels que soient sa formation et son destin professionnel ultérieurs.
La première vision prédomine, car lécole sest construite par le haut. Les programmes restent conçus, dans une large mesure, malgré les réformes curriculaires successives, comme une préparation des meilleurs aux études longues."
Comme le montrait en creux lanalyse de la circulaire sur lévaluation (voir plus haut), le constructivisme nest pas encore intégré. Lhéritage des pédagogies nouvelles nest assumé quen paroles. La réflexion sur la réorganisation des savoirs, réclamée par E. Morin autour de ses « sept savoirs », reste hors du champ de préoccupation des acteurs de lÉcole :
1. faire prendre conscience des cécités de la connaissance ;
2. faire découvrir les principes dune connaissance pertinente ;
3. enseigner la condition humaine ;
4. enseigner lidentité terrienne ;
5. préparer à affronter les incertitudes ;
6. enseigner la compréhension ;
7. initier à léthique du genre humain.
Les mêmes qui lisent ou écoutent Morin, fascinés et sûrs, disent-ils, quil trace la voie de lavenir, retombent dans leur volonté de ne renoncer à rien dès quil sagit de programmes scolaires " concrets ".
De nouveaux mots sur de vieilles césures ?
De plus en plus nombreux sont ceux qui pensent que la sélection scolaire recouvre la discrimination entre ceux pour qui les savoirs scolaires font sens, et ceux pour qui la forme scolaire se résume à « être sage », « bien écouter », « apprendre ces leçons » comme si les valeurs de lécole de Jules Ferry avaient perduré dans linconscient collectif. « Doués » et « non-doués » se sont transformés en « conceptuels » et « manuels », « concrets » et « abstraits ». Et paradoxalement, cest aux élèves les moins à laise quon va demander le plus tôt davoir un « projet professionnel » pour les orienter ! Faute de travailler ce rapport au savoir, les plus défavorisés intègrent lidée que « ce nest pas pour moi. » Ils subissent le rituel de lécole, de plus en plus souvent dans la violence. Le pari de léducabilité, du "tous capables", du "en faire ses égaux pour quils le deviennent" chers au GFEN nest toujours pas assumé par lécole.
En conséquence, faute de choix reconnu, lÉcole reste malgré elle condamnée à chercher dans le "à chacun selon ses moyens", les "groupes daide", les "rythmes propres", les "remédiations" les solutions aux échecs subis par les élèves.
Confronté à ces questions, lEnseignant na que peu de choix sil reste seul pour trancher. Cest pourquoi je pense quil est nécessaire dinterroger les connaissances fabriquées par la psychologie au XXe siècle, avant den déduire les choix auquel chaque enseignant doit se confronter dans son action quotidienne.
Que nous apprend la recherche sur les apprentissages ?
Après le behaviourisme (lapprentissage est une modification de comportement provoquée par les stimulii extérieurs), la psychologie du développement (Piaget, les stades de développement) a connu une assez grande diffusion.
A partir dobjets détudes pourtant très différents, les épistémologues, les psychologues ou les pédagogues arrivent progressivement à des conclusions convergentes : on parle de plus en plus de production de savoir, et non plus de reproduction. Bachelard évoque les « rectifications », « contre lenchaînement naturel », chaque nouvelle connaissance scientifique déconstruisant les précédentes. « Toute connaissance est une réponse à une question. Sil ny a pas de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien nest donné. Tout est construit. Préciser, rectifier, diversifier
». Piaget mettait en avant les mêmes notions en définissant des « stades » psychologiques atteint dans la conceptualisation à chaque âge. On demande progressivement à lécole et aux enseignants de travailler ces questions, de modifier le rapport aux disciplines, davoir une réflexion épistémologique, de ne pas enseigner les sciences comme « allant de soi » mais au contraire en insistant sur les révolutions successives qui ont transformé les champs de savoir.
Aujourdhui, la psychologie cognitive (et ses nombreuses tendances contradictoires !) tient le haut du pavé : se former, apprendre, cest modifier ses représentations mentales, passer dune cohérence à une autre, et pas « empiler » des informations les unes sur les autres. Jérome Bruner (Léducation, entrée dans la Culture) défend lidée que lapprentissage individuel est indissociable de la culture sociale, et quon peut tout enseigner, à tout âge, pourvu quon trouve une présentation adaptée. On se recentre sur la question des savoirs, du rapport au savoir et à la culture humaine, lenjeu étant bien de relier le petit apprenant aux milliers dannées de "culture commune", que ce soit à travers les contes ou lhistoire de la numération
Avec la diffusion des idées de Vygotski, mais aussi de biologistes comme J.P. Changeux (" L'homme de vérité ", 0dile Jacob, 2002) se répand lidée socio-constructiviste : on apprend avec les autres. Dans une confrontation qui oblige à élucider ses propres représentations, lapprenant modifie sa « zone proximale de développement ». On recommande aux enseignants de travailler dans le complexe plutôt que de découper les savoirs en unités de base qui perdent leur sens social. Les mouvements pédagogiques (GFEN, AFL ou ICEM) traduisent en slogans ces idées : « Expliquer empêche de comprendre » ou « Cest à plusieurs quon apprend tout seul », « auto-socio-construction » , « conflit socio-cognitif ».
André Giordan met en image ces acquis dans sa perspective « allostérique » qui rassemble nombre des acquis de la psychologie du Xxe siècle :
Conséquences de ces nouveaux savoirs sur lApprendre : des questions à prendre en charge par lÉcole...
Lirruption de ces nouvelles connaissances, tant sur la psychologie de lEnfant que sur les mécanismes dapprentissage, a progressivement conduit le système éducatif poser de nouvelles questions aux enseignants pour leur demander dintégrer ces connaissances nouvelles. Je vais donc rapidement revenir sur quelques enjeux des débats actuels sur ce que lécole doit faire, et la manière dont elle peut sy prendre pour y parvenir... Jessaierai dy construire des cohérences pour dégager quelques principes de fonctionnement pour le fonctionnement quotidien de ma classe.
Les cycles
La première justification au travail en cycle, ce serait que les élèves puissent passer quelques années avec des règles du jeu et des styles pédagogiques un peu stables, mettant leur énergie à apprendre plutôt quà sadapter aux particularités des enseignants. Évidemment, les cycles sont pour le système éducatif loccasion de passer enfin et de façon quon peut espérer irréversible dune logique de programme (ce que les professeurs sont censés enseigner) à une logique dobjectifs (ce que les élèves sont censés apprendre et savoir au bout du compte).
Dans la mesure où on a prouvé que le redoublement est inutile (M. Crahay), le réduire est toujours un progrès. Mais si on en reste aux objectifs statistiques, les « lignes de pente » vont dériver, les écarts entre élèves vont saccroître, même si on ne les sanctionne pas par un retard scolaire. A cet égard, que dire de lutilisation institutionnelle des indicateurs ministériels de redoublement, qui se contentent souvent de prendre le symptôme pour le remède ? Une partie de la crédibilité des objectifs de fin de cycle tiendra donc aux outils intermédiaires dévaluation qui pourront être mis en place sans re-saucissonner les objectifs du cycle
Vaste défi.
Dailleurs, comment comprendre la difficulté actuelle dans la mise en place des cycles, si ce nest la propension institutionnelle à mettre "la charrue avant les bufs" : les cycles ne peuvent être, dit Perrenoud, que létage supérieur dun édifice qui comprendrait déjà, dans ses étages inférieurs, pédagogie différenciée, constructivisme, coopération, approche par compétences, référence à des objectifs de haut niveau, didactiques pointues et évaluation formative...
Compétences contre savoir ?
Objet de débats passionnels, lopposition entre savoirs et compétences est à la fois fondée et injustifiée :
* elle est injustifiée, parce que la plupart des compétences mobilisent des savoirs ; développer des compétences namène pas à tourner le dos aux savoirs, au contraire
* elle est fondée, parce que lon ne peut développer des compétences à lécole sans limiter le temps dévolu à la pure assimilation de savoirs, ni sans mettre en question leur organisation en disciplines cloisonnées. De plus, le risque (souvent dénoncé par les tenants de lordre scolaire ancien) existe , de faire travailler les enfants sur des « compétences transversales » en prenant davantage appui sur la recherche de « motivation » que sur la confrontation avec les savoirs. La cruelle expérience de "léveil" des années 70 en fut lillustration magistrale. Certains (Rocheix) évoquent lidée que ces pratiques furent (sont ?) encore plus inégalitaires que les anciennes. Depuis Vygotski, on sait que la mobilisation sentraîne dans des situations complexes, qui obligent à poser le problème avant de le résoudre, à repérer les connaissances pertinentes, à les réorganiser en fonction de la situation, à extrapoler ou combler les vides, dans la "zone proximale de développement de lenfant", dans un processus dapprentissage des élèves qui, à l'image de la spirale dun escalier, conquièrent graduellement les compétences , dabord collectivement dans leurs rapports sociaux dans la classe, puis en les intégrant individuellement.
Mais trop souvent, les notions fondamentales ne sont-elles pas étudiées à lécole hors de tout contexte ? Elles restent donc " lettres mortes ", tels des capitaux immobilisés faute de savoir les investir à bon escient. Cest pour cette raison et non par déni des savoirs quil importe de développer des compétences dès lécole, autrement dit de lier constamment les savoirs et leur mise en uvre dans des situations complexes. Cela vaut à lintérieur des disciplines aussi bien quau carrefour des disciplines.
Projet, tâche, activité...
La notion de projet est sans doute une de celle des plus galvaudées dans la doxa pédagogiste, appelant parfois des critiques légitimes (voir plus bas, Bernardin). On se méfie de plus en plus des "projets couscous" qui, sous prétexte de faire le lien entre la culture familiale et lécole, perdent de vue les spécificités de lécole pour diluer ses missions dans une simple "prise en charge sociale" des élèves, pas toujours distinguée de la garderie ou du centre social. Lélève, redevenu enfant, fixe davantage ses repères sur "Je vais avec Jacques, je suis avec Monique" quà se demander ce quil est entrain dapprendre.
B. Charlot, J.- Y. Rocheix recentrent sur lactivité des élèves (« non pas enseigner, mais faire que les élèves apprennent »). A force de parler dépanouissement, de ludique, de différenciation ou dexpression, ne réduit-on pas le temps « dexposition à lapprentissage », en renforçant les malentendus au lieu de se centrer sur les conditions détude et les modalités dapprentissage : une structuration des activités de classe qui essaie de respecter toutes les approches et les besoins (temps de leçons et de confrontations conceptuelles, temps de renforcement individuel, temps de démarches de recherches et de projets-productions) ? ou une « théorie de la ligne de pente » qui laissera aller chacun là où il est "prédestiné" ?
Ces critiques doivent nous rendre exigeants sur les objectifs et les contenus des projets mis en uvre dans les écoles. Je pense cependant quon aurait tort de changer de cap à 180° : le projet doit rester un moteur essentiel du fonctionnement scolaire, lorsquil permet un partage des responsabilités entre lenseignant et les élèves de la classe, lorsquil est un défi posé à tous, lorsquil débouche sur des productions concrètes qui deviennent objet de fierté, lorsquil suscite des ponts entre les disciplines et lémergence de savoirs peu valorisés à lécole...
Individualisation et remédiation...
La "différentiation pédagogique" est un produit hybride des différentes théories, aux conséquences paradoxales. Une idée simple, apparemment : les élèves sont différents, ils nont pas tous besoin de la même chose, au niveau cognitif comme au niveau affectif. A lécole, donc, de faire du sur-mesure... Mais quid de lindividualisation des parcours ? Entre rêve et cauchemar, classes de cycle et niveaux hétérogènes sont en général repoussés par les enseignants car trop loin du modèle quils jugent supportable.
Pourtant, personne ne songe plus à défendre lidée de lhomogénéité dune classe de 25 élèves du même âge. Mais les avertissements des spécialistes se multiplient contre la tentation de "groupes de niveau", brisant lémulation et limitant les ambitions des enseignants tentés de limiter leur intervention aux "savoirs de base". "Il nest pas possible de " réserver " la pédagogie différenciée à une fraction des élèves, comme on limite la greffe de rein à certaines catégories de patients. Si les cycles ne saccompagnent daucune révision des programmes, il est indécent de demander aux enseignants de faire seuls les frais dune réduction de léchec scolaire et des inégalités, alors même que les ressources diminuent et que les publics scolaires et les conditions de travail deviennent plus difficiles." explique Perrenoud, pour qui la pédagogie différenciée ne se confond pas avec une pédagogie de soutien, mais doit restructurer lensemble de lorganisation du travail dans la classe.
Les fruits des recherches étudiées par M. Crahay prouvent que "les dispositifs d'enseignement individualisé" doivent être interrogés, en particulier parce que l'attention des élèves durant ces moments est difficile, du fait des perturbations diverses qu'ils subissent à ce moment dans la classe. L'enseignement collectif permet aux élèves de tirer "des bénéfices substantiels" lorsque l'enseignant "fournit des informations, des explications ou anime une discussion sur un objet d'apprentissage". L'apprentissage coopératif, mutuel, le tutorat, s'ils sont structurés selon un canevas précis, sont plus productifs, explique le chercheur belge.
Enfin, il constate que l'évaluation régulière, tant dans la phase de construction de la compétence que dans la phase de stabilisation, est indispensable et doit être fréquente. Elle suppose que les résultats aux tests jalonnant les apprentissages n'interviennent pas dans les notes scolaires ou le score final. La "programmation de la succession des apprentissages" lui semble donc devoir être réhabilitée, dans une perspective vigotskyenne anticipant (et suscitant !) les difficultés des élèves. Une "carte didactique" (agencement des apprentissages, et répertoire des difficultés habituellement constatées) lui paraît souhaitable.
Du haut niveau pour les forts, du bas niveau pour les faibles ?
Dans ce domaine, il faut lutter contre une longue tradition scolaire qui conduit à faire, pour les élèves en difficulté, le deuil des apprentissages "de haut niveau taxonomique" pour assurer des acquis plus " techniques ". Prenons quelques exemples didactiques de ces deuils qui dont on espère à tort quils vont "profiter " aux élèves les plus démunis :
* Travailler " à fond " lorthographe en renonçant à développer la production de textes.
* Sen tenir au texte narratif, en abandonnant le texte argumentatif.
* Travailler les opérations arithmétiques en faisant limpasse sur lalgèbre.
* Viser la mémorisation des nomenclatures botaniques ou géographiques, en renonçant aux problématiques explicatives.
* Inculquer quelques règles de conduite sans aborder le débat éthique ou philosophique.
Évidemment, on sait que ces choix "sécurisants" ne mènent nulle part. Et pourtant
Il ne faut pas oublier la dimension épistémologique du rapport au savoir. Enseigner la règle du participe passé, la géographie ou la numération décimale interroge forcément sur la manière dont se sont structurées les disciplines scolaires au cours de lHistoire. Les savoirs scolaires ne sont ni anodins ni socialement neutres. Pourquoi enseigner la Physique, et pas lÉcologie ? Edgar Morin, dans ses « 7 savoirs Fondamentaux » (voir plus haut), pense que cest le problème essentiel pour lavenir de la société, et que rien nest plus urgent que re révolutionner lorganisation disciplinaire des enseignements dispensés.
Et des questions essentielles à affronter par le maître...
Des doutes sur les "fausses-bonnes solutions" qui permettent de ménager la chèvre et le chou
Synthétisant les entrées ci-dessus, Jacques Bernardin, instituteur, chercheur à Paris VIII, membre du GFEN, propose de gratter derrière quelques réponses consensuelles et den explorer les effets pervers (Attention : cela ne veut pas dire quelles ne soient jamais pertinentes, mais tout dépend de ce quon en fait
) Quelques lignes de citation un peu provocatrices, mais
:
Quelques exemples de fausses-bonnes solutions ? :
- rattrapage, soutien, adaptation
Moins on leur en propose, moins ils en fournissent
Le fossé se creuse, lenseignant simpatiente
et lenfant est encore plus fragilisé
- simplifier, renforcer la présence auprès des enfants : on donne du travail autonome aux enfants autonomes, et on faire oraliser ceux qui peinent
confortant lenfant dans lidée "quand je saurais les mots, je saurai lire
" (cf lévaluation 6e montrant les retards dans le traitement des problèmes et la compréhension fine
)
- développer laide extérieure : RASED, structures spécialisées : risque de marquage, de dessaisissement de lenseignant : "Le psy (lorthophoniste
) va me le réparer" et donc je ny peux rien
- aider physiquement : risque de renforcer la dépendance à lenseignant, et parasitage de la sphère affective dans la relation pédagogique.
- motivation
activité, activisme, décloisonnement : multiplication des temps, des séquences des objets de travail : "je vais avec Martine, je vais avec Jean-Paul
" Risque de manque de cohérence, de manque dinterrogation des buts, réduction à "travailler, bien travailler"
- projets : risque de faire passer les buts opératoires derrière la réalisation du projet. Risque de différencier le "ludique" du "pénible" (maths/français). Laccumulation du "faire" ne garantit pas la réalisation du "comprendre".
Interrogeons les missions de lécole : qui doit faire quoi ? Ne développons pas ce qui la fragilise
en développant les seuls appels à lextérieur.
Et si on cherchait plutôt à...
- Ne plus penser "rattrapage", mais modifier le rapport au savoir de lélève : considérer que la mobilisation nest pas préalable, mais à conquérir dans le sens de lactivité...
Ce qui est de nature à transformer les logiques dauto-reproduction :
- Les faire sengager : situations de recherches, dexploration
Les choquer, les déstabiliser
- Renoncer à la conception morcelée : travailler sur des situations globales, complexes, résoudre dans lactivité le "comment ça marche, que faut-il faire" ?
- Nous, enseignant, quest-ce quon fait ?
Redéfinir la question de notre intervention, sastreindre à la neutralité, au silence, ou même rajouter à la turbulence, tester ce qui semble faire consensus pour jouer le maître ignorant
- Ne pas esquiver le sens du travail scolaire : quest-ce quon fait ? quest-ce quon a à faire ? "On nest pas là pour vivre ensemble, on est là pour apprendre à se quitter" (citant JY Rochex).
- Interdire de faire à ceux qui sont activistes, analyser la situation, quest-ce quon à comme matériau ?", revenir au but de lactivité. "Si je ne sais pas où je vais, jarrive ailleurs ».
- Faire une pause en cours dactivité ? Revenir sur les difficultés rencontrées, les aides possibles, les stratégies adoptées par tel ou tel élève...
- Faire des retours, montrer les progrès, les évaluations, identifier les compétences attendues
- Sur la "peur dapprendre", avoir une posture éthique. "Tous capables" déclare le GFEN qui engage à rompre avec les apprentissages solitaires, aller vers les apprentissages solidaires, favoriser le débat argumentatif, la déconstruction-reconstruction des savoirs
Une synthèse qui résume bien les questions posées ci-dessus :
(André Giordan)
Mes choix pour lorganisation du temps scolaire
Toute la difficulté du travail denseignant est donc de décliner concrètement un emploi du temps de lélève qui lui permette dêtre confronté à des situations variées. Elles dépendent évidemment des conditions matérielles locales, avec lesquelles lenseignant va devoir jouer. Les choix de lenseignant sont donc un compromis entre des injonctions paradoxales. En voici un :
Organisation générale de la classe autour de plusieurs types de temps.
des temps de "leçons collectives" durant lesquels on travaille une notion (souvent en grand groupe de cycle) : les accords dans la phrase, les pronoms, laccord du participe, la numération décimale, la proportionnalité, le pouvoir au Moyen-Age
Des temps de travail en groupe (à deux, à trois à quatre) qui permettre de confronter, dinvestir, de présenter aux autres. Pour reprendre le mot de Bachelard : " qui est enseigné doit enseigner ". Recevoir simplement des connaissances tend à les figer, à les rigidifier, et ne favorise ni l'auto-critique, ni l'ouverture d'esprit. Par contre, qu'à un moment donné un apprenant ait à enseigner ce qui lui a été enseigné, favorise " l'exercice social de sa conviction rationnelle ». Dans l'enseignement reçu, " je suis tout ouïe ", alors que dans l'enseignement que je donne, " je suis tout esprit ". Il suffit, pour sen convaincre, avoir vu un CM2 en difficulté daider un CE2 à corriger lexercice quil vient de faire , ou un groupe de CE2 présenter leur exposé à toute la classe...
des temps dentraînement individuels, souvent sur ordinateur (exerciseurs, Lectra, Elmo
sur 15 vieux PC mis en réseau) ou sur papier (fiches lecture ICEM, ateliers de lecture, mots croisés, copies de poésies, recherches documentaires, fiches de logique, géométrie, problèmes
), temps de retour sur soi, de confrontation directe avec une tâche purement solaire décontextualisée
des temps de production collective (journal scolaire, expos, compte rendus,) appuyés sur les moments "sociaux" de la classe (rencontres USEP, classe patrimoine, classe PAC avec production d'écrit et mise en scène par un professionnel et spectacle au théâtre municipal (quel souvenir !) visites, projets d'écritures de conte, expos
) incluant des moments de recul sur la vie de la classe (règles de vie, bilans collectifs de situations dapprentissages, commentaires sur les évaluations, mais aussi prise de risque, défis, paris
:
- "Vous pensez vraiment qu'on serait capables de faire un journal en un jour ?" ;
- "Ce voyage à Paris, pensez-vous que vous serez vraiment capables d'en assurer la préparation complète ?"
La classe dEtigny nous a accueilli le mois dernier. Seriez-vous capables den assurer lorganisation pour les deux classes dEtigny et les deux classes de Senan ?
- "A l'assemblée générale USEP des enfants, Damien sera-t-il capable d'animer un débat sur le fair-play alors quil nest pas le dernier à refuser daccepter les règles du jeu ?"
"Tous capables" disaient O. et H. Bassis avant d'inventer leur "en faire des égaux pour qu'ils le deviennent"
En effet, lessentiel est bien de ré-inscrire tous les élèves, même les plus en difficulté, dans le monde scolaire : que viens-tu faire ici ? Que te demande-t-on ? A quel prix peux-tu devenir un « bon élève » ? Le travail sur les « malentendus » scolaires (cf Rocheix) est à mon sens essentiel pour permettre à lélève dentrer progressivement dans une nouvelle appréhension de son métier délève. Ce qui est angoissant pour le maître, cest quil est alors obligé de sinscrire dans des perspectives à long terme, dont les effets ne vont pas se mesurer immédiatement. Afin dêtre plus concret, prenons lexemple dune discipline, le français, pour voir comment se déclinent au quotidien :
Production décrits, individuels et sociaux (journal scolaire, écriture de scénarios, de contes...) permettent un travail systématique, individuel et collectif, sur la ponctuation, mise en paragraphe, typologie derreurs (ortho, accord genre/nombre, accords de verbes, homonymes, ponctuation
).
Entraînement systématique Lectra et Elmo, permettant aux élèves des chiffrages (vitesse, compréhension, efficacité) et une visualisation de l'évolution de ses performances
Lectures longues de romans : installer la confiance dans les "longs textes" sans image, "comprendre les intentions de lauteur", "lire entre les lignes", "comprendre ce qui nest pas écrit", "découvrir comment lauteur fait pour installer telle ou telle atmosphère"
Lan passé : Cabot Caboche, Le Faucon déniché, Le Port Englouti. Cette année : La Tarte aux Escargots, Les amies dOlga, Les contes du Chat Perché, Les contes de la rue Broca
). Autant que possible, ainsi que pour les albums, des lectures en réseau qui permettent dentrer dans telle ou telle problématique du livre (documentaires, textes historiques, descriptions sociales
)
Lectures dalbums ou de poésies permettant dentrer dans lunivers dun auteur, par des textes à références culturelles fortes (Dis-moi, Histoire à quatre voix, M. Marceau et M. Pivert, Petit Chaka
) qui vont être autant d'occasion d'espérer relier un peu plus l'histoire de chacun et celle de l'Humanité (entrée dans la culture, disait Bruner
)
Lectures courtes (nouvelles, extraits
) ou documentaires (Victor Hugo, la guerre de 40
) permettant de travailler tel ou tel aspect (substituts pronominaux ou lexicaux, conjugaisons, repérage des verbes
.), mais surtout points de départ de lectures en réseau permettant daborder des contenus historiques, géographiques
Pour toutes ces situations de lecture, jessaie de dactylographier des extraits afin de permettre aux élèves de "travailler" les textes en les surlignant, repérant tel ou tel problème, telle structure... en travaillant particulièrement lutilisation des pronoms, les reprises anaphoriques, dans une perspective denseignement de la compréhension en lecture, telle que préconisée par R. Goigoux (voir plus loin, chapitre 4.2.2.) Lusage du logiciel Idéographix (AFL) permet des traitements du texte intéressants (dictionnaires, occurrences ou cooccurences (ils
ent), closures ou mots masqués (mise en évidence des mots-outils), silhouettes, numérotations de lignes
) très intéressantes en particulier au CE2 pour une meilleure compréhension de la langue écrite. Jessaie, autant que possible, de prendre le temps de lectures à voix haute dun extrait du texte, par le maître ou les élèves, afin dentrer dans cette petite musique qui nous rassemble, lespace dun instant, vers les mêmes rêves...
Lecture partout : Outre les situations "français", travail régulier sur les problèmes et les consignes (vocabulaire spécifique, compréhension des consignes
) soit en situation collective soit en travail individuel (logiciel Aide et Soutien)
Les multiples entrées décrites ci-dessus pour le travail scolaire nont en soi rien qui ne figure expressément dans le corps des instructions officielles. Pourtant, elles me semblent extrêmement « coûteuses » pour les enseignants, si on en juge, par exemple, par les difficultés rencontrées par les enseignants pour mettre en uvre les nouvelles orientations des instructions sur lobservation réfléchie de la langue ou la littérature. Dit autrement, quest-ce qui fait donc que ce ne soit quaprès bien des années de pratique laborieuse que je ne puisse commencer à en percevoir larticulation ? Quelle « professionnalité enseignante » se construit au fur et à mesure de laccumulation dexpérience de lenseignant, qui ne sapprend guère en formation ? Cest ce que je vais essayer de présenter maintenant.
Quelles postures pour lenseignant ?
T
rès naturellement, lenseignant soucieux daffronter ces questions va donc devoir sappliquer à lutter contre les a-priori quil a du métier denseignant (ce quil a connu comme élève, ce quil a vu faire, ce quon lui a dit quil fallait faire...).Frédéric Saujat (maître de conférence en psychologie à Marseille) explique que lenseignant va devoir faire tout un parcours personnel qui va dabord linscrire au sein du genre professionnel (pour « être du métier », savoir faire ce que dautres pourraient faire également), tout en se créant un style (en ajustant le genre pour en faire un instrument de laction). Ce chercheur, à linstar de R. Goigoux, constate dans ses « entretiens dauto-confrontation) que le travail denseignant ne se résume pas au rapport didactique. « On pense trop le rapport au métier à travers le travail de lélève, mais peu à ce que ça exige de la part de lenseignant. Ca peut expliquer pourquoi des innovations didactiques ont du mal à se diffuser dans lécole : non pas parce que lenseignant les refuse, mais parce quil ne sait pas comment les mettre en uvre, parce que ça lui demande trop. ». Ils suivent en cela les recherches faites par les ergonomes du travail dans la filiation des travaux dYves Clot.
Dans lespoir de rendre lisible ma pratique, et sans disposer des moyens de ces chercheurs (recours à lobservation par des tiers...) jai donc tenté détablir une typologie des comportements auxquels je tente de mastreindre en classe (et en dehors) pour tenter quelques cohérences. Jai donc passé en revue les différents moments de la classe, et jai essayé pour chacun de désigner par un verbe lattitude dominante du maître à ce moment-là. (voir, pour illustration, lannexe « Analyse dune séquence de classe » ).
Jai constitué la liste suivante (ordre alphabétique) :
anticiper
aider
Ajuster la consigne...
arbitrer
clarifier
Confronter
Corriger ensemble
Donner une consigne claire
Evaluer (pour savoir quoi travailler)
Expliquer
Faire corriger
Faire débattre
Faire dialoguer
Faire expliciter
Faire le pari
Faire vivre des projets
Féliciter
Gérer les contraintes
Indiquer
interroger
Mettre de lordre
mobiliser
montrer
Nommer des experts
Organiser
orienter
préciser
Questionner
Questionner le texte
Rappeler à lordre
Reformuler
Relier
Réorienter
responsabiliser
ritualiser
Sanctionner
signaler
trier
Valoriser
Jai ensuite essayé de trouver un classement de ces verbes qui permette de « lire » quelques « postures » essentielles qui reviennent dans la classe, me permettant de proposer la typologie ci-après :
Essai de typologie : faire classe, faire apprendre, se transformer
En associant des verbes au « faire classe » et des noms au « faire apprendre », je précise ce qui est de lordre de laction du maître, de sa responsabilité (par des verbes). Les noms précisent que les intentions du maître sont soumises à linitiative de lélève. Ces secondes postures seront dautant plus efficaces que les premières (« faire classe ») seront prises en charge efficacement par le maître.
Jy ajoute les postures de type 3 et 4, qui sont déterminantes (3 : condition du changement pour le maître ; 4 : condition de son « pouvoir agir »). Elles sexercent hors de la classe.
Devant les élèves :
Faire classe : tous ensemble, une place pour chacun (Gestion du groupe-classe/ordre/mobilisation). Peut se décliner en :
1.a) garantir lordre et la liberté individuelle, premier rôle de lenseignant (mettre de lordre,rappeler à lordre, sanctionner)1.b) mais aussi la gestion des individus différents pour faire un groupe opérationnel : animer, écouter, laisser sexpliquer lautre, faire place à chacun.
1.c) Dans les tâches/défi/projets, organiser, expliciter, jouer la transparence, parier sur la capacité des élèves à investir le savoir dans des situations complexes.
Faire apprendre : tous capables ? Peut se déliner en :
2.a) Positiver, avoir confiance dans lélève : le maître est assureur de lestime de soi et des autres
2.b) Travail sur les consignes/activités (le maître est décodeur de lactivité scolaire)
2.c) Tâche/défi/projets : le maître est accompagnateur de lexercice du métier délève (métier délève étant entendu comme défi/projets/ et tâches construits par lélève en cohérence avec le milieu scolaire)
2.d) Aide à la communication/confrontation entre élèves : le maître est pédagogue (comprend lévaluation dans toutes les acceptions du terme, de « sommative » à « formatrice » et les situations didactiques vécues comme « situations-problèmes »).
Hors la classe :
Com-prendre : avec les parents délèves, les partenaires...
(lenseignant doit comprendre lautre, se faire comprendre des autres)
4. Apprendre dautres : lenseignant est collègue, compagnon, coopérateur, investigateur
Sur ces différentes postures, quelques aperçus issus de la pratique quotidienne :
Faire classe : ordre collectif et place de chacun...
Véritable fondation de la classe, ces postures (1a, 1b) engagent en profondeur lenseignant, dans un rapport très physique à la classe. Cest sans doute là que se joue une forte part dintime, dans une extrême variabilité selon les maîtres, dans un fragile équilibre entre la construction des individus et la dépendance à la règle. Je pourrais en détailler ici de multiples exemples :
- expliciter et résoudre collectivement les conflits, en veillant à faire vivre le règlement élaboré.
- gagner auprès de tous les élèves lidée quil est nécessaire de prendre le temps découter jusquau bout ce que veut dire Maïté, CE2 très mauvaise lectrice, lorsquelle nous parle de ce quelle a compris de la lecture.
- parvenir à tenir avec passion un débat littéraire pour confronter les interprétations du roman en cours, sans autre intervention du maître pendant de longues minutes.
accepter de composer rapidement des équipes de rugby équilibrées en mettant au second plan ses inclinations personnelles qui permettraient de gagner le match sans souci...
gérer les conflits entre élèves lorsquils gagnent lintérieur de la classe et mobilisent plus dattention que de raison...
Mais même en y investissant une forte énergie, ces compétences des élèves et de la classe ne me semblent toujours acquises que provisoirement, comme si un souffle dair pouvaient faire tanguer le fragile équilibre. A ce sujet, une anecdote qui révèle des difficultés persistantes : malgré tous mes efforts pour inscrire la « bonne conduite » des élèves dans une construction citoyenne, force est de constater que lapparente stabilité de la classe tend à ne pas résister lorsquun remplaçant la prend en main. Phénomène sans doute commun (surtout si on en juge par leffectif de la classe !), certes, mais peu satisfaisant puisque tendant à prouver quune bonne part de ladhésion de lélève à une norme comportementale positive nest acquise que par « dépendance affective » (ou par simple crainte) envers lenseignant.
Lautre posture mise en évidence (1.C : organiser, parier sur la capacité des élèves à investir le savoir en situation complexe) renvoie lenseignant à ses propres manques : organiser des situations ouvertes, complexes, va amener lenseignant à piloter ses situations où la contrainte est multiple, où les savoirs et compétences poursuivis vont se retrouver enchâssés dans une multitude de paramètres vont jouer, où lévaluation de laction va être renvoyée à un futur moins proche. Cest évidemment déstabilisant, angoissant pour lenseignant.
Exemple du journal scolaire :
Faire le pari que la classe va progressivement semparer du journal scolaire comme moyen de fabriquer un écrit social, ça doit nécessairement se décréter par lenseignant comme objectif à long terme, Mais pour parvenir à ce but lointain, il va falloir mettre en place le moyens de la construction de ce sens par les élèves, tout en balisant un fonctionnement « rentable » dans le fonctionnement de la classe. Pour le maître, cela signifie aider ses élèves à penser tout à la fois :
la manière dont le journal doit répondre à certains critères : lisibilité, contenu, maquette, régularité, contrainte de production, rubriquage, place du lecteur, suivi des abonnements... Cela nécessite un travail progressif, une analyse des numéros fabriqués, y compris par un regard extérieur : journaliste, maquettiste, semaine de la presse...
la prise en charge organisée par des individus ou des petits groupes de telle ou telle rubrique : le suivi de lécriture, les réécritures, le fait que le travail soit mené à son terme, rangé au bon endroit pour le retrouver la fois suivante dans lordinateur...
lorganisation ergonomique du temps de classe consacré au journal : à la fois que ce temps ne sont pas trop important pour que toute lactivité de production décrit ne sy résume pas, mais aussi que les projets et activités menés dans la classe puisse être à leur tour utile au journal pour montrer à lextérieur « ce quon sait », « ce quon fait ».
la maîtrise progressive par les élèves du « savoir écrire pour le journal» en maîtrisant les outils de correction, les logiciels, mais aussi le travail sur les titres, les chapeaux, les clins doeil aux lecteurs...
le suivi par le maître de le place prise par chaque élève dans le projet collectif : la manière dont certains y construisent progressivement leur place, les « évitements » (et la régulation de ce qui est tolérable ou non), le rythme de travail, les pertes dénergies, les aides pour la documentation...
On pourrait décortiquer de la même manière dautres projets (préparer une rencontre de classes, un spectacle à partir dune création littéraire, une classe patrimoine...), on retrouverait ces déclinaisons de contraintes, dans lequel le maître doit à la fois savoir garder ses objectifs prioritaires (gestion du groupe, apprentissage...) tout en sachant quil devra gérer en même temps un grand nombre de variables parasites avec lesquelles il est inévitable de devoir composer. Cest sans soute pour toutes les instabilités quelles renvoient que ces situations sont les plus difficiles à mettre en place pour les enseignants, même si cest dans ce cadre que peuvent naître de profonds bouleversements dans les comportements scolaires des élèves.
Faire apprendre
Cest pour moi, paradoxalement, le véritable enseignement des dernières années de la recherche en éducation : le métier délève sapprend grâce au maître, et ce dautant plus que la famille peine à trouver sens dans lécole. Cest une mère délève qui men donna la clé (certes caricaturale...) : « Cest à lÉcole quAlexis apprend, alors que sa sur doit apprendre à la maison et va au collège pour quon contrôle ce quelle sait ». Trouver les clés du sens scolaire, cest aller dans la précision des consignes et du sens des tâches. Non pas seulement répondre au questionnaire, mais apprendre à répondre au questionnaire. Un exemple à travers l'enseignement de la compréhension en lecture cher à R. Goigoux : donner un questionnaire de lecture AVEC les réponses surprend et déstabilise les élèves. « On na plus rien à faire ? ». Ce nest quavec la découverte progressive de la consigne « Cest le travail dune très bonne élève. Expliquez-moi COMMENT elle a fait pour bien répondre aux questions. » quon va se poser la question de comment faire (en recopiant les indices, en surlignant dans le texte...). Ensuite, un classement va permettre darriver à une typologie de questions (celles dont la réponse est dans le texte, celles où il faut relier plusieurs éléments pour trouver un sens, celles où on doit expliquer un mot difficile par son contexte, celles où il faut mettre en réseau ses propres connaissances culturelles avec celles de lauteur...). Enfin, on va sexercer à chercher soi-même des questions de différents types à partir de textes quon lit, les communiquer à dautres groupes, dautres classes... qui à leur tour nous feront savoir si leurs classements ont à voir avec le nôtre...
Cette exploration fine des tâches scolaires est à mon sens fondamentale si on veut faire perdre aux élèves cette déplorable attitude lamenant à chercher dans les yeux du maître la question à se poser... ou la réponse à trouver !
Je ne reviens pas sur larticulation avec lévaluation, largement décrite plus haut, à mon sens fondamentale pour donner des repères à lélève sur sa position propre, mais aussi les besoins du groupe classe, qui vont eux-mêmes déterminer les priorités dans les contenus scolaires à travailler, qui vont apparaître comme tels, et non cachés derrières des formes scolaires ambiguës et opaques pour lélève.
Quand le tâtonnement amène à Pi
Ainsi, le référentiel dobjectifs pour le second trimestre 2003-2004 (voir annexes) sert de trame aux apprentissages. Chaque semaine, lors du temps réservé à la réorganisation des classeurs des élèves, on va sattacher non seulement à ranger au bon endroit les travaux réalisés, mais aussi à pointer les contenus qui ont été abordés. Chaque enfant reporte lappréciation de ses acquis avec un code couleur (vert, orange, rouge selon le degré de maîtrise), Cest aussi le moment où les élèves vont dire « Nous devrions travailler sur cette notion que nous navons pas abordée ». Par exemple, Cindy constate que la ligne G5 précise quil est nécessaire de travailler sur les figures géométriques en volume. Aussitôt, on se met à chercher les ressources disponibles, dans les manuels ou à la bibliothèque, Cest loccasion dutiliser les sommaires, les index... qui vont permettre dapprendre à gagner du temps et à aller au but. En situation de recherche, les élèves identifient une page du manuel où ils sont invités à reproduire des patrons de figures en relief. Ils se mettent à construire des prismes, des pyramides, des cubes... Pointant que lauteur du manuel na pas proposé de cylindre, Matthieu et Justine, bientôt imités par les autres élèves, se mettent à explorer la meilleure manière de fabriquer le patron du cylindre. On ne met pas longtemps à tomber daccord sur la nécessité de dessiner un rectangle et deux cercles adjacents. Mais le tâtonnement patine lorsquon arrive au découpage. Bientôt, la question se formule : « quelle dimension donner au côté du rectangle adjacent au cercle pour quil soit suffisamment long pour permettre de faire le tour du cercle ? »
Pour le maître, cet obstacle na absolument pas été anticipé. Mais cest parce que la situation dexploration mise en place par les élèves est suffisamment ouverte quelle débouche sur un vrai « problème » : comprendre le rapport entre le diamètre et la circonférence dun cercle... La difficulté pour le maître est alors 1. Didentifier le concept mathématique en jeu, de mesurer sil est au programme et/ou sil est accessible aux enfants de cet âge. 2. De décider quand et comment il va permettre aux enfants de mettre en place une situation dans laquelle ils vont trouver laide (et le dispositif pédagogique) qui va leur permettre de passer lobstacle.
Dans ce cas précis, je choisis dorienter le travail du groupe sur la mesure du cercle : chacun comprend alors quil faut partir à la recherche de moyens de mesurer la circonférence par un dispositif expérimental : ficelles, reports de compas ou de segments... Chacun sait que le résultat va être approximatif. Je propose alors de construire au tableau un récapitulatif qui permettra didentifier progressivement la propriété : proportionnalité entre diamètre et circonférence. Lobservation du tableau amène la clarté : « Cest trois fois plus grand » ; « Non, ce nest pas exactement trois » ; « Attend, je prends la calculette »... On compare, observe. La démarche « expérimentale » étant présente pour tous, il est accepté quon nait pas de « résultat juste » puisquon sait que les mesures du cercle ne sont pas justes... Les différentes écritures des rapports (3,1 ; 3,132 ; 3,15 ; 3,164 ; 3 ,2...) sont comparés, classés... Vient ensuite le recentrage par lenseignant, lintroduction magistrale de ce qui ne peut être réglé par le tâtonnement des élèves : « Ce que vous venez de faire, lHumanité a mis des siècles pour approcher le résultat exact... » Cette inscription de la recherche (fortuite ?) du groupe-classe dans lhistoire de lHumanité est toujours un exceptionnel moment de fierté pour nombre délèves du groupe : « Nous existons, puisque nous sommes inscrits dans une histoire... » semblent alors dire leurs yeux...
Com-prendre : et les parents ?
Un médecin na aucune raison de développer un diagnostic à lusage exclusif des patients. Il se borne à leur faire part de ce quil constate et pense, en se contenant dadapter son discours pour être pertinent et compréhensible. Pourtant, nombreux sont les enseignants (et moi le premier...) qui, en difficulté avec la manière de rendre compte aux parents des acquis de leurs enfants, sont tentés de procéder à une évaluation spécifique, qui ne serait faite que pour informer les parents, dans laquelle la norme sociale est plus prégnante que le rapport au savoir...
Pour lever toute confusion, mieux vaudrait mieux essayer darriver à faire se succéder plusieurs phases :
1. les professionnels de lenseignement-apprentissage évaluent les élèves pour guider leurs apprentissage et les interventions pédagogiques de façon optimale (fonction de régulation) ;
2. ils associent les élèves à certaines des opérations de prise de données et dinterprétation et ils leur communiquent une partie des résultats, sous des formes diverses, appropriées à leur âge, à leur compréhension et aux stratégies de mobilisation adoptées (fonction dinformation-mobilisation) ;
3. les enseignants communiquent aux parents une partie des informations quils détiennent, sans cacher le reste, mais en ne le divulguant quà la demande (rôle dinformation).
Si lécole ne parvient pas à renverser la logique actuelle, pour faire de linformation aux parents un dérivé des informations recueillies à des fins formatives, certificatives ou pronostiques, elle passera de plus en plus de temps à produire une information spécifique destinée aux parents, consommateurs de plus en plus exigeants, et de moins en moins à cerner ce qui permet de mieux faire apprendre. Mais le dire est plus facile que de le faire...
Dans ma classe, les graphiques réalisés en classe, qui font lobjet de communications et dexplications lors des réunions de parents ou lorsque je les reçois individuellement pour leur rendre compte des évaluations de début dannée, vont permettre aux parents davoir une idée relative (par rapport au groupe-cours et au groupe-classe) du résultat de leur enfant en maths et en français, ce qui est un souci important pour eux. Un bilan individuel est édité, grâce à laide dun logiciel (GPI) qui va piocher les résultats dans la base CASIMIR et présente les compétences de maths et de français en indiquant le pourcentage de réponse ou "acquis, en cours dacquisition, non acquis". Le document est le support dun échange informel entre lenseignant, le(s) parent(s) et lélève sur la situation, les attentes de chacun, éventuellement les "efforts" à faire sur tel ou tel point.
Il faut cependant noter la difficulté importante dun parent "ordinaire" (non-expert des questions dapprentissage) malgré sa bonne volonté, à entrer dans une évaluation pour lui dérangeante, ne lui renvoyant pas forcément ce quil est venu chercher « ça va ? ça ne va pas ? » ; « il est sage ? » ; « de toute façon, elle est moins douée que sa sur »). Dans ce contexte, il me semble extrêmement difficile, comme on le lit parfois, dimaginer un "contrat" liant les "trois parties" autour des actions à envisager pour les semaines à venir.
En particulier pour les familles ayant le rapport le plus lointain (ou le plus craintif
) à lécole, lobjectif est pour moi plus prosaïque et moins immédiat : trouver les moyens dengager tout au long de lannée un dialogue fructueux, leur permettant de changer de regard sur les priorités de lécole. Passer de "Ils ne peuvent pas sentir mon gamin parce quil est trop remuant" à "finalement, ils essaient peut-être un peu de sen occuper
" est avec certains parents un chemin long et difficile, tant pour les parents que pour lenseignant. Il ma fallu trois ans, avec les parents de Mégane, pour que lirruption en furie de la mère dans lécole (« Je ne veux pas que ma fille soit à côté de cette..... de Justine qui la maltraite ») se transforme progressivement en visite de courtoisie pour montrer les photos du dernier nouveau-né de la famille. Trois ans de négociation ferme et courtoise, de « asseyez-vous, nous allons en parler », de « vous avez bien fait de venir, même si nous ne sommes pas daccord », de « on va régler à lécole les problèmes de lécole, et laisser ceux de lextérieur à lextérieur », de « mais non, votre fille nest pas à la dérive », de « peut-être pourriez-vous lui laisser le temps de vivre son adolescence avant de la frotter aux problèmes des adultes ? ». Mais quil fut difficile de faire la part des choses, de mimposer un comportement « professionnel » quand les agressions verbales semblaient me rendre seul responsable de la solitude dune famille ouvrière en proie (simultanée...) au chômage et à larrivée dans un milieu villageois hostile aux « étrangers » pourtant bien français...
Mais sauf à faire reposer le travail denseignant sur des qualités individuelles qui nous feraient immédiatement retomber dans les mythes fondateurs des « hussards noirs », cette typologie de « postures » enseignantes naurait pas de sens si elles ne sarticulaient pas avec une compétence fondamentale des « métiers » qui aspirent à devenir une « profession » : le travail collectif.
Apprendre dautres : un enjeu crucial...
Cest devenu un truisme de lanalyse sociologique de lécole : plus une étude qui ne mette le doigt sur la solitude de lenseignant, qui ninsiste sur limportance fondamentale du pilotage local, du travail collectif au plus près du terrain, pour engager les enseignants dans cette nouvelle conquête de la professionnalité qui impose à chacun dendosser sa propre responsabilité dans la bonne marche de lÉcole. En effet, ses nouveaux oripeaux amènent une mue très coûteuse, à laquelle il serait illusoire de penser que les enseignants puissent entrer par simple injonction
Comme pour lélève, renoncer au maître idéal...
Avec la politique et la thérapie, lenseignement était, pour Freud, lun des trois métiers impossibles qui ont en commun de viser, tel Don Quichotte, des objectifs hors de portée de laction ordinaire.
Dans de tels métiers, léchec est une issue quon ne peut jamais exclure davance. Cest parfois la plus probable, toutefois, elle nest jamais sûre. La compétence et la conscience professionnelles consistent à tout tenter pour conjurer léchec. On ne peut donc faire davance son deuil de la réussite, pour se protéger définitivement des déceptions. On va nécessairement despoirs en désillusions. Comment se garder des effets dévastateurs de cette perverse alternance ? Sans doute y a-t-il plusieurs voies, dont le cynisme ou la foi sans limite dans lêtre humain. Entre ces extrêmes, les praticiens ordinaires doivent à la fois espérer suffisamment pour agir avec détermination et sattendre au pire, pour ne pas seffondrer si leurs espoirs sont déçus. Une pratique réflexive présente alors une double utilité :
- dune part, elle permet de poser un regard lucide sur son propre fonctionnement et de prendre quelques distances par rapport à ses fantasmes de toute puissance ou déchec,
- dautre part, elle aide à faire la part des choses, de cas en cas, à trouver un chemin entre jouissance masochisme de lautoflagellation et la tentation du fatalisme. Perrenoud, décidément pertinent, résume :
"Exercer sereinement un métier de lhumain, cest savoir au plus près, du moins dans laprès-coup, ce qui dépend de laction professionnelle et ce qui lui échappe. Cest ne pas porter le poids du monde, en "prenant sur soi", en se sentant constamment coupable ; cest en même temps ne pas se boucher les yeux, percevoir ce quon aurait pu faire si on avait mieux compris ce qui se passait, si on sétait montré plus rapide, plus perspicace, plus opiniâtre, plus convaincant. Lon apprend de lexpérience, en cernant de mieux en mieux cette marge étroite dans laquelle la compétence professionnelle fait la différence. Lanalyse ne suspend pas le jugement moral, elle ne vaccine pas contre toute culpabilité, mais elle incite le praticien à ne pas être une machine infaillible, à faire la part de ses préférences, hésitations, passages à vide, trous de mémoire, partis pris, dégoûts et attirances et autres faiblesses inhérentes à la condition humaine".
Dans un autre genre, F. Dubet, observateur souvent pointu des faiblesses de lÉcole, croit profondément à la richesse de la polyvalence de lenseignant du primaire à condition qu'il assume ses responsabilités :
"Même si les tensions du métier de maître décole ne sont vécues ni comme un drame, ni comme la décomposition dun monde à jamais perdue, il reste que le travail des instituteurs est perçu comme une activité de construction du métier engageant de plus en plus fortement la personne devant résoudre un certain nombre de problèmes et dépreuves. Il faut courir après plusieurs objectifs, il faut engager plusieurs types de relations avec les élèves et tout devient affaire déquilibres et dexpériences, de cristallisation personnelles. Cette activité est dautant plus difficile que les instituteurs partagent, comme bien dautres professions, certains des postulats de la pensée critique les privant des croyances si commodes de lécole républicaine. On sait, par exemple, que la moitié des instituteurs, au sortir des IUFM, pensent que lécole accroît les inégalités et que plus de 40 % pensent que lécole nest pas étrangère à léchec des élèves. Autrement dit, les maîtres décole ne peuvent plus croire pleinement aux principes et aux valeurs qui fondent leur métier ; ils y croient parce quils y sont obligés, sils ny croyaient pas de cette manière, ils ne pourraient pas travailler. « Il y a des leurres et lobligation dy croire jusquau bout ».
Bien que le métier dinstituteur ne soit pas éclaté, il reste quil ne peut plus être totalement décrit comme laccomplissement dun rôle déjà écrit. Il consiste plutôt à composer avec diverses logiques qui ne se déchirent sans doute pas, mais qui doivent être recomposées et combinées par les individus eux-mêmes à partir de ce quils désignent comme leur personnalité. Cest en ce sens que le métier engage le sujet, moins au nom de ses convictions ou de son dévouement, mais en réponse à une sorte de nécessité « fonctionnelle » dintégrer une expérience. Et plus le métier engage, plus il est perçu comme passionnant et comme
épuisant."
Aller aux priorités
Dans une école, dans une classe, il est donc impossible, faute de temps, dénergie, de moyens, dactivités suffisamment riches et diverses, doffrir constamment à chacun une " éducation sur mesure ". Cest un problème de gestion de classe et de répartition des ressources. Préparer des heures de classe au risque d'y laisser "sa vie" risque de rendre peu disponible pour réagir rapidement in-situ. On peut optimiser le traitement des différences dans loptique dune pédagogie différenciée, surtout en travaillant en équipe et en cycle, mais on restera toujours loin de lidéal, parce que le rapport entre le nombre denseignants et le nombre délèves restera toujours insuffisant. Lévaluation formative a donc aussi une dimension stratégique : identifier les urgences, les leviers, les problèmes quil faut traiter en priorité.
Mireille Cifali étudie ces phénomènes : « L'enseignant avait auparavant un statut normalisé. Étouffant mais identitaire. Mais lidéalité « je transmets, ils apprennent » a explosé. On cherche des coupables : parents, ministre, réformes, système, ou on retourne la culpabilité contre soi.
Le malaise ne sera pas évacué par des lois et des généralités, mais un travail local, le « travailler ensemble », des lieux découte
Les marges de liberté renvoient chacun à lui même : on existe dans la classe si on existe dans la vie. Cest passionnant et angoissant : il faut être contradictoire : chercheur, animateur, transmetteur
. La question est alors : « jusquoù je mengage ? » et daccepter quil ny ait pas de réponse simple, toute faite en dehors de moi. Cest passionnant pour lindividu parce que ça peut lui permettre de se découvrir de nouveaux potentiels, mais cest risqué pour légo
»
Transformer son rapport au métier : un défi collectif
La solitude de lenseignant est double un solitude quotidienne dans la préparation de sa classe, dans sa recherche permanente pour inventer des outils et des démarches quand des milliers dautres font la même chose jour après jour est indéniablement un gâchis dénergie formidable. Mais une autre solitude est dêtre condamné à vivre seul un métier tout entier inscrit dans la sociologie et les sciences sociales. De Baudelot à VanZanten, en passant par Bourdieu, Lahire ou Broccholichi, les outils existent aujourdhui pour décrypter le réel en linscrivant dans un tout : lÉcole est reproductrice des inégalités sociales, mais lécole nest pas condamnée à linefficacité ; la demande sociale des parents pour lÉcole est de plus en plus forte ; « lEgalité des chances » peut être un concept-piège ; lécart grandissant entre la norme scolaire prescrite et celle réalisée est un piège mortel pour lÉcole publique ; la territorialisation doit saccompagner dun pilotage très fort pour que le service nexplose pas en multiples écoles « à la carte ».
Inscrire ces connaissances dans le vécu des maîtres nest pas un supplément dâme, cest la condition essentielle pour que chacun comprenant sa place dans un destin commun, il soit prêt à payer le prix (relatif) de lengagement nécessaire pour que lécole remplisse mieux sa mission. « A force de privilégier la « neutralité » de lenseignant, lÉcole publique na-t-elle pas rangé trop vite son étendard et ses ambitions ? » disait publiquement un Inspecteur dAcadémie en présentant ses orientations de carte scolaire...
« Seul, je ny arrive pas. »
Comme pour les élèves, cest lorsque des dynamiques entre pairs se mettent en route que chacun peut alors mieux trouver sa voie, son style pour mieux réussir. « Seul, je ny arrive pas » déplorait récemment une directrice en formation, narrivant pas à entendre que les commandes institutionnelles (évaluation CE2, projet décole, intégration des enfants handicapés...) pouvaient être un investissement à long terme pour un meilleur vécu du métier. Faute davoir trouvé lespace pour y croire, elle ne sinscrit pas dans ce que lui demande linstitution, et se réfugie dans une plainte qui lui fait nier son propre pouvoir sur son métier.
Pour modeste quelle soit, mon expérience dans le travail collaboratif entre enseignants ma montré que cest une source dénergie incomparable. Certes, elle est décuplée lorsque linstitution donne lexemple. Mais simplement par le travail entre pairs, il est possible de trouver enfin des espaces pour dire ses doutes, ses insuffisances, et accepter de prendre sa part dun projet quon ne pourrait conduire à plusieurs. Construire un véritable projet culturel pour les élèves, faire se rencontrer les arts plastiques, lécriture, le théâtre, cest possible, pour peu que les enseignants de plusieurs écoles isolées parviennent à se faire suffisamment confiance pour faire ensemble le pari de remplir le Théâtre Municipal dAuxerre de spectateurs-parents éberlués par la « performance » de leurs enfants. Dans le même ordre didée, développer des pratiques collaboratives autour de la lecture littéraire ou de lécriture, de la géométrie ou de léducation physique peut devenir un miroir rentable de ses pratiques, par la simple mutualisation du travail de chacun lors dinformelles rencontres hebdomadaires à lheure du repas de midi. Mais ces pratiques ne peuvent voir le jour et perdurer quà deux conditions :
- dabord, que chacun, dans le groupe de pairs, ait pris le temps doser montrer ses doutes et ses lacunes, au-delà de la « comédie de la maîtrise » décrite par Perrenoud. Ce nest pas la moindre des difficultés, dans un monde professionnel plus souvent refermé vers la clôture individuelle que vers le partage des questions.
- Ensuite, que linstitution fasse leffort de reconnaître le travail entrepris, en donnant le petit coup de pouce nécessaire pour que lengagement de quelques-uns fasse réseau : permettre à linstitutrice de CP daller voir fonctionner sa collègue de lécole dà-côté dans sa classe, elles qui se connaissent sans jamais sêtre vues exercer leur métier ; donner la respiration nécessaire à un enseignant volontaire pour coordonner un projet pédagogique.
Mais force est de constater que linstitution peine à reconnaître et à promouvoir ces amorces de travail collectif. Pourtant prompte à vanter les mérites du travail en équipe, elle persiste trop souvent à procéder par injonction formelle sans sappuyer sur les richesses des pratiques professionnelles. Comme le montre Frédéric Saujat, elle continue ainsi à se référer à un modèle descendant qui théorisant des « résistances au changement », et ne fabrique souvent que sentiment dinfraction et de souffrance au travail. Au contraire, un travail collectif sérieux sur les contraintes du travail de lenseignant (dans ladaptation quotidienne du réel et du prescrit) pourrait permettre de favoriser la reconnaissance individuelle de chacun, de lefficacité et du plaisir au travail. Les enseignants, lEducation Nationale, le pays tout entier y ont tout intérêt, dans lintérêt prioritaire des enfants qui ont le plus besoin de lEcole.
Conclusion provisoire...
Enseigner, cest faire des choix. Au quotidien, la multiplicité des variables qui contribuent à « faire classe » sentrechoquent, saffrontent, se complètent ou sentremêlent comme autant déléments dune culture professionnelle dans laquelle lenseignant doit à la fois sinscrire et trouver sa place spécifique, dans une économie de moyens raisonnable avec lexercice quotidien du métier.
Connaître les contenus à enseigner est indispensable pour les traduire en objectifs dapprentissage, mais cette connaissance nest que peu opérationnelle si elle ne sappuie pas sur un savoir sur « comment lélève apprend ».
Dans le même ordre didée, faire les bons choix didactiques est certes nécessaire, mais ne suffit pas à « faire classe » : espérer rassembler des élèves aux vécus individuels et sociaux si différents nécessite dinterroger sans complaisance les mécanismes de sélection sociale dominants dans notre système éducatif. Faire le pari de léducabilité de chacun nest pas un objectif consensuel : il nécessite de décliner au quotidien les projets, les attitudes, les controverses et les défis qui amèneront progressivement les enfants les plus en difficultés à changer leur regard sur lÉcole et sur ce quils y ont à faire pour réussir. Pour cela, lexplicitation la plus fine possible des tâches et des consignes scolaires par lenseignant et les élèves est sans doute une des voies les plus fécondes à explorer pour désarmer les « sous-entendus » qui, pour les élèves les plus en difficultés, constituent sans doute lobstacle le plus massif à lentrée dans les savoirs...
Pour lenseignant, ce chemin ne va pas de soi, et ne saurait être accompli sans difficultés : il interroge notre capacité à évaluer et comprendre les acquis et les compétences des élèves, mais aussi notre place dans lespace social, notre rapport aux autres, notre capacité psychologique à faire le deuil de notre toute-puissance tout autant que de renoncer au fatalisme dominant. Travailler avec les autres, oser confronter ses difficultés et ses réussites est autant nécessaire que rare dans lécole que nous connaissons. Cest sans conteste la principale piste de travail pour une Ecole qui aurait lambition de faire réussir chaque élève.
Repères bibliographiques
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Philippe Perrenoud (Dix compétences pour enseigner)
Compétences de référenceCompétences plus spécifiques à travailler en formation continue (exemples)
1. Organiser et animer des situations d'apprentissage Connaître, pour une discipline donnée, les contenus à enseigner et leur traduction en objectifs d'apprentissage
Travailler à partir des représentations des élèves
Travailler à partir des erreurs et des obstacles à l'apprentissage
Construire et planifier des dispositifs et des séquences didactiques
Engager les élèves dans des activités de recherche, dans des projets de connaissance 2. Gérer la progression des apprentissages Concevoir et gérer des situations-problèmes ajustées aux niveaux et possibilités des élèves
Acquérir une vision longitudinale des objectifs de l'enseignement primaire
Établir des liens avec les théories sous-jacentes aux activités d'apprentissage
Observer et évaluer les élèves dans des situations d'apprentissage, selon une approche formative
Établir des bilans périodiques de compétences et prendre des décisions de progression 3. Concevoir et faire évoluer des dispositifs de différenciation Gérer l'hétérogénéité au sein d'un groupe-classe
Décloisonner, élargir la gestion de classe à un espace plus vaste
Pratiquer du soutien intégré, travailler avec des élèves en grande difficulté
Développer la coopération entre élèves et certaines formes simples d'enseignement mutuel4. Impliquer les élèves dans leur apprentissage et leur travail Susciter le désir d'apprendre, expliciter le rapport au savoir, le sens du travail scolaire et développer la capacité d'autoévaluaiton chez l'enfant
Instituer et faire fonctionner un conseil des élèves (conseil de classe ou d'école) et négocier avec les élèves divers types de règles et de contrats
Offrir des activités de formation optionnelles, " à la carte "
Favoriser la définition d'un projet personnel de l'élève 5. Travailler en équipe Élaborer un projet d'équipe, des représentations communes
Animer un groupe de travail, conduire des réunions
Former et renouveler une équipe pédagogique
Confronter et analyser ensemble des situations complexes, des pratiques et des problèmes professionnels
Gérer des crises ou des conflits entre personnes 6. Participer à la gestion de l'école Élaborer, négocier un projet d'établissement
Gérer les ressources de l'école
Coordonner, animer une école avec tous les partenaires (parascolaires, quartier, associations de parents, enseignants de langue et culture d'origine)
Organiser et faire évoluer, au sein de l'école, la participation des élèves 7. Informer et impliquer les parents Animer des réunions d'information et de débat
Conduire des entretiens
Impliquer les parents dans la valorisation de la construction des savoirs 8. Se servir des technologies nouvelles Utiliser des logiciels d'édition de documents
Exploiter les potentialités didactiques de logiciels en relation avec les objectifs des domaines d'enseignement
Communiquer à distance par la télématique
Utiliser les outils multimédia dans son enseignement 9. Affronter les devoirs et les dilemmes éthiques de la profession Prévenir la violence à l'école et dans la cité
Lutter contre les préjugés et les discriminations sexuelles, ethniques et sociales.
Participer à la mise en place de règles de vie commune touchant la discipline à l'école, les sanctions, l'appréciation de la conduite
Analyser la relation pédagogique, l'autorité, la communication en classe
Développer le sens des responsabilités, la solidarité, le sentiment de justice 10. Gérer sa propre formation continue Savoir expliciter ses pratiques
Établir son propre bilan de compétences et son programme personnel de formation continue
Négocier un projet de formation commune avec des collègues (équipe, école, réseau)
S'impliquer dans des tâches à l'échelle d'un ordre d'enseignement ou du DIP
Accueillir et participer à la formation des collègues Spécimen de planification (travail enseignant).1ère période (septembre-octobre) (1/2)
Objectifs prioritairesBilan-ObservationsOrganiser le travail et léquipement de lespace classe/ école
(informatique, photo numérique, rétroprojecteur, photocopieur, mobilier de rangement et dexposition)Réalisé : ordinateurs (mise en réseau), appareil photo (AEI), rétroprojecteur
Points noirs : photocopies, WC, bibliothèque et mobilier.
Mettre en place des supports dexpo/affichageÉvaluer le niveau des élèves et faire prendre conscience du fonctionnement nécessaire en cycleTravail porteur sur les évaluations (résultats enchâssés CE2-CM1-CM2). Revalorisation de limage scolaire de certains (Laurie, Alexis, Dimitri, Damien)
Points difficiles : mise en route Kevin G, Manon, Dorian (âge ? Pression familiale ?)Articuler les différents temps de la classe (leçons et démarches collectives de recherche-questionnement ; temps de production et de création ; temps dentraînement individualisé (exerciseurs et fichiers individuels)Positif : foisonnement, activités et démarches multiples engagées.
Difficile :
- articuler tous les temps ! Exemple : utilisation insuffisante des ordinateurs (exerciseurs, travail individuel de lecture, production décrit et mise en forme des savoirs (voir plus loin). Comment - accepter que certains ne participent pas aux travaux de leçons-recherches ?
repérer les difficultés spécifiques de chacun et organiser les contrats de Travail individuel
- mettre en route le journal et le site Internet !Mettre en place des relations de travail avec les parents et la municipalitéParents :
Réalisé : trois réunions (accueil/présentation rentrée, présentation classe patrimoine, visite Arcy, retours des évaluations. Participation massive, témoignages positifs.
Prévu : ateliers de formation/échanges (démarches participe passé, écriture
)
Mairie :
plutôt correct vus les soucis
Reste à voir comment ça va évoluer
Les nombreux efforts faits vont-ils être payés en retour ? ? ? (avec la mise en place du nouveau Conseil décole ?)
Participer au travail collaboratif au sein de lécole et du cantonEcole : mise en route de la gestion décole ; travail sur le décloisonnement (musique, arts plastiques ; ateliers du jeudi avec les maternelles et les cycle II (informatique, production décrits
)
Canton : Mise en route du RRE. Ancrage progressif sur le disciplinaire (mise en place de latelier sur la lecture dalbums au cycle IIIConcevoir un projet fort permettant le démarrage dune nouvelle perception par les élèves de leur travail et de leur vie en classe.Réalisation de la classe patrimoine (montage budgétaire, préparation avec les élèves, montage du programme avec Delor). Excellents résultats, tant au niveau du travail en histoire quau niveau de la vie du groupe (intégration de Damien, Laurie, Mégane ; amélioration de lambiance des filles, changement dattitude de Dimitri, Xavier, Alexis, Damien
)Mettre en place des échanges de services permettant de couvrir correctement lensemble des champs scolaires (anglais, arts, musique
)Anglais : démarrage avec Alison (cohérence au niveau des écoles du canton sur les contenus denseignement)
Arts plastiques : AEI en cours. Démarrage après la Toussaint du décloisonnement du jeudi.
Musique : travail avec le CPC Musique (choix répertoire, aide au démarrage)Travail sur loral (prise de parole, explicitation de son point de vue, exposés, « objets insolites », conseil de coop.)Bien sur objets insolites et prise de parole orale, le reste à mettre en route sérieusement.
Faire progresser lexigence sur le niveau de langue, le vocabulaire employé, la nécessité de penser son propos avant de prendre la parole
Spécimen de planification (travail enseignant). 1ère période (septembre-octobre) 2/2
Contenus disciplinairesBilan-ObservationsMaths : Démarche de numération (la numération décimale, classement de nombres, vérification des conséquences en matière de technique opératoire) ; chiffres romains
Problèmes/logique : mise en place de séquences de questionnement/ programmation
Premiers graphiques ?Démarche toujours aussi efficace. Les élèves semblent à laise.
Penser à la géométrie
usage du compas pour les mesures.
Graphiques : voie romaine et vinification (CM)
Numération décimale : poursuivre avec la route du temps (diff. échelles)
Penser à systématiser les temps de calcul mental et de technique opératoire.Langue écrite : autour d « Histoire à 4 voix », entrée sur les registres de langue, le rapport oral/écrit, première production de texte.
Production « décrits pour dire » : autour des vendanges
Élaboration de « fiches-repères » : les différents types de mots et les accords ; le son {E} à la fin des verbes (typologies des possibles)
Mise en routes des exerciseurs (lecture et exercices de français)
Poésie : y penser !
Bibliothèque : à réorganiser pour meilleur expo des livres. Organiser le prêt de livre et le contact avec la bibli de SenanBonne entrée sur les textes et la production décrit (vendanges)
Trouver une méthode pour ne pas avoir trop de textes en même temps à retravailler
(cf travail individuel et contrats)
Exerciseurs : on reste au stade de la découverte (difficultés à ne pas rester dans le trop facile)
Biblio : insuffisant pour la lecture suivie (bien avec la bibli municipale)Histoire-géo : préparation à la classe patrimoine.
Travail sur les « routes du temps » (cf maths numération) (H3)
Repérage et datation des périodes (préhistoire néolithique et paléolithique- ; celtes et gaulois ; gallo-romains ; haut moyen-Âge). Représentation (H6)
Travail sur cartes à différentes échelles (cf maths)TB. A concrétiser sur les retours et lexpo après les vacances (quels contenus réellement acquis, par qui ? ? ?)
A poursuivre avec le travail darchéo (Delor) sur le patrimoine de Senan : théâtre, nécropole
)
Lecture de cartes : bien. A poursuivre (IGN, courbes de niveaux, carte en relief)Sciences : protocole dexpérience autour de la transformation du sucre en alcool (hypothèses, paramètres, fiches dobservations, compte-rendu)
le corps humain : la digestion, le rôle du sang, lappareil sanguinExtra. Bonne expo.
Pas fait.Anglais : Mettre en route lactivitéBon accueil, bonne présence de lintervenante. Reste à trouver le lien possible avec le reste de la vie de classe.Arts plastiques : observer, dessiner, faire un croquis
Voir les possibilites déchanges de service avec Françoise ?Peu de production. A voir à la rentrée de Toussaint (cf AEI)EPS : Mise en route de production de règles à partir des jeux traditionnels (drapeau, poules/renards/vipères) ; endurance ; vers le rugby.
Mettre en route lassociation USEPUn peu juste en endurance. Trop souvent sacrifié le temps dEPS
Voir préparation rencontre USEP
Association USEP : rien de fait
Musique : chants (élaboration dun répertoire)
Jeux de rythmesInsuffisant. Passer à la vitesse supérieure
Techno : Usage des NTIC et Internet (recherche documentaire, mail)
Leviers et balances (en liaison avec les balances numériques et les situations de leviers en classe
Électricité : circuit (mallettes CDDP)Usage mail embryonnaire (à développer avec les écoles du canton (cf projets Défis ?)
Usage Internet /documentation : rien
Leviers-balances : bien. Nombreuses analogies trouvées par les élèves
Électricité : pas eu le temps.
Ecole de Senan, cycle 3. Analyse dune séquence de classe : lundi 13/10, 8h30-9h50
0 : 30 M : « des choses à raconter avant quon attaque ? »
Deux élèves disent quelles ont écrit une lettre pour la classe de Champvallon.ritualiserM donne des infos : invitation à aller le lendemain à Merry pour la Fête de la Science (on va emmener les panneaux fabriqués par la classe, les présenter... Comment ?)
E : ? ? ?
M : Bon, un petit groupe va y travailler... Vous êtes réveillés ? ... Vendredi, on va... ? (M fait reformuler la visite de la classe au conservatoire de la Nature (Bestaire de la Fontaine). Plusieurs E sont repris (« jentends pas »)...Vivre des projetsMettre de lordreM : Justine, tu penses quon nest toujours pas payé notre adhésion à lUSEP ?
Kévin : il faudrait quon élise les délégués ?
M : Des candidats ? (15 mains se lèvent, M désigne les deux délégués de la semaine)responsabiliserDamien présente une plume de coq faisan. Les E posent leurs questions et disent ce quils connaissent. M en profite pour faire un point sur le plumage différent des mâles et femelles (vocabulaire) et un rappel sur loutil plume utilisé par les écrivains au XVIIe...Relier, expliquer6 :35 : Les filles veulent lire la lettre préparée pour demander aux autres les modifications éventuelles. Damien critique « ben dis donc, il ny a même pas une formule de politesse ! » La fille relit « Chers amis »... Damien nen démord pas. Les autres ne le suivent pas. M tranche : « Toi, tu aurais le droit de faire autrement. Mais leur formule est correcte. »
La classe valide la lettre.Faire débattre
arbitrerM demande dautres commentaires, rappelle à lattention quelques élèves.Mettre de lordre9 :40 M présente les buts de la journée :
explorer suffisamment les Fables pour profiter pleinement de la visite prévue à la fin de la semaine, mais aussi sen servir pour apprendre à mieux comprendre la langue, en ré-écrivant les Fables. (nouveau rappel à lordre)
Maths : finir les évaluations 6e, entrer les résultats. « Jai reçu les évaluations des 6e actuels, on va pouvoir comparer.... Ca va nous donner des indications pour nous, ce quil nous reste à apprendre». Frissons...
Journal : « Il faut faire le sommaire aujourdhui si on veut quil soit imprimé ce w-end et distribué aux abonnés avant les vacances. »
M : Voila les contraintes essentielles de la journéeAnticiper
Evaluer
Gérer les contraintes12 : 25 début de la séquence de Français.
M : je vous distribue une feuille sur laquelle il y a plusieurs fables (chaque rangée distribue ses feuilles). Chacun se plonge dans la lecture pendant 2 mn.M : vous remarquez quoi ?
Gillian : il y a deux fables avec le même titre, une de La Fontaine, une dEsope
M : explique la filiation entre Esope et La Fontaine (époques différentes, pillage, ré-invention en littérature).expliquer17 :00 Demande aux élèves de dire ce quils connaissent du Loup et lAgneau. Difficultés des élèves à expliquer (manque de vocabulaire : « lagneau trouve des excuses »), mais aussi manque de connaissance de lhistoire.
M surpris, patauge. « Bon, on va voir. Vous en lisez deux ou trois très vite. Vous avez le droit de souligner les mots ou expressions inconnues, mais à la deuxième lecture seulement. »relier
Ajuster la consigne...Pendant la lecture, M corrige les positions des élèves, (dos) « Essayez de ne pas lire avec votre bouche, ce nest pas votre bouche qui lit ».indiquer20:30 : vous vous concentrez sur le corbeau et le renard et vous soulignez ce que vous ne comprenez pas. (consigne répétée 2 fois)orienterLe maître efface le tableau.organiser21 50 Consigne pour les CM : « Lautre jour, nous avons résumé un texte. Aujourdhui, vous allez réécrire cette poésie en changeant les mots ou expressions qui vous semblent difficiles, en les remplaçant par des mots de votre langue. Exemple « se trouva dépourvue » à remplacer par ... ? (interrogation des élèves). Rappel à lordre de Kévin.
Damien : « se trouva très ennuyée »... Grimace du maître. E2 : « quand le froid fut venu » E3 : « quand le froid arrive » E4 : « non, arriva »Relier
Faire dialoguerDéfinition collective de la consigne à écrire : « je réécris la fable... en utilisant des mots et expressions que je comprends (de mon registre de langue)
M : Vous avez 15 mn, vous le faites en continuant sur la fiche « écriture » de la dernière fois, vous avez le droit déchangerreformuler
Donner une consigne claire27 :14 Engagement du travail spécifique CE2 (frappe dans les mains) M sassied sur une chaise à côté du groupe de CE2
« On écoute Océane qui nous indique les mots compliqués...
Océane commence en parlant doucement. Rappel à lordre du groupe...
Jérémy continue : « lui tint ce langage »
M : cest de la teinture ? E(s) : Non, cest le verbe tenir, tient, a tenu...
M : Cest le passé simple.
Océane : « Ramage » : E6 : « cest quelque chose qui est au corbeau, cest le renard qui parle, il dit votre »signaler
interroger
valoriser
questionner
préciserPersonne ne sait rien. M : « Dictionnaire... Qui va avoir fini le premier ? »
(aide individuelle du M avec une élève qui a du mal... « Ra... re... Il y a du monde dans les re... Ram... Ramage !) Les élèves ont du mal à trouver ramage... M aide un autre élève. On arrive à trouver le sens...
Décortiquage de la phrase « si votre chant se rapporte à... ». les CE2 sont un peu perdus... Phénix pose problème... Bcp de mots inconnus. M donne la réponse.mobiliser
aiderAutre souci avec les « hôtes » (confondu avec les autres)
(Les CM travaillent) M : Il vous reste 7 mn, les CM.
M écrit au tableau : hôte, autres. « Mots de la même famille ? » ? ? ? Les CE2 sont muets.
M. interroge les CM. Médéric (CM1) propose « ôter ». M lécrit. Candice (CM) intervient : ça ne sécrit pas pareil, ce nest pas la même famille. On propose « hotte ». M. perd un peu patience. « Pensez à laccent circonflexe ! » « Ah, oui, hôtel » E : « Cest des serveurs ? » M : des serveurs dans la forêt ? Pensez « tu es mon hôte, ça veut dire... ? » Damien : « que tu vas dormir dans les bois ? ». Agacement du maître qui monte... « je sais quon est lundi, mais... » On arrive enfin à trouver le lien... hôtel, hôte, habitant, celui qui est logé là... »
Les CM reprennent leur travail (M : vous aurez 5 mn de plus pour le dérangement )relierindiquer40 :00 Océane : « Le renard sen saisit, flatteur (E : famille de flatter... M : « qui flattez-vous ? » : E : mon chien (peu de réponse des CE2) analogie « caresser dans le sens du poil », être gentil avec, à linverse de « rebrousse poil » (petit effet de théâtre de M) Qui est le flatteur (CE2 unanimes : « le renard ! »)
A un CM : « arrête avec le Tipex »questionnerOn passe en revue « sans doute », « confus »... Dictionnaire...Jette un oeil au travail des CM... Colère grandissante en voyant Mélody (CM2) écrire « lui tint à peu près ce langage ? Mais tu parles comme ça ? Tu te moques de moi ? Pourquoi je parle ? »
Retour aux CE2. Aide au dictionnaire. Un CE2 continue à chercher dans un dictionnaire trop volumineux. « Ca fait trois fois que je te le dis ». Les CM commencent à discuter, à regarder ce que le voisin a fait.
« Et toi, ça veut dire quoi, confus ». « Jeuné » dit Océane qui confond avec « gêné » M : « Ne répète pas ce que tu na pas compris en lisant le dictionnaire... Relis la définition. M sembrouille un peu entre les sens de « confus » (« gêné » ou « pas clair » ?)
48 :30 : « Vous allez maintenant faire ce que jai demandé aux CM (répète la consigne de réécriture). Cherchez dans le classeur la feuille qui parle des fables de La Fontaine. M écrit au tableau la consigne et le titre à écrire sur la feuille (redit à nouveau la consigne) M « En même temps, vous écouterez ce quont produit les grands, ça va vous aider »Rappeler à lordre
clarifier
Organiser48 : 40 Retour au travail avec les CM : M : « On écoute vos productions . On essaye que ça ne dépasse pas 15 mn. (travail habituel dans la classe de lecture dun texte personnel sur lequel on va intervenir à loral, charge à lauteur du texte de prendre note des modifications à faire.)
Damien (CM2) : « La cigale se trouva ennuyER ». M : « Tu as mis quoi à la fin ? (on interroge les autres sur la conduite à tenir : « cest comme un adjectif », « on peut remplacer par... »)
Plusieurs élèves lisent leur production. Certains nont pas transformé grand chose. Mélody (CM2) se fait disputer : « Explique moi ce que tu as appris ce matin ? à recopier un texte ? »
Candice commence à lire son texte. Mais un CE2 intervient : « jai déjà fait un résumé de cette poésie ? » M : « ce nest pas ce que je te demande aujourdhui (réexplique la consigne). Voit quune autre élève écrit en allant à la ligne comme au tableau : « Je tai déjà dit de réfléchir pour ne pas écrire de la même manière que le tableau... Réfléchis un peu !»
M : Excuse moi Candice... (Candice lit son texte) M : « Voilà une élève qui fait ce quon lui demande. Elle est au CM1 pourtant... » Clément (CM1) lit la sienne (« voilà un élève qui a fait un excellent travail, qui répond à la consigne »)
confronter
Questionner
Sanctionner
Réorienter
valoriser
58 :30 Autre texte ? Mathieu (CM1 en échec) propose « le renard et les raisins » M : tu as fait un pari difficile. On na pas beaucoup expliqué ce texte. Mathieu lit difficilement. « certain » (confondu avec un pluriel) et « normand » sont mal compris. M essaie de faire prendre lindice avec la conjugaison du verbe dans le texte. Malgré lattention un peu fuyante, les élèves continuent à formuler leurs hypothèses, sauf Damien et Mélody qui se font rappeler à lordre.
Discussion sur « mourant de faim » : M : il est mort ou pas ? E : non.
M : Il voit... ? E : une vigne M : comment le sait-on ? E : raisin, treille... M : Il ne peut pas les atteindre ? Quelle est sa réaction ? E : « il trouve une excuse ». M mime « ils sont trop verts » et raconte plusieurs exemples de « bonnes excuses »... (rires).
M : je vous félicite, Médéric et Mathieu, on est en train de faire un travail difficile. Autre texte ?
Kévin (non lecteur lan passé) : le corbeau et le renard.
M : écoutez en travaillant, les CE2, ça va vous donner des idées. Kevin lit son texte (M. est à côté de lui pour étayer quand Kévin bute... sur ses propres mots.)
M : excellent travail. Mais jai un problème avec lorthographe de « CE qui habitent ». Vos propositions ?
Paméla (CM1 en difficultés) : SE parce quil y en a plusieurs. (sic)
E : Se, cest comme lui, moi, toi...
E : Ici, cest comme ce, celui.
M : CE, cest un... ?. E : adjectif ! M : Oui, alors quici cest un ... ?
E ? ? ?
M : nom ? adjectif ? pronom ?
Clément : oui, pronom, ça remplace...
M :Si cétaient des filles ? Damien : celles...
M : Oui. Ici, cest le pronom CEUX : C.E.U.X. Un autre texte ?... Yoan.Faire le pariFaire expliciter
Questionner le texte
Féliciter
Confronter
Trier, organiser
Yoan : attiré par lodeur...
Le travail collectif se poursuit sur les déclinaisons grammaticales... Dimitri, CM2 en difficulté se fait applaudir en ayant trouvé laccord EZ du verbe avec vous.) Petit passage difficile avec la conjugaison de « je promets ».
M a gardé les meilleur(e)s pour la fin, qui lisent leurs productions.Faire corriger
Questionner
1 :15 :12 Fin du travail collectif avec les CM « Vous finissez vos textes, relisez et faites les modifications nécessaires. On écoute les CE (qui ont travaillé 25 mn) , en commençant par une fille qui ne ma pas lair davoir compris ce quelle devait faire... »
Mélanie J lit : maître corbeau, sur un arbre perdu, tenait dans son bec un fromage ». Elle a recopié « tint à peu près ce langage ».
M : tu parles comme ça ? Comment pourrait-elle dire ?
CE2s : parle, dit, échange...
Les CM sont mis en position dexperts « Vous écoutez pour voir si ça va »
Un élève a écrit « vous êtes ». M interroge Mathieu (CM2), qui a eu des difficultés la semaine passée avec le verbe. On en profite pour un rapide rappel au tableau sur Etre au présent (toutes les personnes.)
1h19 fin de la séquence (1h05) « Vous finissez de relire et vous faites passer votre fiche de travail pour que fasse les corrections ce soir.Nommer des experts
CorrigerUne dizaine délèves nont pas ouvert la bouche durant la séance (sur 32 élèves présents)
Extrait du « référentiel de compétence » utilisé par les élèves
et transmis aux parents (reformulation des IO sur quatre pages)
MATHEMATIQUES
ProblèmesP1 Résoudre des problèmes relevant des quatre opérations.
P2 Traiter des situations de proportionnalité, en utilisant des raisonnements appropriés.
P3 Utiliser différents modes de représentation des données : tableau, diagramme, graphique.NumérationN1 Comprendre la numération décimale de position.N2 Comparer des nombres, les ranger, les encadrerN3 Connaître et utiliser des relations arithmétiques entre les nombres : double, moitié, tiers, triple, quart, multiples de 2, de 5 et de 10.N4 Utiliser des fractions simples (demi, tiers, quart, dixième, centième, ...).N5 Comprendre les écritures à virgule des nombres décimaux, savoir les lire.N6 Connaître et utiliser des relations entre fractions et nombres décimaux : 0,1 = 1/10 ; 0,01 = 1/100 ; 0,5 = 1/2 ; 0,25 = 1 /4 ; 0,75 = 3/4...Opérations
calcul mentalO1 Connaître et utiliser les tables d'addition et de multiplication.O2 Connaître les compléments à la dizaine supérieure ou à l'entier immédiatement supérieur (pour un décimal avec un chiffre après la virgule).O3 Multiplier et diviser par 10, 100, 1000. O4 Calculer, par écrit, la somme et la différence de deux nombres (entiers ou décimaux), le produit de deux nombres entiers ou d'un nombre décimal par un nombre entier, le quotient entier et le reste dans la division euclidienne d'un nombre entier par un nombre entier.O5.1 Organiser et traiter mentalement des calculs sur les nombres entiers et sur les nombres décimaux.
O5.2 Évaluer l'ordre de grandeur d'un résultat.O6 Utiliser correctement une calculatrice ordinaire et certaines de ses fonctionnalités.GéométrieG1.1 Repérage, utilisation de plans, de cartes
G.1.2 Repérer un point ou une case sur un quadrillageG2 Relations : alignement, perpendicularité, parallélisme, égalité de longueurs, symétrie axiale G3 Réaliser des tracés à l'aide d'un instrument ou à main levée. Utiliser le vocabulaire : droite, perpendiculaire, parallèle, segment, milieu, angle, axe de symétrie.G4 Figures planes : triangle (et cas particuliers), carré, rectangle, losange, cercle : Reconnaître ces figures, les construire, les décrire. Utiliser le vocabulaire : côté, sommet, centre, rayon, diamètre.G5 Solides : cube, parallélépipède rectangle : Reconnaître ces solides, les construire, les décrire, en réaliser un patron. Utiliser le vocabulaire : face, arête, sommet.G6 Réaliser, dans des cas simples, des agrandissements ou des réductions de figures planes.MesuresM1 Longueurs, masses, contenances, durées
M2 Mesurer en utilisant les instruments et en choisissant l'unité appropriée. Estimer des mesures.
M3 Connaître les unités du système métrique et les équivalences entre unités usuelles.
M4 Calculer le périmètre d'un polygone. M5 Calculer une durée.M6 Comprendre la notion d'aire et la distinguer de celle de périmètre. M7 Utiliser les unités usuelles : cm2, dm2 m2. M8 Calculer l'aire d'un rectangle de dimensions entières.M9 Comparer et reproduire des angles à l'aide d'un gabarit, tracer un angle droitObjectifs prioritaires second trimestre 2003-2004 (CM1-CM2)
(établis collectivement après les évaluations et la consultation des référentiels de compétences renseignés individuellement)
FRANÇAIS
LIT2 Se servir des informations portées sur la couverture et la page de titre d'un livre pour savoir s'il correspond au livre que l'on cherche.LIT3 Comprendre un texte littéraire court (de complexité adaptée à lâge et à la culture de l'élève)LIT 8 Élaborer et écrire un récit d'au moins une vingtaine de lignes, avec ou sans support, en respectant des contraintes orthographiques, syntaxiques, lexicales et de présentation.LIT9 Ecrire un extrait de texte poétique en obéissant à une ou plusieurs règles précisesF4 Identifier et manipuler les différentes expansions du nom (adjectifs qualificatifs, relatives, compléments du nom)
F4.2 Faire les accords nécessaires.F5 Trouver les terminaisons au présent, passé composé, imparfait, futur, conditionnel présent, du subjonctif des verbes réguliers (à partir des règles de conjugaison).F6 Utiliser un dictionnaire pour retrouver la définition d'un mot dans un emploi déterminé.MATHEMATIQUES
P1 Résoudre des problèmes relevant des quatre opérations.
P3 Utiliser différents modes de représentation des données : tableau, diagramme, graphique.N3 Connaître et utiliser des relations arithmétiques entre les nombres : double, moitié, tiers, triple, quart, multiples de 2, de 5 et de 10.N5 Comprendre les écritures à virgule des nombres décimaux, savoir les lire.N6 Connaître et utiliser des relations entre fractions et nombres décimaux : 0,1 = 1/10 ; 0,01 = 1/100 ; 0,5 = 1/2 ; 0,25 = 1 /4 ; 0,75 = 3/4...O3 Multiplier et diviser par 10, 100, 1000. O4 Calculer, par écrit, la somme et la différence de deux nombres (entiers ou décimaux), le produit de deux nombres entiers ou d'un nombre décimal par un nombre entier, le quotient entier et le reste dans la division euclidienne d'un nombre entier par un nombre entier.O5.1 Organiser et traiter mentalement des calculs sur les nombres entiers et sur les nombres décimaux.
G2 Relations : alignement, perpendicularité, parallélisme, égalité de longueurs, symétrie axiale G3 Réaliser des tracés à l'aide d'un instrument ou à main levée. Utiliser le vocabulaire : droite, perpendiculaire, parallèle, segment, milieu, angle, axe de symétrie.G4 Figures planes : triangle (et cas particuliers), carré, rectangle, losange, cercle : Reconnaître ces figures, les construire, les décrire. Utiliser le vocabulaire : côté, sommet, centre, rayon, diamètre.G5 Solides : cube, parallélépipède rectangle : Reconnaître ces solides, les construire, les décrire, en réaliser un patron. Utiliser le vocabulaire : face, arête, sommet.M1 Longueurs, masses, contenances, durées
M4 Calculer le périmètre d'un polygone. M5 Calculer une durée.M6 Comprendre la notion d'aire et la distinguer de celle de périmètre. ÉDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE
EP1 Réaliser une performance, mesurée pour différents types d'efforts, (athlétisme, gymnastique, natation)EP4 S'Exprimer et communiquer avec son corps, en suivant différents types de rythmes, sur des supports variés. (Danse, gymnastique artistique, gymnastique rythmique, activités de cirque
)HISTOIRE
H2 Classer des documents selon leur nature, leur date et leur origine. H3 Distinguer les grandes périodes historiques, pouvoir les situer chronologiquement, commencer à les connaître.H5 Se servir de ses connaissances historiques dans les autres enseignements.H6 Pouvoir situer dans leur période une vingtaine d'événements situés par les dates définies dans le programmeGEOGRAPHIE
G1 Effectuer une recherche dans un atlas imprimé et dans un atlas numérique.G3 Situer la France dans l'espace mondial,G4 Réaliser un croquis simple de ce qu'on voit.G7 Comprendre et utiliser le vocabulaire géographique de base.SCIENCES
S1 Poser des questions précises et cohérentes à propos d'une situation d'observation ou d'expérienceS4 Rechercher des documents sur un thème donné dans la BCD ou sur Internet.S8 Réaliser un montage électrique simple à partir dun schémaS9 Communiquer à laide de la messagerie électroniqueS10 Comprendre les principes des fonctions des êtres vivants : respiration, nutrition, locomotion, reproductionS11 Connaître et comprendre les phénomènes astronomiques : jour/nuit, saisons, système solaire
MAITRISE DES LANGAGES
L4 Souligner (ou surligner) dans un texte les informations qu'on recherche,
L5.4 Réécrire un texte, en tenant compte des suggestions proposées en classe : ajouter, supprimer, déplacer ou remplacer des morceaux plus ou moins importants de textes, à la main ou en utilisant un logiciel de traitement de texte,
ÉDUCATION CIVIQUE
EC3 Participer à un débat pour examiner les problèmes de vie scolaire en respectant la parole dautrui et en collaborant à la recherche dune solution,
EDUCATION MUSICALE
MU1 Interpréter de mémoire plus de dix chansons parmi celles apprisesMU2 Contrôler sa voix et son attitude corporelle pour chanter.
Dispersion des résultats de la classe de cycle III aux évaluations CE2
(oct. 2003)
ABONNE @EditionMgr @EditionClient @041CE1B8 \a
ABONNE @EditionMgr @EditionClient @0413C648 \a
TM \o "1-3" 1. Évaluation : de quoi parle-t-on ? RENVOIPAGE _Toc66248662 \h 4
1.1.1. Lévaluation diagnostique (ou pronostique) : RENVOIPAGE _Toc66248663 \h 4
1.1.2. Lévaluation sommative : RENVOIPAGE _Toc66248664 \h 4
1.1.3. Des critiques lourdes RENVOIPAGE _Toc66248665 \h 5
1.2. Des évaluations au service de lélève ? RENVOIPAGE _Toc66248666 \h 5
1.2.1. Lévaluation formative cherche à sincorporer au processus dapprentissage lui-même : RENVOIPAGE _Toc66248667 \h 5
1.2.2. Lévaluation formatrice, dernier maillon de lévolution ? RENVOIPAGE _Toc66248668 \h 5
1.3. Des difficultés pour évaluer les élèves en classe ? RENVOIPAGE _Toc66248669 \h 6
1.3.1. Les évaluations CE2 et 6e : le pire ou le meilleur ? RENVOIPAGE _Toc66248670 \h 6
2. Mon expérience : lectures et navigation à vue... RENVOIPAGE _Toc66248671 \h 8
2.1. Évaluer : et après ? Dix ans de tâtonnements... RENVOIPAGE _Toc66248672 \h 8
2.1.1. Critiques sur lévaluation : quand les spécialistes de lévaluation légitiment les généralistes de lenseignement... RENVOIPAGE _Toc66248673 \h 8
2.2. Ce que jessaie de faire
des évaluations institutionnelles RENVOIPAGE _Toc66248674 \h 9
2.2.1. Un travail spécifique sur lévaluation CE2-6e : RENVOIPAGE _Toc66248675 \h 9
2.2.2. Premiers résultats visibles RENVOIPAGE _Toc66248676 \h 10
2.2.3. Et les évaluations 6e... RENVOIPAGE _Toc66248677 \h 10
2.3. Et au-delà du constat ? RENVOIPAGE _Toc66248678 \h 11
2.3.1. Comment vivre ensemble ? RENVOIPAGE _Toc66248679 \h 11
2.3.2. Pour apprendre quoi ? RENVOIPAGE _Toc66248680 \h 12
2.3.3. Exemple en maths, de "compétences" identifiées dans le groupe de CM : RENVOIPAGE _Toc66248681 \h 12
3. Faire que lélève apprenne : un impératif nouveau ? RENVOIPAGE _Toc66248682 \h 13
3.1.1. De nouveaux mots sur de vieilles césures ? RENVOIPAGE _Toc66248683 \h 13
3.1.2. Que nous apprend la recherche sur les apprentissages ? RENVOIPAGE _Toc66248684 \h 14
3.2. Conséquences de ces nouveaux savoirs sur lApprendre : des questions à prendre en charge par lÉcole... RENVOIPAGE _Toc66248685 \h 14
3.2.1. Les cycles RENVOIPAGE _Toc66248686 \h 15
3.2.2. Compétences contre savoir ? RENVOIPAGE _Toc66248687 \h 15
3.2.3. Projet, tâche, activité... RENVOIPAGE _Toc66248688 \h 15
3.2.4. Individualisation et remédiation... RENVOIPAGE _Toc66248689 \h 16
3.2.5. Du haut niveau pour les forts, du bas niveau pour les faibles ? RENVOIPAGE _Toc66248690 \h 16
3.3. Et des questions essentielles à affronter par le maître... RENVOIPAGE _Toc66248691 \h 16
3.3.1. Des doutes sur les "fausses-bonnes solutions" qui permettent de ménager la chèvre et le chou
RENVOIPAGE _Toc66248692 \h 16
3.3.2. Et si on cherchait plutôt à... RENVOIPAGE _Toc66248693 \h 17
3.3.3. Une synthèse qui résume bien les questions posées ci-dessus : RENVOIPAGE _Toc66248694 \h 17
3.4. Mes choix pour lorganisation du temps scolaire RENVOIPAGE _Toc66248695 \h 18
4. Quelles postures pour lenseignant ? RENVOIPAGE _Toc66248696 \h 20
4.1. Essai de typologie : faire classe, faire apprendre, se transformer RENVOIPAGE _Toc66248697 \h 21
4.2. Sur ces différentes postures, quelques aperçus issus de la pratique quotidienne : RENVOIPAGE _Toc66248698 \h 21
4.2.1. Faire classe : ordre collectif et place de chacun... RENVOIPAGE _Toc66248699 \h 21
4.2.2. Faire apprendre RENVOIPAGE _Toc66248700 \h 22
4.2.3. Com-prendre : et les parents ? RENVOIPAGE _Toc66248701 \h 23
4.3. Apprendre dautres : un enjeu crucial... RENVOIPAGE _Toc66248702 \h 24
4.3.1. Comme pour lélève, renoncer au maître idéal... RENVOIPAGE _Toc66248703 \h 24
4.3.2. Aller aux priorités RENVOIPAGE _Toc66248704 \h 25
4.3.3. Transformer son rapport au métier : un défi collectif RENVOIPAGE _Toc66248705 \h 25
4.3.4. « Seul, je ny arrive pas. » RENVOIPAGE _Toc66248706 \h 25
Conclusion provisoire... RENVOIPAGE _Toc66248707 \h 27
Bibliographie et annexes 28-37
Voir extrait de ce document en annexes
Un petit test sur des codages dexpression écrite par des directeurs décole en formation ma montré que les élèves nétaient pas les seuls à ne pas être daccord sur la manière de coder...
Lintérêt fondamental du travail de Crahay tient au fait quil compile des centaines denquêtes sociologiques et cherche à dessiner les tendances lourdes des résultats. Son travail est donc une véritable synthèse des savoirs sur lEcole.
voir à ce sujet la citation de G. Bachelard en exergue au début de document...
voir aussi le spécimen de planification du travail enseignant, en annexes.
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SOMMAIRE