monistrol
H.I. : Les Frères du Sacré-C?ur- Historique de l'Institut, 1821-1956, Rome 1956
.... Aux Xe et XIe siècle, on note la construction d'un premier château. ... au moins
pendant quelques années, l'?uvre des R.R.P.P. Capucins établis à Monistrol ....
le plain-chant, la lecture, l'Ecriture et les éléments de quelques autres sciences.
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Travail de recherche
Frère Marius Drevet, SC
LYON 2015
M.D. 2015
ABREVIATIONS UTILISEES ET SOURCES
A.N. : Archives nationales
A.D. Rh. : Archives départementales
A.D.H.L. : Archives départementales du Rhône
A.M.Ly. : Archives municipales de Lyon
A.M.B. : Archives municipales de Blois (Loir et Cher)
A.M.N. : Archives municipales de Monistrol-Sur-Loire
A.M.Mon. : Archives municipales de Monastier
A.A.Ly. : Archives de larchevêché de Blois
A.E.B. : Archives de lévêché de Blois
A.G.F.S.C. : Archives générales des Frères du Sacré-Cur (Rome)
A.Las. : Archives lassaliennes
A : Annuaire de lInstitut des Frères du Sacré-Cur (Rome)
C.T. : Claudine Thévenet 1774-1837, Jeanne-Marie Horny Médiaspol, 1993
E. : En cette nuit-là aux Pierres plantées, Gabriela Maria, France Empire 1973
E.D.I. : André Coindre- Ecrits et documents I lettres ; Rome 2000
E.D.II. : André Coindre- Ecrits et documents II Règles et règlements, Rome 2001
E.D.II. : André Coindre- Ecrits et documents III le Pieux-Secours, Rome 2002
f. : factum ou Mémoire de Conseil général : fin 1841- début 1842
H.F. : Etude sur le Petit séminaire de Monistrol, Hippolyte Fraisse, manuscrit, s.d.
H.I. : Les Frères du Sacré-Cur- Historique de lInstitut, 1821-1956, Rome 1956
J.B. : Les Couvents capucins de la Haute-Loire, chapitre II : les capucins et Monistrol
J.V. : Notes manuscrites sur le Petit séminaire, J. Vacher, archiviste
L.A. : Un petit séminaire du diocèse de Lyon- Largentière André Leistenschneider, Vitte 1905
M.M. : Mémoires de labbé Michel
M.R. : Monistrol-Sur-Loire, Marcel Romeyer, imprimerie Bronche, 1974
P. : Positis super virtulitibus Frère Polycarpe, Rome 1968
P.T. Positis super virtulitibus Claudine Thévenet
P.S.A.C. : Au temps du Père André Coindre Le Pieux- Secours Chronique multigraphie, Lyon 2000 Drevet Marius
R. : Le Père André Coindre, missionnaire et fondateur 1787 1826
Chronique et iconographie, Jean Roure, 1987
R.n.b. : Notes biographiques complémentaires à la chronologie dAndré Coindre, promanuscripto, Jean Roure, Rome, s.d.
R.n.p. Notes manuscrites personnelles, Jean Roure
S.t.I. : Supérieurs généraux, Frère Stanislas, 1er tome : 1821-1859, Rome 1972
S.V.R. : Un siècle de vie religieuse, 1821-1921, Frère Basilien Couderc, Edouard Privat, 1921
V.C. : Vie du Père André Coindre, anonyme (FF Eugène et Daniel) Lyon- Le Puy 1888
V.P. : Vie du Frère Polycarpe, Paradis près du Puy 1893
V.A1 : Vie du Frère Adrien, Théophile Valentin, Edouard Privat 1892
V.A2 : Le Frère Adrien 1818-1887, Frère Basilien Couderc, Renteria Espagne 1929
X. : Mémoires du Frère Xavier, 1801-1861, Rome 1996
Z1 : Les nouvelles congrégations des frères enseignants en France de 1800 à 1830, Pierre Zind, Lyon 1969
Z2 : Bx M. Champagnat son uvre scolaire dans son contexte historique, Frère Pierre Zind, Romme 1991, 495 p.
AVANT PROPOS
Nous allons essayer de relater dabord lhistoire des anciennes écoles de Monistrol-Sur-Loire, de son couvent des Capucins, puis de son collège- Petit séminaire et enfin des Missionnaires du Sacré-Cur.
Nous avons été aidés dans cette tâche
grâce au Manuscrit inédité de M. labbé H. Fraisse,
grâce à létude du monastère des Capucins par le Père Bonnefoy,
grâce aux archives de la Congrégation des Frères du Sacré-Cur.
Sur lhistorique du CollègePetit séminaire refondé en 1822, plane lombre tutélaire du Père André Coindre dont nous allons découvrir son dynamisme, son rôle danimateur de létablissement et du groupe des Missionnaires du Sacré-Cur, sans oublier la direction des Frères des S.S.C.C. et des Surs de Jésus et de Marie. On se demande dailleurs, comment il trouvait le temps daccomplir une telle tâche !
Vers 1875, labbé Hippolyte Fraisse successivement élève du Petit séminaire, puis surveillant et professeur (1843-1853), ensuite vicaire (1853-1867) et enfin curé doyen de Monistrol-Sur-Loire (1867-1884) avait entrepris de composer une « Histoire du Petit séminaire de Monistrol-Sur-Loire. Il est regrettable que, par la suite, son manuscrit ne fut pas publié.
Comme, il lécrit dans celui-ci : « Pourquoi a-t-on laissé se perdre dans loubli et pourquoi ne sappliquerait-on pas encore à recueillir, si on peut, certains faits et autres détails intéressants qui accompagnèrent ses diverses missions (p.83) »
Et encore : « ce serait ici le lieu de faire léloge de M. André Coindre et de payer à ce digne ecclésiastique, au nom de notre diocèse, où il fit le bien, un juste tribu de reconnaissance (p.99) »
Afin de réaliser son souhait, il nous a paru utile et intéressant de compléter son travail en y incorporant les activités et les uvres du Père Coindre, jointes à celles du Petit séminaire dont il fut lanimateur zélé et lun des artisans de son développement.
Nous feront de même pour son frère François Vincent Coindre (1799-1858), devenu à la mort prématurée de son aîné, son hériter universel. De ce fait, cette succession lui « impose des obligations
lassujettissant à diriger et à soigner le Petit séminaire
(lacte de cession 15 juin 1841).
Puisse ce modeste travail réaliser les vux de M. H. Fraisse et entretenir, auprès des amis du Petit séminaire, la flamme du souvenir reconnaissant pour lheureuse période étudiée.
Nous sommes heureux de remercier ici, tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail.
MONISTROL
Lune des premières paroisses du Puy-en-Velay. Deuxième ville du Velay en 1300, Monistrol-sur-Loire. Le « petit monastère » de lan Mil est devenu, mille ans plus tard la deuxième ville de la Haute-Loire.
Pourquoi le nom de « Monistrol » ? Une tradition populaire a conservé le souvenir dun « petit monastère » disparu depuis longtemps.
A lépoque gallo-romaine, se crée lune des toutes premières paroisses extérieures du Puy. Vers lan 900, le bourg et léglise de Monistrol sont assez importants pour que lévêque leur confie les ossements de saint Marcellin, deuxième évêque des Vellaves.
Aux Xe et XIe siècle, on note la construction dun premier château. La protection des seigneurs favorise la croissance de la ville.
Au milieu du XIIe siècle, une nouvelle église, romane, est construite.
Les Antonins ouvrent un hospice pour les victimes du « mal des ardents » mais aussi étape des pèlerins du Puy. En 1270, un changement capital sopère.
Pour financer son départ pour la croisade, le seigneur de Saint Didier vend au diocèse la seigneurie de Monistrol. Ainsi jusquen 1790, les évêques successifs cumuleront à Monistrol le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel du seigneur.
En 1309, lévêque honore sa nouvelle possession, « deuxième ville du Velay » dit-il en y fondant une collégiale.
Les évêques abandonnent le « château vieux » et en construisent un plus grès du bourg, édifice qui ne cessera dévoluer pendant cinq siècles. De place forte, il deviendra une résidence aimée des évêques, loin des contraintes du Puy, leur « maison de campagne ».
Avant les guerres de religion, Monistrol-sur-Loire connaît une véritable expansion dont il reste des traces : grosse tour du château, maisons de ville à escalier en vis et meneaux, maisons fortes, pont sur le Lignon
Au XVIIe siècle, le paysage de la ville se transforme : façades classiques du couvent des Capucins et de celui des Ursulines, nouveau clocher de la collégiale surmonté dun dôme, comblement des fossés de la muraille pour créer des boulevards, aménagement du château et création du parc.
Le XVIIIe siècle se signale par une ambition de modernisation : déplacement du cimetière à lextérieur de la ville, fondation dune école de filles par les soeurs de Saint-Joseph. En 1757-758, une route carrossable est construite pour première fois entre le Puy et Saint-Etienne : cest le Grand chemin qui, tracé en ligne droite assez loin de la ville murée, change le visage de la ville en attirant à lui une urbanisation nouvelle.
A la Révolution, lévêque, chassé du Puy, tente dorganiser la résistance à Monistrol. La municipalité le force au départ.
En 1860, Alphonse Néron est nommé maire : cest le premier mandat du public dune famille qui occupera la scène politique pendant plusieurs générations. Il fait adopter un plan de ville qui dessine une voirie élargie et rectiligne.
La population augmente lentement pendant tout le XIXe siècle jusquen 1906 (5 031 habitants) malgré le départ de nombreuses familles vers le bassin de Saint-Etienne.
Monistrol est une ville industrieuse où dominent la passe-menterie et la serrurerie. En 1946, la population est descendue à 3 617 habitants. Dans les années soixante, le mouvement saccélère et la commune retrouve en 1975 sa population de 1906.
Le Progrès
Jeudi 17 février 2005
SUR LE PETIT SEMINAIRE DE MONISTROL SUR-LOIRE
AVANT PROPOS
Le Petit séminaire de Monistrol, tel quil commença à être fondé en 1822 par M. André Coindre et [son frère] François Vincent Coindre, Romain et Pierre Montagnac, Gatty, Benoît et plusieurs autres, avait un personnel ecclésiastique composé, tout à la fois, de Missionnaires, de Professeurs et même des Frères des écoles chrétiennes (sic) dits des sacrés-curs de Jésus et de Marie, ces derniers se destinant à linstruction des jeunes gens de nos campagnes. Doù il suit quun pareil Etablissement continua, au moins pendant quelques années, luvre des R.R.P.P. Capucins établis à Monistrol dès le commencement du XVIIe sicle ; et celles des écoles, soit primaires, soit secondaires, que cette ville avait possédées depuis un temps immémorial. Pour faire de cette maison religieuse, une notice un peu convenable et moins incomplète, il sera donc utile de parler des deux instituions qui la précédèrent
DE là, deux chapitres préliminaires : le premier traitant des vieilles écoles de Monistrol, le second, de lancien couvent des missionnaires Capucins. Un troisième chapitre parlera de lEtablissement de M.M. Coindre et Montagnac. H.F. 1-2
CHAPITRE I ANCIENNES ECOLES DE MONISTROL
à une époque fort ancienne,
Moniste était le chef-lieu de celui de nos trois archiprêtres, qui avait le plus détendue et renfermait le plus grand nombre déglises.
Vers la fin du IXe siècle, de 885 à 900, on confia à cette paroisse le corps entier de saint Marcellin, dépôt qui indique bien laffection que lui portaient nos évêques, et rend croyable lopinion dun auteur qui va jusquà assurer que ces évêques y possédaient, dès lors, un château dans lequel ils venaient, chaque année, passer quelques mois de la belle saison. Il est sûr du moins quen 1164, ce château dont vient de parler Théodore, leur appartenait, et quen 1172, la paroisse avait son vaste mandement, sa mesure propre et son nom de Moniste indiquant que les clercs qui desservaient son église étaient nombreux et formaient une de ces sociétés qui, suivant Mabillon et le P. Longueval, étaient appelées Monastères.
Dans le courant du XIIe siècle, une commanderie dAntoniens était venue sy établir.
A la fin du XIIIe siècle, deux Evêques du Puy, Guillaume de la Roue et Jeande Cumène avaient manifesté lintention de faire de Monistrol la seconde cité de leur diocèse ; et, en 1309, Bernard de Castenet avait réalisé cette intention, par létablissement de la Collégiale
De nombreuses reconnaissances faits à lévêque seigneur temporel de cette ville, en 1494 et 1496, attestent quil y avait alors, une maison des écoles dites du Chapitre, sorte de collège commun et public, où devaient se réunir un assez grand nombre détudiants, ensemble avec leur maître, puisque, non loin de cette maison se trouvait une place où ils avaient coutume, sans doute, daller prendre leurs quotidiennes récréations et quon nommait, pour ce motif, la place ou le fossé des écoles ; puisque, à cette même et vieille époque figure parmi ceux qui rendirent foi et hommage à lEvêque, honorable Maître ou Messire Vital Barnend, bachelier ès-Arts, recteur des écoles de la dite ville de Monistrol : honorabilis M. Vitalis Barnendi, baccularii in artibus, rectoris scollarum dicta villae
.
Où étaient-elles situées vers la fin du XVe siècle ?
En 1494, cette maison des écoles de Monistrol était bien, en effet, subtiis castrum, tout auprès et à lest du château des Evêques dans lantique demeure des seigneurs de Mitte-Monts-Chevrières et Vaugelas : demeure que les chanoines ou les Evêques avaient acquise anciennement et destinée à servir de local pour les jeunes étudiants. Voici le texte latin du terrier :
« Confrontartur
cum mrailha dicta villa ex orienté, et cum horto Guillelmi Fabri et cum carreria anté demum, per quam itur ad domum appelatam de Vageala capituli Monastrolii sive scolae ex occidente et cum horto dictae recognoscentis. Hortus in quo erat olim domus Domini Vallisgelatoe, confrontatur cum dicta domo Capituli Monsatrolii, quadam platea intermedia, ex vento, et cum murailha villae ex oriente, et cum carreria tendente ad domum cpituli ex occidente.»
Nous nosons pas, craignant quelque erreur, donner plus de détails sur la juste position de cet établissement, dont lédifice, dailleurs, a pu être, ou entièrement détruit, ou modifié par suite de la construction du monastère des Ursulines, en 1635. Toutefois, on ne peut pas douter quil ne fût, ou sur lemplacement même, ou dans le proche voisinage de ce couvent, à sa partie nord-est. Car le fossé des écoles était lesplanade qui se voit, encore aujourdhui, située au midi de la maison de ces Religieuses ; et il sétendait vers louest, jusquà la porte ou poterle (sic) dite de St Thomas patron des étudiants.
La maison joignant les prisons et le couvent, au Nord-Est, a été appelée jusquen 1793, maison des petites écoles, en souvenir sans doute, de celles qui avaient existé dans ce quartier, bien avant la fondation des Ursulines ; enfin, la rue de Vaugelas qui avait pris son nom de la maison des seigneurs de Mitte-Monts-Chevrières et Vaugelas, et qui conduisait, jadis, du four banal (aujourdhui four Romeyer) vers les écoles du chapitre est celle qui encore, porte le même nom, se détache de la grande rue, à gauche, quand on entre dans la ville par lancien portail neufs, près des Ursulines et de lédifice des petites écoles, et remonte vers le château pour aboutir à lendroit où était lancien four.
Leur mode dadministration
Ces écoles nétaient pas, bien certainement, une université, puisquon ny enseignait pas luniversalité des sciences. On ne pouvait pas même, les appeler un collège proprement dit, une université dans le sens large, comme celle de St-Mayol au Puy ; parce quil nest pas à présumer que les élèves y fussent assez nombreux, et y apprissent toutes les matières qui entraient, alors, dans le cadre dune entière et complète éducation.
Mais elles nétaeint pas non plus, de simples écoles de charité, comme tous les curées avaient, de par le droit ecclésiastique et civil, en France, le pouvoir de les établir, de les diriger et den choisir les maîtres ; et destinées toujours à un for petit nombre détudiants. Nous les regardions, plutôt, comme une école collégiale publique, doù leur nom décoles du Chapitre.
Le Recteur était gradué et avait son titre de Bachelier ès-Arts ; ce qui dénote assez limportance de sa charge. Le fossé voisin, appelé fossé des écoles, indique aussi, que cétait là une institution permanente, réunissant, dans un même local, tous les écoliers de la ville et en assez grand nombre. Car, si on supposait plusieurs maîtres, indépendants les uns des autres, et nayant, chacun, quun petit nombre délèves, ils auraient bien pu transporter leurs écoles en divers quartiers de la ville, et rendre fautive et erronée la dénomination de fossé des écoles donnée à lesplanade voisine.
Telles que nous venons de les dépeindre, cest-à-dire comme collégiales, ces écoles appartenaient à lEglise. Les chanoines en étaient si bien les maîtres, du moins en 1494, quils ne rendirent, pas même à lévêque, hommage pour cette maison où se faisaient les études communes : Domun Valgeala, domum Capituli. Elle avait été acquise, anciennement par eux, dun seigneur de Mitte-Monts Chevrière et Vaugelas. Mais on ne saurait préciser à quelle époque eut lieu cette acquisition. Les seigneurs de Mitte ayant déjà, depuis longtemps, cessé dhabiter Monistrol. Hortus in quo olim erat domus Domini Vallisgelatoe, dit le terrier ou compoix (sic) de 1494.
Premiers acquéreurs, ou cessionnaires de lévêque, les chanoines possédaient, donc, cet établissement : ils étaient chargés dy faire les réparations convenables : ils en nommaient le Recteur, qui pouvait être un chanoine, ou autre ecclésiastique, ou même, un laïc instruit et gradué. Mais il paraît certain que la haute direction des classes, le maintien de la discipline, et la surveillance de la moralité, restèrent toujours entre les mains du Chapitre. Nous ne savons si le Recteur de 1494, honorable homme Mr Vital Barnend, Bachelier es Arts, était chanoine ou prêtre. Toutefois, un acte notarié du 20 septembre 1551, alors même quon trouve à Monistrol, des maîtres décole laïcs, parle de Messire Guillaume Saignard, prêtre et recteur des écoles de cette ville. Les chanoines lui passèrent assence de leur cure, moyennant certains devoirs qui lui furent imposés, et une somme annuelle de 36 livres quil était obligé de rendre au trésorier du Chapitre.
Nous navons pas pu comprendre, par la teneur de lacte, sil conserve, réunies sur sa tête, les deux fonctions de Recteur des écoles et de curé ; ou bien sil renonça à la première, pour mieux sacquitter de la seconde; il semble plus probable dadmettre, que, sans faire lui-même la classe, ou nen faisant quune supérieure, il avait, sous lui, dautres maîtres, dont il avait le supérieur responsable ; et pouvait, quand même, remplir ses fonctions de curé ou vicaire perpétuel du Chapitre.
Ecole de la Collègiale de St-Marcellin
A ces écoles publiques, dirigées par le Chapitre, ou du moins par un délégué qui restait sous ses ordres, devaient se rendre, vraisemblablement, les enfants de chur attachés à léglise paroissiale de St-Marcellin, afin dy apprendre le plain-chant, la lecture, lEcriture et les éléments de quelques autres sciences. Cest à ce quo pourrait appeler une école de charité, ou une école plus spécialement collégiale, mais unie à lécole générale et publique.
Un acte du 13 mai 1662, prouve du moins, lexistence de cette école de charité à Monistrol : « Pardevant Messires les chanoines capitulairement assemblés au chur supérieur de léglise de Monistrol, dit cet acte, se présentèrent deux enfants assistés de leurs parents, demandant auxdits chanoines de les recevoir comme enfants de chur, et soffrant de vaquer à cette fonction, suivant les anciens bons usages de cette église, pendant sept années. »
Leur demande fut acceptée; on les revêtit de lhabit ordinaire, et on promit de leur apprendre, pendant sept années, à chanter en plain-chant, à lire et à écrire. Et à connaître aussi, ajouterons-nous, les éléments des autres sciences, surtout ceux de la langue latine ; parce que les chanoines eussent été de bien mauvais maîtres, ou les enfants de chur, des élèves à têtes bien dures sil leur eût fallu, aux uns et aux autres, sept ans, pour enseigner ou apprendre, seulement, le plain-chant, la lecture et lécriture.
Bien que cette école ou cette classe de lécole, spécialement destinée aux enfants de chur, ne se révèle quo la date de 1662, il convient de faire remonter son origine bien plus haut, au moins jusquà la fondation de la collégiale, en 1309. Lobligation imposée à ces enfants de vaquer à leurs fonctions suivant les anciens bons usages de léglise de St-Marcellin, le dit dune façon assez claire. De plus, on retrouve ces enfants de chur à une époque bien lus reculée. Un acte du 5 août 1533, mentionne que le nombre ancien des membres de la collégiale avait toujours été et était encore, de vingt personnes, appliquées au service divin ; en comprenant, dans ce nombre, treize chanoines concurés les choriens et les novices. Et ces novices chantaient les versets, par exemple, Ora pro obis, sancta Dei genitrix
auxquels répondaient les chanoines ; et, en certains cas, ils recevaient la même donnade que les choriers. Nous croyons que ces novices avaient toujours été, et furent toujours, les enfants de chur de léglise de Monistrol, qui, en récompense, ou en payement des fonctions quils remplissaient, outre quelques donnades casuelles, étaient admis dans lécole de charité, et envoyés à une classe de lécole publique et collégiale, pour y étudier pendant sept années, sous la direction du chanoine, ou prêtre, ou laïc Recteur principal des écoles, et des autres maîtres professeurs.
Maîtres décoles laïcs jusquen 1793
Nous navons pas affirmé que ces maîtres professeurs, et même, ces Recteurs de nos anciennes écoles, furent, toujours, des prêtres et des ecclésiastiques. LEglise, bien quelle abhorre et repousse, aujourdhui, les laïcs libres-penseurs, pour luvre de linstruction, na jamais repoussé le concours des laïcs pieux et foncièrement catholiques. Et les annales de Monistrol, en effet, parlent de plusieurs personnes, ayant femme et enfants, qui furent chargés du soin des écoles. Mais, ce qui paraît certain, cest que, toujours, on les voit rattachés au Chapitre, par quelque charge, ou dignité ou prébende, ou enfin, par quelque circonstance indiquant que, comme maîtres décole, ils étaient sous la Direction et la dépendance des chanoines. Ainsi, en 1494, rien ne prouve quhonorable Vital Barnend Bachelier es-arts et Recteur des écoles fut ecclésiastique ; mais ses écoles se tenaient dans la maison du Chapitre.
Au milieu du XVIe siècle, nous trouvons un Montagne, puis un Fontanel, maîtres décole, et, probablement laïcs. Mais nous avons vu qualors, Messire Guillaume Sagnard, prêtre, en était Recteur. En 1632, Jean Forestier paraît comme Recteur des écoles, quoique laïc et marié ; mais il est, en même temps, bâtonnier de léglise paroissiale. En 1666, Pierre Fabri, époux de Claire Jourda, est appelé maître décole. De 1716 à 1737, il y eut dans la ville de Monistrol un Antoine Dubord, marié à Pierrette Aubert, et qui avait le titre de maître décole, voire m$eme, celui de maître des humanités. Ne serait-ce point là, le sieur LaPorte dont parle Mr du Molin dans sa baronnie de Roche en Régnier et qui eut la gloire délever et dinstruire, pendant une partie de sa première jeunesse, le Vicomte Jourda de Vaux, le futur maréchal de France et le conquérant de lîle de Corse ?
Note1 : [« Il ny a pas de collège dans cette ville [Monistrol], mais on en est presque dédomagé par les écoles vraiment utiles de M. labbé Monsonar ».] (lalmanach de labbé Laurent pour lannée 1788, page 126, Notice sur Monistrol).
Note2 : [Le 24 avril 1760, à Monistrol, Dominique Clarey, maître grammairien de la ville de Monistrol, est témoin de lacte de résignation dun canonicat fit par M Jean-Marcellin Duchamp (Insinuat ? eccles. Dans mon cahier, p55)]
Pourquoi le défaut de documents ne nous permet-il pas de faire, ici, connaître au lecteur, en les retirant dun malheureux oubli, et les règlements de ces anciennes écoles, et les noms de ces modestes mais généreux instituteurs ? Sans doute il est dit dans nos livres saints : « que les savants brilleront comme des étoiles dans le ciel, et que ceux qui auront enseigné la vertu au peuple, jouiront dune gloire éternelle ». Sans doute que Jésus-Christ a promis : « que celui qui pratiquera sa doctrine et lapprendra aux autres, sera grand dans le Royaume de Dieu. » Et, à la rigueur, cette récompense leur suffit.
Mais, avouons quun peu de reconnaissance, en ce monde, pour ces bienfaiteurs de leur pays, ne sont que justice, au moins de la part de ceux qui ont recueilli leurs bienfaits. Et puis, si on avait dans chaque paroisse, lexacte et longue nomenclature de ces maîtres décole, les hommes à idées et à théories révolutionnaires, ne viendraient pas nous jeter à la face, comme ils le font aujourdhui, ce reproche aussi plein de sottise que de mauvaise foi, savoir : quau-delà de 1789, il nexistait pas dinstruction publique et populaire, que le peuple navait point décoles à lui, que lEglise se plaisait à le laisser dans lignorance, et que cest seulement avec et par la Révolution, que nous est venue la libre diffusion de la science et de toutes les lumières intellectuelles.
La Révolution !
Elle na, sur ce point, et à Monsitrol aussi bien quailleurs, quune chose à revendiquer, si elle lose. Cest la honte davoir abattu les écoles, avec la même brutalité quelle mit à abattre tout le reste ; cest davoir poursuivi et détruit, avec tant de rage, tous les documents ayant trait à ces belles institutions, quon en est presque réduit à douter du bien quelles firent, et, même, à douter de leur ancienne existence. Voici les paroles de M. LaBruyère, curé de notre paroisse, quand il voulut, en 1806, obtenir du préfet de la Haute-Loire, quil laidât à réparer les lamentables ruines accumulées par la Révolution :
« La ville de Monistrol, disait-il, avait autrefois, un Chapitre collégial,
un couvent de Capucins, ... un monastère de religieuses Ursulines destinées à léducation des personnes du sexe ; une congrégation de Surs de St-Joseph ayant le même but, et de plus servant lhôpital et assistant les malades ; une fondation précieuse pour lentretien dun instituteur chargé denseigner les éléments de la langue latine. Mais toutes ces institutions, et les secours qui en résultaient, ont subi les malheurs des temps ; et, il ne nous reste plus que le triste souvenir de ce que nous avons perdu
»
Il est vrai que, peu de temps après ces actes de vandalisme, le rouge était monté au front de la plupart de ceux qui les avaient accomplis, et que les écoles furent les premiers établissements, quon songea à relever, sinon par amour de la science et par « zèle de la bonne éducation des enfants, du moins par désir du lucre et du profit temporel qui en revenait aux habitants de ville. Ainsi, le 12 messidor an IV (30 juin 1796), comme il y avait espoir que Monistrol serait une des localités où le Gouvernement manifestait lintention de créer des écoles primaires, sa municipalité prit des mesures pour avoir un logement à offrir aux futurs instituteurs ; et elle demanda quil ne fût pas donné suite à la vente projetée du couvent des Ursulines et de leur enclos, seul local, disait-elle, qui fût convenable pour y établir des écoles. Mais, dabord, rien ne prouve quon ait réalisé ce projet. Et en ouvre, leût-on réalisé, quel enseignant utile, quelle instruction, quelle éducation morale, aurait pu donner le personnel administratif qui gouvernait le pays, en des jours si malheureux et si tristes ?
A Paris, Saint-Just avait ainsi formulé son plan déducation nationale : « Les enfants seront vêtus de toile en toute saison ; ils coucheront sur des nattes et dormiront huit heurs. Ils seront nourris en commun et ne vivront que de racines, de fruits, de légumes, de pain et deau. Ils ne pourront goûter de chair quaprès lâge de seize ans». Lakanal avait ajouté : « Les garçons seront élevés surtout aux exercices du corps ; les filles instruites surtout à coudre et à tricoter. » Le couronnement du système, la partie morale, devait être les fêtes nationales et communales, pour lesquelles il doit y avoir un théâtre au moins par canton, où les hommes sexerceront à la danse et les femmes sy instruiront
. T au nombre de ces fêtes, il y avait la fête des animaux compagnons de lhomme
« Quelle fête ? demandèrent les législateurs à LaKanal ?- La vôtre, mes amis, répondit-il, sans rire. » (Voir le discours prononcé à Paris le 10 juillet 1879 par M. Albert Mun).
A Monistrol, on nen était pas là encore, peut-être, mais on y tendait rapidement ; quon en juge par le rôle imposé, le 6 juillet 1798, à ses agents municipaux qui devaient inspecter nos écoles, si toutefois il y en avait. Nous copions le décret du directoire exécutif, qui fut lu en plein Conseil municipal. Cest du LaKanal mitigé et un peu adouci ; mais cest du LaKanal :
« Un devoir important, fut-il dit aux agents municipaux, un devoir qui mérite toute votre sollicitude, cest lexécution du directoire exécutif, portant que ladministration surveillera lenseignement des écoles particulières, maisons déducation et pensionnats. Vos devoirs sétendent sur cet objet, à faire des visites imprévues dans les maisons déducation, afin de constater : 1°- si les maîtres particuliers ont soin de mettre entre les mains de leurs élèves, comme base de la première instruction, les droits de lhomme, la constitution, et les livres élémentaires qui ont été adoptés par la Convention. 2°- Si lon observe les décadi, si on y célèbre les fêtes publiques, si on sy honore du nom de citoyen. 3°- Si on donne à la santé des enfants, tous les soins quexige la faiblesse de leur âge ; si la nourriture est propre et saine ; si les moyens de discipline ne présentent rien qui tende à avilir et dégrader le caractère ; si les exercices, enfin, y sont combinés de manière à développer le plus heureusement possible les facultés physiques et morales. »
Et, de la religion, pas un seul mot. « La prescription des religions, avait dit Condorcet, doit sétendre, même, sur ce quon appelle la religion naturelle. »
Nest-il pas évident que de pareils administrateurs, malgré lexpression de « facultés morales » qui semble être venue se placer, comme par hasard, au bout de leur plume, nentendaient absolument rien à la charge dont on les avait affublés ; quaprès avoir été très habiles à tout détruire, ils étaient incapables de rien rétablir ; et que, bien loin de réorganiser nos écoles, ils navaient plus, même, les idées dinstruction, déducation, de science intellectuelle et de sens moral ?
Restauration et rétablissement de ces écoles après 1800
Ce que ne firent pas, ce que nauraient jamais pu faire tous les directeurs exécutifs et administratifs de la Révolution, nous allons voir quun simple ministre de lEglise catholique le fit heureusement pour Monistrol dès quon eut échappé à la tyrannie et à loppression révolutionnaire. Et on doit dire, même, que ce quil fit, fut mieux que ce qui avait existé auparavant : parce que lEglise, comme on la répété tant de fois, dans les établissements et institutions quelle produit, aussi bien que dans la foi et la morale quelle prêche, est un arbre aux racines vivaces et profondes. La hache du persécuteur suse, et son bras se fatigue à vouloir la frapper. Et, quand il pense être au bout de son projet de destruction contre elle, il a le désespoir de voir surgir bientôt et saccroître rapidement, dautres branches plus vigoureuses que celles dont il a jonché le sol. Ainsi en arriva-t-il, pour la cité Monistrolienne, en ce qui regarde les écoles, seul sujet dont nous nous occupons, et grâce au zèle, à lactivité et à lesprit vraiment réorganisateur du digne ecclésiastique qui, dès lannée 1802, prit en mais le gouvernement de cette paroisse.
H.F. 7-15
[Fayolle de Labruyère Pierre Paul (1766-1820)
Dans une note manuscrite de M. Péala, intitulée par lui en 1844, « Extrait dun vieux Registre du séminaire », on peut lire : « M. Labruyère de Montfaucon, (né le) 30 octobre 1766 » - « diacre, entre en retraite pour lordination (le) 15 septembre 17
»
Consulter aussi sur ce prêtre la note de la « semaine Religieuse 1880-1881, « p. 185, mais avec prudence, parce que lauteur de ces articles, M. labbé Theillère, de Bas, manque beaucoup de critique et avance de fort nombreuses incertitudes.
Etait-il en 1790, curé de Grazac (Haute-Loire) ?
Prêta-t-il le serment schismatique ? peut-être.
Il ne tarda pas à le rétracter.
Il avait accepté en 1791, dêtre un des Commissaires chargés de linventaire des biens de labbaye de Bellecombe (Histoire des Monastères, dans « les Couvents dYssingeaux », par labbé Colly, page 210)
Il émigra en 1792 en Italie, rentra en France en 1797
Il est à Grazac de 1799 à 1802 (Disposition des diocèses)
Au Concordat, M. de Labruyère devint curé de Monistrol en 1803. (cf Manuscrit de M. Hippolyte Fraisse page 15 : 1802)
Il fonde linstitution secondaire de Monistrol en 1704
Vicaire général (1815-1820)
Il meurt à Monistrol le 3 décembre 1820
Il est remplacé par M. Bay le 21 janvier 1821
Au décès de ce dernier, il est remplacé par M. Bonnet Etienne né à Araules le 17 mars 1790. Curé de Monistrol-sur-Loire en 1825, il figure au moins en 1825, 1826 et 1827
Il décède le 4 août 1867
Son frère, (sans doute laîné de la famille), juge de Monistrol avant la Révolution, au nom de lEvêque (cf. Almanach, Rôle couvrant 1787-1788)
Il était juge au Tribunal dYssingeaux et prit part à ce titre, à plusieurs jugements rendus par le Tribunal révolutionnaire du Puy, même contre des prêtres condamnés à mort (cf Rioufol, « La Révolution dans le Velay, p
; - cf. aussi ce que le Manuscrit de M. Lhoste dit de sa mort tragique et agitée à Paris)]
J.V.
Monistrol avait payé cher, et expié durement, soit lambition de quelques-uns des membres de la municipalité, qui se montrèrent démagogues plus quils ne létaient au fond du cur, poussés par lespoir de voir ériger dans leur ville, un tribunal de première instance ; soit le triste honneur que lui fit ladministration départementale, en la choisissant comme chef-lieu dun district, et surtout, comme centre dune société populaire dite du salut public. On y vit affluer les partisans les plus exaltés des idées nouvelles ; on y entendit les déclarations de ceux qui avaient embrassé les opinions les plus subversives ; et elle devint comme le réceptacle et la sentine de ce que tout larrondissement contenait de plus pervers et de plus dévoyé, en morale, aussi bien quen politique.
Il nest donc pas étonnant que les ruines aient été plus nombreuses et plus grandes, dans cette localité, que dans la plupart des localités voisines. Son église paroissiale, avec le Chapitre collégial de St-Marcellin, le château des évêques, le couvent des Capucins, le monastère des Ursulines, la congrégation des Surs de St-Joseph, les écoles avec la dotation qui les entretenait... tout tomba sous les coups de la fureur révolutionnaire.
Heureusement quaprès la tempête, Dieu lui donna, dans la personne de M. Pierre-Paul LaFayolle de LaBruyère, le pilote dont elle avait besoin ; et celui de tous qui pouvait lui être le plus utile pour réparer tant de désastres. Il semble bien, en effet, que M. le curé LaBruyère était, parmi nos ecclésiastiques, à cause de ses éminentes vertus, et des qualités de son caractère, et de certaines autres circonstances, le lus capable de mener à bonne fin toutes ces oeuvres de restauration. De ses vertus nous navons pas à faire léloge, puisque les administrateurs de St-Flour le jugèrent digne, dêtre grand vicaire, après la mort de M. de Rachat, curé de Tence, et quil occupa cette charge, depuis 1815 jusquà la fin de sa vie. De son caractère, les vieux habitants de Monistrol se souviennent encore ; et ils aiment à redire quil était actif, mais sans brusquerie, zélé sans emportement, fin et adroit, sans duplicité ni tromperie, et tolérant, sans faiblesse. Quant aux circonstances particulières dont nous avons dit un mot, cest que rattaché à la paroisse par des liens de famille, par sa naissance, peut-être, il devait désirer, lui surtout, de la voir se relever promptement et reprendre sa place dhonneur parmi celles qui avaient toujours fait la gloire du diocèse.
Note : [(1) LAlmanach de labbé Laurent pour 1788, page 125, à la notice sur Monistrol indique : « Juge, M. La Fayolle, seigneur de LaBruyère ». Ce devait être le frère de Labbé Paul de LaBruyère, celui qui devint juge au tribunal de district. Il siégea plusieurs fois au tribunal criminel du Puy. Mort à Paris ??? C.f. : 24 pages plus loin, une notre maginale de moi, expliquant comment LaFayolle avait dû être attiré à Monistrol par son beau-frère, Danhiec, bailli de la ville.] J.
Cest que, se souvenant de son prédécesseur Ollier qui avait, par sa mort, laissé une tache de honte, il devait vouloir, pour lhonneur du clergé et de son pays, couvrir et faire oublier cette tache, par les exemples de piété, de zèle et de dévouement, qui mettent en relief, aux yeux du monde, le vrai et digne ministre de Jésus-Christ. Et pourquoi ne pas le dire aussi ? Cest que, dès le commencement de son ministère, jeune encore, et trompé, comme bien dautres, par ce même prédécesseur, alors quil le voyait être lami et le confident de Mgr de Galard, il sétait montré moins ennemi, quil laurait fallu, de quelques idées modernes. Mais, ayant racheté ce moment doubli, par une prompte et ferme rétractation, et par les épreuves dun glorieux exil, il se sentit animé, plus que tout autre, à tout ce qui pouvait procurer la gloire de Dieu, et réjouir son Eglise. Mieux que tout autre, il usa de bonté, de longanimité et de tolérance, envers ceux qui avaient souffert, et ceux qui avaient fait souffrir : et ménageant les réconciliations, apaisant des curs qui étaient, naguère, profondément divisés, il emmena tous ses concitoyens à réparer promptement les malheurs de la commune patrie.
Et nous verrons quen 1820, année de sa mort, la réparation était déjà bien avancée, si elle nétait pas complète. Léglise paroissiale était rebâtie, la congrégation de St-Joseph donnait, de nouveau, ses soins à lhôpital, et linstruction aux jeunes personnes. Le monastère des Ursulines renaissait, et allait, bientôt, refleurir comme dans les temps anciens ; le couvent des Capucins appartenait à un corps de missionnaires ; et aux Ecoles du Chapitre avait succédé une école secondaire ou collège ayant des élèves nombreux. Mais parlons plus particulièrement de ce collège.
Ecole secondaire pour les jeunes gens fondée par M le curé Labruyère, en 1804
M. le curé LaBruyère, nommé à la cure de Monistrol en 1803, (sic) (cf. p. 15 : 1802) comprit bien vite que, pour refaire et relever lesprit religieux de sa paroisse, il devait, avant tout le reste, soccuper de la bonne instruction de la jeunesse.
Aussi, dès 1804, il obtenait du Gouvernement la permission de fonder, et il fondait une école secondaire quil plaça dans les bâtiments des religieuses Ursulines vendus par M. Desmartin, et dont la Commune paya le loyer à lhospice, en attendant que la propriété lui en fût assurée par une personne charitable qui avait, dans cette généreuse et patriotique intention, fourni le prix de la vent. Pour avoir un directeur de cette école et un nombre suffisant de professeurs, il fit appel à plusieurs ecclésiastiques qui, tous, sils navaient pas une bien vaste et bien profonde érudition, étaient, à du moins, pleins de zèle pour le progrès dune oeuvre dont ils sentaient lextrême importance. Et le digne pasteur les aida de ses leçons, de ses conseils, de ses encouragements et des soins les plus assidus. Et luvre réussit assez bien, pour quil fût dire, le 9 septembre 1806, dans une supplique écrite, par lui, au préfet de la Haute-Loire :
« Le succès qua eu le collège, ces deux dernières années, sétant presquentièrement souvenu de lui-même, par les produits de lenseignement, ainsi que le constate le registre des recettes et des dépenses, quoiquon ait payé un traitement convenable à M. le Directeur et à ses collaborateurs, inspire la juste confiance que les parents, satisfaits des progrès de leurs enfants, dans toutes les parties de linstruction publique, et qui en ont généralement donné les preuves les plus convaincantes dans lessai littéraire qui a eu lieu, cette année, aux applaudissements des spectateurs étrangers ou citoyens, sempresseront tous de coopérer au succès de lécole, om il y a des élèves de plusieurs départements. »
Dans cette supplique du 9 septembre 1806, M LaBruyère demandait au préfet, lappui de son influence auprès du Gouvernement, pour obtenir que certains édifices, ou certaines parties des édifices, ayant appartenu au monastère des Ursulines, fussent cédés à la commune, afin dagrandir son école secondaire ; cétait la maison des petites écoles, celle des fours, les voûtes et les caves situées au-dessous du chur de léglise, le vestibule et la chambre au-dessus. Le curé admettait, comme reconnu de tous, quel léglise elle-même, accordée depuis assez longtemps déjà, par lEtat, à Mgr de St-Flour pour lexercice du culte paroissial, était une propriété communale, sur laquelle la commune avait la main, non pas au moyen de son Conseil municipal, mais au moyen de son Conseil de Fabrique. Et pour lors, en effet, cette église servait, journellement aux élèves de lécole secondaire et, le dimanche, au public de la paroisse. Le curé en concluait que les caves et les voûtes nen étaient pas divisibles, et devaient aller au même maître. Il ajoutait que le vestibule et lappartement au-dessus, les petites écoles et les fours, soit parce quils navaient jamais été vendus, soit parce quils dépendaient trop prochainement du bâtiment acquis de M. Desmartin, devaient être remis, eux aussi, à la Commune en vertu de larrêté gouvernemental du 21 décembre 1802, portant que les édifices non vendus, qui ont servi aux collèges et autres établissements dinstruction publique, et qui ne sont pas réservés à un autre usage, seront concédés, de préférence, aux écoles secondaires. Un décret impérial du 11 décembre 1808, fit droit à cette demande ; et, un peu plus tard encore, le 25 juillet 1810, dans une visite faite à Monsitrol par M. Bernard, inspecteur de lAcadémie de Clermont, les logements de lécole secondaire ayant été trouvés trop étroits, on y adjoignit, conformément au décret de 1808, quelques ruines adjacentes, dites les fours et les petites écoles, ainsi que les voûtes et les caves qui sont sous léglise et sa sacristie. Du vestibule et de lappartement au-dessus, il nest pas fait mention.
M. lAbbé Déléage nommé Supérieur en 1810
Mais, avant cette année 1810, un changement avait eu lieu en ce qui concernait le directeur et les professeurs de cette école. Elle avait certainement un directeur à sa tête dès 1806, puisquil en est fait mention dans la supplique de M. LaBruyère. Ce directeur était-il en même temps supérieur de la maison ? ou bien le curé sétait-il réservé ce dernier titre, avec lautorité principale et la haute inspection ? Nous ignorons.
Note : [ Dans une note de renseignement sur le clergé de la paroisse et des succursales du canton (de Monistrol), Monsieur le curé de Monistrol écrit à L. Rachat, vicaire général et curé de Tence : le P. Hubert de saint- Didier (Jean-André Vacher ou Vachier) : « faisait en 1805 et 1806 fonction de Directeur de lécole secondaire, 59 ans, pension, 800 livres »]
J.
[ « Les Etudes fransciscaines, TomeI, année 1938, p 295 » nous le confirme : « - à la mise en pratique du Concordat, divers documents le donnent comme directeur de lécole secondaire établie dans lancien monastère des Ursulines. Il exerça ces fonctions jusquen 1809 ».
Etat du clergé paroissial (1804 à 1806] J.B.
Hubert de Saint-Didier (Jean André Vacher)
Le 19 mai 1790, il dit avoir 42 ans dâge et 25 ans de religion, mais on sait que ces déclarations étaient souvent majorées. Nous pouvons donc placer sa naissance à Saint-Didier-la-Séauve vers 1750, et sa prise dhabit ou profession vers 1765.
[Plus jeune que tous ses confrères, il traversa assez heureusement et glorieusement lépoque révolutionnaire].
H.F. 42
Sous la Révolution, son histoire se confond dabord avec celle du P. Epiphane Romeyer. Comme lui, il demeure dans son couvent : le 11 avril 1791, il y était encore et obtenait, avec quatre de ses confrères, une pension globale de 825 livres. Comme lui, il est frappé par le décret dexpulsion porté par la municipalité le 3 juin 1791. Comme lui, enfin, il passa dans la Loire où il fugure sur un Etat des pensions davril 1792 : « Jean-André Vacher, capucin de Monistrol, 700 livres ; payé un trimestre 175 livres. »
Selon une tradition locale que nous navons pu contrôler, il aurait, sous la Terreur, mené une vie errante dans les montagnes de lArdèche. Arrêté et conduit à Tournon, il aurait été relâché après la chute de Robespierre.
Pendant la « bonace », en effet, il exerça le saint ministère à Monistrol ainsi que lattestent les actes de baptême et de mariage signés de sa main, et sa mention dans la Disposition de 1795 parmi le clergé fidèle de Monistrol.
Note : [Les registres de la paroisse nous le montrent administrant en secret les sacrements de baptême, bénissant ou réhabilitant les mariages et assistant les moribonds] H.F. 42
Mais son nom ne paraît plus dans les Dispositions de 1797, 1799 et 1802. Que sétait-il passé ?
Nous ne le savons pas au juste. Un point est certain : cest quil fut décrié auprès de son évêque.
Mgr de Galard écrivait, le 28 août 1796, à Monsieur de Rachat, curé de Tence, au sujet de la paroisse de Monistrol : « Avisés à votre aise à ce que croirés le mieux pour le Hub[ert] ; peut-être ferait-il aussi bien ailleurs : on nen dit du b[ien] et du m[al] ; je ne sais trop auquel croire : examinés biens. »
Le départ du P. Hubert fut sans doute décidé à la suite de cet examen ou occasionné par lui. Nous perdons ses traces jusquà la mise en pratique du Concordat. Divers documents le donnent comme directeur de lécole secondaire établie dans lancien monastère des Ursulines. Il exerça ses fonctions jusquen 1809.
[Il rendit de grands services aux fidèles et aida beaucoup M. le curé LaBruyère de ses conseils et de ses renseignements pour la réorganisation du culte et le recouvrement des anciennes reliques. Entre temps, il sadonnait au ministère de la prédication.
H.F. 43
[Le P. Hubert fut, en effet, un prédicateur distingué, et un des plus célèbres de son époque. Son style était correct, sa période très soignée, ce qui rendant ses discours un peu froids à lire, comme le sont, dailleurs tous les sermons des prédicateurs appartenant à la fin du XVIIIe siècle, ou au commencement du XIXe siècle. Mais tous ceux qui lont entendu prêchant ses retraites pastorales, ou ses sermons dans léglise de Monistrol, témoignent que son débit avait beaucoup délégance et de pompe ; que sa doctrine était solide, et que, vraiment, il méritait la réputation dexcellent orateur, quil a laissée après lui. Pour nous, cette réputation fut-elle moindre, nous ne laisserions pas de le tenir en grande estime, à cause des bons exemples quil donna et du bien immense quil fit dans notre paroisse durant la triste période de 93.]
H.F. 43
Un Vicaire Général du Saint-Flour dont le nom ne nous est pas connu, sa lettre nous étant parvenue incomplète, écrivait le 29 novembre 1805 à M. Dumas, curé de Langeac : « Il ne nous sera pas facile, Monsieur, de vous procurer un missionnaire. Je ne vois personne que nous puissions vous offrir. Le Père Hubert qui prêche le Carême à Clermont, ne consentira pas probablement à donner une retraite dans votre église immédiatement après Pâques ; il aura besoin de repos ».
LOrdo du diocèse de Saint-Flour (ce diocèse engloba, à partir du Concordat jusquen 1823, les deux départements du Cantal et de la Haute-Loire) mentionne le P. Hubert Vacher parmi les vingt-et-un chanoines honoraires que comptait alors le diocèse.
Il nest que chanoine honoraire, sans prébende par conséquent. Vers la fin de sa vie, il connut la gêne. Ses protecteurs intervinrent en sa faveur. M. Chevalier le More, député de la Haute-Loire, demanda un secours pour cet « ancien capucin, grand prédicateur, vieillard respectable, retiré à Monistrol, sans autre ressource que sa modique pension devenue insuffisante ».
Le 6 juillet 1823, on lui accorda cent francs (Archive N.F19.1133K)
En 1824, il obtint un semblable secours : il avait alors à sa charge deux de ses neveux qui se destinaient à létat ecclésiastique. Ibid F19.1136
Sous la Restauration, il fut décoré de lOrdre du Lys. Il mourut en 1826, laissant un bon souvenir (ordo du Diocèse du Puy de 1827 Nécrologue de 1826) J.B.
***
Toujours est-il quun nouveau supérieur paraît dès le 3 novembre 1809, dans la personne de M. labbé Déléage, comme latteste une délibération du Conseil municipal de Monistrol. Cette délibération raconte que M. labbé Déléage sétait consacré, pendant plusieurs années déjà, avant 1809, et à Monistrol même, à la carrière de lenseignement où il avait mérité lestime et la confiance de tous ses concitoyens ; que ceux-ci, dûment représentés par le Conseil municipal, lavaient bien, un peu avant le 3 novembre, demandé pour supérieur de leur collège, mais que le grand Maître de lUniversité navait pas encore répondu à leur demande ; que, nonobstant le retard de cette réponse, et espérant que leur vote serait ratifié, ils le nommaient quand même, et à lunanimité, aux conditions suivantes : on mit à sa disposition les bâtiments et léglise des religieuses Ursulines, dont la Commune le chargeait de payer le loyer. On lui laissa lusage des meubles comme bancs, tables, lits et autres effets dont la maison était déjà pourvue. On lui donna une indemnité de 200 F., mais pour une fois seulement. Tous les bénéfices qui seraient faits sur les mois décole, sur la nourriture des pensionnaires et des caméristes, devaient appartenir audit supérieur, ainsi que le prix des mois de lécole française réunie à lécole secondaire, sauf à lui de nourrir linstituteur, et à payer à ses frais, le nombre de régents requis pour lécole secondaire. Et il serait obligé de se conformer, pour lenseignement, aux règlements impériaux et universitaires. Par un vote du 15 mai 1810, la Municipalité approuva la location de 500 F. pour son collège, savoir : 200 F. destinés à M. labbé Déléage, et 300 F. devant servir à payer le loyer des bâtiments, lesquels 300 F., comme nous lavons dit plus haut, sen allaient toujours de la caisse municipale à celle de lhospice. H.F. 18-19
[ DELEAGE Jérome (1770-1846)
né en 1770 à Monistrol-sur-Loire dAntoine et dAnne Roure
dans lEtat de prêtres du canton de Saint-Didier-la-Seauve fourni en 1802 ou 1803 par M. Jean Baptiste de Rachat, on lit : « 2e vicaire André Jérôme Déléage, né le 30 septembre 1770. Point de pension que celle de vicaire très mal payé ainsi que pour le logement, 400 F. »
employé à Monistrol à lenseignement, plusieurs années avant 1809.
remplaça le P. André Hubert Vachier, ex-capucin
devenu supérieur en 1809 de la première Institution secondaire fondée en 1804.
le 20 octobre 1843, « M. labbé Déléage, ancien curé de Montusclat » fournit à M. Péala, qui inscrit sur le dos du cahier « Renseignements fournis par M. Déléage, prêtre retiré à Monsitrol-sur-Loire, un Mémoire sur la Révolution ». Ce document de 31 pages na pas grande valeur : pas ou peu de dates précises, beaucoup dinexactitudes ou de confusions, des interversions dans lordre chronologique réel, etc, etc
que jai emprunté au Manuscrit Sauzet.
En 1846 (ordo. 1847) meurt Déléage, prêtre retiré à Monistrol, 76 ans
Son petit neveu, M. labbé Henri Déléage possède dautres renseignements sur lui.
A rappocher du précédent, son frère jumeau Jean-Antoine, aussi prêtre qui mourut desservant de Valprivas en 1839 à 69 ans]. J.V.
Note 21 bis : Lors de la réunion des anciens élèves du Séminaire en 1890, M. le chanoine DELEAG, premier président de lassociation rappelait avec une légitime fierté que son oncle « put étendre, grâce à ses ressources personnelles, luvre du curé LABRUYERE, et reçut en récompense de ses mérites les distinctions académiques ».
Notre Maison. Février 1949 N° 6 p. 13-14 (chanoine Doutre)
Note : [Le prêtre, dont il est question ici, sappelait Gérôme Déléage. Il était loncle de feu M. le chanoine Déléage, (Henri), mort au Puy en 1896 et du P. Déléage (Denis Jean Alphonse), mort à Pondichéry en 1866 ; - le grandoncle de MM. les abbés Henri et Alphonse Déléage. Il était, surtout, le propre frère jumeau de Jean-Antoine Déléage, fils dAntoine et de Anne Roure, de Monistrol, qui, du 6 avril au 15 avril 1800, reçut la tonsure et tous les autres ordres des mains de Mgr dAviau, archevêque de Vienne, in loco secessus nostri
, qui fut envoyé aussitôt par M. de Rachat à Sauvessanges pour y faire accomplir les Pâques et où, comme vicaire, il est encore en 1802 ; qui fut plus tard curé de Montusclat, puis curé de Valprivas. Est-ce Jean-Antoine ou Gérôme qui meurt à Monistrol en 1846, prêtre retiré, à 76 ans ?
M. labbé Henri Déléage ma écrit, le 30 juillet 1912, une lettre où, en réponse à mes communications concernant son grand-oncle Jean-Antoine, il dit à propos de Jérôme : « Il (Jean-Antoine) était le frère de M. Gérôme Déléage, premier directeur principal du collège de Monistrol, immédiatement avant que la maison qui devint, sous sa direction un établissement reconnu par lUniversité, fut attitrée comme petit séminaire. Cest à ce dernier quappartenait la maison dépendante du petit séminaire, située sur la place du Marché. Je possède toutes ses lettres dordination et son diplôme dofficier dacadémie de lépoque
Je vous dirai en passant que les deux abbés Déléage de la génération qui nous concerne étaient deux frères jumeaux. »
H.F. 19
C.f. sur ces deux frères mon Cahier des Ordinations de lexil (avec la lettre de M. Déléage), mon cahier des dispositions de.)] J.V.
La Commune donnait encore, au moins en 1809 et avant larrangement passé avec M. Déléage, un traitement à quelques-uns des professeurs. Ainsi nous avons trouvé dans le budget de ses dépenses pour lannée 1809, 235 F. alloués à M labbé Rousset, professeur au collège de Monistrol, et 280 F à M. labbé Manaut.
[Manaut
ce doit être lui qui figure comme curé de la Chapelle dAurec dans les Ordos de 1825-1827 (on écrit Manaud)
en 1827, devient curé de Bas
chanoine honoraire en 1842
meurt curé de Bas en 1843 à 59 ans.
Cet abbé Manaut était-il un parent de M. Basile Manaud qui fut lhomme daffaire de Mgr de Galard et qui passa la Révolution à Monistrol (M. Péala, Conférence
p 21 note 17) ? Dans Porte, cétait son fils, il fut ensuite curé de Bas, dit-on, au même passage.] J.V.
Notes sur P. labbé Rousset
[Ce M. labbé Rousset, professeur au collège de Monistrol en 1809, serait-il le Pousset maître de conférences que les « Dispositions du diocèse » signalent parmi le clergé fidèle et approuvé de St-Paulien, au moins en 1797 ?
Je dis « au moins en 1797 », car :
En 1795, on nindique à St-Paulien que « Rousset, prêtre ancien » ; et ce devait être lancien chanoine de cette vile, Jean-Pierre Rousset, reclus au Puy, de fin 1792 au début de 1795, et que, le 3 mars 1800, on dit être déjà décédé ;
En 1797, on signale trois Rousset : le maître de conférences, le prêtre ancien et, en surcharge, « Rousset déporté ». Ces derniers mots, placés e dessus des indications concernant les deux premiers Rousset, indiquent-ils un troisième homonyme ou sont-ils seulement une explication déterminative ? En ce dernier cas, ils prouveraient que le maître de conférences était le capucin déporté en 1794 (cf. plus loin). Ce qui peut faire hésiter et suggérer la pensée dun troisième personnage, cest que le P. Rousset capucin, détenu en dernier lieu à Brouage, dut être des derniers libérés en fin 1796, dit Manseau, T.1, et la « Disposition » 2e est du commencement de 1797. M. de Rachat connaissait-il alors le retour du déporté ?
En 1799, on signale seulement « Rousset capucin ;
En 1802, de même. De fait, le 21 mars 1794, furent déportés du Puy à Bordeaux, puis à lembouchure de la Charente, sur les vaisseaux, ensuite à Rochefort, Saintes, Brouage, parmi les 53 prêtres ou religieux que lon choisit entre tous les reclus de la maison de St-Maurice :
1)- Rousset Jean-Antoine, capucin, né à St-Paulien, 56 ans ;
2)- Rousset Jean-Baptiste, frère laïc capucin, né à St-Paulien, 51 ans ;
Peut-on identifier sûrement le capucin déporté en 1794 avec le maître de conférences de 1797, avec le professeur de Monistrol en 1809 ?
Ou bien, ce M. Rousset était (il dailleurs ? Aurait-il eu quelque lien de parenté avec le Jean Rousset de Monistrol qui, le 2 novembre 1821, prend en location une partie du château ? (cf. plus loin p. 58 du manuscrit 1° a)
Ou bien serait-ce le « Rousset, chanoine de Monistrol » signalé par labbé Laurent dans ses deux Almanachs 1787et 1788 et signalé aussi, avec le prénom de « François Rousset, appréhendé » dans létat du clergé du diocèse du Puy en 1790 1
?
NON ! Le Rousset professeur à Monsitrol en 1809, était le fameux et triste sire Jean-François Rousset, ancien vicaire légitime, puis jureur dEstivareilles (Loire) ancien diocèse du Puy. (Cf, mon Cahier des prêtres jureurs, et « Mémoire sur Monistrol de labbé Jérôme Déléage. »]
J.V.
Il serait à souhaiter quon fût connaître les supérieurs, directeurs et professeurs qui gouvernèrent cet établissement de 1804 à 1821.
Mais nous navons pu encore, découvrir les noms que des trois dont nous avons parlé. Espérons que de nouveaux documents permettront den faire une nomenclature plus longue et plus détaillée. (*Directeurs et professeurs de lancien collège
)
(Et n. Fraisse à laissé un blanc 6 lignes au bas de sa page)
H.F. 19
[Un quatrième directeur nous est connu : M. Fayolle de Labruyère Jean-Pierre François Victor.
Né le 9 octobre 1789 à Montfaucon
Il est signalé dans la « Vie de M. Coindre », page 95, comme dirigeant avec peu de succès lInstitution, lorsque M. Coindre vit à Monistrol en 1822.
Il aurait, daprès le diplôme, exercé des fonctions dans lenseignement antérieurement au 1er janvier 1815 et notamment comme chef dInstitution au Puy.
Et le diplôme de Bâchelier es-lettres que lacadémie de Clermont lui accorde le 31 août et 29 septembre 1818, que jai donné moi-même en 1912 à M. le chanoine Cottier, Supérieur dYssingeaux, concerne ce Victor de Labruyère.
Serait-ce le « Labruyère » qui figure comme curé de la Chapelle dAnrec dans les Ordos 1839, 1840 et 1841 et qui dut être remplacé par Gatty ?
En 1855 (Nécrolog. Ordo 1856) meurt « De Labruyère », anc. Desservant, retiré à Monistrol, 66 ans Est-ce lui ? Oui, sans doute]
J.V.
Note 24 bis : Ajoutons aussi les noms de quelques professeurs connus :
Benoît Jean-Victor il était déjà à Monistrol en 1822 et se trouv professeur de la classe de troième au collège de Jean-Pierre Fayolle de Labruyère.
Il deviendra Missionnaire du Sacré-Cur de Jésus de 1824 à 1828, sans jamais cesser de rester e même temps professeur au Collège-Séminaire.
Léonard : - il est Préfet de discipline du Collège de M. de LaBruyère
- il devient économe conjointement avec M. Couvert en 1826 au Petit séminaire
Pandreau (d) : - cest un ancien professeur du Collège que M. de LaBruyère dirigeait avec
peu de succès.
- il est chargé des humanités avec M. Romain Montagnac]
R.n.b. 76-79-80
On voit que la Municipalité de Monistrol, stimulée par le zèle de son pasteur, simposait assez généreusement des sacrifices, pour entretenir et faire progresser, de plus en pljs , on collège. Et cette bonne volonté et ces sacrifices continuèrent, après 1810, jusquen 1821, où nous verrons linstruction sorganiser sous une autre forme, et avec un autre corps enseignant. Le 9 juin 1818, la Municipalité invitait le maire d la Commune, à prendre tous les moyens qui seraient en son pouvoir, afin détablir à Monistrol les Frères des Ecoles chrétiennes, et dencourager les efforts de MM. les ecclésiastiques chartés de la direction du collège. Le 20 février et le 28 mai 1820, on alloua 600 F. à prendre dans la caisse municipale, pour venir en aide au secours de la maison dinstruction, cest-à-dire le Collège, qui était toujours croyons-nous, même à cette époque, dans les bâtiments des Ursulines. On navait, dabord, payé aux directeurs du collège que 200 F., au lieu des 600 alloués, pour cause de pénurie de la part de la Commune. Mais ensuite, au moyen de ce quon appellerait aujourdhui un virement, et grâce au bon vouloir du curé et de ses fabriciens, on paya les autres 400 F., en les prenant sur une somme que la Commune devait encore pour les réparations de léglise paroissiale.
Une pareille concession de la part du curé, montre bien, sans doute, quil y avait accord et bonne entente, entre lui et les directeurs du collège. Cependant, cest le 15 février 1820 que M. LaBruyère avait fait son testament ; et, dans ce testament, il appelait, pour prendre possession du couvent des Capucins, les Missionnaires de France, dont M. labbé Rauzan était le supérieur ; et, dans ce même testament, il ne parlait ne parlait pas de son collège, pour la fondation et la prospérité duquel, nous lavons vu faire tant de démarches et tant de sacrifices. Croyait-il que ce collège se soutiendrait désormais par ses seules ressources ? Ou bien le regardait-il comme ayant peu davenir ? Ou bien encore, prévoyait-il que bientôt, par suite des dispositions prises avec M. labbé Rauzan, un nouveau cops enseignant viendrait remplacer, en mieux, celui qui avait fonctionné depuis dix-huit ans ; occuperait un autre local dans la ville, et laisserait libre lancien monastère où les Ursulines étaient sur le point de revenir ? Nous lignorons.
Nous ignorons aussi de quelle manière se fit la réunion du collège ancien, avec celui que vinrent fonder à Monistrol, en 1822, MM. Coindre et Montagnac. Comme recteurs décoles, ils héritèrent de la clientèle de M. labbé Déléage. Mais il reste à expliquer auparavant comme, en leur qualité de missionnaires, ils succédèrent aux RR.PP. Capucins. H.F. 19-20
CHAPITRE II
ANCIEN COUVENT DES R.R.P.P. CAPUCINS A MONISTROL DEPUIS SA FONCATION EN 1625 JUSQU'A LANNEE 1822
Des origines à la Révolution
La fondation
Le couvent des Capucins de Monsitrol-sur-Loire doit son existence au zèle dun évêque du Puy, Just de Serres, et à la générosité de noble Guillaume de Chabanes (I).
Note : (I) Sur Just de Serres ( 28 août 1641), voir Ch[arles] R[OCHER], Une visite pastorale aux dix-septième siècle, in Tablettes historiques du Velay II (1872) 40, 74, 144, 169, 250, 281, 329 ; - III (1873) 46, 55. Ces articles envisagent toute lactivité pastorale de Just de Serres.
[Sur Guillaume de Chabanes ( après le 12 août 1627) et sa famille, voir Abbé THEILLIERE, La famille de Chabanes et la fondation des Capucins à Monistrol-sur-Loire, ibid., II (1872) 181-188 ; 233-224 ; 243-246. Ces trois courts articles donnent respectivement quelques notes généalogiques sur cette famille, lacte de fondation en français moderne et quelques indications sommaires sur la fondation. J.B.
Guillaume de Chabannes,
Le premier et principal fondateur de la maison des RR.PP. Capucins de Monistrol, mort quelques jours après le 12 du mois daoût 1627, était fils dhonorable Marcellin Faure de Chabannes, notaire à Monistrol, et de Delle Cathérine Béget. Il eut pour frère, entrautre, Mathieu de Chabannes qui commença à ennoblir sa famille par son mariage contracté le 2 mai 1568, avec Delle Marguerite Faure, issue dune maison qui possédait la seigneurie de Montregard et Marnas ; et dont les fils Etienne et Charles de Chabannes prirent et gardèrent parmi les gentilshommes de notre pays, le titre de Nobles qui ne leur fut jamais contesté.
Le premier avait épousé, le 15 août 1600, Delle Marguerite Royraud, de la famille des Royaud barons de Villard, et neut quun enfant qui mourut fort jeune.
Le second, Charles de Chabannes, prit successivement quatre femmes, qui ne lui donnèrent quune fille, Colombe de Chabannes, mariée à notre François LeBlanc, seigneur de Montabonnet et de Montcendreau ; et un fils, Melchior de Chabannes, le futur et pieux et illustre doyen du Chapitre de Notre-Dame du Puy.
Les armes des Chabannes, que lon retrouve gravées sur plusieurs pierres à Monistrol, étaient dor à larbre de sinople. Guillaume avait modifié un peu les siennes. Elles voyaient encore sur la margelle du puits de la cure actuelle de Monistrol, maison qui fut sa demeure et quil avait fait construire lui-même en 1574. Ces armes étaient dor à larbre de sinople surmonté dun croissant dargent, et du tronc duquel se détachait un bras dextre tenant un sabre dargent.
Note (1): (Sur le manteau dune vieille cheminée de la cure, on lisait cette devise, qui est de lui :
VT. CVM. IGNE.
SIC. CVM. PRINCIPE. DC.) ] H.F. 21-22
Note : (2) [ Fasnelle (Fabre) de Chabannes de Monsitrol doù est issu le fondateur du Monastère des Capucins de Monistrol (cf. la généalogie donnée par le Manoir des Granges
pp 99 et 100. Elle diffère assez du texte de M. Fraisse)
Sur la famille de Chabannes (c.f. abbé Théillière.)
« La famille de Chabannes et la fondation du Monastère des Capucins à Monistrol / Loire » - Tabl. Hist. Du Velay II (1872) : 181-188 ; 223-224 ; 243-246.]
Ce Guillaume, lui aussi, ne contribua pas peu à jeter de léclat sus sa famille, par la renommée assez illustre que lui procurèrent et sa fermeté à défendre les principes religieux, et les hautes charges quil occupa dans le métier des armes, pendant les guerres de la Ligue. Par une lettre datée d u camp devant St-Didier, le 23 août 1591, Charles de Savoie, Duc de Nemours, lappelait « son ami et féal Guillaume de Chabannes de Monistrol, mestre de camp dun régiment de gens de pied ; et il le chargeait de la garde et conservation du château et de la place-forte de Montregard (lequel, dailleurs, appartenait, en partie du moins, à son frère Mathieu), pour iceluy garder et conserver sous son autorité, dans le parti de la Sainte Union. »
Et, de fait, nous lisons dans un documents que Guillaume fit aussitôt transporter à Montregard, tout un matériel de défense, comme pétards, poudre, balles, moulins à bras, grenades, rondaches, cuirasses, hallebardes, mousquets, arquebuses, et quil sacquitta, en cette circonstance et en plusieurs autres, des commissions quon lui confia, avec tant de zèle, quil parvint, bientôt, au grade de commissaire ordinaire de lartillerie de France.
Mais ils paraît, comme le dira Guillaume lui-même, dans un acte public dont nous parlerons tout à lheure, que, pour arriver à cette gloire et à cette illustration, il eut bien des dangers à courir, au milieu des rencontres et des batailles livrées autour des petites places fortes de notre pays, quil fallait, presque continuellement, pourvoir de nouvelles munitions, parce que, continuellement prises et reprises, elles changeaient de maître et passaient de lun à lautre parti. Les armes dont on se servait alors nétaient pas, si lon veut, aussi savantes et aussi perfectionnées que celles dont on se sert aujourdhui. Mais elles nétaient pas moins meurtrières ; et il ny avait pas moins de péril à affronter, de sa personne et au fort de la mêlées, les rondaches, hallebardes, mousquets, fourches et autres bâtons ferrés, que brandissaient, sans ménagement aucun, nos robustes montagnards.
On peut voir dans les Tablettes d u Velay (T. 11, p. 8), ce qui se passa, le 21 octobre 1591, au château de Montregard que Guillaume avait dû fortifier, par ordre du Duc de Nemours, et où il avait envoyé dix arquebusiers, entrautres le Capitaine DAllier et Pierre Courage, tous les deux d Monistrol, Marcellin Carretier dit LaVerdure, de Bas, et un nommé Lafaye.
« Nous sommes bien aises, disaient les assaillarts, que, par hazard, le Sr de Chabannes ne se soit point trouvé dans le château ; car sil sy fût trouvé, par la mort-Dieu, nous laurions tué, ne plus ne moins, et là eut été son cymetière. » Doù lon voit que les bandes royalistes de cette époque, avaient, contre le Sr de Chabane, une haine mortelle et irréconciliable ; et quelles ne lui pardonnaient pas darrêter leurs efforts, et de tenir ferme, dans notre pays, le Seigneur de Paulin. Nous allons citer une autre rencontre dans laquelle Guillaume courut grand danger de perdre la vie. Et, peut-être est-ce à cette circonstance quil fera tout à lheure allusion, quand nous lentendrons remercier Dieu de lavoir si souvent protégé.
« Le vendredi, 19 mai1595, il allait de compagnie, avec les Sieurs de Baunyac et de Cabonoles, qui se rendaient auprès de Mgr de Chevrière : Et, passant leur chemin, ainsi que plusieurs autres qui les accompagnaient. Quand ils furent contre la ville de Beauzac, vis-à-vis dicelle, proches dune mousquetade ou environ, ils furent attaqués par plusieurs soldats ou paysans au nombre de plus de 200, portant des mousquets, fourches de fer, arquebuses, hallebardes et autres bâtons. Ceux de la troupe qui étaient à cheval se dépêchèrent de vitesse, et rebroussèrent chemin doù ils étaient venus : en sorte que le capitaine de Chabannes demeura seul au milieu des Croquants, lesquels le conduisirent à Beauzac, où le Seigneur dudit Beauzac le protégea et le garda pendant quelques jours ».
Nous remarquerons que cette rencontre eut lieu un vendredi, jour où lEglise honore le souvenir de la Passion du Sauveur ; et, peut-être est-ce à cette occasion, et pour témoigner à Dieu sa reconnaissance, quil fit sculpter et placer dans le vestibule de sa maison de Monistrol, trois grandes statues en pierre, représentant N. S. Jésus-Christ en prière au Jardin des Olives, avec deux de ses apôtres. Ces trois statues sont encore dans le jardin de la cure actuelle de Monistrol. J.B.
Note : [(1) un épisode de sa vie militaire a été raconté par labbé H . Fraisse : Un épisode des guerres de la ligue à Montregard, 1591, in Tabl. Hist. Du Velay, II (1872) 5-12. Malheureusement lauteur ne désigne pas le document quil a utilisé. On ne sait même pas où commencent et finissent les citations textuelles.]
On voyait, aussi sur la façade de ladite cure, une frise composée de pierre sculptées, représentant ou des armoiries, ou dautres signes. Malheureusement, toutes ces pierres sont frustes aujourdhui, et leurs signes méconnaissables et illisibles.
Notes : [(2) La maison quil fit construire en 1574, maison qui, plus tard, devint la cure de Monistrol a été détruite depuis peu.] J.B.
Motifs de cette fondation
Du moins, ce fut bien pour remercier Dieu de tant de périls évités, et de beaucoup dautres grâces obtenues que notre commissaire ordinaire de lartillerie de France, fonda à Monistrol, ce quil appelait une mission de RR.PP. Capucins, destinée à procurer, dans cette paroisse et dans les lieux avoisinants, le bien spirituel des âmes. H.F. 22-24
[Juste de Serre avait succédé sur le siège épiscopal du Puy-en Velay à son oncle Jacques de Serres, mort le 28 janvier 1621. Ses vingt années dépiscopat (1621-1641) furent une bénédiction pour le diocèse. Réglements particuliers ou généraux, édition de livres liturgiques, visite personnelle des paroisses donnèrent des résultats heureux et durables. Le souvenir de lune de ces visites canoniques nous a été conservé par un registre manuscrit in-folio de 407 pages, tables non comprises, intitulé Actes de la visite gneneralle du dioces du Puy, faicte lannées mil six ens vingt six par nous Just de Serres, evesque de Velay suffragan special de lesglize de Rome (2).
Note : Archives Départementales de la Loire, Fonds Chaleyer, ms. 613. Ces Actes, les deux études mentionnées dans la note précédente, les minutes des notaires de Monistrol seront nos principales sources pour lhistoire du début du couvent.
Cest cette visite qui est à lorigine de linstallation des Capucins à Monistrol-sur-Loire. Par ses Actes officiels, nous savons que lévêque Just décida de commencer sa visite du diocèse par lArchiprêtré de Monistrol. Le 9 juillet 1626, il fit distribuer des instructions imprimées à tous les chapitres, curés, bénéficiers et prêtres du diocèse. La visite de Monistrol dura du 29 septembre au 5 octobre 1626. Du 6 au 30 octobre, eut lieu celle de diverses paroisses de lArchiprêtré. Le 30, il achevait la visite des Cisterciennes de Bellecombe : « Ce mesme jour, nous estans recommandés aux devotes prieres des religieuses dudict monastere, nous [noud] sommes retirés pour aller, avec un peu de repos, passer les festes de la Toussainctz en nostre ville e chasteau de Monistrol et donner quelque relasche a nos occupations » (p. 319).
Just de Serres y demeura jusquau 18 novembre, ne sétant absenté, semble-t-il, que pendant la journée du 11, pour visiter La Chapelle dAurec. Ces jours de repos ne furent pas des jours perdus. Les Actes racontent les négociations qui eurent lieu pendant ce mois de novembre 1626 et aboutirent à la fondation du couvent des Capucins (p. 375-381). Cet épisode est placé, dans le manuscrit original, après de récit des autres visites canoniques qui ne finirent que le 23 décembre. Il a pour tire : « Année mil six cens vingt sept. mission des Reverands Peres Cappucins en la Ville de Monistrol ».
Il comprend une partie historique (p. 375 et 376) et une partie documentaire (p. 376 à 381). Nous reproduisons la partie historique en nous permettant de linterrompre pour la compléter et y insérer, à leur date chronologique, les documents les plus intéressants.
« Nous Just de Serres, Evesque du Puy, Comte de Vellay et suffragan special de lEglise de Rome, ayant recogneu par la visite quavons faicte en diverses paroisses de nostre diocese dans larchiprestré de Monistrol lautomne dernier de lannée mil six cens vingt six, le desplorable desgast que lheuresie, le vice et lignorance avoit cy devant faict en divers endroictz de nostre dict dioces, desirant avec affection et charité paternelle pourvoir a ces deffaultz et restablir non seulement la discipline ecclesiastique, mais encor de procurer le salut et ladvencement spirituel des ames qui sont soubz nostre conduicte et spirituelle juridiction, après aoir maintefois invoqué les divines assistances pour nous en suggérer les dessains et donner les pouvoirs.
« Avons jugé que lun des plus utiles et slutaires moyens pour clultiver nostre dioces et en annir lheresie et lignorance, estroit lestablissement des Missionnaires zelés a la gloire de Dieu et au bien des ames, qui semployassent par leur bons exemples, predications, doctrines, catechismes, confessions, administration des sacremens et autres fonctions a leffet que dessus et par ainsin Nous sommes resolus establir diverses missions en nostre dict diocese pour le bien dicelluy, mesmement dans larchipretré de Monistrol, partie duquel nous avons visité.
A ces fins, conferant dans le mois de novembre de lannée dernière mil six cens vingt six avec les offficiers de nostre visite et habitans de nostre ville de onistrol ou pour lhors nous estions residans et leur communiquant le dessein que desjà nous avons faict destablir une maison des RR.PP. Capucins en nostre dicte ville de Monistrol, se presenta par devant nous noble Guillhaume de Chabanes, escuyer, commis de lartillerie de France et habitant de nostre dicte ville de Monistrol, lequel informé de nos affectueux et salutaires dessains, contribuant a nostre intention, soffrit de leguer et donner la somme de huict cens livres pour estre employée a lachept dung fondz et a la batisse dune maison commode pour loger les RR.PP. Capucins missionnaires ainsin quil appert par la fondation et legat qui en fit le douziesme novembre mil six cens vingt six, la teneur de laquelle avons faict inserer dans nostre dict cayer, et cotter lextrait dicelle en nostre liasse : lettre Q.Q.Q.Q. Et par-dessus ladicte fondation de huict cens livres tournois nous fit esperer autre legat en son dernier testament a leffect que dessus. »
Just de Serres assigne trois causes aux maux dont souffre son diocèse : lhérésie, le vice et lignorance.
Larchiprêtré de Monistrol qui comprenait alors les paroisses de Tence, du Chambon et de Saint-Voy était la partie du diocèse la plus contaminée par lhérésie. Le protestantisme avait essayé dy pénétrer surtout par le Vivarais. Aujourdhui encore, cest dans les paroisses limitrophes de lArdèche que lon trouve des foyers actifs, quoique en décroissance, de la Réforme. Monistrol en avait beaucoup souffert. Le Baron des Adrets, de sinistre mémoire, avait en 1562, terrorisé la région. La ville de Monistrol avait vu son église pillée, ses reliques profanées, sa grosse tour dénudée. En 1570, larmée des Princes se jetait à limproviste sur un des faubourgs de la ville, le saccageait, mettant le feu à lhôpital. La peur, linsécurité favorisaient le relâchement de la discipline ecclésiastique, tandis que la perspective dune religion plus accommodante, parfois davantages matériels appréciables, sollicitaient ladhésion aux doctrines nouvelles. Bref, Monistrol avait eu des apostats. Bien plus nombreuses les âmes qui versaient dans un scepticisme à peine avoué.
La discipline ecclésiastique laissait aussi fort à désirer. Les ordonnances imposées par lévêque au chapitre de Monistrol le donnent à entendre : ses membres « ne hanteront lieux suspects ny berlants et nentreront aux cabarets pour y boire et manger
soubz peyne dexcommunication que nous declairons encourue ipso facto
Personne des ecclesiastiques ne se promenera dans la place avec le suplis, ny pendant loffice divin au
Manifestement toutes ces maisons ne réalisaient pas lidéal de « religions bien réformées » comme on disait alors, mais plusieurs étaient tenues en haute estime par Just de Serres, celle des PP. Jésuites principalement (2).
Note : (2) A.B.C.D. Just de Serres et les Ordre religieux, in Semaine Religieuse du Diocèse du Puy, XVIII (1897-1898) 158-160.
Il préféra, pour lévangélisation des campagnes, recourir aux bons offices des PP. Capucins. Ils avaient déjà fait leurs preuves dans ce genre de ministère. Au cours de sa visite, çil avait rencontré maintes confréries du T.S. Rosaire érigées sous lépiscopat de son prédécesseur par le P. Théodose de Bergame, de sainte mémoire. Et puis, il considérait que leur vie mortifiée serait par elle-même une mission « générale et perspétuelle » sadressant aux clercs aussi bien quaux laïques.
Ayant exposé son projet à ses officiers et aux notables d Monistrol, il eut la bonne fortune de recevoir aussitôt le secours matériel dont il avait besoin. Guillaume de Chabanes offrait 800 livres pour la fondation projetée. J.B.
Note 33b,c,d : [ Au motif de la reconnaissance envers Dieu, se joignit encore un autre motif bien puissant pour engager le Sr de Chabannes à doter son pays dune si pieuse et si utile institution. Cest quil voulait y conserver, toujours pure et florissante, la foi catholique pour la défense de laquelle il avait combattu toute sa vie, et contre les protestants dabord, et, ensuite, contre les Royalistes eux-mêmes, qui se pressaient bien un peu trop de déposer les armes, avant la sincère conversion du roi de Navarre. Sans doute que la ville et paroisse de Monistrol, située loin des frontières du Vivarais et de lAuvergne, par où le protestantisme, à différentes reprises, avait voulu faire irruption dans notre diocèse, navait pas eu à souffrir beaucoup des ravages et des tristes suites de cette hérésie. Elle nétait pas, cependant, sans en avoir reçu quelques atteintes.
En 1562, le Baron des Adrets, ou un de ses lieutenants, avait pillé son église, profané ses reliques, et dénudé sa grosse tour.
En 1570, larmée des Princes avait surpris et saccagé un de ses faubourgs et incendié son hôpital. Plus dun habitant, au lieu de prendre en horreur ces sectaires, avait embrassé leurs commodes doctrines et donné lexemple de lapostasie ; entrautres, celui qui fut pris au siège de Tence, de compagnie avec les ministres prétendus réformés, conduit à Montfaucon, et là, arquebusé par ordre du Sr Vidal ; et le trop fameux Jean Chassagnon qui, sétait réfugié à Genève, et y avait publié plusieurs libres ouvertement hérétiques. Et, par suite de ces longues guerres, de ces scandales surtout, à Monistrol et dans les paroisses voisines, comme dans beaucoup dautres du diocèse, on avait vu se répandre, au milieu des populations, lignorance des doctrines religieuses, et la corruption des murs, et le mépris de lautorité qui, souvent, laccompagnent. Cest, croyons-nous, afin de guérir tout ce mal, ou, du moins, afin de poser une barrière à tous ces désordres, que Guillaume de Chabannes appela à Monistrol, un corps de missionnaires, dont la vie, pleine de mortification et de pénitence, fît contracte avec les habitudes presque toujours licencieuses des ministres de la Réforme ; et qui, par leurs prédications, ramenassent aux vérités de la foi, ceux que le mensonge avait séduits.
Aussi remarquons-nous que, dans sa donation et son testament, il revient, plusieurs fois, à bien expliquer et à bien préciser que telle était son intention. Et il ne veut pas quon loublie jamais, ni quon sen détourne ; sans quoi, ajoute-t-il, sa donation serait nulle. Et, encore, il supplie lévêque actuel, et tous les évêques futurs, et les consuls et autres officiers de la ville, den procurer et den assurer la fidèle exécution. Nous entendrons bientôt ses héritiers parler, sur ce point, comme le testateur ; et, très probablement, ce fut là le motif, pour lequel, même après la tourmente révolutionnaire de 93, quand on songea à relever luvre dont il avait été le premier fondateur, on voulut, toujours, remplacer les Capucins par des Missionnaires. ] H.F. 25-26
Nayant point eu denfants de son mariage avec demoiselle Colombe Colly, des environs de Firminy, et voulant remercier Dieu de lavoir gardé des dangers auxquels lavait exposé sa vie de soldat, il rédigea le 12 novembre 1626 lacte suivant :
Acte de fondation pour une Mission des RR.PP Cappucins en la ville de Monistrol.
Au nom de Dieu, la longue experience des bienfaictz de la bonté divine mobligeant a la recognoissance, et laage madvertissant que le terme est court, en desliberant de recognoistre les biens de Dieu par quelque offre de mes biens, jay pensé quil valloit mieux tesmoigner de mon vivant mes offres que les laisser a desclarer apres moy par mes heritiers. Et parce que nos biens ne peuvent estre appliqués plus adventageusement a la gloire de Dieu qua lentretenement des personnes destinées au bien spirituel des ames, je soubzsigné, plain de santé, grces a Dieu, aec entier usage de jugement et de liberté, sans prejudice de mes autres legatz ou donnations futures au cas quil sen trouve, legue et donne au public de la bille de Monistrol la somme de huict cens livres, la moytié paysables durant ma bie, lautre apres ma mort par mes heritiers, si ce nest que pandant ma vie je lacquitte, à condition que lesdicts huict cens livres soient employés a lachept dun fondz et a la bastisse dune maison commode a loger les RR.PP.Capucins qui seront priés daccepter ladicte maison pour y vacquer selon leur institut à linstruction spirituelle des ames
Que si toutefois lesdictz PP. reffusoient lacceptation susdicte, ou, layant faicte, vincent a la rompre et quitter ladicte maison pour quelque cause que ce soit, jentens et veux que ledict fondz de huict cens livres soit pareillement appliqué à lentretenement dautres personnes religieuses de quel ordre quils soyent qui y seront appelés a mesme fin, et par moy aggréés si Dieu pour lhors me conserve en vie, entandant jouir pour cest effect du nom et des droictz de premier fondateur, le tout a perpétuité de lun et de lautre, sans que mes heritiers se pussent jamais prevaloir de madicte donnation, ny quelle puisse estre detournée a autre fin qua entretenir personnes idoines et capables pour ayder les ames par ladministration des sacremens et de la parolle de Dieu.
Et affin que madicte volonté soit plus durable a la gloire de Dieu et au bien public, je supplie tres humblement Monseigneur lEvesque du Puy de present sceant et assistant et tous ses successeurs a ladvenir, ensemble Messieurs les officicers et consulz qui sont ou seront cy apres en ladicte ville de Monistrol de tenir la main à ce quelle soit executée de poinct en poinct comme je la viens de declarer, protestant autrement que ma donation est nulle, si ce nest aux conditions usdictes pour laquelle acquitter joblige des a presant tous et chacuns mes biens melbles et immeubles, presantz et advenir.
En témoignage de ce, me suis signé ce douziesme novembre mil six cens vingt six es presances de Mondict Seigneur le Reverendissime Messire Just de Serres Evesque du Puy, comte de Vellay et suffragan special de lEglise de Rome, abbé et baron de Montebourg, conseiller du Roy nostre sire ; de Messire Marcellin Beget, docteur en theologie, chanoine en leglise cathedralle Nostre Dame du Puy et archiprestre ducdict Monistrol ; de Maître Claude moret, chanoine du Chappitre dudict Monistrol ; de noble Charles de Chabanes, conseigneur de Montregard et de Marnas ; de Maître Antoine André, docteur en theologie, archiprestre de Sollignac, de nble Hector Beget, seigneur de Monteil, de Maître jean Verjac, ntaire royal, soubzsignés en loriginal doù le presant extraict a esté tiré et deüment collationné. Coolationné sur la cedde originelle par moy notaire recepvant : Vergac » (I)
Note (1) Actes de la Visite Générale
p. 377 Une copie de cet acte se trouve aux Arch. Dép. de la Haute-Loire, Série H.
Le même jour, la fondation était confirmée par Gauillaume de Chabannes et agrées par la ville de Monistrol par lacte suivant :
« Lan mil six cens vingt six et le douziesme jour du mois de novembre apres midy, regnant tres chrestien et souverain prince Louys treiziesme du nom, par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, par devant moy notaire et tabellion royal soubzigné et en presance des tesmoingtz soubz nommés, sest estably en peronne le susnommé noble Guillaume de Chabanes, escuyer, commis de lartillerie de France, habitant en la ville de Monistrol, lequel estant memoratif de lacte cy dessus contenu quil a volontairement passé pour les causes y mentionnées, de son gré et bonne volonté a promis et promet par ces presantes de tenir, garder et observer tout le contenu au susdit acte, et promis aussi de passer tel contract que besoing sera a leffet de ladicte fondation, ausquelz seront inserés les conditions particulieres soubz lesquelles il entend faire ladicte fondation, laquelle a esté a linstant acceptée au nom de la commnauté dudict Monistrol par Messieurs Marcellin Beget, bachelier en droictz, Sabastien Beghet, maître Claude Moulin et Marcellin Porte, bailly, lieutenant, procureur doffice et greffier de la ville de Monistrol, et de Monsieur Claude Girard et Guillaume Chassanhon, consulz de ladicte ville, lesquelles choses ledict sieur de Chabanes a primises soubz lobligation de ses biens meubles et immeubles, presants et advenir a toutes courtz royales et ordinaires de ce royaume, avec deue renonciation.
Faict et passé en la ville de Monistrol, maison dudict sieur Beget, bailly ; presannnntz sieur Claude Cairdon dict Paulhaguet, marchand, et arcellin Vergjac, dict lOrange, signés aec les susdictes parties, excepté ledict Chassanhon qui na sceu signer et moi notaire royal soubsigné sitpulant et recevant. » Vergac.
Le projet de fondation prenait corps. Restait à obtenir des missionnaires. Lévêque a consigné lui-même dans les Actes de la Visite la suite de ses négociation :
Ayant donc recogneu par le succes que Dieu benissoit nos dessains et aggregoit nos intentions, a mesmes temps nous escrivismees au R.P. Provincial desdictz Cappucins (2) pour nous envoyer des religieux missionnaires et le supplier daccepter nos bonnes volontés. Duquel receusmes responce le unziesme janvier de la presante année mil six cens vingt sept, par laquelle il offroit nous evoyer cinq ou six missionnaires de son ordre pour les establir en tel endroict de nostre dict diocez que nous jugerions plus convenable, ainsin quappert par sa lettre cottée en nostre liasse : lettre R.R.R.R., la teneur de lquelle avons faict inserer cy apres, ensemblement lacceptation que par la nostre nous fismes de ses bons offres et du dessein que nous avions destablir la dicte mission en nostre ville de Monistrol pour les raisons mentionnées en nostre lettre, la teneur de laquelle sera cy après inserée a lextrait ou coppie dicelle cottée en ostre liasse : lettre S.S.S.S.
Note : (2) Il faut donc rectifier sur un point la notice du P. Michel, monomental
: La ville de Monistrol « conventum capucinorum obtinuit per epistolas Romae ab ipso Episcopo ad id conscriptas ». (t. II, p.XX).
La lettre par laquelle Just de Serre demandait des missionnaires na pas ^été conservée par les Actes de la Visite, mais nous y trouvons lacceptation du T.R.P. Archange, Provincial des Capucins de Lyon et les remerciements de lEvêque du Puy :
Lettre du Révérend Père Provincial des Capucins à Monseigneur lEvesque du Puy.
Monseigneur.
Salut en Dieu ! Jay ici presentement assemblé les Peres Definiteurs de ceste nostre province ausquels jay represanté vos pies desirs pour la mission de vostre diocese en faveur des pouvres heretiques. Tous portés daffection singuliere a vostre service ont resolu aec moy que nous continuerons ce petit service par deux ou trois pédicateurs missionnelz qui, avec leurs compaignons, feront quatre ou six que nous offrons pour travailler par predications, catechismes, conferances et confessions en vostre dict diocese. Et feront leur residance ou jugerez plus convenable et plus commode pour y faire fruict et vivre selon nostre profession. Jattandray au plus tot vostre resolution du lieu ou ordonnaerez leur residence pour apres faire commencer a la gloire de Dieu. Le Pere Estienne qui preschera le Caresme a Craponne vous va faire la reverance de nostre part et offrir tout le service que tout nostre Province vous pourra rendre et moy particulierement qui ne cesse de prier Dieu que de plus en plus il vous prospere du comble de ses sainctes graces. Et vous baissant tres humblement les mains vous demeure ans fin vostre tres hmble et tres affectionné serviteur.
F. Arcange, provincial des Capucins de Lyon.
Ce onzieme janvier mil six cens vingt sept.
Réponse faite par Monseigneur le Révérendissime Evesque du Puy au R.P. Provincial des Capucins.
Mon Révérend Père,
Je tiens a beaucoup de faveur le soulagement que vous me faites esperer dans mon dioceze par lestablissement dun mission, laquelle je souhaite avec tant daffection. Jay jugé pour beaucoup de considerations quelle seroit mieux posée a Monistrol, le pays estant plus doux et pour sa temperateure plus favorable au soulagement de vos incommadités, entouré dun voisinage affamé dinstruction et grandement propre a disperser les predicateurs que vous envoyeres, mesmement aux lieux infaictz dheresie, qui ne sont pas beaucoup esloignés de ceste retraicte.
Tous les messieurs de ceste ville concourant a mon desir et concepvant les advantages quils recepvront de vostre saincte conversation joignent leurs tres humbles prieres et attendent vos peres au commencement de ce prochain caresme avec le predicateur que vous envoyerez pour enjeter les premiers fondemens. Cepandant on disposera le lieu. Si vous trouvez bon nous envoyer apres Pasques le R.P. estienne, je crois quil pourra donner advencement a ceste affaire mieux que tout autre, attendu le commun désir de ceste ville, et laffection quon a pour luy tres singuliere.
Et attandant ce bien, je prieray Dieu vous tenir en sa saincte et digne garde, et vous me croire vostre tres affectionné à vous servir. Just. E. du Puy, 1627.
Leffet accomaignant nos dessains et le succes favorisant nos intentions, continue la retlation authentique des Actes, arriverent en nostre ville de Monistrol aux mois de janvier et febvrier de la dicte année mil six cens vingt sept, de la part dudict R.P. Provinciel, trois RR.PP. Cappucins redicateurs, a savoir : le R. Pere Chrysostome de Vivaretz [sic ; lisez : Viverols], le R.P. Thadée du Puy, le R.P. Justin avec trois compagnons religieux pour commander ladcte Mission, et le R.P. Estienne de Sainct Gervays, quavons destiné pour predicateur a Crapone, qui de mesme y arriva, avec son compagnon, non toutesfois tres tous a mesme temps, comme venans de divers lieux. Et iceux ayant accueillis paternellement et affectueusementt receus en nostre chasteau de Monistrol, attandant davoir faict dresser leur logement aux faulbourgs de nostre dicte ville, employasmes lesdicts R.P. Chrysostome et Thadée, aux fonctions de ladicte Mission comme appert de nos commissions données audict R.P. Chrysostome le huictiesme febvrier mil sx cens vingt sept, et au R.P. Thadée le douziesme du mesme mois et an, la teneur desquelles avons faict inserer cy apres et cotter lextraict et coppie dicelles en nostre liasse, scavoir, celle du R.P. Chrysostome : lettre T.T.T.T., et celle du R.P. Thadée : lettre V.V.V.V., ensemblement la mission du R.P. Justin de Dijon lequel nous desinans pour predicateur de nostre dicte ville de Monistrol durant le caresme de ladicte année mil six cens vingt sept, la teneur de laquelle sera cy apres insérée et lextraict octté en nostre liasse : lettre X.X.X.X.
Et recognoissant par le commun appaudissement de nos habiiitans de Monistrol et de tout le voisinage combien sainctement ils goustoient et profitoient ceste mission, et lesperance quilz donnoient de la foumanter a ladvenir par leurs charitables bienfaictz, dons, legatz et liberatlites applicables au mastiment de ladicte maison servant pour les missionnaires, avons commandé a nostre scribe laisser dans nostre dict cayer quelques feuilles en blanc pour inserer audict blanc les legatz et autres qui pourroient estre faictz cy apres en faveur de ladicte mission. Et nous [avons] humblement remercié la divine bonté de nous avoir fourny si heureusement le moyen de soulager les ames de nostre dict diocese pour lestablissement de ladicte mission, attandant de procurer par autres voyes le bien et advencement spirituel des dictes ames. Et avons signé ce verbal. Just E. du Puy, Comte de Vellay
Ainsi sachève la relation officielle. Suivent les deux acte de fondation et de ratification que nous avons reproduits dans leur ordre chronologique, puis les trois « missions » ou délégations dont il vient dêtre parlé : celle du P. Chrysostome est datée de Monistrol, 8 février 1627 (I) ; celles du P. Thaddée et du P. Justin sont du 12 février. Leur teneur nest pas absolument identique : celle du p ; Justin ne parle pas des pouvoirs de confession libéralement accordés aux deux autres et restreint les pouvoirs de prédication au présent carême 1627. Au reste les formules de ces deux documents sont celles actuellement en usage : nous croyons donc inutile de les reproduire.
Note : (1) Une copie en est conservée aux Arch. Dép. de la Haute-Loire, Série H, Capucins.
Le scribe avait lordre de laisser quelques pages en blanc « pour inserer audict blanc les legatz et autres qui pourraient estre faictz cy apres en faveur de ladicte mission » La preuve qu »il a observé la consigne de son évêque, cest que, après plus de trois siècles, les pages 382 à 385 des Actes sont toujours en blanc. Il nen faudrait pas conclure quaucun legs ne fut accordé à la fondation naissante.
Guillaume de Chabanes avait donné à entendre quil ajouterait, si possible, à sa première donation. En fait, par un codicille daté du 12 août 1627 et reçu par messire Antoine Danhiet, notaire royal, il ajoutait 400 livres à ses premières libéralités, portant ainsi à 1200 livres leur somme totale (2).
Note : (2) Abbé Theillière, art. cité, p. 243, 245.
Guillaume mourut peu de jours après.
Ses héritiers sempressèrent de mettre son projet à exécution. Dès le 18 août 1627, sa veuve Louise Colly et noble Charles de Chabanes sont neveu, ce dernier tant en son no que comme légitime administrateur de la personne et des biens de Demoiselle Colombe de Chabanes, sa fille, cohéritière avec Dame Louise Colly dudit feu Guillaume, achetèrent pour le prix de 450 livres, de noble Balthazard de Cusson, Seigneur de la Villette, une petite maison couverte de tuiles sise place du Marché et un jardin contigu, le tout dune métanchée environ. J.B.
[ Cette propreiété avait pour limités, au levant, le jardin de M. Claude Barry, apothicaire, et de M. Claude Faure, notaire, et aussi, le Pré-Vescal ; au midi, le chemin qui allait de la ville au pont de Chauvoux ; au couchant, le communal du Marché ; et au Nord, le chemin conduisant du Marché, audit Pré-Vescal, et la maison des héritiers de feu Mathieu Bayon dit Malheur
] H.F. 27
Ayant, comme il convenait, minutieusement décrit les limites de la nouvelle fondation, lacte ajoute :
« Et dautant que par contrat du 12 novembre 1626, feu Guillaume de Chabanes, mû de devotion aait donné la somme de 800 livres, pour être employée a lachat dun fonds destiné a loger une mission de Capucins, qui a eté etablie depuis en la ville de Monistrol, par Monseigneur le Reverendissime Evêque du Puy, de lavis et consentement des principaux habitants et paroissiens dudit Monistrol, et que les fonds ci-devant [décrits] ont eté vus, visités et jugés propres et commodes par le R.P. Michel-Ange, Gardien du couvent du Puy, commissaire député par le R.P. Archange du Puy, Provincial de Lyon, doù ils dépendent, lequel P. Ange sest dpuis peu de jours acheminé en la presente ville à cet effe,t le tout ayant eté trouvé bon et agréé par ladite commnauté assemblée en corps : a ces causes, ledit noble Charles de Chabanes et ladite Demoiselle Louise Colly, coheritière fidéi-commissaire de Guillaume ont cedé lesdits maison et jardin en faveur dicelle mission, pour être lesdits Cappucins logés, etablis et bâtis, et en jouir eux et aussi leurs heritiers et successeurs, - a condition toutefois, conformément au contrat du 12 novembre, que si les Cappucins ou leurs successeurs venaient a quitter ladite mission et a se retirer dudit Monistrol pour se loger ailleurs, ladite place de jardin et de maison ci-devant données et autres qui pourront ci-après être acquis des sommes que le sieur de Chabanes a leguées a cet effet, lesdits heritiers et leurs successeurs pourront en disposer et de tout en faveur dune autre commauté pieuse, comme bon leur semblera. »
Après délibération, la propriété acquise par les héritiers de feu Guillaume de Chabanes fut acceptée au nom de la ville de Monistrol en faveur des Capucins, par le « notaire Henri Gaucher, les consuls Marcelin Boyer et Pierre Chaumat, assistés de Messire Marcelin Bejet, Sébastien Béjet, Claude molin, Marcellin Porte, et de lavis dune grande partie des principaux habitants de la dite ville et paroisse » Le sieur de Cusson, vendeur, se réservait, au cas où la maison serait démolie pour être rebâtie à neuf, la pierre placée sur la porte principale de cette maison, parce quelle portait ses armoiries, et deux paniers ou grilles de fenêtre probablement pour la même raison. Quittance fut donnée aux héritiers de feu Guillaume et les Capucins furent « saisis et investis » par noble Balthazard de Cusson.
Lacte reçu, Verjac, notaire, fut passé dans la maison consulaire de Monistrol le 18 août 1627.
Achat de diverses maisons pour le même objectif
La propriété acquise noffrait pas un emplacement assez vaste pour un couvent régulier. Deux semaines plus tard, les héritiers de feu Guillaume y ajoutèrent [avec largent qui restait entre leurs mains], une parcelle de terrain et une maison à tuiles qui limitaient le nouveau couvent au nord-est : ils achetèrent cette petite propriété à Jeanne Roure, veuve de Mathieu Bayon pour la somme de 130 livres, le 3 septembre 1627 (Acte reçu, Verjac, notaire).
Le 8 mai de lannée suivante, nouvelles acquisitions. Deux jardins appartenant respectivement à Claude Barry, apothicaire, et à Claude Faure, notaire, furent acquis par les héritiers de feu Guillaume pour la somme de 400 livres, cédés aux Capucins et reçus en leur nom par les consuls de la ville. « Il paraît que les deux vendeurs ne furent pas daussi facile composition que les précédents. Il y eut, de la part de la commune, menace de les exproprier pour cause dintérêt public. Cités devant le sénéchal du Puy, ils nattendirent pas la sentence et sexécutèrent amiablement avant quelle nintervint » (I).
Note : (1) Abbé Theillière, art. cit. p. 245 La Gallia Christiana (éd. 1873), t. II, col. 738, distinguee deux foundations: Sub Justo de Serres in urbe Monastrolii aedes Capucinorum eriguntur sub itutlo conventus; eorum quipped domus fundata fuerat sub titulo missionis pro quatuor Capucinis tantum anno 1628. Ceete date est erronée. En outre, il nappert pas des Actes de la visite que le nombre des religieux ait été limité en droit au début de la fondation.
Les héritiers de feu Guillaume de Chabanes navaient pas épuisé le legs destiné à la fondation :
Note : (2) [270 F, surplus de la somme totale donnée, par le sieur de Chabannes]
Une note trouvée par labbé Theillière nous dit lemploi qui en fut fait : « laquelle somme de douze cent livres a despuis été effectivement payée et acquittée par les héritiers du dit sieur de Chabanes et emplyée à lachept des places où les frères Capucins qui ont établi la dite misson sont à présent bastis et placés au lieu appelé le Marché, en ladite ville de Monistrol, comme il appett des contrats dachept, et le surplus de la dite somme de douze cent livres a été employée en achept de livres en la ville de Lyon, pour commencer à meubler et garnir la bibliothèque desdits Pères ». (2). (abbé Théillière, dpc. Cit.)
Cest donc plus de la sixième partie du capital de fondation qui a été employée « pour commencer à meubler et garnir la bibliothèque ». On ne sera pas surpris quun siècle et demi plus tard, à la veille de la Révolution, labbée Laurent note dans son Almanach pour 1788, en parlant de Monistrol : « La bibliothèque [du couvent des Capucins] mérite dêtre vue ». J.B. 267-278
Si, à ces trois ou quatre précédentes acquisitions, on ajoute un jardin que messire Marcellin Béget, sindic procureur de la Fabrique des religieux, acheta, pour le même but, le 5 janvier 1633 de M. Marcellin Civier, chanoine de Monistrol, au prix de 112, on aura lentier emplacement ou logement primitif qui fut fourni aux Capucins, pour sy établir, ou pour y bâtir leur couvent. « Ce jardin clos de murailles en pizer et ayant un pigeonnier couvert à tuiles, est dit assis au fossé de la ville de Monistrol, près de la porte de cette ville appelée Porte de la Rue, laquelle rue avait déjà, depuis cinq ans, pris le nom de rue des Capucins. Son étendue était denviron une métanchée. Il confrontait, du matin, le jardin dhonorable Pierre Moret ; du midi, le fossé et la place qui se trouvait devant la susdite porte de la rue ; du couchant, le fonds et clos appartement aux PP., et déjà cédé à eux pour le même effet que le présent ; de bise, enfin, le Pré-Vescal. » Doù on voit que lespace acheté pour y construire le couvent des PP. Capucins, alla sagrandissant peu à peu, du nord au levant, depuis lendroit où sont aujourdhui léconomat et les cuisines, jusquà la place de lancienne église, laquelle fut bâtie, croyons-nous, sur lemplacement même du jardin de M. Marcellin Civier. Cet espace, dès le principe, emble avoir été bien étroit, puisquon a vu que le Pré-Vescal le bornait et le resserrait du côté du Nord, ainsi que le jardin de Pierre Moret au Levant. Tel quel, néanmoins, les Capucins purent sy établir dès la fin de lannée 1627 et la Providence se chargea de procurer, bientôt, et le succès de leur mission, et largent quil fallait pour bâtir à neuf leur église et leur monastère, et le bonheur de la vie religieuse, tel, du moins que saint François lentendait et le leur avait primis.] H.F. 28-29
De la peste de 1629 à la révolution
Les Capucins étaient depuis deux ans à peine dans les maisons que leur avait octroyées la libéralité de Guillaume de Chabanes, quand ils eurent loccasion de se dévouer au service des pestiférés à lexemple de leur Séraphique Père et de leurs confrères du Puy. La terrible épidémie rôdait dans les campagnes du Velay dès la fin du 1628. Elle sévit particulièrement à Monistrol à partir du mois de mai 1629, pour ne disparaître quen semptembre, au moment, semble-t-il, où elle sévissait le plus durement. J.B. 278-279
[ En ce qui regarde la paroisse de Monistrol, nous avons pu suivre, jour par jour, la lamentable histoire de cette épidémie, dans les minutes de Me Danhier, notaire alors ;] H.F. 30
[ Lalmanach de labbé Laurent pour 1787 dit à la page 136 « Mgr lEvêque est seigneur haut justicier de Monistrol. Le juge a le titre de baille. Cest M. Danet seigneur de Nantet. »
Lalmanach de 1788, page 125, sépare les 2 fonctions de juge et de baille ; et il porte : Baillé, M. Danhiet, seigneur de Nantet, juge, M. La Fayolle, seigneur de LaBruyère Cétaient le beau-père et le gendre (c.f. lacte de mariage, 17 février 1818 de LaBruyère Hedde) où lon dit que le futur est fils de défunt Jean-Marie LaFayolle de LaBruyère et de vivante Cathérine Danhiec.
Acte de mariage
Le 17 février 1818, à la cathédrale du Puy, M. de LaBruyère bénit le mariage de son frère, M. Pierre-Maurice LaFayolle d LaBruyère, avocat et juge de paix, canton de Monistrol, fils légitime de défunt noble Jean-Marie de LaFayolle de LaBruyère, ancien commissaire du Roi et de vivante Dame Cathérine Danhiec, habitant la ville de Monistrol ; et de Anne-Alexandrine Hedde, habitant la ville du Puy, en présence de M. Louis Lavalette, substitut et procureur du Roi
Registres paroissiaux, 1818] J. V.
[ Et voici ce quelles témoignent :
Du 20 mai au 23 septembre, le notaire que nous venons de nommer fut grandement occupé à rédiger des testaments. Son registre tout plein de ces actes. Du 20 au 23 mai, il en écrivit onze, et, certains jours, trois dans la même famille. Il en écrivit quatorze du 1er au 29 juin ; dix-huit du 1er au 29 juillet ; douze du 1er au 29 août ; et ainsi jusquau 23 septembre. Et il nétait pas le seul notaire remplissant, alors, ses tristes fonctions auprès des malades de la localité. Les formules généralement usitées, dans ces sortes dactes, étaient celles-ci : « Prévoyant le danger de la maladie, de laquelle il a plu à Dieu daffliger son peuple, (ou bien : de flageller une partie de son peuple) ou encore (de la peste de laquelle est déjà malade ma femme, ma mère,
ou, est déjà mort mon père, mon enfant
etc
) »
Vers la mi-juin, ce ne sont plus, même, des testaments faits suivant les formes légales, et devant des témoins ; la violence d la maladie empêchant toute réunion de personnes, on se contentait dattestation de testament, que certains écoutaient dicter par les malades, et dot ils allaient, ensuite, rendre témoignage au notaire, sous la foi du serment. Ce dernier recevait, et le témoignage, et le serment, soit dans la rue, soit à la porte de son jardin, ou de sa maison, et rédigeait lacte plus tard, sur un registre arrosé par un liquide désinfectant ; car les lettres et les pages dun de ces registres tomé entre nos mains, sont tellement noyées et imbibées, quil nous a été difficile de les lire.
A partir du milieu de ce même mois de juin, jusquau 23 septembre, les malades nétaient plus soignés, ni gardés dans leurs maisons. On les transportait à Cournier, à Chaponat, et en dautres villages, plus et mieux aérés que la ville. Puis, quand le nombre des pestiférés fut trop considérable, et quil se produisit un encombrement, ils étaient déposés dans les loges et cabanes des jardins, dans des cabanons ou tentes dressées au Pré-Vescal, au pré Bilhon, dans les terres de Montel et vers les côtes du Bilhard en une hôtellerie ou taverne de M. Antoine Chassaignon. Tels sont les détails puisés au registre de Me Danhiet. Si arides soient-ils, ils donnent une juste, mais bien lugubre idée des ravages que produisit à Monistrol, la perste de 1629. Aussi comprend-on un témoignage de pieuse reconnaissance qui sest perpétué, depuis lors, jusquà nos jours, dans un de nos villages. Les habitants de Paulin ayant invoqué sainte Margueite de la Séauve durent à sa protection dêtre préservés entièrement de cette terrible épidémie. Et leur ex-voto se voyait encore appendu à la chapelle de la Séauve : et, ce qui est mieux, ils continuent tous les ans, vers la fin de mai, de faire leur neuvaine à la Sainte et leur pèlerinage à sa fontaine et à son tombeau.
Dévouement des Capucins pour soigner les malades
Les RR.PP. Capucins eurent, pendant cette même épidémie, loccasion de se faire connaître, et de pratiquer les grands devoirs de charité et de mortification, tant recommandés par saint François dAssise. Et on peut dire quils justifièrent, quils dépassèrent même, les belles espérances que lévêque du Puy et Guillaume de Chabannes, leurs fondateurs, avaient conçues, en les appelant à Monistrol. Ils se dévouèrent au soin des malades, avec un zèle et un dévouement au-dessus de tout éloge. Ils étaient quelquefois seuls, auprès des mourants quavaient abandonnés leurs parents et leurs amis ; et restaient jusquà la fin, pour les consoler, pour recevoir leurs confessions, leurs testaments et leurs dernières volontés. En voici une preuve, que nous avons cru utile de recueillir, parce quelle est attestée par un acte notarié et public. « In momine Jesu, écrivait dans un cabanon de jardin, et sous la dictée dun pestiféré qui allait bientôt mourir, le R.P. Amable, capucin, Moi, Jacques Crépon, fils dAntoine, ne pouvant faire savoir et déclarer ma dernière volonté en forme et suivant les conditions requises dun testament, à cause de la maladie de peste qui ne permet pas de faire assemblée, pour avoir notaire et témoins, je suis contraint de me contenter du seul témoignage du vénérable capucin le P. Amable, destiné de sa seule charité, pour assister les pauvres âmes délaissées, en ce si déplorable temps de la peste. Par quoi, je veux et estime que son seul témoignage et écrit de sa main, par moi signé, soit suffisant pour déclaration de ma dernière volonté. Je donne
je lège
Sur quoi moi, P. Amable, capucin indigne, quoique contre notaire ordinaire de porter témoignage, fais foi et assure, davoir reçu la dernière volonté de feu nommé Jacques Crépon, qui est telle, quil constitue pour héritier
etc. » Au bas de lacte était apposé la signature de Jacques Crépon ; et lacte lui-même, ainsi rédigé, passa entre les mains du notaire.] H.F. 30-32
Elle fit sa première victime au couvent de Monistrol dès le 16 octobre 1628, en la personne du
P. Albert de Moulins (I).
Note : (1) : Monumenta
, t. I., p. 156-160 et 265269. Lobituaire dressé par le P. Benoît de Nantua vers 1720 appelle ce religieux : V.P. Albert de Marsini, le fait mourir le 29 octobre 1638 et le présente comme victime de son dévouement. Ces renseignements nont pas tous même valeur : le lieu dorigine a été certainement mal transcrit, et probablement aussi le millésime de sa mort, car il ny eut pas de peste à notre connaissance en 1638 dans le Velay. Lobituaire avoue dailleurs implicitement son erreur e le plaçant avant sa date de décès. Nous préférons donc suivre les Monumenta pour le lieu dorigine de ce religieux et la date de sa mort.
Le couvent des Capucins comprenait alors au moins trois religieux, le P. Gervais de Saint-Germain-en-Laye, gardien, le P. Agathange de Maison-Seule et le Fr. Joachim Delgin, cuisinier. Ce dernier fut le premier atteint : il mourut le 6 juillet 1629. Le P. Agathange, qui cachait un grand nom sous son froc de capucin, ne tarda guère à le suivre. Se sentant perdu, il entonna les litanies de la Sainte Vierge avec tant dardeur quon lentendait à 300 pas à la ronde, puis prenant sa règle entre ses mains, il renouvela ses vux et mourut : cétait le 23 juillet 1629.
En apprenant la mort du Fr. Joachim, le Provincial avait envoyé au secours d la communauté et de la ville, le P. Joseph de Feuilletin. Il ne tarda pas à succomber au fléau, si bien que le P. Gervais, gardien, se trouva seul. Un nouveau renfort arriva en la personne du P. Exupère de Saint-Germain et du Fr. Dominique de Lyon, convers. Il était grand temps : le P. Gervais succombait à son tour, une semaine après le P. Agathange, le 29 juillet, après avoir reçu les derniers sacrements : il était dans sa vingtième année de vie religieuse.
Le P. Exupère de Saint-Germain et le P. Amable dont nous ignorons la date darrivée, étaient atteints à leur tour. Le Fr. Dominique les soigna du mieux quil pût, eut la joie de les voir revenir progressivement à la santé, mais il fut lui-même atteint.
Construction de lEglise et des bâtiments du Couvent
[Ce qui montre bien que le P. Amable ne fut pas le seul religieux de sa maison, à se signaler ainsi par lexercice de la charité, mais que tous ses confrères imitèrent son exemple, cest que, à partir de cette époque, de 1630 à 1638, presque tous les testaments faits par des habitants de Monistrol, contiennent quelque legs ou donation pieuse en faveur du couvent, et pour en construire, soit léglise, soit les autres édifices. Et on peut bien reconnaître dans ce fait, un témoignage de la reconnaissance publique, et du bon souvenir que tous les paroissiens gardèrent longtemps, du dévouement héroïque quavaient montré les bons Pères. Aussi, la bourse du procureur-syndic de leur fabrique commença-t-elle à être moins pauvre ; et on put songer à élever un monastère qui leur fournit un logement plus convenable.] H.F. 32
Aussi, le 5 janvier 1633, Messire Marcellin Béget, agissant comme « syndic procureur de la fabrique des religieux capucins » achetait un jardin de 412 livres au chanoine Marcellin Clivier. Ce jardin entouré de murailles en pisé bordait les fossés de la ville et une place doù partait la rue désignée depuis 1628 sous le nom de rue des Capucins. Son étendue était dune métanchée environ. [Il est dit limité au couchant par les fonds et clos appartement aux P.P. Capucins, et déjà cédés à eux, pour le même effet que le présent jardin] H.F. 32
Les Pères avaient un emplacement. Il leur manquait un couvent régulier et une église.
[ On dut commencer à bâtir léglise peu après 1633, parce que beaucoup de testateurs, à cette époque, donnèrent avec lintention bien exprimée de contribuer à la construction de léglise des Pères, ou bien à augmenter leurs bâtiments. ] H.F. 32
Les travaux furent inaugurés, selon lusage, par la plantation de la croix et la pose de la première pierre : Just de Serres procéda personnellement à ces deux cérémonies le 19 juillet 1634 (1).
Ils durèrent plus de quatre ans.
Note(1) : Monumenta
, t. II, p.XXI
[ - Et, de plus, il est à croire que cette église était, ou achevée, ou près dêtre terminée en 1637 et 1638, puisquun legs fait aux Capucins, en 1638 mentionne que leurs bâtiments étaient en train dêtre parachevés ; et quune pierre de sa façade porte la date de 1637 avec les noms de Sarron et de Deboc, les maîtres-maçons sans doute.] H.F.
Note (2) : La date (1637) se trouvait gravée sur une pierre près de lentrée du cinéma actuel.
J.V.
Ce mot de bâtiments, faut-il le restreindre à signifier léglise seule, ou létendre à tous les autres édifices qui composèrent lancien couvent, et font encore partie du petit séminaire actuel ? Cest-à-dire, le cloître, dans tout son pourtour, avec les chambres, autrefois cellules, au-dessus de sa voûte, avec les salles qui sont au bas et les caves aussi voûtées, et tout lensemble, enfin, de la primitive maison religieuse, remontent-ils à la date de 1638 ? Nous nosons laffirmer. Il nous semblerait plus probable dadmettre quon se contenta, alors, de bâtir déglise à neuf, et de faire dans les bâtiments achetés, celui du Sr de Cusson et celui de Mathieu Bayon, quelques réparations et augmentations convenables ; et que la construction de lentier couvent neut lieu quun peu plus tard, vers 1670 environ. Ce qui nous inclinerait à penser ainsi, cest que la période de quatre ou cinq années, de 1633 à 1638, est bien courte, pour suffire à la construction de tant dédifices ; cest que les aumônes, faites alors, quoique nombreuses, furent néanmoins peu considérables ; et quil fallu attendre plus de ressources pécuniaires.
Cest que la forme et la grandeur des croisées quon voit encore, dans la partie ancienne du couvent, ont une grande ressemblance avec celles du château épiscopal, dans la petite tour, et les deux ailles du Nord et du midi, qui furent, ou bâties, ou restaurées par Mgr de Béthune vers 1670. Et la construction de la maison des Capucins pourrait bien être de cette même époque où les RR.PP. furent aidées, sans doute, par la munificence du prélat. Et on expliquerait par cette même circonstance, pourquoi ils se crurent autorisés à donner aux croisées de leurs cellules, une forme plus élégante, et une grandeur plus considérable, que celle quon retrouve, paraît-il, dans tous leurs anciens couvents : à un cheval donné, disait quelquun, on ne regarde pas trop, ni la laideur, ni la beauté de son licol.
Jean de Fay de la Tour Maubourg demande à être enseveli dans cette église
Léglise était à peine finie, que plusieurs nobles et riches seigneurs du voisinage demandèrent dy avoir leur sépulture, regardant comme une faveur insigne de reposer sous les dalles de ce nouveau sanctuaire et dobtenir quelque part aux prières et aux sacrifices des bons religieux.
Parmi ces grands seigneurs, nous mentionnerons Jean de Fay de la Tour Maubourg, frère dHector de Fay, baron de la Tour Maubourg. Jean portait les beaux titres de Chevalier de St-Jean de Jérusalem, de Commandeur de Lormelian et de Montferrand, de grand Bailli de Lyon et Devesset. Une belle et magnifique statue, nous a-t-on dit, le représente avec son riche costume dans un des musées de Lyon. Etant malade à Paulin, près Monistrol, château dont il était le seigneur et maître, il fit son testament le dernier juin 1683 ; ou plutôt, en sa qualité de Chevalier, sans doute, et gêné par quelque vu, il donna énumération de son avoir et de ses dettes, et choisit sa sépulture en léglise des RR.PP. Capucins de Monistrol, suivant la permission quil en avait reçu, disait-il, du R.P. Provincial diceaux. Puisquil était grand bailli de Lyon, on comprend quil ait facilement obtenu lhonneur dune pareille sépulture, du provincial des Capucins qui résidait dans cette ville, et duquel dépendait la maison de Monistrol.
Mais, on entrevoit aussi, par certaines obscurités sur lorigine de ceux à qui il laissa son domaine de Paulin, ne les nommant pas, ne les désignant pas bien clairement, dans ce quil appelle lénumération de son avoir et de ses dettes, que la conduite du chevalier navait pas été, toujours, peut-être, aussi droite, quil aurait fallu ; et que ce nétait pas sans motif quil désirait que les bons Pères, auprès desquels il allait être enterré, priassent beaucoup et longtemps pour le repos de son âme.] H.F. 32-34
De lactivité et de la vie intérieure de la petite communauté qui occupa ces immeubles, nous ne savons que peu de choses. A peine quelques renseignements épars et une liste de noms, celle du Nécrologe, nous sont-ils parvenus. J.B. 282
Note : gallia Christ. (éd.1873), t. II, col. 739-740
Retraite donnée à Monistrol par des missionnaires de Lyon
[Vrs cette même année 1653, Mgr de Maupas [du Tour], évêque du Puy [1641-1661], ayant conçu le projet dune mission générale, tout dans son diocèse, la confia aux ecclésiastiques de la Compagnie de M. Crétinet qui se formait à Lyon.
M. Crétinet, père, laïc fort pieux, quoique engagé dans les liens du mariage, et chirurgien de profession, avait réuni ces zélés missionnaires, et su leur inspirer à tous lesprit propre de leur état. Mr de Maupas eut loccasion de connaître par lui-même, tout leur périte, lorsque, ayant pris part à une célèbre mission donnée en Vivarais, par les prêtres de St-Sulpice, et à laquelle quelques-uns de ces messieurs de Lyon furent appelés, il vit combien la parole de Dieu était puissante et efficace dans leur bouche. Six dentre eux vinrent donc évangéliser, et avec un succès admirable, les principales villes de notre diocèse. Dans la ville du Puy, surtout, leurs travaux produisirent des conversions éclatantes. Mgr de Maupas, un des plus habiles prédicateurs de son siècle, se mit à leur tête, ainsi que M. DeLantages,
Note : [(2) Abbé Faillon, Vie de M. de Lantages, premier supérieur du Séminaire de N.-D. du Puy. In -12 de XX- 508 p. ; 80-81] J.B. 282
Supérieur du grand séminaire, pour défricher cette portion la plus importante du champ du Seigneur, mais la plus couverte de ronces et dépines ; et les résultats surpassèrent toutes les espérances ; et le changement qui sopéra, alors, fut si grand, et si sensible, que les missionnaires eux-mêmes manifestèrent leur surprise.
Ils néprouvèrent quelques obstacles sérieux que dans la mission qui fut faite à Monistrol, et suivi de près celle de la cité épiscopale. Lauteur de la vie de M. de Lantages prend naturellement parti, pour les missionnaires de M. Crétinet, collaborateurs du digne prêtre de St-Sulpice, et ayant toute lapprobation de lévêque : et il attribue au démon davoir voulu entraver le bien que faisaient les prédications de ces pieux ecclésiastiques. Il est à remarquer, néanmoins, que, dans son récit, il sexprime avec une réserve et une retenue si grandes quon a peine à entrevoir la vérité : « Ce que le démon, dit-il, navait pu faire au Puy, par le moyen des libertins, il essaya de le faire à Monistrol, par les gens de bien, quil sut prévenir contre les missionnaires. Il persuada à plusieurs habitants que ces prêtres ne savaient que porter le trouble dans les familles, et bouleverser les consciences ; que, dailleurs, ils étaient dépourvus de science et de talent ; et, même, que leur doctrine était mauvaise. Ces bruits saccréditèrent si fort que lévêque de Mende se crut obligé daller lui-même sur les lieux. Il arriva, donc, à Monistrol, dans lintention de sassurer de la vérité. Mais, contre son attente, il fut si satisfait des missionnaires, quau lieu dinformer contre eux, il les supplia instamment de les suivre dans son diocèse pour y faire, aussi, la mission. »
Ces gens de bien dont les murmures furent capables damener à Monistrol, un évêque étranger au diocèse, et de lui inspirer des soupçons sur la doctrine des missionnaires et de le prédisposer à informer contre eux ; ces gens de bien, qui se croyaient en état de juger mauvais lenseignement de ces missionnaires, quoiquils eussent déjà, et depuis peu, travaillé et réussi à merveille, disons-nous, ne pouvaient pas être de simples et menus habitants de Monistrol. Lauteur cité plus haut, a beau supposer derrière leurs murmures, une sorte dinstigation diabolique. Ces murmures, venant de leur part, et même avec un tel appui, nauraient pas paru assez accrédités auprès de lévêque de Mende. En tenant compte de ce qui se passait, alors, à Monistrol, on trouverait, ce nous semble, une manière simple et plus naturelle dexpliquer tout le bruit qui se fit en cette occasion.
Nous venons de raconter quon ait fondé, dans cette ville, un couvent de missionnaires capucins, lesquels, sans doute, avaient déjà évangélisé plusieurs paroisses du diocèse ; que cette fondation avait eu lieu sous lépiscopat et avec la grande approbation de Mgr Just de Serres, prédécesseur immédiat de Mgr de Maupas ; quelle avait eu lieu du commun accord et aux applaudissements unanimes de tous les nobles du voisinage, de tout le Chapitre collégial, de tous les habitants de Monistrol ; quon était, en ce moment, à recueillir des aumônes et à chercher des ressources pour aider cette communauté naissante à agrandir ses bâtiments.
Il est bon de remarque, en outre, que les chanoines de ST- Marcellin avaient reçu, depuis peu, de Mgr de Maupas, des ordonnances fermes, gênants peut-être. Or, Mgr de Maupas nayant pas appelé les Capucins à faire la mission générale, pas même celle de leur localité et des localités les plus voisines, ne semble-t-il pas quil y eût, dans cette circonstance, envers la nouvelle institution, comme une apparence de froideur et de mauvais vouloir, qui put bien aller jusquà indisposer contre les missionnaires de Lyon, non pas les Capucins eux-mêmes peut-être, mais quelques familles seigneuriales de Monistrol, mais ses chanoines et ses habitants, lesquels ne virent pas, probablement, sans une certaine peine, des ecclésiastiques étrangers, invités à venir cultiver un champ qui semblait appartenir de croit à un corps religieux très aimé et très estimé dans le pays. Et ainsi sexpliquerait, sans intervention diabolique, le tumulte survenu à Monistrol.
Que si on voulait, à toute force, y trouver une cause un peu en dehors de celles qui se présentent ordinairement, voici ce que nous dirions. Luvre du pieux chirurgien, M. Crétenet père, fut continuée, après lui, par son fils, M. Geoges Crétenet. Ce dernier, le 15 septembre 1696, fondait, près du château de Ste-Colombe, au diocèse de Vienne, le séminaire dit de St-François de Sales, pour servir de retraite à ses missionnaires. Et il est assez probable que la mésaventure arrivée à Monistrol, aux premiers pères de la Compagnie, se transmit comme un souvenir dans les annales particulières de la famille religieuse. Or, en 1807, nous retrouverons trois anciens missionnaires de Ste-Colombe (c.f., ci après, p. 50 et suivantes), qui vinrent acheter lancien couvent fondé, autrefois, à Monistrol par les Capucins, couvent qui sans eux, peut-être, ne se serait jamais relevé de ses ruines, pour donner naissance, en 1822, au petit séminaire, que notre localité est si heureuse de posséder aujourdhui. Sans doute que la nature porte seulement à sattacher aux lieu où lon a éprouvé quelque bonheur ; la grâce agissant, quelquefois, tout à lopposé, fait aimer de préférence ceux où lon a eu le bonheur de souffrir pour la gloire de Dieu.
Incendie de la bibliothèque et de lEglise des Capucins
Quoi quil en soit de notre explication, bonne à prendre et bonne à laisser, comme on voudra, lorage dont nous venons de parler se dissipa bien vite, et ne produisit aucun résultat bien fâcheux, ni pour les missionnaires de Lyon qui allèrent évangéliser le diocèse de Mende, ni pour les RR.PP. Capucins qui conservèrent toute lestime et laffection des habitants de Monistrol.
Il semble même que cette affection et cette estime ne firent que saugmenter davantage, au moins quand Mgr de Béthune, ayant succédé à Mgr de Maupas, eut repris, envers ces religieux, les sentiments de bienveillance que Mgr de Serres leur avait témoignés dès le principe. Nous croyons, sans en avoir, toutefois, la preuve certaine, quà cette même époque, leur cou vent fut encore agrandi, par lacquisition du jardin dhonorable Pierre Moret, qui bornait au levant leur nouvelle église ; et, par la donation dune assez vaste partie du Prè-Vescal, qui leur procure un jardin commode et fertile, au lieu de le resserer, au Nord, comme auparavant, et dune manière fort gênante. De cette bienveillance que Mgr de Bétune portait aux Capucins, nous avons une preuve dans le secours qui leur fut accordé par les Etats particuliers du Velay, où présidait ce pontife, le 7 mars 1689, à loccasion dun incendie qui avait fait des dégâts considérables dans leur établissement.] H.F. 34-37
« Monseigneur le Président [Mgr de Béthune, évêque du Puy, comte du Velay] ayant exposé que depuis peu de jours léglise, la bibliothèque, le chur et le clocher des PP. Capucins de Monistrol ont été bruslés par une incendie extrordinaire et que lassemblée poourroit leur faire quellque charité soubs le bon plaisir de Nos Seigneurs des Estats Généraux, il a esté délibérér dune voix uniforme que les Estats accordent auxdits Pères Capucins de Monistrol la somme de cinq cens livres pour les ayder a restablir leur dicte église, chur et bliothèque, toutefois soubs le bon plaisir de nosdicts Seigneurs des Estats Généraux qui sont suppliés den permettre limposition » (1).
Note (1): Ch. Rocher, art. cité p. 77, note 1 J.B. 281
[Léglise des Capucins fut donc réparée à cette époque ; et cest celle qui a existé depuis, jusquen 1854. Or, en 1689, le célèbre sculpteur Pierre Vaneau était à Monistrol. Ses ateliers se trouvaient et restèrent pendant dix années au moins dans le château épiscopal de cette ville. Nous nous demandons si ce ne fut pas ce sculpteur, ou quelquun de ses plus habiles élèves, qui fit lautel en bois quon a vu longtemps dans lancienne église du petit séminaire, et où lon remarquait deux colonnes torses, quelques panneaux, et une statue mi-corps représentant le Père éternel ; le tout dun assez beau travail.
Quant à la bibliothèque, M. Touchard LaFosse, dans sa Loire Pittoresque (T. 1, prem. partie, p. 196), parlant de Monistrol, mentionne bien lincendie qui lavait endommagée, mais uniquement, pour adresser aux Capucins, un compliment plein dune sotte malice. « Cette mention historique, dit-il, révèle une circonstance peu commune parmi les Franciscains ; cest que ceux de Monistrol avaient une bibliothèque.» Cest le même auteur qui apprend à ses lecteurs bénévoles, que la grosse tour du château de Monistrol, bâtie en 1486 par Jean de Bourbon, pour servir à fortifier la Collégiale de St-Marcellin est maintenant détruite ; quun couvent dAntonins fut fondé à Monistrol dans les premiers temps de la monarchie, [ce qui remonte bien, sans doute, jusquau bon roi Dagobert], et que ce couvent exista, dit-on jusquau Ixe siècle !!! Et lOrdre des Antonins qui na commencé en France quaprès le IXème siècle. Quand on émaille son livre de ces fleurs dérudition, on est mal venu à adresser des reproches, soit aux Capucins, soit aux Franciscains, à propos de bibliothèque].
Eloge de leur couvent de Monistrol
A ce M. Touchard LaFosse qui, dhabitude, ne semble estimer les couvents et les monastères que quand ils ont produit des hommes illustres, « quand une grande renommé a surgi de leurs ruines » (1), nous ne voudrions pas faire un si pompeux et si magnifique éloge de la maison des Capucins de Monistrol.
Note (1) : Il sexprime ainsi, du moins, à propos de Chamalières. Voir Loire pittoresque, T.1 prem. partie p. 158.
On peut dire néanmoins, que cette maison ne fut pas sans mérite, et, même sans quelque gloire, par la raison toute simple quelle atteignit son but, et accomplit les intentions que sétaient proposées ses pieux fondateurs. La principale de ces intentions, Guillaume de Chabannes et, après lui, Mgr de Serres et, après eux, tous les notables habitants de la ville et de la paroisse de Monistrol, lavaient clairement manifestée. Cétait de fournir, à perpétuité, un logement convenable à des missionnaires zélées, pieux et de vie exemplaire, qui, par leurs instructions simples, mais solides, fussent capables de ramener au giron de la vraie foi, les pauvres hérétiques, de prémunir les fidèles contre les erreurs protestantes, et de faire fleurir la religion, soit à Monistrol, soit dans les paroisses du voisinage, en y prêchant la saine doctrine et la fréquente et bonne réception des sacrements. Monistrol neut jamais dhérétique ayant franchement avoué son apostasie. Quelques uns de ses enfants, il est vrai, et nous lavons dit plus haut, se laissèrent séduire à lépoque des guerres religieuses, comme larquebusé de Montfaucon, et lhistorien des Vaudois ; mais leur exemple resta sans imitateurs ; et, quoique les semences des mauvaises doctrines eussent été jetées un peu partout, par les vents de la Réforme qui soufflèrent longtemps du côté du Vivarais et de lAuvergne, et les portèrent, parfois, jusquaux rives de la Loire, aucune ne prit bien racine dans le champ queurent à cultiver les disciples de saint François ; ou bien ces zélés missionnaires les combattirent assez tôt, et assez victorieusement, pour que livraie nait jamais été bien nuisible au bon grain.
Dans la paroisse spécialement confiée à leurs soins, linstruction religieuse fut répandue avec abondance, et, toujours docilement acceptée ; et on ny vit pas, dans les murs, ces désordres qui affligèrent tant dautres parties du diocèse. Ils allèrent, même, par leurs missions prêchées au loin, joindre leurs efforts, aux efforts du clergé des autres paroisses, et laider puissamment à guérir le mal quon avait fait déjà, et à arrêter celui quon voulait faire. Et ils ne se contentèrent pas, pour Monistrol du moins, de prêcher ainsi la parole de Dieu, et de tenir tête aux hérétiques. Dans les pestes et les famines, alors si fréquentes, nous les avons vus se dévouer au services et à lassistance des malades ; continuellement, leur monastère nourrissait une multitude de pauvres ; en u mot, ils embrassèrent tous les sacrifices, toutes les uvres de zèle et de charité, que sait inspirer notre sainte religion. Et cela est si véritable que la municipalité de Monistrol, au moment où la tourmente révolutionnaire avait le plus égaré les esprits, témoigna publiquement sa reconnaissance envers les Capucins, en demandant aux administrateurs « que la maison que ces religieux possédaient dans leur ville fût, de préférence à toute autre du même Ordre dans le département, épargnée et conservée. »
Et le 20 octobre 1792, elle ne fit pas difficulté davouer, et de consigner dans le registre de ses délibérations que « le nombre de ses pauvres avait quadruplé, et que les aumônes avaient diminuée des trois-quarts, par la destruction de la Collégiale, des Capucins, des religieuses et par lexil de Mgr de Galard. »
Même éloge fut fait de la charité des Capucins, en 1804 par M. le curé LaBruyère, dans une supplique adressée à M. le Préfet de la Haute-Loire. « La ville de Monistrol, disait-il, avait autrefois une collégiale
un couvent de religieux capucins qui fournissaient avec un zèle infatigable, des secours spirituels à la paroisse, et des secours temporels aux pauvres
Et tous ces établissements et les secours qui en résultaient, ont subi le malheur des temps ; il ne nous reste plus que le souvenir de ce que nous avons perdu.» parce quil avait connu personnellement et longtemps, un grand nombre de ces religieux, ceux qui avaient subi la rude épreuve de 93, et que leurs ennemis prétendent navoir pas été les meilleurs.
Note : (Les Soeurs de St Joseph de Chadron, maison de retraite des surs) la possèdent actuellement.
[Ces deux documents, si différents par leur origine, montrent combien la popularité des Capucins était grande à Monistrol. Ils faisaient partie intégrante de la petite cité. Mêlés à ses deuils, ils intervenaient dans ss grandes manifestations religieuses : « Le 3e may [1740] relate le journal de Rechatin, la ville de Monistrol ayant fait vu à Nostre-Dame du Puy pour la maladie qui cessa dabord, ils vinrent en procession au Puy, les pénitens, les capucins et le chapitre en aumusses rouges, mittrés, précédé de leur bedoc et leur grande croix, le peuple en nombre, rendre les grâces » (1).
Note (1) : Journal dun bourgeois du Puy au XVIIIe siècle (Rechatin) in Tabl. Hist., du Velay, 8 (1877-78) 182.] J .B. 284
Noms de quelques-uns des Pères qui vécurent dans ce couvent
Nous qui les tenons en grande estime et en vénération, parce que, attachés au gouvernement de la paroisse de Monistrol, nous avons conscience de moissonner aujourdhui là où ils semèrent autrefois et, de recueillir, non sans quelque consolation, des fruits qui leur coûtèrent tant de peines et de travaux ; nous voudrions ardemment retirer de loubli, les noms de ces bons religieux, qui, pendant plus dun siècle évangélisèrent notre pays, et furent, sous bien des rapports nos pères et nos modèles dans la foi. Mais ce désir que nous avons à cur, comment le réaliser ? Où retrouver ces noms ? quel moyen de ressaisir les traces de leurs faits et gestes ; et de surprendre le peu de souvenirs laissés par ces hommes qui ne demandaient et ne cherchaient quà vivre inconnus ? Morts au monde, à partir du jour de leur profession solennelle, ils ne sont plus mentionnés, dès lors, même dans les registres mortuaires des paroisses.
Les protocoles des notaires nont pas à nous parler deux, parce que leur vu de pauvreté leur défendait toute acquisition, toute vente, tout testament, en un mot toute convention. Dans les généalogies de leurs familles, on peut bien les rencontrer par hasard, mais sans les reconnaître, à cause de leur nom de religion qui dut remplacer, plus tard, celui de leur baptême. Il reste cependant, les écrits que quelques-uns dentre eux ont composés ; parfois, des témoignages de reconnaissance quon leur a adressés, plus souvent des injures, des calomnies, des persécutions dont ils furent victimes.
Et cest à laide de ces trois derniers moyens dinvestigation, que nous allons dresser leur nomenclature, nomenclature incomplète, sans doute, : mais qui commencera toujours à réparer la faute doubli et dingratitude commise à leur égard, et réservera une place aux noms que de plus heureuses découvertes feront découvrir. H.F. 38-40
Nécrologe des Capucins de Monistrol
Voici la liste des religieux telle que la donne lObituaire déjà cité. On remarquera quelle sarrête en 1743. Elle permet néanmoins quelques conclusions importantes concernant le nombre des religieux, leur recrutement et leur zèle :
Nom des religieux qui sont mort ou enterrés dans le couvent ou dans le district :
V.P. Albert du Marsini [lisez : Moulins], mourut au service des pestifiérez dans la ville, 29 octobre 1638 [lisez : 1628] (1)
Note (1) : Nous rectifions cette note par les Monumenta
du P. Michel-Ange de Châlons, T. 1, p. 156-160 et 256-269.
Fr. Joachim Delgin, lais, mourut aussi en servant les perstiférez, 6 juillet 1629.
V.P. Agathange de Maison-Seule (2), prêtre, mort au service des pestiferez, 22 juillet 1629.
Note (2) : Il y a sept Maison-Seule en France, dont cinq dans la Haute-Loire.
V.P. Gervais de Saint-Germain-[en]-Laie, supérieur, finit aussi sa vie en servant les pestiferez dedant et dehors le couvent, 29 juillet 1629.
Fr. Dominique de Lion, lais, mourut dans le même exercice de charité, 15 août 1629.
V.P. Marcel de Beaune [ ?], prêtre, 14 juillet 1629. il est mort à Montbrison [Loir].
V.P. Philivert de Bellay, prêtre, 27 mars 1667.
V.P. Marcellin de Monistrol, gardien, 20 septembre 1684.
V .P. Alexis de Saint-Julien [Saint-Julien-Chapteuil : Haute-Loire], gardien, mourut à Saint-Julien et y fut inhumé, 22 janvier 1692.
V.P. Marian de Pradelles [Haute-Loire] et y repose en odeur de sainteté, 10 mars 1698.
V.P. Archange de Bourg, gardien, 24 mars 1697.
V.P. Isidore de Tance [Tence : HauteLoire], mourut en faisant la mission à Retournac [Haute-Loire] et y repose en odeur de sainteté, 10 mars 1698.
V.P. Charles-François de Caires [Cayres : Haute-Loire], prêtre, 23 novembre 1704
V.P. Joseph de Bourg, mourut en faisant la mission et prêchant le carême à Bas, 20 mars 1708.
Fr. Mathieu de Montbrison [Loir], lais, était son compagnon, 29 avril 1708.
V.P. Sixte du Puy, prédicateur, 3 mars 1739.
V.P. Irénée de Lyon, gardien dans ce couvent, 14 décembre 1739.
Fr. Roch dEstivareille [Loir ; ou, commune de Saint-Didier-sur-Doulon, Haute-Loire], lais, le 7 mars 1743.
V.P. André de Grazac [Haute-Loire], prédicateur, 58 ans de religion, 7 mai 1743 (1).
Note (1) : Bulletin de la Société dagriculture, sciences, art et commerce du Puy (mars-juin 1900) p. IX et X.
Cette communauté ne fut jamais bien nombreuse. On ne sécarterait guère de la vérité en lui attribuant pour son dernier siècle dexistence, une moyenne de sept à huit religieux, chiffre contrôlé par les années 1768-1770, dépassé dune unité en 1787.
Sur les vingt religieux que signale lObituaire, pour une période de 114 ans, cinq sont morts au service des pestiférés, deux en mission, deux autres hors du couvent et probablement à loccasion dun ministère. Cet état en dit plus long que de beaux discours, sur la charité et le zèle de cette communauté.
Nous navons pu percer lanonymat dont se sont entourés ces vingt religieux que pour le dernier, le P. André de Grazac. Il sappelait dans le monde Jean-François Besson de la Rochette, était né de noble Jacques et de Demoiselle Marguerite de la Planche. Celle-ci était sur de Demoiselle Lucrèce de la Planche, Dame de Joux (près de Tence) qui semploya beaucoup à la fondation des Soeurs de Saint-Joseph du Puy, la plus ancienne des Congrégations existantes placées sous le patronage de ce saint. Jean-François Besson de la Rochette servit dabord, en qualité dofficier, dans le régiment de Champagne, avec ses deux frères, Claude-Joseph et Pierre. Claude-Joseph ayant été tué par un malheureux à lâge de 24 ans, Jean-François abandonna larmée et prit lhabit religieux chez les Capucins. A Monistrol, il était officiellement prédicateur. Il a employé les loisirs que lui laissaient ses courses apostoliques à composer des ouvrages.
Dans une supplique adressée au Pape et datée de Saint-Etienne, 24 septembre 1727, il mentionne son livre intitulé: Traité théologique où lon démontre que les fidèles ne peuvent communiquer en matière de religion avec les ennemis déclarés de la bulle unigenitus.
Cet ouvrage, honoré dune lettre du Cardinal Lercari, écrivant au nom du Souverain Pontife, avait eu du succès. Lauteur demande lautorisation dutiliser largent quil lui a rapporté pour faire imprimer un nouveau travail contre les mêmes hérétiques. La faveur sollicitée lui fut accordée (2).
Note (2) : Bullarium O. F.M.S.P. Francisci Capucinorum, Roma, 1748, t. V. p.125 Sur ce religieux, voir à la Bibliothèque de Rennes, ms 43 (32). « En tête de ce manuscrit est relié un opuscule imprimé de trente pages in- 8° intitulé : Lettre dun théologien du R.P. de Grazac, où on examine si les hérétiques sont excommuniez de droit divin. » Catalogues des manuscrits des Bibliothèques de Frances, n° 24, p. 31
LES CAPUCINS PENDANT LA REVOLUTION.
En 1768-1770, le couvent comptait huit religieux. Ils maintinrent ce chiffre jusquà la Révolution. En effet, le subdélégué Peyrideier notait dans son rapport de 1787 :
« Monistrol. Capucins : fondés par Mgr de Serres, évêque du Puy, en 1627 : 7 prêtres, 2 frères, 1 domestique ; revenus, 2400 livres ; dépenses ordinaires, 2400 livres.
Même observation que pour ceux du Puy. Ces religieux sont nécessaires pour seconder le service divin de Monistrol et des paroisses circonvoisines »
Létat fourni par le couvent et annexé au rapport était signé par : « frère Louis François, capucin gardien » (1)
Note (1) : Bulletin de la Commission Permanente des Etudes et Recherches historiques de la Société Académique du Puy, juillet 1859, p. 69
Au moment de linventaire, le 19 mai 1790, on signale huit capucins à Monistrol :
1° P. Arand de Monistrol (François de Béget), gardien.
2° P. Claude-Marie de Monistrol (Claude Chometon), vicaire.
3° P. Epiphane de Monistrol (Antoine Romeyer, alias Romier).
4° P. Augustin dAurec (Jean-Baptiste Antoine Souchon).
5° P. Hubrt de Saint-Didier (Jean-André Vachier, alias Vacher).
6° P. Honoré de Vals (Jean-Pierre laurens).
7° P. Frère Urbain de Digrand (Gabriel Dumond), frère lai.
[ Le P. Hilaire Valicon.
Le 7 septembre 1808, il assista à lenterrement de son confrère, le P. Mathieu Laurenson ; il mourut lui-même peu après, à Monistrol dans la maison de M. Douspis H.F. 62
Note : Reclus au Puy à ?...
Le 15 avril 1795 à 68 ans
Est à St André (de Chalencon) de (1795 à 1802 ?)
Parmi les reclus liste (R1 ou 5
) : on lit Jean Valicon cpucin à
] J.V.
8° P. Charles de Monistrol (Vital Reviron).
Ce dernier religieux nappartenait pas au couvent de Monistrol, mais à celui de Florac (Lozère). Il demeurait dailleurs dans sa famille, ce qui explique sa place en queue de liste. Pour ces raisons, il ne relève pas de cette étude (2).
Note (2) : Le P. Charles de Monistrol était dans la Haute-Loire, au moins de passage en avril-mai 1787. Le 7 mai, il signe lattestation suivante : « Je déclare avoir fait à Montusclat et aux frais de M. le Curé la mission de fondation, étant avec les Pères Epiphane de Monistrol et Honoré du Puy, capucins. (Signé) : Père Charles de Monistrol. » (Sem. Religieuse du Puy-en-Velay, 22 [1901-1902] 32. Sa conduite pendant la Révolution fut moins quédifiante. Il devint, en 1791, curé intrus de Grazac (Haute-Loire) doù il fut chassé par les femmes. Demandé au Directoire de Monistrol par les révolutionnaires de Riotord, il y fut installé, sous la protection des piques et des baïonnettes, au son du tambour et au chant du « çà ira ! » Comme beaucoup dapostats, la jalousie et la rivalité firent de lui un persécuteur des prêtres insermentés. En 1830, il vivait encore dans le diocèse de Lyon.
Le 14 janvier 1791, nouvel inventaire et interrogatoire des religieux qui ont à opter entre la vie commune et la vie privée, une pension étant offerte à ceux qui choisiront la vie commune ; Le Père Gardien convoque « les cydevants Pères de la Communauté ».
« Tous, assure le rapport officiel, a lexception du cydevant Pere Augustin, nous ont dit que bien imbus de linstitution qui les a dirigés jusqu'à present, ils ne vouloient pas y renoncer, quils vouloient vivre et mourir dans la vie commune, et que preferant leur etat de solitude a celuy de commercer avec le reste des hommes, ils ne se desuniroient jamais. »
Leurs intentions étaient bonnes, mais les événements politiques se précipitaient. Encore cinq mois et lexode sera suivi de la dispersion. Il nous faut donc suivre chaque religieux séparément, dans la mesure où le permettent les documents conserés.
1 - P. Armand de Monistrol (François de Béget).
Le jour de linventaire, il a 72 dâge, dont 56 de vie religieuse et déclare vouloir sortir du couvent à cause de ses infirmités. Fils de Armand de Béget, chevalier, seigneur de la Cour et du Flachat ( après 1746) et de sa deuxième épouse, le P. Armand avait deux surs religieuses : Anne, qui fut supérieure des Ursulines de Monistrol de 1770 à 1792 et mourut au Flachat en 1794 ; et Marie qui fut supérieure des religieuses de Sainte-Marie à Yssingeaux de 1756 à 1783. Il aurait été lui-même, au dire de lAbbé Colly, gardein des Capucins de 1770 à 1790, mais cette affirmation est inexacte (1).
Note (1) : J. Villain, La France historique, Haute-Loire, p. 42-43 ; - Colly, Yssingeaux. Ses couvents, chapelles, confréries et dévotions dans le passé et le présent. Le Puy, 1892, p. 33-34 ; - Almanach historique pour lan 1788 [de lAbbé Laurent], p. 123 : « Le couvent des Capucins est un des plus beaux de la Province. Gardien, le R.P. de Béget. » Que ce religieux nait pas été gardien sans interruption de 1770 à 1790, cela ressort du rapport Peyridier cité plus haut.
Le 20 octobre 1790, il nest plus au couvent ; Cest son vicaire qui signe le premier les documents officiels, avec le titre de « capucin supérieur ». Nous ne savons comment il finit.
Note : Almanach de 1788, p.123, où labbé Laurent écrit : « Le couvent des Capucins est un des [plus] beaux de la province. La Bibliothèque mérite dêtre vue.
Gardien le R.P. de Béget
2 P. Claude-Marie de Monistrol (Claude Chometon).
Né le 14 avril 1722 (1), il avait donc 68 ans dâge à lépoque de linventaire du couvent, dont 50 passés dans la vie religieuse. Contrairement à son gardien, il déclare, malgré son âge avancé et ses nombreuses infirmités, « vouloir vivre et mourir dans son état à Monistrol ».
Note (1) : Reg. Des Dél. Du Dép., 2 mai 1792.
Le 4 mars 1791, il est encore dans le couvent et obtient une pension de 200 livres par trimestre. Le 2 mai 1792, son traitement est porté à 1000 livres par ans (2). Le 5 juillet, il allègue ses infirmités pour ne pas se rendre au couvent de Langeac désigné comme maison de vie commune. Le District de Monistrol lautorisa à fixer sa résidence dans cette ville et à y percevoir son traitement (3).
Note (2) : Ibidem.
: District de Monistrol, 2e Reg. Des Dél.
Que devint-il par la suite ? Aucun document officiel ne nous permet de répondre à cette question dune façon décisive. Si nous en croyons la Relation manuscrite sur Monistrol pendant la Révolution, le P. Chometon aurait mal tourné : « La Révolution neut quà se montrer, elle trouva dans le curé [Ollier] un incendiaire, et dans le couvent des Capucins des apostats : les Pères Chometon, Termes, Faure et Reviron. Les deux premiers survécurent peu à leur apostasie dans laquelle ils moururent
» (4)
Note (4) : Cette Relation manuscrite semble avoir été écrite vers 1843, année au cours de laquelle M. Péala suscita, de la part du clergé du diocèse, ces sortes de travaux. De nombreux témoins immédiats étaient encore en vie.
Nous ne savons qui est ce Père Termes. Quant à Faure, dit le Père Denis, du couvent de Saint-Etienne, il fut vicaire intrus à Saint-Ferréol dAuroure, dans le canton de Monistrol, où il devint un sujet de moquerie et se « déprêtrisa » en janvier 1794 (Gonnet, op. cit., p. 240, note). Pour le P. Reviron, ex P. Charles de Monistrol, cf. supra, p. 287, note 2.
Cette grave accusation, nous ne pouvons, à lheure actuelle, la contrôler que dune manière négative en ce qui concerne le P. Chometon : aucun document ne la contredit. Et ce silence des sources officielles, tant civile que religieuse, est dautant plus troublant quelles mentionnent ceux qui furent fidèles. Le 19 germinal de lan 4, en effet (8 avril 1796), lAdministration du District de Monistrol signale comme prêtres réfractaires cachés dans le canton « le nommé Vacher, dit Père Hubert, ex-capucin
; Jean Laurenson, ex-capucin [Père Mathieu de Monistrol appartenant au couvent de Lyon] ;
Valicon, ex-capucin de Monistrol [P. Hilaire, du couvent de Puy]
tous lesquels susnommés ont été vus célébrer leur culte avant la publication de la loi du 7 vendémiaire. En troisième lieu, ladministration croit que les susnommés, sans avoir fait la déclaration exigée par la loi du 7 vendémiaire, exercent nuitamment leur culte dans les champs ou dans les bois
»
On connaissait donc les réfractaires : nulle part, nous ne voyons cités parmi eux le P. Claude-Marie ou les compagnons que lui attribue la relation manuscrite.
3- P. Epiphane de Monistrol (Antoine Romeyer, alias : Romier).
Né à Monistrol vers 1728, dune très honorable famille, le P. Romeyer fit profession au couvent Saint-François de Lyon le 21 juin 1746 : il avait donc 62 ans dâge et 44 ans de vie religieuse en mai 1790. Il déclara aux enquêteurs « vouloir rester religieux dans le communauté qui lui serait assignée ».
En fait, il demeura encore un an dans son couvent, où il perçoit le 4 mars 1791 un trimestre de 200 livres (1).
Note (1) : Reg. Des Dét. Du Dép.
Le 20 mai 1791, il reçut ainsi que ses confrères demeurés fidèles, lordre de quitter Monistrol et de se retirer à Langeac dans la huitaine. Le 25, les Pères se disposent à partir. Les administrateurs du District surveillent leur préparatifs de voyage : la chose leur était facile puisquils sétaient installés chez eux. Estimant que les religieux emportent beaucoup plus que ne leur accordait la loi, ces messieurs invitent la municipalité à venir contrôler leur départ. Il donna lieu à des mouvements dopinion qui inquiétèrent les autorités.
Le 28 mai « le procureur de la commune se plaignit à la Municipalité de ce que des personnes de lun t lautre sexe occasionnaient une affreuse fermentation. Elles publiaient que la religion était perdue ; que les mystères célébrés par les prêtres assermentés étaient nuls ; que leur messe ne valait pas, ni leurs baptêmes, ni leurs mariages, quil ne fallait pas assister à leurs instructions. Doù des scandales causés par certains citoyens à léglise et ailleurs, avec les propos les plus affreux et dans lesquels on se moquait autant du curé [Ollier, assermenté] que de la municipalité. Le procureur proposa de dénoncer ces coupables à laccusateur public dIssingeaux ; et parmi eux se trouvaient trois Capucins sortis de leur couvent pour se rendre à Langeac, dont le P. Honoré [de Vals] » (1).
Note (1) : Mémoire de 1806 de M . de La Bruyère, curé de Monistrol-sur-oire
Le second capucin que ne nomme pas ce Mémoire était précisément notre P. Epiphane, et le troisième, son confrère, le P. Hubert de Saint-Didier.
« Le 3 juin (1791) continue le Mémoire, on signifie à ces trois capucins de quitter Monistrol où M. Ravel leur donnait asyle dans sa maison ». Des révolutionnaires plus zélés les ayant dénoncés à la municipalité, celle-ci avait, en effet, décrété leur expulsion.
Le P. Epiphane alla-t-il réellement à Langeac ? Cest possible, mais il ne dût pas y rester bien longtemps, quelques semaines tout au plus. Vers ce même temps, en effet un Etat des pensions du Département de la Loire mentionne « le P. Romier, capucin de Langeac ».
Le 1er mai 1792, il rentrait à Monistrol, vivant probablement dans sa famille, car aucune vie religieuse nétait plus tolérée. Il ny séjourna guère plus dun an, puisque, le 2 juillet 1793, il était reclus au Puy. Il est signalé le 12 décembre de cette même année, dans lEtat nominatif de Saint-Maurice, lune des anciennes maisons religieuses transformées en prison : « Antoine Romeier, ci-devant capucin à Monistrol, âgé de 67 ans, suivant son extrait de baptême visé et exibé ».
Son âge avancé et sa réclusion lui évitèrent la guillotine établie en permanence sur la place du Martouret. Le P. Epiphane avait près de deux ans de réclusion quand survint la « bonace » : il fut relâché par ordre du représentant Pierret, le 15 avril 1795 (2).
Note (2) : Gonnet, op. cit., p. 273, n. 1
Beaucoup crurent que cétait la fin du cauchemar. Il nen était rien, hélas ! Moins dun ans après sa libération, le P. Romeyer était arrêté de nouveau dans le village de Pied, commune dAurec, canton de Saint-Didier : cétait le 24 ventôse de lan IV (14 mars 1796). Il était alors en compagnie dun homme vêtu, comme lui, dun habit couleur marron et quil déclara ne pas connaître ! Cétait probablement un autre capucin, peut-être le P. Hubert de Saint-Didier (Jean-André Vacher). Ils vivaient ensemble dans une « cabane près dun bois et alloient chercher du pain pour leur déjeuner ( !) ». Le compagnon anonyme réussit à senfuir, emportant sous le bras un paquet qui intrigua fort le brigadier Mathon, commandant le détachement. Le P. Epiphane interrogé, répondit « quil croyait que cette personne portoit dans ce paquet quelque culotte et gillets ». Nous croirions plutôt quil na pas voulu parler et que les deux confrères allaient dire leur messe dans quelque maison connue.
Le P. Epiphane navait aucun papier sur lui, déclarèrent des membres du détachement, sauf la copie dune lettre recommandant une formule de prière bizarre et que peut seul excuser le désarroi des esprits. « Cette lettre, dit son préambule, a été eccrite de la part de Dieu Notre Seigneur de sa propre main en lettres dor [naturellement !], se troua miraculeusement en un lieu nommé Saint-michel en Languedoc, avec un crucifix. Expliquée par un enfant de dix ans qui navoit jamais parlé et la ecritte en ces termes ». La suite est digne de cette singulière préface.
Comment toutes ces sortes de documents, elle contient des promesses et des menaces, discerne les justes davec les méhants surtout daprès leur attitude vis-à-vis de la révélation quelle apporte, mais na guère souci de logique interne.
Le lendemeain de larrestation, le juge de paix du Canton de Saint-Didier, Louis Dupeloux, fit subir au prisonner un interrogatoire. Le Père déclara être âgé de 69 ans, avoir demeuré depuis sa sortie de réclusion tantôt au Pertuis, tantôt à Monistrol. Il nétait dans la commune dAurec que depuis une douzaine de jours, sans domicile fixe, quêtant de porte en porte « du pain et des truffes [pommes de terre] pour sa nourriture » : une famille Bernard se montrait particulièrement charitable à son égard. Quant à la lettre, il ne voulut pas la reconnaître pour sienne, ajoutant : « elle peut avoir été trouvée dans la maison près de laquelle il fut arrêté, attendu que le détachement y fit des perquisitions ». Il connaissait, et pour cause, la législation rébolutionnaire, mais déclare sans ambages « que, sil ne sy est pas conformé, cest quelle repugnoit a sa conscience ».
Le juge voulut tirer au clair laffaire de la lettre et convoqua les membres du détachement : leurs dépositions semblent objectives et prouver que le P. Epiphane était bien porteur du papier compromettant.
Il fut, conformément à la loi, envoyé au Puy en réclusion. Son mandat darrêt, à défaut de photographie, décrivait ainsi le bon Père :
« Agé de soixante neuf ans, taille de cinq pieds, cheveux blancs, sourcils noirs, yeux roux, nez acquilain, bouche moyenne, menton rond, front découvert, visage maigre ».
Il arriva au Puy le 18 mars. Un Etat des détenus du Puy du 3 vendémiaire an V (24 septembre 1796) signale : « Antoine Romeget, domicilié à Monistrol, vit de charité, reclus au Puy, maison Saint-Maurice. Insermenté, détenu pour cette cause. Appelé à recevoir une pension de lEtat. Reclus pour la deuxième fois depuis le 17 mars 1795 [sic pour 1796]. Na excité aucun trouble » (1).
Note (1) : Arch. Nat. A A, 8, 363
Il est probable quelon ne tarda pas à être libéré, car M. de Rachat le signale dans sa Disposition de 1797, comme il lavait mentionné en 1795, alors quil ne le nomme pas pour lannée 1796.
Le 24 floréal an V (13 mai 1797), « Antoine Romeyer, prêtre sujet à la déportation obtient sa radiation provisoire de la liste des émigrés et déportés de la Haute-Loire. Il a résidé à Monistrol sans interruption depuis le 1er mai 1792 (2). »
Note (2) : Reg. Des Dél. Du Dép.dd
La Disposition de 1799 mentionne encore à Monistrol « Epiphane, capucin reclus, approuvé pour tout le diocèse ». Il y est toujours en 1802, selon le même document. Au Concordat, il accepta dans cette paroisse les fonctions de troisième vicaire. Un Etat du clergé paroissial de 1804 ou 1806 le nomme comme étant mort depuis eu.
Léloge de ce vénérable religieux a été fait au cours de lannée 1796 par deux témoins également autorisés : son évêque et lautorité civile. Le 28 mars, Mgr de Galard écrivait, en effet, à M. de Rachat : «
lEpiphane. Celuy-ci a fait ses preuves depuis longtemps ». Confirmant ce jugement, lEtat des détenus déjà cité le mentionnait comme « confesseur de la foi », on ne pouvait être plus explicite sur le motif de sa détention.
4- P. Augustin dAurec (Jean-Antoine Souchon).
Né à Aurec vers 1739, il avait fait profession le 3 mai 1760 au couvent Saint-François de Lyon. En mai 179, il déclare vouloir vivre dans le monde, mais en octobre il est encore au couvent et signe le recolement dinventaire.
Nous avons vu que, le 14 janvier 1791, il avait confirmé cette décision devant les enquêteurs officiels. Ils ont consigné dans leur rapport les singuliers « considérants » quil alléguait :
« Quant au cy devant Père Augustin [il a déclaré] quayant encore de la force et voulant exercer les talents que la Providence lui a confiés, il croyoit quen se communiquant plus particulièrement dans le monde il les fairoit plus facilement fructifier, raison pour laquelle il demande à se retirer et se pourvoira incessamment (sic) pour obtenir le traitement que les décrets lui ont assuré ».
Le 22 février 1791, il fait effectivement une démarche séparée pour obtenir une pension de 175 livres pour le premier trimstre de cette année, pension quil fait majorer de 25 livres le 16 mars, parce quil est âgé de plus de 50 ans (1).
Note (1) : Reg. Des Dél. Du Dép.
Il toucha cette pension le 9 avril 1791 : ce fut la dernière. Il figure, en effet, sur la Liste des religieux, religieuses et ecclésiastiques pensionnés de ce district [de Monistrol] qui sont morts dans le courant de la présente année [1791] : « Labbé Souchon, cy devant capucin, décédé le 7 avril » (2).
Note (2) : Cette liste fut fournie le 12 décembre 1791 au Directoire du Département de la Haute-Loire, par Vazelhes, procureur syndic du distric de Monistrol.
5- P. Hubert de Saint-Didier (Jean-André Vacher)
(c.f. ci-dessus)
6- P. Honoré de Vals (Jean-Pierre Laurens)
Ce religieux eut une vie très mouvementée pendant la Révolution. Il est dautant plus difficile à suivre que certains historiens ou chroniqueurs se sont mépris sur son nom de famille ou ses prénoms et distinguent jusquà trois personnes : deux Laurent (un Jean-Pierre et un Pierre) et un Laurens. La première orthographe « Laurent » s trouve même dans les documents officiels : mais que ny rencontre-t-on pas ? Il est certain toutefois que ce religieux, quand il signe de son nom de famille, écrit »Laurens » : le Catalogue des reclus de la Visitation ne laisse subsister aucun doute à ce sujet.
Il était né à Vals, près Le Puy, vers 1747, si lon en croit son acte de décès qui le fait mourir « le 15 mai1807 à 60 ans » ; vers 1743, si lon consulte les listes des prisons Saint-Maurice et La Visitation qui lui donnent 46 ans en 1793 : mais nous avons déjà fait remarquer que les prisonniers majoraient ordinairement leur âge.
Il fut, avec le P. Epiphane Romeyer et le P. Hubert Vacher, lun des trois religieux qui abandonnèrent les derniers leur couvent. Comme eux, il semble être allé à Langeac et sest retiré dans la Loire où il touche le premier trimestre 1792 de sa pension, soit 175 livres.
Le 22 mai 1793, il était déjà arrêté et reclus. Ce jour-là, se réclamant de la loi du 23 avril 1793, il demande au Directoire du Département de nêtre pas déporté, en raison de ses infirmités. Il présente un « certificat des citoyens Dabrye et Sollier du 10 may 1793, leur signature attestée par deux officiers municipaux ». Ce certificat est rejeté, « attendu quil nest pas certifié par le Conseil Général ». En conséquence le Directoire du District du Puy « estime que ledit Laurent prêtre sera renvoyé à larticle 4 de la loi des 21 et 23 avril derniers » (1).
Note (1) : District du Puy, 2e reg. Des Délib., de 1793 à lan 2 ; 22 mai 1793.
De la prison Saint-Maurice où il est encore le 12 décembre 1793, il est transféré à la Visitation où il déclare être sans ressources (2).
Note (2) : Catalogue des reclus de la Visitation.
Le 30 ventôse an 2 (20 mars 1794), il est du nombre des 53 prêtres et religieux déportés à Bordaux : « Jean-Pierre Laurent, de Vals, paroisse du Puy, ci-devant capucin, 47 ans, taille de 5 pieds 4 pouces, cheveux chatains foncés, sourcils chatain clair, yeux chatains, nez pointu, bouche moyenne, front découvert, menton pointu, visage long ». (1)
Note (1) : Liste officiel, n° 4.
Un de ses confères du couvent du Puy, le P. Hyacinthe de Saint-Paulien (Jean-Antoine Rousset) faisait partie de ce même convoi. Arrivé à Bordeaux vers le 15 ou 16 avril, il y fut dabord incarcéré au Fort-Hà, puis au Petit-Séminaire, puis embarque sur Le Gentil et enfin, sur Le Républicain (2).
Note (2) : Manseau, op. cit., t. II, pp. 460 et 461, distingue à tort deux capucins Laurent et un P. Honoré. Il omet lembarquement sur Le Gentil que signalent Lellièvre, p. 332 : « Jean-Pierre Laurens », et Boudon, II, p. 360 (qui orthographie Le Jeanty).
Il fut libéré à Brouage le 9 juillet 1795 et arriva au Puy à la fin de ce même mois : le 30 juillet, en effet, M. Le Chanoine Pouderoux y fait allusion dans une lettre à M. de Rachat. Il figure dans les Dispositions de 1797 et 1799 sous le nom de « P. Honoré, capucin ».
Il nétait point, hélas ! au bout de ses tribulations. Lannée 1798 vit, dans le diocèse du Puy, une recrudescence des perquisitions à domicile, ou, plus exactement, des ordres de perquisitions. Beaucoup de ces ordres ne sexécutaient pas ou restaient délibérément sans résultat, lensemble de la population les désavouant : sur 286 paroisses, 216 appartenaient aux insermentés (3).
Note (3) : Gonnet, op. cit., p. 353.
Le commissaire du gouvernement près la municipalité, le farouche Boudinhon, reçut lordre de diriger personnellement les recherches. Le P. Honoré fut lune de ses victimes. Voici dailleurs in extenso le récit et le procès-verbal de son arrestation par Boudinhon lui-même. Ces deux pièces sont évélatrices de cette fin de révolution, où quelques convaincus essaient en vain de ranimer la famme :
Au Puy, le 11e frimaire an 7 de la République française, une et indivisible.
Le Commissaire du Directoire exécutif près lAdministration municipale de la Commune du Puy.
Au citoyen Masson commissaire du Directoire exécutif près ladministration centrale du Dép. de la Haute-Loire.
Citoyen collègue,
Javaois depuis quelques jours des indices que les prêtres commancoient à rallumer leurs torches pour électriser les fanatiques [ !] et les pousser ensuite au désordre. Hier à quatre heures et demi, nous nous réunimes avec le citoyen Genestet, commissaire de police, et le mareschal des logis de la gendarmerie dans la salle de la maison de justice pour nous concerter sur les mesures à prendre pour découvrir ces perturbateurs éternels de la société.
Il fut convenu que nous nous diviserions et quon se porteroit promptement avec trois gensdarmes, un dans la maison du citoyen Bathier pour sassurr ds toits, et lautre dans celle de labbé Laurens. Ca fut exécuté et après avoir fouillé inutilement dans toutes les chambres de ce fanatique immoral, nous nous rendimes ensemble devant la porte de celle ducitoyen Dubourg ex-curé, où nous restâmes pendant un quart dheure. Etonnés quon ne vint pas nous ouvrir dans cet interval, convaincu daprès lagitation ou nous trouvames toutes les fanatiques de cette maison quil y avoit un prêtre caché, je fis garder toutes les portes et nous dans lintérieur, après une très longue perquisition nous parvinmes à découvrir le nommé Laurens ex-capucin, entouré de tous les attributs du fanatisme. Linventaire de tous les effets prouvés a été fait et envoyé à ladministration centrale avec le procès-verbal. Jespère que dans quelques jours jauray a vous annoncer larrestation de quelque autre de cette espèce mais plus dangereux pour la chose publique que le très réverend père Honoré, [sic : souligné dans le texte]. Comptés toujours, citoyen, sur ma surveillance.
Salut et fraternité.
Boudinhon Comre.
Et voici le procès-verbal en question, expédié la veille.
Du 10 frimaire an VII de la République Française une et indivisible, heure de 4 et ½ du soir [30 novembre 1798].
Nous, Joseph Boudinhon, commissaire du pouvoir exécutif près ladministration municipale, et Christophe Genestet fils, commissaire de police de la commune du Puy, intruits par la rhumeur [si] publique que des prêtres insoumis ne cessaient de prêcher contre le gouvernement républicain et que quelques-uns de ces prêtres sétaient retirés dans la commune du Puy, à leffet dy prêcher la désobéissance aux lois, avons requis la gendarmerie en station dans cette commune, à leffet de faire des perquisitions dans les maisons soupçonnées de receler lesdits prêtres, nous sommes, en conséquence de ce, transportés dans la maison du citoyen Jean-François Laurent, section A, n° 49, où nous sommes transportés dans la maison du citoyen Dumestier, dit Dubourg, ci-devant curé de lHôtel-Dieu, où nous avons fait des perquisitions. Après trois heures de recherches, avons trouvé le nommé Laurent ex-capucin de la commune de Vals, dans une cachette pratiquée dans un plancher dune des chambres hautes de la dite maison ; ladite cachette recelant les objets ci-après désignés et inventoriées, savoir :
Un calice avec sa patène, en composition ; une pierre sacrée ; un missel ; les 1er et 4e volumes des méditations de Bossuet ; un volume des instructions sur les principales vérités de la religion ; le 2e et 3e volumes dinstruction générale,en forme de catéchisme ; larithmétique de Barrème, un volume ; éléments de lhistoire ecclésiastique, un volume ; les 1er, 2e et 4e volume des conférences ecclésiastiques : instruction chrétienne, un volume : médiations et pratiques de piété, un volume ; lart dinstruire ou de toucher les âmes, un volume ; rituel romain, un volume ; le 2e volume de la Consolation dun chrétien ; le 9e volume des méditations de Nouet ; un bréviaire ; un rituel ; une boîte en carton contenant des hosties ; une soutane ; une chasuble, étole et manipule ; une obe [sic] et son cordon ; un devant lautel en soie ; une nape [sic] dautel ; quinze pièces de linge menu servant à lexercice du culte ; et deux serviettes servant à plier lesdits effets.
De tout quoi nous dits commissaires avons dressé le présent procès-verbal que nous avons signé.
Boudinhon, Genestet (1)
Note (1) : A. Boudon, op. cit., p. 351-352. Une copie conforme contresignée par Boudinhon se trouve aussi aux Arch. Dép.
Ce rapport est suggestif. Dabord, il montre que notre vaillant capucin ne sétait laissé abattre ni par les souffrances de sa déportation, ni par les menaces des lois existantes. Non seulement, il vivait dignement, mais il vivait en prêtre et en prêtre zélé, aussi soucieux de sa vie intérieure que du progrès des âmes. La présence, dans sa bibliothèque, dun volume dhistoire ecclésiastique et dune arithmétique semble indiquer quil ne négligeait pas sa culture générale. Ce nétait certainement pas au détriment de son activité apostolique puisquil a lhonneur dêtre individuellement traqué par lancien accusateur public de 1793-1794, Boudinhon de si triste mémoire. Il fallait que les autorités civiles soient bien renseignées sur son compte, pour quon aille directement de son domicile à sa maison de refuge et quon y poursuive les recherches pendant trois heures.
Mais que faisait-il dans la maison « du citoyen Dumestier, dit Dubourg », prêtre jureur, puis curé intrus de Saint-Georges au Puy ? Aurait-il essayé de le faire rétracter ? Y aurait-il réussi ? Les papiers de M. de Rachat qui mentionnent la rétractation du frère de ce curé jureur : Jacques-Issac, ne parlent pas de la sienne. « Le nommé Jean-Pierre Laurent, religieux capucin, natif de Val [sic], canton rual [sic] du Puy » fut incarcéré ce même jour (30 novembre 1798) dans la maison darrêt du tribunal criminel du Puy (2).
Note (2) : Registre décrou.
Huit jours après, il essayait dobtenir sa libération en alléguant ses infirmités. La lettre nest pas de lui : il la seulement signée, soit que la maladie lait empêché décrire longuement, soit quun secrétaire bénévole lui ait inspiré confiance. Aux citoyens administrateurs du département de la Haute-Loire, scéant au Puy.
Citoyens,
Vous remontre jean Pierre [ces deux mots dune encre pluspâle] Laurens capucin, originaire de la commune de Vals quayant été arrêté et traduit dans la maison darrêt de cette commune où je gémis depuis plusieurs jours malgré des grandes infirmités pour ne mêtre pas conformé à la loi concernant les prêtre, ce quexige cette loi a répugnéa ma conscience, donc je nai pu en remplir la vue [lisez : le but, le contenu] sans la blesser, mais elle se croit à labri de tout autre soubçon. Jai resté tranquille, paisible et nai fait aucune fonction de mon ministère.
Me voicy dans les fers à réclamer de votre justice ladoucissement de mes maux. Et je vous déclare avec vérité que je suis ataqué dun espèce de charrere [c.-à-d. : colique] depuis environ trente ans, avec une grande oppression à la poitrine, le sang tres echauffé, nallant que rarement a celle et cella avec des grands efforts, ce qui ma procuré la dessente dun boyau par le fondement qui me fait cruellement souffrir, ne dormant presque pas ce qui me fait craindre dune prochaine étigie [ ?] ayant aussi été ataqué de lescorbut qui menleva la majeure partie de mes dents. Toutes ses [sic] infirmités une foix constatées lorsque jétois a Brouage ou Rochefort me firent mettre en liberté plus de deux mois avant mes compagnons.
Je viens donc aujourdhuy madresser a vous, citoyens, avec confiance, esperant de vos bontés ordinaires que vous voudrés me faire visiter par des officiers de santé afin de vous assurer de mon triste état et ensuite que vous voudrés bien mafrancir de la déportation dont je seois incapable de supporter le trajet et que vous voudrés maccorder la maison de reclusion avec quelques secours pour me solager et traiter.
Au Puy dans la maison darret, ce 17 fimaire an sept de la Réublique française.
Laurens, capucin.
Cette supplique si fortement motivée ne fut pas entendue. Le 29 nivôse an 7 (18 janvier 1799) il était condamné pour la seconde fois à la dportation. Le départ eu lieu quatre jours après (1).
Note (1) : Reg. Des Dél., 29 nivôse an 7, et Resitre décrou, 3 pluviôse an 7.
Il partit en compagnie des quatre « prêtre réfractaires Hilaire, Blachon, Périer et Aulagne ». On avait mobilisé pour les escorter jusquà Clermont 10 chasseurs et 2 hussards, 4 gendarmes et un sous-officier.
Manseau signale que « Laurens Jean-Pierre » arriva à Saint-Martin de Ré le 23 février 1799, quil fut libéré le 11 mars 1800, soit après un peu plus dun an de captivité et quil se retira à Vals près Le Puy (1).
Note (1) : Manseau, op. cit., t. II, p. 260-261. Nous ne savons pourquoi cet auteur dit que le Père Laurens était
« domicilié à Chaumont (Lyon) ».
Le 17 novôse an 10 (7janvier 1802) il obtient sa radiation définitive de la liste des émigrés (2).
Note (2) : Reg. Des actes de la préfecture.
Au Concordat, il accepta les fonctions de vicaire à la paroisse Saint-Laurent du Puy. Il mourut le 15 mai 1807 à 60 ans, dans la paroisse de la Cathédrale où ses obsèques eurent lieu le 16. Le 15 mars 1807, il avait encore signé un registre de la paroisse à laquelle il était affecté, ce qui prouve que ce vaillant soldat ne déposa les armes que lorsquil fut terrassé par la maladie. Il était juste que nous accordions ces pages à sa mémoire.
7- Fr. Urbain de Digrande (Gabriel Duond).
Agé de 33 ans en 1790, il déclara, lors de lenquête de mai, « vouloir vivre et mourir dans son état de capucin ». En fait, il demeura au couvent jusquau jour où il fut contraint daller à Langeac, dans la maison de retraite (mai1791). Sa pension est de 300 livres. Le denier paiement est du 6 octobre 1791. A cette date, le Registre des mandats ajoute « retiré à Merciny à compter du trimestre doctobre 92 ». Nous ne savons ce quil devint par la suite. Ni Merciny ni Digrande ne figurent soit sur le Dictionnaire des Commune soit dans la Statistique de la Haute-Loire qui donne pourtant les moindres villages ou hameaux. J.B. 284-301
LES BATIMENTS PENDANT ET APRES LA REVOLUTION
Vente du Couvent en 1791
Huit acquéreurs lachètent avec promesse de le revendre plus tard à la Commune
[ Cette triste période, nous ne devons, ni ne voulons pas en raconter tous les détails. Ce sera bien assez den parler autant quil est nécessaire pour poursuivre lhistoire de notre couvent, et expliquer sa transmission, à ceux qui, devaient, plus tard, y établir notre petit séminaire.
En octobre 1789, les bâtiments des Capucins, avec leurs dépendances, furent comme tous les autres biens religieux, placés dans la main de la Nation, pour quelle en disposât, à son profit, suivant des lois quon devait faire plus tard.
Le 12 février 1790, tous les vux ayant été abolis, les couvents dhommes, celui des Capucins de Monistrol par conséquent, furent supprimés, et définitivement saisis par les agents qui présidaient aux différents districts.] H.F. 44
Le 19 mai 1790, la municipalité de Monistrol avait procédé, conformément à la loi, à linventaire du couvent et à linterrogatoire des religieux. Tous avaient exprimé le désir de rester et demandé aux enquêteurs dintervenir auprès de lAssemblée Nationale pour que leur maison soit conservée : elle est en bon état et peut recevoir facilement dix-huit religieux. La ville et la paroisse joignent leurs prières à celles des Pères : lEtat lui-même y gagnerait, font-ils remarquer, car cette maison placée dans une petite ville et hors de son enceinte ne sera jamais de grand rapport (1).
Note (1) : Archives Nationales, F 19 606, Haute-Loire.
Le 10 septembre 1790, les membres du Directoire du District de Monistrol, nommés depuis un mois environ et arrivés depuis peu à Monistrol, se transportent au couvent et sen font céder une partie pour y fixer le siège de leur administration. Cession miamiable, mi-forcée. Il est convenu que le District paiera loyer
à la Nation (2) !
Note (2) : District de Monistrol, Reg. Des Dél. Du Directoire.
Une fois installés, ces Messieurs font la visite des locaux, carnet en main. Le 20 octobre, ils constatent que linventaire du 19 mai est incomplet : plusieurs articles importants ont été oubliés ou omis. Ils procèdent donc à un nouveau recolement que les religieux doivent certifier exact sous la foi du serment. Le signent cinq Pères et un Frère : « Claude-Marie de Monistrol, capucin supérieur : Epiphane, cap. ; Hubert, cap. ; Honoré ; Augustin, capucin ; frer Urbain [sic]. »
[Il semble, néanmoins, quon se garda bien dannoncer, dès le principe, que cette mesure serait générale et rigoureusement exécutée partout. On fit, au contraire, ou du moins, on laissa croire que quelques-unes de ces maisons religieuses seraient ou épargnées, ou conservées pendant quelque temps.
Et cest, sans doute, pour ce motif, et par suite de cette lueur despérance, que la Municipalité de Monistrol délibéra, le 10 novembre 1790, pour demander aux administrateurs de conserver le couvent des Capucins de cette ville, de préférence à tout autre, du même ordre, dans le département. Mais bientôt, les sentiments les plus exaltés et les plus hostiles à la religion, se mirent en effervescence : et la modération de quelques-uns restés en fort petit nombre, ne put arrêter la foule et lui servir de barrière. Alors, il arriva, comme il arrivera toujours, que le char de la Révolution, poussé outre mesure, dut aller jusquau bout, et tout renverser devant lui et tout broyer.]
Le Directoire pourtant ne tarde pas à soccuper de nouveau de limmeuble des Capucins. Le 8 décembre 179, il joint son vu à celui de la municipalité pour que ce couvent soit conservé comme maison de retraite des Capucins de la Haute-Loire. Cette requête ne fut pas agréée.
Cependant les idées nouvelles faisaient leur chemin. Le 20 mai 1791, les religieux reçurent lordre de se transporter à Langeac. Le 22, Mgr de Galard quittait son château de Monistrol pour lexil. J.B. 302
[Dès le 23 mai 1791, le lendemain de ce départ, on osa mettre en vente le château, le jardin et lenclos du prélat, la ville ne réclamant pour son utilité, que les fossés enclavés dans les dépendances de ce château. Le 28 de ce même mois « Le procureur de la commune se plaignit à la Municipalité de ce que des personnes de lun et lautre sexe, occasionnaient une affreuse fermentation. Elles publiaient que la religion était perdue, que les mystères célébrés par les prêtres assermentés étaient nuls ; que leur messe ne valait pas, ni leurs baptêmes, ni leurs mariages ; qui ne fallait pas assister à leurs instructions. Doù des scandales causés par certains citoyens à léglise et ailleurs, avec les propos les plus affreux, et dans lesquels on s e moquait autant du curé (Ollier), que de la Municipalité. » Le procureur proposa de dénoncer ces coupables à laccusateur public dYssingeaux ; et, parmi eux, se trouvaient trois Capucins sorties de leur couvent pour se rendre à Langeac, dont le P. Honoré.] H.F. 44
Le 25, le Distric invite la municipalité à venir contrôler le départ et
Les bagages des Capucins. Ce même jour, il autorise les Filles de N.-D. des Anges [installées] dans léglise des Capucins à retirer de leur capelle les objets appartenant à leur Congrégation. Le 3 juin, les trois derniers religieux réfugiées chez M. Ravel reçoivent lordre de quitter Monistrol : on espférait, par ce moyen, supprimer radicalement « laffreuse fermentation » quils entretenaient, disait-on. On espérait surtout avoir moins de difficultés pour semparer de leur immeuble.
Le Directoire du District, en effet, se préoccupait dacquérir la partie du couvent quil occupait depuis novembre 1790. Une occasion favorable se présentait : lAssemblée National avait demandé une description des locaux occupés par les Directoires de District. Celui de Monistrol décrit toute la propriété des ci-devants capucins, y joint une estimation faite par expert. La partie de bâtiment et le jardin occupés par le Directoire sont estimés 4600 livres. Le reste de ce bâtiment et le jardin du fond en valent 1500. Un autre bâtiment et le jardin y attenant sont estimés 5000 livres. Quant à léglise, au petit bâtiment et à la partie du jardin non comprise dans les devis ci-dessus, lexpert les a évalués 3000 livres. Le Directoire propose naturellement la vent par lots.
Il garderait celui quil occupe : 714 livres suffisaient à lisoler du reste des bâtiments et à ladapter à sa nouvelle destination. Il insiste auprès du Département pour que ce dernier lui obtienne cette faveur de lAssemblée Nationale (1).
Note (1) : Registre n° 3 de correspondance avec le Département, pour lannée 1791, 30 mai 1791.
La réponse fut probablement affirmative, car la mise en vente du 8 août 1791 ne parle plus du lot de 4600 livres alors quelle signale trois lots ayant même valeur que les précédentes. A cette date, les bâtiments et jardins à vendre content : 1° en « un corps de bâtiment, parterre et jardin faisant partie du monastère des ci-devants capucins de Monistrol, estimé 5.000 livres » ; - 2° « plus en léglise petit bâtiment et parterre attenant avec une partie du jardin sur lalignement du second corps de logis estimé 3000 livres » : - 3° « et finallement en un jardin a la suite de ceux ci-dessus désignés estimé séparément des susdits objets 1500 livres. »
« Dans la présente adjudication demeurent expressément excepté [sic] les meubles et effets qui sont dans les bâtiments et notamment les tableaux, chandelliers, confessionnaux, chaire à prêcher, boisages, rampes, balustrades en fer et autres objets qui sont dans lintérieur et autour de léglise et chapelles, bénitier et la cloche ». J.B. 302-303
La municipalité désirait ces immeubles et ces terrains, [soit pour y loger la gendarmerie, soit pour y établir dautres dépôts devenus nécessaires. Mais la loi sy opposait, alors du moins. Elle sentendit, donc, avec quelques particuliers qui devaient lui servir de prête-noms, et acheter, mais sous la condition de revendre, un peu plus tard, à ladite commune : et, cette condition, quoique on écrite, parce quelle ne pouvait pas lêtre, fut acceptée par eux, et assez connue du public pour empêcher les autres personnes de la localité, de surenchérir leur mise à prix. Le couvent fut, donc, adjugé, pour le prix de 10 050., à ces acquéreurs qui étaient au nombre de huit, savoir : MM. De la Gardette, maire, Moret du Monteil, procureur, Ollier, curé,Ravel, Verjat, Beau, Reviron et Desmartin. Laliénation de cette maison religieuse, bien quelle fût accompagnée des circonstances que nous venons de dire, et qui paraissaient lui oter un peu de ce quelle avait dodieux, et colorer son injustice, ne laissa pas dexciter parmi le peuple, de violents murmures] H.F. 45
Seul un certain Monnier intervint pour une surenchère, mais ninsista pas comme on va le voir.
Le 1er et 2e lots ayant été mis en adjudication, Vital Ollier, curé assermenté de Monistrol, en offrit 8200 livres. Jean Moret poussa à 8500 et fut déclaré acquéreur.
Le 3e lot fut demandé pour 1600 livres par ce mêle Olluier. Jean-Pierre Monnier qui nétait pas du groupe des neuf, en offrit 1625. Jean-Baptiste Demartin lenleva à 1650.
« De suite, continue lacte de vente, les dits sieurs Moret et Demartin ont fait la remise dun neuvième des dits biens par eux acquis en faveur des sieurs André-Joseph Lemore de la Gardette, maire, Vital Ollier, curé, Vatal Reviron, laboureur, Jacques Verjac, Charles Bau, négociant, Jean Ravel, aussi négociant et Pierre Cottey, greffier de la municipalité, lesquels ici présents ont accepté ladite remise aux mêmes charges, clauses et conditions de la présente adjudication, et ont les susnommés promis payer chacun un neuvième du prix de la présente vente et de faire les annuités en leur propre et privé noms [sic] solidairement » (1).
Note (1) : Arch. Dép. , Q. 5046, 8 août 1791.
Les protestations ne manquèrent pas, car le même jour, 8 août 1791, « le Procureur se plaignit que des désordres affreux avaient lieu dans les campagnes voisines, occasionnées par des prêtres et des religieux non-conformistes. Et lordre fut signifié à ces religieux de se retirer dans les communautés qui leur avaient été assignées, et aux prêtres non natifs de la commune daller à dix lieues hors de létendue du District » (2).
Note (2) : Reg. Des Dél. Du District de Monistrol.
Le 8 août 1792 , un arrangement eut lieu entre les acquéreurs et le receveur du District, arrangement rendu nécessaire par une loi nouvelle (16 octobre 1791). A cette occasion, nous apprenons que le sieur Lagardette, lun des acquéreurs (il a cessé dêtre de la Gardette) est mort. Lintervention des héritiers ne devait pas faciliter les arrangements (3).
Note (3) : Arch. Dép. Q. 5046, note marginale.
Le 28 septembre 1792, le District demande des instructions au sujet de la « modique » bibliothèque des Capucins : les livres sétaient donc volatilisés en quelques mois (4).
Note (4) : Ibid., 1, 5274.
J.B. 303-304
Décision prise par une fraction de la Municipalité en 1793, sur cette faculté de racheter le Couvent
Le 21 décembre 1793, les huit acquéreurs de la maison des Capucins, ou leurs ayant-cause, sommèrent la Municipalité de Monistrol de faire connaître ses intentions, sur la faculté quelle avait, et quils lui reconnaissaient, de racheter ladite maison, après un certain laps de temps convenu dans la délibération du 9 août 1793, en remboursant le prix quils avaient offert et payé ; sans quoi ils auraient le droit de sapproprier lobjet vendu. Et on ne dit pas si ces acquéreurs agissaient de la porte, par ruse ou de bonne foi, cest-à-dire, sils entendaient profiter de lextrême désordre qui régnait à cette époque, pour changer leur droit conditionnel, en un droit absolu, ou bien si, effrayés aux-mêmes, ils voulaient sincèrement se débarrasser dune acquisition qui commençait à leur peser et pouvait bien les exposer à des périls.
« La Municipalité de Monistrol, dit un Mémoire écrit par M. le curé LaBruyère en 1806, avait alors à la tête de son administration, un moine étranger (1) qui, peu intéressé à la prospérité des administrés, dilapidait, au contraire, leurs finances. Il prit, mais seulement avec dautres, deux officiers municipaux et trois notaires, une délibération où il est dit que les acquéreurs pouvaient jouir des susdits bâtiments comme de leur chose propre ; que la commune persistait et persisterait toujours dans le désistement de toute prétention conditionnelle. Et, dans cette délibération, [sans quon voit pourquoi, et à quel titre], on associa aux huit acquéreurs et à leurs droits, le Sr Pierre Cottey, secrétaire de la commune. » En vertu et par suite de ce malheureux arrangement, les neuf acquéreurs administrèrent, dès lors, par indivis, les parties de leur acquisition. Sauf léglise, toutefois, dont il ne fut pas fait, ni mention ni exception expresse, dans cette délibération du 21 décembre 1793. Il est probable que, ni le maire ne songea à la retenir pour la commune, puisque lancienne église subsistait encore, et quon projetait de la détruire ; ni les acquéreurs ne songèrent à la revendiquer, parce quils ne voyaient pas comment en retirer quelque profit.
Note (1) : [ Le maire, Soleihac, moine postat, par cette délibération, désigna un remplaçant de feu lagardette] J.B.
Ce doit être celui dont une lettre (1805-1806 ?) de M. de LaBruyère à M. Rachat écrit : « Beauzac
Un prêtre dans létat du mariage (soleilhac, sic)] J.V.
Que devient la chapelle du Couvent de 1794 à 1806 ?
« Cependant, continue le Mémoire, M. Soleilhac ne tarda pas de reconnaître le préjudice que pouvait causer à la commune cette deuxième délibération [celle du 21 décembre 1793] et, se trouvant pressé par les circonstances, de consacrer un temple à lEtre suprême, après avoir ordonné la démolition de léglise paroissiale, il réclama léglise des Capucins qui faisait partie des bâtiments rendus. Par une troisième délibération [ qui eut lieu le 30 mai 1794], et rappela la première [du 8 août 1791], sans faire mention de la seconde, [du 21 décembre 1793], dont la nullité était frappante, il nomma des commissaires pour se concilier avec les acquéreurs, à leffet de conserver léglise à la commune. » On proposait auxdits acquéreurs, ou bien de rendre le tout, moyennant le remboursement de leur argent, ou bien de voir procéder à une nouvelle vente. Quel fut le sens, quels furent les termes de cette conciliation ? Nous lignorons.
« Mais, poursuit le Mémoire du curé LaBruyère, quoiquil nexiste point dacte de cette conciliation, lusage que la Municipalité fit, dès lors, de léglise, linscription même quon fit graver sur la porte, et dont il reste encore des traces, les réparations qui furent faites par la commune, et dont deux cheminées se voient encore, lune pratiquée dans la sacristie, lautre dans une chapelle, appartements destinées à des comités secrets et au tribunal de la justice d paix, montrent évidemment que la commune sen réserva la possession, daccord avec les acquéreurs associés. La commune ne se contenta pas de jouir aussi de cette église : devenue plus libre, elle réclama lexécution de la première délibération, celle du 8 août 1791. Et les successeurs de M. de la Gardette, lequel avait signé de sa main, une déclaration où il attestait que les huit acquéreurs navaient acheté que pour la commun, et ceux de M. Moret du Monteil, et les sieurs Verjat et Pierre Cottey, et les représentants de M. Ollier, connaissant parfaitement lengagement qui avait été pris, offrirent alors, et continuèrent doffrir, [même en 1806], chacun en ce qui le concernait, de faire la remise de leur part, moyennant le remboursement de leurs deniers. Les autres quatre associé y attachaient, [au moins en 1806], un prix plus considérable, et poursuivaient en justice la demande du loyer de léglise, en vertu dun bail à faire passé [par eux] à M. Soulier. Voilà, disait M. LaBruyère en 1806, voilà le fait qui donne lieu à un procès pendant au tribunal dYssingeaux, entre quatre associés et M. Soulier ; ce dernier appelant en cause le maire de la commune. »
Le curé LaBruyère fait un mémoire pour pouver que ladite église, depuis 1791, avait toujours été une propriété communale
« Il paraît, continue M. LaBruyère, quon peut prouver par de solides motifs, que léglise des Capucins est restée propriété communale ; que les revendications des quatre associés sur elle, sont nulles ; et quil est aisé de les combattre victorieusement, et dans le fait et dans le droit.
Dans le fait. Il résulte de la troisième délibération (30 mai 1794) que la municipalité, bien loin davoir renoncé à son projet de revendiquer ses droits, sassura, provisoirement, la jouissance de léglise, dont elle fit, tantôt un temple à lEtre suprême, tantôt un arsenal, tantôt un dépôt de réquisitionnaires et de conscrits, et tantôt des lieux de réunions politiques, jusquà lannée 1802 où elle fut destinée à lexercice du culte catholique. Les demandeurs sautorisent dun bail à ferme passé [par eux] à M. Soulier, [qui semble agir au nom de la commune]. Mais il est de notoriété publique que ce bail ne fut jamais passé avec lengagement réel den payer le prix stipulé. La majeure partie des associés en fait laveu, et ne réclame rien.
Ce bail fut, seulement, une mesure de précaution quexigeaient les ministres du culte et les marguilliers, afin de prévenir le cas où ils auraient u être troublés dans lexercice du culte, et pour empêcher la vente dun bien redevenu national : [ce qui aurait pu avoir lieu sil ny avait pas eu de bail au moins fictif, parce qualors léglise redevenait communale, et, partant, nationale.] Et lassertion est si vraie quil fut convenu que ledit bail resterait en simple dépôt, et sa date en blanc ; et ce nest que longtemps après que sa date a été remplie ; on nose pas dire comment, mais certainement, par une main étrangère, et infidèle, et écrite avec une encre différente, comme il est aisé de sen convaincre, par linspection de cet acte. Cest en vain encore, quel les demandeurs voudraient sautoriser de la procuration, [cest-à-dire de la permission à eux donnée, par la municipalité, le 21 décembre 1793], en vertu de laquelle ils ont administré les autres parties de lacquisition.
Cette procuration, qui est spéciale, ne peut sétendre au-delà de la volonté des mandats, qui nont donné dautres pouvoirs aux mandataires que dadministrer les autres objets de la société, sans parler de léglise. Cette procuration, même, renferme une contradiction assez singulière. M. Soulier, qui serait preneur en vertu du bail, a signé la procuration comme mandant. Il avait, sans doute, oublié quil ne pouvait, à la fois, et pour le même objet, jouer le rôle de demandeur et de défendeur. Voilà comment les moyens quon emploie, souvent, pour éluder la vérité, en font mieux ressortir la force et léclat. »
« Dans le droit. Il paraît évident que la 2e délibération, [du 21 décembre 1793], de M. Soleilhac, maire, est nulle et de nul effet. Nulle parce quelle nest signée que de six délibérants, qui ne faisaient pas même le tiers du Conseil municipal. Il est inoui quun maire puisse lier la commune, ou dégager ceux qui lui sont obligés, sans y être autorisé légalement, et sans le concours de la majorité de ceux qui forment le Conseil municipal. Le Sr Soleilhac lavait si bien compris, quil prend une troisième délibération, [le 30ai 1794], qui neut aucun effet et ne devait pas en avoir. Neût-il pas, encore fallu pour que cette seconde délibération eût son effet, si elle avait pu en avoir quelquun, que la commune eût été mise en retard, par un avertissement de lautorité supérieure ?
Telle est la disposition des lois : et puisque cette formalité a été omise, les acquéreurs ne se trouvent dégagés, en aucune manière légitime, de lobligation déquité et de justice, quils sétaient imposée volontairement. Ils ont encore, moins droit au loyer de léglise, dont la commune et restée en possession. Et, quand cet objet pourrait être considérée comme invendu, il appartiendrait, de droit, à la commune, parce quun décret du Gouvernement à attribué ces sortes dédifices aux fabriques des paroisses où ils ont situées.
On doit donc observer que, sous ce rapport [quant à léglise] et celui de la première délibération, laffaire serait purement administrative ; et que, avant de juger sur la validité ou linvalidité du prétendu bail, la contestation devrait être renvoyée au Préfet du Département, pour décider sur la propriété de la chose, et appeler en cause M. le maire de la commune qui, avec lautorisation de M. le préfet, fera valoir tous les moyens de défense que lui fournissent les pièces sus-mentionnées et le circonstances de fait propres à faire disparaître toutes les difficultés quon pourrait alléguer au détriment de la vérité et de la justice. »
Largumentation de M. le curé LaBruyère était, comme on peut sen apercevoir, serrée, radicale et absolue. Elle tendait à prouver aux neuf associés acquéreurs, quils navaient aucun droit de refuser à la commune, si elle les indemnisait de leurs déboursés, dabord, léglise des Capucins, et même ensuite, les entiers bâtiments et dépendances de leur couvent ; puisquils nétaient dégagés, en aucune manière légitime, leur a dit plus haut le curé, de lobligation quils avaient volontairement prise le 8 août 1791, de les revendre à la commune, après un certain laps de temps. Sans doute, il ne faut pas faire un reproche au digne et zélé pasteur, davoir posé ainsi son entière et totale réclamation.
Les motifs sur lesquels il sappuie nétaient pas faciles à réfuter ; il les donnait parce quil voulait dabord, son église, et quil visait, en outre, à récupérer tout lancien couvent, où il désirait rétablir plus tard des missionnaires ; et, de plus, on sent, à la lecture de son mémoire, quil avait alors, par devers lui, dautres raisons dagir de la sorte, raisons que nous ne connaissons pas, et que nous ne pouvons pas apprécier aujourdhui. Mais il faut convenir, cependant, que sa manière de procéder nétait pas faite pour amener les quatre acquéreurs récalcitrants à une conciliation, qui, en effet, fut renvoyée de délais en délais quen 1822, et nut lieu quaprès la mort de M. LaBruyère. Cette manière de procéder était-elle fondée, bien véritablement, comme le disait le curé, sur des motifs péremptoires et évidents ?
Quant à léglise, oui sans doute. Parce quon pouvait dire à ces acquéreurs, que si elle leur avait été vendue, le 8 août 1791, ce nétait quà la condition librement acceptée par eux, quils seraient autorisés plus tard, par la commune à la garder. Or cette autorisation ne leur avait pas été, ni expressément, ni validement donnée le 21 décembre 1793 ; ou, si elle leur avait été donnée, en quelque manière, eux avaient consenti à ce quelle leur fut retirée bientôt après, le 30 mai 1794, en laissant la commune, comme ils le firent, jouir de cette église comme de sa chose propre. Et on ne voit pas ce quils auraient pu répondre ; dautant plus que, sur neuf quils étaient, cinq passaient condamnation.
Quant aux autres parties des bâtiments, si on examine la question au point de vue de la loi, la décision nest pas aussi certaine, ni aussi évidente. Ces biens avaient été vendus aux acquéreurs conditionnellement le 8 août 1791 ; une autorisation, levant la condition suspensive de leur droit, leur avait été donnée par décision municipale le 21 décembre 1793 ; or, la nullité de cette délibération et de lautorisation qui la suivit, quoique plus probable, nétait peut-être pas évidente ; assez, du moins, pour interdire aux acquéreurs de demander une plus-value sur leur mise à prix ; soit parce que la conduite du one étranger, Maire Sans-Souci, ne fut, ni moins, ni plus injuste que celle de tant dautres, à cette époque si bouleversée ; soit, surtout parce quon laissa, assez longtemps, les acquéreurs jouir de ces parties de leur acquisition, comme de leur chose propre, les louer, et les vendre peut-être. Au point de vue de la conscience et du Concordat de 1801, dont ne parle pas M. LaBruyère, la question devient encore plus obscure.
Ni la commune, ni les huit acquéreur délégués par elle, navaient aucun droit, [le 8 août 1791] dacheter la maison des RR.PP. Capucins, soit leur église, soit leurs bâtiments et leur enclos. Les acquisitions faites alors, ne purent devenir valides et produire leur effet, quen 1801, en vertu du Concordat, et de la concession faite par le Souverain Pontife Pie VII. Or, en faveur et au profit de quel acquéreur valait cette concession ? Est-ce en faveur des huit associés qui avaient légalement acheté, le 8 août 1791, dont lachat avait eu un simulacre de ratification le 21 décembre 1793 ; qui avaient joui longtemps, mais qui, disait-on et savait-on, navaient acheté que pour un autre ? Est-ce en faveur de la commune, dont le pouvoir dacheter était lié par le Gouvernement en 1791 ; dont la municipalité ne voulut pas, ou ne sut pas faire valoir les droits en 1793 ; et qui les laissa longtemps jouir à dautres, comme de leur propriété ? Non liguet. Aussi, même en 1806, la question de savoir à qui appartenaient et léglise et les autres bâtiments et dépendances, resta-t-elle indécise : la conciliation ne se fit pas. Et nous allons voir M. le curé LaBruyère, pour recouvrer la totalité de lancien couvent, comme cétait son projet, employer dautres moyens et laisser pour temps, ceux quil avait essayés dabord par la voie des restitutions et ces arrangements.
M. La Reveure, en 1807, vend sa portion des bâtiments des Capucins à deux Missionnaires de Ste Colombe
Le 12 novembre 1807, M. Mathieu-Marcellin-Joseph Granouilhet de la Reveure, avocat et notaire impérial, habitant St Didier, vendit à M.M. Pierre Vauzelle et Guillaume Martinot, prêtres missionnaires, de résidence en la ville du Puy, et anciens missionnaires de Ste Colombe, associés et acquéreurs par égales portions, ses entiers bâtiments, jardin, basse-cour, ayant fait partie du couvent des ci-devant religieux capucins, moyennant le prix de 4500 L
M. LaBruyère, curé, était au nombre des témoins qui assistèrent à cette vente. H.F. 45-51
Ces missionnaires, réorganisés par M. Georges Crétenet fils et connus à partir de 1696 sous le nom de Missionnaires de Sainte-Colombe, revinrent même à Monistrol après la Révolution et, coincidence curieuse, sinstallèrent dans lancien couvent des capucins.
Note : [« Martinot Jean, ancien missionnaire, âge 81 ans, pension 1000 L. » (note administrative de M le curé de Monistrol à M. de Rachat, et qui est des environs de 1804, autant quon peut le dater.] J.V.
CRETENET (Jacques), fondateur des joséphistes, ou crétenistes, 1603-1666.
Vie.
Né à Camplitte (Faranche-Cmté) en 1603, Jacques Crétenet ne trouva pas les attentions familiales quauraient fût lui valoir son intelligence éveillée et sa piété précoce.
A quinze ans il quitta la maison paternelle, prit à Langres quelque rudiment de chirurgie et int échouer à Lyon en 1628 en pleine épidémie de persiste. Pour ce jeune fratel-chirurgien, ce fut loccasion de révéler son talent, dacquérir la « maîtrise » et dépouser une veuve quil avait soignée.
A partir de 1634, il subit linfluence de la mère Madeleine de Saint-François, fondatrice du monastère Sainte-Elisabeth pour tiercelines, à Bellecour. Elle lui enseigna les voies de loraison, aux prix dun sévère règlement de vie, dune méthode analogue à celle des Exercices spirituels de saint Ignace, et surtout dune grande docilité à lEsprit de Dieu.
Les relations nouées au parloir de la contemplative, ses progrès en dévotion nempêchaient pas Crétenet dexercer son art avec dévouement. On le vit bien au cours dune nouvelle épidémie en 1643.
Son crédit sen trouva tellement accru que, lannée suivante, les chirurgiens de Lyon le députèrent à Paris pour soutenir leur procès devant le grand conseil. A cette occasion, il fit la connaissance de M. Olier, qui le désigna bientôt aux prêtres de Saint-Sulpice comme « un modèle de toutes sortes de vertus » (Faillon, Vie de M. Olier, 2e ed., Paris, 1853, t. 1, p. 523 ; t. 2, 475 svv).
Quand Crétenet revint à Lyon, dom Arnaud, prieur des feuillants, lui confia les dirigés de la mère Madeleine, morte le 23 juin 1642. La maison du chirurgien devint le rendez-vous dun groupe de pieux laïques, détudiants, decclésiastiques de tout rang, en quête de vie intérieure. Les avis quils recueillirent en ces colloques sont dans la ligne de la spiritualité traditionnelle.
La mère Madeleine fut le témoin de tels progrès spirituels chez celui quelle appelait son « coadjuteur », qu«
elle fut obligée de lui dire de se laisser aller aux mouvements du Saint-Esprit, qui voulait prier en lui, de sabandonner entièrement à ses attraits, et de bien prendre garde de ne pas empêcher ni interrompre par son action propre celle de Dieu, à moins quil se sentit fortement poussé dagir (p. 44). »
Crétenet, laïc, devint à son tour un directeur compétent et recherché.
Les Joséphistes.
Les questions que lon agitait en la maison du « bon M. Crétenet », ne portaient pas seulement sur des sujets de piété ; selon lactualité on y parlait des missions de campagne. Cétait ainsi que parmi les quarante ecclésiastiques qui fréquentaient ce cercle, germa lidée dune fondation de missionnaires qui prirent plus tard le nom de Joséphistes. Un essai de mission à Martignat fut une réussite.
1°. Fondation.- Le premier projet de fondation, élaboré en 1648, fut soumis à Deville, vicaire général de Lyon, et encouragé par les jésuites Derhodes et de Saint-Rigaud. Les premières expériences apostoliques des missionnaires Michel, Toniet, Angelot, en Bugey et en Franche-Comté, furent signalées par des conversions éclatantes, entre autres celles du marquis de Coligny et du baron dAttignat.
Ces succès éveillent des jalousies, provoquent persécutions et en Bresse, lopposition est si violente que larchevêque de Lyon, le cardinal François de Richelieu, menace dexcommunication « un certain chirurgien qui se mêlait de gouverner des prêtres » (p. 139). Laffaire en resta là ; lorage se dissipa.
Ce fut bien autre chose après la mission du Puy en 1656. Sur le conseil de M. Olier (lettre à M. de Brtonvilliers, 27 octobre 1652, éd. E. Levesque, t. 2, Paris, 1935, p. 40), lévêque, Henri de Maupas, avait fait accepter à M. de Lantagnes, laide de quelques crétenistes, « ce camp volant decclésiastiques missionnaires qui ont plus desprit apostolique, et ont plus de bénédiction, et font plus de fruit solide que tout ce que nous avons vu et ouï ». On les accusa détroitesse desprit et dopinions erronées. Laffaire rebondit à Lyon et valut à Crétenet toutes sortes davanies. Mais une fois de plus, les autorités diocésaines se prononcèrent en sa faveur, au Puy comme à Lyon.
Le 5 octobre 1661, Camille de Neuville, archevêque, met officiellement fin à toutes oppositions en accordant à la communauté de sétablir à Lyon « pour vaquer aux prédications, catéchismes et missions dans le diocèse ». Le marquis de Coligny assume les frais de linstallation et, tandis quil offre une maison et construit une église, le prince de Conti, non content de se déclarer patron et fondateur, obtient du roi des lettres patentes en faveur de la communauté. En 1667, larchevêque confirme sa confiance en attribuant à létablissement la qualité de séminaire. En 1656, saint Vincent de Paul avait défendu Crétenet devant lassemblée du clergé.
Les missionnaires de Saint-Joseph choisirent Crétenet comme leur supérieur et le prièrent de rester en la maison quil leur avait cédée. Prudemment le chirurgien se contenta dy louer un appartement. Bien lui en prit : lentente fut de courte durée.
« Son dessein navait jamais été que dassocier des prêtres pour travailler dans les missions, et pour cet effet il aurait désiré que les missionnaires eussent vécu comme ils avaient fait par le passé, sans aucune maison qui leur fût propre, ou que tout au plus ils en eussent une petite dans la ville qui leur servît de retraite pour se reposer après les missions, avec une petite chapelle pour y faire le fonctions de leur ministère
Ces messieurs, dun autre côté, croyaient devoir faire une grande église et de grands bâtiments pour avoir plus de lieu et plus de moyen de recevoir un grand nombre de personnes » (p. 190-191). « On résolut
quils regarderaient à lavenir M. Crétenet comme leur grand-père, à qui ils porteraient honneur et respect, sans que pourtant il dût se méler daucune chose » (p. 194).
La cause réelle de ces divergences portait sur le but même de luvre. Les uns avec Crétenet ne désiraient quune simple association de missionnaires diocésains ; les autres, autour de Cochet, prétendaient à une congrégation proprement dite avec séminaires et collèges. Ils ne prononçaient point de vux et leur directeur général était sous lautorité de lOrdinaire de Lyon. Avec une admirable humilité seffaça celui qui avait écrit : « Dieu est jaloux de nos curs. Il les veut sans partage. Il ne peut souffrir quils se répandent sur les autres créatures, même les plus parfaites, pour quelque motif que ce soit et pour saint quil paraisse ».
Ce drame dabnégation eut son apothéose terrestre : avant de mourir Jacques Crétenet reçut lordination sacerdotale. Il la désirait depuis longtemps, surtout depuis la mort de sa femme (1665). Il était pressé de la recevoir par ses amis fidèles, par dom Arnaud lui-même ; on lui avait prédit cet honneur au cours des épreuves de 1650. Camille de Neufville connaissait de longue date et estimait « cet homme extraordinaire qui avait si bien servi lEglise et lui avait procuré de si bons prêtres ». Témoin de sa science infuse des choses de Dieu, avant de partir pour Paris il lui remit des dimissoires pour se faire ordonner où il voudrait. Le Saint-Siège consulté ratifia la décision de larchevêque, ajoutant les dispenses nécessaires.
Malgré une série de contre-temps qui trouvèrent toujours leur solution à point nommé, Crétenet reçut tous les ordres des mains de lévêque de Belley, dom Belin, entre le 6 et le 15 août 1666. Mais leffort avait été trop grand pour son organisme épuisé. Retournant à Lyon, il mourut en cours de route, chez les chanoines de Montluel, le 1er septembre 1666, sans même avoir pu célébrer une première messe.
2° Evolution. Communément désignés « joséphistes », surnommés « créteniste », les missionnaires, institués par Crétenet, furent établis sous le titre de « Communauté de Saint-Joseph ». On les appela aussi « congrégation des missionnaires de Saint-Joseph ». La congrégation est placée sous la juridiction des archevêques de Lyon qui ont autorité pour approuver lenvoi en mission de chaque missionnaire et le choix du directeur général. Ce dernier, nommé à vie par une assemblée générale extraordinaire, est assisté dun conseil élu pour trois ans. A chaque triennat, les assemblées générales désignent les chefs de missions, les directeurs et les professeurs de collèges.
Crétenet, mis à lécart, conserva ladmiration de ses disciples qui ne contestèrent jamais la valeur de ses enseignements spirituels et sappliquèrent à les vivre. Sens de lhumilité et de lobéissance aux supérieurs, pratique de loraison mentale, émulation et abnégation au sein des petites équipes de missionnaires, caractérisèrent la spiritualité de la congrégation à ses débuts, en même temps que le zèle apostolique de ses membres. En 1671, le grand vicaire, B. Morange, inspecte le couvent et en revient édifié, semble-t-il, à moins qui nait été circonvenu.
Lactivité des missionnaires est très diverse. A Lyon, ils se consacrent à léducation spirituelle par la parole et leurs écrits. Parmi les premiers joséphistes, Trottet et Légeret sont des prédicateurs réputés et de directeurs recherchés. Ils désirent restaurer la ferveur de vie chrétienne qua connue la primitive Eglise. Leurs dirigés appartiennent souvent à la haute société, qui sagisse des visitandines ou des jeunes filles regroupées dans une de leurs maisons autour de la marquise de Coligny.
Le séminaire de Saint-Joseph jouit dune réelle influence. Largement ouvert à lorigine, il distribue à des externes philosophie et théologie. Le succès lui vaut dêtre suivi par des élèves des jésuites ; en 1685, devant les protestations de ces derniers, les joséphistes réservent leurs cours à la formation de leurs propres clercs, qui achèvent des études théologiques commencées ailleurs.
A lextérieur, les joséphistes ont pour objectif la christianisation des campagnes. Les registres de la communauté notent les villages visités et la fréquence des missions qui y sont prêchées. La liste en est imposante et on ne sétonne pas de constater que trois directeurs de missions résident en permanence au couvent des Terreaux pour les diocèses de Lyon, Grenoble et Vienne. Linstallation rapide de couvents à Rivières, près Uzès, et à Nevers atteste lextension de la congrégation qui, dès lorigine, avait établi le couvent et administré la cure de lIsle-Adam, aux environs de Paris. Très vite, les joséphistes comprirent limportance de la formation de lélite rurale. Sans interrompre le rythme de leur effort missionnaire, ils ouvrent des collèges où voisinent nobles, bourgeois et paysans.
Lun des plus connus et le premier en date est celui qui se crée en 1664 à Nantua. Sa popularité est telle que les habitants et les autorités locales nhésitent pas à soutenir les missionnaires dans leurs démêlés avec la Cour, voire avec larchevêque. Dans le midi, où les évêques dUzès suscitent nombre de missions, un collège est ouvert à Bagnols en 1690. Dautres sont installés à Thoissey en Dombes, à Louhans, à Chalon-sur-Saône, à Grenoble, à Saint-Rambert près de Lyon. En 1765, le collège des jésuites de Roanne sera repris par les joséphistes qui y donneront un enseignement scientifique très apprécié. Ils nhésiteront pas en 1770 à répondre à lappel de lévêque de Belley qui leur confie la direction de son collège-séminaire.
Furent successivement directeurs de la congrégation : Claude Cochet (1661-1682), Jean Légeret (1682-1698), Joseph Biord (1698-1700), Terrier (1700-1705), Plantier (1705-1715), jean Picheret (1715-1749), Etienne Chevron (1749-1772), Antoine Blanchard (1772-1780), Antoine Thibault-Gentil (1780-1792).
Lhistoire de la congrégation est complexe. De même quil faut se garder didentifier les crétenistes avec dautres joséphistes du 18e ou du 19e siècle, il faut aussi distinguer avec soin les branches autonomes qui se sont détachées des crétenistes. En voici deux exemples. En 1695, Georgs Crétenet, suivant la volonté de son père et avec les biens laissés à cet effet, ouvre le séminaire de Saint-Colmbe-lès-Vienne, qui fait fonction de séminaire diocésain. La communauté de « missionnaires de Sainte-Colombe » se maintint au début en rapports avec celle de Lyon ; mais elle prit assez rapidement son indépendance. Egalement, on voit Jean Vuilleminot (1640-1721), formé par Crétenet, accompagner, vers 1670, lévêque de Grenoble, Etienne Le Camus, dans ses tournées pastorales, et en 1673 se mettre au service dAntoine-Pierre de Grammont, archevêque de Besançon. Il attire auprès de lui une douzaine de joséphistes, qui, bientôt, nauront plus aucun lien avec ceux de Lyon. Le principal collaborateur de Vuilleminot fut François Girod, 1725, qui soccupe surtout de la formation des séminaristes.
3° Jansénisme. Très rapidement, les joséphistes furent accusés de jansénisme ; la première thèse suspecte est imprimée en 1671. Cependant, malgré quelques interdictions individuelles, il faut attendre la publication de la bulle Unigenitus en 1713 et la nomination de larchevêque François de Neuville pour que les joséphistes soient directement menacés. La révocation de létablissement accordée par le roi neut pas ses effets, grâce à Picheret, directeur général, qui ganga la confiance de larchevêque. Les joséphistes persistent dans leurs positions hétérodoxes sur la grâce, la liberté, la prédestination, le culte de la Vierge. Une liste derreurs relève cent et une propositions jansénistes soutenues au séminaire Saint-Joseph par treize missionnaires Ces erreurs sont dénoncées par une abondante série décrits paraissant entre 1718 et 1725
A Lyon, la communauté est en lutte ouverte avec les sulpiciens du séminaire Saint-Irénée, dont le supérieur est alors Claude Fyot de Vaugimois (1689-1758). Larchevêque provoque entre les deux partties la journfée de Saint-Laurent (10 août 1722) ; les opinions, manifestement jansénistes, soutenues par le joséphiste Rebeyrolis, sont approuvées par ses confrère et vivement attaquées par les sulpiciens. Cependant, aucune sanction nest prise. Sommés en 1724 de signer la bulle les crétenistes ne se soumettent quen apparence ; en 1729 leur séminaire est fermé et le droit denseigner retiré.
De Rochebonne, archevêque, obtient en 1735 la première rétractation formelle de la part de la communauté. Lassemblée générale de 1736 exclus les récalcitrants. En 1747, le cardinal de Tencin exige une nouvelle déclaration. Sous ces trois prélats, Picheret réussit à maintenir sa congrégation malgré toutes les attaques. Sous lépiscopat de Montazet (1759-1788), tout acquis au jansénisme, le séminaire des joséphistes rouvre ses portes et devient diocésain en 1771 ; en 1783 il groupe 107 étudiants, y compris les diacres de Lyon qui sont tenus dy passer un an. Les missions se multiplient, de nouveaux collèges sont fondés ; à Lyon la communauté na jamais eu plus dinfluence. Après la Révolution, la plupart des joséphistes entrent dans le clergé diocésain de Lyon. Plusieurs cependant refusent le Concordat et quatre dentre eux, jansénistes intransigeants, deviennent des chefs de la Petite Eglise ? On retrouve une dernière trace des crétenistes en 1710, lorsque le collège de Roanne rappelle comme professeurs plusieurs anciens membres de la congrégation.
Quant aux trois missionnaires qui interviennent pour reprendre et relever luvre des Capucins interrompue par la tourmente de 93, voici les quelques renseignements quil nous a été donné de recueillir.
M. P. Vauzelle était né à la Chapelle-Bertin des Murs, en février 1722. En 1807, il est appelé ancien supérieur des missionnaires de Ste-Colombe, et résidait au Puy. Il demeura depuis lors à Monistrol, y exercçant les fonctions du saint ministère. Son testament est du 21 janvier 1817 ; et il mourut le 14 février de la même année.
M. G. Martinot était originaire de Vazeilles-Limandre. Missionnaire de Ste-Colombe, il dut, avec son supérieur, P. Vauzelle, et après que la Révolution de 93 eut dispersé leur société, venir habiter le Puy. Avec le même, en 1807, il se fixa à Monistrol où il mourut peu dinstants après avoir célébré la sainte messe le 11 décembre 1815, âgé denviron 90 ans.
Note : En 1806, M.M. Martinot et Vauzelle prêchent une mission à Montusclat appelés par le curé M. Boutin (cf. semaine Religieuse [1892-1893] (sic) p. 222 manuscrite)
Lun et lautre eurent pour confrère M. Christophe Rigollet, comme eux, prêtre et ancien missionnaire de Ste-Colombe. Mais il ne semble pas avoir habité, ou du moins, habité longtemps Monistrol. M. LaBruyère, en lui faisant quelques avantages et en lui payant une pension, fit cesser tous les droits que danciennes créances auraient pu lui donner sur les biens acquis à Monistrol par M.M. Vauzelle et Martinot.
Une déclaration faite, le 1er mai 1811 explique lacte que nous venons de mentionner. MM. Vauzelle et G. Martinot disent, dans cette déclaration, et reconnaissent, que, « quoique la vente de M. LaReveure ne fût passée quen leur nom, il nen est pas moins vrai que M. le curé LaBruyère, pour le paiement de la susdite maison, la somme de 3800 L. pour laquelle somme, ils reconnaissent quil y a, on seulement un droit dhypothèque d »autant, mais, aussi, un droit de propriété équivalent ; et ils consentent quil en jouisse comme co-propriétaire ; à la charge, par lui, de les faire tenir quitte envers ledit Rigollet ; et de lui payer la pension quil lui a promise ; et se réservant seulement les droits qui les consernaient sur ladite maison. »
Voilà, donc, dès le 12 novembre 1807, une portion notable de lanciennepropriété ayant appartenu aux ci-devant Capucins, consistant en une maison, un jardin et une basse-cour, qui passent des mains de M. LaReveure en celles de MM. LaBruyère, Vauzelles et martinot.
Mais quand, et de qui M. LaReveure avait-il lui-même, acquis ce bien ? Lacte de vente, dans un de ses appendices, dit quune subrogation signée Milhieu, avait été faite en faveur de M. LaBruyère, le 15 septembre 1796. Cette propriété était-elle, en outre et en dehors, de ce quavaient acquis les neuf associés ? ou bien faisait-elle partie du total de leur acquisitions ? Et après ladite vente, faudra-t-il considérer, comme diminué dautant, ce qui restait à racheter des mêmes associés acquéreurs ? Il y a là une obscurité qui séclaircira, peut-être, plus tard.
Pour éclairer cette obscurité :
[Vente comme bien national dune partie du Couvent des Capucins,
achetée par Pierre Milhieu (Milhien) de St Charmond, par lintermédiaire du citoyen Granouillet la Rouveure de Monistrol.
Le « Répertoire des Ventes des Biens nationaux » (Archives Départementales, Hte-Loire), dans la 2ème partie (Département : « Ventes » daprès la loi du 28 ventôse an IV (18 mars 1796) porte:
N° 102, « 16 fructiodor an IV (2 septembre 1796), Partie dun bâtiment, jardin à Monistrol (provenant des) Capucins, (adjugé à) Pierre Milhieux (au prix total de) 4400 (livres) (somme payée en mandats ou assignats à 30 capitaux pour
3046, 50 (en numéraire) 1015, 50 »
La lecture de tout le dossier porte à croire que cette partie du bâtiment et ce jardin étaient précisément la partie dans laquelle sétait installée lAdministration du Directoire du District, le 10 septembre 1790, qui avait été acquise ou retenue par le Département en 1791.
Lire la longue description et évaluation faite, par le District, de cette portion du Couvent des Capucins (c.f. Registre n° 3 de Correspondance du District de Monistrol avec le Département pour lannée 1791, ou 27 mai 1791.
Maintenant, voici :
23 messidor an IV (11 juillet 1796), le « citoyen Milhieu de St Chamond » verse au Puy, 1500( ?) à valoir sur le 2ème quart des objets : 1000( ?) sur les bâtiments et jardin des Capucins de Monistrol, 500( ?) sur un pré, à Monistrol, provenant de lémigré Charbonnel.
10 thermidor an IV (28 juillet 1796) : « Jean Bruno Duchamp expert de la Commune de Monistrol, expert nommé par délibération de ladministration du Département de la Haute Loyre (sic), en datte (sic) du 1er thermidor (19 juillet 1796), et Jean Antoine Douspis de la même commune, expert nommé par le citoyen (Milhieu) de la commune de St Chamond, par sa soumission dacquérir le bien national cy après désigné en datte du vingt quatre prairial dernier (28 mai 1796), procèdent à lestimation de ce bien en présence du citoyen Coffy agend (sic) municipal et substitut du commissaire du Directoire exécutif de Monistrol. » « Lesquels dits objets consistent en un bâtiment composé dun rez-de-chaussée divisé en plusieurs petits appartements ainsi quau premier étage, avec leurs colidors galtas basse-cour petites écuries et grange à la suite duquel est un jardin- le tout composant quune partie du couvent des cy devant Capucins dud. Monistrol qui se bornent à lorient par le chemin allant du Fléchet à Monistrol, au midy par le surplus dud. Jardin et couvent vendus à la société de la Municipalité dud. Monistrol, au couchant par les fossets de lad commune et au nord par la place ou commune appellée du Marchet, que nous avons trouvé contenir en bâtiments et basse cour cent quatre vingt toises quarrées et en jardin deux cent quatre toises aussi quarrées ».
Ils estiment : quen 1790 le revenu du bâtiment était de 210 ; qui aujourdhui, aux temes de la loi, sa baleur est 18 flois le montant du revenu, soit 210 x 18 = 3780 ; quen 1790 le revenu du jardin était de 30 ; quaujourdhui, aux termes de la loi, sa valeur et 22 fois, le montant du revenu, soit 30 x 22 = 660
Total du revenu : 240, total du capital actuel : 440
Et ils signent tous trois, enf._*_ m. _*_
Duchamp Douspis .Coffy substitut.
Expert
Six quittances de diverses sommes payées, ou à payer, par le citoyen Milhen (ou Milthieu, ou Milhieu, ou Mithieu) au sujet de lacquisition de biens nationaux ci-dessus indiqués au 2°). Ces 6 pièces séchelonnent du 3 fructidor an IV (20 août 1796) au 26 germinal an V (15 avril 1797).
Lhomme daffaire de Granouillet la Rouveure. ] J.V.
Où en étaient, en 1810, lEglise et les bâtiments des Capucins ? A qui appartenaient-ils ?
Trois ans après cette acquisition [du 12 novembre 1807], une délibération du Conseil municipal de Monistrol tout en nous faisant connaître que la question de la restitution des biens du couvent à la commune, avait fait peu de progrès, nous apprend, du moins, quels étaient les maîtres ou détenteurs de ces biens le 14 septembre 1810. Ils étaient, toujours, au nombre de neuf, savoir : quatre récalcitrants et cinq plus disposés à en venir à une conciliation ; les quatre premiers étaient les successeurs de M. Beau, ceux de M. Reviron, ceux de M. Ravel, et deux demoiselles Desmartin. Les cinq autres étaient les successeurs de M. de la Gardette, ceux de M. Moret, ceux du curé Ollier, Verjat, Pierre Cottey, et un fils Desmartin pour un quart de neuvième. Le groupe des récalcitrants détenait trois neuvièmes, plus trois quarts de neuvième : et le second groupe, cinq neuvièmes, plus un quart de neuvième, des bien du couvent.
Cest bien ainsi que sexprime la délibération municipale, que nous copions sans chercher à lexpliquer. Mais, à ce compte, il semble difficile de trouver une place pour la portion de ces biens déjà vendue par M. LaReveure. Faudrait-il admettre que M. LaReveure lavait acquise précédemment de quelquun des acquéreurs du second groupe, bien que le nom de cet acquéreur, qui sétait dessaisi, figurât toujours dans la délibération du Conseil municipal, lequel nétait censé connaître que lui, et navait pas à soccuper des aliénations que ce même acquéreur primitif pouvait avoir passée avec dautres contractants ? Quoi quil en soit de ce point obscur, le maire de la commune et la Municipalité persistaient, en 1810, et pour les mêmes raisons que M. le curé LaBruyère avait exposées dans son mémoire, à demander la nullité de lacquisition du 8 août 1791, et à refuser tout prix du loyer de léglise, si les opposants ne voulaient pas rétrocéder, à la commune, les biens acquis pour elle, moyennant remboursement de la somme payée par leurs ancêtres ; et on autorisait le maire à entreprendre un procès pour faire valoir les droits de ladite commune.
Cependant, avant daller jusquà ce parti extrême, comme, comme M. le Préfet de la Haute-Loire se trouvait, ce jour-là, à Monistrol, on le pria davoir une entrevue avec les quatre acquéreurs qui faisaient opposition. Il leur proposa bien de céder à la commune, leurs trois neuvièmes et trois quarts, moyennant 1000 L. pour chacun, soit 3750 L. ; il leur promit bien, aussi, que sils acceptaient, on leur payerait sinon le loyer de léglise, au moins les frais déboursés par eux, pour la demande et la revendication de ce loyer. Mais cette fois encore, on ne put pas aboutir, et laccommodement de cette affaire neut lieu que plus tard.
Testament de M. Pierre Vauzelle, ancien Missionnaire de Ste Colombe, en 1817
Il ny avait pas, peut-être, de la part des quatre opposants, une véritable et bien volontaire injustice, à cause des motifs dexcuse que nous avons fait connaître précédemment, motifs que sexagèrent toujours ceux qui doivent être dépossédés. Mais, à coup sûr, il y avait, ténacité et entêtement peu raisonnables. Ils auraient dû, neut-ce été que par patriotisme, et le sacrifice quon leur demandait étant, dailleurs, assez minime, ne pas entraver et arrêter plus longtemps luvre si utile du rétablissement de lancienne mission.
Heureusement que celui qui poussait à cette bonne uvre, nétait pas moins tenace, ni moins entêté pour le bien ; et quand il avait jugé un projet avantageux à sa paroisse, il allait jusquau bout, et les obstacles larrêtaient difficilement. Voyant, donc, quon ne parvenait pas à sentendre, et que les efforts tentés par lui, et par la municipalité, et par le Préfet du département, à plusieurs reprise, navaient pas pu amener les quatre familles à céder leurs droits, et à procurer la recomposition de la totale propriété de lancienne maison religieuse, M. le curé LaBruyère prit un autre chemin, un peu détourné, mais également sûr pour le conduire à son but.
Au moyen de contrats, dont nous navons pas les titres et qui furent ou des ventes ou des donations, il engagea MM. Vauzelle et Martinot à acquérir quelques neuvièmes du bien qui avait appartenu au couvent : peut-être même les aida-t-il, pour cela de son argent, cette fois encore.
Lui-même fit lacquisition dun autre neuvième : portions qui furent, sans doute, ou vendues ou cédées par MM. Pierre Cottey, Verjat, les héritiers LaGardette et Ollier et le fils Desmartin.
Et, de la sorte, MM. Vauzelle, Martinot et LaBruyère, tous trois ensemble, furent bientôt maîtres, de la maison, jardin et basse-cour de M. LaReveure, et plus de quatre neuvièmes, environ, des bâtiments ayant appartenu aux Capucins ; M. Moret promettant toujours de donner son neuvième. On conçoit quaprès ces diverses acquisitions, et avec lenchevêtrement des parcelles acquises, de leurs mutuelles dépendances et servitudes, sils étaient encore gênés dans la jouissance du bien total, il était plus difficile à ceux qui le détenaient pour trois neuvièmes et trois quarts, de vendre leurs portions à dautres acquéreurs, et déchapper à lobligation de les céder, tôt ou tard, à ceux qui possédaient déjà, plus des cinq neuvièmes du couvent.
Le 21 janvier 1817, M.P. Vauzelle fit son testament, dans lequel, il fit assez connaître quel avait été son but, et celui de M. le curé LaBruyère, en rachetant les différentes parties, qui avaient autrefois composé lancienne maison des PP. Capucins. Il donna et légua, à M. labbé Rauzan, chapelain du Roi, et supérieur de la Mission de France, résidant à Paris, tous les meubles, effets mobiles et immeubles, consistant en maison, jardin et basse-cour, quil avait, situés en la ville de Monistrol.
Lan mil huit cent dix sept et le vingt (et) un janvier après midi
Par devant nous Jean andré Quioc notaire royal à la résidance de Monistrol arrondissement communal ? dIssingeaux département de la Haute-Loire, soussigné et en présence des témoins cy après nommés et aussi par lui cy
fut présent Monsieur Pierre Vauzeilles prêtre et ancien supérieur de la maison de mission ditte de sainte Colombe, domicilié en la ville de Monistrol lequel sain desprit, mémoire et jugement et jouissant de toutes ses facultés intellectuelles ainsi quil est apparu à nous notaire et témoins nous a(requis) de recevoir son testament quil a fait et dicté à nous dit notaire qui lavons écrit tel quil nous la dicté ainsi quil suit
Je donne et lègue à Monsieur labbé de Rauzond chapellain du roi et chef de la mission (de, en) France résidant à Paris, tous les meubles effet mobilière et immeubles consistant en maison et jardin que jai situés en la ville de Monistrol aux (charges héréditaires) et (au surplus de mes biens qui) (confiait une des dispositions précédemment faites, en faveur de Pierre Vauzeilles mon neveu habitant à (Jeure ??) commune de la Chapelle (Berthin ?) département de la Haute-Loire.
Pour tout ce qui concerne le mobilier que jai au dit (laissé) des
.. et (tous) droite légitimaires et familiers.
Je révoque tout précédemment testament (cassant et révoquant) toutes dispositions contraires aux présentes, voulant que celui-ci (reste) seul à pleine et entière (succession).
Telles sont les (décisions), intentions du testateur aux quelles il a, persisté après que nous notaire sus dit lui avons en donné lecture en présence des témoins cy-après nommés, de son testament cy-(dessus), dit tout (que) le dit sieur testateur nous a (requis) acte à lui octroyé ;
Fait et passé dans la (chambre) ayant vue sur le marché de sa maison dhabitation en la ditte ville de Monistrol les jours mois et an sus- dit, le tout en présence de Monsieur Jean Benoît (Du fay (s)) prêtre vicaire, (des) sieurs Benoît (Fessand ?) propriétaire, Jean Marconnet Me (serrurier ?) et Vital Lafond instituteur, tous domiciliés en la ditte ville de Monistrol, témoins requis qui ont signé avec le dit sieur (testateur) et nous notaire, après lui avoir donné une seconde lecture du présent estament en présence des témoins sus-nommés
Vauzelle mission. Dufay (ris ?...)
Marconnet Laffond
(F)essand Quoic
Nore
Enregistré à Monistrol le premier mars (1817) F° 49 N° Case 3, reçu cinq francs
cinqte Centimes. Déclaration à fournir dans les six mois du décès 5,50 (four(nier)) A.D. Le Puy 3E 194 côte 18
On pourrait se demander ici, pourquoi le testateur ne donna pas son bien à M. LaBruyère qui en avait payé la plus grande partie ? Pourquoi M. labbé Rauzan fut choisi comme légataire, de préférence à tout autre ? Pourquoi, dans le legs, il nest pas fait mention des neuvièmes, dont nous avons parlé tout à lheure, et acquis sur les biens des Capucins ? Sans savoir bien au juste toutes les intentions de M. de Vauzelle, il est permis de présumer que le legs ne fut pas fait à M. LaBruyère parce que ce dernier, dont la créance, dailleurs, était garantie et assurée par la déclaration du 1er mai 1811, devait bientôt donner lui-même à M. labbé Rauzan, et que déjà, sans doute, ces trois personnes étaient daccord sur ce point ; que M. Rauzan fut choisi pour légataire parce quil était chef de missionnaires, et quainsi le intentions des premiers fondateurs de la mission des Capucins, étaient plus parfaitement accomplies ; quil nest pas parlé, dans le legs, des neuvièmes que le testateur possédait sur lentier bâtiment, soit parce que ces neuvièmes étaient compris dans les termes généraux du legs, soit, plus probablement, parce quils avaient été, par un acte ayant eu lieu avant le testament, peut-être par le testament de M. G. Martinot que nous ne connaissons pas, et comme garantie de largent prêté en 1807, cédés à M. LaBruyère afin que ce dernier les joignît au neuvième quil avait déjà de son propre chef, et se servit de ce droit indivis quil possédait sur lancien couvent, pour obliger les familles opposante à ne vendre quà lui les parcelle quelles détenaient encore.
Testament de M Guilllaume Martinot, prêtre en faveur de M. Pierre Paul de LaBruyère, curé de Monistrol et Vicaire général
Note (1) : Le 26 janvier 1711, M. Guillaume Martinot, prêtre résidant à Monistrol, fait un testament olographe en faveur de M. de LaBruyère, quil institue son héritier universal.
Le 8 janvier 1816, le Tribunal jYssingeaux envoie M. de LaBruyère en possession des biens de M. Martinot, meubles et immeubles [on ne dit pas la date du décès du testateur] et ordonne le dépôt du testament dans létude de Mtre Quioc, notaire à Monistrol (lequel signe en fin : m.Quioc)
J.V.
Acquisition faite par M. le curé LaBruyère, dune partie du Pré-Vescal, aliéné en 1791
C qui montre que cette dernière intention était bien dans lesprit très prévoyant de M. le curé LaBruyère, cest que nous le voyons, peu après, le 5 novembre1818, acquérir la moitié du Pré-Vescal, quil acheta par indivis avec lhospice ; laquelle acquisition servit plus tard, à reconstituer, et, même, à agrandir lancienne dotation des missionnaires. Cette portion du Pré-Vescal était une fraction des trois lots acquis par le curé Ollier. Après quil eut été condamné, son bien fut vendu, le 26 février 1795, à un Durieu des Taillas. En 1818, ce dernier loffrait à lHospice pour 8 000 F. Mais, comme lHospice navait pas toute cette somme disponible, M. LaBruyère fournit 4000 F. et devint, ainsi, maître, par indivis, de la moitié de cette fraction du Pré-Vescal. Nous verrons, plus tard, comment toutes ces acquisitions, quoique indivises, faites par M. le curé, servirent à dévider lécheveau que dautres avaient si malencontreusement embrouillé : cest-à-dire, à recomposer la propriété de la nouvelle mission, que le zélé pasteur voulait voir succéder à lancienne pour le bonheur de sa paroisse.
Testament du curé LaBruyère, en 1820 ; et donation faite par lui à labbé Rauzan
Il fit son testament le 15 janvier 1820 ; et, comme cet acte de sa dernière volonté explique et confirme bien des détails que nous avons donnés dans les précédents articles, nous allons en citer textuellement le passage qui a trait au couvent des Capucins : « 1° Je conne, dit-il, à titre dinstitution particulière et héréditaire, à M. labbé Rauzan, supérieur général de la Mission de France, résidant à Paris, la maison et jardin joignant, que jhabite à Monistrol, qui avait été achetée de feu M. LaReveure, avec ses dépendances ; 2° Je donne au même, et à même titre que dessus, quatre neuvièmes des bâtiments du collège et enclos adjacent provenant (s) des trois neuvièmes de défunts MM. Martinot et Vauzelle ; et de ma part expresse qui est un neuvièmes ; et 3° Au même toujours, je donne la moitié du Pré-Vescal, que jai acquis par indivis avec lHospice, de Durieu des Taillas
»
Doù on dit que les quatre neuvièmes des bâtiments déjà possédés par le testateur, étaient bien distincts et en sus de la propriété vendue par M. LaReveure. Malheureusement, il nexplique pas, ce quétait cette propriété, eu égard à la totalité des biens du couvent ; ni comment, les trois neuvièmes étaient venus dabord à MM. Martinot et Vauzelle : et, ensuite, de ces deux messieurs à lui-même, déjà maître dun neuvième. Lobscurité persévère, donc sur la vraie origine de la propriété LaReveure, acquise en 1807. (cf ci-dessus)
M. LaBruyère, curé de Monistrol et Grand-Vicaire de St-Flour, mourut le 3 décembre 1820, surpris par une attaque dapoplexie, au moment où il prêchait dans son église paroissiale. Mais cette mort si prompte narrêta pas, elle hâta, au contraire, la réalisation de luvre quil poursuivait depuis longues années, avec une ardeur infatigable. Par suite des dispositions quil avait prises et qui étaient pleines dhabileté et de sagesse, la mission fondée autrefois, par Guillaume de Chabannes reparut bientôt, non pas précisément telle quelle avait été dans le temps anciens, mais sous une forme nouvelle, plus conforme, peut-être, aux besoins des temps modernes, et servant, toujours, à faire fleurir la religion dans nos contrées et à procurer le bien spirituel des âmes. On pourrait dire même que le succès ainsi obtenu, procura au digne curé, une double gloire, quassurément il navait ni ambitionnée ni prévue. La nouvelle institution réunit, tout ensemble, et lécole secondaire qui lui devait son origine, et la mission que, par tant defforts et de sacrifices, il était, enfin, venu à bout de rétablir. H.F. 53-56
Quelques Curés de Monistrol
1802-1820 : M. Pierre Paul Fayolle de LaBruyère,
décédé à Monistrol le 3 décembre 1820.
1820-1822 : M. Bay
1822-1867 : M. Etienne Bonnet, né à Araules le 17 mars 1790,
décédé le 4 août 1867
1867-1884 : M. Claude Hippolyte Fraisse né à Tence le 9-01-1819,
décédé le 12 janvier 1884
1884-1888 : M. Liotier né à Champelause,
Décédé en 1888
1888-1915 : M. Léon Sabatier né au Puy
Décédé le 16 mars 1915
M. Jean-Marie Manet, né à Yssingeaux en 1864
J.V.
Une particularité pédagogique au Pieux-Secours (Lyon) : les contrats dapprentissage
Le compte-rendu du 30 octobre 1823 met en évidence les nombreux changements survenus au Pieux-Secours depuis 1818. Malgré son importance, la fondation de lInstitut des Frères du Sacrés Curs de Jésus et de Marie en 1821 ne constitue quune des transformations, subies par le Pieux-Secours durant les premières années ; la disparition, officielle du moins, de la présence de jeunes délinquants, les nouveaux critères de sélection pour ladmission dans les ateliers, le rôle des deux conseils dadministration, donnent un visage neuf à la petite providence des débuts.
Les actes notariés nous révèlent lexistence dune particularité inconnue de létablissement qui prend place dans cette évolution. Les archives de létude de Maître Casati conservent cinq contrats dapprentissage, passés entre deux particuliers et des administrateurs du Pieux-Secours, pour lapprentissage de jeunes garçons. Le premier concerne Jean Coroy, il est signé le 20 juillet 1822.
Entre cette signature et le 2 janvier 1825, date du dernier acte répertorié, quatre autres contrats sont passés dans les mêmes conditions ; ils concernent cinq enfants, car deux frères, Barthélémy et Pierre Marie Costemagne, font lobjet du même acte, le 14 avril 1823. Dans les trois premiers cas, cest une veuve exerçant une profession qui confie ses enfant au Pieux-Secours ; dans les deux derniers, il sagit du père : un scieur de long et un cultivateur. Aucun de ces contractants nest en mesure de signer. Les contrats portent sur des engagements de longue durée, de quatre ans et demi jusquà huit et neuf ans ; les enfants concernés ont de 10 à 15 ans et ne sortiront de létablissement quà lâge de 18, voire de 20 ans dans lun des cas.
Il semblerait quà la suite de nouvelles dispositions prises dans le cour de lannée 1822, des administrateurs (Augustin Bonnet, au titre de trésorier, et André Terret, le plus souvent) aient pensé trouver par ce moyen une nouvelle source de fonds, bientôt tarie, pour une institution qui se croyait alors suffisamment affermie pour prendre des engagements sur une aussi longue durée.
Voic la liste des contrats passés en létude de Maître Jean-César Casati, tels quils figurent dans les minutes conservées aux archives départementales du Rhône, sous- série 3 E.
20 juillet 1822 : apprentissage de Jean Coroy,
15 avril 1823 : apprentissage de Barthélémy et Pierre-Marie Costemagne,
20 novembre 1823 : apprentissage de Jacques-Pascal Costemagne,
5 décembre 1824 : apprentissage de Benoît Cahapeau,
2 janvier 1825 : apprentissage de Pierre Favreau.
Les différents contrats étant établis sur le même modèle, on trouvera, à titre dexemple, le premier dentre eux, celui de Jean Coroy. E.D. II, 79-80
Apprentissage de Jean Coroy fils à lEtablissement du Pieux-Secours, 20 juillet 1822
Par devant M. Casati et son confrère, notaires à Lyon soussignés, furent présents M
. Augustin Ronnet, négociant demeurant à Lyon, place Louis-le-Grand, n° 22,
Et André Terret, aussi négociant, demeurant à Lyon, grande rue des Capucins, n0 [21,] administrateurs de létablissement du Pieux-Secours établi à Lyon, montée de la Butte n° 3,
Et en cette qualité agissant pour et au nom du Conseil dadministration
dune part,
Et Mme Benoît Momes veuve de Jean Claude Coroy, blanchisseuse de linge, demeurat à Lyon, rue de la Charité n° 12, stipulant pour faire recevoir son [fils] Jean Coroy né le 29 septembre 1812 à Lyon, demeurant avec elle, dans latelier de fabrique de soie de létablissement pour y faire son apprentissage
dautre part,
Lesquels ont fait les conventions et pris les engagements suivants :
Article 1 : Jean Coroy sera logé, nourri, blanchi et soigné dans létablissement, il y recevra des leçons de religion, de lecture, décriture, de théorie et de pratique pour les ouvrages de soies unies ou façonnées selon le règlement de latelier, le tout au frais de létablissement.
Article 2 : De son côté ledit Jean Coroy, à ce présent, sous la garantie expresse de sa mère promet de travailler bien et fidèlement pour tout ce qui concerne ladite profession, sans quil puisse travailler ailleurs durant le temps de son apprentissage, sa mère le cautionnant de la docilité, obéissance et fidélité à cet égard soit au maître qui linstruira soit aux autres préposés de létablissement.
Article 3 : La dame Veuve Coroy engage son fils vis-à-vis les administrateurs pour 8 ans entiers et consécutifs, qui commenceront à courir le 29 septembre 1822 pour finir à pareille époque de lannée 1830. Elle promet en cas dabsence dudit apprenti sans cause valable et permission par écrit du directeur de létablissement avant son temps expiré de le représenter audit établissement, et de lui faire réparer le temps perdu, sen rendant responsable envers ledit administrateur, et sengageant alors sil ne rentrait pas, de tirer compte au profit de létablissement la somme de 300 francs de dédommagement.
Article 4 : On fixera la tâche de lélève sur le même pied que les autres ateliers de la ville dès quil sera à même de la remplir : ce quil fera en sus de sa tâche lui sera compté moitié façon ainsi quil suit : le dixième du salaire provenant de lexcédent des tâches lui sera remis tous les mois en argent ou en vêtements et le reste sera retenu entre les mains des administrateurs pour lui être compté à la fin de son engagement et lors de la sortie de latelier.
Article 5 : Dans le cas où par contravention au règlement, défaut de murs, de fidélité ou de travail, le jeune Coroy serait renvoyé de latelier par une décision prise par ladministration, il sera tenu de sortir le jour même qui lui sera indiqué et la dame sa mère sengage à le reprendre, sans pouvoir en aucune manière ni par aucune voie judiciaire ou autre le soustraire à leffet de ladite délibération ; en ce cas comme en celui où le jeune élève aurait déserté de latelier, il ne pourra plus prétendre aux sommes qui lui reviendraient pour lexcédent des tâches ou solde de façon resté aux mains des administrateurs, quel quen soit le montrant, et ce montant sera réversible aux autres ouvriers en soierie lors présents qui en profiteront.
Article 6 : Chaque mois le maître dressera un état de louvrage et de lexcédent de louvrage fait par les élèves lequel servira de règle vis-à-vis du jeune Coroy et sera signé par ledit maître et un des administrateurs ; si le jeune Coroy éprouve une maladie de plus de six jours, le temps quelle aura durée sera par lui réparé à la fin et en sus du terme ci-devant fixé pour ses engagements.
Telles sont les conventions des parties qui en ont promis respectivement lexécution à peine de tous dépenses, dommages et intérêts.
Fait et passé à Lyon, en létude, lan 1822, le 20 juillet, lecture faite, la dame Veuve Coroy interpellée de signer par lesdits notaires a déclaré ne le savoir, M. Bonnet et Terret ont signé avec les notaires.
Bonnet André Terret
Jurine
[ enregistré] (en Lyon) le vingt-six guillet 1822
Casati
Reçu un _________________________ (dix) centimes
Archives départementales du Rhône, 3 E 9215
1er Donation de M. labbé Rauzan à MM. Coindre, frères en 1822
En effet, le 22 novembre 1822, M. Jean-Baptiste Rauzan, supérieur des Missions de France, par son procureur, M. Romain Montagnac, principal du Collège de Monistrol, et y habitant, fit donation à M. André Coindre, supérieur des missions, domicilié à Monistrol, et à M. Vincent Coindre, son frère, prêtre et vicaire de la paroisse de St-Bruno à Lyon, et au survivant deux, de la propriété et jouissance des biens meubles et immeubles situés à Monistrol, consistants en bâtiments, jardin et prairie, de la contenance ensemble denviron un hectare, trois ares, quarante-quatre centiares, tel que le tout a été recueilli de la succession de M. Pierre-Paul LaBruyère, curé de Monistrol, aux termes de son testament olographe du 15 janvoer1820, enregistré le 11 janvier 1821.
RAUZAN (Jean-Baptiste)
Fondateur des Prêtres de la Miséricorde et des Soeurs de Sainte-Clotilde, 1757-1847. Né à Bordeaux le 5 décembre 1757, dune famille de robe, Jean-Baptiste Rauzan fréquenta à partir de lâge de dix ans le groupe fervent réuni par labbé Lalanne et labbé Lacroix 1813, un des apôtres de la jeunesse bordelaise. Il fut ordonné prêtre le 25 mai 1782.
Vicaire à la paroisse Saint-Mrojet, au centre de la ville, et professeur au séminaire Saint-Raphaël, il acquit vite une influence très étendue par sa prédication et sa direction. Obligé de quitter la France à cause de la Révolution, il passa en Allemagne (1792). De retour en France après le 18 brumaire, il se mit à la disposition de larchevêque de Bordeaux, Mgr dAviau, qui en fit son vicaire général. Son zèle et ses talents attirèrent lattention du cardinal Fech, archevêque de Lyon. Celui-ci obtint quil prenne la direction des missions paroissiales auxquelles il pensait. [En 1808, il réunit un bon nombre de prêtres «zélés avec lesquels il forma lassociation des Missionnaires de France]
Le conflit qui opposa le Pape et lEmpereur lobligea à cesser son activité temporairement. De 1815 à 1830 il parcourut la France donnant cent trente missions. Le centre en avait été établi à Sainte-Geneviève (lactuel Panthéon) et au Mont-Valérien. Il jouit alors dune extraordinaire réputation dorateur.
Ce fut durant cet apostolat incessant quil rencontra en septembre 1820 Mme Desfiontaines, ancienne religieuse de la communauté parisienne de Sainte-Aurre. Elle désirait fonder une congrégation vouée à léducation féminine : Rauzan le désirait aussi. De leur commune aspiration naquit la congrégation de Sainte-Clotilde dont lesprit et la pédagogie constituent une page de lhistoire spirituelle du 19e siècle. La Révolution de 1830 lobligea à sexiler une nouvelle fois. Il se retira à Rome où il vécut jusquen septembre 1833. Il y fonda la société des Prêtres de la Miséricorde, -[encouragé et autorisé par le pape Grégoire XVI ; ils furent approuvés en 1834 et affilées à la Congrégation de la Propagande] dont il soccupa jusquà sa mort survenue à Paris le 9 septembre 1847 en réputation de vertu.
On attache généralement peu dimportance à la spiritualité que représente J. B. Rauzan, car il na rien publié et ses héritiers nont guère travaillé à faire connaître sa vie et son uvre. Cependant en lui apparaît un grand prédicateur, un directeur spirituel recherché, un prêtre membre de lAA depuis sa jeunesse, un catéchiste inspiré, un homme soulevant les foule dans les circonstances les plus difficiles. Son souffle intérieur, sa volonté de sainteté perce dans les Règles quil a rédigées pour les Prêtres de la Miséricorde. On y découvre aussi son souci de former une communauté de prêtres dans la ligne de lEcole françaises, pénétrés dune profonde miséricorde à légard du monde issu de la Révolution française, très bien formées intellectuellement et très dévoués au Souverain Pontife. Ce sont les idées quil a trouvées dans son milieu bordelais et à Rome durant les années passés à la Minerve.
Létude de son itinéraire spirituel nest pas facile. Elle nécessiterait des recherches approfondies. Le point de départ, et souvent le terme, est sa Vie par A. Delaporte, qui avait bien connu ses compagnons. On y trouve des extraits de lettres, de sermons, ses opinions sur la prédication et le catéchisme. Il faut tenir le plus grand compte des lettres que lon a conservées de lui aux archives des surs de Sainte-Clotilde, sans oublier ce qui doit se trouver dans les archives publiques ou privées.
Archives des Pères de la Miséricorde (aux Archives Nationales) ; Archives des Surs de Sainte-Clotilde (Paris) ; A. Delaporte, Vie du P. J. B. Rauzan, Paris, 1857 et 1892 ; E. Sevrin, Les missions intérieures en France sous la Restauration (1815-1830), 2 vol., Paris, 1948-1959 ; I. Foucher, Madame Desfontaines et la congrégation de ainte-Clotiled de 175 à nos jours, Paris, 1965. DIP, t. 2, col. 450-52 (Desfontaines) et t. 7, col. 1219-21 (Rauzan). DS, t. 2, col. 1162 ; t. 5, col. 958, 973.
Raymond Darricau.
Dictionnaire de Spiritualité, Tome XIII, pp. 156-158
Et cest ainsi, que, le 22 novembre 1822, dans lancienne maison des Capucins de Monistrol, se trouvaient réunis et fusionnés ensemble, un corps de missionnaires, ayant pour supérieur M. André Coindre, et un corps de professeurs, dont M. Romain Montagnac se trouvait déjà, le recteur principal. Le premier de ces deux corps, ayant succédé aux Capucins, le second ayant recueilli lhéritage, du moins, la clientèle et les élèves du collège fondé en 1804, dans la ville de Monistrol.
Un troisième chapitre parlera de cette nouvelle institution. H.F. 56
CHAPITRE IIIECOLE SECONDAIRE ET PETIT SEMINAIRE DE MONISTROLEn quelle année M. A. Coindre commença-t-il son Etablissement à Monistrol ?
Ici, encore, nous avons à nous débarrasser dune assertion bien inexacte, si elle nest pas malicieuse, qui se trouve et restera dans la Loire pittoresque, de M. Touchard LaFosse : « Vers lannée 1821, dit-il, un petit séminaire fut établi dans le château de Monistrol ; il remplaça, jusquà un certain point, lancien collège de cette ville, supprimé depuis longtemps. » Autant de paroles, et autant derreurs. Il ny a jamais eu petit séminaire dans le château de Monistrol.
Cette institution diocésaine ne commença quen 1825, et eut son siège dans lancien couvent des Capucins ; ou mieux encore, dans une maison voisine qui en dépendait. M. Touchard LaFosse na point connu lancien collège de Monistrol, dont il parle ; sil fait allusion au collège fondé en 1804, par M. LaBruyère, ni il ne fut pas supprimé, ni on ne peut pas dire » que le petit séminaire ne lait remplacé que jusquà un certain point. Sil veut faire allusion, comme nous en avons frayeur, à la collégiale ancienne de Monistrol, cette collégiale abritée, fortifiée, défendue, dit-t-il, par la grosse tour de Jean de Bourbon, le petit séminaire na pu la remplacer, ni dans aucun point, ni en aucun sens : pas plus quun navet ne remplace une lanterne ; ce sont là deux institutions nayant entre elles aucune ressemblance. H.F. 58
Le Père André Coindre (1787- 1826)
Fils de Vincent Coindre et de Marie- Françoise Mifflet.
Né le 26 février 1787, il est baptisé le 28 à léglise Ste Nizier (Lyon)
Après 3 ans détudes (et peut-être plus) à lEcole Centrale de Lyon (1799-1801), il entre au Petit Séminaire de Ste Foy LArgentière début novembre 1804
De là, il entre au Grand Séminaire de St-Irénée (Lyon) le 1er novembre 1809.
Après trois années de formation, A. Coindre est ordonné prêtre, des mains du cardinal Fesch, le 14 juin 1812, en la Primatiale St Jean de Lyon.
Il passera encore 6 mois au Grand Séminaire pour se perfectionner dans lart de léloquence et le 14 mars 1813, il est nommé 1er vicaire à Bourg-en-Bresse.
A 26 ans, le 5 décembre 1813, M. labbé Coindre est invité par les Vicaires Généraux de Lyon à prononcer le panégyrique de Napoléon (pour lanniversaire du couronnement de S.M.)
Le 27-11-1815, André Coindre est nommé vicaire à St Bruno (Lyon) et à la suite du succès de ses prédications, Mgr Courbon, V.G. lengage à sassocier, avec quelques confères de Rauzan, à la Société de la Croix de Jésus (société de Missionnaires diocésains créée le 11-06-1816 à St Bruno)
Depuis lors, il participe à de nombreuse Missions
Fin 1815 ou début 1816, il fonde une Providence pour les filles et en juillet 1817 une seconde Providence pour les garçons (Pieux-Secours)
Peu de temps après, suivent la fondation de 2 Congrégations religieuses : le 31 juillet 1818 : Les Surs de Jésus - Marie, avec comme Supérieure Claudine Thévenet (Mère St Ignace) ; et la Congrégation des « Frères des Sacrés Curs de Jésus et de Marie (devenue par la suite Frères du Sacré-Cur) le 30 septembre 1821.
Note : c.f. : pour de plus amples renseignements sur sa vie, ses activités et ses oeuvres , consulter principalement :
Vie du Père André Coindre par un Frère du Sacré-Cur, Delhomme et Briguet, 1888
Roure Jean, le père André Coindre, missionnaire et fondateur1787-1826, Chronologie et iconographie, Rome, 1987 ; et
Notes biographiques complémentaires à la chronologie dAndré Coindre, pro manuscripto, s.d.
Drevet Marius, au temps du Père André Coindre, le Pieux-Secours, 1817-1826, Chronique, multigraphié Lyon 2000
etc
Dans cette « Histoire du Couvent des Capucins et du Petit Séminaire de Monistrol-sur-Loire », nous relaterons en parallèle, sa vie, ses activités, ses uvres particulièrement dans le diocèse du Puy, de 1822 jusquà sa mort à Blois (1826).
Une troisième congrégation
[La renommée du P.C. et le bruit des succès prodigieux de ses prédications sétaient répandus au loin. Jaloux de posséder un prêtre annonçait la parole sainte avec tant déclat et tant de fruits ; plusieurs prélats firent dactives démarches pour lattirer dans leur diocèse, V.C. 87
(comme par exemple Mgr Louis Siffrein-Joseph de Salamon-Francose)]
De SALAMON François Louis Siffren Joseph (1750-1829)
Né à Carpentras (Vaucluse) le 23 octobre 1750. Docteur en droit, conseiller au parlement de Paris (1785), internonce de PIE VI auprès de LOUIS XVI jusquà la mort de ce dernier. En 1792 il est arrêté comme suspect. Il assiste aux massacres de septembre et en réchappe par miracle.
En 1780, fut administrateur apostolique de la Normandie, puis consacré évêque après le Concordat, nommé à Belley, puis à Bayonne (où il ne put se rendre) et finalement à Saint-Flour (29 mars 1820), où il prit possession de son siège le 18 juillet 1820 à 70 ans.
[Il fit son entrée solennelle dans la ville le 31 juillet.] E.306-307
[Il était en même temps administrateur apostolique du Puy. Ce diocèse, supprimé ruant la période révolutionnaire, non rétabli par le Concorda, fit alors partie de lévêché de Saint-Flour. Il fut établi définitivement par la bulle Paternae caritatis du 6 octobre 1822.
Dans lintervalle, le département de la Hte-Loire était pratiquement sous la juridiction de M. François Richard, curé de la cathédrale du Puy, et vicaire général. M. Richard avait pris comme vicaire, en 1818, Jean- Antoine Issartel qui, à larrivée à Saint-Flour de Mgr de Salomon, fut élu secrétaire de la commission ecclésiastique, chargé de ladministration de la Haute-Loire.
Mgr de Salomon disposait dune société de missionnaires à Salers, diocèse de Saint-Flour. Il désira en établir une au diocèse du Puy, sur le modèle de celle de Lyon]. E. 307
[Mais il lui fallait un homme qui fut en état de la fonder et de lui fournir tous les éléments de succès t de durée.] VC 88
Il pensa au P. Coindre dont il connaissait les qualités et vertus.
Note : - Daprès Chambeyron, ce fut Mgr de Salomon, évêque de Saint-Flour qui ouvrit la mission de St-Etienne (25 mars 1821) R 91
[Il lui écrit pour lui proposer de lorganiser et de la diriger. Le Père Coindre se trouvait délié vis-à-vis des missionnaires des Chartreux.
Les raisons qui avaient incités le P. Coindre à quitter les Chartreux sont toujours valables : ses 2 uvres ont besoin de sa sollicitude. Mais avec lâme dapôtre quon lui connaît, il lui est bien difficile de refuser. De plus, il a dû voir dans ce projet, un moyen de concilier le deux intérêts : cest quen Hte-Loire, il trouvera un terrain plus propice au rayonnement de ses Frères et Soeurs.] St. I 37
A Lyon, il se heurtait à lopposition tenace des vicaires généraux surtout de celle de Mgr Bochard pour reconnaître canoniquement la congrégation de mère St Ignace et celle des Frères. (A Lyon les communautés enseignantes sont nombreuses !) E 307
Note : - De labbaye de Pradines, avant de partir en exil à Rom, le cardinal Fesch a confié le gouvernement de son diocèse à ses 3 vicaires généraux auxquels il a ordonné notamment : « Aucune corporation le cardinal appelle de ce nom les congrégations ne sera admise, même provisoirement et aucune innovation ne sera faite à Cela est clair, il faut donc patienter. Vie de Claudine Thévenet p. 58
Cétait une personnalité singulière, vigoureuse, haute en couleur qui trouva dans son violent désir de devenir évêque un moyen de continuer à servir après avoir exercé de haute fonctions auprès des papes et des rois.
« Il continua de remplir ses fonctions avec une piété, un zèle et une charité envers les pauvres auxquels tous ont rendu hommage. IL favorisa le développement des communautés religieuses, rédigea une trentaine de lettres pastorales et de mandements, établit à Saint-Flour luvre de la Propagation de la Foi et exhorta chaleureusement son clergé à sintéresser aux missions lointaines ; il sattacha de manière particulière au recrutement sacerdotal et à léducation de la jeunesse. » (Charles LEDRE, « Labbé Salamon, correspondant et agent du Saint-Siège pendant la Révolution », Paris, J ? VRIN, 1965)
MIGNE, originaire de Saint-Flour, écrit à son sujet : « Mgr Louis Siffren Joseph de Salamon avait le cur excellent, lesprit élevé, limagination vive : il devait donc être éloquent. Aussi admirait-on généralement ses excellents sermons. »
Il mourut le 11 juin 1829 et voulut être enterré parmi les pauvres de la ville. Son corps fut ramené à la cathédrale de Saint-Flour derrière le maître-autel. R.n.b. 58-59
Voyage à Saint-Flour
Cest donc avec une grande espérance quA. Coindre reçu la proposition de lévêque de Saint-FLour et quil entreprit ce voyage fatigant vers la fin du moins daoût 1822.
Ce ne fut pas un voyage de touriste : dans la meilleure des hypothèses, le père a pu parcourir les presque 300 km de son itinéraire en diligence ; le seul trajet Lyon-St Etienne prenait 10 h à la vitesse moyenne de 6 km par heure. Combien de temps lui fallut-il pour atteindre Saint-Flour ? Il a dû sarrêter à St-Etienne, Monistrol et le Puy. Ces arrêts lui étaient imposés par les horaires des diligences, mais ils lui étaient également utiles, car il avait certaines affaires à traiter dans les 3 villes. Comptant avec sa résistance physique, et en supposant quil ne sarrêtât que le moins possible, en fixant la date de son départ de Lyon au lundi 26 août, nous pouvons le voir descendre, le vendredi 30 à Saint-Flour.
Note : - Sans doute était-il allé, le lundi de Lyon à St-Etienne : 10h ; - le mardi de St-Etienne à Monistrol : 6h 1/2; - le mercredi de Monistrol au Puy : 6h ; - jeudi du Puy à St G.A. : 14h ; - vendredi dArvant à Neussargues et St Flour : 11h. E. 304-305
Lorsquil arriva le prélat le reçut à bras ouverts. Ils furent très vite daccord. André Coindre obtient les P.P. Montagnac, professeurs au petit séminaire du Puy. E 307
Il pourra recruter 3 ou 4 ecclésiastiques chaque année dans le diocèse du Puy. Il aura les mêmes pouvoirs et facultés que les vicaires généraux de Lyon lui avaient octroyés. Il pourra envoyer quelques membres de la Société former des établissement dans tel ou tel diocèse de son choix.
Note : Il souffle ainsi la place à la Société de Marie de Lyon qui cherchait également à se soustraire à la juridiction des vicaires généraux. 3Lintention des 2 frères Colin avait été dabord de commencer leur société au Puy, et ils sétaient adressés dans ce but à sa Sainteté Pie VII. Mais le souverain Pontife les avait orientés vers Paris (nov 1822). En 1824, ils sadressèrent à Mgr de Pins qui leur propose de sétablir dans son diocèse, soit en sunissant à la communauté des Chartreux, soit en formant une communauté particulière. Mais ils préférèrent finalement la proposition de Mgr Devie (lettre du 10 mai 1824) et sétablir à Certon, près de Belley. » R 105
Lévêque de Saint-Flour sétait assuré le concours du missionnaire A. Coindre dans une conjoncture que tous deux jugeaient propice. Lévêque se proposait lévangélisation intensive du beau territoire du Velay, privé de son pasteur suprême depuis 1793, et où les générations issues de la Révolution étaient contaminées par des erreurs et des vices. Les intentions du P. Coindre dépassaient celles annoncées dans son prospectus. La congrégation des « dames de Fourvière » tout comme celle des Frères du S.C. ne pouvaient être reconnues officiellement par lEglise à Lyon.
Le P. Coindre, déjà établi comme supérieur des Missionnaires diocésains du Puy, jouissant de la confiance de ladministrateur apostolique du diocèse et de celle de M. Richard, son vicaire général, appela immédiatement, avec leur approbation, les filles de Mère St Ignace à Monistrol. E. 313
Le P. Coindre appela bientôt à Monistrol quelques-uns de ses frères pour les employer comme catéchistes dans les paroisses où il donnait des missions. Il ne devait pas tarder dy établir un noviciat et dy fonder une école. VC 97
Le P. Coindre, à qui lEvêque laissa peine liberté daction, commença immédiatement à agir, avec lespoir quil serait efficacement secondé par le zèle du clergé et par les offrandes des âmes pieuses de la contrée entière.
[
] A son retour de Saint-Flour, de concert avec les PP. Montagnac et daprès les vux de Monseigneur, il fut convenu que lon choisirait pour siège de la nouvelle Société Monistrol lEvêque, aujourdhui Monistrol sur-Loire.
Quelques jours après [le 20-09-1822], les fidèles du diocèse du Puy recevaient le mandement suivant : VC 88-89
Mandement de Mgr, instituant une société de Missionnaires dans la ville de Monistrol lEvêque Louis-Siffrein-Joseph de Salamon-Francose, par la miséricorde divine et général du diocèse du Puy, au clergé et aux fidèles de ce diocèse, salut et bénédiction en N. S. J.C.
Mandement de Monseigneur lEvêque de Saint-Flour, Administrateur général apostolique du Diocèse du Puy
Sur létablissement dune Société de Missionnaires dans la ville de Monistrol- lEvêque, chef-lieu de canton du département de la Haute-Loire
Louis-Siffrein-Joseph de Salamon-Foncrose, par la miséricorde de Dieu et lautorité du Saint-Siège Apostolique, Evêque de Saint-Flour, Administrateur général du diocèse du Puy,
Au Clergé et aux Fidèles de ce Diocèse : Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Depuis longtemps, Nos très chers Frères, nous avons entendu les vux de vos curs et hâté par les nôtres le moment heureux où il nous serait donné de les satisfaire avec succès. Plusieurs fois vous nous avez demandé avec insistance le bienfait dun établissement de Missions pour le Diocèse du Puy. Nous avons engagé nous-même nos Missionnaires de Salers à faire jouir plusieurs paroisses de ce même diocèse des grâces attachées à leur ministère évangélique. Vous en avez recueilli les fruits avec lédification qui a fait notre joie et la consolation des hommes de Dieu que nous vous avons envoyés. Lunion rétablie dans les familles divisées, les injustices réparées, les scandales abolis, la vertu mise en honneur ; la foi, la piété, les murs reprenant parmi vous un empire quils auraient toujours dû conserver, ont été les effets précieux de leurs sublimes et touchantes prédications. Les ignorants et les incrédules même ont ouvert les yeux à la lumière ; les tièdes et les indifférents ont été embrasés dune sainte ardeur ; les pécheurs les plus endurcis ont été sensibles à la voix du remords, et se sont soumis aux saintes rigueurs de la pénitence ; les bons et fidèles du Roi ont été soutenus et confirmés dans leur dévouement à sa personne et à son auguste famille ; et ceux qui ne partageaient pas ces sentiments, seuls dignes des Français éclairés et touchés, ont reconnu et professé quil ny a de paix et de bonheur en France que dans un attachement inviolable du Roi légitime et à son illustre dynastie. Enfin, il nen est aucun de tous ceux qui ont pu entendre ces zélés et fervents Missionnaires, qui ne se soit trouvé heureux davoir écouté leur voix et suivi leurs leçons.
Pour que tous les fidèles soumis à notre juridiction puissent plus facilement jouir de ce bonheur inappréciable, outre létablissement de Salers, spécialement destiné à faire des Missions dans l diocèse de Saint-Flour, nous avons jugé à propos de procurer un semblable établissement à Monistrol- lEvêque, pour le diocèse du Puy. Les Ecclésiastiques qui vont former cette uvre sont tous dignes de votre confiance ? Plusieurs ont déjà donné des preuves non équivoques de leur zèle, de leur charité, de leur dévouement pour le salut des âmes ; tous justifieront notre attente et se rendront dignes de plus en plus de leur sainte destination. Organes de lamour de Jésus-Christ pour les hommes, ils se mettent spécialement sous la protection de son divin Cur, dont ils désirent imiter la douceur, la tendresse et linépuisable charité pour les hommes. La moisson est abondante ; daigne le Seigneur envoyer un bon nombre douvriers pour la recueillir ! Que tous les Prêtres qui ont le zèle de la maison de Dieu, se pressent pour concourir à cette bonne uvre ! Ils nous trouveront disposé à favoriser leur généreux dévouement à la cause du Seigneur.
Cet établissement étant dune utilité générale pour tout le diocèse, nous sommes persuadé que le Clergé et le Fidèles nauront quun même sentiment, qun même zèle : celui dune grande bienveillance pour cet établissement. Tous sempresseront de le favoriser de leur crédit et de leurs bienfaits, surtout au moment pénible de son commencement ; dépourvu de tout, il pose ses premiers fondements sur la protection divine, sur les ressources de la charité chrétienne. Eh ! que navons-nous pas à espérer en bâtissant sur cette pierre ferme et solide, que les vents, les tempêtes et les flots ne sauraient renverser !
A ces causes, nous ordonnons ce qui suit :
1°- MM. les Curés et Desservants du diocèse du Puy liront à la messe paroissiale le présent mandement, le premier dimanche après sa réception, et ils feront connaître, avec tout le zèle possible, le bienfait de ce nouvel établissement de Missions.
2°- Ils exciteront la générosité des âmes charitables, et recueilleront leurs offrandes, soit par des quêtes faites dans leur Eglise, soit par une souscription annelle et volontaire, dont on leu fera connaître le taux et le mode de perception.
3°- M. les Curés et Desservants recueilleront les offrandes des Fidèles, chacun dans sa paroisse. Chaque curé de canton recevra le produit de chaque succursale, et le versera entre les mains de M. Coindre, établi supérieur de la Mission de Monistrol- lEvêque.
Donné à Saint-Flour, en notre Palais épiscopal, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contre-seing de notre secrétaire archidiacre coadjuteur du Puy, et chanoine honoraire de Saint-Flour, le 20 septembre 1822.
Louis-Siffrein-Joseph,
Evêque de Saint-Flour, Administrateur général du Puy
Par Mandement de Monseigneur :
Issartel, Secrétaire
Au Puy, de limprimerie de Pasquet Père et Fils,
Successeurs de M. La Combe,
Imprimeur du Roi et de Mgr lEvêque.
(Archives diocésaines de Saint-Flour. Série Mandements.)
E.D. II 146-149
Facultés accordées à M. Coindre à la fondation de Missionnaires du Cur de Jésus
En raison des difficultés rencontrées dans le diocèse de Lyon auprès des grands vicaires, peu enclins à encourager les initiatives individuelles, André Coindre sassure par écrit des conditions qui lui seront faites à la tête des Missionnaires du Cur de Jésus dont Mgr de Salamon lui confie la direction par le mandement du 20 septembre 1822. Trois aspects sont précisés dans ce canevas : létablissement de Monistrol, maison de mission et déducation ecclésiastique, devient le siège de la société naissante qui prend pour règle celle dIgnace de Loyola ; la société dispose de son indépendance, tant pour recruter ses membres que pour organiser ses activités ; enfin, les associés jouissent des pouvoirs ordinairement accordés aux missionnaires dans lexercice de leurs fonctions, selon lexemple de ceux dont disposent les Missionnaires de la Croix de jésus à Lyon.
Ce brouillon est rédigé au dos dun document antérieur, la convocation aux associés du Pieux-Secours du 2 septembre 1820 (une page, dossier A01.034 des archives générales). La feuille utilisée, en partie déchirée, mesure 22 sur 26.5 cm. On trouve en marge une liste de vingt-trois noms délèves ou de maîtres du Pieux-Secours établie après le 29 septembre 1822 puisquy figure [Jean] Corroy, entré dans létablissement à cette date, comme lindique le contrat dapprentissage passé devant Me Casati le 20 juillet 1822 (Archives départementales du Rhône, fonds Casati 3E 9215).
Facultés accordés à Mr Coindre comme conditions essentielles à la fondation de létablissement de Monistrol
[1. -] Mr André Coindre, prêtre missionnaire du diocèse de Lyon, est autorisé à former à Monistrol une maison de missions et déducation ecclésiastique dont il sera le supérieur.
2.- Il pourra réunir en société religieuse des ecclésiastiques de ce diocèse ou de tout autre en prenant pour base de leur règlement la règle de saint Ignace de Loyola.
3.- Il pourra, lorsque létablissement de Monistrol sera sur un bon pied, choisir les membres de linstitut quil jugera à propos, recruter dans le diocèse pour les remplacer et aller avec eux ou les envoyer seuls former des établissements semblables dans tel ou tel autre diocèse sans que cette permission soit refusée.
4.- Il pourra recruter dans le diocèse du Puy au moins chaque année trois ou quatre ecclésiastiques qui désireront être membres de la société après les épreuves suffisantes.
[5.-] Il aura aussi bien que les autres missionnaires associés, pour toute létendue du diocèse du Puy, les mêmes pouvoirs et facultés que MM. les vicaires généraux de Lyon lui ont accordés dans leur diocèse, et quils accordaient à tous leurs missionnaires.
[6.-] Il pourra exiger pour chaque mission lorsque la société [
] ses missionnaires, ils ne pourront point recevoir pour lentretien [
] moins la somme de deux cents francs pour chaque missionnaire [
] lieu de la mission.
[Dossier : A.C. Pieux-Secours : au dos de la convocation du 2 septembre 1820] E.D. II 97-98
André Coindre prévoit den être le Supérieur pour 2 ans seulement. R. 105
Publication dun prospectus annonçant louverture du collège de Monistrol
Après la publication de ce mandement, le P. Coindre se rendit à Monistrol en vue dentreprendre les travaux et démarches nécessaires pour linstallation des nouveaux missionnaires. VC 93
Il publia, sans tarder, au cours de lété 1822, un prospectus à double format : lun pour le diocèse du Puy, lautre pour celui de Lyon. Il y annonça linauguration du centre denseignement, pour le 4 novembre. On mentionnait, dans ce prospectus, toutes les branches que cette uvre comporterait : des missionnaires, une école denseignement secondaire ou Petit séminaire, dirigée par des prêtres appartenant à la société des Missionnaires ; une école primaire pour garçons, à la charge des Frères ; une école de filles, dirigée par des Religieuses ; selon le prospectus, ces dernières se chargeraient aussi de linfirmerie, de la lingerie et du vestiaire des élèves. E. 309- 310
Etablissement des Missionnaires du Cur de Jésus à Monistrol- lEvêque, Haute-Loire
En vertu du mandement de Monseigneur de Saint-Flour, une Société de Missionnaires, dont M. Coindre est établi le supérieur, vient de se former à Monistrol-lEvêque, département de la Haute-Loire ; une partie se livrera à luvre importante des Retraites et des Missions ; lautre, à léducation de jeunes Elèves du Sanctuaire et même à ceux dont la vocation nest point encore fixée.
A cette fin, linstitution créée par M. Lafayolle-LaBruyère recevra de MM. les Missionnaires un nouvel appui et un nouveau développement, qui la fer jouir des avantages des petits Séminaires et accomplira le vu quil avait formé depuis longtemps.
Les études auront pour objets les Mathématiques, la Géographie, lHistoire, les Humanités, la Rhétorique, les Langues latine, grecque et française ; cette dernière étant dun usage plus ordinaire, sera cultivée avec un soin tout particulier dans chaque place.
Les Elèves ne seront admis que dès lâge de sept ans, et il faut quils soient munis dun certificat de bonne conduite, soit du Curé de leur paroisse, soit des maîtres sous lesquels ils pourraient avoir étudié.
Les parents doivent être dans la plus grande sécurité sur la santé d leurs enfants ; lair de Monistrol est des plus sains ; le local des plus spacieux et des lus commodes. Cest dune part, lancienne Maison des Capucins, de lautre, lancien Palais épiscopal des Evêques du Puy.
Le service de la Maison ne sera point confié à des mains mercenaires ; des Frères de la Société en seront chargés : on ne craindra point de les multiplier, étant persuadé que pour laisance, la propreté et les soins que demande une Communauté, et surtout une réunion nombreuse de Jeunes gens, ils ne sauraient y avoir trop de personnes occupées des détails domestiques.
Comme il en est certains qui ne conviennent quà des femmes, tels que les soin du ménage et des vêtements, on en chargera des surs attachées au service de la Maison ; en cas de maladie, elles leur prodigueront tous les secours avec une sollicitude qui ne laissera rien à désirer à la tendresse maternelle.
La Religion à dans cette Maison toute limportance quelle mérité ; elle entre dans le plan détude de toutes les Classe, et lon conçoit que des Ecclésiastiques, tous Membres de la même Société, qui se consacrent à cette uvre par dévouement pour le bien public et le salut des âmes, doivent y apporter cette surveillance, ce désintéressement, ce bon esprit, en un mot, ce zèle de la plus grande gloire de Dieu quon trouverait difficilement ailleurs.
Après la Religion, lémulation est le plus grand ressort que lon met en jeu pour lavancement des Elèves. Lappareil dune distinction, ou dune humiliation, lexemple des Elèves diligents, les concours, les répétitions, les exercices publics sont les principaux moyens dont on se sert pour aiguillonner le courage et exciter le talent. Les notes journalières ou hebdomadaires, les suffrages honorables de chaque mois, les distinctions de chaque trimestre, les prix et les couronnes de la fin de lannée sont la récompense des efforts et des succès.Les Elèves envoient tous les trois mois un bulletin qui constate létat de leur santé, ainsi que leur progrès en tout genre.
Le Costume est une lévite noire ou au moins de couleur brune. Tout le trousseau doit être marqué au numéro indiqué par la Maison, et les parents voudront bien faire retenir davance la place de leurs enfants, pour quil soit communiqué.
Le prix de la Pension sera à la volonté des parents, de quarante francs par mois, de trente et de vingt francs payables par trimestre et toujours davance.
Dans la première Pension, les Elèves auront un ordinaire abondant et vairé comme on la dans les familles aisées ; dans la seconde, il sera supprimé un plat et les dessert, et le vin sera suffisamment trempé. Les Elèves de ces deux Pensions habiteront le château et seront séparés de ceux de la troisième, pour tout, excepté pour les Classes.
Les Elèves qui ne paieront que vingt francs par mois, auront une nourriture suffisante, mais adaptée à la modicité du prix.
On ne fournira aux Elèves que le vois de lit ; cest aux parents à leur procurer le reste.
On paiera en sus pour le médecin, lentretien de la chapelle et de la bibliothèque à lusage des Elèves, la somme de douze francs.
Si lon voulait sabonner pour le blanchissage, le menu raccommodage, papier, plumes, encre, livres(les dictionnaires seuls exceptés), on le pourra moyennant cinquante francs en su du prix de la Pension.
La rentrée des Classes, pour lannée 1822, est fixée au 4 novembre.
Imprimerie de J. G. Guilhaume, au Puy.
Note : Lexemplaire cité par Fraisse est décrit comme suit :
Petit feuillet in-16 de quatre pages dont trois de texte, imprimé à Lyon, chez Barret, Place des Terreaux, en 1822, avec cette addition : Pour 1823, une addition à la plume fixe la rentrée au 8 octobre.
Les extraits du texte sont identiques à celui imprimé au Puy. E.D. II 150-153
« Le document fait connaître létablissement des Missionnaires du Cur de Jésus à Monistrol-lEvêque document annoncé comme étant la première partie du manuscrit dHyppolite Fraisse mais absent de celui-ci- ; je ne mattendais pas à le trouver joint au mandement de monseigneur de Salamon qui lançait la Société des Missionnaires de Monistrol. Cest dire que lorsque le P. André Coindre alla le rencontrer durant lété 1822, ils convinrent, dans le détail, non seulement de lorganisation de la Société des Missionnaires mais encore de celle de lécole ecclésiastique, ou petit séminaire-collège ; cest dire aussi que les deux uvres se soutinrent mutuellement et quelles furent connues par les diocésains du Puy.
A 80 445- 447
Acquisition du premier neuvième des bâtiments du couvent ayant appartenu à la famille Beau (c.f. ci-dessus)
Ce fut, en effet, le 22 septembre 1822, même avant que les missionnaires fussent établis à Monistrol, que M. Charles Chibalon vendit à MM. André Coindre, prêtre missionnaire, et Vincent Coindre, vicaire de léglise de St-Bruno, domiciliés à Lyon, mais se trouvant, alors, à Monistrol, où ils étaient venus, sans doute, pour préparer laffaire de leur établissement, le lot qui pouvait lui revenir, sur lacquisition quavait faite le Sieur Charles Beau, son oncle, conjointement avec les autres huit acquéreurs de la maison et du jardin des ci-devant Capucins, en quoi que ladite portion, qui était un neuvième, pût consister ; et ce, pour le prix de mille francs : prix longtemps offert, longtemps refusé, mais, enfin, bénévolement accepté. Et cest là la première acquisition, faite à Monistrol, par M. Coindre : celle, très probablement, qui le décida à accepter les propositions verbales que lui avait déjà communiquées M. labbé Rauzan, de venir fonder, dans cette ville, sa nouvelle mission. Sous-locataire du château le 1er novembre 1822, et donataire de M. Rauzan le 22 de ce même mois, il devint ainsi, en peu de jours, propriétaire, et de ce quavait vendu, en 1807 M. LaReveure, et de la moitié du Pré-Vescal, et de cinq neuvièmes, soit des anciens bâtiments, soit de lenclos des Capucins. H.F. 62
Note : Par donation ou rachat, les Coindre cherchent à acquérir les droits de propriété et jouissance que les acquéreurs de 1791 pouvaient encore revendiquer. R 107
Le 06-10-1822, le diocèse du Puy est rétabli :
Il avait été supprimé en 1802 et réuni à celui de St-Flour. En 1817, il avait été canoniquement rétabli, mais il continuait dêtre administré par lEvêque de St-Flour. Ce nest quen 1822 que son autonomie est reconnue par le Gouvernement et quil est pourvu en 1823. R 107
Position officielle demandant détablir au diocèse du Puy la « Socitété de la Pieuse-Education »
Procès verbal
De linstitution canonique des Dames et Soeurs du Cur de Jésus et de Marie, approuvées comme congrégation par Monseigneur lévêque de St-Flour, administrateur du diocèse du Puy, pour toute létendue de ce diocèse.
Lan mil huit cent vingt-deux et le dix octobre, nous, André Coindre, Supérieur des missions du diocèse, soussigné, avons formé la demande, conjointement avec Monsieur Menut, curé de Sainte-sigolène, auprès de Monsieur Richard, vicaire général du diocèse, d pouvoir introduire dans le diocèse du Puy les Dames dites de la pieuse éducation, qui ont formé des établissements déducation pour les jeunes personnes de leur sexe dans la ville de Lyon, Place Fourvière, n° 3, et dans la ville de Belleville, nous le nom des Dames du Cur de Jésus et de Marie. Convaincu par un examen sérieux de leur régularité, de leur zèle, et des talents tout particuliers quelles ont reçus de Dieu pour former les jeunes personnes à la vertu et aux connaissances nécessaires pour devenir de bonnes Chrétiennes, dédifiants mères de famille, des maîtresses de classe excellentes, nous pensâmes rendre le plus important service, dabord à la ville de Monistrol, et ensuite aux autres paroisses du diocèse qui pourraient les recevoir, en favorisant leur arrivée ici.
Ayant adopté la règle d saint Augustin et les constituions de saint Ignace avec les modifications que nécessite la différence qui doit exister entre les emplois auxquels se livrent les personnes du sexe et ceux auxquels se livrent les clercs, elles inspireront la plus grande confiance aux Supérieurs du diocèse.
Nous écrivîmes à Mlle Claudine Thévenet, fondatrice de létablissement de Lyon et de Belleville, et elle nous députât Mme Dioque, née Marie-Antoinette Bédor, appelée Soeur St-Pierre pour être Supérieure de la communauté, mlle Jubeau, dite Sur St-Bruno, Mlles Daval et Anna Noël, Mlle Marie Boisson, et lon jeta les premiers fondements de létablissement dans la maison attenant à léglise des anciens capucins de Monistrol.
En foi de quoi nous avons signé le présent acte.
Signé : Coindre, supérieur
Sur St-Pierre
Sur St Bruno
Note : Registre I et III de la Congrégation des Religieuses de Jésus-Marie, conservés dans leurs archives générales à Rome, reproduits dans la Position de Claudine Thévenet, p. 569. E.D. II 190-191
Le Père Coindre visait à obtenir pour ces Dames, des autorités diocésaines du Puy, lapprobation canonique et lautorisation démettre la profession religieuse que les trop prudent vicaires généraux de Lyon leur refusaient.
NENUT Jean Antoine Henri (1768-1853)
Né à Champclause (Haute-Loire) le 4 janvier 1768.
Passe deux ans au grand séminaire du Puy. Il était diacre quand la Révolution le chassa de cette maison.
Il est ordonné en Suisse, à Saint-Maurice-en-Valais, en septembre 1795 par Mgr de GALARD, lévêque du Puy en exil. Ce fut après un voyage fort aventureux au cours duquel il se fit passer comme colporteur, une balle de mercier sur le dos.
A 27 ans il reçut de Mgr de GALARD les pouvoirs les plus étendus pour la paroisse de Monistrol-sur-Loire et ses environs. Avec lénergie et la ténacité dun véritable montagnard, le jeune prêtre se mit à louvrage. Les évolutionnaires le poursuivirent, le traquèrent
Il leur échappait au moment même où ils croyaient le tenir entre leurs mains. Par des jours meilleurs, au Concordat, M. MENUT y continua, librement et publiquement comme vicaire jusquen 1812, luvre de dévouement et de zèle pour laquelle il avait mile fois exposé sa vie durant la Terreur.
Il trouva toujours un asile sûr dans la famille de M. de CHARBONEL ; Il baptisa un de leurs enfants, Armand, né aux Flachats le 1er janvier 1802, qui devait devenir Mgr Armand de CHARBONNEL, premier évêque de Toronto, Canada, en 1847. Le père André COINDRE connut évidement ce dernier puisquil avait des relations obligées avec M. le comte, maire de la ville, et sans doute aussi des relations damitié à cause de la qualité de la famille.
Au cours du mois de février 1812, il fut nommé curé de Sainte-Sigolène, où il exerça son ministère pendant plus de 40 ans.
Nous aimerions savoir comment se noua une si forte amitié avec le père COINDRE. Même âme de feu forgée sous la Révolution ? Proximité géographique : 9 km seulement ? Sa qualité dancien vicaire récent de Monistrol ? Toujours est-il quils travaillèrent ensemble à létablissement officielle de la congrégation des Religieuse de Jésus-Marie dans le diocèse du Puy, puisque M. MENUT les invita à venir tenir une providence quil faisait construire dans sa paroisse. A lautomne 1826 il fit donner une grande mission par quelques-uns des compagnons de COINDRE tout récemment décédé. En 1834 M. MENUT commença la construction de la maison des frères, et dune lettre au frère Polycarpe du 24 octobre 1841, il résulte que les frères sy établirent quelques jours après. Une amitié qui ne se démentit donc pas pour le père COINDRE et se fils.
Il meut le 7 février 185
. Ce fut un saint prêtre dans toute la force du terme. R.n. b 60-61
Le P. Coindre sous-loue château, grange, remises, jardin et terres du château
Le 2 novembre 1821, le château de Monistrol était encore propriété départementale, destiné à devenir un dépôt de mendicité. Ce jour-là, M. de Ste-Colombe, sous-préfet dYssingeaux, lafferma, partie à M. du Peloux, juge de paix de St-Didier, partie à un Sr Jean Rousset de Monistrol ; et ces deux locataires jouirent de leur bail pendant toute lannée suivante. Ce ne fut que le 22 octobre 1822, que subrogation fut faite par eux, à M. A. Coindre, prêtre missionnaire, habitant Lyon, aux droits et charges du bail, qui leur avait été passé, le 2 novembre 1821, sur les bâtiments du château, écuries, granges, remises, jardins et terres, pour en prendre possession au 1er novembre 1822 ; bail fait pour 3, 6 et 9 ans, un an déjà expiré. 120 F. furent promis à M. du Peloux pour chaque année ; et 290 F. à Jean Rousset avec 60 F. détrennes
H.F. 58
On soccupe en ce moment d former une maison de missionnaires pour le département de la Hte-Loire. M. Lévêque de St-Flour en a reconnu toute lutilité dans sa dernière visite pastorale aux cantons de Langeac puis de Saugues. On y trouvait un local commode pour cet objet : lancien couvent des Capucins.
R 107
Mission à St Maurice- en- Gourgois : 27-10 au 03-02-1822
Tandis que le P. Coindre poursuivait ses travaux dorganisation, le surveillant lui-même avait la sollicitude dun père qui soccupe des intérêts de ses enfants, un mission dont il était le chef se donnait à St Maurice-en Gourgois (Loire) avec Delphin et Gaucher (ou Ballet ?).
[Ces derniers sont partis le jeudi 26 octobre avec MM. Mioland, Chevallon, Ballet, Dupéray, Vincent qui allaient donner une mission à St-Bonnet-le-Château. Ils couchent à St-Etienne, dînent à St-Maurice-en-Gourgois ; après quoi, ils se séparent.] R 107-19
Chaque samedi, le P. Coindre allait rejoindre ses collaborateurs, MM. Ballet ou Gaucher et Delphin, afin de les remplacer en chaire et de passer le dimanche avec eux.
Ce fut la dernière mission quil donna dans le diocèse de Lyon, où il avait exercé le saint ministère durant près de 10 années. (Il y avait laissé de précieux, dimpérissables souvenirs). VC 97/98
Le 1er novembre 1822, le P. Coindre prend possession du Château.
Il va y loger les élèves caméristes de son collège.
Le 04 novembre 1822, il ouvre le collège-petit séminaire Des Missionnaires du Sacré-Cur de Jésus dans lancien couvent des Capucins. R 109
Le choix de Monistrol, comme résidence des missionnaires qui devaient prêcher dans tout le diocèse du Puy, sexplique par certaines circonstances particulières et par les avantages matériels que la petite ville offrait. E 308.
Le sieur Guillaume de Chabannes, de Monistrol, et commissaire de lartillerie de France, avait fondé dans cette ville, en 1625, un couvent de pères Capucins, pour remercier Dieu de nombreuses faveurs quil avait obtenues de sa protection spéciale. Là, ces religieux, selon les Règles de leur Ordre, devaient se livrer au travail de la prédication. Leur vie austère et leur réputation de sainteté donnaient une grande puissance à leurs paroles, et longtemps le ciel favorisa leur ministère des plus abondantes bénédictions.
[
] Cette belle institution fut emportée par la tempête révolutionnaire (en 1791). Elle devait être rétablie 30 ans plus tard.
Appréciant les immenses services quelle avait longtemps rendus à la religion, M. Paul de la Bruyère, curé de Monistrol de 1802 au 3 décembre 1820, résolut de relever cette uvre et de lui donner de solides garanties de stabilité. Dans ce but il acheta une grande partie de lancien couvent ; ainsi que lenclos des Capucins. [Il projetait dy établir des missionnaires lorsquil fut nommé V.G. de Mgr de Salamon] (E 308). Et pour assurer le succès de la nouvelle fondation, par son testament olographe du 15 janvier 1820, il donnait, à titre héréditaire tous ces immeubles à M. Rauzan, supérieur des Missionnaire de France, résidant alors à Maris.
M. de la Bruyère mourut subitement le 3 décembre de la même année. Mgr de Salamon, M. Rauzan et le P. Coindre étaient au courant des faits. E 308
Dans le dessein de former des jeunes gens instruits, solidement vertueux, et sans doute aussi, en vue de procurer à lEglise de futurs ministres de lEvangile, M. le curé de la Bruyère, dès 1804, avait fondé un petit collège dirigé par des prêtres.
A lépoque où le P. Coindre se rendit à Monistrol, ce collège occupait une partie de lancien couvent des Capucins. Tenu alors par M. labbé Victor de la Bruyère, neveu de lancien curé de la ville, cet établissement était en souffrance à tous les points de vue. Il fut cédé au M. Coindre [Il était logique que luvre du P. Coindre ne se bornât pas aux missions (E 308/309)] VC 95/96
M. Coindre afferme encore le reste des bâtiments du château
Le 5 novembre suivant, M. Coindre afferma encore, pour le prix de 100 F. annuels, le reste des bâtiments et des dépendances du château, qui navaient pas été comprises dans le bail du 2 novembre 1821. M. A. Coindre nest donc venu à Monistrol, et na pu y commencer son établissement, soit celui de la mission, soit celui du collège, quau commencement de novembre 1822 ; et, encore, ne logea-t-il, dans les bâtiments du château que les élèves étant dans lancien couvent des Capucins.
Organisation de cet établissement
Le nouvel établissement fondé à Monistrol, se compose, dès le principe, de deux institutions distinctes, lune de lautre, par le but spécial que chacune se proposait ; mais unies ensemble par la soumission aux mêmes chefs, par une même direction spirituelle et, sans doute aussi, par les mêmes avantages et intérêts temporels.
Il y avait le corps des Missionnaires du Sacré- Cur de Jésus, dont M. Coindre était plus particulièrement le supérieur général ; et le corps des professeurs ayant pour objet propre, linstruction et léducation de la jeunesse, et dont M. R. Montagnac était le recteur principal ; mais sous la dépendance et la haute direction de M. Coindre.
Sans doute quon prit ce mode dorganisation pour accomplir aussi parfaitement que possible lintention des fondateurs de 1625, qui avaient voulu surtout établir une mission ; et celle de M. le curé LaBruyère qui reprit et poursuivit le même dessein, en donnant ce quil possédait, des biens de lancien couvent, à M. labbé Rauzan, supérieur de la Mission de France.
Que si on établit, en même temps, un collège, cest parce quon comprit que la première uvre aurait grand besoin de la seconde, pour se soutenir, et pour recruter son personnel ; et, quen outre, les besoins de lépoque demandaient que léducation de la jeunesse fut restaurée et reprise partout sur de nouvelles bases. Il semble, même que ces réformes à introduire dans léducation, réformes devenues si urgentes au sortir de la période révolutionnaire, furent le motif le plus dominant, dans la pensée de MM. Coindre et Montagnac : puisquils adjoignirent à leurs missionnaires et à leurs professeurs, une société de Frères des Ecoles chrétiennes (sic) des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie, consacrés à instruire les jeunes gens de nos compagnes ; et, même, une société de surs dites aussi des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie, qui devaient se charger de linstruction des personnes du sexe. Luvre qui prenait naissance à Monistrol était donc complète ; et ceux qui lavaient entreprise, lorganisèrent de manière à ce quelle put faire face à toutes les améliorations, alors utiles, pour le bien de la société.
Témoignage de M. labbé Jean Baptiste Michel (1802-1892), étant alors élève du Collège Petit-Séminaire :
En 1821 (sic), le petit collège de Monistrol subit une grande réforme. M. Coindre de la maison des Chartreux de Lyon vint prendre la direction et désormais chaque classe eut son professeur : M. Romain Montagnac fut nommé directeur immédiat, M.M. Marcon et Rivet furent chargés de la 4e et de la 5e ; en 3e, jeus pour professeur M. Benoît, prêtre, homme pieux et plein de bienveillance pour ses élèves ; M. Pandreau que javais eu en 8e fut chargé des humanités ; M. Pierre Montagnac, frères de Romain, fut professeur de théorique et M. Bonneton professeur de philosophie et de logique.
Ces améliorations communes amenèrent un grand nombre délèves, de tout âge et de toute condition, du Puy, de Saint-Etienne, voire même de Lyon, au point que le monastère de Capucins se trouva trop petit pour les recevoir ; les élèves de la localité furent obligés de loger et de vivre chez leurs parents. Les internes furent divisés en deux sections : pensionnaires et caméristes ; ces derniers furent consignés dans lHôpital de Monistrol et les pensionnaires assez nombreux restèrent encore une année dans la maison des Capucins.
Lannée suivante, M. Coindre, qui ne reculait devant aucune difficulté, ni devant aucune dépense, réforma de fond en comble les bâtiments qui faisaient face à la place qui sétend jusquau château de lEvêque. Jusque là le rez-de chaussée ancienne écurie servait de salle détude et au-dessus était le dortoir.
Monsieur Léonard, dont le talent spécial pour la surveillance était connu, continua à occuper cette charge. Le personnel des domestiques fut également réformé : au lieu de la vieille domestique du nom de Jeanne-Marie Tarare, qui nous faisait une cuisine des plus ordinaires, nous eûmes des frères de la congrégation naissante du Sacré-Cur : cuisinier, « someiller », marmiton, balayeur, tous braves gens, mais dune éducation assez primitive. La lingerie était confiée à des soeurs du Sacré-Cur que M. Coindre avait fondé à Lyon : plus tard elles portèrent le nom de Dames de Jésus-Marie. M.M. p 8
Corps de Missionnaires
Le corps des Missionnaires, surtout, donna aux premiers commencements de luvre un éclat et une renommée assez considérables : et on comprit bien vite de quelle utilité elle pouvait être pour tout le diocèse. Cest que, en effet, parmi ces missionnaires, il se rencontra, et tout dabord, des ecclésiastiques dun grand savoir, et dun talent fort distingué pour la prédication : MM. André Coindre, Romain et Pierre de Montagnac, Eynac, Dufêtre, Mialon, Mercier, et bien dautres, nétaient pas des hommes dun mérite ordinaire.
Après lépoque impériale qui avait bien pu donner à notre patrie la gloire militaire, mais qui avait laissé les principes de 89, et même un peu, ceux de 93, vicier toutes les opinions, et ruiner, en grande partie, les sentiments religieux, on les vit déployer un vaste et noble zèle et travailler avec ardeur, pour réveiller lesprit de foi, et rappeler les saines doctrines que le peuple semblait avoir oubliées depuis longtemps. Nos vieillards, qui en gardent encore souvenir, ne parlent quavec enthousiasme, des conversions éclatantes, et des nombreux retours aux pratiques de la religion, qui eurent lieu alors ; ainsi que des prédicateurs qui, n ces circonstances, furent preuve dun courage et dun dévouement tout apostoliques.
Coup dil sur leurs missions
Pourquoi a-t-on laissé se perdre dans loubli, et pourquoi ne sappliquerait-on pas encore à recueillir, si on peut, certains faits et autres détails intéressants qui accompagnèrent ces diverses missions ? Il nous souvient davoir assisté, quoique bien jeune, à celle qui fut donnée à la paroisse et à la ville de Tence, en 1824 ; et, bien que nous ayons vu souvent depuis, ces sortes dexercices religieux, se reproduire en diverses localités, aucun na laissé dans notre mémoire, une impression aussi forte et aussi durable, que celle des grandes cérémonies, des concours de peuple, et des émouvantes prédications, dont nous fûmes alors témoin et spectateur. Il était beau de voir M. Eynac, au milieu dune vaste place publique, debout sur un piédestal élevé où lon dressait la croix de mission, prêcher à la foule nombreuse qui se pressait autour de lui, tantôt lécoutant avec une pieuse attention, et tantôt répondant, par des cris denthousiasme, à sa parole ardente et animée.
Note : Curieusement, le biographe du P. Coindre a substitué à M. Eynac le nom du P. Coindre. Lisons et comparons p. 129 : [
] « Il était beau de voir cet homme (le P. Coindre) dun courage et dun dévouement tout apostolique, au milieu dune vaste place publique, debout sur un piédestal élevé, où lon dressait la Croix de mission, prêcher à la foule nombreuse qui se pressait autour de lui
»
Note : Pour comparer, se reporter plus loin, à la rubrique : « 1823- Mission de Tence », reporté par la biographie du P. A. Coindre. VC 128-129
L était beau dentendre un de ses confrères, M. Dufêtre, monté lui aussi, sur le piédestal de la croix du cimetière, rappeler à ses auditeurs attendris, les grandes vérités du salut, pendant quils avaient là, sous leurs yeux et sous leurs pieds, les tombes de leurs parents et de leurs amis défunts. Non moins beau fut le spectacle des processions qui, pour déployer, avec plus de liberté, leur longues files dhommes, de femmes et denfants, allèrent jusquà plus dune demi-lieue hors de la ville, portant en triomphe trois croix, dites croix de mission, et chantant à pleine poitrine des cantiques populaires. Et ce qui mettait le comble à lélan religieux qui se manifestait dans ces occasions, cest que les missionnaires donnaient leurs exercices, en même temps et à la fois, dans plusieurs paroisses voisines, et que la nouvelle des conversations opérées dans un lieu, venant à se répandre dans lautre, provoquait, de toutes parts, le généraux désir de les imiter. Ainsi en fut-il, pour les missions de Monistrol, de St-Didier, de Montfaucon, de Tence
H.F. 58-60
Membres de la Société des Missionnaires du Sacré-Cur
Suivant les conditions arrêtées avec Mgr de Salamon, le P. Coindre se met à la Société des Missionnaires du S.C. de Jésus.
Qui étaient-ils ?
1- MONTAGNAC Romain (1792-1839)
Né le 2 février 1792 au Puy-en-Velay dune famille modeste et profondément chrétienne. Intelligent et travailleur, il fit avec succès des études littéraires et scientifiques ? A peine ordonné en 1817, il est vicaire à la cathédrale du Puy [(1817-1820) JV.]
Quelques mois après, il est professeur au petit séminaire du Puy surnommé la Chartreuse. [(sans doute vers 1820. JV.]
En octobre 1822 le père COINDRE, sur avis de Mgr de SALAMON, lappelle pour seconder ses projets à Monistrol. Il le chargea principalement du collège-séminaire. COINDRE en est le supérieur et lui, son bras droit, le directeur immédiat ou recteur. Il a 30 ans. Surnommé « le gros » par ses élèves, il leur inspirait un respect mélangé de beaucoup de crainte et lamour de la vertu et du travail.
En 1823, le 25 février, il participe avec ses confrères et les Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie à la première profession religieuse des Religieuses des surs de Jésus-Marie. Il dût en faire autant pour la première profession des Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie le 14 octobre 1824.
En août 1824, il a dû être nommé plus ou moins effectivement supérieur des missionnaires de Monistrol, André COINDRE ayant prévu de ne lêtre que pour deux ans et sétant offert à rejoindre ceux de Tours peu après.
Le 12 décembre 1824 il signe le projet de Statuts de la congrégation cléricale conjointement avec MM. BNOIT et GATTY. Et le 24 décembre il demande à la mairie de Monistrol, avec les COINDRE et MM. BENOIT et GATTY, lagrandissement du collège.
En juillet 1825 le père CONDRE loffre à Mgr de SAUZIN pour être supérieur de son séminaire. Refus de Mgr de BONALD.
Le 3 août 1825 quand le roi autorise que le collège soit érigé en école secondaire ecclésiastique, il en est nommé le supérieur et il le restera jusquau 3 décembre 1834, date à laquelle une ordonnance royale de LOUIS-PHILIPPE nommera son frère à sa place.
Cest durant lété de (1825 ?) quAndré COINDRE et les cosignataires des Statuts se constituent en société civile dont le but est de se livrer à léducation chrétienne de la jeunesse et à la prédication de lEvangile dans les campagnes.
Le 25 février 1826 il reçoit du père COINDRE la Règle de la société des missionnaires de Monistrol. Il se trouve déjà effectivement leur supérieur. Il semble quà la mort du père COINDRE, Romain MONTAGNAC se soit personnellement chargé, en plus, du contrôle des missions que ses confrères continuèrent à donner. On le trouve à leur tête à Sainte-Sigolène et à Chanaleilles, où le père COINDRE est ouvertement pleuré. Il obtient une voix comme supérieur général des frères au chapitre du 15 juin 1826. Jean-Vincent MICHEL le donne curé dYssingeaux en 1826. Y aurait-il fait un intérim ?
En 1833 il est supputé pour la cure de Saint-Georges au Puy, mais il est barré par le Ministère de lIntérieur à cause de ses idées légitimistes ardemment défendues. Le 3 décembre 1834 il est nommé curé dYssingeaux ; il y arrive en mars 1835. Il y est surnommé le « curé prêcheur » à cause de son talent oratoire.
En 1839 il se rend à Lyon pour visiter François-Vincent COINDRE, qui est souffrant et abattu. Il lamena passer quelques jours à Yssingeaux et cest là quayant bien réfléchi, François-Vincent COINDRE revint sur sa décision de céder les biens du Pieux-Secours (légalement les siens) aux frères, qui, sauf le frère Xavier, ignoraient tout de la mauvaise situation financière de la société.
Le 12 avril 1839 il y meurt, à lâge de 47 ans seulement, des suites dune congestion contractée en allant administrer un malade par une nuit dhivers de très grand froid.
Son cur généreux, sa pété tendre, son zèle éclairé, ses fortes convictions, ses intentions toujours droites sa science profonde et ses talents oratoires lui valurent une estime hors ligne parmi les membres du clergé.
Note : [Il devait être, sans doute, le neveu de M. Toussaint Montagnac vicaire de Cayres en 1790, puis de Chamalières en 1797, arrêté et incarcéré au Puy le 3 avril 1799 (natif du Puy, âgé denviron 40 ans) et déporté le 12 avril 1799 (cf. « Dispositions » et « Extraits dEcrous des prisons » et « ordo »), et mort, vicaire de Polignac le 26 mars1808 : J.V.]
2- MONTAGNAC Jean-Pierre (1797-1865)
Né au Puy-en-Velay le 29 décembre 1797.
Il entre au petit séminaire diocésain en 1817 ; déjà pendant sa seconde année il fut chargé du cours de la physique. Comme son frère il avait fait auparavant de brillantes études littéraires et scientifiques.
[Le 9 avril et le 23 juillet 1818 « M. Pierre Montagnac, étudiant en théologie au séminaire du Puy, assiste à des baptêmes ou mariages faits par son frère Nicaire. Il aurait été professeur à la Chartreuse, sans doute vers 1820. daprès J.V. ]
Cest de là quen octobre 1822 il est également choisi par le père COINDRE pour quil le seconde à Monistrol. Il est préfet de discipline au petit séminaire-collège et aussi professeur distingué de rhétorique.
En 1823 il est choisi par le père COINDRE comme chapelain de la maison des frères où il est logé (noviciat et école dapplication dans la maison Pagnon ; il leur donne également des cours. Comme es missions deviennent de plus en plus importantes et de plus en plus nombreuses, surtout en 1823 et 1824, le père COINDRE eut parfois (souvent ?) recours à Romain MONTAGNAC, et Jean-Pierre devait donc assurer toutes les attributions du séminaire, y compris la direction des études et le rôle de préfet de discipline.
Il devient directeur du collège lorsque celui-ci, par décision royale du 3 août 1825, est érigé en école secondaire.
En 1835, au départ de son frère pour Yssingeaux, il en est nommé supérieur. 3Quoique dun caractère différent et nayant pas, peut-être, ce qui avait fait la haute réputation de celui quon venait de perdre, il ne laissa pas se diminuer et dépérir entre ses mains lhéritage de gloire qui lui fut transmis. »
Note : [Dans lOrdo de 1826, on dit : « Petit séminaire, sup. M. Montagnac.
Dans lordo de 1827, on dit : » Petit séminaire, supérieur M. P. Montagnac ; Missionn. Diocésain : M. Montagnac, supérieur. J.V. ]
Il est nommé vicaire général en 1839.
Après la mort du père COINDRE en 1826 et celle de Romain MONTAGNAC en 1839, M. labbé RAUZAN fit, le 28 décembre 1839, une nouvelle donation de ses biens de Monistrol, mais cette fois-ci en faveur et au profit de trois nouveaux donataires : MONTAGNAC Jean-Pierre, supérieur du petit séminaire, MUTHUON Jean, directeur, VERILLAC Joseph, économe, associés à M. François-Vincent COINDRE, lequel avait passé une simple convention à la mort de son frère.
Il nétait pas bon de maintenir même M/ COINDRE dans cette donation puisque sa sur mariée aurait pu faire des difficultés à sa mort. De fait, le 15 juin 1841, il leur remettra, par une seconde convention, tous ses droits, se réservant de venir habiter à Monistrol éventuellement.
Avant sa mort M. MUTHUON viendra tout régler définitivement avec lui, Vincent COINDRE, au clos des Chartreux, et cest M. MONTAGNAC qui lapprendra à M. MALIGAND, le beau-frère de Vincent COINDRE. M. MONTAGNAC sera également le dépositaire des objets que celui-ci laisse en souvenir à létablissement de Monistrol. M. MONTAGNAC entretiendra donc avec lui et sa famille des relations serrées et amicales jusquà sa mort. [« Dargent à ramasser, de profits temporels et pécuniaires à recueillir, ni les MM. Coindre, ni les MM. Montagnac nen eurent jamais souci. Leur seule est unique ambition fut de travailler pour la gloire de Dieu, pour le bien de son Eglise, pour le bonheur des familles, en donnant) à la jeunesse une éducation religieuse et une solide instruction. »] H.F. 111
Il reçoit les vux des frères Paradis en qualité de vicaire général en 1840, 1841, 1844 et assiste à beaucoup dautres cérémonies de profession : 1854, 1855, 186, 1863, 1865.
Il meurt le 1er octobre 1865, à 69 ans. R.n.b. 69-70
3- MERCIER Antoine-Victor (1795-1880)
Né le 19 octobre 1795 à Landos, dernier de 19 enfants. Fit ses classes au collège du Puy. Ordonné prêtre le 30 avril 1820 par Mgr MOREL DE MONS, évêque de Mende. Professeur de philosophie au petit séminaire du Puy. Après les abbés MONTAGNAC cétait donc le troisième à y être recruté par le père COINDRE.
Il prêche pour la première fois avec les Missionnaires du Sacré-Cur en février-mars 1823 à Monistrol.
[En 1825, il prêche la mission de Grazac avec MM. Coindre et Fabre Antoine. J.V. ]
Il fut le dernier à renoncer à cette uvre à laquelle il sétait entièrement dévoué, en participant à la mission de Pradelles en 1828.
Nommé desservant à Saint-Etienne près dAllègre le 1er avril 1826, succursale érigée le 12 mars 1826. Nommé vicaire à Sembadel le 1er janvier 1828, mais il ne sy rendra sans doute pas, puisque son biographe le place comme professeur de troisième et économe au collège de Langogne. [curé de Landos, 1828, pro-curé de Langeac dont le curé est Lamouroyx, daprès J.V.] Vicaire sous son frère Paul MERCIER à Thoras le 4 septembre 1829, il y arrive en 1830 et y devient curé en titre le 20 août 1841. [1837, curé de Langeac, démissionnaire en déc. 1872, daprès J.V.]
Il est fait chanoine honoraire le 20 décembre 181.
Il décède le 30 janvier 1881
Son panégyrique, reproduit ci-dessous, est fait le 13 juin 1881 à Cros, près de Saint-Haon (Haute-Loire).
Eloge funèbre de M. MERCIER par son neveu, à lappel de M GUIGON, curé du Cros, M. MAURIN étant curé doyen de Pradelles :
« M. Mercier sest éteint dans lombre
une simple mention dans la « Semaine religieuse » du Puy
la mort dun prêtre dont la vie a été bien remplie, dun prêtre qui, comme professeur, missionnaire, pasteur dâmes sétait si justement acquis lestime et la vénération de tous ses confrères et de toutes les populations quil a évangélisées.
« Né en 1795 à Landos dans une famille de 19 enfants, lui étant le dernier, Jean Antoine Victor fit ses classes au collège du Puy. Le 21 mars 1819 il recevait les ordres mineurs et il fut ordonné diacre le 2 mai de la même année. Le 30 avril 1820 il fut ordonné prêtre par Mgr Morel de Mons, évêque de Mende.
« Nommé professeur de philosophie au petit séminaire du Puy, il faillit entrer à Saint-sulpice.
« Sur ces entrefaites se forma la Société des Missionnaires du Sacré-Cur de Jésus. M. Mercier fut le premier prêtre du diocèse, après les MM. Montagnac, qui sadjoignit à M. Coindre, le fondateur et le supérieur de la société, et il en fit partie durant sept années. Le souvenir de ce missionnaire est encore vivant dans les populations du Velay.
« Cétait au lendemain de la Révolution, nos églises dévastées étaient quelques-unes sans pasteurs, dautres étaient confiées à des prêtres formés à la hâte, retirés du tumulte des camps ou instruits durant la Terreur. Ils avaient à peine le savoir nécessaire pour administrer les sacrements et ils étaient incapables de prêcher ; on citait comme un prodige son sermon sans lire son manuscrit.
« Les missionnaires étaient accueillis comme des hommes extraordinaires, comme des envoyés d Dieu. On se pressait en foule pour les entendre, on accourait de loin pour « gagner la mission ». Cétait dans certaines localités un enthousiasme indescriptible, on vénérait ces missionnaires comme des saints, on se précipitait à leurs pieds, tout le monde voulait les toucher et en obtenir quelque souvenir.
« M. Mercier donna les missions de Monistrol, du Monastier, de Rosières, de Saint-Paulien, de Retournac, du Puy-en Velay (aux Carmes). Il était encore en 1828 de la mission de Pradelles, où le concours fut immense. Dans cette mission, un prêtre assermenté, M. Enjolras de Coucouron, fit sa rétractation solennelle devant lEglise en présence dune grande foule de peuple. Les personnes de Saint-Paul-Tartas, Saint-Haon, Saint-Arcons, Saint-Jean-Lachalm gardent le souvenir de ces pieux missionnaires et surtout de M. Mercier.
« La parole de M. Mercier était simple et facile, il se mettait à la portée des fidèles et les intéressait beaucoup ; il nétait pas orateur comme M. Coindre ou M. Eynac. Son genre était la conférence et il y excellait ; sa parole vive et spirituelle pénétrait de suite et gagnant ses auditeurs. Dans ces missions M. Mercier sétait fait connaître des fidèles de tout le diocèse.
Létablissement des RR.PP. Jésuites à Vals mit fin à la société des missionnaires. M. Mercier fut le dernier à renoncer à cette uvre à laquelle il sétait entièrement dévoué et qui allait parfaitement bien à son caractère et à ses aptitudes naturelles.
Il resta ensuite deux ans au collège de Langogne comme professeur de troisième et comme économe. Sur la fin de 1828, il se retira à Landos comme curé sans en avoir le titre et devint ensuite vicaire à Thoras sous son frère M. Paul Mercier, qui en était le curé. Il arrivait à Langeac en 1830 ; il en fut nommé curé en titre le 20 août 1841. Il est fait chanoine honoraire le 20 décembre 1841.
Ses uvres à Langeac sont des plus nombreuses : église, presbytère, couvent Sainte-Catherine furent remis à neuf. Dans ce dernier on plaça le corps de mère Agnès. Il releva la communauté de Saint-Dominique, etc. Il exerça un long ministère, puis se retira à lhospice où pendant sept ans il connut de cruelles infirmités. En plus de son frère, il eut la joie davoir deux neveux qui devinrent également prêtres
»
« Il a travaillé comme un apôtre, il est mort comme un saint ».
Archives départementales de la Haute-Loire, 2 V dépôt 62, 29 R. n. b 71- 73
4- EYNAC Pierre (1793-1868)
Né le 6 avril 1793, [au Monastier, le 6 juillet 1793, daprès JV. 1817 : vicaire à St Martin de Fugères ; 1819, professeur à la Chartreuse ; (1821, Roanne ?)] J.V.
Il prêche pour la première fois avec les Missionnaires du Sacré-Cur en septembre-octobre 1823 à Tence. Il accompagne le père COINDRE à Blois en janvier-février 1824. Il est nommé curé de Saint-Laurent, paroisse du Puy, en 1826, le 1er mars. Cest donc lui qui y accueillera les Religieuses de Jésus-Marie à la providence, partie de lancien couvent des Jacobins jouxtant léglise Saint-Laurent. [1848, desservant à St Laurent ; 1832, chanoine honoraire ; 1848, curé de St Laurent, daprès J.V.]
En 1857 il envoie des salutations à François-Vincent COINDRE par M. Jean-Pierre MONTAGNAC, vicaire général du Puy. A présidé la profession des frères à Paradis en 1842 et 1864 comme curé de Saint-Laurent, paroisse de Paradis.
[Il était chapelain dhonneur de sa Sainteté Pie IX et prélat romain. Il a joué un rôle important dans le Comité dérection de la statue de N.D. de France (le Puy)] J.V. R.n.b. 74
5- FABRE Antoine (1792-1856)
Né le 2 juin à La Vacheresse, paroisse de Venteuges. Desservant de Saint-Didier-sur-Doulon, 1821-1823. Missionnaire du Sacré-Cur de Jésus de 1823 à 1828. [il prêche 28 missions dans le diocèse] J.V.
Nommé desservant à Alleyrac, annexe érigée le 27 mars 1826. Vicaire à Lissac au début 1828. Curé de Saint-Didier-sur-Doulon de juin 1828 jusquà sa mort, survenue le 18 août 1856, [à 64 ans, inhumé à St-Didier] J.V.
De nombreuses vocations nous sont venues de cette petite paroisse. Il avait été fait chanoine honoraire en [janvier] R nb 74-75
6- HAVON
Il prêche pour la première fois avec les Missionnaires du Sacré-Cur en février-mars 1823 à Monistrol. Il est curé de Dunières en 1826 ; il entra dans le ministère peu de temps après la mort dAndré COINDRE. Un parent qui y avait déjà été curé en 1795 sy trouve jusquen 1827. Rnb 74
7- GATTY Joseph (1780-1856)
Il est né le 20 septembre 1780 (on écrit Gati dans les Ordos 1825 et 1826). Prêche pour la première fois avec les Missionnaires du Sacré-Cur en avril-mai 1824 à Rosières. Il était auparavant vicaire à Tiranges depuis le 1er janvier 1818. Curé de Vals le 27 mai 1826, où il fut pressenti quelques mois auparavant. Cest donc en entente avec le père COINDRE lui-même quil y appelle les frères. Bien que les habitants soient pauvres et que quêtes et troncs ne fournissent pas assez dargent pour les frais du culte, il fait obtenir au frère Louis quelques modestes subsides de la part des fabriciens en novembre 1826. Curé de La Chapelle-dAurec en 1841, où il meurt en 1856 à 61 ans. Rnb 75
8- MIALON (d. 1832)
Il prêche pour la première fois avec les Missionnaires du Sacré-Cur en mars-avril 1824 à la mission du Monastier. Il est vicaire à Saint-Didier-la-Séauve entre 1826 et 1828. Puis il devient missionnaire au Tonkin, où il meurt en septembre 1832. [Nécrologe. Ordo 1834. J.V.] Rnb 75
9- LOUAT Jean-Antoine (1794-1824)
Né le 7 septembre 1794. Vicaire à La Chapelle-dAurec depuis le 1er janvier 1822. Il prêche pour la première fois avec les Missionnaires du Sacré-Cur en avril-mai 1824 à la mission de Rosières. Il meurt en odeur de sainteté au cours de la mission donnée à Saint-Front, le 13 juillet 1824, à lâge de 30 ans. On y voit encore sa pierre tombale dans le petit cimetière à côté de léglise. M. PONS était curé. (Archives diocésaines, registre des décès de Saint-Front) Rnb 76
10- ESCOFFIER Jacques (1795-1841)
Né le 9 avril 1795. Il est vicaire au Monastier le 16 août 1823. Il prêche pour la première fois avec les Missionnaires du Sacré-Cur en avril-mai 1824 à la mission de Riotord. Il est à nouveau vicaire au Monastier de 1825 à1827, puis il y est signalé à nouveau en 1829. Il est nommé à Rosières le 1er septembre 1828. Il devient curé de Beaulieu en 1829 ou 1830. Il y meurt à 46 ans, en 1841. Rnb 76
11- BENOIT Jean-Victor (n. 1796)
Né le 29 septembre 1796. Il est déjà à Monistrol en 1822 comme professeur de la classe de troisième au collège puis en 1823, professeur de 3e de Jean-Baptiste Michel. Il était pieux et plein de bienveillance pour ses élèves. Il est Missionnaire du Sacré-Cur de Jésus de 1824 à 1828, sans jamais cesser de rester en même temps professeur au collège-séminaire. Nommé à la chapelle vicariale de Saint-Géron, puis à Chadron, puis aux Vastres (tout petit village) le 1er janvier 1825, il semble sy rendre cette fois-ci, mais il démissionna le 31 mars de la même année. M. MICHEL le signal curé dAurec vers 1830. Rnb 76-77
12- FREYCENON Jean-Louis (n.1793)
Né le 9 juillet 1793, [à Tence]. Vicaire à Saint-Jeures depuis le 1er janvier 1818. Missionnaire du Sacré-Cur au troisième trimestre 1824, il y est encore en 1826 et 1827. Il est nomme desservant à Varennes-Saint-Honorat le 1er avril 1826, succursale érigée le 12 mars 1826. Nommé vicaire à Saint-Just-Malmont le 1er octobre 1827. Il est curé de Tiranges le 1er décembre 1828. [Il est nommé Chanoine honoraire. Il décède le 6 août 1867. (Il avait son neveu pour coadjuteur et successeur] J.V. Rnb 77
13-14 MARIN et ELOI
Ils sont également mentionnés dans la recension de la biographie du père COINDRE.
Corps de professeurs et leur collège
[Les succès des missions] ne contribuèrent pas peu à faire réussir promptement, la seconde institution que ces missionnaires avaient fondée à Monistrol ; nous voulons armer de leur collège. Les élèves y accoururent nombreux ; soit parce que cétait la première maison détudes relevée, dans le diocèse, par des ecclésiastiques formant une véritable association ; soit parce quun grand nombre de familles voulurent confier leurs enfants à ceux qui venaient de convertir leurs pères.
Il semblerait, même, daprès une délibération du Conseil municipal de Monistrol, assemblé le 17 avril 1825, que plusieurs localités de larrondissement ambitionnèrent lhonneur et lavantage de posséder ce collège ; et que, si la ville de Monistrol obtint la préférence, en se montrant un peu plus généreux, les souvenirs de la mission qui avait eu lieu récemment, servirent autant que les espérances dutilité temporelle, à provoquer cette générosité.
« Non, Messieurs, disait à ses conseillers, le maire de cette commune, nous ne serons pas les seuls qui méconnaîtrions la faveur de la préférence que nous ont donnée les missionnaires. Vous savez tous, comme moi, combien la jalousie sagite, pour nous enlever [létablissement du collège
]. Mais, nous tous propriétaires et pères de famille, nous saurons apprécier [cette faveur]. Encore tout pénétrés du souvenir de ces saints exercices dont les fruits ont étonné, même ceux qui les ont produits, nous écouterons nos consciences, et ne laisserons pas échapper et aller à dautres, le plus bel apanage de notre cité. » H.F. 61
Premiers professeurs adjoints des M.M. Montagnac de lécole secondaire de Monistrol :
1- [Vital Laurent, né en 1797 aux Vignaux, paroisse de St André-en Chalencon.
Il fut nommé en 1820, professeur dhumanité au Collège de Monistrol où il resta 3 ans : professeur de 4e de Jean-Baptiste Michel en 1821
Ordonné prêtre en 1824, il devint vicaire de Craponne où il resta jusquen 1844 sous les curés : François Bastier du Temple (1814-1826) et Jean-Baptiste Sallanon (1826-1849).
Il fut ensuite successivement curé de Pébrac (1846-1848) et de Valprivas (1848-1861), quil fit ériger en commune grâce à lappui de M. Latour-Maubourg
Nous le trouvons Conseiller darrondissement du Canton de Bas de 1851 à 1862.
En 1861, il se retira à Craponne où il fut aumônier des Surs de St Joseph et des Pénitents.
Il mourut dans cette vile le 6 mai 1880. (cf Pontvianne : « Histoire de Craponne », t. I. p.364)] J.V.
BONNETON André (1795-1884)
Né le 2 octobre 1795 à Cayres.
[ordonné prêtre le 12 mai 1825. Professeur de philosophie et de logique dès 1822 et jusquen 1825.
Curé de Monistrol dAllier quelques mois plus tard. Curé de Laussonne le 25 novembre 1835 ; Chanoine honoraire le 24 mai 1879 ; démissionnaire de sa cure le 15 juin 1875 ; décédé à Chacornac (Cayres) le 17 novembre 1884] J.V. Rnb 79
3-SOUVIGNET Jean-André
Né le 12 mai 1801 [à Ste Sigolène.
1826 : professeur à Monistrol. Tout nouveau prêtre, il est nommé à Chaniat, le 26 mai 1826, chapelle érigée le 22 mars.
1835 vicaire à Retournac, 1838 vicaire à St Maurice-de-Lignon
1839 curé ibidem 1860, curé de Bas
1861 chanoine honoraire
Décédé le 29 mars 1872] J.V. Rnb 79
4-PANDREAU (D)
Ancien professeur du collège que M. de LABRUYERE dirigeait avec peu de succès. Chargé des humanités avec M. MONTAGNAC [dès 1822] M.M.
[En juillet 1826, M. Pandreau reçoit un traitement de 400 F. En 1839 (nécrologe. Ordo 1840) meurt M. Pandreau, professeur au Petit Séminaire de Monistrol (39 ou37 ans) ] J.V. Rnb 80
5- MOURET Jean-Pierre
Né le 13 novembre 1800. Nommé, tout nouveau prêtre, à Saint-Privat-dAllier le 15 juin 1824. Professeur au collège séminaire de Monistrol en 1826.
[En juillet 1826, M. Mauret reçoit un traitement de 300 F.] J.V. Rnb 81
6-ROCHET
Signalé par labbé Hippolyte FRAISSE.
[En juillet 1836, M. Rochet reçoit un traitement de 300 F]. J.V. Rnb 81
7 et 8 MARCON et RIVET
Signalés comme professeurs des classes de quatrième et de cinquième par M. Jean-Baptiste MICHEL.
Rnb 81
9-MICHEL Jean-Baptiste Vincent (1802-1892)
Il est né le 20 novembre 1802 à Raucoules (Hte-Loire)
1818- entre comme élève (camériste) au Collège de Monistrol en classe de 8e : son professeur : Léonard
1819- élève pensionnaire, en clases de 7e, 6e, 5e : son professeur Galier
1820- élève en 4e : son professeur, Laurent
1821- élève en 3e : son professeur Benoît
1822- élève en seconde [pensionnaire au Palais épiscopal]: son professeur Pandreau
1825- élève en philosophie : son professeur Bonneton ; il est en même temps Surveillant des Caméristes au Collège. Approché 2 fois par les PP. Montagnac et Coindre pour devenir Missionnaire du Sacré-Coeur, il y consent moyennant certaines conditions
1825- : professeur de 7e et Surveillant des pensionnaires au collège
1827-1828 : professeur de 5e
1829 et 1830 : séjour à St-Sulpice (Paris) ; tonsuré par Mgr de Quelen ; la Révolution 1830 le contraint à rentrer dans son diocèse.
- Ordonné sous-diacre par Mgr de Bonald, il est en même temps précepteur à Aurec, dans la famille Gidrol.
- Durant son diaconat, il remplace à Monistrol M. Bouchardon, malade, comme professeur de 8e.
1832 : il est ordonné prêtre ; puis il reprend la surveillance des pensionnaires au collège.
1833 : Vicaire à St Paulien (23 mois) ; 1835 : Vicaire à Bas (9 ans et quelques mois) : 1844 : vicaire aux Carmes (8 ans) ; Curé du Perthuis le 28 juillet 1851 ; et curé de saint-Just-Malmont en 1855 jusquà sa mort de 9 février 1892 à St Just.
Cest lui qui fit venir les Frères du Sacré-Cur pour prendre la direction de lécole de St Just en 1857.
10-GIBAN
Dans ses lettres 16 et 20, le Père Coindre mentionne encore M. Giban, père du Sacré-Cur, professeur au Collège et au Noviciat de Monistrol. Il se serait plaint de la cohabitation que lui imposait cette dernière fonction. Daprès X 42, 19
Quelques économes
1- LEONARD
Préfet de discipline du collège de M. de LABRUYERE.
[Professeur de 8e de Jean-Baptiste Michel, et surveillant en 1818 ; surveillant en 1822] M.M. Rnb 79
[M. Léonard paraît plutôt chargé de léconomat du petit séminaire. J.V.]
Se fait O.M.I. et meut comme missionnaire au Canada.
2- CONVERT
Etant économe, il suit le père COINDRE à Blois au début 1826. Il lassiste avec affection durant sa maladie et retourne prendre son poste déconome dès juillet 1826. Rnb 79
3- VERILLAC Barthélemy Joseph (1798-1878)
Né à St Pal de Mons le 2 juillet 1798, ordonné prêtre le 3 avril 1824, vicaire à Pinols, économe du petit séminaire depuis 1828 ; directeur en 1866, chanoine honoraire en 1866 ; directeur-économe en 1870 ou 1871 (lOrdo de 1874, le dit « ancien économe).
Décédé le 16 avril 1878 J.V.
Difficultés des premières années avec le Rectorat de Clermont
Dès lautomne de 1822, nous le savons, le Collège de Monistrol ouvrit ses portes avec une nouvelle direction et un personnel enseignant en partie renouvelé. M. labbé Romain MONTAGNAC prit le nom de Recteur principal, sous la haute direction de M. labbé COINDRE qui, bien que spécialement occupé des missions, ne cessa pas de sintéresser au Collège, népargna rien pour reconstituer lancien domaine des Capucins et même lagrandir pour loger maîtres et élèves et prit enfin une part prépondérante dans toutes les décisions concernant ladministration et le fonctionnement de cette école secondaire.
M. labbé Pierre MONTAGNAC, le professeur le plus remarquable, fut associé à ladministration. Dès 1823, il donna aussi des cours au noviciat des Frères du Sacré-Cur dont il fut laumônier logé par M. labbé Coindre dans la maison Pagnon.
Il importe de noter que, les missions se développant de plus en plus, M. Coindre fit très souvent appel à M. labbé Romain MONTAGNAC, prédicateur de grande classe. Il sen suivit que labbé Pierre Montagnac fut amené à soccuper plus assidûment et presque seul de la marche de la maison, à remplir le rôle de préfet de discipline et de direction des études et cela jusquen 1825.
Quel fut le directeur légal du Collège pendant cette même période ? Quand labbé Coindre et les abbés Montagnac prirent en charge lécole secondaire, elle était légalement dirigée par labbé Victor Labruyère. Le directeur garda son titre sur les instances de ses successeurs qui, semble-t-il, ne pouvaient plus, faute de diplômes, assumer cette charge. Ce nest pas inouï que le directeur réel ne soit pas le directeur légal. Le premier établit les pièces officielles demandées, daprès les effectifs de la maison quil dirige ; le titulaire légal les signe, tout est en règle. Cette manière de faire nécessite une compréhension mutuelle, une non moins grande bonne volonté de part et dautre.
Or il est certain que, pendant trois ans, lAcadémie de Clermont eut maille à partir avec M. Labruyère et M. Montagnac pour obtenir les pièces et les comptes demandés. Qui donc était coupable de cette négligence ? Nous lisons dans une lettre de lInspecteur Guillon chargé des fonctions de Recteur de lAcadémie de Clermont, adressée le 22 mai 1824 à M. labbé Montagnac, ce qui suit : « Monsieur Labruyère écrivait le 10 décembre dernier à M. le Procureur du Roi quil ne faisait plus partie de létablissement et quil lui était pénible de recevoir continuellement des admonitions de la part de lUniversité, que sil avait néanmoins gardé les diplômes qui lui ont été concédés pour la direction de la maison, cétait uniquement pour complaire aux messieurs quil avait appelés à la diriger, quau surplus les tableaux tels que les demandait le Recteur de lAcadémie allaient lui être expédiés ».
Il y avait donc à cette date des pièces qui navaient pas été fournies ; il en manquera encore le 19 décembre de cette année 1824 M. labbé Labruyère ne faisant plus partie du Collège ne pouvait pas les établir.
Quant à la lettre du Procureur royal dont il est parlé, elle était motivée par une menace de poursuites judiciaires. Voici, en effet, la lettre que le Procureur du Roi près le tribunal civil dYssingeaux avait adressée le 28 novembre 1823 à M. Labruyère, chef dInstitution à Monistrol.
« Monsieur, je viens de recevoir une lettre de M. le Recteur de lAcadémie de Clermont en date du 20 de ce mois, qui mannonce que vous êtes toujours dans la même situation touchant létat de vos élèves et le paiement de la rétribution universitaire, que, quoiquon vous ait adressé le 20 octobre dernier un modèle détat pour servir à vous diriger dans ceux qui restent à faire, on na pu obtenir de vous quun état informe.
Monsieur le Recteur me requiert en conséquence de vous poursuivre, aux termes des articles 121 et 122 du décret du 15 août 1881, maintenus par lordonnance du Roi, du 15 août 1815.
Je ne vois pas, Monsieur, quels peuvent être les motifs qui vous empêchent de vous mettre en règle vis-à-vis de lUniversité. Je vous invite, en mon nom particulier, à ne pas différer davantage. Je serais au désespoir dêtre obligé den venir à la mesure rigoureuse à laquelle ma invité de la manière la plus expresse M. le Recteur de lAcadémie.
Jai lhonneur dêtre Monsieur
»
Signé : de LAGREVOL.
Quelles étaient donc ces pièces réclamées et si difficiles à produire ? Dabord la liste trimestrielle des effectifs scolaire, puis la liste nominative des élèves pour qui on demandait lexemption des droits universitaires et enfin la liste des élèves qui se destinaient au Grand Séminaire. La circulaire du 22 novembre 1823 contient des conseils donnés par M. Guillon :
« Je vous pris de mettre à la confection de ce travail tout le soin dont il est susceptible. Jappelle surtout votre attention particulière, Monsieur, sur le nombre des exemptions à accorder et sur le choix que vous devez faire des élèves qui ont des droits à lexemption.
La rentrée sest opérée, vous connaissez actuellement la véritable situation des élèves gratuits. Vous savez si lon peut espérer deux de bonnes études. Vous avez pu interroger leur vacation et distinguer ceux qui sont disposés à embrasser létat ecclésiastique et qui ne sont pas en état de payer leurs droits. Il serait pénible de remarquer parmi les élèves présentés à lexemption des sujets nannonçant que des dispositions très médiocres ou qui seraient trop âgés pour quon puisse espérer quils terminent leurs études avec succès. Vous ne présenterez donc, Monsieur, que des élèves qui se font distinguer par leur bonne conduite et par des progrès sensibles. Vous devez être très réservé sur le choix des laïcs, à moins quils ne se distinguent par un travail assidu et par lheureuse disposition ; en agissant autrement, vous vous exposeriez à priver ces enfants des moyens dexistence quils doivent trouver dans la profession de leurs parents.
Vous ne fournirez pour les élèves ecclésiastiques un certificat de Mgr lEvêque constatant quils ont été inscrits sur les registres du Diocèse.
Voici une autre lettre du même Recteur, datée du 30 janvier 1924 et adressée à M Montagnac, sous-maître de lInstitution de Monistrol, qui nous donne des précisions sur le nombre des élèves et le taux de la rétribution universitaire.Monsieur, je viens de recevoir avec votre lettre du 4 de ce mois courant, un été où sont inscrits tous les élèves qui ont fréquenté les classes de lInstitution de Monistrol pendant lannée scolaire 182291823.
Daprès cet état, vous aviez, au 1er novembre 1822, 100 élèves payants et un gratuit. En fixant le taux de la rétribution comme par le passé au minimum de 15 fr. par an, ou 1 fr. 50 par mois et par élève, la rétribution due pour ces 100 élèves payants et un gratuit. En fixant le taux de la rétribution à la somme de
300 fr.
Pour le trimestre qui comprend janvier, février, mars 1823, les élèves payant étant 98, il serait dû : 441 fr. Pour le second trimestre et 97 élèves, il est dû 436 fr. 50 ; pour les mois de juillet et août et 94 élèves, la somme dûe sélève à 282 fr. TOTAL : 1.459 fr. 50. »
« Les lois et règlements universitaires rendent le chef de cet établissement responsable du montant de ce débit et il en doit compte à lUniversité. Il doit en outre une somme de 92 fr. résultant de rétributions de lexercice antérieur plus celle de 70 fr. pour les rétributions du quatrième trimestre 1823. Je dois aussi compter un droit annuel qui sélève à la somme de 600 fr. dont M. Labruyère est porté débiteur pour les années 1817-18, 1818-19, 1891-20, 1820-21, 1821-22, 1822-23 Toutes ces sommes réunies donnent un total de 2.221 fr. 50. »
Certains objecteront que cest beaucoup de bruit pour une somme bien modique. Ils oublient que la lettre et datée de 1824 et non pas de 1951. Au taux du franc actuel, la dette sélèverait à près de 300.000 fr. , ce qui est beaucoup pour une modeste institution.
Le Recteur de lAcadémie le comprenait bien puisquil ajoute : « Je désire connaître le plus tôt possible ce que vous pouvez verser de suite. Je suis disposé à vous accorder des délais pour le surplus et même, dans le cas où vous demanderiez une remise, dappuyer votre demande dun avis favorable auprès de son Excellence le Grand Maître de lUniversité.
La lettre parle ensuite des élèves se destinant au Grand Séminaire. « La liste ignée de Monseigneur jointe à votre lettre du 12 décembre dernier suffit pour prouver la vocation ecclésiastique des élèves qui y sont portés. Mais le nombre dépasse celui fixé par la décision de Son Excellence le Grand Maître, daprès laquelle je ne pourrai présenter que le cinquième du nombre total des élèves.
Je vous engage beaucoup à ne me proposer que des sujets distingués tant sous le rapport des études que sous celui de la bonne conduite et qui ont des droits incontestables, par leur position, à la dispense de la rétribution universitaire.
Enfin la lettre se termine par cette remarque : « Si M. labbé Labruyère nest plus chef de lInstitution de Monistrol, il est absolument nécessaire quil le déclare personnellement par écrit pour cesser dêtre responsable devant lUniversité. Dans ce cas, il faudrait que le chef qui prendrait les rênes de lInstitution après lui, se fit agréer en demandant lautorisation. Je désirerais beaucoup, Monsieur, que vous fussiez vous-même ce nouveau chef et il me serait agréable de pouvoir favoriser le succès de votre entreprise ». M. le Chanoine DOUTRE
Supérieur de P. Séminaire
« Notre Maison » - Juin 1951 - 4e Année N° 15 pp. 38-43
Le collège
Ce collège avait commencé au mois de novembre 1822 [le 4 novembre]. Comme lancien couvent des Capucins, alors cédé par M. labbé Rauzan, noffrait pas un local assez baste, on ny avait gardé que les élèves pensionnaires ; les caméristes étaient dans la portion du château épiscopal sous-affermé à M. Coindre par M. du Peloux. Mais tous les étudiants se réunissaient dans lancienne maison religieuse pour les heures et les exercices des clases ; et cétait à cette maison relieuse quétait affectée, dès le mois de janvier 1823, la dénomination de Collège.
Quant au château des évêques, à cause des difficultés quon avait éprouvées en 1806, et quon éprouva longtemps encore après, pour retirer des mains des acquéreurs, les parcelles du couvent aliénées en 1791, les Missionnaires eurent dabord lintention, non pas seulement de laffermer, comme ils firent le 22 octobre et le 5 novembre 1822 ; mais de lacquérir et de sen rendre les véritables maîtres, afin dy établir au moins leur collège. Et il est à croire que ladministration départementale, à cette époque, aurait cédé facilement le vaste édifice dont elle ne voulait faire, après tout, quun dépôt de mendicité. Mais nous verrons que, dès 1824, ce projet fut abandonné pour différents motifs.
Outre la somme assez forte quaurait demandée cette acquisition, on craignait de navoir pas dans le château, tel quil était alors, à moins de nouvelles constructions, ou de réparations très coûteuses, ni des appartements assez commodes, ni des récréations assez spacieuses, ni des eaux assez abondantes, comme il les fallait pour une maison déducation. Peut-être, aussi, espérait-on que le Gouvernement rendrait à Mgr le Bonald, récemment nommé à lévêché du Puy, et qui venait de faire sa première visite à Monistrol le 20 août 1823, lantique manoir que ses prédécesseurs avaient possédé depuis bien des siècles ; et M. Coindre naurait pas voulu, par une acquisition inopportune, mettre obstacle à une restitution qui paraissait très convenable.
Ou bien encore, hésita-t-il à transférer son établissement, dans un lieu bien rapproché, sans doute, mais différent de celui où la première mission des Capucins avait eu son berceau. Et en outre, les acquéreurs de lancien couvent, après avoir résisté longtemps à M. le curé Labruyère dont la logique, quoique les aigrissant un peu, pouvait bien leur avoir donné à réfléchi, commençaient à se montrer plus traitables ; et lespérance venait de racheter toutes les portions vendues autrefois, et de recomposer et reconstruire un local capable de réunir ensemble et dans un même lieu, les missionnaires, les professeurs, et leurs élèves. H.F. 61-62
André Coindre rédige son testament le 21 novembre 1822, peu après son installation à Monistrol. Le mandement de Mgr de Salamon instituant la Société des missionnaires du Cur de Jésus le nomme supérieur le 20 septembre 1822. Cest sous cette qualité quil se présente et comme propriétaire à Monistrol, ayant acquis conjointement avec son frère François, le 22 septembre 1822, une partie de lancien couvent où sinstalleront les pères du Cur de Jésus. Jean-Baptiste Rauzan fait donation aux pères Coindre dune part importante des terrains et bâtiments le 22 novembre 1822 pour favoriser limplantation du collège-petit séminaire de Monistrol.
Afin dassurer la permanence de linstitution et éviter une division de ces biens, André Coindre désigne son frère pour hériter universel, laissant à sa mère lusufruit des immeubles quelle occupe alors. On notera au passage quà cette date François Vincent Coindre est désigné comme aumônier de la Providence de Fourvière alors quau lendemain de son ordination, le 22 juillet 1822, il est présenté comme chapelain du Pieux-Secours et vicaire à Saint-Bruno. ED. III 129-130
Note : Marie-Françoise Mifflet, veuve de Vincent Coindre depuis le 17 novembre 1818, et alors âgée de 64 ans, survivra à son fils aîné puisquelle décédera à Lyon le 12 mars 1828.
Testament
Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Je soussigné, André Coindre, supérieur des Missionnaires du Cur de Jésus, propriétaire à Monistrol, natif de Lyon, ai fait mon testament olographe ainsi quil suit :
Je recommande mon âme à Dieu Créateur, au Cur de Jésus mon Sauveur, et à lauguste Marie, ma bonne mère.
Je nomme pour mon héritier universel mon cher frère François Vincent Coindre, prêtre aumônier de lEtablissement de la Providence, place Fourvière à Lyon, à qui je donne tous mes biens, meubles et immeubles qui mappartiennent à mon décès quelque part quils soient situées, voulant cependant que ma chère mère Marie-Françoise Mifflet jouisse pendant sa vie de tous les immeubles de Lyon et de Saint-Maurice- de Gourdant. Je veux quil recueille mon entière succession. Je lécris de ma main libre et en bonne santé à Monistrol-lEvêque, le 21 novembre 1822.
Signé : Coindre, sup.
Paraphé par nous juge au Tribunal civil de Lyon en conformité de notre procès-verbal de ce jour 7 octobre 1826 Signé : Fabre
Archives départementales du Rhône, Minutes de Me Lecourt, 3E12606. ED III. 154
Les « Notes relatives à lexécution du testament » font apparaître le désintéressement personnel dAndré Coindre, son attachement aux uvres quil a établies tout en maintenant les droits de la famille.
Note : Il se préoccupe en particulier dassurer une rente à sa sur Marie-Marthe (1793-1864), mariée le 15 octobre 1818 à François Pallière (1795-1820). Elle vit avec sa mère après son veuvage et épousera en secondes noces, le 22 septembre 1832, Antoine Malligand (1801-1882).
Ses trois fondations sont au premier rang de ses préoccupations et bénéficient de ses largesse ; afin dassurer la pérennité des uvres, il concède aux frères du Pieux-Secours et aux pères de Monistrol des conditions avantageuses pour la reprise des immeubles quils occupent ; il fait remise de deux mille francs sur les trois mille quil a investis à Monistrol ; il assume les dettes du Pieux-Secours jusquà concurrence de cinq mille francs et, pour que les surs ne soient pas lésées, il leur lègue une obligation de deux mille quatre cents francs.
La dette de sept cents francs contractée envers Mlle David, de Saint-Charmond, apparaît en première ligne et ce nest quen annexe quil émet le vu quune rente soit versée à sa sur après le décès de leur mère.
Dans leur sobriété, les dispositions testamentaires dAndré Coindre confirment lengagement de toute sa vie au service du Christ et de lEglise.
Notes relatives à lexécution de mon testament fait en faveur de mon cher frère, François Vincent Coindre
Je désire quon fasse dire pendant une année entière, chaque, jour, une messe pour le repos de mon âmes. Trois cent soixante-six francs.
Je dois à M[ademoi]selle David de Saint-Chamond la somme de sept cents francs.
Je désire que la moitié de la propriété des Chartreux soit remise après le décès de ma mère à nos frères du Pieux-Secours au même prix que nous lavons acheté cest-à-dire douze mille francs à peu près en y comprenant les nouveaux bâtiments. Si cependant on en trouvait un [plus] grand prix, je nempêcherais pas la vente pourvu que la moitié du bénéfice total soit versé dans la caisse des frères, en payant la rente à ma mère pendant sa vie.
Je désire que sur ma portion de la succession de mon père, lon prenne pour payer toutes les dettes de létablissement du Pieux-Secours, pourvu quelles ne sélèvent pas au-delà de cinq mille francs.je lègue à Madame la Supérieure de Fourvière lobligation de deux mille quatre cents francs de M. Dufour de Bourg.
Létablissement de Monistrol me doit trois mille francs.
Je désir quon lui en laisse deux mille lorsque les principaux membres de la société auront pris des engagements perpétuels.
Je laisse aussi aux mêmes conditions la moitié de la propriété que nous a cédée Monsieur Rauzan leur laissant toutes les charges et dettes de cet établissement.
A Monistrol, le vingt et un novembre 1822.
Coindre.
1- Je désire sil est possible quon laisse à ma chère sur Marie Coindre une pension annuelle et viagère de deux cents francs après le décès de ma chère mère.
2- je désire quaprès la mort de mon frère, tout ce qui pourra rester de ce que je lui aurai légué soit employé pour le bien des établissements, à condition que chaque année, ils feront célébrer une messe pour toute la famille. ED. III. 155-156
Note : Cette page nous prouve sa paternelle sollicitude pour ses 3 familles : ses proches, selon la nature ; les Frères du S.C. et les religieuses des Sacrés-Curs de jésus et de Marie. De plus, il est facile de constater la modicité de son avoir, véritable caractéristique des uvres divines. A. 38, 3 6 à 8
M. Jean-Baptiste Rauzan (Le 22-11-1822)
Supérieur des Missionnaires de France, par son procureur M. Romain Montagnac, fait donation à André et à Vincent Coindre et au survivant deux, de la propriété et jouissance des biens meubles et immeubles situées à Monistrol, denviron 1 ha 3a 47ca, ce qui représente environ 4/9 de lancien couvent des Capucins et la moitié du pré Vescal.
Du 08 au 15 décembre, il dirige la retraite de Saint-Didier-sur-Rochefort (Loire) avec MM. Goubier et Gaucher. R 109-110
Acquisition des trois quarts du neuvième ayant appartenu à la famille Ravel
Un autre neuvième ne tarda pas à venir en sa possession, au moyen dun échange. Le 22 décembre 1822, M. et Melle Ravel cédèrent tous les droits qui pouvaient leur revenir sur les bâtiments et sur le jardin des anciens Capucins, sans autre réserve que le prix des loyers échus jusquà ce jour. Cette cession fut faite, aux deux Messieurs Coindre, que lacte dit être encore domiciliés à Lyon. M. André Coindre habitait, cependant, Monistrol, dès le 22 novembre précédent. M. et Melle Ravel reçurent, en échange, une partie du Pré-Vescal, dont MM. Coindre jouissaient, par indivis, avec lHospice, et qui avoisinait la maison desdits Ravel. Comme lindivision durait encore, les deux ecclésiastiques prirent lobligation de laisser à lhospice, quand la division sopérerait, une métanchée de ce qui leur serait assigné. Le jardin cédé à la maison Ravel fut estimé 500 F. La métanchée laissée à lhospice valait 800 F. ; et, en outre, Melle Ravel promit de faire audit hospice, pour après sa mort, un legs de 500 F. H.F. 63
Le 25-12- Mgr de Salamon rappelle les fruits les plus ordinaires des missions : la réforme des murs, la prix dans les familles, la réparation des injustices, la cessation des scandales, le retour de la foi
M. Coindre, supérieur de la mission recevra touts les dons
« Lami de la Religion et du Roi n) 887 p. 202 » recruter de ecclésiastiques du diocèse, jeunes pour la plupart, afin de former la Société des Missionnaires du S.C. de Jésus.
Qui étaient-ils ?
En 1822- 1823 :
Romain et Pierre Montagnac ;
Jean Antoine Mercier ;
Pierre Eynac ;
Antoine Fabre ;
Joseph Gatty ;
Havon (Avond) R 111
Afin de perpétuer le fruit de ses travaux et de procurer aux âmes des moyens efficaces de salut, à lEglise les joies du triomphe sur les ennemis, le P. Coindre ne négligea rien pour donner une grande et forte impulsion à luvre des Missionnaires du diocèse.
Ces prêtres étaient tous des hommes dun grand savoir et dun talent distingué pour la prédication : ils formèrent la société des Pères du S.C.
[
] Dès le début, cette société ayant conquis une autorité et une renommée considérables, on comprit bien vite de quelle utilité elle serait pour le diocèse. Jamais dailleurs fondation ne pouvait être plus opportune.
La Révolution avait partout semé des ruines. Les églises dévastées étaient demeurées longtemps sans pasteurs. Dautres avaient été confiées à des prêtres forés à la hâte, retirés du tumulte des camps ou instruits durant la Terreur.
La plupart des écoles avaient été fermées, et dans celles qui étaient maintenues on nenseignait que lathéisme ; ainsi les jeunes populations se trouvaient-elles plongées dans une profonde ignorance. De là, comme conséquence inévitable parmi elles, laffaiblissement des convictions religieuses, le mépris de lEglise et de ses divins enseignements. Le matérialisme le plus grossier était à la mode dans les régions officielles ; lexemple en était parti de haut.
La noblesse, coupable de la diffusion des mauvaises doctrines, en avait été rudement châtiée ; et la contagion continuait à peine à comprendre le sens et le but du châtiment ; et la contagion continuait à se répandre en bas dans des proportions telles quelle infectait peu à peu jusquaux campagne. IL était temps de lui opposer une digue puissante.
Dautre part, que de lacunes dans ladministration des sacrements, après les 10 années de proscription du culte ! Il fallait maintenant valider de nombreux mariages, administrer des baptêmes, faire des multitudes de premières communions/ Bref, la France était, en quelque sorte, un pays barbare à convertir de nouveau.
La rapide épopée du Consulat et de lEmpire avait retrempé, il est vrai, la nation dans les labeurs de la vie des camps, mais elle ne consacrait dautre culte que celui de la force ; e si elle avait pu léguer à notre patrie la gloire militaire, le prestige de la puissance, elle navait pu songer à répare les désordres moraux. Bien au contraire, elle avait répandu au loin les principes de 89, affaibli la cohésion de la puissance ecclésiastique, quelle prétendait subordonner au pouvoir civil, et continué dans les masses le funeste travail de décompositions religieuses.
Est-il besoin dajouter que les murs avaient décliné avec la foi : les dernières années de la République et les premières de lEmpire avaient été au point de vue de la licence, des plus honteuses de notre histoire.
La création des Sociétés de Missionnaires répondait donc à un besoin réel. Aussi, sur tous les points du territoire, ces prêtres délite, pénétrés de limportance et de la grandeur de la tâche qui leur était confiée, se mirent-ils à luvre avec le courage, la persévérance et le dévouement qui viennent du ciel. On les vit déployer un vaste et noble zèle, travaillant sans relâche pour réveiller lesprit de foi et rappeler les saines doctrines que le peuple semblait avoir oubliées. Leurs prédications furent une véritable croisade de salut. Elles soulevèrent de violentes récriminations de la part des sociétés secrètes qui voyaient se relever peu à peu tout ce quelles avaient juré de détruire : la foi en Dieu, la soumission aux gouvernements, la paix et la concorde sociales. La tribune parlementaire et les journaux dits « libéraux » retentirent des plus violentes dénonciations. Paul-Louis Courrier, Béranger et beaucoup dautres criblèrent de leurs épigrammes « ces apôtres de lInquisition et de lobscurantisme qui éteignaient les lumières et rallumaient le feu ».
Luvre des Missions, à lintérieur, nen fut point arrêtée. En 12 ans, elle fit des prodiges ; on peut dire quelle renouvela la jeunesse de lEglise de France et infusa un sang nouveau au catholicisme français. Les vieillards qui en gardent encore le souvenir ne parlent quavec enthousiasme des conversions éclatantes et des nombreux retours aux pratiques de la religion qui eurent lieu alors, ainsi que des Missionnaires dont la vie, en ces circonstances, donna le spectacle de toutes les vertus apostoliques.
Mais nous navons à nous occuper que des Missionnaires du S.C. du Puy et du magnifique développement que le P. Coindre sut donner à leur uvre, après avoir pris un si large part à la création des Missionnaires de Lyon. VC 99/104
Acquisition des trois quarts de neuvième ayant appartenu aux deux Delle Desmartin
Le 2 janvier 1823, les héritiers de M. Jean-Baptiste Desmartin, lun des huit premiers acquéreurs de 1791, de leur gré et volonté libre, chacun en ce qui le concernait, subrogèrent M. A. Coindre, supérieur des missions, domicilié à Monistrol, et son frère, Vincent Coindre, habitant Lyon, à tous les droits de propriété et de jouissance, quils pouvaient avoir sur le lot revenant à feu Jean-Baptiste Desmartin leur père et aïeul maternel, de la maison et du jardin des ci-devant Capucins. La présente subrogation fut faite moyennant la somme de 750 F. Sans doute que la diminution du prix vient de ce que le fils Desmartin avait déjà cédé le quart du lot. H.F. 63
Les Dames des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie sinstallent à Monistrol
Avant louverture du collège-séminaire, Mère St-Ignace avait envoyé à Monistrol une petite colonie de 3 ou 4 futures religieuses afin quelles fassent les préparatifs indispensables pour louverture de leur école [un pensionnat de jeunes filles : VC 97] qui avait été fixée au 4 novembre. E. 314
Au début, avant douvrir leur école, elles rendent des services aux Pères missionnaires et assurent la lingerie des élèves de lécole ecclésiastique. R. 113
Mais la date officielle de la fondation de Monistrol est, cependant, celle du 6 janvier 1823, lorsque mères St-Pierre, St-Bruno et St Simon prirent possession de la maison qui leur était destinée. Cétait une maison petite et pauvre ; elle avait, cependant, lavantage de communiquer avec léglise par une tribune, de sorte que les religieuses pouvaient prendre part aux offices sans passer par la rue.
«
Quand MM. Coindre et Montagnac rachetèrent les bâtiments et les jardins contigus des anciens pères, ils trouvèrent cet espace clos de murs et avoisinant du côté nord-ouest, la vieille église. Et cest là quils placèrent le premier berceau de la communauté des Dames des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie, quils destinaient à léducation et instruction des jeunes personnes. Berceau plus que modeste, se composant de 2 ou 3 habitations fort petites, communiquant ensemble par un étroit couloir ; et où vécurent pendant quelques années les fondatrices des grandes communautés des Dames des Sacrés-Curs de Lyon et du Puy. Comme Monistrol avait recouvré, depuis 1822, son monastère dUrsuline et sa Congrégation de Saint-Joseph, ces Dames ny firent pas un long séjour [
] Nous trouvons, en 1830, une dame Jubeau religieuse du Sacré-Cur, une des précédentes sans doute, passant procuration à Mme Veuve Ferrant, pour achever de régler certains intérêts quelle avait encore à Monistrol. Il est certain du moins, quen 1830/1831, elles avaient quitté cette ville, et leur pauvre et tranquille solitude servait de lieu de récréation à la bruyante et tapageuse division des élèves surnommés « les petits »
H. Fraisse, 76 E 314 note 9
Janvier 1823 Lorsque la maison de Monistrol lui sembla solidement assurée, dotée de tous les éléments de prospérité, le P. Coindre confia la direction de son cher collège à Romain Montagnac, et, toujours docile à la voix du ciel, qui lappelait à la conquête des âmes, il partit pour aller donner une retraite à Vals, près du Puy. Cétait au mois de janvier 1823. VC. 98
Note- Le P. Coindre confie à Romain Montagnac la charge du collège-séminaire dont il devient officiellement supérieur en août 1825. X. 40- 16 note 16
Janvier 1823- Il prêche une retraite à Vals.
De vals, il écrit le 23 janvier 1823 à Mgr Louis-Siffren de Salamon, pour demander que les Dames des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie soient reconnues pour tout le diocèse, et quen sa qualité de Supérieur, il puisse recevoir leur vux simples. R 113
Après la retraite de Vals, notre apôtre infatigable se rendit à Monistrol pour y prêcher une mission. VC 106
Achat de la maison Pagnon
Dans le courant de ce même mois, le 22 janvier 1823, M. A. Coindre acheta de Mme La Reveure, la maison dite de Pagnon, afin dy établir ses Frères des Ecoles chrétiennes (sic) dits des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie. H.F. 63
Lacte dachat
Louis par la grâce de Dieu Roi de France et de Navarre à tous ceux qui ces présentes verront salut, faisons savoir que :
Lan mil huit cent vingt trois et le vingt deux janvier.
Par devant nous Jean-André qui oc notaire royal à sa résidence de Monistrol arrondissement communal dYssingeaux département de la haute loire soussigné et en présence des témoins cy-après nommés et aussi soussignés,
Fut présente Madame Constance Granouilhet la Rouveure, religieuse ursuline domiciliée à Monistrol, laquelle a vendu, cédé, remis et transporté avec promesses de faire valoir et jouir et de garantir de tous troubles généralement quelconques à Messieurs André Coindre supérieur des Missions domicilié à Monistrol, et François-Vincent Coindre prêtre vicaire de lEglise de Saint-Bruno de la ville de Lyon ici présents et acceptant, une maison et jardin contigus clos de murs, que la dite Dame a situées au faubourg de cette ville, contenant environ trente ares, confinant de matin clos de Pierre Royet, du midi pré dépendant du Château, et encore le clos du dit Royer, du soir encore le pré du château, de soir déclinant à bise le pré de M. de Chabron de Jussar, et de bise le chemin public. Pour par mes dits sieurs Coindre faire jouir et disposer des susdits objet vendus ainsi que le tout se poursuit et comporte, avec les mêmes aisances, vues, issues, passages et servitudes accoutumées ; francs pour la passé de tous arrérages dimpôts demeurant sujets à ceux à venir, et en pendre possession savoir de la maison au premier mai prochain, et du jardin quand bon leur semblera, néanmoins sous la réserve de la part de la dite Dame de la Rouveure du droit de se servir de lhortolage qui lui sera nécessaire et de récolter à son profit les choux Colsaks qui pendent par ramiers.
La présente vente est faite moyennant le prix et somme de deux mille francs que la dite Dame déclare avoir présentement reçus de mes dits sieurs acquéreurs, et dont elle leur passe quittance, leur faisant au besoin toutes les dévestitures et investitures translatives de propriété utiles et nécessaires.Dont acte ainsi voulu fait et lu aux parties en notre Etude à Monistrol les jours, mois et an susdits, en présence de Jean Marconnet et Jean Vital me serrurier domiciliés en la dite ville témoins signés avec les parties et nous notaires.
Signé à la minute : Constance La Rouveure, Coindre, Coindre, Marconnet, Vital et Enregistré à Monistrol le premier février mil huit cent vingt trois fo cent soixante un Vo. cotés cinq et six ; reçu cent dix francs, décime onze francs.
Signé Fournier.
Mandons et ordonnons à tous huissiers de ce requis de mettre les présentes à exécution, aux commandants de la force publique de prêter mainforte lorsquils en seront légalement requis, et à nos Procureurs royaux près nos cours de justice dy tenir la main.
En foi de quoi nous avons délivré à MMieurs Coindre expédition des présentes que nous avons fait seller.
Quioc, notaire.
En Marge :
Transcrit littéralement à Yssingeaux, le dix avril 1823, N° 94 vol. 70, reçu pour droit dhypothèque un franc dix cs remise vingt-cinq centimes timbre un francs dix cent. Salaire un franc quarante cent. Bulletin trente cinq ces
Recrutement du 1er ordre pour le noviciat
Va-t-il maintenant quil a quitté Lyon se désintéresser de ses Frères du Pieux-Secours ? Bien au contraire
St. I 38
Malgré les travaux du saint ministère auxquels il se livrait sans relâche, le P. Coindre se préoccupait toujours du développement et de lavenir de son uvre
Pour son cur charitable, il ne suffisait pas davoir ouvert des asiles à Lyon ; sans cesse et partout, dans ses courses évangéliques, il songeait à réunir le plus grand nombre de postulants et sefforçait de les rendre aptes à la sainte mission quil voulait leur confier. VC 11-112
Nous avions dans le P. Coindre un recruteur de premier ordre. Plusieurs jeunes venaient souvrir à lui durant les retraites, lui demander ses lumières sur le choix dun état de vie. Et alors, sil discernait en eux, des vocations sérieuses, il les dirigeait vers le séminaire, ou chez ses Frères ; et les demoiselles, chez ses Religieuses.
La 1ère année, on recevait les aspirants à Lyon. Ils se joignaient aux élèves pour les classes et lapprentissage ; mais hors de ce temps, ils devaient, sur les recommandations du Père, éviter le contacts avec eux. Le F. Directeur devait voir à leur formation par des rencontres individuelles fréquentes et par une conférence quotidienne. St I- 40
Noviciat de Monistrol
Ce qui fait le caractère, la force et la vie des Congrégations religieuses, cest le Noviciat ; le noviciat, en effet, est la source première de leurs vertus et de leurs succès. VC 112
Plein de ces pensées, dès que le Fondateur fut rendu à Monistrol, il songea sans tarder à organiser un noviciat dans le collège même [dans un petit appartement du collège. X, 41] A lautomne 1822, les aspirants sy rendirent. Il leur donna comme maître, le F. Augustin ; comme aumônier, le P. Pierre Montagnac ; et comme professeur le P. Giban, assisté dun Frère. St I- 40
Note : F. Augustin François Rimoux appartenant au groupe de Valbenoîte. Il est parmi les 10 premiers frères et fait officiellement profession en 1824. Maître des novices à Monistrol, il parlait déjà de se retirer du vivant du P. Coindre. Lettres 3 et 4. Il quitte linstitut en 1836 lors des difficultés financières que connaît la congrégation. On ignore ses dates et lieu de naissance, les registres nayant été établis que tardivement daprès des éléments épars et souvent incomplets. X 83
Nos sujets, assez âgés et peu instruits en général, ressentaient de la gêne à se trouver au milieu des collégiens, tout jeunes pour la plupart, qui se faisaient gloire de venir décliner « rosa » devant eux.
St I 40
Là, un professeur du collège allait chaque jour leur donner des leçons de grammaire et de calcul. On soccupa sérieusement à les instruire et à les mettre en été de faire la classe. VC 112-113
Qui étaient ces premières recrues ?
Cétaient presque tous des jeunes gens ou des hommes mûrs. La moyenne dâge, au moment de lentrée, pour les cent premiers où cette donnée est indiquée, est de 21 ans et demi. A la première profession de 1829, ils seront 16 avec une moyenne de 25 ans et demi, allant de 18 à 39 ans. En conséquence, cétaient des gens sérieux, des vocations assurées pour leur grande majorité. Peut-être navaient-ils pas toujours une instruction bien étendue, puisquils avaient quitté lécole depuis 5, 10, 20 ans ; et encore sils y étaient allés ; car, pendant la Révolution et les années qui lont suivie, les écoles étaient rares.
Peut-être ne parviendront-ils pas à se corriger de tous leurs défauts extérieurs ou de leurs petites manies qui auront eu le temps de senraciner ; mais ce sont des gens sincères, sur qui on peut compter ; ils ont connu la vie et ils savent à quoi sen tenir sur le monde.
Il faut considérer cet âge des aspirants pour comprendre les responsabilités quon leur confie parfois très tôt. Ainsi le F. André est entré au début de 1824 ; et à lautomne suivant, il était directeur de lécole de Pradelles (Hte-Loire). Cest quà lâge, il joignait une belle instruction pour lépoque : cétait un ancien clerc de notaire.
Ces gens-là avaient exercé une profession avant dentrer chez nous. Sur les 21 entrés de 1821 à 1825, dont lemploi est indiqué, il y avait : 1 clerc de notaire, 3 tisserands, 3 instituteurs, 5 cultivateurs, 3 menuisiers, 2 tailleurs, 1 militaire, 1 cordonnier et 2 étudiants ; cette variété venait à point pour lécole du Pieux-Secours et pour les écoles élémentaires que nous dirigions, où surveillants et cuisiniers étaient également nécessaires.
Formation des sujets
La formation devait durer 2 ans, comme lindique la formule de profession. « Après avoir été éprouvés dans le noviciat pendant 2 ans
» Mais il ne faut pas entendre par là un séjour de 2 ans dans une maison « ad hoc » sous la conduite dun maître.
On en recevait un certain nombre au Noviciat de Monistrol, quon entretenait grâce à une collecte annuelle recommandée par Mgr de Bonald, Evêque du Puy, dans les paroisses de son diocèse.
Ceux qui avaient déjà de linstruction et ceux qui étaient destinés aux travaux manuels étaient placés directement dans les établissements ; leur temps dépreuve se faisait sous loeil du F. Directeur quand ces aspirants nétaient pas eux-mêmes directeurs
Dautres encore, comme nous lapprend une lettre du P. Coindre (lettre 9), accompagnaient les Pères dans leurs missions pour assurer les services matériels [ou pour les employer comme catéchistes, dans les paroisses où il donnait des missions
Je suis bien davis quon fasse le noviciat entier quand on le pourra » écrivait le Fondateur en 1826 (lettre 23) ; mais pour le moment, il sagissait daller au plus pressant.
A Monistrol, comme lindiquent les directives du P. Coindre au Frère maître, les novices pratiquaient les exercices de piété suivants, qui devaient être également ceux des Frères dans les maisons : méditation, lecture spirituelle et examen de conscience. A cela, ils ajoutaient évidemment messe, communion, confession, etc. ; également les prières du matin et du soir qui étaient celles en usage dans le diocèse de Lyon et que nous avons conservés en communauté jusqu'au chapitre de 1964.
Le Maître leur apprenait à méditer par des réflexions et actes quil faisait avec eux. La lecture spirituelle, quil commentait, lui fournissait loccasion de donner des avis, des règles de conduite, etc. Il contrôlait leur travail par les notes hebdomadaires données par les professeurs. Et il voyait chacun en entrevue particulière tous les 15 jours. (c.f. lettre 20)
Le programme détudes était assez restreint puisquil se réduisait en pratique à étudier la religion, à apprendre la lecture, lécriture, le calcul, lorthographe, un peu dhistoire et de géographie et les procédés pédagogiques pour lenseignement de ces matières. Cest tout ce dont on avait besoin dans nos écoles dalors. S.T.I 40-43
Lettre de Mgr de Salamon
Tandis que toutes parts, le P. Coindre recevait des félicitations et des louanges (pour tout le bien réalisé par son ministère), Mgr de Salamon, qui lhonorait de son estime et de sa confiance, venait aussi lui adresser des éloges au sujet de son zèle et des progrès de ses fondations. De Paris, il lui écrivait la lettre suivante. VC 104
Paris, rue du Faubourg St-Honoré, 66
Le 4 février 1823
Jai reçu, mon cher et respectable missionnaire, votre lettre datée du Vals du 23 janvier. Elle ma fait grand plaisir. Je vous remercie beaucoup des vux sincères que vous voulez bien adresser pour moi au Ciel. Les miens pour vous sont tous pour la prospérité de vos travaux. Japplaudis beaucoup à votre zèle, et je vous remercie de la retraite que vous donnez à Vals.
M. Menut, malgré lordonnance du Roi, ayant refusé la cure que je lui avais donnée, jai écrit à M. Richard que je nommais M. Bonnet pour le remplacer. Je connais son mérite et je ne doute pas quil vous seconde en tout ce qui sera en son pouvoir.
Je suis vraiment affligé de navoir pu encore obtenir du gouvernement lautorisation de votre maison. Le Préfet nous est entièrement contraire ; il avance même des faits qui ne sont pas, et cela ma occasionné une correspondance avec le Ministre. Jai rabattu victorieusement toutes les objections, jai intéressé vivement M. Chevalier
député de la Haute-Loire ; il y a mis du zèle ; mais jignore encore si je réussirai.
Je vois avec plaisir que votre petit troupeau est comme formé, composé de bons prêtres et de jeunes lévites. Le Seigneur vous protège sensiblement puisquen si peu de temps, vous avez déjà cent dix élèves. Ne vous fiez pas à la parole du Préfet et cherchez dautres protecteurs. Jai bien su quil avait rectifié ses erreurs ; mais son avis nétait pas pour vous. Il dit surtout que quand lordonnance du Roi a parlé des écoles ecclésiastiques, elle entendait les séminaires. Au reste, mon cher abbé, je ne pourrai désormais que suivre de loin vos utiles travaux ; lévêché du Puy est rétabli ; on vous a nommé un évêque.Je vous loue de létablissement que vous venez de faire. Je vous en nomme supérieur et je ne doute nullement quil ne prospère sous un tel directeur ; et je les approuve [les Dames des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie] autant que je le puis comme congrégation pour le diocèse du Puy ; et recevez les vux simples de celles qui se présentent.
Si par hasard vous aviez des mécontentements dans ce diocèse, vous pourriez venir dans celui de Saint-Flour ; je vous recevrai à bras ouverts.
Recevez, mon très cher et respectable missionnaire, lassurance de toute mon estime et de mon sincère attachement.
Louis [
de Salamon], évêque de Saint-Flour ED I 72-73
Direction de la Mission de Monistrol (du 05-02 au 21-03- 1823)
Elle fut annoncée solennellement du haut de la chaire, ainsi que dans les paroisses voisines. Commencée dans le mois de février 1823, elle dura 6 semaines et fut pour des milliers dâmes une source abondante de grâces et de salut. Le P. Coindre eut labord pour auxiliaire MM. Mercier et Havon. 15 jours plus tard (à partir du 20 février), M. Romain Montagnac vint les rejoindre.
Dès les premiers jours des exercices, on voit léglise comble. Attirés par la renommé e du célèbre prédicateur, les habitants de la ville, du canton, et ceux des cantons voisins sy rendent en foule, et jusquà la fin de la mission il y aura, de leur part, mêmes élans de foi, mêmes sentiments de religieuse admiration pour ceux qui leur annoncent les vérités du salut. Ils sont ravis dentendre la parole des envoyés du ciel : parole toute de persuasion et damour ; parole qui, vivifiée par la grâce, produit en eux les émotions dune crainte salutaire et le généreux désir de mener une vie nouvelle. Aussi, après les instructions, et jusquà une heure avancée de la nuit, les confessionnaux sont-ils assiégés. Souvent, à 11h du soir, des fidèles, qui sont là depuis le matin, se voient obligés dattendre encore pour faire laveu de leurs fautes ; et cependant 18 prêtres sont occupés sans relâche à exercer le saint ministère de la réconciliation. Oh ! qui pourrait dire les douleurs quils ont consolées, les plaies quils ont guéries, les curs quils ont rouverts à lespérance !
Enfin est venu le jour où la plus douce récompense comme la plus abondante moisson était réservée aux Ouvriers de lEvangile. Pour eux, quil est doux de contempler cette masse compacte de chrétiens à la foi robuste, aux convictions profondes ! Quils sont heureux de les voir tour à tour sasseoir au banquet eucharistique ! A la première communion générale des femmes, on en compte plus de 3000. Les hommes, nombreux aussi, reçoivent, au jour assigné, la nourriture céleste avec un recueillement et une pété admirable.
Mais, non moins beau, non moins touchant est le spectacle que présente la ville, le jour où se terminent les exercices de la mission. Toutes les paroisses voisines, ainsi que les cantons de Bas et de St-Didier-la Seauve, se rendent en procession à Monistrol. Sur la vaste place (St Louis de Gonzague), qui est entre le collège et le château, sont réunies plus de 12000 personnes. Elles sont là, impatientes, anxieuses, attendant lorateur qui va prononcer le discours sur la plantation solennelle dune croix de Mission. Un grand nombre dentre elles se sont emparées, longtemps à lavance, des places doù elles pourront voir et entendre léminent prédicateur : on en voit jusque sur les arbres de la grande allée, sur les murailles, sur les toits des maisons voisines. Spectacle grandiose !...
Tous les curs sont ouverts à la plus douce allégresse, lenthousiasme enlève les âmes. Le P. Coindre paraît. Aussitôt règne le silence le plus absolu, et lorateur se fait entendre aisément jusquaux derniers rangs de cette foule, tant lardeur de son zèle a donné de puissance à sa voix naturellement éclatante. Il explique le grand mystère de la Rédemption et bénit, avec le symbole auguste du salut des hommes, tout lauditoire agenouillé.
Ainsi se termina cette Mission, si consolante, si pleine de magnifiques résultats. La vue de ces nombreuses populations, faisant trêve aux soucis de la terre pour ne soccuper que de leurs intérêts éternels, les généreux sentiments dont elles étaient animées remplirent de joie lâme des Missionnaires, et firent concevoir aux pasteurs des paroisses les plus belles espérances pour lavenir. Cette mission donna le branle dans ce pays où la foi avait encore conservé lempire sur les curs ; elle y fut comme linauguration dune ère nouvelle. VC 106/110
Note : « Notre ville vient de voir terminer une mission dont les résultats seffaceront avec peine ; damers souvenirs, de fausses doctrines, de petite passions y tenaient bien du monde dans loubli de ses devoirs, et le peu de foi quon y trouvait encore avait grand besoin dêtre ranimé. De zélés missionnaires viennent y faire entendre les vérités éternelles quils mettent à la portée des plus simples
Ces temps heureux nous ramènent à la primitive Eglise : la femme encourage son époux, lami exhorte son ami, lennemi ne voit plus que des frères
aussi le temple ne peut plus contenir laffluence des fidèles ; on y a construit à la hâte de spacieuses tribunes
»
Journal de la Hte-Loire du 22 mars 1823 R 114
Délibération relative à la Croix de Mission du 21 janvier 1823 (Registre N° 4)
«
Qui fut construit sur la place de St Louis en face du Collège de cette ville, une croix en fer vernissée, dorée et élevée sur un pied destal (sic) à trois rangs de marches de belles pierres pour servir de monument mémorable à la Mission que les habitants de cette commune se proposent davoir incessamment.
Le Conseil considérant que la commune peut facilement sur des revenus de la présente année fournir à cette dépense, a maintenant délibéré quil serait passé pour cet objet une somme de quatre cents francs qui sera prise sur larticle du budget de la présente année.
Quen conséquence M. le maire était invité à solliciter de M. le Préfet lautorisation nécessaire a cet effet.
Le Conseil a de plus nommé M.M. le Vte Delevaux, Quioc et Verjat conseillers municipaux commissaires pour surveiller ladite entreprise.
Suivent la signature de 18 conseillers
Le Cte de Charbonnel Comte de Betz
Cette croix de mission a été érigée e 21-03-1823, déplacée en 1886 et restaurée récemment.
Le Père Coindre demande et obtient lapprobation canonique pour les dames des SS.CC. de Jésus et de Marie
10/02/1823 Le P. Coindre visait à obtenir pour ces Dames, des autorités diocésaines du Puy, lapprobation canonique et lautorisation démettre la profession religieuse que les « trop prudents vicaires généraux de Lyon leur refusaient ». Le P. Coindre écrit à mère Marie-St-Ignace, les lignes suivantes pleines de ferveur :
« Le passage de la mer Rouge est effectué, ma fille ! Il vous a fallu à vous-même et à vos compagnes les années du désert ; Réjouissez-vous, car Dieu les abrège, et voici quaprès ces 4 années de probation, dattente et de désirs, il vous ouvre lentrée de cette Terre Promise de la vie religieuse à laquelle vous aspirez.
En attendant que je vous retrouve dans le Cénacle des exercices préparatoires, je prie lEsprit-Saint de vous remplir de sa plénitude ».
La Mère reçut cette lettre le 15 février, un samedi. Les contemporaines notent que la lettre fut écrite en la fête de Ste-Scholastique. De recevoir cette lettre un samedi, jour dédié à la Vierge, fut significatif pour Mère Marie-St-Ignace. E. 311-313
Le Père nous a laissé le rapport autographe des démarches quil fit pour arriver à son dessein. E 311
Second Procès-verbal de lInstitution canonique qui précise les conditions dans lesquels Mgr de Salamon a approuvé la congrégation ED II 188
Lan mil huit cent vingt-trois et le quinze février, nous, soussigné, Supérieur des missions du diocèse du Puy, certifions ce qui suit : Désirant consolider de plus en plus létablissement que nous avons commencé, nous écrivîmes à Mgr Louis Siffren Joseph Foncrose [sic], évêque de St-Flour, pour obtenir que ce Dames fussent approuvées comme congrégation pour tout le diocèse du Puy, suivant la règle et les constitutions dont nous avons parlé dans le premier procès-verbal.
De plus, nous lui demandâmes la faculté de pouvoir recevoir leurs vux simples et dêtre établi, sil le jugeait à propos, leur Supérieur.
Dès lors, Monseigneur nous répondit dans une lettre en date de Paris, le quatre février mil huit cent vingt-trois ce qui suit : « je vous loue de létablissement que vous venez de former ; je vous en nomme le Supérieur et je ne doute nullement quil ne prospère sous un tel directeur et je les approuve autant que je le puis comme congrégation pour le diocèse du Puy ; et recevez les vux simples de celles qui se présentent. »
Nous notifiâmes à M. Richard, vicaire général du diocèse, la faculté nouvelle que venait de nous accorder Monseigneur ; et il nous répondit par une lettre écrite par Me Issartel, en date du vingt-deux février mil huit cent vingt-trois : « Nous sommes bien aise que Monseigneur de Salamon vous ait répondu conformément à vos désirs, et que vous ayez reçu lautorisation que vous souhaitez. Monsieur Richard na quà souscrire à ce que Mgr a jugé à propos. Cest ainsi quil ma chargé de vous le dire. Il verra avec plaisir et protègera le progrès de vos établissements, et quand Mgr de Bonald viendra, il fera tout au monde pour lui faire voir le bien que vous faites et que vous ferez dans ce diocèse. Je ne doute pas quil ne vous accueille avec bienveillance et ne vous accorde toute sa protection. »
En conséquence, en notre qualité de Supérieur de ces Dames, nous en avons examiné plusieurs, les avons engagées à se préparer pour prendre prochainement des engagements, et avons paraphé le présent registre pour y pouvoir inscrire les vêtures et professions, et autre délibérations importantes de la susdite congrégation. Et [nous] y avons apposé notre signature ;
Signé : Coindre, sup. ED II 192-193
Premiers vux publics des surs de Jésus-Marie (25/02/1823)
Et le 17 février, à 7h du matin, la diligence quitte la place des Célestins (Lyon), transportant un « couvent », comme dit le cocher. Mère St-Ignace, mère St-Borgia, arrivée la veille de Belleville, mère St-Xavier, Claire Prat, Anne Noël et Marie Boisson [
] Elles arrivèrent à St-Etienne à 5h de laprès-midi et y passent la nuit. Le lendemain, seconde étape en direction de Monistrol : 6h1/2 de diligence ; et arrivée vers 2h de laprès-midi, le mardi 18 février.
Quand les voyageuses mirent pied à terre, elles virent autour delles pour les recevoir, le P. Coindre, les mères St-Pierre, St-Bruno, St-Simon, Anne Revillot, Madeleine Gerlier, Marguerite Gimbert et Henriette Brouillat qui constituaient la communauté de Monistrol.
[
] Le P. Coindre les prévint que tout était prêt pour que commençât, le jeudi 20, ma retraite préparatoire pour celles qui devaient prendre part à la 1ère cérémonie de profession. Selon le rapport écrit par le Père, ce furent : « Claudine Thévenet, sur St-Ignace, Françoise Banc, sur St-Borgia, Marie-Antoinette Bedor, sur St-Pierre, Jeanne-Pierrette Chippier, sur St Xavier, Cathérine Jubeau, sur St-Bruno. »
Dans lancienne chapelle des Capucins
Dans lancienne chapelle des Capucins qui est, à présent celle des Missionnaires du S.C., vêtues de lhabit adopté par la congrégation depuis 3 années, les 5 élus émirent les vux simples perpétuels de pauvreté, de chasteté et dobéissance, et de stabilité dans la congrégation. Le P. Coindre les reçut au nom de lEglise.
Furent présents à la cérémonie, en plus du P. Coindre et de son frère, les missionnaires Romain et Pierre Montagnac, Benoît et Louat, et les frères du S.C. : Augustin, Barthélémy et Bernard. Et, nous le supposons, les 4 qui recevront lhabit religieux, le lendemain avec les noms de St-Simon (Agathe Daval), St-Jean (Marie Boisson), Ste-Angèle (Claire Prat) et Ste-Blandine (Anne Noël). Ce jour de première profession fut celui où la congrégation manifesta son existence pour la 1ère fois, au sein de lEglise.
Le 26 février, le 1er chapitre général de la Congrégation se tint sous la présidence du P. Coindre.
Note : Pour loccasion, le P. Coindre se servit dun guide intitulé « Comment faire lélection du supérieur général », recopié presque mot à mot dans le registre de congrégation (R 117)
On procéda à quelques élections. Mère Marie-St-Ignace fut élue, à lunanimité, Supérieure générale ; ses assistances furent : sur St-Xavier, St-Borgia et St-Pierre. La supérieure générale confirma ensuite, en leurs charges, les supérieures de Belleville (St-Borgia) et de Monistrol (St-Pierre).
Notons le détail suivant, comme il semble lavis du P. Coindre, elle signa de nouveau : mère Saint-Ignace, née Thévenet.
[
] Voici donc constituée la « Congrégation des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie » : on eut y émettre les vux de religion, elle a ses règles propres, un habit religieux qui caractérise ses membres, son organisation hiérarchique. Par lapprobation épiscopale, sa place est fixée au nombre des congrégations diocésaines, avec son siège légal à Monistrol. E 313, 315-317
Mgr de Bonald est nommé évêque du Puy (le 10-03-1823)
BONAL Maurice de Cardinal archevêque de Lyon Millau (Aveyron] 30/10/1787 Lyon 25/02/1870)
Né au château de La Monna, près de Millau, Maurice de Bonald fut marqué dès lenfance par la Révolution. Son père Louis, le futur philosophe de la Restauration, émigra en le laissant avec sa mère. Elève des Pères de la Foi, à Saint-Acheul, puis à Saint-Sulpice, il reçut lordination sacerdotale, le 21 décembre 1811, pour être aussitôt nommé clerc de la Chapelle impériale, par la protection du cardinal Fesch. En 1817, il accompagna à Rome lambassade chargée de négocier le projet d concordat.
Il fut nommé le 13 janvier 1823, évêque du Puy.
[Sacré évêque à Paris le 27 avril 1823 pour le diocèse du Puy-en-Velay. Celui-ci ayant été rétabli en 1822, il en sera son premier évêque en remplacement de Mgr de SALAMON.
On disait le jeune et nouvel évêque incliné à la sévérité ; on lui attribuait la phrase : « Je ne tolérerai que ce qui est bon et utile dans mon diocèse. » André COINDRE ne doute cependant pas que Monseigneur favorisera ses uvres. Et, en effet, elles trouvent grâce à ses yeux :
les Religieuses de Jésus-Marie, quil appelle rapidement au Puy (août 1825) ; à noter toutefois que pour des raisons de pure organisation il veut les fusionner, dix ans plus tard, avec les Religieuses du Sacré-Cur de Marie-Sophie BARAT et à nouveau, en 1841, avec ces mêmes religieuses sous linstigation de Pauline JARICOT ;
les Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie, quil approuve pour les écoles de son diocèse en 1824 et quil soutient de quelques oboles (promises seulement ?) pour leur formation quil souhaiterait plus grande ;
le collège-séminaire de Monistrol, où il assure la distribution des prix et pour lequel il accepte des PP. COINDRE (mai 1825) la donation de la maison Pagnon afin quil soit reconnu comme école ecclésiastique secondaire ;
mais il en va tout différemment pour lassociation des missionnaires. Certes, en 1823 et 1824 les missions vont bon train, sont très appréciées des curés, sont annoncées dans les églises du diocèse et se trouvent donc forcément approuvées par lautorité diocésaine.
Cependant, elles cessent pratiquement à lété de 1825. Pourquoi ? Monseigneur semble bien ne pas avoir approuvé le projet de Statuts de la Congrégation cléricale du Sacré-Coeur de Jésus qui lui a été soumis le 12 décembre 1824. Il est vrai que quelque temps auparavant le père COINDRE avait demandé de fusionner ses missionnaires de Monistrol avec ceux de la Croix de Jésus de Lyon, ce qui lui avait été refusé par le conseil épiscopal de Lyon le 1er décembre 1824. Le père COINDRE pressentait-il un refus de la part de Mgr de BONALD ? Lui-même semblait déjà vouloir se joindre aux missionnaires de Tours, ses anciens compagnons. Toujours est-il que le refus de la part de Monseigneur de laisser partir M. Romain MONTAGNAC pour le séminaire de Blois et le fait que Monseigneur envisageait de placer ses meilleurs hommes dans des cures signent la rupture.] Rnb 62-63
Evêque, la légitimité était pour lui « une légitimité vécue » (Rivet) et il prit parti avec éclat pour le ministre Polignac. En 1828, om sétait aussi prononcé avec éclat pour linfaillibilité pontificale. Sous la monarchie de Juillet, lorsque lavocat légitimiste Berryer choisit les circonscriptions du Puy et dYssingeaux pour se faire élire, pour les élections législatives de 1834, Bonald soutint le candidat gouvernemental ; il était opposé aux engagements politiques du clergé. [c.f. Romain Montagnac 1834,1835]
[Le 2 octobre 1837 il bénit la première pierre de la chapelle de Notre-Dame du Bon Secours située à droite du noviciat de Paradis (le Puy).
En 1839 il préside la cérémonie de profession des frères à Paradis.]
En 1839, Grégoire XVI fit de lui son intermédiaire auprès de Louis-Philippe et, lorsque larchevêque dAuch désigné à la primatie des Gaules mourut, cest MGr de Bonald qui y fut nommé (4 décembre 1839). [Il prit possession de son siège le 2 juillet 1840] R idem
Crée cardinal le 1er mars 1841, il répéta au clergé de Lyon les consignes dabstention électorale quil avait données au Puy (Sur lesprit du sacerdoce catholique, mandement de carême du 29 janvier 1845) et, dès le 27 février 1848, il devait lui demander de donner « aux fidèles lexemple de lobéissance et de la soumission à la République » Mais symétriquement, il affirma la pleine liberté de lEglise : « La liberté des cultes et la liberté de conscience reconnues dan les constitutions modernes renferment lindépendance du pouvoir législatif de lEglise. Aussi critiqua-t-il en novembre 1844 le manuel de droit ecclésiastique de Dupin et fut-il pour cela condamné comme dabus, en mars suivant. Contre les projets de Villemain et de Salvandy, il affirma le droit de lEglise à enseigner, tout en déclarant : Nous ne voulons point que le clergé ait le seul privilège denseigner, parce que nous ne voulons de monopole pour personne » (lettre au recteur du 11 octobre 1843). Cétait lépoque des violents pamphlets anti-universitaires de quelques prêtres de Lyon, dont il tint à se désolidariser. Il pensait la concurrence entre lEtat et lEglise en matière denseignement en termes démulation et cest lesprit qui dicta lune de ses dernières uvres, lEcole Normale des Chartreux qui sera transformée en 1871, en Ecole des Hautes Etudes sous la direction de M. Hyvrier.
Quand souvrit la question italienne, Bonald fut à lorigine de la réunion des cardinaux qui critiquèrent la politique impériale. Mais il blâma ses prêtres davoir adressé, à son insu, une pétition de soutien au pape dans les colonnes de La Gazette de Lyon et appliqua le décret de dissolution qui frappa peu après une « confrérie de Saint-Pierre » quavait formée son propre neveu, Mgr de Serres dont il avait fait son secrétaire particulier. Cela ne lempêcha pas de contribuer activement au Denier de Saint-Pierre et de favoriser le recrutement des zouaves pontificaux. Dans le même temps, il autorisa une supplique de la quasi-totalité des prêtres lyonnais en faveur du maintien de la liturgie lyonnaise à la fin de 1863. Lorsquen mars suivant parut le bref qui imposait bréviaire et missels romains, le cardinal créa une commission pour étudier les conditions de son application ; cest seulement six ans plus tard que la liturgie romaine fut effectivement introduite à Lyon.
Cette modération, ce souci déquilibre entre des positions extrême procède sans doute dun trait plus profond, dun souci douverture au monde moderne, remarquable chez le cardinal de Bonald. En témoignent par exemple le développement de la presse dinspiration chrétienne sous son épiscopat et lusage quil en fit, malgré les critiques, pour sadresser directement à ses diocésains : à côté du Courrier de Lyon fondé en 1831 et qui passait pour lofficieux » de larchevêché, il encouragea la création de la Gazette de Lyon, dont il désapprouva, on la vue, les tendances légitimistes et ultramontaines extrêmes, celle du Salut public puis, à la réapparition de LUnivers en 1868, le journal La Décentralisation ; au plan religieux, un ensemble de périodiques spécialisées firent leur apparition au début des années 1860, LEcho de Fourvière, La Semaine religieuse, enfin parallèlement aux Annales de la Propagation de la Foi, Les Missions Catholiques.
Mais ce qui fit remarquer le cardinal de Bonald, placé à la tête dun des diocèses les plus industrialisées de France, cest la précocité et loriginalité de ses prises de position sur la question sociale. Les inondations catastrophiques doctobre 1840 lui donnèrent loccasion dappliquer la recommandation quil avait donnée dans sa lettre pastorale de prise de possession sur la fraternité à témoigner à la masse laborieuse : il faut « acquitter la charité comme une dette de justice », avait-il écrit. Après avoir directement secouru en avril 1844 des grévistes de Rive-de-Gier qui sétaient durement affrontés à la police, il nhésita pas, en 1845, à parler d« empiètements et dusurpations » des intérêts financiers sur le travail ouvrier, et datteintes à la dignité. La crise de 1848 lui permit de généraliser encore ces perspectives : les patrons devaient sassocier pour apporter des solutions à la question sociale. Dans un mandement de 1853, il rappelait la règle du juste salaire et le respect du repos dominical : « En vous engageant une partie de sa liberté pour accroître vos profits [louvrier] na pas prétendu se vouer à labrutissement et renoncer entre vos mains à ses espérances immortelles. »
Rappelons que sous son épiscopat, Antoine Chevrier, au quartier de la Guillotière, a opté pour les pauvres en 1855 dans une action déducation ouvrière doù naîtra le Prado. Dans cette même ligne, doivent être situées la création de dix-sept nouvelles paroisses dans le Rhône entre 1856 et 1869, de nombreuses uvres dassistance, et de communautés religieuses dont la majorité étaient vouées à lenseignement. En raison de sa médiocre santé, il avait demandé un coadjuteur dès avril 1858, sans lobtenir. Il ne put participer au concile Vatican I.
Jacques Gadille
Lyon Le Lyonnais Le Beaujolais. Sous la direction de Xavier de Montclos
Dictionnaire du monde religieux de la France contemporaine Beauchesne Avril 1994
Seconde profession Election de la 3e assistante (16-03-1823)
De retour à Lyon le 1er mars, Mère St-Ignace prépare la seconde profession qui devra avoir lieu le 16 mars à Monistrol.
Mère St-Borgia envoya de Belleville à Lyon mère St-Gonzague qui, avec mère St-André et mère St-Stanislas, devaient faire leurs vux perpétuels ainsi que celui de stabilité.
Ce jour-là (16 mars), après la cérémonie de profession, les professes présentes à Monistrol se réunirent sous la présidence du P. Coindre. Elles procèdent à lélection de lassistante qui manquait pour compéter le conseil général. Mères St-Ignace, Borgia et Xavier avaient envoyé leur vote par écrit.
Mère St-André fut élue à la majorité absolue. E 316-318
M. Moret fait, aux missionnaires, donation de son neuvième, le 29 mars 1823
M. Jean-Louis Moret de la Chapelle, président du tribunal civil dYssingeaux pensa, lui aussi, que le moment était enfin venu de se dessaisir, en faveur des Missionnaires, de la portion du couvent que son père lui avait laissée en héritage. Au lieu de la vendre, il la céda gratuitement ; et nous allons citer cette donation, dont le style est bien celui de lancien maître et dominateur du Monteil « lequel, dit lacte, ayant toujours à cur e bien de son pays, convaincu de celui qui résulte dune religieuse éducation, voulant être pour quelque chose dans les heureux établissements formés par le zèle des missionnaires que Monistrol a le bonheur de posséder ; de bon gré à donné, par donation entre vifs et irrévocable, à MM. les Missionnaires des Sacrés-Coeurs de Jésus établis en cette ville, et, pour eux, à M. A. Coindre, supérieur des Missions, habitant ladite ville de Monistrol, et à M. Fr.-Vincent Coindre, son frère, domicilié à Lyon, la portion, consistant en un neuvième, des bâtiments et jardin des ci-devant Capucins de Monistrol, qui lui appartient, pour, par M. Coindre, jouir de ladite portion donnée, comme de leur chose propre, tant et si longuement quun des établissement,tant des missions, que ceux déducation de lun et lautre sexe, existera ; même au cas où aucun (sic) desdits établissement, fussent transférés dans un autre local [termes où paraît le projet dacquérir le château].
Monsieur le donateur se réservant, seulement, quau cas, contre toute attente, que les établissements dirigés par MM. Coindre, fussent transportés dans une autre commune, et que Monistrol en fût privé, de quelque manière que ce fût, dès le moment que Monistrol serait privé de ces avantages, M. de la Chapelle veut que, dès lors, quel quen soit le propriétaire, il soit obligé de payer à lhospice de ladite ville de Monistrol, la somme de 600 F. au moyen de quoi, ladite portion donnée demeurera définitivement acquise aux donataires et à leurs successeurs, ou subrogés. Fait à Monistrol, le 29 mars 1823. »
Acquisition du dernier neuvième ayant appartenu à la famille Reviron : 22-4-1823
De toute lancienne propriété des RR.PP. Capucins, il ne restait plus à récupérer quun neuvième, qui était entre les mains des héritiers de M. Vital Reviron du Monteil, dont le principal représentant se trouvait être M. Dubois. Quoique beau-frère du P. Charles Reviron, ex-Capucin, M. Jacques-Jean-Pierre Dubois était peu partisan des idées religieuses, et moins encore des idées monarchiques, qui reparurent et se manifestèrent, trop bruyamment peut-être, sous la Restauration.
On peut bien avouer aussi, que MM. Coindre et Montagnac, les deux aînés surtout, ardents missionnaires comme les avaient faits les luttes contre le libéralise de lépoque, nétaient pas hommes à vouloir toujours contourner les obstacles ; parfois, il leur plaisait de les heurter de front, et de les renverser. Et, cependant, pour la difficulté dont nous parlons, malgré tous ces motifs de froideur, on était bien obligé, de part et dautre, den venir à une entente ; parce que, si M. Dubois, avec son neuvième indivis, gênait fort les missionnaires, ceux-ci, maîtres, déjà des huit neuvièmes, ne le gênaient pas moins pour jouir de sa propriété, ou pour la revendre à un autre acquéreur.
On saccorda enfin, le 22 avril 1823, par acte reçu Me Quioc, notaire. M. Dubois, tant en son nom, quau nom de ses enfants et de Dame Pichon, veuve Reviron, sa belle-mère, subrogea les deux Messieurs Coindre à tous les droits de propriété et de jouissance, quil pouvait avoir, sur les bâtiments et jardin contigu des ci-devant Capucins ; lesquels avaient été achetés par feu M. Vital Reviron, conjointement et par indivis, avec plusieurs autres personnes, suivant ladjudication qui leur en avait été faite par le district de Monistrol, dûment enregistrée, sans autre réserve, de la part dudit Dubois, que du prix des loyers qui pouvaient lui être dus, jusquau 22 septembre 1811.
La subrogation fut faite moyennant la somme de mille francs. Et cest ainsi quà force de peines, et de contrats, et de ménagements, M. Coindre était parvenu, le 22 avril 1823, à racheter et à réunir de nouveau, lentier domaine qui avait appartenu jadis aux missionnaires Capucins. Il en avait même la jouissance, ou payée, ou gratuite, depuis le mois de novembre, et y logeait ses élèves pensionnaires ; puisque la lace située devant lancien couvent, est appelée, dès le 21 janvier 1823, place St-Louis devant le Collège.
H.F. 63-65
Sacre de Mgr de Bonald, à Paris le 27 avril 1823
A propos des lettres du P. André Coindre
[Le Père fondateur est souvent en mission et donc séparé de ses religieux ; le courrier lui permet de reste en relations suivies avec eux. Ainsi en sera-t-il durant toutes les périodes où il sera amené à sabsenter pour plusieurs semaines avant de les retrouver quelques jours, le temps de poursuivre leur formation et de rejoindre un nouveau champ dapostolat.
On conserve vingt-quatre de ses lettres écrites entre le 3 novembre 1821 et le 3 mai 1826, quelques semaines avant sa mort accidentelle à Blois le 30 mai.
Vingt sont adressées au frère Borgia, directeur général des frères, deux au frère Bernard à titre de procureur de la jeune congrégation ; celle destinée au frère Louis dun type bien particulier, est clairement définie par le titre que lui donne le signataire : « Lettre de notre père à un frère qui serait tenté de perdre sa vocation » ; la dernière enfin, sans date précise, mais que la tradition place au début de lannée 1826, est envoyée depuis Blois aux Dames des Sacrés-Curs de jésus et de Marie.
[
] Plusieurs raisons expliquent le ombre relativement restreint des courriers qui nous sont parvenus. Bien des lettres ont été perdues ; toutes celles écrites à Claudine Thévenet et pieusement conservées à la maison de Fourvière ont disparu en 1848 lors du sac de létablissement. Chez les frères, on na sans doute pas conservé toutes les lettres.
[
] Le rythme intermittent de cette correspondance en limite certes lintérêt en raison du caractère partiel de linformation.
[
] De plus, seules les lettres du père Coindre ont été conservées ; il semblerait quà Blois, après son décès, on ait fait retour à Lyon des seuls papiers personnels autographes.
[
] Cette correspondance laisse clairement apparaître la sollicitude paternelle du fondateur pour ses différents uvres comme pour tous ceux qui y travaillent ; elle témoigne de lattention quil porte à la bonne marche des établissements.
[
] Par leur tonalité familière, comme par leur rapport à la réalité quotidienne, ces lettres sont une source précieuse pour notre connaissance des débuts de linstitut. Elles nous fournissent nombre de renseignements de type historique qui recoupent ou complètent le récit du frère Xavier.
[
] Mais, plus encore que pour lhistoire, ces lettres nous renseignent sur lorganisation de la communauté primitive et sur le type de vie religieuse que le père Coindre propose à ses disciples.
[
] Nous trouvons dans les lettres du père Coindre une documentation de première importance pour les début de linstitut tant pour la maison mère que pour la fondation des établissements, la connaissance des personnes ou des difficultés qui surgissent dans les cinq premières années de son existence.
[
] Alors que les premiers registres de linstitut ne seront constitués quaux alentours de 1840, les lettres du père Coindre nous fournissent un grand nombre de renseignements sur nos premiers établissements, voire sur les conditions de leur fondation. Cette information, fragmentaire mais précise, constitue une source déterminante pour lhistoire de nos débuts.
[
] Au seul plan historique, les lettres du père Coindre constituent, avec les Mémoires du frère Xavier, la source principale pour notre connaissance des cinq premières années de la congrégation. Pourtant lintérêt de cette correspondance est loin de se limiter à ce simple apport ; elle est plus précieuse encore en ce qui concerne lintuition apostolique du fondateur ; on y trouve les lignes de force de son charisme quant à lorganisation de la communauté des frères et à sa conception de la vie religieuse.
[
] La correspondance du père Coindre comporte nombre de formules qui sapparentent à des sentences. Il possède un talent particulier pour ramasser en quelques mots une idée destinée à frapper limagination et à se graver dans la mémoire. Si lon constitue un florilège de ces aphorismes, on saperçoit qu[on peut les regrouper autour de trois axes]
des maximes générales :
des conseils pédagogiques :
Des considérations morales ou spirituelles
[
] Lédition critique de ces lettres permet déclairer le contexte dans lequel elles ont été rédigées, ce début de XIXe siècle, si riche en fondations religieuses ; mais bien au-delà, elle voudrait favoriser une meilleure perception du charisme original dAndré Coindre et permettre à chacun de ses disciples, par ce retour aux sources, dy puiser comme dans un livre de vie.
[
] Louverture des lettres, pliées et cachetées à la cire, a parfois entraîné des détériorations du support et, par suite, des fragments du texte ont disparu ; lessai de reconstitution est placé entre [ ] comme, en règle générale, toute addition due à léditeur, les ( ) restant distinctives dune précision donnée par lauteur.
Note : Nous commençons à les reproduire à partir de la lettre VI, écrites dans les diocèses du Puy ou de Blois, mars les 5 précédentes, écrites dans le diocèse de Lyon sont aussi importantes.
Abréviations utilisées dans ces lettres A, comme aspirant, E comme élève du Pieux-Secours
6e Lettre au Frère Borgia
St- Arcons près Pradelles, Haute-Loire, le 29 avril [1823].
Mon très cher frère Directeur,
Jai reçu avec la plus grande satisfaction votre dernière lettre. Jétais bien peiné de navoir pas pu mentretenir assez longuement avec vous avant mon départ ; les peines, les ennuis que vous aviez eus avaient été pour beaucoup dans le projet de mon voyage à Lyon, et je partais sans avoir entendu le cri de votre cur. Je réunissais le souvenir de vos ennuis, votre habit séculier 41, à votre retard et jétais vraiment fatigué de men aller sans pouvoir vous parler. Eh bien ! puisque vous êtes toujours le bon et linébranlable frère directeur, recevez-en mes remerciements et comptez sur moi comme sur le plus tendre de vos amis et sur le père le plus zélé pour votre sanctification et votre bonheur. Je vous ai laissé [libres] pour vous habiller en lévite et culottes. Je laisse cela à votre discrétion soit pour vous, soit pour les autres. Pour vous, ayez un carrique et une lévite propre pour les dimanches. Quand vous serez sûr de lobéissance et de la piété vraiment religieuse de nos autres frères, vous les ferez habiller. Vous ferez faire les culottes comme vous le voudrez.
Note 41 : Le frère Borgia semble accorder une attention particulière au costume, signe visible de la prise en charge par la communauté des frères de létablissement du Pieux-Secours. Il devient à différentes reprises sur ce sujet qui semble beaucoup moins préoccuper le fondateur ; avec pragmatisme, celui-ci insiste davantage sur le soin et la propreté, liant la question du costume à celle de lapprobation de la congrégation par lévêque du Puy.
Au début, les frères navaient pas de costume distinctif ; peu à peu sétablit une sorte duniforme comportant la culotte et la lévite noire ; cette lévite, sorte de redingote allant jusquaux genoux, pouvait disparaître sous une amble pélerine appelée carrique. On notera que ces vêtements étaient ceux de la classe moyenne.
Ne laissez pas porter aux chers frères des bas déchirés, des souliers malpropres, des chemises sales, des chapeaux crasseux. Que leur visage, leurs mains, en un mot toute leur personne, soient propres. Cest ce que les administrateurs ont spécialement recommandé. Que la propreté reluise partout sur les enfants, dans les ateliers, la cuisine, le réfectoire et surtout les dortoirs. Si on na pas pu élever le mur du côté de Monsieur Jouve 42, vous avez dû faire descendre les lits du grenier au premier. Veillez à ce quon change les draps à temps, que le linge sale ne traîne pas, que les puces soient détruites, etc. Le monde, qui ne sen prend quà lextérieur, ne compterait lintérieur pour rien si tout cela ne sobservait pas.
Note 42 : Voisin dont la propriété borde à lest celle du Pieux-Secours.
Que ceux qui sont chargés des ateliers, cest-à-dire le frère Xavier et le jeune homme de Tarare et Sethiny [ A] ne soccupent pas dautre chose que de louvrage, des livres, du magasin. Il faut absolument une réforme là-dessus. Louvrage, lamour du travail, pour les élèves et les frères ouvriers, doivent être leur devoir détat. Ceux qui en sont chargés, fussent-ils pieux, réguliers dailleurs, sils manquaient à leur devoir détat, tout cela ne servirait de rien.
Quand aux frères Niel [F. Ignace] et Monsieur Delon [F. Eugène] que vous deviez recevoir et le jeune Marcellin [A] et Monsieur Frégier chargé de la propreté, veillez à ce que leur classe décriture se fasse régulièrement. Je vous avais dit une parole là-dessus que vous navez pas sans doute comprise puisquelle vous avait fait de la peine. Javais dit ou voulu dire de presser léducation de ceux qui doivent enseigner ; que je ne pouvais donner à létablissement de la Butte, pour ceux qui ne lui sont pas nécessaires, quune somme déterminée, deux ou trois cents francs par exemple, pour une année de noviciat ; que lorsque ces deux ou trois cents francs seraient consumés, ne pouvant rien plus donner à létablissement de la Butte pour eux, il faudrait que je les retirasse et que je les plaçasse dans un établissement où il faudrait que leur savoir les fît tirer daffaire ; que sils napprenaient ni à très bien écrire, ni à bien faire lire avec le signal, ni à bien faire [apprendre : barré] le catéchisme, on ne les trouverait bons à rien et que nos premiers établissements ne [les] prendraient pas et quils seraient sur mes bras ; quen conséquence, il était extrêmement urgent [que ceux] qui doivent, par exemple, aller enseigner à la Toussaint ne perdent pas leur temps. Vous naviez pas compris la chose comme cela ; vous nauriez dû trouver aucune difficulté pour le leur dire.
Quant à vous, soyez toujours dun mélange de douleur et de fermeté qui fasse marche la règle et aimer votre autorité. Faites-moi par de vos petites peines. Je pourrais vous écrire pour les dissiper et vous donner des conseils.
La mère Sainte-Ignace est bien plus souvent à ma porte que vous. Elle trouve toujours de quoi demander et moi, de quoi lui répondre. Jen ferai de même quand vous mouvrirez votre cur et celui de nos frères. Quand je ne reçois rien, je crois que tout va bien et quelques fois je suis bien trompé. Jaime bien mieux suivre chaque jour vos misères.
Ma chère mère se porte sans doute bien, je ne peux pas lui écrire pour lui demander des nouvelles de ses petites raves, de ses salades, de ses fleurs, de ses poules, ni lui dire que je laime bien, que je pense souvent à elle, elle le sait bien. Quand à Madame Pallière 43, elle est une sotte de [ne]pas répondre un seul mot à mon frère qui lui a écrit deux lettres. Ses doigts sont-ils gelés ? Ny a-t-il plus à Lyon ni papier ni plume ni encre ?
Note 43 : Marthe-Marie Coindre, né à Lyon le 5 janvier 1793, mariée e première noces le 15 octobre 1818 à François Pallière, né le 18 octobre 1795 ; il meurt le 5 octobre 1820. Elle épouse, en secondes noces, le 22 septembre 1832, Antoine Malligrand, né en septembre 1801 dans lAin, mort à Lyon le 28 novembre 1882. Elle meurt en 1864.
Je vous charge dune commission importante : cest de procurer à un de nos chanoines du Puy qui sintéresse beaucoup pour nous, quatre l[ivres ?] de tabac, du véritable Torins 44 ; cette qualité lui est absolument nécessaire comme remède, sans mélange même dune qualité quon croirait meilleure. Voyez Monsieur Georget et quil vous fasse avoir cela en conscience. Vous les remettrez à [la] messagerie quont messieurs Dubois et Robert au Puy, à ladresse de Monsieur le curé de Pradelles, Haute-Loire.
Note 44 : On ne connaît pas de localité du nom de Torins, mais il existe une commune du Rhône, Thurins, à 15 kilomètres environ, à louest de Lyon. Ce premier contact avec le curé de Pradelles semble préparer louverture de lécole que les frères y établiront en décembre 1824.
Noubliez pas surtout daller de suite Place Saint-Jean chez Monsieur Monteillet, sculpteur, pour avoir un christ en bois de cinq pieds et demi au prix de quarante francs 45. Il faut quil soit expédié de Lyon pour le dimanche de la Trinité le plus tard. Bien recommander au voiturier ou à la messagerie qui le fera passer pour quon puisse laller chercher au Puy, au moins le mercredi après ce dimanche et planter notre croix ici le lendemain. Répondez-moi courrier par courrier si cette expédition est possible afin que nous prenions dautres mesures dans le cas contraire.
Note 45 : Deux feuilles dun carnet de comptes du père André Coindre (Archives générales A01.007) reproduites par le frères Jean Roure à la page 82 de la Chronologie, permettent détablir une comparaison entre ce Christ en bois de cinq pieds et demi (environ 1,70 m) dune valeur de 40 francs avec celui du Monastier qui a coûté 160 francs, celui de Rosières 150, et 140 pour celui de Saint-Pierre-Eynac. E. D.1. 75-79
Note : Ce christ se trouve à St Paul de Tartas, distant de quelques kilomètres : on en déduit que les missions de St Arcons et de St Paul de Tartas se succédèrent sans interruption notable et peut-être nen constituèrent quune seule avec la mission de Pradelles évoqué dans cette même lettre R 121
Au très honoré,
Très honoré frère Borgia,
Directeur des frères de létablissement du Pieux-Secours,
Montée de la Butte n° 3,
Lyon, Rhône. E.D. I 75-79
Transfert du Noviciat à la maison Pagnon (10/05/1823)
«
Une petite maison quon appelait Maison des Fossés qui nétait pas loin du collège.
Le 1er mai, le Noviciat fut transféré dans ce nouveau local qui offrait les avantages de la solitude et les agréments de la campagne. Cette maison de 11 pièces avait été bâtie en 1794 avec les débris de léglise paroissiale. Vers 1814, une école de filles y avait été établie
Elle sera détruite postérieurement en 1884 pour permettre lagrandissement du cimetière. Cétaient 30 ares de terrain, le long du chemin du Pinet, à droite du dernier portail. R 113
7e lettre au Frère Borgia
[Reçue le 15 mai 1823].
Mon très cher frère directeur,
Si vous pouvez avoir cent vingt francs du métier de bas, donnez-le. Je ne sais ce que Chavanne peut gagner sur son métier pour diminuer sa pension. Alors sil est lanceur habile et que celui qui voudra lavoir veuille dédommager la maison du tiers de pension dont on demande le rabais, alors vous pourrez y acquiescer. Sinon, je ne vois pas quon le puisse.
Pour la théorie, hélas, faites-la-lui apprendre si vous le pouvez. Pour le carrique, comme vous nétiez plus que deux dans la maison qui le portier et quau fond, après les épreuves suffisantes il ny a pas dinconvénient à le donner, je vous ai laissé libre là-dessus ; cependant vous consulterez toujours le conseil de ceux qui le portent ; il est possible que lorsque vous ferez vos vux publics, on ajoute quelques chose au costume. Jattends Mgr lévêque du Puy pour cela.
Vous me dites que vous nêtes pas sans peine en voyant que les affaires vont mal. Mon très cher ami, mal nest pas le terme lorsque il y a un rand fond de bien dans votre uvre. Il est vrai que tout nest pas parfait. Mais cest le Seigneur seul qui soit tout parfait, et ses uvres mêmes, quelque admirables quelles soient, touchent toujours par quelque côté au néant. Le bon Dieu a fait le monde en six jours pour nous apprendre quil faut du temps pour tout et que les chose ne vont jamais aussi bien dans leur naissance que lorsquelles sont dans leur pleine et entière maturité. Que de fleurs au printemps qui ne portent pas de fruit ! Il faut que le cultivateur se console non en récoltant tout ce quil avait espérance davoir, mais tout ce que Dieu y lui donne, dût-il se contenter du strict nécessaire.
« Mais les frères ne remplissent pas bien leur devoir ». Sans doute, il faut les stimuler sans cesse là-dessus ; mais le désir du mieux ne doit pas nous faire méconnaître ce qui est bon. Ils désirent être au bon Dieu, cest déjà une bonne chose. Tant de personnes dans le monde ne le désirent pas.
« Ils soublient dans lobservance de la règle ». Mais ils en pratiquent encore lessentiel ; les murs sont pures, la foi est vivante, le désintéressement est absolu : voilà des choses plus rares que vous ne pensez. Le reste, il faut lencourager, le faire aimer autant par son zèle à le pratiquer le premier que par de saints et salutaires avis.
« Mais on nobéit pas dans ce qui regarde les emplois ». Mais faites ce que saint Paul conseillait à Timothée : reprenez, priez, menacez en toute patience et doctrine. Lhomme est une pauvre horloge quil faut remonter tous els jours avec une certaine dextérité.
« Mais je pense que je ne suis point propre pour être à la tête de létablissement ». Très cher ami, si jen connaissais, malgré votre incapacité, un qui pût et sût le faire aller mieux que vous, je vous aurais bientôt appelé à Monistrol pour vous donner à porter un moins pesant fardeau. Mais puisque la Providence ne ma pas encore envoyé ce sujet rare, vous me permettrez de vous dire que sans que vous soyez un aigle en aucun genre, je vous verrais difficilement un remplaçant. Les hommes qui ont toutes les qualités quon pourrait désirer pour la conduite dun grand établissement comme celui-là sont extrêmement rares. Que la Providence menvoie quelques bons travailleurs pour nos métiers, pour vous décharger un peu du soin du temporel, pour y mettre la plus grande activité et quil vous soit soumis, luvre ira aussi bien quelle peut aller. Je ne suis point mécontent de vous pour votre amour pour la règle, pour lesprit religieux, pour la comptabilité, léconomie. Vous avez vos défauts, et qui nen a pas ?
« Mais le bien ne se fait pas ». Il sen fait plus que vous ne pensez. Peu à peu, les frères sépurent, saugmentent, se forment. La maison de Lyon est un appui pour les frères de Monistrol comme ceux de Monistrol seront lappui de ceux de Lyon. Pendant ce temps-là, les éléments de la congrégation se multiplient et dans peu, les éléments de la congrégation se multiplient et dans peu, vous aurez devant Dieu le mérite, par votre seule persévérance et votre dévouement, davoir mis la première pierre à cette uvre et den être un des principaux liens. Votre exemple en a soutenu et en soutiendra longtemps plusieurs, comme votre découragement porterait la plus mortelle atteinte aux vocations de ceux que vous avez déjà passablement bien formés.
Quels services ne nous rendent pas les frères Augustin, Bernard, Barthélemy, Claude, etc. ! Quel service ne rendront pas à la religion ceux que nous vous enverrons et que vous formerez à lesprit religieux§ Ne voyez pas tout dans létroite enceinte de votre maison de Lyon. La boule de neige sy forme, mais dans peu, elle deviendra une montagne. Je ne parlerai pas des jeunes gens que vous formez et qui noublieront pas dans le monde ni vos leçons, ni vos vertus, lors même quaujourdhui, ils ne vous donneraient pas toutes les satisfactions possibles. Il en restera plus que vous ne pensez. Sils sont jamais pères, ah que leurs enfants seront bien élevés§ Il se fait donc du bien par votre ministère quoi que vous en disiez.
« Je me rends peut-être plus coupable que je ne limagine ». mon bien cher ami, ne faites-vous pas ce que vous pouvez ? Si vous pensiez pouvoir faire mieux, ne le feriez-vous pas ? Et comment être coupable quand on fait tout ce que lon peu et tout ce que lon sait ? Ah ! sans doute, une certaine sollicitude doit vous tenir en haleine pour ne pas être endormi ou indifférent sur tout ; mais cette sollicitude ne doit pas abattre et rendre pusillanime. Quand on fait tout ce qon peut, on fait tout ce quon doit.
Sil en est ainsi, il ne vous importe donc pas grandement de vous décharger, du moins présentement, du fardeau que vous portez. Il vous importe bien plus grandement de faire ce que le bon Dieu veut de vous, cest-à-dire de continuer ce quil vous a fait commencer. Ce nest ni lorgueil, ni lintérêt, ni lamour du plaisir qui vous ont conduit, qui vous engagent à persévérer ; cest [le] désir dêtre utile au prochain, à la religion, de faire pénitence de vos péchés ; hélas ! que vous faut-il de plus ? Neussiez-vous devant Dieu que ce désir habituel sans pouvoir lui offrir des succès, vous seriez un grand saint.
Que de personnes qui, dans la vie de la contemplation, ont désiré de pouvoir sauver des âmes ! et Dieu leur en a tenu compte ; dautres, au contraire, dans la vie active, ont désiré les douceurs de la contemplation et peut-être en désiraient-elles que leur repos, que leur tranquillité naturelle, sans aucun mérite devant Dieu. Lhomme ici-bas a toujours des combats. Sils ne sont pas extérieurs, ils sont intérieurs. Les extérieurs font souvent diversion et on ne saperçoit pas de ce quon aurait éprouvé si seul on aait eu à combattre contre les tentations de la solitude. LEsprit Saint a dit : « Malheur à celui qui est seul » pour nous faire voir que dans la solitude même, il y a de grands dangers.
Dailleurs, très cher et bien aimé frère, voyez le roi de France apprenant avec plaisir les combats de ses armées en Espagne 48 ; ne les aime-t-il pas mieux à ce poste, malgré leur fatigue, que sils étaient simplement oisifs dans sa cour et chantant ses louanges ? Eh bien ! notre Dieu a besoin de soldats qui soutiennent le poids de la fatigue et du jour encore plus que de ces contemplatifs qui ne lhonorent que de leurs lèvres. Lépée en main, le zèle de sa gloire, le désir de sauver, dinstruire, dédifier le prochain, voilà ce que le bon Dieu aime par-dessus tout. « Ceux qui instruisent les autres brilleront comme des étoiles dans la perpétuelle éternité », dit le prophète.
Note 48: Le congrès de Vérone, à la fin de 1822, autorise la France à porter secours au roi dEspagne, Ferdinand VII, lointain parent du roi Louis XVIII, aux prises avec les libéraux. Cette «expédition dEspagne » menée en 1823 par le duc dAngoulême, sachève avec la prise du fort de Trocadero, aux environs de Cadix, le 31 août 1823.
Vous souffrez : eh bien ! tant mieux ! vous marchez à la suite des apôtres qui ont eu bien des traverses, des martyrs qui ont versé leur sang, de Jésus-Christ qui est entré dans la gloire par les contradictions, les humiliations et les souffrances. Vos frères ne sont pas plus grossiers vis-à-vis de vous que létaient à son égard les Apôtres ; le monde vous persécute moins quil na été persécuté des scribes et des pharisiens. Vos élèves sont encore plus dociles que les Juifs ; avec ses miracles, il na eu que douze apôtres, et encore, un le trahit ; et bientôt vous compterez plus de douze frères qui ont marché sur vos traces et qui seront une portion de votre couronne.
Oui, vous êtes où le bon Dieu vous veut. Vous pourriez douter quil ne vous y veut pas quand vous resterez le dernier frères de la société et que tous les autres auront perdu ou lesprit de Dieu ou leur vocation ; mais tant quil y en aura plusieurs, tant que le nombre saugmentera, vous devez voir votre vocation confirmée par la protection de la Providence. Cest là votre centre indépendamment même de la parole que vous mavez donnée, qui, ne fût-elle quune parole dhonneur, serait toujours sacrée pour une âme aussi loyale que la vôtre.
Du reste, on peut vaincre sans périr. Je nexigerai jamais rien de vous que ce qui est à votre portée et ce qui est juste. Ouvrez-moi toujours votre cur et, Dieu aidant, je pourrais vous donner des conseils. Quand le fardeau sera si lourd que vos épaules ne pourront plus le soutenir ni physiquement, ni moralement, je ne vous laisserai pas écraser. Nous aurons bien un jour quelque consolation dans nos sacrifices, quelque repos aussi. Vive Jésus ! Vive sa croix !
Notre bon frère Antoine, dans ses douceurs, eh bien ! se repose dans le bon Dieu tant quil veut. Eh bien ! il a des douleurs, et vous, de la peine. Lequel vaut-il mieux ? Je nen sais rien ; mais la volonté très aimable et très adorable de notre Dieu par-dessus tout !
Faites plier le frère Frégier ; mais ayez autant que vous pourrez pour tous, de la force sans aigreur ni raideur, et de la bonté sans faiblesse. La confiance et un peu de crainte, voilà les deux rênes qui peuvent conduire votre char. Ne demandons jamais aux hommes plus quils ne peuvent. Utilisons ce quils ont de bien autant que la chose est possible et contentons-nous.
Pour lécriture, formez Monsieur Delon 49; nous lenverrons à Yssingeaux50 à la Toussaint sil est capable de remplir ce poste.
[Coindre].
Notes : - 49 Frère Eugène.
50 Fondation prévue pour la Toussaint de 1823 ; en fait, la congrégation naura jamais détablissement dans ce chef-lieu darrondissement de la Haute-Loire.
Au très honoré, très honoré frère Borgia, Directeur des frères du Pieux-Secours,
Montée de la Butte n° 3, Lyon
E.D. I 80-86
Le 24 mai 1823 paraît un long article sur linstallation de Mgr de Bonald, et le 7 juin sur lérection du siège du Puy : Ami de la Religion et du Roi : 10 mai 26 mai 07 juin 1823
Fin mai Mère St Ignace travaillait alors, aidée par le P. Coindre, à la rédaction des règles définitives. A la fin du mois de mai, le P. Coindre se trouva de nouveau à Lyon après un petit séjour à Monistrol.
06/06/1823 Le 1er vendredi, 6 juin, fête du S.C., les postulantes admises reçurent lhabit religieux ; elles devinrent les surs St-Michel, Ste-Chantal, St-Antoine, St-Benoît et St Jérome.
Le P. Coindre préside aussi la profession de 5 religieuses, en la chapelle des missionnaires de Monistrol. Etaient encore présentes : le curé de Ste-Sigolène, le vicaire Cussinel, frère de la novice Ste-Chantal.
R. 121- E 319
8e lettre au Frère Borgia, de Monistrol
Monistrol [-sur-Loire, Haute-Loire], le 9 juin 1823.
Mon très cher frère et tendre ami,
Le frère François Claude Mélinond est bien malade dune fièvre muqueuse. Le frère Bonnefois est provisoirement portier du château. Les autres frères vont assez bien ; rien ne sest démonté depuis nous. Le père Favier mavait parlé autrefois dêtre reçu frère, mais depuis que je lai mis à gages, il ne ma rien dit. Si vous étiez en correspondance avec lui ou par le moyen des frères, jaccepterai volontiers sa proposition. Je suis bien satisfait dapprendre que les frères Bergognon saccoutument bien à Lyon et quils sont bien réguliers. Lobéissance et la piété du frère Jean Baptiste me charment, il sera lappui du bon frère Xavier ; et, malgré ses misères, notre atelier ira, je lespère.
Le Seigneur nous aime trop, mon cher frère, lorsquaprès nous avoir fait voir le fond de labîme, il veut bien nous en retirer. Espérons donc toujours. Abraham est devenu le père des croyants pour avoir espéré contre toute espérance. Vos huit métiers me font plaisir. Faites un peu connaître cela à Monsieur Casati ; parlez-lui des nouveaux frères qui sont venus et dites-lui que ce nest pas en vain que nous avons espéré ; quavec le temps et la continuation de son zèle, létablissement marchera bien.Je vois toujours les frères Noël et Sethiny [A] allant clopin-clopant. Le Dieu quils servent nest-il pas le même que celui des autres ? Ne veulent-il pas avoir par à leur récompense ? Alors, que le frère Delon avance dans lécriture, repasse sa grammaire et surtout devienne humble et obéissant envers tous. Et le frère Niel avance dans lécriture, tant mieux ; mais avance-t-il dans lesprit de paix intérieur, dhumilité, de prévoyance et de calme dans le gouvernement des enfants ?
Les métiers nétaient pas chers.
La nouvelle du frère Defour 52 mérite de votre part toute prudence, vigilance et force. Vous voilà en présence, redoute contre redoute, batterie contre batterie. Nous demandons la paix, laccordera-t-on ? Je nen sais rien53. Mais ici déjouez toutes les attaques en les connaissant toutes et en men faisant part. La force dinertie, dhumilité et de patience est celle que vous devez opposer à toutes les mitraillades quon peut diriger contre vous. Il ne sera pas inutile denvoyer deux frères accompagner les enfants au catéchisme ; on en attaquera moins facilement deux quun.
Notes :
52 - Frère Ennemond.
53- En labsence de documents, il est difficile de savoir exactement ce qui sest passé. Il semble que M. Mochard, « la première autorité ecclésiastique du diocèse », ait voulu réglementer une prolifération anarchique de nouvelles congrégations parmi lesquelles au moins six instituts de frères enseignants ; il souhaitait les rattacher à la Société de la Croix de Jésus avaient leur maison-mère dans le hameau de Ménestrel, commune de Poncin (Ain). En 1903, ils émigrent au Canada ; en 1916, leur maison-mère brûle et lévêque de Rimouski prononce la dissolution de la congrégation au Canada en 1920. Lannée suivante, Rome prononce la dissolution générale : les frères peuvent se séculariser ou entre chez les Clercs de Saint-Viateur.
Faites aimer à vos frères leur vocation, relevez le moindre bien quils peuvent faire pour le faire apprécier et aimer. Lhonneur, la fidélité, la reconnaissance doivent les attacher à vous et à moi. Lamour de Dieu et la Providence les attache avant tout aux Sacrés Curs de Jésus et de Marie. Cest leur bannière, ils ne doivent jamais la quitter. Quon noublie jamais que le gros de larmée est ici et que si vous êtes en poste avancé, cest quon se confie sur votre valeur et votre courage.
Du reste, bénissons Dieu du bien quil fait par des vocations différentes de la nôtre. Le maître est le même ; mais cest par des armes différentes. Si on dit du mal de nous, nen disons jamais des autres. Si lon nous méprise, respectons tout le monde et souvenons-nous que le bon Dieu nous aimerait beaucoup sil nous donnait occasion de mettre en pratique cette belle maxime de lImitation : « aimez à être méprisé et compté pour rien ».
« Les apôtres sen allaient se réjouissant, dit lEcriture, à la face des princes qui formaient le conseil, parce quils avaient été jugés dignes de confusion pour le nom de Jésus ». Cest une bonne fortune. On nous jalouse, ne jalousons personne. On se sert de ceux que la Providence semblait nous avoir envoyés, pour établir une rivalité. Consolons-nous. Nous nallons sur les brisées de personne ; et ceux qui ne nous voudraient pas ne soutiendraient pas le poste que vous occupez, trois mois, sans lavoir abandonné. Souhaitons-leur toute sorte de prospérité.
Si Lyon nous fermait ses portes, la France est grande et à besoin douvriers54. Courage, donc, mon frère bien aimé. Attendez-vous à des humiliations ; cela nous est plus utile à tous que les louanges. Mais vous faites le bien, soyez tranquille. Personne ne vous en ravira le mérite devant Dieu.
Notes : - 54 Ce qui semblerait confirmer les difficultés avec M. Bochard et larchevêché de Lyon.
Faites part à nos chers frères combien je leur suis attaché à tous, combien je compte sur leur persévérance et sur leurs prières. Nos deux dernières missions55, pour lesquelles ils ont prié, ont eu un entier succès. 4500 communions ont été distribuées ; les gens darmes de Pradelles, les bourgeois de cette ville et toute la population environnante de ces pauvres pays ont gagné avec ferveur leur mission. Loué soit Jésus-Christ.
Note : - 5 Dans les localités de Saint-Arcons, Saint-Paul-de-Tartas et Pradelles.
Les choses les plus tendres à ma chère mère, ma sur et mon frère. Si je suis, je serai à) la Saint-Jean à Lyon 56 Loué soi le Sacré-Cur de Jésus-Christ.
Note - 56- En fait, le père Coindre ny sera pas arrivé puisque cest labbé Donnet qui célèbre le 24 juin la messe pour lassociation de la Pieuse Union ; mais le 27, il préside le conseil de congrégation à Lyon.
[Coindre]
Monsieur
Monsieur très honoré, Frère Borgia, directeur des frères de létablissement du Pieux-Secours,
Monté de la Butte n° 3,
Lyon
18/06/1823 Mgr de Bonald prend possession de son siège épiscopal au Puy
27/06/1823 Comme le P. Coindre se trouvait alors à Lyon pour presque un mois, avec Claudine Thévenet, ils travaillèrent à la rédaction des règles. R 121
Le règlement de lAssociation [la Pieux Union] servit de base à Claudine pour ce travail, ainsi que les 1ères règles et normes données par le P. Coindre, la règle de St-Augustin et le sommaire des constitutions de St-Ignace ; tout ceci, avec les modifications et adaptations puisées dans son expérience propre. La Mère consultait souvent le P. Coindre.
Le Père Coindre préside le conseil de congrégation. On prit dimportantes décisions en faveur de lavenir des jeunes ouvrières de la Providence de Fourvière :
Si la conduite des jeunes filles donnait satisfaction, celles qui le désiraient pouvaient demeurer dans la maison tant quelles le voulaient. Pour les autres le temps venu pour elles de quitter la Providence, on chercherait à les placer de telle façon que leurs âmes ne soient pas mises en péril.
On fixa aussi la durée de la 1ère probation des postulantes à 3 semaines ou un mois, au jugement de la supérieure.
Dautres dispositions furent prises pour une meilleure organisation du noviciat.
19/08/1823 Le P. Coindre préside la profession de 3 religieuses à Monistrol en présence de Mère St-Ignace.
Celle-ci voulait être présente pour la venue de Mgr de Bonald à Monistrol pour le 20 août. R 123 E 320- 322
Mgr de Bonald fait sa 1ère visite pastorale à Monistrol (20/08/1823).
Après la prise de possession de son siège le 18 juin, Mgr de Bonald traça immédiatement litinéraire de sa 1ère visite pastorale. Pour la première fois, depuis la Révolution, les habitants du Velay virent un évêque parcourir leur région montagneuse. Tous appréhendaient quelque peu une telle visite. On disait que le jeune et nouvel évêque était incliné à la sévérité ; on lui attribuait la phrase : « je ne tolérerai que ce qui est bon et utile dans mon diocèse ».
Il arriva à la date convenue, 20 août, à Monistrol. Nous extrayons du Registre du Conseil municipal les détails de sa venue :
Le 20 du mois daoût 1823, Mgr de Bonald, évêque du Puy, nouvellement nommé, nous ayant prévenu de son arrivée dans cette ville, est venu nous visiter. Un détachement des habitants de la campagne, Monsieur le vicomte de Vaux à leur tête, est allé le complimenter au pont Lignon ; 60 gardes nationaux, drapeau déployé, et la brigade de gendarmerie, M. le chevalier Desfontaines à leur tête, lattendaient à moitié chemin ; à lentrée du faubourg. M. le maire (comte de Charbonnel du Betz) à la tête du conseil municipal, du bureau de lhospice et de la charité, ainsi que dautres fonctionnaires publics sétaient postés de manière à pouvoir le complimenter à son passage ; plus loin, le clergé, un dais porté par 4 ecclésiastiques en t^te, ne soupirait quaprès son arrivée.
Monseigneur, dans sa voiture, après avoir passé au centre de la garde nationale, fut arrêté et complimenté par M. le maire et nous rejoignîmes avec lui le clergé ; avant dentrer en vile, 12 salves furent tirées en son honneur, les différentes communautés devinrent lavant-garde, la garde nationale larrière-garde ; fermant la marche, la cavalerie bourgeoise, et la gendarmerie sur les ailes ; et nous marchâmes avec cet ordre à léglise où il fut complimenté par M. le Curé, au moment de son entrée. Tout le peule se prosternait en foule sur son passage pour lui rendre ses hommages.
M. le Curé lui offrit un déjeuner où tout ce quil y avait de mieux était invité et M. le Maire sempressa de le recevoir dans son château des Flachats et de lui donner un dîner où il réunit toutes les personnes respectables de la ville, et au moment du dessert, on tira 12 salves en réjouissance. Le soir, il y eut illumination générale et feu de joie.
Ainsi se passa cette fête qui dura 24 heures jusquau moment de son départ.
Archives municipales de Monistrol
Le registre municipal ne le dit pas, mais nous savons que le lendemain Mgr de Bonald présida la distribution des prix dans létablissement du S.C. de Jésus : les élèves nommés sont originaires surtout de larrondissement dYssingeaux, quelques-uns de St-Etienne, de Lyon, du Puy, de Milan
Ce fut sans doute alors quil rencontre Mère St Ignace et lengage à venir sur le Puy. Grande satisfaction de Mgr devant toutes ces uvres de Monistrol (secrète jalousie de la trouver mieux équipée que le Puy ?)
Le journal de la Haute-Loire du 23 août 1823 R 123
Mission de Tence avec MM. Eynac et Dufêtre (1823)
« Il nous souvient davoir assisté, quoique bien jeune, à celle qui fut donnée à la paroisse et à la ville de Tence, en 1823, et bien que nous ayons vu souvent ces sortes dexercices religieux se reproduire en diverses localités, aucun na laissé dans notre mémoire une impression aussi forte et aussi durable que celle des grandes cérémonies, des concours du peuple et des émouvantes prédications dont nous fûmes alors témoin et spectateur.
Il était beau de voir cet homme (le P. Coindre) dun courage et dun dévouement tout apostolique, au milieu dune vaste place publique, debout sur un piédestal élevé, où lon dressait la Croix de mission, prêcher à la foule nombreuse qui se pressait autour de lui, tantôt lécoutant avec une pieuse attention, et tantôt répondant par des cris denthousiasme à sa parole ardente et animée. Il était beau de lentendre aussi, sur le piédestal de la croix du cimetière, rappeler à ses auditeurs attendris les grandes vérités du salut, pendant quils avaient là, sous les yeux et sous leurs pieds, les tombes de leurs parents et de leurs amis défunts. Non moins beau fut le spectacle des processions qui, pour déployer avec plus de liberté leurs longues files dhommes, de femmes et denfants, allèrent jusquà plus dune demi-lieue hors de la ville, portant en triomphe 3 croix dites de mission, et chantant à pleine poitrine des cantiques populaires. » VC 128- 129
Mission à Montfaucon (1823)
«
Ce qui mettait le comble à lélan religieux qui se manifestait dans ces occasions, cest que les missionnaires donnaient leurs exercices en même temps dans plusieurs paroisses voisines du canton (lettre 9) et que la nouvelle des conversions opérées en un lieu, venant à se répandre dans lautre, provoquait de toutes parts le généreux désir de les imiter. Ainsi en fut-il pour les missions de Monistrol, de St-Didier, de Montfaucon, de Tence. P. 60, r 125
En 1823, M. Dufêtre vint seconder le P. Coindre à Monistrol, M. Nivet à Tence.
Note :- M. Dufêtre prêche à Montfaucon ; pour la plantation de la croix, même spectacle quà Monistrol, procession os de la ville pour lérection dun calvaire que lon voit encore (place du Croteil) R 123
9e lettre au Frère Borgia
[Tence, Haute-Loire, le 11 septembre 1823].
Mon très cher frère,
Je suis bien de votre avis, il ne faut plus recevoir de coureurs et de déserteurs gratis. Vous avez bien fait de renvoyez ces deux sots.
Je vous laisse libre de recevoir à des conditions avantageuses celui des environs de Tarare dont vous mavez parlé. Ce que vous et le frère Xavier57 trouverez bon à son sujet, faites-le.
Note 57 Cette mention confirme le rôle du frère Xavier comme sous-directeur et conseiller du frère Borgia à Lyon.
Que nos frères aient bon courage. On ne sert pas lus le bon Dieu comme il faut sans privations et sans gêne que les bons soldats qui combattent vaillamment dans les armées ne le font pour leur prince. La différence [est] que les uns attendent une décoration que la mort enlève, et les autres, « une couronne incorruptible », selon lexpression de lApôtre. La nature peut faire quon soublie un instant mais la grâce doit faire prendre le dessus et faire que la réparation de la faute soit plus méritoire que linnocence même. Il me fait plaisir dapprendre quon fait bien et avec résignation les pénitences que vous imposez.
Les entretiens dont vous me parlez quont eus les élèves annoncent à tous les frères quil ne faut jamais cesser davoir loeil sur eux, et le jour et la nuit. Quon prenne bien garde pendant la nuit quaucun ne se lève pour commettre quelque horreur.
Veuillez avertir Monsieur le curé de Saint-Bruno58 que la conduite du jeune Defontaine a été si scandaleuse dans létablissement doù il a été chassé, après lavoir déjà été chez les frères des Ecoles chrétiennes, que je ne peux pas souffrir que Raton se déshonore jusquau point de [se] faire acolyte avec lui. Dites à raton de refuser.
Note : 58 M. de la Croix dAzolette, souscripteur du Pieux-Secours.
Veillez bien au feu. Monsieur le curé de Sainte-Sigolène59 vient davoir la douleur de voir consumer par les flammes et réduite en un monceau de centre, la maison quil avait fait faire pour sa petite providence et où il voulait appeler quelques-unes de nos surs. Faites connaître ce malheur à nos dames de Fourvière et quelles prennent bien leurs précautions.
Note 59 :
M. Menut (1768-18853), ancien vicaire de Monistrol qui fait avec le père Coindre la demande pour introduire les Dames des Sacrés Curs de Jésus et de Marie dans le diocèse du Puy, en octobre 1822. Cest en réponse à cette demande que Mgr de Salamon écrit la lettre du 4 février 1823.
Après cet événement, mère Marie St-Ignace renonce à son projet détablir une Providence à Ste-Sigolène.
Je voudrais que vous menvoyassiez de suite le prospectus des frères des Ecoles chrétiennes. Si Monsieur Bonnet61, de Bellecour, avait le prospectus des dames du Sacré-Coeur de la Ferrandière 62, vous m feriez plaisir de me le faire passer. Jattends avec une espèce dimpatience les programmes de la distribution des prix de Verrières, de LArgentière, de Meximieux63, de [
] etc. que jai déjà demandés. Faites-moi vite ces commissions.
Notes :
61- M. Bonnet, négociant, trésorier du conseil des souscripteurs du Pieux-Secours.
62- Pensionnat que les religieuses de la Mère Barat avait ouvert, en 1818, non loin de Lyon, pour léducation des demoiselles de la bourgeoisie.
63 Petits séminaires du diocèse de Lyon.
Nos missions sont en grand train. Nous y avons trois de nos frères : le frères Louis et Claude du château [de Monistrol] à Tence ; et le frère Pierre, portier à Montfaucon. Nous avons de louvrage par-dessus la fête. Mais, Dieu merci, nous nous portons tous bien. Je vous embrasse de tout mon cur.
Votre père,
Tence, près dYssingeaux, le 11 septembre 1823
Note 64 : Addition postérieure : Reçue le 17.
Coindre
A mon très honoré, très honoré frère Borgia, directeur de la Butte n° 3,
Lyon, Rhône E.D.I 91-93
10e lettre au Frère Borgia
[Tence, le 13 septembre 1823.]
Mon très cher frère,
Que la conduite de Lespinasse est affligeante ! et que cette affaire est délicate ! Si cest par son cousin seul que vous le savez, vous avez lieu de craindre de trahir la confiance quil a eue en lui et détablir une haine irréconciliable entre eux. Voici ce quil est sage de faire en attendant larrivée de son frère. Si la chose est secrète et quelle nait point transpiré, prenez-le entre quatre oeils [sic] et dites-lui que vous savez quil na pas demeuré tout le temps à la maison ! Dites-lui que vous nous avertirez sil ne vous avoue pas tout, que dailleurs vous en savez plus quil ne pense, et que si vous vouliez tout nous dire, il mériterait vingt fois la porte.
Comme il sait que son père ne badinera pas si nous lui disons tout, alors il vous priera de ne rien dire et vous aurez ses aveux. Vous serez fort contre lui ; vous lui interdirez toute sortie sans la présence dun frère solide. Vous lui défendrez daller si souvent chez ma mère et que, sil lui en fait ses plaintes, vous me direz tout. Vous lavertirez que si un seul élève sait sa conduite, sil a le malheur de dire la moindre parole peu édifiante, le lendemain il est chassé ; que je vous ai donné tout pouvoir pour tous dès quil y aurait un scandale réel pour les élèves ; que son sort futur est entre vos mains et que ce nest que lespérance quune leçon aussi infamante quil a reçue le corrigera qui vous fait avoir pitié de lui. Alors vous le ferrez veiller comme le lait sur le feu et vous lui ferez craindre de nous découvrir tout sil vous donne la moindre peine.
Voilà ce que je crois prudent de faire. Vous aurez rempli votre devoir, vous lui éviterez encore bien des crimes sil sortait de suite. Comme cette affaire que je suppose secrète nest point scandaleuse pour les autres, le renvoi du sujet nest pas absolument nécessaire, mais tenez ferme. Inspirez à vos frères une surveillance plus exacte ; ne laissez sortir aucun élève quavec un frère grave, etc.
Je consens volontiers à la distribution de prix ; mais alors il faut faire repasser le catéchisme, les évangiles, faire apprendre un ou deux dialogues du Jules Chrétien 65, sur des matières quon nait pas récitées les années précédentes. Il faudrait quelque autre dialogue sur lamour du travail, ou bien sur les avantages dune bonne éducation pour les ouvriers. Il faudrait prier Monsieur Casati de vous faire ce dernier 66, ou si vous aviez le courage de le faire vous-même, on pourrait vous le corriger.
Notes :
65 Pseudonyme littéraire du vicaire général Bochard.
66 Le notaire Casati apparaît comme un proche collaborateur du Pieux-Secours.
Bien des choses à ma très chère mère et à ma bonne sur.
Monsieur Magat serait plus utile à Fourvière quici parce qualors monsieur Montagnac, qui veut aller au Puy, reviendrait à son arrivée à Lyon67, mais il lui faudrait les pouvoirs que, sans doute, on ne lui refuserait pas.
Notes : 67 Mouvement de personnel qui concerne les missionnaires du Sacré-Cur de Monistrol.
Envoyez-moi donc vite ce prospectus des frères des Ecoles chrétiennes, je lattends avec empressement, parce que ce retard moblige à retarder plusieurs autres choses.
Je suis tout à vous et à nos très chers frères, à qui vous ne direz rien de la conduite de Lespinasse. Vous le ferez cependant surveiller dune manière particulière et vous ne lui donnerez lus la confiance de surveiller les autres. Donnez-lui vous-même une mercuriale de laquelle il se souviendra. Loué soit Jésus-Christ.
Votre père,
Tence, le 13 septembre 182368
Coindre.
Au très honoré, très honoré frère Directeur des frères du Pieux-Secours,
Montée de la Butte n° 3,
A Lyon, Rhône ?
Note : 68 Addition postérieure : Reçue le 15.
E.D. I 94-96
Le 08/10/1823- Rentrée des classes au petit séminaire de Monistrol R 125
Le P. Coindre présida la cérémonie à Monistrol le 18 septembre. Mère St-Ignace ne put y assister ; Fourvière la retenait (c.f. 10/09/1823) E 324 R 125
Mission à Saint-Didier-la-Séauve (octobre/novembre)
Cétait en 1823, [probablement en octobre-novembre R 125]. Le P. Coindre donnait une mission à St-Didier-la Séauve. Il y avait alors, à Monistrol, un jeune frère qui, dégoûté de la vie religieuse, prit la détermination de rentrer dans le monde. Il écrivit en conséquence à sa mère pour linformer de sa résolution et du jour où il voulait se rendre auprès delle. A cette nouvelle inattendue, grande est la douleur de cette pieuse mère. Aussitôt elle fait part de la lettre au curé de sa paroisse. Or, celui-ci savise de la transmettre immédiatement au P. Coindre ; Le Saint missionnaire la reçoit vers les huit heures du soir, au moment même où il allait se mettre à table, et après avoir passé toute la journée en chaire ou au confessionnal. Sans songer à la lassitude qui laccable, il part à linstant pour Monistrol. Après 3 h de marche, il se trouve à la porte de létablissement. Il frappe, et la Providence veut que celui qui, le lendemain, doit lâchement abandonner son poste vienne lui ouvrir.
Comment peindre la surprise de celui-ci ! Que de sentiments se pressent dans son cur ! Il nose parler
Le P. Coindre le rassure, lembrasse avec effusion et lui dit dun ton plein de tendresse : « Hé bien ! mon enfant, que faites-vous ? Mon Père, répond le Frère un peu confus, je mennuie et jai écrit à ma mère que je voulais revenir à la maison paternelle. » Touché de compassion, cet excellent Père parle à ce Frère avec tant de mansuétude et de bonté, que ce dernier, tout honteux de sa faiblesse, promet de persévérer dans sa vocation ; Cest de la bouche même du Frère en question que nous avons entendu ce touchant récit. VC 206-207
***
Nouvelle orientation de lInstitut
Le P. Coindre avait fondé le Pieux-Secours pour apporter sa contribution au relèvement de la jeunesse de Lyon. Il navait pas songé aux écoles, car, dans la ville, les Frères des Ecoles Chrétiennes y pourvoyaient déjà.
Mais, lors de ses tournées dans les paroisses, il sest bientôt rendu compte que le besoin le plus pressant pour les gros centres de la campagne, cétait louverture décoles surtout maintenant que le gouvernement avait interdits aux religieuses de recevoir les garçons.
Et, quelques mois à peine après la fondation de notre Institut, il décida de lorienter vers cette uvre de lenseignement. Il écrivait, en effet, au F. Borgia, le 21 janvier 1822 : « Si nous fondons un second établissement, ce sera pour apprendre à lire et à écrire aux enfants, comme font les Frères des la doctrine. En conséquence, je voudrais que vous vous instruisiez vous-même de la méthode des Frères en allant un jour, avec mon frère, voir leurs classes, les interrogeant sur tout et transmettant à nos bons frères ce que vous auriez appris ». (voir lettres 3e et 4e ) St I 43-44
I- Brève histoire des écoles de Monistrol après la Révolution
II- Ouverture de lécole de Monistrol
I- En 1792, les écoles de Monistrol subirent le sort des autres écoles : elles furent supprimées.
Vers 1800, un nommé M. Rome ouvrit une école libre, mais elle fut de courte durée. Il sappliquait surtout à donner des leçons particulières à domicile.
Après lui vint un nommé Dupain qui, lui aussi, allait donner des leçons particulières : son école était peu fréquentée.
De 1792 à 1815, la commune de Monistrol a été peu favorisée sous le rapport des instituteurs : ceux qui prenaient ce nom nen remplissaient guère les devoirs. Ils faisaient un peu de classe pendant deux ou trois mois dhiver, et le reste du temps les jeunes gens vagabondaient sur les places.
Après la Révolution de 1789, M. Labruyère, curé de Monistrol, homme dun grand zèle chercha à relever les ruines faites par cette terrible révolution qui ne sut que détruire les uvres charitables et nédifia rien à la place.
En 1804, il commença le Collège et létablit dans lancien couvent des religieuses Ursulines où il resta jusquen 1821. A cette époque où dautres religieuses Ursulines venues de St Chamond reprirent la maison, le Collège fut transporté dans le château des Evêques et y resta jusquen 1824 où il fut définitivement transporté dans lancien couvent des Capucins.
En 1805, M. Labruyère confia lEcole primaire à un nommé M. Lafond mort en 1868. Cétait un homme sérieux ayant de bons principes religieux. Son école était nombreuse, il sadjoignit M. Pigeol homme bien respectable aussi. Il est mort en 1874.
En 1815, M. Marcellin Pigeol rentrait dans ses foyers après avoir fait honorablement son service militaire ; il était alors âgé de 26 ans, et avait une conduite irréprochable. Son instruction laissait peu à désirer. Il ouvrit une école libre et il la faisait avec zèle ; le nombre de ses élèves devint considérable. Lannée suivante, il fut obligé de prendre un adjoint. Il fit choix de M. Vital [Lafond] homme qui était dune parfaite honorabilité. Arch. Lassal.
Ouverture de lEcole de Monistrol
II- Le 1er novembre 1823, les Frères des SS. Curs de Jésus et de Marie ouvrent dans la maison du Noviciat (maison Pagnon, située sur le chemin allant au hameau du Pinet, ayant appartenu à un révolutionnaire exalté nommé Pagnon) une école primaire pour les enfants de la localité, ce qui permet aux jeunes frères de sexercer à la pratique de lenseignement. R 127 Arch. Lassal.
Notes :
Et cest dans cette maison quà lété, on ouvrait une classe pour les enfants de la paroisse St I 44
Quelques mois plus tard, dans une des salles du Noviciat, on ouvrit une école où furent admis des enfants de la ville V.C. 113
Le progrès des élèves, la vigilance et le zèle des maîtres furent bientôt remarqués. Ces débuts, quoique modestes, étaient de bonne augure pour lavenir de luvre.
Par la suite, les élèves se présentèrent si nombreux quil fallut bientôt les loger dans un autre local.
Heureux des résultats obtenus, et voulant donner satisfaction aux vux des familles, M. le curé de Monistrol [Bonnet], en 1824, loua dans la ville un local qui fut transformé en maison décole. Le Frère Eugène fut nommé directeur de ce premier établissement. St I. 43-44 VC 113.
Notes
Les Frères se sont déterminés de louer une petite maison au milieu de la ville pour leurs classes et de conserver celle quils occupent pour le noviciat », écrit le Père Coindre, 15e lettre du 22-04-1825.
Ils faisaient la classe dans les bâtiments de lhospice Arch. Lassal.
Lécole était toujours en voie de prospérité ainsi que linternat. Leurs dévouements et leurs efforts étaient appréciés par les autorités locales. Cest ce quatteste une délibération du conseil municipal de cette ville en date du 7 mai 1826. Entre autres choses, il y est dit :
« LEtablissement des Frères du Sacré-Cur méritait, à tous égards, dêtre encouragé et soutenu parce quil rendait de grands services à la ville et aux communes environnantes
» VC 294
A partir de 1832, lécole de M. Pigeol fut communale, il recevait de la commune un traitement de cent francs, plus la rétribution scolaire.
En 1834, il recevait un traitement de deux cents francs, et le montant de la rétribution scolaire ; plus cent francs pour le logement. Arch. Lassal.
Mission dYssingeaux (1823)
A défaut darchives précises, la mission dYssingeaux est difficile à dater exactement. On sait pourtant quil y participa et sy fit apprécier de certains officiers ministériels
Cétait au moment où léglise était en construction (entre 1820 et 1828). Les villages de Beaux, Malataverne, Gorce, Boulong faisaient partie de la ville. La croix de mission placée près de léglise peut être celle de cette mission ou celle du jubilé de 1826. Elle avait été plantée sur la place du prieuré toute proche. R127
Le zèle du P. Coindre était aussi courageux que prudent et sage ne craignant ni les clameurs insensées, ni le blâme des méchants. Aussi, avec quelle énergie et sainte liberté ne flétrissait-il pas, non seulement le vice, mais encore les abus, de quelque nature quils fussent, les actes qui ne revêtaient pas le caractère du strict devoir et dune exacte probité !
Ainsi, à Yssingeaux, durant une mission quil y prêchait, il fit un acte de courage qui mérite dêtre cité ; avec la prudence, le tact et lhabileté de langage qui lui étaient si naturels, il séleva un jour avec force contre lamour excessif du gain, amour qui trop souvent se traduit en actes réprouvés par la loi divine. Dans son instruction, il visait surtout les profits sordides et injustes que certains officiers ministériels retiraient de lexercice de leurs fonctions.
Il est des gens que la vérité choque toujours, parce quelle les atteint. Or, parmi les avocats, les avoués, les notaires, les huissiers dYssingeaux, plusieurs ayant eu connaissance des sévérités du P. Coindre et de la hardiesse de sa parole, en furent vivement blessés. Sur les règles de la probité avaient-ils des reproches à se faire. Leur vertu, dans lexercice de leur charge, ne se trouvait-elle pas intègre en tous points ? Nous ne saurions le dire. Ce que nous pouvons affirmer, cest que, dans une réunion composée dhommes de loi et daffaires, après de violentes récriminations, on fit entendre des paroles de colère, de menace même, à ladresse du prédicateur. Ces propos violents, tenus contre lui, lui furent rapportés, mais il nen fut point ému.
« Ni les censures, ni les blêmes, ni même les menaces de ces messieurs ne meffrayent, dit alors le P. Coindre. Aujourdhui, à 7h du soir, je prendrai encore la parole sur le sujet que jai traité hier, sujet qui exige dautres développements. Quon veuille bien leur faire savoir à tous que je serais heureux de les compter au nombre de mes auditeurs, et que je les invite à venir entendre ».
Ce quayant appris, ils se rendirent, en effet, à linvitation du courageux missionnaire. A peine celui-ci fut-il entré en matière quils furent frappés dadmiration et de respect ; leurs injustes préventions ne purent tenir contre la force de ses raisonnements. Charmés de son talent comme de son énergie et de la sagesse de son langage, ils se retirèrent bien persuadés quil est des circonstances, dans la vie du ministre de lEglise, où le cri du devoir et de la conscience doit tout dominer, où les principes en jeu ne lui permettent pas de se taire, ni de transiger. Ces circonstances, le zèle éclairé du P. Coindre les saisissait toujours avec bonheur, heureux darracher les âmes aux étreintes du vice et de lerreur et de les placer dans les bras de la vertu. VC 227-230
Le 20/11/1823 Il reçoit la profession dune religieuse à Monistrol.
Remarque : elle est placée après celle du 20 décembre, car on ne les notait pas chaque fois. R 127
Procuration par M. André Coindre à M. François Vincent Coindre
[
] fut présent M. André Coindre, supérieur des Missionnaires de S.C. de Jésus, demeurant à Monistrol, département de la Haute-Loire, étant ce jour à Lyon en létude
Lequel a par ces présentes constitué pour son mandataire général et spécial M. François Vincent Coindre, aumônier de la maison de la providence de Fourvière, demeurant à Lyon,
Auquel il donne tout pouvoir de pour lui et en son nom venir à division et partage avec tous autres cohéritiers des biens immeubles dépendant de la succession de M. François Coindre, grand-père paternel du comparant, lesquels biens sont situés à Hyères, canton de Crémieux, arrondissement de Vienne, département de lIsère
vendre la portion échue audit comparant à (telle) personne et au prix, charges, clauses et conditions que le mandataire jugera le plus avantageux ;
En cas contestation à défaut de payement citer et comparaître devant tous juges et tribunaux compétents ;
A leffet de ce que dessus (passer) et signer tous actes et procès-verbaux, élire domicile, substituer et généralement promettant obligeant renonçant.
Fait et passé à Lyon, en létude lan 1823 et le 13 décembre, lecture faite, le comparant a signé avec les notaires. A.D.R. Casati 3 E 10658
11e lettre au Frère Borgia
[Monistrol, le 18 décembre 1823.]
Très cher frère,
Je vous envoie un brave jeune homme pour frère tailleur. Il désire quon lui donne à certains moments des leçons de lecture et décriture. Vous lui rendrez ce service. Nos frères ont quatre novices pour les classes. Le frère menuisier nest pas très fort pour son état ; on la mis à la cuisine ; mais dès que nous aurons quelquun pour le remplacer, nous pourrons vous lenvoyer si vous le voulez. Il na point de dot. Les frères Louis et Pierre ne vont pas mal pour le moment.
Le jeune homme recommandé par Monsieur Dufêtre est parti hier. Il pensait se former ici pour aller rejoindre son protecteur et remplir les fonctions que remplit ici le frère Bernard. Je lui ai dit que je nen étais point averti et que nous nenverrions point de frère détaché seulement mais simplement deux ou trois formant communauté69. Il a demandé alors à aller à Lyon pour consulter ses parents et ses protecteurs. Il a dit désirer continuer la fabrique sur laquelle il sétait exercé cinq mois. Son esprit est inquiet. Je doute que ce soit pour demeurer frère, mais bien plutôt pour apprendre un état et avoir une ressource en temps et lieu.
Note 69 : Le principe dun apostolat communautaire est clairement établi par le fondateur dès le début de la congrégation.
Faites-vous toujours payer ses mois davance aussi bien que les cinq semaines quil a passées ici. Si cependant il demandait à entrer et que sa marraine ne voulût pas payer, Monsieur Dufêtre a dit quil paierait les frais et je lui donnerai de suite avis de la nouvelle destination de son protégé.
Je vous embrasse dans les Saints Curs de Jésus et de Marie70 et vous invite à ne pas me bouder une autre fois et à ne plus me dire si cest pour moi que vous travaillez ou si cest pour la communauté. Calme, paix et confiance. La Providence, avec le temps, vous fera voir que ce nest pas en vain que je suis votre père,
Note 70 : Le reste de la phrase et la phrase suivante ont été biffés, postérieurement semble-t-il à la réception de la lettre, nouvel exemple de natures que le frère Borgia pouvait avoir effectuées sur certains documents qui le mettent en cause.
Monistrol, le 18 décembre 1823. Coindre.
Bien des choses à nos chers frères Xavier, Delon, Mathieu, Maurice, Gonzague, etc. et noubliez pas de donner de mes nouvelles à ma mère et à ma sur qui ne seront pas fâchées de savoir que je suis en bonne santé et que je ne les oublie pas. Loué soit Jésus-Christ.
Au très honoré, très honoré frère Borgia,
Directeur des frères de létablissement du Pieux-Secours,
Montée de la Butte n° 3
A Lyon. E.D. I97-98
Le 20-12-1823, il reçoit une profession à Monistrol
Partage dimmeuble (02/01/1824)
Entre les héritiers de Vve Coindre et Claude Coindre et Benoît Grivet
Et transport par lesdits cohéritiers de Vve Coindre et Jean Coindre à Claude Coindre
Furent présents :
Madame Marie Françoise (Miffet-Mislet) veuve de M. Vincent Coindre, rentière, demeurant à Lyon, Montée de la Butte n° 3, légataire à titre (universel) dun quart en jouissance des biens (délaissés) par son mari ; (inscrit) suivant le testament de ce dernier, reçu par Mtre Bellouard, notaire à Lyon le 21 février 1813 ;
Dame Marie Marthe Coindre (veuve) de M. François Pallière, rentière, demeurant à Lyon (susdit) Montée de la Butte n° 3 ;
Messieurs François Vincent Coindre, aumônier de la maison de la Providence de Fourvière, demeurant à Lyon, place de Fourvière. « Agissant tant en son nom personnel quau nom de M. André Coindre, son frère, supérieur des Missionnaires du Sacré-Cur de Jésus, demeurant à Monistrol, dépt. De la Haute-Loire ; Fondé de la procuration entièrement spéciale à leffet ci-après que ledit M. André Coindre lui a passée devant ledit Mtre Casati, lun des notaires à Lyon, soussigné et son confrère le 13 décembre dernier, et dont la Brevet original dûment enregistré est demeuré ci-annexé après avoir été fait mention de cette annexe par les notaires soussignés » ; Lesdits M. Coindre et François Vincent Coindre et ladite Veuve Pallière, seuls héritiers de droit de M. Vincent Coindre, leur père
Dune part
Claude Coindre, cultivateur, demeurant à Vernat, commune dHières, canton de Crémieux, arrondissement de Bourgoin, département de lIsère, étant c jour à Lyon en létude
Dautre part
Et M. Benoît Grivet, dégraisseur dhabit, demeurant à Lyon, rue de la Boucherie des Terreaux n° 6 ; « Acquéreur de la moitié dune pièce de vigne à lui vendue par M. Jean Coindre, tailleurs dhabits, demeurant à Lyon rue Tupin n° 26, suivant contrat passé devant ledit Mtre Casati et son confrère le 6 juillet 1822, enregistré ». Lesquels désirant procéder au partage de ladite pièce de vigne en ont formé 2 lots ainsi quil suit [suit la description, la situation, les servitudes des deux lots]
[
] Les lots étant ainsi composés, les cohéritiers Coindre en ont déféré le choix à M. Grivet ; ce dernier a déclaré quil prenait pour son compte le 1er lot et les cohéritiers Coindre ont de leur côté déclaré quils acceptaient pour eux le second ; en conséquence et par suite de ce partage M. Grivet est propriétaire incommutable à compter de ce jour du 1er lot et les cohéritiers Coindre (auront) à compter de ce jour la pleine et entière propriété du second et ils se font respectivement tous abandons de droits de propriété.
Et par ces mêmes présentes M. François Vincent Coindre tant en son nom que comme mandataire de M. son frère, Madame Veuve Coindre, Madame Veuve Pallière et ledit sieur Jean Coindre ci-dessus qualifié et domicilié et pour ce (intervenu) cèdent et transportent sans aucune garantie audit sieur Claude Coindre ce acceptant tous leurs droits dans les immeubles qui nont point encore été partagés et qui se trouvent dépendre de la succession du Sieur François Coindre leur père, beau-père et aïeul et de celle de Jeanne Nugues décédée, son épouse.
Dans ce transport ne sont point comprises les portions revenant à la veuve et aux enfants Coindre dans la vigne ci-dessus partagée ; ce transport est ait moyennant la somme de 100f que les (cédants) reconnaissent avoir reçus dudit sieur Claude Coindre dès avant ce jour et chacun dans la proportion de son droit.
Et pour lexécution des présentes les parties élisent domicile en létude dudit Mtre Casati auquel lieu nonobstant, promettant, obligeant.
Fait et passé à Lyon en létude lan 1824 le 2 janvier.
Lecture faite la dame veuve Coindre et lesdits sieurs Jean Coindre et Claude Coindre interpellés individuellement de signer par lesdits notaires ont déclaré ne le savoir, les autres parties ont signé avec lesdits notaires. Casati ADRh 3 E 10658
Le 24 janvier 1824- le P. Coindre reçoit la profession dune religieuse de J.M. à Monistrol. Ce fut la dernière célébration en cette première « Maison générale » de la congrégation. Il y eut encore quelques prises dhabit, les 25 avril et 5 décembre 1824, ainsi que le 7 avril 1825. R 129 et E 331
Du 18 janvier au 04 mars1824 - Mission de Blois (Loire et Cher),
Peu de temps après le rétablissement du siège de Blois, Mgr de Sausin, qui venait den prendre possession, en 1823, confia la direction de son grand séminaire à M. labbé Donnet, ancien membre de la société établie aux Chartreux V.C. 133
De SAUSIN (n. 1756)
Né à Orange en 1756.
Pendant la Révolution il se réfugia en Allemagne jusquen 1814.
Grand vicaire de Valence, saint et savant, ami de labbé DEVIE, il conseilla à ce dernier daccepter la charge dévêque pour le diocèse de Belley, qui venait dêtre rétablie en 1823. (Ces notes biographiques sont tirées de la vie de Mgr DEVIE par J. COGNAT, 1865)
Couvent dinfirmités, il fut contraint lui-même daccepter lévêché de Blois récemment rétabli en 1823.
Il commença par faire donner une grande mission, convaincu, comme les évêques de lépoque, que cétait une uvre prioritaire.
Avec Mgr [du Chilleau] et Mgr VARICOURT il se mit en devoir détablir une société de missionnaires placés sous le patronage de saint martin de Tours et la direction de M. DONNET. DUFETRE et VILLECOURT, anciens collaborateurs du père COINDRE dans le diocèse de Lyon, cherchèrent à se lattirer. Ce dernier consentit à les aider au début de 1824 pour un séjour de peu de durée. Le 1er décembre 1824 il soffrit à nouveau daller à Tours, mais il différa son projet.
Mgr de SAUSIN avait pu néanmoins apprécier son talent et ses vertus. Il lhonorait de son estime et de sa confiance. Il le pria de lui procurer un prêtre de mérite pour la direction de son séminaire.
Nous savons que le père COINDRE finit par soffrir lui-même. Mgr de SAUSIN sempressa de le nommer supérieur du séminaire, vicaire général et chanoine honoraire le 17 novembre 1825.
Mgr de SAUSIN fut nommé par ordonnance royale du 18 décembre 1834 à larchevêché dAvignon. Il refusa de quitter le diocèse quil administrait depuis plus de dix ans et où il recueillait chaque jour des témoignages de la plus profonde vénération que lui avaient mérité son esprit de conciliation et ses modestes vertus. R.n.b. 86-87
Ferdinand Donnet (1795-1882)
Né le 16 novembre 1795 à Bourg-Argental (Loire)[où son père était médecin], Ferdinand Donnet, après des études secondaires au collège dAnnonay, était entré à Saint-Irénée en novembre 1813, en même temps que Jean-Claude Colin et Marcellin Champagnat. Il fit avec eux toute sa théologie, mais, en raison de son âge, dut attendre quelques années la réception des ordres majeurs. Professeur dhumanités au collège de Belley de 1816 à 1819, il reçut la prêtrise le 7 mars 1819 à Grenoble, puis fut successivement vicaire à a Guillotière, missionnaire aux Chartreux à partir d »octobre 1819 jusquen 1821 où il donne, sous la direction du père André Coindre, les missions de Pont-de-Vaux et de St Etienne. Il ne fit pas non plus les vux de la société des Pères de la Croix en 1820.
Il devint curé dIrigny (Rhône) du 15 septembre 1821 au 30 septembre 1822. Le 15 novembre 1822, il est officiellement autorisé à aller comme missionnaire à Tours. Il devint supérieur des Missionnaires et St Martin de Tours qui venaient dêtre créés par Mgr du Chilleau, archevêque de cette ville. Pendant 5 ans, il parcourut les provinces de louest pour prêcher et acquit une réputation dorateur. Le Père Coindre vint ly rejoindre pour la mission de Blois en 1824. Par contre et comme en retour, cest Donnet qui préside la réunion de la Pieuse- Union le 31 juillet 1824. Il reçut le titre de Vicaire général de Tours et fut chargé de fonder un grand séminaire à Blois où le diocèse venait dêtre rétabli. Le Père Coindre lui succédera en 1826. Il est nommé à la cure de Villefranche (Rhône) le 24 août 1827. Là, son activité en faveur des écoles et son ministère dans les prions le rendirent très populaire.
Préconisé évêque de Rosa, coadjuteur de lévêque de Nancy [Forbin-Janson] le 6 avril 1835, il est sacré par ce dernier le 30 mai 1835 à Paris, il prit une grande autorité sur le clergé de ce diocèse, en labsence de Mgr Forbin-Janson. Il fit preuve dune même activité en faveur de lenseignement des clercs et des laïcs.
Nommé, le novembre 1836, archevêque de Bordeaux, il pratiqua tout au long de ses quarante-six années dépiscopat dans ce vaste diocèse, une stratégie de présence simple et affable, en multipliant les visites de paroisses et les constructions déglises. Il restaura la Faculté de théologie où il appela labbé de Salinis et qui devint un foyer détudes et de débats. En 1844, sa déclaration au sujet de la liberté de lenseignement rallia la grande majorité des évêques. En juillet 1850, il présida le concile de sa province. Créé cardinal le 15 mars 1852, il devait successivement présider les conciles provinciaux de La Rochelle (1853), Périgueux (1856) et Agen (1859).
Les trois nouveaux évêchés de Fort-de-France et la Réunion lui furent rattachés comme diocèses suffragants. Depuis 1867, il sétait fait lavocat de la cause de la béatification de Christophe Colomb. Au concile Vatican I, il fut membre de ce « tiers parti » modéré qui se prononça en faveur de lopportunité de linfaillibilité. Il estimait en effet nécessaire daffirmer la double autorité de lEglise et des pouvoirs publics, les deux « cités » devant sappuyer lune lautre pour assurer la construction sociale. Aussi, il tint à se distinguer de la politique intransigeante préconisée par Mgr de La Bouillerie quil avait obtenu pour coadjuteur en 1872 et qui devait mourir avant lui Il sattacha, au contraire, à pratiquer et à enseigner à ses prêtres une démarche de conciliation et de tolérance qui lui valut une grande audience dans le Sud-Ouest.
Il mourut le 23 décembre 1882. Ses instructions pastorales, lettres et discours furent publiés en 12 volumes de 1855 à 1883. Homme déternelle mémoire, « ami intime du Père Coindre » et acteur dune lettre forte appréciative pour la parution de la biographie dAndré Coindre (lettre de 1880).
Origines Maristes J. Caste G. Lessard, 1985, p. 42
R.n.b. p. 41-41
Dictionnaire de Monde religieux de la France contemporaine. Beauchesne, Avril 1994 J. Gadille
La mission de Blois (du 18 janvier au 4 mars 1824)
Lune des premières préoccupations de [Mgr de Sauzin] fut demployer à la sanctification du troupeau confié à sa sollicitude pastorale le moyen qui avait produit ailleurs de si beaux résultats. Il éprouvait le besoin de ranimer dans son diocèse le sentiment moral et religieux que lignorance, les passions et de fausses doctrines semblaient avoir desséché et dy faire fleurir les bonnes murs, alors en décadence dans toute la société.
« A aucune époque, écrit un biographe à ce sujet, à aucune époque luvre des missionnaires et des retraites ne fut plus opportune quau moment où, après les grandes commotions politiques de la Révolutions, la vie religieuse commençait à renaître dans le corps social si cruellement meurtri et ensanglanté. Aux coups que la hache révolutionnaire avait porté dans les rangs du clergé, succédaient les ravages non moins funestes de lâge et des infirmités. Chaque jour, en effet, les survivants du sacerdoce, voyaient se creuser autour deux des vides que leur dévouement ne pouvait combler. En vain le pasteur, devenu missionnaire, volait de paroisse en paroisse : sil suffisait à ladministration des sacrements ce nétait quà de rares intervalles quil pouvait rompre à son troupeau dispersé le pain de la parole sainte ; aussi la privation forcée dinstruction religieuse avait eu pour résultat, au sein des masses, une ignorance plus fatale que les fureurs mêmes de la persécution. Lépiscopat français comprit alors quelle responsabilité pesait sur lui, et quelles grandes choses il pouvait accomplir. Il ne faillit pas à sa tâche et créa luvre des Missions, qui fut sa gloire et sa consolation, et pour laquelle Dieu qui, aux jours de sa colère nefface jamais que pour écrire », sétait préparé « des prêtres selon son cur. »
Vie de Mgr Dufêtre
Préoccupé de cet état de choses lamentable à tous les points de vue, Mgr de Sausin, de concert avec NN. SS. De Montblanc, archevêque de Tours, et de Varicourt, évêque dOrléans, se mit en devoir détablir une société de Missionnaires pour évangéliser le centre de la France. Elle fut placée sous le patronage de St-Martin. M. Donnet, qui conserva son titre de supérieur du Grand séminaire de Blois, fut mis à la tête de ces missionnaires au nombre desquels étaient MM. Dufêtre, Lyonnet, Villecourt, anciens collaborateurs du P. Coindre dans le diocèse de Lyon, et, comme lui, tous déjà célèbres dans la carrière apostolique.
[« Au sujet de Mgr de Montblanc, M. Michel Laurencin, en sa qualité de membre de la Commission des archives diocésaines, - et au nom de M. Gatien archiviste du diocèse de Tours, - faisant réponse aux questions sollicitées, écrit ceci de Tours, le 6 juin 2007 :
« Au départ, la Société des Missions de St-Martin est une initiative de Mgr du Chilleau et non de son coadjuteur (plus tard archevêque de plein droit, 1824) Mgr de Montblanc]
En peu de temps, ils firent un bien immense dans les paroisses où ils sétaient fait entendre, et leurs succès répandirent un vif éclat sur les prêtres de St-Martin.
Note : Les Missionnaires de St-Martin, fondés en 1821, et dirigés par M. Donnet dès 1822 (il est alors âgé de 27 ans), évangélisèrent le Blésois. Labbé Dufêtre ly rejoint en 1823 avec 2 confrères : MM. Cherbonnières et Vivet.
Se rappelant avec quel bonheur le P. Coindre annonçait la parole sainte, ils eussent bien désiré de le voir se joindre à eux pour les seconder dans leurs missions. Ils lui écrivirent même et lengagèrent vivement à leur prêter le concours de sa vigoureuse et entraînante éloquence. Le P. Coindre répondit que, pour lors, il ne pouvait se rendre à leur désir sans compromettre lavenir des uvres quil avait fondées à Lyon et dans le diocèse du Puy.
Toutefois, sur les instances réitérées de M. Donnet, il consentit à leur faire une visite, et, accompagné de M. Eynac, il partit pour Blois, au commencement de janvier 1824. Il resta plusieurs mois parmi eux, et, par son active coopération, il leur rendit des services considérables.
Note- Le P. Coindre y rencontra les pères Mégret et Richard venus du Mans pour y faire un stage dapprentissage missionnaire et avec lesquels il devait former une nouvelle société de missionnaires du S.C. pour donner des missions dans ce diocèse et apporter des secours spirituels aux Frères de St-Joseph du Mans (1824-1828) et aux surs de la providence de Ruillé-sur-Loire, fondés par Jacques-François Dujarié. R 129
Ce fut durant ce temps queurent lieu les missions de Blois, de Tours, de Vendôme et de Montargis.
Note : [Mission de Tours, 1817 (janvier février). Mission de Vendôme (mars avril 1824)]
Celle de Blois fut commencée le 18 janvier 1824, et se termina le 4 mars suivant.
Note : [Mission de Blois du 18-01 au 4 -03- 1824, (et on comme lindique son biographe : « commencée le 18 janvier 1824 et se termina le 14 mars suivant », p. 136]
Les prédicateurs étaient au nombre de huit, savoir : MM. Donnet, Villecourt, Dufêtre, Nogret, Coindre, Eynac, Suchet et Marcel, tous hommes au cur dapôtre, et dont la vie était une prédication plus éloquente encore que leurs discours ; car, tout ce que lEglise avait alors de forces, de vertus et de grands caractères, elle lenvoyait prendre part à ces luttes et voler à la conquête des âmes. Ils eurent beaucoup à souffrir pour triompher des honteux procédés auxquels eut recours lesprit irréligieux pour entraver laction de leur ministère. En dépit de tous les efforts de lenfer, et en raison même des épreuves auxquelles elle fut soumise, luvre de Dieu fut admirable. V.C. 133-137
[Le Père Coindre a-t-il participé à la mission de Blois ?
Malgré des recherches intenses aux archives diocésaines de Blois, il na pas été encore possible de trouver un document attestant sa présence à la mission de Blois et/ ou ses environs. Mais faute de temps, les Registres paroissiaux de Blois et de ses environs nont pu être consultés.
Sources consultées
La mission de Blois en 1824 « publié en feuilleton dans la Semaine Religieuse de Blois du 11 mars 1911 au 30 septembre / 7 octobre de la même année, du P. F. Boulliau, 57 pages
Létude du P. Boulliau, directeur de la Semaine Religieuse, du 17 au 27 juin, 8 au 15 juillet, 2 au 9 septembre 1916, intitulé « Un supérieur du Grand séminaire,, fondateur dordre- M. André Coindre 1787-1826 », pp. 476-479, 521-525, 648-652.
La grande mission de 1824, en Loir et Cher et notamment à Blois, de Jean-Jacques Loisel, pp. 191-230, publiée dans « Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher », tome 56/ 2001.
Journal manuscrit de la mission à St Louis (cathédrale), Archives diocésaines de Blois, 112 pages, 5 E1
Imprimé de 13 pages : « Lettre de M. N*** à un de ses amis » ou Relation de ce qui sest passé à Blois, lors de la plantation de la Croix et autres Exercices de la Mission données par M.M. les missionnaires de Saint-Martin (4 mars 1824)
Extraits des registres des 3 paroisses (Saint-Louis, Saint-Nicolas, Saint-Saturnin (Vienne))
Mission prêchée par quelques missionnaires ?
Nous ne saurions absolument garantir le nombre exact des missionnaires blésois de 1824. En combinant les différentes données fournies par les registres des trois paroisses lesquels, il est vrai, ne sont pas nécessairement complets à cet égard et par un journal manuscrit de la mission à Saint-Louis, nous penserions quil y en eut en tout sept.
Dans ce calcul, Saint-Saturnin ne serait représenté que par une unité : M. Enac. Mais un viennois, dordinaire fidèle écho du passé de son faubourg, avait mis en avant un autre nom le seul, du reste, dont il se souvienne- transmis à lui par sa famille, celui de M Nivet ; et lexactitude de ce souvenir vient de nous être démontrée par une feuille imprimée que nous avons sous les yeuX. Elle porte pour titre : Souvenir de la Mission faite dans la ville de Blois, paroisse de Saint-Saturnin, année 1824, au mois de février, par moi. Ici se trouve un espace laissé en blanc ; mais au bas de la quatrième page, à la suite des Avis particuliers, on lit ces mots : Donné à M. [un blanc] par M. Nivel, [une correction à la main a changé ll final en un t] missionnaire de Saint-Martin. Et, de fait, quelques semaines plus tard, nous trouvons, parmi les prédicateurs de la grande mission de Vendôme, M. Nivet, « missionnaire de Saint-Martin en résidence de Tours. »
Le chiffre des missionnaire blésois séleva donc à huit au moins : trois à la cathédrale : MM. Donnet, Villecourt et Suchet ; trois à Saint-Nicolas : MM. Dufêtre, Nogret et Marcel ; deux à Saint-Saturnin : MM. Nivet et Enac. On ne sétonnera pas de trouver le faubourg moins largement partagé que les deux paroisses urbaines, si lon sait que Vienne était alors ordinairement sans vicaire, tandis que Saint-Louis et Saint-Nicolas en possédaient chacun deux. Doc. 1 p. 417
M. Loisel, dans son article (doc. 3, p. 193) en signale 8 aussi. Et il précise dans sa lettre du 22 janvier 2007, au Frère Jesus : « Pour ce qui concerne la liste des noms des huit prédicateurs de celle de Blois, je tire ma science dun long article du P. F. Boulliau (cf doc.1). Et il ajoute : « Je nai noté dans [mon] étude (doc.3) aucune allusion au P. Coindre.
Le P. Boulliau, dans son article sur létude du P. Coindre écrit : M. Coindre dut venir à Blois pour la première fois au commencement de 1824. Cétait lépoque de la grande mission prêchée à Blois par les Missionnaires de Saint-Martin, ses compatriotes, en tête desquels se trouvaient MM. Donnet, Dufêtre et Villecourt. Néanmoins, et en dépit dune affirmation de la Vie du Père Coindre, nous ne croyons pas quil y ait pris une part personnelle. Mais il missionna certainement sur le territoire de la juridiction de nos Missionnaires, Doc. 2 p. 522
Ce que nous savons sur ces missionnaires :
Donnet :
Son nom nest pas cité dans le Manuscrit (doc 3). Mais, « il y est constamment appelé M. le Supérieur des Missionnaires ou M. le Supérieur » p. 273.
Lidentité cependant nest pas douteuse ; et les Registres de la Paroisse Saint-Louis (cathédrale) font foi de la chose, en nous révélant plusieurs actes de baptêmes et de mariages, inscrits de janvier à mars 1824, et signés en caractères nets et bien ronds, du nom de Donnet, Supérieur des Missionnaires de Saint-Martin, doc. 1, p. 273
Dufêtre
Son nom nest pas mentionné dans le Manuscrit. Dans la relation manuscrite de la Mission à St-Louis, il est fait, à plusieurs reprises, mention dun missionnaire de Saint-Nicolas, venu de temps en temps prêcher à la Cathédrale, et qui semble avoir marqué par son éloquence et surtout par léclat puissant de son verbe. On le désigne ainsi : « un missionnaire à forte voix ; le missionnaire à forte voix, attaché à St-Nicolas ; le missionnaire à forte voix de St-Nicolas ; le missionnaire de St Nicolas ; cet homme extraordinaire par la force de sa voix qui retentissait dans toute léglise ». Sans aucun doute possible, ce « forte voix » était M. Dufêtre. Doc. 1 p. 562
Note :
Les qualificatifs attribués à « ce missionnaire » (non nommé) pourrait tout aussi bien être attribués au P. Coindre, comme il est dit à :
- 1821- la Mission de St Etienne (Loire) : « Jules Janin sextasie sur léloquence du P. Coindre comparé à Bridaine
. Prêchant sur lenfer
personne ne semblait vouloir quitter la place où la voix tonitruante de M. Coindre lavait comme enchaîné. P.S. 113
- 1821-1822 : la Mission dAnse :
la puissance de sa voix lui permettait de se faire entendre en plein air, par un immense auditoire id. 124
- 1823 : la Mission de Monistrol (Hte Loire) :
sur la place St-Louis sont réunis plus de 12 000 personnes
lorateur se fait entendre aisément jusquaux derniers rangs de cette foule, tant lardeur de son zèle a donné de puissance à sa voix naturellement éclatante
id. 123
- 1824 : la Mission de Blois : ce que je ne saurais oublier, cest que M. Coindre exerçait son apostolat avec un réel succès
doué quil était dune rare facilité délocution.
Témoignage de Mgr Nogret, plus tard évêque de St-Claude 1880
-1824 : la Mission du Monastier (Hte Loire) : témoignage dun participant à la mission. Surtout je noublierai jamais le P. Coindre, quelle force, quelle richesse de langage quand il annonçait les vérités de la Religion, sa voix émue et sonore
à la plantation de la Croix
il y déploie tout ce que léloquence qui vient du cur à de charme et de puissance
id. 174
- Témoignage de lun de ses confrères de prédication, M. Delphin : - plein dadmiration pour ses talent,
par la puissance de sa parole, il exerça une grande influence sur les populations. Id. 181
- Témoignage de Donnet : Depuis Bridaine, jamais parole aussi puissante navait retenti sous les voûtes sacrées qui pourrait se représenter la sonorité de lorgane
? à soixante ans de distance, jentends encore sa voix tonnante qui terrassait le pêcheur
son zèle et sa piété deux sources intarissables doù léloquence jaillissait à flots
Nous nous sommes retrouvés un peu plus tard ; avec votre cher Fondateur, dans les diocèses de Tours, de Blois, et dOrléans. 1880 id. 235
-Témoignages de H. Fraisse :
captivant les auditoires instruits par la solidité des doctrines et une éloquence qui venait du cur, entraînant les masses
par ses gestes animés et sa voix tonitruante
id. 235
- Témoignage du P. Ballet : léloquence de lorateur empruntait aux circonstances un caractère énergique qui secouait toutes les puissances de lâme
Après de tels sermons, on voyait les plus grands pêcheurs, terrassés par sa voix foudroyante et par la grâce
avait-il à développer les mystères de la Religion, à parler de Jésus-Christ, des joies et des triomphes du ciel ? Son langage avait alors je ne sais quoi de grand, de sublime, qui impressionnait vivement lauditoire
(vers 1870) id. 235
Il est certain dabord, que le futur évêque de Nevers missionna dans la paroisse de Saint-Nicolas en 1824 ; les registres portent plusieurs fois la signature : Dufêtre ; et au bas dun souvenir de la Mission faite dans la paroisse de St-Nicolas de Blois, (que nous avons sous les yeux), le missionnaire a signé : D. Dufêtre.
Au reste, la tradition orale,
est très affirmative sur ce point. Un Blésois nous disait naguère quil tenait de son père, témoin des événements, que lors de la grande et émouvante cérémonie qui eut lieu au cimetière durant la mission de 1824, cétait M. Dufêtre qui avait pris la parole et quon lentendait hors de lenceinte et de très loin. Dans la voix du fils qui rapportait ce témoignage, on sentait vibrer encore quelque chose de ladmiration paternelle pour ce grand missionnaire. Doc. 1, p. 562-563
Villecourt :
Dans le long journal manuscrit, presque toujours impersonnel, un nom éveilla notre attention : Devillecourt ou De Villecourt [mentionné 4 fois, à la fin du manuscrit : pp. 109-110
]
Les Registres paroissiaux de Saint-Louis
témoignent, à la date du 25 février, dune réhabilitation de mariage faite par « un chanoine missionnaire de Meaux », lacte est signé Villecourt Doc. 1 pp 417-418
Nogret :
Non cité dans le manuscrit
Les Registres paroissiaux de Saint-Nicolas font plusieurs fois mention de M. Nogret, comme témoin de mariages, sans doute réhabilités, et portent à différentes reprises, au bas de divers actes accomplis pendant la mission de 1824 cette signature : L Nogret Doc. 1 p 620
Suchet
Deux fois au moins dans le « journal manuscrit » de la mission à la cathédral, nous rencontrons le nom de M. Suchet
La relation manuscrite de la Mission à la Cathédrale lappelle « jeune missionnaire » (p 101) Doc. 1 p 512
6-7-8- Marcel, Nivet, Eynac :
Du troisième missionnaire de Saint-Nicolas, M. Marcel, et des deux missionnaires de Vienne, M.M. Nivet et Enac (Enoc (sic), Loisel, doc. 3, p. 193), lhistoire semble navoir conservé aucune trace appréciable.
Doc. 1 p. 621
9- Coindre, selon son biographe :
Comment se fait-il que lon cite M. Eynac (accompagnant le P. Coindre à la mission de Blois (biogr. p. 133), alors que le P. Coindre nest pas même mentionné dans les documents cités plus haut ?
M. Boulliau (ne devait pas connaître le P. Coindre, ou navait pas entendu parler de lui), pensons-nous. Mais à la suite de la visite du Frère Basilien Couderc, après 1910, qui lui offrit la « Biographie du P. Coindre et un article consacré au fondateur des F.F du S.C., (annuaire n° 4 pp. 7-38), M. Boulliau a peut-être voulu réparer un oubli, en écrivant un article sur le P. Coindre, dans la Semaine religieuse (cf doc. 2). Dans cette hypothèse, il ne se serait pas attaché précédemment à repérer la mention du P. Coindre dans les registres paroissiaux (au sujet de la Mission) de Blois.
Le champ dapostolat de ces missionnaire ne se limitait pas aux prédication dans les trois paroisses : Sr-Nicolas, St-Louis, St-Saturnin (Vienne). « Comment, en effet, résister à des hommes, (écrit M. Boulliau, Doc. 1 p 734) qui depuis le premier jour jusquau dernier se sont montrés toujours infatigables ; et même souvent excédés de travail, ils ne sarrêtèrent jamais, visitant les malades, les confessant, les administrant, sans jamais considérer ni plaindre leur peine, allant souvent dans les campagnes pour y célébrer les saintes mystères et y prêcher
leur zèle en cette rencontre reçut la seule récompense quils désiraient. Daprès ces causes apostoliques, ils ont vu revenir à Dieu une grande quantité de gens qui résistaient de toutes leurs forces à la grâce divine, et blasphémaient la Religion et son adorable auteur quils ne connaissaient pas
Les mêmes succès les ont accompagnés dans les retraites quils donnèrent au collège (M. Gaudeau, principal), au Petit Séminaire et aux autres communautés religieuses, où ils neurent quà renouveler la piété et fortifier les bonnes résolutions.
M. Boulliau napporte aucune référence à ce sujet. A notre connaissance dailleurs, aucune recherche na été faite là-dessus, (si les documents existent !).
En létat actuel des recherches, faute de documents, il ne paraît guère possible dêtre aussi affirmatif que le biographe du Père Coindre (V.C. 133-134). Cependant on possède plusieurs témoignages qui confirment sa présence et son action à la mission de Blois et/ou ses environs.
Témoignage Villecourt :
« Cest là [à Fournir] que M. Villecourt, lui rappelant les succès merveilleux quil avait obtenu dans ses missions
lui écrivait : « Vous avez enlevé tous les curs sur les bords du Cher et de la Loire, comme autrefois à St-Etienne, à Tarare, à Pont-de-Vaux
Epuisé selon le corps, mais riche selon lesprit des dépouilles que vous avez ravies à lenfer, vous avez donc bien fait daller prendre quelque repos dans le diocèse natale
» V.C. 138-139
Notons que le 28-02-1824, il [le Père Coindre] présida le Conseil de Congrégations des Curs de Jésus-Marie (Lyon), que le 29-02, il préside lassemblée de la « Pieuse-Union, à Fourvière.
Témoignage Nogret :
[
] Je me le rappelle fort bien, en 1824, jétais jeune encore et prêtre depuis décembre 1822. Je remplissais simplement les fonctions de Vicaire de Saint-Martin, en léglise métropolitaine de Tours, à laquelle M. Donnet, supérieur des Missions diocésaines, memployait de temps en temps, sans que je fisse partie de sa congrégation, uniquement comme auxiliaire pour accroître le nombre des missionnaires nécessaires dans lentreprise de ses bonnes uvres. Ce que je ne saurais oublier, cest que M. Coindre exerçait son apostolat avec de réels succès, doué quil était dune éminente piété, dun zèle remarquable et dune rare facilité délocution [
] V.C. XVII-XVIII L. A. Nogret, ancien évêque de St Claude
Ces quelques considérations nous laissent finalement sur notre faim et ne nous permettent pas de conclure dune façon formelle sur la présence et la participation du P. André Coindre à la mission de Blois.]
« Déjà, écrivait lami de la Religion, une magnifique communion générale avait largement récompensé les efforts des Missionnaires. Monseigneur voulut lui-même présider lauguste cérémonie. En 2 jours, 3 600 femmes et 2 00 hommes sapprochèrent de la Table sainte.
Le lendemain, le prélat donna la confirmation à environ 1 200 personnes. Lélan était général dans toute la ville. On a vu revenir à Dieu des hommes quun long éloignement avait déshabitués des pratiques de la religion » T. 39, p. 138 ?
La plantation de la croix de mission offrit un des plus saisissants spectacles. On vit le préfet du département, 3 députés, plusieurs généraux, les membres du tribunal courber leurs épaules sous le fardeau sacré. Vie de Mgr Dufêtre.
Cependant le P. Coindre éprouvait le besoin de se rapprocher de ses familles religieuses : cétait un père impatient de se retrouver au milieu de ses enfants, après une longue absence. Dailleurs, après trois mois de travaux (en fait : 6 semaines, entre le 7 janvier et le 29 février tout au plus R 131), auxquels il sétait livré avec toute lardeur de son âme et limpétuosité de son zèle, quelques jours de repos lui étaient nécessaires pour rétablir ses forces épuisées.
Il se rendit à Lyon, dans sa communauté de Fourvière (sauvée par M. Mioland, - leur conseiller en labsence dAndré Coindre, - des intrigues de Mgr Bochard R 131)
Cst là que M. Villecourt, lui rappelant les succès merveilleux quil avait obtenus dans ses missions dont il fut lun des ouvriers les plus infatigables, lui écrivait :
« Vous avez enlevé tous les curs sur les bords du Cher et de la Loire, comme autrefois à St-Etienne, à Tarare, à Pont-de-Vaux
Epuisé selon le corps, mais riche selon lesprit des dépouilles que vous avez ravies à lenfer, vous avez donc bien fait daller prendre quelque repos dans le diocèse natal
»
V.C. 138-139
VILLECOURT (1787-1867)
Né à Lyon le 9 octobre 1787 près des Bains Romains.
Sa bonne mère, qui connaissait la vocation de son fils, lutta contre les refus du père et finit par obtenir son consentement.
Ses études terminées, il fut placé chez un avoué pour sinitier aux questions de droit. Mais son désir de se donner à Dieu ayant triomphé, il fut ordonné prêtre à Noël 1811.
Fut professeur ; vicaire à Mornant, Saint-Chamond, Roanne, Saint-François à Lyon ; aumônier de lhôpital général à Lyon ; curé de Bagnols.
Il quitta le diocèse et prêcha avec succès.
En 1823 il fut un des prédicateurs de la célèbre mission de Tour, avec MM. DONNET, DUFETRE, NOGRET, EYNAC, MARCEL, ALLIGNOL, MEGRET, NIVET, CHARBONNIERE, prêtres distingués, qui sont presque tous arrivés à une position élevée.
En 1824 COINDRE, accompagné dEYNAC, se rendit à leur invitation pour prêter son concours aux missions du Blésois : Blois, Tours (1817), Vendôme (mars-avril 1824), Montargis. Peu de temps après son retour, le père COINDRE reçut une lettre louangeuse de Mgr VILLECOURT : « Vous avez enlevé tous les curs sur les bords du Cher et de la Loire, comme jadis à Saint-Etienne, à Tarare et à Pont-de-Vaux (les frères Eugène et Daniel affirment quil avait été le compagnon du père COINDRE à Lyon) ; vous avez donc bien fait, épuisé selon le corps, mais riche, selon lesprit, des dépouilles que vous avez ravies à lenfer, daller prendre quelque repos dans le diocèse natal. »
Il devint supérieur des missions et du grand séminaire de Meaux, vicaire général de Mgr de COSNAC à Sens, évêque de La Rochelle en 1835 et en 1855, cardinal en résidence à Rome.
Le cardinal VILLECOURT est mort à Rome le 17 janvier 1867. R.n.b. 88-89
M. Nogret, lun des missionnaires de St-Martin, et qui devint plus tard évêque de St-Claude, lavait vu à luvre pendant son séjour à Blois. Il avait remarqué en lui les qualités et les vertus qui doivent caractériser le ministre de la Parole évangélique et il rend ainsi témoignage :
« Je me le rappelle fort bien, en 1824, jétais jeune encore et prêtre depuis décembre 1822. Je remplissais simplement les fonctions de vicaire de St-Martin, en léglise métropolitaine de Tours, à laquelle M. Donnet, supérieur des Missions diocésaines, memployait de temps en temps, sans que je fasse partie de sa congrégation, uniquement comme auxiliaire, pour accroître le nombre des missionnaires nécessaires dans lentrepris e ses bonnes uvres.
Ce que je ne saurais oublier, cest que M. Coindre exerçait son apostolat avec de réels succès, doué quil était dune éminente piété, dun zèle remarquable et dune rare facilité délocution. Aussi a-t-il ramené au bercail du Sauveur dinnombrables âmes qui sen étaient éloignées.
Si
vous mettez son intéressante biographie au jour, je sollicite la faveur dun exemplaire, pour rafraîchir ma vieille mémoire des faits, fruits édifiants qui sattachent à sa vie si belle et si sainte
»
Poligny le 11 octobre 1880 - + L. A. Nogret, ancien évêque de St-Claude. V.C. XVIII 133-139
Nomination de Mgr de Pins, administrateur apostolique du diocèse de Lyon
Léon XII tenta darriver à une solution prompte et rapide
Il était prêt à nommer un administrateur pour gouverner lEglise de Lyon
Louis XVIII choisit Mgr de Pins, Evêque de Limoges depuis 1 an et par le Bref du 22 décembre 1823, le Saint- Père le nomma administrateur apostolique du diocèse de Lyon, le nommant en même temps archevêque dAmasie.
Le Cardinal Fesch Hélène Colombanie (Albatros) 199-200
Arrivée de Mgr de Pins
Rappelons-nous que lobstacle, le refus des vicaires généraux- spécialement du vicaire général Bochard se fondait sur labsence du diocèse du cardinal Fesch, et sur son refus de démissionner. E 326
Le mercredi 18-02-24, à midi, ladministrateur fait son entrée solennelle; 2 escadrons le précèdent et le suivent, à la descente du pont de Change il est reçu par le chapitre, les curés, le séminaire ; il est conduit processionnellement au son du canon et installé à la primatiale. Réunis dans le salon, plusieurs sont présentés individuellement. Je préfère lêtre le lendemain en particulier
Javais assisté avec le chapitre, à lentrée.
Le lendemain, tous les missionnaires en corps sont présentés à Mgr ladministrateur, nous nous bornons à des généralités ; laccueil est fort bienveillant. Mioland E 329
25-02-1824- Mgr de Pins a manifesté son intention de conserver, consolider et étendre même létablissement des missionnaires des Chartreux, de leur procurer la sanction si auguste et si importante du Saint-Siège. A cet effet Monseigneur nomme M. Mioland supérieur de cet établissement au spirituel et au temporel, et le charge de prendre, aux fins ci-dessus, tous les renseignements
et documents nécessaires. (livre des délibérations du conseil archiépiscopal ; p. 127) M. Mioland aura peut-être écrit à ce sujet au P. Coindre, supérieur des missionnaires de Monistrol, puisque Monseigneur le contactera 4 mois plus tard. R 131
Le 28-02-1824 Enterrement de Jean-Baptiste, comte de Charbonnel du Betz, maire de Monistrol ; le collège est nommé en second aux rangs des participants : M. Quioc, notaire, devient maire le 19 avril 1824. Conseil municipal de Monistrol ; Registre n° 4
Le 04-03-1824- Plantation de la Croix de mission à Blois.
Fin de la mission de Blois ; Il ny est donc pas resté jusquau bout, loin de là. Il était pressé par ses uvres de Lyon, fatigué et impatient de se retrouver au milieu de ses enfants. Et, de plus, on lattend avec impatience au Monastier où la mission est ouverte. R 133
Mars-Avril 1824 Mission du Monastier.
Le P. Coindre resta peu de temps à Fourvière. Quelques jours de repos lui avait suffit pour se mettre en était de reprendre ses travaux de prédilection. Le Monastier (Hte-Loire) fut le nouveau théâtre de son zèle ? Là, de pieux pasteurs et les fidèles lattendaient avec impatience. Voici quelques détails intéressants sur les exercices qui y furent présidés par notre saint missionnaire ; nous les devons à lobligeance de 2 témoins oculaires :
« Dans le mois davril 1824, une grande mission fut prêchée au Monastier, nous écrit lun deux. Jétais jeune encore, mais déjà mon esprit et mon cur souvraient aux impressions du bien et de la vertu. Nest-il pas, du reste, des souvenirs du jeune âge qui restent gravés dans lâme en traits ineffaçables et des émotions que ne peuvent affaiblir ni les années, ni les rudes épreuves de la vie ?
Cette mission fut donnée par MM. Coindre, Eynac [il nest donc pas resté à Blois] et Mercier ; M. Mialon était chargé des catéchismes et des chants. Je dois le dire, tous les prédicateurs furent admirables de dévouement et déloquence populaire. Leur tâche était grande ; ils sen acquittèrent avec un plein succès.
Surtout, je noublierai jamais M. Coindre, ce prêtre vraiment apostolique, au port majestueux, à la taille imposante, aux traits nobles, au cur ardent. Mais que dire de son zèle et de son amour pour les âmes ? Afin de les attirer à Dieu, quelle tendresse dans ses accents, quelle force, quelle richesse de langage nemployait-il pas ? Quand il annonçait les vérités effrayantes de la religion, sa voix émue et sonore, ses discours animés portaient la terreur dans les consciences. Sa parole, resplendissante de foi et de charité, éclairait les esprits, attendrissait les curs, subjuguait les volontés les plus rebelles.
La mission souvrit sous les plus favorables auspices. Qualités, vertus des prédicateurs, concours actif du clergé, heureuses dispositions des esprits, tout vint contribuer à lui donner une efficacité merveilleuse. Les pasteurs des paroisses environnantes, suivis de nombreux fidèles, assistaient aux exercices ; de toutes parts, on sempressait de répondre à lappel du Seigneur.
Aux instructions les plus solides et les plus touchantes, les Missionnaires joignaient des conférences dont le principal caractère était lintérêt joint à la charmante simplicité du langage. Ces entretiens familiers avaient pour objet, soit lexamen de quelque point de morale, soit de la réforme des murs et lextirpation des abus qui pouvaient exister dans les paroisses. Placé en chaire, le P. Coindre avait en face de lui lun de ses collaborateurs qui lui soumettait des cas de conscience sur lobservance et linfraction des lois divines. Les questions étaient choisies suivant les besoins et les intérêts religieux des populations. Quant aux réponses, elles fournissaient des règles pratiques pour les détails de la vie, réfutant les erreurs populaires, dénonçant les fraudes plus ou moins indirectes qui se commettaient dans la vente des animaux, des denrées, etc.
Ces conférences firent beaucoup de bien. Il en fut de même du tribunal de conciliation que présidait le P. Coindre, secondé par des assesseurs choisis parmi les hommes les plus éclairés du canton. Grâce à limpartialité et à la sagesse de ses décisions, qui étaient toujours acceptées par les intéressés, des différends et des procès prirent fin, des restitutions se réalisèrent pour bien des familles, lunion et la paix en furent les précieux résultats.
Un autre moyen de salut fut aussi employé avec beaucoup de succès : cétait le glas funèbre qui, quelques jours avant la fin de la Mission, se faisait entendre dans le silence de la nuit et réveillait dans les âmes la pensée de la mort. Les fidèles devait alors prier, afin que le son lugubre des cloches allât retentir dans les curs rebelles à la voix de la grâce. Ces efforts et ces prières réitérées, auxquels on ajoutait un De profondis, ne demeurèrent sans doute point inefficaces, même pour les plus récalcitrants.
Je me souviens encore que le P. Coindre réunit un jour les fidèles au cimetière. Là, quel tableau saisissant ne fit-il pas de la brièveté de la vie et du néant des choses de ce monde ! Il peignit en caractères de feu cet affreux état où la mort nous réduit et que notre sensualité et notre délicatesse craignent si fort denvisager. Les assistants étaient vivement émus, consternées. Tous songeaient, non sans frémir, aux affreux ravages de cette mort dont limage leur était reproduite sous les traits les plus saisissants. Pénétrés de douleur et de crainte, ils avaient présentes à lesprit les scènes solennelles qui se passent à la dernière heure du moribond et au seuil de léternité.
Tout fut mis en uvre pour intéresser les fidèles et les porter à faire de dignes fruits de pénitence ; tant defforts, tant de zèle furent bien récompensées. Dieu avait béni luvre des missionnaires. Aussi, de quels touchants spectacles ne furent-ils pas témoins. Que de conversions sérieuses ! Que de divisions éteintes ! Que de réformes salutaires ! Combien de victimes arrachées au vice, de torts réparés, de misères secrètes adoucies !
Parmi les conversions nombreuses, opérées dans le cours de la mission, il faut mentionner celle de ces hommes dont le nom rappelait de si douloureux souvenirs. Je veux parler des sans-culottes, devenus la terreur du pays, aux jours sanglants de la Révolution, et que lon avait vus se livrer à tous les excès de la tyrannie et de la cruauté. Touchés par la grâce, ils brisèrent les chaînes qui les avaient longtemps privés dans les voies du mal, sestimant heureux de goûter le bonheur que procurent le retour aux pratiques de la foi et linnocence reconquise.
Arriva enfin le grand jour, celui où chacun, après sêtre purifié dans le bain salutaire de la pénitence, devait sapprocher de la Table-Sainte. La communion générale fut magnifique. Quel beau spectacle offraient tous ces chrétiens pleins de foi et de piété ! Ils avaient tous la croix de mission sur leur poitrine.
Note : Dix ans plus tard, jai vu beaucoup dhommes fiers et heureux de porter cette croix sur leur habit du dimanche ; et, dans les familles, on en voyait une qui était fixée au bénitier de la maison. Pour eux, cétait un beau jour de fête, un avant-goût de la paix et du bonheur des cieux.
Le même jour eut lieu une bien touchante cérémonie, la rénovation des promesses du baptême. Dans un discours plein donction et de force, comme dans les eaux du baptême, ainsi que le prix et lexcellence des grâces dont il lenrichit, de lhéritage inestimable quil lui destine ! Il me semble le voir et lentendre encore, invitant, de sa voix puissante, les fidèles à renouveler leur profession de foi catholique, à redire leurs serments, , à ratifier leur promesse comme chrétiens, enfants de Dieu et de lEglise, comme frères de J. C. et portait un cierge allumé. Des chants exécutés avec un entrain indescriptible animaient cette cérémonie, lune des plus touchantes pour moi dans le cours de ma jeunesse. Lenthousiasme sétait emparé des âmes ; lémotion était générale. La foi exerçait son pacifique empire sur cette foule de chrétiens, parmi lesquels, avec la grâce, elle avait fait tant de conquêtes, remporté de si glorieux triomphes.
Après cette belle cérémonie, il y eut lamende honorable au S.C. Ce fut alors que M. Coindre invita les fidèles à demander, en public pardon des fautes dont ils sétaient rendus coupables. Lui-même se prosterna, en présence de la foule, afin de solliciter, en sa faveur, la divine miséricorde ; et sécriant avec laccent de la plus vive douleur : « Pardonnez, Seigneur, Pardonnez à votre peuple, votre indigne ministre, afin que vous ne soyez pas éternellement irrité contre nous ».
La veille de la clôture des exercices fut, en partie consacrée aux préparatifs de la fête qui devait couronner luvre des prédicateurs. Déjà, on possédait un beau Christ et une croix de grande dimension, qui allait sélever dans la ville pour y perpétuer le souvenir de la mission. M. Coindre, dont le caractère était de frapper par les cérémonies les plus majestueuses et les plus touchantes, voulut donner le plus grand éclat possible à celles qui devaient avoir lieu le jour suivant. Ordre à garder, chants divers, évolutions propres à produire les plus heureux effets, etc. Il organisa tout en vue de la procession générale : ce fut en présence dune foule immense réunie sur la place où la Croix devait être fixée.
Le lendemain, la cérémonie commença de bonne heure e ne se termina que vers 1h de laprès-midi. Toutes les paroisses voisines sy étaient rendues processionnellement. Jamais on navait vu entraînement si général et telle affluence. La ville du Monastier avait un air de grande fête. Missionnaires, pasteurs et fidèles, tous exultaient, tressaillaient de bonheur. Sous lempire des émotions les plus paisibles et les plus délicieuses, tous semblaient oublier les choses et les tristesses de la terre.
Enfin, le signal est donné, tout sébranle. Quel touchant spectacle offre cette foule qui savance à pas lents dans lattitude la plus respectueuse, au son des cloches, au chant des hymnes et des cantiques ! Quelle magnifique manifestation religieuse de la part de cette multitude de chrétiens, réunis dans une même pensée, un même sentiment, transportés de joie et donnant, par leur piété, un éclat relief à la fête ! Après un long parcours, la procession arrive sur la place du couvent. Là, le christ monumental est fixé à la croix quon élève aux regards émerveillés dune immense population. Placé sur une estrade, M. Coindre prononce ensuite un discours dans lesquels il donne de sublimes enseignements sur le mystère de la Rédemption ; il y déploie tout ce que léloquence qui vient du cur à de charme et de puissance pour jeter dans les âmes les ardeurs de la divine charité.
De touchants adieux mirent fin aux exercices de la mission : adieux solennels, accueillis par des larmes et des sanglots unanimes, adieux suprêmes, jusquau revoir dans léternelle patrie !... V.C. 141-150
Dans le même temps, ses communautés le réclament : on le trouve à Lyon et à Monistrol.
Le 25-03-1824, il assiste à une vêture à Monistrol.
Du 01-04 au 06-05 Mission à Rosières, prêchée par les missionnaires diocésains : MM. Havon, Gatty, Louat et Mercier. En souvenir une croix de bois fut érigée. Cette mission atteignit 2000 F de dépenses. Une confrérie du Saint-Sacrement fut ouverte cette même année.
08-04 Ordonnance royale relative à linstruction publique. Elle confie pratiquement la surveillance de lenseignement primaire aux évêques. R 133
12e lettre du Père Coindre au Frère Borgia
Monistrol, le 24 avril 1824.
Mon très honoré frère,
Les détails que vous mavez donnés dans vos dernières lettres mont procuré la plus vive satisfaction. Je partage vos pensées sur la réunion avec Saint-Just ; formez des ouvriers et si la réunion sopérait un jour, ce serait en conservant la maison de la Butte indépendante71
Note 71 : Il y avait à Lyon, dans un quartier voisin du Pieux-Secours, une providence Saint-Just dont la fondation lui était antérieure. La proximité des deux établissements rendait possible u projet de collaboration dautant plus que M. Greppo, curé de la paroisse, figurait au nombre des souscripteurs de luvre du père Coindre.
Ladmission de tous vos enfants par Monsieur le curé pour la première communion annonce que vous les avez bien instruits et cultivés ; cest là un des grands biens de votre vocation et qui doit toujours vous soutenir tous dans toutes vos peines. Un petit mot dencouragement de ma part au petit frère Louis qui paraît sacquitter bien de son emploi. Le petit Pollet est bien gentil et méritait bien les encouragements que vous lui avez donnés.
Puisque vos métiers commencent à bien aller, jai pensé quil fallait bous envoyer des ouvriers. Je vous envoie, à ce que je crois, deux braves jeunes gens qui ne savent pas un mot de français mais qui ont bonne volonté ? Je crois quils seront encore susceptibles dapprendre un état. Ils paieront leurs trois mois davance, et au bout de ce temps-là, on leur dira sils peuvent réussir ou non. Je ne leur [ai] pas fait voir la chose en beau et rien na pu les décourager. Ils sont arrivés quatre du Monastier à Monistrol ; nous vous enverrons volontiers encore les autres si vous pouvez les occuper. Ces montagnes fourmillent de jeunes gens qui veulent aller en communauté. Eprouvez-les bien mais toujours avec prudence.
Il paraît quà la Toussaint, nous ferons un établissement important de frères au Monastier72 72. On nous cédera un château qui a besoin de quelques réparations et nos frères pourront avoir un assez grand nombre de caméristes et dexternes pour y faire le bien et sy soutenir. Mais on demande une belle plume pour toutes les écritures. Il y a là une nombreuse bourgeoisie, une huitaine de chevaliers de Saint-Louis, etc. Le frère Noël sera-t-il dans le cas ou bien faudra-t-il vous en envoyer un dici ? Dites-moi ce que vous en pensez.
Note 72 : Cest à la demande de Monsieur le curé Jammes du Monastier que le père Coindre ouvre le 1er novembre 1824 une école dans cette commune. Il y avait prêché une mission en mars et avril précédents. Les archives de la commune conservent le premier prospectus de linstitut que nous connaissions. Voir 1- 11- 1824
Je félicite César davoir pris le haut bout et je linvite à continuer. Nous donnerons, cette année, les prix au mois daoût. Je lui promets une montre en argent sil continue et sil y est encore.
Quand vous aurez un bon frère tailleur ou cordonnier pour portier, vous me le direz, parce que le petit frère Pierre gille denvie détudier. Il se présente tant de jeunes gens pour [devenir] frères que nous allons en être inondés sans savoir comment les occuper. Ils savent tous travailler la terre et rien [de] plus. Il nous faudrait un domaine pour le leur donner à cultiver, comme font les trapppiste73 73 ; mais où en trouver largent ? Sils pouvaient à cet âge réussir sur la fabrique, on pourrait augmenter latelier de soierie de celui de menuiserie et, lannée prochaine, vous bâtir une aile de bâtiment. Mais il faudrait être sûr davoir le revenu de largent. Le marchand de figures de plâtre que mon frère [a rencontré] avait vingt mille francs à placer. Sil voulait les prêter pour dix ans à cinq pour cent, on pourrait espérer avec les dots des frères et les économies, se liquider au bout de ce temps. Voyez ce que vous en pensez.
Note 73 : Le père François Coindre reprend cette idée lorsquil veut diviser les frères en deux catégories : instituteurs et agriculteurs ; à cet effet, il envisage dacheter une métairie mais il se heurte à un refus catégorique de larchevêché de Lyon. Cf. registre des délibérations de larchevêché, 1824-1827, à la date du 27 juin 1827.
Je voudrais pouvoir vous envoyer de suie [les] deux autres nouveaux venus. Les voulez-vous ? Ils perdront leur temps ici. Nous en aurons un ou deux bons dici à la quinzaine. Il y en aura un qui sera un bon économe ; il mène un gros train de domaine et aura une huitaine de mille francs. Mais il faudra que la maison qui laura ait aussi nos deux autres qui ont bien la tournure de deux pionniers mais qui ne sont pas moins bons.
Ecrivez-moi de suite à Rosière par Yssingeaux. Je crois laisser le père aumônier à Lyon. Cependant, si la mission bronchait à Riotord, je lappellerai de suite. Elle commence demain. Ceux qui y sont, sont MM. Eynac, Mialon, Fabre, Escofier ; et on nous y voulait sept ou huit.
Nous sommes à Rosières MM. Mercier, Havon, Louat, Gatty et moi.
Jenvoie à nos dames de Fourvière plusieurs articles de leurs règles qui vous serviront un jour. Faites-les-leur passer de suite.
Tout à vous, votre père,
Coindre.
Au très honoré, très honoré frère Borgia, directeur des frères de létablissement du Pieux-Secours,
Montée de la Butte n° 3, près du pont de Serin,
A Lyon, Rhône
N.B. La lettre comporte curieusement une seconde adresse qui laisserait supposer une réexpédition au père François Coindre, pour information au sujet de la mission de Riotord :
Monsieur Coindre, aumônier, des Dames des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie,
Place Fourvière n° 3, à Lyon E.D. I 99-102
Le 25-04-1824- Début de la mission à Riotord.
Lui-même avec Gatty se rend à Rosières (lettre 12) pour la dernière quinzaine. Il admet à une vêture à Monistrol-sur-Loire.
Le 28-04- Lettre de larchevêque de Tours (Mgr de Montblanc) à Mgr de Pins se félicitant davoir reçu de si bons missionnaires de Lyon.
« A la suite dune mission dans le diocèse ils sont allés faire une excursion apostolique à Blois et Vendôme
Pouvais-je mopposer au désir dun évêque voisin et au zèle des bons missionnaires
»
Juin Mission à St-Maurice-de-Lignon, peut-être bien en juin, où se trouve la croix de la mission de 1824.
Juin 1824- Mgr de Pins appel au P. Coindre pour organiser une nouvelle société missionnaire.
Puissant en uvres et en paroles, le P. Coindre fut lun des hommes suscités de Dieu pour faire le bien avec de merveilleux succès. Ses fondations, revêtues du caractère des uvres divines, lascendant et la force de sa parole sur les âmes, sa piété modeste, ses aptitudes solides et variées, tout avait fixé sur lui lattention du clergé, lui avait valu lestime et la confiance des prélats de France. Plusieurs même se disputèrent ses éminents services. Après Mgr de Salamon Francoze, ce fut Mgr de Pins qui sollicita le concours de ses lumières, de son esprit organisateur et de son expérience.
Limpiété avait porté de rudes coups à lEglise, foulé aux pieds « les principes éternels dordre et de justice sans lesquels il ny a ni religion, ni famille, ni société » (cardinal Donnet) ; seul, lenseignement chrétien pouvait arracher la France de labîme où elle était tombée et préserver les âmes périls de lépoque.
Frappé dun besoin qui se faisait sentir partout, Mgr de Pins se mit en mesure de recourir à ce grand moyen de régénération sociale : il entreprit de fonder à Lyon une Société de prêtres qui, grâce à de fortes études, seraient à même de conserver intact le dépôt des sciences ecclésiastiques et qui, par de solides prédications, ramèneraient à la foi une multitude desprits égarés. V.C. 151-154
Le 12 décembre 1823, Mgr de Pins, évêque de Limoges, est nommé administrateur du diocèse de Lyon dont Lon XII avait déchargé le cardinal Fesch le 12 novembre précédent. Le nouvel archevêque fait son entrée le 18 février 1824. Ainsi sachevait une longue période de près de dix années durant laquelle le diocèse était aux mains des vicaires généraux ; les communautés religieuses avaient eu particulièrement à souffrir de cette situation qui avait déterminé, en partie, le départ du père Coindre pour la Haute-Loire.
Dans un premier temps, le nouvel archevêque entend « conserver, consolider et étendre même létablissement des missionnaires des Chartreux, [
] leur procurer la sanction si auguste et si importante du Saint-siège ; à cet effet, Monseigneur nomme M. Mioland supérieur de cet établissement au spirituel comme au temporel et le charge de prendre, aux fins ci-dessus, tous es renseignements [
] et documents nécessaires » (Délibération du conseil archiépiscopal citée par Jean Roure, op. cit. , p. 131). Le supérieur des Chartreux est nommé membre du conseil de larchevêque.
On trouve durant cette année 1824 plusieurs autres preuves de lintérêt de Mgr de Pins pour les Pères de la Croix de Jésus et, de façon plus générale, pour les missions paroissiales. Il écrit à la comtesse de Paris le 30 août : « A Lyon, nous avons les éléments dun corps de missionnaires pour la France [
] jai besoin de lintérêt du Roi » (ibid., p. 137) ». Le 22 septembre, il sollicite du souverain une somme de six cents francs pour chacun des trente sujets réunis dans linstitution de la Croix-Rousse dont il entend faire un centre de formation préparant simultanément des professeurs de philosophie, un corps de missionnaires, des théologiens et des canonistes.
Pourtant, en même temps, il relève les Missionnaires de la Croix de Jésus de leurs vux parce quils « lui paraissent un mystère quil ne pouvait sexpliquer » (ibid., p. 143) ; par là même, il rompait le dernier lien quils auraient pu conserver avec M. Bochard, leur fondateur, qui sétait ostensiblement retiré du diocèse à larrivée du nouvel « administrateur » dont il contestait la légitimité. En nommant Jean-Marie Mioland chanoine et vicaire général, Mgr de Pins réaffirme, au-delà des questions de personnes, son estime et sa confiance à légard des Chartreux.
Cest dans ce contexte que Mgr de Pins, au printemps de 1824, propose au père Coindre dorganiser à Lyon une société de prêtre que de fortes études prépareraient à devenir de nouveaux docteurs dans lEglise. La réputation des missionnaires de la Haute-Loire a franchi les limites du département ; André Coindre rentre de Blois où il a prêté main-forte aux Donnet, Dufêtre, Lyonnet et Villecour. Le frère Pierre Zindt pense quayant rencontré à cette occasion les pères Mégret et Richard venus du Mans pour y faire un stage dapprentissage missionnaire, il aurait envisagé de former avec eux une nouvelle société de Missionnaires du Sacré-Cur, à laquelle seraient venus sassocier les Frères de Saint-Joseph du Mans et les Soeurs de la Providence de Ruillé-sur-Loire.
Lhistorien se demande même si André Coindre nesquissait pas alors le plan dune vaste société missionnaire du Sacré-Cur dont les activités sétendraient à la France entière
(Les nouvelles congrégations de frères enseignants en France, de 1810 à 1830, saint-Genis-Laval, 1969, p. 328 et 370). Les relations antérieures avec le père Rauzan, fondateur des missions de France, comme lampleur du projet exposé à Mgr de Pins, ne permettent pas de balayer dun simple revers de la main cette hypothèse quaucun document ne vient cependant étayer. La demande de Mgr de Boisville, évêque de Dijon, à laquelle le père Coindre fait allusion dans sa réponse à Mgr de Pins, irait dans le même sens.
[ Note 1:
Dans sa lettre du 10 juin 1824, à Mgr de Pins, Monsieur le Vicaire général de Blois, avait sollicité « lenvoi » de prêtres ou même des élèves pour létat ecclésiastique « lyonnais ».
Réponse de Mgr de Pins du 18 juin : « je me vois dans limpossibilité de vous en envoyer
dans les circonstances actuelles
« je me propose moi-même den former un nouveau (établissement) auquel je désire donner le plus grand développement, et pour cela, il faut un nombre considérable dEcclésiastiques
»
A. EV. De Blois 1 D 9 E.
Note 2 :
En mai et juin 1824, larchevêché méditait dajouter encore [au Noviciat de N.D. de lHermitage (Loire)] un Centre de Hautes Etudes Ecclésiastiques et den faire le Centre des Missionnaires Diocésains Maristes, auxquels il aurait uni les Pères rescapés de la Société de la Croix de Jésus et la congrégation des Sacrés Curs de Jésus et de Marie du Père André Coindre, le tout sous la direction générale de ce dernier. Au contraire labbé Jean-Claude Colin, qui se démenait alors beaucoup pour la Société de Marie, pensait unifier les deux tronçons Maristes des diocèses de Belley et de Lyon sous le supériorat général de lancien professeur de morale et directeur spirituel des Maristes au Grand Séminaire, Jean-Claude Cholleton devenu vicaire général de Mgr de Pins. Toutes ces tractations échouèrent, écrit le F. Zind
Note 3 :
Les statuts de la Congrégation des Frères Mariste, « faits à lHermitage de Notre dame, sur St Chamond, Loire, le 15 janvier 1825 » prévoyaient un Supérieur Général élu pour 3 ans (et rééligible) par un Chapitre, présidé par lArchevêque, comprenant 6 Frères Directeurs décole et tous les Frères profès domiciliés à la Maison-Mère (art. 5). Cela suppose évidemment que les Petits Frères de Marie ne feraient point partie de la Société de Marie encore en désir de se constituer. Il demeure évident que le P. Champagnat serait séparé de ses Petits Frères de Mare, pour être incorporé dans « un grand établissement » que Mgr de Pins pensait alors fonder à Lyon. Il sagissait d »une grande uvre ecclésiastique », dune société de Missionnaire, de professeurs de Petits Séminaires et de professeurs pour les « grandes études ecclésiastiques » groupant les Pères de la « Société de la Croix de Jésus » du V.G. Bochard, enfui à Ménestruel (Ain), les candidats à la « Société de Marie » de Courveille, et des Pères de la « Société des Saints Curs de Jésus et de Marie » dAndré Coindre. Ce dernier esquissa les statuts de cette nouvelle « Société » fondée par lArchevêque qui comprenait des Prêtre Agrégés » et des « Prêtres Réguliers ».
Cf. - M. Champagnat son uvre scolaire dans son contexte historique Zind. Janvier 1988-202-203-251
A la même époque (au printemps 1824 : A. 93-21), Mgr de Boisville, évêque de Dijon, avait, comme bien dautres prélats, vivement à cur de former dans son diocèse des hommes apostoliques, exclusivement employés à luvre des missions, et dy multiplier les fruits de grâce et de salut. A cet effet, il résolut, lui aussi, de créer une société de Missionnaires quil désirait envoyer combattre partout les préjugés, lignorance et le vice, entretenir le zèle pari le clergé, la piété et lusage des sacrements chez les fidèles.
Pour lorganiser, il jeta les yeux sur le P. Coindre et fit des instances pour lattirer à Dijon. Le P. Coindre, dont le zèle ne connaissait ni repos, ni bornes, aurait bienvoulu létendre jusque dans cette partie de la Bourgogne qui manquait douvriers évangéliques. Ce fut avec peine quil refusa de se rendre aux sollicitations de Mgr de Boisville, car déjà il avait engagé sa promesse pour répondre au vu dun autre prélat. (Mgr de Pins). Dailleurs, les intérêts de ses uvres, déjà nombreuses, ne lui permettaient pas de songer pour lors, à dautres entreprises de ce genre. ] V.C. 154-155
Cest au cours de loctave de Pâques, ou plus vraisemblablement de la Pentecôte de 1824, quil expose à Mgr de Pins son projet pour « le grand établissement » de hautes études théologiques envisagées à Lyon. Nous ne possédons quune copie incomplète de ce courrier, retranscrite dans un cahier de vingt-quatre pages de 19 sur 27 cm environ dont une rectification a réduit les marges extérieures, copie conservée aux archives générales de Rome sous la cote A01.025. Des mentions ultérieures ont été inscrites sur les pages de couverture, les indications de classement no. 1 A sur la première, « Papiers concernant M. Coindre » sur la dernière. Le texte couvre treize pages, soit les pages 3 à 15 de ce cahier non folioté.
Les cinq premiers paragraphes constituent la lettre denvoi du document non daté mais que la critique interne, les « deux ans dépreuve » pour Monistrol dont la fin « arrive aux vacances prochaines », permet de situer en juin 1824, date généralement avancée. Dès le départ, André Coindre marque son intérêt et son enthousiasme pour le projet, rappelant au passage à Mgr de Pins son attachement à) ce « diocèse qui est aussi le mien » ; il ne cache pas lampleur quil envisage de donner à une telle uvre et sa volonté de la « rattacher à quelque chose de fort [
], de lui faire pousser ailleurs de nouvelles racines ».
En bonne rhétorique, le dernier paragraphe annonce le plan, étudiant successivement lopportunité, lutilité, les bases ou statuts, voire lexécution de cet ambitieux projet. Le dernier point nest pas développé dans la copie conservée, lauteur lui-même précisant que le temps lui ferait peut-être défaut pour en traiter. Un seul sous-titre « Opportunité et utilité » marque le rapport du plan.
Dans une première partie de caractère plus historique qui sétend sur dix paragraphes, André Coindre expose toutes les ressources offertes par le diocèse pour permettre la réalisation du « grand établissement » projeté par Mgr de Pins, sans toutefois accepter den restreindre le développement à la seule juridiction du prélat ; il lui fait valoir tout le bénéfice que lEglise de Lyon pourrait retirer dune telle institution, bien digne de la Primatie des Gaules, réussissant là où la capitale a échoué.
A partir dun tableau assez sombre de létat des sciences ecclésiastiques vingt années après le Concordat, le père Coindre démontre la nécessité de luvre dont il dresse les plans. Il met le doigt sur les insuffisances de l recherche théologique, de la science du droit canonique ou de lart oratoire qui faisaient la gloire de lEglise gallicane ; il déplore la rupture causée par la période révolutionnaire dans la tradition de formation intellectuelle et de direction spirituelle du clergé assurées dans les séminaires. Il retrouve alors les accents du missionnaire pour exhorter le prélat à la réalisation rapide dun projet dont il présente les statuts.
La suite de la lettre, cest-à-dire la majeure partie, commente ces statuts dont une copie séparée avait peut-être été jointe au courrier ; en effet, on ne retrouve au il de la lettre que le texte de onze des quinze articles auxquels il est fait allusion. A la différence des documents concernant les pères de Monistrol, cette ébauche de statuts insiste sur laspect spirituel de lengagement dans la société, étudie la portée des vux et consacre même un paragraphe au costume avant daborder les questions de gouvernement.
Le but général exposé à larticle 1 dépasse rapidement le souci de perfection personnelle pour prendre en compte des objectifs qui lui apparaissent prioritaires dans le contexte : « Relever lhonneur du sacerdoce et remédier aux plaies profondes que les révolutions du dernier siècle ont fait aux clergé et aux fidèles ».
Alors que les textes similaires sen tiennent habituellement aux aspects fondamentaux de la vie religieuse et aux grandes lignes dun apostolat réduit à ses principales orientations, lactualisation de ce texte peut surprendre : il est typique du climat de contre-révolution dans lequel baignent les missionnaires.
Dans une congrégation cléricale telle que celle quenvisage le père Coindre, les problèmes de juridiction doivent être définis de façon très précise. Instruit par lexpérience, il sattache à régler clairement le statut de la maison-mère et des filiales, les relations avec les évêques, en attendant une éventuelle approbation pontificale.
A linstar de celle des pères de Monistrol, cette société decclésiastiques admet aussi des frères servants. Mais surtout, elle se divise en réguliers et agrégés dont les droits et les devoirs réciproques sont exposés en détail. La règle de saint Augustin constitue le cadre général ; le vu dobéissance qui devait sans doute faire lobjet de développements ultérieur - est retenu comme le seul nécessaire ; le vu de stabilité, prononcé ordinairement après dix années de vux temporaires, est requis pour les charges de supérieur.
Un long paragraphe insiste sur la nécessité de lesprit de communauté, tout en prenant en compte les contraintes de létude et de lapostolat ; après un court article consacré au costume qui ne se distingue de celui des prêtres que dans le vêtement de chur après dix années de vie communautaire, la section consacrée au gouvernement nest québauchée.
Ces statuts restent incomplets et lon sait que le naboutira pas. Les registres du conseil de larchevêché de Lyon nous apprennent la requête faite par André Coindre en novembre 1824 « de confondre son uvre des missionnaires du Puy avec celle des Pères de la Croix de Lyon ». Cette demande sinscrit dans la logique de son projet. Protestant de son obéissance au premier général que nommerait Mgr de Pins, il sengage également au nom de ses confrères de Monistrol, après accord de Mgr de Bonald.
Le 1er décembre 1824, le conseil trouve « inadmissible » le projet de fusion et autorise André Coindre à « aller à Tours sans cesser dappartenir à Lyon » (cité par Jean Roure, op. cit., p. 143). Il ne se rendra pas auprès de M. Donnet mais il signe, quelques jours plus tard, à Monistrol, les statuts qui régissent les Pères du Sacré-Cur.
La décision du conseil de larchevêché sonne le glas dun grand dessein qui aurait pu faire revivre la Société nationale des missions dont rêvait le cardinal Fesch et quil avait installée dans la Chartreuse en 1806. André Coindre et Jean-Marie Mioland, qui lavait selon toute vraisemblable engagé dans cette entreprise, ne pourront que déplorer la grande occasion perdue.
Complémentaires de ceux de Monistrol, les statuts préparés pour les Missionnaires de Lyon nous confirment la qualité spirituelle, lampleur de vues et les dons dorganisateur dAndré Coindre. En acceptant de prendre en charge luvre que lui propose Mgr de Pins, il relève un défi et pense trouver enfin une uvre à sa mesure. Les intérêts particuliers ont eu raison de son audace ; les temps nétaient peut-être plus où une telle uvre eût pu vivre et se développer. Pour ses contemporains comme pour ses disciples, son nom reste attaché à légal des Rauzan et des Forbin-Janson, aux grandes missions de la Restauration qui lui ont permis de révéler ses talents dorateur et dapôtre.
Lettre du père André Coindre à Mgr de Pins de Lyon : 1824
Monseigneur,
Depuis que Votre Grandeur a daigné pense à me faire entrer pour quelque chose dans le grand établissement quelle pense fonder à Lyon, une multitude de pensées se sont succédé dans mon esprit ; et comme malgré moi, je me suis livré à de profondes réflexions.
Si je neusse été attaché à aucune uvre commencée, si les circonstances présentes nétaient point si impérieuses que je pusse user de délai, je me serais confié tranquillement à votre prévoyance épiscopale, attendant lheure et le moment où elle voudra commander ; mais vous le savez, je tiens à une uvre dans le diocèse du Puy ; jai promis à tous quaprès deux ans dépreuves, toutes choses seraient constituées ; je leur ai communiqué mes pensées. Je sais à peu près ce dont ils sont daccord ; la fin des deux ans arrive aux vacances prochaines, je dois tenir parole.
Dun autre côté, je sens le besoin de rattacher luvre à quelque chose de fort, ou de lui faire pousser ailleurs de nouvelles racines ; et aujourdhui la faculté men est offerte par Mgr de Dijon, dont voici la lettre toute récente qui mattend après cette octave.
Je sens, comme vous le pensez, ce que je dois à Votre Grandeur et à votre diocèse qui est le mien. Mais jai dû, dans cette circonstance, mouvrir entièrement à vous, vous communiquer mes pensées et mes sentiments, abuser peut-être de votre bonté pour entrer dans ce qui est de votre domaine, former un projet de statuts, vous en parler même comme sils étaient arrêtés, afin déviter toute circonlocution. Vous me le pardonnerez, Monseigneur, mais je veux que vous me connaissiez, afin que, si mes idées sont divergentes des vôtres, vous me dissiez franchement : cela ne me convient pas. Comme aussi, si jai deviné vos pensées, vous me disiez dune manière certaine et positive, nallez pas plus loin, luvre est commencée.
Vous ne serez donc point étonné, Monseigneur, si je prends à votre égard le langage dun rapporteur de commissions, et si je vous dis, pour bien faire connaître à Votre Grandeur que jai examiné le projet quelle a conçu sous le point de vue de son opportunité, de son utilité de ses bases ou statuts, et si le temps me le permettait, de son exécution.
Opportunité et utilité
Oui, il est opportun, eu égard à lheureux été de lEglise de Lyon, de former sur un plan vaste et fécond, une grande uvre ecclésiastique, dabord profitable à ce diocèse, et ensuite par ses ramification, aussi utile aux autres que le tronc est utile aux branches qui en dérivent.
En effet, une vérité vous a frappé, et elle a frappé plus dune fois tous ceux qui connaissent Lyon : cest que, peut-être de tous les diocèses de la catholicité, cest un de ceux qui offrent le plus de ressources pour les genres de bien. Bien utile à lui-même, utile aux diocèses étranger, utile à la France, je dirai presque à lEglise universelle.
Vous le savez, il est riche en sujets par le clergé qui est formé et par le clergé quil espère ; il est riche en moyens pécuniaires par les ressources inépuisables de sa charité ; il est riche par les nobles sentiments de tant dâmes sublimes, quaucun obstacle ne rebute ; qui sexpatrient pour sauver les âmes ; qui portent la franchise et la douceur à où on ne les paie que de ruses, dorgueil et de perfidie ; aussi, si je puis mexprimer ainsi, est-il comme le désiré des nations et lattente des peuples.
Tous les yeux sont fixés sur lui, toutes les congrégations désirent sy fixer ; les évêques réclament son secours, les habitants des Iles e du nouveau monde lui tendent les bras et lui envoient des suppliants pour demander des apôtres. Dans cet état qui prouve sa prospérité, tout en faisant craindre quon vienne de toutes parts pour lui enlever ses richesses et les mettre comme au pillage, il était digne de Votre Grandeur de ménager ses trésors, non par avarice, mais pour que la prodigalité du présent ne consumât pas lavenir, pour quen enrichissant les autres, Lyon ne sépuisât lui-même, pour quen doublant et triplant la force de ses sujets, par là même tout le bien quil devait entreprendre fût doublé et triplé dun seul coup.
Par là, vous modérez le zèle qui pourrait être trop ardent sans le retenir ; vous laissez à lesprit apostolique les grandes pensées que Jésus-Christ communiquait à ses apôtres lorsquil leur disait Euntes docete omnes gentes ; mais comme le divin maître, vous dites aussi Requiecite pusilum donec inducamini virtutes ex alto.
Alors les intérêts de votre diocèse seront ménagés sans rétrécir les grands curs qui ne veulent point resserrer ni leur dévouement ni leurs succès apostoliques. Une foule de bons sujets demeureraient dans le diocèse, sattacheraient à cette uvre sous la direction de ses chefs. Ils iront moins senrôler dans dautres qui leur sont inconnues et encore moins commencer des uvres partielles qui ne se rattachent à rien, car cest sous ce point de vue que nous sentons nous-mêmes sont utilité pour es diocèse étrangers.
Les uvres que nous y avons commencées, et que nous pourrons les y continuer [sic], ne sont plus soutenues seulement par des hommes isolés, abandonnés à leur propre force, sans espérance dêtre secourus. Si un ou deux individus importants venaient à leur manquer, ils porteront leur regard vers la maison-mère ; et ne fourni[rait] t-elle encore personne, elle soutiendrait encore par ses espérances, par la confiance quelle peut inspirer à ceux qui voudraient partager nos uvres, et qui ont besoin dêtre rassurés par quelque chose de fort et de puisant.
Mais ce nest point des vues particulières des intérêts locaux de deux ou trois maisons de missions, de trois ou quatre petits séminaires, de trois ou quatre diocèses, qui doivent fixer nos pensées ; cest lintérêt général de lEglise de France qui, de tout temps, a été célèbre par le savoir et les vertus éclatantes de son clergé. Aujourdhui, si ce clergé brille encore par léclat de ses vertus, brille-t-il de même par léclat de sa science ? Que sont devenus ces hommes vénérables qui avaient blanchi dans létude et lenseignement des sciences théologiques ? Où sont ceux qui nous disaient il y a quinze ans : je compte plus de quarante années de supériorité dans un séminaire ?
Partout on saperçoit plus, il est vrai, dans les autres diocèses que dans celui-ci, de la grande lacune que les malheurs des temps ont laissée dernière nous dans la carrière des sciences ecclésiastiques. Combien comptons-nous de théologiens célèbres ? de casuistes renommées ? dhommes versés dans la science du droit canonique ? combien avons-nous dorateurs chrétiens qui marquent dune manière sensible ? Quelques-uns réellement célèbres sinclinent déjà vers la tombe ; mais où sont leurs successeurs ? Si quelque circonstance grave exigeait une assemblée générale de lEglise, chaque évêque de France pourrait-il y conduire avec lui deux théologiens ?
Nos malheurs sont immenses, tout le monde les déplore mais qui y remédie ? Depuis vingt ans, on entend partout parler des projets des grandes études ecclésiastiques, tout le monde les appelle et cette uvre est encore à éclore. La capitale en a bien formé le projet. Vous seul, Monseigneur, vous seul êtes digne de lexécuter ; vous laviez sans doute désiré avant davoir connu notre partie mais le ciel qui nous avait faits pour vous et qui vous a fait pour nous, vous a fait trouver ce que vous désiriez et nous a amené ce que nous désirions tous, un pasteur, je ne dis pas assez, un père par excellence, qui trouvera en nous des enfants dévoués, des hommes qui comme vous désirent le bien général de lEglise de France. Les grandes études commenceront donc à Lyon la première année de votre administration apostolique.
Mais, dira-t-on, comment réunir tant de choses différentes, tant de ministères qui semblent divergents ? Comment réunir la vie sédentaire des théologiens à la vie active des missionnaires ? Comment associer sous le même étendard des régents de petits séminaires avec des hommes destinés à devenir docteurs de lEglise ? La différence des emplois ne fait rien quand on est de la même famille ; si un même esprit, une même fin réunit tout et cest pour cela que le premier article des statuts porte que : cette congrégation sera une société decclésiastiques qui, tout en travaillant à leur perfection individuelle, se proposent de relever, autant quil est en eux, lhonneur du sacerdoce et de remédier aux plaies profondes que les révolutions du dernier siècle ont fait au clergé et aux fidèles.
Le but est général, pour tous ; et tous, avec des moyens divers, peuvent se rendre utiles au clergé et aux fidèles.
Les moyens quils emploient, dit le deuxième article, sont dabord : la pratique des vertus sacerdotales et des conseils évangéliques selon la forme des statuts parce quil faut, comme le Sauveur, commencer à faire et nenseigner quaprès. Coepit facere et docere ; des conseils évangéliques selon la forme des statuts parce que peut-être si on voulait tous les imposer, la plupart resteraient en arrière ; et en suite les grandes études ecclésiastiques, léducation de la jeunesse dans les séminaires, linstruction des peuples dans les missions, les retraites, autres uvres de zèle. Voilà bien de quoi satisfaire les vues différentes des inclinations diverses des théologiens, des régents et des missionnaires.
Une grande difficulté a dû se présenter : cétait le moyen de faire quune même congrégation fit le bien dans des diocèses différents en ménageant les droits épiscopaux de chaque chef de diocèse et le plus court moyen a paru de mettre au troisième article que la congrégation ne forme aucun établissement [que du consentement] et sous lautorité des ordinaires.
Comme la maison chef-lieu doit avoir une grande influence sur les autres, on a dû craindre que NN.SS. les évêques des diocèses étrangers redoutassent quune portion de leur clergé reçût des lois de Mgr larchevêque de la maison-mère et cest pour cela que le quatrième article porte que : si la maison de Lyon est le chef-lieu de toutes les autres, si le chef de ce diocèse en est le protecteur-né, il emploie la société pour le bien de son diocèse et nétend point sa juridiction sur les maisons des diocèses étrangers.
Une autre difficulté plus grande a dû se présenter : cétait dorganiser dune manière aussi large que forte, les éléments si disparates qui doivent former un même corps. Si ce corps se présente avec toute laustère sévérité de la vie religieuse, sil faut absolument renoncer à tout pour en être membre, elle écarte des grandes études, de lenseignement et des missions une multitude de bons sujets qui ne se sentent pas assez courageux pour en venir là et qui, la plupart, ny sont pas appelés, car lEglise de Jésus-Christ dans la grande majorité de ses ministre est formée de vicaires, de curés, de chanoines, de grands vicaires, de saints pontifes qui après tout ne sont pas journellement tirés du cloître.
Comme nest ce corps respectable qui renferme le plus grand nombre de ceux qui sont ou qui seront les organes de lEglise enseignante, il lui faut donc des docteurs plus que de tous les autres ; et encore une fois, doù les tirera-t-on ? Où se formeront-ils ? Ce ne sera pas dans lexercice dun ministère public qui absorbe tous les moments. Ce sera bien plutôt dans le calme de la vie retirée, ce sera dans une solitude qui, favorisant es utiles médiations de la jeunesse et des premières années de lâge mûr, nenvironnera pas pour toujours le prêtre de ces barrières qui lexcluent du corps agissant des pasteurs mais lui laissera la facilité den partager les nobles travaux, devant Dieu et devant les hommes ; et voilà pourquoi il est dit dans le sixième article : le corps de la société se compose dagrégés et de réguliers.
Les agrégés sont les ecclésiastiques qui coopèrent au bien de la Société en suivant les règlement des emplois quon leur confie, des maisons quils habitent, vivant en bonne intelligence avec les autres membres de la congrégation, sans prendre aucun engagement ni par vu ni par presse avec le corps de la Société. Par là, chacun est libre de rester dans la vie de communauté comme den sortir selon que le dit le septième article : ils peuvent se retirer en avertissant quelques mois davance, accepter de leurs évêques respectifs, sous la juridiction desquels ils vivent toujours, les emplois et les charges du saint ministère auxquels ils veulent bien les appeler.
Mais parce quordinairement une corporation dont les membres peuvent se détacher quand ils veulent [comporte] dans soi un principe de mort et de dissolution parce que ceux qui désirent être à la tête des grandes études ne doivent pas être des hommes passagers qui naient fait que les effleurer mais des hommes stables qui aient pali sur les livres et qui y aient blanchi. Il doit être nécessaire que, dans une pareille institution, il y ait des docteurs permanents qui y soient engagés pour toujours. Je sais que tout e monde navouera pas cette conséquence, quon présentera lexemple de sa Société de Saint-Sulpice qui existe sans faire aucun vu ; je lavouerai mais je dira ce qui a été dit par quelques-uns : que son existence est un miracle continuel et quil ne faudrait pas sen promettre un semblable pour toute autre institution.
Dailleurs, Saint-Sulpice, qui mérite sans contredit notre admiration et nos éloges, voit cependant tous les jours ce quon avait vu rarement avant la révolution : linstabilité de plusieurs de ses membres qui quittent lenseignement pour exercer le saint ministère surtout lorsquon les laisse prêcher et administrer le sacrement de pénitence.
Le diocèse du Puy en renferme cinq ou six exemples très récents et je me suis laissé dire que le supérieur général sétait réservé aujourdhui le pouvoir den accorder la permission, tant la tentation de quitter la solitude est grande quand on sest livré une fois à la vie active, tant sont vraies ces paroles : cella bene custodita dulcessit ; male custodita taedium generat. Et combien sera [-t-elle] donc grande à plus forte raison [pour] les prédicateurs doffice, les missionnaires habituels, dont le mouvement devient pour ainsi dire lâme, le changement, une nécessité, qui voyant laisance des uns, la dignité des autres, peuvent se laisser prendre par ces différents appâts, peuvent quelques fois, après avoir commencé cette carrière animés dun zèle apostolique, ne la continuer quen nen conservant que les dehors, courant peut-être au fond du cur moins après les âmes quaprès la fortune, faisant du saint tribunal et de la chaire évangélique les premiers degrés pour y arriver.
De là, ces dislocations de plusieurs établissements qui donnaient à la France de grandes espérances et qui ont perdu leurs meilleurs sujets. Or, si une organisation forte eût resserré leurs divers membres, il est à croire quon nen fût point venu là.
Dailleurs, si une obligation constante de tendre à la perfection ne presse pas, ne poursuit pas tous les jours le missionnaire, si elle ne fait pas taire une multitude de petites passions, il sera bientôt un des hommes les plus malheureux, le plus tenté dabandonner la prédication, nul emploi où les passions humaines au milieu dun ministère saint ne soient pus en présence ; tandis que les sulpiciens, dans le silence dun séminaire, font tranquillement leur clase de dogme ou de morale sans que linjustice de leurs auditeurs blesse leur amour-propre et excite entre eux des rivalités, les missionnaires sont, par leurs prédications et par des auditeurs qui veulent distribuer les réputations à leur gré, mis malgré eux en concurrence les uns avec les autres.
Aujourdhui, cest le talent réel qui a la vogue ; demain, cest lesprit le plus superficiel ; dans cette paroisse, cest le supérieur qui lemporte ; dans cette autre, cest le plus faible de ses inférieurs, et si celui-ci na pas assez de bon sens pour se connaître, sil prend toutes les louanges quon lui donne pour des vérités, si ses prétentions augmentent à mesure quon le flatte, sil croit que le supérieur méconnaît son mérite parce quil ne le mettra pas toujours le premier, quel sera le supérieur réel de cette mission ? Sera-ce celui qui a droit de commander ? ou celui qui, régnant sur la multitude, croit aussi pouvoir régner sur ceux qui ne légalent pas et, par conséquent, sur son supérieur quon suppose ici avoir moins de succès ?
Sil refuse quelque prédication obscure, sil refuse à lhomme enflé de vanité un exercice éclatant, ne lirritera-t-il pas et puisque celui-ci est libre de se retirer quand il veut, ne menacera-t-il pas de son départ au moment où il se croit nécessaire ?
Il faudra donc que le supérieur souffre, tolère, caresse même la vanité sil ne veut rien briser avec des hommes qui font profession dindépendance, qui ne vous regardent que comme primus inter pares et forciter inter majores scientia et fructibus.
Si au contraire, un lien de perfection unissait linférieur à son supérieur, il verrait alors en lui le représentant de Jésus-Christ et il se tiendrait dans un esprit de soumission, parce quil penserait quon peut lui commander avec autorité et que son cur doit être à tout instant disposé à tout ordre qui lui est prescrit selon la règle ; et comme la voix de la conscience a tôt ou tard plus de force que toutes les petites vanités, si le supérieur est obligé de ménager quelque chose pour le moment, rentré dans la solitude avec linférieur qui ly ramènera nécessairement, il pourra lui faire sentir ses torts.
Mais si linférieur nest lié par rien, je défie au plus habile supérieur den venir à bout. On ne le suivra dans la retraite ; à une âme extravasée, pour ainsi dire hors delle-même, il en coûte de rentrer dans le calme de la solitude ; il en coûte de vouloir se connaître ; on redoute tout ce qui veut ramener le recueillement et la dépendance et lon nest plus quun de ces gyrovagues que saint Benoît défendait aux siens dimiter : un lien, un vu dobéissance est donc nécessaire aux missionnaires pour le bonheur et le salut réciproque des supérieurs comme des inférieurs.
Il nest pas moins avantageux pour les régents, professeurs et supérieurs de petits séminaires. Il nen est pas de lenseignement de ces maisons, comme de lenseignement des grands séminaires ; quici un sulpicien sattache de plus en plus aux devoirs de son état, tout ly porte. Il enseigne à des ecclésiastiques la science ecclésiastique, il est forcé détudier pour les autres ce qui le regarde aussi bien queux, il est vénérable par une place qui le met comme à la tête du clergé dun diocèse, il est peut de poste où il puisse faire un plus grand bien ; mais un professeur de petits séminaires est plus occupé de science profane que de science ecclésiastique ; rarement il trouve longtemps un plaisir à répéter les mêmes règles grammaticales, rarement il trouve dans le titre modeste de régent le terme de toutes ses prétentions. Sil a du talent et que lappât du gain le flatte, les portes de luniversité lui sont ouvertes ; et sil a du zèle, il rentrera dans e saint ministère et par conséquent, si les professeurs des petits séminaires ne prennent point dengagement dans une société qui les y envoie, on verra ce quon voit depuis vingt ans : quon na pas encore un professeur qui ait dix ans dexercice ; et voilà linconvénient quon a voulu éviter [en] adoptant dans une même société apostolique enseignante des réguliers, cest-à-dire comme le porte larticle treizième des membres permanents de la société qui ont contracté avec elle des engagements.
Si lon pensait quil vaudrait mieux commencer sans voeu et y venir petit à petit, je ne partagerais pas cette opinion. Il faut au point de départ savoir où lon va pour prendre la route la plus courte. Si lon veut tendre à la perfection, il en faut de suite éloigner les obstacles qui en détournent parce que principiis abta sera medicima paratus ; dailleurs, la arche de toute administration qui ne peut gouverner que par la confiance doit être franche et loyale, jouer comme a dit quelquun à jeu découvert. Des mesures obliques, politiques et tortueuses offusquent les esprits droits, sèment linquiétude, éveillent les préventions, excitent les [
] et fortifient les résistance dautant plus terribles quelles sont aussi cachées et ténébreuses que le gouvernement qui les a fait naître.
Quand on sait où lon va, personne ne craint quà mesure quon sera plus réguliers et plus fervents que les supérieurs deviendront plus exigeants. Du reste, on aime une règle, on lestime, on sy attache à proportion que les supérieurs nous auront facilité par leur bon gouvernement le sacrifice quelle exige ; plus les sacrifices sont pénibles en commençant, plus ils sont doux quand on les a faits et rien nest plus réel que lestime réciproque quont les uns pour les autres les membres des sociétés les plus sévères. Au contraire, rien nest plus réel que la mésestime quont réciproquement aussi les uns pour les autres les membres des sociétés les plus larges. Or lestime suit lunion comme la mésestime sépare et dissout les fibres dun membre.
La société éclate facilement dans le public et rend la société estimable. Sa mésestime perse aussi facilement et fait proclamer hautement que cette société ne tiendra pas. Donc il faut que chacun sache dès le commencement ce quil doit être et plus on aspirera en commençant aux grandes vertus qui forcent lestime, plus on établira de principes dunion et de vie.
Dailleurs, ou ceux qui entrent dans la société sont indécis sur leur vocation, ou ils ne le sont pas ; sils sont indécis, ils peuvent entrer parmi les agrégés et avoir le temps de lexaminer sans craindre de passer pour inconstants. Par le huitième article, on laisse toujours aux agrégés la facilité de devenir réguliers pourvu quils passent par les épreuves du noviciat. Sil sont décidés à vivre un jour dans le monde, létat dagrégé le leur permet encore. Si, au contraire, leur vocation est la vie régulière, il vaut mieux quils commencent de suite comme des réguliers.
Dès quon veut avoir pour le ministère séculier des ecclésiastiques savants, il faut leur donner le moyen dexister en faisant les grandes études ; il faut donc fonder comme une espèce dacadémie de douze à quinze titulaires avec un revenu suffisant pour les nourrir et les entretenir. On peut créer aussi des places purement honorifiques qui ne coûteront rien ; mais ces titulaires ne peuvent pas tous être simplement des agrégés, car comment existeraient les réguliers sils ne peuvent pas pour la même raison être tous réguliers puisque ce serait saper par le pied linstitution des agrégés ; alors sur quinze, sept par exemple pourraient être nécessairement des agrégés et les huit autres y compris le président ordinaire, des réguliers. Je dis le président ordinaire parce que le président doit être toujours Monseigneur. Comme les agrégés peuvent être reçus pour lenseignement des petits séminaires et pour les fonctions de missionnaires, on doit aussi le prévoir.
Mais comme aussi les réguliers, qui forment les membres purement de la Société, doivent toujours avoir en main la puissance administrative, spirituelle et temporelle de la congrégation, il était naturel de faire en faveur de ceux-ci quelque exception pour les charges ; et voilà pourquoi le neuvième article porte que : les agrégés peuvent remplir les emplois titulaires de conférenciers et suppléants, de missionnaires, de professeurs et de secrétaires, passer aux différents grades des grandes études mais quils ne peuvent remplir les charges de supérieurs, déconomes, de maîtres des novices, de conseillers, de présidents des grandes études réservées aux seuls réguliers.
En fondant des places de titulaires, soit pour les agrégés, soit pour les réguliers, il faut que tous puissent [avoir] lhonnête suffisance, sans que la fondation demande des revenus trop considérables ; il faut que celui qui ne voudra être quagrégé, reçoive au moins la modique rétribution quon donne aujourdhui à un régent de petit séminaire, ou au jeune prêtre qui entre pour la première année dans le corps des missions de Lyon ; donner moins, ce serai exciter des réclamations et tout ce qui peut en être la suite ; donner plus, cela nest pas nécessaire, puisque après tout, cent écus, joints à lhonoraire des messes, doit faire au moins vingt-cinq louis pour son vestiaire, puisque le logement, la nourriture, le blanchissage, est fourni par létablissement ; somme que nont pas toujours la plupart des curés et des vicaires qui sont rétribués par létat et qui portent le poids dun ministère bien moins attrayant.
Quant aux réguliers, les honoraires de leurs messes pourront être laissées ; les cent écus de rétribution enteront dans la masse de la congrégation qui fournit le vestiaire et qui est obligée de garder jusquà la fin les infirmes et les personnes âgées : cest pour cela quon a gardé le silence sur ce qui les regarde dans larticle 10 où il est dit : les agrégés, qui remplissent les charges titulaires susdites, sont logés, nourris, blanchis au frais de la Société, et reçoivent annuellement cent écus pour leur vestiaire et conservent les honoraires de leurs messes.
Si lon demande combien coûtera à la fondation la pension et la rétribution en somme totale pour chaque titulaire, on peut répondre que cela dépendra de quelque règlement particulier, quapproximativement, la pension y compris, le blanchissage et raccommodage pourraient aller de six à sept cents francs ; car lordinaire des hommes détude doit être à peu près de trois plats, et de deux de desserts à dîner comme à souper ; plus du vin quon ne mesurera pas à tous les repas, et un tel ordinaire dans les villes ne va guère moins quà deux francs par jour, en faisant passer par-dessus, la nourriture et lentretien des domestiques ou frères servants.
Dans le onzième article, on a prévu le cas où les grandes études, devenant célèbres, attireraient des auditeurs célèbres internes qui, tenant à de bonnes familles, pourraient facilement payer une pension ; elle a été fixé à six cents francs. Mais pour porter le plus grand nombre de sujets possible à fréquenter ces grandes écoles, et dédommager des frais quelles pourraient causer à ceux qui les fréquenteront, il est nécessaire de les encourager par lespérance dobtenir les places les plus avantageuses ; et il a été dit dans le onzième article, que : ceux qui, pendant dix ans, auront servi dans la Société comme titulaires ou auront passé successivement par les différents grades jusquà celui de docteur, auront acquis par là même auprès de Sa Grandeur, des titres dadmission aux postes de faveur de son diocèse, sils ne veulent point demeurer dans la Société.
Dautres faveurs peuvent encore leur être accordées comme une pension de retraite après tant dannées de services ; mais Monseigneur en avisera comme il jugera convenable.
Maintenant quon a suffisamment parlé des agrégés, il est naturel de revenir à ce qui concerne les réguliers et leurs engagement. Seront-ils de suite perpétuels ou bien dabord temporaires, et ensuite jusquà la porte. On a pensé que des vux temporaires pourraient dabord suffire pour remédier à une tentation passagère dinconstance, et donner une autorité suffisante au supérieur. Dailleurs, ils effraient moins limagination que des liens éternels ; ils accoutument insensiblement à la vie de communauté sans se mettre dans le cas de se repentir davoir été trop vite. On les a fixés à cinq ou dix ans, et après cette époque, ils sont pour toujours. Cinq ou dix ans joints aux années du noviciat sont plus que suffisants pour sassurer moralement de sa vocation, pour sengager à la stabilité ;
Tout contrat exige légalité de part et dautre pour ce qui est lobjet du contrat. Si donc on sengage à servir la Société cinq ans ou toute sa vie, la Société doit sengager envers vous pour cinq ans, ou pour toute votre vie, et larticle 14 dit : les engagements sont réciproques de part et dautre, mais simplement pour la durée du temps pour lequel on les a pris. Si les engagements sont à vie, la Société fournit tout jusquà la mort en maladie comme en santé.
Avant de contracter des engagements, il était nécessaire de savoir sur quel objet ils pouvaient tomber. Si lon eut que Sa Sainteté les approuve, il était naturel de se rattacher à une règle ancienne et approuvée ; et la règle de saint Augustin, dont les bases sont si larges qune multitude dordre réguliers et même chevaleresques nont pas hésité de la prendre pour leur premier fondement, a été le régulateur sur lequel on a assis les présents statuts.
Pour ne point former de fausses consciences et donner lieu à des interprétation quon naurait point entendues, larticle 15 porte : la règle de saint Augustin, les présents statuts, les constitutions (on dira ensuite ce quon entend par constitution) que la Société a adoptés, régissent les réguliers ; ils nobligent point sous peine de péché en eux-mêmes, mais à raison de lois divines ou ecclésiastiques qui y sont renfermées ; à raison du scandale, des invalidités et des abus que leur infraction pourrait entraîner, et à raison du commandement exprès quen ferait le supérieur en vertu du vu dobéissance.
On devrait examiner sil était nécessaire et utile de faire trois ou quatre vux. Comme lesprit du siècle qui les repousse a pénétré plus ou moins dans toutes les têtes, on a cru quon devait sen tenir là-dessus au pur nécessaire, et de nen faire prononcer quun. Le vu de chasteté, pour un ecclésiastique engagé dans les ordres sacrés, ajoute eu de chose à lobligation dêtre chaste quil a contactée le jours de son ordination ; et si cette obligation ne le retenait pas suffisamment, on pourrait douter que le vu formel le retînt davantage.
Quant au vu de pauvreté dont les conséquences sont si graves, surtout dans les temps de trouvables et de révolutions, on a cru pouvoir sen passer, en suivant cependant lesprit de la règle qui commande de tout mettre en commun et dattendre du supérieur la distribution de ce dont on a besoin. Dans ce sens que tout ce qui vient des fonctions de la Société est mis en commun, on sy engage par obligation de justice ; le vêtement et la nourriture sont distribués par le légitime supérieur ; mais on ne [se] dépouille point de son patrimoine, et lon peut faire des honoraires de ses messes ce que lon juge convenable dans le Seigneur.
Ceux qui sont prêtres ont moins besoin dépreuves pour la vie régulière que ceux qui ne le sont pas ; leur noviciat est donc dun an, celui des autres de deux. Après les vux temporaires, de dix ans, on est admis à faire le vu de stabilité qui, outre le vu dobéissance perpétuelle, renferme celui dunion avec les différentes maisons de la Société quels que soient les emplois quelle confie, et les lieux où elle envoie ; cest pour empêcher les sujets les plus éloignés de chercher jamais par aucune voie à se faire déclarer indépendants, même par le supérieur légitime.
On a abrégé le temps des dix ans des vux temporaires parce quil peut se faire que le besoin de sujets et les qualités parfaites de tel individu nécessitent à le nommer supérieur avant les dix années révolues ; et il est à désirer que les supérieurs détablissement soient des hommes stables.
Le vu de stabilité fait, on devait mettre de grandes entraves, si ce nest pour en empêcher la dispense, du moins pour la rendre très rare ; on devait craindre de perdre les meilleurs sujets sils pouvaient facilement accepter les bénéfices ecclésiastiques ; alors on a exigé le consentement du chapitre général par la majorité des suffrages ; il est voté par lettres pour éviter les frais de voyage.
Lesprit de communauté ne sétablit que par des exercices communs ; il fallait au moins quon se réunît pour loraison, le repas, la récréation et la lecture spirituelle dans un même lieu ; on ne mit pas loffice dive, parce que des hommes détude et de prédication pensent être gênés en voyant leur temps coupé par tel exercice auquel on est sûr que personne ne manquera puisquon y est dailleurs obligé. On pourrait plus facilement manquer loraison et à la lecture spirituelle si la règle et lédification publique, au défaut de la piété, ny appelait pas, mais on conçoit que comme les besoins ne sont pas les mêmes pour tous, on pourrait permettre à certain jour que chacun fît sa lecture et son oraison particulière dans un lieu où tous seraient rassemblés.
Les costume doit être celui des bons prêtres ; on a mis une distinction pour le vêtement de chur après dix ans dentrée dans la congrégation parce que, quoique lhabit ne fasse pas le moine, il ne contribue pas peu à lenvironner de considération aux yeux du public qui appuie son ministère ; du reste, cela pourrait peut-être faire éviter à ceux qui nauraient fait que des vux temporaires la tentation daccepter des dignités ecclésiastiques hors du sein de la congrégation.
Après avoir parlé des membres de la Société, il était naturel darriver au supérieur général qui en est la tête et à son gouvernement.
Monseigneur, étant le fondateur de la Société, doit naturellement nommer pour la première fois le général et ses assistants, et quels que soient ceux quil nomme, pourvue que ce soit sur un plan de statuts à peu près semblables, je suis tout disposé, autant quil est [en] moi à leur obéir, et à faire obéir les miens, après quon sera canoniquement constitué, et que Monseigneur de Bonald y consent [sic].
Le général est à vie, parce que des élections trop fréquentes peuvent exciter des divisions, parce quon ne peut rien faire de grand lorsquon prévoit quon naura bientôt plus dautorité ;
On ne devrait pas sans doute parler de péché mortel dans une congrégation dhommes apostoliques ; mais puisque les anges dans le ciel et des colonnes dans lEglise sont tombés, on doit prévoir le cas de chutes qui entraîneraient la déposition du supérieur et des assistants et même lexclusion dun membre quelconque de la congrégation. Ce sont des péchés mortels notifiés par acte extérieur.
E.D II 155-180
Pour diverses raisons, ce beau projet ne sest pas réalisé. Mgr de Pins a tout dabord, dès 1824, a approuvé les Pères Maristes, puis il rétablira [après la mort de M. Bochard], les « Chartreux » en 1833, sous le nom des prêtres de St-Irénée, qui existent encore. St I 59
Juillet Maison à St-Front, au cours de laquelle M. Louat, prêtre missionnaire, « meurt en odeur de sainteté » le 13 juillet 1824. Sur la pierre tombale qui est actuellement plantée dans lancien cimetière qui jouxte léglise, on lit : Ici repose le corps de M. Louat Jean-Antoine, missionnaire âgé de 30 ans, St-Front, 1824. R 135
30-08-1824 Mgr de pins écrit à la comtesse de Paris : « A Lyon nous avons les éléments dun corps de missionnaires pour la France
et les pays doutre mer
Il me serait utile de compléter ces diverses réunions dans le même local des Chartreux
Jai besoin de lintérêt du Roy
»
Juillet septembre André Coindre prépare de façon active louverture des écoles de Monistrol-ville, du Monastier, de Pradelles, de St-Symphorien, de Montfaucon dont on a démarré la construction, qui souvriront entre la Toussaint et le début de lannée 1825.
Septembre Mission à Craponne. Le 1er septembre le conseil municipal décide de faire ériger une grande croix « pour perpétuer le souvenir de la mission qui avait si bien réussi
» La croix a été restaurée en 1957. Elle se trouve sur la « place de la mission ». R 137
Les anciens confrères de P. Coindre lui prêtent le concours de leur ministère
Le P. Coindre fut toujours liée dune étroite amitié avec ses anciens confrères de Lyon. Ses excellentes qualités, son bon cur, le faisaient estimer de tous, lui assuraient leurs plus vives sympathies.
M. Mioland, qui fut son condisciple au Grand séminaire et son supérieur aux Chartreux, lhonorait surtout dune affection particulier. Cette sainte amitié se traduisait entre eux par les plus généreux sentiments de bienveillance et dans une parfaite union desprit et de cur.
Le départ du P. Coindre pour Monistrol ne diminua en rien ces excellents rapports. Aussi, au besoin, ces Messieurs sempressèrent-ils de lui porter secours, de partager ses travaux apostoliques dans le diocèse du Puy : la charité ne connaît point de limites ; partout elle na en vue que les intérêts de Dieu et le bien des âmes.
En 1823, M. Dufêtre vint seconder le P. Coindre à Montfaucon, M. Nivet à Tence. Lannée suivante, M. Delphin prit part à la mission de Craponne ; V.C. 130
Monseigneur Dufêtre (1796 1860)
Dominique Augustin Dufêtre, le futur évêque de Nevers est né à Lyon le 17 avril 1796,
[ Il fut tonsuré par le cardinal FESCH dès le mois de mai 1807, fit ses études classiques en partie à Lyon, en partie au petit séminaire de LArgentière, puis entra au grand séminaire Saint-Irénée. Au cours de ses études théologiques, à 19 ans, il fut charité de la direction de lécole cléricale de Saint-Just à Lyon.
A sa demande il est reçu à la société des Chartreux le 10 décembre 1818. il fut ordonnée prêtre en 1819 et nommé vicaire à Saint-Polycarpe Lyon.
Il redevint missionnaire, ce qui était sa véritable vocation, mais il ne se lia pas par des vux. Avec le père COINDRE il donna les missions dAmbierle en 1819, Millery et Bourg en 1820, Pont-de-Vaux en 1821 et
Tence en 1823, car cétait un ami intime du père COINDRE. On le voit présider trois assemblées de la Pieuse Union en 1822, 1823 et 1824.]
[ Il avait pour le ministère des missions et de la prédication une vocation très spéciale. Doué dune santé de fer, dune mémoire phénoménale, dune puissance extraordinaire, dune éloquence que soutenaient lardeur de la convocation, le naturel et la vie du geste, plus encore que la force de la pensée, il était créé pour remuer et enthousiasmer les foules. Et de fait il fut un des prédicateurs les plus infatigables, les plus écoutés et les plus célèbres de Frances, pendant la première moitié du XIXe siècle.
« De 1819 à 1843, plus de cent trente villes ou villages entendirent sa pole, et, durant ces vingt-trois ans, il donna plus de dix mille sermons. Daprès larticle des Contemporains sur Mgr Dufêtre, lhistorien de sa vie nous apprend quen 1840, il donna huit cents sermons sans compter les instructionnettes. En 1821, il fit partie de cette célèbre mission des Chartreux à Saint-Etienne, à la suite de laquelle on distribua près de dix-huit mille communions pour les seules paroisses de Saint-Etienne, Sainte-Marie et Notre-Dame.
Il entreprit une vraie croisade contre les mauvais livres (une plaie de son époque, comme de la nôtre, hélas !) Quand il était maître de ses auditeurs, il leur demandait le sacrifice de tous les volumes mauvais ou suspects, et, à sa voix, chansons, gravures, livres, étaient apportés au même lieu, pour devenir la proie des flammes. Cétait, dordinaire sur lemplacement du b^cher lui-même quétait plantée la croix de Mission, pour mieux attester la victoire du bien sur le mal. »] L.A
[ Le 13 septembre 1824, il fut promu évêque de Nevers. Il fut sacré le 12 mars 1843 à Lyon par le cardinal de BANALD. A Nevers il introduisit ou fonda des uvres nouvelles ; conférences de Saint-Vincent-de-Paul, Dames de Charité, Jeunes Economes, le Bon Pasteur, la Société de Saint-François-Xavier pour les Ouvriers, la Propagation de la Foi, la Bibliothèque des bons Livres
il créa lorphelinat du Bon Pasteur, le petit séminaire, le couvent de Saint-Gildard des Surs de la Charité et de lInstruction chrétienne, dites Surs de Nevers, le monastère et léglise de la Visitation
Il continua, pendant son épiscopat, à prêcher de nombreuses retraites pastorales et à prononcer des discours dans toutes les régions de la France. Il rédigea les Règles des Surs de Nevers et celles des Surs de lEnfant-Jésus.
Il eut le privilège daccueillir à Saint-Gildard Bernadette SOUBIROUS.]
[ Il a opéré un bien immense dans son diocèse en restant fidèle jusquà la fin à sa vocation de prêcheur. » Quand un évêque ne peut plus travailler, aimait-il à répéter, il na plus quà mourir ». La dernière année de sa vie fut attristée par une lutte assez vive contre le ministre Dupin. Celui-ci, dans un rapport présenté au Sénat contre les communautés religieuses, les accusait daccaparer la fortune publique. Mgr Dufêtre releva dans une lettre à son clergé les erreurs du Ministre et fit remarquer que tel riche célibataire de la Nièvre possédait, à lui seul, une fortune supérieure à toutes les communautés réunies du diocèse de Nevers ; ce célibataire nétait autre que M. Dupin lui-même ».] L.A.
[ Il mourut le 6 [13- L.A.] novembre 1860 et fut inhumé à la cathédrale de Nevers.
(Principalement daprès la biographie de A.J. CROSNIER : « Vie de Mgr Dufêtre, évêque de Nevers », 1868] L. A. 288 290 R.n.b. 36-37
DELPHIN Guillaume (1796-1880)
Né à lArbresle le 24 avril 1796, décédé à Saint-Etienne le 29 novembre 1880 Ordonné prêtre chez les Chartreux de Lyon en 1820 Vux la même année Professeur de quatrième à lArgentière appelé le 6 octobre 1820 à prononcer le panégyrique de saint Bruno à la Chartreuse du Lys Saint-Esprit.
Missionnaire infatigable de 1824 à 1835.
André COINDRE donne avec lui les missions de Chavanay, Saint-Etienne et anse.
Il est supérieur du séminaire dAlix et curé de la paroisse de 1835 à 1845.
En 1846, il devient curé de la paroisse Notre-Dame à Saint-Etienne. Pendant 35 ans, il sy est fait remarquer par son zèle, sa régularité, sa bonté inaltérable. Il était lâme dune multitude duvres, dirigeant plusieurs communautés, fondant une providence où son nom est béni
En 1824, M. DELPHIN prit par à la mission de Craponne (qui était donnée par les Missionnaires du Sacré-Cur de Jésus de M. COINDRE).
[ Ce fut lors de la mission de Craponne que le P. Coindre remit à ce dernier une croix dargent, avec Christ en ord, et enrichie dune parcelle de la vraie croix. M. Delphin a toujours conservé et porté sur lui ce souvenir bien cher à son cur, parce quil lui rappelait la mémoire dun saint missionnaire qui fut lun de ses meilleurs amis.
Il y a peu dannées, nous avons pu admirer cette croix, un jour que nous allâmes le voir à St-Etienne, où il était curé de la paroisse notre-Dame. Reportant son esprit vers un passé déjà éloigné, mais encore présent à sa mémoire, ce vénérable prêtre, avec les plus vives émotions, nous fournit de précieux renseignements sur la vie apostolique du P. Coindre. Plein dadmiration pour ses talents, comme pour ses vertus, il nous avoua quon ne peut guère imaginer une carrière plus active et plus féconde que celle de son ancien compagnon darmes. « Par la sainteté de sa vie, dit-il, par la puissance de sa parole, et avec cet enthousiasme puisé dans les ardeurs de la foi et de la charité, il exerça une grande influence sur les populations. Il contribua puissamment à renouveler lesprit chrétien partout où il annonçait lévangile ».] V.C. 130 131
Il fut en quelque sorte le second constructeur de léglise de 1669 qui, sous son ministère poursuivi jusquau 29 décembre 1880, fut complètement transformée, agrandie et embellie. Il sut obtenir des concours exceptionnels des paroissiens et de la municipalité. (De la très belle plaquette sur léglise notre-Dame de Saint-Etienne par E. Thiollière). R.n.b.39-40
Nous ne dirons rien de M. Coindre, comme fondateur de communautés religieuse, parce que, sur ce point, ses uvres suffisent, et au-delà, pour le louer. Sans doute, il mourut trop tôt, et neut pas la satisfaction de les voir en grande prospérité. Mais il en avait posé si bien et si solidement les premières bases, quelles se soutinrent après lui, se répandirent promptement dans deux ou trois diocèses, et, aujourdhui encore, sy maintiennent florissantes. On peut citer le Petit Séminaire de Monistrol, les Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie, au Puy et à Lyon et, dans ces deux mêmes villes, les communautés des Dames des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie. H. F.
Le bon Père Coindre étant disparu, lavenir du Petit séminaire et de la Société des Missionnaires du Sacré-Cur assurée sous la sage direction du Père Romain Montagnac, leur supérieur depuis fin 1825.
Quant aux Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie, ils nont plus de guide.
CONSEIL GENERAL DE 1826
14 juin 1826
On ignore par quelles voies la mort du P. Coindre fut annoncée aux frères du S.C. Cest selon toute vraisemblance par le P. François Coindre, luimême averti par larchevêché et par le grand séminaire de Blois que la nouvelle parvint à la communauté.
Bien que le P. fondateur eût désigné son frère comme successeur, le F. Directeur général, F. Borgia, convoque un chapitre au Pieux-Secours, pour le 14 juin, afin de procéder à lélection régulière, au scrutin secret, dun nouveau supérieur général. Ils sont 8 capitulants (9 : V.C. 291, S.V.R. : 31 F. Bernardin) tous profès, se réunissant en hâte le 14 et 15 juin.
La première séance est consacrée à rappeler le souvenir du cher disparu, à louer ses talents et ses vertus et à déplorer sa disparition. Le conseil des Frères souvre sur une douloureuse prière de soumission à la volonté divine :
« Nous, frère Borgia, directeur général des Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie frère Xavier, 1er assistant, frère Augustin, deuxième assistant, frère Bernard, procureur général, frère Symphorien, inspecteur, frère Maurice, économe, frère Gonzague, frère Ignace, frère Bonaventure, tous profès,
Bénissons les impénétrables décrets de Dieu, faibles mortels, qui de nous prétendrait pénétrer ses desseins. Notre digne père supérieur vient de nous être ravi, le mardi 30 mai dernier. Ah ! qui pourrait assez déplorer cette perte ! Il nest plus notre bon père, et ses enfants spirituels se le voient enlever au moment même que les circonstances le faisaient plus chers à nos curs. Nous comptions.
Mais en vain
le ciel en décide autrement, ses jours étaient pleins, son terme était fini, et le séjour des crimes ne devait plus posséder un si rare trésor. Sil est du moins quelque chose qui puisse soulager notre douleur, cest que toute espérance de le revoir dans la céleste patrie ne nous est pas ôtée ; un jour réunis, nous le verrons triomphant à notre tête chanter les louanges de Celui qui a fait le seul objet de es désirs, de ses travaux, de ses peines. Victime héroïque de lamour divin (car ce fut lexcès dun travail tout employé à la défense de notre sainte religion qui nous lenleva), nous le verrons brûler éternellement du même amour. Il nous a frayé la voie, tâchons de pratiquer exactement ses saintes observances ; ne dégénérons jamais de son esprit de foi et de zèle et le Seigneur bénira nos légers services et récompensera nos bonnes uvres par un centuple de grâce.. » A. 90, 10
Note Texte danimation spirituelle ;
La vie du P. André Coindre en 1888 le présente comme une circulaire adressée aux Frères pour leur annoncer la mort de leur fondateur
Il paraît évident que la tradition orale devait étoffer un récit aussi elliptique. A 90, 10/11
A la 1ère séance, le F. Louis était inspecteur ; cest maintenant le F. Symphorien. Puis on procède au choix dun nouveau Supérieur. Le Père Fondateur avait souvent dit : Après moi, vous prendrez mon frère ; mais ensuite, il faudra que vous choissiez un des vôtres pour vous diriger ». Tous de même, il fallait donner un caractère légal à cette nomination.
Nomination du P. F.V. Coindre comme supérieur général des FF. des SS. CC. Jésus et de Marie.
« Le Conseil général des Frères réuni après avoir déploré la perte que la Congrégation vient de faire, et remarqué quelle avait encore besoin de lappui dun supérieur ecclésiastique qui ait lesprit de lInstitut a reconnu que M. François Vincent Coindre, Père aumônier de la communauté, avait toujours secondé notre très cher Père fondateur, pendant ses absences, que personne par conséquent naurait mieux lesprit de lInstitut que lui ; et quil ny avait même que lui qui puisse convenir sous tous les rapports, il a été déclaré néanmoins quil serait procédé à lélection par le moyen de scrutin. Alors le Conseil a présenté M. Romain Montagnac supérieur des Missionnaires de la Haute-Loire et M. François Vincent Coindre, puis on a procédé à lélection par le moyen du scrutin secret. Il en est résulté que huit voix ont été pour M. François Vincent Coindre et une voix pour M. Romain Montagnac de manière que M. François Vincent Coindre a été élu et reconnu Père Supérieur de la Congrégation des Frères des SS. Curs de Jésus et de Marie.
En conséquence nous nous engageons tous librement et volontairement à lobéissance envers lui comme nous nous étions engagés envers notre premier Père supérieur général ne suivant en cela que les volontés de notre supérieur décédé, nous layant désigné » comme le porte le tableau des charges dont il a déjà été question qui a été écrit de sa propre main, sur lequel nous avons signé et écrit ce présent acte. »
Lyon 14 juin 1826
Signatures :
Frère Borgia, Frère Xavier, Frère Bernard, Frère Augustin, Frère Maurice, Frère Bonaventure, Frère Louis
Le Père fondateur avait voué à ses Frères son amour, tous les efforts de son zèle, ses joies, ses espérances
Le nouveau supérieur tenait à marcher sur ses traces : comme lui, il eut à cur le succès de luvre naissante.
Nous avons perdu notre Fondateur. Nous étions heureux davoir son frère pour lui succéder, car il était au courant de tout, pour avoir vécu à nos côtés depuis la fondation, et il connaissait intimement la plupart de nos frères. St. I ,77
DEUXIEME PARTIE
François Vincent COINDRE (1799-1858)
7e et dernier enfant de Vincent Coindre et de Marie Françoise Mifflet, est né le 27 avril 1799, rue de la Poulaillerie (Lyon).
Vers 1807, nous le trouvons élève de lEcole cléricale St- Nizier.
Il suit les cours du Petit séminaire de lArgentière (Rhône) de 1811 à 1818 (6e à
)
Du mois daoût 1818 jusquau même mois 1820, François Vincent Coindre fait sa théologie aux Chartreux chez les Pères de la Crois de Jésus. Il reçoit le sous-diaconat le 17-06-1821 et le diaconat le 21-07-1822.
Le 22 juillet 1822, François Vincent Coindre, âgé de 23 ans, reçoit lordination sacerdotale des mains de Mgr Etienne Parfait Martin Maurel de Mons, évêque de Mende, à la primatiale St Jean de Lyon (« avec dispense dâge »)
Le Père André Coindre avait eu la joie dassister à lordination sacerdotale de son frère.
(André Coindre lobtient des Pères de la Croix de jésus comme aumônier du Pieux-Secours avec résidence chez les Coindre. Mais comme nous nétions pas encore reconnus à lEvêché, sa nomination officielle était comme vicaire à St Bruno (Lyon), bien quil ny ait pas exercé son ministère]. St. I. 77
Contrairement à son Frère André, le Père V. Coindre a résidé à Lyon sa vie durant, mis à part ses sept années de petit séminaire.
Sous le P. François V. Coindre, Supérieur général des Frères et co-propriétaire du Petit Séminaire
Par son testament olographe du 21 novembre 1822, déposé le 7 octobre 1826, André Coindre lègue ses biens à son Frère, élu à la mort de celui-ci deuxième Supérieur général des Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie.
Par ce même testament, il hérite également des parts quAndré Coindre possédait sur le Petit Séminaire de Monistrol. Le voilà devenu co-propriétaire de celui-ci et de ce fait, il se trouve ainsi mêlé à la marche de cet établissement.
Il a dû donc, souvent se concerter avec les frères Montagnac pour assurer le développement du Petit séminaire. Cependant nous le verrons moins présent que son frère, dans lanimation de lEtablissement, laissant cette responsabilité aux frères Montagnac.
Cest à ce titre que nous relaterons, comme pour son aîné, ce qui concerne ses activités et se uvres, tant comme Supérieur des Frères que comme co-propriétaire du petit séminaire jusquà ce quil cède gracieusement ses parts le 15 juin 1841.
Fondation de lécole de Marvéjols (Lozère), septembre 1826
Par testament fait à Versailles le 29 janvier 1824, M. Etienne Faudet, prêtre, originaire de Marvéjols, léguait à sa ville natale 400 F de rente perpétuelle pour installer à plus tard, Frères du S.C.
Létablissement de Marvejols a été fondé en septembre 1826, à la demande de M. Lombard, Maire de Marvéjols, agissant en cette qualité et au nom de la Commune. M. Coindre André, fondateur et Supérieur général de la Congrégation, consentit à fournir indéfiniment trois frères pour la direction dune école dans le ville de Marvéjols, moyennant les conditions ci-après.
M. le Maire sobligea de fournir, pour la fondation de cet établissement :
une maison convenable pour les classes, le logement des Frères et des quelques élèves internes. [cette maison était connue depuis nombre dannées sous le nom dHôtel Magne et située sur lavenue du Tribunal] A. 2. 97
le mobilier nécessaire pour les classes et pour les Frères conformément à une note qui lui fut présentée.
un traitement annuel de quinze cents francs, pour trois frères, et
une somme de trois cents francs pour les frais du premier voyage des Frères à Marvéjols.
Les Frères avaient en outre la faculté de recevoir des élèves internes ou pensionnaires dont la rétribution était à leur profit.
[Trois Frères furent envoyés, ayant à leur tête le Frère Irénée [Georges Noël], directeur de 1826 à 1828. A 2 ibid
Lécole fut dabord privée et gratuite pour tous les enfants. Il fut pourvu aux frais dinstallation et à lachat du mobilier, aux moyens de ressources communales et de dons particuliers. Le traitement des Frères et le loyer de la maison qui nétait que provisoire, étaient payés avec les mêmes ressources.
[le 18 octobre 1826, le Conseil municipal vota à lunanimité la somme de 4 200 F pour fonder dans cette ville une école tenue par les FF. de lInstruction chrétienne dits du Sacré-Cur. A2, 97-99] [Lécole compta bientôt de 140 à 150 élèves. A2 97-99
[Le Frère Chrysostome [Etienne Chave fut le deuxième directeur de 1827 jusquen 1832]
En 1830, M. Lombard ayant cessé dêtre Maire, la Commune ne fit plus rien pour les Frères. Alors, pour maintenir lEtablissement, il se forma une commission dont les principaux membres étaient M. Lombard, M. Jugnez, M. Quintin, etc. Ces Messieurs se chargèrent de recueillir les dons particuliers et de faire payer aux enfants les plus riches, une rétribution scolaire ; et, au moyen de ces ressources, ils pourvoyaient au traitement des Frères et au loyer de la Maison.
Préoccupés de lacquisition dun local plus convenable pour les Frères qui étaient toujours logés dans une maison provisoire, mal commode et dont le loyer coûtaient fort cher, les membres de la Commission avaient ramassé une somme de quatorze mille francs ; cette somme provenant de dons faits en faveur de luvre des Frères, par divers personnes, fut placée chez Mtre de Retz, en attendant le moment favorable pour acheter ou pour construire une maison ; mais les affaires de M. de Retz, ayant mal tourné, la somme de 14 000 F fut entièrement perdue.
[En 1830 et 1831, M. Coindre cadet, alors supérieur de lInstitut, réunit à Marvéjols tous les Frères pour la retraite annuelle. M. Avit, ancien supérieur du séminaire de Marvéjols, prêcha la première. M. Quintin, aumônier des Pénitents, prêcha la seconde.
En 1832, le Frère Ennemond [Antoine Defour né le 22 juin 1804 à St-Didier-la-Seauve, mort à Paradis le 24 novembre 1889. Cest le dernier survivant de ceux qui ont connu le P. Coindre], fut nommé directeur. Pendant son administration, la Commune voulut avoir un instituteur laïc et abandonna lécole des Frères.
Le Frère Dosithée fut nommé directeur de lEcole en 1842. Il y passa peu de temps.
Au mois de mars 1843, le Frère Marie-Auguste, maître du Pensionnat de Paradis, fut envoyé à Marvéjols. Il fit prospérer lécole au point quil fallut un quatrième Frère (envoyé par le Frère Polycarpe). La commune vint en aide à létablissement en votant une somme de 200 F annuellement.
Le besoin dun plus grand établissement se faisant sentir plus impérieusement, MM. Lombard et Jugnez songèrent à bâtir. Ils disposaient de 7 à 8 mille francs, et se lancèrent dans une entreprise qui en demandait 50 000. Ils comptaient sur des secours qui ne vinrent pas.
Cependant lemplacement étant acheté (propriété de M. Gras), les matériaux étant réunis et la bâtisse commencée, lInstitut décida quil ferait lui-même les frais de la construction qui resterait sa propriété.
Le Frère Bernard dirigea les travaux et dès le mois de septembre 1846, la maison fut habitée.
Le Frère Jean-Marie, Directeur des Novices à Paradis, remplaça le Frère Marie-Auguste en 1846, aux vacances.
Il fallut 7 frères dans le nouvel établissement et bientôt un 8e pour faire un cours particulier aux enfants de certaines familles riches.
Le Frère Jean-Marie avait trouvé la maison sans mobilier, il dut la monter selon les besoins nouveaux. Il fit bénir solennellement la maison par Mgr Brulloy de la Brunière, évêque de Mende, en novembre 1846. La Ste Vierge et St Louis de Gonzague furent choisis pour Patrons particuliers de lEcole.
Le Frère Jean-Marie obtint du Conseil municipal la création dune école communale dans lEtablissement, en mars 1847. En conséquence, un traitement de 400 F fut voté pour un Frère instituteur public. Dans le courant de lannée scolaire 1847-1848, le nombre des élèves séleva à 300.
Le prix de lemplacement de la maison fut complètement payé en 1848. le Frère Jean-Marie versa 6 000 F fournis par lInstitut
Le T.H.F. Supérieur général ayant décidé que la maison de Marvéjols serait le lieu de retraite pour les Frères de la Lozère, du Cantal, de lAveyron et du Lot, le F. Jean-Marie eut à préparer une chapelle provisoire dans la maison. Plusieurs personnes de Marvéjols contribuèrent à cette dépense, notamment Mlle Muret et de Villard, MM. Rounel, curé, Caze Balès, Curant, Camille, Daudé Lacoste, etc.
Environ 50 Frères furent réunis pour faire leur retraite à Marvéjols sous la présidence du T.H.F. Supérieur général. Le prédicateur fut le R.P. Naba
, jésuite de Vals. Cétait aux vacances de 1848.
Au commencement de lannée scolaire 1849-1850, lautorité académique pressa le F. Directeur de faire autoriser son pensionnat. Il fit les démarches nécessaires et lautorisation fut donnée par M. le Recteur de lacadémie de Grenoble en date du 9 avril 1850.]
En 1850, linstituteur laïc ayant donné sa démission, son titre fut donné aux Frères qui, réunirent ainsi dans la même maison, les deux écoles communales, tout en conservant toujours lécole libre. Alors le Conseil municipal leur alloua une subvention de mille francs, et, malgré la suppression dune école communale, la ville a continué jusquà ce jour de leur payer cette subvention.
Au printemps de 1852, un noviciat fut établi à Marvéjols. Il dura jusquen 1857.
En 1855, le Frère Jean-Marie fut appelé au Puy comme Assistant (du Supérieur général) et remplacé par le F. Marie-Ephrem, qui était directeur des Novices.
[Au commencement du 1857, M. Jugnez mourut. Il avait jusque là perçu pour les Frères les rétributions scolaires]
En novembre 1862, le Frère Valentin est nommé directeur en remplacement du F. Mie-Ephrem.
Aujourdhui 1865, les Frères sont au nombre de dix, nayant pour vivre que la subvention de mille francs que la ville leur paye, et le produit des rétributions des enfants de lécole libre.
[Quelques directeurs successifs : F. Marie-Isidore, directeur en 1868, F. Marie-Clément, directeur en 1877, F. Majoric, directeur en 1884, F. Frédéricus, directeur en 1893, F. Sylvius, directeur en 1902.
En application de la loi du 1e juillet 1901 et de lordre dévacuer, envoyé par le ministre Combes, les Frères ont quitté létablissement le 30 juin 1903. La population leur a manifesté ses sympathies en les accompagnant à la gare. On a évalué à 3000 personnes le nombre des manifestants. M. Cardesse, maire, M. de Palhuet et Hostin, adjoints, le Conseil municipal, de nombreux ecclésiastiques, toute la population de Marvéjols, était là pour protester contre la tyrannie de la secte au pouvoir. M. Cordesse sest fait linterprète de ses administrés dans un petit discours où, flétrissant lacte des persécuteurs, il a exprimé lespoir que des jours meilleurs luiraient bientôt pour les catholiques. Après lui, la foule a crié : « Au revoir
» aux Frères qui partaient. La maison des Frères et lenclos ont été confisqués, après crochetage par le liquidateur (M. Lecouturier) et le crocheteur Hours, le 2 juillet 1903.] A.
Ouverture dune école libre, sous le régime de la sécularisation, dans un local provisoire, situé rue de lHospice.
[M. Dioudonnat, ci-devant F. Néarque, sest chargé de la direction de lécole libre quun Comité a voulu ouvrir dans la rue des Pénitents et dans un local à M. Bertrand Gaillard]
Vente judiciaire de la maison (délaissée) rachetée par un Comité de lEcole libre.
En 1906, réinstallation de lécole libre dans lancien local, devenue la propriété du Comité : 5 classes, externat et internat ; traitement d 2000 F fourni par le Comité ; produit de linternat et de lexternat au profit du directeur.
Registre des fondateurs N° 3 p. 7-8 F. Bernardin
A. (nonyme
Décisions du conseil de Mgr de Pins :
8-08-1826 : Amorcée au printemps et repoussée alors par M. Coindre (c.f. lettre du 3-05-1826), la tentative de fusion entre les deux instituts est ici définitivement enterrée par le conseil archiépiscopal. Ce dernier ne doit pas considérer la situation de lHermitage tellement critique, puisquil se contente de donner à un prêtre du voisinage une mission dassistance assez imprécise.
La proposition de réunir les Frères de lHermitage à ceux du Sacré-Cur, ne paraît pas admissible, mais le Conseil incline à charge M. brut, principal du collège de St-Chamond de donner des soins aux Frères de lHermitage dans leur intérêt et celui de létablissement.
Origines maristes (1786-1826) Extraits concernant les FF. Maristes J. Coste G. Lessard document 48 p. 128 A. 24, 153
Fondation de lécole de Vals près le Puy (Hte-Loire)
1826 ? 1828 ? A quelle époque fut fondée lécole de Vals, confiée aux Frères du S.C. ? Deux dates sont avancées : 1826 (A.7 p 22, V.F. Polycarpe, p 25 ; V.C. p 114) et 1828 (A. 2 p 29).
On sait que le P. Coindre avait prêché une retraite à Vals en 1823 et donné une mission au Puy en 1825, et que dans les paroisses où il passait, il avait à cur de prolonger son action par louverture décoles primaires et le recrutement de vacations pour lInstitut.
Mgr de Bonald qui avait acheté à Vals un bâtiment pour les Missionnaires diocésains, entretenait lexcellents rapports avec le P. Coindre leur supérieur tout au moins jusquen 1825, et encourageait très fort les instituts enseignants (Zind p 232). Il est probable que dès 1826, le Père Coindre prépara louverture dun établissement à Vals. Très peu de temps après, quelques jeunes recrues y furent sans doute rassemblées puisque aussi bien le Comité dInstruction publique de larrondissement du Puy en sa séance du 5 décembre 1828, indique que nous y avions un noviciat.
On comprend mieux, dès lors, que celui de Monistrol ait été fermé (1827) puisquun autre prenait corps à Vals. De 1823 à 1816, le Père Coindre sétait voué à luvre des missions dans le diocèse du Puy : il y en donna plus de vingt. Grâce à son zèle la Haute-Loire promettait de nombreuses vocations et gardait le moyen dy former les aspirants qui se présentaient. Nous connaissons les noms de quatre des premiers Frères qui enseignèrent à Vals entre 1826 et 1837 : les Frères Jean-Marie Rey, Régis Rouchon, Jean-Pierre Romieu et Jean-Pierre Nuel.
Le Frère Jean-Pierre Rey (Barthélémy) fut sûrement le fondateur de lécole de Vals, après avoir été celui du Monastier en 1824. Appartenant au groupe des premiers profès (1824) il mourut à Vals en 1827. Natif de Sainte-Sigolène, Frère Barthélémy était un religieux doué dexcellentes qualités.
Le Frère Régis Rouchon se rendit à Vals dès 1828. Cétait un ancien Frère de lInstitut des Frères de Viviers qui, sur la demande de leur fondateur et de lévêque du diocèse, venait de fusionner avec les Frères du Sacré-Cur. Cette fusion eut un grand avantage : un décret royal de Charles X, en 1825, avait autorisé les Frères de lInstruction Chrétienne de Viviers à enseigner dans les écoles communales. Cette approbation devenait nôtre et sétendait désormais à la Haute-Loire. Ce Frère Régis Rouchon, né à St-Pal-de-Mons en 1812 mourut très jeune en 1836 (le 28 avril).
Le Frère Jean-Pierre Romieu faisait partie lui aussi de la première équipe. Nous le trouvons à Vals dès 1828, année où il obtint lautorisation denseigner (Séance du Comité dInstruction publique du 8 décembre 1828, A. D. H. L.)
Le Comité dinstruction publique, à la date du 27 mai 1830 accorde lautorisation denseigner au Frère Jean-Pierre Nuel « chargé par le Frère Supérieur de la direction de lécole des Frères des Saints Curs à Vals-près-le-Puy » (A.D.H.L.)
Si nous ne connaissons pas avec certitude lemplacement exact de notre première école de Vals, nous avons de très bonnes raisons de penser quelle occupait une partie des bâtisses de lancien couvent des Augustines de Vals (Historique des Augustines de Vals, par Beylard S.J. p 205). Nous pouvons dire quelle était plutôt inconfortable et trop petite pour le nombre délèves, plus de cent dont 40 à 50 internes. Sur la demande du Recteur dAcadémie de connaître la situation des écoles, le Comité de lInstruction primaire du Puy linvita à faire lui-même la visite des écoles placées sous sa juridiction.
Le 14 juillet 1830, le Recteur ayant visité lécole des Frères de lInstruction Chrétienne établie à Vals, « trouva de graves inconvénients dans la distribution des locaux et particulièrement au dortoir, où lencombrement des lits et le défaut dair suffisant devaient nuire à la surveillance et à la santé des élèves ».
« Le Directeur de lécole (le Frère Nuel) fit observer que si le nombre de pensionnaires et de caméristes (sic) était diminué, lécole serait fermée, puisquelle ne subsistait que par le produit du pensionnat ; quelle ne recevait ni rétribution des élèves, ni indemnité de la commune qui fournissait gratuitement le local occupé par létablissement ».
« il existe, ajouta le Directeur, une autre partie de bâtiment appartenant au même propriétaire, et si lon pouvait lobtenir, cette augmentation de logement permettrait une meilleure distribution soit pour le coucher soit pour le repos et les récréations ».
« Monsieur le Recteur engagea un membre du comité qui laccompagnait à visiter le nouveau local et à faire part ensuite de ses observations au Comité pour être prise telle décision qui conviendrait ». En bref, cétait une école mal installée provisoirement mais bien appréciée si lon juge par lintérêt que le Recteur et les membres du Comité montrèrent pour améliorer la situation et par la proposition de ce même Comité de faire attribuer une récompense à nos écoles de Vals, le Monastier et Pradelles. En effet, sur le rapport qui lui a été fait « le Comité reconnaissant toute lutilité de cette école fréquentée non seulement par les enfants de la commune de Vals et de plusieurs communes voisines, mais encor par ceux de la ville du Puy qui ne se rendent plus au collège des Jésuites et qui ont quitté leurs études, arrête qui sera écrit à Monsieur le Recteur pour lui faire connaître la situation du local à joindre à lécole et les avantages quil offrirait pour laugmentation des dortoirs et réfectoires où les pensionnaires pourraient être séparés des caméristes. En même temps il lui sera communiqué limpossibilité où serait la commune de Vals de pourvoir aux frais dun second loyer e portant à 300 francs. Monsieur le Recteur serait prié en conséquence dobtenir cette somme annuelle du gouvernement ». (il semble que cette demande fut agréée).
Telle était la situation de lécole de Vals où arriva le Frère Polycarpe le 30 septembre 1830 et où il vécut jusquen 1837. A. 27, 7/10
Dépôt du testament olographe dAndré Coindre du 21 novembre 1822, le 7 octobre 1826 chez Mtre Casati.
A sa mort, le Père Coindre était possesseur des 2/3 de la propriété Coindre : sa moitié, qui comprenait le Pieux-Secours ; et le 1/3 du reste quil avait reçu en héritage lors du décès de son père en 1818. Comme nos Frères ne pouvaient posséder, nétant pas reconnus par le Gouvernement, il a légué tous ses biens au Père François pour quil les consacre à luvre (du Pieux-Secours) et les passe aux Frères ensuite.
Quel fut le mode de transmission des biens du défunt, situés à Monistrol, à M. Montagnac ?
M. A. Coindre, en mourant, laissa ses biens, ceux de Monistrol du moins, à M Vincent Coindre, son frère, qui en fut lhéritier de droit, pour les trois quarts ; et à sa mère qui, de droit aussi, en hérita un quart. Nous ignorons quel moyen fut pris alors, et quelle convention eut lieu, entre cet hériter et MM. Romain et Pierre Montagnac qui, désormais, vont paraître et agir, comme supérieurs et maîtres du Petit Séminaire. Dun côté, on serait porté à croire que M. Vincent Coindre resta seul maître de tout c qui avait été, jusque-là), acquis ou donné à cet établissement ; puisque ce ne sera que le 15 juin 1841, que nous trouverons un acte par lequel il sen dessaisira au profit de trois autres personnes.
Dun autre côté, cependant, il paraît difficile dadmettre que les deux MM. Montagnac, prenant en main, après la mort de M. A. Coindre, la continuation de loeuvre du collège, et voulant y faire de notable réparations et augmentations, aient consenti à laisser le frère du défunt, habitant le plus ordinairement Lyon, ayant sa sur, Delle Marthe Coindre et sa mère encore vivante, seul propriétaire pendant quinze an dune somme de biens qui avaient été donnée en partie pour servir à la bonne uvre, ou en partie acquise par les travaux communs des professeurs, ou considérablement améliorée et augmentée par des dons volontaires. Il est donc vraisemblable que, peu après la mort de M. A. Coindre, il intervint entre son hériter dune part, et les MM. Montagnac, et peut-être même quelques autres professeurs, une convention, par laquelle le premier laissa à ceux qui continuaient luvre du collège, lentière propriété de lancien couvent, telle que lavait reconstituée M. A. Coindre.
Nous ne connaissons pas, il est vrai, cette convention. Mais nous la supposons presque identique à celle qui reviendra au 15 juin 1841, et ne sera plus quun double, ou une ampliation de la première. Dans cette seconde hypothèse, si jamais elle vient à se vérifier, pareil double ou pareille ampliation sexpliquerait, ou parce quon voulut éviter des droits de succession, ou parce quon désirait évincer quelques professeurs qui pouvaient avoir acquis des droits sur la propriété, de 1826 à 1841 ; ou, mieux encore, la donation faite par M. Rauzan, en 1822, sétant trouvé nulle, ainsi que la première convention de M. Vincent Coindre qui la prenait pour base, on profita de la survie de M. Rauzan jusquen 1839, pour obtenir, de lui, une seconde donation, laquelle devait bien être suivie dune seconde convention de M. Vincent Coindre. Il nous est impossible de jeter sur ce point obscur de notre notice, plus de jour et de clarté que nous venons de faire. H.F. 73-74
Etat des biens et des uvres sous André Coindre
Létablissement du Pieux-Secours était prospère, puisquon lallongera en 1827, dune aile sur la droite. Linstitut était bien lancé. St I. 77/78
Manuel dInstitut, fin 1826 ou 1827
Dès le début de son supériorat, soit en 1827, le P. François a fait imprimer à lusage des Frères, un Manuel dInstitut. Que contenait-il au juste ? Nous lignorons, car aucune copie ne nous en est parvenue. Mais, daprès ce quon peut inférer des mentions qui en sont faites, il devait comprendre les prières de communauté ; un « formulaire de directoire (probablement règlement journalier) ; et peut-être aussi les statuts de la Congrégation. St I. 79/80
Deux Classes de Frères
Les premiers sujets entrés dans lInstitut apportaient un éventail daptitudes qui cadraient bien avec la nature de nos uvres. Il nous fallait quelques instituteurs pour les clases ; mais le Pieux-Secours demandait des hommes de tout métier ; et nos maisons avaient besoin en outre de cuisiniers et de surveillants.
Passé les premières années, le recrutement va nous parvenir de 2 sources principales, dégale importance : les élèves de nos écoles qui deviennent de plus en plus nombreux et les paysan ou cultivateurs. Avec nos anciens élèves et les paysans qui avaient reçu quelque instruction, nous pouvions former des maîtres. Les autres, non récupérables pour lenseignement étaient destinés aux travaux manuels.
Au commencement de son administration, le P. François, de son propre chef, car il nen est pas fait mention dans les procès-verbaux des chapitres généraux, a divisé les Frères en 2 classes : les Frères enseignants et les Frères coadjuteurs.
Ainsi, à la vêture du 19 février 1827 et pour la 1ère fois, il est dit dans le rapport : « Nous avons admis les FF. x, x et x à la réception du saint habit de Frère enseignant ; nous avons admis les FF. x, x, et x à la réception du saint habit de Frère coadjuteur de notre Congrégation ». Il en sera de même à la vêture de lautomne de 1827.
Depuis que nous étions orientés vers lenseignement, nous avions de moins en moins besoin de ces Frères aux emplois manuels. Alors le Père a songé à sacheter une ferme, où il pourrait en occuper un bon nombre ; et il demanda lautorisation à lEvêché de Lyon. On lui répond, en date du 27 juin 1827 : » Le Conseil archiépiscopal rejette la demande, estimant que les Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie devaient se borner à lenseignement primaire et à leur Providence de la Croix-Rousse ». (Zind Frères Enseignants p. 330)
Combien de temps a duré cette division en enseignants et coadjuteurs ? Pas longtemps, à ce quil semble. Comme il nous manque plusieurs procès-verbaux des vêtures, il ne nous est pas possible de préciser une date ; mais, à partir de 1830, aucun des rapports qui nous sont parvenus ne mentionnent ces 2 classes.
Toutefois, pour fins délections et de participation aux assises de lInstitut, nos statuts ont continué de distinguer entre enseignants et non-enseignants jusquau chapitre général de 1874. St I 80/81
Agrandissement du petit séminaire ; construction de sa façade sud
A peine M. Montagnac aîné fut-il devenu le maître du Petit Séminaire, par cession de M. Vincent Coindre, ou par tout autre convention semblable, quil songea à agrandir le local de son établissement, suivant le projet quavait exposé M. A. Coindre en 1824, dans sa lettre au Conseil municipal, où il disait quil voulait construire des dortoirs, des salles détude, des classes, etc. Ce fut donc bien à cette époque, 1826-27, quon bâtit la façade regardant la place dite St-Louis, ou de la Croix de Mission. Sans doute que ces Messieurs examinèrent bien ce qui fut fait alors, et quils eurent de bonnes raisons, tirées, peut-être, de limpossibilité de faire autrement, pour se décider à agrandir leur édifice au moyen de cette construction.
Quil soit permis, néanmoins de témoigner un regret : cest que, nayant pas pu, ou voulu exhausser les trois corps de bâtiments quils avaient déjà, ni en construire dautres à la suite, ils se soient crus obligés de détruire le vestibule et lentrée de lancien couvent, avec son portique au milieu, quon aurait pu faire plus grandiose, et qui souvrirait aujourdhui sur la belle esplanade dite du château ; avec sa cour intérieure, assez vaste, autour de laquelle règnerait le cloître voûté ; et qui laisserait pénétrer le coup doeil, le grand air, et le soleil, jusquaux chambres habitées par les professeurs.
Les cours destinées aux récréations des élèves furent placées dune manière plus heureuse et plus convenable ; lune, pour les pensionnaires au sommet de la prairie ; et lautre, pour les caméristes, au bas de cette même prairie : et on ne tarda pas dy planter des arbres afin de préserver les élèves contre les ardeurs du soleil. H. F. 74-75
Entrée dHyppolyte Gondre au Pieux-Secours (le 27-06-1827)
Ce sera le 3e Supérieur des Frères
Hyppolite Gondre qui connaissait le F. Bernardin, voulant marcher sur ses traces,lui adressa une lettre dans laquelle il lui faisait part de sa détermination, le priant dexprimer au Supérieur général le désir quil avait dêtre admis aux nombre des novices de la société. Il sollicitait, en outre, quelques détails complémentaires : il voulait savoir quelle direction serait donnée à sa vie, quelles uvres de sanctification et de zèle étaient prescrites aux Frères du Sacré-Cur.
Note : En réalité, cest le F. Cyprien Victor Motte), natif de lAuberie, à 2,5 km des Héritières, « admis à la réception du saint habit de frère coadjuteur », le 19 février 1827, qui a été le recruteur du F. Polycarpe. (cf. à ce sujet, lannuaire 51, pp. 445 à 450)
Il ne tarda pas de recevoir une réponse favorable à ses vues et à ses aspirations, réponse où, comme il la déclaré plus tard, se trouvaient exposés lexcellence et les avantages de létat religieux, ainsi que le mérite de cultiver les jeunes âmes, de les guider dans les voies de la justice et de linnocence ; on ajoutait que le bon accueil lui serait fait à la Maison-Mère. V. P. 16-17
Il se rend au Pieux-Secours le 27 juin 1827. Il a alors près de 26 ans. St II 135- VP 17
Il fut vite initié aux pratiques et aux devoirs de la vie religieuse. On reconnut bientôt que cétait un trésor pour lInstitut. Le 16 septembre suivant, il revêt la soutane. On lui donne le nom de F. Polycarpe. St II 135
Maître au Pieux-Secours
En possession dun diplôme [dinstituteur] obtenu par un travail personnel, sérieux et opiniâtre, exercé depuis plusieurs années dans lart difficile de lenseignement, le F. Polycarpe pouvait être considéré comme lun des maîtres les plus capables de lépoque.
Aussi bien, ses supérieurs ne tardèrent pas de mettre à profit ses talents et ses connaissances pédagogiques : On le nomme professeur au Pieux-Secours pour lannée 1827/1828 V.P. 18
Chapitre général de 1827, le 24 septembre
Notre premier chapitre sétait tenu à Monistrol en 1824. Les Frères avaient élu un Conseil général pour 3 ans. Le terme doffice expirait donc en 1827. Le P. François convoque de nouvelles assises, à Lyon, pour le 24 septembre. Ils sont 24 Frères capitulants, tous les profès qui étaient libres à ce moment. St I 81
Nous soussignés formant le chapitre général avons délégué pour procéder à la nomination des différentes charges de notre congrégation dite des Frères des Saints Curs de Jésus et de Marie qui selon la forme de notre institut doivent être renouvelées de trois ans en trois 3 ans, les Frères Xavier, Barthélémy, Benoît, Ignace, Bonaventure, tous profès.
En foi de quoi nous avons signé le présent acte.
Lyon, le 24 septembre 1827.
Signatures : Coindre, Frère Borgia, Frère Xavier, Frère Benoît, Frère Barthélémy, Frère Bonaventure, Frère François, Frère Irénée, Frère Maurice, Frère Ignace, Frère Michel, Frère Laurent, Frère Stanislas, Frère Joseph, Frère Pierre, Frère Thomas, Frère Jean, Frère Ennemond, Frère Athanase, Frère Martin, Frère Gérard, Frère Nuel (Pacôme), Frère Bruno, Frère Cyr, Frère Gonzague.
Note : Seuls profès absents : FF. Augustin, Bernard, Louis, Charles et Mathieu
Conseil général 24 septembre 1827
Nous soussignés composant le Conseil général de la congrégation des Frères des Saints Curs de jésus et de Marie, sous la présidence de notre supérieur général M. François Coindre, après avoir mûrement examiné devant Dieu et selon notre conscience, désirant le bien général de la congrégation, pour la plus grande gloire de Dieu avons nommé aux charges réservées à la congrégation désignée ci-après le frère Xavier 1er assistant et procureur général, frère Benoît second assistant, frère Augustin préfet des choses spirituelles, en foi de quoi nous avons signé avec notre Supérieur le présent acte Lyon ce 24 7 bre 1827.
Signatures : Coindre, Frère Borgia, Frère Xavier, Frère Ignace, Frère Benoît.
Le supérieur et le directeur général, étant nommés à vie, ne sont pas soumis à lélection.
On choisit :
Premier Assistant Frère Xavier
Second Assistant- Frère Benoît
Econome général Frère Xavier
Préfet du spirituel Frère Augustin
On remarquera que le Frère Augustin a été remplacé comme Assistant par le Frère Benoît : « une des meilleures têtes de lInstitut », avait dit de lui le Père André ; un homme que « tout le monde considérait comme un saint », lit-on dans lObituaire ; et que le Frère Xavier, tout en conservant sa charge dAssistant, remplace le Frère Bernard à léconomat général.
Daprès le procès-verbal, le Chapitre ne sest occupé que délections, car cest tout ce quil mentionne. Mais il est probable que cest à cette occasion, que le Père François a conclu une entente financière avec les Frères. St I. 81-82
Fermeture du Noviciat de Monistrol, en 1827
Une des mesures les plus regrettables du nouveau supérieur a été de fermer le Noviciat de Monistrol en 1827, alors quil commençait à donner dexcellents résultats, et de distribuer les aspirants dans les établissements pour quils se forment tout en travaillant. Il en plaça plusieurs au Pieux-Secours à Lyon pour les travaux manuels. H. I. 26
Entente financière
Dès ce moment, M. Coindre donna à entendre aux Frères quil mettait son bien en commun et quils devaient de leur côté se détacher de tout pour le bien commun. X 57
Il est probable que cest à cette occasion (chapitre de 1827) que le P. François a conclu une entente financière avec les Frères
Depuis le chapitre de 1824, nos Frères gèrent eux-mêmes leur administration temporelle. Le Père André leur a fait don du mobilier et des métiers du Pieux-Secours ; et ils payent un loyer pour lusage de létablissement en attendant len devenir les possesseurs.
Daprès les notes relatives au testament du P. André, F.V. Coindre devait à cette occasion, céder le Pieux-Secours au Frères, pour le prix coûtant, soit 12 000 F, et leur laisser la conduite de leurs affaires.
Alors le Père François Vincent leur fait une contre-proposition. Maintenant quil est supérieur général, il na dautre intérêt, leur dit-il, que de travailler à la prospérité de leur Institut. Si les Frères veulent bien lui confier leurs biens, il est prêt à y joindre les siens pour les consacrer à leur uvre. Ainsi, on naura quune seule administration.
« Comme les Frères écrit le F. Xavier, se ressentaient encore de lélan que le bon Fondateur avait donné, ils ne firent aucune difficulté de se dépouiller de tout et mirent toute leur confiance dans son successeur (X 57)
Ils lui livrèrent donc les revenus des maisons, leurs économies, le mobilier et les métiers du Pieux-Secours et même les biens patrimoniaux que la plupart avaient conservés. Tout ce capital est maintenant aux mains de P. François, qui en devient lunique gérant. St I 82/83
Chapelle et atelier (1827-1828)
Létablissement du Pieux-Secours continuait à faire le bien dune manière efficace, mais on était à létroit et diverses constructions furent jugées nécessaires.
Avec cet argent, le Père propose aux Frères de faire construire une chapelle capable de contenir un assez grand nombre de personnes, avec ateliers au sous-sol. On en avait déjà une dans la maison et léglise Saint-Bruno nétait quà quelques minutes de marche. Nimporte ! St I 83
Dans ce moment létablissement se trouvait avoir quelques avances, provenant en partie des dons faits à luvre, partie provenant du travail et même de quelques apports que les Frères avaient faits. On résolut de commencer ces travaux qui durèrent à peu près 2 ans : 1827 et 1828.
Les Frères fournirent à peu près 25 000 F en argent. Comme on bâtissait sur le terrain de M. Coindre et quun grand nombre de Frères travaillait aux constructions, on convint de compter les journées des Frères et den tenir compte, quoiquelles ne fussent portées quà 1F 25c. On en fit pour 11000 F y compris les fournitures alimentaires quon fournissait à un grand nombre douvriers ; cette construction séleva à peu près à 40 000 F. Les Frères en avaient fourni à) peu près 36 000 F, le reste fut payé plus tard.
Pour dédommager les Frères, M. Coindre les déchargea de la location de la maison. X 57
Pour avoir un supplément de main duvre à bon marché, le Père ferme le Noviciat de Monistrol, en 1827, et amène les novices au Pieux-Secours, où ils passent la grande partie de la journée sur le chantier avec les ouvriers. Ils étaient entrés pour sinstruire et se former à la vie religieuse. Ils nen ont plus guère le temps. Aussi, dès quils se rendent compte quils ne sont là que pour travailler, la plupart quittent lInstitut ou ils labandonneront plus tard, à cause de leur peu de formation et de préparation. Sur les 26 quils étaient, en 1827, 6 seulement ont persévéré ; du groupe de 1828, deux et de celui de 1829, un seul. Cà été la première grave erreur du P. François. Les plaies dargent ne sont pas mortelles ; mais le manque de formation des sujets amène des conséquences déplorables. Nous aurons en souffrir longtemps. St. I. 83-84
Note :
La maison de Lyon marchait toujours de mieux en mieux ; on fit plusieurs réparations pour être en état de recevoir un plus grand nombre denfants. On allongera, en 1827, dune aile sur la droite le Pieux-Secours. On organisa divers ateliers pour pouvoir les occuper. X. 54
1827
Daprès le factum, François, Vincent Coindre entreprend dagrandir la maison de providence ; on travaille deux années à cet agrandissement. Pendant ces deux années de construction la communauté dont les intérêts temporels étaient toujours séparés fournit à M. Coindre tout ce dont elle put disposer argent et main duvre et au bout de ces deux ans la communauté se trouva avoir fourni à M. Coindre environ 32 000 F. On cessa alors de payer la location de la maison, les intérêts des 32 000 F fournis à M. Coindre compensant le prix de cette location.
Le mobilier de la maison de providence ainsi que tous les métiers des ateliers appartenaient au Frères, lacquisition en ayant été faite par eux. M. Coindre avec largent de la communauté et le sien nayant pu terminer ses bâtiments fut obligé demprunter. Dès lors les intérêts absorbèrent une partie des revenus et M. Coindre commença à se trouver dans lembarras. Il crut trouver un moyen de se tirer daffaire dans les ressources que les Frères se créaient ; ayant fait un partage avec sa soeur il sembla mettre sa portion en commun avec nous ; imperceptiblement il se fit notre administrateur disposant des biens des Frères à son gré faisant tout à son nom, etc. F. 2-3
Acte de décès de Marie-Françoise Mislet, maman des PP. Coindre
« Le 12 mars 1828 (et non en 1827 !) à 3 h du sir par devant nous Maire de Lyon ont comparu sieur Jean-Baptiste Brayet âgé de 55 ans, négociant rue Bât dArgent n° 11 et Jean-François Delon âgé de 26 ans, frère du Pieux-Secours à la Butte n° 34 lesquels ont déclaré que Marie-Françoise Milet âgé de 66 ans native de Saint-Dider la Combe (s) Ain, rentière, demeurant à Lyon, cloître des Chartreux, veuve de Vincent Coindre est décédée ce matin à 9 heures. Lecture faite du présent acte aux déclarants qui ont signé avec nous. A. D Rh 4 E 2961 N° 944
Inhumation de Marie-Françoise Mifflet :
Lan 1828 et le 13 mars, je soussigné a inhumé dame Marie-Françoise Millet veuve Coindre en présence de M. Jacques Lesne, vicaire de cette paroisse qui a signé avec moi.
J. Lesne, vic M. Pousset Registre paroissial St Bruno
Acquisition du 11 avril 1828
Ce fut, aussi, vers cette même époque (1828), quon put exécuter la permission, déjà obtenue, de transférer au-delà des deux recréations, le chemin conduisant des fossés de la ville au Pra-dessous, chemin public qui passait autrefois, entre le jardin des missionnaires et leur prairie. Mais, pour faire accepter plus facilement cette modification, et ne pas rejeter trop loin ce chemin vers le sud-est, MM. Montagnac achetèrent lentière cour de Pierre Dutreuil ; et cest par cette cour, et après avoir longé la clôture des deux récréations, que le chemin montant des Pra-dessous, vint aboutir aux fossés de la ville. Voici lacte dacquisition passé le 11 avril 1828. « Pierre Dutreuil, est-il dit, vendit et céda pour le prix de 1000 F. à MM. Roman et Pierre Montagnac, supérieurs du Petit Séminaire de Monistrol, lentière cour séparant la grange et écurie du Sr vendeur, du jardin quil a sur les fossés de la ville, laquelle cour contient environ deux ares, et confine, du matin, le jardin dudit Sr Dutreuil ; du midi, les fossés de la ville ; du soir, la grange et écurie de Sr Dutreuil ; du nord, le Pré-Vescal. Le vendeur fit trois réserves : celle de pouvoir agrandir, comme bon lui semblerait, la petite porte donnant passage de ladite écurie sur la cour, celle de pouvoir établir une fenêtre du pied carré barré et grillé en fer (sic)».
Note : Lacte ne sexplique pas davantage. Peut-être est-il question de la fenêtre qui souvre aujourdhui encore, dans la cour de récréation des pensionnaires. H.F. 75
F. Polycarpe Maître des novices
A lautomne 1828, à cause de ses rares qualités, on ne craignait pas de lui confier la charge dinstruire et de former les novices. Ce choix dit assez ce quon pensait de son mérite et de lédification qui sexhalait de lensemble de ses rapports avec ses frères. P. 260
La construction de la chapelle étant terminée, les aspirants peuvent maintenant consacrer plus de temps à leur formation, et ils ont lhomme pour les biens diriger. St 135
Il est vraiment leur père, leur modèle, leur maître de tous les instants. Ne perdant jamais de vue ni lintérêt de leurs âmes, ni les services quils doivent rendre à lInstitut, il leur consacre sa pensée, son temps, son cur, toute lactivité de son zèle. Sans doute il leur communique les sciences élémentaires dont ils auront besoin plus tard ; mais avant tout, il veut en faire des hommes sérieux, de fidèles et généreux enfants du Sacré-Cur.
Inutile de le faire observer, il rencontre de nombreux obstacles dans lexercice de sa charge. Plusieurs postulants sont comme une terre inculte quil faut défricher à la sueur du front : ils ont des habitudes et des pensées mondaines quil faut combattre et modifier ; mais leurs défauts ne rebutent pas le dévouement du maître : sa patience et sa douceur, jointes à une grande bonté, triomphent de tout. Former ces jeunes gens aux pratiques de la vie religieuse, accélérer leurs progrès dans la vertu,, par de ferventes prières ; attirer sur eux les bénédictions du ciel : tels sont ses préoccupations et ses efforts de tous les jours.
A Lyon, afin de leur rendre plus faciles létude et la connaissance des vérités de la foi, et pour les initier aux combats de la vie spirituelle, il leur apprend la méthode doraison, enseignée par Saint-Ignace, méthode qui nest point encore en usage dans lInstitut.
Note : Ce fut vers 1828 que les Frères de Lyon et ceux des établissements adoptèrent cette méthode. Jusque-là ils sétaient bornés à lire aux heures de la méditation, quelques pages dun livre de piété ; cest ce que nous affirme un frère qui alors se trouvait au Pieux-Secous. P. 398-399
Fondation de Largentière Reconnaissance officielle
En 1828, nous fondions St Maurice de Lignon et St Front en Haute Loire, puis Largentière en Ardèche. De ces trois postes, Largentière présente un intérêt spécial, car cette fondation va nous valoir la reconnaissance officielle de lInstitut par le Gouvernement.
Jusque-là, il avait suffi pour les congrégations enseignantes de lapprobation de lEvêque pour quelles puissent préparer des professeurs et tenir des écoles ; et, par le fait même, exempter leurs sujets du service militaire.
En effet, une ordonnance du 29 février 1816 confiait lenseignement primaire aux Communes, aux Comités darrondissement et aux Associations religieuses enseignantes, sous le contrôle des Evêques.
Une autre, du 7 février 1819, accordait des diplômes aux Frères sans examen préalable, sur simple présentation de leur lettre dobédience. Et, le 8 avril 1824, on statuait que cest lEvêque qui autorise et révoque les instituteurs primaires dans son diocèse.
Mais, en 1828, le 21 avril, la loi dite Martignac enlève tous les pouvoirs concédés jusqu-là aux Evêques relativement à lenseignement primaire pour les remettre entre les mains de lAcadémie (Ministère de lInstruction publique) et détermine que seules les congrégations autorisées par le Gouvernement pourront désormais jouir des privilèges accordés antérieurement.
Dans les congrégations approuvées :
Les sujets nont quà signer un « engagement décennal », soit de servir pendant 10 ans dans la société, pour être exemptés du service militaire. Ils peuvent enseigner dans les écoles libres sur simple présentation de leur obédience.
Pour tenir une école communale, il suffit que le Directeur ait un diplôme, les autres professeurs étant considérés comme simples adjoints. Et la société peut recevoir dons, héritages, etc.
Dans les congrégations non autorisées :
Les sujets sont considérés sur le même pied que les laïcs. Chacun doit avoir son diplôme pour pouvoir enseigner ; et seuls les diplômés peuvent se faire exempter du service militaire en prenant lengagement décennal. La société ne peut accepter aucun don, legs, héritage
Notre Institut nétait pas autorisé par lEtat.
La Providence est venue à notre secours dune manière inattendue : par la fondation de Largentière, en Ardèche. St I. 84-86
23 juillet 1827 Une lettre du maire de Largentière, M. Deslèbre, demande des renseignements sur les frères qui dirigent cette « très bonne école [Pradelles] ; il senquiert des « conditions à remplir pour en avoir de la même congrégation » et explique quils ont eux-mêmes « des frères de lInstruction chrétienne, venus de Notre-Dame du Bon-Secours, mais qui ne remplissent pas tout à fait le but que nous nous étions proposés [sic]. A.G.FSC dépôt 304186 Ecole des frères :
Correspondance 1827-1889 au N° 145 R 141
Les Petits Frères de N.D. du Bon-Secours se recrutaient peu, mais étaient légalement reconnus dans lArdèche. Leurs voisins, les Frères des Sacrés Curs de Jésus et de Marie, avaient une dizaine détablissement, se recrutaient abondamment, mais manquaient dautorisation légale.
Lévêque du Puy se mit en devoir de leur obtenir lordonnance royale ; en 1827, le Conseil dEtat refusa dapprouver leurs statuts.
Note :
A.N. F17 12452 : lettre du recteur de lacadémie de Clermont à Montalivet, ministre de lInstruction Publique et des Cultes, 16 janvier 1832.
Les Statuts dAndré Coindre pas plus que ceux remaniés et présentés par François Vincent Coindre nont pu être retrouvés. Les premiers qui soient conservés aux archives des Frères datent de 1846.
Pour tourner la difficulté, Mgr de Bonald entra en relation avec Mgr Bonnel de la Bargeresse, depuis un an Evêque de Viviers, et les deux prélats sentendirent pour fusionner les deux congrégations. Loccasion de passer aux actes se présenta en novembre 1828 lorsque le maire de Largentière demanda à Mgr Bonnel lautorisation de remplacer les Frères de lInstruction chrétienne par les Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie. LEvêque accorda le 7 novembre 1828 son autorisation avec empressement. Z.I. 335
Monsieur Deslèbre sadressa alors à notre supérieur pour lui en demander trois afin de remplacer ceux de Monsieur Boisson dont il nétait pas content. Il remplit toutes les conditions voulues par le Prospectus ; il faisait un traitement fixe de cinq cents francs par frère et lécole était gratuite. Les deux frères de Monsieur Boisson sagrégèrent à notre congrégation, attendu que la leur tombait en décadence. X. 55
Le 7 novembre 1828, Mgr Bonnel pria même le Père Vincent Coindre « de venir occuper la place de supérieur des Frères de lInstruction chrétienne de la Blachère ». Z I 335
« Après une correspondance de plusieurs mois avec les autorités locales de Largentière dabord, puis des sollicitations réitérées de Mgr Bonnel, évêque de Viviers à cette époque, pour que je me charge de la direction de lInstitution des Frères de lInstruction chrétienne de la Blachère, écrit le P. François Vincent Coindre, je me rendis à Viviers, dans le courant de 1829 et nous arrêtâmes le mode de réunion avec sa grandeur, sur les points essentiels :
Que Mgr de Bonald pouvait solliciter une extension de lordonnance accordée aux Frères de Viviers, pour les Frères déjà établis au Puy ;
Quimmédiatement après cette ordonnance obtenue, lon prendrait les sujets capables de Viviers pour entrer au noviciat des Frères du Puy ;
Que ceux-ci donneraient autant de sujets au diocèse de Viviers que Viviers leur en donnerait ;
Que, pour commencer on retirerait les Frères de Largentière, les seuls jugés capables par M. Boisson, leur supérieur, parmi les sujets qui restaient dans cette société et que, par là, sopérerait la fusion des deux sociétés, en envoyant des Frères du Puy pour les remplacer, et surtout un homme capable de relever, dans cette localité, le noviciat des Frères de Viviers, qui était entièrement ruiné, à la Blachère, berceau de cette société : car il ne restait pour tout sujet dans cette maison, quun homme dont la tête était dérangée et un ou deux hommes de peine qui restaient là parce quils avaient contribué par leurs petites ressources pécuniaires, à la construction du bâtiment des Frères, sur lequel on devait beaucoup encore. Cest ce qui fut cause que, de concert avec lEvêque et M. Boisson, alors supérieur, il fut arrêté que le Noviciat serait provisoirement à Largentière, étant le seul lieu convenable, soit à cause du rapprochement de la Blachère, où M. Boisson, Supérieur, résidait, soit parce que lécole de Largentière fournirait des ressources pour entretenir les nouveaux sujets qui y viendraient, sans sendetter davantage ; et que, dailleurs, on ne pouvait mettre en contact les nouveaux sujets avec les anciens qui étaient à la Blachère, qui, avec lincapacité, joignaient encore le plus mauvais esprit possible. »
Lettre du P. François Vincent Coindre au F. Polycarpe, 1842 AGFSC
« Comme létablissement de Largentière était une école primaire qui était en souffrance, écrit encore F.V. Coindre, je crus devoir envoyer à Largentière en premier lieu, attendu que le Noviciat de Notre Dame, dans ce moment, était tout au plus composé de trois ou quatre sujets, dont lun était infirme, et lautre lunatique, je crus donc pouvoir retarder lenvoi dun maître des novices pour pareils sujets
»
« Et, plus tard, je proposais à M. Boisson de faire dans la maison de Largentière même, un noviciat préparatoire, afin daller ensuite à Notre Dame avec un certain nombre de novices, pour renouveler dune manière convenable et rassurante cette maison, complètement ruinée, sous le rapport des sujets.
« Déjà, à cette époque, il faut le remarquer, les Frères instituteurs de Largentière dépendants de M. Boisson, daprès son avis, sétaient réunis aux nôtres, ce qui avait opéré la fusion ; et ils furent envoyés dans une ou deux de nos maisons, pour y être formés et à lesprit de la Congrégation et à la méthode denseignement.
Tout était consommé pour la réunion, puisque, dun côté, les sujets capables de Viviers furent envoyés dans la Haute-Loire et les Frères de la Haute-Loire furent envoyés à Viviers ou plutôt à Largentière. Il nétait plus question alors que du mode le plus avantageux pour faire réussir le noviciat de Notre-Dame
»
Lettre de François Coindre au F. Polycarpe, le 31 août 1842, AGFSC
Note :
Deux Frères des Sacrés-Curs de Jésus et de Marie iraient faire la classe à Largentière avec un Frère de lInstruction chrétienne, tandis quun autre Frère de cette dernière congrégation, frère Eugène Doumon, serait employé dans un établissement des Frères du Puy.
(*) Daprès la Chronique des Frères de N.D. de Bon Secours ce Frère sappelait Antoine ; daprès les archives des Frères du S-C, il sappelait Andéol. Z .I. 335
« Ce fut donc en conséquence de tous ces accords, soit avec sa Grandeur, soit avec M. Boisson, que tout sexécuta comme cétait convenu
. »
François Coindre au F. Polycarpe AGFSC 1842
Note :
Lettre de M Boisson fondateur des frères de Viviers à M. Coindre
Monsieur,
Jaurais, à la vérité, souhaité que vous eussiez pu dabord donner un sujet pour diriger notre établissement, mais les circonstances, vous ont obligé de fournir létablissement de lArgentière, jenvisage en celle, la volonté de Dieu, je ladore, et je suis pas moins persuadé de vos bonnes dispositions. Veuillez donc ne pas vous faire de la peine. Jai examiné de plus près, le jeune homme dont javais eu lhonneur de vous parler, et jai reconnu, quil ne convenait pas, il est parti.
Jai dû vous en prévenir afin que cela ne vous mette pas dans le cas de faire dautres dispositions. Jai eu des nouvelles des frères de lArgentière, ils vont bien. Daignez agréer lassurance des sentiments respectueux avec lesquels jai lhonneur dêtre,
Votre très humble et obéissant serviteur
Boisson, prêtre
Notre Dame le 29 janvier 1829,
Archives des FF du SC A 02 029
Je fis dabord part à Mgr de Bonald de ce que javais fait à Viviers. Sur des choses aussi positives et en aussi bonne voie et sur la parole de lévêque de Viviers, et sur la parole de Monsieur Boisson, supérieur et fondateur des Frères, lordonnance dextension fut sollicitée : ordonnance autorisant non lexistence dune nouvelle congrégation de Frères Enseignants, mais lextension à la Haute-Loire de la congrégation des Frères de lInstruction chrétienne déjà autorisée pour lArdèche.
Note : Académie de Clermont Université de France, Clermont, le 2 mars 1829
Le Recteur de lAcadémie
Monsieur le Supérieur des Frères du Sacré-Cur à Lyon
Monsieur le Supérieur,
Jai reçu la lettre que vous mavez fait lhonneur de mécrire sous la date du 21 du mois dernier