exercices de rédaction
... avec des inflexions sémantiques différentes et dont il devait évaluer la
pertinence. ... L'auteur a commencé à rédiger son roman au cours de l'hiver 1827
. ... phrase, il décode le sujet « Il » comme une reprise du sujet de la première
phrase .... L'anaphore conceptuelle condense, résume le contenu d'une phrase,
d'un ...
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exercices de rédaction
Semestre dAutomne 2013
Les phénomènes de
reprise
Principes et exercices
Raymond Delley
La cohérence du texte
les phénomènes de reprise
La cohérence dun texte tient, pour une grande part, à la clarté avec laquelle des éléments (idées, faits, objets) déjà évoqués sont repris dans de nouvelles phrases. Les formules et les procédés qui servent à ces reprises sont habituellement désignés sous le terme danaphore grammaticale. Tout le problème, ici, est de mettre en uvre, dans chaque cas particulier, le type danaphore qui assure la continuité la plus claire et la plus précise. Dans lextrait suivant, nous avons marqué en caractères gras les formules qui, dune manière ou dune autre, renvoient au contexte antérieur.
Lhomme, selon Rousseau, est séparé de lui-même par la société. Cest elle qui provoque le passage de lamour de soi à lamour propre. Lamour de soi, toujours vertueux, dirigé par le Bien, est corrompu par lintérêt. Celui-ci nous rend infidèles à nous-mêmes. Rousseau na pu échapper à cette contamination, cest pourquoi il confesse « le bien comme le mal avec la même franchise ».
On remarquera tout dabord la variété des moyens à disposition. Une lecture attentive montrera également que, dans certains cas, il y avait plusieurs possibilités de reprises. Ainsi, dans la dernière phrase, lauteur reprend le nom de « Rousseau », ce qui semble indispensable pour éviter toute ambiguïté. Il aurait pu, cependant, utiliser des variantes, comme « Jean-Jacques », ou « lauteur des Confessions », ou encore « notre auteur », avec des inflexions sémantiques différentes et dont il devait évaluer la pertinence.
Les anaphores pronominales
Les anaphores pronominales évitent la répétition dun nom ou dun groupe nominal. Elles sont donc sémantiquement vides et ne sont pertinentes que si lidentification du nom auquel elles renvoient se fait sans aucune hésitation. Même si leur emploi semble évident, elles sont souvent choisies sans assez de discernement et à lorigine de bon nombre dincohérences, dambiguïtés ou de fautes dexpression.
A. La représentation totale
Ces anaphores pronominales reprennent un nom ou un groupe nominal dans son intégralité. Ces reprises sont généralement assurées par
les pronoms personnels (3e personne),
certains pronoms démonstratifs,
les pronoms relatifs.
Rousseau se tourne alors vers lautobiographie. Il rédige ses Confessions, qui loccuperont plusieurs années. Plus tard, il rédige les Rêveries du promeneur solitaire. Celles-ci resteront inachevées.
Insistons sur le fait que le pronom personnel de 3e personne reprend implicitement le thème, et non le propos. Il renvoie donc le plus souvent au sujet de la phrase précédente.
Lauteur a commencé à rédiger son roman au cours de lhiver 1827. Il ne sera terminé que cinq ans plus tard, durant lété 1832.
Cet enchaînement de phrases est incorrect : lorsque le lecteur commence à lire la seconde phrase, il décode le sujet « Il » comme une reprise du sujet de la première phrase : « lauteur » ; poursuivant sa lecture, il doit rectifier son interprétation et ladapter au sens de la phrase. Ce genre de correction rétroactive embarrasse la lecture, en gêne la fluidité, brouille la cohérence du texte.
Marie a passé toute la journée avec son amie Julie. Elle lui a raconté tous les événements de sa vie récente.
Lemploi des pronoms personnels (sujet, COD ou COI) amène souvent des ambiguïtés qui peuvent être aisément levées grâce à des anaphores dun autre type : « ce dernier », « celui-ci », « anaphore lexicale ».
Marie a passé toute la journée avec son amie Julie. Cette dernière (celle-ci) lui a raconté tous les événements de sa vie récente.
B. La représentation partielle
Certains pronoms représentent une partie seulement du groupe nominal de la phrase précédente. Ce sont
les pronoms possessifs,
certains pronoms démonstratifs,
le pronom « en »,
les pronoms indéfinis,
les numéraux.
Jai acheté deux exemplaires de ce livre. Jen ai offert un à mon ami. Jai gardé lautre pour moi.
Les tragédies de Racine ont des sources diverses : certaines, comme Phèdre ou Iphigénie, puisent dans la mythologie grecque ; dautres, Britannicus ou Bérénice, viennent de lhistoire romaine ; les deux dernières sinspirent de la Bible.
Jai examiné tous les livres de sa bibliothèque, mais je nai pas trouvé celui que je cherchais.
Les anaphores lexicales
Les anaphores lexicales (parfois également appelées nominales) sont construites à partir dun nom et dun déterminant défini : article définis, adjectifs possessifs ou démonstratifs.
A. Lanaphore fidèle
Dans le cas dune anaphore fidèle, on reprend le nom à lidentique, avec un simple changement de déterminant. On passe dun indéfini à un démonstratif, forme la plus courante, ou à un article défini.
Il rencontra un ami quil navait plus vu depuis des années. Cet ami lui avait autrefois été très proche.
Cette année-là, il écrivit un roman et un recueil de poèmes : le roman parut lannée suivante.
De manière quelque peu schématique, on peut dire que larticle défini sutilise dans la reprise dun terme qui, dans le contexte antérieur, est coordonné avec un ou plusieurs autres termes. Il sagit donc dun cas particulier, ce qui explique que, dans le cas de lanaphore fidèle, lemploi du démonstratif soit plus fréquent.
On ne confondra pas la fonction anaphorique du démonstratif avec son emploi comme déictique :
Emploi déictique :
Est-ce que vous avez déjà rencontré cette personne quelque part ?
Emploi anaphorique :
Nous sommes allés écouter une conférencière qui parlait de luvre de Jean-Jacques Rousseau. Cette personne nous a passionnés durant presque deux heures.
B. Lanaphore infidèle
Lanaphore infidèle est une reprise dun nom ou dun groupe nominal avec changements lexicaux. On distingue différents cas :
1. Un nom peut être représenté par un équivalent qui sera un groupe nominal à valeur descriptive, évaluative, argumentative.
Stéphane Mallarmé a renouvelé la poésie du XIXe siècle ; ce poète génial a eu de nombreux disciples, dont Paul Valéry.
2. Un nom est repris par un synonyme ou équivalent, ou par un hyperonyme.
Les Rêveries mettent un point final à lentreprise autobiographique de Rousseau. Cette uvre (cet ouvrage, ce livre, cet écrit) en constitue le point dorgue.
Son dernier roman a obtenu le Prix Goncourt. Cette récompense (ce trophée) est une reconnaissance que le romancier attendait depuis longtemps.
C. Lanaphore conceptuelle
Lanaphore conceptuelle condense, résume le contenu dune phrase, dun paragraphe ou de tout un fragment antérieurs. Cette reprise prend souvent la forme dune nominalisation à partir dun verbe ou dun adjectif, lesquels ne figurent pas nécessairement dans le contexte antérieur.
Peu de temps après, il rompit avec la société parisienne. Cette rupture le plongea dans un isolement presque total.
Sa dernière pièce a été jouée devant un public nombreux et enthousiaste. Ce triomphe (ce succès, cette réussite) a illuminé les derniers jours de lécrivain.
Une ressource de lanaphore conceptuelle : le groupe nominal de reprise peut prendre une orientation argumentative, positive ou négative.
Il reprit son ouvrage et en modifia la fin, pour se conformer au goût de son public. Cette lamentable palinodie (ce revirement, cette volte-face) est révélatrice du véritable caractère de cet auteur.
D. Lanaphore associative
Le groupe nominal anaphorique na pas de relation directe avec lélément quil reprend. Il est associé à ce dernier par une relation stéréotypique qui repose sur une connaissance générale du monde, partagée par la communauté linguistique.
Ils ont aimé passionnément son dernier roman. Les personnages, les descriptions de lieux, lintrigue, tout leur plaisait.
La vie de Rousseau se présente comme un enchaînement de périodes contrastées. Lenfance fonde une aptitude au bonheur que rien ne pourra altérer. Ladolescence confronte le jeune Jean-Jacques avec le monde, ses injustices, sa brutalité.
La vie de Rousseau nest pas sans moment de faiblesse : le peigne de Mlle Lambercier ou le ruban de Marton en témoignent.
Ce dernier exemple illustre bien lidée selon laquelle lanaphore associative suppose une « encyclopédie » commune, des connaissances partagées entre lauteur et le lecteur. Dans ce cas précis, pour tous ceux qui ne connaissent pas en détails la vie de Rousseau, la phrase en devient incohérente !
Les anaphores grammaticales
tableau synoptique
Nom /
Groupe nominal
Segment
de texte
Anaphore
pronominale
totale
partielle
Anaphore
lexicale
fidèle
conceptuelle
infidèle
associative
Exercice
Les anaphores grammaticales
Voici sept situations textuelles : les passages en caractères gras doivent être repris par une anaphore nominale. Il y a presque toujours plusieurs solutions. Il est important que lanaphore reprenne la totalité du passage en gras, avec le plus de précision possible. Les extraits proposés vont du plus simple au plus complexe.
0. Marivaux abandonnera en fin de compte la rédaction de ses deux grands romans, les laissant inachevés. (
) ne sont pas à interpréter comme des signes de paresse, mais plutôt comme lexpression dune nécessité dordre littéraire.
Solutions possibles : Ces abandons, ces renoncements, cette propension à linachèvement, cette incapacité à conclure, cette impuissance à mener à terme son récit
En quel sens peut-on dire que Rousseau est un penseur de lhumanisme ? (
) semble, en effet, inspirer de nombreux textes de lauteur de LEmile.
Si, à partir de 1740, on se détourne de la ville, autrefois le lieu dattraction principal, cest quelle paraît de plus en plus être le lieu de lartifice et de lillusion. (
) ira de pair avec un goût toujours plus prononcé pour la campagne et ses plaisirs vrais.
Plus il avançait dans la rédaction de son uvre, plus simposait à son esprit la nécessité dy consacrer toute sa vie. (
) le conduisit à se détourner de tout autre intérêt, quil fût privé ou social.
Le lecteur doit attendre la fin de la dernière page du livre pour que lui soit enfin révélé le sens de lhistoire quil vient de lire. (
) lui fait alors leffet dun véritable choc.
Le héros devine alors quel sort lui est réservé. Il sent que sa vie ne peut que basculer dans le malheur et dans la mort. (
) ne le retient pourtant pas daccomplir son destin jusquau bout.
Au premier regard, cest le coup de foudre. Elle ne se maîtrise plus quavec peine. Des sentiments de toute sorte la submergent, lempêchent de voir la réalité telle quelle est. Elle sabandonne aux impulsions qui la bouleversent. (
) lui fait perdre toute raison.
La Recherche du temps perdu, cest dabord la découverte progressive dune seule réalité, celle qui se forme dans la mémoire. (
) sera le fil rouge qui donne à lensemble de luvre son unité et sa cohérence.
Ces notions de « thème », de « propos » et de « progression thématique » seront étudiées dans un autre chapitre de ce cours.