Distinguer nettement écrire et corriger, réécrire et réviser
Distinguer nettement écrire et corriger, réécrire et réviser ... générale, les noyaux
sémantiques et symboliques et les grandes logiques d'un écrit. .... en forme »,
objet d'ailleurs problématique 3, mais d'un résumé qu'on fait pour soi de ce qu'on
.... au cours de laquelle le sujet réemploie des éléments apportés par d'autres 6.
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Distinguer nettement écrire et corriger, réécrire et réviser
Lobservation des élèves au travail nous permet de penser que la maîtrise de la norme nest pas un préalable à la pratique de lécriture, mais quelle se développe avec elle, grâce à elle. « Cest en écrivant quon devient écriveron », disait Queneau. Cest en écrivant quon apprend à écrire, au plein sens du terme : dabord à écrire pour mettre des idées au travail, pour travailler ensemble la pensée et lexpression, la pensée grâce à son expression ; pour raconter des histoires, donner des explications, affirmer des jugements, rappeler des savoirs, etc. Écrire pour penser, pour apprendre, pour grandir. Et bien sûr, car cest un objectif scolairement et socialement important, pour écrire correctement, sur les plans textuels, lexicaux, syntaxiques, orthographiques. En expérimentant leur capacité à développer des textes plus complexes, les élèves ressentent la nécessité de les organiser, de normer leur syntaxe et leur écriture. Sils sont engagés dans leurs textes, ils sont plus attentifs à leurs formes, utilisent les outils mis à leur disposition, mobilisent les leçons de grammaire entendues, récupèrent dans les écrits de lenvironnement des solutions, demandent de laide, se relisent. Bien évidemment, si on inverse cet ordre, si les tâches décriture se révèlent systématiquement être des tâches de grammaire ou dorthographe, si lévaluation porte surtout sur la norme linguistique, sans aller chercher ce qui est en jeu dans le texte, ce qui est en germe, ce qui cherche à se dire, les élèves se limitent à cette ambition, perdent de vue les fonctions de lécriture, et pour les plus malhabiles perdent confiance en eux, évitent de prendre des risques, et au final écrivent de moins en moins, quand ils ne décident pas de se désinvestir complètement de toute surveillance normative. Il va donc falloir clarifier les exigences pour chacune des tâches décriture proposée. Nous avons proposé HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 1#NOTE 1" 1 [...] de différencier nettement, dans la terminologie comme dans les écrits : - les moments où lon écrit pour faire jouer une ou des fonctions de lécriture, pour retravailler la structure profonde, la dynamique générale, les noyaux sémantiques et symboliques et les grandes logiques dun écrit. Dans cette perspective, la réécriture est la relance de ce travail de fond, qui passe par exemple par le renouvellement de la consigne ou une même consigne donnée à quelques jours de distance, sans obliger à reprendre le premier jet. La réécriture est une écriture nouvelle avec les matériaux qui constituent le noyau du texte à venir ; elle suppose donc un retour en amont du premier jet ; - les moments où lon souhaite revenir sur ces écrits pour rectifier les écarts à la norme. On distinguera le travail de révision, qui porte plutôt sur lorganisation textuelle, les ensembles syntaxiques, la cohésion (anaphores, temps verbaux...), la cohérence (respect des conventions narratives, argumentatives...), etc., et le travail de correction, qui consiste à rectifier les problèmes orthographiques et morphosémantiques de bas niveau ; - les moments où lon construit des savoirs métalinguistiques pour effectuer ce travail de relecture et de correction (les « leçons de grammaire et dorthographe »). Cela suppose quon accepte que tous les écrits produits ne soient pas corrigés, que certains restent à létat de brouillons sommaires, qui se révéleront illisibles aux yeux mêmes de lauteur, à quelques jours de distance. Peu importe, pourvu que cet écrit ait servi de point de départ à un travail, ait lancé dautres écrits ou dautres oraux. Il a sa place dans les cahiers dessai, dans les carnets de travail, à ce titre. Comme les formes des écrits intermédiaires sont nécessairement celles dun discours en gestation, formes embryonnaires, incomplètes, lacunaires... il faut en accepter les productions souvent hors normes : non linéaires (listes...), utilisant des signes graphiques (couleurs, flèches, sur- ou soulignements, cadres...), sous forme de schémas ou de dessins. Il faut apprendre à lire ces écrits en gestation pour ce quils sont HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 2#NOTE 2" 2. Ceci nexclut pas toute attention à la norme. Dabord, on observe que les performances des élèves sont meilleures quon ne pense : évaluer sur ce plan un premier jet, ce nest pas noter une dictée ; le taux derreurs doit être reporté à la difficulté du travail mental engagé, à la complexité du projet, au volume de texte produit, aux compétences connues de lélève. On observe que les performances saméliorent au fil du temps, y compris sous la forme dautomatismes directement disponibles. Mais on peut aussi aller plus loin : imposer un temps de relecture à chaque fois, même sil nest pas doublé dune relecture intégrale par lenseignant. On peut exiger des élèves les plus à laise quils produisent des textes conformes à leurs compétences, quils reprennent certaines négligences. On peut refuser de lire un texte trop négligé de la part dun élève dont on connaît les capacités. Accepter que lélève donne la priorité à lécriture sur la correction ne signifie jamais quon lui laisse le droit de la facilité. Cest dire combien il importe que le regard sur les écrits intermédiaires soit sans complaisance, mais individualisé. Lessentiel étant de ne pas casser la dynamique de lécriture en inversant lordre des priorités.
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Des séances décriture nombreuses, ponctuelles et rapides
Les modèles didactiques de la production décrit les plus récents privilégient le temps long du projet. Il faut en effet du temps pour rédiger, échanger, réviser... des écrits dont les modèles sociaux sont plutôt longs (le conte, la nouvelle, le compte rendu...). Lélaboration des outils de relecture (les « listes de critères »), la lecture de textes-modèles, la répartition des tâches puis leur coordination, lécriture en groupe quelquefois privilégiée, la révision en plusieurs étapes des différentes versions... tout cela prend beaucoup de temps. On peut envisager dautres pratiques de lécriture, fondées sur des temps de production fréquents mais courts, où lont produit des textes de travail sans avoir a priori lintention de les reprendre pour les mener à une publication. Ce qui nest pas exclu, mais nest pas lintention initiale. Le principe est dutiliser la consigne décriture pour mettre les élèves en activité, permettre des échanges dune autre nature quen situation doral collectif ou de dialogue avec lenseignant. De multiples occasions se présentent de consignes décriture simples qui se révèlent des tâches complexes et stimulantes : - des consignes de rappel, de collecte didées : établir une liste rapide de mots, faire la liste des expressions contenant un terme, collecter ce à quoi fait penser tel terme, etc. ; - des consignes qui amènent à des opérations de tris, de classement, de catégorisation : remplir ou constituer un tableau à double-entrée, construire un réseau de notions autour dun mot-clé, chercher des mots étiquettes pour regrouper des notions ; - des consignes qui imposent une vision synthétique : rédiger une définition, titrer un schéma, résumer en un nombre de mots très limité, etc. On notera de ce point de vue quil ne sagit pas de demander des résumés « en forme », objet dailleurs problématique HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 3#NOTE 3" 3, mais dun résumé quon fait pour soi de ce quon a compris, qui est un outil de mobilisation intellectuelle plus quun exercice scolaire ; - des consignes qui demandent une prise de position, un point de vue : Que penses-tu de... ? Quas-tu aimé/détesté dans... ? ; - des consignes qui font appel à la transformation, ludique ou expérimentale, dune représentation, dune fiction, etc. [...] Chacune de ces consignes pourrait donner lieu, si lenseignant le souhaitait, à une séquence en soi, et à la production décrits aboutis. Un choix différent est fait, parce que ce qui est privilégié ici, cest le travail délaboration, dune part, de linterprétation du texte lu et, dautre part, dun récit personnel que cette lecture évoquerait. Lenseignant choisit de privilégier les entrées dans la tâche, qui sont le moment le plus mobilisateur. On a vu HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 4#NOTE 4" 4 [...] comment les textes, sans guidage contrôlé, se développaient dune réécriture à lautre, dune manière inégale selon les élèves.
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Entrelacer les formes de travail
La pratique de situations décriture multiples a un revers : cest leffet déparpillement. Cest le principal écueil de la pratique des jeux décriture, comme des écrits dits « libres », dont les élèves choisissent eux-mêmes le sujet et les contraintes. Le même exemple de consignes de réécriture de la section précédente montre comment lenseignant sefforce déviter la dispersion en entretissant les tâches décriture les unes aux autres : cest au fond la même consigne qui est donnée sous des formes différentes tout au long de la série. Cest le même problème qui est posé, tout au long dun parcours qui alterne écritures individuelles, échanges oraux, circulation de ces écrits (lectures partielles, échanges des cahiers), apports de lenseignant, lectures de textes en relation avec le thème et parfois retravail guidé sur une des productions. Nous avons tous constaté que beaucoup délèves rechignent à réviser leur texte, et dabord... ceux dentre eux qui en auraient le plus besoin. Quel intérêt sinon scolaire (écrire pour apprendre à écrire) y a-t-il à reprendre le même texte ? Cest ennuyeux ! Les élèves résistent. Ils ont sans doute en partie raison. Peut-être à cause de leffort que cela leur demande : comment accepter de refaire le parcours douloureux de lécriture ? Peut-être à cause du manque denjeu : ils ont dit ce quils avaient à dire, pourquoi se répéter : « Je me fais comprendre... Vous me suivez » ? Paresse ou effet dune conception de lécriture comme inutile redoublement de ce qui est évident ou ce qui a été dit ? Ou encore parce quon demande de réviser des textes... impossibles à réviser : confus, tordus, de bric et de broc, écrits nimporte comment... Lexpert lui-même serait bien en peine de les reprendre pour en faire quelque chose de présentable, sans les réécrire plus globalement. Lenseignant doit alors intervenir plus directement pour avancer, auprès des élèves, des groupes, voire de la classe entière. Cette prise en main, qui est inévitable pour aboutir à des textes plus aboutis ou plus réussis pour un regard extérieur, a un inconvénient majeur : quelle part prennent alors les élèves à lactivité partagée ? Quels bénéfices en retirent-ils ? La production est bien sûr nettement meilleure, mais de quel point de vue ? Quelle part les élèves y ont pris ? Les enseignants du groupe de recherche ont choisi de privilégier lactivité et non le résultat, du moins pour une part importante des écrits intermédiaires, quitte à laisser beaucoup de ces écrits en létat. Faire pratiquer abondamment lécriture à des élèves qui la vivent comme une tâche difficile, cest éviter en permanence deux écueils : simplifier les tâches proposées, en abaissant sans cesse le seuil de difficulté à franchir. Cest bien souvent ce que proposent les exercices ; faire faire le travail par les autres, dans des moments collectifs où travaillent de fait les meilleurs élèves, quand ce nest pas lenseignant seul. Les enseignants que nous avons observés cherchent donc à mettre chaque élève au travail, en lui confiant une tâche décriture personnelle quil peut sapproprier, même si les performances restent inégales : limportant est que chacun ait pu avancer de sa manière propre. Ce qui nexclut pas, comme variante et moyen daider, le travail par paire ou le tutorat, latelier en groupe réduit animé par lenseignant.
Savoir jouer sur la variation dans la tâche
Comme on la vu dans les séquences analysées, une démarche de réécriture au sens où nous lentendons peut consister à redonner la même consigne, à plusieurs jours de distance, sans redonner le(s) premier(s) jet(s) : cette décision prend à contre-pied la démarche habituelle de révision-amélioration et oblige à un travail de remémoration qui amènera la reprise du texte original, mais aussi une ré-invention qui peut être massive. Mais on vient de voir quil est possible daffronter le même problème décriture par des entrées diversifiées, en utilisant des consignes qui tantôt reformulent la demande initiale, tantôt la décomposent, tantôt utilisent un détour. Ce travail demande aux maîtres une grande professionnalité dans linvention des consignes et situations nouvelles pour déplacer en permanence lactivité intellectuelle, langagière, psycho et socioaffective des élèves. La réussite et le développement des compétences tiennent beaucoup à la précision de ces consignes. Un exemple sera plus parlant : dans une classe de CE2, la maîtresse HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 5#NOTE 5" 5 présente un tableau de Mirò, fait écrire un commentaire individuel sur le tableau, puis demande alors de discuter par écrit les points de vue écrits de deux élèves sur ce même tableau : les élèves doivent dire sils sont ou non daccord. Ils sont alors obligés de reformuler la référence (les éléments descriptifs très présents dans le premier texte) et des éléments de commentaire et dévaluation (le leur et celui des copains). Les textes sallongent, lénonciation se modifie, devient de plus en plus complexe. Mais, pour écrire, il faut des modèles, des écrits sociaux de référence que les élèves ne peuvent pas inventer. Le maître alors y va lui aussi de temps en temps de son propre commentaire et on lit ensemble des articles où les peintres parlent de leur vie ou de leur uvre pour nourrir ce parcours décriture. Pour des enseignants du premier degré, il sera facile de reconnaître des modèles didactiques qui sont familiers, eux-mêmes appuyés sur la tradition de certaines disciplines. On est ici du côté dun travail de la variation qui a des références dans lhistoire de la musique ou de lart : il sagit de manipuler un même matériau en faisant jouer toutes les variables plastiques ou musicales. Le peintre dans son atelier multiplie les études et les croquis préparatoires ; le musicien compose des variations et des esquisses. Il en va de même pour le romancier qui, souvent, prépare une uvre en en écrivant une autre ou en noircissant des pages de notes et des carnets. Pour lapprenti, ce travail sur la variation, sur limitation, sur la transformation, est à la fois un moyen de cultiver et son regard (son oreille) et son geste. Lartiste se constitue ainsi un réservoir de ressources, sappuyant sur toutes les précédentes pour avancer un peu plus loin. Dans les classes, on est invité par les instructions officielles à ce travail de la variation, de la variante, de la variable. On aurait tort de limiter ces principes didactiques aux seules disciplines artistiques. Après tout, on observera que lacquisition du langage se fait aussi par appropriation des discours disponibles par une série continue de reprises-transformations, au cours de laquelle le sujet réemploie des éléments apportés par dautres HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 6#NOTE 6" 6. Cest le principe de latelier décriture et de toute situation dans laquelle les écrits sont nombreux et mis en commun.
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Ne pas simplifier les consignes excessivement
Nous avons parlé plus haut de ce paradoxe : une tâche trop simplifiée nest pas toujours une tâche simple pour lélève, ni une occasion dapprentissage. En permanence, le réglage du degré de difficulté est délicat. Bien souvent, la tâche-exercice, résultant dune décomposition de la compétence complexe en composantes, rend plutôt service à lexpert : mouvements fragmentés du judoka, drills du légionnaire, gammes du pianiste, etc. Encore que dans ce cas, lexpert ne perd jamais de vue que chacun des modules quil travaille sinsère dans un ensemble complexe et dans un contexte ; il sait quil travaille un point faible, quil soutille en vue davancer. On pourrait en juger de même avec la décomposition du processus rédactionnel dans certaines démarches. Dune part, tout le savoir-écrire nest pas formulable en termes de règles explicites ; nous lavons dit avec B. Devanne [...], lobservation des élèves montre que parfois ces outils les gênent ou sont peu opératoires : « En accompagnant les enfants dans leur exploration, on perçoit dailleurs une difficulté de plus en plus grande à lexplicitation, à mesure que lon se rapproche des contraintes les plus "locales" ; on vérifie également que des explicitations obtenues à grand-peine (notamment celles qui relèvent de la gestion pas à pas du texte) ne sont pas dun grand secours au moment de lécriture, et ne servent guère plus au moment de la reprise HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 7#NOTE 7" 7. »
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Organiser les échanges entre élèves sur leurs écrits
Dans les entrelacements de réécritures que nous analysons, on observe que les moments importants sont ceux des échanges entre élèves autour des écrits de tel ou tel, qui permettent des circulations de solutions syntaxiques, de vocabulaire, de thèmes et de motifs. Réécrire, cest une certaine manière de plagier ses propres écrits : doù lintérêt de travailler plusieurs fois avec le même matériau sémantique ou langagier. On peut aller jusquà dire paradoxalement quécrire cest déjà réécrire, quil y a toujours un amont et quon ninvente jamais vraiment... Ce qui explique que plus on écrit, plus on est à laise pour écrire, chaque texte déjà fabriqué est disponible pour être, même (et surtout !) involontairement, pillé à son tour, élargissant ainsi les ressources du scripteur. Les écrits intermédiaires jouent le rôle doutils : ils fournissent différentes solutions disponibles dans le groupe-classe et un éventail déléments à réutiliser, dautant plus accessibles quils sont produits sous des formes proches de ce que les élèves peuvent produire. Les séquences observées laissent une large place aux moments de mise en commun des textes produits. On peut aussi prévoir une place dans le cahier de travail (page libre en vis-à-vis) pour des annotations par les pairs : questions, reformulations, appréciations négatives et aussi positives. Ces temps découte et ces annotations sont toujours très attendus par les élèves, parce quils éprouvent un vrai plaisir, une vraie fierté dauteur à lire leurs productions, et cela seul justifierait le temps passé à ces interlectures. Un des éléments importants est pour lélève la construction dun statut dauteur, sujet de ses propres écrits, composante essentielle dun rapport à lécrit positif. Mais on peut aussi confier à lauditoire un rôle plus actif de critique et de commentateur : les auditeurs interviennent, demandent des explications. Ils critiquent, mais aussi apprécient, soulignent ce qui est original, ce qui est intéressant. Apprendre à lire les textes des autres, cest apprendre à relire ses propres textes, et cest donc une partie du savoir-réécrire qui mérite dêtre identifiée comme une compétence à travailler spécifiquement. La séance de relecture-critique peut être ouverte à toutes les remarques possibles. On peut aussi la faire gagner en efficacité en délimitant les secteurs sur lesquels va porter lattention, éventuellement en confiant ces secteurs à des groupes différents. Le domaine sur lequel peut porter la relecture collective peut aussi varier : - métalinguistique, très guidé par le maître qui aide les élèves dans le commentaire des formes et de leur usage selon les contextes de travail ; - sémantique (co-construction des significations des textes entre pairs). Discuter et comparer le résumé écrit dune leçon, par exemple, ou ses notes avant de les réécrire. Bien des choses se jouent donc dans ces négociations. Si lécriture commence presque toujours par un travail individuel, elle repart, évolue, se réoriente grâce aux échanges organisés autour des écrits HYPERLINK "http://www.bienlire.education.fr/02-atelier/fiche.asp?theme=1100&id=1308" \l "NOTE 8#NOTE 8" 8. Cette parole-là sappuie sur lécrit, elle écrit à son tour. Paradoxalement, lécriture nest pas une activité solitaire. Ce texte est extrait dun ouvrage, résultat dun travail déquipe, dirigé par Dominique Bucheton, coordonné et rédigé par Jean-Charles Chabanne : Écrire en ZEP : un autre regard sur les écrits des élèves, Delagrave-CRDP de Versailles, 2002.