Séquence sur la Nature en poésie - Aix - Marseille
relever, dans la 1ère strophe, deux verbes de sens contraire. 2. Questions de
lecture analytique (en classe). a) relève le 1er et le dernier mot du poème. Que
constates-tu ? - quel est le sujet dans le 1er vers ? Quel est le sujet dans les 2
derniers vers ? - qu'est-ce qu'il y a de commun entre le poète et l'araignée et de l'
ortie ?
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Cette séquence a été réalisée par M. Franck LEGAUD, professeur agrégé de Lettres Modernes et par Fabienne BARRE, professeur certifié de Lettres Modernes, pour leurs élèves de 5ème du collège Françoise Dolto, à Saint Andiol et du collège Jean Moulin, à Salon-de-Provence (13).
=> première séquence de lannée, intervenant avant une séquence sur létude de quelques Fables de la Fontaine.
SÉQUENCE I : LA NATURE EN POÉSIE (groupement de textes)
Objectifs
* Aborder la poésie à travers le thème de la nature.
* Découvrir des poèmes, en repérer les marques caractéristiques (versification, images, sonorités).
* Étudier les relations entre les mots (synonymes, antonymes, homonymes, paronymes) et la notion de champ sémantique.
* Savoir employer comparaisons et métaphores.
* Rédiger des textes poétiques (poème à contraintes formelles et calligramme).
* Lire et réciter des poèmes de façon juste.
* SÉANCE N°1 : LECTURE
Étude dun sonnet : le Lombric, de Jacques Roubaud (extrait des Animaux de tout le monde) :
Le Lombric
Conseils à un jeune poète de douze ans
Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
le lombric se réveille et bâille sous le sol,
étirant ses anneaux au sein des mottes molles
il les mâche, digère et fore avec conscience.
Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
il le connaît. Il meurt. La terre prend l'obole
de son corps. Aérée, elle reprend confiance.
Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre
il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
où les hommes récoltent les denrées langagières ;
mais la terre s'épuise à l'effort incessant !
sans le poète lombric et lair qu'il lui apporte
le monde étoufferait sous les paroles mortes.
Jacques Roubaud, Les Animaux de tout le monde, éditions Ramsay.
Exploitation possible : lecture analytique du sonnet
1. Questions de préparation (maison) :
- chercher dans le dictionnaire le sens des mots : lombric, mottes, forer, obole, denrée.
- à qui sadresse le poète ? (Observe le sous-titre et le vers 9)
Les questions seront corrigées au cours de la lecture analytique, et les réponses exploitées pour élaborer une interprétation.
II. Questions de lecture analytique (en classe) :
1. le 1er quatrain : une unité de sens
a) que décrit le poète dans le 1er quatrain ? = travail nocturne et discret du lombric dans la terre.
b) relis à haute voix le 1er vers : combien de pieds compte-t-il ? Comment appelle-ton ce type de vers ?
c) relis à haute voix le vers 2 : que constates-tu ? =rythme 6/6 de lalexandrin qui traduit le réveil lent du lombric sous la terre.
d) relis à haute voix les 3-4 : que constates-tu ? = allitérations expressives + enjambement qui évoque le cheminement régulier du lombric au travail.
e) souligne les verbes employés pour évoquer laction du lombric ; comment le poète montre-t-il que le lombric se réveille lentement et se met ensuite au travail avec beaucoup dénergie ? (Compte le nombre de verbes employés dans chaque vers).
f) que signifie lexpression « avec conscience » ? Est-ce quun lombric peut avoir une « conscience » ?
2. le 2d quatrain : une unité de sens
a) que décrit le poète dans le 2d quatrain ? Quajoute-t-il dans sa description ?
- observe les rimes des vers 1 et 5 : que peut-on remarquer de lespace ? = élargissement (Provence-France)
- pourquoi parle-t-il du père et du grand-père ? Quest-ce que cela montre du temps ? = dune nuit à une histoire individuelle puis à une histoire plus large de plusieurs générations.
- quels sont les termes qui font penser à un être humain ? = un début de personnification.
b) relis à haute voix le 2d quatrain en respectant la ponctuation et la syntaxe. Que constates-tu ? Compare le rythme produit à celui du premier quatrain = la mort soudaine du lombric est exprimée à travers des ruptures grammaticales marquées par la ponctuation, et un rythme plus rapide.
c) qui était le sujet des verbes dans les trois premières phrases du poème (? (1er et début du 2d quatrain) ? Comment le poète montre-t-il limportance du lombric ? = il est décrit ds 6 vers et demi.
d) comment décrit-il la mort du lombric ? Observe la place du verbe (soulignée par la ponctuation, au centre du vers, juste avant la césure - le milieu du vers-); explique le sens du mot « obole ». Reformule lidée exprimée par limage = faire une offrande
e) observe les rimes des vers 4 et 8. Quel lien établissent-elles entre le lombric et la terre ?
f) qui est le sujet du verbe dans les 2 phrases suivantes (vers 7 et 8). = la terre, qui bénéficie du travail et de la mort du lombric. Explique lexpression « reprend confiance ». Qui peut « reprendre confiance » ? = personnification de la terre.
g) que fait le lombric ? (explique le mot « aérée »).Quelle est la fonction du lombric par rapport à la terre ?
3. les 2 quatrains : une unité de sens
a) quest-ce quils racontent ? Quel titre pourrait-on leur donner ?
b) que peut représenter le lombric ?
c) observe les rimes des deux quatrains. Que constates-tu ? = lunité de sens est renforcée par le parallélisme et la similarité des rimes
4. le 1er tercet : une unité de sens = comparaison travail du poète et du lombric
a) à qui sadresse le poète dans le 1er tercet? Mets en relation lapostrophe « vois-tu » avec le sous-titre du poème.
b) relève une comparaison dans le vers 9. Quel mot rappelle lexpression « un ver de terre » ?
c) quels sont les mots qui ont déjà été employés dans les 2 quatrains ?
d) relève une comparaison au vers 10. Explique lexpression « denrées langagières » = nourriture des mots
Pourquoi les mots peuvent-ils être comparés à un grand champ que le poète laboure ?
Pourquoi les mots peuvent-ils donner des « denrées langagières » ?
e) explique la comparaison entre le poète et le lombric= il travaille les mots comme le lombric travaille la terre.
5. le 2d tercet : une unité de sens = comparaison de la fonction du lombric et du poète (lair, la respiration vitale)
a) quest-ce qui épuise la terre ?
b) explique lexpression « le poète lombric » = métaphore, le lien entre les deux mots est plus étroit que dans la comparaison du vers 9, puisque le mot de liaison « comme » a disparu.
c) relève, au vers 13 un mot qui rappelle « aérée » du vers 8
d) explique, en reformulant les idées, les vers 13 et 14
e) quelle est la fonction du poète ?
6. les deux tercets : une unité de sens = le travail et la fonction du poète
- observe les rimes = alternance de rimes masculines et féminines ; compare-les aux rimes des 2 quatrains
- comment sont agencées les rimes des 2 tercets ? Les rimes contribuent à renforcer lunité des 2 tercets (unité phonique qui renforce lunité sémantique)
Bilan :
Dans le sonnet « Le lombric », Roubaud se sert dune comparaison entre le lombric et le poète pour définir à la fois un travail discret (thème de la nuit, des profondeurs de la terre), très concret (la terre-les mots) et patient, et une mission essentielle, celle du poète qui permet à la terre et au monde de survivre. Les deux quatrains sont consacrés à la vie et à la mission du lombric, mais certains mots préparent déjà une personnification qui débouche sur la comparaison et la métaphore du poète qui apparaît dans les deux tercets. Le choix dun lombric, un simple ver de terre, montre que Roubaud a une conception très modeste de sa tâche quil considère cependant comme absolument indispensable à la vie.
Cest en réalité le travail et la mission du poète que définit Roubaud dans ce poème : les deux tercets éclairent le sens symbolique des deux quatrains. Un poème qui décrit, comme ici, le travail du poète sappelle un art poétique.
* SÉANCE N°2 : GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE
- Objectifs : montrer limportance dune forme grammaticale dans la structuration dun poème ; travailler sur les synonymes et les antonymes ; repérer une figure de style : lopposition (lantithèse)
« Jaime laraignée et jaime lortie
» de Victor Hugo (extrait des Contemplations) :
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait;
Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;
Parce qu'elles sont prises dans leur uvre ;
0 sort ! fatals nuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux ;
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.
Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh! plaignez le mal !
Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,
Pour peu qu'on leur jette un il moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La mauvaise bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !
Juillet 1842.
Victor Hugo, les Contemplations, Livre troisième, poème XXVII.
Exploitation possible : lecture analytique du poème
1. Questions de préparation (maison)
- chercher dans le dictionnaire le sens des mots suivants : chétives, guet-apens, gueux, abîmes, fauve (adjectif)
- relever, dans la 1ère strophe, deux verbes de sens contraire.
2. Questions de lecture analytique (en classe)
a) relève le 1er et le dernier mot du poème. Que constates-tu ?
- quel est le sujet dans le 1er vers ? Quel est le sujet dans les 2 derniers vers ?
- quest-ce quil y a de commun entre le poète et laraignée et de lortie ?
b) relis à haute voix la 1ère strophe : combien de pieds comptent les vers 1 et 3 ?
Combien de pieds comporte les vers 2 et 4 ? Est-ce la même chose pour toutes les strophes ?
c) observe les 4 1ères strophes et encadre les répétitions. Que constates-tu ?
- observe la ponctuation : combien de phrases peux-tu compter ? = une seule phrase qui constitue une unité de sens.
- dans la 2de strophe, souligne les expressions qui qualifient les araignées et les orties. Est-ce quelles sont valorisantes ou dévalorisantes ?
- pourquoi le poète aime-t-il les araignées et les orties ?
- résume par une courte phrase les 4 1ères strophes.
d) observe la strophe 5 : à qui sadresse le poète ?
- quel est le mode et le temps des verbes ?
- le professeur doit expliquer la structure « pour peu que », qui peut être remplacée par « si seulement ».
- que demande le poète ?
e) relis les 2 dernières strophes. Combien de phrases peux-tu compter ?
- dans les 2 1ers vers, relève les sujets. Que constates-tu ?
- que veulent dire ces 2 1ers vers ? Reformule-les dans une courte phrase.
- dans la 2ème phrase, relève les sujets. Que constates-tu ? = passage du général (pronoms indéfinis : tout, rien) au singulier (la mauvaise bête, la mauvaise herbe)
- résume, par une courte phrase les 3 dernières strophes.
Bilan :
Victor Hugo déclare son amour à deux êtres qui sont généralement détestés et quil présente comme étant maudits. Il pense que tous les êtres, même malfaisants ou laids, ont droit à la pitié et surtout à lamour : tous désirent être aimés, tous en ont besoin. Ce désir damour passe du « morne souhait » de la 1ère strophe à la parole formulée « Murmurent : Amour ! ». Il emploie une structure répétitive ( « parce que », puis « pour peu que » ) pour insister sur le malheur que vivent ces êtres défavorisés, et pour persuader les passants et les lecteurs de ne pas les rejeter.
* SÉANCE N°3 : LECTURE
Le Pélican, de Robert Desnos (extrait de Chantefables et Chantefleurs) :
- Objectif : analyser la dimension ludique en poésie.
Le Pélican
Le capitaine Jonathan,
Etant âgé de dix-huit ans,
Capture un jour un pélican
Dans une île dExtrême-Orient.
Le pélican de Jonathan,
Au matin, pond un uf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un uf tout blanc
Doù sort, inévitablement
Un autre qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps
Si lon ne fait pas domelette avant.
Robert Desnos, Chantefables et Chantefleurs, éditions Gründ
* SÉANCE N°4 : VOCABULAIRE ET ORTHOGRAPHE
Le Souci, de Robert Desnos (extrait du même recueil) :
- Objectif : analyser les jeux sur les mots (homonymes et paronymes).
Le Souci
Et pour qui sont ces six soucis ?
Ces six soucis sont pour mémoire.
Ne froncez donc pas les sourcils,
Ne faites donc pas une histoire,
Mais souriez, car vous aussi,
Vous aussi, aurez des soucis.
Robert Desnos, Chantefables et Chantefleurs.
* SÉANCE N°5 : ÉCRITURE
Corpus de textes : travail sur la versification et les jeux de sonorités
- Objectif : rédiger un poème à contraintes formelles.
Rédiger un poème à contraintes formelles
révisions : strophes et vers
AUTOMNE
Dans le brouillard sen vont un paysan cagneux
Et son buf lentement dans le brouillard dautomne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux (1) (1) honteux
Et sen allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson damour et dinfidélité
Qui parle dune bague et dun cur que lon brise
Oh! lautomne lautomne a fait mourir lété
Dans le brouillard sen vont deux silhouettes grises.
Apollinaire, Alcools.
Questions :
que décrit la 1ère strophe ?
que décrit la 2de strophe ?
explique le sens des vers 5 et 6.
quel est le verbe qui est répété dans les 3 strophes ?
quelle impression veut produire le poète ?
pourquoi le poète a-t-il choisi lautomne ?
Autre support possible : une autre saison, un autre personnage, un jeune garçon heureux qui rêve damour
SENSATION
Par les soirs bleus dété, jirai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler lherbe menue :
Rêveur, jen sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:
Mais lamour infini me montera dans lâme,
Et jirai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Rimbaud, Poésies.
Questions :
1. Observation du poème :
- qui parle ? Observe les verbes (personne et temps verbal)
- quel est le temps dominant ?
2. 1ère strophe :
- relève toutes les formes verbales, et classe-les en deux catégories : les verbes daction, les verbes de sensation.
- relis à haute voix les deux premiers vers. Compte leurs pieds. De quel type de vers sagit-il ? Où se trouve la coupe ? (observe la ponctuation)
- observe les rimes des vers 1 et 3 : quobserves-tu ? = rimes unités sonores et lien sémantique.
- comment est décrite la nature ? Comment est décrit le personnage ?
3. 2ème strophe:
- quel est le sentiment éprouvé par le personnage ?
- explique, au vers 7 la comparaison avec un bohémien ;
- explique la majuscule du mot « Nature »
Bilan : ce poème évoque un rêve de bonheur lié à des promenades dans une nature estivale et à une rêverie damour. Le poète est un adolescent qui se livre aux sensations de liberté et au sentiment naissant de lamour.
LE MYOSOTIS
Ayant perdu toute mémoire
Un myosotis sennuyait.
Voulait-il conter une histoire ?
Dès le début il loubliait.
Pas de passé, pas davenir,
Myosotis sans souvenir.
Desnos, Chantefables et Chantefleurs
Remarque : ce poème ne se comprend que si on se réfère à la symbolique des fleurs ; le myosotis est lié à lidée du souvenir amoureux.
LA CHAUVE-SOURIS
A mi-carême, en carnaval
On met un masque de velours.
Où va le masque après le bal ?
Il vole à la tombée du jour.
Oiseau de poils, oiseau sans plume,
Il sort quand létoile sallume,
De son repaire de décombres.
Chauve-souris, masque de lombre.
Desnos, Chantefables et Chantefleurs.
Remarque : le poème ne se comprend que si on associe la forme et la couleur dun masque (un loup) à celle dune chauve-souris en vol.
II. La mesure du vers
Chaque vers comprend un nombre déterminé de syllabes. Pour les compter, il ne faut pas oublier quen poésie le e muet se prononce, sauf sil précède une voyelle ou sil se trouve en fin de vers.
ex: Il pleure dans mon cur (six syllabes)
Comm(e) il pleut sur la vill(e) (six syllabes) (Verlaine)
a) Exercice dapplication
Dites combien chacun des vers suivants comportent de syllabes ? Comment nomme-t-on ces différents vers ?
1 Dans vos viviers, dans vos étangs,
Carpes, que vous vivez longtemps ! (Apollinaire)
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2 Une rose dautomne est plus quune autre exquise. (DAubigné)
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3 Les grands nénuphars entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux. (Verlaine)
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b) Exploitation des trois poèmes précédents.
Travailler sur le sens des poèmes, pas sur les seuls aspects techniques, qui ne présentent aucun intérêt en eux-mêmes.
III. Les rimes
a) La disposition des rimes
Dans les extraits de poèmes suivants, indiquez comment les rimes sont disposées en attribuant une lettre de lalphabet à chaque rime identique. Vous préciserez aussi comment on appelle chacun de ces agencements de rimes.
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Veuillez agréer mes hommages
Chaque fleur sévapore ainsi quun encensoir ; disait le Monsieur Tout en Nage
Les sons et les parfums tournent dans lair du soir ; en arrivant très en retard
Valse mélancolique et langoureux vertige ! au bal masqué des nénuphars
Baudelaire, les Fleurs du mal. Roy, Enfantasques,
éditions Folio Junior.
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Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir se lève et larrache aux vallons :
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
Lamartine, Méditations.
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b) Le genre des rimes
La rime est dite féminine quand elle se termine par une syllabe contenant un e muet. Elle est dite masculine dans les autres cas.
Exercice dapplication:
Analysez pour les trois poèmes ci-dessus lagencement des rimes en relation avec le sens des vers (liens de son et de sens qui sétablissent sur le plan vertical).
IV. Les sonorités : homophonie, assonances et allitérations
Observons de nouveau le poème de Robert Desnos, étudié dans la séance précédente :
Et pour qui sont ces six soucis ?
Ces six soucis sont pour mémoire.
Ne froncez donc pas les sourcils,
Ne faites donc pas une histoire,
Mais souriez, car vous aussi,
Vous aussi, aurez des soucis.
Robert Desnos, Chantefables et Chantefleurs.
* Nous avons vu quil joue sur la ressemblance entre certains mots, homonymes ou paronymes. Lesquels ?
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* Il joue aussi sur la répétition de certains sons.
- au vers 1, quel son voyelle est répété plusieurs fois ? Comment nomme-t-on la répétition dun même son voyelle à lintérieur dun vers ? ___________________________________________
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- au vers 2, quel son consonne est répété plusieurs fois ? Comment nomme-t-on la répétition dun même son consonne à lintérieur dun vers ? __________________________________________
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Exercice dapplication
Indiquez si, dans les vers suivants, on a affaire à un jeu sur lhomophonie, des assonances ou des allitérations. Soulignez les éléments qui justifient votre réponse. Expliquez les liens de son et de sens.
1 Le vent se lève, il faut tenter de vivre. (Paul Valéry)
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2 Leau (
) / Écarte de ses bras les lianes qui la lient. (Claude Roy)
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3 Lan est si lent.
Abandonnons nos ancres dans lencre,
mes amis. (Robert Desnos)
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4 Dans son sommeil glissant leau se suscite un songe (
) (Claude Roy)
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Sujet : rédigez un poème qui évoquera la nature. (14 points)
Consignes
1 Il sera constitué de deux quatrains. (1 point)
2 Vos vers seront composés de six à douze syllabes. (1 point)
3 Ils présenteront des rimes. (1 point)
4 Lun de ces vers présentera soit une allitération, soit une assonance. Vous soulignerez en bleu les sonorités semblables et préciserez dans la marge de quoi il sagit. (1 point)
5 Vous emploierez un couple dhomonymes (ex : champ/chant) ou de paronymes (ex : violette/voilette) que vous soulignerez en vert. (1 point)
6 Vous emploierez deux synonymes ou deux antonymes que vous soulignerez en rouge. (1 point)
* SÉANCE N°6 : LECTURE ET VOCABULAIRE
LEnfant qui battait la campagne, de Claude Roy (extrait dEnfantasques) :
- Objectif : découvrir un poème construit sur un jeu de mots (sens propre, sens figuré)
L'Enfant qui battait la campagne
Vous me copierez deux cents fois le verbe :
Je n'écoute pas. Je bats la campagne.
Je bats la campagne, tu bats la campagne,
Il bat la campagne à coups de bâton.
La campagne ? Pourquoi la battre ?
Elle ne m'a jamais rien fait.
C'est ma seule amie, la campagne.
Je baye aux corneilles, je cours la campagne.
Il ne faut jamais battre la campagne :
On pourrait casser un nid et ses ufs.
On pourrait briser un iris, une herbe,
On pourrait fêler le cristal de l'eau.
Je n'écouterai pas la leçon.
Je ne battrai pas la campagne.
Claude Roy, Enfantasques, éditions Folio Junior.
Questions :
1. observe la 1ère et la dernière strophe :
- où se passe lhistoire ?
- qui représente le pronom personnel « Vous » ? Qui est le « je » ?
- explique le sens de lexpression « battre la campagne »
- pourquoi le 2ème et les 2 derniers vers sont-ils en italiques ?
2. strophe 2 :
- à qui correspond la strophe 2 ? Lenfant obéit-il au maître ?
- quel est le sens du vers 4 ? Relève 2 mots de la même famille. Sagit-il du sens figuré ou du sens propre ?
3. strophes 3 à 6 :
- quel vers marque le changement chez lenfant ? Observe le type de phrases quil emploie.
- pourquoi lenfant ne veut-il plus « battre la campagne » ?
- relève 3 verbes qui expriment les dégâts possibles sur la nature. Que remarques-tu sur la structure des phrases ? Quels éléments de la nature ont-ils été choisis? Quels sont les points communs entre ces éléments ?
- quels sont les deux arguments employés par lenfant ?
- quel type décolier est lenfant ?
* SÉANCE N°7 : LECTURE
la Salamandre, dAloysius Bertrand (extrait de Gaspard de la nuit) :
- Objectif : découvrir un poème en prose.
La Salamandre
- « Grillon, mon ami, es-tu mort, que tu demeures sourd au bruit de mon sifflet, et aveugle à la lueur de l'incendie ? »
Et le grillon, quelque affectueuses que fussent les paroles de la salamandre, ne répondait point, soit qu'il dormît d'un magique sommeil, ou bien soit qu'il eût fantaisie de bouder.
« Oh! chante-moi ta chanson de chaque soir dans ta logette de cendre et de suie, derrière la plaque de fer, écussonnée de trois fleurs-de-lys héraldiques ! »
Mais le grillon ne répondait point encore, et la salamandre éplorée, tantôt écoutait si ce n'était pas sa voix, tantôt bourdonnait avec la flamme aux changeantes couleurs rose, bleue, rouge, jaune, blanche et violette.
- « I1 est mort, il est mort, le grillon mon ami ! » - Et j'entendais comme des soupirs et des sanglots, tandis que la flamme, livide maintenant, décroissait dans le foyer attristé.
- « Il est mort ! Et puisqu'il est mort, je veux mourir ! » - Les branches de sarment étaient consumées, la flamme se traîna sur la braise en jetant son adieu à la crémaillère, et la salamandre mourut d'inanition.
Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit
Questions :
1. Observation du texte :
- observe la disposition du texte. Que remarques-tu ? = ressemblance avec les paragraphes dun texte en prose. Un paragraphe= une phrase (ou plusieurs) et une unité de sens. Ces paragraphes dans un poème en prose sappellent des versets (à comparer avec les vers dun poème en vers)
- surligne les parties dialoguées. Que constates-tu ? = une alternance de parties dialoguées et de récit.
- qui sont les interlocuteurs du dialogue ? Qui parle ? Pourquoi le grillon ne répond-il pas ?
- Qui est le spectateur de la scène ? Observe le verset 5.
- Relève les deux principaux sens qui sont évoqués dans le poème : relève quelques termes qui font appel à louïe et à la vue.
2. Les paroles de la salamandre : versets 1, 3, 5 et 6
- où se trouvent les deux animaux ? Quelle est la croyance qui sattache à la salamandre ?
- quel est le cadre temporel ? (Période de la journée et durée de laction)
- étudie la progression dramatique des paroles de la salamandre : observe notamment la répétition dun mot-clé.
3. les parties narratives : versets 2, 4, 5 et 6
- comment sétablit lien entre les parties dialoguées et les parties narratives ? Observe les verbes de parole.
- quelles sont les explications possibles du silence du grillon dans le verset 2?
- relève les mots qui décrivent la flamme, et montre le lien qui est établi entre la salamandre et le feu dans le verset 4.
- relève les expressions qui expriment la tristesse de la salamandre dans les versets 4 et 5.
- explique lexpression : la salamandre mourut dinanition.
- comment est décrite la mort progressive de la salamandre dans les versets 5 et 6.
Bilan :
Le poète décrit un feu de cheminée à travers lhistoire imaginaire dun grillon et dune salamandre. Le thème de la mort donne à cette évocation une dimension tragique.
* SÉANCE N°8 : LECTURE, LANGUE
Éclaircie en hiver et Le Gui, de Francis Ponge (extraits de Pièces) :
- Objectifs : Découvrir comment le poète décrit un paysage/ une plante à laide de comparaisons et de métaphores.
Éclaircie en hiver
Le bleu renaît du gris, comme la pulpe éjectée dun raisin noir.
Toute latmosphère est comme un il trop humide, où raisons et envie de pleuvoir ont momentanément disparu.
Mais laverse a laissé partout des souvenirs qui servent au beau temps de miroirs.
Il y a quelque chose dattendrissant dans cette liaison entre deux états dhumeur différente. Quelque chose de désarmant dans cet épanchement terminé.
Chaque flaque est alors comme une aile de papillon placée sous vitre,
Mais il suffit dune roue de passage pour en faire jaillir de la boue.
Le Gui
Le gui la glu : sorte de mimosa nordique, de mimosa des brouillards. Cest une plante deau, deau atmosphérique.
Feuilles en pales dhélice et fruits en perles gluantes.
Tapioca gonflant dans la brume. Colle damidon. Grumeaux.
Végétal amphibie.
Algues flottant au niveau des écharpes de brume, des traînées de brouillard,
Épaves restant accrochées aux branches des arbres, à létiage des brouillards de décembre.
Francis Ponge, Pièces, éditions Gallimard.
* SÉANCE N°9 : LA MISE EN PAGE DUN POEME, LE VERS LIBRE
- Objectif : découvrir limportance de la mise en page dun poème, les vers libres
Jardin de France
Calme jardin,
Grave jardin,
Jardin aux yeux baissés au soir
Pour la nuit,
Peines et rumeurs,
Toutes les angoisses bruissantes de la Ville
Arrivent jusquà moi, glissant sur les toits lisses,
Arrivent à la fenêtre
Penchée, tamisées par feuilles menues et tendres et pensives
Mains blanches
Gestes délicats
Gestes apaisants.
Mais lappel du tam-tam
bondissant
par monts
et
continents,
Qui lapaisera, mon cur,
A lappel du tam-tam
bondissant,
véhément,
lancinant ?
Léopold Sédar Senghor, Poèmes divers, éd.du Seuil, 1990
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que l e buf
Une Grenouille vit un Buf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui nétait pas grosse en tout comme un uf,
Envieuse, sétend, et senfle, et se travaille
Pour égaler lanimal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; ny suis-je point encore ?
- Nenni. My voici donc ? Point du tout. My voilà ?
- Vous nen approchez point. » La chétive pécore
Senfla si bien quelle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs
Tout marquis veut avoir des pages.
La Fontaine, Fables I, 3
Il était une feuille avec ses lignes
Ligne de vie
Ligne de chance
Ligne de cur
Il était une branche au bout de la feuille
Ligne fourchue signe de vie
Signe de chance
Signe de cur -
Il était un arbre au bout de la branche -
Un arbre digne de vie
Digne de chance
Digne de cur -
Cur gravé, percé, transpercé,
Un arbre que nul jamais ne vit.
Il était des racines au bout de larbre -
Racines vignes de vie
Vignes de chance
Vignes de cur -
Au bout des racines il était la terre -
La terre tout court
La terre toute ronde
La terre toute seule au travers du ciel
La terre.
Desnos , « Les portes battantes » , Fortunes, éd Gallimard
* SÉANCE N°10 : LECTURE DE CALLIGRAMMES
X comme xylophage, de Joëlle Brière (extrait de lAlphabet des délices et des souffrances) :
- Objectif : découvrir et comprendre un calligramme.
X comme xylophage
Il se promène
dans les bois, en hiver,
quand la feuille n'y est pas. I1 happe
d'abord quelques buissons, comme ça, histoire
de se mettre bonheur en bouche. Il choisit de préférence
quelqu'épineux pour s'activer les papilles. Puis il attaque les arbustes :
un fusain, un églantier, un genévrier commun, un jeune sorbier d'où
s'échappe toute une flottille d'oiseaux. Ensuite, il s'octroie volontiers un
bouleau à l'écorce argentée, un châtaignier dans la fleur de l'âge et même
un jeune acacia. Mis en appétit, il termine par un arbre généreux au cur
consistant mais à l'aubier tendre. Un orme. Un hêtre.
Un platane. Un merisier.
Ou le choix du choix :
un chêne
pédonculé,
un rouvre,
un chevelu.
Un chêne qui
a encore un peu
le goût du gland !
Joëlle Brière, Lalphabet des délices et des souffrances,
éditions de La Renarde rouge.
1. Observer Poème n°1
Poème n°2 Poème n°3
Que remarquez-vous à propos de ces trois poèmes ?
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Poème n°1
a) Que représente ce poème ? ___________________________________________________
b) Quest-ce quun Mohican ? __________________________________________________
c) Quel rapport existe-t-il entre la signification de ce mot et la forme du poème ?
___________________________________________________________________________
Poème n°2
a) Il a été écrit à loccasion dune fête. Laquelle ? ___________________________________
b) Pourquoi lauteur a-t-il choisi cette disposition pour son poème ? ____________________
___________________________________________________________________________
Poème n°3
a) De quoi est-il question dans ce poème ? ________________________________________
___________________________________________________________________________
b) Quel rapport existe-t-il avec le dessin ? ________________________________________
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2. Comprendre
Apollinaire, Poèmes épistolaires
a) Comment ce poème est-il disposé et dans quel sens la lecture se fait-elle ?
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b) Que veut imiter la disposition de ce poème ? ____________________________________
c) Lisez les indications biographiques qui suivent: « Quand la guerre éclata en 1914, Apollinaire nétait pas naturalisé français. Mais il décida de sengager dans larmée française. En décembre 1914, il quitta Paris et rejoignit son régiment à Nîmes, ville près des Cévennes. En Avril 1915, il partit sur le front en Champagne. En mars 1916, un éclat dobus le blessa à la tête près de Berry-au-Bac. »
* Où se trouve Apollinaire lorsquil écrit ce poème ? ________________________________
Où sont ses amis pendant ce temps ? _____________________________________________
* Il pleut pendant que le poète écrit. Quest-ce que cette « pluie de feu », qui tombe sur les amis dApollinaire ? __________________________________________________________
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Trouvez dans le poème une image similaire : _______________________________________
* En quoi le poète souhaite-t-il que cette pluie se transforme ? _________________________
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Que symbolisent ces deux images ? ______________________________________________
=> A la lumière de ce que nous venons détudier, essayez de définir ce quest un calligramme.
Exercices dapplication
1. Choisissez un mot et par la seule forme de ses lettres ou par la façon de les écrire, essayez de représenter ce quil signifie.
Exemples
2 Ecrivez un calligramme qui dessinera la silhouette dun petit bonhomme. Vous y décrirez très schématiquement ce petit bonhomme. La disposition des lettres sera en rapport avec son aspect physique. Son nom sera écrit en majuscules comme dans le poème dApollinaire, intitulé le Dernier des Mohicans.
3. Récrivez cet extrait dun poème de Verlaine en lignes obliques imitant la pluie.
Il pleure dans mon cur Ô bruit doux de la pluie
Comme il pleut sur la ville. Par terre et sur le toit !
Quelle est cette langueur Pour un cur qui sennuie,
Qui pénètre mon cur ? Ô le chant de la pluie !
Verlaine, Romances sans paroles.
* SÉANCE N°11 : ECRITURE, CREATION DUN CALLIGRAMME
Sujet : inventez un calligramme qui aura pour thème un animal ou un élément naturel.
Consignes
1 Vous rédigerez dabord sur votre feuille un texte en prose ou en vers libres de dix à quinze lignes. (12 points)
2 Vous y emploierez un mot dans au moins deux sens différents que vous soulignerez en bleu. (2 points)
3 Vous emploierez aussi une comparaison que vous soulignerez en vert et une métaphore que vous soulignerez en rouge. (2 points)
4 Vous disposerez ensuite votre poème sur la page de façon à imiter la forme de lanimal ou de lélément naturel choisis. Vous pourrez utiliser, à votre gré, lettres minuscules et/ou majuscules. Le soin apporté à ce travail sera pris en compte dans la notation. (4 points)
* SÉANCE N°12 : ÉVALUATION FINALE (LECTURE ET LANGUE)
1) lOiseau voyou, de Claude Roy (extrait dEnfantasques) :
contrôle de lecture et de langue.
2) le Chat, de Jules Renard (extrait dHistoires naturelles) :
dictée mettant en jeu des homonymes.
LOiseau voyou
Le chat qui marche l'air de rien
voudrait se mettre sous la dent
l'oiseau qui vit de l'air du temps,
oiseau voyou, moineau vaurien.
Mais plus futé, l'oiseau lanlaire
n'a pas sa langue dans sa poche,
et siffle clair comme eau de roche
un petit air entre deux airs.
Un petit air pour changer d'air
et s'en aller voir du pays,
un petit air qu'il a appris
à force de voler en l'air.
Faisant celui qui n'a pas l'air
le chat prend l'air indifférent.
Loiseau s'estime bien content
et se déguise en courant d'air.
Claude Roy, Enfantasques.
Le Chat
Le mien ne mange pas les souris; il n'aime pas ça. Il n'en attrape une que pour jouer avec.
Quand il a bien joué, il lui fait grâce de la vie, et il va rêver ailleurs, l'innocent, assis dans la boucle de sa queue, la tête bien fermée comme un poing.
Mais, à cause des griffes, la souris est morte.
Jules Renard, Histoires naturelles.
=> Prolongements possibles :
1) conception dune petite anthologie constituée de cinq poèmes sur la nature (dau moins dix vers ou lignes), qui pourront être choisis parmi les recueils présentés par le/la documentaliste. Le choix de ces textes devra être justifié par écrit, certains seront illustrés et lun deux sera récité en classe.
2) lecture des Animaux de tout le monde de Jacques Roubaud ou dEnfantasques de Claude Roy. Les élèves choisiront un poème (dau moins dix vers) quils ont aimé. Ils devront le recopier, lillustrer de façon originale et le réciter en classe, après avoir justifié leur choix.
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