environnement apprentissage.doc
Le cas du vidéodisque évoqué par Demaizière et Dubuisson illustre bien le fait
que ... en particulier, il convient de rajouter un troisième sens au terme interaction
. ..... Il s'agit ensuite de lui donner les moyens de corriger lui-même son erreur :
..... d'analyse de réponse débouchant sur une série de feedbacks appropriés.
part of the document
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/index.htm" \t "_top" INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/buttons/home.gif" \* MERGEFORMATINET 4. 2 | Spécificités dun environnement dapprentissage multimédia interactif
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2742" 4. 2. 1. Interactivité et interaction
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2745" Interactivité et interaction : quelques définitions
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2770" Deux types dinteractivité
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2793" Degrés dinteractivité et degrés dinteraction
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2827" 4. 2. 2. Analyse de réponse et feedback
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2829" Origines et champs dapplication
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2842" Feedback et correction des erreurs dans lapprentissage des langues
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2857" Le feedback et la correction derreurs en ALAO
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2858" a) Feedback de lenseignant et feedback de lordinateur
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2863" b) Principes directeurs de conception du feedback
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2889" c) Types de feedback
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2902" d) Efficacité du feedback
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2909" Lanalyse de réponse
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2922" 4. 2. 3. Hypertexte et navigation
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2924" Historique et définitions de lhypertexte
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2961" Fonctionnalités typiques des hypertextes
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2971" a) Un exemple de base de données hypertextuelle : le journal Le Monde sur cédérom
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading2990" b) Autres fonctionnalités des hypertextes
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3002" Lhypertexte peut-il aider à apprendre ?
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3004" a) Linformation nest pas le savoir
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3007" b) Naviguer sans se noyer
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3014" c) Que vaut lanalogie associativiste ?
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3025" d) Lhypertexte est-il interactif ?
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3032" Lhypertexte peut-il aider à comprendre ?
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3034" a) Lire et comprendre un texte
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3044" b) La lecture dhypertextes : problèmes et solutions
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3059" c) Un ALAO daide à la lecture en L2 : le logiciel GALT
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3075" 4. 2. 4. Lapport de la trace informatique
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3081" Deux types de suivi : historique et fichiers de trace
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3088" Utilisation des traces pour suivre lapprentissage
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3092" La trace informatique au service de lenseignant et de lapprenant
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3096" La trace informatique : support de médiatisation et de médiation
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "Heading3100" Linterfaçage des situations dapprentissage : contraintes et possibilités
Lors de lélaboration dun environnement dapprentissage multimédia interactif, lenseignant peut se contenter dapporter sa contribution, au macro-niveau des objectifs et au HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_.html" \l "_Hlk535054662" méso-niveau didactico-pédagogique, et passer ensuite la main à un spécialiste de la programmation. Un tel choix ne permet cependant pas à lenseignant de sinvestir dans le micro-niveau de linterfaçage des situations dapprentissage. Or, cest précisément à ce dernier niveau qua lieu la mise en place de tout un ensemble dopérations liées à ces caractéristiques essentielles du média informatique que sont linteractivité, le feedback, la gestion et le suivi du parcours de lapprenant. Puisque, nous lavons vu dans le point précédent, des langages auteur existent qui permettent à lenseignant dassurer lui-même la mise en machine, nous pensons que celui-ci a tout intérêt à aller jusquau bout de sa démarche de médiatisation afin dêtre au plus près de lapprenant quil veut guider. Certes, la conception des interfaces dapprentissage nest pas sans poser de multiples problèmes, en raison même de leur hétérogénéité et de leur complexité. Daprès Linard,
[lécran] condense au moins trois domaines fonctionnels différents : celui des contenus et de la tâche proprement dite ; celui de la navigation de lutilisateur dans le micromonde artificiel proposé par le système ; celui du pilotage par lapprenant de son propre apprentissage par rapport aux deux autres domaines (2001 : 213).
Dans cette perspective, poursuit-elle, le concepteur des interfaces dapprentissage doit se demander « comment assister au mieux pour lapprenant linteraction entre les trois domaines imbriqués de la tâche, de la navigation et de la conduite de son propre apprentissage ». Les rapports entre lactivité de lapprenant et la réaction de linterface feront lobjet de notre premier point. Laide fournie par linterface à lautopilotage de lapprentissage sous forme de feedback est directement liée à lanalyse de lactivité de lapprenant : ce sera notre deuxième point. Quant au concept de navigation il renvoie à celui dhypertexte, caractéristique quasi emblématique des NTIC. Enfin, dans la perspective dun développement itératif des interfaces dapprentissage, nous montrerons lutilité de conserver la trace du parcours de lapprenant.
4. 2. 1. Interactivité et interaction
Les auteurs du domaine soulignent tous lomniprésence du terme interactivité associé aux nouvelles technologies. Dautres termes sy rajoutent, en premier lieu celui dinteraction, mais aussi échange et dialogue, concepts qui appartiennent tous trois également au domaine de la DLE. Peut-on alors considérer les concepts dinteraction et dinteractivité comme « un pont entre la didactique des langues et le développement denvironnements multimédia » HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn517#fn517" 517 ? Nous allons explorer brièvement quelques définitions de ces deux concepts, puis étudier la notion de degrés dinteractivité, et enfin en tirer des conséquences sur le développement des didacticiels.
Interactivité et interaction : quelques définitions
Considérons tout dabord la définition dinteractivité donnée par lEU :
caractère dun média qui favorise léchange avec le public ;
activité de dialogue entre une personne et une information donnée par une machine.
La première entrée renvoie aux multiples usages contemporains du couple interactif/interactivité, en lien ou non avec linformatique. Cest le mot magique des années 1990, dont lusage confère aux noms des entreprises nouvelles ou qui créent une nouvelle filiale le sceau de lindispensable modernité HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn518#fn518" 518. On parle beaucoup au milieu des années 1990 de télévision ou de radio « interactive » : il peut sagir à un premier niveau dinteractivité de donner la parole aux auditeurs ou téléspectateurs pour intervenir en direct dans les émissions (par téléphone). Mais un deuxième niveau dinteractivité permet à lutilisateur dintervenir directement dans le déroulement de lémission (qui peut être une fiction) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn519#fn519" 519.
La deuxième entrée, quasiment identique à la définition donnée par le GRE, correspond davantage à la notion dinteractivité telle quon la conçoit dans le domaine des environnements dapprentissage multimédias. Elle rejoint les définitions citées ci-après :
Linteractivité est la qualité dun objet de réagir aux sollicitations quon lui fait et de fonctionner à laide dun échange. Le micro-ordinateur, dans lusage courant, ne marche pas tout seul. [...] Cet échange se rapproche de la forme dun dialogue (Mucchielli, 1987 : 13).
[Linteractivité technologique implique] la notion dun dispositif capable de réponses différenciées, en réaction à une intervention humaine (Bélisle, 1998) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn520#fn520" 520.
On parlera dinteractivité chaque fois que lutilisation dun programme informatique fera appel à lintervention constante dun utilisateur humain. En ce sens interactif soppose à automatique (Balpe, 1990) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn521#fn521" 521.
Quel est lélément nouveau, facultatif dans les situations qualifiées dinteractives au sens de la première entrée mentionnée ci-dessus, mais indispensable dans ce deuxième sens ? Cet objet susceptible de réagir aux sollicitations de lutilisateur, ce dispositif, cest le programme informatique (parfois désigné par son support matériel, lordinateur). Le cas du vidéodisque évoqué par Demaizière et Dubuisson illustre bien le fait que dans les nouvelles technologies audiovisuelles « le niveau supérieur dinteractivité est lié à lordinateur et non au vidéodisque » (op. cit. : 32-33). Notons dailleurs que cest précisément la conjonction de la qualité intrinsèque dinteractivité de lordinateur et des progrès que celui-ci a faits dans la gestion des images et des sons qui a sonné le glas du vidéodisque et du « disque compact interactif » dans les années 1990.
Le concept dinteraction est attesté depuis plus longtemps que celui dinteractivité, et il sapplique à un nombre plus important de domaines. Le Grand Larousse en 5 volumes (1987) distingue deux acceptions principales (outre le domaine de la physique) :
réaction réciproque de deux phénomènes lun sur lautre ;
Interaction sociale : relation interpersonnelle entre deux individus au moins, par laquelle les comportements de ces individus sinfluencent mutuellement et se modifient chacun en conséquence.
Dans le domaine de lapprentissage en général et dans celui des langues en particulier, il convient de rajouter un troisième sens au terme interaction. Lorsque Ellis (1994) considère le rôle de linput dans lacquisition de la langue, il distingue trois conceptions : behavioriste, mentaliste et interactionniste. Les théories du premier type accordent une grande importance à linput, facteur externe dapprentissage. Pour les théories du deuxième type, au contraire, linput sert uniquement de déclencheur du module interne dapprentissage dont chaque individu est muni : cest le modèle nativiste de Chomsky. Quant à létiquette interactionniste, nous dit Ellis, elle sapplique à deux principaux types de théories qui souhaitent conjuguer facteurs externes et facteurs internes :
According to cognitive interactionist theories, acquisition is seen as a product of the complex interaction of the linguistic environment and the learners internal mechanisms, with neither viewed as primary. [...]
The second type [...] is more social in orientation. The principle that informs these theories is that verbal interaction is of crucial importance for language learning as it helps to make the facts of the L2 salient to the learner (op. cit.: 243-244).
La distinction introduite ici par Ellis nest pas toujours pertinente ou perceptible, comme on peut le voir si lon se reporte, par exemple, au modèle présenté par Chapelle HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn522#fn522" 522. En effet, ce modèle interactionniste conjugue dune part linteraction des facteurs externes (apport langagier) et des facteurs internes (intégration de la saisie langagière) et de lautre linteraction sociale lorsque « la production langagière des étudiants sollicite un apport langagier de la part dinterlocuteurs [processus de négociation de sens] » (Chapelle, 2001 : 28).
Il est également possible détablir un pont entre linteractionnisme et la cognition située, comme le fait Weil-Barais :
[pour le courant interactionniste] cest dans les interactions que les compétences individuelles se construisent et prennent sens. [...] Une des particularités de cette approche cest que le contexte nest pas conçu comme une réalité extérieure au sujet mais quil est constitutif de son activité psychologique (1993 : 54-55).
Ces différentes références à des théories de la connaissance et de lapprentissage que nous avons examinées et regroupées sous létiquette de HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-3_-4.html" \l "_Hlk535054707" néo-cognitivisme nous montrent que le concept dinteraction est au coeur de ces nouvelles conceptions. Mais comment peut-on articuler les concepts dinteraction et dinteractivité ? Linteraction est-elle le but ultime de linteractivité ?
Deux types dinteractivité
Ainsi que le rapportent Demaizière et Dubuisson (1992 : 30 et s.), de nombreux auteurs ont cherché à établir une typologie de linteractivité, qui prend souvent la forme dune échelle de degrés situés le long dun continuum. Certains auteurs établissent jusquà cinq HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn523#fn523" 523 ou six HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn524#fn524" 524 degrés, tandis que dautres se contentent dopposer une interactivité machinique à une interactivité mentale ou humaine, proche de linteraction. Bien que les échelles comportant plus de trois degrés permettent de mettre en évidence de manière assez fine les caractéristiques de différents dispositifs plus ou moins interactifs, nous pensons quil est suffisant pour notre propos de considérer deux ou trois degrés dinteractivité.
Les auteurs qui considèrent deux types dinteractivité ne raisonnent pas en termes de degrés mais de dichotomie. Barchechath et Pouts-Lajus, cités par Demaizière et Dubuisson, distinguent ainsi :
linteractivité fonctionnelle [qui est] liée à lergonomie des échanges dinformation avec la machine [...], à la convivialité ;
[et] linteractivité intentionnelle [qui] concerne lengagement de lauteur du logiciel face à lutilisateur HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn525#fn525" 525.
Dans leur commentaire, Demaizière et Dubuisson estiment que cest principalement dans le domaine de linteractivité fonctionnelle, de lergonomie des interfaces que des progrès importants ont eu lieu ces dernières années. Ces auteures pensent en revanche que beaucoup de progrès restent à faire dans le deuxième domaine, celui du dialogue entre le concepteur et lutilisateur. En EAO, par exemple, « on aimerait sentir dans le didacticiel lintention du concepteur de donner sa place à lapprenant, de le laisser exprimer ses questions et commentaires » (idem).
Un point de vue très semblable est exprimé par Jacquinot, qui oppose :
dun côté linteractivité machinique, fonctionnelle, transitive, celle qui permet à lutilisateur de rétroagir sur le programme [...] gérant la communication entre lutilisateur et la machine ;
et, de lautre, linteractivité mentale, intentionnelle, intransitive [...] qui gère la communication entre lutilisateur et lauteur du logiciel, présent à travers ses choix de contenu [...] de structure [...] de navigation, de rhétorique, de contrat énonciatif (1997 : 160).
On notera que cette auteure accorde une fonction de gestion de communication à léchange avec la machine, alors que le modèle des auteurs précédents ne parlait que dinformation. En outre, Jacquinot affirme que la conception de linteraction intentionnelle doit précéder celle de linteraction fonctionnelle, ce qui entraîne comme conséquence pratique la nécessité de ne « faire intervenir les informaticiens quau dernier moment » (op. cit. : 161). Enfin, pour cette auteure, « linteractivité en soi nest pas un gage defficacité de lapprentissage ».
La notion dinteractivité est essentielle dans la conception du design des environnements dapprentissage multimédia exposée par Depover et al. (1998). Ces auteurs consacrent deux chapitres à ce sujet, dont lun est intitulé « Formes et modalités dune interactivité significative ». Malheureusement la rédaction de ces deux chapitres est peu rigoureuse, floue et souvent répétitive, ce dernier défaut étant probablement dû au fait quil sagit dune rédaction à trois auteurs. Nous retiendrons malgré tout que le point de vue de ces auteurs oppose, comme chez les deux auteurs précédents, une interactivité mécanique à une interactivité significative. La première est statique, elle représente un objet passif contenant seulement des informations, elle utilise les caractéristiques techniques du dispositif. La seconde est dynamique, bidirectionnelle, elle simule un dialogue interpersonnel ; elle est « le moyen de communication des intentions pédagogiques du professeur-concepteur et [...] le lieu [...] de réflexion de lapprenant qui [...] construit de nouvelles connaissances » (op. cit. : chapitre 4, passim).
Pour citer un quatrième exemple, Bélisle et Linard (1996) franchissent un pas supplémentaire par rapport aux points de vue cités ci-dessus, en opposant non pas deux types dinteractivité mais interactivité et interaction. Ces auteures mettent en garde contre un optimisme technologique qui :
se fonde sur une confusion systématique entre interactivité technique (réponse de la machine à une commande de lusager) et interaction humaine (interrelation significative entre deux personnes à propos et en vue de quelque chose dintéressant qui les concerne (op. cit. : 25) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn526#fn526" 526.
On peut mettre cette opposition interactivité technique / interaction humaine en parallèle avec le couple médiatisation technique / médiation humaine de Linard (1996 : 250 et s.). Il semblerait que cette auteure, en réaction contre une vision anthropomorphique des dispositifs dapprentissage interactifs, ait tendance à occulter leur composante humaine. Sa définition de linteraction HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn527#fn527" 527 renvoie nécessairement à une interrelation entre des personnes, ce qui exclut la possibilité dune interaction humainmachine. Corrélativement, et quel que soit le degré dimplication de lhumain dans la machine, linteractivité reste toujours dordre technique. Ce point de vue rejoint celui exprimé en termes moins catégoriques par Demaizière et Dubuisson :
La véritable interactivité [...] tend vers un véritable échange bidirectionnel entre lhumain et la machine. [...] Certains diraient quau niveau maximum, linteractivité ne se distingue plus de linteraction même si elle est médiatisée. Nous resterions plus prudentes (de par notre formation de linguistes nous ne distribuons pas la capacité de langage aux machines aussi aisément que dautres) (op. cit. : 37).
Pour résumer, nous proposons de ranger les points de vue sur linteractivité cités ci-dessus en deux catégories. Certains auteurs distinguent deux types dinteractivité : une interactivité machinique, lieu de la gestion des rapports utilisateurmachine ; une interactivité intentionnelle, ou significative, qui gère les rapports utilisateurconcepteur (du logiciel) via la machine. Ils parlent, pour le premier type, dintervention, de commande et de réponse, déchange dinformation ; pour le deuxième de dialogue et de communication. Dautres auteurs hésitent ou répugnent à parler de dialogue hommemachine. Même si un concepteur humain est bien « virtuellement » présent dans la machine, cette virtualité, qui résulte de lopération de médiatisation, entraîne au mieux une « simulation de dialogue » et non un dialogue véritable HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn528#fn528" 528. En conséquence, ces auteurs préfèrent associer interactivité et technique dune part et réserver le terme dinteraction au vrai dialogue humainhumain de lautre HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn529#fn529" 529. Une analyse de linteractivité en termes de degrés permettrait-elle, en situant la position relative des concepts déchange, de dialogue et de conversation le long dun continuum, de réconcilier ces deux points de vue ?
Degrés dinteractivité et degrés dinteraction
Parmi les auteurs qui établissent une échelle des degrés dinteractivité, Chanier cherche à rapprocher autour de la notion dinteractivité telle quelle peut se réaliser en ALAO les points de vue de deux domaines a priori fort éloignés qui sont linformatique dune part et les sciences du langage de lautre. Nous résumons ci-après son propos HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn530#fn530" 530.
Le premier degré dinteractivité est celui où lutilisateur communique quelque chose au système, qui se contente de lexécuter.
Au degré deux de linteractivité, le système offre une rétroaction ; il informe sur lopération en cours ; on a un début de relation bidirectionnelle. À ce niveau, la qualité de linteractivité dépend de la qualité de la représentation des connaissances décrites par les concepteurs du système et de la faculté du système à adapter ses réactions à celles de lapprenant.
Un troisième degré est atteint lorsque lapprenant peut agir sur les informations ou les représentations mises à sa disposition par le système. Le concepteur cherche à créer les conditions dun dialogue systèmeapprenant. La connotation dimmédiateté (court délai entre action de lutilisateur et rétroaction du système HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn531#fn531" 531) cède la place à une interaction définie comme constitution dun mode conversationnel. Dans ce sens, linteraction (verbale et non verbale) entre individus est considérée comme un lieu où se manifestent des formes sociales, cognitives, linguistiques dorganisation humaine. Cest à ce troisième niveau dinteractivité que se rejoignent les conceptions des chercheurs en EIAH HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn532#fn532" 532 et en ALS.
Nous avons déjà évoqué le modèle socio-affectif de linteraction selon van Lier (1996), et plus particulièrement la distinction que cet auteur fait entre monologue, dialogue et conversation. Cette distinction sinscrit dans le cadre dun modèle où lauteur classe les différents types dinteraction sociale en fonction de leur aptitude à favoriser lapprentissage. Il nous a donc paru que ce modèle pourrait fournir un cadre susceptible daccueillir léchelle des degrés dinteractivité telle quelle est définie ci-dessus par Chanier et plus haut par dautres. Nous retiendrons du modèle de van Lier les éléments permettant déclairer les rapports entre interactivité et interaction. Ce modèle comprend quatre niveaux : Transmission, IRF Questioning HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn533#fn533" 533, Transaction et Transformation (cf. Figure 4.4 ci-dessous).
Transmission : flux dinformation ou dinstructions dune personne à une autre, selon un mode monologique ;
IRF Questioning : la planification et lorientation du discours sont entièrement déterminées par celui qui pose les questions ; le « dialogue Socratique » appartient à cette catégorie ; les rôles du questionneur et du répondant sont nettement séparés.
Transaction : échange bidirectionnel dinformation dans lequel lorientation du discours, la pertinence des propos et la planification des événements sont décidées en commun par les participants.
Transformation : conversation gérée en commun pour une co-construction du sens et des événements.
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet73.png" \* MERGEFORMATINET
Figure 4.4 From transmission to transformation(Van Lier, 1996: 179, Figure 20)
Lauteur précise que la plupart des activités pédagogiques seront hybrides, faisant appel à plusieurs types de modalités. Comme on le voit sur la Figure 4.4, les paramètres de la situation dinteraction pédagogique sont disposés selon un continuum centrifuge qui va du non contingent au totalement contingent. Rappelons que, pour van Lier, le concept bifacial de contingence renvoie à la fois au connu et à linconnu, au prévisible et à limprévisible. Cest au niveau 4 des interactions, celui de la transformation, où la contingence est maximale, que se trouvent les conditions les plus favorables à lapprentissage. Parmi les caractéristiques de linteraction pédagogique ainsi situées sur un continuum, le triplet monologuedialogueconversation nous intéresse particulièrement ici. En reprenant la typologie de Chanier, nous proposerons donc de faire correspondre le degré 1 dinteractivité de cet auteur au niveau Transmission du modèle de van Lier ; le degré 2 au niveau 2 du « dialogue pédagogique » et le degré 3 au niveau 3 de la Transaction. Peut-on aller jusquà faire correspondre le degré 3 dinteractivité au niveau 4 de la Transformation et du « mode conversationnel » ? Cest là une question cruciale. Comme nous lavons déjà dit, le modèle conversationnel a les faveurs des néo-cognitivistes HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn534#fn534" 534. Van Lier expose lui aussi en quoi la conversation procure un cadre idéal dapprentissage :
Conversation, or any language use which plays with contingencies (storytelling, for example), can [...] be expected to be the most stimulating environment for learning. Conversational interaction naturally links the known to the new. It creates its own expectancies and its own context, and offers choices to the participants (op. cit.: 171).
Transposé dans le domaine des NTIC, léquivalent de linteraction conversationnelle entre le professeur et lélève serait le tutoriel intelligent (cest-à-dire doté dune activité de degré 3 selon Chanier, et fonctionnant donc sur un mode conversationnel). Mais, comme nous lavons dit nexiste pas, Laurillard affirme que le tutoriel intelligent nexiste pas.
En conclusion, nous avons montré la possibilité de faire correspondre jusquà un certain point une vision de linteractivité comme un continuum de degrés avec un modèle de linteraction pédagogique organisant également des modalités dinteraction sociale le long dun continuum régi par lopposition non contingent/contingent. Linteractivité dun système informatique dapprentissage humain peut-elle atteindre les qualités optimales de linteraction pédagogique, celles qui sont situées sur le cercle extérieur du modèle présenté par van Lier ? Les chercheurs en EIAH en semblent convaincus, comme Chanier qui nhésite pas à parler de « constitution dun mode conversationnel impliquant un dialogue apprenantsystème » (op. cit. : 59). La communauté des psychologues de lapprentissage et des didacticiens est plus réservée : on évoque la « simulation de dialogue » (Demaizière, 1983), on insiste sur lindispensable « présence du formateur et des pairs, comme représentants de lordre du social dans le cognitif » (Bélisle et Linard, 1996), on rappelle que le seul vrai dialogue possible ne peut avoir lieu quentre professeur et élève HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn535#fn535" 535. Quils considèrent linteractivité de type conversationnel comme un idéal vers lequel il faut tendre ou une caractéristique déjà présente dans des EIAH évolués, tous les acteurs des domaines concernés partageraient sans doute le point de vue exprimé par Depover et al. :
La recherche de linteractivité optimale comme concept intégrateur devient [...] lélément autour duquel il sagit daxer toutes les activités de formation et dapprentissage (1998 : 137).
Notre proposition détablir des correspondances entre les divers degrés dinteractivité et les différents niveaux de linteraction pédagogique selon van Lier met clairement en évidence les caractéristiques à rechercher si lon veut obtenir une interactivité optimale dans la conception des environnements dapprentissage multimédia. Il suffit de parcourir le cercle extérieur de son modèle pour établir la liste de ces caractéristiques.
Ainsi, un dispositif dapprentissage interactif optimal :
sera contrôlé au maximum par lapprenant ;
sera de type exploratoire ;
offrira une aide de type proleptique HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn536#fn536" 536 ;
sintéressera davantage aux processus quaux résultats ;
favorisera des échanges symétriques entre apprenant et dispositif HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn537#fn537" 537 ;
proposera des interactions de type dialogique ou, mieux encore, conversationnel.
Parmi ces interactions qui impliquent une sorte de dialogue entre lapprenant et la machine, le feedback figure en bonne place.
4. 2. 2. Analyse de réponse et feedback
Le feedback correctif est sans doute lattribut le plus souvent associé à lALAO et aux environnements dapprentissage interactifs, au point de former parfois lélément essentiel dappréciation de la qualité dun didacticiel. Comme cest le cas pour bien dautres concepts, plusieurs traditions convergent pour aboutir à la notion de feedback en ALAO : on parle de feedback dans le domaine de la technique (radio), de linformation et de la communication et enfin de la DLE. Après avoir brièvement évoqué les sens généraux de ce terme, nous verrons ce que nous disent les théories de lapprentissage des langues sur le feedback et la correction des erreurs. Nous étudierons ensuite les aspects du feedback propres au domaine de lALAO, et chercherons à savoir en quoi lanalyse de la réponse de lapprenant par lordinateur permet daméliorer la qualité du feedback.
Origines et champs dapplication
Escarpit (1976), rappelle que le terme « feedback » a été introduit dès 1914 pour désigner un circuit de régénération du signal dans un poste radio. Daprès Papert, dans les décennies qui ont suivi, le concept de feedback sest répandu dans dautres domaines de la technique mais aussi de la physiologie, puis, à partir des années 1950, de la cybernétique (1993 : 192 et s.). Tant et si bien quà la fin du XXe siècle, le terme était couramment utilisé dans de nombreux domaines comme la psychologie, la pédagogie, la sociologie, et quon avait un peu perdu de vue son origine technique. Escarpit distingue trois rôles différents pour le feedback : régulation, cumulation cyclique et cumulation didactique.
Le feedback du premier type peut être considéré comme archétypique du feedback en général ; on lappelle habituellement feedback négatif. Morin le définit ainsi :
La rétroaction HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn538#fn538" 538 qui maintient la constance dun système ou régule une performance est dite négative, terme fort éclairant : déclenchée par la variation dun élément, elle tend à annuler cette variation (1977 : 120).
Lexemple le plus simple en est le thermostat, (inventé au XVIIe siècle dans sa version thermique), dispositif qui analyse les inputs (la température extérieure), les compare à une valeur prédéterminée (valeur déquilibre), et envoie des outputs destinés à maintenir la température au niveau de la valeur déquilibre HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn539#fn539" 539.
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet74.png" \* MERGEFORMATINET
Figure 4.5 Schéma du thermostat
Le concept de régulation lié à celui du feedback négatif a été repris dans pratiquement tous les domaines de la science actuelle. Par exemple dans son étude des modèles structurés dynamiques de lactivité humaine, Linard écrit que :
Le principe de feedback (bouclage en retour des effets sur les causes) généralisé à tous les niveaux permet dassurer un auto-pilotage orienté et cohérent de lensemble par autocorrections emboîtées. Ce principe sexerce par des tests permanents de comparaison qui mesurent les décalages entre effets anticipés (définis à partir des motifs et intentions initiaux) et effets observés à lissue de chaque pas de laction (2000).
Le feedback du deuxième type (de cumulation cyclique) est dit positif et est souvent illustré par leffet Larsen. Contrairement au feedback négatif, le feedback positif ne dispose daucun dispositif dautorégulation visant à inhiber les fluctuations des éléments du système, qui sajoutent et sauto-entretiennent jusquà une possible désintégration du système (sauf intervention extérieure). Comme le signale Morin, bien que la rétroaction positive aille le plus souvent dans le sens de la destruction du système, les choses ne sont pas aussi simples. Il arrive en effet que « la rétroaction positive réveille les forces génésiques là où elles sendorment dans le ronron de la régulation [...] les grandes métamorphoses sont toujours liées à des destructions opérées par rétroaction positive » (op. cit. : 224). Signalons quen EAO on oppose souvent « feedback positif » pour parler des messages de renforcement en réaction à une bonne réponse de lapprenant et « feedback négatif » pour parler des messages de correction derreur. Bien entendu cet emploi de « positif » na pas grand-chose à voir avec celui qui en est fait en cybernétique. Il faut plutôt le rapprocher de la notion de « contingences de renforcement positif » de HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-3_-2.html" \l "_Hlk535054843" Skinner.
Quant au feedback de cumulation didactique, il suppose que le système dispose dune mémoire (Escarpit, op. cit. : 57). Il se manifeste, dans les didacticiels, par le fait que le programme tient compte, dans ses messages de rétroaction, des réponses antérieures de lapprenant.
Feedback et correction des erreurs dans lapprentissage des langues
Dans le domaine de linteraction enseignantapprenant en classe de langues, le feedback tient une place particulière. En effet, faisant partie intégrante de léchange conversationnel, il est considéré comme le facteur principal dapprentissage, par les théories behavioristes et les méthodologies de lenseignement programmé qui en découlent. Par ailleurs, cest un ingrédient essentiel de la correction des erreurs.
Dans lanalyse conversationnelle, on note la présence de « phatiques » ou « régulateurs » qui relèvent de la fonction régulatrice du feedback négatif. Ces éléments peuvent être non verbaux (hochements de tête, sourire, postures, etc.), verbaux ou vocaux (« hm »). Il faut cependant noter que linteraction enseignantapprenant se caractérise par des échanges de type IRF HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn540#fn540" 540, où la présence de la phase Feedback a un statut et une signification tout à fait particuliers, comme le note Chaudron HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn541#fn541" 541 :
The differential right to the floor in classrooms results in the final step of the classic exchange cycle of (1) teacher initiation/solicitation (2) student response (3) teacher feedback/evaluation, where the evaluation step is the most unusual in comparison with natural conversations (1988: 132).
Une fois admis que le feedback pédagogique est différent du feedback phatique ordinaire, il reste quil constitue une caractéristique fondamentale du dialogue pédagogique. Toute la question est de savoir sil est efficace. Nous rappellerons ici seulement pour mémoire que, pour les théories behavioristes de renforcement du comportement, le feedback est étroitement associé avec les notions de renforcement positif ou négatif. Pour les théories cognitivistes de lapprentissage, le rôle du feedback nest pas seulement de fournir un renforcement mais des renseignements devant permettre à lapprenant de prendre en charge la modification de sa production langagière. Bien que dans la classe de langues le feedback puisse prendre différentes formes et avoir plusieurs fonctions, le concept est le plus souvent associé à la correction des erreurs de lélève. Nous avons HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-Composan.html" \l "_Hlk535054893" déjà étudié en détail la question des origines et du traitement des erreurs dans lapprentissage des langues. Nous allons donc nous contenter de rappeler quelques principes généraux proposés par les chercheurs et praticiens en DLE, avant détudier les caractéristiques propres au feedback en situation dALAO.
Dans les théories et conceptions ayant cours actuellement en langues et qui font appel à la notion dinterlangue pour expliquer les erreurs des apprenants, la correction consiste à renvoyer à lélève un feedback qui lui montre la forme attendue afin dattirer son attention sur lécart entre cette forme correcte et sa production. Il sagit ensuite de lui donner les moyens de corriger lui-même son erreur :
[...] corrective feedback juxtaposes the interlanguage form with the target-language form, putting the learner in an ideal position to notice the difference. Such feedback serves as a way of raising the learners consciousness about the lack of correlation between the target language and her own interlanguage (Ellis, 1990: 193) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn542#fn542" 542.
[lélève] doit constater la différence entre cette construction [dinterlangue] et la norme attendue [...] cette comparaison est faite de façon inductive par lélève lui-même. Lenseignant lui donne les clés explicatives et des mécanismes de son erreur et des justifications de la construction de la forme correcte (Bailly, 1998b : 58).
Si la plupart des auteurs sont daccord sur limpact potentiel de messages de feedback de ce type sur lacquisition de la L2, ils semblent également unanimes à admettre la difficulté de reconnaître les effets réels du feedback, comme lécrit par exemple Chaudron :
[...] the use of feedback in repairing [the learners] utterances [...] may constitute the most potent source of improvement in [...] target language development. [...] Yet the degree to which this information in fact aids learners progress in target language development [...] is still unknown (op. cit.: 133) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn543#fn543" 543.
Les paramètres propres à la situation dEAO seront-ils plus propices à une aide efficace ?
Le feedback et la correction derreurs en ALAO
a) Feedback de lenseignant et feedback de lordinateur
Le feedback visant la correction des erreurs de lapprenant de L2 présente dimportantes différences selon quil est prodigué par lenseignant dans le cadre de la classe ou par un didacticiel. Bon nombre de ces différences ont été présentées comme des avantages de la machine à enseigner par Skinner et les promoteurs de lenseignement programmé. Même si les fondements théoriques du behaviorisme sont actuellement rejetés dans leur ensemble, certains facteurs positifs des machines à enseigner demeurent dactualité. Le tableau suivant contraste ces facteurs positifs du feedback en situation dEAO avec les faiblesses de la pratique du traitement des erreurs par les enseignants dans le cadre de la classe HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn544#fn544" 544.
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet75.png" \* MERGEFORMATINET
Tableau 4.4 Comparaison du feedback en ALAO et en situation de classe
b) Principes directeurs de conception du feedback
Un certain nombre de théoriciens et de praticiens de lALAO ont établi des listes de « principes » destinés à guider le design du feedback dans les didacticiels. La liste dressée par Underwood (Premises for communicative CALL) concerne la conception denvironnements dALAO en général. Nous avons extrait des 13 points de cette liste ceux qui concernent plus particulièrement le feedback HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn545#fn545" 545.
2. In a communicative CALL lesson or activity, grammar will be implicit rather than explicit.4. Communicative CALL will not try to judge and evaluate everything the student does.5. Communicative CALL will avoid telling students they are wrong. [...] If errors are to be processed at all, the program should endeavor to help the student, either by modeling a well-formed response or by giving gentle hints in that direction.6. Communicative CALL will not try to reward students with congratulatory messages, lights, bells, whistles, or other such nonsense.7. Communicative CALL will not try to be cute.8. Communicative CALL will use the target language exclusively.9. Communicative CALL will be flexible [...] computers do not have to be any more rigid and inhuman than the people who program them.10. Communicative CALL will allow the student to explore the subject matter [...] Exploratory CALL can offer the students an environment in which to play with language or manipulate it to see how things go together.13. Above all Communicative CALL will be fun. [...] We need to let students explore, experiment, learn [...] without the obsessive concern for constant evaluation that seems to bog down so much of what goes on in education.
Une quinzaine dannées plus tard, Kreindler (1998) propose une liste de 12 Principles for designing feedback:
Feedback should focus on content and meaning.
Feedback should not be used for testing.
Feedback should be communicative and low-keyed. [...] Informal, easy-going responses help to make the lesson communicative.
Feedback should elicit personal involvement.
Feedback should promote cognitive skills.
Feedback should provide cultural enrichment.
Feedback should differentiate between students.
Feedback should be clear, yet economical.
Feedback should be simple. [...] one must anticipate the possible difficulties and prevent students frustrations.
Feedback should use a playful tone when it fits naturally.
Feedback should avoid set patterns.
Feedback should be open to user-driven changes. [Students] call our attention to [...] alternate answers that we hadnt anticipated.
Une comparaison entre la liste de 1984 et celle de 1998 fait tout dabord ressortir lancrage très net de Premises for communicative CALL dans la méthodologie communicative du début des années 1980. Le terme communicative est omniprésent, la grammaire sera implicite plutôt quexplicite, lusage de la L1 sera strictement banni, lenvironnement dALAO sera plutôt de type exploratoire que tuteur, et on ne cherchera pas à tester ni à évaluer. Dans la liste de 1998, les objectifs communicationnels nont pas disparu, mais on y ajoute la promotion des stratégies cognitives, de la culture, et la prise en compte des différences individuelles entre les apprenants. Les deux auteurs rejettent lutilisation de lordinateur pour lévaluation et prônent une flexibilité dans le programme et le feedback. Tandis quUnderwood rejette lhumour lorsquil est au premier degré (trying to be cute), Kreindler laccepte sil vient naturellement.
c) Types de feedback
Afin détablir une classification des principaux types de feedback existant dans les didacticiels dALAO, nous proposons de commencer par classer les types de questions posées par le programme, qui conditionnent les types de réponses possibles pour lapprenant et au troisième temps de linteraction le feedback lui-même (cest-à-dire léchange IRF classique).
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet76.png" \* MERGEFORMATINET
Tableau 4.5 Principaux types de questions et de feedback en ALAO
La quasi-totalité des exercices proposés dans les didacticiels dALAO que lon trouve de nos jours peuvent entrer dans lune ou lautre des catégories proposées dans le Tableau 4.5 ci-dessus. Par exemple, un exercice classique en ALAO depuis le début des années 1980 tel que celui de reconstitution totale de texte peut être considéré comme un exercice de type « question ouverte » au niveau global (du texte) mais de type vrai/faux au niveau local (de chaque mot). En effet, dans ce type dexercice, le feedback est basé sur une analyse de réponse extrêmement simple, de type vrai/faux. On peut ajouter à notre tableau des variantes dans la manière dont le feedback est communiqué à lélève. À chacun des quatre niveaux, le programme peut se contenter dindiquer que la réponse est correcte ou incorrecte (et, dans ce deuxième cas, linviter à recommencer). Au niveau 1, le message du feedback peut évidemment commenter les raisons du mauvais choix, mais ces commentaires risquent fort de ne pas retenir lattention de lélève, puisque le seul choix possible lors du nouvel essai (si un nouvel essai est autorisé, ce qui est rarement le cas dans un exercice de type vrai/faux) est la solution non choisie au premier essai HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn546#fn546" 546. À partir du niveau 2, le programme peut indiquer en quoi le choix effectué est erroné et mettre sur la voie pour faire un meilleur choix parmi les possibilités qui restent. Les exercices de type QCM sont utilisés depuis longtemps, sur support papier aussi bien quinformatique. Ils ont été jugés utiles et performants mais aussi potentiellement dangereux. Du point de vue de leur conception, le principal problème est celui du choix des distracteurs appropriés, qui doivent proposer à la bonne réponse des alternatives vraisemblables et authentiques mais erronées dans le contexte présenté. Quant à leurs effets sur les apprenants, on évoque souvent le danger potentiel de ces distracteurs, comme le souligne par exemple Cazade :
[...] le temps passé par un apprenant à envisager hypothétiquement des possibilités erronées de constructions lexicales ou syntaxiques peut laisser dans son esprit des traces fâcheuses et persistantes que même larrivée de la bonne réponse au bout dun certain temps nefface pas complètement (1995 : 436) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn547#fn547" 547.
Widdowson souligne un autre danger potentiel des questions de type QCM, lorsquelles sont utilisées pour vérifier la compréhension dun texte :
The effect of such an exercise is to distract the learner from his reading of the passage by focussing his attention on the comprehension of the given set of sentences (1978: 98).
Cest pourquoi cet auteur préconise lutilisation daffirmations à propos du contenu du texte, à propos desquelles lapprenant doit se prononcer par un choix de type VRAI/FAUX. Pour pallier leffet du facteur chance (qui est de 50%) et sassurer que le choix effectué par lapprenant correspond bien au résultat dun raisonnement, il propose daccompagner lexercice VRAI/FAUX dexercices lacunaires à choix non fourni. Ces exercices visent à sassurer de la participation active de lapprenant dans lélaboration du processus de raisonnement qui a mené à son interprétation HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn548#fn548" 548.
À partir du niveau 3, le feedback peut rajouter un début de guidage, par exemple en soulignant ou en coloriant des éléments de la réponse qui sont à corriger (fautes dorthographe ou mots mal placés). Au niveau 4 enfin, à condition que le module danalyse de réponse du didacticiel soit performant, le feedback proposé peut répondre aux conditions optimales mentionnées par HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Hlk535082695" Bailly.
d) Efficacité du feedback
Pour Brett (1999), les quatre questions essentielles qui se posent à propos du feedback en ALAO sont : quels types de feedback sont les plus efficaces ? quels sont ceux que les apprenants préfèrent ? dans un didacticiel multimédia, sous quelle forme les apprenants préfèrent-ils recevoir le feedback ? et enfin que font les apprenants du feedback ? Les questions 2 à 4, qui impliquent les relations entre les apprenants et la machine seront traitées dans notre prochain chapitre. En ce qui concerne la question 1, plusieurs recherches mentionnées dans la littérature tendent à démontrer un effet positif sur les performances des apprenants du feedback « intelligent » par rapport au feedback sans commentaire (appelé aussi drill-like feedback ou traditional feedback). Nagata (1993) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn549#fn549" 549 a montré que des étudiants de japonais qui avaient bénéficié dun feedback intelligent à propos de leur emploi des particules obtenaient des résultats sensiblement meilleurs aux post-tests et aux examens de fin de semestre que des étudiants à qui le message de feedback indiquait seulement la nature et lemplacement de leurs erreurs. Linfluence du type de feedback sur lamélioration des compétences dépend toutefois de la nature des erreurs :
[...] traditional feedback may be as good as intelligent feedback for helping learners to correct word-level errors (i.e., vocabulary and conjugation errors) while intelligent feedback may be more helpful for understanding and correcting sentence-level errors which involve more complex processing of knowledge (Nagata, 1993: 337, citée par Brett, op. cit. 4.2).
Brett ajoute quune recherche complémentaire HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn550#fn550" 550 sur le feedback faisant appel à une analyse de réponse de type TALN en a montré les effets bénéfiques en ce qui concerne la production langagière mais pas la compréhension de la L2. Nous ne trouvons pas surprenantes les conclusions de ces deux recherches de Nagata. En effet, en ce qui concerne tout dabord les erreurs de lexique ou de morphosyntaxe, un feedback traditionnel sappuyant sur une analyse de réponse sommaire suffira généralement à donner à lélève les moyens de corriger sa production. On se contentera donc pour lacquisition du vocabulaire de proposer des exercices de type QCM ou lacunaire (avec analyse de réponse minimale) ou encore des exercices dappariement (de mots et de leur définition, de synonymes ou dantonymes, etc.). La compréhension orale ou écrite sera vérifiée au moyen dexercices de même type, où lon se contentera dune analyse de réponse sommaire et dun feedback qui renverra lélève à un nouveau contact avec le document à comprendre. Ici, les aides accompagnant le feedback pourront prendre des formes diverses selon la nature du document. Pour un document écrit, il pourra sagir de mise en évidence (soulignement, couleurs, etc.) du passage où se trouvent les éléments permettant de répondre à la question posée. Dans le cas dun document de type audio ou vidéo, le programme pourra suggérer une nouvelle écoute du document ou, de manière plus directive, choisir pour lélève le passage précis du document qui permet de répondre. En revanche, à partir du moment où il sagit décrire un ou plusieurs mots, et a fortiori une phrase complète, la production de lélève sera justiciable dune analyse de réponse élaborée aboutissant à un feedback de type intelligent. En résumé, on constate dune part un enchaînement logique entre le type dactivité proposé à lélève, le type danalyse de réponse aboutissant à un type de feedback donné et dautre part un taux defficacité directement lié à lassociation dun type dactivité avec le type de feedback le mieux approprié.
En conclusion, les questions relatives à la conception du feedback en ALAO et à son efficacité du point de vue de lapprenant renvoient toujours au problème de lanalyse de la réponse que fournit celui-ci à la question posée à travers le didacticiel par lenseignant. Lanalyse de réponse, qui était très présente dans les préoccupations des chercheurs mais aussi des praticiens de lEAO dans les années 1980, a connu un certain déclin dans les années 1990. Il sagit pourtant selon nous dune question essentielle du point de vue de la médiation pédagogique, et qui mérite quon lui consacre la place qui lui revient.
Lanalyse de réponse
Tant que la réponse de lapprenant consiste en un choix entre plusieurs possibilités visibles à lécran, en réagencement de mots ou dexpressions également « données », autrement dit tant quil sagit de répondre à des questions à choix contraint, lanalyse de réponse ne pose, du point de vue du concepteur, que des problèmes simples sur le plan informatique. En revanche, dès que la question est ouverte et que lapprenant peut y répondre par une production dun ou plusieurs mots (non fournis) ou la transformation morphologique déléments fournis, une analyse de réponse plus ou moins complexe se révèle indispensable.
Or, on constate que la quasi-totalité des didacticiels de langues sur le marché à la fin des années 1990 proposent des exercices du premier type, et donc une analyse de réponse que nous qualifierons de « minimale ». Quelles sont les raisons de cet état de fait ? Au début des années 1980, à lépoque où nous commencions à nous intéresser aux applications de linformatique à lenseignement des langues, la recherche en intelligence artificielle et en traitement des langues naturelles faisait naître lespoir que lordinateur allait très bientôt pouvoir comprendre le langage humain, faire des traductions automatiques de qualité et engager un véritable dialogue hommemachine. À la même époque, larrivée des micro-ordinateurs « domestiques » et de leurs langages de programmation accessibles aux non-informaticiens suscitait lenthousiasme dune (toute petite) poignée denseignants qui se lançaient dans la conception de didacticiels concernant leur discipline. Très tôt, quelques-uns de ces pionniers ont été frustrés par les limites de linteractivité didactique imposée par le cadre contraint des exercices à analyse de réponse minimaliste. Les solutions qui ont été apportées pour résoudre cette frustration sont variées et atypiques, tout comme les individus qui les ont conçues HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn551#fn551" 551. Une voie qui semblait prometteuse à lépoque et dans laquelle se sont investis des individus ou des équipes de chercheurs et de praticiens en ALAO était précisément celle de lanalyse de réponse, perçue comme la condition sine qua non dune interaction optimale entre lapprenant et le didacticiel.
La référence en la matière est le remarquable travail de Demaizière (1986), auquel nous avons déjà fait plusieurs fois référence dans notre texte. On se reportera à cet ouvrage pour plus de détails sur les principes de lanalyse par mots-clés (chapitre 6) et la construction des commentaires de feedback qui en découle (chapitre 7). Lauteure situe dabord son travail par rapport aux ambitions affichées à lépoque par les recherches en intelligence artificielle et en TALN, recherches qui mènent tout droit à la conception de systèmes experts et de tuteurs intelligents. Nous avons déjà signalé le fossé qui sépare aujourdhui encore les conceptions des chercheurs en IA et en EIAH de celles des praticiens de la DLE sur le terrain HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn552#fn552" 552. Nous avons en particulier signalé le scepticisme des spécialistes de lapprentissage vis-à-vis des tuteurs intelligents HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn553#fn553" 553. En affichant clairement les ambitions modestes mais réalistes de lanalyse par mots-clés par rapport à la complexité de la langue naturelle, Demaizière rappelle à juste titre quen didactique cest le point de vue pragmatique qui doit prévaloir :
Lanalyse par mots-clés a le grand avantage dêtre disponible sur une gamme importante de matériels. Ses limites sont parfaitement évidentes du point de vue du chercheur en linguistique ou en informatique qui sintéresse au moyen ou au long terme. Ses avantages le sont tout autant du point de vue de lenseignant qui veut utiliser lordinateur dès à présent (op. cit. : 15).
Pour les enseignants qui répugnent à utiliser un langage de programmation, il existe « des langages dauteur [...] qui offrent des outils conçus pour [...] une analyse fouillée de messages rédigés avec une certaine liberté » (idem : 17). Demaizière fait allusion au langage auteur Diane-Arlequin, disponible en France dans la deuxième moitié des années 1980. Chenik remarquait cependant quelques années plus tard que « dans létat actuel des choses, il nexiste pas de langage auteur permettant une analyse de réponses assez puissante pour pouvoir parler de réponses libres (même Arlequin) » (1992 : 203). Il suffit pourtant à notre avis de pouvoir disposer dun nombre relativement réduit de ce quon appelle en langage informatique des « fonctions » pour effectuer le type danalyse de réponse proposé par Demaizière. Le vrai problème est ailleurs : la moindre analyse (portant sur quelques mots) demande une dizaine de lignes de programmation, et lanalyse dune phrase complexe peut nécessiter jusquà plusieurs pages. Ce nombre de lignes ou de pages, multiplié par un certain nombre de réponses par exercice et multiplié encore par un certain nombre dexercices par leçon aboutit à un travail colossal. On comprend mieux pourquoi lanalyse de réponse na pas fait beaucoup démules chez les concepteurs de didacticiels. Et pourtant, les enseignants qui utilisent ou analysent les didacticiels de langues présents sur le marché sont quasi unanimes à déplorer la faiblesse ou linexistence de lanalyse de réponse. En exprimant ce regret (certes légitime), ces enseignants ignorent ou feignent dignorer lécart considérable qui sépare une analyse de réponse minimaliste correspondant aux exercices classiques à choix contraint dune analyse complexe correspondant à une question ouverte. Ainsi Springer, dans son analyse du didacticiel Atout Clic Anglais Apple Pie, écrit :
Les exercices proposés dans le cédérom ne laissent à lélève que deux essais en vrai ou faux. Cette technique a été largement critiquée par le passé, il est dommage que lon nait pas fait preuve de plus dambition. Lélève sait que cest bien ou mal, il ne peut pas comprendre pourquoi. Aucune tentative pour laider à prendre du recul, à prendre conscience des stratégies quil met en oeuvre ou quil pourrait plus efficacement mettre en oeuvre nexiste dans le cédérom (2000 : 272).
Nous partageons entièrement ce point de vue, qui pourrait dailleurs comme nous lavons dit sappliquer à la quasi-totalité des didacticiels du marché, mais nous ne sommes plus daccord quand Springer ajoute que « lalibi technique ne tient pas ». Comme nous lavons montré ci-dessus, entre la réalisation dun simple exercice de type QCM et celle dun système élaboré danalyse de réponse, il y a plus quun « alibi technique ». Lélaboration dun tel système implique des centaines et des centaines dheures de travail, qui représentent des coûts susceptibles de réduire à néant la rentabilité commerciale dun logiciel éducatif.
Pour en revenir aux langages auteur, il est dailleurs significatif que très peu dentre eux offrent la possibilité de créer des questions ouvertes accompagnées de fonctions évoluées danalyse de réponse débouchant sur une série de feedbacks appropriés. À notre connaissance, seuls les environnements de développement disposant dun véritable langage de programmation (comme Toolbook) permettent ce type de développement HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn554#fn554" 554. Étant donné les options de médiatisation que nous nous sommes données, cétait un argument décisif dans notre choix de Toolbook comme outil de développement pour nos leçons multimédias.
4. 2. 3. Hypertexte et navigation
Si le concept dinteractivité fait partie intégrante des nouvelles technologies multimédias, cest sans aucun doute la navigation hypermédia qui en est la manifestation la plus évidente à lépoque dInternet. En ce début du XXIe siècle, on a du mal à imaginer un traitement de texte sans fonctions automatiques de notes de bas de pages, de renvois, de signets, daffichage en mode plan ; un cédérom ludique ou éducatif sans boutons de navigation et images interactives ; un dictionnaire ou une encyclopédie sur cédérom sans fonction de recherche évoluée ; un « navigateur Internet » enfin sans hyperliens permettant de « surfer » à travers le monde... Cette omniprésence de lhypertexte et de lhypermédia rend le concept protéiforme et difficile à cerner. Nous allons cependant tenter, après un bref historique, den donner quelques définitions et proposer une classification. Nous verrons ensuite sil est possible de considérer lhypertexte comme un outil cognitif et comme un outil daide à la compréhension de textes.
Historique et définitions de lhypertexte
On trouve facilement sur la Toile des sites consacrés à lhypertexte et à son historique HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn555#fn555" 555. Laufer et Scavetta (1992) retracent en quelques pages les grandes étapes de cet historique, que nous résumons et commentons dans les lignes suivantes.
1945 Vannevar Bush décrit le dispositif MEMEX dans son article As We May Think HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn556#fn556" 556.
The human mind [...] operates by association. With one item in its grasp, it snaps instantly to the next that is suggested by the association of thoughts, in accordance with some intricate trails carried by the cells of the brain. [...] Man cannot hope fully to duplicate this mental process artificially, but he certainly ought to be able to learn from it (op. cit.: §6).
Un peu comme pour la machine de Babbage, la technologie de lépoque ne permet pas la réalisation effective de ce dispositif. En effet, le système du MEMEX sappuie sur lutilisation de microfilms et de bandes magnétiques, miniaturisés à lextrême certes, mais qui restent des dispositifs analogiques. Cest le passage de lanalogique au digital HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn557#fn557" 557 qui apportera la solution technologique, mais la conception dun système de liens entre les connaissances fait bien du MEMEX lancêtre direct des hypertextes actuels.
1963 Douglas Englebart publie A Conceptual Framework for the Augmentation of Mans Intellect. Il développe les interfaces conviviales, dont la fameuse souris.
1965 Ted Nelson crée le terme « hypertexte » et lance le projet Xanadu, qui restera également à létat de projet sans cesse repoussé. Il parle décrire « un paragraphe présentant des portes derrière chacune desquelles un lecteur puisse découvrir encore beaucoup dinformations qui napparaissent pas immédiatement à la lecture de ce paragraphe » HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn558#fn558" 558.
1986 La société OWL commercialise le logiciel Guide, premier hypertexte pour micro-ordinateur. Il aura en effet fallu attendre lapparition des micro-ordinateurs, et surtout des interfaces graphiques (comme Windows) et des dispositifs de pointage comme la souris, pour quapparaissent les premières applications hypertextes à manipulation conviviale.
Le langage SGML (Standard Generalized Markup Language) devient la norme ISO 8879.
1987 La société Apple livre ses Macintosh avec le logiciel Hypercard conçu par Bill Atkinson.
1989 Le World Wide Web est créé, à Genève, à linitiative de Tim Berners-Lee. Le langage HTML (Hyper Text Markup Language) utilisé sur le Web est un sous-ensemble SGML. Dans les années 1990, le développement exponentiel dInternet et des logiciels de navigation (Mosaic, Netscape Navigator, Internet Explorer) consacre lhypertexte comme moyen privilégié daccès à linformation dans les bases de données informatiques.
À la profusion des usages de lhypertexte correspond une profusion de définitions qui ne se recoupent que partiellement. En voici quelques exemples, glanés dans dictionnaires et littérature du domaine HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn559#fn559" 559.
Système permettant de consulter une base documentaire en sautant dans le texte en suivant des chemins préétablis (EU).
[Lhypertexte est] une technique ou système qui permettent, lors de la consultation dune base documentaire de textes, de sauter dun document à un autre selon des chemins préétablis ou élaborés à cette occasion (Petit Larousse 1996).
Lhypertexte peut être vu comme un couplage entre un ensemble de ressources et un ensemble de connaissances sur ces ressources via un mécanisme dancrage permettant divers types de parcours, dont la navigation. Si lensemble des ressources peut être partiellement structuré, le but est de saffranchir de son organisation initiale (Chanier, 2000 : 64).
Lhypertexte numérique se définirait comme information multimodale disposée en réseau à navigation rapide et « intuitive » (Levy, 1997 : 68).
[Lhypertexte est] un système dinformations non linéaires à base de textes (Rouet, 1997 : Note 2, p. 78).
Un hypertexte est un ensemble de textes reliés par des liens. Ces liens, généralement représentés par un souligné et une couleur différente, sont actifs : si on clique dessus, on affiche le texte correspondant. Naviguer sur le Web est ainsi le strict équivalent de se déplacer dans un hypertexte (Le Monde interactif, 14 mars 2000).
Un hyperdocument est une base constituée dun ensemble de noeuds et de liens entre ces noeuds. Un noeud est un document, qui peut relever de différents médias (Demaizière et Dubuisson, op. cit. : 76).
Hypertext is a computer-based software system for organizing and storing information to be accessed nonsequentially and constructed collaboratively by authors and users (Jonassen HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn560#fn560" 560).
Hypertext is non-sequential text that enables the interlinking of information chunks within a knowledge domain in a variety of meaningful ways (Jonassen et al. HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn561#fn561" 561).
Think of hypermedia as a collection of elastic messages that can stretch and shrink in accordance with the readers actions. (Negroponte, 1996 : 70)
Nous utiliserons la grille fournie par Tricot pour classer ces définitions. Daprès cet auteur, « il y a trois façons (imprécises) de décrire les hypertextes : du point de vue de la technique, de la conception et de lutilisation » (1994 : 102).
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet77.png" \* MERGEFORMATINET
Tableau 4.6 Points de vue sur lhypertexte
On note que la majorité des définitions que nous avons rassemblées plus haut expriment le point de vue de lutilisation des hypertextes. La prédominance de ce point de vue provient sans doute du fait quune majorité de ces définitions proviennent de sources sadressant au grand public et non pas douvrages techniques. Mais cette constatation reflète également, nous semble-t-il, un changement de perspective à propos de lhypertexte. Faisant suite à une époque où la recherche était centrée sur les systèmes, on assiste dans la dernière décennie du XXe siècle à une centration sur lutilisateur. Cest ce deuxième point de vue qui prévaut dans Rouet et al. :
The system-centered perspective pays attention to the invention and implementation of hypertext techniques. [...] The user-centered perspective focuses on the interactions between a system and its users. It is concerned with the skills required to use the system and the effects of the system on peoples activities (1996: 5).
Ce changement de perspective sinscrit dans le même mouvement que le passage de la centration sur les contenus à la centration sur lapprenant en DLE dune part et le regain dintérêt pour les théories de lactivité, avec linsistance sur le rôle de lutilisateur ordinaire dautre part. Tout lintérêt de ces théories, que nous avons appelées néo-cognitivistes, est précisément doffrir un cadre de référence permettant de réunir les trois points de vue indiqués plus haut : ceux de la technique, du concepteur et de lutilisateur.
Fonctionnalités typiques des hypertextes
La description technique de ce quest un hypertexte ou un hypermédia est problématique et possible seulement à un niveau très général HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn562#fn562" 562. Cette difficulté est une source perpétuelle de confusion et dincompréhension pour le lecteur darticles qui utilisent ces termes sans préciser le contexte de leur emploi. Il nous semble donc opportun ici de donner quelques exemples précis, en commençant par une mise au point terminologique suivie de la description des techniques mises en oeuvre.
Dans les définitions citées plus haut et dans notre propre texte, on trouve les termes dhypertexte, hypermédia et hyperdocument. Le premier terme sest imposé parce quà lorigine les possibilités multimédias de lordinateur étaient insuffisantes pour envisager de lier des documents autres que textuels. Depuis larrivée des interfaces graphiques et du multimédia, il ny a plus de raison de distinguer lhypertexte de lhypermédia, et le terme dhyperdocument serait un bon candidat hyperonyme, mais il est relativement peu utilisé. Comme, de plus, le substantif hypertexte peut se décliner pour donner ladjectif hypertextuel, nous proposons de le conserver pour couvrir tous les usages indiqués ci-après. La définition que nous donnons de lhypertexte est inspirée de celle de Laufer et Scavetta (op. cit. : 3), modifiée en particulier pour y incorporer les données multimédias :
Un hypertexte est un ensemble comportant :
des données (textuelles, iconiques ou sonores) numérisées sur un support informatique et lisibles sur le même type de support (data) ;
ces données sont réparties en éléments ou noeuds dinformation : « paragraphes » de texte plus ou moins longs, images (photographies, dessins, schémas, images de synthèse) fixes ou animées, sons (réels ou de synthèse) (nodes; targets) ;
ces éléments sont marqués par des liens sémantiques ou syntaxiques (links) ;
ces liens sont « ancrés » à des zones actives qui peuvent être des mots, des expressions ou des objets graphiques (anchors; hotwords).
Si, pour le concepteur, les zones actives sont le point daboutissement des liens quil a établis à partir des noeuds dinformation, du point de vue de lutilisateur, chaque zone active est le point de départ de sa « navigation hypertextuelle ». Enfin, dans la plupart des hypertextes, un noeud textuel ou graphique peut être lui-même une zone active, ou comporter une ou plusieurs zones actives, constituant ainsi un nouveau point de départ pour poursuivre la navigation.
a) Un exemple de base de données hypertextuelle : le journal Le Monde sur cédérom
Nous avons choisi dillustrer notre propos par lanalyse des fonctionnalités hypertextuelles offertes par le cédérom du journal Le Monde HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn563#fn563" 563 pour deux raisons. Tout dabord parce que nous avons souvent utilisé ce cédérom lors dateliers dEAO pour des enseignants de FLE et aussi parce quon y trouve lessentiel des fonctions hypertextuelles en usage actuellement, synthétisées dans le tableau ci-dessous.
Recherche. Cest la toute première fonction hypertextuelle à utiliser dans une base de données de type dictionnaire, encyclopédie ou recueil darticles de journaux. Les clés de recherche proposées ici sont de quatre types :
index alphabétique ;
liste hiérarchique (de sujets des articles, codés par mots-clés) ;
date (de parution du ou des articles) ;
textuel : recherche dun ou de plusieurs mots en plein texte ou dans les titres (ce type de recherche nest pas très différent de celui effectué dans un programme de concordances).
On peut utiliser des opérateurs booléens : ET, OU, SANS (équivalent à NOT en anglais) ainsi que les opérateurs de localisation AJD (adjacent), PAR (paragraphe) et PHR (phrase).
Consultation et exploitation des résultats de la recherche.
Navigation. Deux fenêtres saffichent : dans la fenêtre de gauche on voit le texte du premier article trouvé par la recherche, dans celle de droite la liste des titres de lensemble des articles. Lutilisateur peut naviguer :
dun article à lautre ;
dune occurrence du mot cherché à loccurrence suivante.
Annotation. Lutilisateur peut annoter tout article consulté : son commentaire est signalé au début de larticle sous forme dépinglette. En cliquant sur lépinglette, on fait réapparaître lannotation.
Signet. Lutilisateur peut insérer un signet (ou marque-page) à nimporte quel endroit du texte dun article consulté. Il suffit de cliquer à lendroit voulu, de donner un nom au signet (et de sauvegarder la liste des signets créés au cours dune session de travail pour consultation ultérieure).
Hyperlien. Après avoir créé des signets, il est possible de créer des renvois dun point à un autre à lintérieur dun même document ou dun document à un autre.
Dossier. Lutilisateur peut se constituer un « dossier de lecture » pour y sauvegarder la liste des titres des articles consultés sur un thème donné.
Une comparaison des fonctionnalités hypertextuelles offertes par le cédérom du journal Le Monde avec son équivalent anglo-saxon, le cédérom des journaux The Times et The Sunday Times HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn564#fn564" 564, tourne vite à lavantage du premier. Les fonctions de recherche du cédérom du Monde sont plus complètes et plus puissantes ; le cédérom du Times ne possède pas de fonctions dannotation ou dhyperlien accessibles à lutilisateur ; enfin celui-ci ne peut pas insérer un signet où il veut dans le texte dun article mais seulement marquer un article dans son entier. En revanche, le cédérom du Monde est purement textuel alors que celui du Times comporte une importante banque de dessins et de photographies (en noir et blanc).
b) Autres fonctionnalités des hypertextes
En dehors des fonctions listées ci-dessus, celles que lon rencontre le plus souvent dans des produits de type hypertexte ou hypermédia concernent principalement les liens activés en cliquant sur des zones actives implicites ou explicites. Pour nous limiter à lhypertexte proprement dit, nous appelons zones explicites les mots dont laspect visuel indique clairement quun clic de souris mènera à un lien HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn565#fn565" 565. Dans le cadre de la navigation sur Internet, et dans la plupart des didacticiels qui suivent les normes de lenvironnement Windows, ces mots sont marqués par une couleur ou un soulignement particulier destiné à attirer lattention de lutilisateur. En outre, lorsque le pointeur approche ou survole un hypermot, licône qui le représente habituellement à lécran sous la forme dune flèche se change en petite main pointant un index vers le haut : INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet78.png" \* MERGEFORMATINET . En revanche, le texte de certains dictionnaires ou encyclopédies sur cédérom est muni de liens implicites. Dans le cédérom du GRE, par exemple, si lutilisateur double-clique sur nimporte quel mot dun article du dictionnaire, il est automatiquement transporté dans larticle qui définit ce mot.
Le résultat de lactivation par lutilisateur dune zone active munie dun hyperlien peut se manifester selon plusieurs modes. Voici une liste des modes les plus courants :
remplacement « en extension » : le mot actif est complété ou remplacé par plusieurs mots ou une phrase explicative ;
fenêtre pop-up ou escamot HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn566#fn566" 566 : fenêtre généralement de petites dimensions, dont lapparition est déclenchée par le clic sur lhypermot ou la zone active ;
navigation vers une nouvelle fenêtre, avec ou sans fermeture de la fenêtre de départ ;
affichage à lécran dun média visuel, animé ou non, en superposition ou dans une nouvelle fenêtre ;
activation dun média sonore (par exemple prononciation du mot actif).
Bien entendu, aucun logiciel noffre à la fois toutes ces fonctionnalités hypertextuelles mais un sous-ensemble en principe adapté à sa nature. On sattendra à trouver dans un cédérom de type base de données comme un dictionnaire, une encyclopédie ou un journal sur cédérom des fonctions de recherche évoluées, des fonctions de navigation dans les résultats de la recherche présentant une bonne ergonomie et des fonctions dexportation. Les possibilités offertes à lutilisateur de créer ses propres signets, annotations et hyperliens seront considérées comme un avantage supplémentaire. Un système auteur multimédia évolué devra offrir toute la panoplie des outils permettant de créer des hyperliens de toute nature. Notons au passage que la fréquentation assidue des outils informatiques actuels où les fonctionnalités hypertextuelles sont très présentes influe considérablement sur les attentes des utilisateurs face aux produits logiciels.
Mais ce nest pas le tout davoir à sa disposition tout un arsenal de liens et dhyperliens. Dans la perspective de la conception de didacticiels, encore faut-il se poser la question de leur utilité et de leur efficacité.
Lhypertexte peut-il aider à apprendre ?
Dans le cadre dune situation didactique, les points forts de la navigation hypertextuelle mis en avant sont : la facilité daccès à linformation, la liberté donnée à lélève de choisir son cheminement, lanalogie entre lorganisation des concepts dans lhypertexte et dans la mémoire humaine. De plus, lactivité de navigation elle-même est souvent présentée comme le summum de linteractivité. Quen est-il réellement ?
a) Linformation nest pas le savoir
Lorsquil sagit de rechercher une information dans une base de données hypertextuelle, il est indéniable que les outils informatiques apportent un gain de temps considérable. Cest ici une « navigation libre », tout à fait comparable à la recherche documentaire sur des supports traditionnels (journaux, encyclopédies, etc.), et il ne saurait être question de reprocher aux concepteurs de ces outils leur manque dintention didactique. Cest à lenseignant quil incombe de donner à lélève des consignes précises, voire de le former à lutilisation de ces nouveaux outils. Mais, si loutil informatique facilite grandement le stockage et laccès à linformation, il convient de garder à lesprit que linformation nest pas le savoir, comme le rappelle Laurillard :
[...] what must concern the academic teacher is not so much the information retrieved by the student, but the use of that information the transformation wrought by the student to render it as knowledge (1993: 126).
b) Naviguer sans se noyer
Au concept méthodologique de navigation est fréquemment associée lidée quune situation où lapprenant choisit librement son cheminement est la plus favorable à lacquisition. Les outils hypertextuels prennent ainsi tout naturellement place dans la panoplie des pédagogies expérientielles et exploratoires HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn567#fn567" 567. On pense également au paradigme de lautonomie, à la prise de contrôle de son apprentissage par lapprenant, argument avancé par Demaizière et Dubuisson :
Lapprenant dirige sa propre expédition. Il décide de son cheminement. Cest à lui [...] que revient la décision daller de lavant ou de revenir éventuellement en arrière de façon à explorer les chemins quil navait pas choisis précédemment. [...] Chaque apprenant construit, dans une certaine mesure, son propre scénario pédagogique (1992 : 74).
Plusieurs dangers guettent malheureusement l« hypernavigateur », à commencer par la noyade. Comme le souligne Rouet, « bien souvent les hypertextes constituent de véritables casse-tête pour les utilisateurs débutants » (1997 : 166). On évoque, dans la littérature du domaine, des phénomènes de surcharge cognitive, de désorientation ou encore le syndrome de lutilisateur « perdu dans lhyperespace ». Ces problèmes de désorientation dépendent de plusieurs facteurs, dont certains sont liés aux capacités cognitives de lutilisateur, mais il est certain que le type de lhypertexte et surtout les caractéristiques de son organisation interne sont déterminants dans la qualité de la navigation. Il convient tout dabord de distinguer dune part la navigation libre dans une vaste base de données doù on cherche à extraire une information plus ou moins précise et dautre part la navigation plus ou moins guidée par le concepteur dun hypertexte que lutilisateur devra explorer dans sa quasi-totalité (en une ou plusieurs séances). À une extrémité de ce continuum se trouve la Toile mondiale, immense océan dhyperliens en perpétuelle extension dont il est tout à fait impossible de faire le tour. On trouvera ensuite les bases de données dencyclopédies, dictionnaires ou journaux, mers intérieures que lon pourrait théoriquement parcourir en tous sens et dans leur totalité. De dimensions plus modestes, les cédéroms à vocation culturelle ou didactique sont comme des lacs plus ou moins étendus, dont on peut faire le tour en quelques heures ou quelques jours. Enfin, chaque « leçon » dun didacticiel multimédia aux ambitions plus modestes comme notre English for Art History nest quun étang dont on peut faire le tour ou que lon peut traverser en tous sens en lespace dune à deux heures. Et pourtant, ce petit étang est relié à un réseau dautres plans deau ; et même sa surface réduite peut être parcourue de cent façons différentes par cent navigateurs différents... En tout cas, quel que soit le type du voyage, laide à la navigation sera souvent indispensable. Dans les logiciels à vocation didactique, cette aide prendra la forme de liens pré-établis par le concepteur. Ces liens sont tantôt des passages obligés (« page suivante »), tantôt des détours facultatifs (aide, explication de vocabulaire). Les métaphores de lincitation au voyage et de laide à la navigation font désormais partie des représentations collectives de lhypertexte et dInternet.
Dans le domaine de lapprentissage avec les machines, ces métaphores nous renvoient aux deux concepts fondamentaux de notre recherche : médiatisation et médiation. Au niveau de la médiatisation, le concepteur dun EAO de type hypertexte devra se poser la question du degré de contrôle ou de liberté accordé à lapprenant ; il devra également lui fournir toutes les aides navigationnelles nécessaires. Quant au niveau de la médiation HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn568#fn568" 568, il concerne en partie le concepteur de lEAO mais surtout lenseignant qui organise un dispositif dapprentissage multimédia ou multi-médias faisant appel à des fonctions hypertextuelles. Il sagira pour ces médiateurs de fournir le guidage méthodologique indispensable à lapprenant pour transformer linformation en connaissances.
c) Que vaut lanalogie associativiste ?
Dans le modèle du cognitivisme computationnel, lesprit humain est modélisé sous la forme dun système de traitement de linformation. La vision utopique qui prête à lhypertexte des qualités doutil cognitif sappuie sur une analogie du même type :
Cette vision [...] repose sur lidée que lorganisation de linformation dans un hypertexte [...] reflète lorganisation des connaissances dans la mémoire humaine. Lapprenant qui naviguerait dans un hypertexte construirait directement une représentation mentale du domaine de connaissances (Rouet, 1997 : 171).
On peut reconnaître une certaine similitude entre le fonctionnement de lapprentissage et de la mémoire humaine et lorganisation des connaissances dans un hypertexte. Dans notre étude sur les différents niveaux de savoir, nous avons dit quapprendre cest HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-1_.html" \l "_Hlk535055160" créer des liens. Apprendre consiste à réorganiser les connaissances acquises de façon à intégrer de nouveaux contenus (noeuds en termes dhypertexte) et donc à créer de nouveaux liens entre les noeuds anciens et les nouveaux. Ces liens doivent permettre non seulement de réactiver des connaissances acquises, mais encore dextrapoler pour en inférer de nouvelles HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn569#fn569" 569. Nous avions cité Trocmé-Fabre, qui parle de ces liens en utilisant le terme dancrage terme technique du domaine de lhypertexte et qui parle du HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-1_.html" \l "_Hlk535082845" triple ancrage : dans le présent, dans lexpérience de lapprenant et dans un projet.
Une première différence qui apparaît entre le fonctionnement cognitif de lindividu et celui dun hypertexte est que ce dernier na pas de projet propre. Une base de données permet de stocker de linformation (événements passés) ; son système de liens hypertextuels permet de réactiver ces informations, de les réactualiser. Mais une base dinformations nest pas et ne sera jamais une base de connaissances HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn570#fn570" 570. Une deuxième raison pour rejeter lanalogie entre lorganisation de linformation dans un hypertexte et lorganisation des connaissances dans la mémoire humaine est que le paradigme associationniste ne tient pas. Nous avons vu que la tradition associationniste a été critiquée dès les années 1930 par HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-1_.html" \l "_Hlk535055230" Vygotski qui réfutait sa prétention à expliquer la formation des concepts. Dans le même ordre didée, Laurillard réfute la proposition que les liens associatifs des hypertextes représentent « idéalement » la connaissance humaine et favorisent en conséquence lapprentissage :
For the representation of academic knowledge, [the] reliance [of hypertext] on associative links between information fragments makes it unacceptable. In constructing the articulation of a particular perspective on the world [...] the links between separable bits are not merely associative. The argument in an article, or even a paragraph, cannot be expressed in that way, the links are logical or rhetorical (1993: 123) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn571#fn571" 571.
Ayant réfuté lidée que les hypertextes offrent une représentation acceptable du savoir humain, lauteure poursuit logiquement en leur refusant toute valeur doutil dapprentissage. Un hypertexte peut rendre explicite la structure dun réseau, structure qui reste implicite dans un texte ordinaire, mais ce passage de limplicite à lexplicite ne rend pas lacquisition des connaissances automatique pour autant. Finalement, poursuit-elle, lhypertexte ne saurait remplacer les livres ; tout au plus offre-t-il des marges plus larges pour permettre les annotations. Mais le principal reproche que Laurillard adresse à lhypertexte cest paradoxalement son manque dinteractivité :
Hypertext, accessing a text database, is not interactive, because there is no intrinsic feedback on the users actions: the information in the system does not change as a consequence of the users actions on it (idem: 121).
d) Lhypertexte est-il interactif ?
Le terme dinteractivité est fréquemment associé à celui dhypertexte, et lon trouve cette association même chez des auteurs qui dénoncent par ailleurs léquation fallacieuse entre NTIC et systèmes dapprentissage :
[...] les systèmes hypertextes et hypermédias, pourtant interactifs HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn572#fn572" 572 [...] ne sont pas, par nature, des systèmes dapprentissage, et la liberté nest pas la clé de lapprentissage pour tous et dans toutes les situations [...]. Il est grand temps de se demander sérieusement ce quil y a au juste dans linteractivité et dans le multimédia qui réussisse à mieux faire apprendre [...] (Jacquinot, 1997 : 164).
En posant la question de la nature de linteractivité, cette auteure indique elle-même comment on peut accorder son point de vue et celui, apparemment opposé, de Laurillard cité plus haut. HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Hlk535055260" Jacquinot donnait dailleurs des éléments de réponse à la question quelle pose en distinguant, un peu plus haut dans son texte, linteractivité machinique ou fonctionnelle dune part et linteractivité mentale ou intentionnelle de lautre.
Nous dirons en conclusion que lhypertexte seul ne permet quune interactivité machinique ou fonctionnelle, correspondant aux niveaux 1 et 2 du modèle de Chanier HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn573#fn573" 573. Un niveau supérieur dinteractivité comme linteractivité mentale ou intentionnelle ne se conçoit que si lhypertexte réagit à laction de lutilisateur par un message de feedback. Par exemple, Demaizière et Dubuisson, dans un paragraphe intitulé « Navigation à partir dun même document », décrivent une situation où lapprenant peut proposer des interprétations dun texte et « recevoir un jugement sur la qualité de sa proposition » (op. cit. : 79-80). Même si cet échange, qui aboutit à un message de feedback, sinscrit dans le cadre dune navigation hypertextuelle, nous ne sommes plus ici dans un hypertexte stricto sensu. Finalement, lenvironnement multimédia susceptible de procurer le maximum dopportunités dapprentissage sera celui qui associera la convivialité dune navigation hypertextuelle bien conçue (apport de la médiatisation) à un guidage tutoriel fournissant à lapprenant des occasions dagir accompagnées de lindispensable feedback sur son action (apport de la médiation).
Lhypertexte peut-il aider à comprendre ?
Sil nest pas certain quun hypertexte seul puisse être considéré comme un outil dapprentissage, on trouve bon nombre dapplications hypertextuelles qui visent laide à la lecture et à la compréhension de textes. Ce domaine dapplication nous intéresse tout particulièrement en ALAO, la compréhension écrite étant lune des quatre compétences de base dans lapprentissage dune langue. Nous verrons successivement ce que signifie comprendre un texte écrit, les problèmes posés par la transposition dun texte en hypertexte et nous terminerons par deux exemples dhypertexte en ALAO.
a) Lire et comprendre un texte
En psychologie cognitive HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn574#fn574" 574, on conçoit la compréhension comme la construction par le lecteur dune représentation interne de la situation évoquée par le texte, construction qui sopère à deux niveaux de processus. Les microprocessus permettent lidentification des mots, des propositions sémantiques et de leur organisation locale. Leur résultat est une représentation littérale du contenu du texte, ou « base de texte ». Les macroprocessus permettent la sélection et lorganisation des informations importantes de la base de texte. Leur résultat est une représentation propositionnelle condensée et hiérarchisée des informations du texte. Pour le lecteur, comprendre cest également intégrer cette représentation propositionnelle de linformation interne du texte avec ses connaissances initiales (information externe) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn575#fn575" 575.
Parmi les connaissances préalables utiles à la compréhension dun texte on pense tout dabord aux connaissances de contenu. Il est certain que en L1 la qualité et la quantité dinformation extraite dun document sont fonction directe de la connaissance du domaine du texte par le lecteur. En langue de spécialité, cest dailleurs un argument nous incitant à utiliser des textes appartenant au domaine détudes de lapprenant. Deux autres types de connaissances sont utiles au lecteur : des connaissances rhétoriques, cest-à-dire propres aux caractéristiques structurales du texte et des connaissances stratégiques. Ces dernières nous renvoient aux stratégies dapprentissage en général et plus spécialement aux stratégies cognitives (analyser, raisonner, déduire), de compensation (deviner intelligemment) et métacognitives (évaluer son niveau de compréhension).
Dans le domaine de la lecture en L2, Bernhardt (1991) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn576#fn576" 576 a identifié six facteurs qui contribuent à la compréhension. Nous en donnons la liste dans la colonne de gauche du tableau suivant avec en regard les références aux processus et stratégies mentionnés ci-dessus.
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet79.png" \* MERGEFORMATINET
Tableau 4.7 Facteurs de compréhension en lecture en L2
Parmi tous les facteurs qui entrent en jeu dans la compréhension dun document écrit, il semblerait que ce soient les stratégies métacognitives dauto-pilotage, dauto-évaluation, de régulation qui posent le plus de problème. Lexpérience empirique, confirmée par des recherches, montre que les bons lecteurs ont de meilleures stratégies de lecture et quils sont les plus conscients, par exemple, des problèmes de compréhension posés par des mots difficiles. Les moins bons lecteurs ne détectent pas les mots qui leur posent problème. Une fois identifiés les facteurs qui favorisent la compréhension de textes en général et la lecture en L2 en particulier, on peut se demander sur lesquels de ces facteurs un environnement hypertextuel peut avoir des effets positifs.
b) La lecture dhypertextes : problèmes et solutions
Le domaine de lhypertexte est encombré dun certain nombre de mythes HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn577#fn577" 577. Nous avons dénoncé lillusion que lhypertexte serait un bon outil cognitif parce quil représente mieux que dautres supports le processus de fonctionnement associatif de la mémoire humaine. Un autre mythe répandu par ses adeptes est que la navigation hypertextuelle apporterait la solution idéale à la linéarité contraignante du support papier. En réalité, la lecture dun texte sur support papier nest pas nécessairement linéaire : il existe tout un continuum depuis la lecture linéaire dun roman jusquà la consultation dun dictionnaire ou dune encyclopédie, en passant par la lecture « en pointillés » dun quotidien ou la recherche dinformations dans une revue spécialisée. En outre, le support papier offre au lecteur la liberté de consulter un texte totalement et immédiatement accessible moyennant le seul effort de tourner les pages. La liberté daccès au contenu dun hypertexte est en revanche contrainte par la quantité et la qualité des liens mis en place par son concepteur. Comme lécrit Dillon :
With hypertext, the absence of links could deny some readers access to information and force them to follow someone elses ideas of where the information trail should lead HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn578#fn578" 578.
Notons par ailleurs quau niveau du paragraphe, texte et hypertexte présentent le même degré de linéarité. Une fois quun article dencyclopédie ou de la presse a été localisé et amené sur le plan de travail (sur support papier ou électronique, peu importe), sa lecture se fait bien de manière linéaire. Pour ces différentes raisons, Espéret propose de remplacer la vision dun continuum de linéarité par un continuum de flexibilité dans la discussion texte/hypertexte et dans lopposition support papier/support électronique en général HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn579#fn579" 579. Nous partageons entièrement ce point de vue, qui rejoint celui déjà mentionné de Negroponte sur HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Hlk535083222" la révolution numérique. Bien plus que les avantages supposés dun accès non-linéaire au contenu dun texte il nous semble que lintérêt de lhypertexte (et du support électronique en général) est doffrir une flexibilité incomparable dans la recherche, laccès et la manipulation de linformation.
Un argument sérieux contre la transformation de textes en hypertextes est celui de la déstructuration qui en résulte et qui peut aboutir à la destruction de la connaissance. Cest largument mis en avant par Laurillard :
Textbooks are already interconnected knowledge bases. The interconnections they use cannot be represented as simple links. [...] shoehorning a textbook into hypertext format will distort the internal structure of its argument and the discourse will lose its meaning. Hypertext effectively destroys the knowledge represented in textbooks (op. cit.: 124).
Le passage du texte à lhypertexte menace en effet aussi bien la cohérence locale que la cohérence globale du texte HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn580#fn580" 580. La cohérence locale dun texte est celle qui résulte de lordre de présentation des idées tel quil est mis en place par lauteur. Un hypertexte qui permet au lecteur deffectuer des sauts dun passage à un autre passage plus ou moins éloigné dans la hiérarchie des concepts détruit cette cohérence locale. Quant à la cohérence globale dun texte imprimé, elle est assurée par tout un appareil typographique familier au lecteur : pagination, répartition en chapitres, table des matières, index, mise en forme des paragraphes, etc., appareil en permanence accessible au lecteur.
Étant donné les différents problèmes que soulève le passage du texte à lhypertexte, et dans la perspective où lon souhaite malgré tout profiter de la flexibilité de ce dernier, il faudra trouver des solutions qui répondent aux besoins des lecteurs. Les solutions internes concernent lergonomie et le « degré de non-linéarité » des hypertextes eux-mêmes, tandis que les solutions externes mettent laccent sur le rôle de la familiarisation des lecteurs avec les fonctions des hypertextes. Les expériences menées par Rouet suggèrent que
[...] les utilisateurs débutants sont capables dacquérir rapidement des stratégies de lecture adaptées au format de présentation de linformation [...] de façon spontanée, sans intervention pédagogique autre que la simple exposition répétée à un même environnement de travail (1997 : 177).
Dautres auteurs préconisent de faire aborder les environnements hypertextuels par une initiation, un parcours guidé, une prise en main HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn581#fn581" 581. Notre expérience de plus de quinze années de pratique de lALAO avec des publics très divers nous permet de corroborer les affirmations de Rouet quant à la rapidité de la familiarisation des élèves et étudiants avec les fonctionnalités de base des outils hypertextuels. Quant à lergonomie des hypertextes, tout comme pour les « nouveaux dispositifs dapprentissage » en général, il sagit là dun point capital, que nous avons déjà évoqué dans nos pages sur la conception dun didacticiel. Enfin, la notion du degré de non-linéarité des hypertextes mérite quelques explications. La plupart des remarques citées ci-dessus à propos des problèmes liés au passage du texte à lhypertexte concernent en réalité un type bien particulier dhypertexte, que lon pourrait qualifier de prototypique. Le point de départ en est le plus souvent un texte existant (extrait de manuel scolaire ou universitaire, dencyclopédie ou de tout autre document à nature plus ou moins didactique), découpé en « unités » (paragraphes) qui constitueront les noeuds reliés par des hyperliens. Si le but du concepteur de ce type dhypertexte est de conserver au mieux la cohérence (locale et globale) du texte original, voire même de laméliorer grâce à la flexibilité que permet le support électronique, cette conversion peut demander un travail considérable. En réalité, dans le domaine de lALAO, les réalisations qui font appel à un système dhypertexte restent bien plus modestes dans leurs ambitions. On se contente dun degré modéré de non-linéarité, en offrant par exemple à lélève des aides en ligne de type lexical ou encyclopédique. Cest un tel modèle dont nous allons maintenant étudier un exemple qui nous semble tout à fait typique.
c) Un ALAO daide à la lecture en L2 : le logiciel GALT
Le logiciel GALT a été conçu par Davis et Lyman-Hager, qui ont fondé leur approche sur le modèle de la lecture en L2 de Bernhardt exposé plus haut HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn582#fn582" 582. Afin de prendre en compte les facteurs facilitant la compréhension dun texte en L2, ces auteurs ont muni leur logiciel des sept options daide suivantes :
des définitions en anglais ;
des définitions en français (afin de permettre la reconnaissance du mot) ;
la possibilité dentendre certains mots prononcés en français (décodage phonémique et graphémique) ;
de brèves explications grammaticales (reconnaissance déléments syntaxiques) ;
un schéma en arbre représentant les relations entre les personnages de lhistoire (perception intratextuelle) ;
des notes culturelles ;
des images ou autres éléments multimédias (connaissances préalables).
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet80.png" \* MERGEFORMATINET
Figure 4.6 Logiciel GALT : Une vie de boy
La Figure 4.6 représente une copie décran dune page de lexercice de lecture assistée, où lon voit, autour du fragment de texte, lensemble des outils à la disposition du lecteur. Voici comment fonctionne ce logiciel : lorsque lutilisateur sollicite de laide sur lun des mots (ou groupes de mots) du texte, si ce mot a été muni par le professeur dun hyperlien, un clic met le mot en question en surbrillance (en négatif sur la figure). Une fois cette sélection effectuée, à la droite de lécran, laspect des boutons indique quun type particulier daide est disponible ou non pour cet hypermot. Sur notre exemple, lhypermot sélectionné est « tenir un journal » ; les aides disponibles sont Pronunciation, English Definition, French Definition et Cultural Reference ; le lecteur vient de demander laide Cultural Reference, qui saffiche dans la zone « note de bas de page » au-dessous du texte. Les boutons de navigation sont réduits au minimum : navigation linéaire de page en page (Page Controls), non-linéaire vers laide générale, lintroduction ou la toute première page du passage. La panoplie des outils multimédias est enfin complétée par des contrôles audio donnant accès à lenregistrement du passage. Le bouton Intro renvoie à une introduction méthodologique sur les stratégies à mettre en oeuvre dans la lecture en L2 en général et plus précisément pour utiliser au mieux les aides de type « note de bas de page » disponibles. Quant au bouton Help, il renvoie à un module de « prise en main » où sont détaillées de façon hypertextuelle toutes les fonctions du logiciel. Bien que le système auteur utilisé permette à lenseignant de personnaliser la légende de tous les boutons daide aussi bien que le contenu des « notes de bas de page », nous trouvons assez surprenant que dans lexemple présenté par les auteurs seul le texte de lecture soit en L2 (ici en français) tandis que tout lenvironnement daide est en L1 (en anglais). Ce choix est dautant plus surprenant et contestable que le niveau du texte de lecture indique que les étudiants qui travailleront sur ce didacticiel auraient largement le niveau suffisant pour comprendre des messages simples en L2. Signalons enfin que le logiciel est muni dune fonction de « trace » permettant denregistrer un certain nombre dactions de lutilisateur du logiciel ainsi que le temps écoulé entre chaque action.
Le but de cette expérimentation était de répondre aux objections soulevées quant à la relative inefficacité des gloses explicatives fournies dans la marge ou en bas de page des textes de lecture en L2 (sur support papier). Les auteurs avaient tout dabord formulé lhypothèse que les gloses hypertextuelles ne gêneraient pas le processus normal de lecture puisque, contrairement aux gloses sur support papier, elles restent invisibles tant que lélève ne les a pas sollicitées. En outre, les résultats des recherches consultées leur avaient montré que les effets des gloses sont plus positifs lorsquil sagit de textes littéraires relativement complexes et comportant un nombre relativement élevé de mots difficiles. Les résultats présentés dans Davis et Lyman-Hager (2000) sont partiels mais montrent deux grandes tendances. Tout dabord, la corrélation entre les choix daide effectués par les étudiants et leurs résultats à un post-test de compréhension globale montre que le logiciel a été plus utile aux étudiants de niveau moyen ou faible quà ceux dun niveau avancé. De plus, les résultats mettent en évidence quune consultation daide à la compréhension au niveau local ne suffit pas toujours à assurer la compréhension au niveau global. En conclusion, les auteurs proposent daméliorer le logiciel en y ajoutant des questions de vérification de compréhension (globale) au fur et à mesure de la lecture du texte. Ils ne précisent pas si ces questions seront ou non accompagnées dun feedback, ce qui nous paraît pourtant un point capital. Ce serait en effet le moyen de rendre leur système hypertextuel réellement interactif et de répondre à lobjection soulevée par HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Hlk535055282" Laurillard.
Le logiciel GALT dont nous venons de rendre compte nous semble un bon exemple du type de programme dALAO utilisant au mieux les possibilités hypertextuelles des environnements informatiques contemporains. Le texte initial na été ni mutilé ni déformé lors de sa transformation en hypertexte : il est simplement présenté en « pages » plus courtes pour tenir compte des possibilités réduites de lempan visuel à lécran par rapport à la page imprimée. Le logiciel présente un bon équilibre entre navigation linéaire et non-linéaire et il offre, tant à lenseignant qui les conçoit quà lapprenant qui les utilise, une gamme étendue daides textuelles et multimédias. Grâce à ce système auteur, le professeur peut facilement entrer ses propres données et ainsi médiatiser non seulement les informations que létudiant devra sapproprier pour les transformer en savoir, mais encore lui apporter le support nécessaire à cette transformation. Cependant, lhypertexte stricto sensu seul ne peut être considéré comme interactif puisquil napporte aucun feedback intrinsèque aux actions de lapprenant. Comme nous lavons vu, les auteurs de lexpérimentation mentionnée sont conscients de ce manque et songent à y remédier. En effet, si lutilisation de lhypertexte pour faciliter la consultation de vastes bases de données se passe fort bien de feedback, il nen va pas de même pour tout logiciel à intention didactique, qui doit soutenir lactivité de lapprenant par une interaction constante avec la machine. Or, notre étude de lanalyse de réponse nous a montré que la conception dun feedback approprié est un travail long et difficile. Ce travail de médiatisation est nécessaire, même sil nest pas suffisant, car il devra saccompagner dun travail de médiation, assuré par une interaction humaine. Parmi les outils qui peuvent aider le concepteur aussi bien dans sa tâche itérative de mise au point dun logiciel dALAO que dans ce travail de médiation, on trouve les systèmes permettant de « tracer » le parcours des utilisateurs.
4. 2. 4. Lapport de la trace informatique
Dans la conception de didacticiels, lopération de médiatisation du savoir conduit à une certaine « présence » de lenseignant dans la machine. Pendant la séance dALAO, il se produit une « simulation de dialogue » entre lapprenant et la machine. Mais un dialogue véritable se caractérise par une alternance dans la prise de parole, par exemple, en classe, par lalternance du dialogue professeurélève : P àð E àð P àð E etc. Dans la situation d ALAO où le professeur est soit le concepteur d un didacticiel soit le médiatiseur d un dispositif multimédia, il n y a pas d alternance dialogique entre professeur, machine et élève, mais un enchaînement de séquences du type : P àð M àð E ; P àð M àð E, etc. Comme le souligne Demaizière,
[pour l enseignant-concepteur], la seule alternance qui existe avec son interlocuteur apprenant existe entre deux versions du didacticiel. On a une alternance « rédaction de la version 1 àð réponses et réactions des apprenants àð rédaction de la version 2 etc. » (1986 : 94).
Dans cette alternance, ce sont les dispositifs de trace informatique qui assurent la « présence » de l apprenant dans la machine et qui permettent une boucle de rétroaction.
INCLUDEPICTURE "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/images/theseNet81.png" \* MERGEFORMATINET
Nous examinerons successivement quelques types de suivi et de trace existant dans des didacticiels, puis les conditions dans lesquelles les fichiers de trace peuvent apporter une aide à la compréhension des stratégies des apprenants. Enfin, nous étudierons lintérêt des fichiers de trace pour le chercheur, lenseignant-concepteur et lapprenant lui-même.
Deux types de suivi : historique et fichiers de trace
La plupart des didacticiels de langues présents sur le marché comportent une fonction de sauvegarde du parcours de lapprenant lors de chaque session, généralement associée au score obtenu dans les différents exercices. Lors de la première utilisation du didacticiel, lélève est invité à entrer son nom, éventuellement sa classe ou son groupe. En fin de session, la sauvegarde du score obtenu aux exercices est effectuée, soit automatiquement soit sur confirmation de lélève. Ce type de sauvegarde, que lon appelle parfois « historique » peut remplir deux fonctions, lune destinée à lélève lui-même, lautre à lenseignant. Dans le cas dune utilisation du didacticiel à la maison ou en libre accès non contrôlé, la sauvegarde de lhistorique permet à lélève, à chaque nouvelle session de travail, de voir immédiatement quel chemin il a déjà parcouru, quels exercices il a faits, totalement ou en partie, et quels résultats il a obtenus. Il peut alors selon les possibilités offertes par le logiciel explorer des activités nouvelles ou bien revenir sur des exercices déjà faits pour améliorer son score. La sauvegarde historique peut également être utilisée par le professeur afin de suivre létat davancement du travail de ses élèves, par exemple dans un cadre où le travail sur le didacticiel doit avoir été effectué au cours dune période déterminée (trimestre, etc.). Il faut cependant noter que, pour les didacticiels orientés grand public HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn583#fn583" 583, la seule possibilité pour lenseignant de prendre connaissance du travail effectué consiste à entrer dans le logiciel en tant quélève, afin de consulter les résultats de cet élève. Cette façon de procéder est extrêmement fastidieuse, et à notre connaissance elle nest pas pratiquée.
Des didacticiels plus élaborés proposent une véritable gestion des notes et parcours individuels ainsi que des résultats collectifs dun groupe ou dune classe. Citons par exemple le logiciel auteur Question Mark, qui nest pas spécialement orienté vers les langues mais vers le traitement statistique des questionnaires. À partir de la sauvegarde des réponses données par une population détudiants à une batterie de questions, ce logiciel élabore automatiquement lanalyse statistique des données, ce qui permet à lenseignant davoir une vue densemble des problèmes posés par telle ou telle question. Les informations fournies par ce type de logiciel sont utiles pour sassurer que les étudiants ont effectué un parcours imposé, pour une évaluation sommative de leurs performances, et comme feedback permettant à lenseignant dincorporer diverses améliorations dans une version future de ses questionnaires. En revanche, ces informations ne révèlent rien sur la nature du parcours qui a abouti à ces résultats.
Lenseignant qui voudra en savoir plus sur les processus mis en oeuvre par les apprenants lors dune séance dALAO devra se tourner vers des logiciels incorporant un module de trace. Comme les données ainsi fournies nintéressent que les chercheurs, on ne trouve pas ce type de module dans les didacticiels de langues grand public. En revanche, comme nous lavons dit plus haut, la possibilité de « tracer » les actions (et en particulier les réponses des apprenants aux questions ouvertes) peut se révéler très utile dans la phase de développement dun didacticiel. À notre connaissance, la quasi-totalité des modules de trace utilisés dans les recherches en ALAO sont incorporés au langage ou système auteur qui permet de créer le didacticiel lui-même. Renié (2000) recense un certain nombre de recherches utilisant les données fournies par un programme de trace. Les informations ainsi enregistrées concernent : le choix effectué par lapprenant parmi les ressources offertes par le didacticiel ; le temps passé à consulter tel ou tel écran principal ou écran daide ; le temps passé à lire les consignes ou à répondre aux questions ; les choix effectués dans les exercices à réponse libre et enfin les réponses fournies par les apprenants aux questions ouvertes. Le langage auteur Toolbook, qui offre en standard plusieurs options de tracking, est souvent cité dans la littérature (Renié, 2000 ; Davis et Lyman-Hager, 2000 ; Lomicka HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn584#fn584" 584, 1998) HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fn585#fn585" 585. Une partie de létude de Renié (op. cit.) porte sur le traitement des données issues du fichier de trace de Toolbook. En effet, le programme de trace incorporé à ce logiciel fournit des listes de données qui présentent plusieurs inconvénients : ces listes sont volumineuses, elles se présentent sous une forme codée difficile à déchiffrer directement et surtout difficiles à synthétiser. Cette auteure a donc élaboré un système dautomatisation de lanalyse des données tracées qui lui permet aussi bien de suivre le parcours dun apprenant sous forme de « récit narratif dinteractions entre lapprenant et le système » que den extraire une synthèse. Confronté au même problème, nous avons adopté une stratégie différente, que nous exposerons HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-3.html" \l "_Hlk535082977" plus loin.
Utilisation des traces pour suivre lapprentissage
Daprès les recherches mentionnées par Renié (op. cit.), les fichiers de trace des apprenants sont principalement utilisés pour analyser laccès aux ressources hypertextuelles ou multimédias par les apprenants. Cest lutilisation qui en est faite dans lexpérimentation de HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Hlk535083052" Davis et Lyman-Hager. À partir du moment où il est possible de garder la trace de tout clic de souris signalant que lutilisateur sélectionne un hypermot dans un texte ou demande une aide dun type particulier parmi celles qui lui sont proposées, il devient possible deffectuer toutes les corrélations voulues avec dautres paramètres. Parmi ces paramètres, on trouve bien entendu les résultats obtenus aux pré-tests et post-tests, ainsi que tous les autres protocoles utilisés habituellement (protocoles de rappel de texte, verbalisations). Renié signale également la possibilité deffectuer des études statistiques pour corréler les données obtenues dans les fichiers de trace avec des données concernant les caractéristiques individuelles des apprenants. Selon cette auteure, les résultats de telles corrélations pourraient permettre de savoir si lon peut distinguer diverses façons dutiliser un didacticiel en fonction de caractéristiques individuelles telles que lâge, le niveau en L2, lattitude face à lALAO, etc. Cest également le point de vue défendu par Garrett, pour qui la fonctionnalité de trace est un point fort de lordinateur insuffisamment utilisé en SLA :
The computers ability to collect data on what students do with technology-based language learning materials [...] gives us for the first time an instrument that will track the learning process rather than assigning a score to the outcome of that process in a test (1998: 9-10).
Le chercheur doit toutefois être conscient que les données issues de la trace des actions dun apprenant ne sont pas toujours significatives. Sil est permis de penser, en effet, que les fréquences daccès à telle ou telle ressource informent le chercheur ou lenseignant sur la façon dapprendre de lélève, ceci nest vrai que lorsquon peut associer chaque action à une stratégie. Or, une stratégie peut se décomposer en plusieurs actions, et une série dactions peut ne pas avoir de signification sur le plan de lapprentissage mais révéler tout simplement un problème de manipulation du didacticiel. Un cas typique est par exemple celui de létudiant non familiarisé avec le didacticiel et qui cherche à sélectionner un hypermot par un double-clic de la souris. Si le programme est configuré de telle sorte quun simple clic de la souris sur cet hypermot fasse apparaître une fenêtre pop-up, et que ladite fenêtre pop-up disparaisse sur un nouveau clic, il sensuit que le double-clic semble ne produire aucun effet, le deuxième clic annulant leffet du premier. Si notre utilisateur sacharne, il peut facilement enchaîner de la sorte toute une série dactions qui ne sont en aucune façon pertinentes quant à ses stratégies dapprentissage. Pour pallier cet inconvénient et éliminer ce type de « traces parasites », il faut examiner attentivement le fichier de trace pour y déceler le temps anormalement bref daffichage à lécran de la fenêtre pop-up. Un autre outil souvent utilisé afin de compléter et de fiabiliser lanalyse des données de trace est lenregistrement audio ou vidéo de la séquence de travail dALAO. Ces outils apportent leur lot dinformation complémentaire, mais aussi des problèmes de décodage et de transcription dont nous aurons loccasion de reparler.
La trace informatique au service de lenseignant et de lapprenant
Nous ne reviendrons pas ici sur lutilité de la trace informatique dans le processus itératif de développement des didacticiels de langue. Nous avons également signalé lutilité dun tel outil pour le chercheur en ALS, en particulier lorsquil cherche à connaître linfluence de lenvironnement informatique sur les stratégies dapprentissage. Renié (op. cit.) rapporte que plusieurs chercheurs préconisent lutilisation des données tracées par lenseignant et même par lapprenant :
Une trace présentée de manière très synthétisée sous forme de bilan constituerait un outil pour lenseignant en lui fournissant une analyse « objective » du travail dun apprenant (op. cit. : 298).
Il est certain quun bilan de session de travail qui présenterait non seulement des résultats chiffrés mais qui indiquerait également le parcours suivi par lapprenant fournirait à lenseignant une meilleure image du processus dapprentissage. Moyennant quelques précautions et un certain travail dédition, ce même bilan pourrait être communiqué à lélève afin de lui permettre de réfléchir à ses stratégies. Nous verrons plus loin que la production dun tel bilan, fondé sur les données provenant de la trace du parcours de lapprenant et enrichi des remarques appropriées de lenseignant, peut être un excellent support de cette médiation humaine qui doit nécessairement venir compléter la médiatisation du savoir.
La trace informatique : support de médiatisation et de médiation
Nous dirons en conclusion que loutil logiciel qui permet de conserver une trace informatique du parcours de lapprenant lors dune séance dALAO peut se révéler une aide précieuse à la médiatisation et, au-delà, à la médiation. Même si lon ne peut vraiment parler ici dalternance dialogique entre enseignant-concepteur et apprenant-utilisateur, nous pouvons dire par expérience que lanalyse du fichier de trace est une occasion pour le premier de renouer avec le second un lien que la situation dEAO semblait avoir rompu. Lanalyse de la trace informatique, venant en aval des opérations de mise en machine (première médiatisation) et en amont dune nouvelle version (nouvelle médiatisation), permet à lenseignant de « reprendre la main », dassumer à nouveau son rôle de médiateur humain. Cette boucle de rétroaction lui montre, à travers les parcours, les traces des actions, les réponses dapprenants réels, à quel point il a été optimiste ou pessimiste, négligent ou inutilement perfectionniste, dans ses représentations du modèle de lapprenant. La trace informatique permet une prise de recul salutaire, mais surtout elle insuffle la dynamique nécessaire pour remettre louvrage sur le métier, en montrant que rien nest parfait et que tout est perfectible. Nous pensons quil sagit là dun argument dimportance pour soutenir notre thèse quil ny a pas de médiation sans médiatisation et surtout que toute médiatisation doit aller jusquau bout.
Linterfaçage des situations dapprentissage : contraintes et possibilités
Lenseignant qui a décidé de concevoir linterfaçage des situations dapprentissage se trouve confronté à différentes contraintes inhérentes aux trois dimensions de la tâche, de la navigation et de la conduite de lapprentissage. Daprès Linard (2001), la meilleure stratégie possible consiste pour le concepteur à traiter ces trois dimensions ensemble dès le départ. Cest bien cette unité de traitement qui ressort de notre étude de linteractivité, du feedback, de la navigation et de la trace. Au-delà des différents critères qui opposent interactivité et interaction, nous avons tout dabord montré quun apprentissage interactif optimal proposera des interactions de type dialogique. Le mode dialogique (ou mieux conversationnel) est celui qui permet le mieux à lenseignant-concepteur de présenter les contenus et la tâche mais aussi à lapprenant de piloter son apprentissage, grâce au feedback que lui renvoie linterface. Nous avons montré que le degré dutilité du feedback en EAO est directement proportionnel à la qualité de lanalyse de la réponse de lapprenant, et que cette analyse peut se révéler extrêmement complexe et coûteuse en temps de développement et de mise au point. Quant à la navigation de lapprenant dans linterface, elle est grandement facilitée actuellement par les outils de gestion de lhypertexte à la disposition des concepteurs dinterfaces. Contrairement aux affirmations de bon nombre de promoteurs de lhypertexte, nous avons dit que celui-ci nest pas en soi interactif, et quil ne saurait être considéré comme outil cognitif que sil saccompagne dun feedback ou dune interaction humaine. Afin déviter les problèmes de déstructuration causés par une transformation radicale dun texte en hypertexte, nous avons plaidé en faveur dun degré modéré de non-linéarité et insisté sur lutilité des gloses pour laide à la compréhension de textes en L2. Nous avons enfin souligné lutilité de conserver la trace informatique du parcours de lapprenant dans le cadre dun processus itératif de développement en ALAO mais aussi comme support dynamique de la médiatisation technologique et de la médiation humaine.
Nous allons maintenant montrer comment des ressources informatiques peuvent être mises en oeuvre pour linterfaçage de situations dapprentissage en langues, en étudiant lexemple dun tutoriel conçu et réalisé pour nos étudiants.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB517#fnB517" 517. Adapté de Duquette et Laurier, 2001 : 11.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB518#fnB518" 518. Par exemple, dans les colonnes du Monde de lannée 1996 on relève les noms des sociétés : Abbey Interactive ; Arôme interactive ; CNN Interactive ; France Télécom Interactive ; Grolier Interactive Europe ; Interactive Multimedia Association ; Liris Interactive ; Morgan Interactive ; Sony Interactive ; Titus Interactive ; Virgin Interactive ; Warner Interactive.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB519#fnB519" 519. Cf. Le Monde du 22 janvier 1996, page 26 : « La télé découvre la fiction en kit ».
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB520#fnB520" 520. Bélisle, Claire (1998) « Enjeux et limites du multimédia en formation et en éducation », Les Cahiers de lAsdifle. Citée par Lancien, 1998 : 30.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB521#fnB521" 521. Balpe, J.-P. (1990) Hyperdocuments, hypertextes, hypermédias, Paris : Eyrolles. Cité par Demaizière et Dubuisson : 28 ; ces auteures nindiquent pas si les italiques sont de Balpe.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB522#fnB522" 522. Cf. HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-2_-3.html" \l "_Ref506373058" Figure 2.7.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB523#fnB523" 523. Cf. Rabaté, F. et R. Lauraire (1985) « Linteractivité saisie par le discours », Bulletin de lIDATE n°20, p. 17-81. Cité par Demaizière et Dubuisson.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB524#fnB524" 524. Cf. Kretz, Francis (1985) « Le concept pluriel dinteractivités ou linteractivité vous laisse-t-elle chaud ou froid », Bulletin de lIDATE n°20, p. 95-101. Cité par Demaizière et Dubuisson.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB525#fnB525" 525. Barchechath, Éric et Serge Pouts-Lajus (1990) « Sur linteractivité », postface de Crossley, K. et L. Green (1985), version française adaptée par É. Barchechath et S. Pouts-Lajus (1990) Le design des didacticiels, Paris : ACL-Éditions. Cest nous qui soulignons.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB526#fnB526" 526. Cest nous qui soulignons.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB527#fnB527" 527. Définition qui correspond au sens 2 de la définition HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Hlk535054794" que nous avons citée.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB528#fnB528" 528. Cf. Demaizière (1986 : 82) : « Nous poserons donc quil y a simulation de dialogue dans une situation dEAO, le rôle de lordinateur étant, justement, de faire fonctionner cette simulation. »
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB529#fnB529" 529. Cf. Demaizière et Dubuisson (1992 : 28) : « En ce qui nous concerne, nous parlerions dinteraction [...] pour traiter des échanges entre formateur et apprenant. »
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB530#fnB530" 530. Chanier, 2000 : 56-58. Cest nous qui soulignons en italique ; les caractères gras sont de lauteur.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB531#fnB531" 531. Cf. la définition de linteractivité par le Grand Larousse en 5 volumes : « qualité et rapidité des échanges entre lutilisateur dun système informatique et la machine par lintermédiaire dun terminal doté dun écran de visualisation ». Cest nous qui soulignons.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB532#fnB532" 532. Environnements Informatiques dApprentissage Humain.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB533#fnB533" 533. Initiation (or question, elicitation); Response (or answer); Feedback (or follow-up, evaluation). Cf. Coulthard, Malcolm (1977) An Introduction to Discourse Analysis, London : Longman, p. 106.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB534#fnB534" 534. Cf. Laurillard, 1993 et Linard, 1996.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB535#fnB535" 535. Cf. Laurillard (1993 : 177) : Every medium has its strengths, so they can help, but each needs to be complemented by a teacher-student dialogue, and that is undeniably labour-intensive.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB536#fnB536" 536. Prolepsis, by the very nature of its minimal clues, suggests and encourages rapprochement or intimacy, where explicitness, spelling out every detail, would have meant maintaining or increasing distance, or condescension (van Lier, op. cit.: 171). Un didacticiel « proleptique » cherchera à donner le minimum dindices utiles pour mettre lapprenant sur la voie de la compréhension ou de la bonne réponse, plutôt que de prodiguer un luxe dexplications qui lui montrent son ignorance. Notons que cette stratégie sinscrit dans la ligne directe de la zpd de Vygotski.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB537#fnB537" 537. Dans le domaine de lanalyse du discours, la conversation réfère à « un genre dinterlocution verbale [où] les échanges sont relativement égalitaires » (Maingueneau, 1996 : 24). Or, pour Dieuzaide : « Linteractivité implique une conversation entre lhomme et la machine, qui est de nature inégale » (1994 : 30). Par ailleurs, pour Paulo Freire il ne saurait y avoir de dialogue sil ny a pas dégalité [des interlocuteurs] (rapporté par van Lier, op. cit. : 140). Cest pourquoi van Lier est amené à établir un distinguo entre les notions de symétrie et dégalité dans le domaine du dialogue et de la conversation. Il écrit : Equality refers to factors extrinsic to the talk, such as status, age, role, [etc.]. Symmetry refers purely to matters relating to the talk and the interaction itself. [...] [it] refers to equal distribution of right and duties in talk (op. cit.: 175).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB538#fnB538" 538. Le terme rétroaction est utilisé par certains auteurs (en particulier les canadiens francophones) comme équivalent français de feedback, mais ce dernier terme sest imposé en France.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB539#fnB539" 539. Daprès Breton, 1992 : 27-28.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB540#fnB540" 540. Cf. note HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Ref519009070" 533.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB541#fnB541" 541. Nous avons emprunté à cet auteur une partie du développement de ce point.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB542#fnB542" 542. Ellis, Rod (1990) Instructed second language acquisition, Oxford: Blackwell. Cité par Brett, 1999, 4.2.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB543#fnB543" 543. Cest nous qui soulignons.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB544#fnB544" 544. La liste des points positifs est inspirée de Brett (1999, 4.2) ; celle des pratiques du feedback en classe, de Ellis (1994 : 583 et s.).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB545#fnB545" 545. Nous résumons lessentiel de 9 des 13 points de la liste dUnderwood (1984 : 52-54).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB546#fnB546" 546. Une variante intéressante qui permet de pallier cet inconvénient est prévue dans le logiciel auteur Learning Labs (Bertin). Lexercice « Questionnaire à choix alternatif unique » repose tout dabord sur le principe du VRAI/FAUX : si la bonne réponse était VRAI, lapprenant se voit proposer la question suivante. Mais si la bonne réponse était FAUX, il doit alors saisir la solution quil pense être correcte dans un deuxième écran qui lui est proposé. Daprès lauteur, cette activité est particulièrement bien adaptée au travail sur les réseaux sémantiques (synonymie, antonymie) et la contextualisation des énoncés.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB547#fnB547" 547. Ces lignes font écho aux raisons invoquées par Skinner pour rejeter les QCM de HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-3_-2.html" \l "_Hlk535054991" Pressey.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB548#fnB548" 548. Ce procédé rappelle celui proposé par Bertin, mais la vérification du processus de raisonnement concerne tout aussi bien le choix VRAI que le choix FAUX.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB549#fnB549" 549. Nagata, Noriko (1993) Intelligent Computer Feedback for Second Language Instruction. The Modern Language Journal 77 (3), 330-339. Citée par Brett (op. cit. 4.2), Chapelle (2001 : 73), Heift (2001) et Pujolà (2001).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB550#fnB550" 550. Nagata, Noriko (1996) Computer vs. workbook instruction in second language acquisition, CALICO Journal, 14-1, p. 53-76.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB551#fnB551" 551. Citons ici, au risque den oublier : Jacques Robin et sa remarquable suite de programmes Didact-English (distribués naguère par Attica, Paris) ; Brian Farrington et son Littré, devenu Bon Accord puis Dominie (cf. Farrington, 1986 et 1994) ; les Écritures Automatiques de François Mangenot ; le Patchinko de Michel Bézard.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB552#fnB552" 552. Malgré les efforts louables de chercheurs qui tentent de rapprocher les deux communautés, comme par exemple Chanier (2000).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB553#fnB553" 553. Cf. citations de HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-3_-4.html" \l "_Hlk535055065" Self et HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-3_-4.html" \l "_Hlk535055091" Laurillard (et HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-Pas.html" \l "_Hlk535055117" aussi).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB554#fnB554" 554. Le système auteur Wida Authoring Suite, dans son module Testmaster, permet une analyse sommaire de réponses à des questions ouvertes, avec la gestion de variantes de réponses correctes, et la détection derreurs dues soit à des mots manquants soit à des mots superflus. Le logiciel Question Mark dispose dun module danalyse de réponse assez semblable, utilisant les fonctions classiques en informatique : AND, OR, NOT et le parenthèsage. Le manuel dutilisation en dit : « Il est assez difficile de construire une formule de réponse libre [...] lexpérimentation et la pratique sont les meilleurs moyens dapprendre à utiliser cette option, la plus compliquée de Question Mark ».
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB555#fnB555" 555. Cf. Hélène Godinet : HYPERLINK "http://www.grenoble.iufm.fr/departe/francais/hypertxt/default.htm" \t "_blank" http://www.grenoble.iufm.fr/departe/francais/hypertxt/default.htm
Paul Perrault : HYPERLINK "http://www.uqtr.uquebec.ca/~perrault/RECHER/HYPER/HINDEX.HTM" \t "_blank" www.uqtr.uquebec.ca/~perrault/RECHER/HYPER/HINDEX.HTMGuy Teasdale : HYPERLINK "http://www.fas.umontreal.ca./ebsi/cursus/vol1no1/teasdale.html" \t "_blank" http://www.fas.umontreal.ca./ebsi/cursus/vol1no1/teasdale.html
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB556#fnB556" 556. The Atlantic Monthly, July 1945. Cf. texte complet sur le site de Denys Duchier. HYPERLINK "http://www.isg.sfu.ca/~duchier/misc/vbush/vbush.shtml" \t "_blank" www.isg.sfu.ca/~duchier/misc/vbush/vbush.shtml
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB557#fnB557" 557. Comme lécrira Negroponte 50 ans plus tard : The slow human handling of most information of books, magazines, newspapers and videocassettes, is about to become the instantaneous and inexpensive transfer of electronic data that move at the speed of light. In this form, the information can become universally accessible. [...] The change from atom to bits is irrevocable and unstoppable (1995: 8).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB558#fnB558" 558. Cité dans Laufer et Scavetta, op. cit. : 42. Il sagit là de la fonction de « glose élastique » de texte dont nous reparlerons plus loin.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB559#fnB559" 559. Relevons lironie de labsence du terme hypertexte dans le GRE, alors même que ce dictionnaire comporte plusieurs fonctions typiquement hypertextuelles : « Selon ses besoins, lutilisateur peut choisir entre une version abrégée ou une version détaillée des définitions, [...] utiliser la fonction hypertexte en permanence, [...] le tout avec une excellente convivialité. » Lucbert, Manuel (1996) « La Rolls Royce et la 2 CV» [analyse du cédérom GRE ] Le Monde, 11 mars 1996, p. 30.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB560#fnB560" 560. Jonassen, D. (1991) Hypertext as instructional design, Educational Technology Research and Development, 39 (1), p. 83-92. Cité par Laurillard, 1993 : 120.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB561#fnB561" 561. Jonassen, David, Terry Mayes and Ray McAleese (1993) A Manifesto for a Constructivist Approach to Technology in Higher Education in T. Duffy, D. Jonassen, & J. Lowyck (Eds), Designing constructivist learning environments, Heidelberg: Springer-Verlag.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB562#fnB562" 562. Cf. lanalogie utilisée par Tricot : « Imaginez que vous deviez décrire ce quest un livre en intégrant la Bible, le théâtre de Racine, le Tractatus Logico-Philosophicus et un manuel dhistoire de 3ème » (op. cit. : 102).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB563#fnB563" 563. Nous avons consulté la version Windows de ce cédérom et la base de données comportant les articles de lannée 1995 et du premier trimestre de lannée 1996.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB564#fnB564" 564. Nous avons consulté la version Windows de ces cédéroms et la base de données des années 1995 et 1996.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB565#fnB565" 565. Ces mots munis dun hyperlien sont généralement appelés hypermots.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB566#fnB566" 566. Néologisme proposé par Caro et Bétrancourt « Ergonomie des documents techniques informatisés » in Tricot André et J. F. Rouet (1998) Les Hypermédias Approches cognitives et ergonomiques, Paris : Hermès (page 107).
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB567#fnB567" 567. Cf. § HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-1_.html" \l "_Ref521202751" Lapprentissage par laction.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB568#fnB568" 568. Celui de « lintervention pédagogique » selon Demaizière et Dubuisson, op. cit. : 83.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB569#fnB569" 569. Adapté de Demaizière et Dubuisson, op. cit. : 75.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB570#fnB570" 570. Cest donc abusivement que les éditeurs informatiques intitulent les bases de données consultables sur leur site Toile : Knowledge Base.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB571#fnB571" 571. Cest nous qui soulignons.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB572#fnB572" 572. Cest nous qui soulignons.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB573#fnB573" 573. Cf. § HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "_Ref521062820" Degrés dinteractivité et degrés dinteraction.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB574#fnB574" 574. Ce paragraphe est résumé de Rouet, 1997 : 167 et s.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB575#fnB575" 575. À propos de limportance du déjà-connu dans la compréhension et lacquisition de connaissances nouvelles, cf. § HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-1_.html" \l "_Ref521207731" 1. 1. 3.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB576#fnB576" 576. Bernhardt, E. B. (1991) Reading Development in a Second Language: Theoretical, Empirical and Classroom Perspectives. Norwood, NJ: Ablex. Cité par Davies & Lyman-Hager, 2000 : 145.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB577#fnB577" 577. Cf. Dillon, Andrew (1996) Myths, Misconception, and an Alternative Perspective on Information Usage and the Electronic Medium, in Rouet et al., p.25-42.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB578#fnB578" 578. Dillon, op. cit. : 30.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB579#fnB579" 579. Espéret, Éric (1996) Notes on Hypertext, Cognition, and Language, in Rouet et al., p. 149-155.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB580#fnB580" 580. Emprunté à Rouet, 1997 : 173-175.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB581#fnB581" 581. Notons que la quasi-totalité des logiciels de bureautique et de bases de données du marché comportent outre une aide en ligne hypertextuelle un module de prise en main, souvent appelé « didacticiel ». Il est regrettable que ce module de prise en main soit, dans les didacticiels de langues, réservé aux produits « haut de gamme ». Par exemple, les didacticiels Talk to me et Tell me More, dAuralog, offrent à lutilisateur le choix entre une « démonstration » relativement brève et une « visite guidée » très complète.
HYPERLINK "http://joseph.rezeau.free.fr/theseNet/theseNet-4_-2.html" \l "fnB582#fnB582" 582. Davies & Lyman-Hager, 2000. Lapplication créée avec le logiciel GALT (Glossing Authentic Language Texts) et rapportée dans le chapitre rédigé par ces auteurs est une aide à la lecture dun passage du roman dOyono, Une vie de boy (1956). Le logiciel GALTIJK®¯°±²ÿ W X } ~ Ø Ù
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