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La Guerre 1939-1945

1944: 29 juillet : compte-rendu de la Défense Passive au sujet de la ...... en pension chez M. Cochet aux Varennes, lorsqu'elle recevra son allocation militaire. ...... Je déclare avoir été rapatriée le 21 mai 1945, avoir subi le 1er examen de ..... de fromages, de chocolat, de riz, de sucre, de pâtes alimentaires ou tapioca.




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tions de chevaux pour l'armée allemande
Le service de la Défense Passive
1941: renseignements sur les engins incendiaires aériens susceptibles de détruire par le feu les récoltes et les forêts
Arrêté préfectoral instituant dans chaque commune un service de surveillance et de lutte contre le danger incendiaire
Instruction préfectorale sur le recrutement et l'utilisation du personnel
Arrêté du maire nommant M. Louis Barré chef de l'Equipe de Défense Passive
Les personnes requises pour servir dans la Défense Passive rurale
Organisation de la Défense Passive (récoltes) à Villevêque
Les avis placardés
1942, 12 juin : l'adjudant-chef Louis Barré organise la répartition de la population du bourg entre les différentes caves-abris
1942, 15 juillet : arrêté du préfet régional
1944 , 12 juin : organisation de la Défense Passive
1944, 30 juin : avis aux habitants pour creuser des tranchées-abris
1944, 22 juillet : « ausweis » ou permis de circuler pour les gardes de la Défense Passive
1944, 23 juillet : arrêté préfectoral classant la commune en catégorie B
1944: 29 juillet : compte-rendu de la Défense Passive au sujet de la protection des récoltes
1944, 30 juin : organisation des rondes de la Défense Passive
1942, été, : un groupe d'enfants parisiens reçus à Villevêque. Témoignage d’une jeune fille
1942, 17 octobre : l'arrestation et la déportation des Juifs de Villevêque
Un signal précurseur : l'ordonnance du 13 août 1941
Les Juifs de Villevêque
La famille Kern
Comment M. Kern repris contact avec son enfance à Villevêque
La famille Schoen : un couple replié au château, apparenté à M. Wallack, Juif de Mulhouse et député
Un fils prisonnier de guerre en Allemagne
Une fille déportée politique à Ravensbruck et Buchenwald
La collaboration
1942, 4 décembre : enlèvement des bustes de Marianne des lieux publics
L'école publique ne chante pas « Marchéral nous voilà »
La Presse, au hasard : ce que l'on pouvait lire dans « Le Petit Courrier » du samedi 20 et dimanche 21 février 1943
Aperçu sur les mentalités à Villevêque
Les restrictions et le Ravitaillement
1941 : les cartes d'alimentation et les bons de toutes sortes pour survivre
1942, 17 décembre : contrôle mobile du ravitaillement
Huit années de restrictions
Les opérations de recensement : dates et intitulés des circulaires préfectorales
1943 : Le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.)
Les jeunes gens recensés pour le S.T.O. et exemptés
Les travailleurs requis en Allemagne
1943, 12 mars : création d'un comité local d'aide aux travailleurs en Allemagne
Les réfractaires au S.T.O.
Logement et cantonnement des troupes d'occupation
Les habitants mis à contribution pour le logement des Allemands, leurs matériels, leurs chevaux et le fourrage
Les Allemands « jouent » à la guerre
La Résistance
1943, mai et septembre : atterrissages et décollages clandestins dans la Prée des Grands- Bas, à Villevêque..
Une localisation erronée sur le coteau du Vieux-Briollay
Premiers résultats de l'enquête sur place, auprès du Conseil des Séniors en 2004
Qu'était ce réseau Alexandre Buckmaster et que sait-on du Captain Wilkinson et de Mme Diebolt ?..
Le réseau Alexandre Buckmaster
Le Captain Wilkinson
Le récit de Mme Diebolt après la Libération des camps
Madame Diebolt alias Mme Keller et sa fille Annette
Qui étaient les personnes déposées et/ou embarquées lors des «  pick-up » clandestins en zone occupée, à Villevêque ?..
Une authentique princesse indienne opératrice radio , Noor Inayat Khan, alias Madeleine...
Aperçu sur quelques personnes passées par les Grands-Bas de Villevêque
Les « débarqués »
Les « embarqués »
Une femme résistante en région parisienne , originaire de Villevêque et déportée,
Un instituteur résistant à Corzé, André Tigeot, fusillé par les Allemands
1943, le 24 décembre : vol de cartes de rationnement et de feuilles de coupons à la mairie de Villevêque
Des cochons nommés Adolphe, Mussolini, Darlan, etc
1943 1945, l'impôt métal
L'année 1944 : les bombardements, pendant la bataille de Normandie, la Libération...
1944, 31 mars : télégramme de réquisition pour exécuter des travaux à Briollay
1944, le 11 mai : passage à Villevêque du pélerinage de retour de N-D de Boulogne
1944, le 28 mai, vers 23 h45 : premier bombardement d'Angers
1944, le 6 juin : jour du débarquement, préparation du terrain d'aviation de la Grand'Rivière à Soucelles pour les avions allemands
1944, 7 juin-13 juin : creusement de trous de protection contre les attaques aériennes alliées le long de certaines routes et près des gares
1944, juin et juillet : installation du camp d'aviation allemand à Soucelles et son anéantissement en juillet
1943/1944 : la garde de trains vides en gare de St-Sylvain-Briollay, à Villevêque
1944, juin : un acte de sabotage en gare de St-Sylvain-Briollay
1944, le 28 juin : Le maire Alexis Foin inquiété, emprisonné à Angers et relâché
1944, le 5 août : un commerçant d'Angers fusillé par les Allemands à la Croix, R.N. 23, sur la commune de Villevêque
1944, mai, juin, juillet, août : de mystérieuses petites bandelettes brillantes et tracts lancés par les avions alliés
1944, de juillet à août : les mitraillages et bombardements
Le pont du chemin de fer de la ligne Paris-Nantes, sur le Loir, près du Vieux- Briollay
La gare de St-Sylvain-Briollay, sur la voie ferrée Angezrs-Le Mans (ligne (Paris- Nantes)
La gare de Villevêque-Corzé sur la voie ferrée Angers-La Flèche
Le pont de la Boire d'Oule sur la même ligne
Le pont routier de Villevêque à Soucelles, sur le Loir
Le pont suspendu sur le Loir, de la route Angers-Morannes, près de Briollay
Les dégâts causés par les bombardements à Villevêque
1944, 14 juillet : recensement des moulins
1944 . fin juillet début août : fuite des Allemands
La Libérarion
1944, le 11 août : souvenirs personnels de l'arrivée des soldats américains
Témoignage de Bernard Soyer
Témoignage de M. Claude Corbel, de Brissac
Bernard Meslier « modèle » des soldats américains
Des femmes tondues à Villevêque
1944, le 14 octobre : mise en place du Comité Départemental de la Libération : Eugêne Hamard, futur maire de Villevêque en est membre.
Les expéditions du garagiste Alexis Rontard vers le front de Normandie pour évacuer des réfugiés
Jean, fils du maître d'école Maurice Poperen apprend à chanter la Marseillaise aux enfants de l'école publique
1945, le 8 mai : les cloches sonnent à toute volée pendant des heures
Hitler brûlé en effigie sur la place de la mairie dans un immense feu de joie
La collecte des nourrices à essence ou « jerry-cans ».
Les nourrices à essence des avions font des embarcations
Les enfants jouent à la petite guerre
Des enfants blessés en faisant exploser des munitions et des adultes collectionneurs
Les mares comme cachettes
Les prisonniers de guerre 1939-1945, à Villevêque
Combien étaient-ils ?
La création de l'association des anciens prisonniers de guerre, section de Villevêque
Quelques biographies de prisonniers trouvées dans les notes de Louis Loiseau
Résumé des relations du président Louis Loiseau et du nouveau maire Eugêne Hamard
Les morts pour la France, guerre 1939-1945, à Villevêque
Les prisonniers de guerre allemands, à Villevêque
Quelques événements postérieurs
Un interné libéré
Des logements réquisionnés
Les Anciens Combattants
Annexe : Réponse de la commune de Villevêque à l'enquête préfectorale de 1948 sur l'histoire de l'Occupation.




Avertissement

Ce document conserve un caractère provisoire car pour le moment, il ne se base que sur des souvenirs personnels, une exploitation des archives communales, quelques témoignages recueillis localement, plusieurs ouvrages et documents publiés sur la région, ou en Grande-Bretagne par des témoins directs, ainsi que la consultation de plusieurs sites du web, la plus grande part en anglais. Il reste encore à continuer l’exploitation des ressources des Archives Départementales de Maine-et-Loire et celles des National Archives de Londres, progressivement rendues accessibles au public, notamment les dossiers personnels des agents secrets, afin de recouper et compléter certaines informations.
L’ordre chronologique des événements a été privilégié chaque fois que possible. Les souvenirs personnels sont mêlés à l’exploitation de quelques documents d’archives municipales et à la reprise d’informations concernant Villevêque, publiés notamment dans les ouvrages de M. Louis Maucourt sur « Soucelles », « Tiercé » et « Seiches-sur-le-Loir », qui a fait un travail d’investigation très important et que je remercie ici très sincèrement.
Il reste encore beaucoup de sources à exploiter et aussi des témoignages de contemporains ayant vécu ces événements, à recueillir.
Je remercie par avance ces contributions éventuelles.

Rappel des principaux événements de cette période

1939, le 1er septembre : mobilisation générale.
le 5 septembre : déclaration de guerre à l’Allemagne, deux jours après l’Angleterre.
le 13 septembre : début de la « drôle de guerre » : il ne se passe rien sur le front occidental.
1940, mai : début de la bataille de France
les cartes d’alimentation sont distribuées.
le 14 juin : entrée des Allemands dans Paris et exode de millions de Belges et Français vers le sud
le 18 juin : appel à la résistance du général de Gaulle, depuis Londres.
le 20 juin : Angers est occupé.
le 22 juin : armistice avec l’Allemagne, les 2/3 du territoire français sont occupés et il y a 1, 5 millions de prisonniers.
le 2 juillet : le gouvernement Pétain est à Vichy. Il aura les pleins pouvoirs le 11 juillet
1941, le 16 octobre : les Allemands appellent les travailleurs volontaires pour aller en Allemagne
1942, le 21 février, première exécution de résistants en Anjou, à Belle-Beille.
1942, le 22 juin : « la relève » en Allemagne des prisonniers de guerre : 3 ouvriers contre un prisonnier.
1943, la Résistance, les sabotages, les réquisitions, les déportations.
1943, le 16 février : création du S T O : Service du Travail Obligatoire pour tous les jeunes gens nés entre le 1/1/1920 et le 31/12/1922;
1943, loi du 11 juin, édictant des sanctions pour les réfractaires au STO et ceux qui les aident à se cacher.
1944, le 1er février : tous les hommes de 16 à 60 ans peuvent être assujettis à faire des travaux que le gouvernement jugera utiles et on « peigne » les entreprises pour le STO.
1944, en mai, le « Grand Retour » : procession de Notre-Dame de Boulogne à travers la moitié des paroisses angevines.
nuit du 28 au 29 mai, bombardement intense de la ville d’Angers
6 juin, jour du débarquement en Normandie, « D-day », « le jour le plus long »…
10 août : Angers est libéré par les Américains de l’armée Patton
septembre : les derniers Allemands de la rive gauche de la Loire évacuent l’Anjou ou sont faits prisonniers.L’Epuration est commencée.
1944, le 9 septembre : le général de Gaulle rétablit la légalité républicaine.
1945, le 14 janvier : le général de Gaulle est reçu solennellement à Angers.
1945, le 29 avril : premières élections municipales avec pour la première fois le vote des femmes
Les Français et Françaises, qui ont été privés de leurs droits électoraux depuis 1939, seront amenés à les exercer 6 fois en deux ans, entre septembre 1944 et novembre 1947.
1945, le 8 mai : capitulation de l’Allemagne nazie et Armistice.



La mobilisation

1939, le 1er septembre : Télégramme officiel (modèle 3)
Ce document est conservé dans les Archives municipales. Le timbre à date du bureau de poste de Villevêque indique le 1-9-39, 14-5. Il est ainsi formulé, sur un texte pré-imprimé dont une annotation marginale montre que sa conception date de 1920 :
« Le Ministre de la Guerre à Monsieur le Maire de la commune de Villevêque
Texte du télégramme.
Ordre de mobilisation.
Le premier jour de la mobilisation est le samedi 2 septembre à 0 h
Avis important.
Dès la réception du présent télégramme, le Maire de la commune, ou son représentant, fait prévenir les habitants par tous les moyens en son pouvoir; il invite les hommes placés dans la position de disponibilité et dans les réserves à se tenir prêt à partir, mais à ne se mettre en route qu'après avoir pris connaissance des affiches de mobilisation que la gendarmerie doit faire placarder dans la commune »

Les points d'affichage de la mobilisation sur la commune

La gendarmerie de Tiercé est chargée, comme en 1914, de faire placarder l'affichage de la mobilisation aux quatre coins de la commune, afin que nul n'en ignore !
Une instruction aux maires précise que ceux-ci doivent surcharger les affiches pré-imprimées du nom du jour, de la date et de l'heure de la mobilisation, de faire apposer la première affiche aussitôt complétée devant la mairie et d'apposer les autres affiches aux points indiqués, d'extrème urgence, en confiant « cette mission à des personnes sûres, qui divulgueront de vive voix l'ordre prescrit par les affiches ».
Aucun détail n'étant épargné l'instruction ajoute : « Apposer la dernière affiche à l'intérieur de la mairie, pour la soustraire aux intempéries ».
(Source : A.M.)

Quelques télégrammes officiels adressés au maire durant la période de mobilisation.

1939, le 1er septembre :- Cn [communication] extrème urgence. Angers. N° 430. 1/9. 12 h 50
« Préfet Angers à maires département Maine et Loire
Nécessité prévoir dès maintenant arrivée population repliée annoncée déjà par mes précédentes instructions Stop Pouvez procéder dès maintenant à tous achats matériel indispensable Stop Tous crédits utiles vous seront délégués nouvelles instructions urgentes vous parviendront.

1939, le 4 septembre :- Off. [origine officielle] Angers n° 605. 53 mots. 4/9 17 h.

« Préfet Angers à maires département en communication sous-préfet.
Selon instructions ministérielles Français et Etrangers peuvent jusqu'au 10 septembre inclus circuler librement sur territoire par tous moyens de transport à l'exclusion de la zone des armées sous réserve pouvoir à toutes réquisitions justifier identité. Etrangers ne peuvent quitter France sans visa préfet. »

1939, le 4 septembre : Angers. N° 578. 39 mots. 4/9; 10 h 55
« Préfet Angers à tous maires département Maine et Loire
Vous précise que populations civiles repliées sont composées en majeure partie de femmes et enfants parfois en bas âge. Prendre dans toutes mesures du possible dispositions pour transport gare à votre commune. »
Le maire a porté au bas du télégramme « Serai tantôt Champ Besnier. S'il y a du nouveau faire prévenir.
A. Foin »
Le maire Alexis Foin qui habite Le Gros Chêne où il est cultivateur a reçu le télégramme chez lui et le porteur est reparti en mairie avec le message annoté. Il a prévu de descendre l'après-midi dans la basse vallée du Loir pour « faire du foin » dans le pré-marais du Champ-Besnier. En cas d'urgence il demande qu'on le prévienne sur son lieu de travail.

1939, le 6 septembre : Angers. N° 431. 114 mots. 6/9. 10 h 10
« Préfet à maires département.
Particuliers quittent zone des armées pour zone intérieure c'est-à-dire pour Maine-et-Loire.
En ce qui nous concerne doivent dès leur arrivée dans votre commune vous présenter des exemplaires déclarations qu'ils auront établis avant départ et qui devront être revêtus du visa du maire ou du commissaire de police de leur résidence dans la zone d'où ils viennent Stop S'ils sont venus en automobile cette déclaration doit porter indication n° voiture Stop Vous verserez immédiatement deux exemplaires Stop Vous en remettrez un à l'intéressé et adresserez l'autre immédiatement bureau circulation départementale préfecture Angers Stop Ces dispositions sont valables jusqu'au 10 septembre inclus sauf instructions contraires. »

1939, le 15 septembre : Angers. n° 304. 76 mots. 15/9. 10 h 35
« Préfet Angers à maires département.
Par application circulaire télégraphique du bureau central militaire de la circulation Paris vous informe que pour les Français circulation zone de l'intérieur par tous moyens autres que motocyclettes automobiles et bateaux reste libre jusqu'à date indéterminée qui sera fixée ultérieurement Stop Pour circulation en motocyclettes automobiles et bateaux réglementation n'entrera en vigueur que le 30 septembre 24 heures Stop Pour étrangers délai prorogé seulement jusqu'au 20 septembre pour tout mode de circulation. »

Les ordres de réquisition de personnes :

par la D.S.A. ( Direction des Services Agricoles du département)
1940, le 1er jour de mobilisation, Reneux Roger, demeurant au Plessi-Grammoire, se présentera au maire de Villevêque, en tant que boulanger
1940, le 24 janvier : Roger René, de Villevêque, se présentera à cette date au Plessis-Grammoire, comme boulanger.
(Il doit s'agir de la même personne?)
1940, le 12 février : Fourche Robert, de Villevêque, se présentera le 12 février à la boulangerie Chevreau en tant qu' employé de boulangerie.
par l'Inspection Départementale du Travail
1940, le 5 juin : M. Martin
1940, le 7 juin : M. Florquin, réfugié.

Les affectations spéciales, accordées par le général commandant la 9eme région militaire.

1940, le 5 février : Chevereau Paul , au titre de boulanger
1940, le 15 mars, Ménant Alexis, au titre de mécanicien réparateur de machines agricoles
1940, le 17 mars, une demande d'affectation spéciale est faite à la préfecture au bénéfice du maire Alexis Foin, maire depuis le19 mai 1935, né le 4 mai 1896 à Tiercé, de la classe de recrutement 1916, caporal, service auxilliaire, sans affectation. Cette demande est faite en vue de l'administration de la commune.
1940, le 8 avril : Boisard Alphonse, au titre d'agriculteur,
1940, le 28 avril : Lepronnier Alphonse, les Bouchets, au titre d'agriculteur,
1940, le 28 avril : Lepronnier Henri, les Bouchets, au titre d'agriculteur,
1940, le 30 avril : Vaillant Emmanuel, du Chapeau d'Ane, au titre d'agriculteur,
1940, le 7 mai : Vigan Pierre, la Millardière au titre d'agriculteur,
1940, le 7 mai : Hamme Alexis, la Vallée, au titre d'agriculteur,

1939, le 2 juin : Un soldat réformé

Ganne Joseph, René, Eugène, soldat au 66e Inf. passe en commission de réforme à Tours à cette date et il reçoit une pension définitive de 80 % le 28 mai 1941. Il doit être le « soldat blessé aux armées » que cite la réponse à l'enquête préfectorale de l'après-guerre sur l'histoire de l'Occupation et de la Libération. Voir plus loin.

Les effectifs mobilisés

1940, le 16 mars, une circulaire de la préfecture demande l'envoi pour le 27 mars suivant d'un état des soldats mobilisés afin que les familles perçoivent les allocations militaires. La réponse est : 46 mobilisés et 73 majorations pour enfants de moins de 16 ans.

1940, nuit du 18 au 19 juin : passage à Soucelles, Villevêque et Pellouailles de la colonne des internés étrangers du camp de Meslay-du-Maine (Mayenne), en direction d’Angers.

Les autorités militaires commandant le camp des internés civils étrangers (Allemands et Autrichiens) de Meslay-du-Maine (Mayenne), qui avait été ouvert le 2 septembre 1939 par le gouvernement de Vichy, reçurent un ordre d’évacuation le 15 juin avec comme objectif, rallier Montpellier. Mais faute de moyen de transport automobile suffisant et ferroviaire à Laval, l’exode se fera à pied en direction d’Angers pour 875 d’entre eux et leurs encadrement militaire (55 sous-officiers et soldats commandés par le capitaine Langeard). Le départ a lieu le 17 juin au matin, à 6 h 30. La première étape les conduit à Miré par Grez-en-Bouère et Bierné (20 km). La seconde étape devait les conduire à Montreuil-sur-Loir par Contigné, Châteauneuf-sur-Sarthe et Etriché (20 km) et la 3e étape, à Angers par Soucelles, Villevêque et Pellouailles, soit encore 20 km. Mais dans la réalité, du fait de la rapidité de l’avance allemande, la colonne brûla la seconde étape et s’arrêta près de Pellouailles à 2 heures du matin le 19 juin ayant couvert une quarantaine de km dans la journée. Après quelques heures de repos la marche vers Angers reprit « sur une petite route parralèle à la grande route Paris-Angers…doublée par une colonne motorisée allemande qui emprunte la route nationale distante de quelques centaines de mètres. »
Le mercredi 19 juin à 12 heures les internés valides venus à pied et les éclopés qui avaient été transportés par camion, empruntèrent le dernier train ayant quitté la gare d’Angers avant l’occupation allemande. Ils étaient au nombre de 1065 étrangers et 68 Français.
Cet événement, qui se déroula de nuit, ne semble pas avoir laissé un quelconque souvenir, à Soucelles, Villevêque ou Pellouailles ?

1940, le 19 juin : Occupation de la commune par les Allemands

Louis Maucourt signale dans son ouvrage sur « Soucelles baronnie d’Anjou » que les premiers Allemands à arriver furent des motards, bientôt suivis par des éléments autrichiens de cavalerie et ils cantonnèrent dans le bourg de Soucelles et aussi sans doute à Villevêque.
Je conserve le souvenir très précis de militaires allemands sur la place mais c’était plus tard, sans doute en juillet. La place était encombrée de chariots à quatre roues et bâchés de toile verte, style Western. On disait, de couleur « caca d’oie » !
L’ancien jeu de boules de l’hôtel Dubas, sur la Place, qui appartenait à ma grand-mère paternelle, avait été réquisitionné et il était occupé par deux rangées de chevaux cul à cul. Les litières étaient impeccablement tenues et pas un brin de paille ne traînait dans l’allée centrale. Un tas de fumier, monté au carré, trônait à l’entrée du jardin, à l’emplacement de l’extension de la mairie actuelle. Les soldats allemands nous offraient des bonbons et nous prenaient sur leurs genoux mais les adultes n'y tenaient pas du tout et s’y opposaient. Ils logeaient dans l’ancien hôtel également réquisitionné.
Bernard Meslier se souvient : « Des souvenirs j'en ai quelques uns en effet comme tous les gosses du bourg qui dès 1939/40 circulaient au milieu des troupes allemandes stationnées devant la porte de notre maison de la Société des Lilas sur la place, toute proche de chez ton grand-père « le Père Pierre »; En 1940 j'avais sept ans et je me souviens d'avoir suivi avec Serge Beaumont je crois, de jeunes soldats allemands qui nous avaient emmenés pour goûter à leur cuisine qu'ils préparaient dans d'anciens jeux de boules dans le jardin de ton grand-père; ce au grand dam de ma maman toute pleine des souvenirs affreux racontés de la précédente guerre et qui pensait bien qu’on nous avait certainement empoisonnés »
Il s’agissait de soldats autrichiens, précise Louis Maucourt.
Il n’y eut ni bombardement ni combat sur le territoire de la commune.
Le château de Pressiat, appartenant à Mme Veuve Robert Lafarge et situé en bordure de la R N 23 eut à subir les 19 et 20 juin 1940, l’intrusion d’un détachement de l’armée allemande qui mit au pillage le château et la basse-cour. Une vache Maine-Anjou de 6 ans et un taureau de 18 mois de même race, furent volés ainsi que 700 litres de vin rouge, 450 de vin blanc et 75 litres. d’eau de vie. (A M).
Louis Maucourt donne les précisions suivantes dans son ouvrage sur « Seiches-sur-le-Loir », p. 278 : Le 19 juin, après la rencontre à Suette entre le préfet et les Allemands vers 13 h 15 « une heure s’écoule avant qu’ un groupe important de cyclistes allemands ne fasse halte à l’entrée de Suette. Après avoir vidé une partie de la cave d’Etienne Rabouin et commis quelques larcins chez ses voisins, la troupe va cantonner au château de Pressiat, entre Seiches et Pellouailles » .
Il se commit quelques déprédations chez des particuliers et les Allemands firent procéder à l’enlèvement des fils de cuivre de la ligne électrique alimentant l’éclairage du bourg. (A M).

Selon les Archives municipales les Allemands séjournèrent ensuite à plusieurs reprises à Villevêque :
- du 14 juillet au 19 juillet 1940
- du 15 avril au 17 mai 1941
- du 19 mai au  11 juin 1941
- du 24 janvier au 29 janvier 1942
- du 6 février au 9 mars 1942
- du 9 mars au 9 juillet 1942, au château
- du 9 juillet 1942 au 15 juin 1944 au château
- du 30 juin au 10 juillet 1944.
- du 1er juillet au 22 juillet 1944, chez Mme Ve Pichard
M. Louis Maucourt signale en outre que « le 5 mai 1941, venant de Baugé et se dirigeant vers Segré, plusieurs compagnies de soldats à pied, suivies d’officiers à cheval, feront halte sur le champ de foire [de Seiches]. Les jours suivants, 130 s’installeront à Villevêque et 70 à Soucelles ». (in « Seiches-sur-le-Loir », p. 283.)
Début août 1944, la « Feldkommendantur » 595 d’Angers, adresse une lettre à la mairie, en allemand demandant « de bien vouloir aider l’armée de l’air pour le logement de 10 à 12 officiers et 150 sous-officiers et soldats ainsi que leurs camions. » Et la lettre se poursuit : « Comme logements nous avons en vue :
1- Ecole des filles et garçons ainsi que la maison d’habitation.
2- La maison de M. Grille Gaston.
3- Les chambres de la mairie sous-occupée exception pour le bureau de la mairie.
4 -La maison de M. Schoen, non compris une à deux chambres que les propriétaires peuvent habiter.[Il s’agit du château].
Toutes les chambres sont à réquisitionner meublées.
Après avis de l’unité allemande toutes les habitations et bâtiments qui seront pris, les réquisitions seront régularisées par la FK 595. » (cf A M).
Cette réquisition n’eut sans doute pas lieu car la Libération intervint le 11 août !

1940, le 25 juin : Saisies des armes et des munitions.

Elle intervint à partir du 25 juin 1940, date de signature de l’armistice, sur ordre des autorités occupantes.
Une note et une liste conservées dans les Archives municipales fait état des armes collectées suivantes :
fusils : ……………………………..174
revolvers :…………………………. 45
armes blanches :…………………… 6
cartouches :………………….. 12.000 environ.
Ces armes ont été déposées à Angers le 13 septembre 1940, à la caserne du Génie, au dépôt principal d’armes de chasse de l’administration militaire du district B.
D’ailleurs, sur un bout de papier griffonné au crayon de bois, un soldat allemand a établi un reçu en allemand que l'on peut traduire ainsi :
« Angers le 13 septembre 1940
Nous certifions par la présente que la localité de Villevêque a rendu les armes.
Pour la Feldkommandantur
A. soldat Winkel »
Tout le monde ne remit pas ses armes, mon grand-père par exemple dut cacher son fusil de chasse calibre 12; Après la guerre il remonta plus d'une crosse, dans sa forge sur des fusils de chasse qui avaient été cachés. Marcel Poitevin, de l’Audinais cacha aussi son fusil de chasse. (communication orale de son fils J. Poitevin).Certains, qui possédaient deux fusils, ne remirent aux Allemands que le plus vieux.

1940 : Un soldat noir caché dans les souterrains du château

M. Félix Meslier était le jardinier du château et son fils Bernard se souvient très bien que son père apportait des victuailles à un soldat noir, sans doute d'un régiment de tirailleurs sénégalais en déroute, qui est resté caché plusieurs jours dans les souterrains du château.

1940 : Les réfugiés

Combien furent-ils à passer ? Combien séjournèrent-ils quelque temps ? Combien s'établirent-ils pour la durée de la guerre à Villevêque ?
Les archives municipales conservent un document précis, un « état nominatif des réfugiés dans la commune », comportant au total 184 noms, dont 111 de sexe féminin. Cet état précise la date et le lieu de naissance, le sexe, l’adresse d’origine et la profession. Ces réfugiés proviennent pour plus de la moitié de l’Eure, du Val d’Oise et de Paris, selon le tableau qu’il a été possible de dresser ci-dessous.

OrigineNombreBelgique 5Paris 41Eure 39Val d’Oise 26Somme 14Nord 13Hauts de Seine 13Seine-Maritime 10Aisne 4Yvelines 6Seine-St-Denis 4Essonne 2Calvados 2Eure 1Oise 1Val de Marne 1Eure et Loir 1N p 1Total184(source : d’après les A M)

Le Directeur Urbain de la Défense Passive d'Angers, Trouillard reconnaît avoir reçu de la mairie de Villevêque 27 masques à gaz provenant des réfugiés.
Une liste de 14 noms conservée dans les Archives municipales correspond au dépôt à la mairie de 29 masques à gaz.(2 noms ajoutés par la suite).
- Famille de Marco............. .4
- Tanforté........................... .5
- Finet....................................2
- Singelée..............................1
- Winter.................................2
- Bernard...............................4
- Legrandais..........................2
- Pitiot...................................1
- Berthelot.............................1
- Calsat................................ .1
- Ve Gétraud.........................1
- Jeanneau........................... .1

Alexis Rontard, le garagiste de Villevêque « a beaucoup aidé les familles en 1940, il emmenait les réfugiés chez eux en Bretagne et dans le Nord de la France » (André Morisset).

Henri Fouqueron signale que 3 familles étaient réfugiées au Gadifais; deux venant d'Angers et une de la Somme.

Il n'y a pas de réponse précise à ces questions concernant le nombre des réfugiés mais simplement des bribes conservées dans les Archives municipales, sous forme de divers courriers adressés au maire.
Le 7 novembre 1940 la mairie du Pouliguen certifie que MM Joël et Patrick de Lamballerie y sont en tant qu'évacués, sans ressource. Et le 8 avril 1940 une lettre de la préfecture, service des réfugiés, avise le maire que le jeune Patrick Lamballerie a quitté la commune de Villevêque pour celle de Mazé. En conséquence le service demande de lui faire parvenir sa carte.[d'alimentation]
Au début des hostilités Mme Leblois, de Colombes (Seine) est venue comme réfugiée à Villevêque avec son fils André et sa fille. Elle est repartie au bout d'un mois avec cette dernière pour chercher du travail, laissant son fils en nourrice chez Mme Ve Hégu au bourg et souhaite percevoir l'allocation aux enfants réfugiés.
Le 28 janvier 1940 M. Cardot de Paris et ancien réfugié à Villevêque écrit pour signaler qu'il a été mobilisé à Rueil et que sa femme ne reviendra à Villevêque que dans un mois ou deux et il adresse ses remerciements : « Enfin ça ne vaut pas Villevêque aussi j'en garde un bon souvenir et vous remercie encore des bons services que vous nous avez rendus. En espérant des temps meilleurs... »
Le 30 janvier 1940 c'est M. Bourgeois, du Kremlin-Bicêtre (Seine) qui écrit à propos de ses enfants Jean et Jacques Bourgeois restés chez Mme Faudet, rue du Pavé; les enfants ayant quitté Villevêque le 27 janvier 1940;.
Mme Jahn, de Bagnolet (Seine) s'enquiert auprès du maire de savoir si elle continuera de toucher l'allocation des enfants réfugiés pour ses deux enfants en pension chez M. Cochet aux Varennes, lorsqu'elle recevra son allocation militaire.
Deux ménages de réfugiés belges évacués du pays de St-Mard près de Virton, dans la province de Luxembourg, Chapellier-Saussus Léon et Wathelet-Chapellier Louis, sont sans doute passés par Villevêque au cours de leur exode. Ils ont imaginé de demander au maire, de bien vouloir accepter d'être leur point fixe pour les correspondances avec leurs mobilisés, c'est-à-dire, leur transmettre leur adresse en Côte-d'Or. La demande est datée du 26 mai 1940, en provenance de Leuglay (Côte-d'Or), où ils viennent de s'installer, après quinze jours de marche, chez Mme veuve Bernard facteur. Ils donnent les adresses de 4 de leurs parents mobilisés de l'armée belge. Une nouvelle demande le 6 juin suivant ajoute plusieurs noms et ils s'inqiètent de n'avoir encore rien reçu des leurs.
La famille Martin-Leblois de Belgique, composée de Madeleine Leblois, son mari Maurice Martin et la mère de celui-ci, est restée 42 jours à Villevêque sans percevoir d'allocation. Elle est enregistrée depuis le 1er juillet 1940 au Comité des Réfugiés Belges à Poitiers où elle loge au palais de justice. Reçut-elle ses allocations ? Cette famille dut arriver vers la mi-mai à Villevêque.
La famille Henrard Emile et Léa sa femme née Tisserand, a été évacuée d'Origny-en-Thiérache (Aisne). Cette famille a reçu l'indemnité de seoours aux réfugiés versée par la mairie de Villevêque du 1er juin au 15 juillet 1940. A la date du 2 août 1940, ils sont encore sur le chemin du retour, à Argenteuil (Seine-et-Oise), attendant une attestation de la mairie de Villevêque.
Une femme Mme Odette Cadet, d'Amiens écrit le 22 septembre 1940 de cette ville pour demander une attestation de séjour à Villevêque du 26 ou 27 mai au 15 juin inclus afin de toucher une indemnité de retour. Elle logeait chez Melle Berthe Maline en compagnie de la famille Séqueval.
Une mère, Mme Victoire Nabrycha, résidant chez Mme Séqueval, à Caix (Somme) écrit le 15 juillet 1940 pour avoir des nouvelles de son fils Wladislas Nabrychi, sans doute réfugié au début avec elle et sa petite fille de 3 ans, à Villevêque mais dont elle n'a plus de nouvelles depuis qu'il est parti soldat le 20 juin. Elle-même étant partie entre temps en Bretagne pour travailler.
M. Séqueval réfugié dans la maison Brisset et habitant Caix (Somme) demande lors de son retour, une attestation du maire pour un ensemble de personnes, comme quoi celles-ci n'ont pas touché d'allocation durant leur séjour à Villevêque du 25 mai au 15 juin 1940.
Il s'agit de Séqueval Ernest, Georgette et Guy; Morel Lucie; Bouenval Pierre, Marie et Jean; Leroy Arthur, Irène et Hélène; Blondel Siméon; Caron Firmin et Armance.
Une femme, Mme Vandenbeuren et son bébé réfugiés à Angers, à l'institution St Julien écrit au maire pour le prier de contacter Mesdames Beulland, Lévier et Coufin, ses soeurs, réfugiées à Villevêque chez Melle ou Mme Lévier, afin qu'elles entrent en contact avec elle, si toutefois elles ne sont pas reparties à Bezons.
Trois femmes, Marcelle Titren-David, Bernadette Titren-David et Jacqueline Debrabant, évacuées de Lille, ont déposé début juin une demande d'allocation de réfugiés en mairie de Villevêque. Elles écrivent le 11 septembre depuis Murs où elles sont maintenant réfugiées pour avoir la suite de leur demande.
La mairie de Taugon (Charente-Inférieure) a établi le 20 juillet 1940 un certificat de réfugiée pour Mme Jacques née Joliet Marguerite et sa famille composée de deux personnes son fils et sa fille, comme quoi ils regagnent leur domicile parisien rue Fondary en passant par Villevêque et Dreux, lieux de leur premiers refuges. Une annotation marginale précise qu'ils sont arrivés à Villevêque le 23 juillet 1940.
Mme Antoine réfugiée, reçoit 45 jours d'indemnité à 5 francs par jour plus 72 francs d'indemnité de logement pour la même période et 31 journées à 10 francs en août 1940, plus 48 francs d'indemnité de logement pour le mois d'août, soit au total 655 francs.
M.et Mme Chantry reçoivent un bon de 300 francs de marchandises pour 6 personnes et le détail de leurs achats chez les différents commerçants du bourg figure au dos du bon.
Deux bons de 300 francs en date des 19 et 25 juin 1940 sont établis pour la famille Henrard de 6 personnes, à la Dionnière et le détail de leurs dépenses est consigné au dos du bon.
Le 7 mars 1942 le journaliste et écrivain Jules Bernex écrit de Villejuif au secrétaire de mairie pour se rappeler à son bon souvenir :
« Cher Monsieur Gaignard,
Nous voici bien arrivés... pour assister au monstrueux bombardement par les Anglais de Paris en paix avec eux, ville ouverte, presque sans D.C.A. Et sans « chasse ». A 300 m. à vol d'oiseau de notre bâtisse qui tremblait un chapelet de bombes a pulvérisé une dizaine de maisonnettes : plus de 150 morts et blessés. Ma femme a été très courageuse (nous ne descendons pas dans la cave), regrettant toutefois la calme sécurité de Villevêque, quittée à point.
Nous sommes en enclave entre l'Institut du Cancer et l'hôpital Brousse. Nos deux pièces, chambre et bureau, sont confortables, peints à l'ocre, ameublement moderne, de bon goût, eau chaude à la toilette et chauffage central qui marche. Service extrêmement aimable. Infirmerie modèle. Tous les docteurs et tous les soins. Ma femme examinée hier. On lui fera son appareil, plus, de nouveau, des rayons X et un traitement à base de vitamines. Moi, je le serai mardi. Par contre, la nourriture servie dans notre chambre, variée, bien cuisinée, est tiède ou froide (elle arrive de l'hôpital Brousse) et soumise aux restrictions parisiennes...
Mon travail d'écrivain à l'Institut du Cancer n'est pas encore précisé. Il se formera progressivement selon les besoins et les projets...
Voilà pour nous.
Je pense que, lundi, viendra chez vous le « joyeux » percepteur. N'oubliez pas mes dernières allocations. Et veuillez me les envoyer en mandat inclus dans une enveloppe.
Et toujours bonne paix, bonne santé, et, dans votre foyer, toute la joie que les circonstances permettent.
Croyez moi votre dévoué
Jules Bernex
Maison de Retraite
14 rue des EcolesVillejuif (Seine) ».

Etat numérique des réfugiés


En attendant de pouvoir consulter les réponses de la commune aux états demandés par la préfecture, j'ai collecté les brouillons de réponses suivants :

Les dépenses de la commune afférentes aux réfugiés

Jusqu'au 1er octobre 1939 : 1 530 francs, ce qui, sur la base de 8 francs par jour correspond à moins de 200 journées de séjour dans la commune.
Pour le mois d'octobre 1939 : 4 588 francs.


1940 : mi-mars : Hébergement d'enfants

Vers la mi-mars, la mairie fait passer un avis dans le Petit Courrier ainsi formulé : «  Les familles qui seraient désireuses d'héberger des enfants qui éventuellement doivent être repliés de la région parisienne, sont invitées à en faire la demande à la mairie dès que possible.
Une rétribution mensuelle de 240 francs sera assurée par enfant ».

1940 : Lettres de guerre d'un cavalier de Villevêque, lors de l'offensive allemande fulgurante de mai.

1940, le 15 mai
 « Sans doute es-tu sans nouvelles depuis quelques jours. Dans ma dernière lettre je te disais que, après avoir pris contact avec les bôches nous nous étions repliés assez loin en arrière, toute une nuit à cheval. La nuit suivante nous sommes partis à fond de train en face une trouée que les allemands avaient faite sur la Meuse. Une division de cavalerie, qui après avoir pris contact avec des engins blindés a été dispersée dans toutes les directions par l'aviation allemande, qui non seulement nous mitraille à 50 m. mais nous bombarde en même temps. Ca produit un effet lamentable, tous les chevaux sont affolés et se sauvent dans toutes les directions. J'en ai deux que j'ai dû lâcher après m'être retrouvé dessous avec tout mon barda. J'en ai trouvé un troisième que j'ai dû abandonner, ne voulant plus avancer. Et comme il y en avait par toutes les routes à plein galop, j'en ai pris un quatrième au vol pour traverser à toute charge un pays en feu. Il y faisait rudement chaud et pas très clair dans la fumée.
Le matin, ayant vu des artilleurs se cavaler en débandade après s'être fait ramasser leurs pièces par les Allemands qu'ils croyaient à 10 km. Ils [les Allemands] ont réussi à traverser la Meuse entre Sedan et Charleville avec une division motorisée et leur aviation qui mitraillent les arrières, ça produit un effet de panique indescriptible, surtout que nos avions de chasse ne les poursuivaient pas. Ils faisaient ce qu'ils voulaient. En voyant cette débandade, dont on n'a pas lieu d'être fier, j'ai cru que les Français n'avaient plus le courage de se battre. Non, ce n'est pas vrai, cette division blindée va s'anéantir d'elle-même sur le territoire français. Ses arrières vont être coupés et faute d'essence et de munitions ils seront anéantis.
On a l'impression que notre aviation ne nous protège guère, erreur, elle fait le même travail chez eux et arrive à notre secours car depuis quelques jours, la tactique allemande qui consiste à bombarder les arrières réussit pleinement à déclancher la panique et la frousse qui fait que tous se replient en débandade, surtout avec des chevaux à tenir, ils ont beau jeu.
Nous étions tous perdus dans la nature, à 8, un officier et un sous-of et surtout une carte Michelin. Nous avons rejoint Rethel où on ramasse les éléments épars pour les regrouper, après une nuit et un jour de route, en compote et les chevaux qui n'en veulent plus. Mais en faisant cette piteuse retraite dans toute...

(Cette lettre postée à Rueil-Malmaison le18 mai 1940 est arrivée à Villevêque le lendemain 19. Elle porte le cachet du vaguemestre du dépôt d'artillerie coloniale 821);

1940 ...mai, sans date précise, sur un bout de papier déchiré et qui était plié, car sans doute caché dans quelque chose à cause de la censure ?

« La cavalerie française ne pourra que baisser la tête parce que retardant d'un siècle. Nous avons rencontré des régiments de fantassins et de chars qui eux, ne les laisseront pas passer.
On arrive à avoir honte de cette cavalerie et s'il n'y avait eut un officier, j'aurai(s) abandonné mon cheval et mis sac au dos pour les suivre. Mais on a un officier qui a la « trouille » quand un avion dont il ne connait pas la nationalité nous survole à 5 ou 6 mille mètres, il est vrai après avoir été sonné comme on a été sonné par l'aviation, il y a de quoi, mais ça fait plus de bruit que de mal, certainement il y a des pertes mais je suis sûr qu'il y en a plus par notre manque de sang-froid que par ceux atteints directement.
Ils ont traversé la Meuse à Sedan mais c'est certainement le meilleur moyen de les avoir en les coupant de leurs arrières.
Courage et confiance malgré tout nous les aurons.
Tout ceci sont des choses que la censure ne laisserait pas passer par peur de la vérité, erreur nous avons besoin de vérité, on nous a assez bourré le mou.
Je ne sais si on retrouvera un jour notre régiment de cavalerie, en tous cas je suis prët à faire mon devoir car il y en a beaucoup qui ne le font pas. Confiance et courage, tel doit être notre devise présente et nous les aurons certainement ».

1940, le lundi 20 mai
« Hier soir j'ai reçu ta lettre du 16, tu vois, elles ne mettent pas tellement plus longtemps, mais je crains que les notres ne partent aussi vite...Depuis trois jours, nous nous reposons ici mais il va falloir bientôt partir, où, nous n'en savons rien. Donc à la grâce de Dieu toujours.
Ce matin j'ai vu M., il a des nouvelles de M-T. Sans doute sa famille est-elle évacuée car maintenant la poussée se fait beaucoup plus au nord. Il semble qu'en face, ici, ils aient été repoussés car le canon s'est bien éloigné. Gamelin vient d'être relevé de ses fonctions à la suite de ce qui vient de se passer sans doute.
On vit sans rien savoir, perdus dans la nature. Quelle vie mon Dieu, acceptez nos sacrifices pour le salut de la France... »

1940, le mardi 21 maintenant
« J'ai reçu hier soir ta lettre du 17. Tu vois, elles nous parviennent quan même. Je pense qu'il en est de même des notres.
Toujours beau temps, depuis trois jours que nous sommes ici nous allons changer de coin.
C'est plus calme par ici maintenant, c'est-à-dire du côté de Sedan, on n'entend plus le canon et les violentes détonations des jours précédents. Maintenant la bataille se passe beaucoup plus au nord, dans l'Aisne et le Nord. Les pays où nous étions au début de la guerre sont envahis. Les unités blindés s'avancent rapidement sur les routes dans toutes les directions, souvent très loin mais l'infanterie qui les suit se fait accrocher par la notre assez sérieusement. Maintenant la résistance doit être organisée sérieusement, mais on ne doit pas dire dans les journaux par quels moyens les bôches sont rentrés en France et la désorganisation qui a suivi avant de pouvoir les arrêter.
Depuis trois jours que nous sommes ici en demi repos nous ne sommes pas embêtés. On soigne nos chevaux, on mange et on dort, quand nous serons vraiment au repos nous serons autrement embêtés mais sans doute mieux nourris, car c'en est fini de la « nouba ». Nous ne vivons que de conserves et de mauvais vin que nous apporte la roulante la nuit. Enfin, quand on ne peine pas trop comme ces derniers jours, ça va quand même.
Nous allons sans doute voyager toute la nuit à cheval car le jour on risque d'être repèrés, bombardés et mitraillés à outrance.. »

1940, le 23 mai
« Nous avons passé une journée assez mouvementée sous le bombardement qui dure depuis hier. Notre artillerie tire sans cesse. Le régiment est en ligne derrière le canal des Ardennes où l'ennemi veut passer mais n'y réussit pas. La bataille a fait rage toute la nuit dernière et toute la journée d'aujourd'hui. Avec nos chevaux nous sommes à une dizaine de km du régiment, camouflés dans les bois mais près de nos pièces d'artillerie qui, étant plus ou moins repèrées nous attirent des obus par ci par là. J'espère que le régiment sera bientôt relevé afin que nous sortions un peu de dessous les canons. Je suis toujours à proximité de M.. Nous voyons plusieurs fois par jour. Il vient de m'appeler pour me faire partager une bonne bouteille qui lui est venue par le Ravitaillement; Tous les deux on a très bon moral. M. n'en perd pas le sommeil du tout et il m'arrive souvent d'aller le voir et de le trouver tranquillement en train de dormir. Comme nous, ayez confiance, nous reviendrons près de vous, ce cauchemar passera.... »

1940, le 10 juin
« Je te viens en cette soirée étouffante de chaleur. Nous sommes toujours au même endroit mais beaucoup moins tranquilles depuis hier que l'aviation a bombardé tout autour de nous et recommencé aujourd'hui.
C'est vraiment déprimant d'être ainsi « canardé », et par l'aviation et par l'artillerie. Enfin nous avons quand même le courage de rire quand c'est passé ce qui fait que nous avons bon moral malgré tout. Voilà un mois que c'est commencé et nous n'avions rien vu malgré tout. »

Cela devait se terminer par la capture et l’envoi en Allemagne comme prisonnier de guerre.

Le carnet à souches des réfugiés conservé en mairie

Son dépouillement illustre les mouvements de population que la guerre a produit. Hormis ceux qui séjournaient déjà à Villevêque et qui demandèrent le renouvellement de leur carte d'identité (CI), la quasi-totalité de ces réfugiés-ci sont venus de Belgique, entre le 22 mai et le 3 juin 1940

Nom
prénomDate de naissanceLieu de naissanceNationalitéprofessionCarte d'identitéTalon : informations y figurantRyondroosky
Eugène02/03/1904KhodyvangRefugié russeChauffeur à Rouillon29/08/1934
CI n° 33AE41458 (remplacement)Vandenbussche
Albert François Joseph22/09/1916Villemoisson
(49)BelgeSans
(laiterie Villevêque)08/04/1939
demande de CIPauletti née Pitiot Odette27/06/1911BicètreItaliennesansRenouvellement CI n° 34925 du 27/03/1939Vandenbussche
Oscar28/04/1896HerpinBelgeComm. Laitier
VillevêqueRenouvellement CI 30/11/1939 34CC51870Vandenbussche
Albert François Joseph22/09/1916VillemoissonBelgeVillevêqueDemande CI 24/01/1940 n° 37611A 41 654Closset Rodolphe Gilbert23/07/1897PepinsterBelge
(venant de Crainnheim Représentant Commerce
Malièvre (Villevêque)Demande CI 21/05/1940Jongmans Simonne Jenny épouse Closset06/07/1905LilleBelgeSans (réfugiée)
Malièvre (Villevêque)Demande CI 21/05/1940Delplace Victor 07/12/1883Tubize (B)Belge réfugié venant de BruxellesEntrepreneur chez Mme Ve Delavigne22/05/1940Delplace née Dupont Juliette20/08/1897TrazegniesBelgeSans chez Mme Ve Delavigne22/05/1940Dupont Anna24/08/1889 '' '' '' ''Fillée Jean Victor Léopold04/09/1900CharleroiBelgeJournaliste
Les Quais (Villevêque)23/05/1940Mauyen Adeline Marie04/03/1903HazinelleBelgeProfesseur école moyenne
Les Quais Villevêque23/05/1940Haulotte Arthur04/12/1875IxellesBelgeExpert Immeubles chez
M. Belliard (Villevêque23/05/1940Haulotte née Vandewelde Mémanie Josephe Marie14/08/1888 DiestBelgeSans Rue Neuve
Villevêque23/05/1940Piasecki Marianna28/01/1913RecklinghousenPolonaiseReligieuse Les Quais
Villevêque23/05/1940 renouvellement
CI n° 35CL 56164 à RoubaixDiffrang Marcel09/12/1892DinantBelgeChef de service Rue St-Pierre Villevêque24/05/1940Bailleux Ve Tillée Marthe Aline16/02/1876CharleroiBelgeLes Quais Villevêque26/05/1940Olislager Simone20/11/1914IxellesBelgeEmployée, Rue St-Pierre Villevêque26/05/1940Lavallée Emile 31/07/1883St-Mard (B)BelgeAjusteur, maison Chailloux Villevêque26/05/1940Saussus femme Lavallée Florence21/06/1885 '' '' '' ''Lavallée femmeBertrand Marthe06/04/1908 '' '' '' « Lavallée épouse Helloy Lina26/12/1911 '' «  '' '' ''Martin Maurice22/01/1887 Virton '' '' ''Leblois épouse Martin15/07/1897VillevêqueBelge '' ''Gambinais Ve Martin Josephine06/12/1861VirtonBelgeSans '’ « RécépissésBouffioux Joseph Gislain08/04/1899St-AmandBelgeCultivateur réfugié à Pressiat (Villevêque)31/05/1940Mme Bastrin née Bouffioux Irmaz01/08/1901TougrinneBelgeCultivatrice réfugiée de Bruxelles à Pressiat31/05/1940Bellec Yvette Marguerite Georgette05/12/1913BruxellesBelgeEmployée, réfugiée bourg de Villevêque31/05/1940Lisent Jacques15/05/1917Leuze (B)BelgeEtudiant maison Toussaint Villevêque03/06/1940Lainal Alphonse29/07/1900Etterveck (B)BelgeIngénieur arrivé à Malièvre Villevêque le 04/05/194003/06/1940Blampain Paul Auguste26/07/1885ThuinBelgeArmateur fluvial Les Quais Villevêque03/06/1940Source : Archives communales


1940, mi-mars : Récupération des ferrailles

La mairie fait passer l'avis ci-dessous dans « le Petit Courrier » :
« Le Maire de Villevêque informe ses administrés que des centres de ramassage de ferrailles sont établis dans la commune aux endroits ci-après :
Au bourg, sur le Mail;
gare de St-Sylvain-Briollay et chez M. Supiot Joseph;
gare de Villevêque-Corzé.
Il invite les habitants à se dévouer à cette campagne de récupération en abandonnant le prix de vente, fixé à 15 francs les 100 kilogs, à l'oeuvre du Secours National et en déposant leur ferraille aux endroits indiqués avant le 26 mars prochain ». (in le Petit Courrier, vers la mi-mars 1940).

Création de la Légion Française des Combattants

1940, le 18 novembre une lettre circulaire annonce que toutes les associations de Mutilés, Réformés, Veuves de Guerre, Ascendants Orphelins et Anciens combattants sont dissoutes par la loi du 29 août 1940. Leurs biens meubles et immeubles seront dévolus au nouveau groupement appelé « La Légion Française des Combattants ».


1941 : Réquisition des véhicules automobiles

Le véhicule de M. Bodusseau a été concerné.
Dès octobre 1940 la circulation des véhicules automobiles avait été sévèrement réglementée. Seules les professions prioritaires (médecins, commerçants…) avaient reçu une autorisation et des bons d’essence.
Un laisser-passer (« Ausweiss » en allemand) était nécessaire pour circuler dans un rayon de 50 km maximum. Il devazit être apposé sur le pare-brise et était délivré par les autorités d’occupation.

1941 : « Ordonnance du 13 août 1941 portant confiscation de postes de T.S.F. appartenant aux Juifs ».

En vertu des pleins pouvoirs qui m'ont été conférés par le Fürher und Obersteter Befehlshaber der Wehrmacht j'ordonne ce qui suit :
§1.
1) Il est interdit aux juifs d'avoir des postes récepteurs de T.S.F. En leur possession.
(2) Les juifs ayant des postes récepteurs de T.S.F. En leur possession devront les remettre jusqu'au 1er septembre 1941, contre récépissé, au maire (autorité locale de police) de leur domicile ou de leur résidence permanente. dans le département de la Seine à la Préfecture de police ou dans les commissariats d'arrondissement.
§ 2;
(1) Celui qui en contravention aux dispositions de la présente ordonnance, aura des postes récepteurs T.S.F. En sa possession, sera puni d'emprisonnement et d'amende ou de l'une de ces peines, à moins que, d'après d'autres dispositions, une peine plus sévère ne soit encourue.
(2) Les postes récepteurs de T.S.F. seront confisqués, même s'ils n'appartiennent pas au possesseur.
§ 3.
La présente ordonnance entre en vigueur dès sa publication.
Der Militärbefefehshaber in Frankreich;

Cette ordonnance ignominieuse a été publiée dans le V.O.B.I.F., journal officiel bilingue allemand-français contenant les ordonnances du Militärbefefehshaber in Frankreich et dont plusieurs exemplaires dont celui n° 39 du 22 août 1941, sont conservés dans les Archives communales. Elle marque le début d'une répression atroce et planifiée contre les Juifs.

Une circulaire du préfet, en date du 4 septembre déclare « En conséquence, toute personne de race israélite, résidant dans le département de Maine-et-Loire, devra déposer à la mairie de son domicile les appareils de réception radiophonique qui seraient en sa possession ».
Et le 19 septembre suivant le maire délivre un « reçu n° 1 », « reçu de Rotzuld Salomon, à Villevêque, un appareil de TSF marque Philipps », appareil dont la préfecture accuse réception le 10 octobre. (cf A.M).
Nous retrouverons malheureusement plus bas ce nom à propos de la déportation des Juifs de Villevêque.

1942, 1943, 1944 : les réquisitions des chevaux par l’armée allemande

Les autorités d’occupation font réaliser par les mairies un recensement des chevaux nés avant le 1-1-1940. La liste nominative comporte 215 chevaux de plus de 3 ans et 15 de moins de 3 ans. Outre les noms et prénoms des propriétaires, leurs adresses et la superficie qu’ils cultivent, figurent l’âge de l’animal, son sexe et la couleur de sa robe, et parfois son nom.
Une première présentation des chevaux de Villevêque, à la mairie d’Angers est convoquée pour le 27 juillet 1942, avec la présence obligatoire du maire ou de son représentant, responsable de la présentation complète. Le télégramme du préfet, en date du 25 juillet, est ainsi rédigé : « Vous informe contrôle français interviendra pour présentation chevaux requis. Sanctions suivront. Informez cultivateurs ». (A M).
Apparemment une quinzaine de chevaux de la commune sont requis. Comme on peut le constater ci-dessus, toutes ces opérations, au profit de l’armée allemande, sont , « orchestrées » par des circulaires de la préfecture.
Une seconde présentation est convoquée pour le 21 octobre 1942, à la mairie d’Angers.
Une troisième présentation des chevaux de la commune a lieu le 1er mars 1943 à Briollay, après un nouveau recensement des chevaux par l’Autorité occupante en début d’année.
La quatrième présentation aura lieu à Angers le 28 février 1944.
J’ai conservé, à ce propos, le souvenir d’une voisine de la Raverie, Mme veuve Vincent, que nous appelions la Mère Vincent et qui, la veille d’une de ces réquisitions, enfonça sous nos yeux de gamins étonnés, un oignon dans l’anus de sa jument pour, disait-elle, éviter qu’elle soit réquisitionnée ! Bien entendu, on ne devait rien en dire.



Le Service de la Défense Passive

Ce service fut actif, principalement au début et à la fin de la guerre;
La commune de Villevêque relevait alors de :
1°) la Brigade de Gendarmerie de Tiercé
2°) du Centre annexe des Sapeurs-pompiers de Villevêque
du Centre secondaire de Seiches-sur-le-Loir
du Centre principal d’Angers (et primitivement de Baugé)
3°) du Bureau téléphonique de Villevêque

1941 : Renseignements sur les engins incendiaires aériens susceptibles de détruire par le feu les récoltes et les forêts, note diffusée par la Direction de la Dépense Passive de la Préfecture, à la suite de la circulaire ministérielle du 7 mai 1941.

Il s’agit de petites plaquettes de celluloïd, très légères qui, jetées d’avion sont destinées à provoquer des incendies.
Un accident est relaté à Mazé. Il s’est produit avec une plaquette au phosphore le 3 juillet 1944. Selon le rapport de gendarmerie daté du 5 juillet « Leblanc Claude, 10 ans (brûlé gravement aux cuisses et à l’abdomen par une flamme projetée sans diute par une plaquette incendiaire ». Il sarclait des pêchers à la Hunaudière, à St-Georges du-Bois. Il demeure à Duigné, commune de Mazé.
Source A D 49 23 W 4 « Rapports de gendarmerie transmis au préfet 1942-1044 »)

1941, le 15 juin : Arrêté préfectoral instituant à partir du 1er août, dans chaque commune un service de surveillance et de lutte contre le danger incendiaire aérien des récoltes.
Les maires sont délégués pour cette mise en oeuvre

1941, le 17 juin : Instruction préfectorale sur le recrutement et sur l’utilisation du personnel nécessaire à la protection des récoltes…
Le maire a le pouvoir de créer des équipes de premier secours, par voie volontaire ou par voie de réquisition civile, ce qui fut le cas à Villevêque et de choisir le Chef d’Equipe de la Défense Passive. Ceux-ci reçoivent une rémunération sous forme de vacation horaire 2, 50 francs pour les hommes et 3, 50 francs pour le chef d’équipe.

1941, le 9 juillet : Arrêté du maire nommant M. Louis Barré Chef de l’équipe de Défense Passive

« Le Maire de la commune de Villevêque
Vu la loi du 11 juillet 1938 sur l’Organisation générale de la Nation en temps de guerre.
Vu l’article 3 de l’arrêté de Monsieur le Préfet de Maine-et-Loire en date du 15 juin 1941.
Arrête :
Article 1er – Monsieur Barré Louis, né à Soucelles le 22 janvier 1903 , Adjudant-chef retraité à Villevêque, est nommé Chef de l’équipe de Défense passive.
Article 2 – M. Barré sera responsable de la discipline et l’instruction de son équipe. Il devra après chaque incident grave adresser par mon intermédiaire un rapport au Directeur Départemental de la Défense passive.
Fait à Villevêque le 15 juillet 1941
Le Maire : A. Foin.
Vu pour exécution immédiate Angers, le 24 juillet 1941
Le Préfet,
Pour le Préfet et par délégation le Directeur Départemental de la Défense Passive
D. Barot »

1941, le 22 juillet : Les personnes requises par le maire de Villevêque, délégué par M. le Préfet, pour servir dans la Défense Passive rurale en qualité de « requis civil ».



1941, le 31 juillet : Organisation de la Défense Passive (des récoltes) à Villevêque

I - Organisation territoriale
Conformément à la circulaire N 6 154 D 2/2 du 7 mai 1941 la commune de Villevêque est divisée en six secteurs de surveillance.
secteur I - Goualan (L’Aumônerie)
Délimité au nord par le Loir (commune de Briollay), à l’ouest par la commune d’Ecouflant, au sud par la commune de St-Sylvain, à l’est par la voie ferrée Angers au Mans et le chemin du Brosset.
secteur II – Sallais (le Hutreau)
Délimité au nord par le Loir (commune de Briollay et de Soucelles), à l’ouest par la voie ferrée Angers au Mans, au sud le chemin du Brosset au bourg de Villevêque, à l’est par la route de Soucelles à Villevêque.
secteur 3 – Drouin H. [remplacé par] Leroyer Maurice (Fayet)
Délimité au nord par la route de la Dionnière à Villevêque depuis le Brosset jusqu’au bourg, à l’ouest par le chemin du Brosset et la commune de Pellouailles jusqu’à la ferme du Landreau, au sud par le chemin des Humeaux et à l’ouest par la route de Villevêque à Pellouailles du bourg aux Reuniers.
secteur IV – Changion (La Barre)
Délimité au nord par le Loir (commune de Soucelles) jusqu’au Port-Terreau, à l’ouest par la route de Villevêque à Pellouailles jusqu’aux Reuniers, au sud par le chemin des Reuniers, le chemin de la Ranjardière et le chemin du Pâtis d’Amigné et à l’est par la commune de Corzé.
secteur V – Sallé (Touraine)
Délimité au nord par le chemin des Humeaux, le chemin des Reuniers, le chemin de la Raujardière et le chemin du Pâtis d’Amigné, à l’ouest par la commune de Pellouailles, au sud par la commune de Pellouailles et le chemin de Blitourne, à l’est par la route de Paris (du chemin de Blitourne à Corzé) et par la commune de Corzé entre le chemin du Pâtis d’Amigné et la route de Paris.
secteur VI – Bédane (Mallièvre)
Délimité au nord par le chemin de Blitourne et la route de Paris, à l’ouest par la route de Villevêque à Pellouailles (depuis Blitourne), au sud par les commune du Plessis-Grammoire et d’Andard, à l’ouest par la commune de Corzé.

II – Organisation des personnels
Chaque chef de secteur disposera du personnel ci-après :
secteur I : Crochet P., [ Chauvat, biffé], Salmon
secteur II : Phocas, Poitevin P., Baron L., Ganne
secteur III : Repussard M., Guilleux, Derouin M.
secteur IV : Hergué Eug., Briselin, Chardon
secteur V : Dauvillon, [Greffier, biffé], Gauteret
secteur VI : Drouin Abel, Huet M., Cosneau P.
En cas d’indisponibilité (absence ou maladie), ils seront nominativement remplacés par :
Secteur I : Salmon
Secteur II : Phocas
Secteur III : Repussard M.
Secteur IV : Briselin
Secteur V : [ Greffier, biffé]
Secteur VI : Drouin Abel

III – Fonctionnement
– Dès que l’alerte sera donnée à la mairie, le secrétaire fera prévenir par ordre d’urgence
le sonneur de cloches [qui devait être le sacristain Charles Boisard]
le chef d’équipe de la Défense Passive et son remplaçant [Louis Barré et René Brisset]
le Maire et le garde-champêtre [Alexis Foin et Joseph Nail]
la gendarmerie de Tiercé
le commandant de la compagnie des sapeurs-pompiers communale [Menant]
le cas échéant, il téléphonera au Centre secondaire des sapeurs-pompiers de Seiches et au Centre principal des sapeurs-pompiers d’Angers [Baugé, biffé]
Le chef d’équipe se rendra à la Barre près du chef du secteur IV Changion vérifier si l’ordre suivant a été ou n’a pas été exécuté (le son de cloches n’ayant pas été entendu).
Le nommé Hergué (secteur IV) ou en cas d’indisponibilité le nommé Dauvillon (secteur V) se rendra alerter le secteur III (Drouin) et les secteur II (Sallais) et rendra compte à son retour à la Barre qu’il a donné l’alerte, du secteur II sera chargé personnellement d’alerter le secteur I (Gouallan). Changion du secteur IV alertera Sallé (secteur V) et ce dernier alertera Bédane (secteur VI).
Dès que le secteur assigné aura été vérifié, chacun des 6 chefs de secteurs ou son remplaçant rendra compte aussitôt à la mairie.

IV Diffusion des Renseignements sur les engins incendiaires
Chaque chef de secteur préviendra dès qu’il aura eu connaissance de l’organisation de la Défense Passive, tous les propriétaires ou fermiers exploitants de son secteur des faits suivants :
existence éventuelle de plaquettes carrées en celluloïd 5 x 5 cm, de 5 à 10 g. contenant du phosphore pour provoquer incendie.
danger de manipulation, soulever l’engin avec un outil à long manche et le plonger dans un récipient rempli d’eau. Au cas ou l’on ne possède pas d’outil le recouvrir de terre et faire une remarque avec un piquet.
prévenir le chef du secteur ou le secrétaire de mairie.
Pour renseignements complémentaires, les principes de protection des récoltes contre le danger aérien sont à la mairie, à la disposition de chaque cultivateur. (compartimentage, contre-feux etc.)

V Mesures préventives et renseignements divers
Chaque cultivateur détenant une tonne est tenu de l’avoir constamment pleine d’eau (à moins qu’il ne soit en train de s’en servir ou que ce soit en hiver), pour prévenir l’incendie.
Les plaquettes découvertes jusqu’ici ne sont dangereuses au point de vue toxique que sous le vent ; il suffit donc de se tenir à contre-vent.
Fait à Villevêque le 31 juillet 1941 L. Barré »

Avis placardés

1942, le 12 mai : Etat Français - Défense Passive
Arrêté préfectoral, préfet délégué P. Daguerre
Cet arrêté concerne surtout les zones urbaines, toutefois l’article VI porte sur la protection des récoltes et des forêts et invite les maires des communes rurales à organiser cette protection en référence à l’arrêté préfectoral du 15 juin 1941, ce qu’avait fait la commune de Villevêque dès le 31 juillet 1941. (Voir ci-dessus).
Des «  instructions complémentaires à l’usage de la population » sont données par le Dr Barot, directeur départemental de la Défense Passive et jointes à l’arrêté. Il rappelle : « La période de demi tranquillité dans laquelle nous vivions depuis septembre 1940 a fait perdre de vue à beaucoup d’entre nous, particulièrement à la jeunesse, que nous étions toujours, bon gré mal gré, en guerre ».
Il attire l’attention sur l’intérêt des caves et des tranchées pour se protéger des bombes explosives, d’où la nécessité de les interconnecter et de les conforter.
Enfin il souligne la nécessité de mettre en action immédiatement les équipes de la Défense Passive.

1942, le 12 juin : L'adjudant-chef Louis Barré organise la répartition de la population du bourg entre les différentes caves-abris du bourg.

Barré était un ancien adjudant-chef en retraite qui habitait le haut du bourg, près du château. Il avait une forte voix et avant la guerre assurait la préparation militaire élémentaire des jeunes gens de Villevêque et Soucelles. Parlant allemand, il servit aussi d'interprète et fut nommé chef de l'Equipe de Défense Passive de la commune de Villevêque, sous les ordres de la Direction Départementale de la Défense Passive, avec René Brisset comme adjoint.
Il fut naturellement chargé d'une tâche nouvelle, relevant de la « défense passive » des populations : inventorier les caves et organiser la répartition des habitants du bourg entre les différents abris.
L’avis ci-dessous fut affiché pour informer les habitants d’avoir à rejoindre telle ou telle cave en cas d’alerte.

Renvoi 1 : En cas d’alerte de jour d’école, les enfants de l’école libre seront transférés dans la cave de Mme Delavigne sous la direction de la Soeur directeur d’école.
Renvoi 2 : En cas d’alerte de jour d’école, les enfants des écoles communales seront transférés dans les caves du château sous la direction de M. et Mme Poperen.

Toute personne habitant le bourg et ne possédant pas de cave non indiquée sur le présent état sera tenue de se réfugier dans les caves du château.
Fait à Villevêque le 12 juin 1942.
Barré ».

Les caves-abris furent peut-être numérotées car un numéro 26 peint à la chaux est encore visible en 2004, rue St-Pierre.

1942, le 15 juillet : Etat Français - Défense Passive – Arrêté du Préfet Régional de la Région d’Angers, Jean Roussillon
Cet arrêté porte :
1° sur «  l’obscurcissement nocturne »
- Obligation d’obturer avec des rideaux ou caches opaques toutes les ouvertures, « pendant les heures de camouflage publiées chaque semaine ».
- Obligation de munir les lanternes et phares d’autos, voitures [hippomobiles] et cycles de caches opaques du type imposé.
- Obligation d’employer exclusivement la lumière bleue (éclairage intérieur des vestibules, autos, wagons…panneaux de signalisation, lampes de poche, en dehors des alertes.
- Interdiction de tout éclairage extérieur par lampes ou rayons blancs
Interdiction de toute publicité lumineuse, de tous signaux lumineux et feux de plein air.
2° - en matière de protection collective et individuelle
3° - en matière de sécurité générale
4° - en matière de protection des récoltes et forêts
.....
C'est ainsi que du papier bleu fut collé sur les vitres.

1944, le 12 juin : « 0rganisation de la Défense Passive

En cas d’alerte donnée par le sonneur de cloches
1°) Les personnes possédant une cave descendront dans leurs abris munies de pelles, pioches, seaux pleins d’eau, toile ou drap imprégné d’eau de chaux pour boucher les entrées des caves et des soupiraux.
Avoir en permanence chez soi un jour de vivres de réserve et un moyen d’éclairage autre que le courant électrique à sa disposition.
2°) Les personnes ne possédant pas de cave devront se rendre dans les caves indiquées munies de couvertures, un jour de vivres de réserve, pelle ou pioche (voir liste ci-jointe).
3°) La ligne électrique sera coupée dès qu’un incendie aura éclaté dans le bourg, par les soins du capitaine des pompiers.
En cas d’incendie, toute personne valide, de même que tout animal ou matériel disponible sera requis d’office (chevaux, tonnes, seaux, etc.)
Au cas où l’incendie prendrait une extension grave, prévenir le pompiers dans l’ordre ci-après :
a) Seiches (prévenir le Cdt des Pompiers par l’intermédiaire du Receveur de Seiches ou de l’abonné remplaçant le Receveur le dimanche après 11 heures)
b) Angers, n° de téléphone 43 65
Le secrétaire de mairie, le Receveur des PTT, le docteur et le vétérinaire sont requis sur place en cas d’alerte.
Le garde-champêtre avec 4 hommes du bourg sera chargé de l’équipe sanitaire, sous les ordres du médecin, pour transporter le cas échéant, les morts et blessés. Il disposera à cet effet des brancards placés dans le réduit sous les tilleuls au haut du bourg.
Fait à Villevêque le 12 juin 1942.
L. Barré »

1944, le 30 juin : «  Défense passive, Avis aux habitants pour creuser une tranchée-abri »

Etant donné les circonstances actuelles et en exécution de la Circulaire Préfectorale sans numéro du 20 juin 1940, il est recommandé aux habitants de Villevêque, bourg et campagne, permanents et temporaires, de creuser une « tranchée-abri » familiale, largeur maxima 1 m, profondeur minima 1m 50, longueur suivant le nombre de personnes à abriter, recouverte de rondins et de 30 à 40 cm de terre pour se mettre en sécurité en cas de danger immédiat.
Mettre à l’intérieur de la tranchée, pelle, pioche, éclairage de fortune, 2 jours de vivres, couvertures, masques à gaz le cas échéant.
Fait à Villevêque, le 30 juin 1944
Le chargé de la Défense Passive
L. Barré
N.B. La « tranchée-abri » doit être distante de 8 mètres de tout mur d’habitation. »

C'est ainsi qu' à la forge de la Raverie, une tranchée fut creusée dans le « chantier » où séjournaient les outils agricoles et les charrettes en attente de réparation. Cette tranchée n'eut pas heureusement l'occasion de servir et elle fut comblée immédiatement après la Libération.

1944, le 22 juillet : « Ausweis » , permis de circuler pour les gardes de la Défense Passive dans la commune de Villevêque.
Ce permis de circuler bilingue est délivré en blanc. Il expire le 30 septembre 1944.
Il est signé Saharpansel, Conseiller militaire d’administration, à Angers par délégation du Feldkommandant
(voir illustration).

1944, le 23 juillet : Arrêté du préfet Ch. Bonati
Cet arrêté classe la commune en catégorie B. et délègue au maire son droit de réquisition d’ occupation et d’usage des immeubles ou terrains nécessaires à l’établissement d’abris ou de tranchées de protection et aussi de requérir temporairement toute personne nécessaire aux secours.
.
1944, le 29 juillet : Compte-rendu de la Défense Passive au sujet de la protection des récoltes :

« Le Maire de Villevêque a l’honneur de vous rende compte des mesures suivantes prises sur le territoire de la commune pour la défense contre l’incendie des récoltes.
1° ) la commune est divisée en six secteurs ayant chacun à leur tête un homme de la Défense Passive, chaque chef de secteur a deux adjoints.
2°) tous les cultivateurs ont été prévenus des moyens pour combattre l’incendie des récoltes, en particulier pour éteindre les tablettes phosphoriques ; de plus pendant la période d’été chaque cultivateur doit avoir constamment sa tonne remplie d’eau par mesure préventive.
3°) les instructions précédentes au sujet de la Défense Passive ont été commentées de nouveau aux chefs de secteurs pour être diffusées aux cultivateurs.
4°) des rondes seront effectuées la nuit une fois par semaine dans chaque secteur pendant la période d’été ; l’itinéraire et l’heure étant délivrés le jour même de la ronde par le garde-champêtre. Ce dernier remet à l’homme désigné le permis de circuler après le couvre-feu et l’autorisation du Maire. Le lendemain les chefs de secteurs envoient les compte-rendus « écrits » indiquant l’heure de ronde, l’itinéraire, les événements survenus et les remet à la mairie.
5°) le contrôle des hommes de la Défense Passive sera assuré par le chef local de la Défense Passive suivant les indications données par Monsieur le Maire.
6°) en cas de sinistre le chef de secteur envoie directement prévenir le chef local de la Défense Passive, le Maire et le chef des sapeurs-pompiers ; le cas échéant l’alerte est donnée aux pompiers de Seiches et d’Angers.
7°) il est matériellement impossible à la commune de Villevêque d’organiser un service « plus efficace » étant donné qu’elle doit fournir journellement une garde de 4 hommes de jour et 12 hommes de nuit à la gare de St-Sylvain-Briollay.
8°) le service de la Défense Passive commencera à Villevêque le 1er août 1944.
Fait à Villevêque le 29 juillet 1944

Le Maire, signé Foin

Le Chef local de la D. P. signé Barré

Renvoi (1) Sur l’original était indiqué « le garde-champêtre envoie les compte-rendus », en réalité ce sont les intéressés qui feront parvenir le C R à la mairie. »

1944, le 30 juillet : Organisation des rondes de la Défense Passive et résultats

La dernière colonne de droite correspond aux rapports écrits que les chefs de secteur firent après leurs rondes programmées, à la mairie, et qui sont conservés dans les archives municipales. Il ne se passa rien et celles-ci cessèrent vraisemblablement le 14 août, après le passage libérateur des soldats Américains et des F.F.I. le 12 août.


Par la suite un décalage d’une unité se produira ainsi qu’un décalage d’heures la semaine suivante sera ainsi assuré.


La semaine suivante le secteur III commencera le mardi 15/8 et ainsi de suite.
A Villevêque le 30 / 7/ 1944
L. Barré »

Cette belle organisation des rondes ne fonctionna à peine que deux semaines car les Américains arrivèrent à Villevêque dans la nuit du 11 au 12 août 1944.


1942, été, un groupe d'enfants parisiens reçus dans les familles; témoignage

Ils arrivèrent et repartirent par le train, à la gare de St-Sylvain-Briollay. Voici la lettre de remerciements qu'adressa une jeune fille de Saint-Prix (actuel département du Val-d'Oise), quelques mois après son retour dans sa famille. Elle est un témoignage concret sur les difficultés d'approvisionnemnt de l'époque, beaucoup plus durement ressenties en ville qu à la campagne.

« Saint-Prix le 1er novembre [1942]
Chère Madame C;
Je vous prie Madame C. d'être indulgente à mon égard et d'excuser mon long silence. Pourtant croyez-moi, il ne se passe pas de jours où nous ne parlons de vous et de votre petite famille. Maintenant que je suis près de mes parents il y a des moments où il me serait agréable d'être transportée tout d'un coup à Villevêque d'où j'ai gardé un très bon souvenir. J'espère que vous ne vous ressentez plus de la fatigue et des soucis que je vous ai causé lors de mon séjour à Villevêque; car malgré tout, je sais bien que j'ai été pour vous un surcroit de travail.
Comment se porte tout votre petit monde ? Et ces boutons guéris sans doute à ce jour ? Le bras de R guéri aussi ? (moi mes boutons n'ont pas eu de suite et ma jambe est guérie).
J'espère Madame C. que les nouvelles de votre cher prisonnier sont excellentes et que sa santé est bonne ?
Nous voici au seuil de cet hiver et nous nous demandons ce que nous allons manger car le ravitaillement devient de plus en plus difficile. Quand je pense à la nourriture excellente et abondante que j'avais à Villevêque, chère Madame C.; je ne peux m'empêcher de penser combien j'ai été heureuse au milieu de votre famille. Heureuse à tous les points de vue, mais ce qui comptait surtout pour moi ce sont les soins maternels avec lesquels vous m'entouriez.
Chère Madame C. vous serait-il possible de nous rendre un grand service en nous faisant un petit envoi de crème (comme celle que j'ai emportée à mon départ de chez vous) ? Madame V. pourrait peut-être soustraire quelques litres de lait afin de récupérer la crème. Si cela est possible, vous seriez bien aimable de nous le faire savoir dans votre prochaine lettre. Nous vous enverrions l'emballage y compris une bouteille en aluminium (gourde de soldat), très pratique comme poids, forme et volume. Cela nous permettrait d'assaisonner les aliments car voilà bientôt une semaine que nous mangeons absolument sans aucune matière grasse. Il reste à Maman cent grammes de tickets de margarine à toucher mais impossible de se la procurer. Donc, jugez par vous même le grand service que votre petit envoi nous rendrait. S'il vous était possible de compléter le colis avec quelque chose d'autre (fromage, oeufs, oignons) nous n'en serions que plus contents.
En vous priant de m'excuser encore une fois et dans l'espoir que cette lettre vous trouvera tous en bonne santé, recevez l'expression de ma reconnaissance ainsi que des bons baisers.
Je vous prie d'être l'interprète auprès de M. C. pour lui dire toute mon amitié.
Votre petite pensionnaire.

La mère de la jeune fille avait joint également un mot de remerciement que voici et qui est aussi un témoignage sur l'ambiance morose et le climat incertain de l'époque.
«  Chère Madame,
Je profite de la lettre à A. pour y glisser ces quelques mots; depuis le retour de notre fille, mon intention était de vous écrire afin de vous remercier de tous les bons soins et prévenances dont vous l'avez entourée pendant son séjour parmi vous. Mais après cette longue séparation, nous nous sommes révélés des grands égoïstes et nous n'avons demandé qu'à jouir de notre nouvelle réunion. Que de choses elle avait à nous dire. Les journées ont ainsi passé. Puis la rentrée de l'école, dernière année scolaire pour elle, année très chargée et qui comptera beaucoup pour son prochain avenir. Ainsi le temps s'est écoulé et ce n'est qu'aujourd'hui que je comble mon retard. je vous prie donc de m'excuser et de croire chère Madame, que mon silence n'était pas de l'oubli. Il ne se passe pas de jours où vous et les vôtres soyez l'objet de nos conversations. A. garde un très bon souvenir de son séjour parmi vous et nous mêmes sommes très satisfaits de la voir ainsi. Elle fait déjà des projets pour l'an prochain. Hélàs la pauvre petite ignore, dans toute sa jeunesse, ce qu'une année de plus peut amener de changements. Les projets à l'heure présente, ne sont que des jeux d'imagination. Nous vivons actuellement des jours tellement troubles qu'il est plus sage de se contenter de regarder pas plus loin que le lendemain. L'année prochaine, c'est vraiment trop loin et que d 'événements peuvent se passer d'ici là. Enfin, laissons lui ses projets, Dieu se chargera peut-être de les accomplir.
J'espère que vous avez toujours de bonnes nouvelles de M. C. Je souhaite toujours ardemment de le voir revenir. Comme je vous l'ai déjà dit, je m'étonne de ne pas le voir revenir déjà en raison de ses charges de famille et de plus étant cultivateur. Hier, un voisin, père d'une petite fille et employé de banque est rentré chez lui, au titre de la relève.
Comme vous le voyez, ceci est bien une réalité. Il n'y a donc pas de raison que la chance ne vienne pas frapper votre foyer.
C'est sur cette parole d'espoir que je terminerai ma lettre en vous renouvelant tous mes remerciements pour lers soins dont vous avez entouré notre enfant.
Veuillez agréer, Madame, l'expression de notre profonde reconnaissance et de notre bon souvenir.
Guésand. »














1942, 17 juillet : L'arrestation et la déportation des Juifs de Villevêque


A Villevêque, comme toutes les communes angevines, la population s’accommoda tant bien que mal, de la défaite puis du pétainisme, ni franchement collaborationniste, ni franchement résistante, restant plutôt sur sa réserve et ignorante des innommables exactions du régime de Vichy. Il faut dire que le prestige du maréchal auprès des anciens combattants de Verdun faisait illusion et la très grande influence, souvent ambiguë de l’Eglise, ne facilitait pas non plus la compréhension des évènements tragiques. Aussi, il faut bien le reconnaïtre, le drame que vivait les Juifs ne préoccupa guère la population de l’époque.
D’ailleurs, encore après la guerre, dans les années 1947/48, le curé Bonsergent se permettait d’expliquer, au catéchisme et même du haut de la chaire, les différences raciales : la race blanche était l’élue de Dieu, la race noire était de cette couleur parce qu’elle avait beaucoup péché, la race jaune marquait une situation intermédiaire, quant aux Juifs, ils étaient punis pour avoir tué le Christ ! Les protestants, très peu nombreux à Villevêque, n’échappaient pas non plus à cet ostracisme religieux en tant que suppôts du diable ! Son prédécesseur le curé Coudray, qui était en exercice durant la guerre eut heureusement une toute autre attitude. N’était-il pas capitaine de réserve ! En tant qu'ancien de la Grande Guerre, il fut naturellement pétainiste au début m'a-t-on dit, puis il fit peut-être partie de la Résistance, selon plusieurs témoignages oraux.
Toujours est-il que Villevêque connut un drame, resté ignoré jusqu’à ces dernières années. D’ailleurs dans une enquête diligentée par la préfecture après la guerre, en 1948, auprès des communes du département pour enregistrer tous les événements survenus durant la période de guerre, la réponse de la commune passe totalement sous silence cette tragédie. (Voir la copie de ce document en annexe).
Or, ni le maire ni le secrétaire de mairie n’ignorèrent ces arrestations, comme en témoigne un rapport de la gendarmerie partie à la recherche de Salomon Rottszuld et daté du 27 février 1943.
(voir reproduction du document).

Un signe précurseur dès 1941 : « Ordonnance du 13 août 1941 portant confiscation de postes de T.S.F. appartenant aux Juifs ».

En vertu des pleins pouvoirs qui m'ont été conférés par le Fürher und Obersteter Befehlshaber der Wehrmacht j'ordonne ce qui suit :
§1.
1) Il est interdit aux juifs d'avoir des postes récepteurs de T.S.F. en leur possession.
(2) Les juifs ayant des postes récepteurs de T.S.F. en leur possession devront les remettre jusqu'au 1er septembre 1941, contre récépissé, au maire (autorité locale de police) de leur domicile ou de leur résidence permanente. dans le département de la Seine à la Préfecture de police ou dans les commissariats d'arrondissement.
§ 2;
(1) Celui qui en contravention aux dispositions de la présente ordonnance, aura des postes récepteurs T.S.F. en sa possession, sera puni d'emprisonnement et d'amende ou de l'une de ces peines, à moins que, d'après d'autres dispositions, une peine plus sévère ne soit encourue.
(2) Les postes récepteurs de T.S.F. seront confisqués, même s'ils n'appartiennent pas au possesseur.
§ 3.
La présente ordonnance entre en vigueur dès sa publication.
Der Militärbefefehshaber in Frankreich.
Cette ordonnance ignominieuse a été publiée dans le V.O.B.I.F., journal officiel bilingue allemand-français contenant les ordonnances du Militärbefefehshaber in Frankreich et dont cet exemplaire n° 39 du 22 août 1941 est conservé dans les Archives communales. Elle marque le début d'une répression atroce et plannifiée contre les Juifs.

Une circulaire du préfet, en date du 4 septembre déclare « En conséquence, toute personne de race israélite, résidant dans le département de Maine-et-Loire, devra déposer à la mairie de son domicile les appareils de réception radiophonique qui serait en sa possession ».
Et le 19 septembre suivant le maire délivre un « reçu n° 1 », « reçu de Rotzuld Salomon, à Villevêque, un appareil de TSF marque Philipps », appareil dont la préfecture accuse réception le 10 octobre. (cf A.M).



Les Juifs à Villevêque

Plusieurs sources permettent de retrouver leur présence au début de la guerre : les Archives municipales et le tableau des Juifs présents en juin 1942 en M.-et-L., (basé principalement sur le recensement opéré par l'administration préfectorale en juin 1942), qu'a publié Alain Jacobzone en annexe de son ouvrage intitulé « L'éradication tranquille. Le destin des Juifs en Anjou (1940-1944) » , livre remarquable dont on ne peut que recommander la lecture car il met en plein lumière le zèle collaborationniste de trop d'élites angevines, la complicité active de beaucoup de subordonnés et l'indifférence coupable de la majorité de la population.
A partir de ces divers renseignements, il a été possible de dresser le tableau ci-dessous :

Nom PrénomDate et lieu de naissanceNationalitéLieu de résidence lors arrestation éventuelleConvoi et date de la déportationRemarquesRegistre de remise des cartes de rationnement de Villevêque (A M) 1941Registre de remise des cartes de rationnement de Villevêque (A M) 1945Blanc Serge30/08/1910
à Lipcani (Roumanie) FrançaiseVillevêque Carte rationnement Cat. A, n° 114 remise le 28/10/1941Pas de remise le 18/01/1945 « 0 » en margeBlanc Joseph 1912Villevêque 15/05/1941 et 1952-1972Médecin,
la Roche-ClérambaultParti de Villevêque car absent du registre Grunspan Paul et aussi prénommé Pinkus à Villevêque15/07/1895 LodzPolonaiseVillevêqueConvoi n° 8 20/07/1942Expulsé des côtesCarte rationnement Cat. A, n° 577 remise le 28/10/1941Le 18/01/1945 « 0 » en margeKern Fanny20/08/1934 ValenciennesPolonaiseVillevêqueCarte rationnement Cat.J2 n° 681 remise le 28/10/1941Le 18/01/1945 « 0 » en margeKern Achille04/12/1930 LeipzigPolonaiseVillevêqueCarte rationnement Cat.J2 n° 682 remise le 28/10/1941Le 18/01/1945 « 0 » en margeKern
Jenny08/06/1907 LeipzigPolonaiseVillevêqueConvoi n° 33 16/09/1942Expulsé des côtesCarte rationnement Cat. A, n° 679 remise le 28/10/1941Le 18/01/1945. « 0 » en margeKern Claire01/01/1928 LeipzigPolonaiseVillevêqueExpulsé des côtesCarte rationnement Cat. J3 n° 680 remise le 28/10/1941Le 18/01/1945 « 0 » en margeRotszuld Salomon04/08/1893 Kmoro-nowoPolonaiseVillevêqueConvoi n° 42 06/11/1942Expulsé des côtesCarte rationnement Cat. A n° 1122 remise le 28/10/1941Le 18/01/1945. « 0 » en margeSelig Clara née Kern  27/06/1913AllemandeVillevêqueConvoi n° 8 20/07/1942Expulsée des côtes Notée présente au Grand Séminaire 10/1942 AngersCarte rationnement Cat. A n° 1179 remise le 28/10/1941Le 18/01/1945
.« 0 » en marge

Blanc Serge : Il avait un frère, Joseph , qui fut médecin à Villevêque, (il était présent à Villevêque en mai 1941 mais absent lors de la remise des cartes d'alimentation le 28 octobre 1941). Il aurait quitté les lieux, à la différence de son frère Serge, averti par le Dr Lemaître qui le remplaça. Joseph revint à Villevêque après la guerre. Serge exerça à Angers, rue St-Pierre.

Wallach Alfred : Il appartenait à une riche et vieille famille juive de Mulhouse. Sa sœur était mariée avec Schoen Daniel
Le tableau ci-dessous présente ces deux familles dont seules les Wallach étaitent Juifs.






Jacobzone (Alain) :« L'éradication tranquille. Le destin des Juifs en Anjou (1940-1944) », Faits et gestes, Yvan Davy éditeur Vauchrétien (M.-et-L.), 2002, 252 p. disponible en prêt à la bibliothèque municipale de Villevêque.
Le port de l’étoile juive

En vertu de ordonnance allemande n° 8 du 28 mai 1942, publiée par la presse et la radio le 1er juin suivant le port d’une étoile juive de couleur jaune est obligatoire, sur la poitrine, côté gauche. La circulaire est signée F. de Brinon.
Des points textiles sont perçus pour ces insignes !
Clara Selig, de Villevêque, figure sur une liste de la remise aux Israélites de 28 insignes reçus le 30 juin 1942 par le commissaire central qui en rend compte au préfet le 20 juillet 1942.
Sur uneseconde liste non datée mais sûrement postérieure à la précédente figurent les noms de :
n° 62, Blanc Serge né le 30-8-1910 à Lipcani (Roumanie). Adresse : Villevêque.
n° 136 Grunspan Pinkus, né le 15-7-1895 ( à Lodz (Pologne). Villevêque 
n°137 Kern Jenny née le 8-6- 1907 à Leipzig (Allemagne)
n° 138 Kern Claire née le 1-1- 1928 à Leipzig (Allemagne), polonais[e]
n° 139 Kern Achille, né le 4-12-1930 à Leipzig (Allemagne), polonais ;
n° 140 Kern Fanny, née le 20-8-1934, à Valenciennes , polonais[e]
n° 142 Rotzuld Salomon né le 4-8-1893 à Romorovo (Pologne)
(source : A D 49, 140 W 97).


Justification par les Allemands des arrestations des Juifs

Le 22 août 1942 une lettre de la S D justifie ainsi ces arrestations à la suite d’une lettre du préfet du 18 aout 1942 :
« Les Juifs français arrêtés pendant l’action contre les Juifs ‘’apatrides’’ s’étaient tous rendus coupables. Pour cette raison ils ont été transportés dans des camps de travail dans l’Est ».
Telle en est la traduction. Une note manuscrite figure en marge du document : « répondu dans ce sens à l’Union des Israélites, 19 rue de Téhéran, Paris 8e suite à la lettre du 7 août 1942 au préfet délégué ».
(source : A D 49, 140 W 97).

La complicité active des autorités frnçaises

Le dossier 140 W 97 des Archives départementales de M et L intitulé « Relations avec les autorités allemandes 1940-1945 » renferme un sous-dossier « réquisitions des forces de police pour transferts sur Drancy, 1942-1944 ». On y lit la note ci-dessous :
« Le 19 février 1943,
de Villevêque à Angers [qui a été biffé], d’Angers au camp du Bourget-Drancy, vu la circulaire n° 1958 L du 18 février 1943 ».
Cette simple note est un exemple de la complicité active des autorités françaises.

Le directeur de la laiterie interdit d’exercer

M. Vandenbusche, acquéreur de la laiterie peu de temps avant la guerre, était de nationalité belge. Il se vit interdire d’exercer la direction par le régime collaborationniste de Vichy, selon le témoignage de M. Noblet, patron de la laiterie du Plessis-Grammoire :
«  Quant à nous, au Plessis, nous avons été obligés de nous associer à la laiterie de Villevêque. C’est mon père qui en prit d’ailleurs la direction, car le directeur qui était étranger, s’était vu refuser sa carte de résidant par le régime de Vichy et de ce fait ne pouvait exercer de responsabilités ».

La famille Kern honorée en 2000

« Une famille assignée à résidence à Villevêque par les Allemands en 1940, a vécu dans ce petit village ses derniers moments de bonheur et de liberté . Les anciens se souviennent de ce gamin de 11 ans qui, comme eux, venait à l’école et, un jour, n’est plus venu. La famille avait dû fuir. Après 54 ans de silence, Haïm Kern est revenu à l’occasion d’un Salon d’automne, à Angers. Dans le bulletin communal de janvier 1997, l’histoire de cet homme avait été évoquée par Mme Carol Foin, conseillère municipale…Désormais une plaque du souvenir où quatre noms d’une même famille se superposent : Klara Selig Kern, Salomon Rotszuld, arrêtés à Villevêque le 15 juillet 1942, Paul Grunspan, Jenny Kern, se dresse près du monument aux Morts »  Voir photographies.
Paul Grunspan, beau-père d'Haïm, (Achille), Clara Selig, sa tante, et Salomon Rotszuld ont été arrêtés tous les trois le 15 juillet 1942. Ce dernier habitait dans une autre maison vers la rivière, se souvient Achille.
« Je me souviens avec précision de cette date de la ''rafle'' c'était le jour anniversaire de mon beau-père et nous le fêtions », m'a écrit M. Haïm Kern.
Il ajoute : « je me souviens très bien de l’arrestation. Deux gestapistes sont venus en traction avant Citroën. Il y avait déjà une personne arrêtée à l’intérieur. Peut-être ne s’attendaient-ils pas à autant de personnes ? . Je suis resté avec mes deux sœurs âgées de 14 ans et 8 ans et ma mère. J’avais 11 ans. Elle nous emmena en zone sud, à Rivesaltes mais après l’invasion de celle-ci en novembre 1942 par les Allemands, ma mère fut arrêtée. Elle eut le temps de nous confier à des voisins ».
Mes recherches aux Archives départementales montrent que Salomon Rotszuld est entré à l’hôpital d’Angers le 29 juillet 1942 et qu’il en est sorti le 11 octobre 1942. Le 27 février 1943 les gendarmes de Tiercé venaient l’arrêter en vain à Villevêque en exécution de l’arrêté préfectoral du 19 février 1943 prescrivant son internement administratif immédiat avec transfert à Drancy. Or une fiche déclare qu’il a été arrêté le 11 octobre 1942 à Angers où on a dû aller le « cueillir » à l’hôpital. On a vu ci-dessus qu’il figurait selon M. Jacobsone dans le convoi n° 42 du 6 novembre 1942. Il se pose un problème.
Pourquoi cet arrêté du préfet s’acharnant sur un disparu, plusieurs mois après ?

Le 11 novembre 2000 fut ainsi l’occasion, pour la commune de Villevêque, à l’instigation de son maire Bernard Soyer, de tenter de réparer cet oubli en répondant positivement à la proposition de M. Franck Marché, de l’ « association des familles et amis des déportés du convoi 8 », d’apposer une plaque mentionnant les noms des personnes déportées avec la date de leur arrestation. Ce fut ainsi l’occasion de vivre « une vraie page d’histoire, une journée en mémoire des disparus » :
« C’est ainsi que Achille Kern accompagné de sa sœur [Fanny] et de Andrée Grazelli ont dialogué pendant plus d’une heure sur l’histoire de la dernière guerre.
Andrée Grazelli, originaire de Cheffes-sur-Sarthe, jeune femme et mère de famille, a connu les moments les plus forts de la Résistance. Engagée dans ce mouvement dès l’appel du Général de Gaulle, grâce à ses connaissances, elle a permis à de nombreux jeunes réfractaires au Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), de fuir cette loi imposée par les Allemands. Dénoncée, elle raconte les années de souffrance vécue en camp de concentration mais avec une telle envie de revoir ses enfants qu’elle décide de vivre à tout prix. Aujourd’hui elle témoigne dans les lycées et les écoles.
Quant à Achille Kern et sa sœur, âgés aujourd’hui de plus de 70 ans, les souvenirs reviennent. Replongés dans le village, revoir la maison où ils habitaient, les photos des anciens camarades de classe, le souvenir de l’instituteur M. Poperen . C’est à la fois de la joie mais aussi beaucoup d’émotion. C’est véritablement lors de la célébration devant le monument aux morts le 11 novembre, que la commune de Villevêque s’est associée complètement, à leur volonté de faire le deuil de leur famille. Famille juive, arrivée en 1940 à Villevêque et assignée à résidence, Achille Kern verra sa famille raflée dans la maison qui l’accueillait. Son père, un oncle et un ami ne reviendront jamais. Il fuit en zone libre avec sa mère et le reste de la famille. La prudence ne suffit pas, la maman est arrêtée et c’est l’oubli. Fuir ne suffit pas pour enlever les images noires. Achille Kern, devenu sculpteur, se souvient de Villevêque et c’est grâce à une affiche du salon de peinture-sculpture de la commune qu’il reprend contact avec la commune où il a vécu les années 40-42. Il décide alors d’offrir à la commune une œuvre représentative de la France. Désormais chaque citoyen villevêquois pourra contempler à côté de la Marianne l’œuvre en bronze réalisée par M. Kern : Liberté-Egalité-Fraternité. Et c’est ainsi que la municipalité de Villevêque a décidé d’ériger une stèle en mémoire de ses amis Juifs disparus lors de la dernière guerre mondiale. »

Il convient d’ajouter que les enfants des écoles, conduits par leurs instituteurs et institutrices lurent à tour de rôle, des poèmes particulièrement émouvants et que Mme Grazelli avait une autre raison de se trouver là. En effet, c’est Georges Soyer, le père du maire, qui prisonnier en Allemagne, avait aidé, avec ses camarades, un groupe de femmes déportées dans lequel elle se trouvait, à survivre, lors de leur libération et Georges Soyer avait pu ainsi transmettre des nouvelles à la famille Grazelli de Cheffes-sur-Sarthe.
On trouvera plus loin un chapitre consacré aux arrestations de Cheffes

Selon les Archives municipales :
Pinkus Grunspan était né le 15 juillet 1895 et avait reçu sa carte de rationnement n° 577 le 28 octobre 1941 et émargé le registre en mairie.
Jenny Kern était née le 8 juin 1907
Claire Kern le 1er janvier 1928
Fanny Kern le 20 août 1934
Achille Kern le 4 décembre 1930
Les membres de la famille Kern avait reçu leurs cartes de rationement numérotées de 679 à 682 le 28 octobre 1941;
Salomon Rotszuld était né le 20 avril 1874. Il avait reçu sa carte de rationnement le 28 octobre 1941 et il a émargé sur le registre de la mairie. Son poste de radio avait fait l'objet d'une confiscation de la part des autorités françaises. (Voir la reproduction des récépissés en mairie et en préfecture).
C’est par un arrêté préfectoral du 19 février 1943 qu’il devient « interné administratif » en tant qu’ « Israëlite de nationalité étrangère » (loi du 4 octobre 1940) et circulaire ministérielle du 18 février 1943 «  prescrivant l’internement immémédiat de certains Juifs étrangers » ;
« Arrêté :
Article 1er : M. Rotszuld Salomon, demeurant à Villevêque sera interné administrativement au camp de concentration de Drancy (Seine).
Dès son arrestation, il sera conduit à la Maison d’arrêt d’Angers en attendant son transfert.
Article 2 M. le Commandant de gendarmerie est chargé de l’exécution du présent arrêté. ».
Signé : le préfet délégué Pierre Daguerre.
Le chef d’escadron Ficine commandant la compagnie de gendarmerie de M et L a transmis cet arrêté pour exécution au capitaine commandant la section de gendarmerie d’Angers qui l’a lui-même transmis au commandant de la brigade de Tiercé.
Voir la reproduction de ce document qui montre clairement qu’il n’est fait dans cette bien triste affaire aucune référence aux Allemands.
(A D 49 303 W)


Comment M. Kern a repris contact avec son enfance à Villevêque

Mme Carol Fouin a relaté dans le bulletin municipal les retrouvailles de M. Achille Kern avec Villevêque. Voici ce récit :
« Une belle journée d'octobre
J'habite Paris et je dois venir à Angers vendredi pour l'exposition du Salon d'Automne....C'est l'occasion pour moi de revenir à Villevêque pour la première fois depuis 54 ans...Je voudrais revoir la maison où j'ai vécu pendant la guerre, et surtout, j'aimerais retrouver une photo de mes copains d'école du moment...Est-ce que vous pouvez m'aider ? »
C'est par cet appel téléphonique, qu'un soir d'octobre 1996 a commencé la préparation d'une belle journée. ... « Achille est vivant ?... Achille revient à Villevêque? »
C'est par ces mots étonnés que je fus accueillie lorsqu'après divers contacts, je réussis à joindre à Villevêque, quelques uns des camarades de classe d'Achille Kern.
« Nous ne pensions pas le revoir un jour...
On se souvient bien de lui, c'était un très bon élève, et puis, un matin, notre instituteur nous a dit : « Achille est parti...il ne reviendra plus »...Dans nos têtes d'enfant, il y a eu de la surprise, et puis ensuite dans nos coeurs d'hommes, beaucoup d'interrogations concernant le départ précipité de notre copain juif de onze ans... qu'était-il devenu ?
- Je me souviens bien, il habitait la villa « Kerkikengrogne », c'est la maison qui est près de l'école »
Et ce fut une belle journée que ce vendredi où nous avons accueilli Achille Kern en lui réservant une belle surprise... non seulement ses copains avaient retrouvé la photo de classe de 1941, mais ils étaient là, à l'attendre avec impatience...
« Celui-là, c'est moi, tu me reconnais ?
- un peu... tu as changé ! » 
Bien sûr qu'ils avaient changé, ces gamins de onze ans, en blouse noire devenus des messieurs de 65 ans !
Et ce fut un moment d'intense émotion pour tous lorsqu'Achille Kern précisa que les hommes qu'il retrouvait à Villevêque étaient pour lui précieux, car ils étaient les derniers témoins de sa vie de famille, entre ses parents et ses soeurs...
En effet, assignés à résidence à Villevêque par les Allemands, la famille avait du s'enfuir un soir en zone libre...Ils furent séparés...Achille Kern ne revit pas ses parents...
Alors ces hommes témoins de notre passé, sont partis déambuler dans notre village à la recherche de leurs souvenirs d'enfance...le mur autour du presbytère... le grand cèdre devant l'école...ils évoquèrent leur instituteur Monsieur Poperen et son chien, leurs jeux autour du tilleul, et ils finiront par entrer dans leur ancienne salle de classe occupée ce jour là par d'autres enfants...
Ce fut vraiment une belle journée pour notre commune lorsque nous découvrîmes le soir même, lors du vernissage du Salon d'Automne à Angers, que le sculpteur Haîm Kern avait exposé une oeuvre appelée « LIBERTE ».
Carol Fouin
Parmi les camarades de classe d'Aïm Kern étaient présents André Loiseau, Rolland Martin, Bernard Meslier, René Foin, Camille Hergué, Fouqueron....
(à compléter)
(joindre une photo de la sculpture offerte à la commune)

1944, le 31 mai, 11 arrestations à Cheffes, dont Mme Grazélie
On a vu ci-dessus que Mme Grazélie avait été associée à la cérémonie d’hommage à la famille Kern, ayant des souvenirs de captivité communs avec Georges Soyer père du maire de Villevêque à cette époque.
Le dossier 303 W 292 des Archives départementales rassemble les fiches d’arrestation d’un certain nombre de personnes de Cheffes, le 31 mai 1944 :
M. Adolphe Jacquelin maréchal forgeron, né à Villevêque en 1897, un enfant, motif ignoré
M. Camille Fasilleau, instituteur, lieutenant de réserve d’artillerie, motif ignoré (fiche n° 751)
Mme Suzanne Foussard née Béry, institutrice adjointe à l’école de Varennes-sur-Loire, en congé maladie à Cheffes
- Mme Raymonde Hallier femme Fasilleau, ménagère, deux enfants, (fiche n° 754)
- Melle [France ] Béry
M. Constant Beucher
M. Constant Grazélie mécanicien (fiche n° 753)
Mme Andrée Roger femme Grazélie, ménagère, deux enfants (fiche n° 756)
M. Gabriel Thoueil
 Ces arrestations simultanées de tous ces habitants de Cheffes seraient « motivées selon la rumeur publique par une affaire clandestine d’armes.
Le fils Foussard aurait été arrêté le 30 mai 1944. Il avait apporté une valise qu’il avait confiée à la demande de sa mère à Mme Grazélie ».
Tel est le contenu de ces fiches au moment des arrestations..
M. Louis Maucourt a retracé l’histoire de ce groupe de Résistance, créé en 1943 et rattaché au réseau « Défense de la France », dont Alain Foussard, le fils de Suzanne, étudiant âgé de 18 ans, était le responsable départemental Le groupe s’occupait beaucoup de donner des faux papiers d’identité aux réfractaires S.T.O. Alain Foussard sera arrêté le 29 mai 1944 par le sinistre Vasseur, à Angers et mourra en déportation. Le surlendemain, Vasseur, se faisant passer pour un réfractaire au S T O en quête de papiers, arrêtera 11 personnes à Cheffes. Sur 7 qui seront déportées, trois seulement survivront dont Mme Grazélie.

La famille Schoen :- Un couple replié à Villevêque, au château

M Daniel Schoen, originaire de Strasbourg habita le château avec sa femme de 1940 à 1945. C’était un artiste peintre, professeur en retraite de l’école des Beaux-Arts de Strasbourg. Il était né le 13 octobre 1873 et sa femme Hilda le 2 juin 1879. En juin 1945 il se rendit à Strasbourg où il constata qu’il était totalement sinistré. De plus, il fut renversé par un camion et hospitalisé. Ils avaient deux enfants, l’un fut prisonnier en Allemagne pendant 5 ans, ayant refusé de rentrer en Alsace en tant qu’Alsacien et l’autre, Claude, née en 1920, fut déportée politique (Ravensbruck - Buchenwald). Partie de Villevêque en 1940/1941, - elle figure sur le listing des cartes d'alimentation mais ne la retira pas le 28/10/1941 - elle revint en France à Villevêque en 1945 et sollicita un logement par l’entremise du préfet à qui elle décrivit sa situation dans une lettre conservée dans les Archives municipales.
Le château avait été offert pendant 5 ans à la famille Schoen car il appartenait à la belle-soeur de sa mère, donc la soeur de M. Alfred Wallach, industriel et député de Mulhouse (H-R), de 1932 à 1939, qui l'avait acquis en tant que résidence secondaire juste avant la guerre en pensant s'y réfugier face à la menace nazie, dont il était témoin. Il était effectivement présent à Villevêque au début de la guerre, puis il passa en « zone libre » et il entra dans la Résistance à Roanne et se réfugia avec sa femme, en tant que Juif en Suisse.
( sources : A M, Assemblée Nationale et Journal «  l’Alsace » du 28 mai 1998 consultable sur l’Internet). Voir aussi la partie Biographies de l'histoire de Villevêque.

On imagine que le couple Schoen, dont la femme était d’origine juive, replié à Villevêque, a dû vivre ainsi vraisemblablement dans une crainte continuelle, au contact quasi-quotidien des Nazis, avec deux enfants, l’un prisonnier et l’autre déportée politique. En tant qu'Alsaciens, ils devaient naturellement parler allemand et ils durent servir plus d'une fois d'interprètes, à moins qu'ils aient dissimulé cette connaissance ?
Les Allemands avaient en effet réquisitionné en partie le château pour héberger à plusieurs reprises un officier (lieutenant), qui devait commander le détachement séjournant de temps en temps à Villevêque. Un soldat l’accompagnait ainsi que 4 chevaux, puis une voiture et, une motocyclette...Un dépôt d’armes occupait un local et il y avait 2 chambres de garde.
Du 9 juillet 1942 au 15 juin 1944, s’y trouvait aussi un magasin de matériel pour les troupes.
Il était prévu, en 1942 que les caves du château puissent servir aussi d’abri pour une partie de la population du bourg; Voir ci-dessus.( A M).
Les Archives municipales permettent d’en savoir un peu plus sur cette famille qui fit partie de Villevêque et y vécut dans une grande discrétion, des drames qui furent épargnés à la majorité des habitants de souche. Elle mérite donc bien, quoique non juive, d’être mieux connue.

Un fils prisonnier en Allemagne : Daniel Schoen

Voici la fiche de prisonnier du fils Schoen, trouvée parmi les fiches des prisonniers de guerre de Villevêque :
Schoen Daniel, Jacques
né à Paris le 28 janvier 1915
lieutenant au 37e R.I.F.
domicile avant guerre : Strasbourg, 11 Place de Bordeaux
profession : Assurances
non marié
prisonnier, camp Offlag XVII A
matricule : 3588
déclaration par : Schoen Daniel, père
carte colis n° 42 : 20 mai
Il revint à Villevêque après la guerre, le 20 mai 1945, auprès de ses parents, comme en témoigne l'attribution d'une carte d'alimentation le 22 mai 1945, carte n° 1475, le même jour que sa soeur Claude. Début juillet, sa soeur indique qu'il vient de trouver une situation à Colmar.(A M)

une fille cadette déportée politique en Allemagne : Claude Schoen, à Ravensbruck – Buchenwald

Les Archives municipales conservent une lettre de Melle Claude Schoen en date du samedi 16 juin 1945, en vue de bénéficier en tant que déportée politique des soins dentaires gratuits,
Claude Schoen Villevêque
D P N° 133 74 95
« Schoen Claude domiciliée au bourg de Villevêque, résidant à Strasbourg, 11 Place de Bordeaux en septembre 1939
N° matricule carte de déportée 1337 495
Je déclare avoir été rapatriée le 21 mai 1945, avoir subi le 1er examen de contrôle médical le 21 mai 1945 ;
Fait à Villevêque le 17 juin 1945 ».
Elle est admise à bénéficier de l'Aide Médicale Temporaire après avoir renouvelé sa demande le 17 juin 1945
Une feuille volante, non datée donne l’adresse suivante : Melle Claude Schoen, C/O Frichard, Rue principale, Orbey (Ht-Rhin).
Elle est née le 8 mai 1920.
Le registre de distribution des cartes d'alimentation conservé dans les Archives communales permet de constater qu'elle y figure avec ses parents, carte n° 1166; mais si ses parents Daniel et Hilda Schoen ont bien retiré leurs cartes le 28 octobre 1941, l'émargement en fait foi, en revanche la sienne ne l'a pas été. A cette date, elle n'était donc déjà plus à Villevêque. Elle figure à nouveau sur ce registre dans la partie additive et reçoit sa carte le 22 mai 1945, sous le n° 1476, comme son frère Daniel en compagnie, le même jour de 7 autres prisonniers qui sont aussi de retour à Villevêque. (A M).
Afin d'en savoir plus sur cette personne, j'ai pris un contact épistolaire avec la F.N.D.I.R.P. (Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes), qui m'a adressé l'e-mail suivant, en date du 17/12/2004 :
« Je fais suite à votre courrier postal concernant Mme Claude Schoen, dont nous trouvons trace sous le nom de Schoen/Stein.
Cette dernière a été déportée précisément dans le convoi parti de Compiègne le 31 janvier 1944, arrivée à Ravensbrück le 3 février, où elle fut immatriculée n° 27 821.
Elle fut ensuite transférée en septembre 1944 dans deux kommandos féminins rattachés administrativement au KL Buchenwald :
kommando de Leipzig (matricule 3244), ce kommando construit en partie par les premières femmes arrivées, travaillait pour la firme locale Hasag, appartenant à Hugo Schneider, à la production d'obus essentiellement.
Kommando de Schlieben (matricule 15213), kommando appartenant à la même firme, produisant des armes antichars.
Voici pour sa biographie.
Je ne puis en revanche vous préciser si elle est encore de ce monde et où elle demeure, nos fichiers ne prenant en compte que nos seuls adhérents.
Mais je vous suggère de vous tourner vers l'Office départemental des Anciens Combattants, qui devrait être en mesure de vous indiquer si une pension militaire est toujours servie à cette personne, qui aurait donc près de 85 ans aujourd'hui (ou si, à l'inverse, elle a été suspendue et en quelle année).
Cordialement,
Danièle Baron, documentaliste de la FNDIRP“.
J'ai depuis appris par les Archives départementales de M.-et-L., que Claude Schoën a été arrêtée en novembre 1943 , qu'elle était étudiante en droit et qu’elle a été libérée le 25 mai 1945.

1942, le 15 juillet : Tragique arrestation d’une femme à Durtal

« Mme Janin femme du docteur Janin exerçant à Durtal, âgée d’une trentaine d’années, d’origine juive à opté lors de son mariage pour la religion catholique.
Le 15 juillet 1942 vers 22 heures 30 les gendarmes allemands se sont présentés au domicile des époux déclarant à la femme qu’ils venaient la chercher pour l’emmener en Allemagne où elle serait employée comme servante.
Autorisée à préparer une valise Mme Janin se rend dans une chambre où elle est trouvée pendue au pied d’un lit.
Une injection d’un liquide pouvant être de la morphine lui aurait été faite. Mme Janin a laissé un écrit où elle fait ses adieux à sa famille.
Le Dr Janin se trouvait chez lui lors de l’intervention des Allemands et du drame son rôle n’est pas déterminé.
L’adjudant Bironneazu
Commandant de la Section de Baugé
A M. le Procureur de la République »
(source ; A D 49, 303 W 292)






La collaboration



1941, le 7 septembre le Conseil municipal vote la somme de 250 francs pour l'achat d'une édition du portrait du maréchal Pétain.

1942, le 4 décembre : Enlèvement des bustes de Marianne des lieux publics et complicité des pouvoirs publics de l'époque

Le préfet délégué Pierre Daguerre adresse au nom de l’ « Etat Français » une circulaire ronéotée sur un morceau de papier de 10 x 10 cm, (restriction oblige !), ainsi rédigée :
« Messieurs les Maires sont invités à prendre toutes mesures utiles en vue de faire enlever le buste de la République de tous les établissements publics (mairies, écoles, ) et d’une manière générale, de tous les lieux publics.
Le Préfet délégué,
Pierre Daguerre. »
Or j’ai trouvé dans les mêmes Archives municipales, un brouillon de lettre du maire de l’époque M. Alexis Foin, postérieur au 28 octobre mais sans millésime et sans destinataire, qui s’exprime ainsi :
« J’ai l’honneur de vous informer que le mercredi 28 octobre , vers 17 heures, 3 membres des jeunesses du parti populaire se sont présentés à la mairie et ont demandé au secrétaire de leur remettre la statue de Marianne.
Le secrétaire ayant refusé de leur délivrer sans mon autorisation, ils sont venus à mon domicile particulier, où en mon absence, ils ont badigeonné avec du coltar les portes et volets peints depuis peu de temps ainsi que les murs de mon immeuble.
A leur retour à la mairie ils ont requis un ouvrier serrurier pour ouvrir la porte, l’ouvrier ne pouvant pas y réussir, la porte fut ouverte au moyen d’une poussée et l’objet convoité fut emporté ainsi que plusieurs panneaux écussons porte-drapeaux qui se trouvaient dans un grenier au 2e étage.
J’ai appris que ces jeunes gens opéraient ainsi dans de nombreuses communes, je vous serais très reconnaissant de vouloir bien me faire connaître quelle attitude je devrais prendre envers ces membres s’ils se représentaient pour emporter dans des conditions identiques d’autres objets appartenant à la commune ».
On suppose que cette lettre a été adressée au préfet et que la réponse a été la petite circulaire pré-citée. Autrement dit, le pouvoir pétainiste de l’époque a non seulement couvert mais suivi et approuvé l'exaction des jeunesses du parti populaire ! Y avait-il connivence ?
Le P.P.F. (Parti Populaire Français) installa une permanence à Angers après novembre 1941.....avec la Gestapo en compagnie de quelques autres groupuscules collaborationnistes tels que le Rassemblement National Populaire, le Francisme, la Ligue Française, l'A.S.R., l'Europe Nouvelle.

Les écoles publiques ne chantent pas « Maréchal nous voilà » et l'instituteur est dénoncé

La mixité n’était pas encore de mise. L’école des garçons comprenait deux classes. La grande classe était dirigée par M. Lagadec au début de la guerre, puis Maurice Poperen, « maître d‘école » qui résidait sur place et la petite classe par M. Poirier, « sous-maître », résidant à Seiches et faisant chaque jour la route à bicyclette.
L’école publique des filles était dirigée par Mme Alice Poperen. Elle comportait un nombre assez restreint d’élèves dans la mesure où il existait un école libre de filles concurrente.
M. Poperen, en tant que libre-penseur, sans être résistant, ne fera cependant jamais chanter à ses élèves la chanson collaborationniste « Maréchal nous voilà », à la gloire du maréchal Pétain. Si certains enfants, comme Henri Fouqueron l'ont chanté, c'est qu'ils l'apprirent au patronage. Les enfants reçurent aussi chacun une image du maréchal. Ceci fait dire que le curé de l'époque partagea, en tant qu'ancien de 1914-1918 les idées pétainistes mais il devint vraisemblablement résistant par la suite, quoique sans preuve formelle à ce jour.
Quant à M. Pierre Lagadec, il fut victime d'une dénonciation calomnieuse, accusé à tort de malversation dans la gestion de l'envoi des colis aux prisonniers. Il fut muté par mesure de discipline du côté de Saumur, et remplacé par M. Poperen mais après le retour des prisonniers, ceux-ci tinrent à rétablir la vérité en l'invitant solennellement à participer à un banquet servi au restaurant des Tonnelles. (témoignage oral).
C’était l’époque où les enfants portaient tous un « sarreau » et allaient à l’école à pied, en galoches à semelles de bois et souvent aussi en sabots de bois. Une petite parisienne, Geneviève Legrand, hébergée pendant une partie de la guerre avec sa maman et son jeune frère, à la Raverie, se souvient encore en 2005 des sabots neufs achetés pour chaque enfant avant la rentrée scolaire, lourds en début d'année et plus légers avec l'usure en fin d'année !
Un poële, chauffé au bois, trônait dans chaque classe. Il n'y avait pas de cantine et les enfants des écarts se répartissaient le midi dans différentes familles du bourg, ayant apporté quelques provisions dans leur musette ou cartable comme en témoigne la rédaction suivante extraite de « Notre journal scolaire, le Petit Villevêquois » :
« La bouteille débouchée
Nous allions à l’école Claude Guilleux, Edouard Drillot, Eugène [Gallet] et moi. Soudain Claude s’aperçut que sa bouteille était débouchée. Claude enlève son sac et regarde à l’intérieur. « En effet », dit tristement Claude Guilleux : « elle est débouchée ». Claude enlève la bouteille de son sac. Ses livres, ses cahiers et son plumier sont inondés de cidre.
« Claude a le cœur gros » me dit Edouard.
Claude se met à pleurer. Il remet tous ses livres, tous ses cahiers, son plumier dans son sac.
«  Viens à l’école, tu vas faire sècher ton sac et tes livres au poële de la grande classe ».
« Non, non » dit Claude Guilleux, « je vais m’en aller chez nous », et il s’en va chez lui en pleurant
Edouard Drillot, Ezugène et moi nous continuons notre route ».
Guy Gallet , 10 ans. »

La presse collaborationniste : ce que l'on pouvait lire dans le « Petit Courrier » du samedi 20 et dimanche 21 février 1943,

Ce numéro du journal local de l'époque, retrouvé par hasard, donne une idée de la vie quotidienne et de l'ambiance collaborationniste de l'époque.
En seconde page, concernant la vie quotidienne :
Il s'agit juste, sur un exemple pris au hasard, de montrer ce qu'était la vie quotidienne à cette époque de restrictions et de collaboration, en se limitant aux annonces pour Angers, région d'Angers et de Baugé.
Il ne sera pas toujours nécessaire de lire entre les lignes tant certains faits de collaboration apparaissent patents.

Les restrictions
Communiqués officiels de la préfecture du 19 février 1943
Internement administratif par arrêté du 1er février 1943 : M. Rival Marcel pour opérations de marché noir (hausse illicite, absence de comptabilité, exercice d'un commerce de marchand en gros sans magasin), représenrtant en vins et spiritueux à Saumur.
Office de répartition du charbon : envoi des bons exceptionnels pour maladie...
Distribution de confitures au titre du mois de janvier, contre remise du titre DU
- 250 g aux consommateurs de catégorie E et V,
- 500 g aux catégories J1, J2, J3
-200 g aux catégories A, T, C, des centres U.S. [U.S.?]
Indemnité d'éloignement aux travailleurs indépendants partis pour l'Allemagne, au titre de la relève.
Communiqués des communes
Baugé : « Chambre des métiers. Les artisans menuisiers de Cheviré-le-Rouge, Clefs, Echemiré, Fougeré et Vieil-Baugé sont priés de venir retirer les bons d'attribution de colle forte d'os chez M. Le Drogo Louis rue G. Clémenceau ».
Bauné : « Tickets de pain ration agricole non échangistes. Ces bénéficiaires de la ration agricole ne pratiquant pas l'échange sont avisés qu'ils devront rapporter en mairie, pour prorogation de la validité les tickets roses n° 622 qui leur ont été remis en novembre ».
Durtal : « Tickets de rationnement.Distribution lundi 22, lettres A et C, mardi 23, D à G; jeudi 25, H à L; vendredi 26, M à P; samedi 27, Q à Z »;
Mazé. « Tickets d'alimentation. Distribution, A à D, mercredi; F à L, jeudi; M à Z, vendredi ».
Noyant. Carbure. Distribution (½ kilo), chez le distributeur habituel, lundi et mardi ».
Sarrigné : « Tickets d'alimentation. Distribution mardi et jeudi de 10 h. 30 à 13 h. et de 14 h. à 17 h 30 (heure officielle). »
Les réfugiés
Une arrivée de réfugiés
« Vendredi à 11 heures, est arrivé en gare de Baugé, un convoi de 65 réfugiés de St-Nazaire dont 35 ont été hébergés au centre d'accueil de Baugé et 15 dirigés sur Bocé et 15 sur le Vieil-Baugé....Les réfugiés de Baugé prendront leurs repas à l'hôpital. Nous souhaitons qu'ils trouvent dans notre région la tranquillité et l'adoucissement à leurs misères ».
[ Il n'est rien dit de la raison de ce déplacement qui se fait en présence de toutes les autorités civiles, administratives, religieuses, de la police et de la Croix-Rouge]
Gestes de solidarité
Corporation paysanne
« Tous les cultivateurs et donateurs à la collecte agricole faite en janvier dernier sont cordialement invités à assister à la réunion du dimanche 21 février à 14 heures précise, à Saint-Sylvain-d'Anjou au cours de laquelle MM. Macé-Allard et Chopin feront un compte-rendu détaillé de la répartition des produits répartis tant en Z.I. Qu'en Z.N.O. ». La réunion a lieu salle Bouvier.
Quête à mariage
« Une quête faite au mariage Parent-Laitier [à Soulaines-ous-Aubance] au profit des prisonniers a produit la belle somme de 104 francs 50. Cette somme a été versée au comité d'aide aux prisonniers. Remerciements aux généreux donateurs ».
Ravitaillement
Bauné. Blé, livraison. Le syndic local invite les cultivateurs qui détiendraient encore du blé à en effectuer la livraison au ravitaillement dans le plus court délai possible ».
Croix Rouge Française. Consultation des nourrissons
Baugé . « Les enfants dont les noms commencent par A, B, C, D, seront admis à la consultation le 26 février. Ceux dont les noms commencent par E, jusqu'à Z seront admis le 12 mars. Dorénavant les consultations se feront en deux groupes ».
Parmi les « petites annonces » celle-ci :
« A vendre, appareil gazogène « Sagaz », complet, avec aspirateur et mélangeur, état neuf, pour camion 4 tonnes . M. Camille Bonhomme, les Aubiers, (Deux-Sèvres) ».
(inserrer ici le schéma de principe de fonctionnement d'un « gazo ».

La collaboration et l'antisémitisme : une annonce significative

Légion des Volontaires Français
 Le bolchevisme est instrument de domination juive. Si tu espères encore échapper à son emprise par l'indifférence ou un ralliement opportuniste à la onzième heure, la douzième te sera fatale. Si tu n'abats pas la bête elle te broiera.
Engagez-vous dans la Légion des Volontaires Français, siège social à Paris, 19 rue St-Georges, à Angers, 35 rue St-Aubin, à Saumur, 47 rue du Portail-Louis.

En première page : Informations générales
en manchette on trouve :
1° L'éditorial intitulé : « Le Service du Travail « 
Le fac-simile ci-joint de cet éditorial donne parfaitement le ton collaborationniste du journal. On notera que le qualificatif « Obligatoire » su S.T.O. est omis ! (à introduire ici)
2° Un premier titre en gras concernant le front russe :« Les troupes allemandes réalisent de nouveaux gains ».
3° Un second titre en maigre « Défaite américaine en Tunisie méridionale »
4° Un troisième titre en gras : « Les obsèques des victimes de la R.A.F. Dans une ville du Centre ».
Curieusement le nom de la ville n'est pas précisé.
Et ces autres titres pêle-mêle :
« Après l'évacuation de Kharkov »
« Communiqué officiel italien »
« Des forces brésiliennes occuperaient l'A.O.F. »
« Méfiez-vous des faux policiers »
« Les délégués de la propagande paysanne à Vichy »
« M. Yves Lelong nous donne ses impressions de Vichy »
« A partir du 31 mars – Inscriptions chez le cordonnier pour les resemmelages. Les enfants auront droit à deux paires de chaussures par an »
«.... pour les pointures du 27 à 38, l'échange n° 1 (chaussures usagées contre neuves) est suspendu jusqu'à nouvel ordre, afin de permettre l'écoulement des chaussures usagées ».
« Le bronze d'aluminium ne sera pas reçu en paiement de l'impôt-métal ».
« Deux jeunes gens volaient un paratonnerre »
Cela eut lieu à Nice ... pour payer l'impôt-métal !
« L'emploi de la saccaharine est autorisé dans la fabrication de certaines denrées et boissons »
Cela concerne les vins mousseux, cidre et poire, eau de vie, liqueurs et sirops (sauf pour l'exportation).[sans doute vers l'Allemagne !]; limonades, café et thé (boissons)... »
« Des calories pour vos enfants- Les pâtes de fruits rationnées »
Mais l'article, après avoir vanté leurs mérites et fait saliver le lecteur, se conclut ainsi : « Hélas ! Les parisiens en seront privés : car ces pâtes de fruits facilement transportables sont surtout vendues dans les départements éloignés des centres de production. Souhaitons que peu à peu, on puisse en réserver une certaine quantité aux grandes agglomérations ».
« Un centenaire reçoit la médaille militaire »
Et enfin ce conseil, soigneusement mis en valeur sur le plan typographique dans le coin inférieur gauche : « N'achetez pas n'importe quoi à n'importe quel prix sous prétexte d'employer votre argent. Que vaudront demain ces marchandises, souvent de qualité inférieure, que vous aurez entassées ? Employez votre argent, bien sûr, placez-le sainement et faites-le rapporter. AB 35 ».


Aperçu sur les mentalités à Villevêque et environs

Comme on a pu le constater à la lecture des titres de cet exemplaire du « Petit Courrier », pris au hasard, je le répète, la propagande vichyste en faveur de la Collaboration, était bien présente or ce journal était très lu à Villevêque comme ailleurs. Il apparaît cependant que la population resta sur la réserve et n'adhéra pas à ces idées sinon du bout des lèvres.
La Corporation Paysanne qui se développa alors fut surtout le prolongement d'une tendance des paysans à s'organiser en syndicats, tendance qui avait commencé d’apparaître entre les deux guerres. Il y eut les excès du Dorgérisme mais l'extrémisme suscite rapidement la méfiance et la défiance. Eugêne Hamard, qui fut le premier maire après-guerre, était le délégué de la Corporation paysanne ou « syndic » et comme il fut l'un des membres du Comité Départemental de la Libération, il eut dans ce cadre une activité résistante. Il fut sans doute recruté par le chef de la Résistance angevine, puis régionale Jean Eynaud du Faye, qui occupait un poste itinérant dans tout l’Ouest, au sein de cettec organisation, ce qui lui servit de couverture.
Toutefois le slogan « Travail, Famille, Patrie » eut à l'évidence un écho favorable parmi une population à dominant rurale et fortement pratiquante mais la présence d'un curé ancien militaire et vraisemblablement devenu sympathisant gaulliste, dut tempérer les choses. Il soutint activement le mouvement de la Jeunesse Agricole Chrétienne (J.A.C. et J.A.C.F.), encouragea le sport (basket), les activités théâtrales en hiver et les kermesses et fêtes des moissons à la belle saison.
Je n'ai aucune preuve formelle de son appartenance à la Résistance, toutefois, selon un témoignage oral, peu avant la fin de la guerre, il dut fuir précipitament, à la suite d'une dénonciation. Un autre témoignage fait état de renseignements précis collectés par lui auprès d'un jeune requis travaillant dans une usine d'armement de Tiercé. Un troisième témoignage d’une jeune fille à l’époque, confirme ses sympathies pour la Résistance.
Geneviève Legrand, jeune parisienne repliée à Villevêque pendant la guerre, m'a rappelé que dans sa famille d'acceuil on sortait le soir le poste de radio de sa cachette pour écouter, très bas, la radio de Londres et avec beaucoup de méfiance pour ne pas être surpris au cas où quelqu'un surviendrait. Il était, en particulier très important de ne pas laisser l'indicateur de stations sur la B.B.C car, lors des perquisitions, c'était la première des choses que les agents de la Gestapo vérifiaient.

Exemples de condamnations pour avoir écouté la radio anglaise

- M. Fernand Jolivet, horloger, né à Briollay le 5 mars 1897, est arrêté chez lui, 5 rue du Cornet à Angers le 23 mai 1942 pour le motif suivant : « auditions radiophoniques défendues. Se trouvait chez un voisin pour écouter la radio anglaise. Condamné le 26 mai 1942 à 3 mois de prison par la Feldkomdantur 588. Libéré le 12 juiin 1942 ». On trouve en marge : « consécutif à une dénonciation ».
(A D 40, 303 W 292, fiche n° 67).

« Guillemin Gaston, receveur buraliste de 2e classe et débitant de tabac à Pellouailles est détenu par les autorités allemandes. Il serait reproché à l’intéressé d’avoir écouté la radio anglaise ». Lettre du directeur des contributions Indirectes au préfet, du 1er août 1942.
(A D 49 W 292)

Y eut-il des collaborateurs ?

Je n'ai relevé qu'un seul cas d'arrestation, à la Libération, vraisemblablement sur dénonciation. Il y eu cependant des femmes tondues au bourg, (deux ou trois).Voir infra.
1945, le 28 février, libération d’un interné : le maire est avisé que M. X … interné au camp de Châteaubriant va être libéré le 10 mars. La préfecture demande son avis au maire pour savoir s’il doit être interdit de séjour à Villevêque ou non. (A M).
Dans la commune voisine de Pellouailles-les-Vignes, on citait le nom d’une jeune femme, fille de commerçants qui pratiqua la « collaboration horizontale ».

1943, le 8 décembre : Trois parachutistes anglo-américains livrés aux Allemands par les gendarmes, à Baracé.

« Rapport du sous-lieutenant Morvan, commandant la section de Baugé sur l’arrestation de trois parachutistes anglo-américains

Le 7 décembre 1943, à 18 heures 30, trois parachutistes anglo-américains se sont présentés à la ferme de la M.….. à Baracé, (Maine et Loire)
La brigade de Durtal avisée par les soins des habitants de la ferme a prévenu la Feldgendarmerie à Angers qui a emmené les trois parachutistes à 23 heures 30.
Ces personnes vêtues de vestes de cuir et d’effets civils semblent avoir atterri hors la région. Ils n’étaient porteurs d’aucune arme et n’ont exercé ni violence ni menace.
Les intéressés n’ont donné aucun renseignement sur leur mission.
L’événement n’a eu aucune influence sur la population ».
(A D 49 18 G 28).
La découverte de telles archives génère un sentiment de honte.
Ce rapport montre à l’évidence que certains Français n’ont pas hésité à collaborer sans vergogne avec les Allemands, par ignorance, par peur, par lâcheté ; tandis que d’autres Français prenaient tous les risques en cachant les parachutistes et en leur facilitant l’accès aux filières d’évasion.
On verra ci-dessous qu’une filière d’évasion devait passer par Pellouailles. (voir les souvenirs d’un enfant de Pellouailles).
Une autre filière m’a été mentionnée par M. et Mme Poirier. Dans la ferme de M. Poirier père à Briollay plusieurs personnes furent cachées et conduites au Porage.



Les restrictions le ravitaillement

1941 le 16 juin, le Conseil municipal procède à la désignation d'une commission du ravitaillement.
1942, le 17 décembre : contrôle mobile du Ravitaillement

Le maire est avisé par le service du contrôle du Ravitaillement Général de M et L que le 8 octobre 1942 les contrôleurs mobiles du Ravitaillement ont dressé un P V à un cultivateur de Villevêque, L A, pour infraction à la loi relative au transport des denrées alimentaires. Ils lui ont confisqué 80 kg de pommes de terre et 40 kg de poires.
Un autre contrôle, opéré par les Allemands aurait pu avoir des conséquences tragiques. Il était raconté par Alexis Rontard, le garagiste, qui était presque le seul à circuler encore en voiture automobile avec sa fameuse camionnette « Tartinette Graf ». Lors d'un contrôle routier, on lui demanda ce qu'il transportait dans son véhicule et il répondit sans se démonter : un mort. Les Allemands le laissèrent passer. En fait de mort, c'était bien un mort, mais un cochon !

1941 : Les cartes de rationnement : cartes d’alimentation et les bons de toutes sortes, pour survivre

Les Archives communales conservent un cahier sans titre qui a été beaucoup manipulé et qui est le listing des cartes d'alimentation et des cartes de vêtements et articles textiles distribuées.
Le registre des cartes d'alimentation comporte 6 colonnes :
-la première est le n° de la carte
la seconde le nom et le prénom de l'attributaire
la troisième sa date de naissance
la quatrième la catégorie à laquelle appartient le consommateur
la 5ème la date de remise au consommateur
la 6ème l'émargement
Ce registre comprend 1483 numéros de cartes rangées par ordre alphabétique sauf pour les enfants nés après 1941 et les arrivants ultérieurs, tels les prisonniers de guerre rapatriés. L'émargement permet de connaître les cartes non distribuées, parce que les personnes sont décédées, parties ailleurs ou plus tragiquement, ont été déportées.
C'était un important outil de contrôle de la population.
Les catégories de consommateurs étaient :
E : enfants en bas âge, moins de 3 ans,
J1 : jeunes enfants, de 3 à 6 ans,
J2 : enfants,de 6 à 13 ans,
J3 : adolescents, jeunes gens, de 13 à 21 ans,
A : adultes, de 21 à 70 ans,
T : travailleurs de force de 1ère et 2 ème catégories,
T C : travailleurs et cultivateurs,
V : Vieillards, plus de 70 ans,
Deux grandes dates de distribution générale figurent sous forme d'un cachet à date : le 28 octobre 1941 et le 18 janvier 1945, mais celles-ci se sont poursuivies jusqu'en 1949.
Un second registre de délivrance des cartes d’alimentation montre qu’une nouvelle distribution a eu lieu le 30 juin 1945. Il comporte 1401 numéros. La dernière délivrance concerne un enfant né le 31 Aout 1949.. Les radiations pour cause de départ ou de décès et nouvelles inscriptions (arrivées dans la communes et naissances) permettent de suivre les mouvements de population.
- Pour le pain, des coupons étaient distribués chaque mois par la mairie et les petites vignettes détachables de 25, 50, 100, 175, 250, 350, 375, 750 grammes étaient remises aux commerçants lors des achats. Ce n'était qu'une autorisation d'acheter et lorqu'ils étaient épuisés, il n'y avait plus de possibilité d'achat. Les quantités autorisées étaient fonction des catégories de cartes et pouvaient varier d'un mois à l'autre. Un tableau du ravitaillement était publié chaque mois, définissant les quantités de pain, de viande, de matières grasses, de café, de farines, de fromages, de chocolat, de riz, de sucre, de pâtes alimentaires ou tapioca. Cela pouvait être par exemple, pour un mois donné, les quantités de pain suivantes : 125 g pour les E, 225 g pour les J et V, 300 g pour les J2 et A, 350 g pour les J3, 350 g pour les T et C.
- Il y avait des coupons avec vignettes détachables « Matières grasses, fromage et denrées diverses », avec des rations bi-mensuelles de 100 g.de beurre
De même pour la viande et la charcuterie : la ration de viande mensuelle pouvait varier de 125 g à 250 grammes.
les pommes de terre étaient aussi rationnées et taxées, ce qui d'ailleurs n'incitait pas à en produire !
les produits à base de savon (coupons semestriels)
La carte de vêtements et d'articles textiles donnait droit à l'attribution de coupons de vignettes détachables de 1, 5, et 10 points. Ces bons d'achat permettaient d'acquérir, avec parcimonie, des vêtements et articles textiles ainsi que des chaussures, de mauvaise qualité.
Il y avait aussi la carte de tabac, payante (20 francs), utilisable par décade en cochant ou découpant la case correspondante.
Pour gérer tout cela, il était possible d'acquérir un petit carnet-classeur, porte-carte, intitulé « Ravitaillement »  et breveté SGDG !
(Voir photographies)

Huit années de restrictions

Lorsqu'on sait la valeur symbolique qu'avait le pain avant la guerre, en tant qu'aliment de base essentiel, on peut se faire une idée de la pénibilité des restrictions imposées pendant la guerre et plus encore après la guerre, en considérant qu'elle a été l'évolution de la ration quotidienne d'un adulte.
La consommation moyenne d'un adulte était de 500 grammes par jour avant la guerre et le rationnement l'a limitée à 350, 300 et même 200 grammes...pendant 9 mois en 1947.
C'est ainsi, que même à la campagne, on mangea du pain de maïs, bien jaune et durcissant vite. La petite histoire qui se racontait alors était que nous avons dû cela à une erreur de traduction. On demanda du blé aux Américains (« corn » en anglais). De fait les bateaux « Liberty Ship » livrèrent bien du « corn », avec cette différence que le « corn » en américain est du maïs !
A noter que le rationnement, supprimé durant 2 mois, dans l'euphorie de la Libération, dut être rapidement rétablie, ce qui causa d'énormes déceptions et beaucoup de morisité.

PériodeDuréeGrammes
de pain par jourOctobre 1940-juillet 19419 mois350 g1er juillet 1941-janvier 19426 mois300 g1er janvier 1942-novembre 194322 mois275 g1er novembre 1943- 30 septembre 194411 mois300 g1er octobre 1944 -1er novembre 194513 mois350 g1er novembre1945-1er janvier 1946 2 moisVente libre1er janvier 1946-1er mai 194716 mois300 g1er mai 1947-1er septembre 1947 4 mois250 g1er septembre 1947-31 mai 1948 9 mois200 g1er juin 1948-31 août 19483 mois250 gSource : Almanach Hachette 1949 p. 51

Les habitants d'Angers venaient au ravitaillement à bicyclette, allant de ferme en ferme en quête de provisions. L'agent secret britannique le lieutenant colonel Richard Heslop a raconté dans son livre « Xavier » que lorsqu'il était à Angers, en 1943, il partait ainsi à bicyclette et il en profitait pour faire du repèrage pour des dropping zones. Le captain Wilkinson, qui était son ami faisait de même avec une petite remorque pour alimenter la pension de famille que tenait sa femme à Angers. C'est ainsi qu'il fit la reconnaissance des terrains d'atterrissage clandestins des Grands-Bas et probablement aussi de la Grand-Rivière en compagnie du résistant Marcel Poitevin. Voir ci-dessous.

La vente du vin était rationnée. Par exemple dans les 3 sociétés de boules de fort de Villevêque, il n'était plus servi de vin en semaine mais seulement les dimanches et jours de fête.
Ces restrictions durèrent aussi après guerre. Voir ci-dessous la rédaction d’un enfant.

1946-47 : « la distribution du vin » vue par l’écolier Robert Gautret

Ce petit texte est extrait du « caher d’honneur » du maître d’école Maurice Poperen.
« Un jeudi j’accompagne papa chez M. Fourny à la distribution du vin.En arrivant nous entrons dans le cellier où sont alignés de grands tonneaux pleins de vin.
M. Bossé place une pompe sur un tonneau et emplit les barils et les bouteilles apportés. M. Fourny prend les cartes que les clients lui présentent et les poinçonne.
Attendant leur part de vin, les gens bavardent entre eux puis lorsqu’ils sont servis, ils paient leur vin et s’en vont, contents d’avoir eu leur répartition ».


1945 : Les titulaires d’une carte d’alimentation, leur origine géographique

On trouve dans les Archives municipales une registre d’inscription des personnes à qui une carte d’alimentation a été délivrée le 30 juin 1945 et les années suivantes. La dernière carte a été attribuée le 23 mars 1949.
1376 numéros ont été utilisés sur la période du 30 juin 1945 au 23 mars 1949 mais 189 ont été biffés, dûs aux départs hors de la commune et aux décès.
Le lieu de naissance étant précisé, il a été possible de dresser le tableau des origines géographiques suivant :



Lieu de naissance à fin juillet 1946

NombreVillevêque 544Angers 82Corzé 58St-Sylvain 41Pellouailles 37Plessis-Grammoire 20Briollay 16Total avec les communes limitrophes 798Tiercé 15Seiches 13Autres communes du département 212Autres départements 163étranger 8 Total1205(Source : A M)


Les opérations de recensement, dates et intitulés des circulaires préfectorales

Il y eut de nombreux recensements durant la guerre comme on pourra le constater ci-dessous.

A - concernant les personnes

1941, le 15 juin : état trimestriel des décès des titulaires de la Légion d'Honneur et de la Médaille Militaire
1942, le 1er septembre : recensement des jeunes gens, après avoir consulté le fichier nominatif des cartes d'alimentation, âgés d'au moins 17 ans et 21 au plus au 1er janvier 1942;
- état numérique pour le 8 septembre,
- liste nominative avec adresse et date de naissance des recensés classés par âge : 21, 20, 19,18, 17 ans, pour le 25 septembre.
1942, le 20 octobre : recensement de tous les hommes âgés de 18 à 50 ans pour le 30 octobre suivant.
1942, le 23 octobre : recensement de la main d'oeuvre artisanale dans le travail des métaux, effectué par la Chambre des Métiers (loi du 4 septembre 1942)
Un double de la réponse a été conservé pour l'état numérique. Il est daté du 29 octobre 1942.




DésignationHommes de plus de 23 ans et de moins de 50 ans soumis au recensementCélib.Divorcé Veuf sans enfantMarié depuis + de 2 ans sans enfantMarié depuis – de 2 ans sans enfantMarié avec 1 enfant à chargeMarié avec 2 enfants à charge TotalArtisans maîtres1 23Artisans compagnons112Total1135
1942, le 14 novembre : le préfet envoie la circulaire suivante au maire : « j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien m'adresser par retour du courrier, et au plus tard le mercredi 18 courant, une liste comprenant les noms de 8 ouvriers, soit le double du personnel à fournir par votre commune, pour le travail en Allemagne et aussi en France pour le compte de l'Organisation Todt.... »
1943, le 1er février, un télégramme officiel de la préfecture est adressé aux maires. Il est ainsi formulé ; « Les maires sont chargés de communiquer à la Feldkommandantur 595 bureau d'embauche 12 rue Chevreul au plus tard le 6 février 1943, sous leur entière responsabilité tous les artisans de leur commune, séparés par profession, inclus leurs ouvriers et apprentis avec les indications suivantes : Nom, Adresse, date de naissance, situation de famille, etc. Sont compris comme artisans, forgerons, charrons, menuisiers, bouchers, charcutiers, tailleurs, boulangers, cordonniers, etc... »
1943, le 10 février : Recensement des Français et ressortissants Français ne se trouvant pas pourvus d'un emploi utile aux besoins du pays (Loi du 4 septembre 1942 relative à l'utilisation et à l'orientation de la main d'oeuvre). Tout Français né entre le 1er janvier 1912 et le 31 décembre 1921; est concerné. « En résumé vous aurez à établir 10 états (un par année de naissance), en double exemplaire, sur chacun desquels devront figurer les 8 catégories sus-indiquées...Le contrôle du recensement sera réalisé au moyen des cartes d'alimentation. Sur la carte de chaque homme recensé, il y aura lieu d'apposer un cachet portant la mention « recensé» sur laquelle ou à côté sera également apposé le cachet de la mairie.
Un deuxième contrôle des cartes d'alimentation aura ensuite lieu dans le délai d'un mois, par mes services de police »
1943, le 29 mars : Recensement des ouvriers qualifiés du bâtiment et des métaux, nés entre le 1er mars 1893 et le 25 février 1925 et qui sont actuellement occupés à des travaux autres que ceux de leur spécialité. Réponse avant le 8 avril.
Voici celle de Villevêque, en faisant remarquer que ces personnes ne travaillent pas actuellement en dehors de leur qualification professionnelle !
:
Nom et prénomprofessionBouchet GeorgesForgeron maréchalBrisset RenéCharron-charpentier-tonnelierChaignon HenriForgeron maréchalCharron Joseph TôlierGrippont LouisCouvreurLemasson RogerCouvreur-zingueurMénant ElieSerrurier-mécanicienRontard AlexisMécanicien-garagiste
1943, 20 avril : recensement, en application du décret du 27 mars 1943, des employeurs et par établissement, des travailleurs français, de sexe masculin, nés entre le 1er janvier 1893 et le 31 décembre 1925 (y compris l'employeur) et délivrance d' un certificat de travail nominatif, institué par ce décret.
1943, le 25 septembre : recensement des jeunes gens de la classe 1943.
« Deux opérations préludent à l'affectation des hommes de la classe 1943
1°) Recensement . Les agriculteurs, bien que dispensés de réquisition devront néanmoins figurer sur l'état de recensement.
2°) Visite médicale.
1943, 27 septembre : recensement des jeunes gens de la classe 1943 : précision sur ce qu'il faut entendre par agriculteur.
1943, 28 septembre : Service du Travail Obligatoire : vérification de la situation des jeunes gens, nés entre le 1er octobre 1919 et le 31 décembre 1922.
« A cet effet, j'ai fait établir, par commune, les listes de recensement ci-jointes, donnant indication de la classe, de la profession et de l'adresse de chaque individu et sa situation à l'égard du Service du Travail Obligatoire. Ces listes doivent être affichées, dès leur réception, à la porte de la Mairie, sans attendre le contrôle dont il est question ci-après, nécessaire pour remédier aux omissions qu'elles peuvent comporter.
J'ai invité les Services de Gendarmerie à vérifier, en accord avec vous, à l'aide notamment du fichier de la carte d'alimentation et de tous documents utiles, si tous les jeunes gens remplissant les conditions d'âge ci-dessus indiquées, figurent sur les états transmis.
Pour procéder à cette mise au point, vous vous conformerez aux instructions suivantes :
D'accord avec M. le chef de Brigade de Gendarmerie :
1° Vous compléterez les listes transmises, par l'indication des hommes non inscrits, domiciliés dans la commune, astreints au Service du Tavail Obligatoire.
2° Vous rectifierez les adresses et les professions erronées et le cas échéannt les indications contenues dans les colonnes : situation au regard du S.T.O.
L'état ainsi complété sera de nouveau affiché.
J'insiste tout particulièrement sur l'importance de la mission qui vous est ainsi confiée.
Il ne s'agit pas de rechercher des jeunes gens qui, bien que nés dans la commune, l'ont quittée depuis des années, mais bien de déceler ceux qui n'y étant pas nés y ont leur résidence et s'y trouvent encore, sans pouvoir présenter les justifications énoncées aux instructions ministérielles que vous allez incessamment recevoir. C'est la raison pour laquelle je considère que la consultation du fichier communal de la carte d'alimentation doit vous fournir des indications précieuses.
Le Préfet délégué
M. Sassier »
1943, 11 octobre : recensement de la classe 1943. Visite médicale 1943, 30 décembre,
1943, 25 octobre : Recensement des jeunes gens nés en 1923. Visite médicale des retardataires ou de ceux qui n'ont pu se présenter à la date où ils étaient convoqués. Etat complémentaire des omis à faire parvenir avant le 1er novembre.
1944, 5 janvier et 19 janvier : recensement des hommes nés en 1924 : « Le 27 janvier au matin la liste des recensés et les bulletins individuels remplis ou non utilisés, raturés ou gâchés, vous seront repris par les services de gendarmerie. Le chiffre des bulletins retournés devra correspondre à celui que vous avez reçu. ...Vous voudrez bien prendre toutes mesures utiles pour qu'aucun titre de rationnement ne puisse être perçu par les intéressés, non titulaires du certificat de recensement »
1944, le 27 janvier : recensement des jeunes gens de la classe 1944 – Réfractaires. Exécution de la circulaire du 12 janvier 1944
« Si ces réfractaires se présentent à vos services pour régulariser leur situation, vous prendrez en note tous les renseignements demandés sur le bulletin de recensement (nom, prénom, date et lieu de naissance, nationalité, domicile, instruction, profession, nom et nature de l'activité de l'employeur actuel) et conserverez les fiches individuelles ainsi établies jusqu'à nouvel ordre.
-Le Préfet délégué
M. Sassier »
1944, le 13 mars : 1° contrôle du recensement des jeunes gens nés en 1924 ;: à l'occasion de la distribution des feuilles de ticket d'alimentation d'avril, toute carte d'alimentation devra être accompagnée du certificat officiel de recensement. Les jeunes gens non munis du certificat sont notés avec tous les détails les concernant et ces renseignements transmis au Service de la main d'oeuvre pour le 5 avril qui leur délivrera un certificat de recensement avant le 20 avril.A partir de cette date, tout jeune homme né en 1924 qui ne possédera pas de certificat de recensement sera considéré comme insoumis.
2° recensement des jeunes gens de la classe 1943
Les mêmes dispositions sont appliquées avec les mêmes conséquences.
1944, 13 mai : recensement des hommes nés en 1925;
1945, décret du 8 janvier : les appelés de la classe 1943
1945, 6 mai : tableau de recensement de la classe 1944
1945, le 8 mai : recensement des hommes nés entre le 1er janvier 1885 et le 30 juin 1928 et les femmes sans enfants nées entre le 1er juillet 1899 et le 30 juin 1926, pour le 30 mai dernier délai.
« Les Français et Françaises recensables seront invités par voie de presse à se présenter en Mairie du 12 au 18 mai 1944 inclus, porteurs des pièces suivantes :
- carte d'alimentation
- carte d'identité officielle récente ou validée
- carte de travail ou à défaut toutes pièces officielles de nature à justifier leur identité et leur emploi actuel.
Vous délivrerez un récépissé. Les titres de rationnement de juin et des mois suivants ne seront renouvelés qu'aux titulaires de ce récépissé.
Avant de me transmettre les états réglementaires vous vous assurerez que les habitants de votre commune remplissant les conditions d'âge sus-indiqués y ont tous été consignés. Vous y inscrirez d'office tous les individus qui ne se seraient pas présentés en Mairie mais que vous savez habiter votre commune. Le Préfet : C. Donati »
1945, le 7 juillet :Etablissement des listes de Français et d'étrangers décédés en Allemagne.
« Ces listes permettront de déceler les individus douteux qui tenteraient d'entrer en France sous l'identité de personnes décédées, en vue de se soustraire aux recherches dirigées contre eux ».
La réponse de la commune porte sur Veau Raymond et Richer Jean.





1943, 16 février : Le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.)

"Créé par un acte dit loi du 16 février 1943 né des exigences en main d'œuvre de l'occupant, il impose à tous les jeunes gens des classes 1940 à 1943 un service du travail de deux ans avec obligation pour ceux nés en 1922, de l'effectuer en Allemagne."
C'est ainsi qu'une dizaine de jeunes gens sont partis en Allemagne, requis après avoir passé une visite médicale qui les a déclarés bons pour le service en Allemagne. L'un d'eux n'est jamais revenu, tué lors de bombardements alliés.Voir ci-dessous.
Sur les 31 jeunes gens appartenant aux classes 1939/4, 1940, 1941 et 1942, 21 furent exemptés en tant qu'ouvriers agricoles ou ouvriers de laiterie, 9 furent requis et 1 était décédé.

Les jeunes gens recensés pour le S.T.O. et exemptés

Ils sont astreints à déposer leur carte de travail (modèle n° 3) en mairie dès le 20 juillet 1943 afin que la direction départementale du S.T.O., 22 rue Paul Bert à Angers, procède à leur vérification. Un récépissé est délivré par le maire.


Nom et Prénom
Date de naissance
Profession
AdresseDate de dépôt de la carte de travail en mairieDate de rectification et de transmission de la carte de travail ( modèle 3)
Baron Louis10/10/1920Ouvrier agricoleLe Hutreau20/07/194313/08/1943Berrué Roger30/12/1920Domestique agricoleLa MortonnièreididCattaert Guy Paul24/11/1922CultivateurChapeau d'anne29/08/194308/09/1943Chouteau Lucien01/09/1922AgriculteurLa Touche20/07/194313/08/1943Chopin Gabriel20/11/1920Ouvrier ramasseur de laiterieLe bourg20/07/1943idColetta Alfred14/12/1921Domestique agricoleFrémoulinididCollignon Robert08/04/1920Laitier
(ouvrier ramasseur)Le bourgididDrouin Abel26/12/1919Ouvrier agricoleLa PotardièreididDrouin Henri24/10/1919Ouvrier agricoleFayetididGautret Louis03/06/1921Ouvrier agricoleLa TourizièreididHergué Eugêne15/11/1919Ouvrier agricoleLes BarresididHergué Georges06/11/1922CultivateurLes Barresid16/08/1943Lecomte Joseph10/03/1921Domestique agricoleLe Parcid13/08/1943Leroyer Maurice20/08/1922CultivateurFayetid20/6/08/1943Minaret Marcel29/05/1921Ouvrier agricoleReignierid13/08/1943Poirier Gaston22/10/1920JardinierLe bourgididRollo Auguste27/08/1921Domestique agricoleLes Binotières20/07/194313/08/1943RouaultPierre02/03/1921Cultivateur fermierSouvignéid?Sallé Joseph19/02/1920Ouvrier agricoleTouraineididTison Albert01/05/1920Laitier manoeuvreLe bourgididVinois Raymond11/12/1920Ouvrier agricoleCraonidid(Source : Archives municipales.)


Les travailleurs requis en Allemagne

Il s'agissait d'abord des jeunes gens nés en 1922, qui après recensement et une visite médicale effectuée par un médecin français, les déclarait bon pour le service en Allemagne. Ces fiches de visite sont conservées dans les Archives municipales. On verra, dans cet autre fichier conservé dans les Archives municipales également et qui m'a permis de dresser le tableau ci-dessous, que l'un des requis était plus âgé. Une note le concernant explique qu'il a d'abord été réfractaire, sans doute lors d’une précédente réquisition d'ouvriers, car il est parti en Allemagne, plus tôt, dès la fin 1942.

Nom PrénomDate et lieu de naissanceStatutProfession exercée à Villevêque avant départDate départ en AllemagneAdresse en AllemagneEmploi en AllemagneDate du retourAudiau
Edmond
Lucien12/05/1922 Soulaines/
AubanceCélib. Sans Enf.Mécanicien
28/061943Lager 100 Konigsberger Strasse Dusseldorff Wagons FabrickManoeuvre09/05/1945Dupont
Célestin15/06/1922
St-SylvainCélib. Sans Enf.Ouvrier
agricole chez
ses parents,
le Painvenais28/06/1943Singenick 51 Theo Lehser über
Tuskirchen (22)Ouvrier agricole15/03/1945Greffier
Auguste27/10/1922
VillevêqueCélib. Sans Enf.Ouvrier
agricole chez
ses parents,
le Petit Reugnier28/06/1943Bei Leonard Classen Ostrasse 66 M. GladbachOuvrier dans une fabrique de vêtements22/O3/1945Maillet René Auguste26/06/1922
AngersCélib. Sans Enf.Domestique
agricole chez
M. Bompas

Les Bouchets28/06/1943Bei Theodor Krentzer Herrenshoff 92 München M. Gladbach- Land Rh.l DeutschlandOuvrier agricole11/03/1945Malpeau Louis04/08/1922
VillevêqueCélib. Sans Enf.Ouvrier
agricole chez
M. Victor
Verdillon

la Varenne28/06/1943Paul Kamphausen Beckrath n° 148 Post M. Gadbach Land RheinlandOuvrier agricole11/03/1945Morchoisne Marcel08/07/1922Cré/ Loir (Sarthe)Célib. Sans Enf.Domestique
agricole chez
J. Supiot à
L'Aumonerie28/061943
Bei Schüfer
Joseph
Kupperach
Munstercifel
LandOuvrier agricolePoitevin
Louis30/01/1922
VillevêqueCélib. Sans Enf.Ouvrier
agricole chez
ses parents,
les
Bougonnières28/06/
1943Abes Vitnr Joh
Jachobs
Geich brp
Langerrve
ü Duren
RhldOuvrier agricole10/05/1945Richer Jean13/11/1913 VillevêqueCélib. Sans Enf.Forgeron maréchal chez M.Lebert à St-Antoine du Rocher (I. et L.)30/11/1942Hans Lutz
Machinenfa-brick Hamburg
Amerialn Strass
Schuppen 43
DeutschlandOuvrier forgeron usine moteurs d'avionsDécédé 11/03/1945Vallier Marcel 17/02/1922 Assistance Publique de M. et L.Célib. Sans Enf.Domestique agricole chez M. Samson à la
Gilberdière28/06/1943Paul Kamphausen
Beckrath n°148 Post
M. Gadbach Land RheinlandOuvrier agricole11/03/1945A ajouter à ce fichier :Veau Raymond
Auguste Charles31/12/1907 Pellouailles-les-VignesDécédé à Ergste(Allemagne)18/12/1942Paponnet
Albert08/05/21Ouvrier couvreur le Port-Terreau?(Source : fichier communal des A M)

On aura noté que tous les requis sont des ouvriers sans exception, ouvriers agricoles pour la plupart et quelques uns de l'industrie.
Comment s'est fait la sélection car les travailleurs du secteur agricole n'étaient pas en principe astreints à cette réquisition ?
Un ancien réfractaire au S T O. Bernard Morinais écrivait en 2006 : « Nous pûmes apprendre rapidement que les préfets avaient imposé aux Maires des communes des « quotas de réquisition au S.TO », à respecter. ».

1944, le 12 mars : création d'un comité local d'aide aux travailleurs en Allemagne
Il est ainsi composé :
Président........................Foin Alexis, maire
Vice-président...............Poitevin Louise
Secrétaire.......................Doublard Emile
Trésorier........................Greffier Auguste
Membre.........................Chatelain Louis
Membre.........................Supiot Joseph
Membre.........................Derouin Maurice
Membre.........................Aubert Henri
Membre.........................Leray Joseph.
Membre.........................Repussard Louis.
Membre.........................Pauvert Emile
Et il est approuvé par arrêté préfectoral le 24 mars suivant.sous l'appellation de « Comité
Local d'Entr'aide aux Familles des ouvriers travaillant en Allemagne ».
Il a pour objectif de recenser les travailleurs de la commune en Allemagne afin de leur faire parvenir des colis. La circulaire du préfet Sassier du 12 février 1944 est une reconnaissance indirecte de la situation peu enviable de ces travailleurs soi disant « libres ». N'écrit-il pas :
Les nombreuses lettres que le Comité Départemental a reçues et continue à recevoir des travailleurs angevins actuellement en Allemagne disent trop éloquemment dans leur simplicité, l'utilité de la tâche à laquelle je vous demande de collaborer de tout coeur.
Ces colis qui apportent à vos compatriotes un précieux appoint matériel, constiituent pour eux le plus grand réconfort moral en leur donnant cette joie si douce de constater qu'ils ne sont point oubliés dans cette petite Patrie dont ils souffrent de vivre séparés ».

1944, le 8 mai : Le président du comité d'aide aux travailleurs en Allemagne accuse réception des 8 fiches des travailleurs de Villevêque, requis pour aller travailler en Allemagne, transmises par la mairie. A savoir :
Dupont Célestin, qui était ouvrier agricole à Painvenais
Greffier Auguste fils qui était ouvrier agricole à Reugnier
Maillet René qui était ouvrier agricole aux Bouchets
Malpeau Louis qui était ouvrier agricole à Reugnier
Morchoisne Marcel qui était ouvrier agricole à la Perrière
Poitevin Louis. qui était ouvrier agricole aux Bougonnières
Richer Jean [forgeron]
Vallier Marcel qui était ouvrier agricole à la Gilberdière
On aura noté que tous ces ''requis'' étaient de simples ouvriers agricoles qui furent désignés vraisemblablement du fait de leur statut d'ouvrier.

Les réfractaires au S.T.O. et autre clandestins

Dans les réponse à l'enquête communale lancée par la préfecture en 1948, il est fait mention de 8 jeunes gens réfractaires au S.T.O. et qui étaient cachés dans la commune. Je n'ai pour le moment réussi à n'identifier que trois de ces jeunes gens.
Pierre du Boullay
L'un d'eux que j’ai connu, était un étudiant et se nomme Pierre du Boullay. Il travaillait à la Raverie chez mon père Pierre Delavigne, où il conduisait des boeufs que le père Leré, du Hutreau, avait dressés. Il entra après la guerre en classe préparatoire Agro à Ste Geneviève, à Versailles et passa le concours de l'Institut National Agronomique à Paris, obtenant le titre d'ingénieur agronome, (promotion 1949).. Il devint ensuite jésuite et enseigna l'économie rurale à l'Ecole Supérieure d'Agriculture et de Viticulture d'Angers mais il finit par quitter les ordres.
J'ai retrouvé son nom exact sur la liste des hommes de Villevêque assignés en 1944 à la garde des rames de wagons stationnés sur les voies de garage, en gare de St-Sylvain-Briollay. Il ne figure pas en revanche et pour cause, sur les listes de distribution des cartes d'alimentation. Portait-il alors un nom d'emprunt ?
Pierre du Boullay est né en 1921 et appartient à la classe 41 et il était donc astreint au S T O. Il a commencé par travailler dans un chantier de jeunesse dans l’Ain où il abattait du bois et gardait des trains. Ces chantiers de jeunesse avaient été créés en 1940, le 30 juillet par le général pétainiste de la Porte du Theil.
Il déserta après quelques mois et passa voir sa famille en Normandie, au grand effroi de sa mère, qui interrogée par les gendarmes, se trompa de dates. Il avait sa carte S T O en tant qu’étudiant sursitaire et avait toute chance d’être requis pour le travail en Allemagne. Mais en octobre 1942 les agriculteurs furent dispensés de cette opbligation. Il fallait pour cela un certificat d’un maire et du président de la Corporation Paysanne. Il rechercha d’abord un maire. On lui signala un maire très pétainiste de la Mayenne qui tout en le sermonnant lui signa un certificat. Il se rendit ensuite auprès de l’administration de la Corporation Paysanne à Laval pour avoir l’accord du chef régional qui était un ancien officier de 1914 qui, par un heureux hasard avait connu son oncle et qui devait avoir déjà des sympathies pour la Résistance. Sa carte du S T O fut surchargée à l’encre rouge. Ce responsable régional était vraisemblablement Raymond Delatouche, de Soulgé-le-Briant [devenu Soulgé-sur-Ouette]. Cet historien médiéviste, agriculteur éleveur et fondateur de différents organismes agricoles, fit jouer un rôle de couverture à la Corporation Paysanne. Par exemple, le maire de Villevêque, à la Libération, Eugène Hamard, était l’ancien syndic de la Corporation Paysanne locale et il devint cependant membre du Comité Départemental de Libération, au titre de résistant individuel. Le lieutenant colonel Jean Eynaud du Faye, qui fut le responsable de la région ORA-TAM était secrétaire provincial de la Corporation Paysanne et il rayonnait sur 5 départements. Raymond Delatouche était son ami et il était en relation avec Jacques Leroy-Ladurie qui fut ministre de l’agriculture sous Pétain avant de démissionner et d’entrer en résistance. Ce dernier enseignait le droit rural à l’Ecole Supérieure d’Agriculture et de Viticulture d’Angers, géré à l’époque par les Jésuites. C’est ainsi que Pierre du Boullay débarqua discrètement par cette filière à la Raverie en décembre 1943 en tant que travailleur agricole, à la merci d’une dénonciation ou d’un contrôle un peu sérieux. Heureusement les gendarmes ne faisaient pas de zèle.

Marcel Chapeau
Un autre jeune, travaillait à l'Audinais chez Marcel Poitevin sous le nom de Henri Pelluau. Sur sa fausse carte il était domicilié dans la région de Cholet mais il était en réalité de Bauné et son nom véritable était Marcel Chapeau. Son père venait le voir et il se rendait aussi de nuit à Bauné. Il était de la classe 43 et avait refusé de se faire recenser. Il n'avait pas non plus de carte d'alimentation.
Henri Fériot
Le troisième, Henri Fériot était de Trélazé. Il partit en Allemagne en 1943, alors que marié depuis deux ans son fils n'avait que 16 jours. Il passa 13 mois à Magdeburg, travaillant aux usines Krupp. Ayant eu une permission, il se cacha un an à Villevêque, chez Alexis Rontard, travaillant au garage.. Il était recherché par la police et lorsque des policiers venaient au garage, il s'enfuyait par le jardin à l'arrière du garage et allait se cacher dans les bois des vignes d’Oule. A la Libération il retourna à Trélazé comme mineur puis devint agent de maitrise aux Ardoisières.
(Information Alexis Rontard (2006) et Courier de l'Ouest 30/12/1991).
Eugène Hamard (à ne pas confondre avec le maire d’après la guerre)
C’était un prisonnier évadé qui a travaillé quelques temps chez Eugène Castillan entrepreneur de maçonnerie, du 20 mars au 15 avril 1944. Son patron lui a fait avoir un faux certificat de travail, l’a fait recensé, l’a logé et habillé.
Il se retira ensuite au Perray-en-Yveline, 2 rue de Houdan.
Le listing de distribution des cartes d'alimentation conservé dans les Archives municipales ne contient pas ces noms. Il était d'ailleurs expressément interdit de délivrer des cartes aux jeunes du S.T.O. qui devaient obligatoirement se faire recenser.
Il est probable que les gendarmes ne firent pas beaucoup de zèle pour recherchers ces réfractaires
Deux déserteurs, l'un hollandais, l'autre luxembourgeois auraient été cachés également à la laiterie de Villevêque.
Selon le témoignage de Bernard Meslier « un jeune soldat allemand ou plutôt luxembourgeois enrôlé de force, fréquentait la laiterie et ses compatriotes luxembourgeois et ce jeune aurait déserté avec je crois bien la complicité du père Hostert, [ directeur de la laiterie], lequel aurait été emmené manu militari à Angers où il resta plusieurs jours avant d'être libéré ».
La famille Vandenbussche qui vivait aussi à la laiterie, où elle était réfugiée, était d’origine belge et de ce fait assignée à résidence (voir ci-dessus le contrôle des réfugiés). La population locale en général assez fermée et méfiante et plus encore dans ces temps troublés, manifestait malheureusement un certain ostracisme à son égard du fait de son nom à consonance étrangère alors qu’elle était anti nazie.

Les risques encourus
Les Préfets avaient imposé aux Maires des communes des « quotas de réquisition au STO », à respecter et les employeurs des réfractaires prenaient le risque d’être dénoncés et condamnés. Il semble heureusement que la population se taisait et que les gendarmes ne faisaient pas de zèle intempestif.
La presse pourrie se chargeait de rappeler les employeurs à l’ordre. C’est ainsi que le journal « collabo », « Aujourd’hui », pouvait titrer : « Quiconque aidera les jeunes à se dérober au service du travail sera puni ou interné ».
Suivait l’article :
« Vichy, dans sa déclaration radiodiffusée de samedi dernier, le chef du gouvernement, faisant allusion aux jeunes gens appelés par le service obligatoire du travail qui se sont dérobés à leur devoir, ainsi que ceux qui seraient tentés de les imiter, a dit notamment :   « Aux uns et aux autres, je dois parler en langage net, aux premiers, je dis ne persévérez pas dans votre erreur, présentez-vous aux autorités. Aux autres, je conseille de ne pas se laisser abuser par certaines propagandes malsaines d’où qu’elles viennent, ou de ne pas se laisser entraîner par un égoïsme irréfléchi puisque, en définitive, ils seraient obligés de partir. La loi est la même pour tous, les défaillants, qu’ils le sachent bien, je tiens à le répéter, ne seront pas des profiteurs ! » La fin de l’article concluait ainsi :   « En outre, les Préfets pourront prononcer une amende administrative de 1 000 f à 100.000 f contre quiconque (y compris les membres de la famille de l’intéressé) aura sciemment hébergé, aidé ou assisté, par quelque moyen que ce soit, toute personne qui se serait soustraite aux obligations du service du travail obligatoire. »
1943 , le 2 juillet, il y eut en gare St-Laud une manifestation à l’occasion du départ de 305 jeunes gens pour travailler en Allemagne.
(source : A D 49, 140 W 96)



Logement et cantonnement des troupes d’occupation


Les Archives communales conservent le détail, sous forme d’état nominatif, « des habitants de la commune qui ont droit au paiement d’une indemnité journalière ».
Le tarif unitaire journalier prévoyait dans les localités de moins de 10 000 habitants :
8 francs pour un officier,
6 «  pour un sous-officier
4 «  pour un homme de troupe.
4 «  pour bureaux, salle à manger, salon, cuisine
3 «  pour poste de garde et arrêt
2 «  par cheval, en écurie avec paille
1 «  «  «  sans paille
0,50 «  par cheval en cantonnement serré
4 «  pour une voiture automobile
2 «  pour une motocyclette
1 «  par homme en cantonnement serré avec paille
0,50 «  «  «  sans paille.
Ceci obligea le secrétaire de mairie, Albert Gaignard, a tenir une comptabilité particulière à partir des bons de réquisition, quand il y en avait, et des déclarations des particuliers, afin de les indemniser. Les personnes concernées étaient des habitants du bourg ou des propriétaires de maisons du bourg mais résidant ailleurs. Le tableau ci-dessous montre nettement que dans les débuts de l’occupation, la présence des Allemands fut plus importante que par la suite. A la fin de cette occupation, une demande de réquisition massive pour l’armée de l’air (150 hommes) n’eut pas lieu, soit parce que l’installation se fit à Soucelles, soit pour fait de guerre. (destruction du terrain d’aviation de la Grand-Rivière, à Soucelles), s’il s’agissait de renforts supplémentaires ?.

Noms des habitants mis à contribution pour le logement des Allemands, leur matériel, leurs chevaux et leur fourrage

14 juillet-
19 juillet 1940
(6 jours)15 avril-
17 mai 1941
(33 jours)19 mai-
11 juin 1941
(23 jours)19 sept.
194124 –29 janvier
1942
(5 jours)6 février-
9 mars
1942
(31 jours)9 mars -
9 juillet
1942
(122 jours)9 juillet 1942-
15 juin 194430 juin-
10 juillet
1944
Noms
Noms
Noms
Noms
Noms
Noms
Noms
Noms
NomsPiton JeanPiton JeanPitonPitonRouault EugêneRouault Eugêne.RouaultGrille G.Grille Gaston (9)GrilleGrilleGrilleVe ToussaintMme ToussaintToussaintToussaintWallachSchoen D.Schoen Daniel (7)SchoenSchoenSchoenSchoenSchoen (8°)Lagarde Louis (1)LagardeVe AumontVe Aumont G.Baulu FrançoisBaulu FrançoisPerrineau JacquesPerrineau JacquesDupont MauriceDupontDupontDupontBenoit LouisBenoit Louis.BenoitLemesleVe LemesleVe Lemesle M (10)LemesleLemesleLemesleMary EmileMary EmileMaryLeray JosephLeray JosephLerayLerayRichardVe RichardVe Richard G.RichardRichardRichardVe BédouineauMme BédouineauBédouineauBédouineauVe Delavigne-GanneDelavigneDelavigneDerouin M.Derouin MauriceRepussardVe RepussardRepussard ElieRepussard ElieRepussard E.Ve Pichard (11).Ve PichardBeillard CharlesBeillardBelliardBelliard (6)Renoux HenriRenouxRenouxRenouxBodusseau E.BodusseauLaiterieLaiterieBriselin-RogueBriselinBriselinBriselin L. (5)PasquierRagot DRepussard R.RepussardVe LeméeVe Lemée (2)Ve LecomteVe Lecomte (3)SuardSuard (4)Mme BlancGuilonGrellierGentilhommeMme MothaisEcolesMairieSource : A M (tableau établi à partir des différentes déclarations)

(1) habitait habitait St-Georges-sur-Loire (49), son magasin servit de magasin d’habillement et divers.
(2) habitait Les Rairies (49)
(3) habitait Angers
(4) habitait Nanterre
(5) habitait Les Ponts-de-Cé (49)
(6) propriétaire de Beaumont, habitait Angers
(7) habitait le château
(8) pour magasin de matériel aux troupes.
(9) à la Rainière
(10) Mme Ve Lemesle habitait la maison ou la villa des Roses, qui fut occupée du 15 mars au 11 juin 1941. Du 15 avril au 17 mai 1941, le garage fut détérioré par des chevaux. Il y avait là les 2 seuls bureaux avec 2 sous-officiers et 2 hommes de troupe.
(11) Mme Pichard tenait une pension de famille à la ferme d’Oule. Elle reçut en cantonnement 2 hommes de troupe et 4 chevaux pendant 33 jours en 1941.

Il semble que plus de 120 hommes aient séjourné 6 jours en 1940, dont 40 chez Mme Mothais, 50 dans les écoles, 30 à la mairie et une douzaine chez des particuliers. ( cf A M , pièce non datée formellement).
Au château logèrent en mars 1942, un officier, lieutenant, un soldat , 4 chevaux . Il y avait un local qui servait de dépôts de munitions et deux chambres de garde.
La majorité des chevaux étaient logés à la Rainière chez M. Grille (15 une fois , 32 une autre fois) et chez Mme Vve Delavigne-Ganne, sur la place de la mairie (26 et 30) sur un total respectivement de 85 et 97).

Christian Mesnard m'a fourni oralement d'intéressantes précisions sur ces réquisitions dont il a été le témoin, chez sa grand-mère, Mme Ve Richard, au Pavillon de Beaumont. Il était âgé de 16 ans et il se souvient que c'est son père colonel, qui reçut les Allemands lors de la première réquisition. Il eut affaire à un officier parlant parfaitement français et qui conseilla de regrouper dans une pièce tous les meubles fragiles et précieux, ce qu'ils firent en bourrant celle-ci jusqu'au plafond ! Et rien ne fut touché de toute la guerre.
En 1942, ce sont des soldats du front russe qui vinrent au repos à Villevêque. Ils burent tout l'alcool de la cave jusqu'à l'ivresse et l'officier fit alors fermer les cafés de Villevêque.
Il conserve de cette époque une plaque de voiture automobile allemande
C'était Mme Ménant, la mère du serrurier voisin Elie, qui était la gardienne des lieux.

Les Allemands « jouent » à la guerre

Rémy. Leproust, qui habitait la Bleunière, se souvient que les Allemands manoeuvrèrent plusieurs fois dans la luzernière de son père, au Champ de la Barre, entre le Rodiveau et l’Audinais, s’invitant même à la Bleunière pour boire et déjeuner.
Eugène Salmon, des Bouvetteries à conservé le souvenir de soldats allemands manoeuvrant dans le bois de la Hâ, en limite de Villevêque et de St-Sylvain. Ils avaient installé un poste d’observation au haut de l’escalier extérieur de la ferme, sous lequel un berger allemand avait sa niche et protestait de ses aboiements. Son père sous la menace des baïonnettes, dut enfermer le chien ailleurs, à l’écart.
Un autre jour, chez son oncle M., qui était un ancien blessé de la guerre de 1914, son père rentrait des champs avec ce dernier, lorsqu’il aperçut des soldats allemands en train de se laver et de faire boire leurs chevaux dans les auges, de la cour de la ferme. Le père M., furieux se saisit d’un seau d’eau qu’il jeta à la figure des Allemands. Sa femme poussa des cris de frayeur et le père d’Eugène Salmon était effrayé des conséquences possibles. Deux soldats allemands furieux, prirent à partie l’auteur du délit et le menacèrent, mais heureusement, un troisième s’interposa pour les calmer. Cette affaire, qui aurait pu très mal tourner, en resta là. Tout le monde en fut quitte rétrospectivement pour une grande peur. La Résistance



1943, mai et septembre : Atterrissages et décollages de missions aériennes clandestines dans la Prée des Grands-Bas à Villevêque

J’ai conservé le souvenir d’avoir vu dans les prairies de la vallée avant la saison de fauche du foin, en juin, les traces d’herbe foulée laissées par l’atterrissage nocturne d’avions mystérieux mais il n’en fut jamais question par la suite. Ces missions ont en effet été longtemps conservées secrètes par les autorités britanniques et après la guerre on insista peu, en France, sur le rôle des agents secrets britanniques dans la Résistance. On eut même plus que tendance à les minimiser, alors qu'elles jouèrent un rôle important que l'ouverture des Archives britanniques permet désormais de mieux connaître.
De telles missions sont signalées localement pour la première fois par M. Louis Maucourt, que je remercie de m'avoir ainsi mis sur une piste particulièrement féconde. Il les relate dans son ouvrage sur « Soucelles, baronnie d’Anjou », d’après des documents et des témoignages britanniques, notamment l’ouvrage traduit de l’anglais du group captain Hugh Verity intitulé : « Nous atterrissions de nuit… », ouvrage qui donnent des précisions sur ces missions, avec leur nom de code, le type d’avion, les noms des pilotes, le nom de code du terrain, sa position géographique, les noms des personnes déposées et embarquées. Tout ceci est donc très précieux. M. Maucourt les localise toutes globalement comme s’étant déroulées à Soucelles, dans la Prée de la Grand'Rivière, quoique les indications données pour certaines concernent manifestement Villevêque. Ces missions sont parfaitement datées et le lieu d’atterrissage bien identifié. La Prairie de la Grand-Rivière à Soucelles est dans ce cas mais pour certaines missions, seules l’orientation par rapport à Angers, et Villevêque et la distance par rapport à Villevêque et au Vieux-Briollay, sont données.
La confrontation de ces données avec la carte au 1/25 000e et mes souvenirs bien localisés d’enfant, à défaut de pouvoir les dater exactement, me font dire que le terrain utilisé pour ces missions fut à coup sûr la Prée des Grands-Bas, vaste prairie communale, bien dégagée et bien unie, qui s’étend en rive gauche du Loir, au N-E du bourg de Villevêque et face au Vieux-Briollay situé sur la rive droite.
Les directions indiquées par rapport à Angers (au N/NE) et au bourg de Villevêque (O/NO) à la distance de 3,5 km, lors de la mission de la nuit du 16 au 17 juin 1943, codée « Teache/Nurse/Chaplain/Monkr », sur un terrain (‘’Landing ground’’) cod é «B 20A  Indigestion », s’accordent parfaitement avec la topographie, de même pour la mission codée « Milliner »et sur ce même terrain « Indigestion » dans la nuit du 17 au 18 septembre 1943 , à proximité du Vieux-Briollay, avec les mêmes indications de distance et d’orientation par rapport à Angers et au bourg de Villevêque. Dans les deux cas, le nom de code choisi pour le terrain est identique, « Indigestion ».
Ainsi ce terrain aurait été repéré par le réseau « Farrier » ('maréchal-ferrant' en anglais), chargé fin 1942, de rechercher en France des lieux de « pick-up » (ramassages) possibles. Toutefois il pourrait s'agir plus sûrement du réseau « Alexandre Buckmaster » ou « Alexandre-Privet Buckmaster », comme on le verra plus loin.
Pourrait-on en trouver confirmation définitive dans les archives de cette mission ?
Je me suis procuré la toute dernière ré-édition en 2004 de l'ouvrage très complet du group captain Hugh Verity, qui cite les deux missions ci-dessous :


Date de l’opération
Type
d’appareil
Equipage
Code de l’
opération
Nom de
L’agentNom de Code
et
localisation
du terrainPassagers
vers
la FrancePassagers
Vers
La G.-B.16-17-06
1943Deux
LysandersLt Marc
Cairns
Lt Bunny
Rymills
“Teacher”
Déricourt
“Indigestion”
N/NE d’Angers
3,5 km O/NO de
VillevêqueCharles Skapper
Diana Rowden
Cecily Lefort
Noor Inayat KhanMme PierreBloch
Jack et Francine Agazarian
Lejeune
Vic Gerson ?
L. Rachet ?17-18-09
1943Deux
LysandersLt Col.
Lewis Hodges
Lt Bathgate
“Milliner”


Déricourt“Indigestion”
N/NE d’Angers
3,5 km O/NO de
Villevêque
« Près du Vieux-
Briollay » H. Peulevé
YolandeBeekman
Despaigne
d’EraingerCowburn
Goldsmith
Rémy Clément
André Renan 
2 agents polonais
Lecointre ?
Col. Zeller
Source : D’après l’ouvrage du group captain Hugh Verity.
M. Louis Maucourt , in « Soucelles », pp. 392-393, se référait à l'édition de juillet 1988, à laquelle des précisions supplémentaires ont été apportées par la nouvelle édition.


Des habitants de Villevêque ou des communes voisines faisaient vraisemblablement partie de la Résistance. L'ouvrage pré-cité le laisse supposer, qui évoque ce commentaire de Mme Pierre-Bloch venue embarquée dans la nuit du 16 au 17 juin 1944, selon toute vraisemblance dans les Grands-Bas de Villevêque : « Mme Pierre Bloch garda le souvenir d’une « délicieuse poularde à la crème, servie dans une ferme voisine appartenant à un membre du comité d’accueil ». Peut-être s'agit-il de la ferme de l'Audinais, à Villevêque, comme on le verra plus loin.
Les Caves, où se trouvent d'anciennes carrières souterraines de tuffeau, près du bourg de Villevêque, durent aussi servir de cachette car je me souviens que nous y avions trouvé, après la Libération, lorsque nous les explorions munis de ficelles, de bouts de cierge et de bougies, des restes rouillés de boites de conserves abandonnées sur place ?.

Une localisation erronée sur le coteau du Vieux-Briollay

Je pensais que ce problème de localisation du terrain codé « Indigestion » était résolu lorsque j'ai découvert qu'une auteure anglaise, Mme Jean Overton Fuller, dans son ouvrage  "Noor Inayat Khan, Madeleine", dans sa réédition anglaise de 1988, localisait ce terrain au Vieux-Briollay sur la pente du coteau, rive droite du Loir. Elle se serait en effet rendue sur place en 1984, depuis Paris, en compagnie du Français Rémy Clément, l'assistant de l'agent triple Henri Déricourt (nom de code "Gilbert"). Un site internet international consacré à honorer la mémoire de la princesse Noor Inayat Khan, déposée à Villevêque, m'a fourni aussi cette même réponse, basée sur les dires de cette même auteure. Or cela me parait impossible au regard des critères que précise Hugh Verity pour l'agrément des terrains clandestins par le Ministère de l'Air britannique. Je présume donc qu'ils ont simplement observé du haut du coteau le site d'atterrissage, situé rive gauche du Loir et face au Vieux-Briollay. Cette prairie commune des Grans-Bas, située au milieu des prairies de la vallée inondable, est très difficile à trouver pour une personne qui n'est pas familière des lieux et elle n'est accessible depuis la route, que par des chemins de terre, sans aucun repère et après deux bons kilomètres. De plus, ils visitèrent dans la journée plusieurs de ces terrains clandestins, ce qui ne leur laissait guère le temps de descendre dans la vallée et de retrouver la grande prairie en question.
Or, je rappelle ici les exigences du Ministère de l'Air britannique, telles que décrites par Hugh Verity :et Benjamin Cowburn dans leurs ouvrages. Le terrain devait en effet recevoir l'approbation de ce ministère.
le site d'atterrissage devait comporter un espace plat sans obstacle ni fossé de 600 m environ au minimum (600 yards soit exactement 548 m), entre deux haies, l'avion atterrissant et décollant contre le vent.
une lampe A, allumée au signal était fixée sur un bâton planté en terre, et elle était placée à 100 m de la première haie, (Cowburn indique 200 yards, soit 183 m),et le comité d'accueil et les passagers en partance devaient se tenir à gauche de celle-ci; l'avion touchait théoriquement le sol à droite de la lampe A.
L'avion roulait jusqu'à une lampe B, fixée sur un baton et placée à 150 m de la première, ( 150 yards soit exactement 137 m.), définissant ainsi l'axe de la piste improvisée, qui devait être praticable 50 m en amont du point A et 100 m en aval du point B; ce qui autorisait, pour des raisons de sécurité, une piste longue de 300 m à l'intérieur d'une étendue sans obstacle de 600 m. Arrivé au niveau de cette lampe B, l'avion tournait à droite en direction d'une lampe C, fixée sur un bâtont et placée à 50 m de la ligne AB, ( 50 yards soit exactement 45 m.),dessinant ainsi un L inversé. L'avion revenait alors se placer à droite de la lampe A prêt à décoller et selon un protocole bien défini les passagers et les bagages étaient déchargés et chargés en un temps record : entre 3 et 6 minutes.
La reconnaissance, avant l'aterrissage, se faisait par échange d'une lettre en morse convenue à l'avance, grâce à une 4ème lampe tenue manuellement par le responsable de l'accueil, qui avait commandé l'allumage des lampes fixes.
Selon Benjalin Cowburn le décollage avec ce type d'avion se faisait sur 150 yards environ, (145 m.) et en quelques secondes seulement.
Il faut savoir que chaque terrain faisait l'objet d'une mission photographique aérienne spéciale par le P.R.U. (en français : Unité de Reconnaissance Photographique) basé à Benson, en Angleterre. Le pilote disposait donc d'une feuille de briefing ou instructions pour chaque opération, comportant :
la photo aérienne récente du terrain et de ses environs immédiats,
des précisions sur le terrain décrites par l'agent,
la référence à la carte Michelin du lieu,
la date et l'heure d'atterrissage prévus,
le nombre de passagers dans les deux sens,
le nom de l'officier accompagnateur.
Un message radiophonique codé, convenu à l'avance passait le soir à la B.B.C. Dans l'émission « Les Français parlent aux Français », à 19 h. 30 et il était répété à 21 h. 30. S'il n'était pas répété c'est que la mission était ajournée.
Ces missions, comme celles des parachutages, nécessitaient l'éclairage de la lune, c'est pourquoi elles ne pouvaient avoir lieu qu'autour de la pleine lune, deux ou trois jours avant et deux ou trois jours après.

Premiers résultats de l'enquête sur place en 2004 et 2005

Grâce au concours du Conseil des Séniors de Villevêque, que préside M. Claude Beaupérin et de Mme Mireille Narquin, représentante de la municipalité, 25 personnes répondaient favorablement à l'invitation qui leur avait été adressée par Mme le Maire, de se réunir en mairie le 10 décembre 2004, afin d'évoquer d'éventuels souvenirs de la période de la dernière guerre et les confronter avec ce que j'avais pu recueillir dans les archives municipales, les ouvrages angevins et sur le web, notamment auprès de correspondants anglais, à l'exclusion, pour le moment, des Archives départementales.

Un résistant de Villevêque, membre du réseau Alexandre Buckmaster identifié: Marcel Poitevin

Je cherchais à savoir en particulier s'il y avait eu des résistants à Villevêque et si ces atterrissages clandestins avaient été connus localement. C'est ainsi que Clément Poitevin, le fils ainé d'un résistant de Villevêque, m'a remis la photocopie de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance de son père, Marcel Poitevin, n° 105 139 et celle d'une attestation de son appartenance aux F.F.C. (Forces Françaises Combattantes), en tant que membre du réseau anglais Alexandre Buckmaster, n° 105 216 et la qualification de P1. De plus, il m'a indiqué que son père avait servi de guide à un Anglais, le Captain Wilkinson, qui était parfaitement bilingue, afin de reconnaître d'éventuels sites d'atterrissage clandestins  . Pour ne pas attirer l'attention, lors de ces reconnaissances, ils promenaient tous les deux les chiens du 'captain', des cockers, lequel venait d'Angers à bicyclette, avec une petite remorque et ses chiens, au ravitaillement chez le cultivateur Marcel Poitevin qui habitait à l'Audinais de Villevêque et où ils écoutaient ensemble la radio interdite de Londres. C'est ainsi que ce dernier entra dans le réseau Alexandre Buckmaster. Ce ravitaillement servait à alimenter la pension de famille que tenait Mme Diebolt sa femme, 31 rue Ravenel, à Angers. Clément Poitevin eut ainsi l'occasion d'y accompagner son père. C'était l'ex-femme du captain Wilkinson, dont il avait paraît-il, divorcé avant la guerre, par pure convenance, qui tenait cette pension de famille servant de point de rencontre à la Résistance angevine.
Une femme nommée Bourges, qui habitait juste en face de la pension, ayant parlé, le couple fut arrêté et déporté, lui à Mauthausen, où il est mort, elle, à Ravensbruck où elle survécut. Lors de cette arrestation, M. Marcel Poitevin fut prévenu à temps, un membre du réseau nommé Henri Saint-Marc (Saint Mars) ayant donné l'alerte à une tierce personne nommée Léon Rousseau, directeur commercial à la fonderie Pageot, à Angers, où M. Saint-Mars devait être cadre. Il fut prévenu par M. Léon Rouseau, gendre de M. Pageot, de ne plus se rendre dans cette pension de famille, devenue "sourricière", échappant ainsi, lui et sa famille, à une déportation certaine. La Gestapo vint cependant enquêter à l'Audinais, conduite par une femme française (?), à laquelle M. Poitevin réussit à vendre une chienne pas bonne du tout mais qui lui avait plue, ce qui créa une diversion. Mme Diebolt avait une fille sur Angers, prénommée Annette dont la trace a été perdue.

Le curé Coudray appartenait-il à un réseau de résistance ?

Quelques indices le laisseraient supposer :
Premier indice : Auguste Foin qui travailla quelques temps à l'usine d'armement de Tiercé en tant que S.T.O., se souvient que le curé de l'époque Raymond Coudray, qui était un ancien officier de la guerre de 1914-18 et capitaine de réserve, l'avait soumis à un interrogatoire très poussé, à propos des activités de l'usine et de ses fabrications. Plus tard il se demanda si le curé n'était pas à la recherche de renseignements.
Deuxième indice :André Wirtz se souvient que le curé Coudray disparu de Villevêque peu de temps avant la Libération, échappant de justesse à une arrestation car il venait d'être dénoncé.
Troisième indice : cohérent avec le précédent; Jeannine Bossé était une jeune fille du bourg, âgée de 13 ans à l'époque et que le curé impressionnait. Elle se souvient très bien de cette absence brutale du curé, parti en urgence.

Le souvenir d'un émetteu-récepteur

Lors de la réunion du Conseil des Séniors, une autre personne, Marcel Hergué, a aussi indiqué qu'on disait qu'un émetteur radio était caché dans une souche de saule des Grands-Bas. Il pourrait s'agir d'une souche creuse ou encore de l'opérateur radio lui-même qui se serait installé et caché sur la tête d'une grosse souche pour émettre ?
A ce sujet, Benjamin Cowburn, dans son ouvrage pré-cité, donne une intéressante précision : expliquant que le responsable du comité d'accueil disposait d'un appareil radio-téléphone appelé «S-phone » qui permettait de converser avec l'officier de liaison dans l'avion. Sa portée très faible le rendait pratiquement indétectable.
Ces témoignages confirment donc la réalité des débarquements et embarquements d'agents secrets et de résistants à Villevêque.
Le livre de Hugh Verity donne leurs noms et le web fournit des informations biographiques sur la plupart d'entre eux et d'entre elles. C'est un chapitre extraordinaire car il était innatendu et totalement inconnu localement.

Le souvenir du ronronnement nocturne des avions anglais

Les allées et venues des avions anglais et leurs atterrissages clandestins dans les vastes prairies de la Grand-Rivière à Soucelles et celle des Grands-Bas à Villevêque, n'échappèrent pas aux habitants. Bernard Meslier se souvient : Il avait 13 ans en 1943 et habitait le bourg de Villevêque : « Les vols nocturnes des avions anglais qui atterrissaient dans la Grand-Rivière...[et les Grands-Bas] leur ronronnement était particulier, différent de celui des avions allemands et je crois que ma pauvre mère qui les entendait bien avant nous, devait les détecter à leur départ d'Angleterre. C'est de cette prairie que François Mitterrant se serait envolé pour Londres ».
Auguste Foin a aussi confirmé qu’il entendait le bruit des avions qui atterrissaient dans la Grand’Rivière et repartaient presque aussitôt.





Le réseau Alexandre Buckmaster, le captain Wilkinson et Mme Diebolt

Il se trouve que deux agents secrets britanniques amis du captain Wilkinson, ayant eu la chance de passer à travers les mailles de la Gestapo, ont chacun fait le récit autobiographique de leurs aventures en France occupée. Chacun d'eux a connu le captain Wilkinson à deux étapes successives de sa mission en France.
Le premier, le major Cowburn a écrit « No cloak, no dagger » et son récit comporte leur arrivée commune en France, jusqu'à la constitution du réseau angevin.
Le second, Richard Heslop a écrit « Xavier » et son récit prend , en quelque sorte, la suite du précédent, puisqu'il aide, puis remplace à Angers, ‘’Alexandre’’ parti à Nantes crée le réseau 'Privet'. Ce dernier récit est riche de nombreux détails sur l'activité de la Résistance dans la région angevine.
Grâce à ces deux récits et aux informations délivrées sur le web, lesquelles sont très nombreuses en anglais et plutôt rares en Français, j'ai pu recouper et compléter les précieuses indications recueillies localement et aussi les croiser avec celles transmises par la déposition de la femme du captain Wilkinson, Mme Diebold, après la guerre et consultées aux Archives départementales par Jackie Poitevin, le plus jeune fils du premier résistant identifié à Villevêque.

Le réseau Alexandre Buckmaster
Une liste des réseaux Buckmaster a été publiée sur un site internet, sous le titre : réseaux « action Buck ». Elle comporte près d'une centaine de noms doubles, parmi lesquels on trouve « Alexandre - Privet ».
Buckmaster (Maurice) était le nom véritable du chef de la section française du S.O.E. (Special Operations Executive), à Londres, et les réseaux étaient désignés par un nom de code qui était un prénom français et un nom de métier ou de plante, en anglais. En l'occurence « privet » désigne le troène.
‘’Alexandre’’ ou ‘’Alex’’ étaient les noms de code du captain Wilkinson qui en utilisa plusieurs autres.

Deux 'captain' Wilkinson morts pour la France

La base des morts en déportation, créée par Memorial-Genweb, accessible par Internet cite deux personnes de ce nom :
Wilkinson E. M. lieutenant R.A.F. Volunteer reserve, croix de guerre avec palme,
+ 06/09/1944 à Mauthausen (Autriche). Source : Memorial de Valençay (Indre).
Wilkinson George, Alfred, né le 31/08/1913 à Paris 1er, capitaine, croix de guerre avec palme, + 05/10/1944 à Buchenwald (Allemagne. Source : J. O. n° 190 du 15/08/2002, p. 13384. Ce dernier dirigeait le réseau « Historian » dans la région d'Orléans et il a été capturé fin juin 1944 près d'Orléans.
J'ai trouvé sur un site internet anglais que personne n'a jamais pu découvrir exactement ce qui était arrivé à ce capitaine Wilkinson, sauf qu'il a été tué.
Villevêque n'étant pas très éloigné d'Angers, j'ai d'abord pensé qu'il s'agissait peut-être de l'agent qui a opéré avec M. Marcel Poitevin la reconnaissance des terrains « Achille » et « Indigestion », toutefois le nom du réseau diffère ? Mais récemment, un correspondant anglais m'a très aimablement fourni de précieux renseignements sur E. M. Wilkinson. Et Jackie Poitevin, le plus jeune fils de M. Marcel Poitevin a pu consulter depuis, aux Archives départementales de M.-et-L., la déposition de Mme Diebolt : c'est bien ce dernier qui a fréquenté Villevêque.Dans ce qui suit, les éléments du témoignage de Mme Diebolt sont mis en italique
Le Flight Lieutenant Ernest (ou Edouard) Mountford Wilkinson était né le 27 juin 1902 dans le Missouri, aux USA et il parlait mieux, paraît-il, le français que l'anglais.
Il avait plusieurs noms de code : Alexandre, Alex, Privet, Elie Wilson, Deschamps, Edmund Paul Montfort.
Il fut parachuté « en aveugle », c'est-à-dire sans comité d'accueil, avec le major Benjamin Cowburn (noms de code : Benoît, Germain, Valérien, Gérard), au N-E de Limoges, près de Grand-Bourg le 1er juin 1942. Ce dernier a consacré dans son livre « No cloak, no dagger », tout un chapitre, intitulé « Alexandre », à leur parachutage commun, faisant l'éloge de cet officier mis sous sa responsabilité et devenu son ami.
La déposition de Mme Diebolt donne comme date janvier 1942 et ne mentionne pas son compagnon de saut. Cette déposition étant intervenue plusieurs années après sa libération des camps explique vraisemblablement cet écart de date.
Après leur parachutage, ils ne parvinrent pas à se retrouver dans l'obscurité mais ils s'étaient heureusement fixés un point de rendez-vous à Tarbes
Benjamin Cowborn reprit contact avec M. Octave Chantraine (nom de code Octave), maire de Tendu, président de la Fédération Paysanne de l'Indre; car celui-ci l'avait déjà accueilli lors de son premier parachutage sur sa ferme le 6 septembre 1941. Leur autre contact à Tarbes où ils se retrouvèrent effectivement fut Charles Rechenman (nom de code Julien) ingénieur, ancien militaire et lorrain ou alsacien d'origine et qui avait été précédemment l'agent de Cowburn en zone libre lors de son premier séjour.
Ils se rendirent ensuite ensemble à Lyon pour retrouver un opérateur radio envoyé par Londres chez une correspondante au nom de code Marie, mais qui était américaine et se nommait Virginia Hall et qui lui avait déjà servi de relais pour rejoindre Marseille et s 'échapper à travers les Pyrénées afin de rejoindre ensuite Londres.
Cowburn, qui en était à son second parachutage, introduisit Wilkinson auprès de ses contacts à Paris et lui procura un opérateur radio pour son réseau en la personne du Lieutenant. Denis Joseph Rake (Justin), récemment échappé d'un train de 100 prisonniers à Dijon, (Cowburne parle d'un camion, p. 114), lesquels s'étaient fait prendre en tentant de traverser la ligne de démarcation. Rake avait été arrêté à Montceau-les-Mines. De Dijon il rallia Paris et rejoignit Alexandre à Juvisy, mais le poste de radio, que devait acheminer séparément un « courier » (agent de liaison) du nom de Germaine, ne vint pas.
Après une semaine d'attente ils décidèrent, à la fin de juin 1942 de partir ensemble pour Lyon dans la « boite à fusibles » d'une locomotive électrique et contactèrent Virginia Hall (Marie). Rake resta à Lyon dans l'appartement de Virginia tandis que celle-ci accompagnait Wilkinson à Cannes rencontrer Peter Churchill, qui commandait alors la zone sud de la France, lequel décida que Rake devait retourner en Angleterre.
Mais le 15 août, à la demande du major Cowburn, le Flt Lt Wilkinson, son nouveau radio opérateur Rake (Justin), avec son émetteur-récepteur trouvé à Lyon et un troisième personnage, le lieutenant-colonel Richard Harry Heslop (Fabien puis Xavier), arrivé par mer près d'Antibes le 2 juillet précédent, tentèrent de se rendrent ensemble à Paris, via Limoges, par la voie de la locomotive électrique qu'Alexandre avait découverte et déjà pratiquée à deux reprises.avec la complicité d'un ami cheminot de Limoges. Ils attendirent une connexion à Limoges pour Paris mais Rake étant malade, ou particulièrement angoissé, ils prirent une chambre pour lui à l'hôtel de France, dont la propriétaire était en rapport avec la Surveillance du Territoire, ce qu'ils apprirent par la suite. La nuit même Rake fut arrêté comme trafiquant de marché noir et sa fausse carte d'identité découverte. Il parla disant qu'il avait rendez-vous avec deux hommes le lendemain à 11 heures. Wilkinson et Heslop l'attendirent en vain et ils commirent l'erreur de revenir un peu plus tard mais ils furent aussi arrêtés à l'extérieur du restaurant du « Faisan » et interrogés par le commissaire Guth, de la Surveillance du Territoire. Celui-ci était pro-alliés et il les aida en les envoyant à Castres (Tarn), en zone libre, mais il furent emprisonnés dans des cellules différentes et subirent un régime très sévère. Ils finirent par être transférés menottés à Chambaran en Isère Là, le commandant Tournier, qui dirigeait la prison les relâcha le 11 novembre, considérant que leurs vies seraient en danger avec l'entrée des Allemands en zone libre. Il leur fournit des tickets d'alimentation et de transport et une voiture les conduisit à Roybon dont le camp de Chambaran dépendait. Wilkinson et Heslop, accompagnés d'un troisième personnage décidèrent de rallier Le Puy, à pied en trois jours, à 160 km de là, pour échapper aux recherches. Ils avaient décidé de ne pas s'encombrer de Rake.Leur marche forcée fut une épreuve terrible car ils durent franchir notamment trois cols dans la neige et endurer le froid des montagnes d'Ardèche en ce début de décembre 1942.
Le récit de Cowburn concernant Alexandre s'en tient à l'arrestation du trio à Limoges et ne contient pas tous les détails rappelés ci-dessus, qui figurent d'une part sous forme d'une note dans un dossier du réseau « tinker » et d'une manière très détaillée dans celui de Richard Heslop qui a vécu cette épreuve. Wilkinson s'en alla retrouver sa femme à Angers. Heslop resta quelques temps au Puy puis partit aussi à Angers où il remplaça Wilkinson actif à Nantes. Heslop, devait retourner en Angleterre par un avion Lysander le 23 juin 1943, depuis le terrain de Pocé-sur-Cisse près d'Amboise. Il revint en France par le même moyen et fut très actif dans l'Ain et les Savoies, dirigeant les maquis en compagnie de Romans, (le colonel Romans-Petit).
Comme je l'ai déjà écrit, Heslop est l'auteur d'un ouvrage publié en Angleterre et intitulé « Xavier », et que j'ai pu me procurer récemment. Il retrace son activité et celle d'Alex dans la région d'Angers, avec beaucoup de détails, jusqu'à l'arrestation de la plupart des membres du réseau.
Mais voyons auparavant le récit qu'en a fait sa femme après la guerre

Le récit de Mme Diebolt après la Libération

Le récit de Mme Diebolt diffère parfois. Je l'ai complété ou corrigé, entre crochets, par celui de Heslop :
Wilkinson (Alexandre) est amené à passer en zone libre et est mis en relation aves le commissaire de police de Limoges par M. Jullian (peut-être Loullian ?) [Joulian selon Heslop] et à Limoges rejoint un radio.[Rake alias Justin] . Sur le chemin du retour, au passage de la ligne de démarcation, [ non à Limoges même car le passage devait se faire en locomotive électrique] Wilkinson et le radio sont arrêtés [ y compris Heslop, alias Xavier] en possession de l'émetteur. Le commissaire de police subtilise le poste, « pour limiter les dégâts ». Mais le secrétaire du commissaire fait arrêter Wilkinson et le radio par les Allemands. [Ces détails ne sont pas donnés par Heslop]. Il n'est plus alors question du radio mais Wilkinson est interrogé par un agent allemand en même temps que le colonel Heslop (ancien gouverneur de Rhodésie). L'un et l'autre sont envoyés à Tarbes, « durement traités », puis transférés au camp de Chambaran [situé par erreur dans le Puy-de-Dôme], réservé aux Anglais et Américains. Heslop (Xavier) et Wilkinson (Alexandre) s'en évadent [ Ils sont en réalité libérés par le commandant du camp] en novembre 1942 et rallient à pied Le Puy et se réfugient dans la famille Loullian, [Joulian].
Mme Diebolt indique que Wilkinson (Alexandre) s'est rendu d'abord au Puy-en-Velay chez Mme Loullian [Joulian] et qu'il l'a rejoint ensuite à Angers, (la veille de Noël 1942), où elle tenait une pension de famille au 31 rue Ravenel. Il entreprend alors de constituer le réseau de résistance Alexandre lié au réseau Buckmaster avec des connaissances d'avant-guerre : Henri Dutertre connu vers 1935, Henri Saint-Marc, Boris Tourganief, Gautier commissaire spécial à la gare du Mans. Ils forment le premier noyau et mourront tous en déportation. Il rétablit des contacts avec d'anciennes relations de la région parisienne : William Grower [alias Sébastien ancien coureur automobile], le réseau Aristide Benoît [Robert Benoît, coureur automobile qui habitait Auffargis dans les Yvelines] et le réseau Prosper. C'est semble-t-il après cette première phase d'installation que Wilkinson (Alexandre), dans l'attente jusqu'alors vaine d'un radio (un « george » selon l'appellation du réseau Alexandre) remonte à Paris pour en réclamer un à Londres. Aussitôt rentré, il reprend contact avec Londres, « relance des parachutages sur les terrains des environs d'Angers dont il donne les coordonnées ».
Wilkinson reçut ensuite de Londres l'instruction de se rendre à Nantes où il arriva en avril 1943 pour mettre sur pied le nouveau réseau « Privet ».
Le colonel Heslop [Xavier] et William Grower [Sébastien] sont arrivés également au 31 rue Ravenel. Ils établissent des plans de sabotage et de réception d'armes pour la Loire-Inférieure [ actuelle Loire-Atjantique]. Le premier parachutage intervient début avril 1943, message : « le chien courant chasse le lièvre », alors que Wilkinson (Alexandre) est parti à Paris. Madame Diebolt, Bourges, Tourganief et Heslop (Xavier) réceptionnent les armes et les répartissent dans des conditions risquées. A partir de là Wilkinson (Alexandre) forme un groupe de résistance à Nantes sous la responsabilité de Madame Guernes et Monsieur Berruet, un autre à Nort-sur-Erdre, (M. et Mme Pinon), un troisième à Guéméné-Penfao (Pierre Dupoux, Pierre Robin, Louis Roland). Les messages étaient :
pour Guéméné-Penfao : « les grenouilles coassent dans la mare ».
pour Nort-sur-Erdre : « Nanouche a les mains sales ».
pour Angers : « les haricots sont cuits ».
Fin avril 1943, nouveau voyage de Wilkinson (Alexandre) à Paris ainsi que de Mme Diebolt et Mme Bourges. Pendant leur absence, la pension de famille est perquisitionnée par la Gestapo. Wilkinson (Alexandre) est prévenu à temps par Heslop (Xavier). Tout le groupe rejoint Nort-sur-Erdre (M. Pinon). La pension de famille est confiée à la garde de Mme Bourges car Mme Diebolt est censée s'être cassée la jambe du côté de St-Etienne.
Fin mai 1943, Wilkinson (Alexandre) retourne à Paris pour répondre à un message transmis par Gaby Plumeau. C'était un piège. Les deux hommes sont arrêtés par la Gestapo le 1er ou 2 juin 1943 au café du Globe, boulevard de Strasbourg, à Paris. Ils seront interrogés avenue Foch, au siège de la Gestapo. Wilkinson (Alexandre) fut ensuite transféré à Angers, dans la prison du Pré-Pigeon, où Mme Diebolt arrêtée à son tour vers le 10 août 1943 sera confrontée à Wilkinson grabataire et très malmené. Il est mort en déportation à Mauthausen en Autriche.
Selon le dossier personnel de E W Wilkinson (Alexandre) récemment rendu accessible à Londres, National Archives Ref: HS6:393, il fut arrêté le 6 juin 1943 .
Le dossier « P3-Area : Troyes), Tinker circuit, Major Benjamin Cowburn's Organization » déjà évoqué ci-dessus, retrace l'histoire et l'organisation du réseau « Tinker » , ( 'étameur' en français). Il contient une note qui détaille la première arrestation du Flt Off. Edward Mountford Wilkinson (Alexandre), en compagnie de son opérateur radio « Justin »le Lieut Denis Joseph Rake et aussi du Lt Col. Richard Harry Heslop (Xavier), comme on l'a vu.
Ce même dossier précise que Wilkinson reçut de Londres l'ordre de se rendre à Nantes où il arriva en avril 1943 pour mettre sur pied un nouveau résean appelé « Privet » ('troëne' en français). Ce dossier fait l'impasse sur son séjour en Anjou, que relate Mme Diebolt.
En revanche il précise que : Arrêté à Nantes au début de juin il s'échappa de la prison Lafayette de Nantes mais il fut repris à Juvisy et déporté en Allemagne, à Mauthausen; où il fut exécuté le 6 septembre 1944. Il reçut la croix de guerre et fut « mentioned in Despatches » (cité à l'ordre du jour), en Grande-Bretagne
Dans son dernier rapport en date du 2 juin 1943, extrait du dossier personnel mentionné ci-dessus et communiqué par un correspondant anglais, il raconte que c'est à la demande de Posper (Francis Suttil qui commandait la zone nord, parallèlement à Peter Churchill pour la zone sud), qu'il est venu à Nantes et que Fabien (autre nom de code de Richard Heslop) s'est occupé des livraisons sur les terrains des environs d'Angers. Il évoque aussi les recherches de la Gestapo qui a fouillé sa maison et où sa femme ne peut plus retourner. Celle-ci a changé son apparence et son identité et continuera de travailler avec lui. Cependant, si elle est repérée, il aimerait avoir la possibilité de l'envoyer, avec sa fille, en Angleterre. Il ajoute qu'il a l'intention de contrôler les groupes d'Angers depuis Nantes et qu'il enverra prochainement un rapport à ce sujet.
Il n'en eut pas le temps puisqu'il fut arrêté quatre jours après !
Son dernier rapport contient aussi des informations sur Nantes, Château-Bougon, les usines Kulhmann et des photos du port de St-Nazaire et de la base sous-marine.
(J’ai traduis ce rapport que j’ai mis en annexe du document « La vie héroïque du captain Wilkinson… » cité plus haut).
Sur les circonstances de son arrestation, on dispose de plusieurs témognages :
Celui de son ami Richard Heslop qui en parle dans son récit autobiographique.
Celui de Armel Guernes, dont un correspondant britannique m'a communiqué un extrait de son dossier personnel conservé aux « National Archives » (REF; HS9/631/5) et rendu récemment consultable. Je traduis :
« Alexandre avait été déjà arrêté en Zone Non Occupée mais il s'était échappé avec l'aide d'un détective français. Il rencontra Prosper, Archambaud et Guerne, chez Guerne et leur dit que le lendemain il allait rencontrer dans un café de Paris le détective qui l'avait aidé. Malgré leurs avertissements il maintint son rendez-vous et il fut arrêté par la Gestapo le dimanche 5 juin 1943.
Après cela Guerne s'occupa du réseau d'Alexandre à Nantes. Lors de ces contacts il reçut plusieurs fois la visite, à Paris, de son beau-frère Charles Berruet, qui avait organisé en premier le réseau de Nantes ».
Voir la suite du témoignage d'Armel ci-dessous, à propos de la femme d'Alexandre.
Voyons maintenant le témoignage de Richard Heslop dans « Xavier ». Il est à Paris où 'Renaud' l'a convoqué.
« On parla beaucoup d’’Alex’ que ‘Renaud’ avait vu. Londres voulait qu’il rentre également
mais ‘Alex’ ne le voulait pas. Avec sa femme et sa fille en France et son incroyable sens du devoir,
je savais qu’il n’y aurait jamais d’arguments assez forts pour le convaincre de rentrer se reposer.
Il croyait que, puisque la Gestapo le recherchait à Angers mais pas à Nantes, il se sentait en sécurité,
autant qu’on pouvait l’être en temps de guerre en France.
‘Renaud’ me demanda si je connaissais un inspecteur Imar.
« Oui, je le connais. C’est un policier qui a eu des tractations avec ‘Alex’ et moi à Limoges. On ne
doit pas lui faire confiance à aucun prix. Que voulez-vous savoir ? » lui demandais-je.
Il me raconta qu’Imar était entré de nouveau en contact avec ‘Alex’ , demandant son aide pour deux
de nos agents qui avaient de sérieux ennuis. Une rencontre était fixée entre Imar et ‘Alex’ pour le
lendemain.
Je fus immédiatement inquiet pour mon ami.
« ‘Renaud’, il faut absolument empêcher ‘Alex’ d’y aller, le trouver et me laisser le persuader
de ne pas y aller. ‘Alex’ a parfois des coups de sang à la tête. Ce serait le cas et je peux l’en
empêcher si vous le retrouvez ». Je savais qu’Alex’ était en danger, en danger de mort. Ne
demandez pas pourquoi, c’est un instinct développé depuis des mois. Si on demandait ce qui
n’allait pas dans une situation donnée, tout ce qu’on pouvait faire était de se toucher le nez de
l’index et dire « le pifomètre dit que ça sent mauvais ». Le pifomètre disait très fortement :
« Il faut sauver ‘Alex’.
Plus tard, il eut de nouveau une rencontre avec 'Renaud' :
J’ai rencontré ‘Vladimir’ à son appartement et on me conduisit à la maison de sa femme, où j’ai rencontré de nouveau ‘Renaud’. Il alla aussitôt à l’essentiel : « Londres veut que vous rentriez et un avion vous prendra dans une dizaine de jours ». Je m’attendais à cet ordre mais Londres m’avait semblé si lointain, depuis si longtemps et tellement de choses étaient survenues que mon esprit prit beaucoup de temps à  intégrer l’idée que je serai bientôt libéré , même seulement pour une courte période, de la tension d’être un agent ennemi.‘Renaud’ me promit d’aller à Angers et de dire à Blandeau [en réalité Blondeau] et Louis qu’ils ne seraient pas abandonnés par Londres.
Il me dit aussi que la Gestapo était sur le point de faire une grande rafle et que j’étais un suspect à Angers. ‘Alex’ avait été arrêté et il pourrait parler sous  « treatment », la torture, mais  nous découvrîmes après la guerre qu ‘Alex’, ainsi que je m’y attendais, n’avait pas dit un seul mot. Et je lui ai demandé s’il n’avait pas d’autres nouvelles de mon ami.
« Je l’ai vu entrer dans le café après qu j’aie essayé de le convaincre de ne pas y aller, mais je ne l’ai pas vu ressortir. Je suis allé voir sa femme et elle me raconta qu’elle était dans le café avec un ami lorsque ’Alex’ entra. Il devait lui donner un signal convenu si les choses allaient bien et un autre différent dans le cas contraire. ‘Alex’ s’assit  et parla longtemps avec trois hommes dont un, que Madame Keller reconnut être l’inspecteur Imar. Puis ‘Alex’ et les trois hommes se levèrent et se dirigèrent vers le vestiaire et lorsque ‘Alex’, paraissant très allègre, passa près d’elle , il fit le signal convenu que tout allait bien. Elle s’assit et attendit longtemps mais il ne revint jamais ».

Mme Diebolt, alias Keller, femme d'Alexandre (captain Wilkinson)

Le site Internet de l'Ordre de la Libération contient une notice biographique de Laure Diebolt, née Mutschier le 10 janvier 1915 à Erstein (Bas-Rhin). Cette femme héroïque, compagnon de la Libération, qui fut secrétaire de Jean Moulin n'est pas celle que l'on recherche.
Dans le dernier rapport que Wilkinson a adressé de Nantes à Londres, peu de temps avant son arrestation, il parle de la Gestapo d'Angers qui commence à l'inquieter, lui et sa femme, au point qu'elle a changé d'apparence et d'identité mais qu'elle continue son travail avec lui. Et il suggère que peut être faudra-t-il l'envoyer en Angleterre avec sa fille si le danger persiste. (Voir mon document sur « la vie héroïque du captain Wilkinson…. »).
Madame Diebolt prit la succession de Wilkinson mais le 27 juillet 1943, la Gestapo arrête une partie du groupe de Nantes. Mme Diebolt, sa fille Anne-Marie, Henri Dutertre, Pierre Saulais, Simone Soucey, Jean Vaire réussisent à s'enfuir et à se disperser. Mme Diebold devenue brune et portant des lunettes rallie Paris et tente de reprendre contact avec des membres du réseau. Elle apprend que la plupart d'entre eux a été arrêtée. Elle tombera à son tour dans un piège de la Gestapo aux alentours du 10 août 1943. Elle sera interrogée avenue Foch puis à Fresnes, puis à Angers au Pré-Pigeon où elle sera confrontée à Wilkinson, grabataire, très malmené, enfin à Nantes d'où elle fut dirigée vers Compiègne puis Ravensbrûck en Allemagne.
Mme Diebolt a laissé un long témoignage de 6 pages à Paul Guillaume, correspondant de la Commission d'Histoire de l'Occupation et de la Libération de la France (C.H.O.L.F.), plusieurs années après son retour de Ravensbruck. Il est consultable au service des Archives Départementales et il apporte beaucoup d'informations selon Jackie Poitevin qui a pu le consulter et prendre des notes dont il m'a donné l'essentiel. Je le remercie bien sincèrement.
Ce témoignage apporte des informations sur l'action du groupe Alexandre et aussi sur elle-même.
Elle avait habité avant la guerre à la même adresse qu'Edouard Wilkinson, 6 rue Claude Matrat à Issy-les-Moulineaux. Elle avait une fille Annette (Anne-Marie) qui semble avoir été appelée Wilkinson. Le rapport CHOLF mentionne Diebolt mais il n'est pas impossible que le rédacteur se soit trompé. Mme Diébolt aurait été mariée avant la guerre à un Alsacien et aurait habité Strasbourg pendant 10 ans. Elle devait probablement comprendre l'allemand et l'alsacien.
Mme Bourges qui était boulangère et informée des activités du réseau, a parlé parce qu'on l'a menacée de tuer son mari et son fils. Elle avait un frère ou un beau-frère à Paris, .membre du réseau Prosper. Elle habitait juste en face de la pension de la rue Ravenel, (communication orale de Clément Poitevin).
Après la guerre Mme Diebolt vivait dans le Loiret et était repassée à L'Audinais, à Villevêque, en visite chez la famille Poitevin. Elle était remariée à un ancien résistant comme elle M. Lernam ? Sa fille, Anne Wilkinson, avait réussi à rejoindre un réseau de la région lilloise, avait été arrêtée et elle était décédée.
La seconde partie du témoignage d'Armel Guerne, en provenance de son dossier personnel, déjà cité à propos de l'arrestation de Wilkinson se continue ainsi :
« La presque totalité des membres du réseau fut arrêtée par l'indiscrétion de la femme ou de la maîtresse d'Alexandre qui avait raconté à sa femme ses activités à son retour de la Zone Non Occupée. Elle s'était alors permise d'agir comme si elle avait été membre qualifié de l'organisation et de donner des ordres irréfléchis. Prosper, Archambaud et Guerne souhaitèrent l'éliminer pour des raisons de sécurité. Archambaud lui écrivit pour l'avertir qu'elle était en danger et qu'elle devait se cacher. Elle ignora l'avertissement et continua d'agir bêtement. »
Richard Heslop a cotoyé de près Mme Keller, vivant un temps dans sa pension angevine et la mettant à contribution lors de parachutages et l'accompagnant dans sa fuite chez un vigneron du pays nantais.
Voir ailleurs dans « la vie héroïque du captain Wilkinson… » la traduction que j'ai faite de la partie angevine de son ouvrage intitulé « Xavier » et qui est trop longue pour être reprise ici.
Il a ce jugement sur Madame Keller/Diebolt, jugement qui montre qu'il ne lui faisait probablement pas une confiance absolue :
« . Je devais garder un œil attentif sur la femme d’Alex’, car elle était capable de manipuler des objets inoffensifs comme si ils allaient lui exploser à la figure et des choses dangereuses comme si c’était des livres de beurre. Madame Keller travailla très dur avec moi mais j’ai toujours eu l’impression qu’elle n’était pas une vraie patriote. Je sentais qu’elle travaillait seulement parce que ‘Alex’ était impliqué et parce que son aide leur permettrait d’obtenir des avantages plus tard. Elle était tellement différente d’Alex’, qui faisait son devoir et n’avait pas de visées personnelles. »
Cet ami de Wilkinson a laissé comme on l'a déjà dit, un livre intitulé « Xavier » qui contient beaucoup d'informations sur leurs activités de résistance à Angers. Tandis que le témoignage du major Cowburn, autre ami de Wilkinson, portait sur les premiers pas de ce dernier dans la Résistance, ce livre prend en quelque sorte la suite, jusqu'à la fin tragique du réseau. .Ce témoignage vient compléter celui de Mme Diebolt qui portait alors le nom de Mme Keller. Elle était l'épouse « divorcée »d'Alex (Wilkinson), qui possédait la pension de famille, dont l'adresse n'est pas donnée dans le livre mais où Heslop habita. Le divorce était une convenance car le mari anglais était censé avoir regagner l'Angleterre en 1939.
Heslop ne tarit pas d'éloge sur Wilkinson, avec qui il avait été entraîné comme agent en Angleterre sous un nom d'emprunt et dont il n'apprendra le nom véritable que de la bouche de la Gestapo venue interroger  M. Wilkinson propriétaire de la pension où il logea un temps.
Heslop signale, au passage, qu'il cacha dans le jardin de la pension, dans une bouteille, les plans d'une mystérieuse construction à Warren [Pas-de-Calais], qu'il fit passer en Angleterre; Il s'agissait d'une rampe de V2. Il prépara aussi l'attaque, qui n'eut pas lieu, par un commando britannique, de l'Etat-major de la marine allemande au château de Pignerolle (commune de St-Barthélémy-d'Anjou).




Qui étaient les personnes déposées et / ou embarquées dans ces « pick-up » clandestins en zone occupée, à Villevêque ?

Maintenant que le secret est levé sur ces missions à haut risque, il est possible d’en savoir beaucoup plus, en consultant simplement l’Internet, ce que j’ai fait à partir des premières informations très précieuses reprises de l’ouvrage du group captain Sir Hugh  Verity « Nous atterrissons de nuit… » traduit de l’anglais, titre original « We landed by moonlight »; informations qu’avaient publiées M. Louis Maucourt dans son ouvrage sur « Soucelles, baronnie d’Anjou », dans sa partie annexe où il donne pp. 392 et 393 la description des missions.
L’Internet est une mine. Voici par exemple ce que j’ai découvert concernant l’une des passagères débarquée dans la nuit du 16 au 17 juin 1943 : Noor Inayat Khan qui m’apparaissait comme le nom le plus exotique des 24 personnes impliquées dans ces deux missions, pilotes et comité d’accueil compris.

Une authentique princesse indienne, opératrice radio

Noor Inayat Khan, de son nom complet Noor Un Nisa Inayat Khan était née le 2 janvier 1914 au Kremlin, ce qui est tout à fait insolite pour une authentique princesse indienne descendante du dernier souverain musulman de l’Inde du sud, Tipu Sultan, qui mourut en luttant contre les Anglais lors de la conquête de l’Inde.
Son père était un mystique mahométan, adepte des doctrines soufiques de paix et d’amour. Il avait été invité, en 1912, par le tsar Nicolas II à visiter la Sainte Russie et à le conseiller spirituellement, par l’entremise du célèbre Raspoutine.
Survint la Révolution bolchevique de 1917 ; Pir Inayat Hahn et sa femme, d'origine américaine, la Begum Sharada Ameena (auparavant Ora-Ray Baker), d’Albuquerque, N M, décidèrent de quitter Moscou et arrivèrent à Paris après de nombreuses aventures et un court séjour à Londres où naquit un de ses frères. Ils s’installèrent à Suresnes; Noor suivit des cours à la Sorbonne, entra à l’Ecole Normale de Musique et écrivit occasionnellement des histoires enfantines pour Radio-Paris.
Toutefois la seconde guerre mondiale survenant, contraignit la famille à fuir son pays d’adoption et à rejoindre Londres. Noor voulut alors jouer son rôle dans la lutte contre le totalitarisme nazi et elle s’engagea dans les forces armées aériennes en tant qu’auxiliaire féminine du Women’s Transport Service : F.A.N.Y., (First Aid Nursing Yeomany), comme « Assistant section officer ».
A cette époque, sa connaissance de la France et de la langue française étaient des qualités particulièrement précieuses. Aussi après avoir reçu un entraînement intensif dans le S. O. E. (Special Operations Executive), Noor Inayat Kahn aurait été la première opératrice radio à être infiltrée en France occupée le 16 juin 1943, donc via Villevêque.
Le soir même de son atterrissage à l’aube du 17 juin, elle était déjà à Paris. Je supposais qu’elle avait pris le train à la gare du Vieux-Briollay ou de St-Sylvain-Briollay, peut-être avec deux autres compagnes Diana Rowden et Cecily Lefort, mais selon les biographes le départ se serait fait depuis Angers, rallié à bicyclette 
Dans les semaines qui suivirent son arrivée, la Gestapo fit de nombreuses arrestations parmi les groupes de résistance de la région parisienne, auprès desquels elle avait été détachée. Elle appartenait au sous-réseau Phono, du réseau Prosper. Elle se rendit ainsi à Grignon, devenu depuis l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique Paris-Grignon, d’où elle émettait depuis une serre et où elle échappa de peu à une arrestation. Elle refusa de retourner en Angleterre alors qu’elle en avait encore la possibilité, préférant la clandestinité extrêmement dangereuse dans laquelle elle se trouvait engagée mais elle ne voulait pas abandonner ses camarades de combat, dont elle restait le seul lien avec Londres.
Elle avait changé d’identité sous le nom de Jeanne Marie Régnier et était nurse. Ses fausses pièces d’identité avaient été fabriquées à Toronto. Son nom de guerre était Madeleine. 
Elle se déplaçait à bicyclette, avec l’émetteur-valise dans une remorque, naviguant entre une douzaine de lieux dans la région parisienne, et émettant par intermittence, pour éviter d’être repérée par les véhicules de localisation goniométriques des Allemands.
On raconte même qu’un officier Allemand l’aurait aidée à tendre un fil à linge… qui était une antenne radio camouflée ! ( Voir la caricature extraite de...).
Elle habita même à proximité du quartier général de la Gestapo situé Avenue Foch, dans un immeuble où logeaient de nombreux Allemands.
Mais trois mois et demi plus tard, elle fut trahie, dénoncée par jalousie pour 1.000 francs par la sœur d’un collègue, arrêtée et conduite au quartier général de la Gestapo à Paris, avenue Foch. Invitée à coopérer, elle refusa de fournir un quelconque renseignement et on l’emprisonna au siège de la Gestapo, avenue Foch, à Paris, pendant plusieurs semaines, où elle fit deux tentatives d’évasion, dont une avec John Starr et le colonel Leon Faye mais ils furent repris dans le voisinage.
Après son arrestation, les Allemands continuèrent d’utiliser sa radio en empruntant son identité, ce qui leur permit malheureusement de « piéger » d'autres agents secrets envoyés par Londres..
Elle fut ensuite envoyée en Allemagne, à Karlsrhue en novembre 1943, ayant refusé de signer une déclaration comme quoi elle s’engagerait à ne pas s’évader. Transférée à Pforsheim, elle refusa toujours de donner des renseignements sur son travail et ses camarades. Le 12 septembre 1944, elle fut envoyée au camp de concentration de Dachau où elle fut fouettée pour avoir refusé de crier « Heil Hitler » et tuée le jour suivant, à genoux, d’une balle dans la tête.
Noor Inayat Khan reçut la George Cross le (la plus haute distinction britannique), et la Croix de Guerre (française) et elle est membre du « Most Excellent Order of the British Empire ». Noor est avec Violette Szabo l’une des deux femmes a avoir reçu ces deux distinctions à titre posthume.
Son nom figure sur une plaque apposée sur le mur de l’église St-Paul de Knightbridge, à Londres, parmi les 52 noms de femmes de son service, mortes durant la dernière guerre.
Un article de la « London Gazette » du 5 avril 1949 a été publié en son honneur.
Une plaque a également été apposée à Suresnes, près de la porte de la maison de Fazal Manzil, la maison de Hazrat Inayat Khan :
« Ici habitait Noor Inayat Kahn 1914-1944
Madeleine dans la Résistance
Fusillée à Dachau
Opératrice radio des réseaux Buckmaster
Croix de guerre 1939-1945, George Cross ».
Elle est aussi honorée sur le Rubnnymede Memorial dans le Surrey, qui a été érigé pour les membres de la R.A.F. privés de sépulture.

La consultation de plusieurs sites Internet dont celui intitulé « PNAS : Princess Noor Appreciation Society International Guestbook » m’ont fourni tous ces renseignements. Je suis entré en contact avec son webmaster qui m’a précisé (à tort) que l’atterrissage avait eu au Vieux-Briollay sur un « slopy ground », terrain pentu. Je lui ai proposé de modifier cette indication. . Les clôtures et les haies de la rive droite et l’étroitesse du terrain ne permettaient pas un atterrissage et un décollage de 2 avions Lysander alors que la prairie communale des Grands-Bas, située juste en face sur la rive gauche, était sans obstacle sur une grande étendue, sans habitat et sans risque de collision avec des bestiaux puisque la première herbe est obligatoirement fauchée. A la date du 16 juin, les foins n’étaient pas commencés et cela correspond parfaitement avec les traces de pneus observés dans l’herbe à cette époque. Il n’y avait pas encore de tracteur et les voitures étaient quasi-inexistantes.
A noter que son frère fut aussi dans la R.A.F puis dans la marine.

L'information donnée par le site web pré-cité, concernant le Vieux-Briollay prête à confusion. Elle est sans doute reprise de l'ouvrage de Mme Jean Overton Fuller « Noor Inayat Khan, Madeleine », publié en Angleterre et dont je me suis procuré la 7e édition révisée en 1988. L'auteur mentionne dans sa préface que le 12 septembre 1973, Rémy Clément, l'adjoint de Henri. Déricourt, qui organisait le comité d'accueil, la conduisit sur les différents terrains d'atterrissage clandestins, dont Soucelles et le Vieux-Briollay. Et à propos de ce dernier terrrain, elle écrit, en 1984: « Thus it was just as the setting sun turned the scene golden, he stopped the car by a field that was unexpectedly small and closely encompassed by hedges, moreover set on a quite a steep slope. « That it ! » he said. « That is where we set out the lights for the Lysander that night. That is where she stepped down ».
Traduction : « Ainsi, c'était au coucher du soleil lorsque tout devient doré, il arrêta la voiture près d'un champ qui était contre toute attente, petit et étroitement enserré de haies et de plus sur une pente raide. « C'est ici !» dit-il. « C'est ici que nous avons allumé nos lampes cette nuit-là pour le Lysander. C'est ici qu'elle pris contact avec le sol ».
Selon moi, l'auteure a confondu le point de vue sur la vallée du Loir, d'où l'on domine le terrain d'atterrissage, avec le terrain lui-même, car lors de cette rapide visite guidée, le temps dût manquer et il ne devait pas être aisé de s'aventurer dans le dédale de chemins non goudronnés de la vallée elle-même.
Je rappelle que Hugh Verity donne dans son livre, les caractéristiques minimales qui étaient retenues pour qu'un terrain d'atterrissage soit agréé par le Ministère de l'Air britannique : A savoir une distance minimale de 600 m entre deux haies-obstacles, le début de la piste, commençait 50 m avant le point de contact théorique avec le sol marqué par une lampe A, à 100 m au moins de la première haie, une piste de 150 m, plate et sans ornière, dont l'extrimité était balisée par une lampe B et perpendiculairement à cette ligne AB, une seconde lampe C, située à 50 m. Les 3 lampes formaient la lette L inversée et la reconnaissance se faisait par une lettre convenue en morse. La piste devait pouvoir se prolonger sur 100 m encore, pour des raisons de sécurité, après la lampe B. Cela devait offrir au total 300 m de piste praticable, à l'intérieur d'un couloir de 600 m sans obstacle. Le comité d'accueil ou de réception devait se trouver à gauche de la lampe A, l'avion touchait le sol à droite de cette lampe, s'arrêtait entre A et B, tournait ensuite à droite et revenait se ranger en A pour le débarquement/embarquement et le le décollage face au vent. Le temps de séjour au sol était de 3 à 6 minutes seulement.
Une photo aérienne récente du terrain et de ses environs immédiats était spécialement prise par l'unité de reconnaissance photographique de la base aérienne de la R.A.F., de Benson (la P.R.U.)
La feuille de briefing (instructions pour une opération) comportait la photo aérienne, les précisions sur le terrain décrit par l'agent, la référence à la carte Michelin du lieu, la date et l'heure de l'atterrissage, le nombre de passagers dans les deux sens, le nom de l'officier accompagnateur.
Le message d'annonce passait le soir à la B.B.C.
Ces exigences techniques ne sont pas du tout compatibles avec un atterrissage sur le côteau du Vieux-Briollay.
Je suis entré en contact avec l 'éditeur de la version française de l'ouvrage de Hugh Verity, pour avoir des précisions sur ce terrain, malheureusement M. Lequin qui rassemblait toutes les informations qui lui parvenaient à l'attention de H. Verity, est décédé, comme l'auteur lui-même. Il reste encore le War Museum de Londres à contacter et avec un peu de chance, la découverte dans les archives de la Couronne, de la photo aérienne du terrain, ce qui apporterait une preuve formelle. Affaire à suivre.
Depuis, (décembre 2004), un correspondant Web anglais m'a fourni les coordonnées d'un terrain utilisé au N-E d'Angers par Déricourt :
- Latitude : 47° 33' 25 sec. N
Longitude : 00° 24' 23 sec. O
La consultation du site Web MAPORAMA.com m'a fourni les coordonnées suivantes:
- pour les Bougonnières (au sud des Grands-Bas) : L at. 47° 33' 34 sec. et Long. 00° 27' 55sec.
- pour le Vieux-Briollay (au nord des Grands-Bas) : Lat. 47° 33' 50 sec. et Long. 00° 29' 29 sec.
- pour un point central des Grands-Bas, sur le chemin : Lat. 47° 33' 53 sec. Long. 00° 28' 8sec.
- pour la Grand-Rivière Lat. 47° 33' 34 sec.et Long. 00° 24' 9 sec., face au Port-Terreau.
Le point dont les coordonnées sont les plus proches de celles indiquées par le correspondant anglais se situe dans l'ancien champ de courses de Villevêque, sur la rive gauche du Loir (Lat. 47° 33' 24 sec. et Long. 00° 24' 24 sec. On peut penser que ces coordonnées sont celles du terrain de Soucelles et non des Grands-Bas, compte tenu d'une marge d'imprécision de quelques centaines de mètres.
Henri Déricourt était l'agent qui organisait les transferts aériens clandestins à partir de plusieurs terrains qu'il avait sélectionés dans l'Ouest, en Indre-et-Loire et en Maine-et-Loire, à Pocé-sur-Cisse (37400), St-Martin-le-Beau (37270), Azay-sur-Cher (37270), Soucelles et le « notre », à 3, 5 km O-NO de Villevêque. Il s'est révélé être un agent double, voire un agent triple : « Il a servi -et trahi – Hitler, Churchill et Roosevelt... il n'a servi que lui-même car il était le diable » (Bob Maloubier in : « Triple jeu : l'espion Henri Déricourt »). Ceci explique que les Allemands prévenus, comme le mentionne Hugh Verity, puisque tous les messages pour l'Angleterre, étaient aussi transmis et copiés par la Gestapo, aient pu observer l'atterrissage de la nuit du 17 au 18 septembre 1943, et à mon avis, depuis le coteau du Vieux-Briollay, qui constitue un point d'observation remarquable sur tout ce qui pouvait se passer dans la vallée en face, en contre-bas, dans les Grands-Bas !
L'histoire extraordinaire de cette princesse indienne agent secret a inspiré à Laurent Joffrin directeur de la rédaction du Nouvel Observateur et producteur à France-Inter, un récit très romancé publié récemment, en 2002, chez Robert Laffont. Ce roman est intitulé « La princesse oubliée » basée partiellement sur sa courte vie. Il lui prête toutefois une idylle imaginaire, sans doute pour satisfaire à un besoin romanesque des lecteurs mais cela ne s'imposait nullement dans le tragique de sa situation.
Peut-être verra-t-on un jour, pour le centenaire de ces « pick-ups, », par exemple, s’élever un monument commémoratif honorant le sacrifice de ces obscurs combattants de l’ombre, à l’entrée de la prairie des Grands-Bas, comme un rappel permanent, ponctuant un itinéraire de randonnée des Basses Vallées Angevines ?
Les randonneurs de plus en plus nombreux qui fréquentent ces lieux écartés de toute habitation sont loin de soupçonner les évènements qui s'y déroulèrtent et aussi leur rattachement à un réseau mondial de communication et d'échange d'informations qui s'efforce de les faire revivre, témoin ce site américain d’hommage à la princesse Noor.


Aperçus sur quelques autres personnes qui passèrent par les Grands-Bas de Villevêque (recherche en cours)

D’autres biographies de personnages qui débarquèrent ou embarquèrent sur ce terrain de Villevêque, sont également accessibles sur l’Internet. Cette recherche est en cours. Leur destin a été souvent aussi tragique.
Entre 450 à 500 agents furent ainsi envoyés en France , dont 39 femmes entre 1941 et 1944 et 130 furent arrêtés. Parallèlement, 5 724 tonnes de matériels et d’armes furent parachutées, de quoi armer 350 000 hommes ! 

Les « débarqués » :

Diana Rowden débarqua avec Noor Inayat Khan. Elle était agent de liaison du réseau « Acrobat ». Elle fut arrêtée à Clairvaux-les-Lacs près de Lons-le-Saulnier. On la conduisit à Paris Avenue Foch pour l’interroger et elle fut emprisonnée à Fresnes.
Cecily Lefort, venue également avec la princesse Noor, fit partie du réseau « Jockey » dans le sud-est de la France. Elle fut arrêtée par la Gestapo et elle est morte, déportée à Ravenbruck.
Harry Peulevé appartint au réseau « Scientist », dans la région de Bordeaux.
Yolande Beekman fit partie du réseau « Musician » dans l’est Picard, où elle était opératrice radio.

Les « embarqués »

Mme Pierre-Bloch : son mari Jean, avait pour nom de guerre « Gabriel », dans la région de Bergerac. C’était un ancien député socialiste. Elle avait contribué à faire évader son mari d'une prison vichyste.
Il fut membre du comité directeur du Comité d'Action Socialiste, un des premiers organisateurs du S.O.E. en France, devient un des dirigeants du B.C.0.R.A. à Londres puis membre de l'Assemblée Consultative provisoire d'Alger et Ancien Ministre (commissaire-adjoint du C.F.L.N. : Comité Français de Libération Nationale). Après la guerre, il fut président d'honneur de l'A.E.R.I.-Résistance.
Jack et Francine Agazarian faisaient partie du réseau « Prosper », il était opérateur radio et elle était agent de liaison. De retour en France, il fut arrêté lors d’un rendez-vous piège, rue de Rome près de la gare St Lazare à Paris.
Benjamin Cowburn est l’auteur de « Sans cape ni épée », Paris, Gallimard, 1958. Voir la traduction que j’en ai faite pour tout ce qui avait trait à l’ Anjou dans « La vie héroïque du captain Wilkinson.. ; »
Le colonel Henri Zeller prit part à la libération de la Provence. Il rejoignit Alger et rencontra le général américain Patch à Naples, envoyé par le général de Gaulle.
Les recherches se poursuivent pour les autres passagers.


Fin 1943-début 1944, Robert Maloubier (Bob) raconte son passage en Anjou pour rejoindre Londres, sans succès, en passant par Tiercé et le Vieux-Briollay.


Bob Maloubier était un pilote français au service des Britanniques. Il a été parachuté et a opéré en Normandie sous les ordres de Philippe Liewer. Il a raconté ses aventures dans un livre écrit avec Jean Lartéguy et consacré à l’espion agent double Déricourt.
Après avoir été blessé lors de la préparation d’un parachutage de 10 containers dans les environs d’Elbeuf, le 20 décembre 1943, il rejoint Paris avec son chef, une balle dans les poumons, ayant failli mourir d’hémorragie.
Mais comme il faisait très froid, il s’était jeté à l’eau pour se cacher et était tombé sans connaissance. Heureusement la glace stoppa l’hémorragie et il put regagner son domicile en reprenant connaissance.
Il partit avec son chef à Paris rencontrer ‘Gilbert’ (Henri Déricourt) pour pouvoir rallier Londres. C’était son premier contact avec cet « Air Movement Officer » qui supervisait 14 terrains clandestins d’atterrissage (« L Z = Landing Zones) dans l’Ouest de la France.
Ils convinrent immédiatement que Bob partirait par le prochain avion Hudson, de la « ligne », un bi-moteur de 12 places. Déricourt lui donna rendez-vous à la gare Montparnasse, le 4 janvier 1944 à 9 heures du matin, au départ du train d’Angers.
Il y avait là Déricourt, Vallée, Gaillot, dit « Grand-père », Liewer et ‘Lionel’ (Robert Benoist). Tous les six voyagèrent dans un compartiment de première classe dont le compartiment voisin était occupé par des officiers allemands. Ils arrivèrent à Angers sans encombre.
Voici son récit (pp 34 –40) :
«A Angers nous empruntons un tortillard qui, après avoir cahoté vingt kilomètres, fait halte dans le petit bourg de Tiercé. En descendent une dizaine de citadins trop bien vêtus et portant de trop belles valises de cuir.
Ils jurent parmi les paysans coltinant paniers et couffins. Dans le soir tombant, tout en feignant de ne pas nous reconnaître, par la grand’rue quasi déserte nous traversons le village dans toute sa longueur, puis nous nous perdons dans la nature.
La lune se lève sur la rencontre insolite au coin d’un bois de treize personnages : dix passagers, dont une jeune femme outrageusement rousse, entourant Déricourt et ses trois assistants. L’un d’eux, Charles Fatosme, est chargé de veiller à ce que ma toux ne réveille pas la campagne environnante. Toujours cette foutue balle dans les poumons !
A minuit Déricourt et ses acolytes alignent des piquets munis de lampes-torches sur le pré bordant notre bois. Des ronronnements de moteurs d’avions se font entendre. Déricourt, qui les identifie au son, commente notre attention : « Voici un Messerschmitt… là un Halifax. »
Pas la queue d’un Hudson…
A l’aube, il juge prudent de nous répartir par petits paquets dans les villages environnants. A Benoist est confier le soin de mener à l’unique auberge de Tiercé un petit groupe comprenant Borosh, un Sud-Africain, son adjointe Madeleine Lavigne, la jeune femme à la chevelure flamboyante, Liewer et moi. Lorsque Benoist pénètre dans l’hôtel, coup de théâtre : l’aubergiste lui tombe dans les bras en lui donnant du « Mon capitaine » . C’est le mécanicien de son Spad de chasse au cours de la Grande Guerre ; les deux hommes ne s’étaient pas revus depuis.
Le lendemain à midi, Déricourt et son adjoint Clément nous rejoignent.
Nous venons de recevoir un message de Londres, déclarent-ils. L’avion a eu des ennuis mécaniques, mais il se présentera ce soir.
Après avoir battu la semelle une autre nuit sur la L Z,{Landing Zone] nous rentrons transis à l’auberge.
Au cours de la matinée suivante, Dumesnil, un assistant de Déricourt, fait irruption dans l’hôtel pour nous apprendre que son chef vient d’être interpellé par des gendarmes français et que nous devons être prêts à décamper au premier signal.
Deux heures plus tard Clément se présente à son tour :
Fausse alerte. Une rentière a été assassinée avant hier. Les soupçons des gendarmes se sont portés sur un individu de passage dont ils ne connaissent que l’identité…celle qu’emprunte Déricourt lorsqu’il circule dans la région. Nous avons été épinglés à l’hôtel d’un village voisin, Le Vieux-Briollay. Pour se sortir d’affaire, Henri a appelé sa femme, à Paris, devant les pandores. Elle a confirmé de vive voix la véritable identité de son mari. Ensuite Henri leur a révélé à quelles occupations il se livrait puis, afin d’acheter le silence des gendarmes, il leur a offert de faire diffuser par la B B C un message de leur choix. Ce message est tombé à midi. Désormais nous sommes sous la protection de la maréchaussée !
Après quatorze jours et quatorze nuits émaillés d’incidents et de faux départs je suis bien aise de regagner Paris.
Nous avons joué de malchance, convient Déricourt lorsque nous nous séparons gare Montparnasse. Rendez-vous à la prochaine lune. La série noire est terminée tout se passe bien. »


Le propriétaire du château de Villevêque, l’ancien député du Haut-Rhin Alfred Wallach part en zone libre, est condamné à mort et parvient à se réfugier en Suisse.
Ancien propriétaire du château de Villevêque et ancien député du Haut-Rhin de 1932 à 1939, né à Mulhouse (Haut-Rhin) le 5 mars 1882, décédé à Paris le 18 juin 1961. il appartenait à une grande famille industrielle juive d’Alsace.
« Partisan de la poursuite de la guerre, Alfred Wallach, replié à Roanne, proteste à plusieurs reprises auprès du maréchal Pétain contre l'annexion de fait de l'Alsace et de la Lorraine au Reich.
Malgré son état de santé qui, avant guerre, l'avait conduit à démissionner de son mandat de député et qui s'aggrave, Alfred Wallach participe à la Résistance. Son comportement ne demeure pas longtemps ignoré des autorités allemandes et de la police du gouvernement de Vichy. Condamné à mort, il devait être arrêté après l'invasion de la "zone libre",[le 11/111942] mais le policier français chargé de l'interpeller favorise son passage en Suisse, où l'ancien député résidera jusqu'à la Libération ».
(source : Service des Archives de l’Assemblée Nationale. « Dictionnaire des parlementaires, 1889-1940 », t. VIII, pp. 3213-3214.)

Un ancien militaire arrêté à Briollay pour manifestation anti-allemande

Extrait du dossier (A D 49 W art 294), « fiches individuelles de personnes arrêtées »

« Vogoyeau Arsène né le 18 décembre 1877 à Briollay. Commandant d’aviation, demeurant à Briollay, marié, retraité de l’armée, 36 ans de service de carrière.
Arrêté le 3 octobre 1942 à Briollay.
Motif : manifestation anti-allemande
Condamné le 9 décembre 1942 à un an de prison par le tribunal
Libéré le 14 juin 1943 en vertu d’un sursis accordé pour le restant de sa peine, jusqu’à la fin de la guerre, en date du 7 juin 1943.
Le surveillant chef »
« M. Vaugoyeau se livrait à la boisson et nul doute qu’au cours de l’ivresse, il se soit entraîné à des écarts de langage contre l’armée d’occupation. A son arrivée devant la prison du Pré-Pigeon, il s’est couché sur les marches et les policiers allemands ont dû employer la force pour l’incarcérer.
Lettre du commissaire principal, chef du service à M. le préfet en date du 15 octobre 1942. »
M. Louis Maucourt a consacré une notice biographique, dans son ouvrage sur « Briollay »,  à ce personnage qui fut d’abord instituteur avant de devenir militaire et de terminer sa carrière comme commandant du camp d’aviation de Clermont.

Le curé de Pellouailles est emprisonné, libéré il est éloigné par la Préfecture sur ordre des Allemands

Voici un extrait des Archives départementales 49 dossier 303 W 286 intitulé "Guerre 39-45. Crimes de guerre" sous-dossier correspondance 1944-47 Extrait d'un "Rapport sur les sévices commis par les Allemands envers les prêtres et les biens d'église" daté du 25/11/1944 : - « Abbé René Coiffard curé de Pellouailles, fut d'abord emprisonné. Bien que l'instruction n'ait relevé aucune charge contre lui, les Allemands exigèrent de la Préfecture son départ de Pellouailles ».
Ce même dossier contient une mesure semblable à l’égard du curé de Seiches.
Plusieurs personnes furent aussi arrêtées en même temps que le curé de Pellouailles :
Gaston Raimon (A D 49, 303 W 294)
René Bidet (A D 49, 303 W 290)

Un jeune homme de St-Sylvain fusillé dans la Vienne

Le dossier 303 W 286 des Archives départementales de M et L intitulé « Guerre 39-45. Crimes de guerre » contient une liste nominative des fusillés par commune. Parmi ceux-ci figure « :
« Chénier Edouard Charles, 21 ans né le 12 décembre 1921 à Angers, fils de Edouard Antoine et de Gandon Eugénie Joséphine, domicilié au Dély à St-Sylvain-d’Anjou.
Fusillé le 3 décembre 1942 à Biard (Vienne) ».
Un autre dossier est plus complet :
« Ouvrier métallurgiste, condamné à mort le 24/12/1942 par le tribunal de guerre allemand de Poitiers, fusillé le 3/12/1942, à 16 h, inhumé cimetière de Buxerolles à quelques km de Poitiers. Selon son père, se serait embauché il y a 10 mois au compte des armées d’occupation. Aurait travaillé dans une usine à Thouars où des actes de sabotage auraient été commis par des ouvriers. Par la suite aurait été condamné à 5 ans de réclusion.
On ignore pourquoi cette peine de prison a été changée en condamnation à mort. Noms de ses avocats :
Me de la Maitrie, 22 rue de la Cathédrale, Poitiers
Me de Poucheville, 9 bis rue Cloche percée, Poitiers
Très peu connu dans la commune, par contre le père y est depuis environ 15 ans. Il travaille comme cheminot à la SNCF. Sa femme est garde-barrière.. Des braves gens.
Le maire : Voisin. »
(A D 49 303 W 291)

Une femme originaire de Villevêque condamnée par les Allemands

Jeanne Thiery, née à Villevêque le 22 janvier 1919, manutentionnaire, demeurant 99 rue de la Madeleine à Angers, mariée, un enfant a été arrêtée le 30 avril 1943 pour vol. Elle a été condamnée le 29 avril 1943 à 3 mois de prison par le tribunal de la Feldkommandantur 595, à Angers. (A D 49 303 W)
On peut supposer que son vol concernait les Allemands et constituait peut-être un acte de résistance ?


Une femme résistante en région parisienne, originaire de Villevêque

Adrienne Repussard est née à Villevêque le 5 avril 1904. Son père Louis R epussard habitait les Faux. (AM)
Partie en région parisienne, elle entra dans la Résistance et fut déportée avec son fils de 16 ans et une amie Angèle. Elle eut la chance de revenir tandis que son amie mourrut en déportation. C'est elle qui, à son retour appris au mari d'Angèle le décès de sa femme. Celui-ci était un ancien des Brigades Internationales dans la guerre d'Espagne. Adrienne et lui finirent pas se marier. (Renseignement Régine Samson 2004)
Cette personne venait en vacances avec son mari, dans le bourg de Villevêque, dans une location appartenant à la famille Poitevin, de l’Audinais.
Des recherches complétaires seraient nécessaires pour saluer la mémoire de cette femme courageuse qui fait honneur à Villevêque par ses origines.


Un instituteur résistant à Corzé, Adrien Tigeot

Corzé n'étant situé qu'à 3 km environ de Villevêque, ce qui pouvait s'y dérouler ne devait pas laisser indifférent les habitants de Villevêque;
Adrien Tigeot était un instituteur originaire de la Chapelle-Hullin où il était né en 1913.[L'extrait du rapport ci-dessous diffère] Entré dans la Résistance, dans le réseau de l'Ecole Normale d’Instituteurs d’Angers, il fut arrêté dans sa classe le 7 juin 1943, devant ses élèves, après avoir tenté de s'enfuir par la fenêtre. Il fut fusillé 6 mois plus tard à Belle-Beille, à l'âge de 20 ans. (Ouest-France, 21/06/1993).
1943, 8 juin : Extrait du rapport au préfet, de l'Inspecteur d'Académie J. Fuster, « collabo » notoire, sur l'arrestation des instituteurs Brossard, Tigeot, Briant :
« 1°... Brossard est convaincu d'avoir cambriolé la mairie de Bouillé-Ménard en compagnie de Tigeot.
2° Tigeot Adrien né le 29 mai 1923 à Rennes, appartenait à la même promotion d'Ecole Normale; stagiaire à Corzé, il a été arrêté hier lundi 7 juin vers 10 heures dans cette commune; dès qu'il aperçut un inspecteur de police qui interrogeait son Directeur dans la classe à côté de la sienne, il sauta par la fenêtre pour s'enfuir, mais il tomba sur deux autres inspecteurs qui faisaient le guet; il voulut sortir son révolver (un 7,65), qui était chargé, mais il fut ceinturé et mis immédiatement hors d'état de nuire. Une perquisition a décelé tout un stock de tracts communistes et un flacon de chloroforme. Il est convaincu d'avoir cambriolé la mairie de Bouillé-Ménard et soupçonné d'avoir cambriolé celle de Contigné (cambriolage dont avait été accusé à tort M. Lemonier).
Brossard et Tigeot ont déclaré que, s'ils n'avaient pas été arrêtés, ils s'enrôlaient le lendemain dans les bandes de Francs Tireurs Partisans pour abattre les « collaborateurs ».
...En conséquence, j'ai l'honneur de vous proposer, Monsieur le Préfet, la révocation de Brossard et de Tigeot... ».
René Brossard, Adrien Tigeot et Marius Briant appartenaient tous les trois à la promotion 1939-1942 de l'Ecole Normale des instituteurs d'Angers, dont 4 sur 23 furent victimes des nazis.
Marcel Mathiot, qui fut instituteur à Contigné évoque le climat de l'époque : « J'avais un adjoint qui s'appelait Tigeot qui a été fusillé. Il a été trois mois avec moi, d'octobre à décembre 1942; Par la suite il est venu cambriolé la mairie de Contigné [pour les tickets]. Ils ont été attrapés. Alors qu'il m'en aurait demandé, je lui en aurait donné évidemment...Moi, j'en distribuais, des tickets. Lui n'en savait rien. On se taisait. On ne voulait pas se compromettre ».
Adrien Tigeot fut jugé le 1er décembre et fusillé à Belle-Beille le 13 décembre 1943, en même temps que trois jeunes normaliens, Moine, Clément et Porcher, tandis que René Brossard était mort en prison, au ¨Pré-Pigeon en octobre 1943.
Une autre source précise qu’il a été condamné à mort le 1er janvier 1943 et son jugement exécuté par fusillade le 13 janvier suivant.à 8 heures 25, selon sa fiche du fichier des personnes arrêtées par les Allemands. (A D 49 303 W).
Il fut inhumé au cimetière de l’Est, carré 12, rang 11, fosse n° 2.
Une inscription tracée par une main anonyme, a été relevée après la guerre sur le mur de la cellule 2 de la prison d’Angers :
« Marius Briant 21 ans condamné à mort le 1-12-43 grâcié le 12-12-43 parti en Allemagne le 20-1é-43 ses camarades Tijot Porcher Clément Dubois Bousquet et X que Dieu leur pardonne ».
( AD 49, 303 W 286, « Guerre 39-45 Crimes de guerre »).

Le rôle des communistes dan la Résistance

Le parti communiste fut interdit par le régime de Vichy et beaucoup de militants furent internés. Un certain nombre s’engagèrent dans la Résistance et furent déportés. A la Libération ils furent représentés dans le Comité départemental de la Libération mais leur rôle ne fut pas toujours reconnu par la Commission Départementale de Contrôle des prisonniers, déportés, internés résistants siègeant après la guerre. Par exemple Eugène Georges Diguet né le 17 décembre 1915 à Châteauneuf sur Sarthe et mort en déportation n’a pas été admis au titre de résistant au motif que « interné sous l’inculpation d’activité communiste il est donc manifeste qu’il n’a pas été arrêté pour faits de résistance ». (Décision du 9 janvier 1956). De même, Joseph Louis Leclerc né le 22 mars 1900 à Melay s’est vu refuser le titre de résistant au motif « reconstitution du parti communiste ». (A D 49, 140W art. 49). Celà apparaît comme une hypocrisie manifeste.
Voir aussi les “Rapports d’activité sur la repression des mouvements communistes et gaullistes. Août 1941-juillet 1944 » aux archives départementales. Les commissaires français fournissaient un rapport tous les quinze jours à la police allemande (A D 49, 140 W 96).

Un habitant du Plessis-Grammoire condamné pour détention d’armes

Maurice Arethuse, né le 30 avril 1918 à St-Sylvain, terrassier demeurant au Plessis-Grammoire, marie sans enfant est arr^té le 30 novembre 1943 au Mans pour détention d’armes. Il sera condamné à 18 mois de prison par le tribunal 755 du Mans.
(source A D 49, 303 W 290)

Un résistant à Angers originaire de Villevêque : Gilbert Châtelain

Gilbert Chatelain est né à Villevêque le 22 juillet 1900.
il était contremaître aux chaufferies des usines Bessonneau à Angers et demeurait 3 chemin du Petit Chemineau, à Angers. Il était marié et père de deux enfants.
Sa fiche des archives n° 638 porte que sa situation financière est nulle et sa situation militaire inconnue et qu'il a été arrêté à son domicile le 20 février 1944 à 1 heure du matin, pour une raison inconnue. Son lieu de détention est l'Allemagne selon la déclaration du commissaire de police d'Angers le 14 mars 1944.
(source : A D 49 303 W 291)
Après la guerre, la « commission de contrôle des prisonniers, déportés, internés », dans sa séance du 14 septembre 1950 a donné un avis favorable au titre de déporté résistant. (A D 49, 140 W art 49).
Son nom a été donné à une rue d’Angers par une délibération du conseil municipal du 2- mars 1956. Jacques Saillot, en parle en ces termes dans son « Dictionnaire des rues d’Angers » :
« Gilbert Théodore Chatelain était un angevin de souche ; il vit le jour à Villevêque du mariage d’Ernest Anatole Chatelain et de Marie Ernéstine Mézières, le 22 juillet 1900 ; il était voué à une existence paisible ; ouvrier machiniste aux établissements Bessonneau, il avait épousé Pauline Marie Augustine Raimbault dont il avait eu deux enfants, et avec qui il vivait, 5 rue de l’Epine à Angers.
Néanmoins la guerre éclate en septembre 1939 ; mobilisé, Gilbert Chatelain, comme tant d’autres, fit son devoir, mais assista, impuissant, à la foudroyante avance allemande et à la défaite durement ressentie de juin 1940.
Rapatrié alors, Gilbert Chatelain revint à Angers, mais las de l’insupportable occupation et des brimades sans cesse répétées qu’elle provoquait pour les citoyens français, il s’affilia en juillet 1943 au réseau de résistance Libération Nord et sous le pseudonyme de Lebrennus (en souvenir sans doute des chefs celtiques), il se livra à la protection des parachutages alliés en France, qu’il s’agisse d’armes destinées à la Résistance intérieure ou de militaires en mission d’inspection à qui il donnait volontiers asile.
Repéré rapidement par la Gestapo, il fut arrêté à son domicile le 20 février 1944 à 0 h 30, interné à Pré-Pigeon d’Angers du 20 février au 5 avril ; il fut ensuite dirigé sur Compiègne, puis déporté au camp de Mauthausen en Autriche à partir du 6 avril ; il devait y mourir le 31 mai 1944.
Son acte de décès retranscrit à Angers le 23 mai 1946 porte la mention : Mort pour la France.
Ref. D. M. 56
E C Angers
Renseignements obligeamment fournis par le Service des anciens combattants ».


1943, le 24 novembre  : Vol de cartes de rationnement et de feuilles de coupons à la mairie de Villevêque
Ce vol, qui fut vraisemblablement le fait de la Résistance, est ainsi relaté par "le Petit Courrier", journal collaborationniste rappelons-le, ce qui explique le ton de l'article :
"En pleine nuit, revolvers au poing deux bandits cambriolent la mairie de Villevêque.
Vendredi, à 2 h. 30 du matin, la Mairie de Villevêque a été cambriolée. Deux malfaiteurs, s'introduisant par un soupirail, pénétrèrent dans la chambre du secrétaire de Mairie, M. Albert Gaignard, 57 ans, et sous la menace du revolver, lui intimèrent l'ordre de descendre au bureau de l'Hôtel de Ville; ce qui fut fait; là, les deux individus se firent remettre 13.494 feuilles De coupons d'alimentation; 20 cartes d'alimentation en blanc; les feuilles de rationnement des habitants de la commune pour janvier 1944, 718 tickets de pain, 1334 de viandes.
M. Gaignard n'a pu donner qu'un signalement vague des deux hommes aux gendarmes de Tiercé, chargés de l'enquête, car, ils avaient leurs traits dissimulés sous de larges foulards. Leur allure est jeune; ils doivent avoir de 25 à 30 ans; tous les deux sont de taille moyenne; ils étaient coiffés d'un béret basque et ils portaient d'amples manteaux.
Le seul témoignage recueilli jusqu'ici est celui de M. Pain, garde-barrière au poste d'Ecouflant sur la route départementale n° 52; il a vu passer les deux malfaiteurs à bicyclettes une demi-heure avant et une demi-heure après l'agression."
(Source Le Petit Courrier, coupure communiquée par Philippe Léonard).
Un autre vol aurait eu lieu à la recette buraliste de Mme Mothais, mais je n'ai pas d'information.

Rapport de gendarmerie du capitaine Clavel commandant la section d'Angers sur un vol à main armée de cartes et tickets d'alimentation à la mairie de Villevêque (M et L)
« Le 24 décembre 1943 à 2 h 30, deux malfaiteurs ont cambriolé la mairie de Villevêque (M et L). Ils se sont introduits par un soupirail et ont pénétré ensuite dans la chambre du secrétaire de mairie. Révolver au poing ils ont intimé au secrétaire de mairie d'avoir à leur remettre sur le champ les cartes et les tickets d'alimentation détenus.
Ils ont dérobé :
1394 feuilles de coupons du 1er semestre 1944.
350 cartes d'alimentation des habitants de la commune, les noms étaient portés sur les enveloppes.
13 cartes d'alimentation en blanc de la catégorie T et 6 de la catégorie J 3.
Les feuilles d'alimentation des habitants de la commune pour janvier 1944 soit :
718 de pain
1422 de matières diverses
1334 de viande.
Ces deux individus répondent au signalement suivant :
25 à 30 ans environ
corpulence moyenne
taille 1 m 70 environ
pardessus drap foncé, coiffés d'un béret basque, visage protégé d'un cache-nez. L'enquête sur les lieux se poursuit, le signalement malheureusement assez vague a fait l'objet d'une diffusion orientée par le fichier Compagnie
Destinataires :
1° - chef du Gouvernement (Direction Générale de la Gendarmerie. Bureau de l'Organisation et du Service Spécial) 2 exemplaires.
2° Préfet Régional.
3° Préfet Départemental.
4° Général Inspecteur Général de la Gendarmerie.
5° Général Inspecteur.
6° Procureur de la République
7° Commandant de Légion.
(source : A D 49 18 W 28)

Des cochons nommés Adolphe, Mussolini, Darlan…. :

C’était le nom du cochon familial, pendant la guerre, dans plus d’une ferme : l'humour ne perdant pas ses droits !
Une feuille de papier divisée en quatre quartiers ave un cochon dessiné dans chacun d’eux, représentait, après un savant pliage, la tête d’Adolphe Hitler ! Voir l’échantillon ci-joint.
L’abattage des animaux étaient interdit mais il s’en faisait clandestinement dans les fermes, avec M. Alusse qui était un ancien boucher.

Mars 1944 : M. Rontard échappe à une sourricière de la Gestapo à Seiches

Le garagiste Alexis Rontard effectuait de nombreux transports avec sa camionnette à gazogène pour le compte de différents commerçants. C'est ainsi qu'il devrait livrer du vin dans un café de Seiches-sur-Loir, là où se réunissait le groupe local des résistants, précisément le lendemain de l'arrestation de ceux-ci, le 11mars. .Heureusement, Chevreux, qui était marchand de bestiaux à Seiches et qui lui faisait appel pour ses transport d'animaux, lui téléphona de ne pas venir ce soir-là. Alexis Rontard serait tombé dans la sourricière tendue par la Gestapo dans le café après les arrestations.
(Information Alexis Rontard son fils)

1944 le 31 mai; Arrestation de Mme Andrée Grazélie née Roger à Cheffes ainsi que Adolphe Jacquelin originaire de Villevêque et de plusieurs autres personnes.

Ces arrestations ont porté sur une dizaine de personnes « motivée selon la rumeur publique par une affaire clandestine d'armes. Le fils Foussard avait apporté une valise confiée à Mme grazélie par sa mère. Il aurait été arrêté le 30 mai 1944 ». (cf fiche n° 752 de Mme Foussard du dossier cité ci-dessous). Cette arrestation provoqua la râfle conduite à Cheffes de
Mme Foussard Suzanne née Bery, à Cheffes le 13 septembre 1896, institutrice adjinte à Varennes-sur-Loire, en congé de maladie à Cheffes
M. Fasilleau Camille, instituteur, né à Bressuire le 3 décembre 190&, marié 2 enfants, lieutenant de réserve
Mme Hallier femme fasilleau Raymonde, née le 23 février 1903 à Liévin (P de C).
Melle Béry
M. Beucher Constant
M. Grazélie Constant, née le 15 octobre 1905 à la Membrolle, mécanicien, marié deux enfants, adjudant de réserve
M. Thoueil gabriel
- Mme Grazélie Andrée née Roger le 29 novembre 1911, à Cheffes. Elle était venue à Villevêque témoigner sur la déportation lors de la cérémonie qui eut lieu en l'an 2 000 autour de la famille Kern. (Voir ci-dessus)
M. Adolphe Jacquelin était forgeron à Cheffes. Il était né à Villevêque le 18 ? 1897 et était marié et avait un enfant
(source : A D 49 303 W 292)


1944 : La Résistance locale

Si l'on ne se fiait qu'à la réponse au questionnaire de l'enquête préfectorale de l'après guerre (1948), il ne se serait rien passé durant cette période à Villevêque or, on a vu ci-dessus, qu'il y eut des déposes et ramassages d'agents secrets britanniques et de personnalités à Villevêque même et dans les environs immédiats (Soucelles, Corné...). Il y eut aussi très certainement une activité également cachée comme en témoigne ce qui va suivre.
Grâce au livre de M. Bertrand Gogendeau, paru en 2004, on apprend que le lieutenant colonel Eynaud du Faÿ, appelé lieutenant colonel « Rousseau » dans la Résistance, s'était replié d'Angers au Plessis-Grammoire, avec sa nombreuse famille, dans une petite maison appartenant au couple Daburon et qu' il avait été nommé en avril ou mai 1944, à la fois le chef départemental des F.F.I. (Forces Française de l'Intérieur), le chef de l'O.R.A. (Organisation de Résistance de l'Armée, issue de l'armée d'armistice dont il faisait partie et intégrée aux F.F.I.) et aussi le chef de l'O.C.M. (Organisation Civile et Militaire). Il fut nommé par la suite chef de la région T.A.M. (Touraine, Anjou, Maine) et remplacé par Renaud de Razilly pour le Maine-et-Loire. (p. 85 et 91).

Alfred Macé, syndicaliste agricole et leader paysan, de St-barthélémy-d’Anjou, a bien connu Jean Eynaud, comme il l’écrit dans ses « Mémoires » :
« Je reçus un officier de marine, Jean Eynaud, frère de Jacques, ce dernier, capitaine, était prisonnier. Jean s’était sabordé é en rade de Toulon. Il fallait lui trouver un logement pour sa femme et ses 8 enfants ; pendant un mois prisonniers après le sabordage, ils n’avaient mangé que de la racine de fenouil. Aussi, quelle joie pour eux d’avoir des pommes de terre et autres légumes, du bois de chauffage. Il fallait lui trouver une occupation, sur mon insistance, avec Dezé, on lui trouva un emploi non rémunéré pour s’occuper de statistiques sur 5 départements de façon à dire aux boches que nous ne pouvions satisfaire à leurs exigences.
Il arrivait très souvent me voir dans les champs, il m’avait demandé d’armer 15 jeunes gens pour faire le coup de feu non seulement sur les boches, mais contre les communistes qui allaient prendre le pouvoir à la libération. Je refusais ; je ferai mon devoir de Français en cachant des jeunes gens pour qu’ils ne soient pas déportés dans les camps de travail en Allemagne, j’ai fait la guerre de 14-18 où je fus blessé, je vous fournirai de quoi vous nourrir avec votre famille, avec l’aide de mes amis paysans, c’est tout. Par des imprudences de langage ou de simili-ilôts armés, combien furent pris et moururent en Allemagne. Ce Jean Eynaud organisa des maquis, il changea 8 fois de nom, il faillit être pris. A la prise d’Angers, comme lieutenant-colonel F.F.I. correspondant à son grade de capitaine de corvette, c’est lui qui commandait et qui aida beaucoup pour protéger la ville des bombardements américains et qui facilita leur entrée. »

Bertrand Gogendeau relate ainsi un certain nombre d'actions de la Résistance qui se sont déroulées dans le voisinage de Villevêque et qui permettent de faire quelques recoupements avec celles décrites par ailleurs.
« En juin 1944, ce sont les cables, reliant les terrains d'aviation de campagne de Corné, Soucelles et Soulaire à leur P C d'Angers qui sont sectionnés » par le groupe de « Jean Castor », (Pierre Yves Labbé, chef scout d'Angers), qui comptait 122 membres. Il s'était mis sous les ordres du lieutenant colonel « Rousseau » après l'avoir rencontré secrètement au Plessis-Grammoire et lui avoir détaché 3 de ses hommes comme agents de liaison : Guy de Raucourt, Jean-Paul Robert et Henry Dolbois. (p. 70).
« Au début 1944, Pierre Jollois, Louis Bigot, Gilles Samzun, des jeunes scouts marins, réalisent les plans du terrain d'aviation de Corzé [plutôt Soucelles] en mentionnant l'emplacement exact des abris pour les avions taillés dans la végétation. Ce relevé topographique est ensuite transmis par Amélie Cambell à André Robert. Quelques temps plus tard, des bombardiers anglais détruisent au sol 21 avions sur 23 sur le terrain ».(p. 69). Ces scouts marins étaient sous les ordres de leur chef scout « Jean Castor » et le bombardement est intervenu le 11 juillet 1944.
« Le 12 juin 1944, Eynaud rencontre Papillon alias P 219, venant de Tours, ce qui lui permet de reprendre contact avec le B.O.A. (Bureau des Opérations Aériennes) et ils mettent au point les bombardements aériens des terrains de la Luftwaffe d'Avrillé, Cheffes, Corné et Villevêque [en réalité Soucelles] ».(p. 110). Toutefois le terrain de Soucelles n'a été installé que le 13 juin 1944.
On apprend que le lieutenant colonel Eynaud a réuni ses chefs de groupes à Seiches à la fin de juin 1944 dans un bistrot à l'angle de la rue Nationale et de la route de Châteauneuf-sur-Sarthe. (p. 94).
Plusieurs sabotages de lignes de chemins de fer ont lieu à partir du 1er juillet à St-Mathurin, à Durtal, à la Bohalle et à Briollay et le cable Angers-Le Mans est coupé à deux reprises. Ces actions sont le fait de petites équipes de 3 hommes, qui retournent à leurs occupations habituelles dès leur mission accomplie. (p. 105). On a vu ci-dessus que le sabotage en gare de St-Sylvain-Briolay est antérieur au 28 juin 1944.
1944, le 22 juin : rapport par deux gendarmes de Seiches Henrio Louis et Ogeron Jean sur un déraillement intervenu au pont de Bronne, à Corzé, à 1 km 200 de Seiches, la voie étant unique.
« Le train de matériel allemand est stoppé sur place, 35 wagons avec 2 locomotives. La première, qui a franchi le pont est sortie des rails. Elle a subi des dégâts importants. Son tander est tombé debout sur le bord de la boire. La deuxième est couchée sur le côté du remblai. Son tander est également couché sur le remblai. Le wagon de tête est sorti des rails. Il ne semble pas avoir été endommagé. Le 2e wagon est légèrement penché sur le côté gauche.
Les traverses sont brisées sur une longueur de 20 m avant le pont. Le sol est labouré sur la distance. Les rails ont été arrachés sur une distance de 50 m environ; 3 tronçons ont été projetés dans la boire et sur le remblai. Le pont a une longueur de 9 m, le tablier est en fer. La partie droite, direction Seiches, est tombée dans la boire. La maçonnerie du même côté s'est effondrée aux deux sommets.
La partie gauche du pont est presque intacte, seul le parapet a été légèrement déplacé... Seul le chauffeur et le mécanicien français qui pilotaient la deuxième locomotive ont été blessés assez grièvement. Après avoir reçu les soins du Dr Prieur, de Seiches, ils ont été transportés à l'hopital d'Angers par l'ambulance automobile des Tanneries Angevines, de Seiches. Il n'existe dans la région aucune organisation communiste ou terroriste connue.
La ferme de Bronne est à 300 m
Etat-civil des blessés :
Douillard René, 44 ans, élève mécanicien demeurant au Louroux-Béconnais, né à Angers le 12 août 1899, marié sans enfant;
Toublanc Joseph, 48 ans, chauffeur, demeurant à St-Barthélémy, né le 18 octobre 1895 à Nantes. »
(source : A D 49 23 W 4)
1944, sur le même sujet : “Rapport de quinzaine du 15 au 30 juin 1944 des Renseignements généraux de Maine et Loire . Résumé sur le mouvement communiste n° 2787
5° Actes de force-sabotage
Le 22 juin 1944 à 22 heures 45 un acciddent de chemin de fer dû à un acte de sabotage commis probablement par une bande de communo-terroristes s’est produit sur la ligne d’Angers à la Flèche à 1 km 200 au Sud-ouest de la gare de Seiches (M et L).
Un rail a été déboulonné à 20 m d’un petit pont métallique. Un convoi a déraillé en passant sur l’endroit saboté. Une machine et deux tenders sont tombés dans un ruisseau. Une autre machiine est sortie des rails et le pont s’est écroulé. Deux écaniciens de la SNCF ont été grièvement blessés. » ;
(A D 49, 140 W 96 « Relations avec les autorités allemandes. Rapports d’activité sur la répression des mouvements communistes et gaullistes août 1941-Juillet 1944 »).

1944, le 5 juillet ; sabotage de la voie ferrée Angers -La Flèche, à Corzé, au pont de Bronne
Un rapport de gendarmerie transmis au préfet, le 6 juillet 1944, relate ce sabotage :
« Sabotage à Seiches, rapport du sous-lieutenant Morvan commandant la section de Baugé sur un sabotage de voie ferrée. Le 5 juillet 1944 à 15 heures un rail de 11 m de long a été déboulonné à 20 m du pont de Bronne, situé à 1200 m au S-O de Seiches sur la ligne Angers-La Flèche. La voie a été réparée aussitôt.
Un déraillement dû également çà un acte de sabotage s'est produit exactement au même endroit le 22 juin 1944 (rapport n° 37/4 section du 23 juin 1944)
Des recherches sont effectuées pour retrouver les auteurs de ces actes. »
Le 5 juillet 1944 : Rapport des gendarmes Henrio Louis et Guillec Charles de la brigade de Seiches. Procès-verbal constatant un sabotage sur la voie ferrée Angers-La Flèche.
(A D 49 23 W 4)

Le 12 juillet 1944 le lieutenant colonel Rousseau fait un rapport au B.O.A. Ainsi libellé :
« quelques avions à Soucelles et à Corzé.
Il passe chaque jour une dizaine de trains sur la ligne à voie unique Angers-La Flèche,
Coupure cable souterrain Le Mans-Angers entre Durtal et Seiches,
Coupure lignes aériennes terrain Soucelles ». (p. 138).
Quelques jours avant l'arrivée des Américains, l'auteur mentionne l'attaque de convois allemands sur la R N 23 :
« Le 8 août 1944 entre Pellouailles-les-Vignes et Seiches-sur-le-Loir le lieutenant colonel Eynaud et ses hommes font sauter un camion de 10 tonnes de munitions. L'explosion coupe la route et le cable souterrain. Ensuite ils attaquent à la grenade et immobilisent 3 convois allemands ». (p. 125).
(voir également plus loin le témoignage de Mme Madeleine Bollée)

Parachutistes anglo-américains arrêtés
1943, le 7 décembre, 3 parachutistes anglo-américains sont arrêtés le 7 décembre, « livrés par la ferme de la M… à Baracé à la Feldgendarmerie d'Angers »
(source A D 49, W 28)

Parachutages et découvertes d'armes
Je n'ai pas eu vent de tels faits à Villevêque, en revanche il y en eut dans les environs selon les rapports de gendarmerie (pour ceux qui furent découverts par les autorités de l'époque). Ces parachutages ne comportaient pas seulement des armes mais aussi des pigeons voyageurs et des journaux.
1943, nuit du 8 au 9 février, dans les Landes de Brissarthe, un avion a perdu une hélice et s'est délesté de caisses de matériels destinées à être parachutées.
1943, le 21 octobre, un habitant trouve dans son jardin un pigeon voyageur, 4 journaux datés du 13 octobre 1943 et un parachute.
1943, le 27 décembre, découverte d'un parachute à Champ-Joly, à Durtal
1944, nuit du 6 au 7 janvier, à Lésigné, à 2,5 km au S-E, dans les bois, 2 tonnes,12 cylindres métalliques de 1,5 m de long et 0, 30 m de diamètre contenant des révolvers, des mitraillettes avec munitions et des grenades. Un autre semblait contenir de l’essence. Voir aussi (A D 49 23 W 4).
1944, le 12 février, à 11 heures, à la Maudais, du Louroux-Béconnais, 1 200 kg, 5 cylindres de 1, 6 m et 40 cm de diamètre et un parachute.
1944, courant février, à la Claie, de Marigné, traces d'un parachutage laissées par les pneus d'u camion, observées par les gendarmes courant mars. Le fermier Edouard Marchand a entendu des avions courant février, à basse altitude et des véhicules automobiles après le couvre-feu.
1944, nuit du 11 au 12 mars, dans le parc du château du Verger à Seiches-sur-le-Loir: 900 kg, 6 cylindres métalliques remplis d'armes, mitraillettes, grenades, explosifs, selon le rapport du sous-lieutenant Morvan commandant la section de Baugé Voir aussi le dossier 23 W4 des Archives départementales pour ce rapport).
1944, nuit du 10 au 11 mai à la Grande Métairie, à Etriché, vers 2 heures du matin : 7 caisses cylindriques contenant des armes, 19 pistolets, 13 mitraillettes; 5 malettes contenant des postes émetteurs de TSF, 16 lampes électriques et 16 piles, 38 petits paquets de matériels de TSF.
(source A D 49 W 28. Ce dossier contient aussi des informations sur les autres départements voisins Sarthe, Mayenne, Indre et Loire)

Parachutage de pigeons-voyageurs anglais

Les rapports de gendarmerie de l’époque mentionnent de nombreux parachutages de ce genre.
Marcel Carpentier, le directeur de la coopérative agricole d’approvisionnement du Plessis-Grammoire après la guerre, mentionne dans ses « Mémoires » une telle découverte :
« Un matin, un parachute atterrit chez un voisin. Il s’agissait d’une cage contenant un pigeon voyageur accompagné d’un plan. Il était demandé d’indiquer sur ce plan la localisation du terrain d’aviation. Après exécution des instructions, le pigeon fut relâché. Quelques jours plus tard, le terrain d’aviation [d’Andard] était mitraillé par les « deux queues » de l’aviation anglaise. »
(source : « De la ville à la campagne » tome 1 des mémoires de Marcel Carpentier », juin 1993», p.30).

1944, le 10 janvier : parachutage de 2 tonnes d’armes à Lésigné

“Rapport du sous-lieutenant Morvan commandant la section de Baugé sur un parachutage d’armes

Le 7 janvier 1944 à 15 heures 30, des armes et du matériel parachutés ont été découverts dans les bois, à 2 kms, 500 au sud-est de Lésigné (Maine et Loire).
La Feldgendarmerie a été avisée aussitôt par téléphone par les soins de la brigade de Durtal. Des agents de la Sicherheitspolizei se sont rendus sur les lieux à 22 heures et sont repartis vers 23 heures.
Le 8 janvier, les armes ont été transportées à la Sicherheitspolizei à Angers.
Dans la nuit du 7 au 8 janvier, les lieux ont été gardés par la brigade de Durtal. Aucune personne n’a été vue dans le voisinage du point de parachutage.
Ces armes sont renfermées dans douze cylindres métalliques de 0 m 30 de diamètre sur 1 m 50 de long. L’un des tubes, démonté contenait des revolvers, des mitraillettes avec munitions et des grenades, un autre semblait contenir de l’essence.
Le poids total (matériel et emballage) peut être évalué à deux tonnes.
Le parachutage semble avoir été effectué dans la nuit du 6 au 7 janvier.
La découverte de ce matériel et son enlèvement n’a donné lieu à aucun incident. La population se désintéresse de cet événement. »
(source : A D 49 18 W 28)

1944, nuit du 11 au 12 mars : Parachutage de 900 kg d’armes à Seiches

Des parachutages d’armes réalisés par les Anglais au profit de groupes de résistants n’atteignaient pas toujours leurs destinataires, par exemple à Seiches. Les gendarmes prévenus alertaient les autorités allemandes.

« Rapport du sous-lieutenant Morvan commandant la section de Baugé, sur un parachutage d’armes

Le 12 mars 1944, vers 15 heures, 6 cylindres métalliques contenant des armes et des explosifs parachutés ont été découverts à 3 kilomètres au nord de Seiches, dans le parc du château du Verger.
La Feldgendarmerie d’Angers alertée aussitôt a enlevé ce matériel vers 18 heures le même jour.
Les 6 cylindres d’un poids total de 900 kilos environ, contenaient des mitraillettes et des grenades.
Le parachutage semble avoir été effectué dans la nuit du 11 au 12 mars 1944.
La découverte de ce matériel n’a donné lieu à aucun incident.
La population se désintéresse de cet événement ».

Ce rapport daté du 14 mars était adressé sous le timbre « secret » à une douzaine de destinataires, dont le Kommendeur de la Sicherheitspolizei, à Angers.
(source : A D 49 18W 28)
M. Louis Maucourt a relaté dans son ouvrage sur « Seiches-sur-le-Loir » ce que furent les activités du groupe local de Résistance affilié au réseau « Honneur et Patrie » et sa fin tragique.cette même nuit que le parachutage ci-dessus.
Le rapport du gendarme est particulièrement laconique, voire cynique car il ne devait pas être sans savoir que cette même nuit le sinistre Vasseur avait procédé à l’anéantissement du groupe de Seiches, tuant 2 résistants, ernest Mothay et Auguste Gautier et arrêtant 13 autres personnes dont 5 moururent par la suite. Voir à ce sujet le livre de M. Louis Maucourt sur « Seiches ».

1943, août septembre… : de mystérieuses petites bandelettes brillantes et des tracts jetés par avion

Durant cette période d’attaques aériennes, de bombardements, de mitraillages et d’un intense trafic aérien en altitude de jour comme de nuit, les enfants que nous étions couraient la campagne à la recherche principalement de paquets de bandelettes brillantes comme du papier de chocolat. Ces petites bandelettes en aluminium étaient bien mystérieuses. Nous les ramassions par brassées ainsi que des tracts… que les adultes s’empressaient de brûler pendant que nous dormions, par crainte des représailles. On apprit beaucoup plus tard que cela servait à brouiller les radars allemands. Plus d’une fois, il nous arriva de nous cacher sous des buissons au passage des fameux avions «  double queue » qui mitraillaient tout ce qui bougeait. Notre arrière-grand-mère, qui avait connu l’invasion de 1870 et celle de 1815 par oui-dire, nous recommandait de nous cacher de préférence sous un buisson d’aubépine. Et lorsque nous demandions naïvement pourquoi, elle répondait que c’était à cause de la couronne d’épines du Christ !
L’aubépine a d’ailleurs toujours eu une valorisation positive dans le folklore.
Nous ramassions aussi les éléments des « guirlandes » métalliques en acier qui attachaient entre elles les balles de mitrailleuse et dont en retrouvait parfois les étuis de cuivre un peu partout. Ces « guirlandes » firent des ravages dans les lames des faucheuses, en se coinçant dans les « doigts » des barres de coupe et provoquant la rupture des bielles en bois.
Les Archives départementales conservent des témoignages de ces lâchers aériens :
« Renseignements Généraux 19 août 1943 résumé sur le mouvement communiste n° 1615
Objet : rapport de quinzaine du 3 au 17 août
9° activité gaulliste :
« des tracts intitulés « L’Amérique en guerre  n° 61 du 4 août 1943, Honneur et patrie, la Marine française, Valeur et discipline » jetés par des avions anglo-saxons ont été trouvés sur le territoire des communes de Pellouailles, Villevêque, saint-Sylvain (M et L). Rapport n° 1586 du 13 courant. 
Le Commissaire Principal
Destinataires : le Préfet
Le cabinet
Le commissaire Divisionnaire chef du Service des Renqseignements Généraux à Angers ».
Et :
4 septembre 1943, rapport de quinzaine du 18-août au 2 septembre
« Des tracts intitulés « Le courrier de l’air » du 5 août 1943 ont été jetés par des avions anglais sur Angers et les communes avoisinantes le 19 août 1943 
Le Commissaire Principal
…..».
(source : A D 49, 140 W 96 «  Relations avec les autorités allemandess. Rapports d’activité sur la répression des mouvements communistes et gaullistes. Août 1941- juillet 1944).
Ce dossier montre que les commissaires des Renseignements Généraux fournirent un rapport tous les 15 jours à la police allemande durant la période d’août 1941 à juillet 1944. Mai 1944 manque.


Quelques souvenirs d’un jeune garçon de Pellouailles, Pierre, fils du Dr Gruet

Filière d’évacuation des aviateurs alliés
« Pellouailles était sur la route d’une filière pour évacuer les aviateurs alliés tombés sur la Bretagne. J’ai entendu parler de « Vévé »,[ une femme] qui servait de reconnaissance sur un vélo et précédait le groupe à évacuer ».
Pierre Gruet a complété l’information : « Vévé (Geneviève Corre) était une amie d’enfance de ma mère née en 1913, qu’elle avait connue en pension au Calvaire de Landerneau. C’était une famille de Brest. Elle est décédée jeune vers 50 ans ».
Occupation du château du Pavé
« Les Allemands ont occupé le parc du Pavé avec leurs chevaux. Mon père et son beau-frère, Charles Marchais, qui fut ingénieur agronome chez Cointreau à Angers, ont alors prévenu la Résistance. Les avions alliés ont survolé le parc mais n’ont rien vu, les Allemands et les chevaux étaient « planqués » sous les arbres.
Un réseau local de la Résistance
Mon père a été contacté deux fois par la Résistance, une fois par un curé, une autre par un militaire, mais mon père s’est méfié et n’a pas donné suite.
Le curé en question pourrait être l’abbé Coiffard curé de Pellouailles et le militaire Jean Aynaud du Faye, chef de la Résistance locale, qui habita le Plessis-Grammoire ?
Défaut de camouflage des fenêtres du Pavé
« Mon père a été convoqué par les Allemands car il avait mal clos ses fenêtres [au Pavé]. Il a vu que les Allemands ont tiqué car le père de mon père avait comme prénom celui d’Elie qui est un prénom juif. A l’époque, 1942 ? les cartes d’identité indiquaient les prénoms des parents.
Pierre Gruet a complété cette information : « Mon père a été inculpé pour ne pas avoir camouflé plusieurs fenêtres à son logement le 18 avril 1942 à 22 heures 55. L’amende de 5 reichmarks doit être payable jusqu’au 2 septembre 1942 à la Feld Kommandantur à Angers 8 rue des Ursules ».
Le motif de l’assassinat de M. Bourson à la Croix
Lors du départ des Allemands, la débandade plutôt, un vieux a été tué car il avait eu la malheureuse idée de fredonner aux Allemands une chanson sur l’air « Dans l’cul la balayette ». Un Allemand a dû comprendre et a fait feu de son arme »..
Voir infra cet assassinat.

Gilbert Ferrant, chasseur de vipères

Cet adolescent de Briollay, fils de l’épicier s’amusait à capturer des vipères avec un camarade. Un jour, par jeu, ils en glissèrent discrètement une dans un véhicule découvert de l’armée allemande, en stationnement. Ce sont deux anciens habitants de Briollay qui m’ont raconté ce fait de résistance, sans en connaître la suite.

1943-1945 : L’impôt métal

Un arrêté du 10 février 1943 prescrit des centres de perception ouverts par les soins du Commissariat à la Mobilisation des Métaux Non Ferreux. La commune de Villevêque est rattachée à celui de Seiches-sur-Loir ; chez M. Burlot route Nationale.
La loi du 31 décembre 1943 prescrit d’établir des rôles de contribution proportionnellement à la cote mobilière et une circulaire aux maires propose le tableau d’équivalence suivant :
1 kg de cuivre équivaut à :
1 kg, 5 de bronze, maillechort, laiton ou tombac;
0 kg, 5 d’étain
0 kg, 25 de nickel
2 kg, 5 de plomb.
3 collectes sont prévues en mairie :
les 8 et 9 mai 1944
les 12 et 13 juin « 
les 10 et 11 juillet « 

Les collectes eurent lieu et donnèrent les résultas suivants :

cuivre laiton étainplomb 9 mai 1944- 3 kg, 250 0 kg, 441 5 kg, 48912 mai 1944 3 kg, 53010 et 11 juillet 19440 kg, 160 13 kg, 330 0 kg, 756 36 kg, 993Total0 kg, 160 20 kg, 110 1 kg, 2 07 4 2 kg, 482(Source : d’après les A M)

Une circulaire du contrôle départemental du Commissariat d’ Angers, en date du 30 juin 1944, prescrivait la date buttoir du 31 juillet pour la fin des opérations de collecte, mais le débarquement intervint et G. Burlot n’enleva ces métaux non ferreux que le 17 mars 1945. Entre temps la Libération avait eu lieu.


1944, 31 mars : Télégramme de Réquisition pour exécuter des travaux à Briollay

Un télégramme adressé par la préfecture d’Angers au maire de Villevêque, en date du 31 mars 1944 est ainsi libellé :
« Préfet Maine-et-Loire, à maire de Villevêque
Prière faire parvenir pour lundi trois avril liste nominative des 21 hommes qui pourront être prochainement requis pour travaux à exécuter à Briollay. Stop
Cultivateurs ne sont pas exempts de réquisition. Stop
Tous ouvriers devront être munis pelle et pioche. Stop
Commencement des travaux vous sera notifier ultérieurement. »
Une annotation a été ajoutée, sans doute par le maire, à l’intention du secrétaire de mairie : « Rechercher les hommes n’ayant fait aucun service »
(cf A M)
De quells travaux s’agissait-il ?

1944, 11 mai, passage du pèlerinage du retour de Notre-Dame de Boulogne.

Ce fut l’occasion d’une grande cérémonie religieuse en pleine Occupation. Le cortège parti le matin de Seiches où la statue était arrivée la veille en provenance de Montreuil-sur-Loir et Châteauneuf. Elle est déjà passé à Corzé le matin et le cortège emprunte la levée pour rejoindre Villevêque et se rendre ensuite à Pellouailles, puis St-Sylvain, le terme de l'étape du jour. Un premier arc de triomphe en feuillage avait été dressé à l’entrée du bourg, sur la levée. Après une courte pose à l'église la grande statue toute blanche reprend sa route, assise sur sa barque. Elle est chargée et déchargée à bras d’hommes de sa remorque; La foule des fidèles prient et chantent. Certains membres de l’escorte sont même nus-pieds, comme Henri Fouqueron qui est allé de bonne heure le matin à Seiches la chercher en groupe. Ils la conduiront jusqu'à St-Sylvain. Cette statue de la Vierge était partie le 28 mars 1943 de Lourdes, créant la « voie ouest » qui parcourut 15 diocèses mais se scinda en cours de parcours en trois autres voies, dont la « voie maritime » qui fut celle qui zigzaga en Anjou. Elle partit de Dieulivol en Gironde le 8 août 1943 et visita 12 diocèses : Bordeaux, Angoulème, Saintes, Luçon, Angers, Nantes, Vannes, Quimper, St-Brieuc, Rennes, Laval et Coutances.
« Le cortège marche de paroisse en paroisse, par petites étapes de huit à douze kilomètres. Une paroisse est-elle traversée qu'une autre l'attend aux limites indiquées. La rayonnante statue s'approche entre les deux paroisses réunies et la foule rassemblée à un carrefour, au pied d'une croix ou d'une statue, écoute les missionnaires ambulants. Elle acclame, elle prie, elle chante. On dirait une scène du Moyen-Âge.....Etrange cortège en effet ! Un Christ le précède, ordinairement porté par un notable. A Lui seul il indique le but du Grand Retour. Derrière lui se déploie l'étendard de Jeanne d'Arc, reproduction exacte de celui que la Pucelle fit confectionner. Dans ses plis largement déployés, on peut lire ces mots, le programme de Jeanne d'Arc « Jehu Maria ». Cet étendard montre le sens national du Grand Retour. Derrière ces emblèmes sacrés, avancent garçons et fillettes, jeunes filles et femmes, jeunes gens et hommes. Beaucoup marchent pieds nus, quelles que soient les saisons. Notre Dame de Boulogne, toute blanche ferme le cortège. Elle est placée sur un char à quatre roues que tirent les jeunes ou les hommes des paroisses traversées ».
Trois photographies prise par mon père Pierre Delavigne conservent le souvenir des trois arcs de triomphe dressés par la population à l'occasion de ce pélerinage.
Un premier arc de triomphe s'élevait à l'entrée du bourg sur la levée de Corzé. Il portait une inscription en lettres capitales :
« AVE MARIA
VILLEVEQUE
A N-D DE BOULOGNE »
Un second arc de triomphe était dressé à la sortie du bourg sur la route de Pellouailles, au niveau du chemin des Vignes d'Oule. Il supportait en son centre un écusson de la J.A.C.avec au-dessous, une inscription en lettres capitales qui barraient toute la largeur de la route : « CHEZ NOUS SOYEZ REINE ».
Un troisième arc de triomphe était situé, semble-t-il, à la sortie de la paroisse, côté Pellouailles, garni comme les précédents de guirlandes de verdure. On distingue sur le cliché plusieurs femmes entourant l'une d'elles qui porte une bannière, l'une semble marcher nus-pieds. Quelques hommes les suivent, le chapeau à la main et précédant la statue sur sa barque.
Rétrospectivement cette procession avait quelque chose de totalement surréaliste car quelques jours après les mitraillages alliés allaient commencer, le 23 mai à Tiercé sur une locomotive (signalé par Louis Maucourt) et le « D-Day » du 6 juin, en Normandie n’était pas loin ! Entre temps Angers était bombardé.
Certains on parlé d’une vaste opération d’escroquerie sous prétexte de collecter de l’argent pour la reconstruction des églises. Il semble bien que ce fut le cas plus tard, après la Libération, à la Réunion. Voir le site internet /



Les bombardements alliés


1944, le 28 mai, vers 23 h45 : Premier bombardement d’Angers

A la Raverie, située à près de 15 km d’Angers, nous sommes réveillés en début de nuit par un bruit assourdissant de bombes qui éclatent et d’avions innombrables, les « forteresses volantes », comme nous les appelions, qui vrombrissent dans le ciel. Il y avait 126 Lancaster et 8 Mosquito. (Michel Lemesle). Bientôt tout le ciel rougeoit à l’ouest et des flammes immenses s’élèvent. Pour nos yeux d’enfants le spectacle est extraordinaire et nous sommes totalement médusés mais nous percevons aussi l’inquiétude des adultes. N’ont-ils pas creusé ces derniers jours, une tranchée dans le « chantier » du grand-père, là où d’habitude il range tout le matériel agricole en attente de réparation ?
Sur l’ordre des adultes, nous retournons bien à contre-coeur nous coucher en pensant à toutes les mystérieuses bandelettes brillantes de « papier d’argent » et aux tracts que nous ramasserions le lendemain à travers les champs.
Ce bombardement dura une quarantaine de minutes. Il fit 234 morts, 220 blessés, détruisit 800 maisons et provoqua 6 819 sinistrés. Ce ne fut d’ailleurs pas le seul bombardement mortel mais ce fut le plus intense. (cf Michel Lemesle).
Quelques jours après, nous allâmes à Angers dans le quartier St-Laud. Le spectacle des immeubles éventrés et des tas de ruines alignés de chaque côté des rues fut notre première vision concrète des dégâts provoqués par la guerre, avec sur le chemin du retour le spectacle d’une locomotive gisant sur le flanc au bas du talus de chemin de fer, près du pont, au bas de la montée de la Chalouère, sur la route de Briollay, à l’entrée d’Angers. (cf photo Buyse, Morannes, in Michel Lemesle : « L’Anjou des années 40 », cahier de photos entre la page 112 et 113).
Selon mes souvenirs, la légende me paraît erronée car ce n’était pas le Pont aux Filles, sous lequel ne passe pas la route mai un ruisseau, celui de l’Epervière, un peu à l’écart de la route de Briollay.

Le témoignage de Mme Hélène David-Colaisseau, fille du compagnon forgeron à la Raverie Alphonse Loreau qui vécu le bombardement d’Angers.

Le « Courrier de l’Ouest » a publié en 2004, à l’occasion du quarantième anniversaire de ce bombardement, les témoignages de plusieurs personnes  victimes de ce bombardement. Voici celui de Mme David-Colaisseau, âgée de 85 ans en 2004 :
« Le 28 mai 1944, nous habitions 8 rue Marceau. J’avais 25 ans, mon mari 27, notre petit enfant avait 21 mois et j’étais enceinte de quatre mois. Ce jour de Pentecôte 1944, il faisait très beau ; des amis, jeunes comme nous, étaient venus nous voir. Après avoir passé l’après-midi ensemble, ils sont partis parce qu’il n’aimaient pas beaucoup ce quartier proche de la gare. Comme le couvre-feu était à 22 heures – pas de lumière dans les maisons – nous nous couchions de bonne heure. Mon mari était allé se coucher, notre béb,é Pierre, dormait dans son petit lit blanc. Je me préparais à enj faire autant. Il était peut-être 23 heures quand soudain, j’ai entendu un bruit comme une quantité d’avions. J’ai entrouvert ma porte pour voir ce quise passait. Ce que j’ai vu m’a épouvantée. J’ai appelé mon mari et il est venu voir. Le ciel était rouge comme du feu. Il m’a dit tout de suite : « il faut partir en vitesse c’est pour nous ». Il a mis son pantalon, passé un manterau par dessus ma chemise, enveloppé notre enfant dans des couvertures et nous voilà partis dans la cave de l’église Saint-Laud, qui était proche de notre habitation.
Le temps de se rendre dans la cave, déjà les bombes commençaient à tomber, beaucoup de gens s’étaient enfuis dans le fond de laz cave pour ne pas voir les éclairs et ce qui allait se passer. Mon mari et moi nous tenant très fort et serrant notre bébé dans nos bras, sommes restés dans un endroit où il y avait un soupirail, c’était plus prudent.
Une bombe est tombée sur notre maison que nous venions de quitter et sur les maisons voisines. Le bruit, les éclairs, les secousses. Une deuxième bombe est tombée directement sur la cave. Alors c’est impossible à décrire, plus de lumière, une poussière à étouffer, les cris des gens affolés, vivants comme nous, parce que dans le fond de la cave, pas un bruit. On a pensé à la mort, nous étions ensevelis. Monsieur le curé de Saint-Laud qui était avec nous nous a fait réciter des prières, et celle de la mort. Il a été courageux. Après un moment d’accazlmie, il apensé à chercher un endroit pour pouvoir sortir de cette cave. Après bien des recherches, soulevé des pierres des décombres, peut-être aidé par quelqu’un, il atrouvé un petit passage, alors il nous a dit : « Vous allez sortir un par un ». Le passage n’était pas grand. Il valait mieux mourir dehors que d’être endeveli si une bombe revenait. »
(in « Courrier de l’Ouest », 10 juin 2004)

1944, le 2 juin : la première pharmacie de Villevêque
Un ordre de réquisition de la maison de Mme Lemesle décédée, composée d’une maison et d’un garage a été pris, au profit de M Férard Gustave pharmacien sinistré, place de la Visitation à Angers. C'est ainsi que Villevêque eut sa première pharmacie, au haut du bourg, près du château.
(cf A M).

Pendant la bataille de Normandie

Les hommes valides étaient requis par les Allemands pour faire différents travaux, notamment creuser le long de la Nationale 23 des trous servant d’abris en cas d’attaques aériennes qui étaient très fréquentes ou encore boucher les cratères de bombes pour réparer les voies ferrées bombardées. Les avions anglais attaquaient à la mitrailleuse en piqué tout ce qui bougeait, transformant les véhicules en passoire.
(voir ci-dessous le témoignage de Mme Bollée) ;
1944, le 6 juin, jour du débarquement, préparation du terrain d'aviation de la Grand-Rivière, à Soucelles
Des cultivateurs, comme Henri Fouqueron reçoivent l'ordre de faucher l'herbe alors qu'elle n'est pas mûre, de faire et enlever le foin, d'enfoncer les bornes et d'abattre tous les arbres susceptibles de gêner les avions.

1944, 7 juin, 13 juin : Creusement de trous de protection contre les attaques aériennes le long de certaines routes et près des gares

Cette circulaire du préfet, qui sera suivi de deux autres circulaires les 12 juin et 3 juillet, concernait la commune de Villevêque, qui est traversée par la route La Flèche-Angers Il s’agissait de creuser « des trous de 1 m, 80 de profondeur, 1 m, 20 de long et et 0 m 80 de large à peu près tous les 200 m des deux côtés de la route, en particulier sur tous les trajets en ligne droite et aux croisements de route, chaque trou pouvant abriter deux personnes ». (A M).
Ces trous furent effectivement creusés tout le long de la RN 23 et Henri Fouqueron se souvient qu'il fut requis le 13 juin pour cette tâche avec d'autres cultivateurs. Je me souviens très bien moi-même avoir vu, plus tard ces trous sur le bas-côté droit de la route en allant à Angers en carriole, alors que les convois incessants de l’armée américaine du Général Patton, fonçaient vers Seiches.

1944, le 13 juin, mitraillage sur la RN 23
C’est le 13 juin, premier jour des opérations sur le secteur, que M. Beaussier est tué par la mitraille sur la RN 23, juste en face de la gare.[de Villevêque-Corzé]. Cela à cause d’une camionnette allemande qui a eu le temps de se réfugier sous un tilleul à la Maison Neuve de Corzé.
(témoignage de Mme Madeleine Bollée, in bulletin municipal « Villevêque aujourd’hui » avril 1996).
M. L. Maucourt écrit : « Désormais la région n’est plus épargnée. Des avions la survolent presque journellement, quand encore ils n’attaquent Pas. Maurice beaussier, 45 ans, est mitraillé le 13 juin sur la route de Pellouailles ». (Seiches, p. 289).

1944, juin, juillet : installation d’un camp d’aviation par les Allemands dans la prairie de la Grand-Rivière à Soucelles et son anéantissement en juillet

Le 13 juin, nous dit Louis Maucourt, 150 militaires, soldats et officiers, du groupe II de l’escadre 53 venus de Vannes, s’installent à Soucelles où ils cantonnent dans le château et installent un terrain d’aviation dans la prairie de la Grand-Rivière. (« Soucelles » p. 140).
On a vu ci-dessus que le jour même du débarquement en Normandie les Allemands avaient fait préparer le terrain par les cultivateurs.
Des réservoirs de carburant et des munitions furent entreposés sur place et une défense anti-aérienne installée. Bientôt les chasseurs bombardiers Messerschmitt 109 arrivèrent et ce fut un ballet incessant de décollages et d’atterrissages matins et soirs, pour soutenir le front de Normandie.
Le 20 juin au matin, vers 8 h 30, précise Louis Maucourt, deux Messerschmitt se télescopèrent en vol. L'un d'eux tomba, comme par hasard, près de la ferme de la Brûlette, qu’il incendia et détruisit, mais dont le nom préexistait ! (aussi A D 49, 35 G 38)
Le 23 juin, le préfet fait transmettre un ordre de réquisition de la « flieghorst kommandantur d'Angers » dont la copie est présentée par le capitaine Liels et dont le secrétaire de mairie a conservé la copie : « MM. Les maires de Villevêque et de Soucelles se mettront à la disposition de M. le Cne Liels d'Angers afin d'assurer le ravitaillement en eau des unités de l'aviation allemande. Ils opéreront les réquisitions nécessaires pour assurer le transport et la consommation de 3 mètres cubes d'eau chaque jour. Cet ordre est valable jusqu'à nouvel avis.
Le Préfet».
Le secretaire de mairie a noté au bas :
« Il faut chaque jour un attelage avec tonne de 200 litres environ plus une tonne de même contenance qui restera au camp d'aviation.
Réquisition : Loison Gustave, une tonne plus une tonne M. Grille»
Et sur un papier annexe figure cet avertissement :
« Nota : est rendu coupable de sabotage, quiconque n'exécute pas les réquisitions de services ou d'objets matériels ».
Et voici l'ordre de réquisition transmis par le garde-champètre à l'un des intéréssés qui a fait part de sa réponse au bas de l'ordre :
«  Je soussigné Nail Joseph, garde-champêtre à Villevêque, certifie avoir remis ce jour à M. Loison Gustave, une réquisition pour fournir un attelage avec tonne à eau pour le ravitaillement des troupes du camp d'aviation de Soucelles à partir du 25 juin 1944.
Le garde : Nail
Reçu réquisition à Villevêque le 24 juin 1944.
Refuse pas de fournir attelage, jument ombrageuse.
Loison Gustave. »
Il n'eut peut-être pas à s'exécuter dès le lendemain car un bombardement survint.
Le 24 juin au matin, Louis Maucourt précise que 5 chasseurs bombardiers américains attaquent le camp en rase motte en lâchant deux bombes qui provoquent des dégâts et des pertes humaines. Selon le témoignage de Mme Bollée, il s'agissait de 4 petis avions anglais qui avaient attaqué auparavant des locomotives en gare de Villevêque-Corzé. (Voir ci-dessous)
Le dossier des archives départementales précise : « 18 h, plusieurs bombes sur le terrain d’aviation, pas de victimes [du côté français car les morts furent transportés par camions bâchés vers Angers], plusieurs appareils détruits, des projectiles sur des dépendances de fermes, incendie aux hangars et tas de bois des fermes de la Motte et de la Basse Motte ; (source : A D 49, 35 G 38).
Une lettre du maire conservée dans ce même dossier signale bien qu’il y a eu deux attaques le même jour : « Le maire de la commune de Soucelles informe monsieur le préfet de M et L que le territoire de la commune a été survolé et mitraillé le 24 juin 1944 sur le terrain de la Grande Rivière, actuellement occupé par l’armée d’occupation Deux attaques ont eu lieu ce jour, de 10 heures à 10 heures 15 et de 18 heures à 18 heures 30. Ce deuxième mitraillage a communiqué le feu aux dépendances de deux fermes voisines, lieu-dit la Motte, chez M. Roncier et M. Porcher. Il n’y a que des dégâts matériels sans aucun accident ».
Voici encore le témoignage de Mme Bollée :
« Dans la soirée, les avions reviennent en force. De nombreux soldats cachés dans des camions
sous des arbres ou derrière des haies sont tués. On parle de 24 avions détruits malgré la DCA
qui tire ce jour-là comme bien d’autres jours pendant ces deux mois. »

Le 6 juillet, « 15 h, bombardement du terrain d’aviation, sans dégâts ni victimes », ce qu’un courrier du maire confirme   A D 49, 35 G 38).
Le 11 juillet ce fut une nouvelle attaque qui mit définitivement le camp hors service. On dit qu’un avion  d’observation, un « Marauder » qui passait dans le ciel le matin, aurait essuyé les tirs de la D.C.A. la « flak »), installée sur la levée. Dès l’après-midi , vers 15 h 30, c’est une vague de bombardiers anglais Lancaster qui pilonna le terrain, larguant une vingtaine de bombes de 250 kg, nous dit Louis Maucourt. J’ai conservé le souvenir d’un bruit assourdissant et d’un énorme nuage de fumée qui obscurcissait tout le ciel.
Bernard Soyer était chez sa grand-mère au haut du bourg et il a suivi le bombardement depuis une lucarne, voyant les avions qui piquaient au-dessus du bourg.
Rémy Leproust a observé l'une de ces attaques depuis son grenier et il se souvient qu'un avion pourchassé en rase-motte est allé s'écraser du côté de Corné.
Mme Madeleine Bollée, de Villevêque, indique, dans son témoignage publié en avril 1996 dans le 4 pages « Villevêque aujourd'hui », que « le 12 août 1944, des canons placés vers la Haie-Joullain tirent encore sur le camp d'aviation qui devient inutilisable et est abandonné ». Je crains qu'il s'agisse d'une confusion car les Américains sont déjà à Angers et les Allemands ont dû déjà partir ?.

12 juillet 1944 : Deux jeunes gens de Villevêque arrêtés par les Allemands puis relâchés.

« Le lendemain du mitraillage de la base allemande de la Grand-Rivière, un ouvrier boulanger de chez Chevreau [à Villevêque] s'était fait arrêter avec un camarade près du camp dévasté dont ils s'étaient approchés par curiosité et avaient été retenus toute la nuit en grand danger d'être fusillés puis délivrés le lendemain après intervention d'un interprète de fortune qu'on était allé quérir.. à la laiterie [de Villevêque]. » (Témoignage de Bernard Meslier.)

1943, 1944, La garde des trains vides en gare de St-Sylvain – Briollay

1943, le 5 mars : Les autorités d'occupation prescrivirent un service de garde des trains vides, à la gare de St-Sylvain-Briollay, par l'intermédiaire du préfet qui s'adressa ainsi au maire : « Comme suite à ma communication téléphonique de ce jour, j'ai l'honneur de vous faire connaître que la feldkommandantur d'Angers m'a invité à vous donner l'ordre de faire garder, à partir du 5 mars 1943 à 18 heures, une rame de wagons vides à la disposition de l'armée allemande qui se trouve située en gare de St-Sylvain-Briollay, sur le territoire de votre commune.
Vous voudrez bien, en conséquence, vous mettre en relation avec le Chef de Gare et prendre toutes dispositions pour désigner, parmi les habitants de votre commune (de nationalité française) les factionnaires permettant d'assurer cette garde, qui devra être effectuée pendant toute la durée du camouflage officiel, en permanence par deux factionnaires et le jour de permanence par un factionnaire.
Le taux de rémunération est de 6 frs 25 par heure de nuit et 5 frs par heure de jour. Les heures de repos sont payées demi-tarif.
Vous voudrez bien désigner un Régisseur des Dépenses qui sera chargé du règlement des sommes revenant aux intéressés, afin que je puisse rendre un arrêté de nomination ».
Un arrêté préfectoral publié le lendemain 6 mars déclare :  « le maire de Villevêque est habilité à exercer par délégation et temporairement le droit de réquisition aux seules fins d'assurer la garde de jour et de nuit des trains vides ».
1943, le 20 mars : Le secretaire de mairie, Albert Gaignard fut nommé régisseur des dépenses de l'Etat relatives aux Services de garde prescrits par les Autorités d'Occupation.
« Consignes à observer.
1° Chaque rame de wagons sera gardée par des hommes valides âgés de 18 à 60 ans maximum, le jour par un factionnaire, la nuit par deux factionnaires.
2° La relève des factionnaires aura lieu tous les deux heures, aucun d'eux ne devra abandonner son poste avant d'avoir un remplaçant.
3° La consigne générale est d'empêcher tout acte de sabotage, la surveillance devra être active et continue. Toute situation anormale devra être aussitôt signalée au chef de poste.
4° Le chef de poste désigné par le maire devra :
inscrire sur le cahier de service les noms des hommes avec leurs heures de gardes,
signaler immédiatement au chef de station et au maire tout acte de sabotage qui serait constaté.
Faire tenir par les hommes, le poste de police en état de bonne propreté.
Il devra signaler sur le cahier du jour les hommes qui n'auraient pas assumés strictement leur service et signer le dit cahier avant de le remettre à son remplaçant. Ce cahier sera tenu à la disposition du maire pour signature et contrôle.
Tous les hommes seront tenus pour responsable de l'exécution de ces consignes ».

Liste des trains qui furent stationnés en gare de St-Sylvain-Briolay avec obligation de garde

Au total ce sont au moins 17 trains qui durent être gardés par la population masculine adulte et valide de Villevêque. Seuls quelques malades furent exemptés moyennant un certificat médical et les employés de la laiterie qui travaillaient de 6 h 30 du matin à 19 h le soir.
- le 5 mars 1943 : le premier train vide (voir ci-dessus)
Puis le maire reçut 11 télégrammes officiels ainsi formulés : « Ordre autorités allemandes faire garder immédiatement rame wagons vides stationnée gare St-Sylvain-Briollay. ».
- Les derniers trains arrivés sont sans télégramme les télérammes les annonçant, furent-ils perdus ou non adressés ?.
Le premier date du 17 juin 1943,
le second du 25 juin 1943
le troisième du 2 août 1943
le quatrième du 3 août 1943, concerne le train vide n° 353219;
le cinquième du 5 novembre 1943, concerne le train vide n° 316080
le sixième le 31 décembre 1943, train vide n° 633082;
le septième le 10 janvier 1944, train vide n° 633125.
le huitième le 4 février 1944, train vide n° 649016.
le neuvième le 5 avril 1944, train vide n° 649366.
le dixième le 8 avril 1944, train vide n° 1881. (indicatif 149366)
le onzième le 21 avril 1944, train n° 1891 (indicatif 195009), parti le 5 juin 1944.
le douzième train arriva le 20 juin 1944 et il portait le n° 1944;
le treizième train arriva le 27 juin 1944 et il portaot le n° 1920.
A la date du 30 juin 1944, 3 trains étaient stationnés :
- le n° 1881, arrivé le 8 avril 1944
- le n° 1944, arrivé le 20 avril 1944
- le n° 1920, arrivé le 27 juin 1944.
- le n° 285, arrivé le 6 juillet 1944 fut annoncé par note. Il n'était pas vide, contrairement à tous les autres trains et il ne dût pas stationner longtemps.
Ces trois derniers trains restèrent ainsi en gare jusqu'à la Libération. Ils furent sabotés dans la nuit du 25 au 26 juin 1944, ce qui entraîna l'arrestation du maire et une garde renforcée;
Ce « service de garde des voies de communications » fut supprimé après la guerre mais un « service des réquisitions allemandes » à la préfecture, versa les indemnités prévues pour les chefs de postes salariés et les gardes réquisitionnés, dont Albert Gaignard organisait les tours de gardes.
Deux cahiers de service sont conservés pour la période du 1er au 10 août 1944, l'un de garde de jour, de 7 heures à 19 heures, l'autre de garde de nuit, de 19 heures à 7 heures du matin. Les tours prévus pour le 11 août ont été biffés pour cause .....de libération !
La garde portait sur 3 trains n°s 1881, 1944 et 1920, à raison de 2 hommes de garde par train.
Le chef de poste a consigné « plusieurs alertes de 19 h à 20 h 45 » le 1er août.
A compter du 6 août les hommes de St-Sylvain participèrent à la garde.
On relève comme chefs de poste permanents de nuit et/ou de jour : Baulu Robert, Poisson Maurice, d'Angers; Poisson Henri, d'Angers; Lambert Camille, d'Angers; Cornée Gilbert, d'Ecouflant; Allard Louis, Richou Daniel; Guillot Joseph, de Villevêque; Chauveau Michel, de Villevêque, Chauvat Léon, de Villevêque; Doleux Isidore; Tézé et Delahaye Jean. Il s'agit de « requis permanents chargés de la surveillance des rames T.C.O. » dont la commune devaient s'engager à faciliter le logement et la nourriture.
Le sergent-chef Nail vint à plusieurs reprises signer les cahiers de service ainsi que Alexis Foin, le maire, une fois le 4 août.
Les dépenses facturées :
Période du 18 juin au 18 juillet 1943 .............................................................4 844 francs
Période du 2 au 6 août 1943............................................................................. 738 francs
Période du 1er au 31 mai 1944.....................................................................10 766 francs
Période du 1er au 30 juin 1944................................................................... 14 248 francs.
Bon de caisse du 20 juillet 1944.....................................................................4 899 francs
Le mémoire de juin donna lieu à une note de la préfecture, datée du 8 août, c'est-à-dire au moment de la bataille pour la libération d'Angers, qui déclarait :
« J'ai l'honneur de vous faire connaître que par lettre en date du 31 juillet, la Feldkommandantur d'Angers m'a avisé qu'il ne lui était pas possible de régler la somme de 14 348 francs à votre régisseur des dépenses, étant donné qu'elle n'avait jamais donné l'ordre de garder ces trois trains » !
Et le Sécrétaire Général Délégué pour le Préfet d'ajouter, : « Je vous prie, en conséquence, de vouloir bien demander au service allemand le plus proche, de vous délivrer une attestation relative à la période de stationnement de chacun de ces trois trains en gare de St-Sylvain-Briollay » !
Les Allemands étaient en fuite !
Le Régisseur reçut cependant 3 versements par mandats :
26 470 francs le 1er septembre 1944,
9 631 francs le 4 septembre 1944,
16 790 francs le 8 septembre 1944.

1944, le 21 juin : Incidents entre miltaires allemands et civils français, à Ecouflant
« Le 21 juin 1944, entre 16 heures et 18 heures des militaires de l’armée allemande, faisant partie d’un convoi militaire de chars de comba, stationné sur la voie ferrée ligne Angers Le mans, à proximité du passage à niveau de Senée (commune d’Ecouflant se sont dispersés dans la campagne et sous la menace de leurs armes, ont tenu en respect les habitants, ont fouillé les habitations et ont emporté d’Ecouflant :
- ferme de la Denaizerie exploitée par les époux Salmon :
un panier
une grande poële
un morceau de lard
1,5 kg de beurre
5 bouteilles de vin blanc
des œufs
- ferme de la Noblerie exploitée par Péan Albert
un panier de litres de vin
7 litres d’eau de vie
- château du Perray habité par Mme de Tillac
7 bouteilles de vin fin
un couteau de chasse
une porte a été défoncée
- ferme du Perray chez Péan Henri
16 kg de pain
25 kg de rillettes
6 kg de jambon
- Chez Orhan Pierre
beurre et œufs
(lettre du 23 juin 1944 conservée aux Archives départementales, dossier 140 W 97 « Relations avec les autorités allemandes 1940-1945 »)


1944, juin : Un acte de « sabotage » en gare de St-Sylvain-Briollay à Villevêque

Ce sabotage est ainsi décrit dans la réponse à l'enquête préfectorale de 1948, avec un anachronisme car le débarquement avait déjà eu lieu depuis une vingtaine de jours :
« Les freins d'une rame de wagons en stationnement à la gatre de St-Sylvain-Briollay à Villevêque ont été coupés et les occupants furent dans l'impossibilité de faire partir ce train lors du débarquement du 6 juin 1944. C'est à la suite de ce sabotage que le maire de la commune fut arrêté et emprisonné à Angers ».
Le maire ne fut pas le seul à avoir des ennuis car un mot du chef de gare adressé à M. Gaignard le sécretaire de mairie fait mention de 4 jeunes gens arrêtés :
« St-Sylvain-Briollay 26 juin 1944. Ouest
Monsieur Gaignard,
Je vous demanderais de bien vouloir faire assurer la garde de nuit, ce soir. Les quatre jeunes se sont rendus ce matin à Angers, et ont été enfermés, par suite du sabotage.
Je vous demande d'envoyer quatre hommes pour assurer la garde de nuit, très urgent et recommandé.
Je garderai les 2 de jours jusqu'à l'arrivée de ceux de nuit.
Le chef de gare Pelltier ou Pellier ».
Ce sabotage est intervenu dans la nuit du 25 au 26 juin 1944. Qui étaient ces jeunes ? La réponse est peut-être dans les Archives départementales.
Rolland Loiseau, président de la section des Anciens Combattants de Villevêque m'a signalé qu'un acte de malveillance avait eu lieu lors de la garde des trains. Un garde, habitant de Craon fut soupçonné d'avoir détaché un wagon pour, disait-on, nuire au maire. Cet acte n'eut heureusement aucune conséquence.

1944, le 28 juin : Le maire Alexis Fouin, inquiété, emprisonné quelques jours à Angers et relâché

« Le maire de la commune est arrêté le 28 juin 1944 pour défaut de surveillance d’une rame de wagons en gare de St-Sylvain-Briollay et dont les habitants devaient assurer la garde ». ( Voir ci-dessus).
Condamné à 6 mois de prison le 11 juillet 1944 par le tribunal allemand de la feldkommandantur, il a été libéré de la prison d’Angers après 20 jours d'incarcération (suspension de peine après intervention de Monsieur le Préfet Donati). 
Mme Foin ayant écrit à la préfecture après le prononcé de la sentence a reçu en réponse une lettre datée du 15 juillet 1944, du sous-préfet directeur du Cabinet du préfet régional lui précisant qu' « en ce qui concerne le reste de la peine, l'exécution en est ajournée, à titre révocable, jusqu'à la fin des hostilités. En outre, la privation de liberté subie par votre mari depuis la date de prononciation du jugement jusqu'à confirmation de celui-ci sera décomptée de la peine globale ».(Communication d’Auguste Foin).
Auguste était présent quand les gendarmes allemands sont venus chercher son père au Gros-Chêne où il habitait. Il était en train de cueillir des cerises. Il prit quelques vêtements et partit dans le camion militaire et resta emprisonné 3 semaines.
Henri Fouqueron a participé à la garde nocturne des trains et des voies. Des tours étaient établis et les « gardiens » étaient munis d’un brassard.
De même Auguste Foin a participé plusieurs fois à la garde des deux rames de train camouflées à la Dionnière, en compagnie du père Bouémard mais il ne se souvient pas avoir été payé pour cela.
Dans un courrier daté du 29 juillet, il est précisé que la commune fournit 4 hommes de garde le jour et 12 la nuit.

1944, le 7 juillet, ordre de réquisition : le maire reçoit un ordre de réquisition n° 876 à notifier à M. Fourny marchand de charbons à Villevêque. Il s’agit peut-être de son camion ?


A la suite des bombardements, des habitants de la ville d'Angers se réfugient à Villevêque

Mon père m'a raconté qu'il avait déménagé avec son cheval et sa voiture à capote des tantes habitant Angers le jour même du débarquement en Normandie.Il les avait installées chez leur cousin Baulu près de l'église (maison achetée par le charcutier Gentilhomme par la suite).
Le Père Guillou, jésuite qui dirigeait l'Ecole Supérieure d'Agriculture et de Viticulture d'Angers était réfugié chez les Soeurs de la Sagesse et mon père se souvenait d'avoir assisté à un repas avec le Père Labrousse qui dirigeait l'orphelinat des Trinotières à Montreuil-sur-Loir. Ce dernier "mettait en boite" les jésuites, avec leur soutane sans bouton !
Une partie de la bibliothèque de l'E.S.A avait d'ailleurs trouvé refuge à la Grand'Maison.

1944, de juin à août : Les mitraillages et les bombardements 

Durant cette période, il n’était pas de jour, sans bruit d’avions dans le ciel. C’était comme un spectacle, qu’il s’agisse des avions allemands, anglais, canadiens ou américains. Les types étaient variés mais les plus spectaculaires étaient les « double-queue » qui piquaient en mitraillant sur tout ce qui roulait, prenant les routes et les voies ferrées en enfilade; et les « forteresses volantes » qui passaient en formations serrées à haute altitude dans un ronflement caractéristique qui durait plusieurs minutes, en route vers des objectifs précis, de jour et de nuit. Il y eut ainsi quelques combats aériens avec les sauts en parachute des aviateurs et des avions abandonnés qui allaient s’abîmer dans le lointain hors de portée de vue. Louis Maucourt, dans ses ouvrages sur « Soucelles », « Tiercé » puis « Seiches-sur-le Loir » fournit de précieux détails sur ces différents événements. Il n'y eut pas cependant d'avions accidentés ou de parachutistes tombés à Villevêque.
Malgré cela, toutes les activités habituelles n’étaient pas interrompues, notamment les activités agricoles, comme la moisson et les foins. Faut-il rappeler qu’à cette époque, il n’existait pas de tracteur à Villevêque (2 seulement sont recensés en 1940), et que les voitures étaient presque toutes à cheval, ce qui facilitait sans doute le repérage des observateurs aériens.
« C'est le 13 juin que Mr Beaussier est tué par la mitraille sur la R N 23, juste en face de la gare [de Villevêque-Corzé]. Cela à cause d'une camionnette allemande qui a eu le temps de se refugier sous un tilleul à la Maison-Neuve de Corzé ».
Les objectifs furent principalement les gares, les ponts et les convois avec les matériels roulants sur rail et sur route. Des trous de protection avaient été creusés , comme on l'a vu, sur le bord de la Nationale 23 et près de la gare de St-Sylvain-Briollay, sur ordre des Allemands; et des particuliers avaient aussi creusé préventivement leur propre tranchée de protection, qui ne servirent heureusement effectivement pas.
Eugène Salmon se souvient qu’un jour, son père était en train de moissonner avec sa lieuse, lorsque, brusquement, un « double queue » (avion anglais) piqua sur eux. Aussitôt son père agita son mouchoir pour se faire reconnaître et ordonna à son fils de se cacher sous la lieuse !

On trouvera ci-dessous une tentative de récapitulation des bombardements classés par objectifs et selon deux sources : les Archives municipales de Villevêque très sommaires, les études plus fouillées de M. Louis Maucourt dans ses ouvrages pré-cités et notamment « Soucelles baronnie d’Anjou » et les Archives départementales.

- Le pont du chemin de fer de la ligne Paris-Nantes, sur le Loir, au Vieux-Briollay :

1944, le 8 juin, à 8 h 50 : premier bombardement du pont du chemin de fer du Vieux-Briollay
Douze bombes de 500 kg ratent leur cible et tombent pour la plupart en Loir. Le tablier est cependant détruit sur 25 m (L. Maucourt, « Soucelles » p.140 et in « Briollay », p. 165).
Ce pont, dit « le pont de fonte », fut bombardé à plusieurs reprises par des avions américains avec des bombes de gros calibre : le 8 juin, le 13 juin, le 2 août et le 5 août 1944. (A M).
Les études de Louis Maucourt montre qu’il y eut d’autres attaques que celles signalées par les Archives municipales de Villevêque, le 2 juillet, le 8 juillet.
Le 2 juillet « à 14 h 15, 3 bombes de fort calibre sur 18 lâchées par un groupe de 15 avions, rendirent l'ouvrage impraticable et causèrent des dégâts à plusieurs maisons ». (L. Maucourt, in « Briollay », p. 165).
Le 8 juillet « sur 18 bombes larguées, 3 touchèrent l'ouvrage rouvert au trafic par les sapeurs allemands. L'une d'elle ayant traversé le tablier sans exploser et constituant un danger pour les habitants, sera gardée par des jeunes gens convoqués par le maire », (L. Maucourt, in « Briollay », p. 164.)
Le 12 juillet : « 10 h 35 bombardement du pont ferroviaire avec 12 bombes, une maison inhabitée touchée, le pont est gardé militairement, aucune précision sur les dégâts » .(in rapport des Ponts et Chaussées AD 49, 35 W 38)
Le 22 juillet, tard dans la soirée, vers minuit, « le pont du chemin de fer de Briollay est attaqué pour la quatrième fois et la ligne coupée gravement mais 14 maisons sont détruites et il y a 40 sinistrés ». Louis Maucourt ajoute que c’est grâce au balisage de l’ouvrage par un résistant de Tiercé, Georges Tessier, que ce bombardement réussit. (« Soucelles », p. 147)..
Le 31 juillet, « vers 14 h, 15 avions lâchèrent 18 bombes tombant pour la plupart dans la rivière et frappant une dizaine de maisons riveraines. », (L. Maucourt, in « Briollay », p. 164.).
Ce bombardement du 31 juillet, n’est pas répertorié dans le dossier 35 W 38 des Archives départementales, intitulé « Service départemental de la Défense Passive : Bombardements, événements intervenus dans les communes »
De fait ce bombardement n’a pas existé. Voir au 2 août. Louis Maucourt l’a confondu avec celui du 2 août suivant qu’il indique également car les termes sont a peu près identiques.
Le 2 août vers 14 heures, « 15 avions s’en prennent à ce qui reste du pont du chemin de fer de Briollay - la ligne avait été rétablie provisoirement – en lâchant 18 bombes qui tombent presque toutes dans la rivière ; 3 endommageront la voie ainsi qu’une dizaine de maisons ». (« Soucelles », p. 148).
Le dossier pré-cité signale : « 2 août, 14 h ; bombardement et mitraillage du viaduc du Vieux-Briollay. 18 bombes sur le viaduc, fortement endommagé, voie sectionnée, 10 maisons endommagées ». Il faut donc reporter au 2 août le bombardement placé par erreur au 31 juillet.
Il fut constaté dans les prés voisins du pont, situé à l’ouest et à environ 200 m, appartenant à M Joseph Langlois de Briollay, parcelles K 529, 530, 531, 535, 11 trous de bombes dont les diamètres étaient les suivants : 2 de 15 m, un de 12 m, 3 de 10 m, 2 de 9 m, un de 8 m, un de 6 m, un de 5 m ; leur profondeur variait de 2 à 5 m.
(cf A M, rapport d'expertise avec plan de M. Jacques Grison, expert foncier de Tiercé).

Il s’agit encore du bombardement du 2 août
Le 5 août, à 20 h 28, ce sont 26 trous ou « entonnoirs » de bombes de diamètre moyen de 12 m et 6 m de profondeur, qui sont relevés dans une prairie des Champs-Besnier, K 494, 495, 496 et 497, au S-O du pont, exploitée par M. Louis Pillard, de St-Sylvain, les avions ayant lâché leurs bombes trop tôt. (Expert foncier René Rouzier de Pellouailles).
Ce même jour, dans une autre prairie du Champ-Bainier, K 490, longeant la voie de chemin de fer et au sud du pont, M. Pierre Simond, Ing. Agr. Régisseur à Corzé, constate la présence de 3 grands cratères de 15 à 16 m de diamètre et 7 m de profondeur, en forme de cône, un autre de 8 m de diamètre sur 4 m de profondeur, 2 autres trous de 4 à 5 m de diamètres et un chapelet de 6 trous de 4 m de diamètre, le tout rassemblé sur une surface d’environ 46 ares. En outre 14 peupliers, âgés d'une vingtaine d'années et représentant environ 25 m3 de bois, sont impropres au sciage (A M).
Lors d’un de ces bombardements, survenu en plein jour le 2 août, une bombe ricocha sans exploser et traversa, dans la prairie des Grands-Bas, la parcelle où les frères Poitevin, de l’Audinais et « leur » réfractaire S.T.O., était en train de faire les foins ! Ils eurent le temps de dételer leurs chevaux au début du bombardement et de se cacher dans les fossés tenant les chevaux par la bride. La bombe termina sa course dans un petit bois de peupliers , au bord du chemin conduisanr au pont. Nous allâmes la voir en famille, alors qu'elle gisait sur l'herbe, après que nous soyions allés nous baigner dans la boire des Corbières voisine, peu de temps après avoir assisté au spectacle de ce bombardement. L’alerte terminée, ils ramassèrent les éclats de bombe épars dans le pré et en trouvèrent même un échantillon dans la charrette qu’ils étaient entrain de charger ! (Témoignage oral de Pierre Poitevin).
Eugène Salmon se souvient aussi que, la veille, ils étaient en train de faire du foin près de ce pont, lors d’un de ces bombardements et qu’une jument avait été blessée par un éclat d’obus.
Sur l’opération aérienne du 5 août, Louis Maucourt fournit des renseignements très précis provenant du comte-rendu américain de l'opération : « Le 5 août, dans les premières heures de la nuit, une formation de bombardiers américains composés de quatre escadrilles, vient de la direction de Lisieux et survole la campagne entre 2 700 et 3 000 m avec l'intention de couper le passage du Loir par la voie ferrée. La présence de nuages et de la brume ne facilite pas l'observation du viaduc et de ses abords. Un deuxième passagz est nécessaire pour larguer 42 bombes. Le but n'est atteint; quelques projectiles seulement endommagent la ligne près de la rive gauche de la rivière. Durant les minutes que dura l'opération, malgré les mauvaises conditions atmosphériques, les aviateurs purent observer un convoi allemand de 20 tanks ou camions sur la route de Tiercé et un train de 15 wagons se dirigeant vers Angers ». (L. Maucout, in « Briollay », pp.165-167).
L'extrait reproduit du rapport donne la formation en vol avec les noms des pilotes et une photographie aériennes verticale analysant 4 zones d'impact des bombes autour du pont.

- La gare de St-Sylvain-Briolllay, sur la voie ferrée Angers-Le Mans (ligne Paris-Nantes)
Cette gare, disparue de nos jours, fut bombardée à plusieurs reprises entre les mois de juin et d’août. Selon la réponse aux questions 20 et 21 de l'enquête préfectorale du 15 avril 1948.
« Le territoire de votre commune a-t-il été bombardé par les Alliés de 1940 à 1945 ? et à quelle date ?
Oui. Les « 8 juin, 13 juin, 22 juillet, 2 août, 5 août 1944  sur la ligne d'Angers-Le Mans – gare de St-Sylvain-Briollay et pont de Briollay (chemin de fer)».
La gare a été bombardé plusieurs fois, d'après ce qui suit.
Certaine bombe ricocha sans exploser sur le coteau et s’en alla finir sa course dans une prairie marécageuse du Marais de la Cave où elle s’enfonça profondément dans le sol spongieux, sans exploser. Son trou était toujours visible des années après. En revanche d’autres bombes ayant raté leur cible firent d’importants cratères dans les prairies du bas du coteau.
Henri Fouqueron donne une première date le 5 juillet ?
Le 8 juillet : « Une bombe sur la gare SNCF St-Sylvain-Briollay, sans résultat, mitraillage de la voie ferrée et du C D 52 : train immobilisé en gare, une locomotive hors d’usage, voie ferrée atteinte, une camionnette endommagée ». (A D 49 35 W 38).
Le 22 juillet vers 20 heures, une bombe creusa un cratère de 7 m de diamètre et 3 m de profondeur dans une prairie bordant le chemin du Grand Marais des Liées n° K 391 exploitée par M. Léon Beaudusseau, de la Dionnière. C'est un groupe de 16 avions qui a mené cette attaque, nous dit L. Maucourt (« Briollay », p. 164)
Les Allemands avaient d’ailleurs fait creuser dans cette prairie située en contre-bas de la gare, 50 trous-abris de 1, 20 m de diamètre et 1, 10 m de profondeur, régulièrement espacés sur 6 lignes. (A M).
La gare ne fut pas atteinte mais Louis Maucourt précise que la ligne est coupée en plusieurs endroits et qu’un magasin de marchandises est réduit en miettes à la suite de ce raid de 16 avions. (« Soucelles », p. 147).
Le rapport pré-cité précise : «  Ecouflant et St-Sylvain-briollay, 11 bombes et mitraillage de la voie ferrée aux abords du Pont-aux-Filles et de la gare de St-Sylvain-Briollay, voies coupées ». (A D 49, 35 W 38)
Le samedi 23 juillet 1944 vers 18 heures une vague d’avions anglo-américains cherche à bombarder la gare. Deux bombes de gros calibre tombent sur les voies et l’une d’elle à 19 m de la maison de la Houssaie qu’habite René Cognée et qui a déclaré : « Ils ont sans doute pris ma maison qui est près de la ligne...e à proximité de la gare... pour cette dernière qui est camouflée par un boqueteau ». La maison et les bâtiments de la ferme sont atteints par des éclats, morceaux de wagons, traverses, cailloux et débris divers ; des toitures et fenêtres sont soufflées. Quatre trous de bombes aux alentours ont détruit 15 arbres fruitiers (pommiers) et 10 ares de vigne. Les dégâts ont fait l'objet d'une expertise de M. Rouzier expert foncier de Pellouailles et d'un constat d'huissier de Me Deshayes, d'Angers. ( A M)
Le rapport précité ne fait pas mention de ce bombardement. Peut-être que les bombardements des 22 et 23 juillet sur les mêmes objectifs n’en font qu’un ?

- La gare de Villevêque-Corzé, et la voie ferrée Angers-La Flèche

1944, le 24 juin : Bombardement sur une locomotive en gare de Villevêque-Corzé : Un mort et un blessé. ( A M).
« Durant la guerre, la ligne sert au transport de matériel militaire et de munitions, surtout après les bombardements de la ligne Angers-Le Mans. D'autre part beaucoup de petits colis de victuailles sont envoyés par leur famille aux parisiens qui manquent de tout ».
Citons Louis Maucourt : « Le 22 juin, au pont de Bronne, entre Seiches et Corzé, des résistants font dérailler un train. Ils recommencèrent le 5 juillet. L’aviation anglaise, dans les 48 heures qui suivent, fait irruption, attaque la grue sur le chantier de réparation de la ligne en la paralysant ; un militaire allemand et un mécanicien français son tués. Les grands axes ferroviaires étant souvent bombardés, les Allemands utilisaient la voie Angers-La Flèche pour leur matériel et leur carburant. M. Lehoux était chef de gare à Seiches. » (in « Seiches-sur-le-Loir », p. 291.
Comme on le verra ci-dessous il y a confusion de lieu et de date : Louis Maucourt signale en effet dans un autre ouvrage que le 2 août « vers 14 heures, pendant 20 minutes, une vingtaine d’avions s’abattent sur la voie ferrée Angers-La Flèche, au lieu-dit « Pont de Bronne », à Corzé et la coupent sur une longueur de 200 m. » (« Soucelles », p. 148). Le pont de Bronne est à proximité de Suette, donc éloigné de la gare des Bouchets.
Le véritable bombardement de la locomotive près de la gare des Bouchets eut bien lieu le 24 juin. Il est relaté dans la réponse faite et conservée dans les Archives municipales de Villevêque. (copie de la réponse faite à l'enquête préfectorale du15 avril 1948 sur l'histoire de l'Occupation et de la Libération dans la commune).Celle-ci précise succintement, en réponse aux questions n°s 20 et 21 :
- « Le territoire de votre commune a-t-il été bombardé par les Alliés de 1940 à 1945 ? et à quelle date ? » :
- Oui, 24 juin 1944 sur locomotives en gare de Villevêque-Corzé = 1 tué et 1 blessé »
Et selon Louis Maucourt encore : « Arrive la journée du 24 juin, avec une aviation alliée particulièrement violente. Vers 10 heures 30, une locomotive circulant sur la ligne Angers-La Flèche est mitraillée et endommagée au P N 281, à cent mètres de la gare de Villevêque. L’opération fait deux tués : un militaire allemand et le mécanicien français ». (« Soucelles », p. 145).
Ce mort Français demeuré anonyme a maintenant un nom. Il s’appelait Georges Rousseau et il était mécanicien à la SNCF. Son fils, qui habite le Rheu (35) a pris contact avec la mairie de Villevêque en 2004 pour connaître les circonstances de la mort de son père, à la demande de ses petits-enfants.
S’agissant du blessé dont il est fait état, il s’agit bien du mécanicien Rousseau car son certificat de décès, d’après son fils, est daté du 25 à Angers où il fut transporté et où il est décédé de ses blessures le lendemain.
Par une lettre du 22 juillet 1944,conservée dans les Archives municipales, le chef de dépôt des machines SNCF, situé 1 rue Fulton à Angers, adressait au maire de Villevêque :
« une déclaration d'accident,
un certificat médical,
concernant le chauffeur de route Rousseau, Georges, tué en service au cours de mitraillage. » et il demandait d'en adresser des récépissés.
En marge, le secrétaire de mairie a noté : « accident du 24 juin 1944.; Rousseau Georges, 36 ans, 1 rue du Tertre St-Laurent Angers, décédé. Hartuis René à St-Barthélémy, blessé. »
Je me souviens d'ailleurs avoir vu cette locomotive peu de temps après en compagnie de mon père.
Le témoignage d'un témoin, Mme Madeleine Bollée, qui habitait la gare, a été publié dans le 4 feuilles « Villevêque aujourd'hui », d'avril 1996 :
« Le 24 juin au matin, 4 petits avions anglais tirent sur des machines qui viennent de se croiser sur les voies de garage de chaque côté de la gare. Le mécanicien français et l'Allemand qui l'accompagne sont tués sur le coup. Le chauffeur est, lui, très grièvement blessé. Dans l'autre machine, les deux hommes ont eu le temps de sauter. Le raid des avions anglais vise ensuite le camp d'aviation de la Grand'Rivière ».
Le dossier des Archives départementales est plus laconique : « 24 juin, 10 h 30, une locomotive mitraillée, mécanicien tué, chauffeur blessé, les téléphones coupés » ; (A D 49 , 35 W 38).
Le 4 juillet : « voie ferrée Angers-la Flèche, 2 bombes jardins au sud du CD 74 touchés, magasins Burlot en dommagés » (à Seiches] ; (A D 35 W 38)
Le 2 août, « 14 h 10 bombardement de la voie ferrée, la ligne est coupée sur 200 m. » (A D 49, 35 G 38).
Ce bombardement précéda de très peu celui du pont de chemin de fer du Vieux-Briollay. Marcel Poitevin, père, de l’Audinais, se rendit sur place en voisin puis fonça à bicyclette vers les Grands-Bas où ses fils étaient aux foins, en constatant que les avions attaquaient le pont du Vieux-Briollay. Il en fut quitte pour la peur.
La ligne Angers-La Flèche fut de nouveau bombardée le 10 août 1944; Voici le témoignage de Me Madeleine Bollée déjà citée :
« Un autre jour, les avions visent des wagons stationnés sur les voies de garage. En même temps un car allemand chargé de munitions et d'une tonne de dynamite est touché par le feu de la mitraille. L'explosion d'une immense gerbe de feu fait éclater beaucoup de vitres dans les alentours .
Ces fréquentes opérations militaires sur les machines stoppent finalement le trafic. En effet la voie est détruite près de la Boire d'Oule et le pont de Gouis saute lors d'un bombardement».
C'était le jour de départ définitif des Allemands, les Américains s’étant rendu maître d’Angers ce même jour, dans la soirée.

- Le pont de la Boire d’Oule sur cette même ligne, à Corzé

Henri Fouqueron se souvient d’avoir été requis pour aller boucher un trou de bombe qui avait raté sa cible, sous la surveillance de soldats allemands, l'adjudant-chef Barré servant d'interprète. C’était le 3 août précise t-il mais le 10 août 1944  un bombardement est aussi relaté dans les notes des archives municipales ?.

- Le pont routier de Villevêque-Soucelles

1944, le 24 juillet : Le pont subit une attaque aérienne ce jour-là, vers 18 heures, sans causer de graves dégâts, nous dit Louis Maucourt (« Soucelles », p. 147).
« Des traces de balles sur le parapet du pont » (A D 49 35 G 38).

- Le pont suspendu sur le Loir, de la route Morannes-Angers, près de Briollay

Ce pont suspendu, construit en 1927, fut détruit à la mine par les Allemands lors de leur départ le 7 août 1944.
Michel Lemesle en a publié une photo faite par Viallesoubranne après sa destruction, avec une légende erronée, le situant sur la Sarthe. On y voit le bac qui le remplaça pendant plusieurs années. (cf M. Lemesle : « 1939-1945 à travers l’Anjou » , cahier de photos entre les pages 120 et 121).
Une passerelle est construite et ouverte au public le 23 octobre 1945 : « L’accès de la passerelle est autorisé pour les piétons, les cyclistes avec ou sans remorque, les motocyclistes, les voitures d’enfants, les brouettes, les voitures à bras d’un poids total en charge inférieur à 200 kilogs ». (arrêté préfectoral du 23 octobre 1945), (A M)
Eugène Salmon, des Bouvettries, se souvient du bruit de l’explosion et il conserve aussi le souvenir de sa mère partie à Tiercé à bicyclette chercher un « chien de touche » dans un élevage et rentrée juste la veille au soir, le pont ayant sauté vers 5 heures du matin !

Un quadrimoteur américain à Andard

« Le 19 juillet 1944 à 15 h 50, atterrisage d’un quadrimoteur américain aux Guillaudières. Les occupants se jettent en parachute (capturés), ni victime ni dégâts ».
Telle est la note lapidaire et ambiguë conservée dans le dossier 35 W art 38 des Archives départementales intitulé « Service départemental de la défense passive. Bombardements, événements intervenus dans les communes ».
Cette note n’est pas claire, s’il s’agit d’un atterrissage, l ’équipage n’a pas pu sauter en parachute et si c’est un crash, il n’y a pas eu atterrissage ?
Or il arriva plusieurs fois, à l’époque, dans le ciel de Villevêque, que des avions soient en difficulté, que les corolles d’un ou plusieurs parachutes s’ouvrent dans le lointain et que l’avion ou la forteresse volante disparaisse à l’horizon en se crashant.
Etait-ce l’un de ceux-là ?

Les dégâts causés par les bombardements à Villevêque

Ils furent relativement réduits comparés à certaines autres communes. Il n’y eu que des destructions matérielles. Une note des Archives municipales, brouillon d’une réponse à un questionnaire officiel, les résume :
Bâtiments moins de 50 %………………………… : 1
Surfaces en herbes : ………………………… 5 ha
Peupliers : ………………………… 30
Exploitations ayant leurs bâtiments sur la commune : 1

Les mitraillages sur les routes

Ils eurent lieu sur la R.N 23
Le 13 juin, à Corzé, mitraillage sur la R N 23 : une camionnette atteinte, 3 morts. (A D 49 ; 35 G 38).
Le 13 juillet, à St-Sylvain, mitraillage sur la R N 23, camion automobile échoué dans le fossé
Le 31 juillet : à Corzé : mitraillage d’un camion d’explosifs sur la R N 23 : 2 immeubles détruits, 3 endommagés. La R N 23 est coupée sur une moitié de sa largeur (ibid)
L. Maucourt donne les précisions suivantes : « Le 31 juillet, au lieu-dit le Petit Fossé (Corzé), un camion allemand, rempli de munitions, est mitraillé et explose dans un bruit impressionnant ». (Seiches, p. 293).
Le 31 juillet à St-Sylvain mitraillage sur la R N 23 : car abandonné après un précédent mitraillage, le car et la ferme voisine atteints ; (ibid)»

1944, le 13 juillet, Recensement des moulins

Une circulaire de la Direction Générale du Ravitaillement Général demande que soient recensés tous les moulins ne fonctionnant pas à l’électricité, « actionnés par la force hydraulique, le vent ou tout autre moyen ». car « il est possible que sous peu, il n’y ait plus de courant électrique ». Et d’ajouter : « Pour les petits moulins actionnés à l’électricité, il y aura lieu de me signaler s’il y aurait possibilité de remplacer le moteur électrique par une locomobile actionnée au bois. Cette locomobile serait susceptible d’être fournie par le Génie Rural et a une puissance de 16 chevaux. » (A M).


1944, début août, fuite des Allemands.

Une nuit, nous fumes réveillés, à la Raverie, par un roulement incessant et assourdissant d’engins mécaniques sur la route de la Dionnière au bourg de Villevêque. Des chars et des camions en fuite avaient complètement défoncé cette route, ainsi que nous le constatâmes le lendemain. Elle demeura longtemps remplie de « nids de poule » !
Bernard Soyer signale qu'une jeune domestique, une « bonne », âgée de 18 ans, Hélène Riché est partie, volontairement ou non, avec les Allemands et qu'elle disparut ainsi. Elle était née le 27 janvier 1925 et effectivement elle ne reçut pas de carte d'alimentation le 18 janvier 1945.

1944, début août : « Fait de guerre à Villevêque »

Tel était l’intitulé d’un « développement » rédigé à l’école primaire par Bernard Meslier le 18 avril 1947 et conservé dans le « cahier d’honneur » du maître Maurice Poperen :
« Il faisait orageux ce soir là et les gens du village étaient sur le pas des portes en petits groupes. Ils ne devisaient pas gaiement comme souvent ils le font certains soirs d’été ; on n’entendait pas ces bons rires qui de temps en temps s’élèvent dans l’air embrasé ; non, on causait sérieusement et les visages des hommes n’exprimaient pas du tout la gaieté. Dans la journée trois soldats allemands dont le bataillon avait évacué le bourg devant l’avance américaine avaient été traqués par des F.F.I. Ils étaient bien armés mais sans vivres et se ravitaillaient dans les fermes, maltraitant parfois les paysans et ce soir ces hommes réunis parlaient de ces événements et de ceux de la journée.
Tour à coup on vit apparaître au haut de la côte trois hommes vêtus de ces uniformes verts bien connus mais si redoutés et en un instant le village se vida tandis que les hommes au fond d’un porche attendent pour les voir passer. Les Allemands sont harassés, en loque, boueux et ont de grandes barbes, si bien qu’ils font peur à voir.
Un des villageois lorsqu’ils les vit fut assez sot pour battre des mains ; alors un des Allemands jeta un bref ordre et aussitôt les autres font face et vous mettent tous ces hommes en joue ; mais presque aussitôt obéissant à un second ordre ils abaissent leurs armes et filent, laissant les habitants semoncer fortement qui avait failli les faire tuer tous. »
Après avoir communiqué la reproduction scannée de ce texte à son auteur, j’ai reçu par e-mail les précisions suivantes :
« Je me souviens fort bien de l’événement et puis préciser que parmi le groupe d’hommes au fond du porche qui conduisait à la société de boules des Noyers figuraient le père Bossé, Amand Beaumont et le père Baulu dit « patte de bois », maçon de son état, dont la remise se trouvait au coin de la société des Lilas, bonhomme un peu hirsut, un brin buveur et de mauvais caractère qui nous faisais un peu peur. C’est lui anti-boches notoire, peut-être lui avait-il pris sa jambe?, qui avait applaudi au passagedes soldats… et qui la minute d’angoisse passée, s’était fait copieusement engueuler…Les soldats déambulant dans le bourg déserté se sont arrêtés ensuite chez la sœur boiteuse d’Amand Beaumont, tout au bas du bourg pour demander de l’eau qu’ils puisèrent eux-mêmes au puits. Ils se rendirent quelques heures plus tard à un groupe de F.F.I. »

1944, le 5 août : M. Bourson, garagiste à Angers, est tué par les Allemands en fuite, à la Croix, R-N 23, près de Pellouailles, sur le territoire de Villevêque

Paul Bourson a été fusillé par l’ennemi en retraite, alors qu'il était de passage sur la R N 23.au lieu-dit La Croix, proche du bourg de Pellouailles mais situé sur la commune de Villevêque.
C’était un commerçant d’Angers. « Après un jugement sommaire sur place, les troupes d'occupation l'ont fusillé ».Il y eut deux témoins : Madame Pottier, débitante et M. Charpentier, domiciliés à Pellouailles-les-Vignes.
Paul, Jean-Pierre Bourson était né à Paris (XI), le 5 décembre 1896. Il était l'époux de Jeanne Marie Gorieux, domiciliée 4 bis rue St-Maurille à Angers. (A M).
(Double de la réponse à l'enquête sur le recensement des crimes de guerre commis par l'ennemi, le 9 janvier 1945. Une réponse plus succinte avait été faite, à la demande du préfet datée du 17 octobre 1944)
Sa famille souhaita, après-la guerre qu’une plaque commémorative fut apposée à l’endroit du massacre.
Un architecte d'Angers, écrivit à cet effet au maire. (Lettre conservée dans les A M sans la réponse qui dut être faite).
On m'a signalé localement ( Henri Fouqueron informateur) que le nom de cette victime figurerait sur le drapeau des anciens combattants de Pellouailles ?
Voici les circonstances de cet assassinat, selon un document extrait de la chronologie de la guerre établie au début des années 1960 par le correspondant départemental du Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale :
« M. Bourson, directeur du garage Rallye Service, 4 bis rue St-Maurille à Angers, 47 ans, marié deux enfants, a été tué samedi soir 5 août à Pellouailles par des soldats allemands.
Il rejoignait sa famille réfugiée à Matheflon. Vers 17 h. 30 une douzaine de soldats ont voulu réquisitionner sa bicyclette. Il a refusé, puis a été contraint de l'abandonner. Il leur aurait dit : «Il faut que vous ayez rudement peur et que vous soyez bien pressés de partir pour nous voler nos bicyclettes ». L'incident aurait continué à l'hôtel de la Promenade, puis M. Bourson emmené par des soldats fut abattu à la sortie du village. Son corps fut retrouvé à 20 h. près du passage à niveau, couvert de branchages et emmené à Pellouailles, puis transporté à Matheflon ».
(A D 49, cote 197 J 6, transmis par M. J. Le Naoures que je remercie).
Le motif de cet assassinat m’a été donné en 2007 par le fils du Dr Gruet, Pierre, qui était enfant à l’époque et m’a spontanément déclaré ceci :
Lors du départ des Allemands, la débandade plutôt, un vieux a été tué car il avait eu la malheureuse idée de fredonner aux Allemands une chanson sur l’air « Dans l’cul la balayette ». Un Allemand a dû comprendre et a fait feu de son arme ».
Ce « vieux » n’avait que 47 ans mais aux yeux d’un enfant, n’est-ce pas normal ?
Il faut remercier M. Gruet fils pour ce précieux témoignage donnant ainsi les vraies raisons de ce massacre, qui faillit bien avoir lieu aussi dans le bourg de Villevêque. (voir ci-dessus).









La Libération


1944, le 12 août, souvenirs personnels de l’arrivée des Américains

Un certain matin le 12 août 1944, le bruit s’en répandit comme une traînée de poudre : les Américains ! les Américains arrivent ! Réveillés par notre père, mon frère et moi, alors que nous habitions à la Raverie, nous descendîmes avec lui, à bicyclette, installés sur le porte-bagage et le cadre, la côte de Beaulieu et notre première vision des Américains fut celle de quelques soldats dormant presque tous d’un profond sommeil, au pied du socle de maçonnerie de la Croix de mission de la route de Pellouailles, avec des casques, des armes et des paquetages. Nous continuâmes jusqu’au Rodiveau et là sous un pommier, un autre groupe de soldats s’éveillaient et l’un d’eux, le casque accroché à une branche basse et lui servant de cuvette, était en train de se raser consciencieusement ! On nous donna des chewing-gums, du chocolat. Plus loin au coin d’un petit bois de peupliers entre L’Audinais et le Rodiveau, un autre groupe de soldats était installé dans les fossés avec un fusil mitrailleur en batterie. Des années plus tard, en refaisant les fossés, un stagiaire de mon père retrouva du savon intact dans son emballage plastique. Ce plastique transparent comme du verre mais extrêmement résistant et particulièrement souple, était un émerveillement. Nous quémandions sans vergogne des cigarettes en interpellant les soldats: « Papa fumeur, Papa fumeur ! ». Il y eut aussi par la suite, la découverte des étonnants stylos à bille, du nylon, des chaussures à semelles de crêpe, des blousons US confortables, des jerry-cans, des voitures Jeep, des « command-cars » Dodge, des camions GMC, des bullozers Caterpillar ….tout un monde nouveau qui nous émerveillait.
Plus tard nous allâmes à Angers par la grand route, en voiture à cheval à capote, remontant le long d’une file continue de camions, de jeeps, de tanks. C’était l’armée du général Patton qui se dirigeait vers Paris. et plus tard Bastogne en Belgique. Son parcours deviendra la Voie de la Liberté avec ses bornes spéciales, qui trônent toujours le long de la RN 23. (Voir photo).

Témoignage de Bernard Soyer, de Villevêque

La ferme des parents de Bernard Soyer était située en bordure de la RN 23. Il se souvient qu'à son réveil, ce matin là, la cour était pleine de véhicules (jeeps, camions, mitrailleuses…) et de soldats américains en armes. Grâce au jeune voisin Halopé, qui parlait un peu anglais, ils purent parler avec les soldats qui leur offrirent des bonbons, du chewing-gum, du chocolat.
Il y avait un trafic intense sur la route nationale, que peu de temps auparavant les Allemands avaient empruntée dans leur fuite, le 9 août.

Témoignage de M. Claude Corbel, de Brissac

En vacances à Soucelles, il venait se baigner à Villevêque et sympathisa avec 4 soldats américains.
Cf article du Courrier de l’Ouest. ci-dessous
« Le jour du débarquement coïncida avec mon anniversaire. J'avais seize ans tout juste. Quelques semaines plus tard, alors que nous étions en vacances avec mon frère du côté de Soucelles, nous avons eu la surprise de voir apparaître une jeep avec quatre hommes à bord. C'était des Américains. Je me souviens que le véhicule était équipé à l'avant d'une sorte de lame pour sectionner les câbles que les Allemands tendaient sur certaines routes.
Angers venait d'être libérée mais nous fûmes interloqués. Nous allions nous baigner sur la petite plage de Villevêque. Très décontractés, ces jeunes Américains vinrent se joindre à nous. C'était d'ailleurs assez imprudent de leur part, car il restait des Allemands dans les parages. Je me souviens aussi de l'origine très variée de ces quatre soldats : l'un était d'origine allemande, un autre Italien, un autre Irlandais et le quatrième était Canadien français »
Une photo accompagnait cet article, les représentant tous les quatre en maillot de bain, bras dessus bras dessous, sur le barrage avec le pont de Villevêque-Soucelles en arrière-plan.
Entré en contact par la suite avec ce témoin, celui-ci m'adressa le photocopie d'une photo prise devant le restaurant des Tonnelles et représentant une jeep prise d'assaut par un groupe de jeunes et d'enfants.
(illustrations à joindre)

Bernard Meslier « modèle » des soldats américains

Cet ancien élève de Maurice Poperen habitait au haut du bourg, près du château. Le passage des Américains fut pour lui l'occasion de révèler un véritable talent d'artiste. Il se mit en effet à modeler en cire des soldats américains avec leurs jeeps, récupérant pour cela des bouts de cierge à l'église, où il était le chef des enfants de choeur, lequel portait à l'époque une soutane violette. Ses petits personnages faisaient l'admiration des gamins que nous étions et aussi des adultes tel l'instituteur pour lequel il réalisa plusieurs modelages. Il modelait d’ailleurs en classe en cachette et M. Poperen lui confisqua plusieurs de ses œuvres. Il ne fit pas une carrière artistique car sans doute trop aléatoire et devint instituteur puis principal d'un C;E.S. à Gennes, jusqu'en 1989, date de sa retraite.

Des femmes tondues à Villevêque dans la rue St-Pierre face au café Castillan

Le jour même et dans les jours qui suivirent la Libération, nous allâmes au bourg et j’ai conservé le souvenir d’une foule nombreuse et réjouie, probablement le, dimanche 13 août. Il y avait un attroupement devant le café Castillan, souvent prononcé « Castillon ». Je me souviens avoir aperçu des femmes, (deux ou trois ?) tondues et qui étaient insultées par la foule mais on éloigna rapidement les enfants que nous étions, de ce spectacle.
Quelques jeunes des F. F. I. (Forces Française de l’Intérieur) étaient là, avec pour seul uniforme un brassard tricolore au bras, armés de ces fameuses mitraillettes Sten, reçues par parachutage d'Angleterre, dont la crosse était faite d'un arceau d'acier et qui n'étaient pas d'une grande sûreté.

Une personne de Pellouailles ayant collaboré a été tondue

Il s’agit d’une information provenant de deux sources différentes/
La première provient de Villevêque en 2006. Elle mentionne qu’une femme de Pellouailles était une collaboratrice notoire. La seconde, recueillie par le groupe Histoire de Pellouailles en 2008 précise :
« Une personne aurait collaboré à Pellouailles pendant la seconde guerre mondiale ; elle aurait eu le crâne rasé et aurait été promenée avec une corde autour du cou ».
..

Les F F I à Andard : des femmes eurent les cheveux coupés

Marcel Carpentier, qui fut directeur de la coopérative agricole d’approvisionnement du Plessis-Grammoire après la guerre, puis de la C.A.V.A.L. a rédigé ses « Mémoires ». Il habitait alors Andard, commune limitrophe de Villevêque et a été témoin de ces excès.

« Ce soir là, [le lendemain de la libération d’Angers] , les FFI prirent position à la mairie d’Andard. Ils détenaient une liste de collaborateurs qu’ils allaient arrêter. Plusieurs personnes furent gardées à vue dans la salle de la mairie. Marcel Battais s’était porté volontaire pour monter la garde de nuit….. .La nuit se passa sans problème. Les femmes détenues eurent les cheveux coupés puis elles furent relâchées le lendemain. Dans certaines autres communes, des excès, notamment des règlements de comptes eurent lieu ».

Un jeune homme arrêté puis décoré

Bernard Meslier m'a raconté l'histoire suivante : « Il s'agit d'un jeune homme brun et assez fluet dans mon souvenir, qui logeait dans la maison de tes grands-parents et que les F.F.I. sont venus arrêter assez brutalement et de manière très ostentatoire dans une jeep stationnée sur la place, avec brassards et mitraillettes. Quelques temps après, une délégation de soldats alliés avec de hauts gradés sont venus sur la même place décorer ce jeune homme publiquement pour le réhabiliter. »
Il devrait être possible de retrouver dans les archives le souvenir de cette décoration ?
 
1944, le 14 octobre : Mise en place du Comité Départemental de la Libération : Eugêne Hamard, futur maire de Villevêque, en est membre.

Ce Comité comporte un président,M. Letetour, du M. L N.,
3 vice-présidents
- Rouyer de C.G.T. Clandestine,
- Blanchoin anciennement Démocratie Populaire devenu M. R. P. et
- de la Grandière personnalité résistante, anciennement Extrème Droite
et 16 membres dont Eugêne Hamard, cultivateur à Villevêque et futur maire. Il siège aux côtés d'un autre cultivateur, aussi « résistant individuel », Georges Pivert, de Corzé et de deux viticulteurs, Pierre Légé de Notre-Dame d'Allençon, futur maire également et Victor Dialand, de Trèves-Cunault, « résistant individuel traqué par la Gestapo pendant l'Occupation ».
Les autres membres sont :
MM.- Cardin, P C clandestin.
Ascencio, P S clandestin
Fleury, C.F.T.C.
Lebeau de la Morinière, M.L.N., propriétaire
Rives, résistant individuel traqué par la Gestapo pendant l'Occupation,
Poisson anciennement Démocratie Populaire, actuellement M.R.P.
Pellaumail, personnalité représentative du Chôletais, industriel,
Chanoine Douillard, résistant individuel (incarcéré par la Gestapo),
de Kerviller id
Alleton, personnalité résistante d'Angers,
Dr Boumard, représentant les classes libérales,
Mme Imbach, épouse de déporté en Allemagne;

Eugêne Hamard était pendant la guerre, syndic corporatif agricole local de la Corporation paysanne. Il devait être en relation avec le chef de la Résistance en Anjou qui était secrétaire régional de cette organisation pétainiste et à tendance collaborationniste, ce qui lui servait de couverture.et lui permettait de circuler dans l’Ouest. Il est dit « résistant individuel » sans plus de précision dans le dossier donnant la composition du Comité. (A D 49 W ..). Ce dossier contient les lettres de réclamation de familles de pensée non représentées dans ce Comité : les Libres Penseurs, le Front National (à ne pas confondre avec l'actuel mouvement de ce nom), la Ligue Française des Droits de l'Homme, les instituteurs, la Maison du Prisonnier, l'Amicale des Patriotes vixtimes de la Gestapo...
Le Comité avait pour rôle d'assister le nouveau préfet Fourre-Cormeray, sous les ordres du préfet régional, à Angers, Michel Debré, alias Jacquier,   futur Premier Ministre..
L’appartenance de M. Hamard à la Résistance lui permit après la guerre, lors des grandes grèves de 1947, grâce à ses relations, alors qu’il était vice-président de la toute jeune coopérative agricole d’approvisionnement du Plessis-Grammoire, de débloquer un convoi de 10 wagons de plants de pommes de terre (100 tonnes) que les grévistes avaient bloqués en gare de Lille et commencé de distribuer à la population affamée.

Les expéditions d’Alexis Rontard vers la Normandie pour évacuer des réfugiés.

Alexis Rontard, qu'on appelait familièrement le père Rontard, était mécanicien garagiste au bourg et il circula pendant toute la guerre avec un véhicule muni d’un gazogêne sur l’aile avant droite. C’était une camionnette surnommée la « Tartinette » car il avait réparé un côté du véhicuke avec une tôle peinte récupérée sur un autre véhicule et fixée la tête en bas car il l'avait changé de côté portant les mots « Tartinette Graf », nom d'une marque de fromage. Son plancher de bois laissait voir le jour à travers, mais qu'à cela ne tienne ! C’est avec cet engin qu’il alla à plusieurs reprises dans la région caennaise chercher des réfugiés en pleine zone des combats. Il rapportait aussi de l’essence dans les jerry-cans abandonnés par les Américains.
« En 1944 avec le gazogène, il est allé jusqu'à Lille, Compiègne, raccompagner les familles. Il partait huit jours pour constater avec les familles que tout était détruit.
A la Libération, M. Rontard était le seul à avoir le droit d'aller chercher les prisonniers en voiture à la gare et les ramener dans leurs familles ». (André Morisset in Bulletin municipal)

Jean, le fils de Maurice Poperen, le maître d’école, apprend à chanter la Marseillaise aux enfants de l'école de son père

J’ai conservé le souvenir de ce grand garçon venu en classe avec un ou deux de ses camarades apprendre aux enfants à chanter la Marseillaise.
Jean, né le 9 janvier 1925 à Angers avait 19 ans en 1944. Il quitta l'Anjou à la fin de l'année 1942, ayant achevé ses études secondaires au lycée David-d'Angers (classe de philo 1941-1942). Il entra alors en classe préparatoire 'hypokhâgne' au lycée de garçons de Rennes puis s'engagea dans la Résistance et adhéra au P C F (Parti Communiste Français). Il fit un séjour à Villevêque en 1944 où il reçut de la mairie une carte de vêtements et de matières textiles. Les écoliers, comme Louis Sigogne, dont Mme Poperen réchauffait la gamelle dans sa cuisine, se souviennent bien de ce grand garçon qui venait parler avec eux. Il devint agrégé d'histoire en 1947, reçu major, à 21 ans. Enseignant universitaire à Lyon, il fut exclu du P C en 1958. Il rallia alors le P.S.U. (Parti Socialiste Unifié) puis le Parti Socialiste et il fut élu député du Rhône en 1973 et maire de Meyzieu en 1977. Plus tard, il fut ministre dans un gouvernement Mitterand, chargé des relations avec le Parlement, de 1988 à 1992. Devenu le n° 2 du parti socialiste, après avoir été l'un des acteurs majeurs du congrès d'Epinay en 1971, il est mort à Paris, au Val de Grâce, à l'âge de 72 ans.
Son frère cadet Claude, né le 22 janvier 1931 à Angers avait 13 ans en 1944 et il suivit la classe de son père à Villevêque. Après des études à Nantes, il fut militant syndicaliste, ouvrier chez Renault et permanent du Parti Communiste qu’il finit par quitter. Son récit de vie est accessible sur l’Internet. Voir la partie « Biographies ».


1945, le 8 mai : Les cloches sonnent à toute volée pendant des heures

Je conserve un souvenir très précis de cette journée. Rentrant de l’école, à pied bien sûr, nous croisâmes André Loiseau sur le chemin de la Raverie, qui fonçait à vélo vers le bourg en nous disant qu’il allait 'tirer' les cloches pour la Libération. Nous fîmes aussitôt demi-tour pour rallier le bourg où effectivement les cloches sonnèrent longtemps. Je n’ai pas le souvenir d’avoir tirer moi-même sur les cordes, comme l’a fait Bernard Soyer, par exemple.

Hitler brûlé en effigie sur la place de l’église dans un immense feu de joie

Un jour, durant cette période, peut-être le 8 mai 1945, on assista aux préparatifs d’un bûcher qui fut installé sur la place de l’église près de la grille qui fermait la cour de la mairie à cette époque. Un mannequin bourré de paille et habillé d’un uniforme et d'une casquette gris vert de soldat allemand, fut pendu à une potence au-dessus d'un tas de paille et de bois. Il se balança ainsi tout l’après-midi au bout de sa corde sous la risée des enfants et des adultes et le soir, à la tombée du jour, ce fut le grand spectacle. On mit le feu au bûcher et ce n’était que cris de joie dans l’assistance et nous, les enfants, n’étions pas en reste.

La collecte des nourrices à essence ou « jerry-cans »

L’avancée américaine fut très rapide et la quantité de carburant consommée très importante. Le ravitaillement se faisait avec des bidons d’un type particulier, inconnu à l’époque mais devenu familier aujourd’hui, les 'jerry-cans'. Lorsque les véhicules faisaient le plein, beaucoup de jerry-cans restaient sur place abandonnés, vides ou encore remplis d'un peu d'essence. Il y eut un tel gaspillage que ces bidons vinrent à manquer, aussi les autorités organisèrent-elles leur collecte. Je conserve la vision d’un tas de ces jerry-cans, soigneusement gerbés dans un coin de la salle de la mairie, vidés bien sûr entre temps par les habitants ravis de l’aubaine.
Je n'ai retrouvé dans les archives que cette maigre attestation : « Le brigadier chef Fonteneau certifie avoir reçu de la mairie de Villevêque 8 nourrices à essence.
A Villevêque, le 16 février 1945;
Centre de Récupération, 21 rue Rallais Angers (M et L) »
Il y en avait beaucoup plus que cela.

Les nourrices à essence des avions font des embarcations

Certains avions, comme le Lysander, qui servait pour les ramassages nocturnes, voyait leur rayon d'action accru grâce à des réservoirs supplémentaires d'aluminium fixés entre les roues et qui étaient largués lorsque qu'ils étaient vides. Ils pouvaient laisser croire à une bombe comme le montre le texte au dos d'une carte postale de cette époque lors du bombardement de Cholet
Deux de ces réservoirs accolés et découpés faisaient une embarcation de fortune et on en vit ainsi sur le Loir plusieurs années après la guerre.
Un rapport de gendarmerie du 5 janvier 1944 indique qu’un réservoir en forme de cigare, de 3, 10 m de longueur et 0,65 m de diamètre a été trouvé à Seiches, aux Portes.
Un autre rapport de gendarmerie du 27 avril 1944 signale que 37 de ces réservoirs vides ont été trouvés dans la région de Segré. Ils mesurent 2, 5 m de long et ont un diamètre de 50 cm. Ils sont en métal ou en « carton imperméable ».
(A D 23 W 4)

Les enfants jouent à la « petite guerre »

Dans ce climat de guerre, les enfants voyaient des armes partout. Il n’était pas rare de voir des civils, pistolet à la ceinture. Aussi rêvions-nous de guerre. Nous avions, dans le jardin de la Raverie commencé de creuser notre tranchée quand le grand-père survint et nous intima l'ordre d’aller creuser ailleurs, dans un autre coin du jardin. Nous comprîmes pourquoi par la suite quand la Libération intervint. C’est là qu’il creusa à son tour et récupéra les bonnes bouteilles de vin du Clos-Vannier (près de la Dionnière) et du coteau du Vieux-Briollay que sa belle-mère, mon arrière-grand-mère Crochet, la mère Thérèse, lui avait demandé de cacher !

Des enfants blessés en faisant exploser les munitions qu’ils avaient trouvées et des adultes qui les ramassaient et les collectionnaient.

Les armes et les munitions oubliées n’étaient pas rares et les enfants étaient prévenus par les parents qu’il ne fallait pas y toucher.
Je ne sais plus comment un jour je découvris une baïonnette allemande, toujours est-il que, la sortant de son fourreau, je fis le geste de m’en servir comme d'une épée, mais me donnai un coup dans le plis du genou, sans gravité heureusement. Je ne revis plus jamais cette baïonette !
Il y eut des accidents plus graves avec des adolescents comme Georges Leblois qui frappèrent au marteau sur les amorces des munitions ou des adultes qui tentèrent de les ouvrir pour récupérer la poudre. Georges Leblois se blessa aux jambes. Le ramassage des munitions laissées par les Allemands fut une activité très pratiquée : Marcel Vincent, à la Raverie, avait ainsi décoré un mur de sa cave avec des guirlandes de balles de mitrailleuse et un stagiaire de mon père transportait les munitions dans son sac à dos et les mettait dans un trou au bout d’un champ en y mettant le feu. Nous, enfants assistions de loin à ce spectacle pyrotechnique particulier.
L’ancien terrain d’aviation allemand de la Grand-Rivière avait été abandonné après ses bombardements successifs et quantité de matériels et de munitions gisaient à la portée de tout un chacun. Il suffisait d’aller se servir ! Bernard Meslier raconte qu’avec d’autres gamins ils jouèrent beaucoup avec ces munitions.


Les mares, comme cachettes : des munitions jetées dans la mare de la Cacosserie, un casque allemand dans la mare des Grandes Nevauries

Je sais aussi par ouï-dire que des munitions auraient été enfouies après la guerre, dans l’ancienne mare de la Cacosserie, aujourd’hui remblayée.
Longtemps après la guerre, en approfondissant la mare des Grandes Nevauries, la pelleteuse sortit un casque allemand. Il fut sans doute jeté là pour faire disparaître toute trace d’un événement inconnu, peut-être dramatique, intervenu durant la guerre du côté de la Dionnière ou ailleurs ?


La « Voie de la Liberté » passe à Villevêque

On appelle ainsi l’itinéraire qu’a suivi la 3e Armée américaine du général Patton, de son point de débarquement en Normandie à Utah Beach (Ste-Mère-l’Eglise), le 6 juin 1944, jusqu’à Bastogne dans les Ardennes belges, soit 1 145 km. Cette voie qui commémore le souvenir de la Libération et symbolise l’extraordinaire « chevauchée » des blindés du général Patton, emprunte le territoire de la commune de Villevêque. Elle vient de Rennes, (libérée dans la nuit du du 3 au 4 août 1944,) via Angers (libérée le 10 août suivant) et se dirige vers le Mans, Chartres, (le 18 août), Fontainebleau, (le 23 août), Melun (le 25 août, Reims, (le 30 août), Nancy, (le 15 septembre), Metz, (19 novembre), Luxembourg…Ce fut dans les jours qui suivirent la libération d’Angers un incroyable et continu défilé de matériels, chars Sherman, camions de toutes sortes, command-cars, jeeps…
La Voie de la Liberté a été inaugurée à Fontainebleau le 18 septembre 1947 par le président de la République Vincent Auriol qui déclarait :
« Elle rappelera aux générations à venir la grande et ardente solidarité des nations libres et l’impérissable reconnaissance du peuple français envers ces jeunes et nobles fils d’Amérique qui, irrésistiblement, chassèrent de nos terres spoliées et mutilées la terreur et l’esclavage ».
L’initiative en revient à un commandant français Guy de la Vasselais, ancien chef de la mission française de la liaison tactique près du 2e Corps de la 3e Armée U S, qui fut maire de St-Symphorien (E et L), où passe la Voie de la Liberté et qui reçut la première borne provisoire en 1946.




Les prisonniers de guerre 1939-1945, à Villevêque

Il y eut de nombreux prisonniers de guerre à Villevêque en 1940. La captivité dura, pour la majorité d’entre eux, cinq longues années. Certains, plus chanceux, furent libérés presque aussitôt, d'autres revinrent avec la « relève » fin 1942 ou pour raison de santé, en tant que rapatrié sanitaire, mais ils ne furent guère nombreux.
Des jeunes travailleurs appartenant aux classes mobilisables, furent requis par le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire. Voir ci-dessus), qu’organisa le régime collaborationniste de Vichy. Considérés théoriquement comme travailleur libre, leur statut s’apparentait à une forme de captivité.
Durant leur captivité, les prisonniers ne furent pas oubliés.
Le Conseil municipal vote, lors de sa réunion du 16 juin 1941 une somme de 3 000 francs pour le Comité d'entr'aide aux prisonniers de guerre.
Des colis leur étaient envoyés par leurs familles grâce à des bons qui étaient fournis avec parcimonie et aussi par la municipalité et les Sociétés. Pour cela, non seulement des collectes étaient organisées, mais il y avait aussi des séances théâtrales et des battues de lapins faites avec furets et gaules. Car les lapins, qui n’étaient plus chassés, pullulaient; la chasse ayant été interdite et les nombreux tués étaient vendus aux enchères à l’occasion de ces séances.
Le Cercle St Pierre, qui comptait 13 prisonniers en ses rangs, collecta 520 francs en 1941 à leur intention.
Avec la pénétration des armées alliées en Allemagne, les prisonniers libérés des camps furent rapatriés progressivement. Les derniers à rentrer furent ceux des camps situés dans la zone libérée par l’armée soviétique.
Pendant plusieurs mois, les retours se succédèrent d’une manière échelonnée. En général, un télégramme annonçait le retour prochain de l’être cher et au jour fixé, un ou plusieurs membres de la famille ou des proches partaient à Angers en carriole le plus souvent, pour accueillir l’ex-prisonnier après des formalités jugées trop longues et la remise de quelques vêtements.
La population toute entière fêtait le dimanche suivant, le ou les nouveaux arrivés, en fin de matinée, après la grand’messe, à la mairie, où un vin d’honneur était servi à toute la population assemblée. La foule était heureuse mais il faut imaginer que parmi elle, il y avait des femmes, des parents des enfants dont le cœur se serrait car ils étaient sans nouvelle des leurs.
Les extraits ci-dessous du bulletin paroissial de l’époque, retracent ces retours :

« Ils commencent à revenir.
Ce sont les jeunes travailleurs-requis qui ont « ouvert le feu ». Ils sont rentrés cinq, à la mi-mars [1945] : Célestin Dupont, Auguste Greffier, Louis Malpeau, René Maillet et Marcel Vallier.
Le premier des prisonniers nous revenait le 21 mars : Louis Phocas , libéré par l‘avance américaine sur Bonn. Il y avait six ans, jour pour jour, qu’il était parti, rappelé en mars 1939 ; il avait rejoint l’Afrique du Nord et n’avait remis les pieds sur la terre de France qu’en juin 40, pour se faire capturer aux environs de Paris.
Le 16 avril, Edouard Drillot, un presque vétéran, aux cheveux grisonnants, retrouvait, avec quelle joie ! sa femme, ses enfants, ses bons parents et sa …ferme !
Avertie par une mystérieuse et pourtant compréhensible télépathie, Mme Maurice Verdillon était à tous les convois de libérés, depuis le 17 avril. Elle eut l’immense joie de ramener son mari, le 20, et de le rendre elle-même à ses deux fillettes et à ses bons vieux parents. Il avait battu tous les records, ne mettant que trois jours pour effectuer le trajet Wurzbourg (en Bavière) – Villevêque.
A ceux qui sont rentrés, nous disons notre joie…Et à celles qui attendent encore, nos vœux et notre confiance ! »
(Extrait du bulletin paroissial n° 3, mai 1945)

« Nos absents
Sur les 36 prisonniers qui étaient encore en captivité au mois de mars [1945], 32 nous sont revenus. Nous faisons des vœux pour que les quatre qui ne sont pas encore rentrés reviennent au plus vite. Nous prions tous les dimanches pour que les bateaux soient plus nombreux d’Odessa à Marseille ».
(Extrait du bulletin paroissial n° 5, août 1945).

« Nos prisonniers
Tous sont rentrés. Sachons nous réjouir avec eux et leurs familles et surtout remercier Dieu de nous les avoir ramenés ».
(Extrait du bulletin paroissial n° 10, octobre 1945).

« Le 14 octobre, journée nationale de prières, en action de grâce pour le retour de tous les absents : parmi les rapatriés, quelques communions le matin ; un plus grand nombre assista à la Grand’Messe ; tous auraient dû venir remercier le Bon Dieu de les avoir rendus à leur foyer et de les avoir ramenés, sains et saufs, au sein de leur famille.»
(Extrait du bulletin paroissial n° 11, novembre 1945).

Les prisonniers de guerre de Villevêque : combien étaient-ils ?

Un fichier de 61 noms, non daté mais établi en 1941, (en se basant sur l'âge des enfants), et conservé dans les Archives municipales, a permis de dresser le tableau ci-dessous. Certaines fiches portent au dos, inscrit au crayon, une date sans millésime. Il s'agit de leur libération, retour effectif à Villevêque Lorsqu'il y a deux dates, la seconde donne la limite de l'A.M.T. (Aide Médicale Gratuite Temporaire), instituée en 1945. La mention « libéré » figure quelque fois.
Un recensement des prisonniers avait été prescrit par une instruction du préfet J. Roussillon le 20 janvier 1941 et complété le 20 avril 1941.
Ce fichier ne mentionne pas le curé de l'époque, Raymond Coudray, car il dût rentrer avant l'établissement de celui-ci ?
Officier de réserve du service d’Etat-Major, M. l’abbé Coudray fut mobilisé dès le 3 septembre 1939, comme chef du 2ème Bureau, à l’Etat-Major de la 6ème Division Coloniale. Fait prisonnier le 23 juin 1940, M. l’abbé Coudray fut rapatrié, comme officier ancien combattant de 14-18, le 10 août 1941. Pendant ses deux ans d’absence, le service paroissial avait été assuré par M. l’abbé Emile Pasquier, professeur à l’externat St-Maurille.(cure).

Abbréviations : A; K = Arbeit Kommando, c'est-à-dire équipe de travail.

Nom Prénom
Lieu de naissanceDate de naissanceGrade et corpsDomicile avant guerreProfessionNombre d'enfants et âgePrisonnier au camp de:Matricule(date de retour éventuel)Auteur de la déclarationAsselineau
GeorgesNouan-le-
Fuselier
(L-et-Cher) 15/10/
1911Sapeur
Génie, Cie
construction n° 640
SP 6472Mazamet
(Tarn)Employé
de Chemin
de FerMarié
sans
enfant Stalag
I. A. 18.899
FZ

( 1/08/
1945)Asselineau
Madeleine
Villevêque
épouseBadin
AlphonseVillevêque 16/01/
1907271e R.I.
S P 157Angers
4 rue
St-EtienneJardinierNon marié
2 enfants
10 et 2 ans Stalag
III A
941 A 21.857MèreAubert
Roger LouisVillevêque 29/09/
1916Soldat 91e
R.I.21e Ba
Instruction
S P 5299VillevêquecultivateurNon marié
sans
enfant Stalag
III A
484 73.104

( 28/09/
1941)Mère
Aubert
HenrietteBaron
Victor
EugênePellouailles 9/01/
1919Formation
B
SPL14 743VillevêqueOuvrier
agricoleNon marié
sans
enfant Stalag
VI C 28.155 Mère
V e Dassé
VillevêqueBatteux
André
LouisLa Ferté-
Bernard 16/ 06/
1911Cannonier
16e Bat.
3e pièce
SP 13.653St-Sylvain
d'AnjouOuvrier
agricoleMarié
sans
enfant Stalag
XVII.B
C 1495 20.540
( 17/05/
1945)Epouse
Batteux
Madeleine
VillevêqueBaudoin
Robert
AugusteSeiches-
sur-le-Loir 29/09/
1912Soldat
90e R.I.
5e Cie
SP13.874Villevêque
aux
BouchetscultivateurMarié
2 enfants
2ans et
1 an Stalag
XVIII A
A 11.241 L 117.695

( 24/05/
1945)Epouse
Baudoin
Marie-LouiseBerson
PierreVillevêque 31/07/
1909Sapeur Cie radio
SP 159Paris XVIIe
10 rue
Paul BodinReprésen-tant de
commerceNon marié
sans
enfant Stalag
VIII C51024Mère
Ve Berson
Marie
VillevêqueBerthelot
CharlesAngers 14/05/
1907Lieutenant
160e RIF
SP 193Paris XIVe
118 Bd
BruneArchitecteMarié
I enfant
10 ans 1/2 Oflag
XVII1 11.b.
16.Ost1111Epouse
Berthelot
Denise
Villevêque
Place EgliseBodin
Fernand
GustaveAndard 15/12/
1905403e Rég.
Pionniers
2e Cie
SP 253VillevêquecultivateurMarié
2 enfants
9 et 2 ans
33280
rentré fin août 1943Epouse
Bodin
Marie-LouiseBodinier
Pierre
JeanAngers30/11/
1913Caporal
chef
32e R.I.
1ère Cie
SP 15 691VillevêquecultivateurMarié
sans enfantStalag
III C
14712228Epouse
Bodinier
Blanch VillevêqueBoisard
Eugêne
VictorVillevêque13/10/
190391e R Re
12e Cie
PoitiersVillevêquecultivateurMarié
2 enfants
10 et 9 ansStalag
IV D
F S 20310 394

(26/05/
1945)Epouse
Boisard
Yvonne
VillevêqueBoisard
Edouard
RaoulVillevêque16/10/
1904403e Rt
Pionniers
Ière Cie
1er Bat.
SP 203Villevêque
au
BrossaycultivateurMarié
1 enfant
1 anStalag
XVII B54 481

(25/05/
1945Epouse
Boisard
Georgette
VillevêqueBollée
Louis
AlbertAngers2/01/
1917
(A -P)2e classe
Etat-Major
½ brigade
SP 12 483VillevêqueOuvrier
agricoleNon marié Stalag
VII A
A K 70812346Béclard
Emile
VillevêqueBourigault
Lucien
HenriVillevêque28/06/
1918Soldat
121e Rt Art.Lourde
11e Bat.
SP 126VillevêqueJardinier
arboricul-teurNon mariéStalag
X C
A K R 40040 615

( 12/05/
1945)Mère
Ve Bourigault
Marie
VillevêqueChauvat
Georges
ThéophileSt-Jean
de la Croix16/01/
19136e Génie
caserne
Eblé
AngersVillevêquecultivateurMarié
1 enfant
10 moisCamp
d'Auvours
(Sarthe)11 209
(en congé illimité)L ui-mêmeChouteau
LouisBeaufort-
en-Vallée4/07/
1901Soldat
609e Rt
Pionniers
(Etat-Major)VillevêqueOuvrier
agricoleMarié
2 enfants
9 et 3 ansStalag
VI J
A K 515V I B
11 587Epouse
Chouteau
Céline
VillevêqueDelavigne
Pierre
RenéVillevêque26/05/
1913Soldat
1er Rt
Hussards
E H R
SP 6941VillevêquecultivateurMarié
3 enfants
4,3,1 anStalag
II D
52957 019
(
15/12/
1942Epouse
Delavigne
BerthildeDelérable
EugêneVillevêque12/01/
1903374 R A
AVF
16e Bie
SP 9837Villevêquecultivateur Non mariéStalag
IX C
kommando
525 B5844Soeur
Delérable
Eugénie
VillevêqueDrillot
EdouardVillevêque 4/
07/
1905Soldat
330 RDI
Sion de
Comman-dementVillevêquecultivateurMarié
2 enfants
4 et 2 ansStalag
VI C
2e Cie21 712
( 16 avril
1945)Epouse
Drillot
VillevêqueDrouard
Marcel
GérardGrand-court
(Somme)23/
05/
1914Soldat
400e 1er
groupe
2e Batterie
DCA
SP 9371St-Sylvain
d'AnjoucultivateurMarié
sans enfantStalag
XIII A
Arb.
Komman-do

95 608

(20/05
1945)Epouse
Drouard
Gabrielle
VillevêqueDrouault
Francis
Robert
EugêneVillevêque30/
07/
190911e RDP
3 e escadron
PC
SP 17 543VillevêqueboulangerMarié
1 enfant
18 moisStalag
VIII.A
Kdo
nr 23622 725

(5 juin
1945)Epouse
Drouault
Germaine
VillevêqueDrouault
André
FrancisVillevêque3/
03/
191719e RAD
5e batterie
SP 13 510VillevêquecultivateurNon mariéStalag
VI G3110Mère
Fe Drouault
Pierre
VillevêqueEliès
Lucien
HenriPellouail-les-les-
Vignes24/
01/
1915Soldat
8e Bat.de
Chars
2e Cie
SP 140Villevêque
à
la GrillecultivateurNon mariéStalag
VIII C
388 KAO20 627


(23 mai
1945)Mère
Ve Eliès
Augustine
VillevêqueFournier
Georges
Louis
Henri Soucelles21/
11/
1914Cannonier
220 Rt
AL-BHR
SP 15 087Villevêquecantonnier
communalMarié
i enfant
19 moisStalag
IX A
kommando
131557 659

(3 mai
1945)Epouse
Fournier
Henriette
VillevêqueGautret
MauriceVillevêque2/
07/
191871e Cie
radio
SP 13.479Villevêque
aux
Bouvette-riescultivateurNon mariéStalag
XII B
kommando
1701 B840

(29 avril
1945)Père
Gautret
Henri
VillevêqueGillet
AugusteJarzé18/
04/
19106e Génie
S P inconnu de la mèreVillevêqueOuvrier
agricole Non mariéStalag
XVIII A
23 G.W.110520Mère
Mme Lepot
Augustine
VillevêqueHoudebine
Marcel
FrançoisVillevêque7/12/
1906Groupe
144/9
832e Cie
élément 5 B
SP 5619Villevêque
au
PouillouOuvrier
agricole Non mariéOflag
XVIII A72 473

(13 mai
1945)Père
Houdebi-ne
François
VillevêqueJacquelin
GastonVillevêque4/11/
1907Soldat
413e R.I.
7e Cie
4e Sect.
SP 353VillevêquecultivateurNon mariéStalag
III A
575 C56936Mère
Jacquelin
Josephine
VillevêqueJégue
Auguste
VictorVillevêque17/
05/
1917Soldat16e
Chasseurs
24 Cie ½
Brig.de Cdt SEM
SP 19VillevêqueOuvrier
agricole Non mariéStalag
IX C
Arb.
kommando – Nr 710
3727

(28 avril
1945)Mère
Mme
Allory
Marie
VillevêqueJoulain
Pierre
VictorPellouail-les les
Vignes31/
01/
19163e groupe
8e Batterie
SP 15 008VillevêquecultivateurNon mariéStalag
XII A
ko 1737 19 123

(6 mai
1945)Père
Joulain
Pierre
VillevêqueJoulain
Eugêne
PierrePellouail-les les
Vignes19/
07/
1914Soldat
225 RADA
18e Brig.
SP 210VillevêquecultivateurNon mariéStalag
I B38093Père
Joulain
Pierre
VillevêqueLambert
EdmondCroisilles
(Orne)4/
01/
1909Brigadier
Chef 1er
Chasseurs
à chevalParis XIXe
55 rue
Petit LaitierMarié
1 enfant
7 ansStalag
XIII B
ARB. Ko 53 903
(22 mai
1945)
Epouse
Lambert
Germaine
VillevêqueLamisse
EmileTrélazé6/
04/
1901444e Rt de
Pionniers
3e Bat.
12e Cie
SP 5973Villevêque cultivateurMarié
1 enfant
8 ansStalag
XVIII A
G.W.
A. K. 41682 431
(libéré
15/06/
1943)Epouse
Lamisse
Juliette
VillevêqueLebreton
Clément
FrancisSarrigné13/
11/
1912Soldat
77e R.I.
7e Cie
SP 13 151VillevêquecultivateurMarié
2 enfants
19 et 7 moidStalag
IV F32 366

(27 avril
1945)Epouse
Lebreton
Paulette
VillevêqueLe Potvin
Henri Angers2/02/
191514e Rt
Tirailleurs
Algériens
CA 3
SP 15 045VillevêquecultivzateurMarié
sans enfantStalag
IV C6978

(21 mai-
1945)Epouse
Le Potvin
Fernande
Villevêque
Leré
PaulVillevêque20/
12/
191446e R. I.
Ct CA 1
SP 58Villevêque
au HutreaucultivateurNon mariéStalag
IV D
13e 8276. 587
(16 mai
1945)Père
Leré
LouisMagnier
Amand
AlbertParis Ve8/
04/
1911Soldat
154e R.I.
Forteresse
6 C M formation
BParis
251 rue
Marcadet
18eMosaïsteMarié
1 enfant
5 ansStalag
XIII C
421292022Epouse
Magnier
Hélène
VillevêqueLe Tanter
FrançoisNantes17/
10/
1902SoldatVillevêqueNon mariéStalag
I A8692
F ZLe Tanter
VillevêqueLoiseau
Louis
CharlesCorzé1er:
07/
1904403e Rt de
Pionniers
1ere Cie
4e Sect.
SP 253VillevêquecultivateurMarié
2 enfants
9 et 1 ansStalag
III A
79562377
libéré
3/
02/
1943Epouse
Marie-Louise
VillevêqueMonnier
René
MauriceVillevêque13/
01/
1915Soldat
69e Bat.
Chasseurs à pied 3e Cie
SP 12 258VillevêqueOuvrier
agricole Non mariéStalag
IV D
Arb.
kommando
Nr 716
4332

(décédé)Mère
Monnier
Marie
VillevêqueMorchoine
Charles
GeorgesLa Flèche
(Sarthe)8/
12/
1910Soldat
317e R.I.
C H RVillevêque
aux
Gds-Boiscultivateur
fermierMarié
1 enfant
2 ans 1/2Stalag
VII A
kommando
89933841

(25 mai
1945)Epouse
Morchoine
Renée
VillevêqueMorel
Alphonse
FortunéVergonnes
(M.-et-L.)31/
05/
1908Soldat
26e R.I.
CMS Comp.CA2
SP 72BriollayEmployé
Chemin de
Fer Marié
3 enfants
6, 2 et
4 moisSt-Lô-
Bellevue
en congé
illimité116Lui-mêmeNail
Joseph Daumeray26/
03/
1916Sergent
21e R.I.C.
1ère Cie
SP 166VillevêqueOuvrier
agricole Non mariéStalag
V B13342Père
Nail
Joseph
VillevêqueOgier
Maurice
Léon Jacques
Joseph Bomy
(Pas-de-Calais)6/
03/
1908Adjudant
1er Hussards
4e escadron
SP 6941Angers
23 rue
Quatrebar-besMilitaire de
carrièreMarié
1 enfant
4ansStalag
II D
529
57018
avril
1943Epouse
Ogier
M-T
Villevêque
(La Gde-Maison)Perdreau
AlbertVillevêque5/
03/
19153e Cie 1ère Sect.
C J D 41
SP 151VillevêquemanoeuvreNon mariéStalag
V. B.. 15 294
18
mai
1945Père
Perdreau
Emile
VillevêquePerdreau
Henri Marcé7/
07/
1912Soldat
77e R.I.
10e Cie
3e Bat.
SP 13 551Villevêque
à
la LoireOuvrier
agricole Non mariéStalag
XI.B.
KO-O 1036100 499

(18 mai
1945)Soeur
Mme
Drillot
Marie
VillevêquePerdreau
EugêneBriollay17/
19/
191352e BAD
CB 3e groupe
SP 90VillevêqueOuvrier
agricole Non mariéStalag
XII.A
SD.376

(18 mai 1945)Père
Perdreau
Emile
VillevêquePhocas
Louis
JosephVillevêque15/
02/
19154e Zouaves
6e Cie
SP 512VillevêquecultivateurNon mariéStalag
VI.G
Arb. Ko
51125 732

(21 mars
1945)Mère
Phocas
Georgette
VillevêquePriou
Pierre
Louis Villevêque27/
07/
191455e Bat.
Mitrailleu-ses motorisées
1ère Cie
SP 5184SoucellesOuvrier
agricole Non mariéStalag
V.A
F 211657

(19 mai 1945)Beau-père
Chopin
Odile
VillevêqueRepussard
Marcel
EdmondVillevêque23/
04/
1909609e Rt
Pionniers
(musique)
SP 226VillevêquecultivateursMarié
2 enfants
6 et 1 anCamp
d'Auvours
en congé
illimité896Lui-mêmeRiché
Henri
Louis
Villevêque26/
08/
190591e R.R.
9e Cie DP
à AngersVillevêquecultivateurMarié
3 enfants
16,14 et
9ansStalag
XVIII
510 L11 050

(17 juin 1945)Epouse
Riché
Albertine
VillevêqueRiché
Albert
MarcelVillevêque31/
10/
1912Soldat
5e C.R.
5e groupe
SP 15 087GennesOuvrier
agricole Marié
2 enfants
2 et 1 anStalag
IX.A
kommando
81629 645

(26 mai 1945)Epouse
Riché
Marie -LouiseRigaudeau
Louis et/
ou MarieSt-Michel-
Mont-
Mercure (Vendée)27/
01/
1901Soldat
413e Rt
Pionniers
2e Bat.
7e Cie
SP 253Villevêque
La MétairiecultivateurNon mariéStalag
III.A
577 F57 612

(13 juin 1945)Mère
Ve Rigaudeau
Marie
VillevêqueRouault
Eugêne
AlphonseVillevêque22/
09/
1906Caporal
413e Rt
Pionniers
4e Cie
1ère Sect.
SP 253Villevêque
à
ReugniercultivateurNon mariéStalag
III.
A K-60856 464

(16 juin
1945)Mère
Rouault
Perrette
VillevêqueRousseau
Francis
Henri
Jules
MarieCorzé15/
07/
191396e GRDI
Etat-Major
SP 12 376Villevêque
Les Bouchets
Journalier
agricoleMarié
1 enfant
2 ansStalag
I .BFZ
59 304

(23 août
1945)Epouse
Rousseau
Renée
VillevêqueSallais
René
FrançoisVillevêque6/
05/
1908609e Rt
Pionniers
2e Cie
SP 226VillevêquecultivateurMarié
2enfants
5 et 4 ansCamp d'Auvours
en congé
illimité7229Lui-mêmeSchoen
Daniel
JacquesParis28/
01/
1915Lieutenant
37e R.I.F.Stras-bourg
11 place de
Bordeaux
assurancesNon mariéOfflag
XVII.AJ 588

(20 mai
1945)Père
Schoen
Daniel
VillevêqueSoyer
Georges
AlexisCorzé17/
07/
1909Soldat
114e B A
3e C E
PierrefitteVillevêque
à
FrémoulincultivateurMarié
2 enfants
6 et 4 ansStalag
XI.A
A 464. I2754

(9 mai
1945)Epouse
Soyer
Marie-Louise
VillevêqueSupiot
Maurice
Albert Cholet20/
02/
1904Soldat
403e Rt
Pionniers
4e Cie
SP 203Villevêque
à
la ClocheOuvrier
d'usineMarié
1 enfant
4 ansStalag
3.A
808 c62 203

(25 mai
1945)Epouse
Supiot
Yvonne
VillevêqueVerdillon
Maurice
Villevêque25/
09/
1903Soldat 2
cannonier
141e RAL
Etat-MajorVillevêque
au
CoudraycultivateurMarié
2 enfants
10 et 4 ansStalag
XIII.C
473172 446

(20 avril
1945)Epouse
Verfillon
Berthe VillevêqueVincent
Maurice
Eugêne
ClémentTiercé31/
07/
1907Soldat
219e RAD
16e Bie
SP 13 512VillevêquecultivateurMarié 1 enfant
15 moisStalag II.D
poste n°
223028791

(23 juillet
1945)Epouse
Vincent
Jeanne
Villevêque

Un prisonnier René Monnier, est décédé, par suite de maladie, à Paris, après avoir été rapatrié. Les premiers revenus de captivité, au nombre de 3, sont rentrés du camp d'Auvours près du Mans, et furent mis en congé illimité dès 1940, un est rentré en septembre 1941, un autre en décembre 1942, deux en 1943, les autres en 1945, le premier en mars et le dernier le 23 août. La majorité est rentrée en mai/juin mais pour 26 d'entre eux la date n'est pas précisée.
Dans le brouillon de réponse de la commune à l' « Enquête sur l'histoire de l'Occupation et de la Libération dans le département de M.et L 1940-1945 », il n'est fait état que de 57 prisonniers, (52 en Allemagne et 5 en France) alors que le fichier communal comporte 61 fiches et qu'une liste établie pour l'Assistance Médicale Temporaire comporte encore un plus grand nombre de noms. Les prisonniers dont la femme et les enfants étaient réfugiés à Villevêque, ne semblent pas tous avoir été comptés.
La même réponse précise que 11 prisonniers sont rentrés entre 1940 et 1945, que le décédé est mort sur le chemin du retour, à l'hopital, à Paris et qu’un prisonnier n'est pas rentré de captivité.
Une lettre du contrôleur Départemental du Service de Recensement des Prisonniers de Guerre, en date du 17 avril 1942 fait remarquer qu'un écart en moins de 9 prisonniers ressort entre les fiches adressées et le nombre déclaré à la préfecture en 1941 mais ces nombres ne sont pas précisés. Il faudra consulter les Archives départementales pour y voir peut-être plus clair.
Un courrier du chef du service de recensement des prisonniers de guerre, en date du 12 octobre 1942 déclare que celui est terminé. Un fichier central est créé à Paris et un fichier départemental est disponible à la Maison du Prisonnier de chaque département.
1943, le 5 mai : une lettre du maire de Denée, président du comité d'entr'aide aux prisonniers de la commune, informe le maire de Villevêque que ce comité a adopté un prisonnier sans famille depuis le 1er janvier 1943, selon le désir exprimé par le comité central. Il s'agit de Marcel Dufour, de Villevêque, matricule 90.278 A 104 Stalag XVIII ; or 2 colis et une lettre lui ont été envoyés sans nouvelle en retour. Une lettre de la délégation déparementale du M et L Comité Central d'Assistance aux Prisonniers de Guerre, en date du 22 décembre 1942 précise que celui-ci était au moment de la mobilisation employé de culture chez M. Huet Marcel ferme de Guerde, [le Guerdier], à Villevêque. Ce prisonnier n'apparait sur aucune autre liste.
Une liste de noms a été établie pour la mise en place de l'Aide Médicale Temporaire. Elle comporte 60 noms, dont les déportés S.T.O. maiselleexclut les prisonniers rentrés avant 1945.
Il s'y ajoute :
Chauvel Marcel, ;;;;;;;;;;;;rentré le 16 mai 1945
Bruneau Désré .............. «  le 9 avril « 
Collin Marcel .............. «  le 7 mai «  
Tranchant Edmond............ «  le 20 mai « 
Roucille Francis ................... » le 1er mai « 
Baud Nicolas .............. «  le 30 avril « 
Mouchet Edouard ............ «  le 24 juin « 
Piron Louis ............................ » le 6 juin « 
Percher Henri......................... » le 5 mai « 
Legrand Robert................... » le 24 juin « 
Priou Pierre............................ » le 19 mai « 
Clément Raymond................. » le 16 mai « 
Martin Georges
Boisard Victor
Grolleau Auguste
Castillan Joséphine décédée le 11 novembre 1944 
Lacote Robert.................. .rentré le 16 août 1945

A ajouter:
Dufour Marcel (voir ci-dessus)

Un certificat du 7 juillet 1945, émanant du Ministère des Prisonniers et Déportés Rapatriés déclare que Joulain a été déporté politique, sans plus de précision, quant au prénom. (A M)

Une personne originaire de Villevêque, entrée dans la Résistance dans la région parisienne, Adrienne Repussard, a été  déportée en Allemagne, ainsi que son fils de 16 ans et avec une amie prénommée Angèle, qui est morte en déportation. C'est elle qui, à son retour a annoncé la mort de celle-ci à son mari., qui avait fait partie des brigades internationales. Par la suite ils se sont mariés; Tous ces personnages sont maintenant décédés (2004) mais mon informatrice Mme Régine Samson, de Corzé, connait leur famille.(communication orale).

La confrontation de ces différentes listes dressées à des dates différentes montre que des lacunes subsistent. Des personnes recensées en 1941 n'étaient que de passage et sont parties ailleurs, à leur retour en 1945, par exemple Louis Chouteau; François Le Tanter, de Nantes; ou Charles Berthelot, de Paris. D'autres n'étaient pas à Villevêque en 1941 mais ils y sont venus en 1945 rejoindre leur famille, par exemple Robert Legrand, de Paris, dont la famille, composée de deux enfants et de leur mère, séjournait à la Raverie; Daniel Schoen de Strasbourg, dont les parents étaient au château; Edmond Lambert, de Paris, dont la famille était à la Laiterie; Marcel Chauvel; Nicolas Baud; Auguste Grolleau...


La création de l'association des anciens prisonniers de guerre, section de Villevêque

Louis Loiseau, du Chêne-Vert a rédigé, en tant que président, sur un cahier d’écolier, les débuts de la section des anciens prisonniers de guerre de Villevêque, dressé leur liste, évoqué un différend avec le nouveau maire Hamard, à propos des frais de réception des prisonniers et décrit le fonctionnement du commando de Villevêque des prisonniers de l’Axe (n° 116).
Ce cahier, dont j’ai extrait littéralement ce qui suit , est conservé précieusement par son fils Rolland, président de la section des Anciens combattants de Villevêque, que je remercie pour ce prêt.

1945, le 9 septembre : création de la « sous-section de Villevêque de l’Association des prisonniers de guerre de Maine-et-Loire ».
(5 rue St-Blaise Angers. Président J. Millot).

Président :…………………...Louis Loiseau
Vice-président :……………..Edouard Drillot
Trésorier : …………………..Pierre Delavigne
Secrétaire :…………………..Eugêne Rouault
Secrétaire-adjoint :………….Maurice Verdillon
Délégué :……………………Louis Loiseau
Président d’honneur : …… .Capitaine Raymond Coudray, curé de Villevêque

« Le neuf septembre mil neuf cent quarante cinq, eut lieu à la mairie de Villevêque, à 16 heures, une réunion à laquelle était convoquée tous les prisonniers rapatriés de la commune, ainsi que les membres du comité d’entr’aide.
Monsieur l’abbé Raymond Coudray ouvrit la séance, comme président du comité d’entr’aide, expliqua le fonctionnement et l’activité du comité sur la question de l’envoi des colis aux prisonniers, pendant la durée de la captivité. Il rend hommage aux messieurs et aux dames du comité qui l’ont secondé avec tant de dévouement et annonce, que les prisonniers étant maintenant rentrés, le comité d’entr’aide n’a plus de raison d’exister.
Monsieur Laloy, trésorier, donne des détails sur la situation de la caisse et déclare remettre le tout au trésorier de la section locale de l’association des prisonniers qui doit être élu ensuite.
Monsieur Louis Loiseau, délégué, se fait l’interprête de tous ses camarades rapatriés pour remercier les messieurs et dames du comité et fait ensuite procéder au vote du bureau qui doit être formé.
Dix huit rapatriés seulement sur trente sept sont présents. Quelques uns se sont fait excuser. Le bureau est composé de cinq membres. Le résultat est le suivant 
18 prisonniers assistent à la réunion ce qui fait 18 votants.
7 seulement ont déjà adhéré à l’association, les bulletins manquant, de nouvelles adhésions n’ont pu être faites, mais les présents ont déclaré vouloir adhérer.
Nombre de suffrages exprimés : 18.
Elus : - Président d’honneur à l’unanimité Monsieur l’abbé Raymond Coudray, capitaine de réserve
- Président délégué : Monsieur Louis Loiseau, délégué sortant, 12 voix
Vice-président : Mr Edouard Drillot, 11 voix
Trésorier : Mr Pierre Delavigne, 12 voix
Secrétaire : Mr Eugêne Rouault, 11 voix
Secrétaire-adjoint : Mr Maurice Verdillon, 10 voix
Monsieur Maurice Derouin, qui avait obtenu onze voix se récuse en faisant observer qu’il ne peut prétendre au titre de rapatrié ayant été en captivité, seulement en France.
Plusieurs questions sont discutées, notamment la préparation d’un banquet du retour.
Une nouvelle réunion est projetée pour la réalisation de ce banquet.
Suivent les signatures du président, du secrétaire et du trésorier.

1945, le 15 septembre : Procès-Verbal de la réunion
« Le samedi quinze septembre mil neuf cent quarante cinq, à neuf heures du soir, a eu lieu une réunion à la salle des Tonnelles, café des Quais à Villevêque, dans le but de complèter la réunion du dianche précédent neuf septembre et aussi pour organiser un banquet ».
Le secrétaire fait l’appel. Etaient présents :
Louis Loiseau
Edouard Drillot
Georges Fournier
Auguste Jégüe
Georges Soyer
André Batteux
Marcel Drouard
Edmond Lambert
Maurice Supiot
Louis Rigaudeau
Henri Riché
Francis Rousseau
Pierre Delavigne
Fernand Bodin
Maurice Verdillon
Clément Lebreton
Maurice Gautier
Marcel Chauvel
Charles Morchoisne
Henri Lepoitevin
Raoul Boisard
Francis Drouault
Eugêne Rouault
Maurice Vincent
Total : 25
Monsieur Loiseau président ouvre la séance. Il lit une note arrivée du centre d’Angers dans le courant de la semaine, ensuite Mr Pierre Delavigne donne connaissance des statuts.
Monsieur Eugêne Hamard, maire de Villevêque demande à s’expliquer sur certains malentendus. Sa demande est acceptée par le bureau.


Liste des prisonniers

Louis Bédanne, la Bataillère
Maurice Derouin, l’Oblairie
Eugène Joulain, le Tertre
Capitaine Raymond Coudray, curé
Joseph Nail
Roger Aubert, Craon
Eugène Delérable
Pierre Delavigne, la Raverie
Victor Baron
Auguste Gillet
Maurice Ogier
André Drouault
Louis Loiseau, le Chêne-Vert
Pierre Berson
Louis Chouteau
Emile Lamion, la Mortonnière
Fernand Bodin, la Binottière
Marcel Beury, chez Villechien, Grez-Neuville
Melle Schoen
Louis Bollée, hôpital de Vannes
Maurice Monnier, décédé à Paris
Louis Phocas, Malièvre
Edouard Drillot, la Loire
Maurice Verdillon, le Coudray
Paul Lamotte, les Lilas
Georges Sigogne, La Vieille-Cour
Clément Lebreton, la Joussinière
Auguste Jégüe, la Buchetière
Maurice Gautier, les Bouvetteries
Georges Fournier, les Varennes
Pierre Joulain
Georges Soyer, Frémoulin
Henri Perdreau, la Loire
Marcel Houdebine
Gaston Jacquelin
Lucien Bourrigault, le Bourg
Paul Leray
André Batteux
Marcel Chauvel, la Place
Charles Morchoisne, le Grand-Bois
Albert Perdreau
Eugène Perdreau, l’Epinay
Marcel Drouard
Pierre Bodinier
Louis Eliès, Blitourne
Robert Baudoin, les Bouchets
Francis Berthelot
Henri Lepoitevin, la Cocasserie
Albert Riché
Edmond Lambert, la laiterie
Lieutenant Schoen
Raoul Boisard, le Brossay
Maurice Supiot, la Cloche
Eugêne Boisard, l’Hôpiteau
Francis Drouault
Louis Rigaudeau, la Métairie
Eugêne Rouault, Reugnier
Henri Riché, le Hutreau
Maurice Vincent, l’Oblairie
Georges Asselineau, la Cosse
Francis Rousseau, les Bouchetrs

Quelques biographies de prisonniers trouvées dans les notes de Louis Loiseau
(en complément du tableau ci-dessus)

Louis Loiseau
Président délégué de la sous-section de Villevêque
Capturé le 22 juin 1940
Prisonnier au stalag III A, matricule 62377
Libéré le 6 février 1943

Fernand Bodin
Né le 15 décembre 1905 à Andard
Capturé le 22 juin 1940 à Dolcourt (Meurthe et Moselle)
Prisonnier au stalag III B, matricule 35280
Libéré le 8 octobre 1943

Louis Bédanne
Né le 3 mars 1913 à Villevêque
Capturé le 17 mai 1940, à Valcoud, [Valcourt, Hte Marne ?]
Prisonnier au stalag III E (ou B ?) matricule 728
Libéré le 1er avril 1941, ( blessé)

Pierre Delavigne
Né le 26 mai 1913, à Villevêque
Capturé le 24 juin 1940, à Thorey-Lyauté (Meurthe et Moselle)
Prisonnier au stalag II D matricule 57019
Libéré le 20 décembre 1942, (relève)

Maurice Derouin
Né le 12 décembre 1912, à Villevêque
Capturé le 27 juin 1940 à Chailland (Mayenne)
Prisonnier au stalag 201, à Alençon
Libéré le 9 décembre 1940, (évadé)

Eugène Joulain
Né le 19 juillet 1916, à Pellouailles
Capturé le 4 juin 1940, à Dunkerque
Prisonnier au stalag I B matricule 38093
Libéré le 25 juin 1941 (soutien de famille)

Raymond Coudray
Né le 11 janvier 1798, au May-sur-Evre
Capturé le 23 juin 1940, à Vandelaville [Vandelanville Meurthe et moselle]
Prisonnier à l’Oflag XIII A, à Nüremberg, matricule 1855
Libéré le 10 août 1941, (Ancien Combattant 1914-18)

Emile Lamisse, à la Mortonière
Né le 6 avril 1901, à Trélazé
Capturé le 21 juin 1940 dans les Vosges
Prisonnier au stalag XVIII A, à Karten Wesberg matricule 82431
Libéré le 13 juin 1943 (relève)

Roger Aubert
Né le 29 septembre 1916, à Villevêque
Capturé le 9 juin 1940, à Soinne
Prisonnier au stalag III A, matricule 73104
Libéré le 26 septembre 1941 (malade)

Georges Soyer
Né le 17 juillet 1909, à Corzé
Capturé le 22 juin 1940 à Loches (Indre)
Prisonnier au stalag II A, matricule 2754
Libéré le 4 mai 1945

Maurice Verdillon, au Coudray
N é le 25 septembre 1903, à Villevêque
Capturé le 22 juin 1940,
Prisonnier au stalag XIII C matricule 72446
Libéré le 10 avril 1945

Situation de Mahé Alfred
A Brandeburg, à l’hôpital
Un an de 1940 à 1941, kommando 771 A
1 500 hommes qui travaillaient, 5 ou 600 à Arradr à la maçonnerie
Deux mois à l’hôpital : rhumatismes et arthrite suites de blessures au genou et au bras droit ; il s’en sentait à Gölsdorf en 1942.



Résumé des relations Loiseau-Hamard à propos de l'accueil des prisonniers rapatriés et mesquinerie de la préfecture

Louis Loiseau, qui était le délégué des prisonniers de guerre, a laissé dans ses papiers de famille une note sur ses relations difficiles avec le nouveau maire en 1945, à propos de la réception des prisonniers rapatriés. On sent à la lecture qu’il en avait gros sur le cœur, ne serait-ce que pour avoir pris le temps de consigner par écrit ces moments difficiles, dont peu de gens durent avoir connaissance, dans la liesse générale des retours des prisonniers. On s’étonne que pareille mesquinerie ait pu exister, de la part des autorités de tutelle, que le nouveau maire suivit un peu trop à la lettre.
Voici ce récit :

« Sitôt après les élections municipales de mai 1945 , Monsieur Hamard Eugêne est élu maire, un jeudi soir, je crois. Le lendemain vendredi Maurice Derouin vient me trouver en me disant, qu’il venait de la part du Maire m’avertir que la réception de prisonniers projetée pour le dimanche suivant était repoussée à une date ultérieure. Je lui répondis que pour moi il me semblait impossible de ne pas faire cette réception, alors que déjà sept prisonniers et une déportée [Melle Claude Schoen] étaient invités à cette réception et qu’il me semblait que ce serait une grosse maladresse d’aller les prévenir qu’il n’y aurait pas de réception et qu’à mon avis le comité et les anciens prisonniers allaient être obligés de faire cette réception à leurs frais ou bien aux frais du comité si la municipalité ne veut plus payer comme le faisait l’ancienne.
Le lendemain après avoir pris contact avec le bureau du comité, je préviens Maurice Derouin que la réception prévue aura lieu. Car c’était bien le délégué, d’accord avec le comité et la municipalité du moment qui avions débuté ces réceptions et nous entendions les continuer jusqu’au dernier rapatrié.
M. Derouin me demande d’aller trouver le maire. Je lui réponds que c’est lui qui a mission de liaison, qu’il est adjoint, que c’est à lui de s’arranger de cette affaire s’il le croit utile ; que pour moi, je ne suis pas qualifié pour faire pression sur la municipalité.
M. Derouin me supplie de prévenir au moins M. le Maire. Je décide de lui envoyer quelques lignes par le garde-champêtre. M. Derouin me dit : le Maire va être obligé de s’exécuter pour cette fois mais qu’il se vengerait. Je lui répondis que j’en avais vu de plus méchant mais que je faisais mon devoir de délégué prisonnier.
La réunion eut lieu le dimanche suivant à la mairie, avec M. le Maire et M. le Curé Président du Comité. A l’issue, M. le Maire me remit une lettre en assez mauvais français pour me dire qu’il ignorait l’existence de la réception qu’il avait supprimée. Ensuit il essayait de me donner une leçon à propos des souffrances et séparations causées par la guerre. Alors qu’il n’était guère qualifié pour parler de cela, étant resté tranquillement chez lui pendant que j’étais au front et ensuite 32 mois en captivité me permettaient de ne pas avoir à recevoir de leçon de civisme de la part de quelqu’un qui n’avait pas partagé nos épreuves.
Suivent les noms des rapatriés convoqués pour la réception du 27 mai 1945 :
Eliès
Bodinier
Riché A.
Boisard R.
Boisard E.
Lambert
Lieutenant Schoen
Mademoiselle Schoen
D’autres réceptions eurent lieu les mois suivants, qui se passèrent très bien.
Lors de l’arrivée de Maurice Vincent, j’envisageai une réception vers la fin juillet, toujours d’accord avec le Comité devaient être convoqués :
Vincent
Riché H.
Supiot
Asselineau.
J’en fis part au Maire par l’intermédiaire de M. A. Gaignard [le secrétaire de mairie], qui me dit qu’une réception était impossible pour le dimanche suivant, M. le Maire ayant un autre engagement et la Préfecture ayant trouvé les dépenses du chapitre fêtes et réceptions un peu trop élevées, la municipalité se verrait dans l’obligation de ne plus faire de réception.
Je suis allé trouvé M. Hamard et lui ai demandé de faire encore au moins une réception puisque c’était presque les derniers rapatriés ? Qu’en tous cas ces rapatriés étaient les derniers vraiment de Villevêque, et qu’il serait certes trouvé anormal qu’ils ne soient pas traités comme les autres. Quant aux crédits, j’assurai M. le Maire que s’il le fallait, le Comité ayant encore de l’argent en caisse pourrait prendre les frais à sa charge, ce qui fut convenu, mais pour huit jours plus tard, c’est-à-dire je crois, le cinq août, le coût de cette réception fut de huit cent francs.
Plus tard, arriva M. Rousseau Francis. Pour éviter des démarches laborieuses et des frais au Comité, il fut reçu dans l’intimité à la société des Noyers, après avoir expliqué à M. Baudoin que d’après les ordres reçus de la Préfecture, la municipalité ne pouvait plus offrir de vin d’honneur.
Lors de ma dernière visite à M. Hamard, je lui parlai aussi, de la question des transports de prisonniers effectués par M. Rontard et que l’ancienne municipalité s’était engagée à payer.
M. Hamard me répondit qu’en réclamant trop facilement à la municipalité qu’on aurait vite la fin du budget communal si on y allait de ce train ; que d’ailleurs il ignorait avoir à payer ces transports et que le Comité aurait pu les prendre en charge. Je promis à M. Hamard d’en parler au Comité. Ce qui fut fait à la réunion du 9 septembre, à l’occasion de la dissolution du Comité d’entr’aide.
Signé L. Loiseau »

(source famille Rolland Loiseau) Les morts pour la France : Guerre 1939-1945, à Villevêque

- 1941 Fouqueron Emile

Emile Pierre Eugène Fouqueron était soldat de 2e classe à l'Hôpital Vétérinaire d'Armée n° 4. Il est décédé le 9 avril 1940 à l'hôpital militaire Sédillot, à Nancy (M. et M. ) et le maire en a été avisé le 20 avril suivant en le priant de prévenir la famille Fouqueron.

- 1942, le 18 décembre : Veau Raymond, déporté S.T.O.

Charles Auguste Raymond Veau était né à Pellouailles-les-Vignes le 31 décembre 1907.
Il est décédé le 18 décembre 1942 à Ergste (Allemagne)
Le maire est avisé de son décès par un courrier du Service Central de l'Etat-Civil n° 24 813 en date du 19 octobre 1946, avec la mention suivante « Il sera statué ultérieurement en ce qui concerne la mention Mort pour la France ».

- 1944 Monnier Maurice 69e B.C.P.

Monnier René Maurice était né à Villevêque le 13 janvier 1915.
IL était soldat de 2e classe au 69e B.C.P. (Bataillon de Chasseurs à Pied), 3e Compagnie Secteur Postal 12 258; Matricule 1 388. Il habitait Villevêque à la mobilisation, en 1939, et était célibataire.
Il fut emmené prisonnier en Allemagne, dans le Stalag IV. D Arbeit Kommando nr 716, portant le matricule 4 332.
Son décès est survenu le 4 juin 1944, à l'hôpital militaire Foch, à Paris XIIIe. Il avait été rapatrié d'Allemagne pour maladie et hospitalisé le 8 février 1944 selon un certification d'hospitalisation du 20 décembre 1944, n° 1 808 du registre des entrées.
La Mairie n'a été avisée de son décès, avec la mention « Mort pour la France », que le 4 novembre 1944, la famille n'ayant été prévenue, selon une annotation marginale manuscrite que le 12 novembre suivant. Ces retards dans les transmissions sont imputables aux événements qui se déroulaient à ce moment là, le débarquement en Normandie, les bombardements et les communications interrompues etc...
Déjà en 1940, la famille qui habitait au Boissimon, avait été avisée par lettre du Ministre de la Défense Nationale, en date du 24 juillet 1940, de la disparition du soldat René Maurice Meunier !

- 1944 : Letanter François

Le nom de François Letanter figure sur le monuments aux Morts de Villevêque. Sa famille habitait la Maisonnette, sur la voie ferrée Angers-la Flèche.
Des recherches sont à faire pour connaître les circonstances de sa disparition.

1945, le 11 mars 1945 ; télégramme-décès de Richer André, déporté S.T.O.

André Richer était né le 13 novembre 1913 à Villevêque, célibataire sans enfant, il était ouvrier forgeron maréchal. Il a été réfractaire au Service du Travail Obligatoire pendant qu'il travaillait à St-Antoine-du-Rocher, près de Tours (Indre-et-Loire) chez M. Lebert, Machines Agricoles et forgeron maréchal. Il vint chez ses parents à Villevêque en octobre 1942 et y est resté jusqu'à ce qu'il reçoive un ordre de convocation pour son départ en Allemagne, qui a eu lieu à Angers le 30 novembre 1942. La dernière lettre qu'il a adressée à sa famille est datée du 16 juin 1943. Un camarade du fils de M. Lebert était également à Hambourg, il s'agit de M. Moreau revenu 12 rue du Dr Jagot, à Angers. (D'après une note des A M).
C'est ici que je placerai un souvenir personnel. J'avais 5 ans et ½, à cett époque et je conserve le souvenir de la venue de Jean Richer chez mon grand-père Henri Chaignon, qui était forgeron maréchal-ferrant à la Raverie. Il était venu saluer mon grand-père et ses compagnons, Constant Coignard et Alphonse Loreau. Il y avait beaucoup d'émotion dans l'air et c'était la première fois que j'entendais les sinsitres initiales S.T.O.
Le télégramme-décès du Ministère des Prisonniers Déportés et Réfugiés est daté du 2 novembre 1945. ll mentionne que le décès est survenu le 11 mars 1945, à cause de bombardement à Hambourg et que l'adresse de l'employeur était Wilselmeburg Daf Lager.
Sa fiche de S.T.O. précise qu'il était ouvrier forgeron dans une usine de moteurs d'avions, et son adresse : Hans Lutz Machinenfabrick Hamburg Americaln Strasse Schuppen 43, Deutschland.
Un certificat de non rapatriement est daté du 25 mars 1946.

Deux autres décès sont mentionnés dans les Archives municipales, à la date du 19 février 1946 :

Dubas Louis, dont la bénéficiaire de l'allocation militaire est sa mère Mme Dubas. Mention PC 7881 n° 132. Il s'agit du fils d'une habitante de Villevêque. Il fut déporté.
Un bulletin de décès adressé par la mairie de Craon (Mayenne) le 19 décembre 1946 précise que Louis, Francis René Dubas est né à Angers le 19 septembre 1906, fils de Dubas Louis décédé et de Marie Josephine Fouineteau, sa veuve, époux de Augustine, Désirée, Renée, Joseph Mury.
Il est décédé le 25 mai 1945 à Gusen K° Mauthausen (Autriche).
La transcription sur le registre a été faite le 19 octobre 1946.

Huberdeau Louis né le 13 janvier 1915, dont la bénéficiaire de l'allocation militaire est Castillan Josephine, sa belle-mère. Mention D 5213 n° 48. La bénéficiaire habitait aussi Villevêque et sa fille, épouse Huberdeau devait être décédée ?




Les prisonniers allemands à Villevêque

Le kommando du Rodiveau :

A la Libération, les prisonniers de guerre étaient répartis dans les différentes communes. Ils venaient d’un camp situé à Thorée-les-Pins, dans la Sarthe, le dépôt des P.G.A ,(Prisonniers de Guerre Allemands) N° 402, qui fut dissout après septembre 1946, selon M. Maucourt (« Tiercé », p. 131) . M. Barré, du bourg, supervisait cette organisation, en tant qu'ancien militaire adjudant-chef.
Au début les prisonniers logeaient dans un kommando installé au Rodiveau. La maison avait été munie de barreaux de fer aux fenêtres et des châlits en bois à deux étages, avaient été installés. Ils étaient enfermés dans des hauts barbelés avec un gardien, muni d’un fusil, pour les surveiller. Ils partaient travailler le matin et rentraient le soir au kommando, toujours accompagnés par leur patron, avant d’être bientôt logés sur place dans les fermes, par petits groupes, comme à la Raverie par exemple, où ils disposaient d’une pièce avec des châlis et des paillasses.
Par la suite, ils furent libérés et certains restèrent comme travailleurs libres. Certains même se marièrent. L’un d’eux, ouvrier chez mon grand-père Chaignon, à la Raverie, s’en alla à Durtal où il s'installa comme mécanicien et il revenait parfois le visiter.
D’autres eurent un sort tragique comme ce jeune soldat d’origine russe, appelé Bénédict, qui fut réclamé par les autorités soviétiques, soi-disant en échange de la libération des prisonniers français « libérés » sur le front russe ? Il fut vraisemblablement envoyé au goulag ou fusillé pour avoir été engagé de force dans l’armée allemande. Un autre, appelé Fritz, faisait partie de ces allemands de New-York qui avaient émigrés aux Etats-Unis et qui étaient revenus en Allemagne, rappelés par Hitler. En 1947, je me souviens qu’il lisait des journaux américains dans sa petite chambre du Rodiveau, alors que nous étions toujours en pleine restriction et que le Plan Marshall n’avait pas encore été déclanché !
1945, le 27 août, une circulaire de la D. G. des P. G. de l’Axe incite les communes à utiliser les prisonniers de guerre après la période des travaux agricoles : « Les communes de France n’auront jamais à leur disposition une telle aubaine et elles doivent en profiter largement pour leurs travaux communaux ».(A M).

Gestion des prisonniers de l’Axe. Commando de Villevêque n° 116

D'après des notes sur un cahier d’écolier conservé dans la famille Loiseau. Celles-ci fournissent quelques indications sur cette période :

1946, le 1er février : Pour un jour de travail [Coût d’un prisonnier]
.
Somme allouée au P. G [ Prisonnier de Guerre] ………….10 francs
Assurances………………………………………………….4 « 
Frais de transport au camp………………………………….2 « 
Frais de gestion……………………………………………..4 « 
Total……………………………………….20 francs

Tarif imposé au 1er janvier, à payer au Service de la Main-d’œuvre
, 22 rue Paul Bert à Angers …………………………….52 francs
Total………………………………………………………72 francs

Soit pour 26 prisonniers 72 X 26 = 1 872 francs.
(source famille Rolland Loiseau)

1946, le 15 février : A la suite d'une circulaire de la Fédération des exploitants agricoles de M et L, MM. Maurice Verdillon et Emmanuel Vaillant sont désignés par le maire comme membres employeurs de la commission paritaire de contrôle des prisonniers allemands de la commune. Cette commission est chargée de régler les conflits dans l'emploi des prisonniers. (A M)

1946, le 26 mai : Procès-verbal de la réunion

Une réunion a eu lieu ce jour chez M. Barré gestionnaire. Il a été convenu ce qui suit :
1° Versement intégral des 3 mois à 12fr 75 par jour pour créer le premier fonds de caisse.
2° Tout nouveau membre versera 3 mois à 12 , 75 par jour également au fonds de caisse.
3° Tout membre sortant recevra la quote-part des 3 mois de fonds de caisse.
4° Cahier de contrôle dans chaque commando
5° Payement
Les quatre gardiens de chaque commando : 150 francs par jour de garde.
Ces sommes seront versées aux membres de la commission : Messieurs Verdillon, Rousseau et Raveneau, sauf pour celui de Villevêque.
- Assurance accident de 4 gardiens, soit par mois……….450 francs
- Assurance sociale ……………..jours à 20 francs
- Frais de ramassage, 2 jours soit………………………… 600 francs
A l’avenir 3 % de la somme collectée.
6° Voyage à Thorée. En cas de dépense d’essence ou de voyage supplémentaire le payement sera fait sur le fonds de caisse.
Le taux de juin est fixé à 4 frs par jour dimanches et fêtes.
[7°] Achat de tondeuses et frais de matériel collectif aux frais du fonds de caisse.
Prochaine réunion le 22 juin à 21 heures.
Signé par le gestionnaire et les membres présents Loiseau et Verdillon

1946, le 1er juin
Payé à Barré, du 1er mars au 31 mai 1946, 92 jours à 12, 75 = 1173 francs
Plus gestion de mai………………………………………………520 francs
Total……………………………..1693 francs
Convenu avec Barré : remboursement à 10 francs par jour pour ceux qui se retirent.
N° du contrat de M. Barré : 30.846.
(source famille Rolland Loiseau)

Liste des employeurs de P. . (prisonniers de guerre) de Villevêque (Maine-et-Loire)

Delavigne Pierre, La Raverie…………………………….1
Loiseau Louis , le Chêne-Vert……………………………1
Poitevin Marcel, L’Audinais…………… ………………1
Foin Alexis, Le Gros-Chêne……………………………...1
Bompas, le Bourg………………………………………...1
Bodin Fernand, La Binottière…………………………….1
Morchoisne Charles, Le Grand-Bois………………… ….1
Hervé, la Hitraie………………………………… ……….1
Verdillon Maurice, Le Coudray………………………… .1
Loison Gustave, La Roche……………………………… .1
Poirier Auguste, Craon………………………………….. .1
Vaillant Emmanuel, Chapeau-d’Ane…………………… .2
Brisset René, charron au bourg………………………… ..2
Bribard Paul…………………………………………… . ..1
Rouault Pierre………………………………………… .…1
Chaignon Henri, forgeron maréchal ferrant, La Raverie… 2
Total…………………………………………….... ...19

(source famille Rolland Loiseau)




Quelques évènements postérieurs

L’élection d’une nouvelle municipalité
Cette élection se fit sous le signe du Rassemblement du Peuple Français, le parti créé par le Général de Gaulle. Eugène Hamard fut élu maire.
C’est lui qui dut procéder à la déconfessionnalisation des locaux de la mairie, en faisant retirer le crucifix qui n’avait plus lieu de présider aux débats du conseil municipal, dans un Etat redevenu laïc. Cela ne se fit pas cependant sans quelques protestations.

1945, le 28 février, libération d’un interné : le maire est avisé que E… interné au camp de Chateaubriant va être libéré le 10 mars. La préfecture demande son avis au maire pour savoir s’il doit être interdit de séjour à Villevêque ou non. (A M).

1945, entre le lundi 4 juin et le vendredi 15 juin inclus, a lieu une opération générale d'échange des billets de banque

1946, le 5 juillet : l'armée américaine conduit une enquête systématique de recherche des soldats américains ou alliés qui auraient pu avoir été enterré zur le territoire de la commune. La réponse du maire au « Field Headquarters American Graves Registration Command APO 881, U.S. Army » est négative.

Logements réquisitionnés

Plusieurs logements de Villevêque, insuffisamment occupés, telles que des résidences secondaires, furent réquisitionnés pour faire face à la crise du logement qui sévit longtemps après la guerre. Ne comptait-on pas, en 1948, à Villevêque 47 maisons louées pour les vacances !
Voici quelques dossiers de réquisitions trouvés dans les Archives municipales :
1947, le 18 mars, le préfet adresse à Mme Leconte, 14 rue de Bel-Air Angers, un arrêté de réquisition de son immeuble, à Villevêque, or elle est décédée au mois de janvier précédent. Son fils, André Leconte, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux à Paris, et exerçant les fonctions d'urbaniste du département de M.-et-L., adresse le 24 mars 1947 une lettre de protestation au maire, de laquelle j'extrais ceci :
« Nous n'avons pas attendu, ma Mère et moi, les ordonnances récentes pour mettre à la disposition de personnes sans logis notre maison. Dès 1940, et jusqu'en 1946, nous avons pratiqué la plus large hospitalité à un couple juif d'abord, ce qui nous a valu des poursuites de la part des Allemands, à un aviateur en congé d'armistice qui l'occupa ensuite avec sa famille. Mais ces occupations successives se sont traduites par de tels sacages de la maison et du jardin, que je suis en droit de dire que nous avons été mal payé de notre obligeance.
Cette maison est devenue inhabitable, elle a besoin des réparations les plus urgentes, je les ai d'ailleurs commandées et elles commenceront prochainement
D'autrepart, je viens de consentir à la réquisition de la maison de ma Mère 14, rue de Bel Air Angers et j'estime que deux réquisitions simultanées seraient abusives pour un seul propriétaire qui peut avoir la prétention de réunir dans une seule maison le mobilier de deux immeubles.
Dans ces conditions, j'ai l'honneur de vous faire connaître que je m'oppose formellement à la réquisition de l'Hermitage à Villevêqiue ».
Le préfet a demandé au maire de rechercher un autre immeuble vacant à réquisitionner pour le jeune couple avec enfants, de Soucelles, à qui il était destiné.
1947, le 26 mai: circulaire du préfet qui rappelle les conditions d'exercice du droit de réquisition;
1947, le 3 novembre, le préfet maintien son arrêté de réquisition d'une résidence secondaire à Villevêqu appartenant à M. Ludovic Savary, bijoutier à Angers 8 rue des Lices. Le 5 décembre suivant le préfet s'enquiert de l'état de réalisation de la réquisition au bénéfice d'un jeune ménage de Soucelles.
1948, le 28 mars : maintien d'un arrêté de réquisition portant sur une maison appartenant à Melle Lagrost comprenant 9 pièces en 2 corps de bâtiments. Cette dame écrit au maire pour protester contre cette réquisition :
« Mon mobilier est en cours de transport à Villevêque où je dois m'installer pour finir mes jours auprès de mes fermiers. Je suis à un âge (71 ans) où je prétends avoir le droit de vivre en paix chez moi après tous les malheurs que j'ai subis... ». Elle a en effet été sinistrée de 1940 à Etampes où elle habite et sinistrée de 1945 dans la même ville. La réquisition de 2 pièces, 2 mansardes et une cuisine , a été faite au profit d'une famille de fonctionnaire.
1948, le 11 mai un arrêté de réquisition portant sur deux pièces et un débarras appartenant à M. Guilleux est pris par le préfet au bénéfice d'un jeune ménage prioritaire de Pellouailles.
1948, le 25 juin, le préfet maintien son arrêté de réquisition d'une petite maison à la Varenne dont M. Bonneau, boulanger à Angers est propriétaire, au profit d'un employé de la laiterie de Villevêque.


Les anciens combattants

Un groupement d’anciens combattants fut créé après la première guerre mondiale, en tant que section U.N.C.(Union Nationale des Combattants). « Ce groupement avait pour but de garder le souvenir des Morts en assistant aux cérémonies du 11 novembre et perpétuer la camaraderie, l’amitié entre les survivants ». (Bull. Municip. N° 4, 1974.).
 Après la seconde guerre mondiale, à la Libération, sous l’impulsion de Georges Avrignon, alors receveur des Postes à Villevêque, la section U N C fut rajeunie, groupant les anciens combattants des deux guerres. Le président actuel est Rolland Loiseau.
Depuis plusieurs années, l’Association des Anciens Prisonniers ayant été dissoute, presque tous se joignirent à la section, ainsi que la majeure partie des jeunes qui combattirent Algérie. (Bull. Municip. N° 4, 1974).
On trouvera dans la partie consacrée à la guerre 1914-1918, une présentation détaillée de cette association.


1948 : Etat des ressources que la commune peut offrir pour le logement et le cantonnement des troupes :

BourgNouveaux
écartsTotalChambres et lits d’officiers et sous-officiers 30 30 60Hommes pouvant être logés chez l’habitant
(lit matelas) 20 60 80Hommes en cantonnement maisons ou abris, etc40012001600Chevaux dans les écuries et remises 20 200 220Voitures tourisme 5 20 25Camions, camionnettes 2 10 12Places publiques, terrains vagues, bivouacs et parcs 3 5 8 - EauPuits 10 150 160Abreuvoirs5 animaux à
la fois
 2
Villevêque le 25 mai 1948
(cf A M)








ANNEXE

Copie de la réponse du maire à l '« Enquête sur l'histoire de l'Occupation et de la Libération dans le département de Maine et Loire 1940-1945. Commune de Villevêque »

La circulaire préfectorale est datée du 15 avril 1948 et fait référence à la « Commission Départementale de l'histoire de l'Occupation et de la Libération ». Il est précisé que « Tous les rensenseignements fournis restent strictement confidentiels et sont exclusivement destinés à des fins historiques »
Et « les réponses devront parvenir avant le 1er juillet 1948, dernier délai. »


I - Guerre 1939-1940 Occupation de la commune en 1940

1 Combien d'hommes de la commune ont été tués ou blessés de septembre 1939 jusqu'à l'Armistice ? : Blessé I (aux armées)
2 Combien y-a-t-il eu de prisonniers ? : 57
en Allemagne : 52
en France : 5
3 Sur ce dernier chiffre combien d'hommes sont rentrés entre 1940 et 1945 ? : onze
4 Combien de prisonniers de guerre sont revenus après la capitulation de l'Allemagne ? :
Quarante quatre
5 Y-a-t-il des prisonniers de guerre qui sont morts en captivité ? Combien ? :
Un est mort à l'hôpital à Paris après sa rentrée de captivité
6 Y-a-t-il des prisonniers de guerre qui ne sont pas rentré ? : un
7 La commune a-t-elle subi des bombardements avant l'occupation des Allemands ? : non
8 S'est-on battu sur le territoire de la commune au moment de l'invasion (juin 1940) ? : non
9 A quelle date la commune a-t-elle été occupée en juin 1940 ? : 19 juin 1940

11 -Occupation

10 Les Allemands ont-ils séjourné plusieurs fois dans votre commune ? :
du 10 juillet au 19 juillet 1940
19 mai au 11 juin 1941
15 avril au 17 mai 1941
24 janvier au 29 janvier 1942
6 février au 9 mars 1942
30 juin au 10 juillet 1944
11 Ont-ils commis au cours de l'occupation des déprédations et des dégâts ? : Oui
A à des bâtiments ? : non
B à des propriétés privées ? : oui
d'autrepart ils ont fait procéder à l'enlèvement des fils de cuivre de la ligne électrique alimentant l'éclairage du bourg.
Oui. Le 5 août 1944 les troupes d'occupation en retraite ont attaqué un commerçant d'Angers de passage à Pellouiailles et après un jugement sommaire sur place l'ont fusillé sur le territoire de Villevëque.
13 Combien d'hommes et de jeunes de la commune ont-ils été requis pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) ? : Dix-huit
14 Combien y en a-t-il qui sont partis en Allemagne ? : Dix
15 Sont-ils tous revenus ? : non. Un a été tué par bombardement à Hambourg, un est décédé en Allemagne par suite d'accident.
16 Parmi les hommes ou les jeunes gens requis, plusieurs ont-ils pu se dissimuler dans les fermes ou ailleurs et prendre le maquis ? : Combien ? : Huit
17 Avez-vous eu connaissance que des hommes et des jeunes gens requis par le S.T.O. étrangers à la commune, ont pu s'y dissimuler et s'y cacher jusqu'à la libération ? Pouvez-vous indiquer, même approximativement d'où ils venaient ? : Oui. Venaient de la Seine et banlieue Pärisienne ainsi que de la ville d'Angers.
18 Ces hommes et ces jeunes gens aidés de ceux de votre commune ont-ils fait partie du maquis, sont-ils entrés dans les F.F.I. ? : Non
19 Y a-t-il eu des hommes ou des jeunes gens de votre commune fusillés par les Allemands ? : Non 

III – Faits de guerre de 1940 à 1945

20 Le territoire de votre commune a-t-il été ombardé par les Alliés de 1940 à 1945 ? : Oui
21 A quelles dates ? :
24 juin 1944 sur locomotives en gare de Villevêque-Corzé = 1 tué et 1 blessé.
8 juin, 13 juin, 22 juillet, 2 août, 5 août 1944 sur la ligne d'Angers-Le Mans – gare de St-Sylvain-Briollay et pont de Briollay (chemin de fer)
10 août 1944, ligne d'Angers à La Flèche
22 Quel objectif visaient-ils ? :
- 1° = 24 juin 1944, locomotives
2° = ligne d'Angers au Mans, gare de St-Sylvain-Briollay à Villevêque et pont du chemin de fer de Briollay, en partie sur la commune.
3° = 10 août 1944; ligne d'Angers à La Flèche.
23 Cet objectif a-t-il été atteint ? : Oui
24 Des dégäts ont-ils été commis par les bombardements alliés ? : oui
1° A la gare de St-Sylvain-Briuollay, à une maison, (Cognée) particulière et dans les prairies environnantes du pont du chemin de fer.
2° Ligne d'Angers à La Flèche coupée.
25 Y-a-t-il eu des maisons détruites ? : non
26 Y-a-t-il eu des victimes ? Combien ? :
24 juin : 1 homme tué et 1 blessé.
27 Des atterrissages forcés d'avions alliés ont-ils eu lieu sur la commune ? : non
28 Les aviateurs sont-ils parvenus à s'échapper ? : -
29 Dans quelles conditions s'est opérée la libération de votre commune ? : (rien à signaler)
Y -a-t-il eu résistance de la part des Allemands ? : (non)
30 Les Allemands avant de s'en aller ont-ils incendié des maisons, etc ? : Oui, destruction à la mine du pont suspendu sur le Loir, route d'Angers à Morannes.

IV - La Résistance

31 Certaines personnes de votre commune ont-elles de façon effective, participé à des mouvements ou à des actions de résistance ? : ? 
32 – Pouvez-vous, avec leur autorisation, nous donner leurs noms ? : ?
33 A quel groupement et à quel réseau appartenaient-elles ? : ?
34 Des personnes de votre commune ont-elles été arrêtées par la police alleamande (ou française) jugées et déportées en Allemagne  pour fait de résistance ? :
Le maire de la commune a été arrêté le 28 juin 1944 pour défaut de surveillance d'une rame de wagons garée à la gare de St-Sylvain-Briollay et dont les habitants devaient en assurer la garde.
Condamné à six mois de prison le 11 juillet 1944 par le tribunal de la feldkommandantur, il a été libéré de la prison d'Angers après 20 jours d'incarcération (suspension de peine après intervention de Monsieur le Préfet Donati).
35 En quel camp elles ont été envoyées ? : (néant)
36 Sont-elles revenues ? : -
37 Personnes de la commune qui sont mortes en déportation ? : (néant)
38 Existait-il dans votre commune un maquis ou des groupes F.F.I. ? : (néant)
39 Quels étaient les chefs ? : -
40 Des actes de sabotage contre les Allemands ont-ils été exécutés dans votre commune ?
41 Lesquels ?:
Les freins d'une rame de wagons en stationnement à la gare de St-Sylvain-Briollay à Villevêquie ont été coupés et les occupants furent dans l'impossibilité de faire partir ce train lors du débarquement du 6 juin 1944; c'est à la suite de ce sabotage que le maire de la commune füt arrêté et emprisonné aà Angers.
42 Comment s'est manifestée la résistance aux Allemands ? : (? )
43 Certaines personnes de votre commune ont-elles été décorées pour fait de guerre ou de résistance ? : (non)
44 Résumé du nombre total des victimes de la guerre dans la commune ? :
A pour faits de guerre....................................................2
B prisonniers de guerre morts en Allemagne..............0
C déportés du travail morts en Allemagne ................. ...2
4
Villevêque le 25 mai 1948
Le maire

Il faut remarquer que ces réponses ignorent :
- les prisonniers dont les épouses séjournaient à Villevêque pendant la guerre,
les personnes juives qui résidaient à Villevêque et furent déportées et moururent en camp d'extermination en Allemagne
celle qui fut déportée politique, envoyée en camp de concentration en Allemagne et eut la chance de revenir à Villevêque en 1945, Melle Claude Schoen.
des jeunes gens entrés dans la Résistance, dont Jean Poperen, ancien ministre et dont le père et le frère Claude habitaient Villevêque à cette époque.
Les atterrissages clandestins d'avions anglais venus déposés et embarqués des agents secrets durant l'été 1943, dans la prairie des Grands-Bas,
la présence de résistant(s) à Villevêque même, dont Marcel Poitevin, qui faisait partie du réseau anglais Alexandre Buckmaster, commandé par le capitaine Wilkinson et participa à la reconnaissance du terrain d'atterrissages clandestins des Grands-Bas et peut-être aussi de celui de la Grand'Rivière à Soucelles.
et d'autres faits encore, inconnus à l'époque du maire, certains restant encore à découvrir ou à préciser.



Je remercie toutes celles et ceux qui ont bien voulu me faire part de leurs témoignages afin de retracer, bien imparfaitement, ce que fut la période de la dernière guerre à Villevêque.
 Sur papier jaune.
 Barnéoud (Dominique) : «  Le camp de Meslay-du-Maine, ses internés civils, leur odyssée, leur sort. 2 septembre 1939- juin 1940 – fin 1942 », Siloë Editions.
 Jules Bernex a écrit les ouvrages suivants :
« Ceux de la Trappe. Enquête d'un journaliste » E. Flammarion, prix Chapitre.Remisé, 1931, In 12, 244 pp.
« La restauration à Chartres d'une chapelle dominicaine », in bull. de la société J. K. Huysmans n° 10, mai 1934, pp 82-86.
« St-Denis à travers les siècles », Ed. de la Sarcelle, Paris, 1052, 95 p. illus. phot; N et B.
«  Sarcelles à travers les siècles », Ed. De la Sarcelle, 1952, 80 p.
 Albert Gaignard était le secrétarie de mairie.
 Jacobzone (Alain) :« L'éradication tranquille. Le destin des Juifs en Anjou (1940-1944) », Faits et gestes, Yvan Davy éditeur Vauchrétien (M.-et-L.), 2002, 252 p. disponible en prêt à la bibliothèque municipale de Villevêque.
 Qui devait demeurer dans la maison appelée l'Hermitage et appartenant à Mme Leconte, d'Angers et située vraisemblablement sur les Quais: « Nous n'avons pas attendu, ma Mère et moi, les ordonnances récentes pour mettre à la disposition de personnes sans logis notre maison. Dès 1940, et jusqu'en 1946, nous avons pratiqué la plus large hospitalité à un couple juif d'abord, ce qui nous a valu des poursuites de la part des Allemands, à un aviateur en congé d'armistice qui l'occupa ensuite avec sa famille... » (lettre de son fils André Leconte du 24 mars 1947, in A M). Voir ci-dessous  Les réquisitions d'immeubles
 Et non le 17 octobre comme indiqué par erreur dans cet article.
 In Courrier de l’Ouest, du 15 novembre 2000 : « Villevêque, 11 novembre : émotion pour une famille juive ».
 M. Marché a répertorié toutes les communes de M et L où des râfles ont eu lieu et une trentaine de communes ont répondu positivement depuis 1976. Il s’est trouvé cependant plusieurs communes pour refuser, telles Auverse, Etriché, Noyant, Vernoil, Querré, Montjean, Beaupreau.. (Ouest-France, du 21/07/2006).
 Et d'abord de Pierre Lagadec comme me l'a écrit M. Haïm Kern : « J'ai gardé un bon souvenir de Monsieur Lagadec, un peu sévère sans doute mais il fallait l'être avec des garçons de notre âge parfois dissipés. J'ai le souvenir d'avoir appris avec lui à aimer la France encore plus ». (lettre du 05/12/2005).
 In Ouest-France, des 18-19 novembre 2000, « Villevêque. Journée en mémoire des disparus : une vraie page d’histoire ».
  Villevêque Aujourd'hui , janvier 1997.
 Maucourt (Louis) : « Tiercé », pp. 122-126.
 Information communiquée par Dominique Anglès :danglesdauriac%assemblee-nat@assemblee-nat.fr
 Information orale de M. Mesnard, le 10/12/2004.
 Dès la signature de l’armistice de 1940, la France fut découpée en deux zones, une Zone Nord ou Zone Occupée et une Zone Sud, dite Zone Libre, qui le resta seulement jusqu’au 11 novembre 1942, date de l’invasion allemande de cette zone. Une « ligne de démarcation » séparait les deux zones.
 Un courrier envoyé à cette adresse est demeuré sans suite.
 Le service départemental de M.-et-L.contacté n'a pas été en mesure de fournir un quelconque renseignement.
 Gogendeau (Bertrand) : « Alézy. Le lieutenant colonel Eynaud du Faÿ et la libération d'Angers », Impr. Paquereau Technographis, Angers, 2004, 255 p.
 M. Alfred Macè était un dirigeant syndicaliste agricole de St-Barthélémy-d'Anjou. Il a relaté dans ses « Mémoires » les difficultés de cette époque.
 Le syndic local était le représentant de la Corporation Paysanne mise en place par le régime du général Pétain.
 Voir le livre de Gogendeau sur la libération d’ Angers et les « Mémoires » d’Alfred Macé.
 A titre d’exemple l’artiste Georges Hamard n’est pas encore rentré d’Afrique le 30 juin 1945 mais il est présent à Villevêque le 1er octobre 1945.
  Les meilleurs travaux des élèves des écoles publiques de garçons et de filles de Villevêque, des années scolaires 1946-47 et 1947-48 sont conservées dans les archives de Maurice Poperen, déposées par son fils Jean au Centre d’Histoire du Travail à Nantes, dossier « Pop. 43 », 2 bis Bd Léon Bureau 44200 Nantes.

 Mazier (Pierre) : "Calendal. Un chantier de jeunesse en 1942 dans le Gard rhodanien", Lacour, Editeur, Nîmes, 1994,
35 et IX p.
 Le secrétaire de mairie a noté par erreur 1940; il s'agit bien sûr d'un lapsus calami car en 1940 le S.T.O. n'existait pas encore et E. Audio était encore employé, à la date du 20 avril 1943, chez Alexis Rontard, le garagiste, de Villevêque, selon un recensement des travailleurs conservé dans les Archives municipales.
 Mort en Indochine , le 31 janvier 1947.
 Télégramme-Décès adressé au maire de Villevêque qui a dû transcrire l'acte de décès.
 Morinais (Bernard) : « Documents - Souvenirs de Bernard Morinais sous l’occupation. Clandestin, classe 44, réfractaire et maquisard, vendredi 1er décembre 2006 », http://www.genealogie.com/article.php3?id_article=979
 Gogendeau (Bertrand) : « Alézy, lieutenant Colonel Jean Eynaud du Faÿ et la libération d’Angers », Impr. Paquereau, Technographis, 2e trim. 2004, 255 p.
 Mon père avait mis à l’abri à Villevêque une partie de la bibliothèque de l’école.
 Communication orale de Clément Poitevin. le 10/12/2004;
 Communication orale de Rémy Leproust le 10/12/2004;
 Mme Richard était la grand-mère paternelle de M. Christian Mesnard.
 « Pierre Mesnard, officier de la Légion d'honneur, Croix de Guerre - lieutenant-colonel d'artillerie, puis ingénieur militaire en chef des fabrications d'armement, n é à Beaufort-en-Vallée, le 2 août 1884, décédé à Paris le 27 mai 1952, inhumé à Angers, épouse à Angers (mariage civil) le 12 avril 1920 et le lendemain à l'église de Villevêque, Yvonne, Berthe, Marie Richard née à Angers le 18 novembre 1892, décédée à Paris le 4 novembre 1963, inhumée à Angers ». « Histoire d'une famille angevine. La famille Mesnard et ses alliances », de Christian Mesnard, son fils, Editions Hérault, 2006, 270 p.
 Communication orale de M. Christian Mesnard le 10/12/2004;
Verity (group captain Hugh) : « Nous atterissons de nuit… Les atterrissages secrets de la R.A.F. En France 1940-44» , 5e édition française, Editions Vario SARL, 83340, Le-Luc-en-Provence, 3e trim. 2004, 366 p.

 Henri Déricourt était un agent double au sein du réseau « Farrier » : “Un ancien aviateur français Henri Déricourt a été parachute le 23-1-1943 en tant qu’officier pour le réseau Prosper c’est-à-dire qu’il prepare des zones d’attérrissage et supervise les rotations des Lysanders qui débarquent et embarquent les passagers, apportent et remportent du courier et des documentsd. Très peu de temps après son arrivée en France Déricourt a pris contact avec le responsable de la Gestapo à Paris Boemeleburg qu’il avait connu à Paris avant la guerre. Tous les documents transitant par la ligne de Déricourt sont préalablement photocopiés par les Allemands ». (http://monsite.ifrance.com/edechambost/)
 L'édition 2004 de « Nous attérissions de nuit.. » comporte en observation la note très importante suivante : « Opération surveillée par Sicherheitsdienst (S.D.) Ben Cowburn se souvient d'un jeune mitrailleur R.A.F. qui se trouvait avec Goldsmith et lui. »
 Cette information n'est pas reprise dans l'édition 2004.
 Ce nom ne figure plus dans l'édion 2004
 Mme Pierre-Bloch n'est pas à confondre avec Denise Bloch, opératrice radio qui embarqua avec Robert Benoist le 4/5 février 1944, du terrain de Soucelles et dont parle Benoist lui-même. Ce dernier est bien mentionné dans le tableau dressé par Hugh Verity mais Denise Bloch ne l’est pas, toutefois la liste qu’il donne n’est pas exhaustive.
 Selon le titre d 'un ouvrage de Bob Maloubier (ancien agent secret britannique) et Lartéguy : « Triple jeu: l'espion Déricourt ». Chez Robert Laffont.
 Benjamin Cowburn, qui embarqua pour Londres depuis Villevêque, ajoute la précision suivante : le terrain devait offrir la possibilité de 3 pistes orientées à 60° les unes part rapport aux autres pour avoir le choix d'un vent toujours favorable. In « No cloak no dagger », The Adventures Club, London, 1960, 192 p. p 134;
 Les agents étaient formés en Angleterre et ils étaient entraînés à la description codifiée des terrains d'atterrissage par l'utilisation d'une méthode basée sur le cadran d'une horloge.
 Voir le document dans lequel j’ai rassemblé et traduit les récits de deux de ses amis et agents secrets qui furent en poste à Angers et quelques autres témoignages : « La vie héroïque du captain Wilkinson (« Alexandre »), dans la région angevine, suivi d’autres documents sur la Résistance du côté de Villevêque et Soucelles », 2006, 61p  (transmis sur CD-Rom aux Archives départementales.
Tels la Grand-Rivière, à Soucelles, codé "Achille" et les Grands-Bas, à Villevêque, codé "Indigestion »; d'après l'ouvrage pré-cité de Hugh Verity.
 En effet dans le dernier rapport qu'il a fait parvenir à Londres, daté de Nantes le 2 juin 1943 peu de temps avant sa deuxième arrestation fatale le 6 juin, il signale que la Gestapo leur cherche des ennuis à Angers , que sa femme a changé d'identité et d'apparence mais qu'elle continue à travailler avec lui et que peut-être enverra-t-il sa femme et sa fille en Angleterre. (Informations communiquées par un correspondant anglais, extraites du dossier personnel de EW Wilkinson (Alexandre), National Archives Ref: HS6/193. 21/061943. Ces dossiers ont été ouverts à la consultation en 2003)
 Cowburn (Benjamin) : op. cit. p. 126;
 Sur cet épisode, lire l'ouvrage très documenté de Louis Maucourt : « Soucelles, baronnie d'Anjou ».
 J'ai traduit les chapitres de ce livre concernant les activités de Richard Heslop afin de les faire connaître plus largement.
 forum « Livres de guerre » - A livre ouvert.... - Une trace ici http:/ livresdeguerre.net/forum/contribution.php?
index=1158;;;
 Ou le 5 octobre selon le site Internet  HYPERLINK "http://www.mortsdans/"http://www.mortsdanslescamps.com/
 « George Teddy Wilkinson was captured. No one has ever been able to discover exactly what happened to captain Wilkinson, save that he was shot. »
 Cowburn (Benjamin) : op. cit. pp.103-119;
 Chambarand ou Les Chambaran n'est pas une commune mais un territoire du département de l'Isère, autour de la forêt du même nom. La prison où était rassemblé les Anglais capturés était vraisemblablement située sur le territoire de la commune de Roybon (38940)
« P3-Area : Troyes), Tinker circuit, Major Benjamin Cowburn 'Organization », retrace l'histoire et l'organisation du réseau « Tinker » animé par Benjamin Cowburn, qui fut très actif, entre autres lieux, dans la région de Troyes.
 Selon le témoignage de Mme Tourganief en 1960;
 Il n'y a pas de mention de l'évasion de Wilkinson de la prison de Nantes dans le témoignage de Mme Diebolt.
« She and two other women stepped from a plane on a French meadow before dawn on June 17 1943 ; By that evening she was in Paris. Within a week the Gestapo had arrested so many British agents that her radio was one of the few still operating, intermittently, as she was dodging German direction-finding trucks”. “The Price of Quiet”, by George Will, article paru dans “The Sacramento Bee”, 21 août 2001. Cf le site Internet. Traduction : « Elle débarqua d'un avion avec deux autres femmes sur une prairie française avant l'aube, le 17 juin 1943 et le soir même, elle était à Paris. La Gestapo avait arrêté tellement d'agents britanniques en une seule semaine que sa radio était l'une des rares à pouvoir encore émettre, par intermitence, car elle devait éviter les véhicules allemands de repérage goniométrique ».
http://begumnoor.parklinks.com/
 cf le site Internet http://www.angelfire.com/co/begumnoor/#instructions
 Tom Lipscombe, Web Administrator, PNAS Internaztional, http:// noor.ipfox.com/
 Les agents étaient entraînés en Angleterre à la description des terrains d'atterrissage par l'utilisation d'une méthode basée sur le cadran d'horloge. (Hugh Verity).
 Voir un site web consacré au S O E : http://www.stratisc.org/strat/strat80638olive.html
 Voir le site web http:/www.aeri-resistance.com/htlm
 Maloubier (Bob) et Lartéguy (Jean) : « Triple jeu. L’espion Déricourt », Robert Laffont, Paris 1992, 336 p.
 non identifié
 Ce terrain est différent de celui de Soucelles et de Villevêque ; A-t-il été identifié ?
 l’hôtel Ragot sans doute, où, écrit Louis Maucourt, un petit groupe de futurs résistants écoutèrent l’appel du 18 juin 1940. in « Tiercé » page 123.
 Maucourt (Louis) : « Briollay », page 403.
 Balesme (Gérard) : « Être instituteur en Anjou sous l'occupation allemande » , L'Anjou laïque, supplément au n° 47, avril 1999, Angers, 71 p.
 Balesme (Gérard) : op.cit. p.39.
 « In mémoriam », in « Cent cinquantenaire de l’école normale d’instituteurs d’Angers, 18 mai 1983 ».
 Voir de Louis Maucourt : « Seiches-sur-Loir, en Anjou », pp. 285-286.
 Macé (Alfred) : « Mémoires, Alfred Macé paysan de l’Anjou », dactylographié, hors commerce, 119 p. 21x29,7, dactylographié par la M. S. A. Angers, s. d. [1978]

 Jacques Eynaud de Faye, de Chantenay (72) était un « lieutenant » de Dorgères, qui avant la gueere avait créé le mouvement « Défense paysanne »., dont Alfred Macé fut le responsable départemental .
 Il y a une petite erreur de date : Les Allemands ne se sont installés dans la prairie de la Grand-Rivière qu'après le débarquement en Normandie et l'ouverture de ce front, le 13 juin 1944.
Le terrain de Soucelles vient de subir un très lourd bombardement le 11 juillet 1944. 27 avions détruits au sol.
 Maucourt (Louiis) : « Seiches-sur-le-Loir en Anjou », 1999, pp. 285-288.
 voir les reproductions prêtées par Philippe Léonard, des tracts que sont père Jean avait conservés.
 Des bi-moteurs américains Lockheed P-38L « Lightning » et/ou Northrop P-61-B « Black Widow », respectivement « Eclair » et « Veuve en noir »
 J’ai interrogé son fils à ce sujet. Réponse en attente.
 Devineau (R.P.): « Le Grand retour de Notre-Dame », Les publications techniques et artistiques, Paris, 1945, 109 p.
 Voir plus bas, le rôle de jeunes résistants d'Angers, dans le domaine du renseignement.
 Réponse à l'enquête préfectorale du 15 avril 1948 sur l'histoire de l'Occupation et de la Libération à Villevêque du 25 mai 1948; d'après le double conservé dans les Archives municipales.
 ibid
 Récit de Madeleine Bollet paru dans le 4 pages « Villevêque aujourd'hui », avril 1996;
 Opération aérienne du 5 août 1944 US 387/985. Department of Air Force, Air Force Historical Research Agency. Maxelle Air Force Base. Alabama
 Selon le témoignage de Mme Madeleine Bollée, qui habitait cette gare , publié en avril 1996 dans le 4 feuilles communal.. A l'époque elle habitait cette gare depuis 72 ans.
 Les meilleurs travaux des élèves des écoles publiques de garçons et de filles de Villevêque, des années scolaires 1946-47 et 1947-48 sont conservées dans les archives de Maurice Poperen, déposées par son fils Jean au Centre d’Histoire du Travail à Nantes, dossier « Pop. 43 », 2 bis Bd Léon Bureau 44200 Nantes.
 Ibid : Réponse à l'enquête du 15 avril 1948.....
 « De la ville à la campagne » tome 1 et II des mémoires de Marcel Carpentier », juin 1993, hors commerce,, 44 et 40 pp.
 l'ancien hôtel sur la place, devenu propriété communale.
 L'AMELYCOR (Association des Amis du Lycée Châteaubriand) a publié en 2007 une photographie de groupe sur laquelle il figure.
 Le collectionneur de cartes postales anciennes s’intéresse plus souvent au recto de la carte qu’à son verso. Cependant lorsque celui-ci a servi de support à une missive, on y trouve parfois des renseignements qui peuvent être de précieux témoignages. Voici par exemple une carte représentant un château avec la légende suivante au verso : « Institution St-Paul, La Tremblaie (M et L.), Le château ». Le texte manuscrit, non daté, relate une attaque aérienne du chemin de fer de Cholet.
Voici ce texte :« Je rouvre la lettre pour vous envoyer notre propriété et vous dire quelle émotion nous avons eu ce matin. Eliane et moi étions à notre fenêtre, car on entendait un bombardement formidable. C’était sur la ligne de Cholet, très près de la gare, qui n’a rien heureusement. Tout à coup un avion passe, rasant les arbres. Un sifflement et nous voyons une bombe tomber à 20 m. de nous. Nous sommes parties de la fenêtre en se bouchant les oreilles instinctivement mais comme nous n’entendions rien, nous nous sommes hasardées à descendre croyant que c’était une bombe à retardement, mais c’était un énorme bidon d’essence presque vide, ayant la forme d’un gros obus. Il y en avait un autre à côté. Nous en étions quitte pour la peur ; heureusement que ce n’était pas une bombe car nous étions très près. Cela fait une très désagréable impression de voir tomber cet objet. Des gens qui étaient là se sont jetés à plat ventre, d’autres se cachaient derrière les arbres. Tout le couvent était en ébullition croyant que c’était une bombe. A bientôt - Aliette.


 Consulter par exemple à ce sujet le site Internet ; www.requis-deportes-sto.com
Autre adresse : Georges Fournier Gebrüder Steger, Rudersdof, Kreis Siegen, Werfalen, Deutschland
 Etait parisien, camarade de Stalag de Pierre Delavigne. Mme Legrand et ses deux enfants Geneviève et Jean passèrent une partie de la guerre à la Raverie.
 Recensé à Villevêque, né le 27/03/1923, lieu n.p.avait quitté Villevêque en 1947.
Aucu n détail actuellement sur cette personne.
 Recensé à Villevêque, né à Maison-Rouge 18/05/1918, au bourg en 1947.
 Ce chiffre ne comprend pas les prisonniers dont les épouses étaient réfugiées à Villevêqque et qui quittèrent la commune dans les mois qui suivirent la Libération.
 Ce n'est pas tout à fait exact car, par exemple, Jean Poperen, fils ainé de l'instituteur maître d'école de Villevêque, est entré dans la Résistance en 1942.
 Malheureusement inexact car une famille juive, réfugiée à Villevêque a été déportée en Allemagne. Cet « oubli » a été réparé en 2000 sous le mairat de Bernard Soyer, par l'érection d'une stèle et l'apposition d'une plaque commémorative, à côté du monument auw morts. Voir ci-dessus.
 Le seul résistant officiellement reconnu à ce jour est Marcel Poitevin, membre du réseau britannique S.O.E. Buckmaster ’Alexandre’. Il semble n’en avoir jamais fait état.
 Cette réponse est incomplète car Melle Claude Schoen, présente à Villevêque avec ses parents en 1940 était de retour en mai 1945 après avoir été déportée politique en Allemagne. Il est fait aussi mention d’un autre déporté politique nommé Joulain ; Voir texte ci-dessus.

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