universite pierre et marie curie, paris vi - TEL (thèses
11 déc. 2006 ... II.2.7.6.2 - Processus cognitifs, contenu et structure d'une description d'itinéraire
... III.1.2.2 - Appariement sur le niveau d'étude ...... Les patients ayant une lésion
du cortex préfrontal (PFC) montrent des symptômes ...... et passer un difficile
examen de connaissances spatiales (Maguire et Al ; 1997 ; 2000).
part of the document
UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE, PARIS VI
INSTITUT DE NEUROSCIENCE (IFR Pitié-Salpêtrière)
Année 2006
THESE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE LUNIVERSITE PARIS VI
Discipline : Neurosciences
Présentée et soutenue par
Célia MORES--DIBO-COHEN
Le 11 décembre 2006
MEMOIRE SPATIALE CONTEXTUELLE ET SCHIZOPHRENIE
Directeur de thèse : M. Le Professeur Patrice BOYER
Co-Directeur de thèse : Michel DENIS, Directeur de recherche au CNRS
JURY
M. Le Professeur Patrice BOYER, PU Paris 7, IMHR, Ottawa, Canada (directeur de thèse)
M. Le professeur Jean-François ALLILAIRE, PU-PH, Université Paris 6 (examinateur)
M. Le professeur Pierre THOMAS, PU-PH, Lille (rapporteur)
Mme Le Professeur Florence THIBAUT, PU-PH, Rouen (rapporteur)
M. Michel DENIS, Diecteur de recherche, CNRS, Université Paris XI (co-directeur de thèse)
A ma mère,
A mon père (décédé le 23 octobre 2004),
Yves Hayat, artiste niçois
REMERCIEMENTS
Je remercie le Professeur Roland Jouvent, Directeur de recherche, pour laccueil au sein de son unité UMR CNRS 7593 à lhôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Je remercie mon directeur de thèse, le Professeur Patrice Boyer, un homme admirable, pour ses nombreux conseils avisés, son expertise scientifique dans les moments clefs de ce travail au long cour, et surtout davoir confirmé mon intérêt et mon amour pour la recherche clinique.
Je remercie Michel Denis, pour son aide, ses nombreux conseils, sa disponibilité.
Je remercie Marie-Paule Daniel, de son aide précieuse, de sa disponibilité, de ses encouragements quotidiens.
Je remercie le Professeur Philippe Fossati pour son aide précieuse et ses nombreux conseils.
Je remercie Luc Carité pour son aide précieuse pour le traitement informatique et surtout sa patience, car ce nétait pas gagné !
Je remercie les Docteurs Andrei Radchencko, Guillaume Le Bastard pour leur aide dans le recrutement des patients et pour leur soutien.
Je remercie les secrétaires du laboratoire Agnès, Astrid et Sophie pour leur gentillesse, leur disponibilité et leur soutien quotidien.
Je remercie mes collègues et amis, Odile, Gwladys, Gilles
.et jen passe ! Pour leur écoute, leur aide et leur disponibilité quotidienne.
Je tiens aussi à remercier Stéphanie Dubal pour son écoute, ses conseils et sa gentillesse.
Je remercie tous les participants (sujets contrôles et patients schizophrènes) qui sont à la base de ce travail.
Je remercie mes ami(e) s les plus proches, Titou, David, Phiphi, François, Elo, Audrey, et les autres
pour mavoir supporté (dans tous les sens du terme) pendant toutes ces longues années détudes.
Je remercie avec une mention particulière ma mère pour son aide, son amour et tout le reste
Enfin je remercie tous ceux qui ont cru en moi pendant toutes ces années
Table des matières
TOC \o "1-8" \h \z \u HYPERLINK \l "_Toc148511961" ARGUMENT GENERAL PAGEREF _Toc148511961 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc148511962" CHAPITRE I : SCHIZOPHRENIE, MEMOIRE ET HIPPOCAMPE PAGEREF _Toc148511962 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc148511963" I.1 - LA MALADIE SCHIZOPHRENIQUE PAGEREF _Toc148511963 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc148511964" I.1.1 - Points cliniques fondamentaux PAGEREF _Toc148511964 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc148511965" I.1.1.1 - Diagnostic de la maladie PAGEREF _Toc148511965 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc148511966" I.1.1.2 - Prévalence et âge de début PAGEREF _Toc148511966 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc148511967" I.1.2 - Les facteurs de risques PAGEREF _Toc148511967 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc148511968" I.1.3 - Hypothese neurodeveloppementale PAGEREF _Toc148511968 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc148511969" I.1.3.1 - Eléments introductifs PAGEREF _Toc148511969 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc148511970" I.1.3.2 - Données épidémiologiques PAGEREF _Toc148511970 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc148511971" I.1.3.3 - Données cliniques PAGEREF _Toc148511971 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc148511972" I.1.3.3.1 - Les anomalies neurologiques PAGEREF _Toc148511972 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc148511973" I.1.3.3.2 - Anomalies cognitives et sociales PAGEREF _Toc148511973 \h 17
HYPERLINK \l "_Toc148511974" I.1.3.4 - Données neuro-anatomiques PAGEREF _Toc148511974 \h 17
HYPERLINK \l "_Toc148511975" I.1.3.4.1 - Volume cérébral et ventricules PAGEREF _Toc148511975 \h 17
HYPERLINK \l "_Toc148511976" I.1.3.4.2 - Zones corticales PAGEREF _Toc148511976 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc148511977" I.1.3.4.3 - Zones temporales PAGEREF _Toc148511977 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc148511978" I.1.3.4.3.1 - Lobe temporal médian PAGEREF _Toc148511978 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc148511979" I.1.3.4.3.2 - Gyrus temporal supérieur PAGEREF _Toc148511979 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc148511980" I.1.4 - Structure hippocampique PAGEREF _Toc148511980 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc148511981" I.1.4.1 - Implication de lhippocampe dans la schizophrénie PAGEREF _Toc148511981 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc148511982" I.1.4.2 - Anomalies hippocampiques PAGEREF _Toc148511982 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc148511983" I.1.4.2.1 - Macroscopiques PAGEREF _Toc148511983 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc148511984" I.1.4.2.2 - Neurones et connexions synaptiques PAGEREF _Toc148511984 \h 21
HYPERLINK \l "_Toc148511985" I.1.4.2.3 - Les marqueurs neuronaux PAGEREF _Toc148511985 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc148511986" I.1.4.2.4 - La transmission glutatamatergique PAGEREF _Toc148511986 \h 22
HYPERLINK \l "_Toc148511987" I.1.4.3 - Conséquences du stress sur lhippocampe PAGEREF _Toc148511987 \h 25
HYPERLINK \l "_Toc148511988" I.2 - MEMOIRE ET HIPPOCAMPE PAGEREF _Toc148511988 \h 26
HYPERLINK \l "_Toc148511989" I.2.1 - La memoire a long terme PAGEREF _Toc148511989 \h 26
HYPERLINK \l "_Toc148511990" I.2.1.1 - Cas clinique : patient HM PAGEREF _Toc148511990 \h 26
HYPERLINK \l "_Toc148511991" I.2.1.2 - Implication et rôle de lhippocampe dans la mémoire à long terme PAGEREF _Toc148511991 \h 27
HYPERLINK \l "_Toc148511992" I.2.1.3 - La mémoire déclarative PAGEREF _Toc148511992 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc148511993" I.2.1.3.1 - Définitions PAGEREF _Toc148511993 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc148511994" I.2.1.3.2 - Régions cérébrales impliquées dans la mémoire déclarative PAGEREF _Toc148511994 \h 30
HYPERLINK \l "_Toc148511995" I.2.1.3.3 - Mémoire épisodique PAGEREF _Toc148511995 \h 31
HYPERLINK \l "_Toc148511996" I.2.1.3.3.1 - Rappel dun évènement spatio-temporel PAGEREF _Toc148511996 \h 31
HYPERLINK \l "_Toc148511997" I.2.1.3.3.2 - Facteurs externes influençant la mémoire épisodique PAGEREF _Toc148511997 \h 33
HYPERLINK \l "_Toc148511998" I.2.1.3.4 - La mémoire autobiographique PAGEREF _Toc148511998 \h 33
HYPERLINK \l "_Toc148511999" I.2.1.3.4.1 - Définition PAGEREF _Toc148511999 \h 33
HYPERLINK \l "_Toc148512000" I.2.1.3.4.2 - Régions cérébrales impliquées dans la mémoire autobiographique PAGEREF _Toc148512000 \h 34
HYPERLINK \l "_Toc148512001" I.2.2 - Mecanisme moleculaire de la memoire PAGEREF _Toc148512001 \h 35
HYPERLINK \l "_Toc148512002" I.2.2.1 - Rôle de la neurogénèse PAGEREF _Toc148512002 \h 35
HYPERLINK \l "_Toc148512003" I.2.2.2 - Rôle de la LTP (long term potentiation) PAGEREF _Toc148512003 \h 36
HYPERLINK \l "_Toc148512004" I.2.2.3 - Les facteurs moléculaires PAGEREF _Toc148512004 \h 37
HYPERLINK \l "_Toc148512005" I.2.2.3.1 - BDNF PAGEREF _Toc148512005 \h 37
HYPERLINK \l "_Toc148512006" I.2.2.3.2 - Le facteur CREB PAGEREF _Toc148512006 \h 38
HYPERLINK \l "_Toc148512007" I.2.3 - Perturbations mnesiques dans la schizophrenie PAGEREF _Toc148512007 \h 40
HYPERLINK \l "_Toc148512008" I.2.3.1 - Attention, mémoire de travail et fonctions exécutives PAGEREF _Toc148512008 \h 40
HYPERLINK \l "_Toc148512009" I.2.3.2 - Perturbation de la mémoire de travail visuo-spatiale PAGEREF _Toc148512009 \h 40
HYPERLINK \l "_Toc148512010" I.2.3.3 - Perturbations de la mémoire épisodique PAGEREF _Toc148512010 \h 42
HYPERLINK \l "_Toc148512011" I.2.3.3.1 - Déficits dencodage PAGEREF _Toc148512011 \h 42
HYPERLINK \l "_Toc148512012" I.2.3.3.2 - Déficits de reconnaissance et rappel PAGEREF _Toc148512012 \h 43
HYPERLINK \l "_Toc148512013" I.2.3.3.3 - Degré de conscience du rappel PAGEREF _Toc148512013 \h 44
HYPERLINK \l "_Toc148512014" I.2.3.3.4 - Les distorsions mnésiques PAGEREF _Toc148512014 \h 46
HYPERLINK \l "_Toc148512015" I.2.3.3.5 - Mémoires épisodiques verbale et visuelle PAGEREF _Toc148512015 \h 46
HYPERLINK \l "_Toc148512016" I.2.3.4 - Perturbations de la mémoire autobiographique PAGEREF _Toc148512016 \h 48
HYPERLINK \l "_Toc148512017" I.2.3.5 - Perturbations de la mémoire contextuelle ou « binding » contextuel PAGEREF _Toc148512017 \h 50
HYPERLINK \l "_Toc148512018" I.2.3.6 - Perturbations de la capacité à faire des inférences PAGEREF _Toc148512018 \h 50
HYPERLINK \l "_Toc148512019" I.2.3.7 - Zones cérébrales impliquées dans les déficits des mémoires épisodique et autobiographique PAGEREF _Toc148512019 \h 51
HYPERLINK \l "_Toc148512020" I.2.3.8 - Mémoire implicite versus mémoire explicite PAGEREF _Toc148512020 \h 52
HYPERLINK \l "_Toc148512021" I.3 - RESUME PAGEREF _Toc148512021 \h 53
HYPERLINK \l "_Toc148512022" CHAPITRE II : COGNITION SPATIALE, DE LA MEMOIRE SPATIALE A LA NAVIGATION PAGEREF _Toc148512022 \h 55
HYPERLINK \l "_Toc148512023" II.1 - MEMOIRE SPATIALE ET REPRESENTATIONS MENTALES PAGEREF _Toc148512023 \h 55
HYPERLINK \l "_Toc148512024" II.1.1 - Memoire spatiale PAGEREF _Toc148512024 \h 55
HYPERLINK \l "_Toc148512025" II.1.1.1 - Définitions PAGEREF _Toc148512025 \h 55
HYPERLINK \l "_Toc148512026" II.1.1.2 - Les théories de limplication de lhippocampe PAGEREF _Toc148512026 \h 55
HYPERLINK \l "_Toc148512027" II.1.1.3 - Implication du stress dans la mémoire spatiale PAGEREF _Toc148512027 \h 58
HYPERLINK \l "_Toc148512028" II.1.2 - Les representations mentales PAGEREF _Toc148512028 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc148512029" II.1.2.1 - Eléments introductifs et définitions PAGEREF _Toc148512029 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc148512030" II.1.2.2 - Traitement dynamique des informations spatiales PAGEREF _Toc148512030 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc148512031" II.1.2.3 - Les cartes cognitives PAGEREF _Toc148512031 \h 63
HYPERLINK \l "_Toc148512032" II.1.2.4 - Les représentations allocentrées et égocentrées PAGEREF _Toc148512032 \h 64
HYPERLINK \l "_Toc148512033" II.1.2.5 - Les différents stades dacquisition de linformation spatiale PAGEREF _Toc148512033 \h 65
HYPERLINK \l "_Toc148512034" II.1.2.6 - Différences hommes/femmes PAGEREF _Toc148512034 \h 66
HYPERLINK \l "_Toc148512035" II.2 - LA NAVIGATION OU COMMENT TROUVER SON CHEMIN (« WAYFINDING ») PAGEREF _Toc148512035 \h 68
HYPERLINK \l "_Toc148512036" II.2.1 - Introduction PAGEREF _Toc148512036 \h 68
HYPERLINK \l "_Toc148512037" II.2.2 - Decouverte de limportance du role de lhippocampe (expériences princeps de Maguire) PAGEREF _Toc148512037 \h 69
HYPERLINK \l "_Toc148512038" II.2.3 - La memoire topographique PAGEREF _Toc148512038 \h 70
HYPERLINK \l "_Toc148512039" II.2.3.1 - Implication de la mémoire topographique dans la navigation PAGEREF _Toc148512039 \h 70
HYPERLINK \l "_Toc148512040" II.2.3.2 - Zones cérébrales impliquées dans la mémoire topographique PAGEREF _Toc148512040 \h 70
HYPERLINK \l "_Toc148512041" II.2.4 - Environnement reel et environnement virtuel PAGEREF _Toc148512041 \h 72
HYPERLINK \l "_Toc148512042" II.2.5 - Les zones cerebrales impliquees dans la navigation PAGEREF _Toc148512042 \h 73
HYPERLINK \l "_Toc148512043" II.2.5.1 - Rôle des différentes régions cérébrales PAGEREF _Toc148512043 \h 73
HYPERLINK \l "_Toc148512044" II.2.5.2 - Rôles particuliers de lhippocampe et du parahippocampe PAGEREF _Toc148512044 \h 75
HYPERLINK \l "_Toc148512045" II.2.5.3 - Hippocampe droit et hippocampe gauche PAGEREF _Toc148512045 \h 75
HYPERLINK \l "_Toc148512046" II.2.6 - Conclusion PAGEREF _Toc148512046 \h 76
HYPERLINK \l "_Toc148512047" II.2.7 - Le wayfinding PAGEREF _Toc148512047 \h 77
HYPERLINK \l "_Toc148512048" II.2.7.1 - Définitions PAGEREF _Toc148512048 \h 77
HYPERLINK \l "_Toc148512049" II.2.7.2 - Différence wayfinding et route following PAGEREF _Toc148512049 \h 77
HYPERLINK \l "_Toc148512050" II.2.7.3 - Zones cérébrales impliquées PAGEREF _Toc148512050 \h 78
HYPERLINK \l "_Toc148512051" II.2.7.4 - Importance du wayfinding chez lHomme PAGEREF _Toc148512051 \h 78
HYPERLINK \l "_Toc148512052" II.2.7.5 - Importance de la connaissance des repères PAGEREF _Toc148512052 \h 79
HYPERLINK \l "_Toc148512053" II.2.7.6 - Production ditinéraires : aide à la navigation PAGEREF _Toc148512053 \h 81
HYPERLINK \l "_Toc148512054" II.2.7.6.1 - Définitions PAGEREF _Toc148512054 \h 81
HYPERLINK \l "_Toc148512055" II.2.7.6.2 - Processus cognitifs, contenu et structure dune description ditinéraire PAGEREF _Toc148512055 \h 81
HYPERLINK \l "_Toc148512056" II.2.7.6.2.1 - Les études princeps PAGEREF _Toc148512056 \h 82
HYPERLINK \l "_Toc148512057" II.2.7.6.2.2 - Les recherches de M. Denis (1997) PAGEREF _Toc148512057 \h 84
HYPERLINK \l "_Toc148512058" II.2.8 - Conclusion PAGEREF _Toc148512058 \h 86
HYPERLINK \l "_Toc148512059" II.3 - RESUME PAGEREF _Toc148512059 \h 87
HYPERLINK \l "_Toc148512060" PROBLEMATIQUE PAGEREF _Toc148512060 \h 89
HYPERLINK \l "_Toc148512061" HYPOTHESES PAGEREF _Toc148512061 \h 89
HYPERLINK \l "_Toc148512062" OBJECTIFS PAGEREF _Toc148512062 \h 89
HYPERLINK \l "_Toc148512063" PROCEDURE EXPERIMENTALE PAGEREF _Toc148512063 \h 90
HYPERLINK \l "_Toc148512064" CHAPITRE III : METHODOLOGIES PAGEREF _Toc148512064 \h 93
HYPERLINK \l "_Toc148512065" III.1 - POPULATIONS DETUDE PAGEREF _Toc148512065 \h 93
HYPERLINK \l "_Toc148512066" III.1.1 - Type de population et nombre de sujets PAGEREF _Toc148512066 \h 93
HYPERLINK \l "_Toc148512067" III.1.2 - Données cliniques et appariements PAGEREF _Toc148512067 \h 94
HYPERLINK \l "_Toc148512068" III.1.2.1 - Appariement sur lâge PAGEREF _Toc148512068 \h 94
HYPERLINK \l "_Toc148512069" III.1.2.2 - Appariement sur le niveau détude PAGEREF _Toc148512069 \h 95
HYPERLINK \l "_Toc148512070" III.1.2.3 - Effet sexe PAGEREF _Toc148512070 \h 96
HYPERLINK \l "_Toc148512071" III.1.2.4 - Traitement PAGEREF _Toc148512071 \h 96
HYPERLINK \l "_Toc148512072" III.2 - ENVIRONNEMENT PAGEREF _Toc148512072 \h 96
HYPERLINK \l "_Toc148512073" III.3 - TRAJET PAGEREF _Toc148512073 \h 97
HYPERLINK \l "_Toc148512074" III.3.1 - Principe PAGEREF _Toc148512074 \h 97
HYPERLINK \l "_Toc148512075" III.3.2 - Protocole PAGEREF _Toc148512075 \h 97
HYPERLINK \l "_Toc148512076" III.3.3 - Description du trajet PAGEREF _Toc148512076 \h 97
HYPERLINK \l "_Toc148512077" III.3.4 - Les contraintes PAGEREF _Toc148512077 \h 99
HYPERLINK \l "_Toc148512078" III.4 - DESCRIPTION VERBALE (Tâche 1) PAGEREF _Toc148512078 \h 100
HYPERLINK \l "_Toc148512079" III.4.1 - Principe PAGEREF _Toc148512079 \h 100
HYPERLINK \l "_Toc148512080" III.4.2 - Protocole PAGEREF _Toc148512080 \h 100
HYPERLINK \l "_Toc148512081" III.4.3 - Matériel PAGEREF _Toc148512081 \h 100
HYPERLINK \l "_Toc148512082" III.4.4 - Analyses des descriptions PAGEREF _Toc148512082 \h 100
HYPERLINK \l "_Toc148512083" III.4.5 - Exemples de données PAGEREF _Toc148512083 \h 102
HYPERLINK \l "_Toc148512084" III.4.5.1 - Descriptions verbales PAGEREF _Toc148512084 \h 102
HYPERLINK \l "_Toc148512085" III.4.5.2 - Standardisation des protocoles PAGEREF _Toc148512085 \h 103
HYPERLINK \l "_Toc148512086" III.4.6 - Variables étudiées PAGEREF _Toc148512086 \h 105
HYPERLINK \l "_Toc148512087" III.4.6.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512087 \h 105
HYPERLINK \l "_Toc148512088" III.4.6.2 - Variables secondaires PAGEREF _Toc148512088 \h 106
HYPERLINK \l "_Toc148512089" III.4.6.3 - Autres variables PAGEREF _Toc148512089 \h 106
HYPERLINK \l "_Toc148512090" III.4.6.4 - Variable temps PAGEREF _Toc148512090 \h 106
HYPERLINK \l "_Toc148512091" III.5 - PLANS LIBRES (Tâche 2a) PAGEREF _Toc148512091 \h 107
HYPERLINK \l "_Toc148512092" III.5.1 - Principe PAGEREF _Toc148512092 \h 107
HYPERLINK \l "_Toc148512093" III.5.2 - Protocole PAGEREF _Toc148512093 \h 107
HYPERLINK \l "_Toc148512094" III.5.3 - Matériel PAGEREF _Toc148512094 \h 107
HYPERLINK \l "_Toc148512095" III.5.4 - Exemple de données PAGEREF _Toc148512095 \h 108
HYPERLINK \l "_Toc148512096" III.5.5 - Variables étudiées PAGEREF _Toc148512096 \h 110
HYPERLINK \l "_Toc148512097" III.5.5.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512097 \h 110
HYPERLINK \l "_Toc148512098" III.5.5.2 - Variables secondaires PAGEREF _Toc148512098 \h 110
HYPERLINK \l "_Toc148512099" III.5.5.3 - Variable temps PAGEREF _Toc148512099 \h 110
HYPERLINK \l "_Toc148512100" III.6 - PLANS INDICES (Tâche 2b) PAGEREF _Toc148512100 \h 111
HYPERLINK \l "_Toc148512101" III.6.1 - Principe PAGEREF _Toc148512101 \h 111
HYPERLINK \l "_Toc148512102" III.6.2 - Protocole PAGEREF _Toc148512102 \h 112
HYPERLINK \l "_Toc148512103" III.6.3 - Matériel PAGEREF _Toc148512103 \h 112
HYPERLINK \l "_Toc148512104" III.6.4 - Exemple de données PAGEREF _Toc148512104 \h 113
HYPERLINK \l "_Toc148512105" III.6.5 - Variables étudiées PAGEREF _Toc148512105 \h 115
HYPERLINK \l "_Toc148512106" III.6.5.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512106 \h 115
HYPERLINK \l "_Toc148512107" III.6.5.2 - Autres variables PAGEREF _Toc148512107 \h 115
HYPERLINK \l "_Toc148512108" III.6.5.3 - Variable temps PAGEREF _Toc148512108 \h 115
HYPERLINK \l "_Toc148512109" III.7 - TACHE DE RECONNAISSANCE SANS EFFET DORDRE (tâche 3) PAGEREF _Toc148512109 \h 115
HYPERLINK \l "_Toc148512110" III.7.1 - Choix des photos PAGEREF _Toc148512110 \h 115
HYPERLINK \l "_Toc148512111" III.7.2 - Principe PAGEREF _Toc148512111 \h 116
HYPERLINK \l "_Toc148512112" III.7.3 - Protocole PAGEREF _Toc148512112 \h 117
HYPERLINK \l "_Toc148512113" III.7.4 - Outils danalyses PAGEREF _Toc148512113 \h 117
HYPERLINK \l "_Toc148512114" III.7.5 - Variables étudiées PAGEREF _Toc148512114 \h 118
HYPERLINK \l "_Toc148512115" III.7.5.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512115 \h 118
HYPERLINK \l "_Toc148512116" III.7.5.2 - Autres variables : temps de réponse PAGEREF _Toc148512116 \h 118
HYPERLINK \l "_Toc148512117" III.7.5.3 - Analyse supplémentaire : Perception près / loin : analyses particulières PAGEREF _Toc148512117 \h 118
HYPERLINK \l "_Toc148512118" III.7.5.3.1 - Principe PAGEREF _Toc148512118 \h 118
HYPERLINK \l "_Toc148512119" III.7.5.3.2 - Outil danalyses PAGEREF _Toc148512119 \h 119
HYPERLINK \l "_Toc148512120" III.7.5.3.3 - Variables étudiées PAGEREF _Toc148512120 \h 119
HYPERLINK \l "_Toc148512121" III.8 - TACHE DE RECONNAISSANCE AVEC EFFET DORDRE (tâche 4) PAGEREF _Toc148512121 \h 119
HYPERLINK \l "_Toc148512122" III.8.1 - Principe PAGEREF _Toc148512122 \h 119
HYPERLINK \l "_Toc148512123" III.8.2 - Protocole PAGEREF _Toc148512123 \h 121
HYPERLINK \l "_Toc148512124" III.8.3 - Outil danalyses PAGEREF _Toc148512124 \h 121
HYPERLINK \l "_Toc148512125" III.8.4 - Variables étudiées PAGEREF _Toc148512125 \h 122
HYPERLINK \l "_Toc148512126" III.8.4.1 - Variable primaire PAGEREF _Toc148512126 \h 122
HYPERLINK \l "_Toc148512127" III.8.4.2 - Autres variables : temps de réponse PAGEREF _Toc148512127 \h 122
HYPERLINK \l "_Toc148512128" III.9 - TESTS DHABILETES VISUO-SPATIALES (Tâche 5) PAGEREF _Toc148512128 \h 122
HYPERLINK \l "_Toc148512129" III.9.1 - MRT : test de rotation mentale 3D PAGEREF _Toc148512129 \h 122
HYPERLINK \l "_Toc148512130" III.9.1.1 - Principe PAGEREF _Toc148512130 \h 122
HYPERLINK \l "_Toc148512131" III.9.1.2 - Protocole PAGEREF _Toc148512131 \h 123
HYPERLINK \l "_Toc148512132" III.9.1.3 - Analyses des réponses au test PAGEREF _Toc148512132 \h 123
HYPERLINK \l "_Toc148512133" III.9.2 - MPFB : test de visualisation spatiale (2D) PAGEREF _Toc148512133 \h 124
HYPERLINK \l "_Toc148512134" III.9.2.1 - Principe PAGEREF _Toc148512134 \h 124
HYPERLINK \l "_Toc148512135" III.9.2.2 - Protocole PAGEREF _Toc148512135 \h 124
HYPERLINK \l "_Toc148512136" III.9.2.3 - Analyses des réponses au test PAGEREF _Toc148512136 \h 125
HYPERLINK \l "_Toc148512137" III.10 - ANALYSES STATISTIQUES PAGEREF _Toc148512137 \h 125
HYPERLINK \l "_Toc148512138" III.10.1 - Outil PAGEREF _Toc148512138 \h 125
HYPERLINK \l "_Toc148512139" III.10.2 - Tests PAGEREF _Toc148512139 \h 125
HYPERLINK \l "_Toc148512140" III.10.3 - Analyses PAGEREF _Toc148512140 \h 127
HYPERLINK \l "_Toc148512141" III.11 - RESUME PAGEREF _Toc148512141 \h 128
HYPERLINK \l "_Toc148512142" CHAPITRE IV : RESULTATS PAGEREF _Toc148512142 \h 130
HYPERLINK \l "_Toc148512143" IV.1 - PRE-TEST PAGEREF _Toc148512143 \h 130
HYPERLINK \l "_Toc148512144" IV.2 - DESCRIPTION VERBALE (Tâche 1) PAGEREF _Toc148512144 \h 130
HYPERLINK \l "_Toc148512145" IV.2.1 - Nombre total de propositions minimales PAGEREF _Toc148512145 \h 130
HYPERLINK \l "_Toc148512146" IV.2.2 - Etudes des différentes variables PAGEREF _Toc148512146 \h 131
HYPERLINK \l "_Toc148512147" IV.2.2.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512147 \h 132
HYPERLINK \l "_Toc148512148" IV.2.2.2 - Variables secondaires PAGEREF _Toc148512148 \h 133
HYPERLINK \l "_Toc148512149" IV.2.2.3 - Autres variables PAGEREF _Toc148512149 \h 137
HYPERLINK \l "_Toc148512150" IV.2.2.4 - Temps de réponse PAGEREF _Toc148512150 \h 139
HYPERLINK \l "_Toc148512151" IV.2.3 - Conclusion PAGEREF _Toc148512151 \h 139
HYPERLINK \l "_Toc148512152" IV.3 - PLANS LIBRES (Tâche 2a) PAGEREF _Toc148512152 \h 140
HYPERLINK \l "_Toc148512153" IV.3.1 - Nombre total de repères PAGEREF _Toc148512153 \h 140
HYPERLINK \l "_Toc148512154" IV.3.2 - Etudes des différentes variables PAGEREF _Toc148512154 \h 141
HYPERLINK \l "_Toc148512155" IV.3.2.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512155 \h 141
HYPERLINK \l "_Toc148512156" IV.3.2.2 - Variables secondaires PAGEREF _Toc148512156 \h 142
HYPERLINK \l "_Toc148512157" IV.3.2.3 - Autres variables PAGEREF _Toc148512157 \h 145
HYPERLINK \l "_Toc148512158" IV.3.2.4 - Temps de réponse PAGEREF _Toc148512158 \h 146
HYPERLINK \l "_Toc148512159" IV.3.3 - conclusion PAGEREF _Toc148512159 \h 147
HYPERLINK \l "_Toc148512160" IV.4 - PLANS INDICES (Tâche 2b) PAGEREF _Toc148512160 \h 148
HYPERLINK \l "_Toc148512161" IV.4.1 - Etude des différentes variables PAGEREF _Toc148512161 \h 148
HYPERLINK \l "_Toc148512162" IV.4.1.1 - Variable primaire PAGEREF _Toc148512162 \h 148
HYPERLINK \l "_Toc148512163" IV.4.1.2 - Variables secondaires PAGEREF _Toc148512163 \h 149
HYPERLINK \l "_Toc148512164" IV.4.2 - Conclusion PAGEREF _Toc148512164 \h 149
HYPERLINK \l "_Toc148512165" IV.5 - TACHE DE RECONNAISSANCE SANS EFFET DORDRE (Tâche 3) PAGEREF _Toc148512165 \h 150
HYPERLINK \l "_Toc148512166" IV.5.1 - Etude des différentes variables PAGEREF _Toc148512166 \h 150
HYPERLINK \l "_Toc148512167" IV.5.1.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512167 \h 150
HYPERLINK \l "_Toc148512168" IV.5.1.2 - Temps de réponse PAGEREF _Toc148512168 \h 152
HYPERLINK \l "_Toc148512169" IV.5.2 - Variable particulière : différences de perception des vues PAGEREF _Toc148512169 \h 153
HYPERLINK \l "_Toc148512170" IV.5.2.1 - Description des résultats PAGEREF _Toc148512170 \h 153
HYPERLINK \l "_Toc148512171" IV.5.2.2 - Interprétation des résultas PAGEREF _Toc148512171 \h 157
HYPERLINK \l "_Toc148512172" IV.5.3 - Conclusion PAGEREF _Toc148512172 \h 158
HYPERLINK \l "_Toc148512173" IV.6 - TACHE DE RECONNAISSANCE AVEC EFFET DORDRE (Tâche 4) PAGEREF _Toc148512173 \h 159
HYPERLINK \l "_Toc148512174" IV.6.1 - Etude des différentes variables PAGEREF _Toc148512174 \h 159
HYPERLINK \l "_Toc148512175" IV.6.1.1 - Variables primaires PAGEREF _Toc148512175 \h 159
HYPERLINK \l "_Toc148512176" IV.6.1.2 - Temps de réponse PAGEREF _Toc148512176 \h 160
HYPERLINK \l "_Toc148512177" IV.6.2 - Conclusion PAGEREF _Toc148512177 \h 161
HYPERLINK \l "_Toc148512178" IV.7 - TESTS DHABILETES VISUO-SPATIALES (Tâche 5) PAGEREF _Toc148512178 \h 162
HYPERLINK \l "_Toc148512179" IV.7.1 - MRT : test de rotation mentale 3D PAGEREF _Toc148512179 \h 162
HYPERLINK \l "_Toc148512180" IV.7.2 - MPFB : test de visualisation spatiale (2D) PAGEREF _Toc148512180 \h 164
HYPERLINK \l "_Toc148512181" IV.7.3 - Conclusion PAGEREF _Toc148512181 \h 165
HYPERLINK \l "_Toc148512182" IV.8 - RESUME PAGEREF _Toc148512182 \h 166
HYPERLINK \l "_Toc148512183" CHAPITRE V : DISCUSSION PAGEREF _Toc148512183 \h 168
HYPERLINK \l "_Toc148512184" V.1 - DESCRIPTION VERBALE (tâche 1) PAGEREF _Toc148512184 \h 168
HYPERLINK \l "_Toc148512185" V.2 - CARTOGRAPHIES LIBRES ET INDICES (tâche 2) PAGEREF _Toc148512185 \h 170
HYPERLINK \l "_Toc148512186" V.3 - TACHE DE RECONNAISSANCE SANS EFFET DORDRE (tâche 3) PAGEREF _Toc148512186 \h 172
HYPERLINK \l "_Toc148512187" V.4 - TACHE DE RECONNAISSANCE AVEC EFFET DORDRE (tâche 4) PAGEREF _Toc148512187 \h 174
HYPERLINK \l "_Toc148512188" V.5 - TESTS DHABILETES VISUO-SPATIALES : MRT & MPFB (tâche 5) PAGEREF _Toc148512188 \h 175
HYPERLINK \l "_Toc148512189" V.6 - DISCUSSION GENERALE PAGEREF _Toc148512189 \h 177
HYPERLINK \l "_Toc148512190" CHAPITRE VI : LIMITES ET PERSPECTIVES PAGEREF _Toc148512190 \h 182
HYPERLINK \l "_Toc148512191" VI.1 - LIMITES DE LETUDE PAGEREF _Toc148512191 \h 182
HYPERLINK \l "_Toc148512192" VI.2 - PERSPECTIVES PAGEREF _Toc148512192 \h 183
HYPERLINK \l "_Toc148512193" CONCLUSION PAGEREF _Toc148512193 \h 187
HYPERLINK \l "_Toc148512194" REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES PAGEREF _Toc148512194 \h 189
HYPERLINK \l "_Toc148512195" ANNEXES PAGEREF _Toc148512195 \h 229
ARGUMENT GENERAL
La schizophrénie dont les premiers symptômes apparaissent à ladolescence tardive, sauf exception dans le cas dune schizophrénie à diagnostic précoce (< 16 ans), est une maladie psychiatrique chronique aux répercussions socio-économiques importantes. Elle constitue un des fléaux majeurs de ladolescent et du jeune adulte (18-19 ans). La schizophrénie est une maladie caractérisée par lhétérogénéité de ses manifestations cliniques. Parmi les principaux symptômes de la maladie Bleuler (1911) distinguait le syndrome dissociatif, le syndrome délirant et le repli autistique. Plus radicalement le troubleschizophrénique se subdivise selon Crow (1980), en symptomatologie positive et en symptomatologie négative.
La physiopathologie de cette maladie reste encore aujourdhui incomprise. Cela, bien quon retienne dans sa physiopathologie la participation de facteurs génétiques (études dagrégation familiale ou dadoption de jumeaux), environnementaux (événements extérieurs, stress, drogue), et neurodéveloppementaux (anomalies cérébrales et neuropathologiques survenues au cours du développement). A lappui de lhypothèse neurodéveloppementale on peut citer les anomalies physiques et neurologiques mineures présentes dés lenfance, le rôle des complications au cours de la période prénatale (quatrième mois de grossesse chez la femme), les complications obstétricales ainsi que les anomalies neuropathologiques, anatomiques, cytoarchitecturales retrouvées dans les cerveaux des patients schizophrènes. Ces anomalies neurodéveloppementales peuvent avoir des répercussions fonctionnelles directes. Des anomalies du développement psychomoteur, du langage, des troubles des fonctions cognitives, exécutives et mnésiques sont, de nos jours, reconnus comme appartenant au syndrome schizophrénique à part entière.
Plusieurs types de fonctions mnésiques sont touchés par la pathologie. Les patients schizophrènes sont déficitaires aussi bien dans les épreuves de mémoire de travail (dont la mémoire de travail visuo-spatiale -cortex préfrontal), que dans les épreuves de mémoire à long terme (épisodique, autobiographique, contextuelle et spatio-temporelle -hippocampe et zones adjacentes). Ces patients ne sont, en effet, pas capables de se souvenir dun événement précis et de son contexte spatio-temporel. Ils sont donc probablement déficitaires dans ce que certains ont appelé le « binding contextuel ». En effet, ils présenteraient de nombreux déficits non seulement dans le rappel des événements eux-mêmes mais aussi dans le rappel de leur contexte (spatial et temporel). Ces types de déficits mnésiques pourraient être liés aux anomalies hippocampiques retrouvées dans le cerveau de ces patients
Notre travail de thèse a eu pour objet de mettre en évidence les déficits mnésiques, de type spatio-temporel et contextuel, observés chez les patients schizophrènes. Nous avons mis au point une épreuve spécifique encore jamais utilisé chez une telle population : la navigation en condition écologique (exploration dune cité réelle en condition environnementale). Nous avons demandé aux sujets (patients schizophrènes et sujets contrôles sains) de se souvenir dun trajet préalablement effectué avec une expérimentatrice en se rappelant son contexte spatio-temporel. De plus, pour réussir certains des exercices proposés (portant sur le trajet), les sujets ont du construire une représentation mentale de lenvironnement visité. Construire une représentation mentale dun environnement, c'est-à-dire construire une carte cognitive de celui-ci implique, comme les différents types de mémoires décrites ci-dessus, lhippocampe. Nous avons donc testé les patients schizophrènes sur leur capacités (ou non) à reconstruire un événement (ayant eu lieu peu de temps auparavant) dans son contexte spatio-temporel (« où », « quand », « quoi »). Nous les avons aussi testés sur leur capacité à se représenter mentalement litinéraire (« survol » ou « trajet ») afin de le restituer de la manière la plus précise possible. Lépreuve de navigation a été mise au point avec le laboratoire du LIMSI (M. Denis et al.). Celle-ci se déroulait dans une cité réelle urbaine exclusivement en extérieur (lhôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris). A la suite de cette épreuve, différentes tâches, portant sur le trajet, étaient proposées aux participants, sujets contrôles sains et patients schizophrènes.
Ces tâches étaient de trois types :
- rappel libre : description verbale (technique danalyse selon le protocole de M. Denis, 1997) et plan libre de litinéraire parcouru;
- rappel indicé : retracer le trajet sur un plan de lhôpital,
- tâches de reconnaissance, lune sans effet dordre (simple reconnaissance) et lautre avec effet dordre.
Dans la première partie de ce travail sera présenté toute la partie théorique constituée des nombreux éléments ayant permis délaborer ce travail de thèse, de mettre en place nos hypothèses et détablir nos objectifs. Dans la seconde partie de ce travail sera présentée le cadre expérimental avec sa problématique, les méthodologies utilisées, les résultats obtenus, suivi dune discussion détaillée.
SCHIZOPHRENIE, MEMOIRE ET HIPPOCAMPE
LA MALADIE SCHIZOPHRENIQUE
Points cliniques fondamentaux
Diagnostic de la maladie
Le terme de schizophrénie fut introduit pour la première fois par Bleuler en 1911, succédant ainsi au terme de « démence précoce » décrit par Kraepelin en 1899 qui regroupait sous le même terme plusieurs pathologies différentes mais ayant une évolution commune au cours du temps. Selon Bleuler (1911), le trouble au cur de la maladie est la dissociation qui se traduit par un désordre de la pensée, de laffectivité, du comportement. Le diagnostic de la schizophrénie est aujourdhui le plus souvent basé sur les critères du DSM IV (manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux, American Psychiatric Association, 1994). Selon ce manuel, le diagnostic de la maladie schizophrénique est constitué de six critères précis. Ces critères sont présentés dans lencadré ci-dessous.
Critère A : Symptômes caractéristiques
Présence de deux ou plus des manifestations suivantes pendant au moins un mois : idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportement grossièrement désorganisé ou catatonique, symptômes négatifs (émoussement affectif).
Critère B : Dysfonctionnement social
Critère C : Durée de la maladie doit être supérieure à six mois avec présence du critère A pendant au moins un mois.
Critère D : Exclusion dun trouble schizo-affectif et dun trouble de lhumeur.
Critère E : Exclusion daffection médicale générale ou due à une substance.
Critère F : Pas de trouble envahissant du développement.
Pearlson et al., (2000) définissent la schizophrénie comme un groupe daffections hétérogènes (expression clinique variée) conduisant à une profonde désorganisation de la personnalité.
Prévalence et âge de début
Sa prévalence de 1% dans la population générale correspond à 600 000 cas environ en France (Torrey et al., 1987 ; An Der Heiden et al., 2000 ; Andreasen, 2000 ; Lewis et Al., 2000). Lâge de début de la maladie se situe généralement vers 19 20 ans (environ), soit à la fin de ladolescence ou dès le début de la vie dadulte (Keshavan et al., 1992). Cependant, lâge de début peut varier (de plusieurs mois à plusieurs années). Il existe, en effet, des schizophrénies à « diagnostic précoce » dont lâge de début de la maladie est inférieur à 16 ans (faible prévalence dans la population générale). Chez ces patients le même tableau clinique que celui décrit chez ladulte est retrouvé (Werry et al., 1992).
Les facteurs de risques
Il existe plusieurs facteurs de risques (génétiques, héréditaires et environnementaux) pouvant déclencher lexpression du phénotype schizophrénie (Golgberg et al., 1995). Daprès les nombreuses études réalisées dans ce domaine, limplication génétique à elle seule nest pas suffisante (étude de gemellolologie monozygote versus dizygote, taux de concordance de 50 %) pour développer une schizophrénie (Weinberger et al., 1992b ; Singh et al., 2004). Limplication de facteurs environnementaux (influences psychosociales et biologiques) est nécessaire à un tel développement (Singh et al., 2004). Il est donc impossible dexclure linfluence de lenvironnement prénatal (discuté dans le paragraphe « hypothèse neurodéveloppmentale ») dans le développement de la schizophrénie.
Hypothese neurodeveloppementale
Eléments introductifs
Cette hypothèse, en plein essor depuis les années 80 (Lewis et Murray, 1987 ; Weinberger, 1987) est une des principales hypothèses sur lorigine du développement de la maladie (Harrison, 1997 ; McClure et al., 2003 ; Arnold et Al., 1999, 2005 ; Rapoport et al., 2005). Daprès cette hypothèse, des anomalies cérébrales apparaissent précocement (Jakob et al., 1986 ; Weinberger, 1987) au cours du développement (période prénatale). Celles-ci sont fixes, non progressives et dormantes durant une période donnée (dont on ne peut encore expliquer la durée) jusqu'à une manifestation de celles ci à ladolescence ou chez le jeune adulte (âge de déclaration de la pathologie). Ces anomalies neurodéveloppementales pourraient être détectées dés la période prénatale grâce aux scaners à ultra-sons utisés pour étudier le développement ftale cérébrale (Gilmore et al., 2001, 2004).
Données épidémiologiques
Certains facteurs environnementaux, survenant en périodes pré ou péri natales peuvent avoir des effets délétères sur le développement cérébral, augmentant ainsi le risque de développement dune schizophrénie (Cannon et al., 1994 ; Cannon et al., 1993 ; Cannon et al, 2000Cannon et al., 2002 ; Susser et al, 1996 ; Arnold et al., 2005 ; Rapoport et al., 2005) :
- Les saisons ont une incidence sur le développement futur de la maladie (Bourgeois et al., 1990 ; Torrey et al., 1997). En effet, les naissances ayant lieu au cours de lhiver et du printemps augmentent de 5 à 8 % le risque de schizophrénie par rapport à la population générale.
- Les diverses infections contractées par la mère, au cours du second trimestre de grossesse ou à lapproche de la naissance, telles que la rubéole, la diphtérie, la pneumonie, la grippe, la rougeole, la varicelle, linfluenza et les infections intra utérines sont des facteurs possédant un rôle important dans le développement dune telle maladie (Brown et al., 2001 ; Watson et al., 1984 ; Torrey et al., 1988 ; Mednick, 1988, 1990 ; Kunugi et al., 1992 ; Brown et al., 2004 ; Brown et Susser, 2002).
- Les naissances en milieu urbain, comparées à celles en milieu rural, augmentent, elles aussi, le risque de développement dune schizophrénie (Marcelis et al., 1998 ; Mortensen et al., 1999).
- Les complications obstétricales (survenant généralement au quatrième mois de grossesse) et périnatales affectent aussi le développement cérébral, multipliant ainsi par deux le risque de développement de la maladie (McNeil et al., 1995 ; Geddes et Lawries, 1995 ). Parmi ces complications, il est possible de citer lhypoxémie, les diverses expositions virales péri natales, la prématurité, lincompatibilité sanguine rhésus, la souffrance ftale, la préeclampsie et les traumatismes survenant durant laccouchement (Buka et al., 1993, 2001 ; Wright et al., 1995 ; Hollister et al., 1996 ; OCallaghan et al.,1991, 1992 ; Lewis et Al., 1987 ; Kendell et al., 1996 ; Rosanoff et al., 1934 ; Matsumoto et al., 2001). De plus, les antécédents de complications obstétricales sont beaucoup plus fréquemment retrouvées chez les patients ayant développé une schizophrénie précoce (Kirov et Al., 1995 ; Verdoux et al., 1997).
Données cliniques
Les anomalies neurologiques
Les anomalies neurologiques et physiques mineures sont associées avec des anomalies du développement cérébral (Green et Al., 1994 ; OCallaghan et Al., 1991 ; Schiffman et Al., 2002 ; Gourion et Al., 2004a, 2004b, 2004c). En conséquence, celles-ci sont associées à un risque accru de développement de la maladie. Ces anomalies neurologiques se traduisent notamment par des anomalies au niveau des dermatoglyphes, cest à dire au niveau des crêtes papillaires (Fananas et Al., 1990). Ces anomalies neurologiques et physiques mineures sont, de plus, généralement associées à un retard mental ou à dautres désordres psychiatriques (Lohr et Flynn, 1993 ; Sivkov et Akabliev, 2003). La présence de ces anomalies constitue de subtils indicateurs précédant lapparition de futurs symptômes psychiatriques. En effet, elles sont présentes dés le développement pré natal et se retrouvent chez les patients schizophrènes.
Anomalies cognitives et sociales
Il a été mis en évidence au cours de lenfance et de ladolescence, chez les patients schizophrènes, un défaut dapprentissage du langage, un QI peu élevé, de basses performances cognitives, des résultats scolaires médiocres et des déficits attentionnels (Chua et Murray, 1996 ; Kremen et al., 1998 ; Davidson et Al., 1999 ; Niemi et Al., 2003).
Des anomalies du développement social (Niemi et Al., 2003 ; Cannon et al, 2002) ont aussi été rapportées. Ces enfants ou jeunes adolescents sont généralement des jeunes ayant peu de relations sociales, des comportements sociaux inappropriés ainsi quune anxiété sociale et une hypersensibilité importantes (Done et Al., 1994 ; Malmberg et Al., 1998 ; Davidson et Al., 1999 ; Kim-Cohen et al., 2003).
Données neuro-anatomiques
De nombreuses anomalies cérébrales survenant au cours du développement ont été observées et caractérisées (études réalisées post mortem ou en imagerie, sur les cerveaux des patients schizophrènes) dans la physiopathologie de la schizophrénie (Arnold et al., 1996 ; Arnold et Rioux, 2001 ; Shenton et al., 1997, 2001 ; Weinberger et al., 2002). Ces anomalies sont présentes dans plusieurs régions cérébrales (Bogerts et al., 1985, 1990, 1993 ; Chua et al., 1995 ; Arnold et al., 1997, 2000 ; McCarley et Al., 1999 ; Gur et Al., 1994c, 1998, 1999 ; Joyal et Al., 2002, Benes et Al., 1993b, 1995c, 1999 ; Weinberger et Al., 1992a, 1999, 2001).
Volume cérébral et ventricules
Une diminution du volume cérébral total., du volume des substances grise et blanche, et une dilatation des ventricules latéraux et du IIIème ventricule, avec un élargissement pouvant aller de quelque % à 40 %, font partie des anomalies présentes dans le cerveau des patients schizophrènes (Andreasen et Al., 1990, 1994 ; Gur et Al, 1998 ; Jerningan et Al., 1991 ; Nasrallah et Al., 1990 ; McCarley et Al., 1999 ; Canon et Al., 1993 ; Sacchetti et Al., 1992 ; DAmato et Al., 1992 ; DeGreef et Al., 1988, 1992 ; Weinberger et Al., 1980 ; De Lisi et Al., 1988, 1991 ; Lawrie et Abukmeil, 1998 ; Wright et al., 2000 ; Harrison et Freemantle, 2003a ; Harrison et Weinberger, 2005). La diminution du volume cérébral total à de fortes conséquences sur le développement de la maladie schizophrénique, en particulier sur leurs facultés intellectuelles. En effet, il est connu que chez les adolescents, âgés denviron quinzes ans, le volume de la substance grise est positivement et fortement corréllé avec leurs facultés intellectuelles (Wilke et al., 2003).
Zones corticales
Des anomalies anatomiques sont présentes dans le cerveau des patients schizophrènes au niveau du lobe frontal, pariétal et occipital (Harvey et Al., 1993 ; Nopoulos et Al., 1995a, 1995b ; McCarley et Al., 1999 ; Wibble et Al., 1995 ; Zipursky et Al., 1994 ; Gur et al, 2000 ; Mathalon et al., 2001 ; Davidson et al., 2003). Ces anomalies se traduisent par une diminution de volume de ces régions notamment au niveau du cortex et du gyrus orbito-frontal, du cortex frontal median, du cortex pariétal inférieur et du gyrus lingual.
Zones temporales
Des anomalies du lobe temporal sont présentes chez les patients schizophrènes. Celles ci correspondent à des différences de volume significatives entre les cerveaux des patients schizophrènes et ceux des sujets contrôles sains (Barta et Al., 1990 ; Becker et Al., 1996 ; Sullivan et Al., 1998 ; Gur et Al., 1998 ; McCarley et Al., 1999). Ces anomalies se situent particulièrement au niveau du lobe temporal médian et au niveau du gyrus temporal supérieur (Szeszko et al., 2003).
Lobe temporal médian
Celui-ci est composé de lhippocampe (anomalies décrites dans le paragraphe « structure hippocampique »), de lamygdale, du gyrus parahippocampique et du cortex enthorhinal Des anomalies significatives se traduisant par une diminution de volume de cette région cérébrale sont présentes dans le cerveau des patients schizophrènes (Barta et Al., 1997 ; Bogerts et Al., 1990 ; Egan et Al., 1994 ; McCarley et Al., 1999, Heckers et al., 2001). Grâce à lhistologie, il a été montré, chez les patients schizophrènes, que les neurones du cortex enthorhinal, spécialement ceux de la couche « lamina II », et de la substance blanche néocorticale ont une localisation hétérotopique (Kovalenko et al., 2004 ; Eastwood et al., 2003). Ces anomalies de migration neuronale sont de fort indicateurs des anomalies neurodéveloppementales précoces (Harrison et al., 1997 ; Rapoport, 2005).
Gyrus temporal supérieur
Des anomalies se traduisant par une diminution de volume sont aussi présentes dans le cerveau des patients schizophrènes dans cette région cérébrale (Shenton et Al., 1992 ; Sullivan et Al., 1998 ; McCarley et Al., 1999).
Structure hippocampique
Implication de lhippocampe dans la schizophrénie
Le rôle de lhippocampe dans la maladie schizophrénique est aujourdhui bien précisé (Harrison et al., 1999, 2003b, Harrison et Lewis, 2003c ; Harrison, 2004 ; Heckers, 2004, Harrison et weinberger, 2005). En raison de sa position stratégique dans le système cortico-limbique et de la probabilité de son intervention dans les désordres cognitifs et émotionnels, lhippocampe joue un rôle central dans la physiopathologie de la schizophrénie (Benes et Al., 1993a, 1995c ; Hanlon et al., 2000 ; Harrison, 2003a, 2003c). Son implication dans la physiopathologie de la maladie a été mise en évidence grâce aux études réalisées post-mortem sur les cerveaux de patients schizophrènes. Ces études ont montré la présence, dans lhippocampe, dune variété danomalies structurales et neurochimiques (Benes et Al., 1991a, 1991b, 1996a, 1996b ; Bogerts et Al., 1985 ; Falkai et Al., 1986 ; Jeste et Al., 1989 ; Shenton et Al., 1997 ; McCarley et Al., 1999 ; Harrison et Al., 1991 ; Kerwin et Al., 1988, 1990, 1992; Reynolds et Al., 1990). Ces anomalies hippocampiques ne seraient pas dues à une quelconque prise de médicaments (neuroleptiques typiques ou atypiques) car celles-ci ont aussi été retrouvées dés le premier épisode de la maladie schizophrénique (Bogerts et Al., 1990 ; Pantelis et al., 2003). Lhippocampe est donc fortement impliqué dans la maladie schizophrénique, notamment dans les champs cliniques, neuropsychologiques, anatomiques, morphologiques et moléculaires (Sachdev, 1998 ; Harrison et Al., 1999 ; Saykin et Al., 1991 ; Gothelf et Al., 2000 ; Harrison, 2004).
Anomalies hippocampiques
Macroscopiques
Chez les patients schizophrènes (Heckers, 1991), lhippocampe montre une réduction bilatérale de son volume total (Gothelf et Al., 2000 ; Velakoulis, 2001 ; Lawrie et Abukmail., 1998 ; Wright et al., 2000), atteignant 4% daprès Nelson (1998). Une étude en imagerie, réalisée sur des jumeaux monozygotes, dont lun était atteint par la maladie, a montré que le volume de lhippocampe du jumeau atteint était plus petit que celui du jumeau non atteint (Suddath et Al., 1990). Les anomalies volumiques retrouvées au niveau du lobe temporal médian sont plus prononcées du coté gauche. En effet, il y a une diminution du volume de la substance grise plus importante du coté gauche au niveau des régions hippocampiques antérieures, du parahippocampiques, de lamygdale et du gyrus postérieur temporale supérieur (Shenton et Al., 1992 ; Kasai et Al., 2003). Lhippocampe est la région la plus touchée par cette asymétrie (Zaidel et Al., 1995, 1997a, 1997b).
Les altérations cytoarchitecturales retrouvées dans lhippocampe sont elles aussi plus prononcées du coté gauche (Jeste et Lohr, 1989 ; Arnold et Al., 1991). Ainsi, des anomalies significatives dasymétrie et de forme ont été rapportées chez les patients schizophrènes (Csernanski, 1998, 2002 ; Casanova et al., 2002). Cette asymétrie, plus prononcée du coté gauche est tout à fait compatible avec les déficits de mémoire verbal décrit chez les patients schizophrènes et leur faible QI verbale (Saykin et Al., 1991).
Chez les patients schizophrènes, il na été décrit aucune anomalie de volume des couches de cellules pyramidales, aussi bien au niveau du subiculum que des régions CA1, CA2, CA3, CA4 de lhippocampe (Benes, 1998). En revanche, des anomalies au niveau des neurones pyramidaux, eux-mêmes, ont été décrites (Harrison, 1999). En effet, les anomalies généralement alignées au niveau de la Corne dAmmon (CA), ont une orientation variable, et même reversées chez les patients schizophrènes (Kovelman et Scheidel, 1984). Ces anomalies dorientations sont généralement présentes au niveau des régions CA1, CA2 et du subiculum (Conrad et Coll, 1991 ; Jonsson, 1997), sauf, pour Zaidel (1997a) qui nobserve aucune différence dans lorientation des dendrites.
Neurones et connexions synaptiques
Chez les patients schizophrènes, des anomalies de la taille, du nombre et de la densité neuronale ont été observées dans lhippocampe (Conrad et Al., 1991 ; Arnold et Al., 1995). Une diminution de la densité et/ou du nombre de neurones a en effet été montrée (Falkai, 1986 ; Jeste, 1989 ; Jonsson, 1997). En revanche, aucun changement significatif concernant la perte neuronale na été observé, quelles que soient les subdivisions (CA1, CA2, CA3, CA4) hippocampiques étudiées (Kovelman, 1984 ; Benes, 1991b ; Heckers, 1991 ; Arnold, 1995 ; Walker et al., 2002). Pour comprendre ces résultats contradictoires, Benes (1998) étudie, deux sortes de neurones présents dans lhippocampe: les neurones pyramidaux (PN) et les non pyramidaux (NP). Aucune différence nest observée pour les PN pour le nombre, la densité et la taille de ceux-ci chez les patients schizophrènes (Christison et al., 1989 ; Benes 1998 ; Cotter et al., 2002 ; Highley et al., 2003), contrairement à Sweet et al. (2003), Arnold (1995), Zaidel (1997b) et Benes lui-même, qui en 1991 montrent une diminution de la taille de ces neurones pyramidaux au niveau de la région CA1 et du subiculum. Pour les NP, en revanche, une diminution de leur densité est observée chez les sujets schizophrènes au niveau des régions CA2 et CA3 de lhippocampe, ainsi quune diminution de leur nombre au niveau de la région CA2. Benes en 1998, montre une diminution de 40% du nombre de ces neurones non pyramidaux dans la région CA2, due, selon lui, à la haute affinité des glucocorticoïdes dans ce secteur. Les résultats précédemment décrits, ne seraient pas dus à un artéfact de laction des neuroleptiques mais seraient une conséquence de la maladie schizophrénique (Benes, 1998).
Chez les patients schizophrènes, il a aussi été observé que les connexions synaptiques étaient moins élaborées, principalement dans les régions CA3-CA4 de lhippocampe (Gothelf et Al., 2000, Weinberger, 1999). Ces anomalies de connexions synaptiques laissent supposer la présence dune pathologie neurale chez ces patients. Celles-ci seraient peut-être à la base de limplication neuropathologique de lhippocampe dans la schizophrénie (Harrison et Eastwood, 2001 ; Heckers et Konradi, 2002).
Les marqueurs neuronaux
Dans lhippocampe une expression anormale de certains gènes médiateurs, pour la plasticité neurale et le développement du système nerveux central, est présente, principalement au niveau des régions CA3-CA4 (Weinberger, 1999). Eastwood (1995b) en étudiant par hybridation in situ lexpression des gènes codant pour les sous unités GluR1 et GluR2 des récepteurs non NMDA, a observé une diminution bilatérale de lexpression de ces sous unités dans le gyrus denté, le subiculum et les régions CA3 et CA4, pouvant atteindre 25 à 70%. Les protéines synaptiques, telles la SNAP-25, la synaptophysine et la synapsine I (réduction de 40% selon Browning en 1993), montrent des taux diminués chez les patients atteints de schizophrénie (Eastwood et Harrisson , 1995a ; Harrison et Eastwood, 2003b ; Chambers et al, 2004 ; Honer et al, 2004). Dans la schizophrénie, des anomalies de la plasticité synaptique (utilisation dun marqueur de la plasticité synaptique : le marqueur GAP-43) ont été rapportées (Eastwood et Harrisson ,1998 ; Chambers et al., 2004). En effet, les auteurs observent, dans le cerveau des patients schizophrènes, une diminution de lactivité de GAP-43. Une diminution bilatérale du marqueur de la fonction neurale et du nombre de cellules neurales, le marqueur NAA (N- acetyl aspartate), a été retrouvé dans lhippocampe du cerveau des patients schizophrènes (Bertolino et Al., 1998 ; Deicken et Al., 1998 ; Maier et Al., 1995 ; Nudmamud et al., 2003). Cette diminution est une preuve indiquant lexistence dune pathologie neurale dans le cerveau des patients schizophrènes située principalement dans la zone hippocampique (Maier et Al., 1995 ; Deicken et Al., 1998). Une diminution de 50% de la protéine Reeline, protéine impliquée dans la migration cellulaire au niveau des régions corticales et hippocampiques, a aussi été mise en évidence chez les patients schizophrènes (Impagnatiello et Al., 1998 ; Guidotti et Al., 2000 ; Fatemi et Al., 2001 ; Eastwood et Harrison, 2003 ; Tissir et Goffinet, 2003).
La transmission glutatamatergique
Au niveau des interneurones de lhippocampe, on distingue deux neurotransmetteurs importants que sont le Glutamate et le GABA. Ces deux neurotransmetteurs sont extrêmement liés puisque le Glutamate par laction dune enzyme, la Glutamate décarboxylase (GAD) produit du GABA. Lhypothèse dun dysfonctionnement glutamatergique dans la schizophrénie a été mise en évidence par laction dantagonistes non spécifiques du récepteur NMDA (Tamminga et Al., 1998). Les antagonistes de ce récepteur telle que la phencyclidine (PCP), produisent une psychose semblable à la schizophrénie et miment les symptômes positifs et négatifs de la maladie (Javitt et Zukin, 1991). Dans les régions cérébrales suivantes : cortex préfrontal, thalamus, lobe temporal et hippocampe, les études post mortem ont montré des anomalies des récepteurs au glutamate et des récepteurs à la glutamine (Gao et Al., 2000 ; Ibrahim et Al., 2000 ; Meador-Woodruff et Al., 2000). Les anomalies observées sont des anomalies de la densité et de la composition des sous unités de ces récepteurs. Des changements dans lexpression des gènes codant pour le récepteur GABA A et la GAD ont été rapportés dans les études post mortem (Akbarian et Al., 1995a, 1995b ; Hashimoto et Al., 2003). Les cinq enzymes majeures impliquées dans la voie de biosynthèse du GABA ont été étudiées (Zhang et Al., 2005, figure 1 : voie de biosynthèse du GABA). Elles seraient peut être à lorigine de certains des troubles de la maladie schizophrénique (Zhang et Al., 2005). En effet, il est connu que lactivité et lexpression de la GAD sont anormales dans la schizophrénie (Bird et Al., 1977 ; Gluck et Al., 2000, Volk et Al., 2000). Cependant les investigations sur les variants génétiques de la GAD, selon des études plus récentes (De Luca et Al., 2004), ne valident pas le fait que la GAD joue un rôle majeur dans la prédisposition à la pathologie. Il ny a, en effet, aucune association entre les polymorphismes génétiques observés et la maladie (Zhang et Al., 2005). Les gènes des cinq enzymes étudiés nont donc pas de rôle majeur dans la physiopathologie de la schizophrénie. Ainsi au niveau génétique la maladie schizophrénique semble beaucoup plus complexe puisquune multitude de gènes seraient impliqués dans son développement.
Fig 1 : voie de biosynthèse du GABA, daprès Zhang et Al., 2000)
Limplication du Glutamate dans la schizophrénie est aussi due à son interaction avec un autre neurotransmetteur, la Dopamine (Carlson, 1990 ; Benes, 1995b), et à laction exitotoxique que celui ci peut produire sur les neurones hippocampiques (Olney, 1995). En effet, au niveau de lhippocampe, les neurones GABAergiques semblent particulièrement vulnérables à laction exitotoxique du Glutamate via les récepteurs Kainate (Coyle, 1976 ; Olney, 1979 ; Zhang, 1990 ; Pollard, 1994). De plus, dans lhippocampe des patients schizophrènes, une baisse des récepteurs non NMDA, une diminution des marqueurs glutamatergiques et une diminution de lARNm de certains sous types dunités du récepteurs Kainate (GluR6, KA2) a été observée (Kerwin, 1988 ; Harrison, 1991 ; Eastwood, 1997 ; Porter, 1997). Une diminution des récepteurs GluR5, 6,7 (sous-unités du récepteur Kainate) a aussi été montrée chez les patients schizophrènes dans les régions CA2, CA3 au niveau dendritique (Benes, 2001). La diminution de ces récepteurs (GluR5, 6,7) est due selon Benes (2001) à la down-régulation des cellules exprimant ces récepteurs. Le traitement médicamenteux (neuroleptiques) ne peut expliquer les données précédemment décrites. En effet, une étude sur des rats traités par de lhalopéridol (Eastwood, 1996) montre une augmentation du récepteur Kainate au niveau hippocampique (Benes, 2001). Les neuroleptiques auraient donc plutôt tendance à augmenter ces protéines et non à les diminuer.
Il a été observé une diminution du GABA, des cellules GABAergiques et/ou de leur activité dans lhippocampe des patients schizophrènes (Reynold, 1990 ; Benes, 2001). Chez les sujets sans neuroleptiques, daprès Benes et Al (1996a, 1996b ; 1997), il y a une up-régulation des récepteurs GABA A et une diminution de la GAD au niveau des axones des neurones GABAergiques. En revanche, chez les sujets sous neuroleptiques, laugmentation de la GAD (GAD65 précisément) est observée (Todtenkopf, 1998). Ces anomalies ont été principalement observées dans les régions CA2, CA3 de lhippocampe, là où les récepteurs Kainate sont les plus abondants (Good, 1993). Benes (2001) déduit de cette observation lexistence dune corrélation entre les altérations du récepteur Kainate et les changements observés au niveau du système GABAergique. Les changements observés au niveau des axones des neurones GABAergiques sont parallèles à ceux observés pour le récepteur GABA A. Ces changements sont plus marqués dans les régions hippocampiques CA2, CA3 (Benes 1998). De récentes études post mortem ont montré quil y avait une augmentation de lactivité de liaison aux récepteurs GABA A, particulièrement dans les secteurs CA3-CA2 de lhippocampe (Benes et Al., 1996a). Ce récepteur est préférentiellement situé dans les neurones non pyramidaux de la région CA3 (Benes et Al., 1996a).
En conclusion, la modulation GABAergique est probablement défectueuse dans lhippocampe des patients schizophrènes et joue un rôle significatif dans la physiopathologie de la maladie (Benes, 1995a, 1998 ; Harrison et al., 2003).
Conséquences du stress sur lhippocampe
Le stress, selon Benes (1997) joue un rôle non négligeable dans la schizophrénie. Le stress a une forte implication sur lhippocampe puisque toutes les formes de stress sont associées avec une augmentation de la libération de glucocorticoïdes (GC), hormones stéroïdes, dont le récepteur est présent dans lhippocampe (Sapolski, 1992). Lhippocampe ayant un fort impact sur les phénomènes de mémoire et dapprentissage, le stress ou la libération de GC pourraient avoir, via leur action sur lhippocampe, une implication dans ces phénomènes (Luine at al, 1996). Une région de lhippocampe sensible au stress est le gyrus denté. Cette région est la seule avec la zone ventriculaire à subir une régénération neuronale continuant non seulement en période post-natale mais aussi tout au long de la vie dadulte (Altman et Al., 1965 ; Kuhn et Al., 1996). Le développement du gyrus denté commence en période de gestation et continue pendant toute la période post-natale, avec des remodelages intervenant même à lâge adulte (Gould et Beylin, 1999). Ainsi, les cellules granulaires (cellules du gyrus denté) continuent à se régénérer tout au long de la vie (Altman et Bayer, 1980). Cette régénération cellulaire tardive (au cours de la vie adulte) a un rôle important dans lhippocampe (Gould et Beylin, 1999). En effet, cette régénération cellulaire est particulièrement sensible aux perturbations environnementales qui elles-mêmes perturbent la structure et la fonction hippocampique (Gould et Tanapat., 1999). Le stress interviendrait, au cours de la vie post-natale, dans la région hippocampique grâce à laction des glucocorticoïdes (GC). En effet, celles-ci exercent un effet suppresseur sur les cellules du gyrus denté. Le niveau basal des glucocorticoïdes est inversement corrélé avec le taux de prolifération cellulaire observé dans le gyrus denté (Sapolsky et Al., 1986). Chez le rat, par exemple, après la naissance, il y a une période appelée « période dhypo-reponse au stress » au cours de laquelle le niveau de stéroïde diminue (Schlessinger et Al., 1975). En revanche la production cellulaire est maximum quand le taux de glucocorticoïdes augmente. Leffet des GC sur la région hippocampique nest pas due à sa fixation sur les récepteurs aux glucocorticoïdes, type I et II, puisque dans cette région ce type de récepteur nest pas présent (Cameron et Al., 1993). La prolifération cellulaire est dépendante de lactivation ou de la non activation du récepteur NMDA. Lactivation de ce récepteur inhibe la prolifération cellulaire (Cameron et Al., 1995 ; Gould et Al., 1994). Ainsi, le stress inhibe la prolifération cellulaire au niveau du gyrus denté. Or une suppression de la production des cellules granulaires provoque, chez ladulte, des effets négatifs sur la structure hippocampique (Moghaddam et Al., 1994). Le stress augmente, en revanche, le taux de glucocorticoïdes circulant, et stimule la libération de Glutamate au niveau de lhippocampe. Ainsi, le stress possède une variété deffets, non négligeables, sur lhippocampe. Une augmentation de celui-ci au cours du développement va provoquer une altération de la structure hippocampique (Gould et Tanapat, 1999) qui aura des conséquences sur les phénomènes mnésiques. De plus, la diminution de la prolifération cellulaire granulaire au cours du développement aurait un effet négatif sur la mémoire et lapprentissage chez ladulte. En effet, une augmentation des cellules granulaires est nécessaire à lapprentissage. Ainsi, le stress intervenant au cours du développement semble corrélé avec les fonctions mnésiques délétères observées chez les patients schizophrènes.
MEMOIRE ET HIPPOCAMPE
La memoire a long terme
Cas clinique : patient HM
Limplication de lhippocampe dans les phénomènes mnésiques a été mise en évidence dans les années 50 grâce à un patient nommé « HM » (Scoville et Milner, 1957 ; Corkin, 1984). HM était un patient atteint dépilepsie. Celui-ci étant réfractaire à toute médication, le lobe temporal médian a dû lui être retiré. Après ablation, le patient était devenu en partie amnésique (sévères déficits mnésiques) mais avait, pourtant, conservé sa mémoire procédurale (implicite) et ses habiletés cognitives, tels que le langage, sa capacité à raisonner, son QI et sa mémoire à court terme (STM). En revanche, sa mémoire déclarative (explicite) était défaillante. Il pouvait se souvenir de certains événements préalablement vécus avant lintervention chirurgicale comme ceux de son enfance. En revanche, il était incapable de se souvenir dévénements récents. Ce patient était, en effet, incapable de se souvenir dévénements ayant eu lieu peu de temps avant lablation, et / ou, survenant après celle-ci. Il était incapable de se souvenir de nouveaux visages rencontrés, de nouveaux endroits visités mais était, en revanche, capable dapprendre de nouvelles procédures motrices (Milner et Al., 1998). Ainsi, HM était un patient incapable de générer une nouvelle mémoire à long terme (LTM) (Milner et Al., 1998). Le lobe temporal médian constitué de lhippocampe, de lamygdale et du cortex temporal, est impliqué dans la mémoire à long terme. La LTM se décompose en mémoire explicite (déclarative) et implicite (non déclarative). La mémoire explicite est une mémoire consciente, une mémoire de la connaissance des choses et de la connaissance du monde. La mémoire implicite, elle, est une mémoire automatique, motrice, réflexe. Ainsi le cas HM a permis de démontrer le rôle essentiel de lhippocampe dans la formation de la mémoire explicite (Scoville et Milner, 1957). Par ailleurs, ce cas clinique a aussi permis de montrer que lhippocampe (lobe temporal médian) nest pas impliqué dans la mémoire implicite.
Implication et rôle de lhippocampe dans la mémoire à long terme
Le rôle de lhippocampe dans la mémoire explicite (déclarative) a été découvert grâce aux patients amnésiques (Scoville et Milne., 1957). Lamnésie de ces patients est associée à des dommages du lobe temporal médian ayant pour conséquence de rendre leur mémoire déclarative déficitaire (Tulving et Al., 1998 ; Squire et Al., 1998 ; Mishkin et Al., 1998 ; Corkin et Al., 1984 ; Zola-Morgan et Al., 1986 ; Eichenbaum, 1999a, 1999b, 1999c, 2001a, 2001b). En revanche, leur mémoire procédurale (implicite) est épargnée (Eichenbaum, 1999b). Ces patients ont perdu leur habileté à se rappeler des faits et des événements vécus quotidiennement ainsi que leur capacité à utiliser leur mémoire déclarative afin de résoudre les « problèmes » rencontrés dans de nouvelles situations. Des études en neuropsychologie et en imagerie fonctionnelle montrent limplication de lhippocampe dans les deux composantes (épisodique et sémantique) de la mémoire déclarative (Squire et Al., 1993 ; Eichenbaum,1997, 1999b). Selon ces études, la mémoire épisodique est, chez lhomme, fortement dépendante de lhippocampe (Vargha-Khadem et Al., 1997). Limplication de lhippocampe a aussi été montrée, chez certains patients amnésiques, dans la mémoire sémantique. Ces patients sont incapables dapprendre la signification de nouveaux mots ou une nouvelle information spécifique (Squire et Zola, 1998). Cependant, chez les patients amnésiques atteints de lésions hippocampiques, les connaissances générales acquises avant la pathologie (mémoire sémantique), sont généralement préservées (Manns et Al., 2003a, 2003b ; Rosembaum et al, 2005). Dans les tâches de reconnaissance dobjets similaires à celles réalisées sur les primates non humains, les patients cerébro-lésés ne sont pas déficitaires (Vargha Khadem et Al., 1997). Ces tâches de reconnaissance dobjet sont, selon Vargha Khadem (1997), des tâches sémantiques dépendantes de lactivation des aires corticales proches du complexe hippocampique (Vargha-Khadem et Al., 1997 ; Mishkin et Al., 1997). En revanche, dans les tâches de localisation dobjets, ces mêmes patients sont déficitaires (Vargha Khadem et Al., 1997). Ces tâches de localisation dobjets relèvent de la mémoire épisodique et sont dépendante de lhippocampe (Vargha-Khadem et Al., 1997). Ainsi le rôle de lhippocampe (région du lobe temporal médian) dans la mémoire déclarative est très important (Vargha-Khadem et Al., 1997 ; Mishkin et Al., 1997 ; Squire et Al., 2004 ; Eichenbaum et Cohen, 2001a ; Eichenbaum, 2004). Une grande flexibilité existe dans la mémoire déclarative entre les mémoires épisodique et sémantique permettant de passer de lune à lautre (Cohen, 1984). Les dommages hippocampiques créent des déficits sélectifs de la mémoire épisodique (Tulving et Markowitsh, 1998). En revanche, les dommages corticaux, proches du complexe hippocampique, appartenant au système sémantique créent des déficits non seulement de la mémoire sémantique, mais aussi de la mémoire épisodique. Le lobe temporal médian joue donc un rôle important dans divers aspects de la mémoire déclarative incluant les mémoires sémantique et épisodique (Squire et Zola, 1998). Chez lHomme, lhippocampe est impliqué dans la séquence des événements (Eichenbaum et Al., 1999b). Lhippocampe permet, en effet, selon Eichenbaum et son équipe (1999b), un rapide encodage des événements comme séquence dévénements. Des études (réalisée en PET) sintéressant à la différence dimplication de lhippocampe postérieur et de lhippocampe antérieur dans les phénomènes mnésiques, montrent par méta-analyse quil existe, dans la mémoire, un gradient rostrocaudal pour les phases dencodage et de rappel (Achim et Lepage, 2005). Lhippocampe antérieur est associé avec lencodage (Lepage et Al., 1998). En revanche, le postérieur est activé pour le rappel et la restitution (Lepage et Al., 1998). Plus récemment, une étude réalisée en imagerie identifie une activation de lhippocampe antérieur pour un nouvel item ou événement alors que le postérieur est seulement activé par des items ou événements familiers demandant seulement un comportement pertinent en réponse (Strange et Al., 1999). Lhippocampe est aussi impliqué dans les souvenirs dexpériences autobiographiques. En effet, lactivation de la région médiale temporale a été montrée pendant le rappel dun événement autobiographique (Maguire, 2001a, 2001b, 2000). Ce sont les détails, la signification personnelle, lémotionnalité de lévénement qui provoque lactivation hippocampique (Addis et Al., 2004). Lhippocampe est aussi impliqué dans la capacité à faire des inférences mnésiques (Eichenbaum, 1999b, 2001b, 2004). Limplication de lhippocampe dans les inférences mnésiques a été mise en évidence grâce aux tâches « dinférences transitives » réalisées ces dernières années chez le rat et le singe (Dusek et Al., 1997 ; Buckmaster et Al., 2004). Chez lHomme, le premier à développer ces « tâches » comme évaluation cognitive est Piaget (1928), dans son effort en vue de caractérisation du développement cognitif chez lenfant. Ces inférences sont nécessaires dans le rappel dun événement mnésique, et provoquent par la même occasion lactivation de lhippocampe (Dusek et Al., 1997 ; Buckmaster et Al., 2004). Ces inférences permettent, notamment de passer de la mémoire épisodique à la mémoire sémantique, celles-ci étant extrêmement liées. A ce propos, Eichenbaum (2001b) parle de la mémoire épisodique comme dun « portail » sur toutes les autres mémoires.
Le rôle de la collaboration entre le cortex frontal, le cortex enthorinal, lhippocampe et le subiculum dans la mémoire et lapprentissage est aujourdhui mieux connu Le rôle respectif de ces régions cérébrales est décrit par 0Reilly et Rudy (2001). Ils démontrent que lhippocampe lie entre eux les différents éléments dun stimulus dans une représentation mnésique unitaire. Ces différents éléments dun même stimulus pourront plus tard être rappelé de manière fractionnée.
La mémoire déclarative
Définitions
William James en 1918 distingue déjà ce que nous appelons aujourdhui « mémoire déclarative » et « mémoire procédurale ». James, dans son livre « Principle of Psychology », distingue en les séparant dans deux chapitres différents ce quil appelle « mémoire » (qui correspond à notre mémoire déclarative actuelle) et « habitude » (qui correspondrait actuellement à la mémoire procédurale). Les définitions que celui-ci donne dans son ouvrage sont très proches de nos définitions actuelles. Il considère la mémoire « habitude » comme un mécanisme très primitif, et automatique (la marche, lécriture). En revanche, il considère la « mémoire » comme un mécanisme de plus haut niveau cognitif, il en donne dailleurs la définition suivante dans son ouvrage « Principle of Psychology » (p648) : « the knowledge of an event, or fact, of which meantime we have not been thinking, with the additional consciousness that we have thought or experienced it before ».
La mémoire déclarative fait partie intégrante de la mémoire à long terme. Elle est constituée de la mémoire épisodique et de la mémoire sémantique (Tulving et Al., 1972, 1983). La mémoire épisodique se réfère à un seul événement. Lévénement rappelé correspond à un événement personnel. Le rappel de lévénement comprend le « où », le « quoi », et le « quand » de celui-ci. Cette mémoire représente la capacité que nous avons de nous souvenir dexpériences uniques et personnelles. La mémoire épisodique correspond à une représentation interne que nous nous faisons de la réalité. La mémoire épisodique contient les détails dune séquence dévénements. Cette séquence dévénements sont des expériences dotées dun contexte spatio-temporel dans lequel cet événement intervient (Baddeley et Al., 2000 ; Tulving, 1983, 2002). En revanche, la mémoire sémantique se réfère aux faits et aux connaissances générales. Celle-ci permet dacquérir la connaissance dans une myriade de domaines : les caractéristiques physiques du monde, lorganisation du langage, la signification des mots. La mémoire sémantique permet de se souvenir de faits qui peuvent ne pas avoir été acquis par une expérience personnelle.
Exemple : Vous allez passer un week-end à Bruxelles.
Revenant sur Paris vous racontez votre périple à vos collègues : « il a plu, jai rencontré
Mr.M avec lequel jai pris une bière et nous avons discuté des dernières avancées technologiques concernant la dernière arme nucléaire (..)». Cela correspond à de la mémoire épisodique.
En revanche, le fait de savoir quil pleut souvent sur Bruxelles, correspond à de la mémoire sémantique.
Régions cérébrales impliquées dans la mémoire déclarative
Les processus de mémoire déclarative impliquent plus particulièrement la région CA3 de lhippocampe. Cette région est un des hauts lieux de plasticité synaptique. Cette région cérébrale est régie par la LTP et est dépendante du Récepteur NMDA (récepteur glutamatergique) (Eichenbaum, 2004 ; Martin et Al., 2000 ; Shapiro et Eichenbaum, 1999). Ainsi, lhippocampe joue un rôle important et sélectif dans la mémoire épisodique (Mishkin et Al., 1997 ; Vargha Khadem et Al., 1997). Les zones corticales proches (cortex enthorhinal, le perhinal, et parahippocampe) de la zone hippocampique jouent, en revanche, un rôle dans la mémoire sémantique (Mishkin et Al., 1997 ; Vargha Khadem et Al., 1997).
Mémoire épisodique
Rappel dun évènement spatio-temporel
Daprès la littérature, lhippocampe possède un rôle important dans la mémoire épisodique. En reprenant lexemple décrit par Eichenbaum (2004) et Suzuki (2000) : « Vous êtes à un meeting scientifique : « Vous rencontrez un collègue avec lequel vous avez une discussion sur une présentation spécifique entendue lors du meeting ». Il apparaît clairement quun tel événement comporte plusieurs spécificités. Ces spécificités sont la mémoire de soi, la mémoire du collègue, ce que celui-ci sait et où la conversation prend place. A ce propos Tulving (2002) parle de « mental replay ». Chaque événement rappelé inclut les personnes rencontrées lors de celui-ci, leurs actions et lendroit où lévénement sest produit. Daprès Eichenbaum et Al., ces événements sont séquentiellement organisés pour composer le flux dunique événement (figure 2).
Fig 2 : diagramme de représentation de la mémoire épisodique, daprès Eichenbaum et Al (2004)
La mémoire épisodique a souvent été étudiée en neuroimagerie. Une des premières études consistait à apprendre et / ou à se souvenir de mots ou paires de mots (Tulving et al, 1996 ; Fletcher et Henson, 2001). Cependant ces tests nimpliquaient pas lhippocampe mais le lobe frontal De plus, ces tests ne quantifiaient pas le souvenir et le rappel dun événement précis.
Pour quantifier le souvenir dun événement précis des tests comme ceux décrits ci-dessous ont été mis en place (Maguire, 2001 ; pour revue).
Test 1 : Au cours de celui-ci, les sujets doivent se souvenir dévénements spécifiques personnels (Crovitz et Schiffman, 1974) en réponse à un mot cible. Le problème est que les sujets ne sont, en aucun cas, contraints de produire un souvenir dune période donnée (Hodges, 1995). Pour cette raison dautres tests (comme le test 2 présenté ci-dessous) ont été utilisés pour mesurer cette mémoire épisodique.
Test 2 : « interview de la mémoire autobiographique » ou AMI (Kopelman et Al., 1990). Dans ce test, les sujets sont questionnés sur un événement dune période bien spécifique et doivent faire appel à leur mémoire sémantique. Ce test permet donc de mesurer le souvenir dun événement autobiographique. Il sagit, en effet, de mesurer un épisode personnel ayant un contexte spatiotemporel pouvant aller dun passé récent à un passé lointain.
Grâce à ces tests, il a été mis en évidence que pour quune personne se rappelle un événement passé, elle doit se réorienter vers ce passé et se souvenir des connaissances sémantiques (gens rencontrés, connaissances générales) concernant cet événement passé. Cette personne doit, de plus, se souvenir des informations spécifiques concernant ce même événement, en le revisitant et en le réencodant.
Un événement comporte trois composantes : le « quoi » (What), le « où » (Where) et le « quand » (When) (Nyberg et Al., 1996b). Pour étudier les différentes régions cérébrales impliquées dans ces trois composantes (le quoi, le où et le quand), Nyberg et Al., (1996b) testent en premier lieu ces trois composantes sans les différencier. Ils observent une augmentation du débit sanguin dans le cortex préfrontal avec une différence de latéralisation pour les phases dencodage et de rappel. Au cours de la phase dencodage, ils observent une activation plus importante du gyrus médial frontal gauche (Nyberg et al., 1996c). En revanche, au cours de la phase de rappel, Nyberg et al. observent une activation plus importante du gyrus frontal supérieur droit. Lasymétrie de limplication du lobe frontal vient en adéquation avec le modèle « HERA » (hemispheric encoding / retrieval assymetry) précédemment décrit (Tulving et Al., 1994 ; Nyberg et Al., 1996a). En plus des régions frontales (gauches principalement) le souvenir dévénements épisodiques implique la formation hippocampique. Lhippocampe gauche (Haxby et Al., 1996) serait impliqué dans les événements verbaux (ce qui se rapporte au langage) alors que le droit serait impliqué dans la reconnaissance des visages (ce qui se rapporte au visuel). Lun est donc impliqué dans le langage, lautre dans le visuel. De plus, en accord avec les études précédentes (Haxby et Al., 1994 ; Kohler et Al., 1995), lencodage de linformation spatiale dun événement (le où) montre une augmentation de lactivité du lobe pariétal droit. Lencodage de linformation temporelle (le quand) montre, en revanche, une augmentation de la région du gyrus fusiforme gauche. Ainsi, lencodage et le rappel dun événement épisodique impliquent lactivation des mêmes zones cérébrales. En revanche, le où, le quoi et le quand dun événement impliquent des régions cérébrales spécifiques (Nyberg et Al., 1996b).
Facteurs externes influençant la mémoire épisodique
Certains facteurs externes (paramètres) peuvent affecter la mémoire épisodique (Kapur, 1999) :
- « Variables dencodage » : un nouvel événement, sa prédictibilité, le nombre et le type de modalités sensorielles, sa signification émotionnelle et cognitive.
- « Variables de rétention » : temps passé depuis lévénement jusquau test, la sensibilité de mesure pour le test, la modalité de réponse et la stratégie utilisée par le sujet.
- « variabilité des lésions », valable uniquement pour les patients : site de la lésion, sa sévérité, et implication dautres pathologies.
La mémoire autobiographique
Définition
La mémoire autobiographique (Conway, 1999, 2000, 2001) est le rappel dévénements et de faits personnellement vécus au cours de nos vies. Elle fait partie de notre identité personnelle et est fortement corrélée au développement de celle-ci (Conway, 1999, 2000, 2001). La distinction entre distinction mémoire épisodique et mémoire autobiographique est peu claire dans la littérature. Selon Conway et Al., (1999, 2000), la mémoire épisodique est un système mnésique permettant de se souvenir des connaissances relatives à de récents épisodes vécus par le sujet, à travers un intervalle de temps (intervalle de rétention) allant de quelques minutes à quelques heures. En revanche, la mémoire autobiographique, permet de se remettre en mémoire les connaissances relatives aux événements personnels et aux faits préalablement vécus par le sujet au cours de sa vie. Son intervalle de rétention peut aller de quelques semaines à quelques années.
Régions cérébrales impliquées dans la mémoire autobiographique
Daprès de nombreuses études, le souvenir dévénements autobiographiques est lié aux régions cérébrales médiales latéralisées gauche (Maguire, 2001, pour revue). Généralement, ces études montrent une activation des régions suivantes : cortex rétrospinal, gyrus parahippocampique, jonction temporo-pariétale, cortex frontal médial, lobe temporal, cervelet et hippocampe (Maguire, 2001, pour revue). Les zones les plus couramment impliquées dans le souvenir dévénements autobiographiques sont le cortex frontal médial et lhippocampe gauche (Maguire et Mummery, 1999 ; Maguire et Al., 2000, 2001a, 2003, 2003ca, 2003b). Daprès Squire et Al., (1992), le rôle de lhippocampe précède celui des aires corticales. Lhippocampe serait impliqué dans la formation et la consolidation mnésique alors que les aires corticales assumeraient la responsabilité du stockage et du recouvrement. Ceci se traduit, au niveau cérébral par une diminution de lactivité hippocampique et une augmentation de lactivité néocorticale. En revanche, daprès Nadel et Moscovitch (1997), lhippocampe et non les aires corticales serait impliqué dans le recouvrement mnésique dun évènement récent ou lointain, ce qui se traduit au niveau cérébral par une activation hippocampique en continu. Cette activation est plus importante au niveau de lhippocampe gauche et cela quel que soit « lâge » de lévénement mémorisé. Cette vue est donc en concordance totale avec limplication de lhippocampe dans le recouvrement de la mémoire (récente ou lointaine) autobiographique et ce pendant toute la vie. Cette dernière vue nous intéresse plus particulièrement car elle est à la base de notre étude. Elle sera, dailleurs, plus amplement décrite dans le troisième chapitre concernant la cognition spatiale.
Mecanisme moleculaire de la memoire
Rôle de la neurogénèse
La neurogénèse (nouvelle production neuronale) intervient à lâge adulte chez lHomme comme chez de nombreuses espèces (Eriksson et Al., 1998 ; Gould et Al., 1997a, 1998). Cette nouvelle production neuronale de cellules granulaires se fait majoritairement dans le gyrus denté (Gould et Al., 1997a ; Kemperman et Al., 1997). Les cellules granulaires du gyrus denté sont essentielles au fonctionnement de lhippocampe. Ces cellules jouent un rôle dans les phénomènes mnésiques et dapprentissage (McNaughton et al, 1989). A lâge adulte, au niveau hippocampique, des « facteurs » modulent cette neurogénèse (Gould et Al., 1997a, 1998 ; Cameron et Al., 1994 ; Tanapat et Al., 1998). Certains facteurs agissent sur cette neurogénèse, en la diminuant, provoquant ainsi des déficits dapprentissage. Dautres facteurs (différents des précédents), au contraire, augmentent cette neurogénèse provoquant ainsi une facilitation de lapprentissage. Les facteurs endocriniens (ex : Glucocorticoïdes) régulent, chez ladulte, la prolifération des cellules granulaires (leurs précurseurs).Une augmentation de ces facteurs diminue le nombre de cellules prolifératrices, inversement une diminution de ceux-ci augmente cette prolifération (Gould et Al., 1992 ; Cameron et Al., 1994). Deux autres facteurs ont un impact significatif sur la neurogénèse : le stress et le vieillissement « naturel » (Moghaddam et Al., 1994). Une baisse de la neurogénèse, due à un traitement à base de corticostérone, à un stress chronique, ou au vieillissement, provoque une diminution des performances au niveau des tâches hippocampo-dépendantes (Krugers et Al., 1997). Le stress aigu, un traitement aux strogènes (hormones sexuelles féminines qui augmentent le pool de neurones granulaires immatures), en revanche, augmentent la mémoire et lapprentissage notamment dans les tâches de navigation spatiale (Wood et Al., 1998 ; Gould et Beylin., 1999 ; Tanapat et Al., 1998 ; McEwen et Al., 1995 ; Luine et Al., 1998). Une forte association existe entre le nombre de neurones immatures présents dans la région hippocampique et le rôle de cette région cérébrale dans lapprentissage (Gould et Beylin., 1999). Lhippocampe jouant aussi un rôle dans le stockage mnésique temporaire, les « nouveaux neurones » jouent un rôle important dans les processus de stockage mnésique, cela pendant une courte durée après leur génération.
Rôle de la LTP (long term potentiation)
La « mémoire » provoque des modifications de la transmission synaptique principalement au niveau des synapses hippocampiques. Cette transmission, appelée LTP (long term potentiation), comporte deux différentes phases (Frey et Al., 1993, 1998) :
une phase précoce E-LTP, (durée : 1 à 3 heures) qui induit une augmentation rapide de Calcium intracellulaire, une activation de protéines kinases comme la CaMKII, de tyrosine kinase comme fyn, mais aucune synthèse protéique (Bliss et al, 1993 ; Davis et Al., 1984).
Une phase tardive L-LTP, (durée : 24 heures) qui recrute des signaux cellulaire requis pour la synthèse protéique tels lAMPc, CREB, PKA (Kandel, 2001 ; Davis et Al., 1984).
La PKA ou protéine kinase A est une protéine importante pour le maintien de la LTP (Mayford et Al., 1999). Cette protéine joue aussi un rôle important dans la prolongation de la période de rétention mnésique. Si la PKA est inhibée, la E-LTP pourra avoir lieu, en revanche cela nest pas le cas pour la L-LTP (Mayford et Al., 1999 ; Abel et Al., 1997). Les tyrosines Kinases (comme fyn) sont elles aussi essentielles à linduction de la LTP (Bliss et Al., 1993 ; Grant et Al., 1992). Une mutation génétique de ces protéines provoque des déficits de linduction de la LTP.
Le récepteur NMDA est un facteur très important dans linduction de la LTP. La phosphorylation de ce récepteur est importante pour la plasticité synaptique. Lactivation du récepteur NMDA induit la LTP (Bliss et Al., 1993). En revanche, son inhibition ou une délétion de celui-ci provoque un déficit de la LTP se traduisant comportementalement par des déficits au niveau de la mémoire et de lapprentissage spatial (Bliss et Al., 1993). Lactivation du récepteur NMDA se fait par phosphorylation. Cette phosphorylation est elle-même catalysée par certaines protéines Kinases comme la PKA, la PKC, CaMKII (Bliss et Al., 1993). Lactivation de ce récepteur est donc critique pour linduction de la LTP. Par conséquent les protéines précédemment citées sont impliquées, par voix indirecte, dans linduction de la LTP.
Les facteurs moléculaires
BDNF
Le BDNF est un facteur impliqué dans la plasticité synaptique au niveau de la LTP et possède un rôle essentiel dans la mémoire et lapprentissage spatial (Yamada et Al., 2002 ; Tyler et Al., 2002). Son mécanisme daction semble être compris. Le BDNF permet la phosphorylation des sous unités NR1 et NR2B du récepteur NMDA induisant une augmentation de lactivité de ce récepteur (Mizuno et al., 2003). La protéine BDNF semble impliquée dans la phase précoce (E-LTP) et tardive (L-LTP) de la LTP (Poo, 2001). Son implication dans la LTP a en premier lieu été montrée chez lanimal Chez celui-ci, limplication du BDNF dans la LTP et dans la mémoire et lapprentissage est substantielle (Poo, 2001). En effet, lexpression du gène BDNF est augmentée pendant la stimulation tétanique induisant la LTP (Patterson et Al., 1992) et durant les tâches de mémoire spatiale (Hall et Al., 2000). Le BDNF facilite donc la LTP, alors quune diminution de celui-ci au contraire la diminue (Patterson et Al., 1996). Ainsi, une inhibition du BDNF (montré par Knockout : délétion dun gène) provoque des déficits de la mémoire et de lapprentissage spatial (Mizuno et Al., 2000 ; Gorski et Al., 2003). Le BDNF est sécrété en réponse à une activité neuronale (Goodman et Al., 1996 ; Farhadi et Al., 2000). Une anomalie au niveau de sa sécrétion (par ex : par mutation génétique) provoque des déficits mnésiques, des déficits de la fonction hippocampique et des déficits dapprentissage.
Un polymorphisme fréquemment observé au niveau du gène BDNF identifie un nucléotide en position 196 (G /A) correspondant en une substitution de la valine (Val) en méthionine (Met) sur le codon 66. Ce polymorphisme est fortement corrélé avec la fonction hippocampique et la mémoire épisodique (Egan et Al., 2003). Cette mutation « Val66Met » possède un impact significatif sur la mémoire épisodique, notamment verbale, et déclarative (Egan et Al., 2003 ; Hariri et Al., 2003). Ainsi, le polymorphisme « Val66Met » induit en altérant la séquence nucléotidique et protéique (un acide aminé est remplacé par un autre) du BDNF des conséquences fonctionnelles (perturbation des mémoires épisodiques). In vitro, le Polymorphisme retrouvé au niveau du codon 66 dans le gène BDNF affecte la distribution intracellulaire. Ce polymorphisme affecte la sécrétion et la libération de la protéine BDNF au niveau synaptique. Ainsi on ne retrouve aucune agrégation du BDNF avec la synaptophysine comme cela devrait être normalement le cas (Egan et Al., 2003). In vivo, les conséquences de ce polymorphisme, se situent principalement dans la mémoire verbale épisodique (déficits), dans lactivité physiologique, lintégrité neuronale et labondance synaptique. Ce génotype (polymorphisme « Val66Met ») était, selon Egan et Al., (2003), prédisposé à être associé à un risque accru de développement de schizophrénie. Ceci, en raison des déficits quun tel polymorphisme provoque sur la mémoire épisodique, que nous savons déficitaire dans la schizophrénie. Cependant, Egan et Al., (2003) ne trouvent aucune corrélation entre ce polymorphisme et la schizophrénie.
Le facteur CREB
Limplication du facteur CREB dans la LTP fut à de nombreuses reprises mis en évidence (Mayford et Al., 1999 ; Yin et Al., 1994). En premier lieu, limplication de celui-ci fut montré par de nombreuses études génétiques réalisées sur la drosophile et laplysie (invertébré marin) dans les années 70 (Benzer et Kandel), puis sur des souris mutantes génétiquement modifiées (Knock out ou KO).
Le facteur de transcription CREB, par son activation, est impliquée dans la formation de la mémoire à long terme (LTM) et permet la conversion de la mémoire à court terme en mémoire à long terme (Silva et Al., 1998 ; Mayford et Al., 1999). Dautres facteurs comme les protéines Kinases A (PKAs), les calmodulines kinases (CaMKs) sont impliqués dans la mémoire à long terme en activant CREB, par phosphorylation de la serine (Ser 133 : serine en position 133). Pour étudier limplication du facteur CREB, des mutations génétiques (délétions) non « complètes » (CREB + / -) ont été réalisées. Ces mutations sont viables (Bourtchuladze et Al., 1994) à linverse des mutation CREB - /- (délétions totales) qui elles sont létales. Ces délétions sont généralement des délétions des isoformes ( et ( du facteur CREB (Hummler et Al., 1994). Celles-ci (Bourtchuladze et Al., 1994) permettent une diminution suffisamment importante du facteur CREB (diminution de 75 %) permettant de mettre en évidence limpact de ce facteur sur la LTP et donc sur la LTM (Mizuno et Al., 2005 ; Kida et Al., 2002). Un Knock Out des isoformes ( ou ( provoque un déficit de la LTP et un déficit mnésique. Ces déficits sont similaires à ceux que lon observe par inhibition de la protéine Kinase A (PKA). Des déficits de formation de la mémoire à long terme (LTM) spatiale et contextuelle sont observés lors dune baisse de lactivation du facteur CREB (Bourtchuladze et Al., 1994). Plusieurs Protéines Kinases sont à lorigine de lactivation du facteur CREB. Parmi celles-ci se trouvent les CaMKs (Lonze et Al., 2002 ; Soderling et Al., 1999).Une de ces Kinases, la CaMKIV phosphoryle CREB et par conséquent a une action significative sur la mémoire à long terme. Un Knock Out de CaMKIV a pour conséquence principal un déficit de mémoire contextuelle mais une conservation de la mémoire à long terme spatiale (Kang et Al., 2001 ; Ho et Al., 2000). Dautres types de facteurs de transcriptions proches des calmodulines kinases comme les calmodulines kinases kinases (CaMKK) sont nécessaires au bon fonctionnement des mémoires à long terme spatial et contextuel. Les CaMKK (calmoduline Kinase Kinase) de type ± et ² phosphoryle la CaMKIV, augmentant son activité et provoquant par ricochet la phosphorylation du facteur CREB (Soderling et Al., 1999). La CaMKK² ne joue aucun rôle dans la mémoire contextuelle mais joue seulement dans la mémoire spatiale (Peters et Al., 2003). La CaMKK± (sous unité la plus abondante au niveau de l hippocampe), en revanche, joue un rôle dans la mémoire contextuelle mais ne joue aucun rôle dans la mémoire spatiale (Mizuno et Al., 2003). De plus, une délétion au niveau du gène ( de la CaMKII(, provoque une perte de la LTP dans la région CA1 de lhippocampe (Bliss et Al., 1993). La LTM spatiale et contextuelle possède une signalisation commune, mais des mécanismes moléculaires différents (Mizuno et Coll, 2005 ; et pour ex : Levenson et Al., 2004). Le facteur CREB est un des facteurs requis pour la formation de la mémoire à long terme (Mizuno et Al., 2005), cependant ce nest pas le seul facteur de transcription important dans cette formation mnésique (Mizuno et Al., 2005).
Les mécanismes moléculaires de la mémoire sont des mécanismes complexes. Certains facteurs comme le facteur CREB et le BDNF sont essentiels à ces mécanismes. En effet, une « anomalie » de ceux-ci provoque des déficits mnésiques, de la LTP, de lapprentissage, de lintégrité neuronale. La formation de la mémoire à long terme (LTM) requiert ainsi une transcription génétique et demande une synthèse protéinique de novo alors que la mémoire à court terme (STM) ne demande, elle, aucune synthèse protéique (Silva et Al., 1994).
Perturbations mnesiques dans la schizophrenie
Attention, mémoire de travail et fonctions exécutives
De nombreux déficits cognitifs ont été identifiés chez les patients schizophrènes (Brazo et Al., 2002 ; Blanchard et Al., 1994 ; Heaton et Al., 1994 ; Antonova et al., 2004). Ces déficits se traduisent par des troubles attentionnels et des troubles de lapprentissage verbal, par une diminution des performances de la mémoire de travail, notamment visuo-spatiale et par une diminution des performances des fonctions exécutives (Saykin et Al., 1991, 1994 ; Braff et Al., 1993 ; Green et Al., 1996, 1998 ; Morris et Al., 1995 ; Park et Holzman, 1992, 1993 ; Egan et al., 2001). Ces déficits sont en parfaite adéquation avec ceux observés dans les tests de Wisconsin, de fluence verbale, de Stroop et de la tour de Hanoi (Heaton et Al., 1994 ; Rushe et al, 1999a ). Ces déficits cognitifs seraient dus à un dysfonctionnement du lobe frontal (Goldberg et Al., 1989). Les patients ayant une lésion du cortex préfrontal (PFC) montrent des symptômes équivalents à ceux observés dans la schizophrénie (Goldman-Rakic, 1991 ; Stuss et Benson, 1984). Ces symptômes se traduisent en particulier par une augmentation de la distractibilité et de la persévération (incapacité à changer de règles, cf. Stroop et Wisconsin).
Perturbation de la mémoire de travail visuo-spatiale
Les altérations de la mémoire visuo-spatiale ont été montrées, en premier lieu, chez les singes rhésus atteints de lésions du cortex préfrontal (Funahashi et al., 1989 ; Goldman-rakic et Friedman, 1991 ; Goldman-Rakic et al., 1994), particulièrement du cortex préfrontal dorso-latéral (Goldman-Rakic et al., 1987). Pour évaluer les altérations de la mémoire de travail visuo-spatiale chez lHomme, notamment chez les patients schizophrènes, il a été développé des tâches analogues à celles préalablement effectuées sur les singes rhésus. Ces tâches mettent en jeu lhabileté des sujets à maintenir la représentation spatiale dune cible durant une période de délai, dinitier et dexécuter une réponse motrice (oculaire ou tactile) appropriée tout en inhibant toute distraction (Park et Al., 1991, 1992, 1995a, 1995b; Keefe et Al., 1995 ; Stratta et Al., 1999 ; Hooker et al., 2000 ; Leiderman et Al., 2004 ; Gooding et Al., 2004).
Les différentes tâches sont généralement basées sur le même principe:
exposition à la cible
délai avec introduction dun élément distracteur
rappel.
Il a été observé que les patients schizophrènes sont moins performants que les sujets contrôles sains, avec une baisse des performances généralement plus importante dans la condition de rappel après délai (Park et al., 1992 ; 1993 ; Keefe et Al., 1995, 1997 ; Leiderman et Al., 2004 ; Gooding et Al., 2004). En revanche, la durée du délai ninfluence pas les performances des sujets. Seul sa présence possède un réel impact sur leurs performances. Ainsi, les patients schizophrènes ont une perte de mémoire représentationnelle durant la période de délai. Hooker (2000) suggère que les patients schizophrènes ont une réelle difficulté à maintenir la représentation interne dune trajectoire dans les paradigmes spatiaux et temporels. Selon lui, ce sont des anomalies situées dans le cortex préfrontal (principalement dans le dorso-latéral) qui génèrent des déficits dans les comportements et qui requièrent le maintien de la représentation de la cible à travers le temps, incluant lhabileté à suivre une cible mouvante des yeux. Ainsi, les patients schizophrènes ont un déficit de lacquisition initiale de linformation visuo-spatiale. Les patients schizophrènes ont de réelles difficultés à prédire la trajectoire dun objet ou estimer sa vitesse. Ces patients sont déficitaires dans la prédiction des événements spatiaux et sont incapables davoir une représentation interne correcte de la cible leur permettant la prédiction dun événement futur. Les patients schizophrènes, dans ce type de tâches, font plus derreurs que les sujets contrôles sains. Leurs erreurs ne sont principalement jamais corrigées. Chez les patients schizophrènes, les erreurs non corrigées sont plus fréquentes quand la cible est présentée dans le champ droit de lécran. Ainsi, Il y aurait chez ces patients une perte de la représentation spatiale par le système préfrontal gauche. Les patients schizophrènes sont aussi déficitaires dans les tâches de reconnaissance dobjets (Leiderman et Al., 2004 ; Spindler et Al., 1997 ; Coleman et Al., 2002 ; Gooding et Al., 2004). Gooding et Al (2004) se sont posés des questions sur les caractéristiques et la valeur de lobjet à encoder. La plupart des études utilisent des figures géométriques non familières, nayant aucun aspect écologique (Leiderman et Al., 2004 ; Coleman et Al., 2002). Gooding et Al., (2004) utilisent des stimuli plus écologiques, en choisissant des visages comme « objet » de reconnaissance. Ils montrent sur un écran dordinateur des visages (tirés de Matsumoto et Ekman, 1988), japonais et caucasiens, en noir et blanc, présentant ou non une composante émotionnelle (colère, peur, joie, tristesse, dégoût). Ainsi, selon Gooding et Al (2004), les patients schizophrènes montrent des déficits plus important dans la tâche de reconnaissance émotionnelle que dans la tâche de reconnaissance dobjets ou didentité. La tâche émotionnelle demande, en effet, le maintien et la manipulation de linformation encodée alors que la tâche de reconnaissance didentité ne demande que le maintien de linformation encodée.
En résumé, les patients schizophrènes sont déficitaires dans les tâches de mémoire de travail visuo-spatiale, de reconnaissance dobjets (familiers ou non familiers), de reconnaissance émotionnelle, destimation de la trajectoire et de la vitesse dune cible (Park et Holzman, 1992 ; Keefe, 1995 ; Leiderman et Al., 2004 ; Gooding et Al., 2004 ; Hooker Et Al., 2000 ; Smith et al, 2006). Cependant, la prise danti-psychotiques (neuroleptiques typiques ou atypiques) naffecterait pas les performances des sujets schizophrènes (Carter et Al., 1996).
Perturbations de la mémoire épisodique
Déficits dencodage
Plusieurs études, ont montré des dysfonctionnements de la mémoire épisodique, chez les patients schizophrènes (Calev et Al., 1984 ; Paulsen et Al., 1995 ; McClain, 1983 ; Tamlyn et Al., 1992). Dans le paradigme de Leube et Al., (2001), les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains devaient encoder des visages non familiers et se souvenir des différents visages encodés. Au cours de cette remémoration une IRMf est réalisée afin de déterminer quelles zones cérébrales sont activées. Daprès les résultats obtenus (Leube et Al., 2001), cette tâche recrute plus particulièrement les différentes aires de la zone hippocampique avec une activation plus importante de lhippocampe droit chez les sujets contrôles sains. Les études neuropsychologiques ont démontré que les dysfonctionnements mnésiques observés chez les patients schizophrènes étaient principalement dus à un déficit de létape dencodage (Gold et Al., 1992, 2000 ; Heaton et Al., 1994). Les patients schizophrènes sont particulièrement déficitaires dans lencodage de matériels complexes. Un encodage « complexe » requiert, en effet, différentes entrées sensorielles, telles la pensée et lémotion, par des processus simultanés. Tracy et ses Al., (2001) corroborent ces précédents résultats. Par des tâches de mémoire verbale et non verbale, ils ont mis en évidence, chez les patients schizophrènes, un déficit de la phase dencodage dans la mémoire épisodique. En revanche, ils ont montré que chez les patients schizophrènes la mémoire de la reconnaissance des mots, est préservée et cela même dans un contexte de déficit de lapprentissage initial. Dans la mémoire épisodique, les phases dapprentissage et de rappel sont les phases les plus touchées. Celles-ci sont suivies des phases de stockage et de maintien de linformation, puis de la phase de reconnaissance (Tracy et Al., 2001).
Déficits de reconnaissance et rappel
De nombreuses études neuropsychologiques, en PET et en IRMf ont mis en évidence un déficit dencodage dans la mémoire épisodique des patients schizophrènes (Tracy et Al., 2001 ; Ragland et Al., 2001 ; Hofer et Al., 2003a, 2003b ; Harvey et Al., 1986 ; Gold et Al., 1992). En revanche, leur mémoire de reconnaissance serait intacte (Rushe et Al., 1999b, Pascalis et al, 2004). Ce résultat est controversé par certains auteurs (Danion et Al., 1999a, 1999b). Cependant, la mémoire de « reconnaissance » serait la moins touchée et même, selon certains auteurs épargnée (Aleman et Al., 1999 ; Pelletier et Al., 2005 ; Goldberg et Al., 1989 ; Beatty et Al., 1993 ; Tracy et Al., 2001). Ce résultat se vérifie pour les tâches les moins complexes; cest-à-dire, pour les tâches demandant une simple discrimination entre mots déjà présentés et jamais présentés (Calev et Al., 1984 ; Danion et Al., 1999a, 1999b).
Exemple de test :
Le sujet doit encoder, pendant la phase dapprentissage, une liste de mots familiers.
Au cours de la phase de rappel qui suit la phase de délai, une nouvelle liste de mots est présentée aux sujets, à lintérieur de laquelle de nouveaux mots sont incorporés. Les sujets doivent alors reconnaître les mots préalablement présentés.
Dans les tâches de discrimination de mots (simple reconnaissance), les patients schizophrènes obtiennent dassez bons résultats ; laissant ainsi supposer que ces patients ne sont pas déficitaires dans les tâches de simple reconnaissance. Ces bons résultats sont une conséquence de la familiarité des mots à encoder. Ainsi, au cours de la phase de rappel les patients schizophrènes font appel à leur conscience noétique et non à leur conscience autonoétique (Danion et Al., 1999a, 1999b). Les patients schizophrènes nauraient pas de difficultés à reconnaître les anciens mots présentés mais seraient déficitaires dans la détection des nouveaux mots présentés (Weiss et Al., 2004). Chez les sujets contrôles sains, au cours de la phase de reconnaissance et à lapparition de nouveaux items (nouveaux mots), Weiss et Al., (2004) ont observés une activation de lhippocampe antérieur droit. En revanche, chez les patients schizophrènes, aucune activation de lhippocampe nest visible. De plus, au cours de cette phase de reconnaissance les mots anciennement présentés activent lhippocampe chez tous les sujets testés (contrôles sains et patients schizophrènes). Paul et Al., (2005) ont étudié la manière quont les sujets dencoder les mots afin de définir si celle ci a de limportance pour la phase de reconnaissance. Pour cela, ils ont imposé aux sujets la manière dencoder les mots : de manière sémantique ou de manière perceptuelle.
Test (Paul et Al., 2005):
Une liste de mots est présentée aux sujets (schizophrènes versus contrôles sains).
Ceux-ci doivent les encoder soit de manière :
- perceptuelle : combien de lettre A dans le mot présenté ?
- sémantique : le mot présenté représente t-il une entité vivante ?
Au cours de la phase de reconnaissance, les sujets répondent à la question suivante de lexpérimentateur : Avez-vous vu ce mot auparavant (dans la première liste) ?
Létude de Paul et Al., (2005), comme celles de Heckers et Al., (1998, 1999), démontre que linformation sémantiquement encodée est mieux rappelée (taux de performance meilleur) que celle encodée perceptuellement. Ce résultat se vérifie chez les sujets contrôles sains et chez les patients schizophrènes. Ainsi, les patients schizophrènes montrent un meilleur niveau de reconnaissance quand linformation a été encodée sémantiquement. Cependant, les patients schizophrènes présentent de réelles difficultés dans lencodage des informations de manière sémantique et dans lutilisation de ces informations comme aide- mémoire (Russell et Al., 1975 ; Gold et Al., 1992 ; Paulsen et Al., 1995).
Degré de conscience du rappel
Pour connaître le degré de conscience avec lequel le « rappel » seffectue dans les tâches de reconnaissance, un test de remember / know a été mis au point (Danion et Al., 2005 ; Conway et Al., 1996, Piolino et Al., 2003). Ce test est constitué dune liste de mots (variante possible avec des images) à encoder (Huron et Al., 2002 ; 2003 ; 1995 ; Danion et Al., 2003). Au cours de la phase de rappel, les sujets testés doivent, parmi la nouvelle liste de mots, reconnaître les mots préalablement présentés, et, mentionner le degré de conscience du rappel. Deux types de réponses sont possible : « I remember » ou « I know ». La réponse « remember » est significative dun rappel conscient. Cette réponse est accompagnée de détails perceptuels, spatiaux et temporels. Celle ci correspond au terme « je me souviens » en français. La réponse « Know » correspond à la reconnaissance dun ressenti, à une certaine familiarité sans pouvoir réellement la définir. Dans cette réponse, il y a absence de rappel conscient. La réponse « know » se traduit en français par le terme « je sais ». En utilisant ce test, remember / know, chez les patients schizophrènes, Danion et Al., (2005) montrent que ces patients sont déficitaires dans les réponses « remember », mais pas dans les réponses « know ». Ainsi, les patients schizophrènes sont déficitaires dans le rappel conscient (Danion et Coll, 2005 ; Danion et Al., 2003 ; Huron et Al., 2003, 1995). Ce précédent test comporte certaines limites. Le fait dutiliser comme source de mémoire épisodique une liste de mots (ou dimages) nest pas représentatif de la vie réelle et ne comporte aucune correspondance avec la construction dune identité propre selon la définition de la mémoire autobiographique par Conway (2001). Pour cette raison, Danion et Al., (2005) ont utilisé un autre test de remember / know. Ce test évaluant la mémoire autobiographique « vraie » (selon la définition de Conway, 2001), est une adaptation du test de Piolino (2003) (questionnaire de mémoire autobiographique réalisé chez les personnes âgées et lésées). Au cours de ce test, Danion et Al., (2005), demandent aux participants (patients schizophrènes et sujets contrôles sains) de se souvenir dévénements spécifiques (quoi, où, quand) survenus au cours de leur vie, puis de décrire létat de conscience du rappel. Le rappel dévénements spécifiques séchelonne sur quatre périodes de vie précises : lenfance, ladolescence, la vie adulte et lannée précédant le test. Comme pour le précédent test (liste de mots), les patients schizophrènes sont déficitaires dans les réponses « remember ». Ainsi ces patients montrent une importante réduction du rappel conscient (Danion et Al., 2005, 2003 ; Huron et Al., 2002, 2003). En revanche, les patients schizophrènes ne sont pas déficitaires dans les réponses « know ». Ces patients ne semblent donc pas montrer de déficits dans le rappel inconscient dun évènement (le souvenir de « familiarité » de lévènement reste intact). Ainsi, la conscience autonoétique est altérée chez les patients schizophrènes. En revanche, la conscience noétique reste intacte.
Les distorsions mnésiques
Elvevag et Al., (2004) se sont intéressés aux distorsions mnésiques (souvenirs dévénements nayant jamais eu lieu ou altérés) produites par les patients schizophrènes. En utilisant un test neuropsychologique, Elvevag et Al., (2004) ont évalué la production de faux souvenirs des patients schizophrènes
Test (Roediger et McDermott, 1995)
Au cours de la phase « dencodage » une liste de mots est présentée aux sujets.
Celle-ci est composée de catégories différentes : fruits, animaux (par exemple).
Chacune de ces catégories est elle-même composée de différents items ayant un fort lien sémantique entre eux. Exemple dans la catégorie fruit, les mots : pomme, orange, banane sont présentés.
Dans la phase de « rappel » les sujets doivent reconnaître les items (mots) préalablement présentés. Parmi une nouvelle liste de mots, il y a des mots nayant jamais été présentés. Parmi ceux-ci certains ont un fort lien sémantique avec les autres ; afin de créer des leurres sémantiques. Par exemple, toujours dans la catégorie fruit, les items suivants sont présentés : pomme, orange, fraise. Le mot « fraise » est un leurre sémantique pour les participants.
Grâce à ce test, Elvevag et Al., (2004) ont pu mettre en évidence que les patients schizophrènes ne produisent pas plus de faux souvenirs que les sujets contrôles sains.
Mémoires épisodiques verbale et visuelle
Les mémoires verbale et visuelle des patients schizophrènes (Toulopoulou et Al., 2003a) ont été évalués par de nombreux tests. Les tests utilisés (Toulopoulou et Al., 2003a ; Rushe et Al., 1999b) ont permis de mettre en évidence, de quelle manière linformation a été encodée. Les expériences (Toulopoulou et Al ; 2003a) sont réalisées dans trois conditions différentes : rappel immédiat, rappel retardé et apprentissage (cette dernière mesure permettant de mesurer le taux de rétention). Sur les tests de mémoire verbale, les patients schizophrènes sont moins performants que les sujets contrôles sains. Les patients se rappellent, en effet, moins bien des informations encodées quelle que soit la condition testée (immédiate et retardée). De plus, ces patients ont des performances réduites dans lapprentissage verbal quel que soit le niveau de difficulté de la tâche. Sur les tests de mémoire visuelle, les patients schizophrènes sont comme précédemment moins performants (Toulopoulou et Al., 2003a) que les sujets contrôles sains, et cela dans les deux conditions testées (rappel immédiat et retardé). Chez ces patients, les déficits observés sont plus importants dans le « verbal » que dans le « visuel » (Toulopoulou et Al., 2003a). Cette différence dimportance de déficit entre le verbal et le visuel est due à une activation plus importante de lhémisphère gauche de lhippocampe comparativement à lhémisphère droit.
Des déficits ont donc été observés chez les patients schizophrènes dans les tâches dapprentissage verbal et visuel (Keefe et Al., 1999 ; Saykin et Al., 1994 ; Oostrom et Al., 2003 ; Oie et Al., 1999 ; Whittaker et Al., 2001, Rushe et Al., 1999b). Les stimuli verbaux généralement utilisés sont des listes de mots ou des histoires (Goldberg et Al., 1989 ; Paulsen et Al., 1995 ; Saykin et Al., 1991 ; Seidman et Al., 1998). Les stimuli visuels sont des objets (ex : figures géométriques) ou des visages (McKenna et Al., 1990). Dautres tests mesurant lapprentissage verbal et visuel montrent, comparativement à ceux précédemment décrits (Toulopoulou et Al., 2003a), que les déficits dencodage visuels sont plus importants que les déficits dencodage verbaux (Tracy et Al., 2001). Les tests utilisés sont le CVLT et le BFLT-E. Ces deux tests sont construits sur le même principe, seul le matériel dencodage, verbal ou visuel, change.
CVLT (Delis et Al., 1987) :
Au cours de la phase dapprentissage, une liste de mots est présentée aux sujets (schizophrènes versus contrôles sains). Parmi ces mots, quatre catégories sémantiques différentes sont distinguées. Les mots sont tous présentés oralement et dans un ordre fixe.
Au cours de la phase de rappel (immédiat et après délai), il est demandé aux participants de souvenir du plus de mots possibles, sans tenir compte de lordre, en les citant oralement à lexpérimentateur.
BFLT-E (Glosser et Al., 1997)
Au cours de la phase dapprentissage, différentes figures géométriques sont présentées aux sujets. Ces figures sont des combinaisons de deux figures géométriques simples (cercle, carré,..). Celles-ci ne pouvant pas être, en aucun cas, encodées par verbalisation.
Au cours de la phase de rappel, les sujets doivent dessiner, à lexpérimentateur, le plus de figures possibles, et, cela sans se soucier de lordre dans lequel elles ont été présentées.
Les performances de la quasi-totalité des sujets (schizophrènes et contrôles sains) sont meilleures pour le CVLT que pour le BFLT- E (Tracy et Al., 2001). Ainsi, le matériel verbal est encodé avec plus de succès. Ce résultat peut provenir du fait que les mots utilisés, au cours du test verbal, sont des mots familiers. En revanche, les figures géométriques utilisées, au cours du test visuel, ne correspondent pas à des figures familières. Cela, rend ainsi lapprentissage et le rappel visuel difficile (Glosser et Al., 1997 ; Kurtzman et Al., 1996). Les résultats obtenus par les patients schizophrènes (Tracy et Al., 2001) démontrent que la mémoire épisodique de ces patients, est sévèrement touchée dans ses deux composantes : visuelle et verbale.
Perturbations de la mémoire autobiographique
Peu détudes se sont intéressées à lévaluation de la mémoire autobiographique (selon la définition de Conway, 2000), des patients schizophrènes. Pourtant, il existe chez ces patients de réels problèmes didentité. En revanche, beaucoup détudes ont montré des déficits dans les mémoires épisodique et sémantique des patients schizophrènes (Bilder et Al., 2000 ; Gold et Al., 1992 ; Goldberg et Al., 1998 ; Aleman, 1999). Il a été montré que les mémoires épisodique personnelle et sémantique étaient déficitaires chez ces patients (Feinstein et Al., 1998 ; Tamlyn et Al., 1992) et cela quelle que soit la période de vie testée (AMI ; Kopelman et Al., 1990) : enfance, jeune adulte et période récente. Feinstein et Al., (1998) observent que la courbe représentant les performances des patients schizophrènes, lors dune « interview de mémoire autobiographique » (AMI) est une courbe en « U ». Les performance des patients schizophrènes sont particulièrement basses pour la période jeune adulte (date des premiers symptômes). En revanche, leurs performances sont meilleures pour la période correspondant à lenfance (avant les premiers symptômes). La mémoire autobiographique, selon la définition de Conway et Al., (2000), est un modèle unique liant un ensemble déléments autobiographiques entre eux. Cette « mémoire » se réfère au « self » et à « lidentité personnelle » de lindividu. La mémoire autobiographique est une construction transitoire réalisée à partir de connaissances autobiographiques. Ces connaissances autobiographiques sont les détails spécifiques, uniques, sensoriels et perceptuels constituant un événement particulier. Pour définir cette « mémoire » le terme « working self » a été utilisé parallèlement au terme « mémoire de travail » décrit par Baddeley (1986, 1992). La mémoire autobiographique est dépendante du contrôle des processus permettant la coordination et la modulation de lencodage et du rappel. Cette précédente définition (Conway et Al., 2000) de la mémoire autobiographique décrit clairement les dysfonctions mnésiques observées chez les patients schizophrènes. En effet, les patients schizophrènes ont un problème relatif à lidentité personnelle (symptôme de la maladie). Les patients schizophrènes sont déficitaires dans lencodage et le rappel dévénements autobiographiques (Russel et Al., 1975 ; Huron et Al., 1995). Daprès Feinstein (1998), chez les patients schizophrènes, les deux composantes (épisodique et sémantique) de la mémoire autobiographique sont touchées. De plus, selon lui, les patients schizophrènes présentent un déficit de la mémoire spécifique. Ce déficit de mémoire spécifique semble plus apparent après lapparition des premiers symptômes de la maladie (Feinstein et Al., 1998 ; Riutort et Al., 2003). Le déficit dencodage observé chez les patients schizophrènes, est présent dés lapparition des premiers symptômes de la maladie. Ces « dysfonctionnements » mnésiques étant présents, dès le début des symptômes, il ny aurait pas dinfluence médicamenteuse (Aleman et Al., 1999 ; Riutort et Al., 2003).
Perturbations de la mémoire contextuelle ou « binding » contextuel
La formation dassociations entre les différents événements épisodiques, particulièrement durant la phase dencodage, est possible grâce à laction de lhippocampe. A ce propos, Waters et Al., (2004) et Schwartz et Al., (1991) parlent de mémoire contextuelle. A lintérieur de la mémoire épisodique, Waters et Al., (2004) font une distinction entre le contenu (lévénement lui-même) et le contexte (caractéristiques extrinsèques : source de laction, contexte temporel). Les patients schizophrènes sont déficitaires dans lintégration de linformation contextuelle (Servan-Schreiber et Al., 1996 ; Cohen et Al., 1992 ; Bazin et Al., 2000). Ces patients sont incapables de lier les différentes informations entre elles et sont incapables de former une représentation mnésique intacte et continue (Schwartz et Al., 1991 ; Waters et Al., 2004). Ces patients vont avoir un souvenir fractionné et discontinu de lévènement à lopposé des sujets contrôles sains. Les sujets contrôles sains ont une vision continue de lévénement et perçoivent lévénement dans sa globalité. En revanche, les patients schizophrènes se souviennent que de quelques caractéristiques isolées de lévènement. Ainsi, les patients schizophrènes sont incapables de lier les différentes caractéristiques (différents éléments mnésiques) dun même événement entre elles, en particulier les caractéristiques ayant un contexte temporel (Waters et Al., 2004 ; Danion et Al., 1999a, 1999b ; Elevag et al, 2000).
Perturbations de la capacité à faire des inférences
Les tâches développées chez lHomme, pour étudier sa capacité à faire des inférences (Titone et Al., 2004a), sont des tâches analogues à celles préalablement développées chez lanimal (Dusek et Al., 1997, tâches de discriminations dodeurs). Chez lHomme, cette tâche est une tâche de « discrimination renforcée hiérarchiquement » (Titone et Al., 2004a). Grâce à ce test mesurant la capacité ou lincapacité à faire des inférences, Titone et Al., (2004a) montrent que les patients schizophrènes sont déficitaires dans de telles tâches. Ainsi, les patients schizophrènes seraient dans lincapacité à faire des inférences. En neuroimagerie, une activation du lobe temporal médian a été montrée lors dune tâche mesurant la capacité des sujets à faire des inférences (Nagode et Pardo, 2002). Daprès cette étude (Nagode et Pardo, 2002), la capacité de lHomme à faire ou non des inférences est dépendante du lobe temporal médian, particulièrement de lhippocampe. Or il est connu que ces structures cérébrales sont altérées chez les patients schizophrènes.
Zones cérébrales impliquées dans les déficits des mémoires épisodique et autobiographique
Dans le cerveau des patients schizophrènes il a été observé des anomalies des régions frontales et temporales (Csernansky et Al., 1998 ; Nelson et Al., 1998 ; McCarley et Al., 1999a ; Shenton et Al., 2001). Ces régions ont été précédemment identifiées, chez lHomme, comme cruciales dans les performances mnésiques (Squire, 1992 ; Gabrieli, 1998 ; Scoville et Milner, 2000 ; Achim et Lepage, 2005). Chez les patients schizophrènes, il a été montré que les déficits mnésiques étaient fortement liés au système hippocampique (Scoville et Milner, 1957 ; Squire, 1992 ; Aleman et Al., 1999 ; Heckers et Al., 1998 ; Weiss et Al., 2002, 2004 ; Jessen et al., 2003). Gur et Al., (1998) mettent en évidence lexistence dune corrélation entre la diminution du volume du lobe frontal et du lobe temporal avec les déficits mnésiques observés chez les patients schizophrènes. Les anomalies de connectivité fonctionnelle observées dans ces deux structures jouent un rôle central dans les dysfonctionnements cognitifs notamment dans les dysfonctionnements mnésiques chez les patients schizophrènes (Gabrieli, 1998 ; Ragland et Al., 1998, 2001). Limplication de lhippocampe dans les phénomènes mnésiques ayant été établie, le rôle de lhippocampe antérieur et le rôle de lhippocampe postérieur ont pu être défini. Les régions antérieures du lobe temporal médian sont impliquées dans lorganisation mnésique. En revanche, les régions postérieures sont impliquées dans la consolidation et le stockage mnésique. Cependant, la latéralisation hémisphérique (Gur et al, 1994a, 1994b) est beaucoup plus controversée. Heckers et Al., (1998), montrent, en effet, une diminution dactivation de lhippocampe droit, Raghland et Al., (2001, 2003) une diminution de lactivité de lhippocampe gauche. Des dysfonctionnements, à court et long terme, de la mémoire déclarative dans ses deux composantes, sémantique et épisodique, ont fréquemment été rapportés chez les patients schizophrènes (McKenna et Al., 1990 ; Saykin et Al., 1991, 1994 ; Goldberd et Al., 1993 ; Tamlyn et Al., 1992 ; Rushe et Al., 1999b). Ceci se vérifie dés le premier épisode, tout au long de la maladie et chez les patients sans neuroleptiques (Nopoulos et Al., 1994). Ainsi, la médication nentrerait pas en jeu dans les performances mnésiques (Rushe et Al., 1999b ; Saykin et Al., 1994).
Mémoire implicite versus mémoire explicite
Grâce au patient H.M. (Scoville et Milner, 1957), il a été mis en évidence que les patients ayant des lésions du lobe temporal médian, principalement de lhippocampe (ex : patients schizophrènes), montrent de nombreux déficits de la mémoire à long terme. Ces déficits concernent la mémoire explicite ou mémoire déclarative (épisodique et sémantique) (Donaldson et Al., 2001). La mémoire explicite est une mémoire consciente et non automatique. Elle inclut le rappel dévénements et / ou de faits isolés, obligeant les sujets à retrouver linformation de manière consciente. La mémoire implicite ou mémoire procédurale (réaction à des stimuli internes ou externes) reflète un rappel inconscient et automatique des connaissances (Reber, 1993 ; Gras-Vicendon et Al., 1994). Les patients lésés au niveau du lobe temporal médian ou atteints de la maladie dAlzeimer (dysfonction de la zone hippocampique) ne semblent pas présenter de déficits de la mémoire implicite (Squire, 1992 ; Danion et Al., 2001 ; Kessels, et al., 2005). Pour preuve, grâce à des tests mesurant lapprentissage implicite (tâche dapprentissage de grammaire artificielle adaptée de Mathews et Al., 1989), Danion et ses Al., (2001) ont pu mettre en évidence que lapprentissage implicite est conservé chez les patients schizophrènes. Or ces patients sont des patients ayant des lésions du lobe temporal médian, principalement de lhippocampe. Le résultat de Danion et Al., (2001) explique ainsi les comportements inappropriés versus appropriés des patients schizophrènes. Les patients schizophrènes présentent généralement un comportement inapproprié quand ils font appel à leur conscience, c'est-à-dire à leur mémoire explicite (Huron et Al., 1995 ; Danion et Al., 1999). En revanche, ces patients semblent présenter un comportement approprié quand ils fonctionnent en mode automatique, c'est-à-dire lorsquil font appel à leur mémoire implicite. Ainsi, les patients schizophrènes comme les patients lésés au niveau du lobe temporal médian ne montrent pas de déficits de leur mémoire implicite (mémoire procédurale) ce qui signifie que le lobe temporal médian nintervient pas dans ce type de mémoire. La mémoire implicite serait alors liée à dautres régions cérébrales, principalement les régions corticales (Sponheim et Al., 2004).
RESUME
Les anomalies hippocampiques observés dans la schizophrénie sont potentiellement de nature neurodéveloppementale.
Les altérations hippocampiques sont associées avec des anomalies de la migration et de lorganisation neuronale.
Neurotransmission glutamatergique potentiellement anormale au niveau de lhippocampe.
Le rôle de lhippocampe dans les phénomènes mnésiques a été mis en évidence chez les patients ayant une lésion du lobe temporal médian (hippocampe, amygdale et cortex temporal).
La mémoire explicite (mémoire déclarative) est hippocampo-dépendante à linverse de la mémoire implicite (mémoire procédurale).
Des « facteurs internes » (ex : BDNF, CREB, les strogènes), et des « facteurs externes » (ex : stress) jouent un rôle dans le fonctionnement hippocampique ainsi que dans les phénomènes de mnésiques et dapprentissage.
Lhippocampe joue un rôle critique dans lhabileté que nous avons à nous souvenir de diverses expériences personnelles dans leur ensemble. Il permet, en effet, lencodage dexpériences personnelles distinctes comme séquence dévénements.
Un « événement « est constitué de trois composantes distinctes : le lieu de lévénement (où), le contenu (quoi) et la période (quand).
Les patients schizophrènes sont déficitaires dans la mémoire de travail visuo-spatiale, dans lestimation dune trajectoire, dans lestimation de la vitesse de déplacement dun objet.
La schizophrénie est associée à un déficit de la mémoire épisodique.
La mémoire autobiographique (proche de la mémoire épisodique) est aussi affectée dans la schizophrénie, et cela dés les premiers symptômes de la maladie.
La mémoire et lapprentissage implicite (mémoire et apprentissage procédurale et automatique) semblent préservés chez les patients schizophrènes.
Les patients schizophrènes présentent des déficits de mémoire contextuelle ou binding contextuel. Ainsi ces patients ne peuvent lier entre eux les différents éléments dun même événement afin de former une représentation mnésique intacte et continue de celui-ci.
Le phénomène de consolidation de la mémoire autobiographique intervenant normalement à ladolescence ou chez le jeune adulte est déficitaire chez les patients schizophrènes, confirmant peut être ainsi la validité de lhypothèse neurodéveloppementale.
COGNITION SPATIALE, DE LA MEMOIRE SPATIALE A LA NAVIGATION
MEMOIRE SPATIALE ET REPRESENTATIONS MENTALES
Memoire spatiale
Définitions
La mémoire spatiale se définit comme lhabileté à encoder, à stocker et à retrouver linformation spatiale (Kessels et al., 2001). La mémoire spatiale représente la capacité que nous avons à localiser des « objets » et / ou des lieux dans un espace environnant et à trouver son chemin à travers un environnement familier ou non familier (Smith et Milner, 1981 ; 1989). La mémoire spatiale nest pas un système de mémoire unitaire mais consiste, au contraire, en une multitude de mécanismes cognitifs. En effet, les processus cognitifs utilisés pour le traitement de linformation spatiale de la mémoire demplacements dobjets (coordonnées précises de lobjet ou position relative des objets les uns par rapport aux autres) et ceux utilisés pour le traitement de linformation spatiale séquentielle sont des mécanismes différents. Des dommages (lésions, ablations, foyer épileptique) cérébraux, principalement dans lhippocampe et ses zones adjacentes (parahippocampe, cortex enthorhinal), causent des déficits de la mémoire spatiale (Abrahams et Al., 1997 ; 1999 ; Nunn et Al., 1998, 1999 ; Bohbot et Al., 1998).
Les théories de limplication de lhippocampe
Lhippocampe est une des principales structures cérébrales impliquées dans les phénomènes mnésiques : mémoire épisodique, sémantique et autobiographique (Eichenbaum et Cohen, 2001a ; Vargha Khadem et Al., 1997 ; Tulving, 1983, Burgess et al., 2002 ; Moscovich et al, 2005, 2006). Limportance du rôle de lhippocampe dans la mémoire fut mise en évidence grâce à des patients ayant des lésions hippocampiques et grâce à des patients épileptiques (Scoville et Milner, 1957 ; Zola Morgan et Al., 1986). Ces lésions causent des dommages importants de la structure hippocampique. Lhippocampe semble avoir, chez lHomme, un rôle important dans la mémoire spatiale (Abraham et al., 1999 ; 1997 ; Nunn et al., 1998, 1999 ; Bohbot et Al., 1998 ; Maguire et Al., 1998a, 1998b ; 1999a ; 1999b ; Spiers et Al., 2001a, 2001b, Kessels et al, 2001). Pendant de nombreuses années, une controverse sur le rôle précis de lhippocampe a eu lieu. Lhippocampe est-il seulement impliqué dans la spatialité (mémoire spatiale), ou est-il aussi impliqué dans les phénomènes non spatiaux ? Aujourdhui, nous savons que le rôle de lhippocampe est vaste (Jarrard et al., 1991). En effet, celui-ci est impliqué dans la mémoire spatiale mais aussi dans la mémoire non spatiale (mémoire épisodique, autobiographique) (Moscovich et al, 2006). Parmi les différentes théories qui se sont affrontées au cours de ces dernières décennies, quatre sont particulièrement importantes dans la compréhension du rôle de lhippocampe (Abrahams et al., 1997). Elles ne sont pas forcément contradictoires et méritent toutes dêtre prises en compte.
Ces différentes théories, décrites ci-dessous, sont la théorie des cartes cognitives, celle de la mémoire de travail, celle de la mémoire de référence et la théorie du contexte.
Théorie des cartes cognitives :
Daprès OKeefe et Nadel (1978, 1991), lhippocampe stocke les informations spatiales de manière allocentrique dans une carte cognitive de lenvironnement permettant la formation dune représentation absolue de notre environnement indépendante de lobservateur (centré sur lenvironnement). Je reviendrai plus amplement sur la formation des cartes cognitives dans la partie représentation mentale de lenvironnement.
Théorie dOlton ou « working memory » :
Daprès Olton (1979a, 1979b, 1979c, 1981), lhippocampe manipule linformation pertinente dune situation présente ou du contexte actuel. Ainsi la mémoire spatiale est dépendante de lhippocampe car elle est encodée comme un événement ou un contexte.
Théorie de la mémoire de référence :
Daprès cette théorie, linformation est toujours constante à travers les situations et est indépendante du temps (Olton et al., 1981).
Théorie du contexte :
Daprès cette théorie (Chun et al., 1999, 2000, 2003 ; Eichenbaum et al., 1996a, 1996b) lhippocampe permet détablir un lien entre les différents aspects contextuels de notre environnement. Lhippocampe encode le contexte temporel dun évènement. Lemplacement spatial étant encodé comme un évènement lié à un contexte particulier, un déficit de mémoire spatiale peut être présent.
Des expériences destinées à départager les différentes théories de limplication de lhippocampe, ont été effectuées, en premier lieu chez le rongeur (labyrinthe radial), puis chez lHomme (Nine maze box, Abrahams et al., 1997). Daprès ces expériences, il ne fait aucun doute que lhippocampe est impliqué dans la représentation allocentrée de lenvironnement (Abrahams et Al., 1997). Cette observation est en adéquation avec la théorie dune carte cognitive de lenvironnement intégrée dans lhippocampe (OKeefe et Nadel, 1978 ; OKeefe et al., 1979 ; OKeefe, 1990). Cette précédente observation nest pas contradictoire avec les théories dites « contextuelles ». Lhippocampe lierait, en effet, les différents événements entre eux et jouerait un rôle dans le souvenir du contexte de ces évènements. Ainsi, lhippocampe serait un « auto-associateur » permettant lassociation des différents éléments dun évènement entre eux (Marr, 1971 ; OReilly et Rudy, 2001, pour revue).
La mémoire contextuelle décrite ci-dessus se réfère plus à de la mémoire épisodique et / ou autobiographique quà de la mémoire purement spatiale. Ainsi, le lobe temporal médian et lhippocampe sont impliqués dans différents types de mémoires (Scoville et Milner, 1957), dont la mémoire spatiale (verbale et non verbale). Cette mémoire spatiale est composée dune mémoire verbale et dune mémoire non verbale (purement visuelle) nimpliquant pas les mêmes hémisphères hippocampiques (Goldstein et Al., 1989). La mémoire visuo-spatiale non verbale est associée avec lhippocampe droit (Smith et Milner, 1981) en revanche la mémoire verbale ou narrative est associée avec lhippocampe gauche (Frisk et Al., 1990). Lhippocampe, bien que jouant un rôle dans différents types de mémoires tel que la mémoire épisodique (Tulving et Markovitsch, 1998 ; Mishkin et Vargha-Khadem, 1998) possède une habileté particulière pour emmagasiner les informations spatiales (OKeefe et Nadel, 1978 ; Squire et Al., 1995).
Implication du stress dans la mémoire spatiale
Le stress peut être bénéfique. Le stress permet une réponse adaptée à une situation environnementale stressante qui naurait pu être gérée autrement. Le stress est donc un mécanisme indispensable à la survie. Cependant, bien que le stress soit parfois nécessaire, un stress prolongé peut causer des désordres irréparables sur lorganisme (Maier et Al., 1976 ; Bremner et Al., 1993, 1999). Ceci est vrai tant au niveau mental (dépressions récurrentes, stress post traumatique) que physique (épilepsie). Lhippocampe, région clef dans lémotion et dans lapprentissage, est une des régions cibles de la réponse au stress. En effet, cette région est la cible des glucocorticoïdes (GC, hormones du stress) telle la corticostérone. Le stress (aigu ou chronique) ou un traitement par corticostérone va avoir un effet délétère sur lensemble de lhippocampe (Sapolsky et Al., 1984). En effet, le stress affecte la plasticité synaptique, la morphologie dendritique, la neurogénèse et provoque une neurotoxicité cellulaire (Kim et Al ; 1998, 1996 ; Watanabe et Al., 1992 ; Gould et Al., 1998). Les dommages causés par lexposition à un stress prolongé vont donc avoir de sévères répercussions pouvant aller dun déficit de mémoire et dapprentissage jusqu'à la mort de cellules neuronales (Kim et al., 1998 ; figure 3). Lhippocampe joue un rôle clef dans les phénomènes de mémoire et dapprentissage notamment au niveau spatial Le stress en agissant sur lhippocampe et en rendant certaines de ses fonctions délétères joue un rôle dans les phénomènes dapprentissage. Ceci a été mis en évidence sur les rongeurs (rats et souris), lors détudes comportementales (Bodnoff et Al., 1995 ; Diamond et Al 1996 ; Nishimura et Al., 1999). Au niveau neuropathologique et histologique, il a été montré quà long terme un stress prolongé ou un traitement aux glucocorticoïdes provoquaient des dommages dans les régions CA1 et CA3 de lhippocampe, les glucocorticoïdes ayant un effet inhibiteur sur la décharge des neurones pyramidaux (Garcia, 2001). Un stress chronique provoque des déficits dapprentissage causant de nombreux désordres dordre cognitif, en baissant lactivité du complexe septo-hippocampo-cholinergique (système impliqué dans lapprentissage spatial).
Fig 3 : effets physiologiques du stress, daprès Kim et Al., 1998)
La transmission synaptique dans lhippocampe se fait grâce à la LTP et à la LTD (long term depression). La LTP est particulièrement impliquée dans le stockage de linformation et joue un rôle dans lapprentissage spatial La LTP et la LTD sont activées par linflux de calcium (Ca2+) au niveau des cellules post synaptiques via lactivation du récepteur NMDA. La balance LTP-LTD est dépendante de la concentration en ions Ca 2+ intracellulaire et de la bonne conservation de lhoméostasie calcique de lorganisme (Garcia, 2001 ; Kim et Al., 1998 ; figure 4). Cette homéostasie calcique est très importante pour le maintien de la LTP au niveau des régions CA1- CA3 de lhippocampe (Garcia, 2001). Si la concentration en Ca 2+ est basse, il y a activation dune phosphatase qui, par son induction, induit une dépression synaptique provoquant linduction de la LTD (Kim et Al., 1998). Si, au contraire, la concentration en Ca2+ est élevée, il y a activation dune kinase, la CaCAMKII, qui provoque la potentialisation de la synapse en requérant lactivation du récepteur NMDA au niveau post synaptique, provoquant ainsi linduction de la LTP (Kim et Al., 1998). Ainsi, la LTP intervient dans les phénomènes mnésiques et dapprentissage, et, est totalement dépendante de la concentration en ions Ca2+ intracellulaire.
Fig 4 : Effet des glucocorticoïdes sur la transmission synaptique (LTP LTD) et exitotoxicité de lhippocampe, daprès Kim et Al., 1998.
Lhippocampe est une cible importante des glucocorticoïdes. Il existe deux récepteurs aux glucocorticoïdes : le récepteur minéralocorticoïde ou de type I (récepteur à haute affinité) et le récepteur aux glucocorticoïdes ou de type II (récepteur à basse affinité). Lhippocampe est pourvu des deux récepteurs. Ces deux récepteurs sont situés principalement au niveau des régions CA1 et CA3. Lactivation du récepteur de type I provoque lactivation de la LTP. En revanche, lactivation du récepteur de type II atténue lactivation de la LTP mais augmente celle de la LTD. Lactivation de ces deux récepteurs dépend du taux de glucocorticoïdes (GC) libérés. Le 1er récepteur à être activé est le récepteur de type I. Le récepteur de type II est activé que si la concentration en glucocorticoïdes est trop élevée, comme cela est le cas lors dun stress prolongé. Lors dun stress prolongé ou dun traitement aux glucocorticoïdes il y a déficits mnésiques et déficits dapprentissage notamment dordre spatial Un tel déficit provoque probablement lactivation du récepteur de type II.
Pour résumer, le stress peut altérer lhoméostasie de lorganisme en altérant lhoméostasie calcique (Garcia, 2001). Le stress via la libération de glucocorticoïdes va inhiber la LTP (transmission synaptique). Une trop grande libération de glucocorticoïdes au niveau circulant va avoir un feedback négatif sur les régions spécifiques inhibant cette libération (Garcia, 2001). Ainsi, une libération prolongée de glucocorticoïdes va avoir un effet délétère sur les fonctions hippocampiques. Ces effets délétères se traduisent au niveau morphologique par une atrophie des neurones pyramidaux de la région CA3 et au niveau électrophysiologique par une baisse de lexcitabilité hippocampique. Cette diminution de lexcitabilité hippocampique a pour conséquence la diminution de linduction de la LTP (Garcia et Al., 1998, 2001).
Les representations mentales
Eléments introductifs et définitions
Se représenter mentalement un objet ou un environnement est une action banale chez lHomme. Il nest pas nécessaire pour lHomme de voir lobjet devant ses yeux pour se le représenter. En revanche, la représentation mentale se réfère à la mémoire (au sens large). En effet, pour pouvoir se représenter mentalement un objet il est nécessaire davoir des traces mnésiques de cet objet (ex : table). Selon lobjet ou lenvironnement représenté, les représentations mentales peuvent être automatiques, c'est-à-dire de lordre de linconscient ou être intentionnelles, c'est-à-dire de lordre conscient (Denis, 1989, 1993). Avoir une représentation mentale précise de son environnement (représentation intentionnelle) est un atout majeur pour la navigation. Un déficit de ces représentations mentales provoque des déficits dans les épreuves de mémoire spatiale et de navigation.
Traitement dynamique des informations spatiales
Naviguer au sein dun espace, parfois non accessible visuellement dans limmédiat, demande des processus de traitement de linformation et des représentations mentales mnésiques précises. Thinus-Blanc (1996), pour expliquer le traitement dynamique des informations spatiales au cours dune navigation (figure 5), propose un modèle constructiviste (Amorim, 2004). Celui-ci nest pas sans rappeler celui proposé par Neisser (1976) dans les années 70.
fig 5 :Le modèle dintégration des informations spatiales de Thinus- Blanc (1996), (figure reprise de lHDR de M.A Amorim (2004)).
Pour Thinus-Blanc (1996), deux voies distinctes sont impliquées dans le traitement des informations spatiales et sont généralement dépendantes du référentiel de départ. La première voie correspond à une action dans le monde physique (ex : navigation réelle), cest à dire à tout ce qui touche au mouvement dans sa globalité (données proprioceptives, vestibulaires
). Ce comportement dans le monde physique est dépendant dun référentiel égocentré (aller tout droit, tourner sur sa gauche) et est organisé de manière séquentielle (séquence dactions à réaliser pour atteindre son but), même si le but à atteindre peut lêtre grâce à une représentation allocentrée. La seconde voie, la représentation spatiale, correspond à une représentation abstraite de lenvironnement, c'est-à-dire à la construction dune carte cognitive de cet environnement. La conservation de linformation reste sous forme allocentrée et est indépendante de la séquence dactions qui a permis son acquisition.
Les cartes cognitives
Depuis 1948 (Tolman), de nombreuses définitions sur la construction des cartes cognitives ont été émises. Chacune de ces définitions est une amélioration de la définition précédente mais comportent quelques petites différences. Ces différences concernent généralement sur les zones cérébrales impliquées (même si lhippocampe fait lunanimité depuis 1948) dans la construction des cartes cognitives et dans le rôle précis de chacune dentre elles. Selon Tolman (1948), une carte cognitive est une représentation mentale de lenvironnement construite par un individu. Grâce à cette représentation abstraite de lenvironnement, les individus peuvent prendre des raccourcis, ont la possibilité demprunter de nouvelles routes (McNamara, 2003a, 2003b) en se basant sur leurs connaissances spatiales préalables. Dans leurs travaux, OKeefe et Nadel (1978) reprennent le terme de carte cognitive et mettent en place un protocole afin didentifier les zones cérébrales impliquées. OKeefe et nadel (1978) mettent en évidence limplication de la zone hippocampique dans la construction de cartes cognitives de lenvironnement. En effet, grâce à leurs expériences comportementales réalisées sur les rongeurs, ces auteurs ont montré que certaines cellules neuronales du rat, les cellules de lieu, ne déchargeaient pas de la même manière selon la localisation de celui-ci dans le labyrinthe (OKeefe, 1979 ; OKeefe, 1990, OKeefe et al, 1998). Les cellules de lieu (neurones pyramidaux) déchargeraient leur activité électrique au niveau de deux régions spécifiques de lhippocampe : la région CA1, et la région CA3 (OKeefe, 1979 ; OKeefe, 1987 ; Muller, 1996, 2005). Limplication de lhippocampe dans la construction des cartes cognitives sest confirmée grâce aux études réalisées chez lHomme et chez lanimal ayant des lésions hippocampiques (Nadel, 1999). De telles lésions provoquent, chez lHomme et chez lanimal, des déficits dans les tâches spatiales et des déficits de mémoire épisodique, autobiographiques et spatio-temporelle (Abrahams et coll, 1997 ; 1999 ; Bohbot et Al., 1998). Thinus-Blanc (1992) propose une définition des cartes cognitives, sensiblement différente de celle présentée par OKeeffe et Nadel (1978). Pour Thinus-Blanc (1992), les cartes cognitives ne sont que le résultat de la mise en relation spatiale des lieux qui ont été stockés dans la mémoire épisodique sous forme de vues locales et grâce à un ensemble de règles combinatoires. En effet, selon Thinus-Blanc (1992), les cartes cognitives sont stockées dans les aires visuelles. En revanche, les aires associatives conserveraient les adresses de ces aires visuelles et / ou le « code combinatoire » des informations quelles contiennent (Amorim, 2004). Chez lhomme, par rapport à la première définition (Tolman, 1948), la définition des cartes cognitives sagrandit (OKeefe, 1990). En effet, «deux cartes » semblent exister une carte sémantique à lintérieur de lhippocampe gauche, ayant pour rôle lorganisation du matériel linguistique de manière abstraite dans une « carte narrative » ; la deuxième carte est en revanche purement spatiale et se situe dans lhippocampe droit.
Malgré toutes ces petites différences de définitions, la définition générale des cartes cognitives reste globalement la même : une carte cognitive est la construction et le maintien dune carte spatiale de lenvironnement (Kumaran, 2005) dans lhippocampe. Cette représentation spatiale de lenvironnement est une représentation allocentrique de celui-ci (OKeefe, 1990, Hartley et Al., 2004) et non égocentrée comme le supposait OKeefe en 1987. Une représentation allocentrique est une représentation euclidienne (calcul des distances et des angles) de lenvironnement (OKeefe, 1991). Ainsi, aujourdhui, la théorie des cartes cognitives est totalement acceptée malgré la « vague » de scepticisme qui a eu lieu dans les années 80.
Les représentations allocentrées et égocentrées
Deux différents types de représentations mentales de lenvironnement existent : la représentation mentale égocentrée (centrée sur son propre corps) et la représentation mentale allocentrée (centrée sur lenvironnement). La représentation mentale égocentrée est à la base de laction (mouvement) et permet linitiation de celle ci. La représentation mentale allocentrée est à la base de la navigation flexible et permet le stockage, à long terme, des relations spatiales complexes. Ces deux modes de représentations mentales ont été mis en évidence grâce aux expériences mesurant les déficits de mémoire spatiale sur les patients ayant des lésions hippocampiques unilatérales ou bilatérales (Abrahams et Al., 1997 ; Bohbot et Al., 1998). Les patients lésés montrent généralement une mémoire spatiale allocentrée déficitaire (test dAbrahams et Al., 1997 ; Bohbot et Al., 1998) alors que leur mémoire spatiale égocentrée semble épargnée. Ainsi, lhippocampe joue un rôle important dans la mémoire spatiale allocentrique (Holdstock, 1999, 2000).
Les représentations allocentrée et égocentrées de lenvironnement interviennent aussi dans des tâches beaucoup plus complexes telles que la navigation. Naviguer dans un environnement, trouver son chemin, se souvenir de routes sont des comportements courants chez lHomme mais demandant une la construction dune représentation interne de lenvironnement. Cette représentation interne de lenvironnement peut être allocentrée (carte cognitive) et / ou égocentrée (tâche séquentielle).La représentation allocentrée dun environnement est dépendante de la construction dune carte cognitive. Cette construction est liée à lacquisition dune représentation en « survol » de lenvironnement permettant ainsi de connaître les directions et les distances relatives entre les différents points de repères présents dans lenvironnement (OKeefe et Burgess, 1996). En revanche, la représentation égocentrée est dépendante de la connaissance des enchaînements dactions de manière séquentielle et temporelle (ex : tourner à droite), de la connaissance de lordre des différents points de repères de lenvironnement. Cette dernière représentation est liée à une représentation de type « trajet » de lenvironnement. Ces deux types de représentations (allocentrée et égocentrée) nimpliquent pas les mêmes processus cognitifs ni les mêmes zones cérébrales (Taylor et Tversky, 1992 ; Taylor et Al., 1999). Lhippocampe est impliqué dans les représentations allocentrées de lenvironnement, dans la construction de carte cognitive et par conséquent dans la connaissance de type « survol » du trajet (Moscovitch et al, 2005). En revanche, les représentations égocentrées de lenvironnement impliquent la connaissance de type « trajet » et le cortex pariétal Ces résultats corroborent les études dAbrahams (1997, 1999) et Bohbot (1998) qui mettent en évidence quun patient cérébro-lésé au niveau hippocampique est déficitaire dans toutes les tâches de mémoire spatiale allocentrique. Les deux cadres de références (égocentrée et allocentrée) bien quutilisant des processus mnésiques et cognitifs différents ne sont pas exclusifs. En effet, selon Nadel et Hardt (2004), ces processus opèrent en parallèle. De plus, les deux cadres de références ont un effet additif sur la précision du rappel.
Les différents stades dacquisition de linformation spatiale
Chez ladulte, comme chez lenfant (lontogenèse reproduisant la phylogenèse), les acquisitions des connaissances spatiales se déroulent en plusieurs étapes successives. Ainsi trois stades dans lacquisition des informations spatiales ont pu être mis en évidence, chez lenfant (Piaget et Inhelder, 1947) et chez ladulte (Siegel et White, 1975). Lexistence de trois stades de développement dans lacquisition de linformation spatiale a été montré grâce à lexpérience « des trois montagnes » réalisée par Piaget. Au premier stade de développement, lenfant acquiert seulement une conception égocentrée (centrée sur son propre corps) de lenvironnement. Il ne peut pas adopter une autre perspective que sa propre perspective vis-à-vis des éléments de lespace qui lentoure. Au second stade, lenfant acquiert la possibilité de considérer et de prendre en compte dautres perspectives que sa propre perspective : conception exocentrée de lenvironnement. Au cours de ce stade, il intègre les notions de séquentialité, de directions et de relations spatiales. Au cours du troisième et dernier stade lenfant possède enfin une conception géocentrée ou allocentrée (centrée sur lenvironnement) de lenvironnement. Il peut donc définir un espace quelconque, avec toutes ses coordonnées précises, indépendamment de sa propre position dans le même espace. Ainsi lenfant acquiert, au cours de ce stade, une représentation en survol de son environnement. Ainsi, nous pouvons voir quil y a une transition entre le cadre de référence égocentré et le cadre de référence allocentré au cours des différents stades de développement de lenfant (Piaget et Inhelder, 1947, 1967 ; Bremner et Bryant, 1977 ; Nardini et Al., 2005).Un parallèle peut être fait, chez ladulte (Siegel et White, 1975), avec lacquisition des nouvelles connaissances spatiales au cours dune épreuve de navigation. Les repères (isolés) rencontrés au cours du trajet sont les premiers à être encodés, à la suite desquels viennent les connexions des différentes routes les liant entre eux (connaissance de type « trajet »). Enfin, le dernier stade est lacquisition dune représentation en survol de lenvironnement concerné permettant ainsi la prise de raccourcis (construction dune carte cognitive).
Ainsi, il existe une évolution analogue entre les jeunes enfants et les adultes pour lacquisition des connaissances spatiales. Chez le jeune enfant, cette progression en différents stades pour lacquisition dune connaissance spatiale de plus en plus complexe est due à la maturation de certaines zones cérébrales. Ainsi des changements sur la connaissance de linformation spatiale (acquisition) apparaissent au cours du développement du jeune enfant (Uttal et Al., 2006, acquisition de la représentation en survol plus complexe).
Différences hommes/femmes
Depuis plusieurs années, nous savons que des différences Hommes Femmes existent dans les habiletés visuo-spatiales et dans les habiletés de représentations mentales (objet ou environnement) (Astur et Al., 1998 ; Moffat et Al., 1998 ; Postma et al., 2004). Plusieurs types de tests ont été utilisés pour étudier ces différences. En premier lieu, ce sont des tests psychométriques : perception spatiale, visualisation spatiale (ex : MPFB) et rotation mentale (ex : MRT) qui ont été utilisés (Linn et Petersen, 1985). Cest pour les tests de rotation mentale (ex : MRT) quil est observé la plus grande différence entre les performances hommes- femmes (la variance pouvant atteindre 16 %) (Sanders et Al., 1982). Dans un second temps, des tests dorientations spatiales et de navigation ont été réalisés en réalité virtuelle (water maze) et / ou en condition écologique (environnement réel). Ces tests, comme les tests psychométriques, montrent des capacités spatiales inférieures chez la femme. En fait, les deux genres nutilisent pas les mêmes stratégies cognitives pour résoudre ce type de tâches (Gron et Al., 2000). Les femmes utiliseraient plutôt les repères égocentrés et leur enchaînement séquentiel, les hommes utiliseraient plus volontiers les repères allocentriques avec références géométriques (Gron et Al., 2000). De plus, selon Gron et Al., (2000), les zones cérébrales activées dans ce type de tâches seraient différentes entre les hommes et les femmes (plus postérieures chez lhomme et plus frontales chez la femme).
Ces différences de stratégies nexpliquent pas complètement les différences observées dans leurs performances. Selon McCormick et Al., (2001), ce phénomène est hormonal En effet, celui-ci serait dépendant de la variation du taux des hormones sexuelles. La testostérone aurait un effet bénéfique sur les performances spatiales, non seulement chez les animaux (Roof et Havens, 1992) mais aussi chez lHomme (Moffat et Hampson, 1996). En effet, une personne recevant de la testostérone voit ses capacités cognitives augmentées. Les oestrogènes auraient, en revanche, un rôle beaucoup plus complexe (Moffat et Hampson, 1996). Leurs actions dépendraient de la variation du taux de lhormone elle-même. Un taux élevé en oestrogènes tendrait à diminuer les performances dans les tâches visuo-spatiales (Warren et Juraska, 1997 ; Luine et al, 1998). Phillips et Silverman (1997) parallèlement à cette découverte, ont étudié le cycle menstruel de la femme (variation du taux des hormones féminines sexuelles au cours du cycle). Ces auteurs ont étudié (Phillips et Silverman, 1997) léventuel lien que pourrait avoir le cycle menstruel de la femme sur les fonctions cognitives notamment les habiletés visuo-spatiales. Au cours de la phase lutéale, phase riche en oestrogènes, les femmes sont moins performantes comparativement à celles testées au cours des autres phases du cycle menstruel (Phillips et Silverman, 1997 ; Gron et Al., 2001).
Le stress est un facteur important à ne pas omettre. Le stress possède, en effet, un impact significatif sur les fonctions cognitives et les capacités visuo-spatiales.Un stress modéré augmente les performances cognitives au contraire dun stress élevé qui les diminue (Luine et al., 1996). Les hormones du stress agissent sur lhippocampe en provoquant des modifications physiologiques conduisant à des déficits dapprentissage et de mémoire spatiale (McEwen, 1997 ; Diamond et Al., 1996). Selon Kirschbaum et Al., (1999), le stress a un lien relationnel avec les hormones sexuelles féminines, elles mêmes impliquées dans les habiletés visuo-spatiales. Ainsi le stress pourrait expliquer les différences observées dans les habiletés spatiales entre les hommes et les femmes. La réponse au stress est, en effet, différente selon les sexes et varie au cours du cycle menstruel de la femme, celui-ci jouant probablement un rôle important dans les capacités visuo-spatiales (Altemus et Al., 1997). Au cours du cycle menstruel, il y a variation du taux de libération de cortisol (hormone du stress). Cette libération est plus importante au cours de la phase lutéale (Kirschbaum et Al., 1999), phase durant laquelle le taux doestrogènes est le plus élevé (comparativement aux autres phases). Il y aurait donc une covariation entre les taux de cortisol et doestrogènes au cours du cycle menstruel. Ainsi, la baisse des performances spatiales au cours de la phase lutéale seraient dues à une augmentation de la réactivité au stress durant cette phase.
Dans les performances spatiales, il y aurait un effet sexe et un effet cycle menstruel mettant en évidence que les hommes sont plus performants que les femmes (Gron et al., 2001). Dimportantes différences ont été montrées entre les hommes et les femmes pour les tests de rotations mentales (Linn et Petersen, 1985). Ces différences entre les genres persistent pour des tests plus complexes comme la navigation spatiale. Ainsi, les hommes sont plus performants que les femmes dans les tâches de navigation spatiale, dorientation spatiale, dapprentissage de routes et de cartes (Gron et al., 2001 ; Driscoll et al., 2005).
LA NAVIGATION OU COMMENT TROUVER SON CHEMIN (« WAYFINDING »)
Introduction
Effectuer un trajet ou naviguer au sein dun environnement familier ou non familier est, chez lHomme, une situation banale. En effet, se déplacer pour se rendre dun point A à un point B est une situation que nous effectuons quotidiennement. Se déplacer dans un environnement requiert la capacité de percevoir cet environnement, une sensibilité aux différents éléments extérieurs, aux différentes sources dénergie (acoustique, optique) environnantes (Michaels et Carello, 1981 ; Amorim, 2004). Ainsi au cours dune navigation, en condition écologique (condition réelle), la plupart des systèmes sensoriels sont activés : système vestibulaire, vision, capteurs musculaires et plantaires de pression.
Acquérir la capacité de naviguer dans un environnement peut se faire via une pluralité de sources (Liben, 1991 ; Uttal et Al., 2006). Ces sources sont généralement analogiques et peuvent être de deux sortes : primaires et / ou secondaires (Presson et Hazelrigg, 1984). Les sources primaires font référence aux épisodes de navigation sur le terrain, c'est-à-dire acquises en milieu réel avec une perspective préférentiellement de type « trajet » plutôt que de type « survol ». Les secondes correspondent aux descriptions ditinéraires (perspective trajet) et aux cartographies (perspective survol). Je ne développerai pas ici la capacité à naviguer au sein dun environnement réel grâce aux sources analogiques secondaires (description et cartographies). En effet, notre étude porte sur la capacité à restituer un trajet après navigation réelle (source primaire) dans un environnement écologique.
Decouverte de limportance du role de lhippocampe (expériences princeps de Maguire)
De nombreux chercheurs ont souhaité connaître les zones cérébrales activées lors dépreuves spécifiques de mémoire visuo-spatiale telle que la navigation (en condition réelle et en réalité virtuelle). Maguire et Al., (1996a, 1996b, 1997, 1998a, 1998b, 1999a, 1999b, 2000, 2003b, 2003c) sont les principaux auteurs qui ont étudié la navigation et ses spécificités. Pour ce faire, Maguire et Al., (1997, 2000) ont réalisé leurs expériences sur une population de chauffeurs de taxis londoniens. Ceux-ci, ont, en effet, de nombreuses années dexpériences, puisque avant de recevoir leur licence ils doivent subir un entraînement dune durée de trois ans et passer un difficile examen de connaissances spatiales (Maguire et Al ; 1997 ; 2000). Lhippocampe, selon Maguire et Al., (1997), joue un rôle important dans la mémoire visuo-spatiale, principalement lors de la navigation. Ainsi Maguire (2000) dans son étude sur les chauffeurs de taxis Londoniens, examine les effets directs de lexpérience spatiale sur les structures cérébrales. Les différences observées entre lhippocampe des chauffeurs de taxis et celui des sujets contrôle montrent que les habilités de navigation des chauffeurs de taxis sont associées à une redistribution relative de la substance grise dans lhippocampe (méthode VBM et comptage de pixels). Maguire et Al., (2000) observent, en effet, une augmentation du volume de lhippocampe postérieur droit et gauche chez les chauffeurs de taxis, à linverse des sujets contrôles où ils observent une augmentation seulement au niveau de lhippocampe antérieur, et cela bilatéralement. Leur résultat suggère que chez les chauffeurs de taxis la carte mentale de la ville est enregistrée dans lhippocampe postérieur et accommodé par une augmentation de volume de tissu (Maguire et Al., 2000).
La memoire topographique
Implication de la mémoire topographique dans la navigation
Pour étudier la navigation et donc les capacités dorientation spatiale à travers un environnement , les principales études ont utilisé des tests de mémoire épisodique liés à un apprentissage topographique comprenant des références spatio-temporelles spécifiques (Tulving et Al., 1983, Maguire et Al., 1997). Les connaissances topographiques comprennent, en effet, des informations précises sur les repères mais aussi sur leurs relations spatiales (Siegel et White, 1975 ; Thorndyke et Al., 1982). Or la connaissance des repères et de leurs relations spatiales est indispensable à une bonne navigation. Ce sont des caractéristiques, des points essentiels à la connaissance dun environnement urbain étendu mais aussi au développement dune représentation mentale de celui-ci (Lynch, 1960). En effet, pour Lynch qui est un urbaniste (1960), une « bonne » navigation dépend de la connaissance des repères (encodage) de lenvironnement dans lequel celle-ci seffectue. Pour Evans et Pezdek (1980), lencodage des repères rencontrés le long dune route est tellement important quil précède la connaissance de la route elle-même. En effet, la connaissance des repères ne viendrait pas se greffer sur la connaissance des chemins mais ce serait la connaissance des chemins qui viendrait se greffer sur celle des repères. Posséder une bonne mémoire topographique est une condition indispensable à la connaissance des repères et donc à une navigation efficace (Maguire et Coll, 1996a, 1996b).
Zones cérébrales impliquées dans la mémoire topographique
Dans une de ses études, Maguire (1997) a souhaité connaître les zones cérébrales impliquées dans les différentes sortes de mémoire topographique. Pour cela, il a comparé le souvenir ditinéraires aux souvenirs de points de repères. Maguire (1997) montre ainsi une activation de lhippocampe dans la mémoire topographique, ce qui navait pu être mesuré dans les précédentes études (Aguirre et Al., 1996, Maguire et Al., 1997). En effet, les précédentes études utilisaient un simulateur de lenvironnement (environnement virtuel), ce qui nest pas le cas de cette étude et de celle de 1996 (Maguire et Al., 1996b). Ces deux études utilisent un environnement réel, soit un environnement complexe ; dont la complexité sobserve particulièrement dans la prise de décision des taxis (quelles routes dois-je prendre pour atteindre au plus vite mon but ?). Le recrutement de lhippocampe dans les expériences de navigation en monde réel pourrait refléter de son rôle dans les acquisitions spatiales de haut niveaux ainsi que dans la prise de décision (Maguire et al., 1997 ; Garling et al, 1989). Toutefois, lactivation de lhippocampe dans la mémoire topographique nest probablement pas attribuable à un stimulus nouveau (Tulving et Al., 1994). En effet, lors dune navigation en condition écologique les chauffeurs de taxis sont généralement familiers avec les itinéraires quils parcourent, en revanche, en réalité virtuelle les environnements utilisés ne sont pas des environnements familiers. Or dans le premier cas, navigation en condition écologique, il y a activation de lhippocampe ce qui nest pas le cas en réalité virtuelle. Daprès Maguire (1997), les repères et les itinéraires activent les régions occipito-temporales, le gyrus cingulaire postérieur, laire pariétal médial, ainsi que le gyrus parahippocampique. Ceci signifie que le système de mémoire topographique est prioritaire pour relever les informations topographiques même quand les repères nont pas de connotation spatiale (simple description de ceux-ci). La seule différence observable entre ces deux taches, repères versus itinéraires, est lactivation de lhippocampe droit dans la tache des itinéraires. Ceci laisse penser que lhippocampe droit a un rôle dans la facilitation de la navigation. Le souvenir des repères est aussi associé à une activation du cortex préfrontal latéral gauche ; or, les régions frontales gauches sont le plus souvent activées dans lencodage de la mémoire épisodique verbale (Kappur et Al., 1994 ; Shallice et Al., 1994). Il est donc probable que le souvenir des repères dans la mémoire sémantique implique, comme le suggère Nyberg (1996a, 1996b), un encodage dun tel matériel verbal dans la mémoire épisodique. En somme, une lésion du lobe temporal médian provoque des déficits dapprentissage topographique de caractère spatial (Maguire et Al., 1996a).
Environnement reel et environnement virtuel
Pour explorer le rôle de lhippocampe dans lespace, dans la mémoire topographique et la mémoire épisodique, (Burgess et Al., 2002 ; King et Al., 2002 ; Maguire et Al., 1998a, 1998b, 1999a, 1999b; Spiers et Al., 2001a ; 2001b) les nouvelles technologies nouvellement mises à disposition ont été utilisé. Ce sont des méthodes de réalité virtuelle permettant de contrôler lenvironnement des sujets testés. Cependant, comme toute méthodologie celle-ci comporte certaines limites : problème de présence du sujet à lintérieur de lenvironnement, données vestibulaires et proprioceptives non accessibles. Malgré ces limites, les études indiquent une bonne correspondance entre les connaissances spatiales dun environnement acquises dans le monde réel et un modèle de cet environnement acquis dans la réalité virtuelle (Arthur et Al., 1997, Regian et Al., 1994 ; Ruddle et Al., 1997 ; Witmer et Al., 1996).
La navigation spatiale a été étudiée, chez lhomme, en réalité virtuelle. Pour cela (Astur et Al., 1998 ; Jacobs et Al., 1997 ; 1998) le test du « water maze », préalablement décrit chez le rat par Morris (1981), a été utilisé. Ce test avait permis de prouver, chez le rat, limplication de lhippocampe (Morris et Al., 1982) dans la navigation. Chez lHomme, au niveau des résultats comportementaux, Astur et Al., (1998) et Jacobs et Al., (1997 ; 1998) trouvent des analogies avec ceux précédemment observés par Morris (1982) chez le rat. En effet, il semble que le genre humain, comme lanimal, utilise les signaux distaux de préférence aux signaux proximaux. Les performances des sujets sont assez élevées sauf lorsque les relations topologiques des signaux sont interchangées par lexpérimentateur. Dans ce cas, il est, en effet, observé une baisse significative des performances. Cependant, ce test, utilisé pour étudier la navigation humaine, crée une inquiétude (Burgess et Al., 2002). En effet, il ny a pas dimmersion dans un environnement virtuel riche, tel que lon peut le voir dans les épreuves de navigation réelle, le monde réel étant plus complexe que le monde virtuel. Les expériences réalisées dans un environnement virtuel simple, tel que le « corridor maze » de Aguirre (apprentissage par association de stimuli-reponse) expliquent laction du parahippocampe dans la mémoire spatiale, mais nexpliquent pas celle de lhippocampe (Aguirre et Al., 1996). En revanche, les études (réalisées en réalité virtuelle couplée à limagerie) où les sujets doivent se souvenir de lieux visités ou vus dans des films (selon le cas), se souvenir de routes apprises avant de réaliser le parcours le jour de lexpérimentation (Ghaem et Al., 1997) montrent une activation des aires cérébrales sétendant jusqu'à lhippocampe. Les expériences en PET SCAN de Maguire (1998a) où les sujets doivent trouver leur chemin dans une ville virtuelle ayant plusieurs chemins possibles (comme cest le cas en environnement réel) montrent, elles aussi, une activation de lhippocampe. Dans ces tests (particulièrement ceux impliquant la mémoire topographique), les participants ont été testés sur leurs habiletés de navigation au sein dune ville, leurs habiletés à reconnaître certains lieux et enfin leurs habilités à construire une carte précise de la ville. Grâce à ces différentes tâches limplication de lhippocampe et du parahippocampe dans le processus spatial a pu être mise en évidence.
Les zones cerebrales impliquees dans la navigation
Rôle des différentes régions cérébrales
Les études de Maguire (1997, 2000) ont permis de montrer et de confirmer que les régions cérébrales impliquées dans la mémoire topographique (et donc dans la navigation) sont laire occipito-temporale, le cortex pariétal médial, le cortex cingulaire postérieur, le gyrus parahippocampique et lhippocampe (le droit principalement). Laire occipito-temporale à une importance relative dans la navigation. Cette région est impliquée dans lapprentissage et la reconnaissance de scènes topographiques (Evans et Al., 1981 ; Garling et Al., 1982 ; Barrash et Al., 2000). Laire occipito-temporale ne joue pas le même rôle dans la mémoire topographique (ex : navigation) que le parahippocampe. Le parahippocampe est impliqué dans la reconnaissance des bâtiments et des repères. En revanche, la région occipito-temporale est plutôt activée pour la reconnaissance dobjets (Epstein et Al., 1998). Le lobe pariétal possède un rôle sensible dans la navigation. En effet, le lobe pariétal est impliqué dans lapprentissage des routes, mais son rôle dans cet apprentissage nest pas critique (Barrash et Al., 2000). Ce lobe cérébral est impliqué dans la connaissance séquentielle des repères, c'est-à-dire dans la connaissance de type « trajet ». Ainsi, le lobe pariétal intervient dans la représentation égocentrée de lenvironnement (Wolbers et Al., 2004). Le parahippocampe possède un important rôle dans la navigation, notamment dans lapprentissage topographique (Barrash et Al., 2000). La région la plus importante est certainement lhippocampe. Cette région possède un rôle prépondérant dans la navigation. Des lésions à ce niveau (Maguire et Al., 1996a ; Smith et Al., 1981) ainsi que les études dimagerie fonctionnelle (Maguire et Al., 1999a) confirment définitivement limplication de lhippocampe dans la mémoire spatiale et la navigation. Létude de Maguire (2000) montre que chez les chauffeurs de taxis, qui sont des experts de la navigation, lhippocampe postérieur est impliqué dans la navigation. En effet, chez ces sujets particuliers, Maguire (2000) observe une augmentation de volume de lhippocampe postérieur et cela bilatéralement. Limplication de lhippocampe postérieur dans la navigation est vérifiée par les études dIRMf et les études comportementales après lésion bilatérale de cet hippocampe. En effet, les patients ayant des lésions au niveau de lhippocampe postérieur montrent quils ne peuvent se souvenir de routes apprises peu de temps avant leurs lésions (Maguire et Al., 1996a). De plus, les études dIRMf montrent que lactivation de lhippocampe postérieur est associée avec les souvenirs ou lutilisation des apprentissages préalables dinformations spatiales (Maguire et Al., 1998a, 1998b ; Ghaem et Al., 1997). Daprès Maguire (2000), lhippocampe postérieur semble être préférentiellement impliqué dans lapprentissage de linformation spatiale préalablement utilisée alors que lhippocampe antérieur semble impliqué dans lencodage de nouveaux environnements. De précédentes études réalisées chez les rongeurs et les singes corroborent ce résultat. En effet, ces études montrent, comme celles de Maguire (2000) chez lhomme, que lhippocampe dorsal (postérieur chez lhomme) est préférentiellement impliqué dans la navigation spatiale (Moser et Al., 1995 ; Colombo et Al., 1998). En résumé, les tâches des repères et des itinéraires (routes complexes) décrites par Maguire, mettent en jeu les mêmes régions cérébrales à lexception de lhippocampe droit, qui est seulement activé dans le rappel des routes. De plus, le réseau de régions cérébrales, dont lhippocampe droit, impliqué dans la mémoire sémantique topographique est à lorigine de lapprentissage de nouveaux complexes spatiaux (Maguire et Al., 1996a).
Lhippocampe est fortement impliqué dans la navigation, mais ce nest pas la seule région cérébrale impliquée (Maguire et Al., 1996a, 1996b, 1997, 1998a, 1998b ; Gron et Al., 2000 ; Barrash et Al., 1998, 2000). Le parahippocampe joue chez lHomme, un rôle clef dans la navigation (Habib et Sirigu, 1987 ; Barrash et Al., 2000 ; Aguirre et DEsposito, 1996, 1998, 1999). Ainsi, le cortex temporopariétal est préférentiellement impliqué dans la navigation notamment dans sa restitution (Rosenbaum et Al., 2004a, 2004b).
Rôles particuliers de lhippocampe et du parahippocampe
Le parahippocampe semble intervenir dans lacquisition de linformation spatiale présente dans les scènes visuelles (Epstein et Kanwisher, 1998 ; Burgess et Al., 2001, 2002 ; Hartley et Al., 2000 ; OKeefe et Burgess, 1996). Ainsi, le parahippocampe est impliqué dans la reconnaissance détaillée de scènes visuelles. Le parahippocampe intervient dans le souvenir des repères (Maguire et Al., 1997 ; 1998b) critiques et non critiques. En effet, la région parahippocampique est activée pour les repères rencontrés le long dun trajet et préférentiellement activée pour les repères se situant au niveau dun changement dorientation. Ainsi, le parahippocampe est activé dans le souvenir et la reconnaissance de repères (repères) situé à un point crucial du trajet (Spiers et Maguire, 2004 ; Janzen et Van Turrennout, 2004). Cette activation est présente même si le rappel nest pas conscient. Lactivation du parahippocampe est suffisante pour « trouver son chemin » dans un environnement simple. Ainsi, le parahippocampe possède un rôle dans lapprentissage spatial allocentrique (Bohbot et Al., 1998). Lhippocampe (bilatéral) est, en revanche, activé dans les situations de navigation complexe où plusieurs lieux sont connectés à plusieurs routes possibles. Ainsi lhippocampe est impliqué dans la navigation spatiale et le parahippocampe est impliqué dans lidentification des repères et des scènes spatiales (Ekstrom et Al., 2003 ; Burgess et Al., 2003)
Hippocampe droit et hippocampe gauche
Lhippocampe droit est impliqué dans les processus de mémorisation demplacement dobjets allocentriques (Abrahams et Al., 1997 ; Bohbot et Al., 1998 ; Maguire et Al., 1996a), dans les stratégies cognitives pour retrouver son chemin dans un environnement complexe (tâche qui requiert probablement des processus allocentriques). En effet, lactivation de lhippocampe droit est associée à la navigation au sein denvironnements virtuels, que sont les villes virtuelles décrites par Maguire (1998a, 1998b). Lhippocampe droit possède un rôle spatial important (OKeefe et al, 1998 ; Mellet et Al., 2000a) notamment dans les tâches de navigation. Toutefois, comme le gyrus parahippocampique postérieur, lhippocampe droit est impliqué dans une mémoire plus générale de localisation dobjets (tâche qui ne requièrent pas explicitement des processus allocentriques). Les rôles de lhippocampe et du parahippocampe sont certes différents mais sont complémentaires (Eichenbaum et Al., 1994 ; Mishkin et Al., 1997). Cette activation de lhippocampe droit est seulement visible après un délai. Cette dépendance vis-à-vis du délai montre que les représentations allocentriques sont plus durables que les représentations égocentriques, et, que par conséquent lhippocampe droit est impliqué dans les taches allocentriques (Burgess et Al., 2002).
Lactivité de lhippocampe gauche nest pas exactement corrélée avec la navigation, mais est impliquée dans la mémoire épisodique (Burgess et Al., 2001 ; Spiers et Al., 2001a ; 2001b) verbale et non verbale. Limplication de lhippocampe gauche dans le souvenir dévénements appartenant à la mémoire autobiographique utilisant des paradigmes verbaux a été confirmée par des études en neuro-imagerie (Maguire et Mummery, 1999) et en neuropsychologie (Barr et Al., 1990 ; Kappur et Al., 1997 ; Tanaka et Al., 1999). Ainsi, lhippocampe droit est plus actif que lhippocampe gauche durant la navigation avec un profil inversé durant la mémoire épisodique (Burgess et al., 2002).
Conclusion
Lhippocampe joue un rôle important dans la mémoire topographique, dans la mémoire épisodique et dans la connaissance de lenvironnement spatial (Maguire et Al., 1996a). Ces mémoires sont toutes impliquées dans la navigation. Les connaissances topographiques comprennent des informations précises sur les repères (repères) et sur leurs relations spatiales (Siegel et White, 1975 ; Thorndyke et Al., 1982). La connaissance de lespace environnemental, en plus de se référer à la mémoire topographique, se réfère aussi à la mémoire sémantique (composante de la mémoire déclarative). Lhippocampe possède aussi un rôle dans la mise en place des cartes spatiales de lenvironnement (théorie des cartes cognitives développée par OKeefe et Nadel en 1978, reprise plus tard par OKeefe en 1990). Par des études dimagerie, il a été montré que lhippocampe et le gyrus parahippocampal étaient impliqués dans la connaissance de lenvironnement spatial (Aguirre et Al., 1996 ; Maguire et Al., 1996a ; 1997 ; Ghaem et Al., 1996). Ces études ont principalement utilisé des tests de mémoire épisodique liés à un apprentissage topographique comprenant des références spatio-temporelles spécifiques (Tulving et Al., 1983, Maguire et Al., 1997). Toutefois, lhippocampe étant proche des ventricules latéraux, il est impossible de dire si il y a ou non intervention de ces tissus dans le souvenir de cartes spatiales (Maguire et Al., 2000).
Le wayfinding
Définitions
Une interaction courante de lHomme et de son environnement consiste en « trouver son chemin » (wayfinding), afin datteindre une destination finale. Aller dun point A (départ) vers un point B (destination finale) est une action que nous faisons tous les jours, aussi bien dans un environnement familier (ex : aller au travail) que non familier (trouver un nouveau restaurant dans Paris) (McNamara et Al., 2003b ; Hartley et Coll, 2003). Mc Namara et Al., (2003b) et Mellet et Al., (2000a) différencient le fait de faire un trajet dans un environnement familier (route following) et / ou dans un environnement non familier (wayfinding).
Différence wayfinding et route following
Le wayfinding est le fait de trouver son chemin dans un environnement non familier et / ou demprunter un nouveau trajet pour atteindre sa destination, si le chemin habituellement emprunté est bloqué (ex : travaux, embouteillages) (Allen, 1999 ; Hartley et Al., 2003). Il faut avoir pour cela la capacité à réaliser des actions de manière consciente et avoir une représentation mentale précise de lenvironnement. Le wayfinding est un processus de planification et de prise de décisions sur la bases dinformations environnantes afin datteindre le but fixé (Allen, 1999). Enfin, le wayfinding est une conséquence de la construction dune carte cognitive précise de lenvironnement.
Le « route following » consiste à suivre une route familière dans un environnement familier (Hartley et Al., 2003). Le « route following » est un enchaînement dactions quotidiennes, réalisées (ex : tourner à droite, continuer tout droit) de manière automatique et non conscientes. Trouver son chemin dans un environnement familier est indépendant de lactualisation quotidienne de la carte cognitive de lenvironnement. Ainsi, pour naviguer dans un environnement familier il nest pas nécessaire de posséder une représentation en survol de lenvironnement accessible à chaque instant. En effet, une représentation égocentrée de lenvironnement suffit à retrouver son chemin dans un environnement familier. En revanche la connaissance des séquences temporelles est absolument nécessaire.
Zones cérébrales impliquées
Le wayfinding et le « route following » nactivent pas les mêmes zones cérébrales et nimpliquent pas les mêmes processus cognitifs (Hartley et Al., 2003). Le wayfinding est dépendant de lactivation de lhippocampe, en revanche le « route following » est dépendant de lactivation du noyau caudé (Hartley et al., 2003).Lors dune navigation dans un environnement non familier, lhippocampe est activé en premier lieu, afin dencoder les nouvelles routes, afin de permettre au navigateur davoir une représentation mentale de cet environnement non familier. Cet environnement non familier en devenant par expérience quotidienne (répétition quotidienne du trajet) de plus en plus familier induit lactivation du noyau caudé (Hartley et Al., 2003). Les patients cérébro-lésés au niveau de lhippocampe et / ou du noyau caudé montrent dimportants déficits dans les tâches de navigation. Cependant, lhippocampe peut compenser une lésion du noyau caudé. En revanche le noyau caudé ne peut compenser une lésion de lhippocampe (Iaria et Al., 2003 ; Voermans et Al., 2004).
Importance du wayfinding chez lHomme
Chez lHomme, le wayfinding (au sens large de naviguer) requiert une prise de décision (quelle route prendre, à droite, a gauche ?, ex : chauffeurs de taxis londoniens), lexécution de cette décision et le traitement de linformation spatiale et environnementale (Allen, 1999). Résoudre un problème de wayfinding requiert la sélection du chemin à parcourir, lidentification des repères le long du chemin, la sélection des différentes directions à prendre généralement au niveau des points de repères. La connaissance des repères semble donc être totalement liée à une navigation efficace dans un environnement aussi bien familier que non familier. Le wayfinding, comparativement au « route following », demande à lHomme de créer une vue globale et abstraite de lenvironnement (carte cognitive), lui permettant davoir une vision en survol du trajet (Ghaem et Al., 1997). LHomme peut ainsi prendre des raccourcis, augmenter de manière efficace son déplacement à travers un environnement familier et /ou naviguer à travers un environnement non familier (jamais visité).
Importance de la connaissance des repères
Sélectionner un chemin, prendre des décisions à lendroit adéquat, identifier des repères importants sont les composantes les plus fondamentales pour une bonne navigation à travers un environnement familier et non familier. En effet, les repères sont un véritable support pour le wayfinding. Les repères sont une véritable et indispensable aide à la navigation. Ils sont constitués de quatre caractéristiques importantes (Golledge, 1999). Ce sont des aides précieuses à lidentification de sa propre position sur un trajet. Les repères permettent déviter que nous nous égarions et que nous nous trompions de route (point de repérage) ; signalent un changement de direction permettant ainsi de sorienter ou se réorienter sur la bonne voie. Enfin les repères servent damorces pour les repères suivants (A est avant B, ordre séquentiel des repères). Les repères sont les points saillants et les points dancrages dun trajet (Golledge, 1978). Les repères sont le plus souvent de taille importante (bâtiments) et disposés sur un emplacement défini. Les repères lient les différents chemins empruntables (différents choix possibles) entre eux et permettent davoir une connaissance de lenvironnement (voir carte ci-dessous, figure 6) de type « trajet » dans un premier temps (ordre séquentiel des repères), puis de type « survol » (connaissance des relations spatiales topographiques).
Exemple description de type trajet : De la rue du Sentier au musée du Louvre
Descendre la rue du Sentier jusquau bout, puis tourner à droite en prenant la rue de Réaumur, continuer tout droit jusqu'à un carrefour, puis tourner à gauche en prenant lavenue de lOpéra. Continuer tout droit jusquà la rue de Rivoli, puis tourner à gauche et continuer jusquau musée du Louvre.
Fig 6: plan de Paris (source Mappy, internet), exemple de trajet à effectuer. D : Départ : rue du sentier ; A : Arrivée : musée du Louvre
En résumé, les repères sont des facilitateurs de la navigation à travers un environnement quil soit ou non familier. Leur connaissance en mode « trajet » est de type procédural (séquence de repères), leur connaissance en mode « survol » est de type topographique.
Production ditinéraires : aide à la navigation
Définitions
Décrire un itinéraire à un individu est une situation banale et très commune dans la vie courante. La description ditinéraire permet à un individu de se rendre dun point A à un point B et de progresser dans lenvironnement choisi afin datteindre sa destination finale. En cela cette production doit être très spécifique et suivre un schéma particulier. En effet, une description ditinéraire doit comporter toutes les instructions nécessaires aux actions à effectuer au cours du trajet afin datteindre le but fixé : quelles actions (tourner à droite, continuer
) faire et à quel endroit (église, porche, parc
). Celles ci doivent être prescriptives, procédurales et descriptives (Denis, 1997 ; Daniel et Al., 1998, 2002, 2003). Descriptives dans le sens où elles doivent décrire lenvironnement (scènes visuelles) dans lequel le navigateur évolue, afin de lui signifier quil est sur la bonne voie (vérification et confirmation de ses choix). Une composante temporelle est essentielle dans ces descriptions ditinéraire. En effet, les différentes étapes du trajet sont généralement décrites chronologiquement (cest-à-dire dans lordre dans lequel elles ont été rencontrées). Cette continuité temporelle est une conséquence obligatoire de ladoption de la perspective trajet par le descripteur. En effet, lors dune description ditinéraire le descripteur adopte une perspective égocentrée (centrée sur son propre corps) : « tourner à droite, prendre à gauche ».
De nombreux auteurs (Klein, 1982 ; Wunderlich et Reinelt, 1982 ; Allen, 1988, 2000 ; Couclelis, 1996 ; Denis, 1997) se sont intéressés aux processus cognitifs, aux contenus et à la structure dune description ditinéraire. Sur les principes fondamentaux leurs thèses se rejoignent même si elles différent quelque peu.
Processus cognitifs, contenu et structure dune description ditinéraire
Dans un premier temps je présenterai, sous forme de tableaux les recherches princeps de Klein (1982), Wunderlich et Reinelt (1982), de Couclelis (1996) et dAllen (1988). Puis, dans un second temps de manière plus détaillée, les recherches de M. Denis (1997) qui sont à la base de notre étude.
Les études princeps
Processus cognitifs impliqués dans les descriptions ditinéraire
KLEIN (1982)WUNDERLICH et REINELT (1982)COUCLELIS (1996)- action verbale caractérisée par asymétrie du rôle des participants :
descrpteurs et demandeurs
- description interactionnelle
- modèle séquentiel de description ditinéraire :
- schéma complexe qui dirige la réponse du receveur en prenant en compte les attitudes et le comportement du receveur
- capacités dimagerie spatiale et capacités linguistiques pour réussir cette tâche
- 3 étapes :
1) activation carte cognitive :
activée par le descripteur grâce à sa connaissance préalable de lenvironnement
2) construction dun plan primaire :
Activation dun segment (petite partie) de la carte cognitive et
localisation points de départ et darrivée
3) construction dun plan secondaire :
sélection et organisation des informations du plan primaire
- 4 étapes :
1) initiation :
formulation de la requête
2) description du trajet :
aller du point de départ au point final via les repères rencontrés
3) « securing » ou sécurisation :
confirmation des informations reçues
4) « closure » ou clôture :
fin de linteraction
- 3 tâches mis en jeu :
1) cognitive :
construction dun plan mental de litinéraire
2) interactionnelle :
prise en compte des besoins ou préférences du demandeur par linformateur
3) linguistique :
production dune description concise et claire
- 5 stades :
1) initiation :
émission de la demande
2) représentation :
succession dopérations cognitives :
- construction spatio-linguistique,
- cadre de référence égocentré,
- planification du trajet
3) transformation :
linéarisation et segmentation du parcours
4) symbolisation :
passage des infos spatiales aux infos linguistiques
5) terminaison :
fin de léchange
Contenu et structure dune description ditinéraire
KLEIN (1982)WUNDERLICH et REINELT (1982)ALLEN (1988)- 3 composantes fondamentales :
1) points fixes :
squelette de la description.
2) directions
relatives aux points fixes
3) actions à exécuter ou événements rencontrés- éléments verbaux constituants les descriptions ditinéraires :
1) les nominaux : points dorientations (ex : « tunnel », rue
)
2) les directifs : « ici », « jusque »
3) les marqueurs de positions : « à gauche », « en face »
4) les verbes de mouvements :
« aller », « continuer »
- structure dune description :
1) chemin initial :
1re partie du trajet, visible à partir du point de départ
2) chemin intermédiaire :
- hors champ visuel,
- points de réorientation et repères correspondants
3) chemin final :
dernière partie du trajet où la destination est visible
- distinction des types de repères :
1) repères étendus :
rues, tunnels, ponts.
2) repères non étendus :
tous les autres (bâtiments
)
- modèle CORK (Communication Of Route Knowledge):
Description dun plan de voyage du point dorigine à la destination finale
- consiste en : énoncé de communication et séparateur
- énoncé de communication :
1) question dactivation du demandeur :
« comment faire pour aller au métro le plus proche ? »
2) directives données par le descripteur :
- prescriptions dactions : « continuer, tourner »
3) descriptives données par le descripteur :
- spécifier relation spatiale entre un individu en déplacement et un élément de son environnement
- spécifier les relations spatiales entre deux éléments de cet environnement
- séparateurs :
1) fournissent des spécifications sur énoncés de communication
2) constitués déléments environnementaux :
repères, points de choix, conventions lexicales, indication direction et distance
Les recherches de M. Denis (1997)
Processus cognitifs impliqués dans une description ditinéraire
Pour M. Denis (1997), les descriptions ditinéraires font appel à divers processus cognitifs. Ces processus sont au nombre de trois. Le descripteur doit en premier lieu activer une représentation interne de lenvironnement à décrire, puis planifier mentalement le trajet à effectuer (représentation mentale de la ou des routes à suivre pour atteindre la destination finale). Enfin, le descripteur doit formuler verbalement au demandeur la procédure à suivre pour refaire le trajet. Lactivation de la représentation interne de lenvironnement demande au descripteur de se référer à toutes les informations (visuelles, procédurales, proprioceptives) quil a préalablement acquises au cours de son propre déplacement dans ce même environnement. La planification du trajet est létape cognitive suivante. Le descripteur doit pouvoir définir une séquence temporelle de segments permettant au demandeur daller dun point A à un point B. Le descripteur devra au cours de sa description prescrire un certain nombres dactions, citer un certains nombres de points de réorientation, tous et toutes considérés comme des éléments pertinents du trajet. La formulation de la procédure consiste en une sortie linguistique de la part du descripteur pour que le demandeur puisse atteindre sa destination finale. Ainsi celui-ci devra décrire verbalement le trajet mentalement planifié. Une seconde sélection devra alors être faite par le descripteur afin de présenter au demandeur les éléments les plus pertinents à la faisabilité du trajet. Ainsi, le discours du descripteur doit être un discours procédural et linéaire afin de guider le demandeur chronologiquement et étape par étape au cours de son trajet. De plus le discours fait appel aux connaissances stockées dans la mémoire à long terme du descripteur.
Contenu et structure dune description ditinéraire
M. Denis (1997) sest aussi intéressé aux contenus et à la structure des descriptions ditinéraires. Selon lui, le discours doit être prescriptif (actions à effectuer) et descriptif (repères rencontrés).Une description ditinéraire doit, selon M. Denis (1997) comporter une alternance entre la mention de repères et la mention dactions. Ainsi, le discours spatial doit être constitué dune alternance entre le prescriptif et le descriptif.
Pour étudier le discours spatial., M. Denis met en place un protocole (1997) permettant de traiter de manière équivalente et de comparer les descriptions ditinéraires (vérification écologique des structures et du contenu) entre elles (traits communs à toutes les descriptions). Dans son étude (1997), M. Denis recueille des descriptions ditinéraire produites par des sujets appartenant à la population universitaire de luniversité paris XI, à Orsay. Ces descriptions sont ensuite analysées. Les descriptions après avoir été recueillies sont standardisées sous forme de propositions minimales. Les propositions minimales sont constituées dun prédicat et de un ou deux arguments. Puis les protocoles sont ensuite codifiés en cinq catégories (classes) différentes :
- Classe 1 : actions seules, sans aucune référence à un quelconque repère
(Ex : « tourner à droite », « continuer tout droit »)
- Classe 2 : actions reliées à un repère
(Ex : « longer le parc »)
- Classe 3 : repères seuls, pas de référence à une quelconque action
(Ex : « il y a une église », « le porche est à droite »)
- Classe 4 : description dun repère
(Ex : « le bâtiment est blanc »)
- Classe 5 : commentaires
(Ex : « bon courage »)
Cette classification met en évidence limportance particulière des actions et des repères (classe 2, 3 et 4) dans le discours spatial Ainsi, les repères et les actions semblent très importants et primordiaux (Denis, 1997 ; Daniel et Denis, 1998 ; Daniel et Al., 2002, 2003 ; Denis, 1999, Pazzaglia et Al., 2001) dans les descriptions ditinéraires. Les repères permettent de signaler les lieux où les actions doivent être réalisées et permettent aux sujets de sorienter et / ou de confirmer quils sont sur la bonne voie. Les actions permettent la progression et le changement dorientation. Les actions sont généralement fortement liées aux repères (une action à faire à un repère précis).
Selon M.Denis (1997) le discours spatial (description ditinéraire) doit être très structuré. Un discours spatial (représentation de lenvironnement) de qualité doit posséder certaines qualités indispensables à la faisabilité du trajet. Ainsi, selon M. Denis (1997), une bonne description doit être concise (nombre limité de propositions), éviter au maximum les redondances ou les sur-spécifications qui peuvent surcharger la mémoire du demandeur, éviter les indéterminations qui peuvent conduire le demandeur à se tromper de chemin. Ces descriptions doivent aussi contenir et se référer à un maximum de repères (les plus adéquats) et décrire avec le plus de précision possible les sites dorientation ou de réorientation (spécifier les associations actions-repères).
Conclusion
Le plus important dans la représentation mentale dun environnement (ici navigation) est la connaissance des actions et des repères dans leur ordre chronologique, et, la connaissance des relations topographiques de ces différents repères entre eux. Naviguer dans un environnement requiert au moins davoir une représentation égocentrée (type « trajet ») de cet environnement. La connaissance des relations spatiales (représentation en « survol ») des différents points de repère de lenvironnement est très importante. Cette connaissance des relations spatiales entre repères requière une représentation allocentrée de lenvironnement. Cette représentation mentale permet davoir une connaissance plus étendue de lenvironnement et permet de faire des inférences sur les différents trajets possibles (ex : raccourcis).Enfin, la restitution dun trajet doit être plus prescriptive que descriptive.
RESUME
La mémoire spatiale est un système mnésique non unitaire et permet lencodage et le stockage des informations spatiales.
Lhippocampe est fortement impliqué dans la mémoire spatiale avec une implication de lhippocampe droit dans le spatial (non verbal) et de lhippocampe gauche dans le narratif (verbal).
Deux types de représentations mentales existent : automatiques et intentionnelles. Elles peuvent être de type égocentrée (centré sur son propre corps) ou de type allocentrée (centré sur lenvironnement).
Lacquisition des informations spatiales chez ladulte est comparable aux trois stades développementaux chez lenfant (acquisition des informations spatiales) : points de repères (ou objets), représentation égocentrée (type « trajet ») et enfin représentation allocentrée (type « survol »).
Les zones cérébrales activées dans la navigation sont laire occipito-temporale, le cortex pariétal médial, le cortex cingulaire postérieur, le parahippocampe et lhippocampe.
Implication de lhippocampe dans la construction des cartes cognitives, par conséquent dans les représentations mentales allocentriques : représentation en survol dun trajet.
Implication du cortex pariétal dans la représentation de type « trajet » (données séquentielles et temporelles) : référence égocentrique.
Implication du parahippocampe dans le souvenir de scènes visuelles, et dans le souvenir des repères (principalement ceux situés aux changements dorientation) constituant le trajet.
Le « wayfinding » (perspective survol) et le « route following » (perspective trajet ») activent deux zones cérébrales différentes, respectivement lhippocampe et le noyau caudé.
Une bonne restitution ditinéraire demande dimportantes capacités de navigation mentale.
Les points les plus importants pour une bonne navigation et / ou le souvenir et la restitution dun trajet, sont les actions et les repères : quelles actions faire à quel endroit, enchaînement temporel des actions et des lieux.
Nous venons de présenter le cadre théorique de ce travail. Nous allons maintenant aborder la problématique de notre étude (cadre expérimental), puis présenter les méthodologies utilisées. Nous présenterons ensuite nos résultats puis nous discuterons ceux-ci, afin de répondre à notre problématique de départ.
PROBLEMATIQUE
HYPOTHESES
De nombreuses anomalies sont retrouvées dans le cerveau des patients schizophrènes. Une des principales zones impliquées est lhippocampe. Les anomalies hippocampiques retrouvées dans le cerveau des patients schizophrènes sont pour la plupart neurodéveloppementales c'est-à-dire quelles se forment au cours du développement pré et post natal
Les mémoires épisodique, autobiographique, spatio-temporelle et contextuelle sont déficitaires chez les patients schizophrènes. Les patients schizophrènes montrent de nombreuses difficultés à se rappeler les événements vécus et à se souvenir de leur contexte spatio-temporel. Lhippocampe est une des régions clefs impliquées dans ces différents types de mémoire. Les patients avec lésions hippocampiques unilatérales ou bilatérales ont une amnésie rétrograde et / ou antérograde (Scoville et Milner, 1957). De plus, ces patients montrent de réels déficits dans les tâches de navigation, réalisées pour la plupart en réalité virtuelle. En effet, lhippocampe (postérieur selon Maguire et Al., 2000) est fortement impliqué dans la navigation (chauffeurs de taxis) et dans le rappel de celle ci.
Ainsi nous proposons lhypothèse selon laquelle les patients schizophrènes, déficitaires dans les mémoires épisodique, autobiographique, spatio-temporelle et contextuelle et ayant des anomalies hippocampiques (neurodéveloppementales), sont également déficitaires dans les tâches de navigation.
OBJECTIFS
Nous nous sommes intéressée aux éventuels déficits que pouvaient montrer les patients schizophrènes lors de tâches mettant en jeu la mémoire visuo-spatiale. La mémoire visuo-spatiale que nous voulions évaluer était un type de mémoire précis. En effet, il ne sagissait pas dévaluer la mémoire de travail visuo-spatiale, mettant en jeu le cortex préfrontal, trouvé déficitaire chez les patients schizophrènes.
Ici, nous voulions étudier les mémoires spatio-temporelle et contextuelle. Ces mémoires nactivent pas le cortex préfrontal mais activent lhippocampe et ses zones adjacentes. Pour ce faire, nous avons mis en place un ensemble détudes impliquant ces différents types de mémoires. Ainsi, nous avons mis en place une épreuve de navigation au sein dun environnement réel suivie de tâches de rappel et de reconnaissance. En premier lieu, nous voulions montrer que les patients schizophrènes déficitaires dans les mémoires contextuelle et spatio-temporelle sont aussi déficitaires dans la représentation mentale de lenvironnement. Nous voulions de plus définir comment les patients schizophrènes se représentent leur espace environnemental Se le représentent-ils de manière égocentrée ou de manière allocentrée ? C'est-à-dire, est-ce que les patients schizophrènes se représentent leur environnement de façon « trajet » ou « survol ». La représentation en survol requiert la construction dune carte cognitive de lenvironnement impliquant lhippocampe (OKeefe et Nadel, 1978). Ainsi nous avons voulu mettre en évidence, chez les patients schizophrènes, la construction ou la non construction de cartes cognitives de lenvironnement. Notre second objectif était aussi de mettre en évidence que les patients schizophrènes ne sont pas déficitaires dans la reconnaissance de scènes spatiales visuelles mais sont déficitaires dans létablissement de lordre séquentiel de ces scènes. Pour répondre à nos objectifs et vérifier nos hypothèses nous avons mis en place diverses tâches expérimentales.
PROCEDURE EXPERIMENTALE
Une tâche de navigation en milieu urbain extérieur a été mise en place par nos soins. Cette tâche consiste en un trajet comprenant diverses caractéristiques, au sein du parc de lhôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Au cours de ce trajet, les participants devaient être attentifs. Des questions, sous formes de différentes épreuves, leur étaient posées à la suite du trajet. Parmi ces épreuves, nous avons mis en place deux épreuves de rappel libre constituées dune description verbale et dune cartographie libre de litinéraire préalablement parcouru dans le parc de lhôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Ces deux productions se faisaient uniquement de mémoire et aucune aide nétait accordée aux participants au cours des épreuves. En réalisant ces épreuves nos objectifs étaient de mettre en évidence : la capacité de construction de cartes cognitives de lenvironnement chez les patients schizophrènes, en examinant la structure et le contenu de leur description verbale et de leur plan. Pour examiner cette structure et ce contenu nous avons repris en le modifiant, afin de ladapter à nos objectifs, le protocole de M. Denis (1997). Nous avons aussi mis en place une épreuve de rappel indicé au cours de laquelle les participants devaient retracer le trajet préalablement parcouru. Pour cela, un plan de lhôpital leur était donné. Cette épreuve était une épreuve contrôle de la tâche précédente (cartographie libre de litinéraire) afin de savoir si les participants avaient eu conscience de la forme particulière du trajet : changements corrects dorientation, point de départ identique à celui darrivée mais du côté opposé de celui-ci (boucle), et changement de niveau avec la montée des escaliers. Ensuite, nous avons mis en place deux tâches de reconnaissance avec et sans effet dordre. Ces tâches étaient des tâches de reconnaissances de vues et de lordre de succession de vues. Les photos utilisées au cours de ces différentes tâches appartenaient toutes à notre environnement (parc de lhôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris). Ces deux tâches nous ont permis de déterminer si les patients schizophrènes sont déficitaires dans la perception de scènes visuelles et / ou sils sont déficitaires dans la reconstitution de la chronologie des repères rencontrés le long du trajet (pouvant avoir une analogie avec la reconstruction dun évènement : mémoire épisodique, contextuelle et spatio-temporelle). Des tests visant à mesurer les habiletés visuo-spatiales des patients schizophrènes, comparativement à celles des sujets contrôles sains, ont été mis en place. Les habiletés spatiales diffèrent dun sujet à lautre (intragroupe et intergroupe). En effet, chacun ne possède pas les mêmes habiletés, ni les mêmes capacités dans la résolution de problèmes spatiaux. Il existe plusieurs tests mesurant ces habiletés visuo-spatiales. Ces tests sont des épreuves psychométriques. Ces tests ne mesurent pas tous les mêmes paramètres.
Ces tests mesurent généralement:
- la rotation mentale (ex : MRT, CRT
), définie comme lhabileté à imaginer des rotations dobjets, généralement en trois dimensions, mentalement et aussi rapidement et précisément que possible (Linn et Petersen, 1985). Ce test requiert ladoption de nouvelles perspectives afin dobserver les différents objets sous différents angles (Kolb et Whishaw, 1990).
- la visualisation spatiale (ex : MPFB, IBT
), définie comme lhabileté à manipuler des informations spatiales complexes (Linn et Petersen, 1985).
- la perception spatiale (ex : RFT, WLT) définie comme lhabileté à déterminer les relations spatiales en dépit dinformations distractives (Linn et Petersen, 1985).
Leurs différentes utilisations dépendent de ce que les chercheurs souhaitent mettre en évidence. Pour observer les différences interindividuelles de départ entre nos deux populations (intergroupe), nous avons utilisé les deux tests suivants (tests en annexes) :
le Mental Rotation Test (MRT) (Vandenberg et Kuse, 1978 ; Shepard et Metzler, 1971) : test de rotation mentale
le Minnesota Paper Form Board (MPFB) (Likert et Quasha, 1941) : test de visualisation spatiale
En utilisant ces tests, nos objectifs étaient de déterminer si les patients schizophrènes sont déficitaires, comparativement aux sujets contrôles sains, dans les tâches de rotation mentale et de visualisation spatiale, afin, de peut-être expliquer les faibles performances obtenues par ces patients dans notre expérience, puis, de déterminer si les capacités visuo-spatiales affectent les résultats de notre expérience. En effet, les capacités dimageries élevées ou faibles des participants sont susceptibles davoir un impact non négligeable sur la perspective dencodage du trajet : « survol » ou « trajet ».
Cette expérience de navigation chez les patients schizophrènes est particulièrement intéressante car elle na jamais été réalisée auparavant. Elle nous a permis détudier les déficits de mémoires contextuelle, spatio-temporelle et visuo-spatiale chez ces patients. Dans le chapitre qui suit, les méthodologies utilisées pour nos expériences, sont décrits en détails.
METHODOLOGIES
POPULATIONS DETUDE
Type de population et nombre de sujets
Quarante-huit participants au total ont pris part à cette expérience, dont 20 patients schizophrènes (âge = 20,8 ; + / - 3,72) et 28 sujets contrôles sains (âge =21,65 ; +/ - 7,72).
Les patients schizophrènes (n = 20, dont 6 femmes ; âge = 20,8 ; + / - 3,72) ont tous été diagnostiqués par un psychiatre selon les critères du DSM IV (APA, critères diagnostiques) et par un entretien clinique. Ces patients ont été recrutés au sein des services de psychiatrie de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Deux types de populations étaient à différencier :
une à « forme clinique du sujet jeune » (n = 15) recrutés dans le service de psychiatrie adulte du Professeur J.F. Allilaire de lHôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.
une à « diagnostic précoce » (n = 5*) recrutés dans le service de lenfant et de ladolescent du professeur Mazet de lHôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.
Ces patients schizophrènes bien que faisant partie de deux populations "différentes" étaient tous comparables.
Le choix détudier une population schizophrène à diagnostic précoce et à forme clinique du sujet jeune sest imposé à notre étude. Cela, en raison de lhypothèse choisie comme origine de la maladie : lhypothèse neurodéveloppementale. Nous avons émis lhypothèse que les déficits observés dans les mémoires épisodique et spatiale proviennent des anomalies cérébrales, notamment hippocampiques, formées au cours du développement.
Les sujets contrôles (n = 28, dont 6 femmes ; âge =21, 65 ; +/ - 7,72) ont tous été recrutés dans la population générale. Ces sujets ont tous été évalués par le MINI* (Mini International Neuropsychiatric Interview, French Version 5.0.0), cela par le même évaluateur. Nous nous sommes assuré par un entretien spécialisé, quaucun de ces sujets navaient dantécédents psychiatriques, ni neurologiques. En effet, aucun cas de dépression, danxiété généralisée, de symptômes psychotiques, de traumatismes crâniens ou dépilepsie na été diagnostiqué. Nous nous sommes aussi assuré quaucun des sujets ne souffrait de maladie somatique pouvant causer un quelconque biais dans les résultats de notre étude. Parmi les sujets « contrôles » ayant passé lexpérience, quatre ont dû être exclus de létude. Nous avons donc pu inclure 28 sujets contrôles sains parmi les 32 ayant passé le test. Ces quatre sujets ont du être exclus de létude en raison de lun des antécédents psychiatriques suivants :
dépression et tentative de suicide
anxiété généralisée et personnalité anti-sociale
symptômes psychotiques (possession)
grand fumeur de cannabis (15 joints par jour)
Données cliniques et appariements
Appariement sur lâge
Les sujets contrôles sains (n = 28) et les patients schizophrènes (n = 20) ont été appariés sur lâge (tableau 1). En effet, aucune différence significative (t (46) = - 0,65 ; p = 0,52) nexiste entre les deux populations. Leur âge était compris entre 15 et 34 ans.
Patients schizophrènesContrôles sainsÂges (ans) moyenne21,6520,86écart type4,733,73
Tableau 1 : moyenne dâge des participants : patients schizophrènes et sujets contrôles sains.
Appariement sur le niveau détude
Nous avons essayé dapparier nos sujets sur leur niveau détude (tableau 2), en prenant pour référence le baccalauréat (Bac = 12 années détudes). Cela fut difficile : données parfois non disponibles et / ou problèmes intrinsèques dus à la population schizophrène elle-même. En effet, rares sont les patients schizophrènes ayant un haut niveau détudes. De plus comparativement aux sujets contrôles sains du même âge, leur niveau est plus bas.
Patients schizophrènesContrôles sainsniveau détude (ans)* moyenne12,0012,57ecart type2,002,66
* Pour les patients schizophrènes, seuls ceux dont les données, concernant le niveau détude, étaient disponibles ont été pris en compte pour le calcul (n = 11).
Tableau 2 : niveau détude des deux groupes
Ainsi les participants, patients schizophrènes et sujets contrôles sains, sont aussi appariés sur le niveau détude. En effet, il ny a pas de différence significative (t (37) = 0,64 ; p = 0,52) entre nos deux populations.
Effet sexe
Nous avons regardé si des différences existaient dans la répartition des sexes (H / F) au sein de nos deux groupes : sujets contrôles sains et patients schizophrènes. Nos deux groupes comprenaient 6 femmes chacun. Afin de savoir si nos groupes étaient homogènes et donc comparables (sans effet sexe pouvant créer un biais sur les résultats) nous avons calculé un Chi2. Grâce à ce calcul (Chi 2 = 0,11 ; p = 0,73), nous déduisons quil ny a pas de différence significative pour la répartition des sexes dans nos deux groupes. Nos deux groupes sont donc homogènes.
Traitement
Les patients étaient tous traités par neuroleptiques atypiques :
- olanzapine (zyprexa ®)
- clozapine (leponex ®)
Toutes les données cliniques nont pu être récupérées en raison de leur indisponibilité (dossiers non accessibles).
ENVIRONNEMENT
Nous avons choisi le parc de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Cet environnement sest imposé de lui-même, mon laboratoire daccueil (CNRS UMR 7593) se situant dans cet environnement. Ce parc se situe dans un environnement urbain, constitué de rues, de places, despaces verts. Il correspond, en quelque sorte, à « une ville dans la ville ».
TRAJET
Principe
Les sujets devaient parcourir un trajet dune durée moyenne de 10 minutes à lintérieur du parc de lhôpital de la Pitié-salpêtrière.
Le choix du trajet a été fait selon certains critères, qui nous ont paru indispensables :
- pas trop long,
- trajet en boucle avec orientations marquées et repères faciles
Protocole
Le trajet était effectué deux fois, successivement et tous les participants étaient accompagnés, les deux fois, par lexpérimentatrice.
Avant de commencer lexpérience, la consigne suivante était donnée aux participants :
« Nous allons parcourir ensemble un itinéraire dans lenceinte de lhôpital Nous ferons ce trajet ensemble deux fois de suite. Soyez attentif pendant le parcours, car vous aurez ensuite à répondre à des questions portant sur litinéraire. »
Il était, en effet, demandé aux sujets dêtre attentifs à leur environnement afin de devoir répondre à des questions à la fin des deux parcours. Avant de commencer la tâche, les participants ne connaissaient pas le type de questions qui allaient leur être posées. Il leur était simplement précisé que celles-ci porteraient uniquement sur le trajet quils avaient préalablement parcouru.
Description du trajet
Le point de départ du trajet était situé au niveau du pavillon Clérambault (Bâtiment de la Force), le point darrivée était lui aussi situé au niveau du pavillon Clérambault (Bâtiment de la force), mais du coté opposé du bâtiment (figure 7).
SHAPE \* MERGEFORMAT
Fig 7 : Plan du parc de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière, 47 bd de lHôpital., Paris 13ème. En rouge le trajet parcouru par les sujets (contrôles sains et patients schizophrènes). D : Départ ; A : Arrivée. Les numéros, notés le long du parcours correspondent aux différents segments (8 au total). Le N° 2 correspond aux escaliers, non visibles sur le plan.
Sur le plan ci-dessus, vous pouvez voir (en rouge) le trajet parcouru par les sujets (contrôles sains et patients schizophrènes).
Les participants devaient partir du pavillon Clérambault, se diriger vers la Place du Conseil en passant à coté de larrière du pavillon de lenfant et de ladolescent, prés de la lingerie ou lavage à sec (segment 1). A ce niveau, ils devaient prendre ensuite les escaliers, situés à leur droite et tourner à gauche pour emprunter lallée des étoffes (segment 2), tourner ensuite à droite en prenant lavenue Esquirol en longeant le bâtiment Babinski sur son coté gauche (segment 3). Les sujets devaient ensuite tourner à droite en prenant lavenue de lhôpital général, se diriger vers le bâtiment Pinel (segment 4) puis tourner à gauche avant larcade, continuer tout droit jusquà la rue de léglise (segment 5) où ils devaient alors tourner à droite et se diriger vers la chapelle de lhôpital (segment 6) tout en longeant le restaurant du personnel (sur leur droite) et le parc de la Hauteur (sur leur gauche). Juste avant la chapelle, ils devaient tourner à droite en passant sous un porche (segment 7), se diriger vers la cour Ste Claire, la longer, continuer tout droit, puis bifurquer à droite et tout droit jusquau pavillon Clérambault (Bâtiment de la Force), point darrivée (segment 8) mais dont lentrée est située à lopposé de celle du départ.
Les contraintes
Il fallait que le trajet ne soit pas trop long pour que celui-ci ne soit pas trop pénible pour les participants, particulièrement pour les patients schizophrènes. Cest la raison pour laquelle nous avons opté pour un trajet dune durée totale de 10 minutes à rythme moyen. Dans un premier temps, trois trajets ont été pré- sélectionnés. Après analyse plus approfondie, a été retenu celui qui nous paraissait le plus facile à encoder. Ce parcours exclusivement extérieur comprenait 8 segments distincts (comme on peut le voir sur le plan). Le long du parcours, des repères saillants permettaient aux sujets de ne pas confondre les différentes parties du parcours entre elles : escaliers, porches, chapelle. Comme on peut le voir sur le plan et dans la description ci-dessus, le trajet faisait une boucle. Les participants revenaient, en effet, dans le même bâtiment que celui du départ mais du côté opposé. Ce type de trajet a été choisi pour la raison suivante : après avoir effectué le trajet en compagnie de lexpérimentatrice, les participants devaient répondre à quelques questions portant sur le trajet, sous forme de différentes épreuves, dans le Bâtiment de la Force (bâtiment de départ et darrivée, lieu du bureau de lexpérimentatrice).
DESCRIPTION VERBALE (Tâche 1)
Principe
Les sujets devaient décrire verbalement à lexpérimentatrice litinéraire préalablement parcouru au sein du parc de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Protocole
Avant de commencer cette première épreuve, la consigne suivante était donnée aux participants :
« Supposez que vous deviez décrire à un interlocuteur qui nest jamais venu à la Pitié-Salpêtrière, litinéraire que vous venez de parcourir. Cette description doit être la plus efficace possible de sorte que votre interlocuteur puisse parcourir tout litinéraire sans se tromper et sans avoir à poser de questions à dautres personnes ».
Les sujets disposaient du temps qui leur était nécessaire. Lexpérimentatrice notait le temps mis par chaque sujet.
Matériel
Les descriptions verbales des participants étaient enregistrées par un dictaphone numérique.
Analyses des descriptions
1ere étape : transcription des données
Les données recueillies sous forme verbale ont été retranscrites par lexpérimentatrice. Dans les versions écrites, le discours du sujet était conservé intégralement avec ses hésitations et ses répétitions. Après cette première transcription, ces protocoles ont fait lobjet dune analyse selon la procédure mise au point par M. Denis (1997). Celle-ci se décompose en deux grandes étapes (homogénéisation des protocoles et codification).
2nde étape : homogénéisation des protocoles et codification
Homogénéisation des protocoles
Cette étape dans le traitement des données sappelle « standardisation en liste de propositions minimales ». Cela, afin de traiter tous les protocoles de manières équivalentes. Chacune de ces propositions minimales est constituée dun prédicat et un ou deux arguments et doit être la plus petite possible.
Codification
Chacune de ces unités minimales va être codée en différentes catégories (5 catégories existent selon le protocole de M. Denis, 1997), puis comptabilisées.
Protocole de codification des données selon M. Denis (1997)
Classe 1 : Actions seules (AS), exemples : tourner à droite, continuer, aller tout droit.
Classe 2 : Actions liées à un repère (AR), exemples : aller jusqu à léglise, longer le parc.
Classe 3 : Repères seuls avec ou non orientation spatiale (RS), exemple : il y a un parc, le bâtiment est à droite.
Classe 4 : Descriptions de repères (DR), exemple : le bâtiment est petit, le bâtiment est blanc.
Classe 5 : Commentaires (C), exemple : cest pas loin, bon courage.
Pour nos analyses, nous avons repris le protocole de M. Denis, en l'adaptant à nos objectifs.
Exemples de données
Descriptions verbales
A
« Il faut partir donc cest tout droit, on va passer tout droit sur à peu près 60 et 100 m, on passe à droite de la lingerie, juste après la lingerie il y a des grandes caisses de linges, juste derrière il y a des escaliers cachés, sur la droite des escaliers je crois dune vingtaine ou trentaines de marches, en haut de lescalier il faut prendre à gauche cest lallée des étoffes sur 50 m, au bout de lallée des étoffes on arrive sur une rue avec un grand bâtiment en face il faut aller sur la droite, il faut marcher sur 60-70 m, on arrive à un croisement il faut prendre sur la droite, faut avancer sur 60-70 m aussi ; on arrive on peut passer sous une petite arcade, juste avant larcade il faut prendre à gauche le long de larcade au passage piéton sur 30 m, on arrive devant l'entrée d'un bâtiment, à droite dés quon peut et là cest tout droit sur 100 bon mètres jusqu'à, on passe devant un restaurant de service et dés quon peut on prend sous une arcade à droite presque à la fin juste un peu avant léglise, il y a une arcade sur droite pas très grande, là cest tout droit et sur 60 m,on voit sur la droite bâtiment grand quil faut longer sur la gauche, au bout il y a des travaux et cest lentrée juste avant les travaux sur la droite. »
(Description verbale. A : sujet contrôle sain)
B
« En fait on a fait le tour du parc de la salpêtrière pour euh faire une description de tout ce quon a vu autour et, et puis euh (pause assez longue du sujet), on a fait le tour du parc et puis euh (re pause) et puis moi jai vu pleins de choses, des arbres, les rails de la gare, des bâtiments en pierre. Je suis partie au relay H, je me suis achetée du chocolat pour comme ça, pour euh si en même temps que la visite jen ai profité pour passer au relay H et voilà cest pour décrire comment les gens décrivent et repère leur entourage ».
C
« alors tout dabord, faut commencer par euh, il vaut mieux aller tout droit, après vous vous tournez à droite, là il y a un long moment où il faut aller tout droit, tout droit, tout droit, euh à un moment il faut tourner à droite, il y a aussi des escaliers à monter, une fois quon a monté les escaliers il faut tourner à gauche, là on longe une sorte de grand bâtiment, après faut tourner encore à droite, tout droit, tout droit là on voit le bâtiment principal., faut tourner à droite. »
(Descriptions verbales. B et C : patients schizophrènes)
Standardisation des protocoles
A
partir
aller tout droit
tout droit sur 60-100 m
passer à droite de la lingerie
il y a des caisses de linges
les caisses sont après la lingerie
elles sont grandes
il y a des escaliers
les escaliers sont derrière les caisses
ils sont cachés
ils sont sur la droite
ils font une vingtaine à une trentaine de marches
à gauche
en haut de lescalier
cest lallée des étoffes
elle fait 50 m
il y a une rue
la rue est au bout de lallée des étoffes
il y a un bâtiment
le bâtiment est dans la rue
le bâtiment est grand
il est en face
aller à droite
marcher sur 60-70 m
il y a un croisement
prendre à droite
marcher sur 60-70 m
il y a une arcade
larcade est petite
possibilité de passer dessous
prendre à gauche
le faire avant larcade
aller le long de celle ci
prendre au passage piéton
le passage est sur 30 m
il y a une entrée de bâtiment
à droite
cela dès que possible
tout droit sur 100 m
il y a un restaurant de service
passer devant le restaurant
il y a une arcade
larcade est à droite
prendre sous larcade
cela dès quon peut
elle est presque à la fin
elle est juste avant léglise
il y a une arcade
larcade est sur la droite
elle nest pas très grande
tout droit sur 60m
il y a un bâtiment
le bâtiment est grand
il est sur la droite
le longer sur la gauche
il y a des travaux
les travaux sont au bout
lentrée est avant les travaux
elle est sur la droite
B
faire le tour du parc
cest le parc de la salpêtrière
cela pour faire une description de tout ce quon a vu autour
on a fait le tour du parc
jai vu plein de choses
des arbres
les rails de la gare
des bâtiments
les bâtiments sont en pierre
je suis partie au relay H
je me suis achetée du chocolat
en même temps que la visite jen ai profité pour passer au relay H
cest pour décrire comment les gens décrivent et repère leur entourage
C
aller tout droit
tourner à droite
aller tout droit
le faire pendant un long moment
tout droit
tout droit
tourner à droite
il y a des escaliers
les escaliers sont à monter
tourner à gauche
le faire après avoir monté les escaliers
longer une sorte de bâtiment
cest un grand bâtiment
tourner à droite
tout droit
il y a un bâtiment
cest le bâtiment principal
tourner à droite
Mise en propositions minimales. A : sujets contrôles, B et C : sujets schizophrènes (patients correspondant aux descriptions verbales ci-dessus)).
Variables étudiées
Variables primaires
- nombre total dactions (NTA) : actions mentionnées seules, actions avec indication de distance, actions avec orientation spatiale, actions liées à un repère,
- nombre total de repères (NTR) : repères mentionnés seuls, repères avec ou non orientation spatiale.
- nombre total de repères avec orientation spatiale (NTROS) : repères mentionnés avec orientation spatiale égocentrée et éxocentrée.
Variables secondaires
Variables actions
les Actions seules, indiquées sans aucune autre précision, notées AS, telle que les actions de progression, « aller tout droit », « continuer ».
les Actions avec indications de distances, notées AD, « marcher 100m ».
les Actions avec orientation spatiale, notées AOS, « tourner à droite », « prendre à gauche ».
les Actions liées à un repère, notées AR, « longer le parc », « à léglise à droite »
les Actions liées à un repère et avec orientation spatiale, notées AROS, « au porche, prendre à droite ».
Variables repères
les Repères seuls, indiqué sans aucune autres précisions, notés RS, « il y a un parc », « il y a une église ».
les Repères avec orientation spatiale égocentré, notés ROSEG, « il y a un parc à droite », « le porche est à droite ».
les Repères avec orientation spatiale exocentrée, notés ROSEX, « léglise est à droite du parc ».
Autres variables
- nombre de descriptions de repères (DR) : « le bâtiment est petit », « il est blanc ».
- nombre de commentaires (C): « bon courage », « cest loin ».
- nombre total de propositions minimales
Variable temps
Le temps (en secondes) mis par les participants a été enregistré.
PLANS LIBRES (Tâche 2a)
Principe
Les sujets devaient réaliser un plan libre de litinéraire préalablement parcouru au sein du parc de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Protocole
Avant de commencer cette épreuve, la consigne suivante était donnée aux participants :
« Imaginez à présent que vous deviez fournir à quelquun qui nest jamais venu à la Pitié-Salpêtrière un plan annoté et intelligible de litinéraire que vous venez de parcourir. Merci de bien vouloir dessiner ce plan de la façon la plus précise et la plus fidèle possible, sachant que votre interlocuteur supposé ne sera en possession daucune autre description ».
Matériel
Leur plan était dessiné sur une feuille carrée de papier blanc standard, ne présentant ainsi aucune orientation. Cette feuille ne comportait aucune information. Les participants, pour réaliser cette épreuve, en plus de la feuille de papier blanc standard, ne disposaient que dun crayon à papier et dune gomme.
Exemple de données
fig 8 : Plan libre dun sujet contrôle sain
Codifications du plan ci-dessus (figure 8) :
Changements corrects d'orientation (ChOr) : les 8 segments sont bien représentés, il y a les 7 changements d'orientation attendus et ceux ci sont corrects.
Repères critiques (RC, exemples) : escaliers, allée des étoffes, porche, église, petit passage.
Repères non critiques (RNC, exemples) : restaurant du personnel, parc, petit parc.
Commentaires : très bon plan, précis, tout à fait utilisable.
Fig 9 : Plan libre dun patient schizophrène
Codifications du plan ci-dessus (figure 9) :
Changements corrects d'orientation : Seuls 5 changements d'orientation sont corrects. Les changements d'orientation avant et après les escaliers (repère critique) ne sont pas mentionnés.
Repère critique (RC, exemple) : escaliers.
Repères non critiques (RNC, exemples) : grand parc, cour Ste Claire.
Commentaires : plan médiocre et difficilement utilisable.
Variables étudiées
Variables primaires
Nombre de repères critiques (RC) : repères exacts se situant aux changements dorientation ou à proximité de ceux-ci (exemples : les escaliers, la chapelle)
Nombre de repères non critiques (RNC) : repères se situant le long du parcours (exemples : le restaurant du personnel, le parc de la hauteur)
Nombre de changements corrects dorientation (ChOr) : changements dorientation se situant le long du parcours, en général en relation avec les repères critiques (exemple : à droite sous le porche).
Variables secondaires
- nombre total de repères (critiques + non critiques)
- nombre de repères faux ou fantaisistes (RF), et,
- manière dont ont été mentionnés les repères (critiques et non critiques)
Les repères cités ont-ils été mentionnés par :
un descriptif verbal, de type « étiquette » (RCET, RNCET) ?
un dessin le symbolisant, de type « icône » (RCIC, RNCIC) ?
un descriptif verbal et par un dessin le symbolisant (RCETIC, RNCETIC) ?
Variable temps
Le temps (en seconde) mis par les participants a été enregistré.
PLANS INDICES (Tâche 2b)
Principe
Sur un plan de lhôpital (ci-dessous, figure 10 ), les participants retraçaient le trajet préalablement parcouru.
Fig 10 : Plan de lhôpital : donné aux participants pour retracer le trajet, escaliers et points de départ mentionnés
Protocole
Avant de commencer cette épreuve, la consigne suivante était donnée aux participants :
« Pourriez vous retracer au crayon de manière lisible, sur le plan qui vous est fourni, litinéraire que vous avez parcouru. »
Les sujets disposaient, comme dans lexpérience précédente, du temps qui leur était nécessaire à la réalisation de leur plan. Le temps mis par chaque participant était chronométré par lexpérimentatrice.
Matériel
Les participants disposaient, comme précédemment dun crayon à papier et dune gomme.
Sur le plan de l'hôpital, donné aux participants :
- les escaliers (non mentionnés sur le plan) ont été dessinés par l'expérimentatrice et indiqués aux sujets.
- le point de départ était aussi mentionné aux participants, par une simple croix sur le plan.
Exemple de données
Fig 11 : plan dun sujet contrôle sain
Codification dun plan dun sujet contrôle sain (ci-dessus, Figure 11) :
Changements d'orientation : les 8 segments sont bien présents, les changements d'orientations sont corrects au nombre de 7).
Les escaliers : ceux ci ont bien été empruntés par le sujet. Celui ci a bien perçu le changement de niveau.
Le point d'arrivée : le point d'arrivée est placé correctement par le sujet. C'est à dire retour au point de départ (boucle) mais à l'entrée opposée.
Fig 12 : plan dun patient schizophrène
Codification dun plan dun patient schizophrène (ci-dessus, Figure 12) :
Changements d'orientation : 5 changements sont corrects.
Escaliers : le sujet n'a pas (sur le plan) emprunté les escaliers.
Le point d'arrivée : celui-ci est faux, le sujet a continué le trajet jusqu'au point de départ (même entrée).
Variables étudiées
Variables primaires
Dans un premier temps, nous avons regardé si les changements d'orientation nécessaires au trajet étaient bien reportés sur le plan.
Autres variables
Nous avons ensuite regardé si les participants mentionnaient correctement le point d'arrivée, prouvant ainsi qu'ils avaient compris que le trajet formait une boucle.
Puis, nous avons regardé si les participants avaient mentionnés leur passage par les escaliers, que l'expérimentatrice avait dessiné sur le plan.
Variable temps
Le temps (en seconde) mis par chaque sujet a été enregistré.
TACHE DE RECONNAISSANCE SANS EFFET DORDRE (tâche 3)
Choix des photos
Les photos (ex : figure 13) ont été choisies selon certains critères. Elles ont, en effet, été prises dans le sens de la marche, selon le même angle de perception, et correspondent à ce que le sujet a pu voir lors de son parcours à lintérieur du parc de lhôpital de la Pitié-Salpêtrière (remarque aussi valable pour la tâche 4).
Fig 13 : exemple de photos prises à lintérieur du parc et montrées aux sujets. Celle-ci correspond à lallée des étoffes.
Principe
Des photos (32 au total) appartenant toutes à lhôpital de la Pitié-Salpêtrière sont présentées une à une aux sujets sur un écran dordinateur. Les participants doivent dire si oui ou non la photo présentée (figure 14) appartient au trajet préalablement parcouru en compagnie de lexpérimentatrice.
Cette vue appartient-elle au trajet ?
Cette vue appartient-elle au trajet ?
Fig 14: Exemple de photos présentées aux participants.
Protocole
Avant de commencer cette 3ème épreuve, la consigne suivante est donnée aux participants :
« Vous allez voir apparaître sur lécran des images correspondant à des photographies prises dans lhôpital Certaines de ces photographies appartiennent au trajet que nous avons parcouru, dautres ny appartiennent pas.
Les images vont vous être présentées une à une. Pour chacune delles, si vous pensez quelle se trouve sur le trajet que vous avez parcouru, appuyez sur la touche majuscule située à droite sur le clavier. Si au contraire, vous pensez quelle nappartient pas au trajet parcouru, appuyez sur la touche majuscule située à gauche.
Nous allons procéder à un essai pour vous entraîner. Appuyez sur la touche aussitôt que vous avez la réponse. ATTENTION vous ne pouvez pas modifier votre réponse.
Ici, les 4 premières images pour la familiarisation du matériel.
Est-ce bien clair pour vous ? »
Au cours de la tâche, seules les touches majuscules droite et gauche étaient actives. Les autres touches avaient, en effet, été neutralisées pour éviter toute erreur. Les photos sont présentées aux sujets pendant un temps précis. En effet, au bout dun certain temps, une nouvelle photo apparaît. Au cours de cette épreuve les participants ne peuvent pas rectifier une éventuelle erreur, il nest pas possible de revenir en arrière une fois la réponse validée. Pour que le sujet puisse se familiariser avec le fonctionnement du matériel et avec lépreuve elle-même, une séance dentraînement (composée de 4 photos), avant le début du test, leur été proposée. Cela permettait à lexpérimentatrice de sassurer de la bonne compréhension de la tâche par les participants. La tâche pouvait ensuite débuter.
Outils danalyses
Les réponses sont analysées par un logiciel informatique crée par Luc Carité (LIMSI-CNRS). Ce logiciel enregistrait le nombre de bonnes, mauvaises, et non-réponses des participants ainsi que leur temps de réponse.
Variables étudiées
Variables primaires
- Nombre de réponses exactes,
- Nombre de réponses fausses,
- Nombre de non-réponses
Autres variables : temps de réponse
- le temps de réponse globale des participants (patients schizophrènes et contrôles sains) a été enregistré.
- le temps de réponse des patients schizophrènes pour les bonnes et mauvaises réponses a été enregistré.
- le temps de réponse des sujets contrôles sains pour les bonnes et mauvaises réponses a été enregistré.
Analyse supplémentaire : Perception près / loin : analyses particulières
Principe
Les photos présentées aux sujets ont été prises selon deux angles différents de perceptions : de près et de loin. Deux photos par segment ont été prises par lexpérimentatrice. Celles-ci ont été prises au premier tiers et au second tiers de chaque segment.
Ainsi, parmi les 32 photos présentées aux sujets :
- 16 ont été prises dans le premier tiers (perception de loin)
- 16 ont été prises dans le second tiers (perception de près)
Outil danalyses
Les données sont, comme précédemment, analysées par le logiciel informatique crée par Luc Carité. En effet, celui-ci nous a permis de différencier pour chaque perception de vues (près / loin) les bonnes réponses, les mauvaises réponses et les non-réponses.
Variables étudiées
perception de près
- nombre de réponses exactes
- nombre de réponses fausses
- nombre de non-réponses
perception de loin
- nombre de réponses exactes
- nombre de réponses fausses
- nombre de non-réponses
Utilisation des variables
Les variables, perception de près et perception de loin, ont été utilisées pour comparer les performances de nos deux populations. Puis, elles ont été utilisées pour comparer les performances au sein de chaque population.
TACHE DE RECONNAISSANCE AVEC EFFET DORDRE (tâche 4)
Principe
Des photos (28 paires au total) sont présentées par paires aux sujets sur un écran dordinateur. Ces photos appartiennent toutes au trajet que les participants ont préalablement parcouru au sein du parc de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière. Pour chacune de ces paires, les sujets devaient déterminer si cest la photo de droite ou celle de gauche qui est apparue la première sur litinéraire (figure 15).
Laquelle de ces deux vues avez-vous vue en premier au cours du trajet ?
Fig 15: exemple de photos présentées aux participants
Protocole
Avant de commencer cette 4ème épreuve, la consigne suivante était donnée aux sujets :
« Vous allez maintenant voir apparaître sur lécran deux images côte à côte. Il vous est demandé de nous indiquer laquelle de ces deux images se situe AVANT lautre sur litinéraire parcouru.
Si vous pensez que cest la photo située à droite sur lécran qui est apparue la première au cours du trajet, appuyez sur la touche majuscule de droite, si vous pensez que cest la photo située à gauche, appuyez sur la touche majuscule de gauche.
Nous allons procéder à un essai pour vous entraîner.
Appuyez sur la touche adéquate aussitôt que vous avez la réponse. ATTENTION vous ne pourrez pas modifier votre réponse.
Ici les 4 premières images pour la familiarisation du matériel. Est-ce bien clair pour vous ? »
Les sujets devaient retrouver lordre séquentiel des vues. Pour cette épreuve comme pour la précédente il nétait pas possible de revenir en arrière, une réponse validée létait définitivement. De plus, comme précédemment (tâche 3) un temps précis était imparti pour chaque photo. Une tâche dentraînement constituée de 4 essais leur était proposée. Ainsi les sujets pouvaient se familiariser avec la tâche, cela afin de sassurer que le principe de celle-ci a bien été compris et quaucun doute ne subsiste. La tâche peut ensuite commencer.
Outil danalyses
Comme pour la tâche précédente, les réponses étaient analysées par le logiciel informatique crée par Luc Carité. Ce logiciel enregistrait le nombre de réponses exactes, fausses, et le nombre de non-réponses données des participants ainsi que leur temps de réponse.
Variables étudiées
Variable primaire
- Nombre de réponses exactes,
- Nombre de réponses fausses,
- Nombre de non réponses
Autres variables : temps de réponse
- le temps de réponse globale des réponses des participants (patients schizophrènes et contrôles sains) a été enregistré.
- le temps de réponse des patients schizophrènes pour les bonnes et mauvaises réponses a été enregistré.
- le temps de réponse des sujets contrôles sains pour les bonnes et mauvaises réponses a été enregistré.
TESTS DHABILETES VISUO-SPATIALES (Tâche 5)
MRT : test de rotation mentale 3D
Principe
Ce test, le Mental Rotations Test (MRT) (Vandenberg et Kuse, 1978 ; Shepard et Metzler, 1971) permet dévaluer les habiletés spatiales des participants (patients schizophrènes et sujets contrôles sains). Ce test est un test de rotation mentale.
Les participants devaient faire bouger mentalement, selon un axe horizontal (droite gauche) et / ou vertical (haut- bas), de manière rotative une figure de configuration 3D (présentée a gauche) constituée de petits cubes assemblés. Ces figures en 3 dimensions sont généralement représentées par une ligne de 9 à 10 cubes coudés en 3 endroits. Parmi les 5 figures présentées, une à lextrémité gauche (modèle), quatre à droite (items), les sujets devaient indiquer celles qui étaient semblables au modèle. Le nombre de bonnes réponses par ligne était au nombre de deux. Ce test était composé de 20 items (voir test en annexe) présentés sur 3 pages avec 7 items par page. Cétait un test papier crayon. Pendant la passation du test lobservateur nintervenait pas, le sujet était seul face au test.
Protocole
Les sujets (contrôles sains et schizophrènes) disposaient de 8 minutes pour faire le test.
Si ceux-ci navaient pas terminé au bout de 8 minutes, lexpérimentatrice relevait la feuille de réponses et le sujet passait au test suivant (ici le MPFB).
Avant de commencer le test, la consigne suivant était donnée aux participants :
« Vous allez maintenant répondre à un test de rotation mentale en 3 dimensions.
Vous ne disposerez que de 8 minutes.
Pour répondre vous disposez de ce crayon à papier et de cette gomme.
Vous voyez une figure présentée en 3 dimensions sur le bord gauche de la feuille. A côté de celle-ci, vous voyez que 4 autres figures sont présentées. Parmi celles-ci, deux figures et seulement deux représentent la 1re figure. Vous devez, afin de trouver les bonnes réponses, effectuer une rotation de la première figure sur elle-même.
Pour votre réponse, vous entourerez les bonnes réponses à laide de votre crayon à papier.
Allez y cest parti ».
Tous les participants disposaient dune phase dentraînement, constituée de plusieurs items, afin de sassurer de la bonne compréhension du test.
Analyses des réponses au test
Les données ont été analysées ainsi:
1 point pour avoir répondu correctement
0 point pour une mauvaise réponse ou pour une non réponse.
Nous considérions que la réponse du sujet était correcte si et seulement si le celui-ci avait complété entièrement la ligne (2 bonnes réponses entourée pour chaque item). Comme mentionné dans la procédure, le test comportait 20 items. Après addition des points, le sujet obtenait une note sur 20, celle-ci correspondant à ses performances au test. Le correcteur possédant une grille de réponses et de consignes précises pour lattribution des points, le score obtenu par chaque participant est fiable.
MPFB : test de visualisation spatiale (2D)
Principe
Ce test, le Minnesota Paper Form Board (MPFB) (Likert et Quasha, 1941), comme le précédent, permet dévaluer les habiletés spatiales des participants. Ce test est un test de visualisation spatiale. Les participants devaient assembler des morceaux de figure en 2 dimensions afin de construire une des figures qui leur était présentée. Ce test était composé de 31 items présentés sur 2 pages, 15 items sur une page et 16 items sur lautre. Cest un test papier crayon. Pendant la passation du test, lobservateur nintervenait pas. Le sujet était seul face à son test.
Protocole
Les sujets (contrôles sains et schizophrènes) disposaient de 8 minutes pour faire le test. Si ceux-ci navaient pas terminé au bout de 8 minutes, lexpérimentatrice relevait la feuille de réponse. Lexpérience était alors terminée.
Avant de commencer le test, la consigne suivante était donnée aux participants :
« Vous allez maintenant devoir répondre à un test dassemblage en 2 dimensions.
Vous ne disposerez que de 8 minutes, après quoi, le test sera définitivement terminé.
Pour répondre vous disposez de ce crayon à papier et de cette gomme.
Vous voyez sur cette feuille quune figure est éclatée en plusieurs morceaux. A coté de celle-ci, 5 figures reconstituées sont présentées.
Parmi celles-ci, une et une seule est la bonne réponse.
Pour votre réponse, vous entourerez les bonnes réponses à laide de votre crayon à papier.
Allez y cest parti ».
Tous les participants disposaient dune phase dentraînement, afin de sassurer de la bonne compréhension du test.
Analyses des réponses au test
Les données ont été analysées de la manière la plus simple possible :
1 point était donné pour une bonne réponse
0 point pour une mauvaise réponse ou pour une non réponse.
Comme mentionné dans la procédure, le test comportait 31 items. Après addition des points, le sujet obtenait une note sur 31. Celle-ci correspondant à ses performances au test. Le correcteur possédant une grille de réponses et de consignes précises pour lattribution des points, le score obtenu par chaque participant est fiable.
ANALYSES STATISTIQUES
Toutes nos données ayant été traitées par le même type danalyses statistiques, jai décidé de présenter celles-ci dans un même et seul paragraphe.
Outil
Logiciel utilisé STATISCA
Tests
Le choix des tests a été fait en accord avec les statisticiens qui nous ont apporté leur expertise dans ces analyses parfois un peu complexes. Le seuil de significativité est : ( = 0,05. Les tests suivants ont été utilisés (présentés dans le tableau ci-dessous) pour nos analyses statistiques :
Type de tests MesuresanalysesChi 2Effet sexeRegarder si nos deux populations sont homogènes sur la répartition des sexes.Test de Student (t-test)Age et niveau détude
Tâche 1 : NTA, NTR, NTROS.
Tâche 2 : RF /RT.
Temps de réponse : Tâche 1 & 2.
Perception pres- loin
Tests visuospatiales : MRT, MPFBAppariement des populations
Comparaison des performances de nos deux populations. Les différences sont elles significatives ? ANOVATâche 1 : Nbre proposition minimale, RS, ROSEG, ROSEX, AS, AROS, AD, AR, DR, C.
Tâche 2 : Nbre total de repères, RC, RNC, ChOr, RCETIC, RCIC, RCET, RNCETIC, RNCIC, RNCET, RF.
Tâches 3 & 4 : bonnes et mauvaises réponses, temps de réponse.Comparaison des performances de nos deux populations. Les différences sont elles significatives ?
Analyses
Nous avons ainsi comparé, grâce à ces tests statistiques, les performances obtenues par nos deux populations : patients schizophrènes et sujets contrôles sains. Notre but était de montrer que la population de patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains est déficitaire sur différents points dans les tâches examinées.
RESUME
Population détude : patients schizophrènes (diagnostic précoce et forme clinique du sujet jeune) et sujets contrôles sains
Appariements : populations appariées sur lâge, le niveau détude
Populations homogènes pour le sexe (Homme Femme)
Environnement urbain et extérieur.
Lieu : parc de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière
Durée : 10 min environ (à marche normale)
Trajet : constitué de 8 segments (7 changements dorientation), de repères saillants et facilement reconnaissables et mémorisables
Type de trajet : boucle
Différents tâches : rappel libre, rappel indicé et reconnaissance :
Rappel libre :
Description verbale de litinéraire : nombre dactions (tous types), de repères (tous types), description de repères et commentaires.
Cartographie de litinéraire : repères critiques, non critiques, faux ou fantaisistes, changements corrects dorientation, manière dont sont mentionnés les repères.
Temps de réponse
Rappel indicé :
Plan indicé : retracer le trajet sur un plan de lhôpital : changement corrects dorientation, passage par les escaliers et point darrivée.
Temps de réponse
Tâches de reconnaissance :
Sans effet dordre : les sujets répondent par oui ou non, à la question avez-vous vu ce lieu au cours du trajet ?
Avec effet dordre : les sujets doivent définir la chronologie des deux lieux présentés sur lécran dordinateur.
Temps de réponse
Mesures des habiletés visuo-spatiales
MRT : test de rotation spatiale
MPFB : test de visualisation spatiale
Durée des tests : 8 min
Dans le chapitre suivant, les différents résultats obtenus à ces différents tests, comparant une population de patients schizophrènes à une population de sujets contrôles sains, sont présentés.
RESULTATS
PRE-TEST
Pour sassurer de la bonne compréhension du test et des consignes données à chacune des différentes épreuves, des sujets ne faisant pas partie de léchantillon détude ont été sollicités. Ces passations ont permis daffiner nos consignes pour éviter toute ambiguïté chez les participants de notre échantillonnage. Cela nous a aussi permis de voir comment lexpérience allait être perçu et quelles pouvaient être les réactions des sujets aux différentes étapes de lexpérience. Ces sujets faisaient partie de la population générale et étaient tous contrôles sains. Leurs performances ont montré que lexpérience était bien acceptée par les sujets, faisable et que les consignes étaient totalement comprises. Celles-ci ne devaient en effet comporter aucune ambiguïté qui aurait pu biaiser le test. Apres les passations et un débriefing avec chaque sujet, il en a résulté que non seulement les consignes étaient très bien comprises, mais aussi que lexpérience était bien accepté. Certains sujets ont même employé le mot « ludique ». Ainsi nous avons enfin pu commencer les véritables passations, c'est-à-dire celles sur notre population détude (patients schizophrènes et sujets contrôles sains).
DESCRIPTION VERBALE (Tâche 1)
Nombre total de propositions minimales
Les descriptions verbales des sujets contrôles sains et des patients schizophrènes ont toutes été transformées en propositions minimales (standardisation des protocoles), ceci afin dêtre traitées de manière équivalente et dêtre comparées.
Nous avons comparé, dans un premier temps, le nombre total de propositions minimales (Figure 16) des descriptions verbales des patients schizophrènes à celles des sujets contrôles sains. Ainsi, nous avons examiné la longueur des descriptions de chacune de nos populations.
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 16 : Nombre total de propositions standard.
Il y a une différence significative (F (1,46) = 8,53 ; p = 0,0054) dans la longueur totale des descriptions verbales des patients schizophrènes comparées à celles des sujets contrôles sains. En effet, les descriptions des patients schizophrènes sont plus courtes que celles des sujets contrôles sains (60,71 propositions chez les sujets contrôles sains contre 33,65 chez les patients schizophrènes).
Les patients schizophrènes semblent manquer de fluence verbale et par conséquent sont déficitaires comparativement aux sujets contrôles sains dans la fluidité de leur discours. De plus, nous savons que ces patients ont une désorganisation du langage très marqué. Ce syndrome joue donc probablement un rôle dans le fait que le discours spatial des patients schizophrènes soit « pauvre » comparativement à celui des sujets contrôles sains. Cette différence de longueur entre les descriptions peut aussi venir du contennu des représentations spatiales construites par les patients schizophrènes.
Etudes des différentes variables
Après transformation des descriptions verbales propositions minimales, celles-ci ont été codifiées en différentes catégories. Ces différentes catégories représentent les différentes variables de notre étude. Elles se subdivisent, principalement, en « catégories actions » et « catégories repères ».
Variables primaires
- le nombre total dactions (NTA) comprenant tous les types dactions, les actions seules, les actions avec indications de distance, les actions avec orientation spatiale et celles liées à un repère.
- le nombre total de repères (NTR) comprenant tous les types de repères, les repères seuls, les repères avec et sans orientation spatiale.
- le nombre total de repères avec orientation spatiale (NTROS) comprenant seulement les repères avec orientation spatiale (égocentrée et exocentrée).
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 17 : descriptions verbales. NTA : nombre total dactions, NTR : nombre total de repères, NTROS : nombre total de repère avec orientation spatiale (ego ou exocentrée)
Il y a une différence significative (t (46) = 3,750 ; p = 0,0002) dans le nombre total dactions citées (NTA) entre les deux populations testées : patients schizophrènes et sujets contrôles sains. Les patients schizophrènes citent moins dactions (tous types confondus) que les contrôles sains (27,11 NTA citées par les sujets contrôles sains contre 14,80 chez les patients schizophrènes).
Une différence significative (t (46) = 3,020 ; p = 0,0022) existe aussi entre les deux populations pour le nombre total de repères cités (NTR). Les patients schizophrènes citent significativement moins de repères (tous types confondus) que les sujets contrôles sains (16,07 NTR cités par les sujets contrôles sains contre 7,50 chez les patients schizophrènes).
Les patients schizophrènes citent significativement (t (46) = 3,921 ; p = 0,0002) moins de repères avec orientation spatiale (NTROS), comparativement à la population de sujets contrôles sains (9,82 NTROS cités par les sujets contrôles sains contre 3,50 chez les patients schizophrènes).
Les actions, les repères, de tous types confondus sont significativement moins cités dans les descriptions verbales des patients schizophrènes que dans celles des sujets contrôles sains.
Dans un deuxième temps, nous avons regardé sil y avait une différence entre les deux populations, pour les différents types dactions et de repères (variables secondaires) cités dans les descriptions verbales.
Variables secondaires
Variables repères
Parmi les repères totaux, cités par les participants de notre étude, nous avons distingué différents types de repères (figure 18) :
- repères avec orientation spatiale égocentrée (ROSEG), centrée sur son propre corps
- repères avec orientation spatiale éxocentrée (ROSEX), centrée sur lenvironnement
- repères seuls (RS), repères sans aucune orientation spatiale
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 18 : Description verbale : nombre de repères seuls (RS), de repères égocentrés (ROSEG), et de repères exocentré (ROSEX).
Il ny a pas de différence significative entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains pour le nombre de repères seuls (RS) cités. Cela, même si les patients schizophrènes en citent moins (6,25 RS cités chez les contrôles sains contre 4,00 chez les patients schizophrènes). Les patients schizophrènes ne sont donc pas déficitaires dans la simple prise de repères. Ces patients les citent généralement assez « facilement », même si cela a parfois pour conséquence un effet catalogue.
Une différence significative existe (F (1,46) = 10,04 ; p = 0,0027) pour le nombre de repères avec orientation spatiale égocentrée (ROSEG) cités par les participants. Les patients schizophrènes citent largement moins ce type de repères que les sujets contrôles sains (6,18 ROSEG cités pour les sujets contrôles sains contre 2,30 pour les patients schizophrènes)
Les patients schizophrènes sont donc déficitaires dans la citation de repères centrés sur leur propre corps.
Une différence significative (F (1,46) = 8,14 ; p = 0,0065) est aussi présente pour le nombre de repères avec orientation spatiale exocentrée (ROSEX) cités par les participants. Les patients schizophrènes citent beaucoup moins ce type de repères que les sujets contrôles sains (3,64 ROSEX cités chez les sujets contrôles sains contre 1,20 chez les patients schizophrènes). Les patients schizophrènes sont donc déficitaires dans la citation de repères centrés sur lenvironnement.
Les patients schizophrènes sont donc déficitaires dans la citation de repères exocentrés et égocentrés, donc dans la prise de repères avec orientation spatiale.
Variables Actions
Nous avons distingué les différents types dactions cités par nos participant dans leurs descriptions verbales (figure 19) :
Actions seules (AS)
Actions avec orientation spatiale (AOS)
Actions avec indication de distance (AD)
Actions liées à un repère (AR)
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 19 : description verbale : Actions seules (AS), avec orientation spatiale (AOS), avec indication de distance (AD), liées à un repère (AR).
Il y a une différence significative (F (1,46) = 12,76 ; p= 0,0008) dans le nombre dactions seules (AS) cités par les participants. Les patients citent significativement moins ce type dactions que les sujets contrôles sains (9,54 AS citées chez les sujets contrôles sains contre 4,85 chez les contrôles sains). Ces patients présentent des difficultés dans la prescription de simples actions, telles les actions de progression (aller tout droit, continuer
).
Une différence significative (F (1,46) = 4,75 ; p = 0,0344) entre les deux types de populations existe aussi pour le nombre dactions avec orientation spatiale (AOS) citées par les participants. Les patients schizophrènes citent significativement moins ce type dactions que les sujets contrôles sains (5,07 AOS citées chez les sujets contrôles sains contre 3,45 chez les patients schizophrènes). Ces patients présentent des difficultés dans la prescription dactions avec orientation spatiale (prendre à droite, tourner à gauche
).
Il ny a, en revanche, pas de différence significative entre les deux populations pour le nombre dactions avec indication de distance (AD) citées par les différents participants (marcher sur 100 m, continuer 50 m
). Nous voyons dans le graphique que ce nombre, quelle que soit la population est assez faible par rapport aux autres types dactions citées (0,46 AD chez les sujets contrôles sains contre 0,20 chez les patients schizophrènes). Il est donc assez difficile de déduire quelque chose de ce résultat.
Il y a une différence significative (F (1,46) = 8,89 ; p = 0,0046) entre les deux populations testées pour le nombre dactions liées à un repère (AR) citées par les participants. Les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains citent significativement moins, dans leurs descriptions, ce type de repères (12,04 AR citées chez les sujets contrôles sains contre 6,30 chez les patients schizophrènes). Ces patients ont donc des difficultés dans la prescription dactions liées à un repère (à léglise prendre à droite). Ainsi que dans la prescription dactions de progressions (longer le parc). Ce sont des actions très importantes dans la description dun itinéraire. Elles permettent de sorienter correctement et de vérifier si lon est sur le bon chemin.
Parmi les actions liées à un repère, nous avons examiné un sous groupe particulier : les actions reliées à un repère avec orientation spatiale (AROS), (figure 20). Celles-ci correspondent aux repères critiques de lexpérience 2 a (plans libres). Cette catégorie dactions représente seulement les actions situées à un changement dorientation.
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 20 : Nombre dactions reliées à un repère avec orientation spatiale (AROS).
Il y a une différence significative (F (1, 46) = 8,552 ; p < 0,0054) entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains pour le nombre dactions reliées à un repère avec orientation spatiale (AROS) citées. Les patients schizophrènes incluent significativement moins ce type dactions dans leurs descriptions verbales que les sujets contrôles sains (3,46 AROS citées chez les sujets contrôles sains contre 1,53 chez les patients schizophrènes). Il est donc difficile pour ces patients de prescrire et dutiliser de ce type dactions.
Les patients schizophrènes sont donc comparativement aux sujets contrôles sains nettement déficitaires dans leurs descriptions verbales pour le rappel et la prescription des actions préalablement effectuées au cours du trajet.
Autres variables
Deux variables particulières ont été ensuite étudiées (figure 21). En effet, nous avons comptabilisé le nombre de :
descriptions de repères (DR)
commentaires (C)
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 21 : description verbale. Description de repères (DR) et commentaires (C).
Il existe une différence significative (F (1,46) = 7,25 ; p = 0,0099) entre les deux populations dans le nombre de descriptions de repères. Les patients schizophrènes ne décrivent pas les repères ou les décrivent de manière beaucoup plus succincte (12,46 DR pour les sujets contrôles sains contre 4,60 pour les patients schizophrènes).
Aucune différence significative entre les deux populations testées pour le nombre de commentaires cités (5,07 commentaires chez les contrôles sains contre 6, 65 chez les patients schizophrènes).Une différence qualitative existe pourtant entre les deux types de commentaires. Les commentaires des sujets contrôles sains sont généralement pertinents à linverse de ceux des patients schizophrènes. En revanche, si l'on regarde le nombre de commentaires cités par participants par rapport à la longueur totale de leur description, les résultats deviennent significatifs (F (1,46) = 6,97 ; p = 0,0113). Les patients schizophrènes font donc, en proportion, davantage de commentaires que les sujets contrôles sains : 20 % de commentaires pour les patients schizophrènes contre seulement 5 % pour les sujets contrôles sains. Ces commentaires sont généralement des commentaires non pertinents et inadéquats.
Ainsi, les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains font moins de commentaires pertinents sur le trajet et décrivent de manière beaucoup moins détaillée (très pauvre en informations) les repères relevés au cours de ce même trajet.
Temps de réponse
Nous avons examiné le temps que les participants ont mis pour décrire litinéraire sachant quils disposaient du temps qui leur était nécessaire pour résoudre la tâche.
Il nexiste pas de différence significative entre les deux groupes, patients schizophrènes et sujets contrôles sains, dans le temps mis pour exécuter la tâche (165 secondes pour les sujets contrôles sains contre 150 secondes pour les patients schizophrènes).
Ainsi, les patients schizophrènes ne mettent pas plus temps pour exécuter la tâche que les sujets contrôles sains. En revanche, ces patients font plus derreurs, sont beaucoup moins précis et moins prescriptifs dans leur description que les sujets contrôles sains. Ainsi, il est possible de conclure que les différences observées entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains ne sont pas dues à leur temps de réaction (patients plus long que les contrôles) mais à un réel déficit cognitifs de ces patients.
Conclusion
Les descriptions verbales des patients schizophrènes sont plus courtes que celles des sujets contrôles sains : 33,65 propositions en moyenne chez les patients schizophrènes contre 60,71 chez les sujets contrôles sains. Les descriptions verbales des patients schizophrènes sont moins pertinentes, moins précises et moins détaillées. Elles sont très riches en commentaires (20 % pour les patients schizophrènes contre 5 % pour les sujets contrôles sains) généralement inadéquats, sans intérêt pour la faisabilité du trajet et nayant même parfois aucun rapport (« il faut changer le téléphone de votre bureau, il est pas terrible »). Des erreurs récurrentes reviennent dans les différentes descriptions verbales, cela même chez les sujets contrôles sains. En effet, les participants oublient très souvent le changement dorientation (à gauche, angle 90°) situé juste après la montée des escaliers. Les patients schizophrènes, bien que prenant des repères (pas de différences significatives entre les deux populations pour la prise de repères simples) prennent des repères souvent inutilisables. Ces repères inutilisables ne sont pas toujours des repères faux ou fantaisistes mais correspondent à une simple énumération de repères « il y a une église », « il y a une lingerie », les rendant ainsi inutilisables pour refaire le trajet. En effet, les repères doivent être associés à une action pour pouvoir être utilisable pour refaire un quelconque trajet. Des repères faux ou fantaisistes ont aussi été pris par les patients schizophrènes. En effet, certains des patients prennent comme repères des repères aussi inattendus que : « une moto », « des gens marchant dans le parc », « du polystyrène par terre », « une affiche de la CGT ». Les descriptions verbales des patients schizophrènes comportent très peu dactions rendant ainsi leurs descriptions descriptives et non prescriptives. Or, pour être une bonne aide à la navigation les descriptions doivent absolument être prescriptives, afin de savoir quelle action faire, à quel endroit et à quel moment (actions liées à un repère avec orientation spatiale
).
Les temps de réponse entre nos deux groupes (patients schizophrènes et sujets contrôles sains) sont identiques (pas de différence significative). Ainsi, les différences observées seraient réellement dues à un déficit cognitif des patients schizophrènes et non à leur temps de réaction.
Nous déduisons de ces résultats que les descriptions verbales des patients schizophrènes sont généralement, par leur manque de prescription, inutilisables par une autre personne pour refaire le trajet préalablement parcouru par les patients.
PLANS LIBRES (Tâche 2a)
Nombre total de repères
Nous avons comptabilisé le nombre total de repères inclus, dans leur plan, par les différents participants (figure 22) :
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Fig 22 : Plan libre. Nombre total de repères.
Une différence significative (F (1,46) = 24,60 ; p = 0,00001) existe dans la prise de repères globaux entre les deux populations testées. En effet, les patients schizophrènes incluent significativement moins de repères, peu importe le type, que les sujets contrôles sains (15,86 repères inclus pour les sujets contrôles sains contre 6,30 pour les patients schizophrènes. Les plans des patients schizophrènes sont plus pauvres en informations que ceux des sujets contrôles sains.
Etudes des différentes variables
Variables primaires
Celles-ci correspondent au nombre (figure 23) :
repères critiques (RC), repères situés aux changements dorientation
repères non critiques (RNC), repères situés le long du parcours
changements corrects dorientation (ChOr)
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 23: Plan libre. RC : repères critiques ; RNC : repères non critiques ; ChOr : changement correct dorientation.
Les patients schizophrènes incluent significativement (F (1,46) = 22,21 ; p = 0,00002) moins de repères critiques (RC) que les sujets contrôles sains (7,25 RC inclus pours les sujets contrôles sains contre 3,00 pour les patients schizophrènes).
Ces repères sont les repères les plus importants de la cartographie du sujet. Situés aux changements dorientations, les repères critiques permettent aux sujets de sorienter au fur et à mesure sur la bonne voie.
Un résultat identique est retrouvé pour les repères non critiques (RNC). Les patients schizophrènes incluent significativement (F (1,46) = 18,06 ; p = 0,00010) moins de repères non critiques (8,61 RNC pour les sujets contrôles sains contre 3,30 pour les patients schizophrènes).
Ces repères sont informativement moins importants que les précédents. En effet, les repères non critiques ne sont pas situés aux changements dorientation, par conséquent ces repères ne servent pas aux sujets pour sorienter. En revanche, situés le long du parcours, les repères non critiques permettent aux sujets de vérifier quils sont bien sur la bonne route.
Les patients schizophrènes font significativement (F (1,46) = 11,74 ; p = 0,00130) plus derreurs que les sujets contrôles sains dans le nombre de changements dorientation (6,18 changements dorientation corrects cités par les sujets contrôles sains contre 4,05 chez les patients schizophrènes). Certains patients omettent des segments, dautres en ajoutent ou se trompent dorientation ; allant à gauche au lieu daller à droite et vice-versa.
Ainsi, les plans des patients schizophrènes sont pauvres en informations, peu détaillés, peu annotés et avec des changements dorientations parfois incorrects.
Variables secondaires
Variables repères critiques
Nous regardé la manière dont ont été mentionnés les repères critiques (RC, figure 24) :
Par un descriptif verbal donc sémantique : repère « étiquette » (RCET)
Par un dessin le symbolisant donc graphique : repère « icône » (RCIC)
Par le mode verbal et graphique : repère « étiquette icône » (RCETIC)
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Fig 24 : Plan libre. Repères critiques mentionnés par étiquette (RCET), icône (RCIC) ou par étiquette et icône (RCETIC).
Il ny a pas de différence significative pour les repères critiques mentionnés par le mode « étiquette » (RCET) entre les deux populations (1,04 RCET pour les sujets contrôles sains contre 0,55 pour les patients schizophrènes). Les patients schizophrènes ne semblent pas avoir de déficits dans le fait de mentionner les repères critiques par un descriptif verbal (sémantique). En effet, les patients schizophrènes, comme les sujets contrôles sains, semblent utiliser ce mode de représentation.
Pas de différence significative, entre les deux populations, lorsque les repères critiques sont mentionnés par un « icône » (RCIC). Les patients schizophrènes ne semblent donc pas non plus avoir de déficits dans le fait de mentionner les repères critiques par un descriptif graphique. Les patients schizophrènes semblent utiliser aussi bien que les sujets contrôles sains ce mode de mention de repères (2,00 RCIC cités par les sujets contrôles sains contre 1,10 chez les patients schizophrènes).
En revanche, une différence significative (F (1, 46) = 12, 90 ; p = 0, 001) existe entre les deux populations pour les repères critiques mentionnés sur le plan par les deux modes : sémantique et graphique. Les patients schizophrènes utilisent rarement les deux modes, « étiquette » et « icône » simultanément pour mentionner un repère sur leur plan (4,20 RCETIC cités par les sujets contrôles sains contre 1,20 chez les patients schizophrènes).
Ainsi, les patients schizophrènes ne sont pas déficitaires dans le fait de mentionner les repères critiques par un mode graphique (icône) ou sémantique (verbale). En revanche, cest dans lutilisation simultanée des deux modes, pour un même repère que les patients schizophrènes deviennent déficitaires. Les patients schizophrènes fonctionneraient (selon les résultats ci-dessus) donc soit en mode graphique soit en mode sémantique.
Variables repères non critiques
Nous avons ensuite regardé de quelle manière étaient mentionnés les repères non critiques (RNC, figure 25) :
Par un descriptif verbal donc sémantique : repère « étiquette » (RNCET)
Par un dessin le symbolisant donc graphique : repère « icône » (RNCIC)
Par le mode verbal et graphique : repère « étiquette icône » (RNCETIC).
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 25 : Plan libre. Nombre de repères non critiques « étiquette » (RNCET), « icône » (RNCIC) et « étiquette icône » (RNCETIC).
Il existe une faible différence significative (F (1, 46) = 4, 145 ; p = 0, 05), entre les sujets contrôles et les patients schizophrènes, pour le nombre de repères non critiques étiquette (RNCET) cités. Les patients schizophrènes incluent significativement moins dans leurs plans moins ce type de repères (2,07 RNCET cités par les sujets contrôles sains contre 0,95 chez les patients schizophrènes). Ainsi, les patients schizophrènes sont déficitaires dans le fait de mentionner les repères non critiques par un descriptif verbal
Il ny a aucune différence significative, entre les deux populations testées, pour le nombre de repères non critiques icône (RNCIC) mentionnés. Toutefois, les patients schizophrènes incluent moins ce type de repères dans leur plan que les sujets contrôles sains (1,50 RNCIC cités par les sujets contrôles sains contre 0,65 chez les patients schizophrènes). Les patients schizophrènes ne semblent pas déficitaires dans le fait de mentionner certains repères non critiques par un descriptif graphique.
Une différence significative (F (1, 46) = 10, 17 ; p = 0, 003) existe entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains pour le nombre de repères non critiques étiquette icônes (RNCETIC) cités. Les patients schizophrènes incluent significativement moins dans leur plan ce type de repères que les sujets contrôles sains (5,04 RNCETIC cités par les sujets contrôles sains contre 1,70 chez les patients schizophrènes).
Ainsi, les patients schizophrènes fonctionneraient soit en mode sémantique (étiquette) soit en mode graphique (icône) mais rarement et difficilement sur les deux modes simultanément.
Autres variables
Nous avons ensuite calculé le nombre de repères faux ou fantaisistes (repères inattendus : moto, affiche de la CGT) inclus par les participants dans leur plan (figure 26) :
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 26 : plan libre : repères faux et fantaisistes (RF).
Daprès nos résultats, les patients schizophrènes font plus derreurs que les sujets contrôles sains (1,20 repères faux ou fantaisistes pour les patients schizophrènes contre 1,14 pour les sujets contrôles sains). Mais la différence nest pas significative.
Les patients schizophrènes incluent dans leur plan significativement moins de repères (toutes catégories) que les sujets contrôles sains. Pour cette raison nous nous sommes intéressé au nombre de repères faux ou fantaisistes (RF) mentionnés par rapport au nombre total de repères (proportion RF en %). Daprès nos données, le nombre de repères faux ou fantaisistes (RF) par rapport au nombre total de repères est supérieur chez les patients schizophrènes. La différence entre les deux populations samplifie (20,05 % RF cités par les patients schizophrènes contre 9,03 % pour les sujets contrôles sains) mais reste non significative.
Les patients schizophrènes prennent globalement, dans leur plan, plus de repères faux ou fantaisistes que les sujets contrôles sains. Leur taux derreurs est supérieur à celui des sujets contrôles sains. Généralement, les patients schizophrènes prennent des repères qui nexistent pas, des repères farfelus ou inversent leurs emplacements.
Temps de réponse
Nos nous sommes intéressé au temps que les participants ont mis pour effectuer cette épreuve, sachant quils disposaient du temps qui leur était nécessaire. Il nexiste pas de différence significative entre les deux groupes pour le temps mis pour exécuter la tâche (480 secondes pour les sujets contrôles sains contre 400 secondes pour les patients schizophrènes). Ainsi les patients schizophrènes ne mettent pas plus de temps pour réaliser la tâche que les sujets contrôles sains. En revanche, ces patients font plus derreurs et sont moins précis dans leur plan que les sujets contrôles sains. Le temps de réponse ne semble pas entrer en compte dans les différences observées entre nos deux populations. Les différences observées semblent donc réellement dues aux déficits cognitifs des patients schizophrènes.
conclusion
Les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains réalisent une cartographie de litinéraire beaucoup moins précise, moins annotée et comprenant plus derreurs. Ces erreurs se situent principalement dans le nombre correct de changements dorientation dessinée sur le plan. En effet, les patients schizophrènes oublient souvent de mentionner quil faut tourner à gauche juste après la montée des escaliers (comme dans les descriptions verbales).Certains segments sont entièrement oubliés ou rajoutés par les participants, principalement par les patients schizophrènes. Ainsi, certaines cartographies sont composées de 6 ou 9 segments au lieu de 8 segments au total
Les patients schizophrènes prennent moins de repères critiques et non critiques que les sujets contrôles sains. Les repères critiques sont les repères les plus importants du plan. En effet, ceux-ci se situent aux changements dorientation. Les repères critiques permettent aux participants de sorienter et de se réorienter le long du parcours. Les repères non critiques moins important que les précédents, sont des repères pouvant être rencontrés au cours du parcours. Les repères non critiques permettent aux sujets de vérifier quils se situent bien sur le bon trajet.
Une différence apparente existe dans la manière dont ont été pris les repères. Les sujets contrôles sains mentionnent, sur leur plan, les repères de manière « icônes » (graphique), « étiquette » (verbale) ou des deux manières « étiquette icônes » (verbale et graphique). En revanche, les patients schizophrènes semblent très peu fonctionner sur les deux modes simultanément. En effet, ces patients semblent fonctionner soit en mode graphique, soit en mode verbal
Les repères les plus mentionnés, graphiquement ou sémantiquement, par les patients sont les repères les plus saillants : les escaliers, la chapelle et le Bâtiment de la Force (Pavillon Clérambault). Les patients schizophrènes ont parfois inversé lemplacement de certains repères les uns par rapport aux autres. Ainsi sur leur plan, le pavillon de lEnfant et lAdolescent se retrouve après les escaliers or ce pavillon se situe avant les escaliers (voir trajet sur le plan dans le chapitre méthodologies).
Ainsi, les plans des patients schizophrènes sont généralement peu pertinents, peu détaillés et pauvres en informations. Il est donc généralement impossible à un individu de refaire le trajet, sans demander daide, avec pour seules informations le plan dun patient schizophrène entre les mains.
PLANS INDICES (Tâche 2b)
Etude des différentes variables
Variable primaire
Nous avons regardé en premier lieu si les changements dorientations (ChOr) reportés sur le plan de lhôpital étaient exacts (figure 27). Le trajet comportant 8 segments ceux-ci devaient être au nombre de 7.
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Fig 27 : Changements dorientation correcte sur plan indicé. Comparaison contrôles sains et patients schizophrènes.
A linverse des plans libres, la différence entre les deux populations nest pas significative (5,61 changements corrects dorientations contre 4,35 chez les patients schizophrènes). Cette différence de significativité provient probablement du niveau de difficulté de la tâche. Le fait de donner un plan (même pauvre en informations) représente une aide au rappel de la navigation. Il est plus facile de retracer un trajet sur un plan déjà existant que den créer un soi même.
Variables secondaires
- Les escaliers (dessinés sur le plan par lexpérimentatrice) et,
- Le point darrivée.
Les questions que nous nous sommes posées étaient les suivantes :
Les participants ont-ils mentionné leur passage par les escaliers ? Ont-ils mentionné le point darrivée, situé au point de départ mais à lentrée opposée du bâtiment, au bon endroit ? Daprès nos données, plus de 96,43 % des sujets contrôles sains ont mentionnés leur passage par les escaliers contre seulement 75,00 % chez les patients schizophrènes. Pour le lieu darrivée, plus de 85,71 % des contrôles sains lont mentionné au bon endroit contre seulement 60,00 % chez les patients schizophrènes.
Conclusion
Nous avons dans cette expérience donné à nos participants un plan de lhôpital (celui donné aux visiteurs à laccueil de lhôpital). Sur ce plan, les patients schizophrènes ne font significativement pas plus derreurs que les sujets contrôles sains sur le nombre correct de changements dorientations. Les patients schizophrènes font moins derreurs sur ce type de plan que sur leur plan libre. Il est, en effet, plus facile de retracer un trajet préalablement parcouru sur un plan déjà existant que de devoir en faire un soi même.
Nous avons regardé sur le plan indicé de lhôpital deux points qui nous semblaient importants : les escaliers et le point darrivée. Les escaliers, nétant pas présents sur le plan, ont été dessinés à leur endroit effectif par lexpérimentatrice. Nous avons regardé chez chacun de nos participants quels sont ceux qui en retraçant le trajet ont mentionné leur passage par les escaliers. Ainsi nous voyons que les patients schizophrènes mentionnent largement moins leur passage par les escaliers que les sujets contrôles sains : 96,43 % des sujets contrôles sains contre 75,00 % chez les patients schizophrènes.
Notre trajet faisait une boucle. En effet, les participants partaient du Pavillon Clérambault pour revenir à ce même bâtiment mais du coté opposé. Dans cette expérience, nous avons regardé si les participants avaient bien saisis cette particularité du trajet. En retraçant sur la cartographie de lhôpital le trajet préalablement parcouru les participants sont-ils bien revenus au point de départ mais par son coté opposé ? Daprès nos résultats, seuls 60,00 % des patients schizophrènes mentionnent cet état de fait contre 85,71 % des sujets contrôles sains. Ainsi, les patients schizophrènes nont, daprès ces résultats, pas toujours saisi la particularité du trajet (boucle).
Le temps de réponse entre nos deux populations, patients schizophrènes et sujets contrôles sains, est identique. Les déficits observés chez les patients schizophrènes ne seraient donc pas dus à leur temps de réaction mais à un réel problème cognitif.
Ces résultats corroborent les précédents résultats sur la cartographie libre même si ceux-ci sont moins probants. Cette tâche est, en effet, une tâche plus facile que la précédente (plans libres) car celle-ci demande moins defforts cognitifs.
TACHE DE RECONNAISSANCE SANS EFFET DORDRE (Tâche 3)
Etude des différentes variables
Variables primaires
Nous avons comptabilisé (figure 28) :
le nombre de réponses exactes
le nombre de réponses fausses
le nombre de non réponses
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Fig 28: tâche de reconnaissances de vues.
Il nexiste pas de différence significative entre le nombre de réponses exactes données par les patients schizophrènes et celles données par les sujets contrôles sains. Les patients schizophrènes ne donnent donc pas plus de réponses exactes que les sujets contrôles sains (24,05 bonnes réponses pour les patients schizophrènes contre 25,86 bonnes réponses pour les sujets contrôles sains) sur les 32 photos présentées.
Pas de différence significative entre les deux populations testées, pour le nombre de réponses fausses données. Les patients schizophrènes ne donnent pas plus de réponses fausses que les sujets contrôles sains (7,05 réponses fausses pour les patients schizophrènes contre 5,93 pour les sujets contrôles sains) sur les 32 items présentés.
Le nombre de non-réponses étant très faible (0,90 pour les patients schizophrènes contre 0,21 pour les sujets contrôles sains) aussi bien chez les patients schizophrènes que les sujets contrôles sains, aucune analyse statistique na été réalisée sur ces données, bien que pour plus de précision celles-ci soient mentionnées sur la graphique ci-dessus.
Ces résultats montrent que les patients schizophrènes ne seraient pas déficitaires dans la perception et la reconnaissance de scènes spatiales présentées sous forme visuelle.
Temps de réponse
Patients schizophrènes versus sujets contrôles sains
Grâce au logiciel crée par Luc Carité, nous avons pu enregistrer le temps de réponse de chaque sujet:
pour les réponses exactes
pour les réponses fausses
Il nexiste pas de différence significative entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains, dans le temps de réponse mis pour donner une réponse exacte, bien que, daprès nos résultats, les patients schizophrènes soient légèrement plus lents (4102 ms pour les patients schizophrènes contre 3770 ms chez les sujets contrôles sains).
Pas de différence significative entre les deux populations participant à lexpérience, pour le temps de réponse mis pour donner une réponse fausse, bien que les patients schizophrènes soit légèrement plus lent que les sujets contrôles sains (5270 ms chez les patients schizophrènes contre 5023 ms chez les sujets contrôles sains) pour donner ce type de réponse.
Les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains ne mettent pas plus de temps pour répondre aux différents items.
Sujets contrôles sains
Au sein du groupe « sujets contrôles sains » nous avons regardé à chaque fois le temps de réponse mis pour donner une réponse correcte ou incorrecte. Daprès ces résultats, une différence significative (F (1,52) = 13,1054 ; p = 0,0007) existe entre le temps mis par les sujets pour donner une réponse exacte et celui mis pour donner une réponse inexacte. Les sujets contrôles sains sont plus rapides pour donner une réponse exacte que pour donner une réponse inexacte : 3770 ms pour donner une réponse correcte contre 5023 ms pour donner une réponse incorrecte. Il semble donc plus facile aux sujets contrôles de donner une réponse correcte que incorrecte.
Patients schizophrènes
Au sein du groupe « patients schizophrènes » nous avons regardé à chaque fois le temps de réponse mis pour donner une réponse correcte ou incorrecte. Il existe une différence significative (F (1,38) = 4,5992 ; p = 0,0384) entre le temps mis par les patients schizophrènes pour donner une réponse exacte et celui mis pour donner une réponse inexacte. Les patients schizophrènes sont, comme les sujets contrôles sains, plus rapide pour donner une réponse exacte que pour donner une réponse inexacte : 4102 ms pour donner une réponse exacte contre 5270 ms pour donner une réponse inexacte. Il semble plus facile pour les patients schizophrènes de donner une réponse correcte que incorrecte.
Variable particulière : différences de perception des vues
Description des résultats
Sujets contrôles sains et patients schizophrènes
Nous avons comparé les performances des sujets contrôles sains et des patients schizophrènes pour le nombre de bonnes, fausses données pour les photos ayant été prises dans le premier tiers du segment (prises de loin) et dans le second tiers du segment (prises de prés).
Photos prises (16 photos / 32 au total) de près (figure 29) :
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Fig 29 : comparaison perception de près entre patients schizophrènes et sujets contrôles sains
Il nexiste pas de différence significative entre les performances des patients schizophrènes et celles des sujets contrôles sains lorsque la photo est prise de près. Ceci se vérifie pour le nombre de réponses justes (12,30 bonnes réponses pour les patients schizophrènes contre 13,04 pour les sujets contrôles sains) et le nombre réponses fausses (3,25 mauvaises réponses pour les patiensts schizophrènes contre 2,82 pour les sujets contrôles sains) données. Le nombre de non-réponses étant très faible (0,45 non-réponses pour les patients schizophrènes contre 0,11 pour les sujets contrôles sains), aussi bien chez les patients schizophrènes que chez les sujets contrôles sains, celles-ci nont pas été analysées (pas de données statistiques mais montrées sur le graphique pour plus de précision). Ainsi, les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains ne sont pas déficitaires dans leurs réponses lorsque la prise de vue est réalisée de près. Il semble donc que les patients schizophrènes puissent distinguer, encoder et reconnaître les détails dune scène spatiale.
Photos prises (16 / 32 au total) de loin (figure 30) :
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 30 : comparaison patients schizophrènes et sujets contrôles sains pour la perception de loin.
Il existe une différence significative entre les performances des patients schizophrènes et celles des sujets contrôles sains lorsque la photo est prise de loin. Ceci se vérifie pour le nombre de réponses justes (t (46) = 2,425 ; p = 0,020) et le nombre de réponses fausses (t (46) = - 2,058 ; p = 0,045) données. Les patients schizophrènes donnent 11,85 bonnes réponses et 3,70 mauvaises réponses contre 12,86 et 2,93 chez les sujets contrôles sains. Le nombre de non-réponses étant très faible (0,45 non-réponses pour les patients schizophrènes contre 0,29 pour les sujets contrôles sains), aussi bien chez les patients schizophrènes que chez les sujets contrôles sains, celles-ci nont pas été analysées (pas de données statistiques, mais montrées sur le graphique pour plus de précision). Les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains sont donc peu performants dans leurs réponses lorsque la prise de vue est réalisée de loin. Ainsi, ces patients semblent montrer des déficits dans les phénomènes de perception de loin. Il semble donc que les patients schizophrènes aient des difficultés dans la perception, lencodage et la reconnaissance globale dune scène spatiale.
Sujets contrôles
Dans notre groupe témoin (sujets contrôles sains) nous avons examiné si des différences de profil dans les réponses existaient, suivant lemplacement doù avaient été prise la photo : premier tiers ou second tiers du segment (figure 31).
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Fig 31 : Sujets contrôles sains. Perception de près / perception de loin.
Les sujets contrôles sains ont un profil de réponses identiques que la prise de vue ait été réalisée de près (perception de près) ou de loin (perception de loin). Il nexiste donc pas de différence significative entre ces deux types de perceptions chez les sujets contrôles sains. Cela, aussi bien pour le nombre de réponses justes (13,04 bonnes réponses quand la photo est prise dans le second tiers du segment et 12,86 lorsquelle est prise dans le premier tiers) et de réponses fausses (2,82 mauvaises réponses quand la photo est prise dans le second tiers du segment et 2,93 lorsquelle est prise dans le premier tiers). Le nombre de non-réponses étant très faible (0,11 non-réponses quand la photo a été prise dans le second tiers du segment et 0,29 lorsquelle a été prise dans le premiers tiers), bien que mentionnées sur le graphique, celles-ci nont pas été analysées (pas de données statistiques disponibles).
Patients schizophrènes
Nous avons aussi examiné si au sein de notre population de patients schizophrènes des différences étaient présentées au niveau des performances obtenues suivant que la photo ait été prise dans la premier tiers ou le second tiers du segment (figure 32).
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 32 : patients schizophrènes .Comparaison perception près loin. Données statistiques
Les patients schizophrènes, comme les sujets contrôles sains, ont un profil de réponses identiques que la prise de vue ait été réalisée de près (second tiers du trajet) ou de loin (premier tiers du trajet). Il nexiste donc pas de différence significative entre ces deux types de perceptions chez les patients schizophrènes. Ceci se vérifie aussi bien pour le nombre de réponses justes (12,30 bonnes réponses quand la photo a été prise dans le second tiers du segment et 11,85 lorsquelle a été prise dans le premier tiers du segment) et de réponses fausses (3,25 mauvaises réponses quand la photo a été prise dans le second tiers du segment et 3,70 lorsquelle a été prise dans le premier tiers du segment). Le nombre de non-réponses étant très faible (0,45 non-réponses qauand la photo a été prise dans le second tiers du segment et 0,45 lorsquelle a été prise dans le premier tiers), bien que mentionnées sur le graphique, celles-ci nont pas été analysées (pas de données statistiques disponibles).
Interprétation des résultas
Les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains ne montrent pas de déficits lorsque la prise de vue est réalisée dans le second tiers du segment. En revanche, leurs performances sont plus faibles lorsque la prise vue est réalisée dans le premier tiers du segment. En effet, daprès nos résultats, les patients schizophrènes ne seraient pas déficitaires dans la perception de près mais seraient déficitaires dans la perception de loin. Ainsi les patients schizophrènes semblent montrer des difficultés dans la perception, lencodage et la reconnaissance de la globalité dune scène spatiale. En revanche, ces patients ne semblent pas montrer de difficultés majeures dans la perception, lencodage et la reconnaissance des détails dune même scène spatiale.
Conclusion
Les patients schizophrènes ne sont pas déficitaires dans cette épreuve de simple reconnaissance de vues. Leurs performances sont voisines de celles des sujets contrôles sains (pas de différence significative). Les patients schizophrènes se rappellent très bien des repères rencontrés le long du trajet. Ces patients sont tout a fait capable de dire « je me souviens, je connais ce lieu ».
Le temps de réponse est le même pour les deux populations (pas de différence significative). Les patients schizophrènes mettent approximativement le même temps que les sujets contrôles sains pour répondre aux différents items. Pour les deux populations testées, , le temps de réponse pour répondre correctement à un item est plus court que celui mis pour donner une réponse inexacte. Donner une bonne réponse semble demander moins deffort cognitif. En effet, ce type de réponse ne requiert pas une réflexion soutenue mais est au contraire automatique : « je sais, je réponds ». En revanche, donner une mauvaise réponse semble plus complexe. Les participants, ne connaissant pas la réponse (oui ou non) ou nétant pas sûr de celle-ci (hésitations de la part du sujet) doivent avoir une réflexion plus soutenue.
En résumé, les patients schizophrènes ne sont pas déficitaires dans les tâches de simple reconnaissance de vues. Ces patients ne montrent aucun déficit dans la perception et la reconnaissance de scènes spatiales visuelles. Les patients schizophrènes, sur ce type de tâche simple reconnaissance de succession de vues - mettent approximativement le même temps que les sujets contrôles sains pour répondre à un item. Toutefois donner une réponse correcte comparativement aux réponses fausses semble impliquer un temps de réponse plus court. La perception de prise de vues, de près ou de loin, influence les performances des patients schizophrènes (réponses exactes et inexactes). Ainsi, les patients schizophrènes semblent déficitaires dans la reconnaissance et / ou la perception de scènes spatiales visuelles dont la prise de vue a été réalisée de loin. Ces patients semblent donc déficitaires dans la reconnaissance et / ou la perception de la globalité de la scène.
TACHE DE RECONNAISSANCE AVEC EFFET DORDRE (Tâche 4)
Etude des différentes variables
Variables primaires
Nous avons comptabilisé (figure 33) :
le nombre de réponses exactes
le nombre de réponses fausses
le nombre de non réponses
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 33 : Reconnaissance de lordre de succession de vues
Il existe une différence significative (F (46) = 12,45 ; p = 0,0010) entre le nombre de réponses exactes donné par les patients schizophrènes et celui donné par les sujets contrôles sains. Les patients schizophrènes donnent significativement moins de réponses exactes que les sujets contrôles sains : 24,21 bonnes réponses données par les sujets contrôles sains contre 18,80 par les patients schizophrènes sur les 28 paires de photos présentées.
Une différence significative (F (46) = 8,98 ; p = 0,0044) existe entre le nombre de réponses fausses donné par les patients schizophrènes et celui donné par les sujets contrôles sains. Les patients schizophrènes donnent significativement plus de réponses fausses que les sujets contrôles sains : 3,6 réponses fausses données par les sujets contrôles sains contre 7,50 chez les patients schizophrènes sur les 28 paires de photos présentées.
Le nombre de non-réponses des participants na pas été analysé statistiquement en raison de leur faible nombre bien que pour plus de précision, celles-ci soient montrées sur le graphique ci-dessus (0,21 items non répondus chez les contrôles sains contre 1,70 chez les patients schizophrènes).
Sur ce type dépreuve, tâche de reconnaissance avec effet dordre ou reconnaissance de succession de vues, les patients schizophrènes font significativement plus derreurs que les sujets contrôles sains. Ainsi, ces patients sont déficitaires dans la reconstitution de la chronologie des repères rencontrés le long du trajet.
Temps de réponse
Patients schizophrènes versus sujets contrôles sains
Grâce au logiciel crée par Luc Carité, nous avons pu enregistrer le temps de réponse de chaque sujet :
pour les réponses exactes
pour les réponses fausses
La différence qui apparaît entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains pour le temps de réponse mis pour donner une réponse exacte nest pas significatif (3439 ms pour les sujets contrôles sains contre 3963 ms pour les patients schizophrènes).
Pas de différence significative entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains pour le temps de réaction mis pour donner une réponse fausse (3843 ms pour les sujets contrôles sains contre 4194 ms pour les patients schizophrènes).
Ainsi, les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains ne mettent pas plus de temps pour répondre à ce type ditems.
Sujets contrôles sains
Au sein du groupe « sujets contrôles sains » nous avons regardé à chaque fois le temps de réponse mis pour donner une réponse correcte ou incorrecte.
Daprès ces résultats, une différence significative (F (1,47) = 8,60 ; p = 0,0052) existe entre le temps mis pour donner une réponse exacte et celui pour donner une réponse inexacte. Les sujets contrôles sains, dans cette tâche, mettent, en effet, plus de temps pour donner une réponse incorrecte que pour donner une réponse correcte : 3439 ms pour donner une réponse exacte contre 3843 ms pour donner une réponse fausse.
Patients schizophrènes
Au sein du groupe « patients schizophrènes » nous avons regardé à chaque fois le temps de réponse mis pour donner une réponse correcte ou incorrecte.
Il nexiste pas de différence significative entre le temps mis pour donner une réponse correcte et celui pour donner une réponse incorrecte. Les patients schizophrènes ne mettent donc pas plus de temps pour donner une réponse exacte que pour donner une réponse fausse : 3963 ms pour donner une réponse exacte contre 4194 ms pour donner une réponse fausse.
Conclusion
Dans cette tâche tâche de reconnaissance avec effet dordre - les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains montrent des performances faibles. Il est apparemment très difficile pour ces patients de répondre à ce type ditems : rétablir lordre de succession de vues. Ainsi, les patients schizophrènes sont déficitaires dans la reconstitution de la chronologie des repères rencontrés le long du trajet.
Les patients schizophrènes mettent approximativement le même temps que les sujets contrôles sains pour répondre correctement ou non aux différents items. Les sujets contrôles sains mettent moins de temps pour donner une réponse exacte que pour donner une réponse fausse. Donner une réponse juste est plus automatique, demande moins de réflexion : « je sais, je dis ». En revanche les patients schizophrènes, dans cette expérience, ne mettent pas plus de temps pour donner une réponse exacte que pour donner une réponse fausse. Leur temps de réponse pour ces deux types de réponses est identique. Cette tâche est une tâche complexe et difficile pour les patients schizophrènes qui leur demande un effort supplémentaire, comparativement aux sujets contrôles sains, pour répondre correctement aux items.
Ainsi, les patients schizophrènes sont déficitaires dans les tâches de reconnaissance de lordre de succession de vues. Ces patients ont des difficultés dans le rétablissement de la chronologie des différents lieux préalablement visités.
TESTS DHABILETES VISUO-SPATIALES (Tâche 5)
MRT : test de rotation mentale 3D
Nous avons comparé les performances des patients schizophrènes à celles des sujets contrôles sains (figure 34).
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 34 : Test de rotation mentale 3D : MRT, Patient schizophrènes versus sujets contrôles sains.
Daprès les résultats obtenus, les patients schizophrènes sont moins performants (10,36/20 de moyenne obtenue par les sujets contrôles sains contre 6,94/20 chez les patients schizophrènes) que les témoins (contrôles sains). Une différence significative (t (42) = 2,17 : p = 0,035) existe entre ces deux populations. Les patients schizophrènes font plus derreurs que la population de référence. Ces patients sont donc déficitaires dans des tâches de rotation mentale.
Au vu de ces résultats nous nous sommes posé la question de savoir si les différences observées entre les deux populations étaient dues à leurs habiletés naturelles ou seulement dues aux contraintes temporelles de la tâche. En effet, on peut supposer que les patients schizophrènes ont besoin de plus de temps que les contrôles sains pour répondre à ce type de test. Un temps supérieur aux 8 min accordées pour le test leur serait donc nécessaire. Ainsi nous avons comparé le nombre de non-réponses des patients schizophrènes à celles des sujets contrôles sains. Le nombre de non-réponses est plus important chez les patients schizophrènes que chez les sujets contrôles sains : 4,8 non-réponses chez les sujets contrôles sains contre 6,6 chez les patients schizophrènes. Il semble donc que les patients schizophrènes soient plus longs pour répondre aux items que les sujets contrôles sains. Les patients schizophrènes semblent avoir besoin de plus de temps pour réfléchir et pour répondre à litem présenté. Cependant il nexiste aucune différence significative entre les deux groupes pour le nombre de réponses totales données et pour le nombre ditems nayant pas reçu de réponse. Ainsi, il est impossible de conclure que les faibles performances observées chez les patients schizophrènes soient seulement dues aux contraintes temporelles de la tâche ni à une nécessité, chez ces patients, de réfléchir plus longtemps.
Les patients schizophrènes semblent donc déficitaires dans les tâches de rotation mentale.
MPFB : test de visualisation spatiale (2D)
Nous avons comparé les performances des patients schizophrènes à celles des sujets contrôles sains (figure 35).
EMBED Excel.Chart.8 \s
Fig 35 : Test assemblage 2 D : MPFB ; patients schizophrènes versus sujets contrôles sains.
Daprès les résultats obtenus, les patients schizophrènes sont moins performants (19/31 de moyenne pour les sujets contrôles sains contre 14 chez les patients schizophrènes) que les sujets contrôles sains. Une différence significative (t (42) = 2,62 ; p = 0,012) existe entre ces deux populations. Les patients schizophrènes font plus derreurs que la population de référence (contrôles sains). Ainsi, les patients schizophrènes semblent nettement déficitaires dans des tâches de visualisation spatiale.
Au vu de ces résultats, nous nous sommes posé la question de savoir si les différences observées entre les deux populations étaient dues aux contraintes temporelles de la tâche. Pour cela nous avons comparé le nombre de non-réponses des patients schizophrènes au nombre de non-réponses des sujets contrôles sains. Daprès les résultats obtenus, les patients schizophrènes répondent à moins ditems que les sujets contrôles sains : 10,7 items nayant pas reçu de réponse chez les patients schizophrènes contre 8,6 chez les sujets contrôles sains. Cependant il ny a pas de différence significative entre les deux groupes pour le nombre de réponses totales données et le nombre ditems non répondus. Les faibles performances observées chez les patients schizophrènes ne semblent donc pas dues aux contraintes temporelles de la tâche ni à une nécessité, chez ces patients, de réfléchir plus longtemps. Ainsi, les patients schizophrènes semblent déficitaires dans les tâches de visualisation spatiale.
Conclusion
Le MRT et le MPFB nous ont permis dévaluer les habiletés visuo-spatiales des patients schizophrènes et de les comparer à celles des sujets contrôles sains. Le MRT est un test de rotation mentale, le MPFB un test de visualisation spatiale. Les patients schizophrènes sur ces deux tests sont déficitaires (performances plus basses) comparativement aux sujets contrôles sains. Les contraintes temporelles des deux tâches bien que jouant un rôle ne sont pas les seuls facteurs dinfluences. Ainsi les patients schizophrènes montrent de réelles difficultés dans la résolution de problèmes spatiaux.
RESUME
Les patients schizophrènes (comparativement aux sujets contrôles sains) sont déficitaires dans les tâches de rappel libre : descriptions verbales (tâche 1) et plans libres de litinéraire (tâche 2a).
Les patients schizophrènes (comparativement aux sujets contrôles sains) sont déficitaires dans les tâches de rappel indicé : retracer le parcours sur un plan de lhôpital (tâche 2b).
Les patients schizophrènes (comparativement aux sujets contrôles sains) ne sont pas déficitaires dans les tâches de reconnaissances sans effet dordre : reconnaissance des successions de vues (tâche 3).
Les patients schizophrènes (comparativement aux sujets contrôles sains) sont déficitaires dans les tâches de reconnaissance de lordre de succession de vues (tâche 4).
Les patients schizophrènes (comparativement aux sujets contrôles sains) sont déficitaires dans la résolution de problèmes spatiaux (tâche 5) : test de rotation mentale (MRT) et de visualisation spatiale (MPFB).
Les patients schizophrènes ne sont pas déficitaires dans la reconnaissance de scènes spatiales présentées sous forme visuelles. En revanche, ils sont déficitaires dans létablissement de lordre chronologique des repères rencontrés le long du trajet.
Les patients schizophrènes ne semblent pas déficitaires dans la perception, lencodage et la reconnaissance de scènes visuo-spatiales détaillées (perception de près). Mais ces patients semblent déficitaires dans la perception, lencodage et la reconnaissance dune scène spatiale dans sa globalité (perception de loin).
Nous allons maintenant discuter des résultats obtenus. Nous discuterons, dans un premier temps, ces résultats expérience par expérience ; puis dans un second temps, nous ferons une discussion générale.
DISCUSSION
DESCRIPTION VERBALE (tâche 1)
Les descriptions verbales des patients schizophrènes sont plus courtes que celles des sujets contrôles sains (33,65 propositions en moyenne chez les patients schizophrènes contre 60,71 chez les contrôles sains). Ces descriptions sont beaucoup moins précises, moins détaillées et moins pertinentes que celles des sujets contrôles sains. Certaines de ces descriptions sont longues, constituées de nombreux commentaires sans intérêt, ou nayant aucun rapport avec lexercice demandé. Ces descriptions peuvent être parfois totalement inexactes et / ou navoir rien à voir avec la description du trajet. Un individu nest généralement pas capable de refaire le trajet avec seulement les informations contenues dans la description verbale dun patient schizophrène. Ceci a été vérifié pour quelques descriptions sur un échantillon de sujets contrôles sains appartenant à la population générale et nayant aucune information sur lexpérience (nos objectifs, nos hypothèses). Nous leur donnions la description verbale dun sujet donné, sans autres commentaires, et nous leur demandions de refaire le trajet, sans demander daide, en suivant seulement les explications données (lexpérimentatrice suivait le dit sujet à environ 2m de distance).
Seules 30 % des descriptions des patients schizophrènes sont de bonnes descriptions contre 64 % pour les sujets contrôles sains. La plupart des descriptions verbales des patients schizophrènes sont inutilisables même quand de nombreux repères corrects (non faux ou fantaisistes) sont pris. Les repères cités par les patients schizophrènes font généralement un « effet catalogue ». Ces repères sont très rarement reliés à une action précise, se situant au niveau de ce repère (exemple : « tournez à droite avant léglise »). Les actions, les repères, principalement les actions reliées à un repère sont les items les plus importants dans une description ditinéraire. Ces items représentent une aide à la navigation efficace puisquils permettent à la personne à laquelle a été décrit litinéraire, de savoir quelle action faire et à quel endroit.
La compréhension des descriptions verbales par une autre personne dépend de leur clarté et de leur concision (Denis, 1997 ; Daniel et Al., 1998, 2002, 2003). Une longue description nest pas forcément la meilleure des descriptions. En effet, celle-ci peut contenir des ambiguïtés, être confuses et par conséquent ne pas être une bonne aide à la navigation, ce qui est généralement le cas chez les patients schizophrènes. De plus, plus les descriptions sont longues plus elles vont être surchargées de détails inutiles à la navigation qui vont surcharger inutilement la mémoire du sujet. En revanche une description courte précise et concise, ressemblant à ce que M. Denis et M-P. Daniel ont appelé une description squelette (1997, 1998), est une bonne description, une aide adéquate à la navigation. La différence entre les bonnes descriptions et les mauvaises est certes dans la longueur de la description elle-même, mais aussi dans la sélection des repères et le choix des actions clefs prescrites par le descripteur (Denis, 1997 ; Daniel et Al., 1998, 2002, 2003). Une bonne description pour être une bonne aide à la navigation doit donc comprendre des actions, des repères mais aussi et surtout des actions reliées à un repère. Une mauvaise description contient généralement très peu dactions reliées à un repère. Dans notre étude, nous comparons les descriptions verbales réalisées par des patients schizophrènes à celles réalisées par des sujets contrôles sains. Les descriptions des patients schizophrènes, comme nous lavons vu, ne sont généralement pas une bonne aide à la navigation. Elles sont remplies de commentaires, inadéquates la plupart du temps, comportent très peu ou pas dactions prescriptives (notamment dactions reliées à un repère). Les descriptions verbales des patients schizophrènes sont donc plutôt descriptives, se traduisant, par exemple, par une énumération de repères : « il y a une église à la fin, (
), au début il y avait la lingerie ». Les descriptions verbales des sujets contrôles sains sont, en revanche, généralement de bonnes descriptions. Elles contiennent de nombreuses prédictions dactions (notamment dactions reliées à un repère) permettant à un individu, souhaitant refaire le trajet, de savoir quelle action effectuer et à quel endroit afin de résoudre son problème de navigation. Ces descriptions sont généralement des descriptions prescriptives. Les descriptions des patients schizophrènes sont donc de qualité médiocre (comparativement à celles des sujets contrôles sains). Ce résultat nest pas surprenant puisque lon sait que les patients schizophrènes ont des deficits de la fluence verbale et des dysfonctions au niveau du langage (Chapman et Al., 1963, 1976 ; Barch et al., 1997 ; Docherty et al., 2000). Daprès les études cliniques réalisées sur des échantillons de discours de patients schizophrènes, ces patients ont une perte dassociation, une perte de la sensibilité au contexte (activation et utilisation), une utilisation inappropriée des pronoms et une incapacité à maintenir une conversation sur un thème défini (Chapman et Al., 1963, 1976 ; Barch et al., 1997 ; Docherty et al, 2000 ; Leroy et al., 2005). Ces déficits expliquent, en partie, ceux retrouvés dans notre étude (décrits précédemment) chez les patients schizophrènes. De plus, les anomalies de langage chez les patients schizophrènes passent par des processus de dysfonctionnements de la mémoire sémantique (composante de la mémoire déclarative). Au niveau électrophysiologique, londe N400 (potentiels évoqués) est associée avec les processus sémantiques et est impliquée dans lutilisation du contexte (Niznikiewicz et Al., 1999 ; Titone et al, 2004b). Chez les patients schizophrènes, des anomalies de cette onde (prolongation de la latence et augmentation de lamplitude négative) ont été retrouvées, pouvant peut-être ainsi expliquer les anomalies dutilisation du contexte observé chez ces patients (Niznikiewicz et Al 1997). Les patients schizophrènes montrent, en effet, dimportants déficits de la mémoire contextuelle. De plus, les patients schizophrènes (daprès nos résultats) semblent aussi montrer des déficits dans la représentation mentale dun environnement. Ces déficits pourraient expliquer la pauvrété de leur discours spatial.
Décrire un itinéraire et sa compréhension à et par un individu demande la possession de connaissances verbales et spatiales. Ainsi, les patients schizophrènes montrent de réelles difficultés dans leurs acquisitions et surtout dans leur restitution.
CARTOGRAPHIES LIBRES ET INDICES (tâche 2)
Les plans libres réalisés par les patients schizophrènes sont de moins bonne qualité que ceux réalisés par les sujets contrôles sains. Ils sont généralement très pauvres en informations et peu compréhensibles. Il est donc difficile à un individu, détenant pour seule information le plan dun patient schizophrène, de refaire le trajet que celui-ci a préalablement parcouru. Comme pour la précédente expérience (description verbale) ceci a été vérifié pour quelques cartographies libres, sur un échantillon de sujets contrôles sains appartenant à la population générale. Les sujets ne disposaient que de la cartographie dun sujet donné, grâce à laquelle ils devaient refaire le trajet, sans demander daide. Les participants ne détenaient aucune information sur nos expériences (objectifs, hypothèses). Comme précédemment, lexpérimentatrice suivait les sujets à 2 m de distance environ.
Seules 30 % des cartographies des patients schizophrènes sont de bonne qualité contre 64 % pour les sujets contrôles sains. Les plans des patients schizophrènes comportent des erreurs (comparativement aux sujets contrôles sains) plus ou moins importantes. Les patients schizophrènes incluent significativement moins de repères critiques et non critiques, dans leur plan que les sujets contrôles sains. Les repères les plus importants du plan sont les repères critiques situés aux changements dorientations. Ce sont eux qui permettent aux sujets de sorienter ou de se réorienter sur la bonne voie. Les repères non critiques, moins importants que les précédents, permettent aux sujets de vérifier quils sont bien sur la bonne route. Ils servent donc en quelque sorte de contrôle de la navigation. Ainsi, les patients schizophrènes incluent peu de repères dans leur plan (comparativement aux sujets contrôles sains). Les repères généralement mentionnés par les patients schizophrènes sont les repères les plus saillants, les plus marquants, tels que :
les escaliers : changement de niveau, « on monte », même le nombre de marche (22 au total) fut parfois mentionné.
la chapelle : bâtiment imposant
le Bâtiment de la force ou Pavillon Clérambault : point de départ et darrivée.
Les patients schizophrènes font plus derreurs que les sujets contrôles sains dans linclusion des repères. Ces patients ont eu tendance à prendre des repères dits « fantaisistes » et / ou à inverser lemplacement de certains repères, les uns par rapport aux autres. Ainsi, sur leur plan, le Pavillon de lEnfant et de lAdolescent sest parfois retrouvé après les escaliers alors que ce pavillon se situe avant les escaliers. Dans la manière dont sont mentionnés les repères (critiques ou non critiques), les patients schizophrènes diffèrent des sujets contrôles sains. Les sujets contrôles sains utilisent facilement les deux modes de représentations, étiquette (verbal, sémantique) et icône (graphique) simultanément. Les patients schizophrènes, eux, fonctionnent plutôt sur un seul mode. Ils utilisent soit le mode sémantique (étiquette, verbal), soit le mode graphique (icône), mais rarement les deux modes simultanément.
Au niveau des changements dorientation, les patients schizophrènes font significativement plus derreurs que les contrôles sains, bien que, sur leurs plans, les changements dorientations soient plus souvent mentionnés que les repères. La plupart du temps, les patients omettent un ou deux segments. Le changement dorientation le plus souvent omis est celui se situant juste après les escaliers. Les participants après avoir monté les escaliers devaient tourner à gauche avec un angle de 90° en traversant la ruelle (1m de large environ) pour prendre lallée des étoffes. Cette omission se retrouve parfois chez les contrôles sains, mais avec une fréquence moins importante. La 2nde omission la plus présente était loubli dune partie du trajet. Cet oubli se situait principalement chez certains des sujets au milieu du parcours. Cette observation laisse ainsi supposer que ces sujets auraient été attentifs au début du trajet, comme le demandait la consigne, puis que leur attention aurait diminué à mi-parcours du trajet avec un rebond en fin de parcours. Au cours du trajet, leurs performances mnésiques ont donc tendance à former une courbe en « U ».
Les plans des patients schizophrènes étant soit faux soit peu pertinents (peu détaillé, pauvres en informations), il est impossible à une autre personne de refaire le trajet en nayant que ce plan à sa disposition et en ne demandant aucune aide extérieure. Un plan pour être une bonne aide à la navigation doit être le plus fonctionnel, le plus informatif possible. Les plans des patients schizophrènes sont loin de ces caractéristiques. On ne peut donc pas les considérer comme une bonne aide à la navigation. Ainsi, il semble, à lidentique de la tâche précédente, que les patients schizophrènes aient des déficits de représentation mentale de lenvironnement.
Les plans indicés nous ont permis davoir un contrôle sur la précédente expérience, notamment sur lanxiété (angoisse de la page blanche). Ce type de cartographie nous a permis de vérifier si les participants avaient encodé la forme globale du trajet. En effet, grâce à cette tâche, nous avons pu vérifier si la particularité de la forme du trajet, trajet en boucle (point de départ au même endroit que le point darrivée, mais du côté opposé) avait été saisie par les participants. Dans cette discussion et la discussion générale je parlerai peu de cette tâche comparativement aux plans libres. En effet, la réalisation de plans libres demande la construction dune carte cognitive de lenvironnement avec une forte implication de la zone hippocampique (OKeefe et Nadel, 1978) et cest cette construction de carte cognitive que nous voulions particulièrement étudier.
TACHE DE RECONNAISSANCE SANS EFFET DORDRE (tâche 3)
Dans cette épreuve, reconnaissance de vues, les patients schizophrènes comparés aux sujets contrôles sains, ne sont pas déficitaires. Leurs performances sont voisines de celles des sujets contrôles sains. En effet, les patients schizophrènes donnent 75 % de bonnes réponses et les sujets contrôles sains en donnent 81 %. Il est donc très clair quils existent peu de différence dans les performances de nos deux populations. Les patients schizophrènes obtiennent de bons résultats dans cette tâche montrant quils ont encodé les repères rencontrés au cours du trajet. Ils se souviennent bien des scènes rencontrées au cours du trajet, qui leur sont maintenant présentées sous forme visuelle (photos). Ainsi ces patients ne sont pas déficitaires dans la reconnaissance de scènes appartenant à un environnement préalablement visité et présentées indépendamment les unes des autres. Un patient schizophrène est donc tout à fait capable de dire « Je connais cet endroit ».
Les prises de vues réalisées pour cette tâches ont été prise selon deux angles de perception différents : de près et de loin. Langle de perception de prés correspond à la perception détaillée dune scène spatiale, en revanche langle de perception de loin correspond à la perception globale de cette même scène. Cest donc dans le rappel et la reconnaissance de la vision globale de la scène que nos patients schizophrènes sont déficitaires comparativement aux sujets contrôles sains. En effet, les patients schizophrènes présentent des déficits du traitement précoce de linformation visuelle (Keri et Al., 2000) avec atteinte de la voie magnocellulaire. Cette atteinte de la voix magnocellulaire pourrait sous-tendre de nombreux déficits cognitifs chez les patients schizophrènes. Elle intervient de manière rapide dans linformation visuelle primaire, correspond au « où » (« where ») dun fait ou dun évènement et capte linformation globale dun événement visuel. En revanche, la voie parvocellulaire serait intacte chez les patients schizophrènes (Keri et Al., 2000). Elle intervient dans un second temps, correspond au « quoi » (« what ») dun évènement ou dun fait et traite les détails dune information ou dun évènement visuel. Ainsi lors de la simple reconnaissance de vues, les patients schizophrènes font appel pour la reconnaissance visuelle à la voie parvocellulaire pour la reconnaissance détaillée dune scène et à la voie magnocellulaire pour la reconnaissance globale de cette même scène (une prise de vue du même lieu ayant été réalisée de près et de loin). Au cours de cette tâche les sujets doivent juste reconnaître le lieu, le contenu de celui-ci (« le quoi ») et non lendroit où il se situe (le « où »). Pour résoudre ce type de tâche, ils ont donc surtout besoin dactiver la voie parvocellulaire. Ceci explique le fait que, pris dans leur globalité (pas de différence perception de près et perception de loin), nos résultats ne montrent aucun déficit dans la reconnaissance de vues, entre les patients schizophrènes et les sujets contrôles sains. Ainsi, les déficits observés chez les patients schizophrènes au test « prises de vues de loin » seraient plutôt dû à des déficits perceptifs connus quà des déficits cognitifs. De plus, les résultats obtenus montrent que la reconnaissance de scènes spatiales visuelles met en jeu des zones cérébrales différentes de celles seulement impliquées dans le traitement de linformation visuelle et de celles impliquées dans la navigation. Dans la reconnaissance de lieux, de points de repères, le parrahippocampe joue un rôle sensible (Spiers et Al., 2004 ; Maguire et Al., 1997). En effet, il permet de percevoir lenvironnement visuel local, ce qui est important pour la reconnaissance de lieux.
Le temps de réponse aux différents items est identique entre nos deux populations, ce qui peut signifier que les patients schizophrènes au cours de cette tâche ne montrent pas de déficits attentionnels ni motivationnels. Ils semblent être autant impliqués dans la tâche que les sujets contrôles sains. Le temps de réponse pour donner une bonne réponse est inférieur à celui pour donner une mauvaise réponse. Donner une bonne réponse semble donc plus facile. Cela semble demander moins defforts cognitifs et être plus automatique : « je sais, je réponds ». En revanche donner une réponse incorrecte, traduit souvent des hésitations du sujet ayant pour conséquence de rallonger le temps de réponse. Les patients schizophrènes sont donc capables de reconnaître des lieux préalablement visités à partir du moment où ils ne doivent pas établir de liens séquentiels entre eux.
TACHE DE RECONNAISSANCE AVEC EFFET DORDRE (tâche 4)
Dans cette tâche, nous avions demandé aux participants, patients schizophrènes et sujets contrôles sains, détablir lordre chronologique de succession des vues. Dans cette tâche les patients schizophrènes sont beaucoup moins performants que les sujets contrôles sains. Les sujets contrôles sains donnent 86,5 % de bonnes réponses contre seulement 67 % chez les patients schizophrènes. Il est donc particulièrement difficile pour les patients schizophrènes de répondre à ce type ditems. Les patients schizophrènes ont de réelles difficultés dans la reconstitution de lordre chronologique des repères rencontrés le long du trajet. Cest donc dans le rappel dun ordre séquentiel quils sont déficitaires. On peut faire lanalogie de ces résultats avec ceux trouvés sur les déficits de mémoires épisodique, contextuelle et spatio-temporelle observés chez les patients schizophrènes. Les patients schizophrènes ont, en effet, des difficultés à se souvenir dun événement, dun épisode de leur vie et de le recadrer dans son contexte spatial et temporel. Les mémoires épisodique, contextuelle et spatio-temporelle selon différentes études de la littérature, mettent en jeu lhippocampe. En effet, une anomalie ou une lésion hippocampique provoque dimportants déficits mnésiques, touchant principalement ce type de mémoires, comme nous avons pu le voir chez certains patients amnésiques (cas du patient H.M, Scoville et Milner, 1957). Les cerveaux des patients schizophrènes présentent des anomalies cérébrales neurodéveloppementales au niveau de la zone hippocampique. Ainsi, les déficits que nous avons observés, chez les patients schizophrènes, dans cette tâche de reconnaissance avec effet dordre, pourraient être reliés aux lésions hippocampiques.
Le temps de réponse aux items est, comme dans la précédente expérience, non différente statistiquement entre nos deux populations (patients schizophrènes et sujets contrôles sains). Comme précédemment, cela peut signifier que les patients schizophrènes, au cours de cette épreuve, ne montrent pas de déficits attentionnels, ni motivationnels. Ils semblent donc être autant impliqués dans la tâche que les sujets contrôles sains. Chez les patients schizophrènes le temps de réponse pour donner une réponse exacte est identique à celui pour donner une réponse inexacte. Les patients schizophrènes témoignent ainsi de réelles difficultés dans la prise de décision pour répondre à un item. Ils semblent fournir un effort cognitif supérieur aux sujets contrôles sains pour répondre aux items présentés.
Les patients schizophrènes sont déficitaires dans létablissement de lordre chronologique de succession des vues. Ces patients montrent des difficultés à lier les différents lieux entre eux. Cette constatation sétend par analogie aux faits et aux événements préalablement vécus par le patient. Ainsi les patients schizophrènes présentent des déficits dans le « binding » contextuel.
TESTS DHABILETES VISUO-SPATIALES : MRT & MPFB (tâche 5)
Nous avons évalué les habiletés visuo-spatiales des patients schizophrènes.
Pour cela nous avons utilisé deux différents tests :
- le MRT évaluant les capacités de rotation mentale, puis,
- le MPFB évaluant les capacités de visualisation spatiale des sujets.
Nous avons mis en évidence que les patients schizophrènes sont nettement déficitaires comparativement aux sujets contrôles sains, dans ces deux types de tâches : rotation mentale et visualisation spatiale (faibles performances des patients). Selon la littérature (Linn et Petersen, 1985), la rotation mentale dobjets en trois dimensions permet ladoption de nouvelles perspectives afin dobserver les objets sous ses différents angles (Kolb et Whishaw, 1990). La visualisation spatiale, selon la littérature (Linn et Petersen, 1985), définit lhabileté dun sujet à manipuler des informations spatiales complexes. Les patients schizophrènes semblent donc montrer des difficultés dans la manipulation dinformations spatiales complexes. Ils semblent aussi montrer des difficultés dans ladoption de nouvelles perspectives, c'est-à-dire dans le changement de point de vue. Un changement de point de vue qui dans ce type de tâche est souvent allocentré, or, les patients schizophrènes montrent dimportantes difficultés dans la représentation allocentrée dun environnement. Ces déficits pourraient être liés aux anomalies hippocampiques retrouvées dans le cerveau des patients schizophrènes. Lhippocampe est, en effet, selon la littérature, impliqué dans les représentations allocentrées dun environnent ou carte cognitive. De plus, les habiletés de rotation mentale sont corrélées (données non analysées dans notre étude) avec les performances obtenues dans les tâches dorientation ou de navigation dans un environnement généralement non familier (wayfinding). Ainsi, les performances obtenues au cours dépreuves de wayfinding sont meilleures chez les sujets ayant des habiletés de rotation mentale supérieures, c'est-à-dire chez les sujets ayant des capacités élevées dimageries. Daprès les faibles résultats obtenus par les patients schizophrènes dans ce type de tâche, nous pouvons déduire que les patients schizophrènes ont de faibles capacités dimageries.
Les déficits observés, dans ces deux tâches, chez les patients schizophrènes (daprès nos résultats), ne sont pas dus aux contraintes temporelles, même si celles peuvent avoir une certaine influence sur les résultats. En effet, les patients schizophrènes répondent pour un même temps donné, de 8 min, à moins ditems que les sujets contrôles sains.
Les patients schizophrènes sont donc déficitaires, comparativement aux sujets contrôles sains, dans les tâches de rotation mentale et de visualisation spatiale. Ces patients montrent des difficultés dans la représentation allocentrée dun environnement, c'est-à-dire dans la construction des cartes cognitives.
DISCUSSION GENERALE
Les patients schizophrènes sont déficitaires dans les épreuves de navigation, principalement dans la restitution dun trajet, quelque soit le type de restitution : description verbale ou cartographie. Pour les deux types de restitutions (descriptions et plans) seules 30 % chez les patients schizophrènes sont de bonne qualité contre 64,3 % chez les sujets contrôles sains. Généralement, les sujets qui produisent une description verbale de bonne qualité réalisent aussi une bonne cartographie de litinéraire (comparaison qualitative des descriptions verbales et des plans libres sujets par sujets).
Dans leurs descriptions verbales comme dans leurs cartographies libres de lenvironnement préalablement visité, les patients schizophrènes comparativement aux sujets contrôles sains incluent significativement moins de repères. Ils donnent limpression davoir oubliés les lieux préalablement rencontrés. Pourtant la connaissance des repères est indispensable à la connaissance du trajet, ainsi quà la possibilité de refaire celui-ci (Denis et Al., 1999 ; Pazzaglia et Al., 2001). Dans la tâche 3, simple reconnaissance de vues, les patients schizophrènes ne montrent aucun déficit. Ils reconnaissent les lieux préalablement visités et répondent automatiquement aux items sans difficulté apparente (temps de réponse identique à celui des sujets contrôles sains). Leurs difficultés se situent plutôt dans le rappel de souvenirs ou de lieux sans avoir une quelconque aide pour celui ci. La présentation sur photos, des lieux préalablement visités au cours du trajet, est une aide précieuse aux sujets pour le rappel de ces lieux. Les photographies servent, en effet, daide au rappel et orientent, dune certaine manière, le sujet dans ses réponses. En revanche, pour une description verbale les sujets ne reçoivent aucune aide. Ils sont seuls face à leurs souvenirs. En effet, le rappel que ces patients doivent réaliser pour construire leur description verbale est un rappel totalement libre, dénué de toutes contraintes. Ils doivent, au cours de cette description, construire mentalement litinéraire (celui préalablement parcouru) afin de donner un enchaînement dactions (à droite, à gauche,
) à faire et de lieux à rencontrer (premier lieu, deuxième lieu) aux tierces personnes devant refaire le trajet (Mellet et al, 2000b). Ces deux tâches, reconnaissance photos et description verbale, ne mettent donc pas en jeu les mêmes processus mnésiques ni cognitifs. En effet, au cours de lépreuve de simple reconnaissance de lieux, les sujets nont aucunement besoin de se déplacer mentalement dans lenvironnement préalablement visité alors que cela est nécessaire et même indispensable pour une description correcte de litinéraire (avec activation de toutes les zones cérébrales nécessaires à la résolution dune telle tâche). Cette remarque sur la reconstruction mentale de litinéraire est aussi vérifiée pour la réalisation des plans libres de cet itinéraire. En effet, au cours de cette construction, les sujets doivent aussi mentalement naviguer dans lenvironnement préalablement visité. Les sujets doivent donc revisiter mentalement le trajet en se remémorant, les repères rencontrés (chapelle, porche), les actions et leur lieu de réalisation (tourner, continuer), lordre séquentielle et temporelle de ces actions et de ces repères. Cette navigation mentale, selon la littérature (Mellet et Al., 2000a ; Ghaem et Al., 1997), active les mêmes zones cérébrales que celles activées en conditions réelles (navigation réelle). Même le cortex moteur (Dapraty et Al., 2005, 2003 ; Nyberg et Al., 2001) serait activé par le sujet lors de ce « voyage mental », ce qui nest pas sans rappeler les résultats de Decety (1989 ; 1991 ; 1994) sur les neurones miroirs. Les zones activées sont principalement lhippocampe, le parahippocampe et le cortex pariétal (Ghaem et Al., 1997) et sont fortement corrélées entre elles. Lhippocampe est impliqué dans la construction dune représentation allocentrée de lenvironnement (carte cognitive, vision en survol), le parahippocampe dans la reconnaissance et le souvenir de repères (rencontrés le long du trajet) et le cortex pariétal dans la représentation égocentrée (vision route, séquentielle) de lenvironnement (Ghaem, et al., 1997 ; Mellet et al., 2002). De plus, les sujets, au cours de cette navigation mentale, pour restituer à une autre personne le trajet préalablement parcouru, doivent se mettre à la place de lautre. Pour cela, ils doivent faire des inférences sur la demande et le comportement dautrui. Cette capacité à faire des inférences sur le comportement dautrui est peut-être en relation avec les capacités postulées par la « théorie de lesprit ». Or les patients schizophrènes sont déficitaires dans certaines tâches de théorie de lesprit (Frith, 1992 ; Sarfati et al., 2000 ; Brüne, 2005 ; Kelemen et al., 2005 ; Schenkel et al., 2005). Ils ont en effet de réelles difficultés à se mettre à la place de lautre. Nos résultats sur la restitution du trajet pourraient confirmer cet état de fait. Les patients schizophrènes en plus de leurs déficits dans la représentation mentale de lenvironnement, montreraient des difficultés à se mettre dans une optique de restitution du trajet à un autre individu.
Nous avons vu dans notre étude que les patients schizophrènes sont largement déficitaires, comparativement aux sujets contrôles sains, dans les épreuves de description verbale et de cartographie libre. Les descriptions verbales sont généralement une représentation égocentrée (type « trajet ») de lenvironnement, même si celles-ci peuvent parfois être allocentrées (type « survol »). En effet, elles correspondent à une description et surtout une prescription dactions à réaliser à un temps « t » donné et à un point précis (critique) : « tourner à droite à léglise, puis continuer tout droit
». Elles correspondent donc à un enchaînement séquentiel dévénement (1 événement correspondant à une action spécifique). En revanche, les cartographies libres sont généralement une représentation allocentrée de lenvironnement. Elles correspondent à une représentation graphique de lenvironnement soit à la connaissance des relations spatiales topographiques entre les différents repères principalement les repères critiques qui permettent une bonne navigation. Les cartographies sont généralement des représentations en survol du dit environnement (vision dun oiseau survolant lenvironnement). Elles correspondent aussi à un enchaînement séquentiel dactions, mais graphique et non verbal. Ainsi, nous pouvons conclure que les patients schizophrènes sont déficitaires dans les représentations allocentrées et égocentrées de leur environnement. Deplus, les patients schizophrènes montrent un déficit dans létablissement de lenchaînement séquentiel dactions ainsi quune incapacité à restituer un trajet. Nous avons mesuré ce déficit grâce à la tâche 4 : reconnaissance de lordre de succession de vues. Dans cette expérience, les sujets devaient dire quel lieu a été rencontré en premier au cours du trajet. Pour ce faire, il fallait quils aient acquis une représentation séquentielle de lenvironnement visité afin de pouvoir établir un ordre chronologique entre les différents lieux. Comme attendu, les patients schizophrènes sont déficitaires. Ainsi les patients schizophrènes sont difficilement capables de rétablir les contextes spatio-temporels des actions les unes par rapport aux autres.
Les patients schizophrènes sont donc déficitaires dans létablissement dun ordre séquentiel dactions ou dévénements, et dans les restitutions verbales et graphiques dun trajet, c'est-à-dire dans la représentation mentale égocentrée et /ou allocentrée dun environnement précis. Les patients schizophrènes sont, en plus dêtre déficitaires sur la connaissance allocentrée de lenvironnement, déficitaires sur la connaissance égocentrée de lenvironnement, mais seulement lorsque celle-ci doit être organisée de manière séquentielle (enchaînement de lordre des repères). Ils ont, en fait, un trouble topographique « constructif » (Grusser et Landis, 1991). Ainsi, les patients schizophrènes auraient seulement accès à un « patchwork » de vues locales isolées sans possibilité de les relier entre elles, afin dobtenir une vue plus globale de lenvironnement (Amorim, 2004).
Les patients cérébro-lésés au niveau de lhippocampe montrent des déficits dans leurs représentations mentales allocentrées (Abrahams et Al., 1997, 1999, Bohbot et Al., 1998). En revanche, ils ne montrent aucun déficit dans leur représentation spatiale égocentrée. Ce résultat nest pourtant pas contradictoire avec les notres. En effet, les tests administrés par Abrahams (1997, 1999) et Bohbot (1998) à leurs patients sont différents des notres. Ces tests demandent aux patients de se souvenir de lobjet présenté et de sa localisation avec changement de point de vue : égocentré et allocentré. Dans notre expérience (navigation en condition écologique), nous ne demandons pas aux sujets de se souvenir du trajet avec un autre point de vue que celui avec lequel ils ont encodé celui-ci. Nous leur demandons juste de nous le restituer selon leur propre point de vue qui peut être allocentré (encodage de type « survol ») ou égocentré (encodage de type « trajet »). Comme le prouve nos résultats, les patients schizophrènes sont déficitaires dans les deux types de restitution du trajet (type « survol » et type « trajet »). Le déficit dans la représentation mentale égocentrée, ne viendrait pas dun simple déficit de représentation mentale égocentrée (cela en raison des résultats dAbrahams et Bohbot), mais dun réel déficit à établir un ordre séquentiel et temporel de ces représentations égocentrées. La construction allocentrée dun environnement (carte cognitive) est dépendante de lhippocampe et de sa bonne fonctionnalité. Ainsi, les déficits dans la construction des cartes cognitives peuvent sexpliquer par les anomalies hippocampiques observées dans le cerveau des patients schizophrènes. Limplication de lhippocampe dans la construction dune carte cognitive de lenvironnement pour sorienter et naviguer est connue depuis de nombreuses années chez de nombreuses espèces : vertébrés, reptiles, poissons (Rodriguez et al., 2002). Son rôle croissant dans la mémoire spatiale nest donc pas nouveau mais est une adaptation de lévolution naturelle des espèces. Cependant, lhippocampe nest pas seulement impliqué dans la construction des cartes cognitives de lenvironnement, mais aussi dans de nombreux processus mnésiques. Il est notamment impliqué dans les mémoires contextuelles et spatio-temporelles comme le montre les déficits observés, chez les patients schizophrènes, dans la tâche 4 et dans les tâches de restitution du trajet.
Daprès notre hypothèse de départ, lhypothèse neurodéveloppementale, les anomalies cérébrales se forment au cours du développement pré et post natal Celles-ci restent silencieuses pendant plusieurs années pour « apparaître » au cours de ladolescence ou chez le jeune adulte. Daprès Piaget et Inhelder (1947), les différents types de représentations mentales sacquièrent chez le jeune enfant par stades. Trois stades au total selon Piaget : souvenir des repères, acquisition dune représentation mentale type « trajet » (égocentrée) et enfin acquisition dune représentation mentale de type « survol » (allocentrée). Lacquisition de ces représentations mentales est due à larrivée à maturation des zones cérébrales concernées. Les adultes ont des habiletés de mémoire allocentrique supérieures à celles des adolescents et à celles des enfants (Pine et Al., 2002) ce qui vérifie la thèse de Piaget (différents stades dans lacquisition des différents types de représentations mentales). Les patients schizophrènes ayant des anomalies cérébrales qui se sont formées au cours du développement, nous pouvons émettre lhypothèse que les zones cérébrales concernées (principalement lhippocampe) dans lacquisition dune représentation mentale de lenvironnement narrivent, chez eux, jamais à maturation. Cependant, malgré leurs déficits dans lacquisition des représentations mentales de leur environnement (problème dencodage et de restitution), les patients schizophrènes ne sont pas susceptibles de sy perdre (comme cest le cas chez les patients Alzheimer). En effet, selon Passini (1984), les personnes ayant une pauvre compréhension des relations spatiales peuvent naviguer dans un environnement sans se tromper de route (le plus important étant le souvenir des repères, Pazzaglia et Al., 2001).
Avoir une bonne représentation mentale de lenvironnement, que celle-ci soit égocentrée ou allocentrée reste un atout majeur et indispensable dans le comportement humain journalier.
LIMITES ET PERSPECTIVES
LIMITES DE LETUDE
Notre étude comporte certaines limites. Certaines mesures nous auraient été utiles pour approfondir linterprétation de nos résultats.
Des tests neuropsychologiques mesurant les fonctions cognitives, exécutives particulièrement lattention et la mémoire à court terme auraient dû être proposé aux participants (ex : Wisconsin, Stroop
). Cela nous aurait permis davoir un contrôle plus objectif sur les capacités attentionnelles et motivationnelles du sujet.
Un contrôle sur la sévérité de la symptomatologie (PANSS) aurait pu être effectué. Il, nous aurait permis détablir déventuelles corrélations entre la sévérité de la maladie et les pauvres performances observées. La PANSS nous aurait aussi permis détablir déventuelles corrélations entre les symptômes positifs ou négatifs de la maladie avec les faibles performances observées. De plus, celle-ci ayant une partie cotation de lattention, cela nous aurait permis davoir un second contrôle (en plus des tests cognitifs) sur les déficits attentionnels des patients schizophrènes testés.
Une autre limite à notre étude est la petite taille de notre population de patients schizophrènes (n = 20) par rapport aux nombres de variables étudiées. Le recrutement na pas toujours été facile (patients non incluables : trop âgés, refus). De plus, le recrutement des patients mineurs, schizophrènes à diagnostic précoce, a été tout particulièrement difficile. Cela, en raison de la faible prévalence dans la population générale de ce type de schizophrénie et dans la difficulté à acquérir laccord parental
Des limites jalonnent donc notre étude. Celles-ci, est pourtant une étude particulièrement intéressante, ne serait-ce que pour son aspect pionnier. Nous sommes, en effet, les premiers à avoir étudié la navigation en condition écologique au sein dune cité réelle chez les patients schizophrènes.
PERSPECTIVES
A la suite de cette étude, de nouvelles perspectives sont envisageables.
Tout dabord il faudrait augmenter léchantillon de sujets, aussi bien chez les patients schizophrènes que chez les sujets contrôles sains. Afin davoir des analyses statistiques plus fiables (variables trop nombreuses). De plus, la passation dune batterie de tests neuropsychologiques serait à envisager.
Un test mesurant la mémoire de travail visuo-spatiale pourrait aussi être utilisé. Nous pourrions utiliser le test de Leiderman et Al., (2004), qui lie mémoire spatiale et reconnaissance dobjet (schéma ci-dessous).
Tâche de mémoire spatiale et de reconnaissance dobjet, selon Leiderman et Al., 2004.
Ce test met en jeu le cortex préfrontal que nous savons touché chez les patients schizophrènes. De plus les patients schizophrènes sont déficitaires dans ce type dépreuves (Leiderman et Al., 2004). Lutilisation de ce test nous permettrait tout dabord davoir un contrôle sur ce type de mémoire spatiale (mémoire de travail visuo-spatiale). Dans un second temps, il nous permettrait détablir des corrélations entre les performances obtenues à ce type de test et celles obtenues dans nos épreuves de navigation. Ainsi nous pourrions mettre en évidence que les patients schizophrènes ayant de très faibles performances dans les tâches de mémoire de travail visuo-spatiale ont des performances plus faibles que les autres dans les tâches de navigation. Nous mettrions ainsi en évidence une forte et positive corrélation entre le cortex préfrontal et lhippocampe, montrant que plus une région est affectée, plus lautre lest aussi.
Différents sous groupes au sein de notre population de patients schizophrènes pourraient être étudiés. Nous pourrions comparer les symptomatologies positives aux symptomatologies négatives. Ainsi, la question sur leffet éventuel du type de symptomatologie (positive et négative) sur les performances des patients serait réglée. De plus, il serait particulièrement intéressant de différencier le groupe de patients schizophrènes à diagnostique précoce (âge < 16 ans) du groupe de patients « forme clinique du sujet jeune ». Cela nous permettrait de confirmer que les déficits observés chez les patients schizophrènes sont dus aux anomalies neurodéveloppementales hippocampiques (crées au cours du développement).
Des études dimagerie (IRM) pourraient être réalisées afin de coupler les anomalies hippocampiques observées dans le cerveau des patients schizophrènes aux déficits de mémoire spatiale lors dune épreuve de navigation observés chez ces mêmes patients. Nous pourrions ainsi coupler de limagerie fonctionnelle, dans un premier temps, à une épreuve de navigation virtuelle et, dans un second temps, à une épreuve de navigation mentale. Après une phase dentraînement (habituation aux appareillages) nous ferions faire à nos participants (patients schizophrènes et sujets contrôles sains), une tâche de navigation dans un environnement virtuel. Cette tâche serait couplée à de limagerie fonctionnelle. Cette première phase nous permettrait de connaître très précisément (selon le réglage de lIRM et lépaisseur des coupes) quelles sont les zones cérébrales activées et quelle est létendue de cette activation. Nous ferions ensuite faire à nos sujets des tâches de navigation mentale. Ces tâches seraient, comme précédemment, couplées à de limagerie fonctionnelle. Les sujets devront se souvenir mentalement du trajet afin de pouvoir le décrire verbalement et / ou graphiquement (plans) à une autre personne. Ainsi ces tâches nous permettraient de connaître précisément les zones cérébrales activées et létendue de leur activation au cours dune navigation mentale demandant une restitution verbale ou graphique. Des tâches de reconnaissance, comme celles que nous avons mises au point dans notre étude, pourraient être aussi mises en place en imagerie fonctionnelle. Nous pourrions ainsi contrôler lactivation des différentes zones cérébrales impliquées dans les tâches de simple reconnaissance (vu / pas vu) et de succession de vues (premier / second). Le fait de coupler ces différents épreuves à de limagerie fonctionnelle nous permettrait de préciser sans ambiguïté, les zones cérébrales impliqués dans de telles tâches chez les patients schizophrènes et permettrait ainsi de répondre à une partie de nos questions.
Différentes échelles pourrait être ajoutées, afin daugmenter limpact de nos résultats. Je préconise en premier lieu de faire passer aux participants deux échelles mesurant lanxiété : les Spielberger Trait et Etat (STAI Y-A, Y-B) afin de déterminer limpact du stress non pathologique sur leurs performances. En effet, le stress a pour conséquence la diminution de la mémoire spatiale. Dans ce cas, la STAI Traits serait passée en même temps que le MINI, la STAI Etat serait passée avant lépreuve de navigation, avant les épreuves post navigationelles (après la navigation) et à la fin de lexpérience (après les tests mesurant les habiletés visuo-spatiales). Ces passations nous permettraient davoir un contrôle sur lanxiété, Trait et Etat, du sujet et de pouvoir établir une corrélation entre cette anxiété et les performances obtenues.Une échelle spatiale (Pazzaglia et Al., 2000, 2001 ; questionnaires version 2000 en annexe) serait particulièrement intéressante à faire passer aux sujets. Cette échelle spatiale permet de connaître quel type de représentation mentale est utilisé par les sujets. Les sujets ont-ils une représentation de lenvironnement en survol, de type trajet ou centré sur les points de repères. Cette passation nous permettrait de diviser nos participants, sujets contrôles sains et patients schizophrènes, en 3 sous groupes : survol, trajet, repères. Ainsi nous pourrions établir déventuelles corrélations entre le type de représentation mentale utilisé et les performances obtenues. De plus, nous connaîtrions ainsi la manière dont les patients schizophrènes se représentent leur environnement. Le type de représentation (survol, trajet, repères) utilisé par les patients est il significativement différent de celui des sujets contrôles sains ? Peut-il expliquer les faibles performances de ces patients ?
Les expériences présentées dans notre étude devraient être réalisées sur dautres populations psychiatriques afin de déduire si les basses performances observées chez les patients schizophrènes sont spécifiques de la pathologie. Pour cela, je préconise tout dabord une population de dépressifs. Les dépressifs présentent en effet des déficits cognitifs, attentionnels et mnésiques analogues à ceux retrouvés dans la schizophrénie. De plus, au niveau cérébral, des anomalies hippocampiques sont retrouvées comme dans le cerveau des patients schizophrènes à la différence que celles-ci sont transitoires et réversibles. Une population de schizotypiques (troubles de la personnalité, selon les critères diagnostiques du DSM IV) pourrait aussi être testée. Nous avons vu que des différences significatives existaient entre les performances des sujets contrôles sains et celles des patients schizophrènes. Il serait maintenant intéressant dexaminer une population se située à mi-parcours entre le normal et le pathologique (les schizotypiques ayant des symptômes équivalents aux patients schizophrènes, mais beaucoup moins marqués).
CONCLUSION
Au cours de ces travaux, nous avons évalué la mémoire visuo-spatiale des patients schizophrènes comparés à une population de sujets contrôles sains lors dune tâche de navigation en condition écologique et dépreuves post-navigationelles. Les participants devaient parcourir un trajet au sein du parc de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Ce trajet (10 min à marche normale) avait pour particularité de faire une boucle (point de départ identique au pont darrivée mais du côté opposé du bâtiment) et comprenait un changement de niveau (prise des escaliers). A la suite de ce trajet (au cours duquel les sujets avaient pour seule consigne dêtre attentif), nous posions diverses questions aux sujets. Ceux-ci devaient décrire verbalement et réaliser un plan libre de litinéraire (rappel libre), retracer le trajet sur un plan de lhôpital (rappel indicé) et répondre à différents items (tâches de reconnaissances avec et sans effet dordre). Après analyse des résultats, nous avons pu conclure que les patients schizophrènes étaient déficitaires sur de nombreux points comparativement aux sujets contrôles sains. Leurs descriptions verbales sont plutôt descriptives que prescriptives et leurs plans sont pauvres en informations. Ainsi ni leurs plans ni leurs descriptions ne sont de bonnes aides à la navigation. Ils sont aussi déficitaires dans les tâches de chronologie temporelle (tâche de reconnaissance avec effet dordre). En effet, se souvenir de lordre de succession de vues, donc par analogie de lenchaînement de faits et dévènements vécus, est particulièrement difficile pour ce type de patients. En revanche, ils ne sont pas déficitaires dans la perception et la reconnaissance de scènes spatiales présentées sous forme visuelle (tâches de reconnaissance sans effet dordre). Ils peuvent donc se souvenir de faits ou dévènements indépendants mais ont des difficultés à les relier entre eux afin de former un continuum mnésique. Plus que leur mémoire épisodique il semble que ce soit leur mémoire spatio-temporelle qui soit touchée et plus précisément la possibilité détablir des liens contextuels. Ces déficits pourraient correspondre aux conséquences fonctionnelles des anomalies cérébrales retrouvées chez ces patients. Parmi les zones candidates issues des études post mortem et en imagerie figurent notamment lhippocampe, le parahippocampe, le cortex enthorhinal et le cortex pariétal. Ces zones sont fortement impliquées dans les phénomènes de liaison spatio-temporelle et contextuelle. Ainsi, nous supposons que ce sont les anomalies hippocampiques, survenant au cours du développement (anomalies neurodéveloppementales) du ftus et du jeune enfant, qui pourraient provoquer de tels déficits.
Cette étude, malgré son caractère innovant, comporte bien sur certaines limites (développées dans le chapitre précédent), mais ouvre de nombreuses perspectives pour lavenir, aussi bien pour la recherche clinique fondamentale et expérimentale que pour la future qualité de vie des patients schizophrènes (réhabilitation des mécanismes contextuels de la mémoire épisodique).
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ANNEXES
ECHELLES et QUESTIONNAIRES
MINI
BPRS
Spatialité (Pazzaglia et Al., 2000)
TESTS DHABILETE VISUO-SPATIALE
MRT
MPFB
DIVERS
Rappel des sigles utilisés pour les expériences de description verbale et de cartographie libre
M.I.N.I.
Mini International Neuropsychiatric Interview
French Version 5.0.0
DSM-IV
Y. Lecrubier, E. Weiller, T. Hergueta, P. Amorim, L.I. Bonora, J.P. Lépine
Hôpital de la Salpétrière - Paris - FRANCE.
D. Sheehan, J. Janavs, R. Baker, K.H. Sheehan, E. Knapp, M. Sheehan
University of South Florida - Tampa - USA.
© 1992, 1994, 1998 Sheehan DV & Lecrubier Y.
Tous droits réservés. Ce document ne doit être reproduit, tout ou partie, ou transmis, quelle que soit la forme, y compris les photocopies, ni stocké sur système informatique sans une autorisation écrite préalable des auteurs. Les chercheurs et les cliniciens travaillant dans des institutions publiques (comme les universités, les hôpitaux, les organismes gouvernementaux) peuvent faire de simples copies du M.I.N.I. afin de lutiliser dans le cadre strict de leurs activités cliniques et de recherches
Nom du Patient : ____________________Protocole Numéro : _____________________Date de Naissance: ____________________Heure de Début : _____________________Entretien Réalisé Par : ____________________Heure de Fin : _____________________Date de lEntretien : ____________________Durée Totale : _____________________
M.I.N.I. 5.0.0 / French version / DSM-IV / current
MODULESPERIODES EXPLOREESA. EPISODE DEPRESSIF MAJEURActuelle (2 dernières semaines) + Vie entièreA. EDM avec caractéristiques mélancoliquesActuelle (2 dernières semaines)OptionnelB. DYSTHYMIEActuelle (2 dernières années)C. RISQUE SUICIDAIREActuelle (mois écoulé)D. EPISODE (HYPO-)MANIAQUEActuelle + Vie entièreE. TROUBLE PANIQUEActuelle (mois écoulé) + Vie entièreF. AGORAPHOBIEActuelleG. PHOBIE SOCIALEActuelle (mois écoulé)H. TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIFActuelle (mois écoulé)I. ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUEActuelle (mois écoulé)OptionnelJ. ALCOOL (DEPENDANCE /ABUS)Actuelle (12 derniers mois)K. DROGUES (DEPENDANCE /ABUS)Actuelle (12 derniers mois)L. TROUBLES PSYCHOTIQUESActuelle + Vie entièreM. ANOREXIE MENTALEActuelle (3 derniers mois)N. BOULIMIEActuelle (3 derniers mois)O. ANXIETE GENERALISEEActuelle (6 derniers mois)P. TROUBLE DE LA PERSONNALITE ANTISOCIALEVie entièreOptionnelINSTRUCTIONS GENERALES
Le M.I.N.I. (DSM-IV) est un entretien diagnostique structuré, dune durée de passation brève (moyenne 18,7 min. ( 11,6 min.; médiane 15 minutes), explorant de façon standardisée, les principaux Troubles psychiatriques de lAxe I du DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994). Le M.I.N.I. peut être utilisé par des cliniciens, après une courte formation. Les enquêteurs non-cliniciens, doivent recevoir une formation plus intensive.
Entretien :
Afin de réduire le plus possible la durée de lentretien, préparez le patient à ce cadre clinique inhabituel en lui indiquant que vous allez lui poser des questions précises sur ses problèmes psychologiques et que vous attendez de lui / delle des réponses en oui ou non.
Présentation :
Le M.I.N.I. est divisé en modules identifiées par des lettres, chacune correspondant à une catégorie diagnostique.
Au début de chacun des modules (à l'exception du module « Syndromes psychotiques »), une ou plusieurs question(s) / filtre(s) correspondant aux critères principaux du trouble sont présentées dans un cadre grisé.
A la fin de chaque module, une ou plusieurs boîtes diagnostiques permet(tent) au clinicien dindiquer si les critères diagnostiques sont atteints.
Conventions :
Les phrases écrites en « lettres minuscules » doivent être lues "mot-à-mot" au patient de façon à standardiser l'exploration de chacun des critères diagnostiques.
Les phrases écrites en « majuscules » ne doivent pas être lues au patient. Ce sont des instructions auxquelles le clinicien doit se référer de façon à intégrer tout au long de l'entretien les algorithmes diagnostiques.
Les phrases écrites en « gras » indiquent la période de temps à explorer. Le clinicien est invité à les lire autant de fois que nécessaire au cours de l'exploration symptomatique et à ne prendre en compte que les symptômes ayant été présentés au cours de cette période.
Les phrases entre (parenthèses ) sont des exemples cliniques décrivant le symptôme évalué. Elles peuvent être lues de manière à clarifier la question.
Lorsque des termes sont séparés par un slash (/), le clinicien est invité à ne reprendre que celui correspondant au symptôme présenté par le patient et qui a été exploré précédemment (par ex. question A3).
Les réponses surmontées d'une flèche ( ( ) indiquent que l'un des critères nécessaires à l'établissement du diagnostic exploré n'est pas atteint. Dans ce cas, le clinicien doit aller directement à la fin du module, entourer « NON » dans la ou les boîtes diagnostiques correspondantes et passer au module suivant.
Instructions de cotation :
Toutes les questions posées doivent être cotées. La cotation se fait à droite de chacune des questions en entourant, soit OUI, soit NON en fonction de la réponse du patient.
Le clinicien doit s'être assuré que chacun des termes formulés dans la question ont bien été pris en compte par le sujet dans sa réponse (en particulier, les critères de durée, de fréquence, et les alternatives "et / ou").
Les symptômes imputables à une maladie physique, ou à la prise de médicaments, de drogue ou dalcool ne doivent pas être côtés OUI. Le M.I.N.I. Plus qui est une version plus détaillée du M.I.N.I. explore ces différents aspects.
Si vous avez des questions ou des suggestions, si vous désirez être formé à lutilisation du M.I.N.I. ou si vous voulez être informés des mises à jour, vous pouvez contacter :
Yves LECRUBIER / Thierry HERGUETA
Inserm U302
Hôpital de la Salpétrière
47, boulevard de lHôpital
F. 75651 PARIS
FRANCE
tel : +33 (0) 1 42 16 16 59
fax : +33 (0) 1 45 85 28 00
e-mail : hergueta@ext.jussieu.frDavid SHEEHAN
University of South Florida
Institute for Research in Psychiatry
3515 East Fletcher Avenue
Tampa, FL USA 33613-4788
ph : +1 813 974 4544
fax : +1 813 974 4575
e-mail : dsheehan@com1.med.usf.edu
A. EPISODE DEPRESSIF MAJEUR
A1
Au cours des deux dernières semaines, vous êtes-vous senti(e) particulièrement triste, cafardeux(se), déprimé(e), la plupart du temps au cours de la journée, et ce, presque tous les jours ?
NON
OUI
1
A2
Au cours des deux dernières semaines, aviez-vous presque tout le temps le sentiment de navoir plus goût à rien, davoir perdu lintérêt ou le plaisir pour les choses qui vous plaisent habituellement ?
NON
OUI
2
A1 OU A2 SONT-ELLES COTEES OUI ?
(
NON
OUIA3Au cours de ces deux dernières semaines, lorsque vous vous sentiez déprimé(e) et/ou sans intérêt pour la plupart des choses : aVotre appétit a-t-il notablement changé, ou avez-vous pris ou perdu du poids sans en avoir lintention ? (variation au cours du mois de ± 5 %, c. à d. ± 3,5 kg / ± 8 lbs., pour une personne de 65 kg / 120 lbs.)
Coter OUI, si OUI à lun ou lautre
NON
OUI
3
b
Aviez-vous des problèmes de sommeil presque toutes les nuits (endormissement, réveils nocturnes ou précoces, dormir trop)?
NON
OUI
4
c
Parliez-vous ou vous déplaciez-vous plus lentement que dhabitude, ou au contraire vous sentiez-vous agité(e), et aviez-vous du mal à rester en place, presque tous les jours ?
NON
OUI
5
d
Vous sentiez-vous presque tout le temps fatigué(e), sans énergie, et ce presque tous les jours ?
NON
OUI
6
e
Vous sentiez-vous sans valeur ou coupable, et ce presque tous les jours ?
NON
OUI
7
f
Aviez-vous du mal à vous concentrer ou à prendre des décisions, et ce presque tous les jours ?
NON
OUI
8
g
Avez-vous eu à plusieurs reprises des idées noires comme penser quil vaudrait mieux que vous soyez mort(e), ou avez-vous pensé à vous faire du mal ?
NON
OUI
9A4Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN A3 ?
(ou 4 si A1 OU A2 EST COTEE NON)
Si le patient présente un Episode Dépressif Majeur Actuel :
NON OUI
EPISODE DEPRESSIF MAJEUR ACTUEL
A5 a
bAu cours de votre vie, avez-vous eu dautres périodes de deux semaines ou plus durant lesquelles vous vous sentiez déprimé(e) ou sans intérêt pour la plupart des choses et où vous aviez les problèmes dont nous venons de parler ?
Cette fois ci, avant de vous sentir déprimé(e) et/ou sans intérêt pour la plupart des choses, vous sentiez-vous bien depuis au moins deux mois ?
(
NON
NON
OUI
OUI
10
11
A5b EST-ELLE COTEE OUI ? NON OUI
EPISODE DEPRESSIF MAJEUR PASSE
A. Episode Dépressif Majeur avec caractéristiques mélancoliques (option)
Si le patient présente un Episode Dépressif Majeur Actuel (A4 = OUI), explorer ci-dessous :
A6 a
A2 EST-ELLE COTEE OUI ?
NON
OUI
12
b
Au cours de cette dernière période, lorsque vous vous sentiez le plus mal, aviez-vous perdu la capacité à réagir aux choses qui vous plaisaient ou qui vous rendaient joyeux(se) auparavant ?
Si NON : Lorsque quelque chose dagréable survenait, étiez vous incapable de vous en réjouir, même temporairement ?
NON
OUI
13
A6a ou A6b SONT-ELLES COTEES OUI
(
NON
OUIAu cours des deux dernières semaines, lorsque vous vous sentiez déprimé(e) et sans intérêt pour la plupart des choses :
A7 aLes sentiments dépressifs que vous ressentiez étaient-ils différents de ceux que lon peut ressentir lorsque lon perd un être cher ?
NON
OUI
14
bVous sentiez-vous, en général, plus mal le matin que plus tard dans la journée ?
NON
OUI
15 cVous réveilliez-vous au moins deux heures trop tôt, en ayant des difficultés à vous rendormir, presque tous les jours?
NON
OUI
16 dA3c EST ELLE COTEE OUI ?NONOUI
17 eA3a EST-ELLE COTEE OUI (Anorexie ou Perte de poids) ?NONOUI
18 fVous sentiez-vous excessivement coupable ou ressentiez-vous une culpabilité qui était hors de proportion avec ce que vous viviez ?
NON
OUI
19
Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN A7 ?
NON OUI
EPISODE DEPRESSIF MAJEUR
avec Caractéristiques Mélancoliques
ACTUEL
B. DYSTHYMIE
Ne pas explorer ce module si le patient présente un Episode Dépressif Majeur Actuel
B1
Au cours des deux dernières années, vous êtes-vous senti(e) triste, cafardeux(se), déprimé(e), la plupart du temps ?
(
NON
OUI
20
B2
Durant cette période, vous est-il arrivé de vous sentir bien pendant plus de deux mois ?
NON
(
OUI
21
B3
Depuis que vous vous sentez déprimé(e) la plupart du temps :
a
Votre appétit a-t-il notablement changé ?
NON
OUI
22
b
Avez-vous des problèmes de sommeil ou dormez-vous trop ?
NON
OUI
23
c
Vous sentez-vous fatigué(e) ou manquez-vous dénergie ?
NON
OUI
24
d
Avez-vous perdu confiance en vous-même ?
NON
OUI
25
e
Avez-vous du mal à vous concentrer, ou des difficultés à prendre des décisions ?
NON
OUI
26
f
Vous arrive-t-il de perdre espoir ?
NON
OUI
27
Y A-T-IL AU MOINS 2 OUI EN B3 ?
(
NON
OUI
B4
Ces problèmes entraînent-ils chez vous une souffrance importante ou bien vous gênent-ils de manière significative dans votre travail, dans vos relations avec les autres ou dans dautres domaines importants pour vous?
(
NON
OUI
28
B4 EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
DYSTHYMIE
ACTUEL
C. RISQUE SUICIDAIRE
Au cours du mois écoulé, avez-vous :
C1
Pensé quil vaudrait mieux que vous soyez mort(e), ou souhaité être mort(e) ?
NON
OUI
1
C2
Voulu vous faire du mal ?
NON
OUI
2
C3
Pensé à vous suicider ?
NON
OUI
3
C4
Etabli la façon dont vous pourriez vous suicider ?
NON
OUI
4
C5
Fait une tentative de suicide ?
NON
OUI
5
C6
Au cours de votre vie,
Avez-vous déjà fait une tentative de suicide ?
NON
OUI
6
Y A-T-IL AU MOINS UN OUI CI-DESSUS
Si OUI, spécifier le niveau du risque suicidaire comme si dessous :
C1 ou C2 ou C6 = OUI : LEGER
C3 ou (C2 + C6) = OUI : MOYEN
C4 ou C5 ou (C3 + C6) = OUI : ELEVE
NON OUI
RISQUE SUICIDAIRE
ACTUEL
Léger (
Moyen (
Elevé (
D. EPISODE (HYPO-)MANIAQUE
D1 a
Avez-vous déjà eu une période où vous vous sentiez tellement exalté(e) ou plein(e) dénergie que cela vous a posé des problèmes, ou que des personnes de votre entourage ont pensé que vous nétiez pas dans votre état habituel ?
Ne pas prendre en compte les périodes survenant uniquement sous leffet de drogues ou dalcool.
Si le patient ne comprend pas le sens dexalté ou plein dénergie, expliquer comme suit : Par exalté ou plein dénergie, je veux dire être excessivement actif, excité, extrêmement motivé ou créatif ou extrêmement impulsif.
Si OUI
NON
OUI
1 bVous sentez-vous, en ce moment, exalté(e) ou plein(e) dénergie ?NONOUI2
D2 a
Avez-vous déjà eu une période où vous étiez tellement irritable que vous en arriviez à insulter les gens, à hurler, voire même à vous battre avec des personnes extérieures à votre famille ?
Ne pas prendre en compte les périodes survenant uniquement sous leffet de drogues ou dalcool.
Si OUI
NON
OUI
3 bVous sentez-vous excessivement irritable, en ce moment ?NONOUI4
D1a OU D2a SONT-ELLES COTEES OUI ?
(
NON
OUI
D3
Si D1b ou D2b = OUI : explorer seulement lépisode actuel
Si D1b et D2b = NON : explorer lépisode le plus grave
Lorsque vous vous sentiez exalté(e), plein dénergie / irritable :
a
Aviez-vous le sentiment que vous auriez pu faire des choses dont les autres seraient incapables, ou que vous étiez quelquun de particulièrement important ?
NON
OUI
5
b
Aviez-vous moins besoin de sommeil que dhabitude (vous sentiez-vous reposé(e) après seulement quelques heures de sommeil ?)
NON
OUI
6
c
Parliez-vous sans arrêt ou si vite que les gens avaient du mal à vous comprendre ?
NON
OUI
7
d
Vos pensées défilaient-elles si vite dans votre tête que vous ne pouviez pas bien les suivre ?
NON
OUI
8
e
Etiez-vous si facilement distrait(e) que la moindre interruption vous faisait perdre le fil de ce que vous faisiez ou pensiez ?
NON
OUI
9
f
Etiez-vous tellement actif(ve), ou aviez-vous une telle activité physique, que les autres sinquiétaient pour vous ?
NON
OUI
10
g
Aviez-vous tellement envie de faire des choses qui vous paraissaient agréables ou tentantes que vous aviez tendance à en oublier les risques ou les difficultés quelles auraient pu entraîner (faire des achats inconsidérés, conduire imprudemment, avoir une activité sexuelle inhabituelle) ?
NON
OUI
11
Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN D3
ou 4 si D1a = NON (épisode passe) ou D1b = NON (épisode actuel) ?
(
NON
OUI
D4
Les problèmes dont nous venons de parler ont-ils déjà persisté pendant au moins une semaine et ont-ils entraîné des difficultés à la maison, au travail/à lécole ou dans vos relations avec les autres
ou avez-vous été hospitalisé(e) à cause de ces problèmes ?
Coter OUI, si OUI à lun ou lautre
NON
OUI
12
D4 EST-ELLE COTEE NON ?
Si OUI, Spécifier si lépisode explore est Actuel ou Passé
NON OUI
EPISODE HYPOMANIAQUE
ACTUEL PASSE
D4 EST-ELLE COTEE OUI ?
Si OUI, Spécifier si lépisode explore est Actuel ou Passé
NON OUI
EPISODE MANIAQUE
ACTUEL PASSE
E. TROUBLE PANIQUE
E1
Avez-vous déjà eu à plusieurs reprises des crises ou des attaques durant lesquelles vous vous êtes senti(e) subitement très anxieux(se), très mal à laise ou effrayé(e) même dans des situations où la plupart des gens ne le seraient pas ? Ces crises atteignaient-elles leur paroxysme en moins de 10 minutes ?
Ne coter OUI que si les attaques atteignent leur paroxysme en moins de 10 minutes
NON
OUI
1
E2Si E1 = NON, entourer NON en E5, et passer directement à F1
Certaines de ces crises, même il y a longtemps, ont-elles été imprévisibles, ou sont-elles survenues sans que rien ne les provoque ?
NON
OUI
2
E3
Si E2 = NON, entourer NON en E5, et passer directement à F1
A la suite de lune ou plusieurs de ces crises, avez-vous déjà eu une période dau moins un mois durant laquelle vous redoutiez davoir dautres crises ou étiez préoccupé(e) par leurs conséquences possibles ?
NON
OUI
3
E4
Si E3 = NON, entourer NON en E5, et passer directement à F1
Au cours de la crise où vous vous êtes senti(e) le plus mal : aAviez vous des palpitations ou votre cur battait-il très fort ?NONOUI4 bTranspiriez-vous ou aviez-vous les mains moites ?NONOUI5 cAviez-vous des tremblements ou des secousses musculaires ?NONOUI6 dAviez-vous du mal à respirer ou limpression détouffer ?NONOUI7 eAviez-vous limpression de suffoquer ou davoir une boule dans la gorge ?NONOUI8 fRessentiez-vous une douleur ou une gêne au niveau du thorax?NONOUI9 gAviez-vous la nausée, une gêne au niveau de lestomac ou une diarrhée soudaine ?
NON
OUI
10 hVous sentiez-vous étourdi(e), pris(e) de vertiges, ou sur le point de vous évanouir ?
NON
OUI
11 iAviez-vous limpression que les choses qui vous entouraient étaient étranges ou irréelles ou vous sentiez-vous comme détaché(e) de tout ou dune partie de votre corps ?
NON
OUI
12 jAviez-vous peur de perdre le contrôle ou de devenir fou (folle)?NONOUI13 kAviez-vous peur de mourir ?NONOUI14 lAviez-vous des engourdissements ou des picotements ?NONOUI15 mAviez-vous des bouffées de chaleur ou des frissons ?NONOUI16
E5
Y A-T-IL AU MOINS 4 OUI EN E4 ?
NON
OUISi E5 = NON, passer à E7Trouble Panique
Vie entièreE6Au cours du mois écoulé, avez-vous eu de telles crises à plusieurs reprises (au moins 2 fois) en ayant constamment peur den avoir une autre ?
NON
OUI
17Si E6 = OUI, passer à F1Trouble Panique
Actuel
E7
Y A-T-IL 1, 2 ou 3 OUI EN E4 ?
NON
OUI
18Attaques
Paucisymptomatiques vie entièreF. AGORAPHOBIE
F1
Etes-vous anxieux(se) ou particulièrement mal à l'aise dans des endroits ou dans des situations dont il est difficile ou gênant de s'échapper ou bien où il serait difficile d'avoir une aide si vous paniquiez, comme être dans une foule, dans une file dattente (une queue), être loin de votre domicile ou seul à la maison, être sur un pont, dans les transports en commun ou en voiture ?
NON
OUI
19
Si F1 = NON, entourer non en F2
F2
Redoutez-vous tellement ces situations quen pratique vous les évitez ou bien êtes-vous extrêmement mal à laise lorsque vous les affrontez seul(e) ou bien encore essayez-vous dêtre accompagné(e) lorsque vous devez les affronter ?
NON
OUI
20Agoraphobie
Actuel
F2 (Agoraphobie actuel) EST-ELLE COTEE NON
et
E6 (Trouble panique actuel) EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
TROUBLE PANIQUE
sans Agoraphobie
ACTUEL
F2 (Agoraphobie actuel) EST-ELLE COTEE OUI
et
E6 (Trouble panique actuel) EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
TROUBLE PANIQUE
avec Agoraphobie
ACTUEL
F2 (Agoraphobie actuel) EST-ELLE COTEE OUI
et
E5 (Trouble panique Vie entière) EST-ELLE COTEE NON ?
NON OUI
AGORAPHOBIE
sans antécédents de
Trouble Panique
ACTUEL
G. PHOBIE SOCIALE
G1
Au cours du mois écoulé, avez-vous redouté ou avez-vous été gêné dêtre le centre de lattention ou avez-vous eu peur dêtre humilié(e) dans certaines situations sociales comme par exemple lorsque vous deviez prendre la parole devant un groupe de gens, manger avec des gens ou manger en public, ou bien encore écrire lorsque lon vous regardait ?
(
NON
OUI
1
G2
Pensez-vous que cette peur est excessive ou déraisonnable ?
(
NON
OUI
2
G3
Redoutez-vous tellement ces situations quen pratique vous les évitez ou êtes-vous extrêmement mal à laise lorsque vous devez les affronter ?
(
NON
OUI
3
G4
Cette peur entraîne-t-elle chez vous une souffrance importante ou vous gêne-t-elle vraiment dans votre travail ou dans vos relations avec les autres ?
NON
OUI
4
G4 EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
PHOBIE SOCIALE
ACTUEL
H. TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF
H1
Au cours du mois écoulé, avez-vous souvent eu des pensées ou des pulsions déplaisantes, inappropriées ou angoissantes qui revenaient sans cesse alors que vous ne le souhaitiez pas, comme par exemple penser que vous étiez sale ou que vous aviez des microbes, ou que vous alliez frapper quelquun malgré vous, ou agir impulsivement ou bien encore étiez-vous envahi(e) par des obsessions à caractère sexuel, des doutes irrépressibles ou un besoin de mettre les choses dans un certain ordre ?
NON
OUI
1
Ne pas prendre en compte des préoccupations excessives concernant les problèmes de la vie quotidienne ni les obsessions liées à un Trouble du comportement alimentaire, a des déviations sexuelles, au Jeu pathologique, ou à un Abus de drogue ou dalcool parce que le patient peut en tirer un certain plaisir et vouloir y résister seulement à cause de leurs conséquences négatives
H2
Si H1 = NON, passer à H4
Avez-vous essayé, mais sans succès, de résister à certaines de ces idées, de les ignorer ou de vous en débarrasser ?
Si H2 = NON, passer à H4
NON
OUI
2
H3
Pensez-vous que ces idées qui reviennent sans cesse sont le produit de vos propres pensées et quelles ne vous sont pas imposées de lextérieur ?
NON
OUI
3
H4
Au cours du mois écoulé, avez-vous souvent éprouvé le besoin de faire certaines choses sans cesse, sans pouvoir vous en empêcher, comme vous laver les mains, compter, vérifier des choses, ranger, collectionner, ou accomplir des rituels religieux ?
NON
OUI
4
H3 OU H4 SONT-ELLES COTEES OUI ?
(
NON
OUI
H5
Pensez-vous que ces idées envahissantes et/ou ces comportements répétitifs sont déraisonnables, absurdes, ou hors de proportion ?
(
NON
OUI
5
H6
Ces pensées ou ces pulsions envahissantes et/ou ces comportements répétitifs vous gênent-ils(elles) vraiment dans vos activités quotidiennes, votre travail, ou dans vos relations avec les autres, ou vous prennent-ils (elles) plus dune heure par jour ?
NON
OUI
6
H6 EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
TROUBLE OBSESSIONNEL-COMPULSIF
ACTUEL
I. ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE (option)
I1
Avez-vous déjà vécu, ou été le témoin ou eu à faire face à un événement extrêmement traumatique, au cours duquel des personnes sont mortes ou vous-même et/ou dautres personnes ont été menacées de mort ou ont été grièvement blessées ou ont été atteintes dans leur intégrité physique ?
Ex de contextes traumatiques : accident grave, agression, viol, attentat, prise dotages, kidnapping, incendie, découverte de cadavre, mort subite dans lentourage, guerre, catastrophe naturelle...
(
NON
OUI
1
I2
Au cours du mois écoulé, avez-vous souvent pensé de façon pénible à cet événement, en avez-vous rêvé, ou avez-vous eu fréquemment limpression de le revivre ?
(
NON
OUI
2
I3
Au cours du mois écoulé :
aAvez-vous essayé de ne plus penser à cet événement ou avez-vous évité tout ce qui pouvait vous le rappeler ?
NON
OUI
3 bAviez-vous du mal à vous souvenir exactement de ce quil sest passé ?NONOUI4 cAviez-vous perdu lintérêt pour les choses qui vous plaisaient auparavant ?NONOUI5 dVous sentiez-vous détaché(e) de tout ou aviez-vous limpression dêtre devenu(e) un (une) étranger(ère) vis à vis des autres ?
NON
OUI
6 eAviez-vous des difficultés à ressentir les choses, comme si vous nétiez plus capable daimer ?
NON
OUI
7 fAviez-vous limpression que votre vie ne serait plus jamais la même, que vous nenvisageriez plus lavenir de la même manière ?
NON
OUI
8
Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN I3 ?(
NON
OUI
I4
Au cours du mois écoulé : aAviez-vous des difficultés à dormir ?NONOUI9 bEtiez-vous particulièrement irritable, vous mettiez-vous facilement en colère ?
NON
OUI
10 cAviez-vous des difficultés à vous concentrer ?NONOUI11 dEtiez-vous nerveux(se), constamment sur vos gardes ?NONOUI12 eUn rien vous faisait-il sursauter ?NONOUI13
Y A-T-IL AU MOINS 2 OUI EN I4 ?
(
NON
OUI
I5Au cours du mois écoulé, ces problèmes vous ont-ils vraiment gêné dans votre travail, vos activités quotidiennes ou dans vos relations avec les autres ?
NON
OUI
14
I5 EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
ETAT DE STRESS POSTTRAUMATIQUE ACTUEL
J. DEPENDANCE ALCOOLIQUE / ABUS DALCOOL
J1
Au cours des 12 derniers mois, vous est-il arrivé à plus de trois reprises de boire, en moins de trois heures, plus que léquivalent dune bouteille de vin (ou de 3 verres dalcool fort) ?
(
NON
OUI
1
J2
a
Au cours des 12 derniers mois :
Aviez-vous besoin de plus grandes quantités dalcool pour obtenir le même effet quauparavant ?
NON
OUI
2
b
Lorsque vous buviez moins, vos mains tremblaient-elles, transpiriez-vous ou vous sentiez-vous agité(e) ?
Ou, vous arrivait-il de prendre un verre pour éviter davoir ces problèmes ou pour éviter davoir la « gueule de bois » ?
Coter OUI, si OUI à lun ou lautre
NON
OUI
3
c
Lorsque vous buviez, vous arrivait-il souvent de boire plus que vous nen aviez lintention au départ ?
NON
OUI
4
d
Avez-vous essayé, sans pouvoir y arriver, de réduire votre consommation ou de ne plus boire ?
NON
OUI
5
e
Les jours où vous buviez, passiez-vous beaucoup de temps à vous procurer de lalcool, à boire ou à vous remettre des effets de lalcool ?
NON
OUI
6
f
Avez-vous réduit vos activités (loisirs, travail, quotidiennes) ou avez-vous passé moins de temps avec les autres parce que vous buviez ?
NON
OUI
7
g
Avez-vous continué à boire tout en sachant que cela entraînait chez vous des problèmes de santé ou des problèmes psychologiques ?
NON
OUI
8
Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN J2 ?
NON OUI
DEPENDANCE ALCOOLIQUE
ACTUEL
LE PATIENT PRESENTE-T-IL UNE DEPENDANCE ALCOOLIQUE ?
NON
(
OUIJ3Au cours des 12 derniers mois :
aAvez-vous été à plusieurs reprises ivre ou avec la « gueule de bois » alors que vous aviez des choses à faire au travail (/à lécole) ou à la maison ? Cela a-t-il posé des problèmes ?
ne coter OUI que si cela a cause des problèmes
NON
OUI
9
b
Vous est-il arrivé dêtre sous leffet de lalcool dans une situation où cela était physiquement risqué comme conduire, utiliser une machine ou un instrument dangereux, faire du bateau, etc. ?
NON
OUI
10
c
Avez-vous eu des problèmes légaux parce que vous aviez bu comme une interpellation ou une condamnation ?
NON
OUI
11
d
Avez-vous continué à boire tout en sachant que cela entraînait des problèmes avec votre famille ou votre entourage ?
NON
OUI
12
Y A-T-IL AU MOINS 1 OUI EN J3 ?
NON OUI
ABUS DALCOOL
ACTUEL
CARTE DES SUBSTANCES
AMPHETAMINEESSENCEMORPHINECANNABISETHERNEIGECAPTAGONFEUILLE DE COCAOPIUMCATOVITHASCHICHPALFIUMCOCAÏNEHEROÏNERITALINECODEINEL.S.D.SHITCOLLEMARIJUANATEMGESICCRACKMESCALINETOLUENEECSTASYMETHADONETRICHLORETHYLENE
M.I.N.I.
K. TROUBLES LIES A UNE SUBSTANCE (NON ALCOOLIQUE)
K1
Maintenant je vais vous montrer / vous lire (montrer la carte des substances / lire la liste ci-dessous), une liste de drogues et de médicaments et vous allez me dire si au cours des 12 derniers mois, il vous est arrivé à plusieurs reprises de prendre lun de ces produits dans le but de planer, de changer votre humeur ou de vous « défoncer » ?
(
NON
OUI
Entourer chaque produit consommé :
Stimulants : amphétamines, « speed », Ritaline, pilules coupe-faim.
Cocaïne : cocaïne, « coke », crack, « speedball ».
Opiacés : héroïne, morphine, opium, méthadone, codéine, mépéridine, fentanyl.
Hallucinogènes : L.S.D., « acide », mescaline, PCP, « angel dust », « champignons », ecstasy.
Solvants volatiles : « colle », éther.
Cannabinoïdes : haschisch, « hasch », THC, cannabis, « herbe », « shit ».
Sédatifs : Valium, Xanax, Témesta, Halcion, Lexomil, secobarbital, « barbis ».
Divers : Anabolisants, Stéroïdes, « poppers ». Prenez-vous dautres substances ?
Spécifier la (ou les) substance(s) les plus consommée(s) : ________________________
_____________________________________________________________________________
Spécifier ce qui sera explore ci dessous :
Si consommation de plusieurs substances (en même temps ou séquentiellement) :
Chaque substance ou classe de substances séparément
Uniquement la substance (ou classe de substances) la plus consommée
Si seulement une substance (ou classe de substances) consommée :
Uniquement une substance (ou classe de substances)
K2En considérant votre consommation de [nommer la substance ou la classe de substances sélectionnée], au cours des 12 derniers mois :
a
Avez-vous constaté que vous deviez en prendre de plus grandes quantités pour obtenir le même effet quauparavant ?
NON
OUI
1
b
Lorsque vous en preniez moins, ou arrêtiez den prendre, aviez-vous des symptômes de sevrage (douleurs, tremblements, fièvre, faiblesse, diarrhée, nausée, transpiration, accélération du cur, difficultés à dormir, ou se sentir agité(e), anxieux(se), irritable ou déprimé(e)) ?
Ou vous arrivait-il de prendre autre chose pour éviter dêtre malade (symptômes de sevrage) ou pour vous sentir mieux ?
Coter OUI, si OUI à lun ou lautre
NON
OUI
2
c
Vous arrivait-il souvent lorsque vous commenciez à en prendre, den prendre plus que vous nen aviez lintention ?
NON
OUI
3
d
Avez-vous essayé, sans y arriver de réduire votre consommation ou darrêter den prendre ?
NON
OUI
4
e
Les jours où vous en preniez, passiez-vous beaucoup de temps (> 2 heures) à essayer de vous en procurer, à en consommer, à vous remettre de ses (leurs) effets, ou à y penser ?
NON
OUI
5
f
Avez-vous réduit vos activités (loisirs, travail, quotidiennes) ou avez-vous passé moins de temps avec les autres parce que vous vous droguiez ?
NON
OUI
6
g
Avez-vous continué à prendre [nommer la substance ou la classe de substances sélectionnée] tout en sachant que cela entraînait chez vous des problèmes de santé ou des problèmes psychologiques ?
NON
OUI
7
Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN K2 ?
Spécifier la (les) substance(s) :
_________________________________________________________
NON OUI
DEPENDANCE à une (des) substances(S)
Actuel
LE PATIENT PRESENTE-T-IL UNE DEPENDANCE POUR LA(LES) SUBSTANCES(S) CONSOMMEE(S) ?
NON(
OUIK3Au cours des 12 derniers mois :
aAvez-vous été à plusieurs reprises intoxiqué(e) par [nommer la substance ou la classe de substances sélectionnée] ou « défoncé(e) » alors que vous aviez des choses à faire au travail (/à lécole) ou à la maison ? Cela a-t-il posé des problèmes ?
ne coter OUI que si cela a cause des problèmes
NON
OUI
8
b
Vous est-il arrivé dêtre sous leffet [nommer la substance ou la classe de substances sélectionnée] dans une situation où cela était physiquement risqué comme conduire, utiliser une machine ou un instrument dangereux, faire du bateau, etc. ?
NON
OUI
9
c
Avez-vous eu des problèmes légaux parce que vous aviez pris [nommer la substance ou la classe de substances sélectionnée] comme une interpellation ou une condamnation ?
NON
OUI
10
d
Avez-vous continué à prendre [nommer la substance ou la classe de substances sélectionnée] tout en sachant que cela entraînait des problèmes avec votre famille ou votre entourage ?
NON
OUI
11
Y A-T-IL AU MOINS 1 OUI EN K3 ?
Spécifier la (les) substance(s) : _______________________________________
NON OUI
ABUS DE SUBSTANCE(S)
Actuel
L. TROUBLES PSYCHOTIQUES
Pour toutes les questions de ce module, en cas de réponse positive demander un exemple.
Ne coter OUI que si les exemples montrent clairement une distorsion de la pensée et / ou de la perception ou sils sont culturellement innapropriés.
Avant de coter, évaluer le caractère « bizarre » des réponses.
IDEES DELIRANTES BIZARRES : le contenu est manifestement absurde, invraisemblable, et ne peut être basé sur des expériences habituelles de la vie.
HALLUCINATIONS BIZARRES : voix qui font des commentaires sur les pensées ou les actes du patient OU plusieurs voix qui parlent entre elles.
A présent, je vais vous poser des questions sur des expériences un peu inhabituelles ou bizarres qui peuvent survenir chez certaines personnes.BizarreL1 aAvez-vous déjà eu limpression que quelquun vous espionnait, ou complotait contre vous, ou bien encore que lon essayait de vous faire du mal ?
NON
OUI
OUI
1 bSI OUI : Actuellement, avez-vous cette impression ?NONOUIOUI
( L6a
2L2 a
Avez-vous déjà eu limpression que lon pouvait lire ou entendre vos pensées ou que vous pouviez lire ou entendre les pensées des autres ?
NON
OUI
3 bSI OUI : Actuellement, avez-vous cette impression ?NONOUI
( L6a
4L3 aAvez-vous déjà cru que quelquun ou que quelque chose dextérieur à vous introduisait dans votre tête des pensées étranges qui nétaient pas les vôtres ou vous faisait agir dune façon inhabituelle pour vous ? Avez-vous déjà eu limpression dêtre possédé ?
NON
OUI
5 bSI OUI : Actuellement, croyez-vous cela ?NONOUI
( L6a
6L4 aAvez-vous déjà eu limpression que lon sadressait directement à vous à travers la télévision ou la radio ou que certaines personnes que vous ne connaissiez pas personnellement sintéressaient particulièrement à vous ?
NON
OUI
OUI
7 bSI OUI : Actuellement, avez-vous cette impression ?NONOUIOUI
( L6a
8L5 aAvez-vous déjà eu des idées que vos proches considéraient comme étranges ou hors de la réalité, et quils ne partageaient pas avec vous ?
Ne coter OUI que si le patient présente clairement des idées délirantes hypochondriaques ou de possession, de culpabilité, de ruine, de grandeur ou dautres non explorées par les questions L1 à L4
NON
OUI
OUI
9 bSI OUI : Actuellement, considèrent-ils vos idées comme étranges ?
NONOUIOUI10L6 aVous est-il déjà arrivé dentendre des choses que dautres personnes ne pouvaient pas entendre, comme des voix ?
Coter OUI « Bizarre » uniquement si le patient répond OUI à la question :
Ces voix commentaient-elles vos pensées ou vos actes ou entendiez-vous deux ou plusieurs voix parler entre elles ?
NON
OUI
OUI
11 bSI OUI : Cela vous est-il arrivé au cours du mois écoulé ?
NONOUIOUI
( L8b12
L7 aVous est-il déjà arrivé alors que vous étiez éveillé(e), davoir des visions ou de voir des choses que dautres personnes ne pouvaient pas voir ?
Coter OUI si ces visions sont culturellement inappropriées.
NON
OUI
13 bSi OUI : Cela vous est-il arrivé au cours du mois écoulé ?
NONOUI14
L8 b
OBSERVATION DE LINTERVIEWER :
Actuellement, le patient présente-t-il un discours clairement incohérent ou désorganisé, ou une perte nette des associations ?
NON
OUI
15L9 bActuellement, le patient présente-t-il un comportement nettement désorganise ou catatonique ?
NON
OUI
16L10bDes symptômes négatifs typiquement schizophréniques (affect abrasé, pauvreté du discours / alogie, manque dénergie ou dintérêt pour débuter ou mener à bien des activités / avolition) sont-ils au premier plan au cours de lentretien ?
NON
OUI
17L11
DE L1 à L10, Y A-T-IL AU MOINS
UNE QUESTION « b » COTEE OUI BIZARRE
OU
DEUX QUESTIONS « b » COTEES OUI (NON BIZARRE) ?
NON OUI
SYNDROME PSYCHOTIQUE ACTUEL
L12DE L1 à L7, Y A-T-IL AU MOINS
UNE QUESTION « a » COTEE OUI BIZARRE
OU
DEUX QUESTIONS « a » COTEES OUI (NON BIZARRE) ?
(VERIFIER QUE LES 2 SYMPTOMES SONT SURVENUS EN MÊME TEMPS)
OU
L11 EST-ELLE COTee OUI ?
NON OUI
SYNDROME PSYCHOTIQUE VIE ENTIEREL13asi L11 est cotée OUI ou sil y a au moins un OUI de L1 à L7 :
LE PATIENT PRESENTE-T-IL
UN EPISODE DEPRESSIF MAJEUR (ACTUEL OU PASSE)
OU UN EPISODE MANIAQUE (ACTUEL OU PASSE) ?
(
NON
OUI
bSi L13a est cotée OUI :
Vous mavez dit tout à lheure avoir présenté une (des) période(s) où vous vous sentiez déprimé(e) / exalté(e) / particulièrement irritable. Les idées ou impressions dont nous venons de parler telles que (citer les symptômes cotés OUI de L1 à L7) sont-elles survenues uniquement pendant cette (ces) période(s) où vous étiez déprimé(e) / exalté(e) / irritable ?
NON
OUI
18
L13b EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
TROUBLE DE LHUMEUR AVEC CARACTERISTIQUES PSYCHOTIQUES
ACTUEL
M. ANOREXIE MENTALE
M1 a
Combien mesurez-vous ?
|__|__|__| cm
b
Au cours des 3 derniers mois, quel est a été votre poids le plus faible ?
|__|__|__| kg
c
LE POIDS DU PATIENT EST-IL INFERIEUR AU SEUIL CRITIQUE INDIQUE POUR SA TAILLE ? Voir Tableau de correspondance en bas de page
(
NON
OUI
1
Au cours des trois derniers mois :
M2
Avez-vous refusé de prendre du poids, malgré le fait que vous pesiez peu ?(
NON
OUI
2
M3
Aviez-vous peur de prendre du poids ou redoutiez-vous de devenir trop gros(se) ?
(
NON
OUI
3
M4 a
Vous trouviez-vous encore trop gros(se), ou pensiez-vous quune partie de votre corps était trop grosse ?
NON
OUI
4
b
Lopinion ou lestime que vous aviez de vous-même étaient-elles largement influencées par votre poids ou vos formes corporelles ?
NON
OUI
5
c
Pensiez-vous que ce poids était normal, voire excessif ?
NON
OUI
6
M5
Y A-T-IL AU MOINS 1 OUI EN M4 ?
(
NON
OUI
M6
Pour les femmes seulement : Ces trois derniers mois, avez-vous eu un arrêt de vos règles alors que vous auriez dû les avoir (en labsence dune éventuelle grossesse) ?
(
NON
OUI
7
POUR LES FEMMES : M5 ET M6 SONT-ELLES COTEES OUI ?
POUR LES HOMMES : M5 EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
ANOREXIE MENTALE
ACTUEL
Tableau de correspondance taille - seuil de poids critique (sans chaussure, sans vêtement)
TAILLE (cm)140145150155160165170175180185190Femmes3738394143454750525457POIDS (kg)Hommes4143454749515254565861(15% de réduction par rapport au poids normal)N. BOULIMIE
N1
Au cours de ces trois derniers mois, vous est-il arrivé davoir des crises de boulimie durant lesquelles vous mangiez de très grandes quantités de nourriture dans une période de temps limitée, cest à dire en moins de 2 heures ?
(
NON
OUI
8N2 Avez-vous eu de telles crises de boulimie au moins deux fois par semaine au cours de ces 3 derniers mois ?
(
NON
OUI
9
N3
Durant ces crises de boulimie, avez-vous limpression de ne pas pouvoir vous arrêter de manger ou de ne pas pouvoir contrôler la quantité de nourriture que vous prenez ?
(
NON
OUI
10
N4
De façon à éviter une prise de poids après ces crises de boulimie, faites-vous certaines choses comme vous faire vomir, vous astreindre à des régimes draconiens, pratiquer des exercices physiques importants, ou prendre des laxatifs, des diurétiques, ou des coupe-faim ?
(
NON
OUI
11
N5
Lopinion ou lestime que vous avez de vous-même sont-elles largement influencées par votre poids ou vos formes corporelles ?
(
NON
OUI
12N6Le patient présente-t-il une Anorexie mentale ?
NONOUI13Si N6 = NON, passer à N8
N7
Ces crises de boulimie surviennent-elles toujours lorsque votre poids est en dessous de ____ kg* ?
* Reprendre le poids critique du patient dans la table du module Anorexie mentale en fonction de sa taille et de son poids.
NON
OUI
14
N8
N5 EST-ELLE COTEE OUI ET N7 COTEE NON (OU NON-COTEE) ?
NON OUI
BOULIMIE
ACTUEL
N7 EST-ELLE COTEE OUI ?
NON OUI
ANOREXIE MENTALE
Binge-eating / Purging type
ACTUEL
O. ANXIETE GENERALISEE
O1 a
b
Au cours des six derniers mois, vous êtes-vous senti(e), excessivement préoccupé(e), inquiet(e), anxieux(se), pour des problèmes de la vie de tous les jours, au travail/à lécole, à la maison, ou à propos de votre entourage, ou avez-vous eu limpression de vous faire trop de souci à propos de tout et de rien ?
Ne pas coter OUI si lanxiété se résume à un type danxiété déjà exploré précédemment comme la peur davoir une Attaque de panique (Trouble panique), dêtre gêné en public (Phobie sociale), dêtre contaminé (TOC), de prendre du poids (Anorexie mentale) etc...
Avez-vous ce type de préoccupations presque tous les jours ?
(
NON
(
NON
OUI
OUI
1
2
O2
Vous est-il difficile de contrôler ces préoccupations ou vous empêchent-elles de vous concentrer sur ce que vous avez à faire ?
(
NON
OUI
3
O3
De O3a a O3f, coter NON les symptômes survenant uniquement dans le cadre des troubles explores précédemment
Au cours des six derniers mois lorsque vous vous sentiez particulièrement préoccupé(e), inquiet(e), anxieux(se), vous arrivait-il souvent:
a
De vous sentir agité(e), tendu(e), les nerfs à fleur de peau ?
NON
OUI
4
b
Davoir les muscles tendus ?
NON
OUI
5
c
De vous sentir fatigué(e), faible, ou facilement épuisé(e) ?
NON
OUI
6
d
Davoir des difficultés à vous concentrer ou des passages à vide ?
NON
OUI
7
e
Dêtre particulièrement irritable ?
NON
OUI
8
f
Davoir des problèmes de sommeil (difficultés dendormissement, réveils au milieu de la nuit, réveils précoces ou dormir trop) ?
NON
OUI
9
Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN O3 ?
NON OUI
ANXIETE GENERALISEE
ACTUEL
P. Trouble de la personnalité antisociale (option)
P1
Avant lâge de 15 ans, avez-vous :
aFréquemment fait lécole buissonnière ou passé la nuit en dehors de chez vous ?
NONOUI1 bFréquemment menti, triché, arnaqué les gens ou volé ?
NONOUI2 cBrutalisé, menacé ou intimidé les autres ?
NONOUI3 dVolontairement détruit ou mis le feu ?
NONOUI4 eVolontairement fait souffrir des animaux ou des gens ?
NONOUI5 fContraint quelquun à avoir des relations sexuelles avec vous ?
NONOUI6
Y A-T-IL AU MOINS 2 OUI EN P1 ?(
NON
OUI
P2
Ne pas coter OUI les réponses ci-dessous, si les comportements sont uniquement présentés dans des contextes politiques ou religieux.
Depuis lâge de 15 ans, avez-vous :
aEu souvent des comportements que les autres trouvaient irresponsables comme ne pas rembourser des sommes dues, agir impulsivement ou volontairement ne pas travailler pour assurer le minimum vital ?
NON
OUI
7 bFait des choses illégales (même si vous navez pas été pris) comme détruire le bien dautrui, voler, vendre de la drogue ou commettre un crime ?
NON
OUI
8 cSouvent été violent physiquement, y compris avec votre conjoint ou vos enfants ?
NON
OUI
9 dSouvent menti ou arnaqué les autres dans le but dobtenir de largent ou du plaisir, ou menti juste pour vous amuser ?
NON
OUI
10 eExposé des gens à des dangers sans vous préoccuper deux ?
NONOUI11 fRessenti aucune culpabilité après avoir menti, ou blessé, maltraité ou volé quelquun ou détruit le bien dautrui ?
NON
OUI
12
Y A-T-IL AU MOINS 3 OUI EN P2 ?
NON OUI
TROUBLE DE LA PERSONNALITE ANTISOCIALE
VIE ENTIERE
REFERENCES
Lecrubier Y, Sheehan D, Weiller E, Amorim P, Bonora I, Sheehan K, Janavs J, Dunbar G. The Mini International Neuropsychiatric Interview (M.I.N.I.), a short diagnostic interview : Reliability and validity according to the CIDI. European Psychiatry, 1997 ; 12 : 232-241.
Sheehan DV, Lecrubier Y, Harnett Sheehan K, Janavs J, Weiller E, Bonora LI, Keskiner A, Schinka J, Knapp E, Sheehan MF, Dunbar GC. Reliability and validity of the Mini International Neuropsychiatric Interview (M.I.N.I.) according to the SCID-P. European Psychiatry, 1997 ; 12 : 232-241.
Sheehan DV, Lecrubier Y, Harnett Sheehan K, Amorim P, Janavs J, Weiller E, Hergueta T, Baker R, Dunbar G. The Mini International Neuropsychiatric Interview (M.I.N.I.), : The development and validation of a structured diagnostic psychiatric interview. Journal of Clinical Psychiatry, 1998 ; 59 [suppl 20] : 22-33.
Amorim P, Lecrubier Y, Weiller E, Hergueta T, Sheehan D. DSM-III-R Psychotic disorders : procedural validity of the Mini International Neuropsychiatric Interview (M.I.N.I.). Concordance and causes for discordance with the CIDI. European Psychiatry, 1998 ; 13 : 26-34.
Les versions originales française et anglaise du M.I.N.I. / DSM-IV ont été traduites et peuvent être demandées aux auteurs (voir page 3). Une version CIM-10 du M.I.N.I. est aussi disponible en français, en anglais,en danois et en indonésien.
LanguesM.I.N.I. 4.4 et versions antérieuresM.I.N.I. 5.0.0 +AfrikaansR. Emsley, N. KeyterArabicO. Osman, E. Al-RadiBasqueIn preparationBengaliH. Banerjee, A. BanerjeeBrazilianP. AmorimP. AmorimBulgarianL.G. HranovCatalanIn preparationCzechP. ZvolskyP. ZvolskyCroatianIn preparationDanishP. BechP. Bech, G. Bech-Andersen, T. SchützeDutch/FlemishE. Griez, K. Schruers, T. Overbeek, K. DemyttenaereI. van Vliet, H. Leroy, H. van MegenEgyptian (Arabic)R. Haddad, W. Naja, C. Baddoura, A. OkashaEstonianJ. Shlik, A. Aluoja, E. KihlFarsi/PersianK. Khooshabi, A. ZomorodiFinnishM. Heikkinen, M. Lijeström, O. TuominenM. HeikkinenGermanI. van Denffer, M. Ackenheil, R. Dietz-BauerM. Ackenheil, G. Stotz, R. Dietz-Bauer, A. VossenGujaratiM. Patel, B. PatelGreekS. BeratisT. Calligas, S. BeratisHebrewJ. Zohar, Y. SassonR. Barda, I. LevinsonHindiK. Batra, S. GambirHungarianI. Bitter, J. BalazsI. Bitter, J. BalazsIcelandicJ. StefansonIndonesianA. Maramis et al.ItalianP. Donda, E. Weiller, I. BonoraL. Conti, P. Donda, A. Rossi, M. Piccinelli,
M. Tansella, G. CassanoJapaneseT. Otsobo, H. Watanabe, H. Miyaoka, K. Kamijima, J. Shinoda, K. Tanaka, Y. OkajimaKoreanH. Y. Jung et al.LatvianV. Janavs, J. Janavs, I. NagobadsV. Janavs, J. JanavsLebanese (Arabic)R. Haddad, W. Naja, C. BaddouraLithuanianV. DanilevicuteMalayAdapted from A. MaramisMalaysian (Chinese)L.Caroll, J-d-Juang, Ong Choong MoiMoroccan (Arabic)N. Kadri, M. Agoub, S. El GnaouNorwegianG. Pedersen, S. BlomhoffK. Leiknes, S. Leganger, E. Malt, U. MaltPolishM. Masiak, E. JasiakM. Masiak, J. PrzychodaPortugueseP. AmorimT. Guterres, P. Levy, P. AmorimPunjabiA. Gahunia, S. GambhirRomanianO. DrigaM.D. GheorgheRussianA. Bystitsky, E. Selivra, M. BystitskySerbianI. TimotijevicI. TimotijevicSetswanaK. KetlogetsweSlovakL. Vavruaová, J. Pe
eHák, =. Forgá
ováSlovenianM. KocmurM. KocmurSpanishL. Ferrando, J. Bobes-Garcia, J. Gibert-RaholaL. Ferrando, L. Franco-Alfonso, M. Soto, J. Bobes, O. Soto, L. Franco, J. Gibert. Adaptation for Central and South America: G. HeinzeSwedishM. Waern, S. Andersch, M. HumbleC. Allgulander, M. Waern, M. Humble, S. Andersch, H. ÅgrenThaïP. Kittirattanapaiboon, S. Mahatnirunkul, P. Udomrat, P. Silpakit, M. Khamwongpin, S. Srikosai.Tagalog (Filipino)B.L.Conde, A. LaoTaiwanese (Chinese)L. Caroll, K-d JuangTurkishT. Örnek, A. Keskiner, I. VahipY. YazganUrduA. Taj, S. GambirWelshIn preparationXhosaD. Kaminer, I. Mbanga, N. Zungu-Dirwayi, D. SteinLe M.I.N.I. a été développé simultanément en français et en anglais. Le développement et la validation du M.I.N.I. ont été rendus possibles grâce, en partie, à des fonds alloués par la CNAM (701061), les laboratoires SmithKline Beecham et lUE. Imp. le TIME \@ "dd/MM/yy HH:MM" 16/10/06 11:10
Questionnaire dorientation spatiale (Pazzaglia et Al., 2000)
Questionnaire intégral en Italien car cet article princeps édité en italien.
Versione definitiva del Questionario di Orientamento Spaziale
ISTRUZIONI
Vi proporremo un Questionario sul senso dellorientamento e sulla rappresentazione dello spazio. Cosa intendiamo per rappresentazione dello spazio? Facciamo qualche esempio. Se chiedo: - Quante finestre ci sono a casa vostra?
Per rispondere a questa domanda vi sarete probabilmente creati una serie di immagini mentali della vostra casa, delle singole stanze e per ogni stanza delle finestre. Ecco, questa è un tipo di rappresentazione della vostra casa. Potete immaginare di percorrere le varie stanze, ma potete anche immaginare nel dettaglio una singola stanza, oppure vedere la vostra casa dal di fuori o rappresentarvi la sua pianta. Ognuno di questi costituisce un modo diverso di rappresentazione spaziale.
Adesso immaginate il percorso dalla vostra abitazione alla stazione o allUniversità e focalizzatevi su alcuni punti di riferimento significativi. Ci riuscite?
Immaginate anche un determinato ambiente come se lo vedeste dallalto; ad esempio la vostra città o un luogo naturale, rappresentandoli come apparirebbero su una mappa o come li vedreste da una posizione elevata. Riuscite a creare limmagine?
In sintesi, nel rappresentarvi un luogo potete: 1. immaginare di navigare lungo un percorso al suo interno (rappresentazione route), 2. immaginarlo dallalto (rappresentazione survey), 3. focalizzarvi su singoli punti di riferimento significativi (rappresentazione visiva). Ci sono domande?
Rispondendo alle eventuali domande viene ulteriormente chiarita, con altri esempi, la distinzione tra rappresentazioni di tipo route, survey e visive.
Adesso prendiamo in esame il questionario. Vi troverete domande in cui si richiede di valutare il vostro senso dellorientamento, in generale e in situazioni concrete. Vi si chiederà inoltre di indicare il tipo di rappresentazione spaziale, tra le tre indicate, che adottate più frequentemente. Rispondete a tutte le domande, e indicate sempre, quando richiesto, il grado di preferenza per un certo tipo di risposta. In particolare per le domande 5, 6, 9 vi si richiede di dare un punteggio indipendente per ognuna delle alternative di risposta, in modo che nessuna di queste dovrà essere lasciata in bianco. Se vi sembra tutto chiaro possiamo cominciare. Non ci sono limiti di tempo, lavorate quindi con calma, ma senza distrarvi o soffermarvi eccessivamente su una singola domanda. Buon lavoro!1. Descrivi a parole l'ambiente rappresentato nella seguente mappa immaginando che una persona totalmente non familiare all' ambiente rappresentato e che non ha mai visto la mappa possa, leggendo la descrizione, orientarsi nell'ambiente ed individuare la posizione dei diversi punti di riferimento. Fai la tua descrizione sul retro di questa pagina.
2. Immagina di dover andare in un posto nuovo. Qui sotto sono presentati una foto e una piantina relativi a questo posto nuovo. Indica per quale dei due tipi di aiuto avresti una preferenza scegliendo fra le seguenti alternative a) molta preferenza per la foto; b) preferenza per la foto; c) modesta preferenza per la foto; d) modesta preferenza per la mappa; e) preferenza per la mappa; f) molta preferenza per la mappa.
DOPO LA CHIESA GIRA A DESTRA
3. Ti ritieni una persona che ha un buon senso dell'orientamento?
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
4. In famiglia e dagli amici sei considerato una persona che ha un buon senso dellorientamento?
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
5. Prova a riflettere sul tuo modo di orientarti nei diversi ambienti che ti circondano. Ti descriveresti come:
a. una persona che si orienta in un ambiente considerando i percorsi che conosce e i passaggi da un punto all'altro
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
b. una persona che si ritrova cercando punti di riferimento noti (edifici o luoghi particolari, monumenti, ecc.)
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
c. una persona che cerca di farsi una mappa mentale dello spazio
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
6. Pensa ad una città che non ti sia troppo familiare. Scrivine il nome .............................
Ora cerca di classificare la tua rappresentazione di questa città:
a. rappresentazione "dall'alto", cioè una rappresentazione tipo-mappa
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
b. rappresentazione topografica, cioè basata sul ricordo di percorsi
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
c. rappresentazione visiva, cioè basata sul ricordo di punti di riferimento (per esempio monumenti, incroci, edifici, scale, ecc.)
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
7. Quando sei in un ambiente naturale aperto (in campagna, in montagna, o al mare) ti viene spontaneo individuare i punti cardinali, cioè dove sono il nord, il sud, l'est e l'ovest?
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
8. Quando sei nella tua città ti viene spontaneo individuare i punti cardinali, cioè sai subito qual è il nord, il sud, lest e l'ovest?
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
9. Ti stanno descrivendo il percorso da fare per arrivare in una località che non conosci.
Preferisci:
a. crearti una immagine del percorso da seguire
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
b. ricordare verbalmente le indicazioni date
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
10. Quando sei all'interno di un edificio complesso (grande magazzino, museo, ecc.) ti accade spontaneamente e con facilità di pensare alla direzione verso cui sei orientato rispetto alla struttura dell'edificio e all'ambiente esterno?
1 (per niente) 2 3 4 5 (moltissimo)
11. Mentre sei all'interno di un edificio riesci a visualizzare con facilità cosa c'è esternamente nella direzione verso cui stai guardando?
1 (per niente) 2 3 4 5(moltissimo)
12. Se sei in un luogo aperto e devi indicare la posizione di un punto cardinale (nord-sud-est-ovest),
a. indichi la posizione in modo immediato
b. ci devi pensare prima di dare la posizione
c. incontri di solito una qualche difficoltà
13. Sei all'interno di un edificio ampio e articolato (con diversi piani, scale e corridoi) e ti si chiede di indicare dove si trova la porta di ingresso,
a. ci devi pensare prima di dare la posizione
b. indichi la posizione in modo immediato
c. incontri di solito una qualche difficoltà
Rappel des sigles utilisés pour la description verbale et la cartographie
Description verbale (expérience 1)
CLASSESTYPESSIGLESACTIONS Actions seulesAS Actions avec indication de distanceAD Actions avec orientation spatialeAOS Actions liées à un repèreARREPERES Repères seulsRS Repères avec orientation spatiale EgocentréeROSEG Repères avec orientation spatiale ExocentréeROSEXDESCRIPTION DE REPERES description de repèresDRCOMMENTAIRES CommentairesC
Cartographie libre (expérience 2)
CATEGORIESTYPESSIGLESREPERES CRITIQUES EtiquettesRCET IcônesRCIC Etiquettes-IcônesRCETICREPERES NON CRITIQUES EtiquettesRNCET IcônesRNCIC Etiquettes-IcônesRNCETIC REPERES FAUX ou FANTAISISTES Repères faux ou fantaisistesRFCHANGEMENT CORRECT D'ORIENTATION Changement correct d'orientationChOr
RESUME
Mémoire spatiale contextuelle et schizophrénie
La physiopathologie de la schizophrénie reste encore aujourdhui incomprise même si lexistence de facteurs génétiques, environnementaux et neurodéveloppementaux est connue. Les anomalies neurodéveloppementales hippocampiques ont des répercussions fonctionnelles sur la mémoire à long terme, notamment spatiale et contextuelle. Le but premier de ce travail de thèse était dévaluer, chez les patients schizophrènes, par utilisation dune tâche visuo-spatiale (navigation en condition écologique), un possible déficit du « binding » contextuel. Le second but était de tester la construction de cartes cognitives de lenvironnement par les patients. Une tâche de navigation en condition écologique a été effectuée par 20 patients schizophrènes et 28 sujets contrôles sains. Lexploration des mémoires spatiale et contextuelle consistait en un rappel libre (description verbale et plan libre de litinéraire), rappel indicé (retracer le trajet sur un plan donné), reconnaissances de vues sans effet dordre et reconnaissance de vues avec effet dordre. Les patients schizophrènes sont significativement moins performants. Ils prescrivent moins dactions, incluent moins de repères et font plus derreurs de changements dorientation et dans la reconnaissance avec effet dordre. En revanche, il ny a pas de différence significative pour la tâche de reconnaissance sans effet dordre entre les deux populations. Ainsi, les patients schizophrènes sont déficitaires dans la construction de cartes cognitives de lenvironnement ainsi que dans la reconnaissance de lordre chronologique des repères. Ces résultats sont compatibles avec lhypothèse danomalies hippocampiques et du cortex préfrontal dans la schizophrénie.
Mots clés : schizophrénie, hypothèse neurodéveloppementale, hippocampe, binding contextuel, mémoire spatiale, navigation, cartes cognitives.
ABSTRACT
Spatial contextual memory and schizophrenia
Numerous evidences support the existence of neurodevelopmental abnormalities at the level of the hippocampal formation in schizophrenia. Since hippocampus is implicated in episodic memory and contextual binding process the aim of this study was to evaluate a possible contextual binding deficit in schizophrenic patients by using a visuo-spatial task (navigation in ecological condition). A secondary aim was to test the construction of a cognitive map of the environment by patients. A navigation task (following a predetermined route in a real city with the experimenter) was performed by 20 young schizophrenics patients and 28 controls subjects. Visuo-spatial memory explorations consisted in three different tasks: free recall (verbal description and cartography); recognitions without effect order; recognition with effect order. Schizophrenics patients performed significantly less actions, identified less landmarks and made more errors in orientation changes than control subjects. For recognition task without effect order there was no significant difference between the two populations. For task with order effect schizophrenic patients made more errors than controls. Schizophrenic patients were impaired in cognitive map construction as well as during recognition of chronological landmarks. These results are compatible with the hypothesis of hippocampal and prefrontal cortex abnormalities in schizophrenia.
Key word: schizophrenia, hippocampus, contextual binding, spatial memory, navigation, cognitive map.
Wayfinding : terme anglais signifiant « trouver son chemin ». Nexistant pas de mot équivalent en français jutiliserai ce terme dans ce chapitre.
Route following : terme anglophone signifiant « suivie de route ». Nexistant pas de mot équivalent en français jutiliserai ce terme dans ce chapitre.
* Faible population en raison de la faible prévalence dans la population générale de schizophrénie à diagnostic précoce.
* Vous trouverez celui-ci en annexe
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M.I.N.I. 5.0.0 French version / DSM-IV / current (August 1998)
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