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Correction des TD sur la socialisation différentielle. Documents polycopiés n°8 et 9. 1) La valeur centrale qui caractérise le rôle social masculin est la virilité.




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Correction des TD sur la socialisation différentielle

Documents polycopiés n°8 et 9
1) La valeur centrale qui caractérise le rôle social masculin est la virilité. Les hommes pour respecter le rôle qui leur est attribué sont plus amenés à contrôler leurs émotions, à se battre, à entrer en compétition, à prendre des risques, cherchent à montrer leur courage, etc. A l’école, les garçons sont par exemple plus enclins à contester la norme scolaire, à adopter des comportements réfractaires face aux exigences de l’école.

2) Les hommes intériorisent leur rôle social de sexe au cours de la socialisation primaire, par exemple dans les interactions avec les pairs. Souhaitant s’intégrer aux groupes de pairs, ils vont essayer de se conformer au rôle que l’on attend d’eux ; par exemple ils éviteront de jouer à la marelle pour ne pas subir de moqueries. De même, dans la famille, certaines normes transmises sont caractéristiques du rôle attendu des garçons : par exemple lorsque l’on incite les garçons à contrôler ou à cacher leurs émotions (« un garçon, cela ne pleure pas »). Lorsque le garçon s’éloignera du rôle que la société veut qu’il joue, il subira des sanctions négatives de la part de celle-ci : moqueries, rires et éventuellement marginalisation.
Dans le monde de l’entreprise, cette exigence de virilité se retrouve. Certains hommes occupant des postes à haute responsabilité vont devoir prendre des décisions graves à l’encontre de leurs subordonnés comme le licenciement. Les hommes refusant de faire le « sale boulot » ou exprimant leurs réticences, seront accusés de manquer de courage et seront dévalorisés. Ces sanctions négatives participent du contrôle social : les individus sont appelés ainsi à se conformer à la norme dominante. La socialisation secondaire joue donc également un rôle.

3) Ce rôle social intériorisé durant l’enfance et l’adolescence va produire ses effets tout au long de la vie. Ainsi, les hommes ont tendance à vouloir dissimuler par tous les moyens leurs émotions, leurs doutes. Ils expriment moins facilement leurs sentiments.
De même, la virilité au cœur du rôle social masculin conduit à valoriser le nombre de conquêtes amoureuses.
Enfin, Christophe Dejours montre que cette exhortation à montrer sans cesse son courage conduit les hommes à prendre parfois des risques inconsidérés. Ainsi, ils roulent plus vite en voiture et ont beaucoup plus d’accidents. Les jeunes des quartiers populaires qui roulent à grande vitesse en moto, sans casque, expriment leur respect des valeurs viriles ; mettre un casque serait une marque de peur, de féminité, et serait ainsi porteur de dévalorisation. De manière similaire, celui qui refuse de boire lors d’une soirée avec ses copains, sera moqué par ceux-ci.

4) Par la distinction entre virilité et masculinité, l’auteur veut nous montrer que les valeurs viriles caractéristiques du rôle social masculin n’ont rien de naturelles. Ce sont des construits sociaux, elles sont intériorisées lors de la socialisation. Il veut montrer qu’on pourrait mettre en avant d’autres valeurs comme par exemple la capacité à se détacher des comportements dominants au sein des groupes masculins.
Actuellement, le rôle social masculin valorise une conception du courage qui consiste à se plier aux valeurs viriles, à se laisser guider par elles dans tous ses comportements, y compris lorsque cela conduit à dominer autrui et à user de violence (physique ou symbolique) à son encontre. On pourrait imaginer que le courage soit au contraire la capacité à ne pas suivre ces règles, à agir autrement que la majorité des hommes, par exemple en refusant de faire souffrir autrui (masculinité).

Remarque supplémentaire : Pour Bourdieu, les hommes subissent aussi les conséquences négatives de la domination masculine (vouloir absolument se plier aux injonctions à jouer son rôle social masculin peut conduire l’homme à se priver d’une partie de son humanité : exprimer ses émotions, sa sensibilité par exemple). Exigence de contrôler ses émotions, de les cacher, de ne jamais perdre la face.

Document polycopié n°10
1) On peut repérer dans ce texte de nombreux stéréotypes concernant les rôles attendus d’une femme et d’un homme dans notre société.
On tolère plus facilement des garçons qu’ils se battent. Par contre, on estime qu’ils ne doivent pas pleurer. Par ailleurs, la vision stéréotypée du rôle du garçon fait que l’on attend d’eux autonomie et volonté de réussir, ambition et esprit de compétition.
La peur semble être un sentiment réservé aux filles comme le prouve l’expérience décrite dans le texte montrant que les pleurs d’un bébé seront interprétés comme une réaction de peur uniquement lorsque ce bébé est une fille. Par ailleurs, selon les prescriptions de la société, une fille ne doit pas se battre. On attend également d’elle obéissance et esprit de responsabilité.

2) Ces stéréotypes vont conduire les parents à agir très différemment selon que leur enfant est un garçon ou qu’il est une fille. Ils adopteront des comportements différents dans les interactions, auront des exigences et des attentes distinctes vis-à-vis des garçons et des filles. Peu à peu les parents vont conduire leurs enfants à se conformer aux comportements que la société attend d’un garçon ou d’une fille (rôles sociaux de sexe). Ces stéréotypes sont si ancrés qu’ils influent sur le comportement des parents dès les premiers moments de la vie de leurs enfants. Ainsi, des chercheurs ont démontré qu’une mère, après l’accouchement, saisissait son enfant différemment selon que c’était un garçon ou une fille.
Les enfants auront donc peu à peu appris à se conformer à leur rôle social de sexe. Par exemple, un garçon aura peu à peu intériorisé l’idée qu’il doit contrôler ses émotions et de fait à l’âge adulte il les gardera en général plus pour lui que ne le ferait une femme.

3) Les hommes occupent une place dominante dans la société. Donc, inconsciemment, ils sont attachés au maintien de rôles sociaux bien marqués. Ainsi, les comportements déviants d’un jeune garçon (qui joue à la poupée par exemple) seront vécus plus douloureusement par les pères que par les mères. Les groupes de pairs masculins sont marqués par une exigence permanente de respect de la virilité. Le moindre écart est alors sanctionné négativement.


4) Les différences de comportements entre hommes et femmes ne proviennent pas du biologique (sinon elles seraient données à la naissance), mais sont des construits sociaux. C’est la socialisation qui produit ce que nous sommes. Nous devenons des hommes ou des femmes par la socialisation différentielle qui désigne le fait que les normes, les valeurs, les rôles inculqués à l'enfant diffèrent selon son sexe.
Sans la socialisation différentielle, les différences entre hommes et femmes seraient bien maigres par rapport à leurs points communs. Elles se réduiraient à des différences physiologiques ; d’ailleurs dans ce domaine, ce qui nous rapproche est plus important que ce qui nous distingue.

Catalogues de jouets
1) Les couleurs sont très marquées. On peut noter les oppositions suivantes : bleu et couleurs vives pour les garçons et rose et couleurs pastel pour les filles.
Les couleurs plus douces et effacées pour les filles peuvent s’interpréter comme un symbole du comportement attendu des filles : douceur et discrétion notamment. Les couleurs plus vives pour les garçons les engageraient au contraire à investir le monde et l’espace.
Par ailleurs, ces distinctions de couleur utilisées dès le plus jeune âge – on peut penser à la couleur de la chambre à coucher ou des vêtements – semble avoir pour fonction de faire entrer les garçons et les filles dans des rôles sociaux très différenciés et ce dès le plus jeune âge. Très rapidement, les enfants sauront qu’ils appartiennent à une catégorie particulière de l’humanité : masculine ou féminine.

2) Les métiers symbolisés par les jouets offerts aux filles sont les suivants : institutrice, caissière, hôtesse, secrétaire, caissière, coiffeuse, esthéticienne, puéricultrice, infirmière, etc. Ce sont tous des métiers du tertiaire appartenant principalement au groupe socioprofessionnel « employés », là où l’on retrouve le plus souvent les femmes dans la réalité.
Les métiers symbolisés par les jouets offerts aux garçons sont les suivants : médecin, policier, pompier, chef cuisinier, ouvrier de chantier, pilote, scientifique – les jouets offerts aux garçons ont en général un plus fort contenu éducatif et les jeux scientifiques leur sont directement destinés dans l’esprit des concepteurs –, etc.
On trouve plus de professions valorisées du côté des garçons.

3) Deux grandes catégories de jouets sont offertes aux filles. La première concerne toutes les activités domestiques (ménage et soins aux enfants). On trouvera des imitations d’aspirateurs, de fers à repasser, de cuisinières, etc. On les incite ainsi à entrer dans le rôle traditionnellement dévolu à la mère. Les commentaires sur ce type de page : « l’univers enchanté des filles », « pour faire comme ta maman » sont ainsi caractéristiques.
La deuxième catégorie concerne les jouets permettant aux petites filles d’intérioriser une nécessité propre à leur rôle social : soin de la présentation de soi et séduction. Il en va ainsi de tous les jouets tels que les kits de maquillage, les miroirs, les barbies, les poupées à coiffer et habiller, etc.

Les jouets des garçons les invitent à la construction, au bricolage, aux jeux guerriers, à la maîtrise des engins mécaniques, à la pratique du sport, à l’identification aux supers héros, etc. Leurs jouets sont plus tournés vers la sphère publique (sphère privée pour les filles), ils les engagent plus à développer leur imagination (imitation du réel pour les filles) et à jouer le rôle très valorisé du héros.

4) A travers les jouets qui leur sont offerts, les enfants vont intérioriser le rôle social dévolu à leur sexe. C’est toute une vision du monde et du rôle que doit y jouer une fille ou un garçon qui s’exprime à travers ces jouets. Les jouets participent donc bien du processus de socialisation. Les enfants n’ont pas de choix prédéterminés concernant les jouets, ce sont les adultes (parents, éducateurs) qui les socialisent en leur apprenant (plus ou moins consciemment) quels sont les jouets conformes à leur sexe. L’enfant va apprendre à se situer dans son groupe et va adopter les comportements que le groupe attend de lui, son rôle.
Les normes et les valeurs transmises aux enfants de chaque sexe sont donc différentes. Ils ne sont pas socialisés de la même manière (socialisation différentielle).
Dès quatre ans, on commence à mesurer les effets de cette socialisation différentielle : les enfants commencent dès cet âge à enfiler le costume spécifique de leur rôle social. Les enfants ont déjà appris à demander le « bon » jouet, car ils savent que le mauvais leur sera refusé ou qu’ils seront mal vus en l’utilisant (par les parents, par les copains...).
Les désirs des enfants sont construits par les catalogues de jouets, la publicité, les modèles parentaux, la cour d’école (groupe de pairs).

Document polycopié n°11
1) En salle de gymnastique, les éducateurs laissaient les garçons s’approprier tout l’espace et les filles s’effacer. Les garçons avaient tendance à monopoliser les jeux tels que sauter, courir, faire du toboggan… Par ailleurs, les éducateurs empêchaient les filles de participer aux activités risquées, ayant peur qu’elles se fassent mal.
Ils avaient tendance à laisser plus volontiers la parole aux garçons qui s’appropriaient deux tiers du temps de parole. En outre, les garçons interrompaient les filles sans réprimandes.
Enfin, seules les filles étaient encouragées à participer au service des repas.
Globalement les attentes vis-à-vis des enfants des deux sexes étaient différentes. On accepte des garçons qu’ils fassent du bruit et réclament haut et fort ce qu’ils désirent. Au contraire, on attend des filles, calme, politesse, serviabilité.

2) Les éducateurs n’agissaient pas consciemment. Par exemple, s’ils étaient plus prudents pour les filles que pour les garçons, c’est en raison du stéréotype qui veut que les filles soient plus fragiles et qu’il faille donc les protéger davantage.
Les éducateurs ont intériorisé les stéréotypes de sexe et les reproduisent sans s’en rendre compte dans les interactions avec les enfants.

3) Suite à l’instauration des temps non mixtes, les filles, débarrassées de la présence encombrante des garçons, s’approprient l’espace en salle de gymnastique. Elles se mettent à adopter des comportements que les stéréotypes attribuent principalement aux garçons : s’amuser en sautant, courant, etc. Les filles jouent à des jeux de garçons et les garçons jouent à des jeux de fille (dinette par exemple).
Ces temps non mixtes permettent donc aux garçons et aux filles de sortir des rôles préétablis pour eux par la société. Par ailleurs, les éducateurs, conscients suite à l’intervention des sociologues des déterminations qui pèsent sur leur comportement vis-à-vis des filles et vis-à-vis des garçons, vont se rapprocher d’une égalité de traitement des uns et des unes.

4) L’évolution du comportement des filles et des garçons, suite à la mise en place des temps non mixtes, prouve que les jouets et les jeux n’attirent pas naturellement les enfants d’un sexe en particulier. Il n’y a pas de « jouets pour filles » et de « jouets pour garçons ». L’attirance pour les jouets réservés à un sexe particulier en raison des stéréotypes est construite socialement. Elle n’a rien de naturelle.
De même, il n’y a pas des comportements de garçons et des comportements de filles qui seraient biologiquement déterminés. Ce sont des construits sociaux. C’est la socialisation différentielle qui conduit les garçons et les filles à se conformer aux rôles sociaux de sexe.


A retenir absolument : les comportements des hommes et des femmes sont des construits sociaux. La socialisation différentielle conduit les hommes et les femmes à intérioriser les rôles sociaux de sexe. Tout cela n’a rien de naturel !
Les résultats de ce TD sont utilisables pour :
Montrer comment la société guide nos comportements par la socialisation (illustration de la notion de rôle).
Expliquer l’inégalité de partage des tâches domestiques au sein du couple.
Expliquer les nombreuses inégalités subies par les femmes dans la plupart des sphères de la société.
Expliquer les différences observables de comportement entre hommes et femmes.
Remarque sur le concept de genre. Le mot sexe renvoie au naturel, au biologique, à l’inné. Quand on parle de différence de comportements entre les sexes, cela donne l’impression de différences naturelles qui seraient dues au biologique, cela renvoie à nos différences biologiques. Le mot genre lui renvoie à une construction sociale des différences. Et ce qui est construit peut être déconstruit !