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Prologue: l'avènement du modèle démocratique ... 2. Le modèle américain : de la
décolonisation à la démocratie. 3. Le modèle ... Programme des TD ... sera suivie
d'un entretien destiné à faire préciser ou corriger certains points à l'étudiant, ...
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Université dOrléans
UFR de Lettres et Sciences humaines
Département dHistoire
L3 6E20
La démocratie en Europe et aux Etats-Unis dune guerre mondiale à lautre (1914-1946)
Jeang78@orange.fr
PLAN DU CM
INTRODUCTION: Définition et enjeux du sujet.
Prologue: lavènement du modèle démocratique
A. Les trois modèles contemporains: 1 Le modèle britannique : de la représentation à la démocratie. 2. Le modèle américain : de la décolonisation à la démocratie. 3. Le modèle français : de la révolution à la démocratie.
B. La poussée démocratique de la fin XIXè siècle: 1. LAllemagne entre autoritarisme et démocratie. 2. LItalie et lEspagne vers la démocratie.
Chap 1 : La Grande Guerre: victoire de la démocratie?
A. Un combat pour la démocratie? 1. La défense des principes démocratiques. 2. Les Etats-Unis, hérauts de la démocratie. 3. La dérive autoritaire des régimes démocratiques?
B. Un nouvel ordre démocratique: 1. Les démocraties victorieuses. 2. Renforcement de la démocratie. 3. Principes wilsoniens et SDN. 4. La naissance dune nouvelle démocratie: Weimar
Chap 2 : La chute des démocraties récentes.
A. Trois démocraties en crise. 1. Crise daprès-guerre en Italie. 2. Weimar, république sous tension. 3. Le choc des deux Espagne.
B. Des recours antidémocratiques. I. Le fascisme italien. 2. Les nazis à la conquête du pouvoir. 3. LEspagne entre lArmée et la Phalange.
C. La disparition des régimes démocratiques. 1. Lagonie de la démocratie italienne. 2. La mort brutale de Weimar. 3. La victoire du franquisme.
Chap 3 : La crise des modèles démocratiques.
A. Crise dadaptation des modèles traditionnels. 1. Fragilité du modèle américain. 2. Déstabilisation du modèle britannique. 3. Crise du modèle français.
B. La remise en cause de la démocratie libérale. 1. Lexigence de rénovation. 2. La fascination du modèle communiste. 3. La tentation de lautoritarisme.
C. La résistance du système démocratique. 1. Ladaptation du système. 2. Vers une nouvelle démocratie? 3. Deux expériences : Daladier et Rooseveit.
Chap 4 Les démocraties face aux dictatures.
A. Les échecs des démocraties. 1. Echec de lordre démocratique. 2. Impuissance des démocraties. 3. La fin de la démocratie française?
B. Le choix de la résistance. 1. LAngleterre, rempart de la démocratie. 2. Les résistances des démocrates. 3. Lalliance des démocrates.
C. Les démocrates en guerre. 1. Etats-Unis : la résistance du modèle libéral. 2. France et GB vers la démocratie sociale.
Chap 5: La reconstruction de la démocratie.
A. Un nouvel ordre international. 1. Les principes de la démocratie universelle. 2. Des entorses à la démocratie.
B. Un nouvel espace démocratique. 1. Etats-Unis et GB : la démocratie renforcée 2. France, Italie, Allemagne: la démocratie restaurée 3. Des nouveaux modèles institutionnels. 4. Une nouvelle donne démocratique.
C. Un nouveau modèle démocratique: 1Etat du bien-être. 1. Une volonté générale de changement. 2. Des axes communs. 3. Des modèles différents.
Programme des TD
Chaque séance de deux heures comprend deux exercices oraux, commentaire(s) de document(s) ou exposé. Commentaire ou exposé ne doivent en aucun cas excéder 30 mn. Chaque prestation sera suivie dun entretien destiné à faire préciser ou corriger certains points à létudiant, puis dune reprise assurée par lenseignant.
Séance 1. Présentation
- Organisation et progression des séances.
- Outils de travail
- Méthodes.
- Exemple de commentaire de texte : « Nous sommes en République » (Henri Wallon, 30 janvier 1875)
Chap1 : La Grande Guerre : victoire de la démocratie ?
Séance 2. Un combat pour la démocratie
Commentaire: Discours de Léon Jouhaux aux obsèques de Jaurès (4 août 1914)
Commentaire: « Je fais la guerre » (Georges Clemenceau, 8 mars 1918)
Séance 3. Un nouvel ordre démocratique.
Commentaire: « Le vote des femmes » (Pierre-Etienne Flandin, 8 mai 1919)
Commentaire: Les débuts sanglants de Weimar (Karl Liebknecht, 15 janvier 1919)
Chap 2. La chute des democraties récentes
Séance 4. Démocraties en crise.
Commentaire: LItalie au sortir de la guerre (Bertrand de Jouvenel, 1941) et carte du Bienno rosso dans les campagnes.
Exposé: Pourquoi Weimar a échoué ?
Séance 5. La disparition des régimes démocratiques.
Exposé: La guerre civile espagnole 1936-1939.
Commentaire: Le fascisme selon Mussolini (1938)
Chap 3 : La crise des modèles démocratiques
Séance 6. La crise occidentale.
Commentaire: La crise de la démocratie vue par lAction Française.
Exposé: Les problèmes de la démocratie britannique 1919-1938.
Séance 7. La tentation des extrêmes.
Exposé. Les Anciens combattants et la politique française 1919-1936.
Commentaire. Discours de Maurice Thorez (15 juin 1934)
Séance 8. La résistance du système démocratique.
Commentaire: Adresse inaugurale du président Roosevelt (4 mars 1933)
Exposé: La France a-t-elle résisté au fascisme » ?
Chap 4 : Les démocraties face aux dictatures
Séance 9. Les échecs des démocraties.
Commentaire: Henri de Kérillis et les accords de Munich (1938).
Exposé : Pourquoi le 10 juillet 1940 ?
Séance 10. Le choix de la résistance.
Exposé: De Gaulle et la France libre.
Commentaire: La déclaration des Résistances européennes (7 juillet 1944)
Chap 5 : La reconstruction de la démocratie
Séance 11. Régler les comptes.
Exposé: Lépuration en France.
Exposé: Le procès de Nuremberg.
Séance 12. De nouveaux modèles démocratiques
Commentaire: Le discours de Bayeux du général de Gaulle (16 juin 1946).
Exposé: Lavènement de lÉtat providence dans les démocraties occidentales.
Documents à commenter
Séance 1.
«Nous sommes en République. » (Henri Wallon, Séance du 30 janvier 1875).
M. Henri Wallon [...] : Nous sommes des constituants, nous avons promis de ne point nous séparer sans donner une constitution à la France. Quel est le propre d'une constitution ? C'est que plus on avance, plus la confiance s'accroît par le fait même de sa durée. Ici, au contraire, à mesure qu'on avancerait, la confiance irait diminuant, car à mesure qu'on avancerait, on approcherait du terme où tout serait remis en question, où les pouvoirs du président de la République cesseraient, et où on ne saurait ce que deviendrait la Constitution de la France. [Assentiment à gauche.]
Il faut donc sortir du provisoire. Mais comment ?
Je ne connais, messieurs, que trois formes de gouvernement : la monarchie, la république, l'empire. L'empire, personne n'a osé vous proposer de le voter. La monarchie! nous avons entendu, à part des personnalités regrettables, de nobles et dignes paroles. L'honorable M. de Carayon-Latour a exposé, avec une forte et vive éloquence, les grands titres de la monarchie dans le passé, et ceux qu'elle pourrait avoir encore dans l'avenir. Je n'y contredis point; mais, je le demande, la monarchie est-elle possible ?
[
]
Le vote de la loi du 20 novembre 1873 par les royalistes est la preuve qu'ils ne croyaient pas la monarchie possible de longtemps. Sera-t-elle plus possible à l'échéance du 20 novembre 1880 ? Qui peut le dire ? Et si on le croit, je dis que c'est une grande illusion. Ceux-là seuls seront prêts alors qui sont prêts aujourd'hui, et leurs chances seront accrues de toutes celles que vous aurez perdues en vous obstinant à maintenir le pays dans le provisoire.
[Marques d'approbation à gauche.]
Mais, dira-t-on, vous proclamez donc la République? Messieurs, je ne proclame rien. . . [exclamations et rires à droite] ; je ne proclame rien, je prends ce qui est. [Très bien! très bien! sur plusieurs bancs à gauche.] J'appelle les choses par leur nom; je les prends sous le nom que vous avez accepté, que vous acceptez encore... [très bien ! à gauche; rumeurs à droite], et je veux faire que ce Gouvernement qui est, dure tant que vous ne trouverez pas quelque chose de mieux à faire.
Mais, dira-t-on, vous n'en faites pas moins la République ! A cela, je réponds tout simplement: Si la République ne convient pas à la France, la plus sûre manière d'en finir avec elle, c'est de la faire.
[Exclamations et rires ironiques à droite.]
A l'heure qu'il est, la République prend pour elle toutes les bonnes valeurs; et s'il y a quelque mauvais billet, c'est le parti monarchique qui l'endosse: si l'emprunt réussit d'une manière si prodigieuse, c'est que nous sommes en République. [Dénégations sur plusieurs bancs à droite.]
Si le territoire est libéré avant le temps qui était marqué, c'est que nous sommes en République. [Nouvelles dénégations sur les mêmes bancs.]
Si les catholiques persécutés sont recueillis en France, c'est que nous sommes en République.
[
]
Au contraire, s'il y a des inquiétudes dans les esprits, s'il y a stagnation dans les affaires, c'est que nous ne sommes pas en République. Et bien, je demande que la République ait la responsabilité complète de ce qui arrive.
[Mouvements divers.]
Un membre à gauche: Et les avantages !
M. Henri Wallon: Je lui souhaite les meilleures chances, et je suis décidé à faire qu'elle les ait les meilleures possibles. [Très bien ! très bien ! à gauche.]
Je crois, messieurs, que c'est là le devoir de tout bon citoyen. [Vive approbation à gauche.]
Dans la situation où est la France, il faut que nous sacrifiions nos préférences, nos théories. Nous n'avons pas le choix. Nous trouvons une forme de Gouvernement, il faut la prendre telle qu'elle est; il faut la faire durer. Je dis que c'est le devoir de tout bon citoyen. J'ajoute, au risque d'avoir l'air de soutenir un paradoxe, que c'est l'intérêt même du parti monarchique. En effet, ou la République s'affermira avec votre concours et donnera à la France le moyen de se relever et de recouvrer sa prospérité, de reprendre sa place dans le monde, et alors vous ne pourrez que vous réjouir du bien auquel vous aurez contribué [très bien! à gauche] ; ou bien votre concours même sera insuffisant; on trouvera qu'il n 'y a pas assez de stabilité dans le pouvoir, que les affaires ne reprennent pas, et alors, après une épreuve loyale [murmures à droite], le pays reconnaissant des sacrifices d'opinion que vous aurez faits, du concours que vous aurez apporté à la chose publique, sera plus disposé à suivre vos idées, et ce jour-là vous trouverez le concours de ceux qui, aujourd'hui, ont une autre opinion, mais qui, éclairés par l'expérience et voulant comme nous, avant tout, le bien du pays, vous aideront à faire ce que le pays réclame. [Très bien! très bien! à gauche. Rumeurs à droite.]
Ma conclusion, messieurs, c'est qu'il faut sortir du provisoire. Si la monarchie est possible, si vous pouvez montrer qu'elle est acceptable, proposez-la.
[Très bien! à gauche.]
M. Henri Wallon: Mais il ne dépend pas malheureusement de vous, ici présents, de la rendre acceptable.
Que si, au contraire, elle ne paraît pas possible, eh bien, je ne vous dis pas: Proclamez la République! . . . mais je vous dis : Constituez le Gouvernement qui se trouve maintenant établi et qui est le Gouvernement de la République.
[
]
Voilà, messieurs, quel était l'objet de mon amendement.
Je fais appel à tous ceux qui mettent le bien de la chose publique au-dessus de toutes questions de parti; je m'adresse particulièrement à ceux à qui M. le Maréchal, président de la République, faisait appel lorsque, dans son voyage dans le Nord, il appelait à lui les modérés de tous les partis.
[Très bien! très bien! à gauche.]
C'est sous l'invocation de cet acte accompli au chef-lieu du département dont j'ai l'honneur d'être le représentant, que je place mon amendement et que je le soumets à vos suffrages. [Très bien! très bien! et applaudissements à gauche et au centre gauche.]
Annales de l'Assemblée nationale, Vol 36, pp 361-364.
Séance 2.
Discours de Léon Jouhaux aux obsèques de Jean Jaurès (4 août 1914)
Devant ce cercueil, où gît, froid, insensible désormais, le plus grand des nôtres, nous avons le devoir de dire, de clamer avec force, qu'entre lui et nous, classe ouvrière, il n'y eut jamais de barrière. On a pu croire que nous avions été les adversaires de Jaurès. Ah ! comme on s'est trompé ! Oui, c'est vrai, entre nous et lui, il y eut quelques divergences de tactique. Mais ces divergences n'étaient, pour ainsi dire, qu'à fleur d'âme. Son action et la nôtre se complétaient. Son action intellectuelle engendrait notre action virile. Elle la traduisait lumineusement dans les grands débats oratoires que soulevaient, dans les pays, les problèmes sociaux. C'est avec lui que nous avons toujours communié.
Jaurès était notre pensée, notre doctrine vivante ; c'est dans son image, c'est dans son souvenir que nous puiserons nos forces dans l'avenir.
Passionné pour la lutte qui élève l'humanité et la rend meilleure, il n'a jamais douté. Il a rendu à la classe ouvrière, cet hommage immense, de croire à sa mission rénovatrice. Partisan du travail, il était pour l'activité, estimant que même dans ces outrances l'activité recèle toujours des principes bons.
Penché sur la classe ouvrière, il écoutait monter vers lui ses pulsations, il les analysait, les traduisait intelligiblement pour tous.
Il vivait la lutte de la classe ouvrière, il en partageait ses espoirs. Jamais de mots durs à l'égard des prolétaires. Il enveloppait ses conseils, ses avertissements du meilleur de lui-même.
Sa critique, aux moments de difficile compréhension, à ces moments où l'action déterminée par les nécessités de la vie rompt brusquement avec les traditions morales et où il faut pour saisir avoir vécu ces nécessités, se faisait tendre, s'entourait de toutes les garanties de tact et de sincérité, pour ne pas froisser ceux qu'ils savaient ardemment épris de leur indépendance.
C'était le grand savant humain qui se penchait plus encore anxieux, hésitant à formuler son jugement, ayant peur, par un mot qui choque, d'arrêter ne fût-ce qu'une minute ce gigantesque travail d'enfantement social.
Jaurès a été notre réconfort dans notre action passionnée pour la paix. Ce n'est pas sa faute, ni la nôtre, si la paix n'a pas triomphé. Avant d'aller vers le grand massacre, au nom des travailleurs qui sont partis, au nom de ceux qui vont partir, dont je suis, je crie devant ce cercueil toute notre haine de l'impérialisme et du militarisme sauvage qui déchaînent l'horrible crime.
Cette guerre, nous ne l'avons pas voulue, ceux qui l'ont déchaînée, despotes aux visées sanguinaires, aux rêves d'hégémonie criminelle, devront en payer le châtiment.
« À Jean Jaurès », Discours prononcé aux obsèques par Léon Jouhaux, Paris, La Publication sociale, 1915, pp. 6-7.
« Je fais la guerre. » (Georges Clemenceau, 8 mars 1918).
M. Georges Clemenceau, président du conseil, ministre de la guerre.
[
] Je ne suis monté à la tribune, ni pour engager des querelles, ni pour polémiquer ; mais enfin, puisque je suis perpétuellement attaqué à propos de faits que je n'ai pas connus et que je n'ai pas commis, il me sera bien permis de m'expliquer sur la doctrine du Gouvernement. C'est pour exposer cette doctrine que j'ai demandé la parole, afin qu'il soit bien entendu, dans le vote que vous émettrez tout à l'heure et qui sera un vote sur la confiance que les républicains continuent d'avoir confiance dans les libertés.
On fait des campagnes contre tel ou tel d'entre vous et vous vous en étonnez. Messieurs, voilà cinquante ans qu'on en fait contre moi. (Mouvements divers)
Quand m'a-t on entendu m'en plaindre en quelque manière que ce soit ? Il m'est arrivé de répondre, il m'est arrivé de dédaigner et de ne pas lire. Soyez sûrs que c'est encore le meilleur remède.
[
] Je dis que les républicains ne doivent pas avoir peur de la liberté de la presse. (Applaudissements. - Interruptions sur les bancs du parti socialiste.)
N'avoir pas peur de la liberté de la presse, c'est savoir qu'elle comporte des excès. C'est pour cela qu'il y a des lois contre la diffamation dans tous les pays de liberté, des lois qui protègent les citoyens contre les excès de cette liberté.
[
] Il faut savoir supporter les campagnes ; il faut savoir défendre la république autrement que par des gesticulations, par des vociférations et par des cris inarticulés. (Applaudissements au centre et à droite. - Exclamations et bruits sur les bancs du parti socialiste)
Parlez, discutez, prouvez aux adversaires qu'ils ont tort et ainsi maintenez et gardez avec vous la majorité du pays qui vous est acquise depuis le quatre septembre.
Voilà la première doctrine que j'ai à établir.
[...]
La seconde, dans les circonstances actuelles, c'est que nous somme en guerre, c'est qu'il faut faire la guerre, ne penser qu'à la guerre, c'est qu'il faut avoir notre pensée tournée vers la guerre et tout sacrifier aux règles qui nous mettraient d'accord dans l'avenir si nous pouvons réussir à assurer le triomphe de la France.
[
]
Aujourd'hui, notre devoir est de faire la guerre en maintenant les droits du citoyen, en sauvegardant non pas la liberté, mais toutes les libertés. Eh bien, faisons la guerre. Interrogez-nous sur les procès de trahison. Dites que nous avons mal agi, dites que les administrations qui m'ont précédé ont mal administré la justice. C'est votre affaire. Vous trouverez toujours quelqu'un pour vous répondre.
Je suis aujourd'hui en face d'événements qui se préparent et que vous connaissez tous, auxquels je dois faire front, sur lesquels il faut absolument que ma pensée soit courbée, je pourrais dire chaque heure du jour et de la nuit. Aidez-moi vous-mêmes, mes adversaires ! (Interruptions sur les bancs du parti socialiste)
[...]
Croyez-vous que ce soit pour le plaisir de subir vos malédictions, vos injures et vos outrages, écrits ou parlés, que je suis à cette tribune en ce moment ?
Si vous le croyez, je vous plains, je ne suis pas cet homme.
Et je vais vous dire toute ma pensée ; après vous me combattrez comme vous voudrez.
A mesure que la guerre avance, vous voyez se développer la crise morale qui est la terminaison de toutes les guerres. L'épreuve matérielle des forces armées, les brutalités, les violences, les rapines, les meurtres, les massacres en tas, c'est la crise morale à laquelle aboutit l'une ou l'autre partie. Celui qui peut moralement tenir le plus longtemps est le vainqueur. Et le grand peuple d'Orient qui a subi historiquement, pendant des siècles, l'épreuve de la guerre, a formulé cette pensée en un mot : "Le vainqueur c'est celui qui peut, un quart d'heure de plus que l'adversaire, croire qu'il n'est pas vaincu". Voilà ma maxime de Gouvernement. Je n'en ai pas d'autre. (Très bien ! très bien !)
Au fond de toutes les lois de ma nature humaine, il y a une formule très simple à laquelle il faut toujours finir par se rallier. Je suis entré au Gouvernement avec cette idée qu'il faut maintenir le moral du pays.
Messieurs toute ma politique tend à ce but : maintenir le moral du peuple français à travers une crise qui est la pire de toute son histoire.
[...]
Ce moral a été admirable, quoi que vous en disiez.
Il n'en est pas moins vrai qu'il y a eu des heures où lon naurait pas pu monter à cette tribune pour tenir le langage que je tiens. Je n'incrimine personne, ce n'était pas la faute des hommes, mais d'une situation générale sur laquelle je n'ai rien à dire. Mais, aujourd'hui, c'est une chose énorme pour le pays de pouvoir penser et lever la tête, regarder les amis et les ennemis les yeux dans les yeux, et de se dire : "Je suis le fils d'une vieille histoire qui sera continuée, mon peuple a écrit, mon peuple a pensé, ce qu'il a fait. Nos neveux l'écriront, nos neveux le penseront. Nos neveux le feront." (Applaudissements.)
Voilà pourquoi je suis au Gouvernement et pas pour autre chose. Le moral de nos soldats fait l'admiration de leurs officiers, comme de tous ceux qui vont les voir. Pas d'excitation, une sérénité d'âme au-dessus de l'étonnement, des propos tranquilles et gais, un bon sourire de confiance, et quand on parle de l'ennemi, un geste auquel s'ajoute quelque fois une parole qui fait comprendre que tous ces efforts viendront s'épuiser devant le front français. (Applaudissements.)
Et les parents de ces hommes, les pères, les mères, nous les connaissons : stoïques eux aussi. Pas de plaintes, pas de récriminations. Que la paix publique ait pu être maintenue comme elle l'a été pendant quatre ans, c'est à l'éloge, je le dis, des Gouvernements précédents (Très bien ! très bien !) Et aussi du peuple français lui-même. (Applaudissements.)
Cela, il faut le continuer, mais il y a peut-être des milieux où cela est devenu plus difficile qu'autrefois.
Il y a l'excuse de la fatigue, des mauvaises paroles, il y a l'excuse des propos semés par des agents de l'ennemi ; il y a l'excuse de la propagande allemande. Mais malgré tout cela, le moral de Français est immuable. Les civils ne sont pas au-dessous des poilus. (Applaudissements. )
Eh bien, messieurs, voilà quatre mois que nous sommes au pouvoir. Je ne veux pas m'attribuer le mérite de ce résultat ; je n'en ai pas un instant la pensée, mais nous avons peut-être concouru à le maintenir, à l'aider, en tout cas.
[
]
On dit : " Nous ne voulons pas la guerre ; mais il faut la paix le plus tôt possible."
Ah ! moi aussi, j'ai le désir de la paix le plus tôt possible et tout le monde la désire. Il serait un grand criminel celui qui aurait une autre pensée, mais il faut savoir ce qu'on veut. Ce n'est pas en bêlant la paix qu'on fait taire le militarisme prussien. (Vifs applaudissements à gauche, au centre et à droite.)
Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c'est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. (Applaudissements sur les mêmes bancs. Mouvements divers.)
Annales de la Chambre des Députés, Débats Parlementaires, Vol 110-1, Session de 1918, pp 787-791.
Séance 3.
Le vote des femmes. (Pierre-Etienne Flandin, 8 mai 1919).
Messieurs, entreprendre de démontrer, à une assemblée composée exclusivement de représentants du sexe masculin, que la stricte application des principes démocratiques sur lesquels est fondée la république loblige à accorder désormais aux femmes la capacité politique pourrait sembler audacieux.
Cest quen effet nos pères et nous-mêmes, nous sommes réclamés de ces principes, que nous pensons même les avoir appliqués dans notre droit public, sans que jusquà présent nos institutions politiques accordassent le moindre droit de suffrage aux femmes. En France, les revendications du suffrage universel se sont bornés jusquici aux demandes des hommes et il semblait à nos pères quavoir étendu le droit de vote aux électeurs masculins même infirmes et même illettrés, cela suffisait et que point nétait besoin dy appeler les femmes
[
]
Cependant, voici que, depuis vingt ans, autour de notre démocratie un peu fatiguée et vieillissante, de toutes parts, les femmes ont été appelées à prendre part à la vie politique. [
]
[
]
Quand, au moment de la mobilisation, il a fallu remplacer dans nos campagnes, environ 3 millions de travailleurs, les femmes ont pris la charrue, la hotte et la bêche, la fourche et laiguillon, et elles ont fait lever les moissons, elles ont vendangé les vignes ; elles ont accru et conduit les troupeaux. Quand il a fallu, pour vaincre, augmenter la production des armes, les munitions et des avions, cest par centaines de mille que les femmes françaises sont entrées dans lusine de guerre. Les employées qui, sont entrées dans tous les grands services publics, dans toutes les administrations publiques et ont permis à la France de continuer de vivre. Je crois que nous pouvons nous incliner respectueusement devant ce que les femmes françaises ont fait pendant la guerre. (Applaudissements.)
[
]
Nous retournant aujourdhui vers vous , qui, comme vos collègues des la chambre des communes, êtes aussi, des représentants dune vieille démocratie traditionnelle ; qui êtes, de plus, les héritiers de la révolution, de la grande révolution émancipatrice des peuples ; qui vous demandons, à vous aussi, de ne pas commettre cet outrage au bon sens ; nous vous demandons découter la grande voix qui, de toutes parts, appelle les femmes dans le monde entier à la vie politique, parce que cest la voix du droit et de la justice. (Très bien ! très bien !)
Cest la voix du droit parce quil ny a plus, à lheure actuelle, dans notre société, dinégalité sociale entre la femme et lhomme et que, par conséquent, il ne peut plus y avoir dinégalité politique.
[
]
Je sais bien qu'on oppose à cette tendance deux raisons d'Etat. Les voici: on craint que la femme n'apporte dans la discussion des affaires politiques la dictature du sentiment et on redoute que leur idéalisme socialiste ou religieux ne compromette la république. Je ne répondrai pas au premier argument parce que nous ne pourrions entreprendre une discussion qui serait purement académique et d'où nous ne pourrions guère sortir que par une expérience loyale qui nous fixerait les uns et les autres sur la valeur respective de nos arguments; et c'est précisément cette expérience que la commission du suffrage universel vous propose de réaliser. (très bien ! très bien !)
Quant à savoir si les femmes voteront demain pour les cléricaux, pour les socialistes ou pour les partis du centre, j'avoue franchement que je n'en sais rien et que je me soucie peu de le savoir. Il me parait, en effet, inadmissible que nous puissions combiner de telle sorte les principes démocratiques sur lesquels nous fondons les uns et les autre la fortune des partis politiques auxquels nous appartenons, avec applications de ces principes, des telle sorte que nous en différions l'application toutes les fois que l'intérêt électoral de notre parti le commande. (Très bien ! très bien !)
[
]
En réalité, je crois que tous peuvent accepter la formule d'expérience loyale que nous proposons aujourd'hui à la chambre. Qu'est-ce que nous demandons ? Nous demandons que vous accordiez aux femmes le droit de participer au scrutin pour l'élection des conseils municipaux, des conseils généraux, des conseils d'arrondissements.
[
]
Nous n'avons fait que suivre l'exemple de l'étranger. Partout, aussi bien en Angleterre qu'en Norvège et aux Etats unis, la participation des femmes aux élections locales a toujours précédé leur participation aux élections politiques proprement dites.
Ainsi, le projet qu'apporte la commission est un projet de transaction ; il ne satisfera ni les adversaires irréductibles du suffrage des femmes, ni les partisans déterminés de leur capacités politiques intégrales.
Aux adversaires du suffrage, nous disons :
" Nous vous offrons les moyen de faire une expérience, et cela sans faire courir de risque grave aux institutions politiques même de ce pays. Bien plus, par ce premier scrutin, les femmes feront l'éducation de leur sens politique."
Ceux-là mêmes qui craignent que la participation des femmes aux élections renforce les partis extrêmes et compromettent la république, trouveront dans cette éducation préalable du sens politique de la femme, la meilleure des garanties.
Quant aux partisans acharnés du droit intégral des femmes, nous leur disons :
C'est une première étape. Et nous le prouvons, puisque, par l'approbation successive de tous les articles autres que l'article 1er du projet qui vous est présenté, nous pourrons amener successivement les femmes à participer aux élections législatives, sénatoriales, à devenir même éligibles dans cette assemblée et dans la haute assemblée.
Il semble que vraiment nous remettons ainsi aux femmes elles-mêmes le sort de leur avenir politique, car vous entendez bien que c'est par la manière dont elles useront de leur droits qu'elles pourront hâter ou retarder la réalisation de leurs désirs : leur participation aux élections politiques proprement dites.
[
]
Notre réforme est modeste, mais elle marque néanmoins une grande date. J'ajoute qu'elle est à ce point prudente que nous espérons bien de ne pas trouver dans la haute assemblée les mêmes objections que nous rencontrerions si nous lui présentions d'un coup la participations des femmes à toutes les élections en France. Plus tard, probablement dans peu de temps, vous appellerez les femmes à siéger sur ces bancs.
(Mouvements divers.)
M. le rapporteur
. Et leur concours ne sera pas inutile. La France sort à ce point meurtrie de la guerre qu'il n'est pas trop de toutes les bonnes volontés pour la ressusciter. Et si certains adversaires du suffrage féminin étaient tentés de reprendre cette ancienne objection, qui a traîné partout et beaucoup vieilli pourtant, que le bonheur de l'humanité, la grâce et la douceur féminines doivent être réservées à bercer les rêves des enfants, à panser les plaies de l'homme mûr et à rasséréner les angoisse du vieillard, je vous montrerais en terminant ce peuple de France qui aujourd'hui, dans son renouveau, tend tous ses espoirs vers un avenir social meilleur, qui sort, dans sa virilité, si meurtri de la guerre et qui , dans sa vieillesse, lourde d'un redoutable passé, chancelle et se trouble quelquefois. Les femmes pourront l'aider. (Vifs applaudissements.)
Annales de la Chambre des Députés, Débats Parlementaires, Vol 114, Session ordinaire de 1919, pp 1935-1937.
Les débuts sanglants de Weimar (Karl Liebknecht, Die Rote Fahne, 15 janvier 1919, cité par Gilbert Badia, Les Spartakistes, Julliard, coll. Archives, 1984, pp. 246-247.)
C'est vrai ! Les ouvriers révolutionnaires de Berlin ont été battus.
Et les Ebert-Scheidemann-Noske ont remporté la victoire. Ils ont vaincu parce qu'ils avaient à leurs côtés les généraux, la bureaucratie, les barons de la mine et des grands domaines, les curés, les coffres-forts et tout ce qui est étroit, borné, rétrograde. Et tout cela a remporté la victoire, pour eux, en utilisant la mitraille, les obus à gaz et les lance-mines.
Mais il est des défaites qui sont des victoires ; et des victoires plus fatales que des défaites.
Les vaincus de la semaine sanglante de janvier ont supporté glorieusement l'épreuve ; ils ont combattu pour un idéal grandiose, pour les buts les plus nobles que connaisse l'humanité souffrante, pour le salut moral et matériel des masses dans le besoin ; c'est pour une cause sacrée, qu'ils ont versé leur sang et ce sang en a été sanctifié. Et de chaque goutte de ce sang, comme du sang de l'hydre, naîtront des vengeurs des héros tombés, de chaque fibre lacérée naîtront de nouveaux combattants pour notre cause, notre cause éternelle et impérissable comme le firmament.
Les vaincus d'aujourd'hui seront vainqueurs demain. Car cette défaite porte enseignement. Le prolétariat allemand, c'est vrai, manque encore de traditions et d'expérience révolutionnaires. Et cette formation pratique, qui garantit les succès à venir, il ne saurait l'acquérir que par des tentatives maladroites, des erreurs de jeunesse, des revers et des échecs douloureux.
Mais pour les forces vives, les forces profondes de la révolution sociale, dont la croissance irrésistible constitue la loi naturelle de l'évolution sociale, ces revers agiront comme un coup de fouet. Et de revers en revers leur route mène à la victoire.
Et les vainqueurs d'aujourd'hui ?
Leur travail sanglant, leur tâche infâme, ils l'ont accompli pour une cause infâme. Pour les puissances du passé, pour les ennemis mortels du prolétariat.
Et dès aujourd'hui ce sont des vaincus ! Car dès aujourd'hui ils sont les prisonniers de ceux dont ils ont pensé faire leurs instruments et dont ils ont en réalité, depuis toujours, été eux-mêmes les instruments.
C'est encore sous leur raison sociale qu'on opère. Mais on ne leur a laissé qu'un bref sursis. Déjà ils sont cloués au pilori de l'histoire. Le monde n'a jamais connu de tels Judas qui, non contents de trahir ce qu'ils avaient de plus sacré, l'ont crucifié de leurs propres mains. De même qu'en août 1914 la social-démocratie est tombée plus bas qu'aucune autre, de même c'est elle qui, à l'aube de la révolution sociale, offre le spectacle le plus horrible.
La bourgeoisie française a été contrainte de prendre dans ses propres rangs les bouchers de juin 1848 et les bourreaux de mai 1871. La bourgeoisie allemande n'a pas à prendre cette peine. Ce sont des « sociaux-démocrates » qui accomplissent la sale et méprisable besogne, la sanglante et lâche besogne : leur Cavaignac, leur Gallifet s'appelle Noske, « l'ouvrier allemand ».
Un carillon a convié au massacre; et maintenant, les capitalistes, sauvés de la « terreur bolchevique », fêtent la soldatesque salvatrice, l'accueillent avec musique et mouchoirs, dans l'allégresse de la victoire. La poudre fume encore, dans les décombres, le feu couve encore, les prolétaires assassinés gisent encore sur le pavé, encore gémissent les blessés et voici que les Ebert, Scheidemann et Noske passent en revue les troupes d'assassins, qu'enfle l'orgueil de leur victoire.
Sang de l'hydre !
Voici que déjà le prolétariat international se détourne avec un frisson de dégoût, de ceux qui osent tendre vers l'Internationale ces mains sur lesquelles fume encore le sang des ouvriers allemands ! Avec horreur, avec mépris, les repoussent, même ceux-là qui, dans le déchaînement de la guerre, avaient renié eux-mêmes les devoirs du socialisme. Souillés, chassés des rangs de l'humanité honnête, expulsés de l'Internationale, vilipendés et maudits par tous les prolétaires révolutionnaires, les voilà soumis au jugement du monde.
Et c'est l'Allemagne entière qui, de leur fait, est plongée dans l'ignominie. Ce sont des traîtres, des fratricides qui gouvernent le peuple allemand.
Oh ! leur triomphe ne saurait durer longtemps ; un simple sursis et ils seront jugés.
Des brandons, les brandons de l'indignation gravent leurs thèses dans des millions de curs.
La révolution du prolétariat, qu'ils ont pensé noyer dans le sang, va se dresser devant eux, gigantesque. Son premier mot sera : À bas Ebert-Scheidemann-Noske, assassins d'ouvriers.
Les vaincus d'aujourd'hui ont compris la leçon. Les voilà désormais guéris de l'illusion que leur salut pourrait leur venir de masses en pleine confusion ; de l'illusion qu'on peut se fier à des chefs, qui se sont montrés incapables et mous ; guéris de leur foi en la social-démocratie indépendante, qui les a honteusement laissés en plan. C'est en ne se reposant que sur eux, qu'ils livreront leurs futures batailles, qu'ils gagneront leurs futures victoires. Et pour eux, l'amère leçon de cette semaine a conféré un sens nouveau et plus profond à cette phrase : la libération de la classe ouvrière ne peut être l'uvre que de la classe ouvrière elle-même.
Et ces soldats égarés comprendront bien vite, eux aussi, quel jeu on a joué avec eux, quand ils sentiront sur leurs épaules le knout du militarisme restauré; eux aussi se réveilleront de cette ivresse qui les obnubile aujourd'hui.
« Spartacus écrasé ! »
Séance 4.
LItalie en crise (Bertrand de Jouvenel, D'une guerre à l'autre 1919-1925, Calmann Lévy, 1941, pp. 167-170).
Aux élections de novembre 1919, les socialistes ont obtenu le tiers des suffrages exprimés et leurs députés occupent 156 sièges sur les 508 que comptait la Chambre italienne. En même temps, les adhérents affluent à la C. G. T., qui monte au chiffre record de deux millions deux cent mille adhérents. Les grèves avaient été fréquentes et importantes au cours de l'année écoulée. Après la victoire électorale, elles redoublent. En janvier 1920, les postiers, puis les cheminots cessent successivement le travail.
Nitti, chef du gouvernement jusqu'en mai 1920, puis Giolitti qui lui succède, offrent au puissant parti socialiste de participer au pouvoir. Mais ce n'est point assez. Ce parti se croit à la veille de la révolution prolétarienne. Au cours de l'année 1920, les événements se précipitent. Les métallurgistes entrent en conflit violent avec le patronat. Le 31 août, 280 établissements de Milan sont occupés. Les industriels s'affolent en voyant les occupations s'étendre à tout le pays. La C.G.T., le Parti Socialiste, dont les états-majors se réunissent à Milan le 10 septembre, vont-ils prendre le pouvoir ? Le patronat signe toutes les capitulations. Des élections municipales et cantonales se font dans l'euphorie de la victoire ouvrière. Les socialistes administreront 2 162 communes sur 8 059 et 25 provinces sur 69. Mais les grandes grèves de septembre ont laissé dans les esprits une impression confuse d'impuissance. Les socialistes sont assez forts pour paralyser la vie de la nation. Sont-ils assez forts pour la diriger ? Le parti compte, à la fin de 1920, 4 367 sections et 216 327 adhérents. C'est là, pour l'Italie, une organisation sans précédent. Qu'est-ce que ses chefs vont faire ? Là est la difficulté : il n'y a pas de chef.
D'une part, les politiciens bourgeois assistent à la crue socialiste, n'attendant qu'un geste des leaders pour leur céder la place. D'autre part, les politiciens socialistes, conscients de leur incapacité à résoudre les problèmes qui se posent, affirment, comme Serrati à Livourne : « Dans la situation actuelle, le seul résultat de la prise du pouvoir serait que les responsabilités qui pèsent actuellement sur la bourgeoisie, passeraient au parti socialiste. »
La situation est caractérisée à la Chambre par Claudio Treves : « La crise de cette heure tragique est précisément la suivante: vous ne pouvez plus nous imposer votre ordre et nous ne pouvons pas encore vous imposer le nôtre. » Comme toujours, ces deux impuissances sont d'ordre psychologique.
Cependant, il faut que les organismes de la nation fonctionnent. Les réformes introduites par les autorités, socialistes locales, sont presque partout d'inspiration idéologique et exercent une influence paralysante. Ainsi dans la plaine du Pô, la Ligue des Travailleurs de la Terre s'est adjugée le monopole de l'embauche des ouvriers agricoles. Elle ne fournit de la main-d'uvre aux employeurs que moyennant un salaire qui ne correspond plus, quand éclate la crise agricole d'après-guerre, aux possibilités des entreprises. La Ligue provoque une série de grèves, tandis que les soldats démobilisés demandent à s'employer, prêts à accepter une rémunération moindre. Aux propriétaires et aux chômeurs, les Bourses du Travail apparaissent comme des forteresses à enlever. Qui les enlèvera ? Qui rendra aux propriétaires la liberté de l'embauche, aux chômeurs la liberté du travail ?
Des situations analogues se présentent dans d'autres régions et catégories de travailleurs. Ainsi, à Gênes, la main-d'uvre pour le travail du port est fournie par des coopératives ouvrières qui jouissent d'un monopole et qui maintiendront leurs tarifs en pleine crise, bataillant pour ce faire avec le patronat tandis qu'un nombre croissant de chômeurs ne peuvent obtenir du travail.
Les chefs locaux de la classe ouvrière n'accommodent point leur attitude aux circonstances. Les représentants des employeurs peuvent bien leur exposer la situation critique de l'industrie ; c'est en vain. Les cheftains socialistes ou cégétistes se montrent têtus, méfiants à l'égard d'un patronat qui, depuis des générations, ne s'est pas soucié d'eux. Ils prennent une attitude intransigeante, encouragés d'ailleurs par les intellectuels qui mènent le Parti : ceux-ci estiment qu'on est entré dans la phase finale de la lutte de classes.
Chaque localité connaît sa petite dictature du prolétariat.
Les Bourses du Travail apparurent bientôt comme autant de forteresses féodales, sièges de tyranneaux, sur lesquels ni l'État, ni même les instances supérieures du Parti n'exerçaient une action modératrice.
Document 2. Carte du Bienno rosso dans les campagnes
Séance 5.
Le fascisme selon Mussolini (1938)
« La base de la doctrine fasciste est la conception de l'Etat. Pour le fascisme, I' Etat est un absolu en face duquel l'individu et les groupes sont le relatif. Sans l'Etat il n'y a pas de nation. II n'y a que des groupes humains susceptibles de toutes les désintégrations que 1'Histoire peut leur infliger. Pour le fasciste, tout est dans l'Etat et rien d'humain et de spirituel n'existe hors de lEtat, pas d'individus, pas de groupes (partis, associations, syndicats, classes). C' est pourquoi le fascisme s'oppose au socialisme, qui durcit le mouvement historique de la lutte des classes et ignore l'unité de l'Etat qui fond les classes dans une seule réalité économique. Pour les mêmes raisons, il est contre le syndicalisme classique. [ ... ] Le fascisme s'oppose a la démocratie qui rabaisse le peuple au niveau du plus grand nombre ; il nie que le nombre puisse diriger les sociétés et gouverner grâce a une consultation périodique. II affirme l'inégalité ineffaçable, féconde, bienfaisante des hommes, qu'il n'est pas possible de niveler grâce à un fait mécanique et extérieur comme le suffrage universel. On peut définir les régimes démocratiques comme ceux qui donnent au peuple, de temps en temps, 1'illusion de la souveraineté. [ ... ]
Le fascisme est aussi éducateur et promoteur de la vie intellectuelle. Dans ce but, il exige une discipline, une autorité dominant les esprits pour y régner sans conteste. C'est l'Etat qui conduit les hommes de la vie élémentaire à la plus haute expression de puissance, c'est-à-dire l'Empire. C'est pourquoi le fascisme repousse le pacifisme. Seule la guerre porte au maximum de tension toutes les énergies humaines et imprime un sceau de noblesse aux peuples qui I' affrontent.
L'Etat fasciste s'attribue aussi le domaine économique. Le corporatisme est l'économie disciplinée, par conséquent contrôlée. Le corporatisme dépasse le socialisme et dépasse le libéralisme, il crée une nouvelle synthèse où tous les intérêts sont conciliés dans 1'unité de l'Etat. II diffère du syndicalisme rouge parce qu'il ne tend pas a porter atteinte au droit de propriété.
Le fascisme est universel. On peut donc prévoir une Europe fasciste, une Europe s'inspirant des doctrines et de la pratique du fascisme pour ses institutions - une Europe capable en somme de résoudre dans le sens fasciste le problème de l'Etat moderne, de l'Etat du XXe siec1e. »
MUSSOLINI (Benito), Edition définitive des Oeuvres et discours, Paris, Flammarion, 1938.
Séance 6.
La crise de la démocratie vue par lAction Française.
La République, c'est la Banqueroute
Le franc ne vaut même plus quatre sous !
L 'Etat ne paie plus ses dettes les plus sacrées : Mutilés, Sinistrés attendent leur dû.
Il emprunte des milliards à des conditions chaque jour plus désastreuses !
Il imprime de la fausse monnaie : c'est l'inflation !
Parce que la République, c'est le pillage du budget!
La République veut des fonctionnaires : ce sont ses agents électoraux. Elle en crée
chaque jour de nouveaux.
Elle n'en supprimera jamais.
Périsse la France plutôt que de supprimer un monopole improductif. Périsse la France plutôt que de supprimer une école laïque vide.
Parce que la République ne peut ni prévoir ni réformer!
Pour concevoir un plan il faut une tête. Pour l'exécuter, il faut un régime stable.
La République, c'est l'incohérence : 70 ministères en 50 ans.
La République, c'est un corps sans tête: 4 chefs d'Etat depuis l'armistice.
Parce que la République ne peut faire rendre gorge aux grands voleurs! Elle dépend d'eux !!
Pour faire lopinion et les élections, il faut tenir la presse. Pour tenir la presse, il faut de l'OR.
Le pouvoir est au plus offrant : après Billiet, Finaly et Cie ...
Rose ou rouge, la République c'est toujours : la Haute Finance internationale.
Les vrais coupables sont les parlementaires !
Ils ont gaspillé, pour leurs besoins électoraux, les lourds impôts courageusement payés par tous les Français et maintenant nous imposent une inquisition fiscale jusqu'alors inconnue dans notre histoire.
La première République, voleuse de biens nationaux, a eu ses assignats. L'Empire nous mena au désastre.
La Restauration ramena l'ordre, la paix et la prospérité.
La troisième République, voleuse des milliards des congrégations, roulant de scandale en scandale, 5 ans après la victoire, a tout perdu et mène le franc à zéro.
Pour avoir de bonnes finances, il faut avoir une bonne politique.
LACTION FRANCAISE (Section de Moulins)Séance 7.
Discours de Maurice Thorez à lAssemblée Nationale (15 juin 1934)
Ainsi, après la plus effroyable des guerres, après 10 millions de victimes en Europe, 1 million 700 000 dont les noms sont inscrits sur les monuments quon rencontre dans chaque petit village de France, après les monceaux de ruine et les torrents de sang, de 1914 à 1918, après les paroles hypocrites sur la dernière des guerres, après la comédie du désarmement de Genève, voilà enfin que cette vérité éclate aux yeux des masses laborieuses de tout le pays : le résultat de votre politique après la guerre, cest encore la guerre, et les prolétaires ne veulent pas la guerre, ils sopposent à la guerre (Applaudissements à lextrême gauche communiste. Interruptions à droite.)
Voilà que Versailles offres ses fruits amers et empoisonnés. Nous savions, nous, communistes, que Genève naurait pas donné la paix. Nous navons pas oublié cette parole de Jaurès, dont parle souvent en loubliant un peu : « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte lorage. »
Nous navons pas, non plus, oublié ce que Lénine, notre maître, nous a enseigné en 1918 : si le socialisme ne triomphe pas à travers lEurope, la paix entre les nations capitalistes ne sera quune trêve, que la préparation vers des carnages plus terribles et plus sanglants encore. » (Applaudissements à lextrême gauche communiste.)
Voilà que cette vérité éclate aux yeux des prolétaires et, avec ce rappel de Lénine nous affirmons hautement (Exclamations à droite), oh ! pas pour ceux dont les ricanements ne nous importent guère, mais pour les prolétaires qui nous entendent par-dessus vous, nous redisons notre hostilité à la défense nationale.
Nous ne souscrivons pas à la théorie qui veut identifier les intérêts des prolétaires, des travailleurs des villes et des champs, à ceux de leurs exploiteurs capitalistes. (Applaudissements à lextrême gauche communiste.)
Nous ne voulons pas un seul instant croire à la défense nationale. Nous en sommes restés, nous, communistes, à cette phrase du manifeste communiste de Marx : « Les prolétaires nont pas de patrie. »
A droite. Alors que faites-vous ici ?
M. Thorez. Si vous mobjectez la patrie soviétique, je vous répondrai que, là-bas, les prolétaires sont au pouvoir et en ont chassé vos amis.
Ici, nous affirmons notre préoccupation exclusive : servir les intérêts de la classe ouvrière et des masses laborieuses.
Les prolétaires de France, les paysans ont senti instinctivement la poussée vers la guerre, et ils sentent aussi que cette poussée vers la guerre est un des éléments de la poussée vers le fascisme.
Le fascisme, cest votre offensive de capitalistes contre les prolétaires des usines et des campagnes, contre les libertés de la classe ouvrière.
Le fascisme, cest aussi la guerre, et ce nest pas pour le prolétariat une mince indication que de trouver ses ennemis les plus féroces parmi les champions du fascisme et les tenants du nationalisme, qui jetteraient de nouveau le pays à la guerre si nous, prolétaires, nétions pas capables de nous y opposer.
A la poussée du fascisme, à la poussée des bourgeois et de leurs domestiques vers la guerre, correspond heureusement, en effet, dans tous les pays, la poussée vers lunité de la classe ouvrière, la poussée vers lunité des prolétaires et des masses paysannes.
Les ouvriers sentent que lunité de leurs forces, leur unité dans la bataille, leur unité dans un seul syndicat, leur unité dans un seul parti de classe, sera une arme essentielle pour la lutte contre la guerre, contre les bandes fascistes, auxquelles les ouvriers sont décidés à sopposer de toutes leurs forces. (Applaudissements à lextrême gauche communiste.)
[
]
Chacun comprend le souci qui manime. Je désire que les paroles prononcées en ce moment par le représentant du parti communiste aillent, par-dessus cette Chambre, vers les ouvriers qui veulent sunir et se battre contre la bourgeoisie.
Ouvriers, paysans, intellectuels, soldats, tous sunissent pour lutter contre la guerre.
Nous, parti communiste, mettant au-dessus de tout notre volonté de nous opposer à la guerre, de nous opposer au Gouvernement dit dunion nationale qui prépare le fascisme et la guerre, notre volonté dassurer la défense de lunion soviétique, car le secours de lunion soviétique vient essentiellement de lappui moral de millions douvriers et paysans qui sympathisent avec les Soviets, nous sommes désireux de nous battre contre vous et, avec les ouvriers socialistes, avec les ouvriers confédérés, avec les ouvriers ligueurs, avec tous ceux que votre politique veut conduire à la guerre, la main dans la main nous vous abattrons et nous ferons les Soviets. (Applaudissements à lextrême gauche communiste.)
Annales de la Chambre des députés, Débats Parlementaires, Vol 180, Session ordinaire de 1934, pp 1546-1547.
Séance 8
Adresse inaugurale du président Roosevelt (4 mars 1933)
(Nos difficultés) ne concernent, grâce à Dieu! que des choses matérielles : les prix sont tombés à des niveaux inimaginables ; les impôts se sont élevés ; nos possibilités de paiement se sont effondrées ; l'administration à tous les échelons subit de graves réductions de recettes ; les moyens d'échange sont bloqués dans les canaux gelés du commerce ; les feuilles sèches de l'industrie jonchent partout le sol ; les fermiers ne trouvent plus de marchés pour leurs produits ; les économies amassées pendant de nombreuses années par des milliers de familles ont disparu.
Plus important encore : une foule de chômeurs ont à résoudre le terrible problème de l'existence, et un nombre tout aussi grand peine durement pour un salaire de misère. Seul un optimiste insensé peut nier les sombres réalités du moment. Pourtant notre détresse ne provient pas de la disette. Nous ne sommes pas frappés par la plaie des sauterelles. En comparaison des périls que nos aïeux ont surmontés parce qu'ils étaient croyants et sans crainte, nous avons encore beaucoup de sujets de reconnaissance. La nature nous offre toujours ses largesses et les efforts humains les ont multipliées. L'abondance est à notre porte, mais la consommation s'affaiblit à la face de la production. En premier lieu, la faute en incombe à ceux qui dirigent l'échange des biens de l'humanité : ils ont échoué par obstination et incompétence, ils ont avoué leur échec et ont abdiqué. Les pratiques des changeurs du temple sans scrupule sont traduites devant le tribunal de l'opinion publique, rejetées par les curs et les esprits des hommes... Face à l'échec du crédit, ils n'ont proposé que de prêter davantage...
Notre plus grande tâche, la première, est de remettre le peuple au travail. Ce n'est pas un problème insoluble si nous l'affrontons avec sagesse et courage.
Elle peut s'accomplir en partie par une embauche directe par le gouvernement, en agissant comme en cas de guerre, mais en même temps en réalisant par cette embauche les travaux les plus nécessaires pour stimuler et réorganiser l'usage de nos ressources naturelles. Parallèlement à cette action, nous devons avouer franchement que nos centres industriels sont surpeuplés, et en engageant à l'échelon national une nouvelle répartition, nous efforcer de faire mieux utiliser la terre par ceux qui y sont le plus aptes.
On peut travailler à cette tâche par des efforts précis pour élever les prix des produits agricoles, et avec eux le pouvoir d'achat qui absorbera la production de nos cités. On peut y travailler en mettant un terme réel à la tragédie de la disparition croissante, par forclusion, de nos petites entreprises et de nos fermes. On peut y travailler en insistant pour amener les administrations fédérales, d'États et locales, à réduire énergiquement leurs dépenses. On peut y travailler en unifiant les activités de secours qui souffrent souvent aujourd'hui de dispersion, de gaspillage et d'inégalité. On peut y travailler en établissant un plan national et une surveillance de toutes les formes de transports et de communication et d'autres activités qui présentent nettement un caractère de service public. On peut y travailler de bien des manières, mais jamais seulement en paroles. Il nous faut agir et agir vite. Notre Constitution est si simple et si pratique qu'il est toujours possible de subvenir à des besoins extraordinaires par des changements d'accent et d'interprétation sans perdre sa forme essentielle...
Il est à espérer que le jeu normal des pouvoirs exécutif et législatif sera parfaitement apte à réaliser la tâche sans précédent qui nous attend. Mais il se pourrait qu'une exigence sans précédent d'une action urgente puisse demander un abandon temporaire de ce jeu normal de la procédure publique.
Je suis prêt à proposer, en vertu de mon devoir constitutionnel, les mesures que peut réclamer une nation blessée au milieu d'un monde blessé. Ces mesures, ou toutes autres que le Congrès pourrait élaborer dans son expérience et sa sagesse, je chercherai, dans les limites de mon pouvoir constitutionnel, à les faire rapidement adopter. Mais, s'il arrivait que le péril national devienne encore plus critique, je ne me déroberais pas au devoir évident que j'aurais alors à affronter.
Je demanderais au Congrès la seule arme qui reste pour combattre la crise, un large pouvoir exécutif pour gagner la guerre contre le péril, pouvoir aussi grand que celui qui me serait donné si nous étions effectivement envahis par une armée ennemie...
Adresse inaugurale, 4 mars 1933, cité in Commager (H. S.). Documents of American History, vol. 2, pp. 419-421. Trad. Documents d'histoire, 1851-1963, tome 2, A. Colin, pp. 254-255.
Séance 9.
Pour ou contre Munich ? (4 octobre 1938)
M. Édouard Daladier, président du Conseil, ministre de la Défense nationale et de la Guerre. Messieurs, au cours des semaines que nous venons de vivre, le monde a pu se demander avec angoisse s'il n'allait pas être précipité dans la guerre. Aujourd'hui, je peux vous dire que, dans cette crise, nous avons sauvé la paix.
[
]
Pendant ces jours dangoisse, messieurs- nous en fûmes tous les témoins- deux courants se sont manifestés dans notre pays. On les retrouvait lun et lautre à lintérieur de chaque parti politique, à lintérieur de chaque tendance, et lon peut même dire quils se disputaient, au gré des événements, la conscience et le cur de chaque Français. Les uns mettaient leur espoir dans la négociation, les autres dans la fermeté intransigeante.
Quant à moi, chef du Gouvernement, jai reconnu dès la première minute, dans lun et lautre de ces mouvements, linfaillible instinct du peuple français et jai senti que la vérité était dans la synthèse de ces deux courants et non pas dans leur contradiction. (Applaudissements.)
Ce que voulait le peuple de France, cest que lirréparable fût évité. Lirréparable, cétait lagression allemande. Cette agression aurait pu déclencher laide et lassistance de la France et nous vous aurions demandé, quant à nous, de faire face aux engagements de la France. (Applaudissements.)
[
]
Vous connaissez les résultats de l'entrevue de Munich qui fut plus une conversation utile qu'une conférence formelle.
Nous avons évité le recours à la force. Nous avons, sans qu'aucun doute soit permis à cet égard, provoqué dans quatre pays le plébiscite de la paix. (Applaudissements.) Par la chaleur spontanée de l'accueil qui fut réservé à Berlin, à Rome, à Londres, à Paris, par les peuples des quatre capitales, aux chefs des quatre gouvernements, par les innombrables témoignages qui leur parviennent aux uns et aux autres des villes et des campagnes de leur pays, comment douter un seul instant de l'immense soulagement des hommes et de leur attachement à la paix ? (Nouveaux applaudissements.)
[
]
Vous avouerai-je enfin, Messieurs, que, l'autre jour, en arrivant au Bourget, au milieu de cette joie spontanée du peuple de Paris qui répondait à la joie des peuples de Berlin, de Rome et de Londres, je n'ai pu m'empêcher de ressentir une sorte d'inquiétude? Je pensais que la paix n'est pas une conquête définitive, mais qu'elle doit être défendue chaque jour. (Très bien! très bien !) Je suis certes sensible bien que je nen sois pas enivré aux manifestations de la joie populaire, mais, comme chef du Gouvernement, je ne dois penser quà lavenir de notre patrie.
La paix sauvée ne saurait être le signal de l'abandon. (Vifs applaudissements.) Elle doit marquer, au contraire, un nouveau sursaut des énergies de la nation française. Je vous le dis avec toute la force de conviction dont je suis capable: si le pays devait s'abandonner et si le maintien de la paix n'était pour lui qu'une raison d'insouciance, nous irions avec rapidité, avec plus de rapidité que vous ne pourriez le croire, à des lendemains redoutables. Je ne saurais pour ma part je vous le dis en toute cordialité et en toute franchise accepter de conduire la France vers ces lendemains.
[
]
Nous ne maintiendrons la paix que si nous consolidons lunion des curs et des esprits que viennent de rapprocher les angoisses communes. Tout ce qui excite la haine, tout ce qui oppose les Français à dautres Français ne peut plus être considéré que comme une sorte de trahison.
[
]
M. Henri de Kerillis. Messieurs, il sagit dapprécier une politique qui bouleverse de fond en comble le statut de lEurope et met en cause les intérêts matériels et moraux de notre pays. [
]
La Tchécoslovaquie pouvait immobiliser pendant plusieurs semaines - d'aucuns disent pendant plusieurs mois - trente à quarante divisions allemandes. Maintenant que vous avez livré la forteresse, ces divisions sont libérées et peuvent, dès le premier jour, se porter sur notre front.
Il en résulte un formidable bouleversement dans l'équilibre actuel des forces. Où allez-vous trouver les effectifs à opposer à ces quarante divisions allemandes ? Et si, au printemps prochain, l' Allemagne, reprise de ses accès de fringale, vous adresse de nouvelles sommations concernant les colonies ou d'autres régions de l'Europe habitées par des Allemands, ou l' Alsace et la Lorraine, ces provinces dont M. Hitler a dit et écrit, dans son livre, Mein Kampf, que nous les lui avions volées, comment résisterez-vous mieux, cette prochaine fois, puisque vous n'avez pas pu le faire lorsque vous ne subissiez pas la pression des quarante divisions auxquelles je viens de faire allusion?
Comment résisterez-vous mieux au sinistre chantage des bombardements aériens sur Paris, alors que l'état actuel de la technique aérienne tient Berlin, Vienne et les centres industriels de l'Est hors de la portée de l'aviation française et que vous avez livré à l'Allemagne la plate-forme aérienne d'où vous pouviez rendre les coups ?
[
]
Messieurs, vous sentez maintenant pourquoi il m'est impossible d'accorder mon vote au gouvernement, car ce vote signifierait mon adhésion à la paix de Munich.
Cette paix annule à jamais les bénéfices de la victoire de 1918 ; cette paix signifie le renoncement de notre politique historique, de notre politique traditionnelle, poursuivie sans interruption pendant des siècles, pour le maintien de l'équilibre européen.
Cette paix consacre le triomphe de Hitler, c'est-à-dire à la fois celui de l'Allemagne et celui du fascisme international.
Cette paix fait du IIIe Reich un empire colossal qui va établir sans obstacle, désormais, et par étapes foudroyantes, son hégémonie sur l'Europe.
[..]
Hitler nous a prévenus, dans Mein Kampf, que son but suprême était d'écraser la France, l'ennemie mortelle de l'Allemagne. Même si, sincèrement, il répudiait la doctrine et la philosophie sur lesquelles la révolution qu'il a accomplie et les triomphes qu'il a remportés trouvent leur fondement, je crois que des forces irrésistibles et plus fortes que lui l'entraîneraient un jour à se jeter contre nous.
En disant cela, je heurte en vous des convictions que je sais sincères; je vais contre le courant des sentiments populaires.
Mais je pense que notre devoir à nous, meneurs de l'opinion et représentants du peuple, n'est pas de suivre les enthousiasmes certes compréhensibles mais parfois inconsidérés des foules, il est de leur rappeler les dures leçons de l'expérience historique et les dures réalités de la vie courante. Les foules vous ont acclamé, à votre retour de Munich, Monsieur le Président du Conseil et Dieu sait si je comprends le cri de joie d'un peuple qui a pu échapper au fléau de la guerre. Cependant, j'eusse aimé que la radio officielle ne s'efforçât pas de provoquer ces manifestations et ces effusions. Car, si vous voulez redresser la situation, ce ne sont pas les illusions trompeuses qu'il faut déverser dans le coeur des Français, c'est la vérité qu'il faut leur montrer.
Annales de la Chambre des Députés, Débats Parlementaires, Session extraordinaire de 1938.
Séance 10.
La déclaration des Résistances européennes (7 juillet 1944)
La résistance à l'oppression nazie qui unit les peuples d'Europe dans un même combat a créé entre eux une solidarité et une communauté de but et d'intérêts qui prennent toute leur signification et toute leur portée dans le fait que les délégués des mouvements de résistance européens se sont réunis pour rédiger la présente déclaration, où ils entendent exprimer leurs espoirs et leurs intentions quant au sort de la civilisation et de la paix. [...]
Souscrivant aux déclarations essentielles de la Charte de l'Atlantique, ils affirment que la vie des peuples qu'ils représentent doit être fondée sur le respect de la personne, la sécurité, la justice sociale, l'utilisation intégrale des ressources économiques en faveur de la collectivité tout entière et l'épanouissement autonome de la vie nationale.
Ces buts ne peuvent être atteints que si les divers pays du monde acceptent de dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s'intégrant dans une unique organisation fédérale. [...]
La paix européenne est la clé de voûte de la paix du monde. En effet, dans l'espace d'une seule génération, l'Europe a été l'épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour origine l'existence sur ce continent de trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par la création d'une Union fédérale entre les peuples européens.
Seule une Union fédérale permettra la participation du peuple allemand à la vie européenne sans qu'il soit un danger pour les autres peuples.
Seule une Union fédérale permettra de résoudre les problèmes des tracés de frontières dans les zones de population mixte, qui cesseront ainsi d'être l'objet des folles convoitises nationalistes et deviendront de simples questions de délimitation territoriale, de pure compétence administrative.
Seule une Union fédérale permettra la sauvegarde des institutions démocratiques de manière à empêcher que les pays n'ayant pas une suffisante maturité politique puissent mettre en péril l'ordre général.
Seule une Union fédérale permettra la reconstruction économique du continent et la suppression des monopoles et des autarcies nationales.
Seule une Union fédérale permettra la solution logique et naturelle des problèmes de l'accès à la mer des pays situés à l'intérieur du continent, de l'utilisation rationnelle des fleuves qui traversent plusieurs États, du contrôle des détroits et, d'une manière générale, de la plupart des problèmes qui ont troublé les relations internationales au cours de ces dernières années. [...]
L'Union fédérale devra être fondée sur une déclaration des droits civils, politiques et économiques qui garantira le libre développement de la personnalité humaine et le fonctionnement normal des institutions démocratiques ; de plus, elle devra s'appuyer sur une déclaration des droits des minorités à une existence autonome qui soit compatible avec l'intégrité des États nationaux desquels elles font partie. [...]
L'Union fédérale devra posséder essentiellement :
Un gouvernement responsable non pas envers les gouvernements des divers États-membres, mais envers leurs peuples, par lesquels il devra pouvoir exercer une juridiction directe dans les limites de ses attributions ;
Une armée placée sous les ordres de ce gouvernement et excluant toute autre armée nationale ;
Un tribunal suprême qui jugera toutes les questions relatives à l'interprétation de la Constitution fédérale et tranchera les différends éventuels entre les États-membres ou entre les États et la fédération.
Projet de Déclaration des Résistances européennes, Genève, juillet 1944, cité dans Bernard Bruneteau, Histoire de lidée européenne au premier XXe siècle à travers les textes, A. Colin, 2006.
Séance 12. De nouveaux modèles démocratiques
Le discours de Bayeux du général de Gaulle (16 juin 1946)
Il suffit d'évoquer cela pour comprendre à quel point il est nécessaire que nos institutions démocratiques nouvelles compensent, par elles-mêmes, les effets de notre perpétuelle effervescence politique. Il y a là, au surplus, pour nous une question de vie ou de mort, dans le monde et au siècle où nous sommes, où la position, l'indépendance et jusqu'à l'existence de notre pays et de notre Union Française se trouvent bel et bien en jeu. Certes, il est de l'essence même de la démocratie que les opinions s'expriment et qu'elles s'efforcent, par le suffrage, d'orienter suivant leurs conceptions l'action publique et la législation. Mais aussi tous les principes et toutes les expériences exigent que les pouvoirs publics : législatif, exécutif, judiciaire, soient nettement séparés et fortement équilibrés et qu'au-dessus des contingences politiques soit établi un arbitrage national qui fasse valoir la continuité au milieu des combinaisons.
Il est clair et il est entendu que le vote définitif des lois et des budgets revient à une Assemblée élue au suffrage universel et direct. Mais le premier mouvement d'une telle Assemblée ne comporte pas nécessairement une clairvoyance et une sérénité entières. Il faut donc attribuer à une deuxième Assemblée, élue et composée d'une autre manière, la fonction d'examiner publiquement ce que la première a pris en considération, de formuler des amendements, de proposer des projets. Or, si les grands courants de politique générale sont naturellement reproduits dans le sein de la Chambre des Députés, la vie locale, elle aussi, a ses tendances et ses droits. Elle les a dans la Métropole. Elle les a, au premier chef, dans les territoires d'outre-mer, qui se rattachent à l'Union Française par des liens très divers. Elle les a dans cette Sarre à qui la nature des choses, découverte par notre victoire, désigne une fois de plus sa place auprès de nous, les fils des Francs. L'avenir des 110 millions d'hommes et de femmes qui vivent sous notre drapeau est dans une organisation de forme fédérative, que le temps précisera peu à peu, mais dont notre Constitution nouvelle doit marquer le début et ménager le développement.
Tout nous conduit donc à instituer une deuxième Chambre dont, pour l'essentiel, nos Conseils généraux et municipaux éliront les membres. Cette Chambre complétera la première en l'amenant, s'il y a lieu, soit à réviser ses propres projets, soit à en examiner d'autres, et en faisant valoir dans la confection des lois ce facteur d'ordre administratif qu'un collège purement politique a forcément tendance à négliger. Il sera normal d'y introduire, d'autre part, des représentants des organisations économiques, familiales, intellectuelles, pour que se fasse entendre, au-dedans même de l'État, la voix des grandes activités du pays. Réunis aux élus des assemblées locales des territoires d'outre-mer, les membres de cette Assemblée formeront le grand Conseil de l'Union Française, qualifié pour délibérer des lois et des problèmes intéressant l'Union, budgets, relations extérieures, rapports intérieurs, défense nationale, économie, communications. Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, il va de soi que le pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d'aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage de délégations. Sans doute aura-t-il fallu, pendant la période transitoire où nous sommes, faire élire par l'Assemblée Nationale Constituante le Président du Gouvernement Provisoire puisque, sur la table rase, il n'y avait aucun autre procédé acceptable de désignation. Mais il ne peut y avoir là qu'une disposition du moment. En vérité, l'unité, la cohésion, la discipline intérieure du Gouvernement de la France doivent être des choses sacrées, sous peine de voir rapidement la direction même du pays impuissante et disqualifiée. Or, comment cette unité, cette cohésion, cette discipline, seraient-elles maintenues à la longue si le pouvoir exécutif émanait de l'autre pouvoir auquel il doit faire équilibre, et si chacun des membres du Gouvernement, lequel est collectivement responsable devant la représentation nationale tout entière, n'était, à son poste, que le mandataire d'un parti ?
C'est donc du chef de l'État, placé au-dessus des partis, élu par un collège qui englobe le Parlement mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le Président de l'Union Française en même temps que celui de la République, que doit procéder le pouvoir exécutif. Au chef de l'État la charge d'accorder l'intérêt général quant aux choix des hommes avec l'orientation qui se dégage du Parlement. À lui la mission de nommer les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui devra diriger la politique et le travail du Gouvernement. Au chef de l'État la fonction de promulguer les lois et de prendre les décrets, car c'est envers l'État tout entier que ceux-ci et celles-là engagent les citoyens. À lui la tâche de présider les Conseils du Gouvernement et d'y exercer cette influence de la continuité dont une nation ne se passe pas. À lui l'attribution de servir d'arbitre au-dessus des contingences politiques, soit normalement par le conseil, soit, dans les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire connaître par des élections sa décision souveraine. À lui, s'il devait arriver que la patrie fût en péril, le devoir d'être le garant de l'indépendance nationale et des traités conclus par la France.
Des Grecs, jadis, demandaient au sage Solon : « Quelle est la meilleure Constitution ?» Il répondait : « Dites-moi, d'abord, pour quel peuple et à quelle époque ?» Aujourd'hui, c'est du peuple français et des peuples de l'Union Française qu'il s'agit, et à une époque bien dure et bien dangereuse ! Prenons-nous tels que nous sommes. Prenons le siècle comme il est. Nous avons à mener à bien, malgré d'immenses difficultés, une rénovation profonde qui conduise chaque homme et chaque femme de chez nous à plus d'aisance, de sécurité, de joie, et qui nous fasse plus nombreux, plus puissants, plus fraternels Nous avons à conserver la liberté sauvée avec tant et tant de peine. Nous avons à assurer le destin de la France au milieu de tous les obstacles qui se dressent sur sa route et sur celle de la paix. Nous avons à déployer, parmi nos frères les hommes, ce dont nous sommes capables, pour aider notre pauvre et vieille mère, la Terre. Soyons assez lucides et assez forts pour nous donner et pour observer des règles de vie nationale qui tendent à nous rassembler quand, sans relâche, nous sommes portés à nous diviser contre nous-mêmes ! Toute notre Histoire, c'est l'alternance des immenses douleurs d'un peuple dispersé et des fécondes grandeurs d'une nation libre groupée sous l'égide d'un État fort.
Charles de Gaulle, Discours et Messages, Dans l'attente 1946-1958, Livre de Poche, Plon, 1970, pp. 8-11.
Repères bibliographiques
Ouvrages généraux sur la démocratie en Europe occidentale et aux États-Unis
Berstein Serge, Démocraties, régimes autoritaires, totalitarismes, Hachette, 1992.
Berstein Serge (dir.), La Démocratie libérale, PUF, 1998.
Berstein Serge, La démocratie aux États-Unis et en Europe occidentale de 1919 à 1989, Editions J. Marseille, Vuibert, 1999.
Bled Jean-Paul (dir.), La démocratie aux États-Unis d'Amérique et en Europe (Allemagne puis RFA, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni) 1918-1989, Sedes-CNED, 1999
Darnton Robert, Dumahel Olivier, Démocratie, Ed. du Rocher, 1999.
Duhamel Olivier, Les Démocraties, Le Seuil, 1993.
Guillaume Sylvie (dir), La Démocratie aux États-Unis et en Europe (1918-1989). Textes et documents, A. Colin, coll. U, 1999.
Matard-Bonucci Marie-Anne (dir.), La démocratie au XXe siècle. Europe de l'Ouest et États-Unis, Paris, Atlande, 2000.
Nouschi Marc, La Démocratie aux États-Unis et en Europe (1918-1989), A. Colin, coll. U, 1999.
Voir aussi dans la collection Complexe :
Dreyfus Michel, L'Europe des socialistes (1991)
Durand Jean-Dominique, L'Europe de la démocratie-chrétienne (1995)
Duranton-Crabol Anne-Marie, L'Europe de l'extrême-droite (1991)
Gotovitch J., Delwit P., De Waele J-L, L'Europe des communistes (1992)
Roussellier Nicolas, L'Europe des libéraux (1991)
Ouvrages généraux par pays :
Allemagne
Philippe Burrin, Fascisme, nazisme, autoritarisme, Paris, Seuil, 2000.
Gay Peter, Le suicide d'une République. Weimar 1918-1933, Calmann-Lévy, 1993 (éd. originale 1968).
Grosser Alfred, Ménudier Henri, La Vie politique en Allemagne fédérale, A. Colin, 1971.
Le Gloannec Anne-Marie, La Nation orpheline. Les Allemagnes en Europe, Calmann-Lévy, 1989.
George L. Mosse, De la Grande Guerre aux totalitarismes. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette, 1999.
Nipperdey Thomas, Réflexions sur l'histoire allemande, Gallimard, 1992.
Peukert Detlev J. K., La République de Weimar, Aubier, 1995 (éd. 1987)
Pietri Nicole, L'Allemagne de l'Ouest 1945-1969. Naissance et développement d'une démocratie, Sedes, 1988.
Wahl Alfred, L'Allemagne de 1918 à 1945, A. Colin, coll. Cursus, 19992.
Id., Les forces politiques en Allemagne Me -,De siècle, A. Colin, coll. U, 1999.
Espagne
Hermet Guy, L'Espagne au XXe siècle, PUF, 1996.
Maurice J. et Serrano C., L'Espagne au XXe siècle, Hachette supérieur, 1992.
Teresa Pérez-Picazo M. et Lemeunier G, L'Espagne au XXe siècle, A. Colin, coll. Cursus, 1994.
Témine Emile, La Guerre d'Espagne, Bruxelles, Complexe, 1996.
États- Unis
Artaud Denise, L'Amérique en crise : Roosevelt et le New Deal, A. Colin, 1987.
Fohlen Claude, De Washington à Roosevelt, l'ascension d'une grande puissance 1776-1945, Nathan Université, 1992.
Kaspi André, Les Américains. t1 : Naissance et essor des États-Unis, 1607-1945 ; t 2 : Les États-Unis de 1945 à nos jours, Le Seuil, 1986.
Mélandri Pierre, Portes Jacques, Histoire intérieure des États-Unis au XXe siècle, Masson, 1991.
Portes Jacques, Les États-Unis au XXe siècle, A. Colin, coll. Prépas, 1997.
Portes Jacques, Le Système politique des États-Unis, PUF, 1992.
Portes Jacques, La Présidence américaine, Montchrestien, Clefs, 1996.
France
Agulhon Maurice, La République de 1880 à nos jours, Paris, Hachette, 1990.
Burrin Philippe, La France à lheure allemande, le Seuil, 1995.
Berstein Serge et Milza Pierre, Histoire de la France au XXe siècle, Complexe, 1990-1991. Rémond René, Notre siècle, 1918-1988, Paris, Fayard, 1988.
Quelques collections couvrant lhistoire de France sur la période :
- Points histoire (Seuil)
Becker Jean-Jacques et Berstein Serge, Victoires et frustrations, 1914-1929, 1990.
Borne Dominique et Dubief Henri, La Crise des années trente, 1929-1938, 1989
Azéma Jean-Pierre, De Munich à la Libération, 1938-1944, 1979.
Rioux Jean-Pierre, La France de la Quatrième République, 2 tomes, 1980-1983.
- Cursus (Armand Colin) :
Abbad Fabrice, La France des années vingt, 1993.
Berstein Serge, La France des années trente, 1988.
Durand Yves, La France dans la Seconde Guerre mondiale 1938-1945, 1989.
Becker Jean-Jacques, Histoire politique de la France depuis 1945, 1998 (rééd.)
- Carré histoire (Nathan)
Dray-Zéraffa Danièle, D'une République à l'autre, 1918-1958, 1992.
Italie
Attal Frédéric, Histoire de l'Italie de 1943 à nos jours, A. Colin, 2004.
Berstein Serge, Milza Pierre, L'Italie contemporaine : du Risorgimento à la chute du fascisme, A. Colin, coll. U, 1995.
Emilio Gentile, Quest-ce que le fascisme ? Histoire et interprétation, (2002), Folio histoire, 2004.
Milza Pierre, Histoire de l'Italie, Fayard, 2005.
Pierre Milza et Serge Berstein, Le fascisme italien 1919-1945, Paris, Le Seuil, 1980
Pécout Gilles, Naissance de l'Italie contemporaine, 1770-1922, A. Colin, 2004 (rééd. Nathan)
Royaume-Uni
Charlot Monica, Le Parti travailliste britannique, Montchrestien, Clefs, 1992.
Cook Charles (dir. ), By-Elections in British Politics, Londres, UCL, 1997.
Leruez J., Le Système politique britannique depuis 1945, A. Colin, coll. Cursus, 1994.
Marx Roland, L'Angleterre de 1914 à 1945, A. Colin, coll. Cursus, 1982.
Marx Roland, L'Angleterre de 1945 à nos jours, A. Colin, coll. Cursus, 19962.
Mougel François-Charles, Histoire du Royaume-Uni au XXe siècle, PUF, Thémis, 1996.
Thorpe A., A History of The Labour Party, Londres, Macmillan, 1997.
Conseils pour réussir son exposé
ou son commentaire de documents
1. Bien définir les termes de son sujet
Attention, votre exposé ou commentaire sinscrivent dans une partie précise du cours magistral. Définissez dabord les termes du chapitre qui vous concerne.
- Quelles sont les notions-clé ?
- Quels sont les enjeux de votre sujet ?
- Quelles sont ses bornes chronologiques ? Il y a-t-il des ruptures dans la période concernée ?
- Quels sont les espaces concernés ?
Évitez le hors-sujet qui est très pénalisant.
2. Choisir sa bibliographie en allant des ouvrages généraux aux ouvrages plus thématiques
- Ne pas hésiter à commencer par un bon manuel du secondaire (1ère L/ES) pour débroussailler le terrain.
- Puis se reporter à la bibliographie de la brochure et repérer les livres et chapitres qui traitent votre sujet.
- Si vous le trouvez en BU, consultez louvrage dont votre document a été extrait.
- Compléter avec les ouvrages repérés dans les bibliographies des ouvrages précédents.
- Compléter avec des articles de revues spécialisées (LHistoire, Vingtième siècle. Revue dhistoire etc.). Pensez à consulter HYPERLINK "http://www.cairn.info/accueil.php"http://www.cairn.info/accueil.php: certains articles en ligne sont gratuits, la plupart peuvent être achetés.
- Repérez sil y a un débat historiographique sur votre sujet. Le cas échéant, résumez les différentes thèses qui saffrontent.
3. Du bon usage dinternet
Le fondement de lHistoire est sa quête de vérité : vous devez donc authentifier vos sources et les citer.
- Nutilisez que des sites fiables : institutions (ex. Historial de Péronne), de groupes de recherche historiques (ex. maitron.org), de revues spécialisées etc.
- Citez les références des sites que vous utilisez.
- Les sources de Wikipédia doivent être vérifiées ! Nimporte qui peut y écrire nimporte quoi. Préférez les encyclopédies en ligne (ex. MSN Encarta, Encyclopédie universalis)
- Ne vous contentez pas de copier-coller : cest tricher
et très facile à vérifier !
Pour le commentaire
4. Numérotez les lignes du/es texte(s) de 5 en 5
5. Faîtes la critique externe du/es document(s).
- À laide de la bibliographie, une bonne connaissance de lauteur vous permettra de repérer son point de vue, dévaluer sil est objectif, ou sil risque dêtre très engagé ; sil est fiable ou sil ment etc.
- Une bonne connaissance du contexte dénonciation (date où le document a été réalisé) et du contexte dénoncé (ce dont parle le document) est indispensable pour comprendre et expliquer le document. Les deux contextes ne sont pas nécessairement séquents.
6. Faîtes une lecture analytique du/es document(s)
- Repérez le plan du texte et de son argumentation : demandez-vous toujours ce quil veut démontrer.
- Stabilos en main, avec un code couleurs, repérez : les acteurs individuels ou collectifs, les événements, les lieux, et les enjeux que vous devrez identifier et expliquer.
- Écrivez dans la marge les concepts, les idées-clé qui vous viennent à la seconde lecture.
7. À laide de la bibliographie, explicitez toutes les allusions du texte
- Identifiez tous les acteurs, lieux, événements et enjeux que vous avez précédemment repérés. Expliquez leurs liens de cause à effet si nécessaire.
8. Repérez lenjeu principal du texte et posez une problématique
9. Construisez le plan de votre commentaire
- Sil sagit dun seul document, ce plan peut parfois être linéaire. Le plus souvent, il est composé et ne respecte pas le plan du texte.
- Sil sagit dun dossier documentaire, souvent vous pouvez les commenter les uns après les autres, mais parfois il faut là encore les mélanger et faire un commentaire composé.
Pour lexposé
4. Poser une problématique
- En ayant repéré les notions-clé de votre sujet et en lisant vos ouvrages, vous définissez un ou une série de problèmes posés par votre sujet et auxquels vous allez répondre dans votre exposé.
- Quand vous serez plus avancé, vous formulerez une problématique qui figurera dans lintroduction de votre exposé.
5. Trier les informations, les classer et construire un plan
- En fonction de la définition des termes de votre sujet, prenez des notes pour chacun des thèmes.
- Progressivement, une ébauche de plan apparaît.
- Les différentes parties de votre plan doivent sarticuler logiquement entre elles et ne pas être « à tiroirs ». Vous devez construire une démonstration.
6. Illustrer chaque partie avec des documents pertinents
- Pour chaque partie, choisissez un ou deux documents pertinents que vous commenterez brièvement : nature, date, auteur(s) et quelle notion ou quel processus sont montrés par ce document.
- Variez la nature de ces documents : textes, graphiques, images (celles-ci sont particulièrement bienvenues) etc.
7. Structure de lexposé
Lintroduction :
1. définit les termes du sujet
2. pose une problématique
3. annonce votre plan
Les 3 ou 4 grandes parties sont :
.structurées en sous-parties
. illustrées avec des documents référencés (nature, auteur(s), date) et commentés.
La conclusion :
1. répond à la problématique
2. ouvre sur un autre problème historique
Une bibliographie organisée :
- les ouvrages généraux
- les ouvrages spécialisés
- les articles
- les ressources en ligne
Pour la présentation, reproduire celle de la bibliographie qui est dans la brochure.
Passer à loral
- Sentraîner avant pour veiller à ne pas dépasser les 25 mn.
- Écrire son plan au tableau, ou prévoir une diapositive.
- Prévoir de photocopier les documents, ou de les passer au rétro ou au vidéo-projecteur (à prévoir à lavance).
- Respecter son temps de parole : 25 mn (maximum).
- Ne pas parler trop vite et articuler.
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