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Elle donne à l'observateur un moyen d'interpréter ce que pense un sujet à ......
Méthode de construction du symétrique d'un triangle (Transmath, 6e, 2000, p.
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Université Joseph Fourier - Grenoble 1
Sciences. Technologie. Médecine __
THÈSE
Présentée et soutenue publiquement le 30 juin 2006 par
Iranete LIMA
Pour obtenir le grade de
Docteur de lUniversité Joseph Fourier Grenoble 1
(Arrêtés ministériels du 5 juillet 1984 et du 30 mars 1992)
Spécialité : Didactique des Mathématiques
École doctorale Mathématiques, Sciences et Technologies de l'Information, Informatique
Préparée au Laboratoire LEIBNIZ - IMAG
De la modélisation de connaissances des élèves aux décisions didactiques des professeurs
Étude didactique dans le cas de la symétrie orthogonale
Composition du Jury :
Présidente
Colette LABORDE Professeur à lUFM Grenoble
Directeurs de recherche
Nicolas BALACHEFF Directeur de Recherche au CNRS
Jana TRGALOVÁ Maître de conférences à lIUFM de Lyon
Rapporteurs
Claire MARGOLINAS Maître de conférences à lIUFM dAuvergne
Paula BALTAR BELLEMAIN Professeur Adjoint à lUFPE, Recife, Brésil
Examinatrice
Marie-Jeanne PERRIN-GLORIAN Professeur à lIUFM de Nord Pas-de-Calais
À mon petit frère Ezequias Quia
In memoriam
À mes enfants
Daniel Vitor et Mariana
À mon mari
Daniel
Merci
à M. Nicolas Balacheff, mon directeur de thèse, pour mavoir accueillie au sein du Laboratoire Leibniz, pour mavoir encadrée dans cette recherche, pour ses suggestions pertinentes qui mont conduite à laccomplissement de ce travail.
à Mme Jana Trgalová qui a eu le courage dentrer dans cette aventure en acceptant la codirection de ce travail depuis ma troisième année de thèse. Merci pour ses sages conseils et pour ses mots dencouragement, pour toutes nos discutions passionnées autour de lobjet de recherche, pour la relecture des textes, et surtout pour son amitié.
à Mme Paula Baltar Bellemain davoir accepté dêtre rapporteur de cette thèse.
à Mme Claire Margolinas davoir accepté dêtre rapporteur de cette thèse et pour lintérêt manifesté envers ce travail. Merci encore pour les échanges à propos du modèle des niveaux de lactivité de professeurs et ses conseils avisés.
à Mme Colette Laborde davoir accepté dêtre présidente du Jury et également pour tous les « bon courage ! » que jai entendus au cours de ces années. Ces simples mots dencouragement ont été fondamentaux pour surmonter les moments les plus difficiles.
à Mme Perrin-Glorian de sêtre rendue disponible en acceptant de participer du jury.
à toute lÉquipe Did@TIC pour son accueil. Merci à Marie-Caroline Croset et aux jeunes docteurs Takeshi Miyakawa et Salahattin Arslan, avec qui jai eu le plaisir de discuter de Didactique des Mathématiques et aussi de partager des moments très agréables. Merci également à tout le personnel du Laboratoire Leibniz pour leur disponibilité.
à lÉquipe IAM, en particulier Sylvia Coutat, Tristan Blanc-Brude, Rossana Falcade, Christophe Foucher, Armando Landa, Julio Moreno, Angela Restrepo, Ruth Rodriguez, Sophie Soury-Lavergne, Seden Tapan et Zilora Zouaoui. C'est une circonstance merveilleuse qui m'a permis de me joindre à vous. Merci pour tous les moments inoubliables que nous avons vécus ensemble. Un merci très spécial à Sylvia pour mavoir accueillie chez elle après le retour de ma famille au Brésil. Sa solidarité, sa bonne humeur et son amitié ont été très importantes pour lachèvement de ce travail dans des bonnes conditions.
à tous les membres de la Chorale Orféo avec qui jai eu lhonneur de partager des moments démerveillement et de bonheur en chantant de la musique brésilienne. Je garderai des belles images qui jamais ne seffaceront de mon cur. Merci à Joëlle Birebent qui ma montré le chemin et à Monica Alfaya qui ma invitée à faire partie de ce groupe magnifique. Un merci spécial à Odile Moreau pour son accueil chez elle durant mes derniers jours en France et principalement, pour son amitié et son affection.
à tous les professeurs participants des expérimentations, ainsi quaux élèves des collèges « Cité Scolaire Internationale » de Grenoble et « Charles Munch » dêtre rentrés dans le jeu.
à Mme Denise Grenier, Mme Maria Alessandra Mariotti, Mme Annie Bessot, M. Alain Birebent et M. Bernard Capponi pour leurs contributions et conseils.
à Mireille Dupraz pour sa gentillesse et davoir relu une partie de ce texte, et aussi pour son aide dans lorganisation du manuscrit.
à Mme Ariane Jamet pour sêtre prêtée aux relectures attentives et soigneuses des textes, ainsi que pour son amabilité.
à Mme Ezilda Loiseau pour mavoir accueillie dans son atelier, pour lapprentissage de la langue française.
à tous mes collègues brésiliens qui se trouvaient à Grenoble. Les rencontres fréquentes et chaleureuses ont quelque peu réduit la distance entre le Brésil et la France. Un merci particulier à « ma petite sur » Patricia Jaques Maillard et à Nicolas Maillard, à Carla et Tetsu Koike, à Maurício et Edicársia Pillon et à Carine Webber.
à Alain, Nicole et Sandrine Barré pour tous les moments magnifiques quon a vécus ensemble, pour avoir accueilli ma famille comme si elle faisait partie de la leur et aussi pour nous avoir donné le plaisir de connaître et de savourer la merveilleuse cuisine française.
à tous mes professeurs de Mestrado à lUFPE Universidade Federal de Pernambuco qui mont motivée pour réaliser ce doctorat à Grenoble. Une pensée particulière à Verônica Gitirana, Paulo Figueiredo, Lícia Maia et Marcelo Câmara.
au gouvernement brésilien à travers le CNPq Conselho Nacional de Desenvolvimento Científico e Tecnológico pour lallocation dune bourse détudes qui ma permis de développer cette thèse. Merci à Mme Elza Pires et M. Josenilson Araújo pour leur gentillesse et leur disponibilité.
à mes parents, Severino et Amélia, à mon frère Izaías et à mon amie Marta, qui malgré la distance, ont toujours su trouver les moyens et les mots pour me soutenir pendant ces années de thèse.
à mes enfants, Daniel Vitor et Mariana, davoir « embarqué » inconditionnellement avec moi dans ce rêve. Merci davoir accepté mes absences constantes et de mavoir toujours encouragée avec un mot tendre, un sourire et beaucoup damour. Vous serez toujours ma principale source de courage et dinspiration.
à mon mari, Daniel, pour son amour, sa complicité, son amitié, sa confiance et son soutien pendant tout ce parcours. Merci encore pour toutes les fois où tu as joué le double rôle de père et mère. Ce doctorat nappartient pas uniquement à moi, il appartient à toi aussi.
Ce travail n'est pas seulement le mien, mais aussi un peu celui de tous ceux qui en ont partagé les bons et les rares mauvais moments. Un grand merci, et à un de ces jours au Brésil ou en France !
Résumé
Cette recherche sinscrit dans la problématique de létude de prises de décisions didactiques. Notre principal intérêt est détudier la façon dont les professeurs prennent les décisions didactiques afin de faire avancer les élèves vers lapprentissage dune connaissance visée, et les éléments qui influencent ces décisions. Ceci nous a amené dans un premier temps à modéliser les connaissances des élèves concernant un objet mathématique donné, la symétrie orthogonale.
En nous appuyant sur la formalisation proposée par le modèle cK¢ (Balacheff, 1995) au sein de la Théorie des Situations Didactiques, nous avons fait le choix dentrer dans la modélisation des conceptions délèves sur la notion de symétrie orthogonale, à partir de lidentification de la structure de contrôle des conceptions. En partant de lhypothèse que les contrôles rendent compte des critères qui renvoient au choix, à la décision, à ladéquation et à la validité dune action, nous avons réalisé une étude théorique de la notion de symétrie orthogonale du point de vue mathématique et didactique afin didentifier a priori les contrôles susceptibles dêtre mobilisés par les élèves dans la résolution de problèmes de construction et de reconnaissance de figures symétriques. Ceci nous a permis de construire un dispositif expérimental pour étudier la prise de décisions didactiques.
Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur le modèle des niveaux de lactivité des professeurs (Margolinas, 2002). Nous avons ainsi pu identifier quelques éléments sur lesquels les professeurs fondent leurs décisions didactiques.
Mots clés : Modélisation de décisions didactiques, Modélisation de connaissances, Modèle cK¢, Conception, Symétrie orthogonale.
Abstract
This research investigates didactic decisions making. Our main interest is in studying the way teachers make didactic decisions in order to make students progress in learning target knowledge, and the elements that influence these decisions. This led us first to model students knowledge related to a given mathematical object, reflection.
In the framework of the Theory of Didactic Situations and based on the formalization proposed by cK¢ model (Balacheff, 1995), we have chosen to start modeling students conceptions of reflection from the identification of the conceptions control structures. Assuming that the controls account for choice, decision, adequacy and validity of an action, we have realized a theoretical study of the notion of reflection from the mathematical and didactical points of view in order to identify a priori the controls that the students can use in solving problems relating to the construction and the recognition of symmetrical figures. This allowed us to conceive an experiment dedicated to studying didactic decisions making.
This study is realized based on the model of the levels of teachers activity (Margolinas, 2002). Thus we could identify several elements that support teachers didactic decisions.
Key words: Modeling of didactic decisions, Modeling of knowledge, Model cK¢, Conception, Reflection
Resumo
Esta pesquisa se inscreve na problemática do estudo de decisões didáticas. Nosso principal interesse é, portanto, estudar a forma como os professores tomam suas decisões didáticas com o objetivo de levar os alunos a avançarem na aprendizagem de um determinado conhecimento, e os elementos que influenciam estas decisões. Para isso, se fez necessário, em um primeiro momento, modelizar conhecimentos de alunos relativos a um objeto matemático, a simetria de reflexão.
Utilizando a formalização proposta pelo modelo cK¢ (Balacheff, 1995), desenvolvido no seio da Teoria das Situações Didáticas, escolhemos iniciar a modelização de concepções de alunos sobre a simetria de reflexão, a partir da identificação das estruturas de controle destas concepções. Partindo da hipótese que os controles explicitam os critérios que orientam a escolha, a decisão, a adequação e a validade de uma ação, realizamos um estudo teórico da noção de simetria de reflexão do ponto de vista matemático e didático. O objetivo deste estudo foi identificar, a priori, controles susceptíveis de serem mobilizados por alunos na resolução de problemas de construção e de reconhecimento de figuras simétricas. O resultado do estudo teórico e a identificação de controles serviram de base para a construção de um dispositivo experimental para estudar decisões didáticas tomadas por professores.
Para realizar este estudo, utilizamos o modelo dos níveis da atividade do professor (Margolinas, 2002). A formalização fornecida por este modelo nos permitiu identificar alguns elementos sobre os quais os professores se apoiam para tomar suas decisões didáticas.
Palavras chaves: Modelização de decisões didáticas, Modelização de conhecimentos, Modelo cK¢, Concepção, Simetria de reflexão.
Table des MATIÈRES
TOC \o "1-5" \h \z \u HYPERLINK \l "_Toc161640127" Introduction PAGEREF _Toc161640127 \h 17
HYPERLINK \l "_Toc161640128" Partie A : ÉTUDE THÉORIQUE PAGEREF _Toc161640128 \h 5
HYPERLINK \l "_Toc161640129" Chapitre 1 : VERS LA PROBLÉMATIQUE PAGEREF _Toc161640129 \h 7
HYPERLINK \l "_Toc161640130" 1. Notion de modèle PAGEREF _Toc161640130 \h 11
HYPERLINK \l "_Toc161640131" 2. Modélisation de connaissances PAGEREF _Toc161640131 \h 12
HYPERLINK \l "_Toc161640132" 2.1. En Psychologie Cognitive PAGEREF _Toc161640132 \h 13
HYPERLINK \l "_Toc161640133" 2.2. En Didactique des Mathématiques PAGEREF _Toc161640133 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc161640134" 2.3. Dans le domaine des EIAH : Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain PAGEREF _Toc161640134 \h 15
HYPERLINK \l "_Toc161640135" 2.4. En géométrie PAGEREF _Toc161640135 \h 18
HYPERLINK \l "_Toc161640136" 2.5. Modélisation de connaissances des élèves, relative à la symétrie orthogonale PAGEREF _Toc161640136 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc161640137" 3. Modélisation de décisions didactiques PAGEREF _Toc161640137 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc161640138" 4. Spécificité de notre travail et questions de recherche PAGEREF _Toc161640138 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc161640139" 4.1. Caractérisation des conceptions PAGEREF _Toc161640139 \h 20
HYPERLINK \l "_Toc161640140" 4.2. Évolution des conceptions PAGEREF _Toc161640140 \h 23
HYPERLINK \l "_Toc161640141" 4.3. Prise de décisions didactiques par les professeurs PAGEREF _Toc161640141 \h 25
HYPERLINK \l "_Toc161640142" Chapitre 2 : Cadre THÉORIQUE et MÉTHODOLOGIE de recherche PAGEREF _Toc161640142 \h 27
HYPERLINK \l "_Toc161640143" 1. Introduction PAGEREF _Toc161640143 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc161640144" 2. Cadre théorique PAGEREF _Toc161640144 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc161640145" 2.1. Le Modèle cK¢ PAGEREF _Toc161640145 \h 29
HYPERLINK \l "_Toc161640146" 2.2. Le modèle des niveaux de lactivité du professeur PAGEREF _Toc161640146 \h 35
HYPERLINK \l "_Toc161640147" 3. Méthodologie de recherche PAGEREF _Toc161640147 \h 41
HYPERLINK \l "_Toc161640148" 3.1. Utilisation du modèle cK¢ PAGEREF _Toc161640148 \h 41
HYPERLINK \l "_Toc161640149" 3.2. Utilisation du modèle des « niveaux de lactivité du professeur » PAGEREF _Toc161640149 \h 42
HYPERLINK \l "_Toc161640150" Chapitre 3 : MODÉLISATION de connaissances la Notion de SYMÉTRIE orthogonale PAGEREF _Toc161640150 \h 45
HYPERLINK \l "_Toc161640151" 1. Introduction PAGEREF _Toc161640151 \h 47
HYPERLINK \l "_Toc161640152" 2. Résultats des travaux précédents PAGEREF _Toc161640152 \h 47
HYPERLINK \l "_Toc161640153" 2.1. Typologie des procédures de résolution PAGEREF _Toc161640153 \h 49
HYPERLINK \l "_Toc161640154" 2.2. Une typologie de conceptions PAGEREF _Toc161640154 \h 50
HYPERLINK \l "_Toc161640155" 3. Étude de la notion de symétrie orthogonale PAGEREF _Toc161640155 \h 51
HYPERLINK \l "_Toc161640156" 3.1. Du point de vue de lenseignement PAGEREF _Toc161640156 \h 51
HYPERLINK \l "_Toc161640157" 3.1.1. Les orientations des programmes scolaires PAGEREF _Toc161640157 \h 52
HYPERLINK \l "_Toc161640158" 3.1.2. Les manuels scolaires PAGEREF _Toc161640158 \h 55
HYPERLINK \l "_Toc161640159" 3.2. Du point de vue mathématique et didactique PAGEREF _Toc161640159 \h 61
HYPERLINK \l "_Toc161640160" 3.2.1. Lélément visé par le problème PAGEREF _Toc161640160 \h 62
HYPERLINK \l "_Toc161640161" 3.2.2. Nature du problème PAGEREF _Toc161640161 \h 64
HYPERLINK \l "_Toc161640162" 3.2.3. Le rôle des variables didactiques PAGEREF _Toc161640162 \h 68
HYPERLINK \l "_Toc161640163" 4. Contrôles intervenant dans la résolution de problèmes de construction et de reconnaissance de figures symétriques PAGEREF _Toc161640163 \h 72
HYPERLINK \l "_Toc161640164" 4.1. Critères de choix et contrôles correspondants PAGEREF _Toc161640164 \h 74
HYPERLINK \l "_Toc161640165" 4.2. Contrôles relevant dautres connaissances PAGEREF _Toc161640165 \h 83
HYPERLINK \l "_Toc161640166" 5. Procédures de construction de figures symétriques PAGEREF _Toc161640166 \h 86
HYPERLINK \l "_Toc161640167" 5.1. Procédures globales PAGEREF _Toc161640167 \h 87
HYPERLINK \l "_Toc161640168" 5.2. Procédures semi-analytiques PAGEREF _Toc161640168 \h 91
HYPERLINK \l "_Toc161640169" 5.3. Procédures analytiques PAGEREF _Toc161640169 \h 93
HYPERLINK \l "_Toc161640170" 6. Conclusion PAGEREF _Toc161640170 \h 95
HYPERLINK \l "_Toc161640171" Chapitre 4 : MODÉLISATION de dÉcisions didactiques PAGEREF _Toc161640171 \h 97
HYPERLINK \l "_Toc161640172" 1. Introduction PAGEREF _Toc161640172 \h 99
HYPERLINK \l "_Toc161640173" 2. Quelques éléments déterminants dans la prise de décisions du professeur PAGEREF _Toc161640173 \h 99
HYPERLINK \l "_Toc161640174" 2.1. Domaine des compétences mathématiques PAGEREF _Toc161640174 \h 101
HYPERLINK \l "_Toc161640175" 2.2. Domaine de la didactique pratique ou pratique de la didactique PAGEREF _Toc161640175 \h 102
HYPERLINK \l "_Toc161640176" 2.3. Domaine pédagogique PAGEREF _Toc161640176 \h 102
HYPERLINK \l "_Toc161640177" 3. Modèles de décisions didactiques PAGEREF _Toc161640177 \h 108
HYPERLINK \l "_Toc161640178" 3.1. Modèle proposé par Piéron PAGEREF _Toc161640178 \h 109
HYPERLINK \l "_Toc161640179" 3.2. Modèle proposé par Charnay et Mante PAGEREF _Toc161640179 \h 110
HYPERLINK \l "_Toc161640180" 3.3. Modèle proposé par Tahri PAGEREF _Toc161640180 \h 111
HYPERLINK \l "_Toc161640181" 3.4. Décisions didactiques dans le cadre du projet BAP : étude dun exemple concernant la symétrie orthogonale PAGEREF _Toc161640181 \h 115
HYPERLINK \l "_Toc161640182" 4. Notre modèle de décisions didactiques PAGEREF _Toc161640182 \h 120
HYPERLINK \l "_Toc161640183" Partie B : ÉTUDE EXPÉRIMENTALE PAGEREF _Toc161640183 \h 98
HYPERLINK \l "_Toc161640184" Chapitre 5 : EXPÉRIMENTATION 1 les productions des ÉLÈVES PAGEREF _Toc161640184 \h 100
HYPERLINK \l "_Toc161640185" 1. Introduction PAGEREF _Toc161640185 \h 127
HYPERLINK \l "_Toc161640186" 2. Le public et le contrat expérimental PAGEREF _Toc161640186 \h 127
HYPERLINK \l "_Toc161640187" 3. Problèmes proposés aux élèves PAGEREF _Toc161640187 \h 128
HYPERLINK \l "_Toc161640188" 4. Analyse a priori PAGEREF _Toc161640188 \h 131
HYPERLINK \l "_Toc161640189" 4.1. Problème-flèche PAGEREF _Toc161640189 \h 131
HYPERLINK \l "_Toc161640190" 4.2. Problème segment-losange PAGEREF _Toc161640190 \h 135
HYPERLINK \l "_Toc161640191" 4.3. Problème-segment PAGEREF _Toc161640191 \h 137
HYPERLINK \l "_Toc161640192" 4.4. Problème-maison PAGEREF _Toc161640192 \h 142
HYPERLINK \l "_Toc161640193" 5. Analyse a posteriori PAGEREF _Toc161640193 \h 146
HYPERLINK \l "_Toc161640194" 5.1. Analyse quantitative : types de réponses et procédures PAGEREF _Toc161640194 \h 146
HYPERLINK \l "_Toc161640195" 5.1.1. Problème-flèche PAGEREF _Toc161640195 \h 147
HYPERLINK \l "_Toc161640196" 5.1.2. Problème segment-losange PAGEREF _Toc161640196 \h 149
HYPERLINK \l "_Toc161640197" 5.1.3. Problème-segment PAGEREF _Toc161640197 \h 150
HYPERLINK \l "_Toc161640198" 5.1.4. Problème-maison PAGEREF _Toc161640198 \h 157
HYPERLINK \l "_Toc161640199" 5.1.5. Conclusion PAGEREF _Toc161640199 \h 163
HYPERLINK \l "_Toc161640200" 5.2. Construction et analyse de copies : caractérisation de conceptions PAGEREF _Toc161640200 \h 166
HYPERLINK \l "_Toc161640201" 5.2.1. Copie Anissa PAGEREF _Toc161640201 \h 168
HYPERLINK \l "_Toc161640202" a) Analyse de la production PAGEREF _Toc161640202 \h 168
HYPERLINK \l "_Toc161640203" b) Caractérisation de conceptions PAGEREF _Toc161640203 \h 177
HYPERLINK \l "_Toc161640204" 5.2.2. Copie Béatrice PAGEREF _Toc161640204 \h 179
HYPERLINK \l "_Toc161640205" a) Analyse de la production PAGEREF _Toc161640205 \h 179
HYPERLINK \l "_Toc161640206" b) Caractérisation de conceptions PAGEREF _Toc161640206 \h 186
HYPERLINK \l "_Toc161640207" 5.2.3. Copie Cédric PAGEREF _Toc161640207 \h 188
HYPERLINK \l "_Toc161640208" a) Analyse de la production PAGEREF _Toc161640208 \h 188
HYPERLINK \l "_Toc161640209" b) Caractérisation de conceptions PAGEREF _Toc161640209 \h 194
HYPERLINK \l "_Toc161640210" 5.2.4. Conclusion PAGEREF _Toc161640210 \h 195
HYPERLINK \l "_Toc161640211" Chapitre 6 : expÉrimentation 2 ÉTUDE de prises de dÉcisions didactiques PAGEREF _Toc161640211 \h 196
HYPERLINK \l "_Toc161640212" 1. Introduction PAGEREF _Toc161640212 \h 201
HYPERLINK \l "_Toc161640213" 2. Public et Contrat expérimental PAGEREF _Toc161640213 \h 201
HYPERLINK \l "_Toc161640214" 3. Dossier fourni aux professeurs PAGEREF _Toc161640214 \h 202
HYPERLINK \l "_Toc161640215" 4. Instanciation du modèle de décisions didactiques pour le cas dAnissa PAGEREF _Toc161640215 \h 207
HYPERLINK \l "_Toc161640216" 5. Méthode danalyse des productions des professeurs PAGEREF _Toc161640216 \h 219
HYPERLINK \l "_Toc161640217" 6. Analyse des résultats PAGEREF _Toc161640217 \h 222
HYPERLINK \l "_Toc161640218" 6.1. Fiche de lenseignant PAGEREF _Toc161640218 \h 222
HYPERLINK \l "_Toc161640219" 6.2. Décisions didactiques pour le cas d'Anissa PAGEREF _Toc161640219 \h 224
HYPERLINK \l "_Toc161640220" 6.2.1. Analyse des productions des professeurs PAGEREF _Toc161640220 \h 224
HYPERLINK \l "_Toc161640221" 6.2.2. Synthèse des résultats obtenus PAGEREF _Toc161640221 \h 243
HYPERLINK \l "_Toc161640222" 6.3. Décisions didactiques pour le cas de Béatrice PAGEREF _Toc161640222 \h 251
HYPERLINK \l "_Toc161640223" 6.3.1. Analyse des productions des professeurs PAGEREF _Toc161640223 \h 251
HYPERLINK \l "_Toc161640224" 6.3.2. Synthèse des résultats obtenus PAGEREF _Toc161640224 \h 263
HYPERLINK \l "_Toc161640225" 6.4. Décisions didactiques pour le cas de Cédric PAGEREF _Toc161640225 \h 270
HYPERLINK \l "_Toc161640226" 6.4.1. Analyse des productions des professeurs PAGEREF _Toc161640226 \h 270
HYPERLINK \l "_Toc161640227" 6.4.2. Synthèse des résultats obtenus PAGEREF _Toc161640227 \h 281
HYPERLINK \l "_Toc161640228" 6.5. Conclusion PAGEREF _Toc161640228 \h 287
HYPERLINK \l "_Toc161640229" Conclusion et Perspectives de Recherche PAGEREF _Toc161640229 \h 289
HYPERLINK \l "_Toc161640230" rÉfÉrences BIBLIOGRAPHIQUES PAGEREF _Toc161640230 \h 297
HYPERLINK \l "_Toc161640231" Annexes PAGEREF _Toc161640231 \h I
HYPERLINK \l "_Toc161640232" Annexe 1 : Copies des élèves PAGEREF _Toc161640232 \h III
HYPERLINK \l "_Toc161640233" Anissa PAGEREF _Toc161640233 \h III
HYPERLINK \l "_Toc161640234" Béatrice PAGEREF _Toc161640234 \h VII
HYPERLINK \l "_Toc161640235" Cédric PAGEREF _Toc161640235 \h XI
HYPERLINK \l "_Toc161640236" Annexe 2 : Série de problèmes PAGEREF _Toc161640236 \h XV
HYPERLINK \l "_Toc161640237" Annexe 3 : Productions des professeurs PAGEREF _Toc161640237 \h XXI
HYPERLINK \l "_Toc161640238" Professeur 1 PAGEREF _Toc161640238 \h XXI
HYPERLINK \l "_Toc161640239" Professeur 2 PAGEREF _Toc161640239 \h XXIX
HYPERLINK \l "_Toc161640240" Professeur 3 PAGEREF _Toc161640240 \h XXXVII
HYPERLINK \l "_Toc161640241" Professeur 4 PAGEREF _Toc161640241 \h XLVI
HYPERLINK \l "_Toc161640242" Professeur 5 PAGEREF _Toc161640242 \h LIII
HYPERLINK \l "_Toc161640243" Index des Figures PAGEREF _Toc161640243 \h I
HYPERLINK \l "_Toc161640244" Index des Tableaux PAGEREF _Toc161640244 \h IV
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Introduction
La modélisation des connaissances est un objet détude aussi bien dans le domaine des Sciences Cognitives que dans celui de lInformatique. Cependant la pertinence de cette modélisation reste une interrogation pour la didactique des mathématiques ; interrogation qui a concerné lune des thématiques de la XIIe École dÉté de Didactique des Mathématiques en France (2003), ce qui montre la force de cette préoccupation chez les didacticiens. En réponse à cette question, Balacheff et Margolinas déclarent :
Modéliser, cest donner une forme qui permet le raisonnement, le calcul, pour comprendre et décider.
Balacheff & Margolinas (2005, p. 104)
Cest dans cette problématique que sinscrit notre recherche. Notre intérêt est de modéliser la prise de décisions didactiques par les professeurs. Pour cela, nous serons amenés dans un premier temps, à proposer des modèles de connaissances des élèves.
Les interactions entre le professeur, le savoir et l'apprenant ont déjà intéressé de nombreux chercheurs en Didactique des mathématiques. Entre autres, ils ont analysé le rôle du professeur dans le processus de construction de la connaissance par les élèves. Laborde & Perrin-Glorian (2005) donnent un aperçu de certaines recherches centrées sur létude du rôle du professeur, notamment celles qui utilisent la théorie des situations didactiques (Brousseau, 1998) ou la théorie anthropologique (Chevallard, 1989, 1992) comme cadre théorique. Ces recherches soulignent quune fois la salle de classe prise comme objet détude, le rôle du professeur paraît central dans le déroulement des séquences denseignement :
The role of the teacher necessarily becomes central as soon as the classroom situation is taken as the object of study. All the papers address this question by analyzing, for example:
the segmentation of the content to be taught and the organization of the tasks by the teacher as in the papers by Robert and Rogalski, Assude, and Barbé et al.;
how the teacher is organizing an interplay between the didactic contract and the milieu in order to let students progress in the solving process of a problem situation as in the papers by Hersant and PerrinGlorian, Sensevy et al., and Sadovsky and Sessa;
or how the teacher learns or does not learn from the classroom situation and the students solving procedures as in Margolinas et al.
Laborde & Perrin-Glorian (2005, p. 3)
Le résultat de létude menée par Ikonomou et Kaldrimidou révèle que le professeur :
is responsible and functions as an agent for the epistemological level of the development of mathematical knowledge in the classroom (Bauersfeld, 1995, Steinbring, 1991). This role of the teacher is manifested in the way in which s/he phases the questions; in the types of the answers and processes s/he requires on a variety of occasions and in the way in which s/he assesses the answers or the solutions of the pupils.
Ikonomou & Kaldrimidou (1999, p. 180)
Le professeur est amené à prendre des décisions qui peuvent porter, en particulier, sur la nature des questions posées aux élèves, sur le moment adéquat de les poser, sur le choix des problèmes proposés aux élèves, avant et après, lenseignement dune certaine notion mathématique. Daprès Laborde (1988), lors de la prise de décisions par le professeur, une suite de contraintes est en jeu et entre autres, sa représentation à propos du « savoir à enseigner » et à propos des connaissances des élèves. Dès lors, cest la prise en compte de ces éléments et de leurs interactions qui permettent au professeur de prendre une décision.
En relation avec ce qui précède, nous nous focaliserons sur la manière dont les professeurs prennent une décision afin de faire avancer les élèves vers la connaissance visée, et sur les contraintes qui conduisent à une telle décision. Plus particulièrement, nous étudierons la manière dont ils choisissent les problèmes qui leur permettent de construire une situation denseignement.
Pour atteindre notre objectif de modélisation de connaissances des élèves, nous nous situons dans le cadre du modèle « conception connaissances concept » modèle cK¢ développé par Balacheff (1995, 2001, 2005). En effet, ce cadre contient des principes méthodologiques et des règles sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour construire le modèle. Ainsi, ce même cadre nous permettra de réaliser une caractérisation de conception des élèves. Nous pourrons ensuite le faire fonctionner comme outil, à la fois théorique et méthodologique, pour analyser la prise de décisions didactiques par les professeurs voulant susciter un apprentissage chez lélève. Dans le modèle cK¢, un apprentissage correspond au passage d'une conception à une autre. Ainsi, nous avons cherché à savoir, dans un premier temps, quelles étaient les conceptions pouvant être attribuées aux élèves quand ils résolvaient des problèmes concernant une notion donnée, pour pouvoir envisager leur évolution vers une autre conception.
Pour atteindre notre objectif de modélisation de décisions didactiques de professeurs, nous nous appuierons sur le modèle des niveaux de l'activité du professeur, proposé par Margolinas (2002, 2005). Ce modèle a été conçu pour rendre compte de la complexité de l'activité du professeur, et notamment pour dégager des éléments susceptibles dintervenir dans cette activité.
Pour mener cette étude, nous avons dû faire le choix dune notion mathématique, la symétrie orthogonale. Ce choix est motivé dabord par le rôle important pris par la géométrie dans les études de modélisation de connaissances des élèves.
Par ailleurs, en ce qui concerne la géométrie dans lenseignement secondaire en France, les transformations occupent une place privilégiée. L'élève commence à étudier les premières notions de symétrie orthogonale à partir du 2e cycle de lécole primaire. Lapprentissage des transformations doit évoluer de manière à ce quà la fin du collège, l'élève soit capable de reconnaître la transformation d'une figure par une symétrie, par une translation, une rotation ou une composition de ces transformations.
De plus, pour pouvoir caractériser des conceptions délèves, nous avions besoin dune notion mathématique présentant une certaine homogénéité par rapport aux conceptions connues. Pour cela, la symétrie orthogonale savère importante comme point de départ de notre étude, car de nombreux résultats ont déjà été obtenus la concernant (Hart 1981, Grenier & Laborde 1987, Grenier 1988, Tahri 1993, Soury-Lavergne 2003, Miyakawa 2005), et en particulier, en ce qui concerne le diagnostic des conceptions des élèves. Ces résultats ont permis didentifier dune part les difficultés rencontrées par les élèves et dautre part, les conceptions susceptibles dêtre mises en uvre lors de la résolution de problèmes autour de cette notion. En étudiant ces résultats, nous avons remarqué que ces conceptions présentaient lhomogénéité que nous recherchions.
PLAN DE LA THÈSE
Ce texte est constitué de cette introduction, des parties A et B et dune conclusion.
La partie A est composée de quatre chapitres portant sur létude théorique. Ces chapitres sont organisés comme suit :
Dans le chapitre 1 nous présentons dans un premier temps, un aperçu global des travaux qui portent sur la problématique de modélisation de connaissances dans plusieurs domaines, puis notre problématique et les questions de recherche.
Le chapitre 2 donne le cadre théorique et la méthodologie de recherche.
Le chapitre 3 porte sur la modélisation de connaissances des élèves à propos de la symétrie orthogonale. Lobjectif principal est de modéliser a priori des éléments de conceptions susceptibles dêtre mobilisés par les élèves dans la résolution de problèmes sur cette notion, ainsi que les procédures de construction de figures symétriques.
Le chapitre 4 étudie la modélisation de décisions didactiques. Nous nous proposons dune part daborder les éléments qui peuvent être déterminants dans la prise de décisions didactiques, et dautre part de présenter un modèle général de décisions didactiques.
La partie B est composée de deux chapitres concernant létude expérimentale. Ces chapitres sont organisés comme suit :
Le chapitre 5 porte sur lexpérimentation menée auprès des élèves. Nous présentons le dispositif expérimental, les problèmes proposés aux élèves et leur analyse a priori, ainsi que lanalyse a posteriori de lexpérimentation.
Le chapitre 6 porte sur lexpérimentation menée auprès des professeurs. Les résultats de cette expérimentation constituent des éléments pour modéliser la prise de décisions didactiques.
Partie A : ÉTUDE THÉORIQUE
Chapitre 1 : VERS LA PROBLÉMATIQUE
Dans la première partie de ce chapitre, nous nous arrêterons sur la notion de modèle qui est au cur de notre recherche. Dans la deuxième partie, nous donnerons un aperçu des travaux concernant la modélisation des connaissances. Ensuite, nous présenterons des recherches dans le domaine de la didactique des mathématiques sur lesquelles nous nous appuierons pour situer notre problématique, recherches qui portent dune part sur la modélisation des connaissances des élèves et dautre part, sur la modélisation des décisions didactiques des professeurs. Enfin, nous expliciterons notre problématique et nos questions de recherche.
1. Notion de modèle
Un modèle est avant tout une représentation du monde réel. Dans un modèle nous isolons une classe de phénomènes et, à partir d'un certain nombre d'hypothèses et de règles, nous essayons d'en rendre compte. Par conséquent, un modèle peut offrir à un groupe ou à une collectivité scientifique ou non une vision schématique dun certain nombre déléments à propos dun phénomène que lon veut décrire.
La notion de modélisation a été introduite dans lenseignement à partir des années soixante, pour répondre à la nécessité de mieux expliquer la distinction entre lobjet du monde réel que lon étudie, et son idéalisation. Nous trouvons dans la littérature plusieurs définitions dun modèle, par exemple celle dHenry (1997) :
Un modèle est une interprétation abstraite, simplifiée et idéalisée dun objet du monde réel, ou dun système de relations, ou dun processus évolutif, issu dune description de la réalité. Ce modèle peut être représenté dans différents systèmes de signes : images, schémas, langages ou symbolisme, sinscrivant dans différents registres de représentations, plus ou moins isomorphes.
Henry (1997, p. 19)
Walliser (1977) montre les différentes formes dexpression dun modèle :
La notion de modèle recouvre toute représentation dun système réel, quelle soit mentale ou physique, exprimée sous la forme verbale, graphique ou mathématique.
Walliser (1977, p. 116)
Enfin Chevallard (1989), met en évidence le caractère artificiel et réducteur dun modèle par rapport à la réalité :
On construit un modèle de la réalité qui ne prend en compte que les aspects de cette réalité qui apparaissent pertinents par rapport à la question que lon pose à son propos. Ce modèle, comme toujours dans lactivité scientifique, nest pas limage la plus complète possible du réel. Tout au contraire ; il en fournit une image (volontairement) appauvrie, et cest là ce qui fait sa force [...]. Le modèle nest pas à proprement parler une copie ou une reproduction du réel, mais un ajout au réel, une construction artificielle, mise en relation dune manière déterminée, supposée adéquate, avec le réel.
Chevallard (1989, p. 60)
Un modèle nest pas construit pour résoudre un problème qui simpose à une collectivité, il a plutôt la fonction de fournir des éléments qui peuvent apporter une aide significative à la compréhension dun phénomène. Un modèle peut avoir plusieurs objectifs. Il peut servir, par exemple, de moyen de communication, déchange de points de vue. Il peut aussi fonctionner comme un outil, pour aider ceux qui le construisent ou ceux qui lutilisent à comprendre un problème dune manière plus précise. Il peut encore rendre compte, de manière simplifiée, du fonctionnement d'un système très complexe afin de le rendre plus compréhensible. Plus un problème est complexe, plus un modèle peut devenir pertinent, car il permet un niveau de visibilité beaucoup plus élevé du phénomène étudié, en termes de détails et dabstraction, que la situation réelle. Lutilité de modéliser un système complexe, cest de construire son « intelligibilité, sa compréhension » (Le Moigne, 1990). Enfin, un modèle peut être une aide dans un processus denseignement ou de formation.
Ainsi, lenjeu primordial de la modélisation est de permettre dune part, la structuration des objets et dautre part, la représentation de lensemble des interprétations attribuées à cet objet par un observateur. De plus, à la suite de Berkassan (1997), nous pouvons dire que l'ensemble de la recherche scientifique, quel que soit le champ dans lequel travaille le chercheur, vise à établir des modèles de plus en plus précis pour rendre compte de la complexité du réel.
La connaissance est, par essence, un modèle en elle-même. Cest une manière de se faire une représentation ou dexpliciter ce qui appartient seulement au sujet pensant, et cette connaissance est le résultat de lappréhension ou de la perception de la réalité par un sujet. A ce propos, Caplat (2002) affirme que :
La connaissance possède un rôle de médiation entre une réalité perçue et des interprétations rationnelles. Selon ce point de vue, la notion de connaissance est étroitement liée à celles de conceptualisation, dexpérimentation et de subjectivité : la connaissance de quelquun sur quelque chose est le modèle mental que se fait lindividu de la chose et comme tout modèle, cest le résultat dune construction subjective. [...] Lorsque lhumain acquiert la connaissance dune chose, il construit en lui une image de cette chose, il sémantise en interprétant lobjet perçu.
Caplat (2002, p. vii)
Par conséquent, le fait de modéliser une connaissance possède un caractère récursif. Elle donne à lobservateur un moyen dinterpréter ce que pense un sujet à propos dun objet précis.
2. Modélisation de connaissances
Lobjectif de la modélisation en Sciences Cognitives est la compréhension de la nature et de la structure des activités mentales du sujet. Elle tente de répondre à des questions épistémologiques, notamment celles liées à la nature de la connaissance, en tenant compte des apports de différentes disciplines scientifiques. Parmi celles-ci, signalons les Sciences du Langage (Bronckart, 1985, 1977), la Psychologie Cognitive (Piaget, 1971, 1974, 1979 ; Vergnaud, 1981, 1998) et notamment, la Didactique des Mathématiques (Chevallard, 1992, Brousseau, 1998 ; Balacheff, 1995).
2.1. En Psychologie Cognitive
La psychologie cognitive sintéresse à la manière dont le sujet raisonne et appréhende une information, en termes de capacités et de limitations. Parmi les études développées dans ce domaine, nous nous référons aux travaux classiques de Piaget (ibid.), en particulier la « théorie de léquilibration » où est introduite la notion de schème. Cette notion préconise que la connaissance du sujet est construite en interaction avec le milieu. A partir dun processus dassimilation et daccommodation, le sujet en confrontation avec des situations est amené à construire des hypothèses pour expliquer les phénomènes qui lentourent. Vergnaud présente lévolution des connaissances dans sa théorie énoncée ci-après :
La connaissance passerait dun état déquilibre à un autre par un déséquilibre de transition au cours duquel les relations prises en compte par le sujet dans létat antérieur seraient mises en contradiction, soit par la prise en considération de relations nouvelles, soit par une tentative nouvelle de les coordonner. Cette phase de conflit serait surmontée au cours dune phase de réorganisation et coordination qui aboutirait à un nouvel état déquilibre.
Vergnaud (1981, p. 222)
La non-assimilation de nouvelles connaissances par le sujet est à lorigine des conflits cognitifs. Vergnaud a repris la notion de « schème » et la définit ainsi :
Le schème est une organisation invariante de la conduite pour une classe donnée de situations. [
] Un schème est formé de plusieurs catégories d'éléments, tous indispensables : des buts et anticipations, des règles d'action, des possibilités d'inférence en situation et des invariants opératoires.
Vergnaud, (1998, p. 283 et 285)
L'objectif principal de la théorie proposée par Vergnaud est de fournir un cadre qui permette de comprendre les filiations et les ruptures entre les divers types de connaissances, et en particulier celles de la connaissance qui rend l'action du sujet efficace, quelle soit exprimée sous la forme dactes ou bien de mots. Daprès lui : « les schèmes ne pourraient pas être opératoires sils ne reposaient sur des invariants, cest-à-dire sur des objets, prédicats et théorèmes-en-acte » (ibid. 1994, p. 190). Ainsi, le concept dinvariant opératoire renvoie à larticulation entre les formes prédicatives et opératoires de la connaissance.
2.2. En Didactique des Mathématiques
Lobjet de la Didactique des Mathématiques est la compréhension du processus d'enseignement et dapprentissage des mathématiques dans sa globalité. Elle sintéresse aux interactions entre le professeur, les élèves et des savoirs particuliers. Le triangle didactique tente de préciser le fonctionnement de leurs interactions.
Il est reconnu quen didactique des mathématiques, la question des connaissances est centrale. Cependant la question de la nécessité de la modélisation des connaissances chez lapprenant ne fait pas lunanimité chez les chercheurs. Comme le précisent à ce sujet Chaachoua & Mariotti (2005), « des perspectives théoriques différentes conduisent à des positions très diverses, ainsi quà des concepts différents dont larticulation nest pas simple » (p. 73). En fonction de la perspective théorique dans laquelle nous nous plaçons, linteraction entre les acteurs du triangle didactique est perçue dune façon spécifique.
Perrin-Glorian (2002) fait une synthèse des trois théories utilisées majoritairement dans les recherches en didactique des mathématiques développées en France : la Théorie des Champs Conceptuels, la Théorie de lAnthropologique du Didactique (TAD) et la Théorie des Situations Didactiques (TSD). Pour chacune de ces approches théoriques, lauteur met en évidence le rôle de chacun des acteurs du système didactique (le professeur, lélève et le savoir) dans linteraction. Nous reprenons ici cette synthèse afin de présenter dans les grandes lignes ces trois approches.
La Théorie des Champs Conceptuels de Vergnaud (1996, 1981) est née à partir des travaux de Piaget (ibid.), Vygotski (1985) et Bruner (1960), dans une perspective psychologique. Cette théorie met laccent sur les sujets et sur lanalyse du contenu. Perrin-Glorian (ibid.) montre que dans cette approche le professeur exerce un rôle de médiateur, dune part en choisissant des situations pour permettre à lélève dêtre en relation avec le savoir, et dautre part en apportant de laide aux élèves dans la résolution de problèmes. La notion de champ conceptuel est vue comme « un espace de problèmes ou de situations-problèmes dont le traitement implique des concepts et des procédures de plusieurs types différents en étroite connexion » (Vergnaud, 1981, p. 217). Les actions des professeurs et des élèves doivent alors être interprétées à lintérieur de cet espace.
La Théorie Anthropologique du Didactique développée par Chevallard (1999, 1992) « apporte des outils pour une approche du didactique à travers lanalyse du rapport au savoir dans les différentes institutions (au sens large : le système scolaire, mais aussi un niveau donné denseignement, une classe, une famille
) » (Perrin-Glorian, ibid. p. 207). Cette théorie met alors laccent sur la nature du savoir, pris dans le sens dorganisations mathématiques, qui est enseigné dans le contexte scolaire. Dans cette théorie, « le rapport personnel des individus au savoir se construit dans la temporalité sous linfluence des différents rapports institutionnels auquel il est soumis » (ibid.). Cette composante de temporalité soit par rapport au savoir, soit par rapport au temps didactique, permet de bien distinguer les rôles du professeur et de lélève dans cette approche.
La Théorie des Situations Didactiques développée par Brousseau (1986, 1998), en faisant référence à la théorie des jeux, met laccent sur la « situation » elle-même. Perrin-Glorian (ibid.) affirme que dans la TSD :
La situation didactique comprend une situation adidactique qui modélise les interactions de lélève avec le savoir à travers ses possibilités daction sur un milieu capable de rétroactions, et un contrat didactique implicite qui traduit les attentes réciproques du maître et des élèves relatives au savoir [...].
Perrin-Glorian (2002. p. 206)
Un des intérêts de la TSD consiste à modéliser les connaissances que lon veut enseigner, ou celles quon veut que lélève apprenne. Une des idées fondatrices de cette approche est que les connaissances se manifestent essentiellement comme des instruments de contrôle des situations. Une situation didactique réunit lensemble des problèmes dans lesquels les élèves mobilisent ou construisent des connaissances, pour atteindre les objectifs fixés par le professeur.
Ainsi, dans la TSD le savoir est représenté par les situations adidactiques. Le rôle de lélève dans ces situations est dagir avec ses connaissances sur un milieu supposé isolé du professeur, tandis que ce dernier a pour fonction de réguler les actions de lélève sur le milieu, à travers le contrat didactique.
2.3. Dans le domaine des EIAH : Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain
Les EIAH, auparavant appelés EIAO (Enseignements Intelligemment Assistés par Ordinateur), sont fondés sur lapport des différentes disciplines des sciences humaines et sociales et de lIntelligence Artificielle. Tchounikine définit ainsi un EIAH :
Un EIAH au sens large est un environnement qui intègre des agents humains (v.g. élève ou enseignant) et artificiels (i.e., informatiques) et leur offre des conditions dinteractions, localement ou à travers les réseaux informatiques, ainsi que des conditions daccès à des ressources formatives (humaines et/ou médiatisées) locales ou distribuées.
Tchounikine (2003, p. 235)
Les recherches en EIAH, qui ont débuté dans les années soixante-dix, mettent en pratique la modélisation des connaissances de lapprenant. Tchounikine (2002, p. 3) soutient que les EIAH ont été conçus « dans le but de favoriser lapprentissage humain, cest-à-dire la construction de connaissances chez un apprenant ». Ainsi, un modèle de l'apprenant est caractérisé ici par une structure de données (au sens informatique) qui rend compte, pour le système d'enseignement, de l'état des connaissances de cet apprenant.
Ces recherches regroupent différentes disciplines scientifiques, par exemple : lInformatique, lErgonomie, la Pédagogie, la Psychologie Cognitive, la Didactique des disciplines. Dans cette dernière, le but des recherches est danalyser dune part, la pertinence des savoirs enseignés et dautre part, les conceptions que se fait lapprenant sur les connaissances enseignées à partir dune action didactique du tuteur.
Bien que notre recherche ne concerne pas les EIAH, nous les décrivons ici en tant que systèmes informatiques et en tant que champ de recherche, car ils ont amplement contribué au développement de la modélisation du raisonnement, du diagnostic et de la décision didactique, en sappuyant sur des représentations des connaissances de lapprenant. En amont de la conception dun EIAH se situe un travail didactique qui aboutit à la construction théorique dun modèle de lapprenant. Ce modèle une fois construit peut être implémenté au sein dun tuteur artificiel. Ainsi, notre travail de modélisation dans le champ de la didactique pourra avoir des répercussions sur lélaboration dun tuteur ayant pour objectif lapprentissage dune notion mathématique.
Parmi les différents systèmes, nous en avons trouvé deux particulièrement cités dans la littérature, qui sappuient sur des approches complémentaires pour lenseignement : les micromondes et les tuteurs intelligents. Les micromondes sont conçus dans le but de permettre à lélève, à travers différentes actions réalisées, de construire son propre apprentissage ; lordinateur est alors un élément du milieu (Bellemain, 1992). Comme exemples classiques de micromondes, citons LOGO (Papert, 1980) et Cabri-géomètre (Laborde & Capponi, 1994). Dun point de vue épistémologique, les connaissances implémentées dans ces systèmes sont relatives au domaine étudié. Ainsi, les micromondes ne sont pas capables détablir un diagnostic de létat de connaissances de lélève, ni encore de proposer des stratégies permettant un processus dapprentissage.
Par opposition, les tuteurs intelligents sont des systèmes conçus pour enseigner les connaissances dun certain domaine à lélève ; ils sont basés sur la notion de guidage. Grâce aux techniques d'intelligence artificielle, il devient possible de doter les machines de connaissances et de certaines capacités à les utiliser. En fait, à partir de limplémentation dun modèle des connaissances et dun répertoire des erreurs délèves, ces tuteurs produisent un diagnostic de létat des connaissances de lélève et adoptent une stratégie pédagogique en lui fournissant une instruction spécifique (une leçon, une aide, un exercice...) relative à la connaissance visée. Nous restreindrons notre description aux tuteurs intelligents, puisqueux seuls intègrent un modèle de lélève.
Pour accompagner un apprentissage, un tuteur informatique doit posséder les connaissances du domaine à enseigner, s'adapter aux connaissances et erreurs de l'élève, adopter une stratégie pédagogique et pouvoir communiquer avec l'élève. Ainsi, Wenger (1987) définit quatre types de modèles dans la conception dun système EIAH :
Modèle du domaine (expert) : il correspond à lexpertise du domaine à enseigner. Il permet de structurer et dorganiser le savoir dans le but de mettre en évidence les différents concepts et les liens qui existent entre eux ;
Modèle de lapprenant (élève) : correspond à lexpertise des connaissances relatives à lapprenant. Son but est de modéliser les connaissances de lapprenant par rapport à chaque concept du domaine ;
Modèle de linteraction (interface) : contient les descriptions de chaque média (reconnaissance vocale, synthèse vocale, interface...) en termes de capacités, de conditions d'utilisation et de contraintes de combinaison ;
Modèle du tuteur (pédagogique) : spécifie les dialogues tutoriels et les méthodes de remédiation. En fonction des informations que le tuteur possède sur lapprenant, en particulier des connaissances erronées mises en uvre par l'apprenant lors des interactions précédentes, il est capable de prendre des décisions didactiques.
Larchitecture classique dun tuteur intelligent est celle du schéma dans la page suivante :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 1. Modèle général dun Tuteur Intelligent (Nicaud, 1989)
Daprès Self (1974), la nécessité de représenter les connaissances de lapprenant a été pour de nombreux chercheurs, le moteur qui leur a permis de réaliser des tuteurs capables d'adapter leurs stratégies d'enseignement. Parmi ceux devenus des références dans ce domaine, citons les tuteurs : GUIDON (Clancey, 1979) ; SCHOLAR (Carbonell, 1970) ; ou encore WEST (Burton et Brown, 1976).
2.4. En géométrie
Comme nous lavons expliqué dans lintroduction, nos situations dapprentissage concernent la géométrie. En effet, celle-ci est un domaine privilégié pour la modélisation des connaissances de lélève car au-delà de la connaissance géométrique, la perception entre en jeu comme élément primordial quant à sa manière dappréhender le dessin, qui joue un rôle essentiel en géométrie. Cet élément perceptif peut avoir des conséquences sur lapprentissage car il peut devenir un moyen de contrôle dans la résolution du problème. Nous rejoignons ici Laborde (1992) :
[
] les modèles que sont les dessins en géométrie mettent en jeu les informations visuelles qui, quoique ne fournissant pas directement la solution, jouent un double rôle dans la résolution de problèmes géométriques :
- en fin de résolution, lorsque lélève pense avoir trouvé une solution, elles donnent des indications sur la validité de cette solution ; cest un moyen de validation partielle ou dinvalidation ; ce dernier cas se produit par exemple dans les problèmes de construction, si le procédé élaboré par lélève aboutit à un résultat perceptif en contradiction flagrante avec ce quil attendait ;
- pendant la recherche, lexploration du dessin (ou des dessins) peut conduire lélève à des conjectures et être à lorigine de démarches de solution [...] cest une source dexpérimentation.
Laborde (1992, p. 69)
En effet, au cours de la résolution dun problème, lors de lexploration du dessin et de la vérification par lélève de la solution trouvée, les connaissances perceptives et géométriques mises en uvre par lélève sont en interaction. Lauteur cite lexemple de la construction dimages de figures géométriques, par la symétrie. En réalisant une telle construction, lélève sattend à ce que la figure image ait une évidente ressemblance avec la figure initiale : les segments des deux figures doivent avoir plus ou moins la même longueur et ces figures doivent être de même nature (limage dun segment est un segment, limage dun cercle est un cercle).
Ainsi, nous supposons que la caractéristique de la géométrie, qui est de favoriser linteraction entre les connaissances liées à la perception et les connaissances géométriques, peut permettre plus facilement lexplicitation des connaissances sous-jacentes à la résolution du problème par lélève, ce qui peut jouer un rôle important dans un processus de modélisation.
2.5. Modélisation de connaissances des élèves, relative à la symétrie orthogonale
Plusieurs recherches se sont intéressées aux conceptions des élèves sur la symétrie orthogonale. Parmi celles-ci, citons Hart (1981), Gallou-Dumiel (1985), Grenier & Laborde (1987), Tahri (1993) et la recherche développée dans le cadre du projet BAP (Soury-Lavergne 2003, Miyakawa 2005). Parmi les différents objectifs de ces études, nous en avons retenu deux qui correspondent à notre objet détude. Le premier consiste à diagnostiquer létat de connaissance des élèves avant et après lenseignement de cet objet mathématique, et le deuxième objectif traite de la prise de décisions didactiques par les professeurs. Ainsi, dans le chapitre 3 (cf. p. PAGEREF _Ref131182102 \h 47), nous présenterons les principaux résultats des recherches développées par Grenier & Laborde (1987), Grenier (1988) et Tahri (1993). Ces recherches se placent dans la problématique de construction du symétrique dun segment par rapport à une droite. Les auteurs ont étudié les procédures de construction, ainsi que les conceptions mobilisées par les élèves dans la résolution des problèmes de ce type. Les résultats de ces études sont significatifs dans ce domaine et nous nous y réfèrerons pour notre approche théorique.
3. Modélisation de décisions didactiques
Dans la pratique de leur métier, les professeurs prennent des décisions qui dépendent de plusieurs facteurs. Ces facteurs sont liés à la gestion de la classe et/ou du temps, à l'affectivité (convivialité avec leurs élèves), à l'Institution (i.e. le fonctionnement de lécole ou le choix des contenus parmi ceux proposés par les programmes, par exemple), ainsi quau savoir à enseigner. Pour un professeur, ces facteurs sont tellement imbriqués que si on leur demande de les identifier ou de les séparer, cela peut devenir une tâche très difficile. Cependant, ces décisions sont toutes de nature différente. Nous nous intéressons aux décisions didactiques qui concernent lapprentissage par lélève de la connaissance visée.
Ces décisions peuvent être prises par le professeur pendant son cours dispensé dans une salle de classe, où il est en situation dinteraction avec les élèves. Toutefois, un processus denseignement scolaire ne se restreint pas uniquement à ce qui se passe dans la salle de classe. Après le cours, le professeur réalise dautres activités comme la correction des devoirs donnés aux élèves ou la préparation dun nouveau cours. Pour cela, il prend des décisions didactiques visant lapprentissage des élèves. Les travaux développés dans ce domaine (Margolinas 2002, 2005 ; Bloch, 2000) montrent que plusieurs éléments peuvent intervenir dans la prise de décisions du professeur : ses connaissances du contenu à enseigner et ses conceptions de lapprentissage et de lenseignement, par exemple. Dans notre recherche, nous nous proposons détudier les éléments susceptibles dinfluencer les décisions didactiques prises par des professeurs dans le contexte de lapprentissage de la symétrie orthogonale. Ainsi, dans le chapitre 4 (cf. p. PAGEREF _Ref131183231 \h 99), nous présenterons une étude théorique sur laquelle nous nous appuierons pour atteindre cet objectif.
4. Spécificité de notre travail et questions de recherche
Comme dit précédemment, nous chercherons dans un premier temps à caractériser les connaissances des élèves de collège relatives à la symétrie orthogonale et dans un deuxième temps, nous étudierons le processus de prise de décisions didactiques par les professeurs.
4.1. Caractérisation des conceptions
Dans cette perspective, la première question que nous nous posons concerne la caractérisation de connaissances. La théorie des situations didactiques (TSD) de Brousseau (1998) préconise quune connaissance est caractérisée par les situations ou les problèmes qui lui sont spécifiques. Dans le cadre du modèle cK¢, la caractérisation de « conception » est issue de la définition pragmatique du concept quen donne Vergnaud (1990) dans sa théorie des champs conceptuels : un concept y est défini par un triplet constitué dun ensemble de situations, dun ensemble des invariants opératoires et enfin dun ensemble des formes langagières qui permet la représentation symbolique de ce concept. Lune des innovations apportées par le modèle cK¢ à cette définition est lexplicitation des structures de contrôle ((), qui jugent de la validité et de ladéquation de laction réalisée par le sujet résolvant un problème. Ainsi dans ce modèle, une conception est définie par un quadruplet constitué dun ensemble P des problèmes, un ensemble R des opérateurs, un ensemble L des systèmes de représentations et un ensemble ( des contrôles, que nous décrirons plus en détail au chapitre 2 (cf. p. PAGEREF _Ref130706897 \h 29).
Dans les travaux de recherche présentés plus haut (cf. p. PAGEREF _Ref117419968 \h 19) ont été identifiées quatre conceptions prototypiques relatives à la symétrie orthogonale, en référence à la définition proposée par Vergnaud (ibid.). Dans notre recherche, nous navons pas à nous limiter à ces quatre conceptions, dune part parce que le problème pris en compte dans ces travaux concerne, en particulier, la construction du symétrique dun segment, tandis que nous nous proposons de considérer les figures plus complexes et dautre part, parce que nous nous sommes placés dans une autre approche théorique.
En nous appuyant sur la formalisation proposée par le modèle cK¢, nous faisons le choix de caractériser une conception à partir de lidentification des structures de contrôle. Gaudin (2005) a étudié le rôle et les relations entre opérateurs et contrôles dans lactivité dun sujet en résolution de problème, à propos de la notion de fonction. Ses résultats montrent que lanalyse des productions des élèves par le biais de ces éléments a permis dexpliquer des dysfonctionnements dans la conduite de laction réalisée observés dans le comportement du sujet. Nous reprenons ici comme hypothèse de travail lhypothèse de Gaudin (ibid.), selon laquelle la caractérisation des structures de contrôle des conceptions peut permettre danalyser les choix et les décisions prises par les élèves dans la résolution de problèmes et daccéder, par la suite, aux opérateurs susceptibles dêtre mis en uvre dans laction. Par ailleurs, les résultats de la recherche de Gaudin (2002) montrent quun même opérateur peut être attaché à des contrôles différents qui caractérisent des conceptions différentes. A ce propos, Balacheff et Margolinas affirment que :
La considération des contrôles peut permettre de distinguer des conceptions qui par ailleurs paraissent partager les mêmes systèmes de représentations et les mêmes opérateurs.
Balacheff & Margolinas (2005, p. 84)
En considérant que les contrôles peuvent jouer un rôle important dans la distinction des conceptions, dans notre recherche nous avons choisi de caractériser dans un premier temps les structures de contrôles des conceptions de la symétrie orthogonale, ce qui peut nous permettre de caractériser ses autres éléments. Cette problématique soulève la question suivante :
Q1 : Comment caractériser lensemble des contrôles des conceptions susceptibles dêtre mobilisés par lélève dans la résolution dun problème relatif à la symétrie orthogonale ?Puisque nous utilisons le cadre du modèle cK¢ pour caractériser les conceptions, la question suivante se pose naturellement.
Q2 : À partir de lensemble des contrôles, peut-on accéder aux autres éléments qui caractérisent une conception, notamment les opérateurs et les problèmes ? Si oui, comment ?Signalons que dautres recherches ont utilisé le modèle cK¢ pour caractériser des conceptions relatives à la notion de fonction à partir de lensemble des problèmes (Mesa, 2004), ou celles relatives aux équations différentielles à partir de lensemble des opérateurs (Arslan, 2005) ou encore celles relatives à la symétrie orthogonale à partir des ensembles des contrôles et des opérateurs (Miyakawa, 2005).
Choix de problèmes
Pour choisir la nature des problèmes, nous avons pris comme point de départ les résultats des recherches sur la symétrie orthogonale, ainsi que le point de vue de lenseignement (à lécole élémentaire et au collège). Après avoir réalisé une étude des manuels scolaires en vigueur au Collège en France (cf. chapitre 3), nous avons constaté que la plupart des problèmes proposés aux élèves concernant la symétrie orthogonale étaient des problèmes de construction de la figure symétrique par rapport à une droite donnée, et nous trouvons également une quantité importante de problèmes de reconnaissance de la figure symétrique parmi plusieurs figures données. Nous nous interrogeons alors sur les conceptions susceptibles dêtre mobilisées par les élèves dans la résolution de problèmes de cette nature.
Quant aux problèmes de construction dimages de figures par une symétrie orthogonale, la question qui se pose concerne les conceptions pouvant être mises en uvre par les élèves quand ils construisent limage dune figure complexe, c'est-à-dire composée de plusieurs segments, darcs de cercle... Ces conceptions sont-elles les mêmes que celles identifiées dans les travaux concernant la problématique segment-axe ?
Lélève sait que limage dune figure par la symétrie doit être une figure de même nature que celle de départ. Dans la construction du symétrique dun segment, la conservation de la longueur du segment initial peut être suffisante pour aboutir à la construction dune figure semblable. Cependant, si la figure est complexe, elle comprend des segments, tracés ou non (un côté dun polygone, un axe de symétrie, une diagonale, etc.) en positions variées, et encore dautres éléments comme la mesure et lorientation des angles qui napparaissent pas dans la configuration de la figure segment. Ainsi, nous faisons lhypothèse que, dans le cas dune figure complexe, les propriétés de la symétrie autres que la conservation des longueurs des segments comme la conservation des mesures des angles ou bien de leur orientation doivent être observées par lélève pour quil puisse mener à bien sa construction.
Par ailleurs, en ce qui concerne le choix de la nature de la figure, nous reprenons ici la question posée par Grenier (1998, p. 22) à propos du réinvestissement par les élèves de leurs connaissances sur la construction du symétrique dun point, pour construire le symétrique dune figure quelconque. Les résultats de sa recherche ont permis de répondre en partie à cette question. En effet, elle a montré que les élèves, qui savaient très bien construire le symétrique dun point, ne réinvestissaient pas leurs procédures pour construire le symétrique dun segment. Dans notre recherche, nous choisissons délargir cette problématique, en proposant aux élèves des problèmes de construction du symétrique dun segment, mais également dune figure complexe (dans le sens précisé plus haut), en ayant pour objectif détudier si la conception mobilisée par lélève pour construire limage dune figure complexe par une symétrie orthogonale, est la même que celle mobilisée pour construire limage dun segment.
4.2. Évolution des conceptions
Plusieurs travaux ont montré le paradoxe chez un sujet observé dans différentes situations, de la présence éventuelle de connaissances contradictoires. Un élément explicatif de cette contradiction peut être la diversité des situations. En effet un sujet, devant un problème à résoudre, peut disposer de plusieurs conceptions par rapport à une même notion et mobiliser l'une ou lautre en fonction des contraintes spécifiques du problème proposé. Ces conceptions peuvent être incomplètes ou locales, avec pour chacune un domaine de validité. A ce propos, Balacheff (2000) signale que :
Un problème quelconque le plus souvent n'entretient pas de relation spécifique avec une conception, il sera au contraire en général lié de plusieurs façons à plusieurs ensembles de conceptions qui entrent dans son traitement.
Balacheff (2000, p. 6)
Lhypothèse sous-jacente au modèle cK¢ est que l'action rationnelle d'un sujet résolvant un problème, est localement logique du point de vue de lobservateur. Le sujet référencé ici nest pas le sujet pris dans toute sa complexité, mais lindividu du point de vue du système didactique où il est en interaction avec le milieu [sujetmilieu]. Une conception C mobilisée par ce sujet peut fonctionner pour résoudre un certain type de problèmes et ne plus fonctionner pour en résoudre un autre. Cela veut dire quil n'y a pas de passage naturel d'une conception à une autre, que ce soit dans une même situation ou non et quoiquil puisse sembler aux yeux d'un observateur. Ceci met en évidence le caractère local dune conception.
Pour illustrer ce caractère local, prenons comme exemple le problème de construction du symétrique de deux triangles rectangles par rapport à un axe de symétrie, qui sont placés différemment sur la feuille de papier comme le montrent les figures ci-après :
Fig. 1a
Fig. 1b
Figure SEQ Figure \* ARABIC 1. Problèmes de construction : construire les symétriques de triangles rectangles par rapport à un axe de symétrie.
En ce qui concerne le choix par lélève dune direction pour construire le symétrique du premier triangle (cf. fig. 1a), la position standard de langle droit (côtés horizontal et vertical) sur la feuille peut lamener à choisir une direction horizontale (rappel horizontal) ; tandis que lemplacement du deuxième triangle sur la feuille (cf. Fig. 1b) favorise le choix de la direction donnée par le « prolongement » du grand segment de ce triangle. Nous considérons que les contrôles qui déterminent ce choix sont différents : dans la première, « la figure image par une symétrie orthogonale est construite dans la direction horizontale (rappel horizontal) » et dans la deuxième, « limage dune figure par une symétrie orthogonale est construite dans la direction donnée par un segment de cette figure ». Ces contrôles renvoient à des conceptions différentes. Nous faisons lhypothèse que les variables du problème peuvent amener lélève à mobiliser une conception ou une autre. De même, le jeu avec les valeurs de ces variables peut permettre lélaboration dune séquence denseignement pour faire évoluer la conception initiale vers une conception cible.
En effet, une conception particulière C, nimporte laquelle, est légitimée par une sphère de pratique. Cependant, il existe des problèmes qui peuvent révéler la fausseté ou les limites de C, des problèmes qui permettent mieux que d'autres de renforcer C ou au contraire, de la déstabiliser. Ainsi, nous supposons quentre la conception (Ci) (cf. REF _Ref132627697 \h \* MERGEFORMAT Schéma 2) dont on fait l'hypothèse par le diagnostic et la conception cible (Cj), il peut y avoir plusieurs étapes constituant une trajectoire, et que ces étapes sont déterminées par des problèmes pouvant permettre lévolution de Ci vers Cj.
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 2. Lapprentissage : le passage d'une conception à une autre
Ainsi, nous nous interrogeons à propos des problèmes qui constituent ce passage et nous formulons que de cette interrogation est issue la question suivante :
Q3 : Quels sont les types de problèmes qui favorisent le passage dune conception Ci à une conception Cj, et comment décrire ces problèmes en termes de variables didactiques ?La réponse à cette question est fondamentale pour étudier la prise de décisions didactiques par les professeurs.
4.3. Prise de décisions didactiques par les professeurs
Comme nous lavons mentionné, plusieurs éléments peuvent intervenir dans la décision dun professeur lors de la construction dune situation denseignement. Parmi ces éléments, citons ceux liés à linstitution (Programmes officiels, manuels scolaires, pratiques de létablissement...), à la conception du professeur relative à lapprentissage et de lenseignement, à la représentation quil se fait de lélève et de la classe, à son épistémologie concernant la notion étudiée. Ainsi, dans notre recherche nous nous intéressons aux éléments sur lesquels les professeurs fondent le choix des problèmes quils proposent à leurs élèves.
Cette problématique soulève la question suivante :
Q4 : Sur quels éléments se fondent les décisions didactiques prises par un professeur dont lobjectif est de faire évoluer les conceptions mobilisées par un élève ? Pour répondre à cette question, nous nous appuierons sur le modèle des niveaux de lactivité du professeur (Margolinas, 2002).
Au chapitre 2 suivant, nous présenterons le cadre théorique ainsi que la méthodologie de notre recherche.
Chapitre 2 : Cadre THÉORIQUE et MÉTHODOLOGIE de recherche
Dans ce chapitre nous présentons dabord, au sein de la théorie des situations didactiques, les outils théoriques que nous utilisons dans notre recherche. Ensuite, nous décrirons nos choix méthodologiques, et nous montrerons comment nous utilisons ces outils dans le cadre de notre recherche.
1. Introduction
Le but de notre travail est la modélisation des décisions didactiques. Nous appelons décisions didactiques, les décisions prises par les enseignants avec une intention dapprentissage par lélève de la connaissance visée. Pour réaliser cette étude, nous prenons appui sur la théorie des situations didactiques TSD (Brousseau, 1998), qui nous permet danalyser lactivité de lenseignant et celle de lélève. Pour répondre à nos questions de recherche, nous avons fait des choix méthodologiques au sein de ce cadre théorique.
Pour modéliser le processus denseignement, nous avons besoin dune part de modéliser des connaissances délèves à propos de la notion mathématique visée. Pour ce faire, nous avons choisi comme outil méthodologique le modèle cK¢ développé par Balacheff (1995 ; 2002, 2005). Dautre part, pour analyser lactivité de lenseignant, nous avons choisi « le modèle des niveaux dactivité du professeur » développé par Margolinas (1997, 2002, 2005).
Dans ce qui suit, nous présentons les formalisations proposées par ces deux modèles.
2. Cadre théorique
2.1. Le Modèle cK¢
Notion de conception
Avant de présenter ce modèle, nous effectuons un survol de la notion de « conception » telle quelle est souvent utilisée dans les recherches en sciences cognitives, en didactique, et en particulier en didactique des mathématiques.
Dans le sens commun du mot, une conception peut être comprise comme une idée, une représentation ou une croyance qua un sujet à légard de quelque chose. Dans une approche constructiviste, une conception peut être définie comme un type particulier de connaissance individuelle construite dans linteraction du sujet avec un milieu (un environnement). Elle dépend alors à la fois du milieu dans lequel le sujet se trouve et du sujet lui-même (son histoire, ses intentions
) (Charlier, 1998).
Les recherches en didactique et en particulier en didactique des mathématiques, ont développé un grand nombre de réflexions autour de cette question.
Tiberghien (2005), chercheur en didactique des sciences physiques, signale que dans les années 80-90, une pluralité de termes ayant tous la même signification a été utilisée dans les recherches. Parmi ces termes, elle cite : représentations, conceptions, misconceptions, alternative framework, raisonnement spontané, modèle spontané. Lhypothèse sous-jacente à ces recherches est que le sujet est le constructeur de ses nouvelles connaissances, à partir de ses connaissances et de ses expériences antérieures. Les questions qui sont généralement à lorigine de ces travaux concernent lidentification des connaissances et des procédures utilisées par les élèves quand ils résolvent un problème, ainsi que leur évolution dans le temps. Daprès lauteur, la variété de termes utilisés dans les recherches témoigne qu'il n'y avait pas une approche théorique unique, adoptée par les différents courants.
Ce problème de vocabulaire est dailleurs constaté également par les chercheurs en didactique des mathématiques. Margolinas (1993) met en évidence les termes utilisés dans les différentes théories françaises pour parler des connaissances des élèves :
Gérard Vergnaud a forgé le concept de théorème en acte qui « désigne les propriétés des relations saisies et utilisées par le sujet en situation de solution de problème » [...]. Guy Brousseau utilise plutôt le mot de « modèle implicite » [...]. Yves Chevallard [...] a introduit le terme de « rapport au savoir ». [...].
Margolinas (1993, p. 100)
Cependant, le terme conception a été le plus souvent utilisé pour faire référence aux connaissances des élèves :
Le mot le plus répandu dans la littérature didactique, toutes « écoles » confondues, est celui de conception, et il intervient dès que le discours se situe au niveau des opérations de pensée de lapprenant, et plus généralement, de lapprentissage.
(Ibid. p. 101)
Artigue (1989) met en évidence deux nécessités auxquelles répond la notion de conception, ce qui permet dexpliquer pourquoi la notion de conception est très répandue en didactique des mathématiques :
- mettre en évidence la pluralité des points de vue possibles sur un même objet mathématique, différencier les représentations et modes de traitement qui lui sont associés, mettre en évidence leur adaptation plus ou moins bonne à la résolution de telle ou telle classe de problèmes,
- aider le didacticien à lutter contre lillusion de transparence de la communication didactique véhiculée par les modèles empiristes de lapprentissage, en lui permettant de différencier le savoir que lenseignement veut transmettre et les connaissances effectivement construites par lélève.
Artigue (1989, p. 14)
En se fondant sur les recherches développées au sein de cette problématique, lauteur constate que la notion de conception est utilisée dans ces recherches comme un outil pour la modélisation de lélève, sans cependant avoir explicitement une définition didactique de cet outil. Ainsi, à partir de ces recherches, elle envisage une définition du terme conception qui est la suivante :
La conception est un objet local, étroitement associé au savoir en jeu et aux différents problèmes dans la résolution desquels il intervient ; elle va constituer un outil, aussi bien pour lanalyse de ce savoir et lélaboration de situations didactiques que pour lanalyse stricte du comportement de lélève.
(Ibid. p. 17)
Auparavant, placé dans une problématique psychologique, Vergnaud (1982) propose dutiliser le terme « conception » pour désigner le sujet analogue du concept, à un moment donné. Rappelons que dans sa Théorie des Champs Conceptuels, un concept est défini par le triplet constitué des ensembles :
S : situations qui donnent du sens au concept ;
I : invariants sur lesquels repose lopérationnalité des schèmes (le signifié) ;
s : formes langagière et non langagière qui permettent de représenter symboliquement le concept, ses propriétés, les situations et les procédures de traitement (le signifiant).
En se référant à cette définition, Artigue (ibid.) signale qu'une conception ainsi définie apparaît de façon plus pertinente comme « un objet lié au sujet » et « perd son caractère local ». Artigue montre toutefois les limites de cette approche pour une utilisation en didactique des mathématiques, vis-à-vis de lintérêt de modéliser les relations du sujet en interaction avec le milieu (le système [sujetmilieu]). Ceci fait ressortir limportance du caractère local dans la caractérisation des conceptions pour les recherches dans ce domaine. A ce propos, Artigue (ibid.) avance :
En effet, ce qui intéresse le didacticien, ce nest pas au fond la compréhension de cette structure globale hypothétique, mais lidentification de conceptions locales qui se manifestent en situation et lanalyse des conditions de passage de telle conception locale à telle autre, quil sagisse de rejeter une conception erronée, de mettre en place une conception permettant daméliorer lefficacité dans la résolution de telle ou de telle classe de problèmes ou de favoriser la mobilité entre des conceptions déjà disponibles »
Artigue (1989, p. 18).
Les deux nécessités citées plus haut représentent un ancrage du modèle cK¢. A ce propos Balacheff et Margolinas déclarent :
On peut donc résumer en proposant quune conception est une instance de la connaissance de lapprenant, qui se distingue par la représentation et les traitements quelle mobilise, mais dont la portée est locale, attestée sur un domaine de validité et defficacité particulier (éventuellement scolaire).
Balacheff & Margolinas (2005, p. 79)
Par ailleurs, le modèle cK¢ est ancré dans la théorie des situations didactiques (TSD) par la prise en compte de linteraction entre le sujet et le milieu, ce dernier étant le « système antagoniste du système sujet ». La prise en compte de cette interaction définit une conception dans le cadre de ce modèle. Nous présentons ci-après la formalisation dune conception proposée par cK¢.
La formalisation de conception dans le modèle cK¢
Une conception est définie dans ce modèle comme ci-après :
La conception est létat déquilibre dun système, et plus précisément dune boucle action/rétroaction du système [sujetmilieu] sous des contraintes proscriptives de viabilité.
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 3. Boucle de rétroaction du système [sujetmilieu] (Balacheff & Margolinas 2005, p. 80)
Dans ce modèle, une conception C est décrite par un quadruplet (P, R, L, () dans lequel :
P est un ensemble de problèmes ;
R est un ensemble dopérateurs ;
L est un système de représentation ;
( est une structure de contrôle.
Lensemble des problèmes (P)
Un problème est le résultat dune perturbation de léquilibre du système [sujetmilieu] (Balacheff, 1995, p. 227). Dans ce modèle, lensemble P dune conception C est lensemble de problèmes pour lesquels la conception C participe à leur résolution. Nous parlerons ainsi de sphère de pratique ou de domaine de validité de la conception C. La sphère de pratique dune conception est liée à la connaissance du sujet qui la mobilise, et non au savoir de référence. Gaudin affirme que « les sphères de pratiques attestent que la connaissance possède un domaine de validité sur lequel elle est reconnue comme un outil » (2005, p. 33).
La question qui se pose est : comment caractériser la sphère de pratique (lensemble P) dune conception C. La difficulté de cette caractérisation est soulignée par Gaudin (2005) :
La notion de situation fondamentale (Brousseau, 1998), sur laquelle ont porté de nombreux travaux de didactique, illustre la difficulté posée par la caractérisation des problèmes [...]. Cette représentation des problèmes est un outil théorique puissant qui a été utilisé pour létude des situations dapprentissage de concepts mathématiques (voir par exemple Ratsimba-Rajohn (1982) pour létude des rationnels). Elle nest cependant pas opératoire pour létude des conceptions, pour lesquelles la question de lexistence et de lidentification dun (ou plusieurs) représentant(s) de lensemble des problèmes de la conception reste ouverte.
Gaudin (2005, p. 37)
Lensemble dopérateurs (R)
Les opérateurs permettent de transformer un problème initial P1 en un autre problème P2. Ils sont attestés dans laction à partir des comportements de lélève, sous la contrainte dun système de représentation (L). Reprenons ici la définition donnée par Gaudin :
Les opérateurs sont les outils pour laction. Ils peuvent être des actions concrètes sur un milieu matériel, ou des actions plus abstraites comme les transformations de représentations langagières, symboliques, graphiques, ou encore être une prise dinformation [...].)
Gaudin (2005, p. 38)
La structure de contrôle (£)
La structure de contrôles d une conception assure sa non-contradiction. Elle permet d attester la légitimité, la validité d une action du sujet :
Les contrôles rassemblent :
- des jugements, des décisions et plus généralement les moyens du choix ;
- des méthodes, structures et organisations des opérateurs [...].
Balacheff & Margolinas (2005, p. 84)
Gaudin avance que :
Les contrôles rendent compte des critères qui renvoient (pour le sujet) au choix, à la décision, à ladéquation, à la validité dune action, à la décision « résolu » pour un problème.
Gaudin (2002, p. 37)
De cette définition nous retenons que les contrôles sont mobilisés par un sujet tout au long du processus de résolution dun problème. Ils ne sont pas nécessairement les mêmes tout au long du processus, certains pouvant apparaître au début et dautres à la fin de celui-ci.
Plusieurs travaux portent sur le moment où le sujet qui résout un problème exerce des contrôles : Hoc (1987), Schoenfeld (1985), Richard (1990), Coppé (1993) et Margolinas (1993). En sappuyant sur ces différents travaux, Rolet (1996, p. 71) a étudié les différents types de contrôles exercés par les étudiants dans des tâches de lecture de dessin et de construction géométrique. Elle reprend notamment la distinction de trois moments où le sujet peut exercer des contrôles au cours des situations étudiées :
lors de la planification de la tâche ;
lors de lexécution de la tâche ;
lors de la vérification de la solution finale.
En résolvant un problème, le sujet se fait tout dabord une représentation de la solution et à partir de celle-ci, il établit les buts et les sous-buts en termes dactions à effectuer pour résoudre le problème. Il sagit de la phase de planification. Les contrôles mobilisés dans cette phase sont relatifs aux choix et aux prises de décisions et permettent dorienter la production du sujet. Cependant, cette planification peut être remise en cause pendant la phase suivante (ibid.).
Ensuite, le sujet passe à la phase dexécution de lactivité. Cest ici que laction concrète de résolution du problème (tracer, construire...) est réalisée. Au fur et à mesure que le problème est résolu, le sujet cherche à valider chaque étape de son action en vérifiant la cohérence avec ce quil a planifié. Les contrôles mobilisés dans cette phase sont relatifs au jugement de ladéquation et à la validité de laction.
Enfin, à un moment donné le sujet doit décider si le problème est déjà résolu, ou non. Cest la phase de vérification. Il cherche alors à valider sa production finale. Les contrôles mobilisés à ce moment relèvent de la validité de la production ou de la réponse de lélève.
Par ailleurs, Rolet (1996) distingue les contrôles perceptifs et théoriques.
Un contrôle perceptif est celui qui sexerce sur des dessins et utilise comme instrument la vue. Il est lié à une validation pragmatique.
Rolet (1996, p. 72)
Ces contrôles perceptifs peuvent être de deux types : simple et instrumenté.
Le contrôle perceptif simple est celui qui nutilise aucun instrument autre que la vue (et accessoirement une règle) pour lire des propriétés, les prendre en compte dans une reproduction ou construction, tant dans lexécution de la tâche que dans la validation du résultat. [
].
Par rapport au contrôle perceptif simple, le contrôle perceptif instrumenté utilise, dans les problèmes de lecture, de reproduction ou de construction, des instruments tels que calque, gabarit, papiers quadrillés ou règle, équerre, compas. Ces instruments peuvent permettre de lire, reproduire ou de construire des propriétés spatiales et/ou propriétés géométriques. [...] le sujet, en utilisant des instruments, « cherche à voir » et à introduire les propriétés quil a vues.
(Ibid. p. 72 et 74)
En se référant à Balacheff (1987), Rolet définit un contrôle théorique comme :
Celui de « lélève-théoricien dont la justification de lactivité est celle de connaître ». Il utilisera des connaissances mathématiques pour prendre une décision, pour valider ses actions et son résultat.
(Ibid. p. 76)
Cette typologie a son origine dans la caractérisation des problématiques dans lesquelles le sujet se place, pratique ou théorique. Daprès Berthelot & Salin (1992), une problématique pratique a comme référence :
La pratique de la vie courante, des problèmes spatiaux « ordinaires » de la vie de monsieur « tout le monde », ou encore du sens pratique [...]. Se placer dans une problématique pratique, cest donc essentiellement contrôler ses rapports de manière empirique et contingente.
Berthelot & Salin (1992, p. 69)
Dans une problématique géométrique :
La pratique de référence est celle de la géométrie des mathématiciens [...]. Se placer dans une problématique géométrique, cest donc entrer dans un rapport entre mathématiciens établi sur la base de déclarations concernant un espace conceptualisé et contrôlées par la consistance (au sens de non-contradiction) de lensemble de ce qui est déclaré sur lui.
(Ibid. p. 68-69)
Le système de représentation (L)
Le système de représentation permet lexpression des problèmes (P), des opérateurs (R), ainsi que des contrôles (£). En effet, « il décrit les signifiants engagés dans les interactions du système [sujetmilieu]. Ces signifiants supportent l action, les opérations et les décisions » (Gaudin, 2005, p. 39). Cette représentation peut être langagière ou non langagière.
2.2. Le modèle des niveaux de lactivité du professeur
Les recherches en didactique des mathématiques développées en France avant les années 90 ont été consacrées dans leur majorité à la construction des ingénieries didactiques pour rendre compte de lactivité de lélève. Daprès Margolinas (1992), désormais les chercheurs dans ce domaine détude sintéressent de plus en plus à létude de lactivité du professeur. Lauteur signale que labsence de recherches dans ce domaine, auparavant, était due en partie à labsence dune approche théorique qui puisse rendre compte de lactivité de lenseignant, activité qui relève des contraintes différentes de celles de lélève.
Brousseau (1986, 1990) propose le modèle de « structuration du milieu didactique » une structure emboîtée, en oignon (ibid. 1990, p. 319). Lobjectif de ce modèle est alors de rendre compte de la différence entre les activités de ces deux acteurs dans la relation didactique. Il s'agit, pour ce modèle :
- de combiner des systèmes interactifs pour faire apparaître deux rôles différenciés (celui de lélève et celui du professeur) par leurs rapports réciproques et leur rapport au savoir.
- et détudier la compatibilité de leurs caractères respectifs.
Brousseau (1990, p. 318)
Parmi les fonctionnalités du modèle montrées par Brousseau, nous retenons celle de permettre danalyser les « situations non didactiques adaptées aux divers fonctionnements de la connaissance », et de « poser de façon claire la question de la spécificité de la relation didactique » (ibid. p. 319-320). Ce modèle, un outil de la Théorie des Situations, est alors le point de départ des études de Margolinas (1997, 2002, 2005) concernant lactivité du professeur.
Un des objectifs initiaux des études de Margolinas a été de clarifier et délargir le modèle de structuration du milieu, de Brousseau, en le systématisant. De plus, lauteur sest posé des questions concernant la « dissymétrie » entre les rôles du professeur et de lélève mise en évidence dans ce modèle. A ce propos elle signale :
La place du professeur noffre que deux positions (P0 et P1) alors que celle de lélève en offre cinq (de E-3 à E1). Sagit-il dune dissymétrie nécessaire ? [
] On peut remarquer que le modèle de Brousseau est antérieur à un intérêt général porté au rôle du maître, mais quil synthétise en revanche les analyses a priori connues concernant le travail de lélève en situation.
Jai donc pris le parti méthodologique de la symétrie de rôle entre professeur et élève.
Margolinas (1997, p. 42-43)
Ainsi, en sappuyant sur la structuration du milieu, Margolinas propose un modèle qui, daprès elle, est plutôt une heuristique qu'un modèle, en faisant ressortir le rôle du professeur dans la relation didactique. Elle introduit alors des positions « P3, P2 et P-1 » dans le modèle de structuration du milieu et propose la présentation en forme du tableau ci-après :
M3 :
M-de constructionP3 :
P- noosphérienS3 :
situation noosphérienneSur - didactiqueM2 :
M- de projetP2 :
P-constructeurS2 :
situation de constructionM1 :
M-didactiqueE1
E-réflexifP1 :
P-projecteurS1 : situation de projetM0 :
M- dapprentissageE0 :
ÉlèveP0 :
ProfesseurS0 :
situation didactiqueM-1
M-de référenceE-1 :
E-apprenantP-1
P-observateurS-1 :
situation dapprentissageA - didactiqueM-2
M-objectifE-2 :
E-agissantS-2 :
Situation de référenceM-3 :
M-matérielE-3 :
E-objectifS-3 :
Situation objectiveTableau SEQ Tableau \* ARABIC 1. Modèle de structuration du milieu proposé par Margolinas (1997, p. 43)
Les situations S1, S2 et S3 représentent les « situations sur-didactiques ». Ce sont les situations où le professeur nest pas en interaction réelle avec lélève. Les situations S-1, S-2 et S-3 représentent les « situations a-didactiques ». La situation S0, soulignée dans le tableau en gras pour lacteur, comporte le milieu dapprentissage. Il sagit de la « situation didactique » au sens strict, la situation où le professeur est en interaction réelle avec lélève. Elle se constitue dans la partie la « plus visible » de lactivité du professeur. Ainsi dans ce modèle, une analyse « ascendante » (partant du niveau -3) privilégie lactivité de lélève, tandis qu'une analyse « descendante » (partant du niveau 3) privilégie celle du professeur.
Dans ses écrits, Margolinas fait souvent ressortir que le professeur en tant quacteur de la relation didactique est toujours en situation. Une des thèses de ces études est, plus précisément, que le professeur « a » une situation.
Nous disons que le professeur a une situation parce que, si le contexte est bien immuable, les ressources et les contraintes le milieu qui caractérisent la situation sont co-déterminées par le sujet et le contexte [
]. Les connaissances du « sujet » sont en fait les connaissances du sujet qui a une situation, elles correspondent à léquilibre [sujetmilieu] en situation (Balacheff 1995, Balacheff & Margolinas 2005).
Margolinas & Rivière (2005, p. 32)
Alors, en situation, le professeur interagit avec un milieu et il apprend à partir de cette interaction. Brousseau (1998) représente le milieu du professeur dans une situation didactique par le schéma suivant :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 4. Le milieu du professeur (Brousseau, 1998, p. 92)
Le milieu, système antagoniste du sujet (professeur), comprend lélève et le milieu de lélève. Le professeur en situation didactique agit sur ce milieu et en fonction des rétroactions quil reçoit, il peut le modifier parce quil le connaît : il la conçu dans un but denseignement. Étant donné ce caractère du milieu du professeur, Margolinas (1992, 2005) met en évidence que le professeur nest jamais en situation a-didactique. Daprès cet auteur, lanalogie des jeux qui caractérise une situation a-didactique nest plus pertinente pour décrire lactivité du professeur : « lanalogie avec la théorie des jeux sarrête là où le travail du maître commence » (ibid. 1992, p. 120).
Dans ses premières publications, Margolinas présentait ce modèle de structuration du milieu dune façon quelle affirmait être « plus technique ». Cependant, au cours des années, le modèle a évolué et récemment il a été présenté sous la forme des « niveaux » (Margolinas, 2002 ; Margolinas et al. 2005, Margolinas 2005, Margolinas & Rivière 2005) comme ci-dessous :
EMBED PowerPoint.Slide.8
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 5ref SHAPE \* MERGEFORMAT . Niveaux de lactivité du professeur (Margolinas, 2005 p. 13)
Les niveaux de -1 à +3 dans cette nouvelle configuration du modèle, correspondent aux positions du professeur de P-1 à P3 respectivement dans le tableau précédent. Nous nous contenterons de décrire ces niveaux. Pour cela, nous reprenons les descriptions données par Margolinas (2002. p. 142) :
+3 (niveau noosphérien ou idéologique) : caractérise lactivité du professeur qui réfléchit de façon très générale ou bien, toujours en général, à lenseignement des mathématiques ;
+2 (niveau de construction) : lactivité du professeur est de concevoir les grandes lignes de lenseignement dun thème. Du point de vue de lingénierie didactique, cest à ce niveau quintervient de façon caractéristique la recherche dune situation fondamentale ;
+1 (niveau de projet) : caractérise lactivité du professeur qui détermine le scénario dune leçon. Brousseau (1990) le décrit comme celui où le professeur prépare son cours ;
0 (niveau didactique) : caractérise laction du professeur en classe. Il sagit du « niveau de base » dans lequel les élèves et le professeur interagissent es-qualité ;
-1 (niveau dobservation) : est caractéristique de la dévolution ou de lobservation de lactivité des élèves.
Lauteur considère qu'à tous les niveaux caractéristiques de son activité le professeur a une situation différente puisquil interagit avec un milieu spécifique (comme le montre le REF _Ref129517754 \h \* MERGEFORMAT Tableau 1, p. PAGEREF _Ref134765596 \h 37). Le professeur en situation apprend à partir de cette interaction, qui est à la fois consommatrice et productrice de connaissances car il agit avec des connaissances qui sont renforcées ou modifiées par les informations et rétroactions du milieu (Margolinas, 2005, p. 7).
Nous reprenons ici Comiti, Grenier et Margolinas (1995, p. 101-103) qui dans ce cadre, modélisent la nature de certaines connaissances qui peuvent être en jeu dans chacune de ces situations :
Dans la situation S3 (niveau noosphérien ou idéologique) : des connaissances sur la notion mathématique et sur lapprentissage ;
Dans la situation S2 (niveau de construction) : des connaissances relatives à la situation denseignement/apprentissage ;
Dans la situation S1 (niveau de projet) : des connaissances globales sur les connaissances et les difficultés habituelles des élèves à propos dune notion mathématique en jeu ;
Dans la situation S0 (niveau didactique) : des connaissances qui sont des interprétations et/ou des représentations des élèves et de leurs causes, qui vont lui servir dans laction pour ses prises de décisions immédiates ;
Dans la situation S-1 (niveau dobservation) : des connaissances qui permettent au professeur de distinguer, dans le travail de lélève, les erreurs ou les difficultés qui relèvent du savoir à enseigner.
Cependant, Margolinas signale à plusieurs reprises (ibid. 2002, 2005) que cette présentation linéaire du modèle peut laisser penser quil sagit dun « modèle temporel ». Elle assure que ceci nest pas le cas, quil sagit effectivement dun « modèle structurel » qui préconise que le professeur occupe lensemble de ces niveaux tout au long de son activité, y compris au sein de la classe.
Le professeur, même dans son activité en classe (niveau 0), peut être pris entre son projet passé qui lui sert de guide, mais aussi de cadre contraignant (niveau +1) [
]. De même, dans son activité hors classe, par exemple quand il prépare une leçon à réaliser (niveau +1), il est influencé par la construction passée quil a faite du thème mathématique (niveau +2) quil envisage denseigner, mais cette activité de préparation peut lamener à modifier cette construction et à en envisager une nouvelle construction future (niveau +2).
Margolinas (2002, p. 143)
Ceci montre la complexité de lanalyse de lactivité du professeur. Les différents niveaux interagissent les uns avec les autres, de façon non linéaire.
Par ailleurs, nous retenons également de ce modèle le vocabulaire utilisé pour décrire lanalyse des décisions du professeur au sein de ces situations : micro-décisions et macro-décisions. Les micro-décisions sont les décisions immédiates prises par le professeur en salle de classe. (Comiti, Grenier, Margolinas, 1995, p. 103) tandis que les macro-décisions sont les décisions prises par le professeur en situation de projet (niveau +1) (ibid. p. 94).
Dans ce qui suit, nous présenterons notre méthodologie de recherche et la façon dont nous allons nous servir de la formalisation fournie par les deux modèles que nous venons de présenter, pour la modélisation de connaissances.
3. Méthodologie de recherche
3.1. Utilisation du modèle cK¢
Comme nous lavons annoncé, lobjectif principal de notre recherche est la modélisation de la prise de décisions didactiques par le professeur dans la construction dun processus denseignement. Nous empruntons au modèle cK¢ lhypothèse que lapprentissage est le passage dune conception à une autre. Pour satisfaire à cette hypothèse, nous supposons connaître une conception initiale. Ainsi, tout dabord, nous nous posons des questions concernant la caractérisation et lévolution de conceptions délèves à propos de lobjet mathématique en jeu.
Pour répondre à ces questions, nous sommes amenés à modéliser les connaissances dun élève générique. Pour ce faire, nous cherchons à caractériser les ensembles des problèmes, des opérateurs, des contrôles et des systèmes de représentation des conceptions relatives à la symétrie orthogonale. Dans un premier temps, nous devrons délimiter le champ dinvestigation sur certains types de problèmes. Dans un deuxième temps, en nous appuyant sur le modèle cK¢, nous chercherons à formaliser les éléments des conceptions qui peuvent être mobilisées dans la résolution de problèmes. Dans un troisième temps, nous réaliserons une expérimentation auprès des élèves, qui auront à résoudre un certain nombre de problèmes concernant la symétrie orthogonale.
Certes nous sommes conscients que dans la caractérisation de conceptions dans le modèle cK¢, les quatre éléments (P, R, L, () sont interdépendants, et quaucun dentre eux ne permet en soi de caractériser une conception. En effet, la structure de contrôle dune conception C est liée aux opérateurs mobilisés dans laction par le sujet et à un système de représentation. Un changement du système de représentation peut entraîner un changement de la structure de contrôle et, par conséquent, de la conception C. Dautre part, puisquune conception est définie comme un état déquilibre du système [sujetmilieu], la conception C dépend également du problème posé. Les contrôles sont, la plupart du temps, implicites dans laction du sujet. Des résultats de travaux montrent que lobservation de laction du sujet permet souvent laccès aux opérateurs. Comme le dit Vergnaud (1981), un observateur du comportement dun sujet peut se faire une image de ses connaissances à partir de lobservation des actions de ce sujet. Celle-ci est également une constatation des chercheurs en didactique des mathématiques qui ont étudié des conceptions délèves concernant divers objets mathématiques.
Cependant, dans le cadre de notre recherche nous avons fait le choix dentrer par les structures de contrôles. Dune part, ces structures prennent une place importante dans létude a priori des comportements dun sujet qui résout un problème, car ils rendent compte de son fonctionnement : ils guident laction du sujet. Dautre part, la question du contrôle de laction du sujet est étroitement liée à la problématique de la validation de cette action, par laquelle passe la légitimation de linteraction didactique (production de lélève/professeur). De plus, comme nous lavons précisé dans le chapitre 1 (cf. p. 20), ce sont les structures de contrôle qui jouent un rôle important dans la distinction des conceptions.
En ce qui concerne le système de représentation, dans notre recherche nous nous sommes placés dans le cadre spécifique de la géométrie. Comme laffirme Duval (1988, p. 58), le problème des figures géométriques est lié au décalage entre « lappréhension perceptive » et une « interprétation commandée par des hypothèses ». Nous considérons que ces deux dimensions relèvent de la mise en uvre par le sujet des propriétés spatio-graphiques et géométriques des figures respectivement, auxquelles sont étroitement liés les contrôles perceptifs et théoriques. Les systèmes de représentations peuvent ainsi être constitués de dessins géométriques, mais également de langage pour désigner laction sur les dessins ou pour les décrire, ou encore de gestes liés à lutilisation des instruments (règle, équerre, compas) et des techniques (pliage, calque). Dans nos analyses, nous tenterons didentifier ces systèmes de représentation.
3.2. Utilisation du modèle des « niveaux de lactivité du professeur »
Notre objectif didentifier des éléments pris en compte par les professeurs lors de la prise de décisions didactiques nous a conduits à choisir ce modèle. Nous lutiliserons comme un outil méthodologique pour identifier et analyser les connaissances à luvre dans les décisions didactiques des professeurs, lorsquils construisent un processus denseignement.
Pour rendre possible la modélisation de décisions des professeurs, dans le cadre de notre recherche nous sommes amenés à nous placer dans un contexte où ces professeurs ne sont pas en situation dinteraction réelle avec les élèves. En effet, une situation de salle de classe ordinaire ne nous permettrait pas davoir accès aux décisions de professeurs différents concernant un même élève. Cette limitation nous a conduits à créer une situation « artificielle ». Ainsi, dans notre dispositif expérimental, nous avons fait le choix de fournir aux professeurs un nombre restreint de productions délèves concernant la symétrie orthogonale, afin daccéder aux éléments sur lesquels les professeurs sappuient lors de prises de décisions. En revanche, étant donné que nous ne sommes pas dans un cas de déroulement effectif dune situation dinteraction [professeurélève], ce choix ne permettra pas de rendre compte de lanalyse du professeur en situation didactique (niveau 0) ou a-didactique (niveau -1).
Si nous reprenons dans ce scénario particulier, les niveaux de lactivité proposés dans ce modèle, la situation dans laquelle se trouve le professeur sujet de notre recherche est celle de niveau +1. Il élabore son projet didactique relatif à la séance observée. Cest la situation classique du professeur qui, ayant vécu une situation (l'année précédente, dans une autre classe...) se sert de son observation pour en préparer une nouvelle. Cest principalement à ce moment quil est amené à prendre des décisions didactiques. Ces décisions sappuieront sur les productions des élèves que nous lui fournirons, et qui représentent des « observés » de la situation S-1.
Comme le précise Margolinas, ce modèle nest pas nécessairement un modèle temporel, dans le sens où les niveaux ne se suivent pas dans lordre de la numérotation. Dans le cas de notre recherche, le temps est un élément à prendre en compte, car cest à partir de ce que le professeur observera dans les copies des élèves quil devra préparer son projet didactique. Ainsi, par rapport à lélément « temps », nous pouvons représenter la situation dans laquelle se trouve notre professeur par le schéma ci-dessous :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 6. La situation du professeur, sujet de la recherche en fonction du « temps »
Dans ce contexte, nous représentons la situation S1 du professeur par le schéma suivant :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 7. Situation S1 du professeur sujet de la recherche
Dans cette situation, le professeur prend des informations dans ce qu'il observe de l'activité de l'élève (l'observé de la situation S-1). Par ailleurs, il interagit à la fois avec son projet d'enseignement plus général dans lequel s'inscrit la séquence qu'il vise à construire (niveau +2) et aussi avec ses conceptions plus générales à propos de lactivité professorale (niveau +3). Ces éléments font partie du milieu du professeur qui est, à ce moment de son activité, en situation S1.
Notre analyse de productions des professeurs sera effectuée en termes de macro-décisions, c'est-à-dire de décisions qui sont prises par le professeur dans lélaboration de son projet didactique. Nous considérons que par le biais de lanalyse « descendante », en référence au modèle, nous pourrons dégager des connaissances qui influencent les décisions du professeur. Nous chercherons à identifier dans ces productions dune part, les éléments sur lesquels les professeurs sappuient pour prendre des informations sur lactivité de lélève (observé de S-1) et dautre part, les connaissances liées à leurs projets didactiques globaux (niveau +2) et éducatifs (niveau +3).
Chapitre 3 : MODÉLISATION de connaissances la Notion de SYMÉTRIE orthogonale
Tout dabord, nous passerons en revue quelques travaux de référence sur cette notion mathématique. Nous procéderons ensuite à une étude de cette notion du point de vue mathématique, didactique et de lenseignement. Enfin, nous présenterons la modélisation de contrôles et de procédures de construction de figures symétriques, qui sera construite à la lumière de ces études théoriques.
1. Introduction
Dans ce chapitre, nous cherchons à modéliser les connaissances délèves à propos de la symétrie orthogonale. Lobjectif de cette modélisation est de trouver des éléments de réponse aux questions suivantes :
Q1 : Comment caractériser lensemble des contrôles des conceptions susceptibles dêtre mobilisés par lélève dans la résolution de problèmes relatifs à la symétrie orthogonale ?
Q2 : À partir de lensemble des contrôles, peut-on accéder aux autres éléments qui caractérisent une conception, notamment les opérateurs et les problèmes ? Si oui, comment ?
Ainsi, dans un premier temps, nous chercherons à cibler la nature des problèmes et les variables didactiques que nous prendrons en compte dans cette recherche. Dans un deuxième temps, nous chercherons à caractériser a priori les éléments des conceptions susceptibles d'être mobilisés par les élèves dans la résolution de ces problèmes.
Pour réaliser cette modélisation, nous procéderons tout d'abord à une étude de résultats des recherches menées dans ce domaine. Ensuite, nous examinerons les orientations des Programmes officiels en vigueur en France, et nous analyserons des manuels scolaires couramment utilisés au Collège. Enfin, nous étudierons la notion de symétrie orthogonale du point de vue mathématique et didactique. En nous appuyant sur les résultats de ces études préliminaires, nous utiliserons le modèle cK¢ pour procéder à la modélisation.
2. Résultats des travaux précédents
Parmi les diverses recherches réalisées sur les « conceptions » des élèves dans la symétrie orthogonale, nous présenterons tout dabord des résultats de recherches menées par Grenier (1987, 1988), Grenier & Laborde (1988), et ensuite des résultats de la recherche de Tahri (1993).
Dans les travaux de Grenier & Laborde (ibid.) ont été étudiées les conceptions des élèves concernant la notion de symétrie orthogonale, ainsi que les conditions dévolution de ces connaissances en salle de classe. Signalons que le terme « conception » est ici utilisé au sens donné par Vergnaud (1994) où une conception sexprime, en particulier, sous la forme dun ensemble des règles daction mises en uvre dans une classe de problèmes (Grenier, 1988. p. 2). En sappuyant sur les résultats des recherches de Hart (1981), Gallou-Dumiel (1985) et Bautier (1988), Grenier et Laborde ont mis au jour des connaissances erronées des élèves relatives à la symétrie orthogonale.
Une première expérimentation a été menée par les auteurs auprès des élèves des classes de quatrième et troisième (13 - 14 ans). La tâche consistait à construire, à main levée, les images des figures composées de points ou de segments différemment orientés sur la feuille de papier, et différemment positionnés par rapport à laxe de symétrie. Les variables didactiques prises en compte pour lanalyse de cette tâche sont la position des segments et des axes de symétrie sur la feuille de papier, ainsi que le type de papier (blanc ou quadrillé).
Les résultats montrent que la conservation de la nature de lobjet (limage dun point est un point et celle dun segment est un segment) est une connaissance stable chez les élèves. Cependant, la conservation de la longueur sest révélée comme une connaissance moins stable. Daprès les auteurs, cette instabilité se justifie par le fait que le choix de conserver la longueur entre souvent en conflit avec dautres choix de lélève, par exemple celui de construire le segment symétrique parallèle à celui de départ quand lorientation de laxe de symétrie est oblique sur la feuille. Les résultats montrent également que laxe de symétrie est vu par les élèves comme une droite matérialisant sur la feuille deux demi-plans et par conséquent, la symétrie orthogonale est perçue comme une transformation dun demi-plan dans lautre demi-plan. Daprès les auteurs, lorigine de cette idée est liée à la notion culturelle de symétrie par pliage, ou par usage du miroir. Un autre constat est que les directions, verticale ou horizontale du segment ou de laxe de symétrie sur la feuille, jouent un rôle important dans la résolution du problème par lélève. Par ailleurs, il est avéré que la propriété disométrie de la transformation fait partie des connaissances des élèves. Les auteurs ont alors caractérisé la conception sous-jacente aux réponses des élèves, comme suit :
La figure symétrique est une figure de même forme et de même dimension située de lautre côté et à même « distance » de laxe de symétrie. Cette « distance » est perçue globalement, comme une position déquilibre (elle nest pas forcément orthogonale à laxe), les figures pouvant être translatées lune de lautre le long dune direction horizontale.
(Grenier, 1988. p. 21)
Une procédure de résolution fréquemment utilisée par les élèves dans la construction de l'image dun segment par rapport à une droite, consistait à construire limage dune des extrémités du segment et à partir de ce point, à construire le segment dans une direction donnée. Daprès Grenier, cette procédure « semi ponctuelle » mettait en jeu une analyse non classique dans lenseignement. Cette constatation a conduit les auteurs à sinterroger sur le fait de savoir si lélève réinvestissait ses connaissances quant à la construction du symétrique dun point, pour construire le symétrique dune figure quelconque.
Pour répondre à cette question, une deuxième expérimentation a été mise en place auprès des élèves des classes allant de la sixième à la quatrième de collège. La tâche proposée consistait à tracer, à main levée, les symétriques de deux ensembles de figures. Le premier ensemble contenait des figures composées dun ou deux segments adjacents dans différentes positions par rapport à laxe de symétrie, et le deuxième ensemble contenait des figures similaires à celles du premier ensemble, mais réduites à leurs sommets (un, deux ou trois points) de part et dautre de laxe de symétrie. Dans lanalyse de cette tâche, les variables didactiques considérées sont les directions des segments et de laxe de symétrie (verticale, horizontale et oblique) sur la feuille, ainsi que lintersection de la figure avec laxe (laxe ne coupe pas la figure, laxe touche la figure ou la coupe).
Les résultats de cette expérimentation montrent que les élèves ont tracé correctement le symétrique des figures composées de points isolés, mais qu'ils nont pas réinvesti leurs connaissances pour tracer les symétriques des figures composées de segments. Certaines combinaisons de valeurs des variables didactiques ont conduit lélève à utiliser des procédures erronées. Lhypothèse de lauteur est que certains élèves mettent en uvre un contrôle perceptif global de la figure pour réaliser la construction, en opposition à loutil transformation ponctuelle appris dans lenseignement scolaire.
2.1. Typologie des procédures de résolution
En se basant sur les résultats de ces expérimentations, une typologie de procédures susceptibles dapparaître chez les élèves dans la résolution de problèmes de construction de limage dune figure par une symétrie orthogonale, a été proposée :
- Rappel orthogonal : la détermination dun point de la figure image se fait le long dune direction orthogonale à laxe de symétrie ;
- Rappel par prolongement : ce procédé donne pour image dun point, un point situé dans le prolongement dune direction matérialisée par la figure objet ;
- « Rappel horizontal » ou « rappel vertical » : qui donnent pour point-image un point situé sur une même droite horizontale ou une même droite verticale que le point objet.
Grenier & Laborde (1987, p. 71-72)
Cette typologie de procédures nest basée que sur la prise en compte de la direction de la droite support de la construction du point symétrique. La distance à laxe est traitée comme implicite dans les procédures de construction. Daprès les auteurs, lensemble des résultats de cette recherche montre que la distance est toujours considérée par les élèves sous la forme de « distance » le long des directions privilégiées, même quand cette distance est perçue globalement comme une position déquilibre entre les deux figures et laxe de symétrie.
Après létablissement de cette typologie de procédures, une troisième expérimentation a été mise en place, dans le but de repérer linfluence de quelques variables didactiques sur les procédures des élèves. La tâche proposée consistait uniquement à construire le symétrique dun segment. Les figures ont été placées sur la feuille de papier de façon à induire lutilisation de toutes les procédures de résolution déjà repérées. Ainsi, les variables didactiques prises en compte dans lanalyse sont : la position du segment par rapport aux demi-plans déterminés par laxe de symétrie ; lorientation de laxe sur la feuille ; la valeur de langle formé entre le segment et laxe, et finalement le type de papier utilisé (blanc ou quadrillé).
Des résultats des analyses, nous retenons quelques théorèmes en acte repérés dans les productions des élèves :
- Limage dun point est un point, limage dun segment est un segment de même longueur ;
- Un segment horizontal ne peut se transformer en un segment vertical ;
- La symétrie matérialise sur la feuille deux demi-plans ;
- La symétrie est une transformation dun demi plan dans lautre demi-plan.
(Ibid. p. 73-74)
2.2. Une typologie de conceptions
La recherche de Tahri (1993) comporte dune part, lélaboration dun modèle théorique de conceptions des élèves sur la symétrie orthogonale et dautre part, la mise en place dun dispositif expérimental pour modéliser les décisions didactiques prises par des professeurs dans un contexte dapprentissage dans un environnement informatique. Dans cette section, nous nous intéressons seulement aux aspects relatifs au modèle théorique de conceptions des élèves. La partie concernant la modélisation de la prise de décisions sera présentée plus loin (cf. chapitre 4).
Pour construire son modèle théorique de conceptions ainsi que le dispositif expérimental de sa recherche, Tahri (ibid.) sappuie fortement sur les résultats des recherches de Grenier & Laborde (ibid.). La tâche proposée aux élèves dune classe de cinquième au collège consiste à construire limage dun segment par une symétrie orthogonale. Daprès lauteur, la construction de cette image pourrait se ramener à lun des trois types de procédures de construction suivantes :
- Procédures globales : on dit que la procédure de construction de limage du segment est globale si cette image ne fait pas intervenir dautres objets que le segment produit ;
- Procédures semi analytiques : on dit que la procédure de construction de limage du segment est semi analytique ou semi globale, si une seule extrémité image est construite. Le segment ensuite est construit "au jugé" en s'appuyant sur cette extrémité ;
- Procédures analytiques : on dit que la procédure de construction de limage du segment est analytique si cette image est obtenue après construction des deux extrémités. Lélève construit limage de la première extrémité, puis celle de la deuxième et ensuite définit le segment image en joignant ces deux extrémités.
Tahri (1993, p. 49-50)
En fonction des procédures de résolution qui peuvent être éventuellement utilisées par les élèves dans la résolution de problèmes, Tahri (ibid.) présente un classement de conceptions de la symétrie orthogonale qui a comme support théorique la proposition de Vergnaud (1984). Les conceptions sont classées comme suit :
- La conception parallélisme (PA) : le segment objet et son image sont parallèles et de même longueur (fig. 2a) ;
- La conception symétrie oblique (SOb) : limage du segment est obtenue par symétrie oblique. Les distances à laxe du point et son symétrique sont conservées, ainsi que les directions des supports des points et de leurs images (Fig. 2b) ;
- La conception symétrie centrale (SC) : le segment image est obtenu par symétrie centrale. Il est soit dans le prolongement du segment objet (Fig. 2c), soit parallèle et de sens inverse ;
- La conception symétrie orthogonale (SO) : le segment image est obtenu par symétrie orthogonale par rapport à laxe (Fig. 2d).
Fig. 2a
Fig. 2b
Fig. 2c
Fig. 2d
Figure SEQ Figure \* ARABIC 2. Exemples de construction de symétrique d'un segment par la symétrie orthogonale selon la classification de conceptions proposée par Tahri (1993)
Les résultats des recherches décrits dans ce paragraphe constitueront un des fondements de notre étude théorique. Ils nous serviront de point de départ, parmi dautres, pour la réalisation de la caractérisation a priori de contrôles susceptibles dêtre mobilisés par des élèves dans la résolution de problèmes sur cette notion mathématique.
3. Étude de la notion de symétrie orthogonale
3.1. Du point de vue de lenseignement
Plusieurs recherches constatent que lors de la préparation de son cours, lenseignant sappuie fortement sur les recommandations des Programmes officiels, ainsi que sur les propositions des manuels scolaires, ce qui nest pas sans conséquence sur ses connaissances à propos de la notion étudiée et, par la suite, sur lapprentissage de lélève. Aussi allons-nous nous intéresser, en ce qui concerne la symétrie orthogonale, aux orientations des programmes scolaires en vigueur en France, ainsi quaux manuels scolaires. Nous nallons pas procéder à une analyse détaillée, ni discuter les choix adoptés dans ces ouvrages à propos de cet objet mathématique. Notre but est de réaliser un état des lieux de lenseignement actuel de cette notion. Cette étude nous permettra dune part, de construire un outil danalyse de productions des élèves et dautre part, de repérer des éléments qui peuvent guider les choix des professeurs. Elle nous permettra également deffectuer des choix méthodologiques sur lesquels nous bâtirons notre dispositif expérimental.
3.1.1. Les orientations des programmes scolaires
Daprès les instructions des programmes scolaires en vigueur en France au début de notre étude (Programmes Scolaires, 1996), la symétrie orthogonale est la première transformation géométrique qui doive être introduite dans lenseignement. Cette introduction se fera de façon pragmatique, en privilégiant une approche expérimentale. La symétrie orthogonale est introduite par la superposition des figures par pliage, laspect perceptif est le seul à être exploité pour lintroduire. A partir du cycle 2 de lécole primaire (cycle des apprentissages fondamentaux), les élèves doivent connaître les propriétés et les relations de lalignement des points, de légalité de longueurs, ainsi que la notion de laxe de symétrie. Cependant, à ce niveau scolaire, ces propriétés doivent être reconnues par les élèves de façon perceptive à partir de la reconnaissance par la vue, par lutilisation de techniques comme pliage, calque et miroir en relation avec la symétrie. Le passage des connaissances perceptives aux connaissances géométriques commence à se faire progressivement en cycle 3 (cycle des approfondissements), avec le recours aux instruments de dessin et la connaissance de certaines propriétés de la symétrie axiale. Selon les programmes, à ce niveau scolaire, le but de létude de cette notion mathématique est de « fournir loccasion aux élèves détendre leur champ dexpériences sur cette transformation (géométrique) et de mettre en uvre quelques-unes de ses propriétés » (Extrait du programme, 3e Cycle, 2001). Les instruments de dessin comme léquerre et le compas, sont introduits comme moyens de vérification par lélève des réponses données. Les compétences relatives à la symétrie axiale à développer en cycle 3 sont les suivantes (Ibid. p. 233) :
percevoir quune figure possède un ou plusieurs axes de symétrie, et le vérifier en utilisant différentes techniques (pliage, papier calque, miroir) ;
compléter une figure par symétrie axiale en utilisant des techniques telles que pliage, papier calque, miroir ;
tracer, sur papier quadrillé, la figure symétrique dune figure donnée par rapport à une droite donnée.
La systématisation de létude de la symétrie orthogonale relève de la classe de sixième au collège (cycle d'adaptation). La symétrie orthogonale est lunique transformation géométrique étudiée dans cette classe. La symétrie centrale, la translation et la rotation sont objets détude dans les classes suivantes : cinquième, quatrième et troisième.
En classe de sixième est introduit le terme « symétrie orthogonale » comme synonyme de symétrie axiale qui a été utilisé auparavant. Comme l'affirme Tavignot, (1993, p. 270), « le terme symétrie orthogonale met en évidence le rôle de l'orthogonalité par rapport à l'axe pour les constructions des symétriques. Alors que celui de symétrie axiale met en évidence le rôle joué par l'axe de symétrie, notamment pour les figures ayant un axe de symétrie ».
Daprès les orientations des programmes, lenseignement de la symétrie en classe de sixième doit enrichir le champ des figures étudiées, le vocabulaire doit être précisé et les connaissances apprises dans les cycles précédents doivent être réorganisées à laide de nouveaux outils. A la fin de ce cycle, lélève doit « passer de lidentification perceptive (reconnaissance par la vue) de figures et de configurations à leur caractérisation par des propriétés (passage du dessin à la figure) » (Programmes de mathématiques en 6e, 2002, p. 25). Pour cela, lenseignement doit favoriser les situations qui permettront à lélève de sapproprier la notion et den expliciter les propriétés. Ainsi, dans la continuité du travail réalisé dans les cycles précédents, létude de la symétrie doit sappuyer encore sur une approche expérimentale avec le but de permettre à lélève « dobtenir un inventaire abondant de figures simples », à partir desquelles sont dégagées de façon progressive les propriétés de conservation de la symétrie orthogonale (longueurs, alignement, angles et aires).
En classe de 6e, le programme accorde une place importante aux activités de manipulation et de construction de figures symétriques et daxes de symétrie de figures. Le rôle de la médiatrice comme axe de symétrie dun segment est mis en évidence. Lélève doit être capable de construire le symétrique dun point, dun segment et dun cercle, dutiliser la symétrie axiale pour construire des figures géométriques usuelles telles que triangle isocèle, carré, en reliant les propriétés de conservation de la symétrie à celles des figures, comme le montre lextrait suivant :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 3. Extrait du programme scolaire, classe de 6e (1996, p. 34)
Dans les commentaires des programmes relatifs à lenseignement des transformations géométriques au collège, y compris la symétrie orthogonale en classe de sixième, les transformations géométriques doivent être abordées en tant que transformations de figures, comme une action sur la figure et non par son caractère fonctionnel, comme le précise lextrait ci-dessous :
La symétrie axiale na ainsi, à aucun moment, à être présentée comme une application du plan dans lui-même. Suivant le cas, on mettra en évidence : laction dune symétrie axiale donnée sur une figure, la présence dun axe de symétrie dans une figure cest-à-dire dune symétrie axiale la conservant.
(Programme scolaire, 6e, 2002, p. 34).
Le choix dintroduire la symétrie orthogonale en tant que transformation de figures, renvoie au premier niveau dappréhension des transformations géométriques dans la classification proposée par Piaget et Garcia (1983), reprise par Grenier & Laborde (1987) et plus tard, par Jahn (1998). Au premier niveau de cette classification, ces transformations sont appréhendées comme une relation entre deux configurations géométriques, ou bien comme une relation entre deux parties dune même configuration.
Lappréhension des transformations géométriques en tant quapplication du plan dans lui-même correspond au deuxième niveau dans cette classification. Ici, la symétrie orthogonale est introduite par son caractère involutif du plan dans le plan. Dans lenseignement, létude des transformations à ce niveau dappréhension est effectuée au lycée. Jahn (1998) fait une étude des programmes concernant la transition collège-lycée et met en évidence des difficultés dapprentissage chez les élèves, qui sont liées au passage entre ces deux niveaux dappréhension des transformations géométriques, et notamment à la conception du plan qui est différente à ces deux niveaux. Daprès lauteur :
Ce passage implique une première rupture car ces deux différents niveaux ne mettent pas en jeu la même conception du plan. En fait le niveau 2 exige une conception homogène du plan, qui est en quelque sorte absente au collège. De plus, la notion dapplication ponctuelle prend pour hypothèse implicite quune figure est un ensemble de points et que par conséquent, son image est un ensemble de points images.
Jahn (1998, p. 68)
Bien que notre recherche se restreigne à létude de la symétrie orthogonale au collège, nous nous intéressons aux difficultés de lapprentissage mises en évidence dans cette recherche. En effet, nous considérons que la prise en compte, ou non, par lenseignant du caractère fonctionnel de la symétrie orthogonale, ou bien linterprétation quil peut faire de « linterdiction » à ce propos des Programmes officiels au Collège, peut avoir des répercussions sur ses décisions, comme le montrent les recherches de Margolinas (2002, 2005, 2005) concernant lenseignement des translations, que nous présenterons dans le chapitre 4.
3.1.2. Les manuels scolaires
Lobjectif de cette section est détudier comment la symétrie orthogonale est introduite en classe de sixième. Nous nous intéressons aux définitions et aux propriétés qui sont traitées dans lenseignement. Notre intérêt porte aussi sur les méthodes de construction des figures symétriques enseignées, les types de problèmes proposés, ainsi que sur les variables didactiques présentes dans ces problèmes. Le choix détudier ces aspects simpose par le fait quen général les enseignants sappuient fortement sur les cours et les exercices proposés dans les manuels, ce qui peut influencer leurs choix lors de la construction du thème à enseigner (niveau +2 du modèle de lactivité du professeur) ainsi que la préparation de leurs cours (projet de leçon, niveau +1).
En ce qui concerne les conceptions des élèves par rapport à la symétrie orthogonale, nous considérons que lidentification des savoirs abordés dans les manuels peut nous servir, pour la caractérisation des contrôles des conceptions susceptibles dêtre mobilisées par les élèves dans la résolution de problèmes. Cette étude nous servira également pour délimiter les classes de problèmes, les variables didactiques et leurs valeurs, éléments sur lesquels nous allons nous appuyer pour construire le dispositif expérimental.
Étant donné que lenseignement de la symétrie orthogonale est systématisé en classe de 6e au collège, nous avons choisi de réaliser cette étude en nous appuyant sur des manuels scolaires concernant ce niveau scolaire. Pour cela, nous avons choisi six manuels scolaires : Bordas (2000), Cinq sur Cinq (2000), Magnard (2000), Nouveau Décimale (2000), Transmath (2000) et Triangle (2000). Ces ouvrages correspondent aux programmes scolaires de 1996, en vigueur lors de notre étude expérimentale, dont les principales orientations ont été présentées plus haut.
Lorganisation des chapitres ne diffère pas de manière significative entre ces ouvrages. De façon générale, ces chapitres sont organisés de la manière suivante : une partie « activités préalables » qui relèvent dune approche expérimentale sert dentrée dans le thème ; suit une partie « cours » où lon trouve les définitions, les propriétés ainsi que les méthodes de construction ; et enfin une partie « exercices dapplication », de « réinvestissement », etc., où lélève doit mettre en uvre les connaissances supposées acquises, clôt le chapitre.
Définitions
En suivant lesprit des programmes officiels, tous les manuels introduisent la symétrie orthogonale, à partir des activités préliminaires, en tant que transformation de figures, en privilégiant la caractérisation de cette notion par le pliage et la superposition des figures. Cependant, dans la partie « cours » de l'ensemble de ces manuels, nous trouvons deux définitions : celle de figures symétriques et celle de symétrique d'un point.
Figures symétriques
Les manuels Magnard et Triangle donnent uniquement cette définition :
Deux figures symétriques par rapport à une droite se superposent par pliage le long dune droite.
Magnard, 6e (2000, p. 112)
Bordas, Cinq sur Cinq et Transmath proposent cette même caractérisation de figures symétriques, sans cependant lui donner un statut de définition. Cette description est présentée par une approche expérimentale ou à partir dun exemple. Ensuite, les auteurs donnent la définition du symétrique d'un point.
Symétrique d'un point
On trouve une définition du symétrique dun point dans les quatre manuels : Bordas, Cinq sur Cinq, Nouveau Décimale et Transmath.
Deux points distincts A et A sont symétriques par rapport à une droite d lorsque la droite d coupe le segment [AA] perpendiculairement en son milieu.
On dit aussi que A est le symétrique de A par rapport à d.
Nouveau Décimale, 6e (2000, p. 182)
Les propriétés de la symétrie orthogonale
Les propriétés caractéristiques de la symétrie orthogonale (orthogonalité et conservation de distances de points à laxe) sont abordées dans la majorité de ces ouvrages de façon implicite, par le biais de la construction des points symétriques et de la médiatrice. En revanche, les propriétés de conservation de la symétrie orthogonale sont abordées explicitement dans tous les manuels. Ces propriétés sont celles de conservation de longueurs, dangles, dalignement des points, de dimensions, daires et de périmètres des figures.
Le symétrique dun segment est un segment de même longueur, dune droite est une droite et dun cercle est un cercle. 2 triangles symétriques étant superposables, ils ont les mêmes dimensions, le même périmètre et les mêmes angles.
Cinq sur Cinq (2000, p. 214)
Linvariance des points de laxe par la symétrie est également abordée dans ces manuels : « un point situé sur laxe de symétrie est son propre symétrique » (Bordas, 2000, p ; 214) ; « un point qui appartient à la droite (d) a pour symétrique lui-même » (Transmath, 2000, p. 196).
La propriété de changement de lorientation des angles par la symétrie orthogonale nest pas traitée explicitement dans la majorité des manuels. Toutefois, après avoir présenté la méthode de construction du symétrique dun triangle ABC par rapport à une droite, le manuel Cinq sur Cinq (p. 214) fait lobservation suivante : « attention ! Lorientation de la figure est inversée ».
Méthodes de construction
Indépendamment de la définition de symétrie orthogonale (figures symétriques ou symétrique d'un point) donnée par ces manuels, la première méthode de construction proposée dans tous les manuels est celle du symétrique dun point. Puis sont données les méthodes de construction de figures symétriques (un segment, une droite, un cercle...), daxes de symétrie, de la médiatrice dun segment et de la bissectrice dun angle, avec lutilisation des instruments de dessin (règle graduée, équerre et compas).
Méthodes de construction du symétrique d'un point
Les méthodes de construction du symétrique dun point proposées dans ces manuels sont les méthodes classiques, avec léquerre et la règle graduée ou le compas, et avec le compas uniquement. Dans le premier cas, la procédure de construction consiste à tracer la droite perpendiculaire à laxe à laide de léquerre et à reporter la distance du point à laxe de lautre côté de celui-ci, à laide de la règle graduée ou du compas (cf. REF _Ref127170319 \h \* MERGEFORMAT Figure 4). Les propriétés sous-jacentes à cette procédure sont celles de l'orthogonalité et de légalité des distances à l'axe.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 4. Construction du symétrique dun point en utilisant léquerre et le compas (Transmath, 6e, 2000, p. 198)
La méthode de construction avec le compas uniquement, sappuie sur la propriété déquidistance :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 5. Construction du symétrique dun point en utilisant le compas (Triangle, 6e, 2000. p. 285)
Méthode de construction de figures symétriques
Ces méthodes concernent la construction des symétriques dun segment, dune droite, dun cercle, et éventuellement dun triangle. Dans tous les manuels, ces figures sont construites par le biais de la construction des symétriques des points remarquables de la figure donnée (extrémité du segment, sommets du triangle,
) et sappuient sur les propriétés de conservation (alignement, longueurs,
) de la symétrie, comme le montre lextrait suivant :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 6. Méthode de construction du symétrique dun triangle (Transmath, 6e, 2000, p. 199)
Types de problèmes proposés dans ces manuels
Les auteurs de ces six manuels scolaires adoptent tous une même méthodologie concernant le choix des problèmes proposés. En poursuivant les objectifs fixés par les programmes officiels, la majorité des problèmes sont de types suivants :
reconnaissance de figures symétriques par rapport à une droite d ;
reconnaissance daxes de symétrie ;
construction de figures symétriques (à main levée, sur papier quadrillé, avec des instruments de dessin) ;
construction daxes de symétrie (à main levée, sur papier quadrillé, avec des instruments de dessin).
Les problèmes de reconnaissance et de construction de figures symétriques sont privilégiés par rapport à ceux de reconnaissance et de construction daxes de symétrie. La reconnaissance ou la construction de figures ou daxe de symétrie peut seffectuer par pliage, par perception globale (à vue dil) ou en sappuyant sur les connaissances des propriétés de la symétrie et à laide des instruments de dessin.
En plus des types de problèmes cités, nous retrouvons également des problèmes dont lobjectif est didentifier les propriétés géométriques relatives à la symétrie orthogonale (équidistance et orthogonalité, conservation de la longueur, de laire, de langle, du milieu dun segment
), des problèmes de mise en relation entre les figures symétriques et laxe de symétrie et éventuellement, des problèmes de preuve.
Activités préalables
La symétrie est introduite dans tous les manuels (six) analysés par une approche expérimentale, en prenant appui sur les connaissances de cette notion, supposées acquises par les élèves dans les cycles scolaires précédents.
Parmi les objectifs explicités par les auteurs, nous trouvons :
Réactiver la notion de symétrie par pliage ;
Mettre en évidence les propriétés de conservation par la symétrie orthogonale ;
Faire réapparaître limage mentale de la médiatrice ;
Construire des figures (à main levée et sur papier quadrillé) ayant des axes de symétrie ;
Dégager la notion daxe de symétrie.
Proposées dans tous les manuels, les premières activités sont semblables. Ces activités traitent essentiellement de la reconnaissance et de la construction de figures symétriques. Des problèmes de construction et de reconnaissance daxes de symétrie sont aussi proposés. Dautres activités relèvent de lobservation des figures symétriques, en ayant pour but de faire apparaître les propriétés conservées par une symétrie (alignement, longueur, mesure des angles...).
Plusieurs activités proposées peuvent permettre à lélève détablir un lien entre la superposition des figures par pliage et les propriétés dorthogonalité, déquidistance et de conservation du milieu par la symétrie orthogonale.
Ces activités préalables sont basées sur lutilisation des techniques du calque ou du pliage, ou bien relèvent de la construction de figures et daxes de symétrie à main levée et sur papier quadrillé. Le pliage est souvent utilisé comme un moyen de contrôle (« tracer le symétrique dune figure et contrôler par pliage »). Les instruments de dessin (règle graduée, équerre et compas) sont éventuellement utilisés. Lidée sous-jacente aux choix de ces activités est que cest par le biais de la manipulation de ces outils que les élèves seront amenés à dégager la définition de deux figures symétriques ainsi que les propriétés de la symétrie, et à découvrir des méthodes de construction de figures symétriques.
La plupart des figures données ne coupent pas laxe de symétrie. Les axes de symétrie ont des orientations variées : verticale, horizontale ou oblique.
Exercices de base, dapplication, de réinvestissement, de recherche, dapprofondissement
Dans les manuels étudiés, lintitulé des sections dactivités après le cours, est très variable. Nous trouvons par exemple : exercices fondamentaux, de base, dapplication, de réinvestissement
Cependant, lobjectif principal des activités proposées dans ces sections est de favoriser la mise en oeuvre des connaissances des élèves sur la symétrie. Certaines de ces activités sont conçues dans le but de permettre à lélève dappliquer directement ses connaissances dans la résolution de problèmes, dautres ont pour objectif damener lélève à approfondir ses connaissances. Les activités dapprofondissement présentent un niveau de complexité plus important en comparaison avec les précédentes.
Comme dans les activités préalables, nous constatons que dans tous les manuels, les problèmes sont en majorité ceux de construction et de reconnaissance de figures symétriques et, en troisième lieu, de construction daxes de symétrie. Les exercices de base, c'est-à-dire les premières activités proposées relèvent, comme les activités préalables, dune approche expérimentale sappuyant sur des manipulations avec le pliage et le calque, et aussi sur papier quadrillé. Ces activités laissent place progressivement à une approche plus géométrique (analytique), par le biais de lutilisation des instruments de dessin.
Les problèmes de construction proposés concernent en majorité la construction des symétriques de points, de segments et de droites que nous appelons figures simples. La construction de figures complexes (composées de plusieurs segments, droites, arcs de cercles
) concerne dans la plupart des cas des triangles ou des quadrilatères (figures géométriques usuelles). Les constructions des symétriques de figures représentant un objet réel identifiable (une maison, un poisson
) ou dautres figures complexes sont rarement proposées. Dans ces cas rares, soit la construction est effectuée à main levée, soit le problème est posé sur papier quadrillé comme dans lextrait ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 7. Exemple de problème de construction du symétrique dune figure complexe trouvé dans les manuels scolaires (Triangle ; 6e, 2000, p. 213)
3.2. Du point de vue mathématique et didactique
Afin de réaliser une modélisation de conceptions des élèves à propos de la symétrie orthogonale, nous allons dabord restreindre notre étude à une classe de problèmes relative à la symétrie orthogonale. A cette fin, nous réaliserons une étude mathématique et didactique des problèmes en nous appuyant dune part, sur létude des programmes et manuels scolaires présentée ci-dessus, et dautre part sur la recherche de Carvalho & Laborde (2000), qui proposent une classification de problèmes de transformations géométriques en se référant à la classification de Vergnaud (1986) concernant les structures additives.
Cette classification sappuie sur la mise en relation des trois éléments de base des problèmes de transformation que sont F, T et F :
F étant la figure sur laquelle agit la transformation T ;
T étant la transformation ;
F étant limage de la figure F obtenue par la transformation T.
Dans notre étude, la transformation T est la symétrie orthogonale donnée par son élément caractéristique, une droite (axe de symétrie) que nous dénommons « droite d ».
Létude des manuels scolaires, présentée plus haut, montre que la plupart des problèmes proposés relèvent de lune des deux grandes catégories suivantes :
Problèmes de recherche de lun des trois éléments (F, d, F) ;
Problèmes où la symétrie orthogonale est un outil de résolution.
Même si nous considérons que ces deux catégories de problèmes ne sont pas exclusives, nous choisissons détudier de plus près les problèmes concernant la première catégorie car, comme le montre lanalyse des programmes et manuels scolaires, lenseignement en classe de sixième au collège met laccent sur ces types de problèmes.
Nous analyserons cette catégorie de problèmes selon les deux critères suivants :
Lélément visé par le problème : la question porte-t-elle sur la figure image F, la figure objet F ou laxe de symétrie d ?
La nature du problème : est-ce un problème de reconnaissance, de construction, de preuve ou autre ?
3.2.1. Lélément visé par le problème
La classification de problèmes de Carvalho & Laborde (ibid.) propose les quatre classes de problèmes ci-après :
a) La figure objet F et laxe de symétrie d sont donnés, et la figure image F est à trouver ;
b) La figure image F et laxe de symétrie d sont donnés, et la figure objet F est à trouver ;
c) Les figures objet F et image F sont données, et laxe de symétrie d est à trouver ;
d) Les compositions des transformations.
a et b) La figure objet F (resp. la figure image F) et laxe de symétrie d sont donnés et la figure image F (resp. la figure objet F) est à trouver
La définition de la symétrie orthogonale en tant qu'objet fonctionnel met en évidence le caractère involutif de cette transformation. La symétrie est donc décrite comme une bijection T où T1=T. Dans ce cas, que lélément inconnu de la relation soit la figure objet F ou son image F, les problèmes de ces deux classes apparaissent identiques. Cest la raison pour laquelle nous les avons rassemblés ici. Cependant, nous ne négligeons pas le fait que certaines différences puissent être dégagées du point de vue didactique.
En effet, de ce point de vue, il peut exister des contraintes remettant en cause léquivalence entre ces types de problèmes. Carvalho et Laborde (ibid. p. 51) soulignent que les élèves du Collège différencient ces deux types de problèmes, car à ce niveau scolaire lélève napprend pas encore quune même procédure de résolution du problème lui permet de passer de la figure objet à la figure image, et vice-versa. Par ailleurs, pour une figure donnée, lélève peut considérer quelle représente lobjet F quand elle est située à gauche de laxe de symétrie (ou au-dessus de celui-ci si laxe est vertical), et limage F quand elle est située à droite de laxe (ou en-dessous de celui-ci si laxe est vertical). Tout se passe comme si lélève considérait deux espaces, un espace objet à gauche de laxe, et un espace image à droite de laxe. Pour ce comportement les explications possibles sont dune part, le sens de lécriture occidental, de gauche à droite, et dautre part la façon dont la majorité des problèmes sont présentés dans les manuels scolaires : la figure est presque toujours à gauche de laxe de symétrie. À travers létude que nous avons menée sur les manuels scolaires, nous remarquons que très peu de problèmes sont posés avec une figure à droite de laxe, et les consignes sont de construire ou de reconnaître la figure image par rapport à la droite d. Ceci pourrait être à lorigine dun effet de contrat didactique.
Carvalho et Laborde affirment que la résolution des problèmes de ce type ne requiert que la mise en uvre des propriétés de la symétrie orthogonale au niveau spatio-graphique (ibid., p. 50).
c) Les figures objet F et image F sont données et laxe de symétrie d est à trouver
Daprès Carvalho et Laborde, trois étapes sont nécessaires pour résoudre les problèmes de cette classe. Tout dabord, à partir des propriétés des deux figures données (F, F), il faudra faire une conjecture sur la nature de la transformation en jeu en effectuant « une reconnaissance globale, au niveau spatio-graphique, de la figure et de la position de F par rapport à celle de F » (ibid. p. 53). Ensuite, il faudra déterminer les caractéristiques de la transformation et, enfin vérifier que la transformation trouvée transforme effectivement F en F. Nous ajouterons encore une quatrième étape : sinon, il faudrait remettre en cause la conjecture. Ainsi :
La résolution de problèmes de cette classe requiert un jeu entre spatio-graphique et théorique, entre global et ponctuel. Sont sollicitées les appréhensions perceptive et opératoire des figures qui sappuient sur des connaissances spatiales des effets de la transformation.
Carvalho & Laborde (2000, p. 53)
Par conséquent, les problèmes de cette classe sont considérés comme ayant plus grande complexité, due aux interrelations entre ces différents aspects (ibid.).
d) Composition de transformations
Pour cette classe, Carvalho & Laborde (ibid. p. 49) ont envisagé trois types de problèmes : déterminer limage de F par lapplication des transformations Ti ; trouver la transformation composée, la figure initiale F et la figure finale F étant données, et trouver la transformation T composée à partir des Ti données.
Le premier type de problème se rapproche des problèmes de « litem a », tout en considérant plusieurs transformations à la fois. Le deuxième type est en relation avec ceux de « litem c », et dans ce cas seulement, plusieurs transformations Ti sont à trouver. Le dernier type de problèmes, où les transformations Ti sont données et leur composée est à trouver, na aucun rapport avec les problèmes précédents. Dans ce cas, nous nous référons encore aux niveaux dappréhension dune transformation géométrique, évoqués dans lanalyse des programmes scolaires. Jahn (1998, p. 60), motivée par une étude historique, a été amenée à repérer des situations où la transformation était considérée comme un élément dun groupe. Ainsi, les transformations peuvent être composées et comparées par rapport à leurs propriétés invariantes. Contrairement aux problèmes précédents où laccent est mis sur les figures objet ou image, dans les problèmes de ce type laccent est mis sur la transformation elle-même, car seules sont données les transformations Ti, et la composée T1o
oTn est à trouver. Un problème de ce type apparaît dans lénoncé suivant : à quelle transformation correspond la composée de deux symétries orthogonales daxes parallèles ? Dans ce type de problème, il y a un degré de complexité très important en comparaison avec les précédents, car la transformation devient elle-même lobjet du raisonnement.
3.2.2. Nature du problème
A partir de létude des manuels scolaires, nous distinguons trois types de problèmes qui mettent en jeu la symétrie orthogonale :
Problèmes de reconnaissance de la figure symétrique, de laxe de symétrie ou des propriétés de la symétrie
Problèmes de construction de la figure symétrique ou de laxe de symétrie
Problèmes de preuve : il sagit en général de prouver un énoncé en utilisant les propriétés géométriques de la symétrie. Un problème de construction ou de reconnaissance peut être considéré comme problème de preuve, si lon demande de justifier la réponse.
Problèmes de reconnaissance
a) Reconnaissance de la figure symétrique : sont données la figure objet F, la transformation T (symétrie orthogonale, par le biais du tracé dune droite), et plusieurs figures candidates à F. La tâche de lélève consiste à choisir parmi celles-ci, la figure qui correspond à limage de F par cette symétrie.
Exemple :
Dans chaque cas, lune des figures ci-dessous est la symétrique de la figure nommée par rapport à la droite (d). Laquelle ?a)
b)
Figure SEQ Figure \* ARABIC 8. Exemple dun problème de reconnaissance de figures symétriques
b) Reconnaissance de laxe de symétrie : dans cette classe on trouve deux types de problèmes :
1. Sont données une ou deux figures et une droite. La tâche de l'élève consiste à reconnaître si la droite donnée est, ou non, laxe de symétrie de la figure dans le premier cas, ou laxe de symétrie qui transforme une figure en lautre dans le deuxième cas.
Exemple :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 9. Exemple dun problème de reconnaissance daxe de symétrie (Cinq sur Cinq, 6e, 2000. p. 210)
2. Une figure est donnée, et lon demande de déterminer si elle admet un ou plusieurs axes de symétrie.
Un exemple de problème de ce type peut être : un carré a-t-il un, ou des axes de symétrie ?
c) Reconnaissance de propriétés de la symétrie orthogonale : sont données la figure objet F, la figure image F et une droite d qui représente laxe de symétrie. Lélève doit alors, à partir de la figure dégager les propriétés de la symétrie orthogonale.
Exemple :
Les figures F et F sont symétriques (A est le symétrique de A, B est le symétrique de B,...).
a) Que peux-tu dire à propos de la droite (d) ?
b) Que peux-tu dire à propos des segments [AA] et [BB] ?
(tu peux utiliser léquerre, la règle graduée ou le compas) Figure SEQ Figure \* ARABIC 10. Exemple de problème de reconnaissance de propriétés de la symétrie orthogonale
Problèmes de Construction
a) Construction de la figure symétrique : la figure objet F et la transformation T (représentée par le tracé dune droite) sont données, et la figure image F est à construire.
Exemple :
Construis le symétrique de chaque figure par rapport à la droite (d). a)
b)
c)
Figure SEQ Figure \* ARABIC 11. Exemple de problème de construction de figures symétriques
b) Construction de laxe de symétrie : deux figures sont données et lon demande de tracer laxe de symétrie qui transforme une figure en lautre.
Exemple :
La figure formée par ces deux triangles admet un axe de symétrie. Trace-le avec les instruments de géométrie.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 12. Exemple de problème de reconnaissance et construction de laxe de symétrie (Transmath, 6e, 2000, p. 202)
Problèmes de preuve
a) Prouver qu'une droite d est laxe de symétrie dune figure (identifiée comme telle, ou comme support dun segment)
Exemple :
Soit un segment [AB], C le cercle de diamètre AB, O son centre, M un point de C, N le symétrique de M par rapport à O. Soit I le milieu de [MB]. Montrer que la droite (IO) est laxe de symétrie du bonnet d'âne AMBNO.b) Prouver que F est, ou non, la transformée de F par la symétrie orthogonale.
Exemple :
Indique pourquoi les deux maisons ne sont pas symétriques par rapport à la droite (d).a)
b)
c)
d)
Figure SEQ Figure \* ARABIC 13. Exemple dun type de problème de preuve (Transmath, 6e, 2000. p. 200)
c) Prouver un énoncé en utilisant les propriétés de la symétrie.
Exemple :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 14. Exemple dun type de problème de preuve (Soury-Lavergne, Projet BAP, 2003)
Ainsi, lassociation des deux critères étudiés lélément visé et la nature du problème qui sont tout à fait complémentaires lun de lautre, donne lieu à une classification de problèmes de symétrie orthogonale. Cependant, les classes de problèmes (montrées ci-dessus) issues de cette classification ne sont pas exclusives. Par exemple, le problème « Détermine si une figure donnée admet un ou des axes de symétrie et si oui, construis-les. Justifie tes réponses » que lon trouve dans les manuels scolaires, et qui appartient à la classe des problèmes « 2.b » (les figures objet F et image F sont données et laxe de symétrie d est à trouver) dans la classification de Carvalho & Laborde (2000), peut être considéré à la fois comme un problème de reconnaissance, de construction et de preuve.
Cependant, étant donné que les problèmes de reconnaissance et de construction de figures symétriques sont les plus fréquents dans lenseignement des classes de début du Collège, comme le montre l'étude des manuels scolaires, dans notre recherche nous nous limiterons à ces problèmes. Signalons que les problèmes de preuve que nous avons choisi de ne pas traiter ont été étudiés par Miyakawa (2005).
3.2.3. Le rôle des variables didactiques
La classification des problèmes présentée ci-dessus génère un ensemble de problèmes qui pour lélève, ne présentent pas le même degré de complexité cognitive. Néanmoins, les critères pris en compte dans cette classification ne sont pas suffisants pour décrire cette complexité. Le travail de Carvalho & Laborde (2000) montre quà lintérieur dune même classe, il peut exister des problèmes de niveaux de complexité différents. Ainsi, pour chaque type de problèmes présenté, nous nous proposons détudier le rôle dautres éléments qui rendent compte de cette complexité. A cette fin, des éléments importants à considérer dans cette analyse sont les variables didactiques. Daprès Margolinas, une variable didactique est :
- un élément de la situation sur laquelle le maître peut agir,
- qui provoque des changements qualitatifs dans les procédures de résolution des élèves,
- qui permet dexpliquer les résultats de lenseignement et dagir sur eux,
- et qui provoque une modification dans lapprentissage.
Margolinas (1992, p. 129)
Le professeur peut donc agir sur les variables didactiques pour modifier la situation dapprentissage. Les recherches précédentes concernant la symétrie orthogonale (Grenier, 1988, Tahri, 1993, Soury-Lavergne, 1994) montrent limportance du rôle des variables didactiques sur les procédures des élèves dans la résolution de problèmes. Soury-Lavergne (ibid.) étudie les problèmes de construction de limage dun segment par rapport à une droite donnée. Elle classifie ces problèmes selon les valeurs attribuées aux deux variables didactiques : langle formé par le segment et l axe de symétrie (0°, 90° et ±), et l intersection entre le segment et l axe (le segment a une extrémité sur l axe, le segment coupe l axe, l intersection est vide). L auteur montre que la combinaison des valeurs « angle de 90° » et « intersection vide » donne une classe de problèmes qui n est pas considérée comme d une grande complexité cognitive, car les problèmes concernés peuvent être résolus par une procédure de base. D autres combinaisons, comme « angle ± » et « le segment a une extrémité sur laxe», donnent des classes de problèmes considérés dun niveau de complexité cognitive plus élevée car pour les résoudre, il faut réduire la procédure de base et de plus, il faut connaître la propriété dinvariance des points sur laxe.
Cette considération savère importante, car elle met en évidence la relation existant entre les variables du problème et les procédures de résolution susceptibles dêtre mobilisées par les élèves, en rendant compte du niveau de complexité des problèmes, ce qui est pertinent pour notre étude des conceptions des élèves.
En nous appuyant sur les travaux de recherche précédentes, nous retenons pour notre analyse les variables didactiques suivantes :
orientation des segments et de laxe de symétrie sur la feuille, avec les valeurs horizontale, verticale et oblique ;
intersection de la figure et de laxe de symétrie avec les valeurs « vide » (aucun point commun), touche (un ou plusieurs points communs, mais la figure se trouve dun même côté de laxe) et coupe (un ou plusieurs points communs et la figure se trouve de part et dautre de laxe).
Dans le chapitre 1 (cf. p. PAGEREF _Ref130111987 \h 20), nous nous sommes interrogés à propos des conceptions susceptibles dêtre mises en uvre par lélève lorsquil construit le symétrique dune figure complexe. Nous avons évoqué que, daprès les résultats des recherches de Grenier (1988), les élèves qui ont construit correctement le symétrique dun point par rapport à une droite nont pas été capables de réinvestir leurs connaissances pour construire le symétrique dun segment isolé ou dune figure composée de deux segments. Nous avons fait lhypothèse que dautres variables didactiques que celles concernant la problématique segment/axe présentés ci-dessus, pouvaient jouer un rôle important dans le choix de procédure pour la résolution du problème.
Ainsi, dans notre étude nous sommes amenés à prendre en compte dautres variables didactiques qui peuvent jouer un rôle important dans la résolution de ces problèmes. Le choix de ces variables sappuie dune part, sur les résultats des recherches (la variable support : papier blanc, papier quadrillé, par exemple), et dautre part, sur lanalyse des problèmes présents dans les manuels scolaires analysés. Lensemble des variables qui nous semblent pertinentes par rapport à lobjectif de notre recherche et leurs valeurs respectives, est présenté dans le tableau 2 de la page suivante :
Variables didactiques et valeurs
Variables didactiquesValeursNature du problèmeConstruction de la figure symétrique
Construction de laxe de symétrie
Reconnaissance de la figure symétrique
Reconnaissance de laxe de symétrie
Identification des propriétés de la symétrie orthogonale
PreuveSpécificité de la figure FF possède des segments parallèles et/ ou perpendiculaires à laxe de symétrie, ou non
F possède un ou des axes de symétrie, ou non
F possède un axe de symétrie parallèle ou perpendiculaire à laxe de symétrie d
F est proche de laxe, ou non
F est codée, ou non
...Nature de FGéométrique usuelle (triangle, carré,
) ou non
Représentant un objet réel identifiable, ou non
Simple (segment) ou Complexe (composée de segments, cercles, arcs de cercle,
)
...Orientation des segments de la figure F sur la feuille Oblique ; Horizontale ; VerticaleOrientation de laxe sur la feuilleOblique ; Horizontale ; VerticaleIntersection de la figure avec laxeVide ; Touche ; CoupeInstruments de dessin et techniques disponiblesRègle graduée, ou non ; Équerre ; Compas ;
Pliage ; Calque ; MiroirType de papierBlanc ; Quadrillé ; PointilléPosition relative de F et F (dans les problèmes de reconnaissance)F et F possèdent des segments parallèles, ou non
F et F possèdent des segments ayant une même droite support, ou non
Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 2. Variables didactiques et valeurs prises en compte dans le cadre de notre recherche
4. Contrôles intervenant dans la résolution de problèmes de construction et de reconnaissance de figures symétriques
Rappelons que notre objectif est de caractériser les conceptions des élèves à propos de la symétrie orthogonale. Comme nous lavons précisé, nous avons choisi une entrée par les structures de contrôles des conceptions. Il sagit alors didentifier les contrôles pouvant intervenir dans la résolution des problèmes de reconnaissance et de construction de figures symétriques. La première question que nous nous posons est : quels sont ces contrôles et comment les identifier ?
Prenons comme point de départ de cette étude la typologie de contrôles proposée par Rolet (1996) : les contrôles perceptifs et théoriques. Les connaissances mathématiques du sujet sont à la base des contrôles théoriques. Ces connaissances sont issues de la théorie que le sujet met en uvre (sil en a une) et qui ne renvoie pas forcément à une théorie valide au sens mathématique. Les contrôles théoriques peuvent ainsi être vrais ou faux du point de vue mathématique. Par ailleurs, dautres contrôles ne demandent pas nécessairement au sujet des connaissances mathématiques pour être utilisés. Il suffit de sappuyer sur la perception globale de la figure ou sur lusage de techniques comme le calque ou le pliage, pour réussir la construction de la figure symétrique. Ces contrôles sont de type perceptif.
Nous considérons encore quun contrôle peut relever de ces deux types de connaissances à la fois. Cette hypothèse sappuie sur létude de Berthelot et Salin (1992, p. 66) qui distinguent les problématiques pratique et géométrique. Afin de montrer lintérêt de cette distinction, ils analysent le problème suivant : ABCD est un trapèze quelconque, les diagonales (AC) et (BD) se coupent en M. Comparer les aires des triangles (AMD) et (BMC). Justifier votre réponse (la figure est donnée). Pour résoudre ce problème, trois types de solutions sont envisagés par ces auteurs :
fabriquer le gabarit dun des triangles, le découper en morceaux et essayer de recouvrir la surface de lautre triangle (solution 1) ;
remarquer que la comparaison demandée produit le même résultat que celle des triangles ADC et BDC et que ces deux triangles ont la même aire, car les bases et les hauteurs sont égales (solution 2) ;
mesurer les longueurs et les bases des triangles et appliquer la formule (BxH)/2 (solution 3).
Selon les auteurs, la différence entre ces trois solutions repose uniquement sur la nature des connaissances à propos de la notion daire. Dans la première solution où la signification spatiale est en jeu, le sujet ne mobilise aucune connaissance géométrique, il sagit alors pour lui dune problématique pratique. Dans la deuxième solution, ce sont les connaissances géométriques qui sont en jeu, il sagit ainsi dune problématique géométrique pour le sujet. La troisième solution renvoie à ces deux problématiques à la fois. Dune part, il y a la mise en uvre par le sujet des connaissances géométriques, car il connaît et sait utiliser la formule pour calculer laire dun triangle en identifiant sa base et sa hauteur. Mais ses connaissances se limitent à cela, il nest pas capable de produire une démonstration. A la place, il sappuie sur la figure fournie pour mesurer les dimensions des triangles dont les aires sont à comparer. Les auteurs appellent cette solution « spatio-géométrique » (ibid. p. 68).
Ainsi, dans la solution 1, les contrôles mis en uvre peuvent être de type perceptif, car elle ne sappuie que sur la perception que le sujet a de la figure fournie et sur la manipulation de celle-ci. Dans la solution 2, les contrôles mis en uvre peuvent être de type théorique car elle est conçue par la mise en uvre des connaissances géométriques. Pour la troisième solution, il y a la mise en uvre dune combinaison de contrôles perceptifs et théoriques, étant donné que ces deux types de connaissances sont en jeu.
Daprès la littérature, les contrôles perceptifs sont plus « naturellement » exercés par le sujet, car ils sont « moins coûteux » que les contrôles théoriques. Grenier (1988, p. 168) affirme que « le contrôle perceptif fonctionne tant quaucune perturbation nintervient sur la perception globale de la figure sur la feuille ». Laborde & Capponi (1994) signalent que la raison pour laquelle les connaissances perceptives sont davantage utilisées par le sujet, trouve son origine dans lenseignement :
Lécrasement des connaissances spatiales au profit des connaissances géométriques aboutit à ce que la géométrie enseignée sappuie sans contrôle sur un rapport privilégié à lespace réservé au traitement de petits objets ou de tracés tenant sur une feuille de papier, sur lévidence perceptive.
Laborde & Capponi (1994, p. 172)
Les résultats de la recherche de Rolet (ibid.) montrent que la résolution de problèmes de géométrie par les étudiants est faite dallers et retours entre le théorique et le perceptif. Cependant, ces études montrent aussi que les contrôles perceptifs sont davantage exercés par les élèves, surtout dans les phases dexécution et de vérification : « le contrôle perceptif simple suffit souvent pour remettre en cause la construction » (ibid. p. 303).
Bien que le type dactivité proposée et/ou les instruments disponibles puissent inciter lélève à mobiliser un certain type de contrôle par exemple, un tracé à main levée peut inciter à mobiliser des contrôles perceptifs, tandis que la demande dune explication de processus de construction dune figure peut inciter à mobiliser des contrôles théoriques ils ne suffisent pas à distinguer le type de contrôle mis en uvre dans laction par lélève. Il nous semble quil nest pas aussi simple de faire une distinction entre les contrôles, car les contrôles susceptibles dêtre exercés dans chacune des phases de la résolution dun problème dépendront des connaissances disponibles chez lélève. Par exemple, en effectuant un tracé à main levée, un élève qui dispose de connaissances théoriques les mobilisera. De même, dans un problème de preuve, un élève qui na pas ces connaissances ne les mobilisera pas, mais il produira une preuve pragmatique au sens de Balacheff (1987).
Toutefois notre objectif nest pas de nous investir dans une telle discussion, ni de chercher à classer les contrôles en théoriques et perceptifs. Nous prenons appui sur les études qui traitent de cette problématique, car elles nous permettent de soutenir lhypothèse que les contrôles susceptibles dêtre mis en uvre par lélève dans la résolution dun problème sont liés aux connaissances théoriques, perceptives, ou encore à lassociation de ces deux types de connaissances.
Étant donné que les contrôles laissent entrevoir les critères que lélève prend en compte dans la résolution dun problème (Gaudin 2002), le repérage des contrôles peut seffectuer en identifiant lensemble des critères de choix qui peuvent déterminer la construction du symétrique dune figure F donnée. Cette considération nous amène alors à nous poser une seconde question : comment repérer ces critères de choix ?
Ainsi, en cherchant à identifier les critères de choix et, par conséquent, les contrôles susceptibles dintervenir dans la décision de lélève à propos de lemplacement de la figure image F sur la feuille par rapport à la figure initiale F et par rapport à laxe, dune part nous prendrons en compte les propriétés de la symétrie orthogonale et dautre part, nous nous appuierons sur les résultats des recherches et de létude des programmes et manuels scolaires présentées plus haut.
4.1. Critères de choix et contrôles correspondants
Des recherches précédentes nous retenons : dune part, les théorèmes en acte, cités plus haut (p. PAGEREF _Ref117248442 \h 49), qui sont susceptibles dêtre mis en uvre par les élèves lors de la construction et de la reconnaissance des figures symétriques. Et, dautre part, les définitions mathématiques de la symétrie orthogonale et ses propriétés, que lon trouve dans les manuels scolaires et qui privilégient une caractérisation de la symétrie orthogonale par pliage et superposition des figures, ainsi que lutilisation de la technique du calque utilisée depuis lécole élémentaire.
La notion de symétrie orthogonale telle quelle est enseignée au niveau secondaire, est caractérisée par les propriétés suivantes :
Propriétés caractéristiques de la symétrie orthogonale :
Orthogonalité : si les points A et A sont symétriques par rapport à la droite d, alors [AA] est perpendiculaire à d. Un point situé sur d est son propre symétrique.
Égalité des distances à laxe :
si les points A et A sont symétriques par rapport à la droite d, alors A et A se situent à égale distance de part et dautre de laxe,
si les points A et A sont symétriques par rapport à d, alors tout point de laxe est à égale distance de A et de A (laxe de symétrie est la médiatrice du segment reliant un point et son symétrique).
Propriétés de conservation de la symétrie orthogonale :
Longueur : le symétrique dun segment par rapport à une droite est un segment de même longueur (la symétrie orthogonale est une isométrie) ;
Mesure des angles : le symétrique dun angle par rapport à une droite est un angle de même mesure ;
Perpendicularité : les droites symétriques de deux droites perpendiculaires sont, elles aussi, perpendiculaires (conséquence de la propriété précédente : conservation de langle droit) ;
Parallélisme : les droites symétriques de deux droites parallèles sont, elles aussi, parallèles ;
Alignement : le symétrique dune droite est une droite.
Remarque : le symétrique dune droite nest pas, en général, une droite parallèle.
Propriété de changement de lorientation des angles (isométrie « indirecte » du plan) :
La symétrie orthogonale inverse lorientation des angles (la symétrie orthogonale est un retournement).
Nous définissons ci après les critères de choix que nous retenons de larticulation entre ces propriétés de la symétrie et les théorèmes en actes identifiés dans les recherches. Ces critères sont les suivants :
« Direction » : qui est déterminée par un point de la figure et son symétrique ;
« Distance à laxe » : soit dun point et son symétrique, soit dune figure et son symétrique;
« Taille » : qui est liée à la propriété de conservation de longueurs ;
« Forme » : qui est liée à la propriété de conservation de mesures dangles ;
« Sens » : qui est lié à lorientation des angles ;
« Position » : qui est liée à lorientation de la figure symétrique par rapport à la figure initiale.
Nous ne considérons pas les critères perpendicularité, parallélisme et milieu, car la conservation de ces propriétés découle de celle de mesures dangles et de longueurs.
Comme nous lavons précisé, dans notre recherche nous nous limiterons à létude des contrôles relatifs à la construction et à la reconnaissance de figures symétriques.
Dans lactivité de construction, les contrôles qui participent à la détermination de lemplacement de limage dune figure sur une feuille de papier (ou sur lécran dun ordinateur ou autre support) peuvent relever des connaissances théoriques relatives à la symétrie orthogonale (définition, propriétés), de la perception, de la combinaison de ces deux types de connaissances, ou encore des outils de construction (pliage, calque
). Pour décider de lemplacement où construire la figure image, lélève prend en compte certains critères (dans quelle direction, à quelle distance de laxe, ...).
La reconnaissance de limage dune figure peut relever de lexplicitation des propriétés géométriques qui attestent que les deux figures sont symétriques, elle peut être due aussi à la perception spatio-graphique des figures symétriques, lélève peut encore procéder par élimination des figures qui lui paraissent peu plausibles, ou bien sa réponse peut être induite par le contrat didactique. Cependant, dans les problèmes de cette nature, les valeurs de certains critères comme longueur des segments, distance à laxe, direction, sont attribuées par la donnée des figures parmi lesquelles il faut choisir le symétrique. Lélève na pas alors de choix à faire en ce qui concerne ces critères. Dans ce cas, les contrôles correspondants peuvent ne pas intervenir, du moins explicitement, dans la résolution du problème.
Analyse des critères et formalisation de contrôles
La manière dont les propriétés relatives à la symétrie orthogonale peuvent être considérées ou non par lélève, donne lieu aux différentes valeurs qui peuvent être attribuées à ces critères. Ces valeurs nous permettent de réaliser une formalisation des contrôles qui en rendent compte.
Dans le tableau ci-dessous, nous présentons de manière synthétique les valeurs qui peuvent être attribuées à chacun de ces critères :
CritèreValeur« direction »orthogonale à laxehorizontaleverticaleprolongement dun segment de Fautre« distance à laxe »conservéenon conservée « taille »conservéenon conservée « forme »conservéenon conservée « sens »même sens sens inverse « position »translationtranslation suivie dun retournementrotationrotation suivie dun retournementautreTableau SEQ Tableau \* ARABIC 3. Les critères de choix et leurs valeurs possibles
Nous présentons ensuite lanalyse de chaque critère et des valeurs associées, ainsi que la modélisation des contrôles qui sont lexpression de ces valeurs.
1. Direction
Dans la construction de limage dun point par la symétrie orthogonale, la direction choisie par le sujet peut être perpendiculaire à laxe, ou non. Les résultats de la recherche de Grenier (1988) montrent que « les tracés des élèves respectent l'orthogonalité à l'axe, lors de la construction de symétriques de figures dont les caractéristiques permettent à la perception de fonctionner. Cependant, dès que la perception ne peut plus fonctionner, la propriété d'orthogonalité à l'axe n'est plus respectée » (ibid. p. 400). Plusieurs travaux ont étudié les directions qui apparaissent plus ou moins fréquemment dans les productions des élèves. En faisant référence aux résultats de ces travaux, Grenier (1988) a proposé une typologie derreurs pour la construction dun point par la symétrie orthogonale, qui renvoie uniquement à la direction du support de la construction : rappel orthogonal, rappel horizontal ou vertical, et rappel par prolongement (cf. p. PAGEREF _Ref117248442 \h 49). Nous nous appuyons sur cette typologie pour attribuer des valeurs à ce critère.
Dans le premier cas, lélève construit la figure image par la symétrie orthogonale, la propriété dorthogonalité est alors respectée. Nous attribuons ainsi la valeur « orthogonale à laxe » au critère « direction ».
Dans les deux autres cas, lélève construit la figure image comme sil sagissait dune symétrie oblique. Dans le rappel horizontal ou vertical, le segment joignant un point à son image est horizontal ou vertical. Ces directions sont données en général par les bords de la feuille (Gallou-Dumiel 1987, p. 18). Dans ces cas-là, le critère « direction » admet alors les valeurs « horizontale » et « verticale» respectivement. Le rappel par prolongement renvoie à la construction de limage dun segment dans le prolongement de celui-ci. Dans ce cas, la valeur attribuée est donc « prolongement ».
Il nous paraît important dajouter la valeur « autre » dans les cas où la direction paraît quelconque, voire non prise en compte par le sujet, ou encore si elle est modifiée au cours de la construction.
Ainsi pouvons-nous décrire les contrôles relatifs au critère « direction », comme suit :
DirectionContrôlesOrthogonale à l axe£ortho : La figure (sous-figure) symétrique d une figure (sous-figure) par la symétrie orthogonale est construite dans la direction orthogonale à d.Horizontale£hor : L image d une figure (sous-figure) par une symétrie orthogonale est construite dans une direction horizontaleVerticale£vert : L image d une figure (sous-figure) par une symétrie orthogonale est construite dans une direction verticaleProlongement£prolong : L image d une figure par une symétrie orthogonale est construite dans la direction donnée par le prolongement d un segment de cette figure.Autre£autre : à définir selon le casTableau SEQ Tableau \* ARABIC 4. Contrôles liés au critère « direction»
2. Distance à laxe
Daprès les résultats des travaux précédents, il semble que dans la construction de limage dune figure, une distance à laxe est toujours prise en compte par lélève.
Gallou-Dumiel, (ibid.) montre que dans la mise en oeuvre de procédures de rappel horizontal et vertical par les élèves, le milieu du segment joignant un point et son image appartient souvent à laxe de symétrie, ce qui peut confirmer la prise en compte d'une distance à l'axe par l'élève. Grenier affirme que « la propriété dégale distance ne permet pas en effet de discriminer les réponses des élèves, parce quelle est toujours prise en compte, sous la forme de distance le long de directions privilégiées » (ibid. p 46). Les résultats de la recherche de Tahri (1993) confirment cette idée et lauteur annonce que « la conservation des distances est toujours prise en compte chez les élèves » (ibid. p. 64).
En accord avec ces résultats, nous considérons alors que la conservation de la distance à laxe est une connaissance disponible, du moins implicitement, chez les élèves. Cependant, dans le souci de couvrir tous les cas susceptibles dapparaître dans la construction dune figure symétrique, nous envisageons également la possibilité de non conservation de distance à laxe par lélève. Ainsi, le critère « distance à laxe » peut admettre deux valeurs : « conservée » et « non conservée ».
Dans le cas de distance à laxe « conservée », elle peut être envisagée de plusieurs manières. Daprès Grenier, la plupart du temps elle est « prise en compte, sous la forme de distance le long de directions privilégiées ». Mais lélève peut également sappuyer sur la perception globale de la distance de la figure F à laxe, sans considérer aucun point de F en particulier. La distance est alors perçue globalement comme une position déquilibre entre les figures image et objet (Grenier 1988, p. 21). Dans le cas où la distance à laxe est « non conservée », il sagira de l absence de contrôle de la distance à l axe.
Ces considérations nous permettent d'envisager pour ce critère les valeurs et les contrôles suivants :
Distance à l axeContrôlesConservée£dist : Une figure (sous-figure) et son symétrique sont à la même « distance » de laxe de symétrieNon conservée---Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 5. Contrôles liés au critère « distance à laxe »
3. Taille
Étant donné que la plupart des travaux précédents ont étudié le problème de construction de limage dun segment par la symétrie orthogonale, leurs résultats se rapportent uniquement à la conservation ou non de la longueur du segment donné. Dans notre analyse, nous considérons que la figure donnée peut être un segment ainsi quune figure complexe (composée de segments, de cercles ou darcs de cercles). Ainsi, le critère « taille » rend compte de la conservation ou non de longueurs de segments, de rayons de cercles ou darcs de cercles par la symétrie orthogonale. Pour ce critère deux valeurs sont alors envisageables : « conservée » ou « non conservée ».
Pour le critère « taille », nous définissons les contrôles suivants :
TailleContrôleConservée£taille : Le symétrique d un segment est un segment de même longueur.
£rayon_cercle : Le symétrique d un cercle est un cercle de même rayon.Non conservée---Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 6. Contrôles liés au critère « taille »
Dans la reconnaissance de figures symétriques, ce critère est susceptible dintervenir dans les cas où les figures objet et image possèdent des segments qui ne sont pas de même longueur ou des cercles de rayons différents.
4. Forme
Ce critère est lié à la propriété de conservation des mesures dangles par la symétrie orthogonale. Dans son travail de thèse, Bellemain (1992, p. 29) affirme que la notion de forme possède une « dimension perceptive », et aussi une « dimension socio-culturelle » qui relève des expériences antérieures de l élève liées à ce contexte.
A ce critère, nous attribuons deux valeurs : la forme est soit « conservée », soit « non conservée ». Le contrôle attribué au critère « forme » est montré dans le tableau ci-dessous :
FormeContrôleConservée£forme : Une figure et son image par la symétrie orthogonale ont la même forme (en particulier, le symétrique dun segment est un segment)Non conservée---Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 7. Contrôles liés au critère « forme »
Dans les problèmes de reconnaissance, ce critère est susceptible dintervenir quand les figures objet et image ne possèdent pas la même forme.
5. Sens
Dans sa recherche, Gallou-Dumiel (1987) souligne le rôle de la propriété de changement dorientation des angles, par laquelle la symétrie orthogonale se distingue des autres transformations géométriques usuelles étudiées dans lenseignement secondaire. Lauteur constate chez les élèves la présence derreurs persistantes relatives au maniement des angles. A ce propos elle affirme que :
[
] dans des conditions « papier crayon » il ny a pas la plupart du temps, prise de conscience par lélève de lexistence dun problème dorientation. Même quand lélève utilise son rapporteur il na pas à exprimer laction de tourner à droite ou à gauche. Il névoque pas la question du sens de langle image par rapport à langle objet.
Gallou-Dumiel (1987, p. 11)
Elle dit encore qu'il y a :
... une prise de conscience par les élèves de la conservation de la valeur absolue des angles mais non de leur orientation.
(Ibid. p. 13)
Ces considérations nous amènent à introduire le critère « sens », qui rend compte de la conservation ou non par lélève de lorientation des angles par la symétrie orthogonale. L'importance de ce critère dans notre recherche s'avère notamment dans l'étude de figures complexes où, en fonction des variables didactiques choisies, la prise en compte ou non de cette propriété par l'élève peut être plus explicite.
Les valeurs retenues pour ce critère sont les suivantes :
« même sens » : deux figures sont de même sens si pour tout triplet de points A, B, C de la première, le triplet des symétriques correspondants A, B, C de la seconde a la même orientation dans le plan. La figure image F correspond alors à un déplacement de F, comme le montrent les exemples ci-dessous :
Fig. 15a
Fig. 15b
Fig. 15c
Figure SEQ Figure \* ARABIC 15. Exemples de figures objet et image ayant le même sens
« sens inverse » : deux figures sont de sens inverse si pour tout triplet A, B, C de points de la première, le triplet des symétriques correspondants A, B, C de la seconde a lorientation inverse dans le plan. La figure F correspond alors à un anti-déplacement de F, comme le montrent les exemples ci-dessous :
Fig. 16a
Fig. 16b
Fig. 16c
Figure SEQ Figure \* ARABIC 16. Exemples de figures objet et image ayant les sens inverses
Ces deux valeurs donnent lieu aux contrôles suivants :
SensContrôlesMême sens £même_sens : Une figure et son symétrique ont même sens. Sens inverse £sens_inverse : Une figure et son symétrique ont leur sens inverse.Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 8. Contrôles liés au critère « sens »
6. Position
Il peut sembler que le critère « sens » combiné avec d autres critères, comme celui de « direction » par exemple, soit suffisant pour définir lemplacement de la figure image. Cependant, lanalyse des figures « Fig. 15a » et « Fig. 15b » par exemple, montre quil nen est rien. En effet, dans les deux figures, la direction choisie est celle du prolongement du segment [AD] (ou horizontale) et le sens de F est le même que celui de F ; toutefois, lemplacement de F nest pas le même dans les deux cas. Il est nécessaire alors de disposer dun critère supplémentaire pour rendre compte de la position de F par rapport à celle de F.
Pour cette raison, nous ajoutons à la liste des critères celui de « position ». Ce critère vise à rendre compte du choix de la position de la figure image F par rapport à celle de F. Il est intéressant de noter que nous retrouvons ce même terme « position » chez Duval (1993), qui la introduit pour désigner un type de modification figurale relatif à lappréhension opératoire dune figure donnée. L'opération modifiant la figure associée à ce type de modification figurale est décrite aussi par Duval : « même taille et même forme, mais variation dorientation : rotation, translation, ... » (Ibid. p. 57). La signification que nous donnons à ce terme nest pas celle de Duval, mais lidée sous-jacente est très proche, comme on va le voir ci-après.
Quelle que soit la position de F par rapport à F elle peut, dans la plupart des cas, être décrite en termes de translation ou rotation (si F a le même sens que F), et translation suivie de retournement ou rotation suivie de retournement (si F et F sont de sens inverses). Ainsi, ce critère peut admettre ces quatre valeurs. Cependant, nous rajoutons la valeur « autre » pour les cas où la position de F ne correspond à aucune de ses quatre.
Nous remarquons que la position et le sens sont deux critères particulièrement liés. Dans le cas où la position de F correspond à une translation ou à une rotation de F, le sens de la figure est conservé. De même, dans le cas où la position de F correspond à une translation ou à une rotation de F suivie de retournement, le sens de F est inversé. De plus, il y a implicitement conservation de taille et de forme. Ces différentes valeurs associées au critère « position » donnent lieu aux contrôles suivants :
PositionContrôlesTranslation de F£translation : L image d une figure F par la symétrie orthogonale est obtenue par une translation de F dans une direction choisieTranslation de F suivie de retournement£translation
£sens_inverseRotation de F£rotation : L image d une figure par la symétrie orthogonale est obtenue par une rotation de F autour d un point et d un angle choisisRotation de F suivie de retournement£rotation
£sens_inverseAutre£position_autre : à définir selon le casTableau SEQ Tableau \* ARABIC 9. Contrôles liés au critère « position »
4.2. Contrôles relevant dautres connaissances
Contrôles liés à lutilisation du pliage
Comme le montre l'étude des manuels scolaires et les résultats des recherches, la symétrie orthogonale est introduite par la superposition des figures par pliage. L'élève peut recourir au pliage dans la résolution d'un problème soit de manière effective, soit mentalement. Le pliage est effectif quand lélève réalise concrètement laction de plier la feuille de papier. Cependant, lélève peut aussi avoir recours au pliage mental, notamment quand le pliage est interdit par les consignes du problème, ou bien quand le support ne le permet pas (par exemple lécran dun ordinateur ou un papier/carton). Dans ce cas, il anticipe lemplacement de la figure symétrique sur la feuille de papier telle quelle serait obtenue en pliant celle-ci.
Nous envisageons deux contrôles liés au pliage, selon la prise en compte ou non de laxe de symétrie pour plier la feuille :
£pliage_1 : Une figure et son symétrique se superposent par pliage le long de l axe de symétrie ;
£pliage_2 : Une figure et son symétrique se superposent par pliage.
Ces contrôles concernent le pliage effectif. Lors du pliage mental, d autres contrôles peuvent entrer en jeu.
Remarquons que daprès la littérature, le pliage peut être utilisé par lélève comme un moyen de résoudre le problème, mais surtout comme un moyen de validation de la construction réalisée.
Contrôles liés à lutilisation du papier calque
Loutil calque peut être utilisé de deux manières différentes : (1) la figure F, ainsi que laxe de symétrie sont décalqués, et (2) seule la figure F est décalquée. Par ailleurs, pour construire le symétrique de F, on a le choix de retourner ou non le papier calque. Ainsi, nous définissons quatre contrôles liés à l usage du calque, en fonction des choix mentionnés.
£calque_1 : Si F est obtenue en décalquant F et d, et en retournant le papier calque de manière à superposer d, alors F et F sont symétriques.
£calque_2 : Si F est obtenue en décalquant F et d, et en tournant le papier calque (sans le retourner) de manière à superposer d, alors F et F sont symétriques.
£calque_3 : Si F est obtenue en décalquant F et en retournant le papier calque, alors F et F sont symétriques.
£calque_4 : Si F est obtenue en décalquant F et en glissant le papier calque (sans le retourner), alors F et F sont symétriques.
La mobilisation des contrôles liés à l utilisation du calque ou du pliage amène implicitement à la conservation de la taille et de la forme de la figure F. Les contrôles qui assurent le retournement du papier calque avant de tracer F (£calque_1 et £calque_3) relèvent de la non conservation de l orientation des angles par la symétrie et sont donc liés au contrôle £sens_inverse. En revanche, les contrôles où le papier calque n est pas retourné (£calque_2 et £calque_4), relèvent de la propriété de conservation de l orientation des angles et sont donc liés au contrôle £même_sens. Les quatre contrôles sont de ce fait liés au critère « sens ». Par ailleurs, il est évident que si la droite d nest pas décalquée avec la figure F, ces contrôles ne sont pas suffisants pour construire F et dautres contrôles doivent alors être exercés dans le choix dune direction, dune distance à laxe et dune position de F.
Contrôles liés à la nature de la figure F
£nature_de_F : Le symétrique d une figure est une figure de même nature.
Ce contrôle relève de la propriété de conservation de la forme d une figure géométrique (le symétrique d un cercle est un cercle, & ) et de l alignement (le symétrique d un point est un point, d un segment est un segment, d une droite est une droite, & ).
Ces contrôles peuvent être considérés comme implicites, pratiquement dans toute procédure de construction de l image d une figure par la symétrie orthogonale.
£segment : Si les extrémités dun segment sont les symétriques des extrémités dun autre segment par rapport à une droite d, alors ces deux segments sont symétriques par rapport à d.
Ce contrôle est lié à la propriété de conservation de lalignement.
Contrôles liés aux relations entre la figure F et la droite d
£point_invariant : Le symétrique d un point sur l axe est le point lui-même ;
£extrémité_sur_axe : Le symétrique d un segment dont une extrémité est sur l axe est un segment dont une extrémité est sur l axe.
£intersection_F/axe : Le symétrique d une figure a autant de points communs avec l axe que la figure objet.
Ce deuxième contrôle est une combinaison des contrôles « £point_invariant » et « £segment».
£demi_plan : Le symétrique de F est situé de l autre côté de l axe de symétrie.
Contrôles de parallélisme
£parallélisme_segment : Un segment et son symétrique sont parallèles.
£parallélisme_droite : Une droite et son symétrique sont parallèles.
Ces contrôles concernent la conservation de direction des segments et des droites. Il s agit de théorèmes en acte fréquemment utilisés par les élèves, notamment parce quils ont un vaste domaine de validité. En effet, ces théorèmes en acte sont valides en particulier pour les segments parallèles ou perpendiculaires à laxe de symétrie d, ainsi que pour les figures qui possèdent un axe de symétrie parallèle à ce dernier.
5. Procédures de construction de figures symétriques
Nous allons procéder à une analyse a priori de problèmes de construction de figures symétriques. Nous allons en particulier prévoir et décrire les procédures, correctes ou non du point de vue des mathématiques, susceptibles dêtre utilisées par un élève pour construire limage dune figure par la symétrie orthogonale. Nous utilisons le modèle cK¢ (cf. p. PAGEREF _Ref134363730 \h 29) pour effectuer cette analyse.
Précisons dans un premier temps ce que nous entendons par le mot procédure. Nous considérons une procédure comme une organisation structurée dopérateurs (R) selon les critères de cohérence et d adéquation des structures de contrôles (£).
Nous reprenons les trois catégories de procédures de construction du symétrique d un segment issues des recherches précédentes (cf. p. PAGEREF _Ref117248442 \h 49). Cependant, comme nous l avons précisé, dans le cadre de notre recherche nous ne nous limitons pas aux problèmes de construction du symétrique dun segment. Nous envisageons donc également danalyser des procédures de construction des symétriques de figures plus complexes (composées de segments, de polygones
). Ainsi, nous devons adapter la typologie de procédures à cette classe plus large de problèmes. Nous caractérisons alors les types de procédures comme suit :
Procédures globales : la construction de limage ne fait pas intervenir dautres objets que la figure produite. La figure symétrique est construite soit perceptivement, à main levée par exemple, soit à laide doutils tels que pliage ou calque.
Procédures semi-analytiques : un ou plusieurs points images sont construits en ne tenant compte que de leurs antécédents, et ensuite la figure est construite globalement à partir de ces points, en mobilisant les propriétés de conservation de la symétrie orthogonale (mesure des angles, des longueurs,
).
Procédures analytiques : limage de la figure F est obtenue après construction des symétriques des points caractéristiques de F (sommets des polygones, centres des cercles,
).
Nous analysons ensuite ces trois types de procédures en termes de contrôles susceptibles dêtre mobilisés par lélève. Limportance de cette analyse savère du fait que :
Une simple analyse a priori des procédures des élèves, à elle seule, naboutit en général quà une description des comportements délèves. La recherche dun modèle explicatif de ces comportements, exige que lon prenne également en compte les différents contrôles exercés par les élèves sur un problème.
Sangaré (2000 p. 52)
Dans cette analyse, nous décrivons ces procédures en termes des valeurs attribuées aux critères de choix. Ceci nous permettra didentifier, a priori, les contrôles qui peuvent être exercés lors de la mise en uvre de ces procédures. Dans un premier temps, nous chercherons à identifier les sous-catégories de procédures au sein des trois grandes catégories (globales, semi-analytiques et analytiques). Ensuite nous décrirons ces sous-catégories de procédures en termes de critères de choix : « direction », « distance à laxe », « taille », « forme », « sens » et « position ». Nous faisons lhypothèse quen combinant les valeurs attribuées à chacun de ces critères de choix, qui à leur tour sont exprimés par le biais dun contrôle, nous pourrons accéder aux différentes procédures susceptibles dêtre utilisées par les élèves dans la construction de l'image dune figure.
5.1. Procédures globales
Parmi les procédures de construction globales, nous envisageons les trois types suivants :
Construction de la figure symétrique F par pliage effectif ;
Construction de la figure symétrique F par calque ;
Construction globale perceptive de la figure symétrique F (sans recours aux techniques du pliage ou du calque).
Procédures et Critères
Le tableau ci-dessous montre les critères qui peuvent intervenir explicitement dans la mise en uvre dune procédure globale :
CritèresType de ProcédurePliage effectifCalque Construction perceptiveFigure F + dFigure F« direction »------ouioui« distance à laxe »------ouioui« taille »---------oui« forme »---------oui« sens »
---ouiouioui« position »------ouiouiTableau SEQ Tableau \* ARABIC 10. Critères de choix qui peuvent intervenir dans les procédures de construction de type global
Nous considérons que si la figure F symétrique de F est construite par lutilisation du pliage effectif, F est obtenue comme la trace de F. Par conséquent, F a les mêmes forme et taille que F. Le pliage de la feuille détermine également lemplacement de la figure F, autrement dit le sens de F et sa position par rapport à F. Ainsi, on peut dire que tous les critères sont implicites à la procédure du pliage effectif.
Cette considération sapplique aussi à la procédure basée sur lutilisation du papier calque lorsque la figure F et laxe de symétrie (droite d) sont décalqués. Cependant, il existe le choix de retourner ou non le papier calque avant de tracer F. La décision de le retourner ou non relève du critère « sens ». En effet, si le papier calque est retourné, F aura le sens inverse par rapport à celui de F, tandis que sil nest pas retourné, F et F auront le même sens. Si laxe nest pas décalqué avec la figure F, les critères « forme » et « taille » seulement sont implicites à cette procédure. Les autres critères, « direction », « distance à laxe », « sens » et « position », doivent être pris en compte pour déterminer lemplacement de F.
Dans la construction globale perceptive, comme nous lavons précisé, limage dune figure ne fait pas intervenir dautres objets que la figure produite elle-même. Elles ne sappuient pas sur lutilisation doutils comme le pliage ou le papier calque. Ainsi, est-il nécessaire de contrôler la construction par la forme et la taille de la figure. Les critères « direction », « distance à laxe », « sens » et « position » doivent également intervenir dans cette construction.
Ci-après, nous décrivons chacun de ces trois types de procédures en termes de contrôles.
Construction de F par pliage effectif
Le pliage peut être réalisé :
le long de la droite (d) ;
selon une direction choisie (parallèle au bord de la feuille, par exemple).
Si le pliage est réalisé le long de la droite d donnée, le contrôle envisagé est £pliage_1. Si le pliage est réalisé selon une autre direction choisie, le contrôle en jeu sera £pliage_2.
Construction de F par calque
Dans l utilisation de l outil calque, nous envisageons deux possibilités : soit la figure F, ainsi que laxe de symétrie sont décalqués, soit seule la figure F est décalquée. De ce fait, nous envisageons deux types de procédures :
décalque de la figure F et de la droite d. Dans ce cas, nous supposons que la droite d est représentée par un segment et que lon décalque tout ce segment ;
décalque de la figure F seulement.
Décalque de la figure F et de la droite (d)
Deux procédures peuvent donc être envisagées :
retournement du papier calque et superposition de la droite d ;
rotation de 180° du papier calque et superposition de la droite d.
Dans la première procédure, le contrôle £calque_1 est susceptible d être mobilisé par l élève, car il assure le retournement du papier calque avant de tracer la figure symétrique. Pour la deuxième procédure, étant donné que dans sa mise en Suvre le papier calque n est pas retourné, nous envisageons la mobilisation par l élève du contrôle £calque_2.
Décalque de la figure F seulement
Si l on ne décalque que la figure F, on peut envisager deux procédures :
le retournement du papier calque sur la feuille de dessin ;
le glissement du papier calque sur la feuille de dessin.
Ce choix concerne le critère « sens ». Les contrôles envisagés sont alors £calque_3 pour le retournement du papier et £calque_4 pour le glissement.
Cependant, dans les deux cas, le choix de retourner ou non le papier calque ne suffit pas pour construire la figure symétrique F ; il est nécessaire encore de choisir son emplacement sur la feuille, par rapport à la figure F et éventuellement par rapport à laxe. Ainsi faut-il faire le choix relatif aux critères : « direction », « distance à laxe » et « position ». La combinaison des valeurs attribuées à ces trois critères donne alors 50 types de procédures différentes. Donnons comme exemple la construction suivante réalisée à laide du papier calque :
Dans le tableau ci-dessous, nous indiquons les critères, les valeurs possibles et les contrôles correspondants que nous associons à ces procédures :
CritèresValeurs possiblesContrôles« direction »orthogonale à l axe
verticale
horizontale
prolongement d un segment de F
autre£ortho
£vert
£hor
£prolong
Pour la valeur « autre », les contrôles sont à définir selon le cas.« distance à l axe »conservée
non conservée£dist
---« position » et « sens »translation
translation suivie de retournement
rotation
rotation suivie de retournement
autretous les contrôles associés à ces valeurs peuvent être exercés, ainsi que les contrôles £calque_3 et £calque_4 qui sont liés au critère « sens ».Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 11. Contrôles susceptibles dintervenir dans la construction de limage de F par décalque de F seulement
Construction globale perceptive de F
Daprès les résultats des recherches précédentes, ces procédures de résolution sont très répandues dans la construction de symétriques de figures à main levée car ces procédures sappuient sur la perception globale de la figure, notamment en ce qui concerne sa position par rapport à laxe, sa forme ou sa taille, par exemple.
Comme nous lavons précisé ci-dessus, tous les critères de choix peuvent être concernés dans ces procédures. Ainsi, les combinaisons des valeurs qui peuvent être attribuées à ces critères donnent 200 procédures différentes de construction globale perceptive. Le tableau ci-dessous montre les valeurs possibles, ainsi que les contrôles qui permettent l'expression de ces valeurs :
CritèresValeurs possiblesContrôles« direction »orthogonale à laxe
verticale
horizontale
prolongement dun segment de F
autre£ortho
£vert
£hor
£prolong
pour la valeur « autre », les contrôles sont à définir selon le cas« distance à l axe »conservée
non conservée£dist
---« taille »conservée
non conservée£taille ; £rayon_cercle
---« forme »conservée
non conservée£forme
---« position » et « sens »translation
translation suivie de retournement
rotation
rotation suivie de retournement
autretous les contrôles associés à ces valeurs peuvent être exercésTableau SEQ Tableau \* ARABIC 12. Contrôles susceptibles dintervenir dans la construction de limage de F une procédure de construction globale
Étant donné que ces procédures sont de type global, et que par conséquent elles sont liées à la perception globale de la figure, lutilisation de toutes ces procédures peut permettre l'aboutissement de la construction de la figure image susceptible d'être acceptée comme correcte aux yeux de l'élève qui la construite.
5.2. Procédures semi-analytiques
Procédures et critères
CritèresProcédures semi-analytiques« direction »oui« distance à laxe »oui« taille »oui« forme »oui« sens »
« position »ouiTableau SEQ Tableau \* ARABIC 13. Critères qui peuvent intervenir dans les procédures de construction semi-analytiques
Rappelons quune procédure semi-analytique consiste à construire le(s) symétrique(s) dun ou plusieurs points de la figure F et à compléter la construction de F de manière globale à partir de ce(s) point(s). Ainsi, dans ce type de procédures, tous les critères de choix sont susceptibles dintervenir.
Les raisons du choix des points particuliers de la figure par les élèves pour la mise en uvre dune procédure semi-analytique restent, dans la majorité des cas, implicites. Cependant, ces raisons peuvent parfois être repérées à partir de certaines actions réalisées, comme la construction dune droite passant par un point ou par un segment particulier de la figure donnée, ou bien par lidentification dun report de la distance dun point de la figure donnée à laxe de symétrie. Lélève peut choisir un ou plusieurs points de la figure. Ces points peuvent être par exemple :
les extrémités dun segment de F ou dun arc de cercle (si F en a un) ;
un point invariant de F sur laxe (si F touche laxe de symétrie) ;
le centre dun cercle (si F comporte des cercles) ;
un centre de symétrie de F (si F en admet un) ;
le sommet dun angle à proximité de laxe ;
les points dun axe de symétrie de la figure F.
Les contrôles qui peuvent intervenir dans la partie analytique d'une procédure du type semi-analytique concernent les critères « distance à laxe » et/ou « direction ». La mise en oeuvre de ces contrôles permet de construire les images des points choisis. L'image de la figure sera construite ensuite globalement à partir de ces points, en fonction de la distance et/ou de la direction choisies. Dans cette construction globale, les contrôles liés aux critères « forme », « taille », « position » et « sens » sont susceptibles d'intervenir.
Comme dans les procédures globales, la combinaison des valeurs qui peuvent être attribuées à ces critères donne également 200 procédures. Cependant, soulignons que les contrôles liés aux critères « direction » et « distance à laxe » interviennent dans la partie analytique de la procédure uniquement. Ainsi, les valeurs qui peuvent être combinées et les contrôles qui permettent leurs expressions sont montrés dans le tableau ci-dessous :
CritèresValeurs possiblesContrôlesPartie analytique de la procédurePartie globale de la procédure« direction »orthogonale à l axe
horizontale
verticale
prolongement d un segment de F
autre£ortho
£hor
£vert
£prolong
autre« distance à l axe » conservée
non conservée£dist
---« forme »conservée
non conservée£forme
---« taille »conservée
non conservée£taille
---« position »
« sens »translation
translation suivie de
retournement
rotation
rotation suivie de retournement
autretous les contrôles associés à ces valeurs peuvent être exercésTableau SEQ Tableau \* ARABIC 14. Contrôles susceptibles dintervenir dans la construction de limage de F par une procédure semi-analytique
Étant donné que dans la mise en uvre dune procédure semi-analytique, la perception globale que l'élève a de la figure est concernée, lutilisation des procédures issues de cette combinaison permet laboutissement de la construction dune figure image ayant les mêmes forme et taille que celle de départ, si les contrôles liés à la forme et à la taille interviennent dans la construction.
5.3. Procédures analytiques
Rappelons que dans ce type de procédures, la figure symétrique de F est obtenue à partir de la construction dimages des points particuliers de F. Ainsi, si la figure F ne comporte pas de points particuliers, comme dans le cas dune droite, ou dun cercle dont le centre nest pas tracé, il faudra choisir des points quelconques de ces figures pour mener à bien la construction.
Procédures et critères
CritèresProcédures Analytiques« direction »oui /non« distance à laxe »oui/nonTableau SEQ Tableau \* ARABIC 15. Critères qui peuvent intervenir dans la mise en uvre des procédures analytiques
Pour la construction des images des points, nous envisageons trois possibilités :
1. Les images des points de F sont construites par la méthode sappuyant sur la propriété déquidistance. Le seul contrôle intervenant est £dist.
2. Les images sont construites par demi-tour autour d un point sur l axe. La figure image F obtenue correspondra à une rotation de F autour d un point O choisi et de l angle 180°, comme l illustre la figure ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 17. Figure image construite comme s il s agissait de la symétrie de centre O
Dans ce cas, le contrôle £rotation serait mobilisé dans la construction de l image de chaque sommet de la figure.
3. Les images sont construites dans une direction donnée, en conservant ou non l'égalité des distances des points à laxe de symétrie. Les procédures de construction envisagées dépendent des valeurs attribuées aux critères « direction » et « distance à laxe ». Les combinaisons des valeurs possibles donnent 10 procédures différentes. Ces valeurs et les contrôles associés sont les suivants :
CritèresValeurs possiblesContrôles« direction »orthogonale à laxe
horizontale
verticale
prolongement dun segment de F
autre£ortho
£hor
£vert
£prolong
contrôles à définir selon le cas« distance à l axe »conservée
non conservée£dist
---Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 16. Contrôles susceptibles d intervenir dans la construction de l image de F par une procédure analytique
La mise en uvre de ces procédures pour construire la figure sappuie uniquement sur les critères direction et distance à laxe, par conséquent seuls les contrôles théoriques interviennent. Les critères « taille », « forme », « sens » et « position » liés à la perception globale de la figure peuvent intervenir dans la phase de lexécution et/ou de la vérification comme moyens de validation de laction réalisée.
Prenons comme exemple la figure « Fig. 1a » (cf. REF _Ref132033044 \h \* MERGEFORMAT Figure 1, p. PAGEREF _Ref132644174 \h 24) concernant la construction de limage dun triangle rectangle par rapport à un axe oblique sur la feuille. Comme nous lavons dit, lemplacement de ce triangle sur la feuille (angle droit en position prototypique) peut amener l'élève à choisir la direction horizontale. Sil reporte les distances des sommets à laxe de lautre côté de celui-ci dans cette direction, il obtiendra comme image un triangle dont la forme et la taille sont différentes, comme le montre la figure suivante :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 18. Exemple dune construction de limage dun triangle rectangle par une procédure analytique
Si les contrôles (forme et/ou (taille font partie de la structure de contrôle de la conception mobilisée, lélève sattendra à ce que la figure obtenue ait une évidente ressemblance avec la figure initiale. Le décalage entre la figure attendue et la figure obtenue peut lamener à rejeter sa construction. Ceci témoignerait dun conflit entre les contrôles mobilisés.
De manière générale, la mise en uvre des procédures analytiques est plus susceptible daboutir à des conflits entre des contrôles théoriques et des contrôles perceptifs, contrairement aux deux types de procédures précédents où les contrôles perceptifs participent à la construction.
6. Conclusion
Rappelons que lobjectif de ce chapitre a été de modéliser a priori les connaissances d'élèves concernant la symétrie orthogonale dans les problèmes de construction et de reconnaissance de figures symétriques. Nous avons voulu, ainsi, répondre aux questions de recherche concernant la caractérisation de conceptions délèves sur cette notion mathématique
En partant de l'hypothèse de Gaudin (2002) selon laquelle les contrôles rendent compte des critères qui renvoient au choix, à la décision, à l'adéquation et à la validité d'une action, nous avons réalisé une étude théorique de la notion de symétrie orthogonale qui nous a permis d'identifier les critères à prendre en compte dans la résolution des problèmes de construction et de reconnaissance, ainsi que les valeurs quils peuvent admettre. La modélisation des contrôles que nous proposons sappuie sur ces valeurs.
Nous avons considéré que la résolution des problèmes de construction de symétriques de figures comporte une phase d'action concrète sur le milieu matériel (la construction de la figure elle-même) et une phase de validation, une action plus abstraite au sens donné par Gaudin (2005). L'anticipation de l'action concrète que l'élève peut réaliser sur la figure nous a amenés à décrire en termes de contrôles les procédures de résolution de ce type de problèmes. Ces résultats apportent ainsi des éléments de réponse à la question Q1.
Toutefois, à partir de cette étude théorique nous navons pas pu accéder aux opérateurs. Étant donné que les opérateurs sont attestés dans l'action, il nous semble que nous ne pourrons accéder à ces éléments que par l'intermédiaire de l'analyse des productions des élèves. La question Q2 reste pour le moment sans réponse.
Par ailleurs, les procédures décrites sont spécifiques aux problèmes de construction. En effet, dans des problèmes de reconnaissance lélève nexécute pas nécessairement des actions concrètes sur la figure, ou du moins il ne laisse pas de trace de ces actions. La résolution de ce type de problèmes renvoie davantage à la validation d'un choix. Compte tenu de la nature implicite de l'action, nous navons pas les moyens de décrire les procédures de résolution des problèmes de reconnaissance comme nous lavons fait pour les problèmes de construction.
Chapitre 4 : MODÉLISATION de dÉcisions didactiques
Dans ce chapitre, nous réaliserons dans un premier temps un état de lart des travaux sur les décisions des professeurs. Dans cette étude, nous aborderons des éléments qui peuvent être déterminants dans les choix et décisions des professeurs. Dans un deuxième temps, nous présenterons des modèles de décisions didactiques généraux ainsi que les modèles spécifiques à la symétrie orthogonale que lon trouve dans des travaux de recherche. A partir de cette étude, nous définirons les notions de choix et décision didactiques, nous proposerons un modèle de décisions didactiques et nous discuterons des éléments sur lesquels nous nous appuyons pour analyser les décisions didactiques prises par des professeurs participant à notre recherche.
1. Introduction
Lenseignement peut être vu comme une suite de prises de décisions par le professeur. L'acte de décider, que ce soit au niveau de macro-décisions ou de micro-décisions, au sens de Margolinas (cf. chapitre 2, p. PAGEREF _Ref130716679 \h 35), représente un moment très important de lactivité du professeur. Ainsi, la problématique de la prise de décisions par le professeur intéresse de plus en plus les chercheurs dans les domaines des sciences de léducation et de la didactique.
Dans le but de favoriser un apprentissage chez lélève, le professeur prend des décisions. Pour ce faire, le professeur est confronté à lincertitude car il peut être devant plusieurs choix. Quelle est la meilleure manière daborder un contenu ? Quels problèmes choisir ? À partir dune réponse de lélève, quelle est la manière la plus pertinente pour conduire un processus denseignement ?
Avant de continuer cette étude, nous avons besoin de préciser ce que nous comprenons par les mots « choix » et « décision ». Pour cela, reprenons un exemple donné par Margolinas (1993), où lauteur fait bien la distinction entre « choix » et « décision » :
Exemple : Si je dis à mon voisin « Passe-moi le sel » et que celui-ci s'exécute, il a bien produit une action, mais n'a pris aucune décision. [...] Le voisin poli a eu pourtant bien des choix devant lui : refuser, prendre la salière de droite ou celle de gauche [...]. Nous répugnons pourtant à appeler décisions de tels choix. Mais nous pouvons imaginer des situations dans lesquelles une action aussi banale pourrait avoir toutes les caractéristiques d'une véritable décision (si cette personne sait que la salière de droite est reliée à un détonateur, et pas celle de gauche par exemple).
Toute décision est donc liée à l'existence d'un choix [...]
Margolinas (1993, p. 110-111)
De cette citation nous retenons donc quun sujet peut prendre une décision seulement s'il identifie des choix possibles. Ainsi, nous considérons quun « choix », cest la liberté ou la possibilité de choisir parmi plusieurs voies. La « décision », cest laction volontaire de faire le choix, de choisir une voie parmi les voies possibles.
2. Quelques éléments déterminants dans la prise de décisions du professeur
En préparant un projet local denseignement, le professeur prévoit des éventualités qui pourront se produire lorsqu'il sera devant ses élèves. Il détermine alors les objectifs d'enseignement visés et choisit les moyens pour y parvenir. Il organise ses actions futures en termes de choix de problèmes, de ressources pour mettre en place un dispositif d'enseignement, de temps et d'organisation du travail des élèves, etc. Il spécifie encore les méthodes d'évaluation qui permettront de vérifier dune part, sil y a eu lapprentissage par lélève et dautre part, le fonctionnement ou le dysfonctionnement du dispositif mis en place. Dans cette phase de planification, le professeur est soumis à plusieurs contraintes. Perrin-Glorian (2002) identifie quelques-unes de ces contraintes :
[...] des contraintes qui viennent de l'institution scolaire (programmes, examens, horaire prévu...), de l'établissement (l'emploi du temps de la classe, manuel scolaire, les autres classes où il enseigne, collègues...), des nécessités de l'enseignement (évaluation), des élèves (niveau scolaire, origine sociale...), et de lui-même (son histoire, ses propres connaissances sur le sujet qu'il doit enseigner, ses préférences, sa tolérance au bruit...)
Perrin-Glorian (2002, p. 221).
La prise de décisions par le professeur dépendra alors fortement de ces contraintes.
Plusieurs recherches dans le domaine de la didactique des mathématiques en France ont été menées pour étudier les éléments susceptibles d'influencer les choix des professeurs et par conséquent, leurs prises de décisions. Parmi elles, nous pouvons citer les travaux de Soury-Lavergne (1998), Margolinas et al. (2005) et Bloch (2005). Ces travaux prennent en compte la classification des connaissances professionnelles du professeur proposée par Shulman (1986, 1987). Dans cette classification, Shulman identifie les trois composantes suivantes : la connaissance du contenu, la connaissance pédagogique et la connaissance pédagogique du contenu. Cette classification a suscité de nombreuses discussions chez les chercheurs en didactique des mathématiques à cause de la non prise en compte de la dimension didactique, comme en témoignent Margolinas et al. (Ibid.). Nous reprenons ici le point de vue de Steinbring (1998) cité par ces auteurs :
Steinbring (1998) stressed the fact that the distinction between content knowledge and pedagogical knowledge is not independent of the model of the teaching/learning process. In a linear model of this process, mathematical content knowledge is primarily needed during the first step in this process, whereas pedagogical content knowledge is necessary for the conditions and forms of the transmission of school mathematics (p. 158). But if we see teaching and learning mathematics as an autonomous system, pedagogical content knowledge does not primarily serve to organize the transmission of mathematical content knowledge (p. 159). Therefore, he states that a new type of professional knowledge for mathematics teachers is needed a kind of a mixture between mathematical content knowledge and pedagogical knowledge (p. 159)
Margolinas et al. (2005, p. 206)
Les auteurs rajoutent alors à cette classification la notion de connaissances didactiques, pour combler ce manque. Les connaissances didactiques sont définies comme la partie de la connaissance du professeur qui est liée à la connaissance mathématique à enseigner :
Therefore, from our perspective, the teachers didactic knowledge refers to the part of this knowledge, which is related to the mathematical knowledge to be taught. In this sense, knowing that (something is so) and knowing why (it is so) (Shulman, 1986) are part of didactical knowledge if they are related to some mathematical content.
Margolinas et al. (Ibid. p. 207)
Bloch (ibid.) reprend les trois composantes de la classification de Shulman (ibid.) dans cette même perspective et les décrit comme suit :
- Le domaine des compétences mathématiques ;
- Un domaine que nous pouvons appeler didactique pratique ou pratique de la didactique (correspondant plus ou moins au Pedagogical Content Knowledge de Shulman) ;
- Le domaine pédagogique des régulations dans la classe.
Bloch (2005, p.2)
Ainsi, dans ce qui suit nous allons étudier des éléments qui peuvent être déterminants dans la prise de décisions des professeurs, à la lumière de ces trois composantes :
2.1. Domaine des compétences mathématiques
Ces compétences relèvent des études universitaires suivies par les professeurs, ainsi que dautres formations relatives au domaine des mathématiques (mathématiques du secondaire, préparation au CAPES
). D'après Bloch (ibid.), les conceptions de ce qu'est un bon professeur de mathématiques, construites par le professeur pendant son expérience comme élève et comme étudiant en mathématiques, peuvent être à lorigine de ses conceptions concernant la manière dont les mathématiques doivent être enseignées. D'après la littérature, les compétences relatives à ce domaine sont plus évidentes dans l'enseignement d'un professeur débutant en comparaison avec celui d'un professeur expert. A propos des compétences mathématiques, Bloch affirme :
a) sur les mathématiques :
Les étudiants acquièrent à l'Université une conception très formelle des mathématiques : le savoir déclaré est supposé transparent, mais non fonctionnel [
]. Pour eux, un théorème a une preuve, mais pas de justification en termes de résolution de problèmes car la théorie mathématique est sa propre justification. [...].
b) sur l'enseignement des mathématiques :
Pour les étudiants sortant de l'Université, un bon cours de mathématiques est un cours frontal, de type cours dialogué, où le professeur dit "la loi mathématique". Ils n'imaginent pas que cette loi puisse être contestée, ou ne pas être comprise, surtout à un niveau comme le secondaire où n'interviennent que des mathématiques élémentaires.
Bloch (2005. p. 3)
2.2. Domaine de la didactique pratique ou pratique de la didactique
Selon Bloch (ibid.), ce domaine concerne la capacité du professeur « dorganiser et gérer lactivité des élèves dans la classe de façon à ce que ceux-ci rencontrent effectivement des éléments du savoir mathématique visé » (ibid. p. 2), cette capacité étant liée aux connaissances mathématiques et didactiques ainsi quau contrat didactique.
En général, le professeur est supposé avoir un rapport adéquat avec le savoir qu'il doit enseigner. Pour réaliser un « bon » enseignement des mathématiques, il doit alors avoir une bonne maîtrise de l'objet mathématique qu'il veut enseigner. Cependant, cette maîtrise ne semble pas suffisante pour réaliser cet enseignement. Pour que ceci se produise, il faudra que le professeur soit capable danalyser les connaissances de l'élève sur la notion en jeu à un moment donné, qu'il soit capable de reconnaître et d'analyser les sources d'éventuelles erreurs commises par lélève, qu'il soit capable de créer des situations didactiques afin d'aider l'élève à dépasser ces erreurs et de lui permettre d'apprendre des connaissances nouvelles, etc. En d'autres termes, il faudra que le professeur soit capable de mettre en place une « intervention mathématique pertinente ». D'après Bloch (2005) :
" Une intervention mathématique est pertinente si elle rend compte dans une certaine mesure de la fonctionnalité de l'objet mathématique visé ; ou, s'agissant d'enseignement, si elle permet au moins de progresser dans l'appréhension de cette fonctionnalité, avec des énoncés de propriétés mathématiques contextualisées ou non, des arguments appropriés sur la validité de procédures ou sur la nature des objets mathématiques.
Bloch (2005, p. 8)
Ainsi, le domaine de la didactique pratique est en étroite relation avec celui relevant des compétences mathématiques. Portugais (1996) affirme que le savoir didactique contient le savoir mathématique, car les connaissances didactiques du professeur dépendent de ses connaissances des mathématiques.
Bloch (2005) met en évidence la complexité danalyser ce domaine des connaissances du professeur. D'après l'auteur, cette complexité est due au fait qu'il s'agit dun domaine relevant des savoirs et des situations précis.
2.3. Domaine pédagogique
Ce domaine est défini comme celui relevant de la formation professionnelle : elle est liée à proprement parler au métier professoral. Les connaissances sous-jacentes à ce domaine correspondent aux connaissances pédagogiques, comme les conceptions d'apprentissage, apprises dans des cours de formation spécialisés comme ceux de la formation des professeurs en I.U.F.M. dans le système éducatif français.
Avant daborder les conceptions dapprentissage, reprenons une question posée par Barbin (1991, p. 130) et l'analyse que l'auteur fait à son propos. La question est la suivante : « Que se passe-t-il, par exemple, si un enseignant qui considère le savoir comme un discours, est invité à enseigner le savoir comme un processus ? ». Comme éléments de réponse à cette question, l'auteur présente cinq difficultés auxquelles cet enseignant (en mathématiques) serait confronté dans ce cas :
1. Rôle de l'évidence et de la rigueur. D'après l'auteur, l'enseignant serait confronté au statut de l'erreur de l'élève, qui du point de vue de l'enseignement comme un processus n'est pas considérée comme une faute de l'élève. Elle est même considérée comme un « des moments incontournables dans la construction des connaissances » (ibid., p. 130).
2. Contenus de savoir. Cette difficulté concerne le nombre de connaissances éventuellement construites par les élèves. Selon lauteur (ibid. p. 131), un enseignant qui perçoit l'enseignement dun savoir comme « un produit » et non comme un « processus », est susceptible de juger son enseignement par ce critère.
3. Signification des activités des élèves. Dans l'enseignement d'un savoir comme un processus, la problématique à laquelle doit être soumis l'élève pour qu'il puisse construire ses connaissances, doit varier en fonction de son niveau scolaire. Pour illustrer ceci, l'auteur prend comme exemple un élève du niveau secondaire. Pour que cet élève puisse construire une certaine rationalité mathématique, les savoirs doivent lui être présentés parfois à partir des « situations non mathématiques ». L'auteur souligne alors que l'enseignant en question aurait dans ce cas l'impression « de faire du bricolage », et non l'enseignement des mathématiques.
4. Signification des concepts et des savoirs mathématiques. Barbin (ibid.) souligne que le savoir dans le cadre de l'enseignement comme un processus prend sens à partir de la résolution de problèmes, tandis que l'enseignant qui envisage lenseignement dun savoir par le discours privilégie plutôt labord des savoirs par des définitions. Ainsi pour cet enseignant, l'enseignement d'un savoir mathématique à partir d'une entrée par la résolution de problèmes constituerait une source de difficulté.
5. Signification de la démonstration. Dans le cadre de l'enseignement d'un savoir comme un processus, l'élaboration d'une démonstration ne se réduit pas seulement à une déduction. Il s'agit de « construire des objets mathématiques et construire la rationalité mathématique elle-même ». En revanche, dans une approche où le savoir mathématique est caractérisé par le discours, « la démonstration se réduit à un texte qui doit respecter les formes du raisonnement déductif » (ibid. p. 131). Le non respect par l'élève de ces normes représenterait alors une difficulté pour cet enseignant.
Comme le montre le modèle des niveaux de lactivité de lenseignant (cf. chapitre 2, p. PAGEREF _Ref130806991 \h 35), la conception dapprentissage et surtout denseignement du professeur est un élément qui peut agir sur son milieu. C'est le cas de ce professeur. Ces difficultés sont liées à sa conception denseignement et dapprentissage. Indépendamment de l'influence portée par d'autres contraintes auxquelles est soumis le professeur (par exemple des orientations des programmes scolaires), ses conceptions sur la nature de l'enseignement et de l'apprentissage peuvent influencer fortement ses choix et ses décisions didactiques.
Ci-après nous présentons dans les grandes lignes les trois principales conceptions denseignement et dapprentissage relatées dans la littérature de référence : les conceptions transmissive, béhavioriste et constructiviste. Nous aborderons ces conceptions en mettant en évidence leurs origines, le rôle du professeur et de lélève et le statut de lerreur. Pour chacune delles, nous mettrons aussi en relief comment le professeur prend l'information sur lactivité de l'élève, et comment il élabore des situations didactiques.
Conceptions denseignement/apprentissage
1. Conception transmissive
Cette conception met laccent sur la nature du savoir mathématique. Elle sappuie dune part, sur le modèle empiriste de lapprentissage (Locke, 2001) qui suppose que la connaissance vient aux êtres humains entièrement du monde extérieur. Il suppose alors que l'esprit humain est vierge de toute connaissance au départ et que celle-ci nous est apportée par l'expérience et par l'éducation (Astolfi, 1997). C'est le principe de la « table rase ». Dautre part, cette conception sappuie sur le modèle de communication de transmission télégraphique développé par Shannon & Weaver (1949) où la communication est réduite à la transmission d'une information. Ainsi, daprès cette conception lacquisition du savoir par le sujet est le résultat d'une transmission, dune communication et lapprentissage se fait uniquement par accumulation dinformations. Cette conception ne considère pas que lélève soit capable de trouver lui-même les éléments du savoir. Le seul moyen de les lui apprendre est de les lui dire, exposer et montrer.
Rôle du professeur
Le professeur qui est le détenteur du savoir, doit le communiquer clairement afin de le faire apprendre à lélève. Il doit exposer le savoir, puis questionner et juger son appropriation par lélève.
Rôle de lélève
L'élève doit reproduire ce que lui dit le professeur : il est passif dans son processus dapprentissage. Il doit être attentif, écouter, noter, répéter et appliquer. Il apprend par imitation et par imprégnation (Ragot 1991, p. 17). Il a, seul, la charge de combler la distance entre le discours et a mise en uvre des connaissances.
Statut de lerreur
Dans cette conception, il ny a pas de place pour lerreur, qui est révélatrice d'un dysfonctionnement : soit c'est le professeur qui a mal enseigné, soit c'est l'élève qui a mal compris ce qua dit le professeur. Cependant, en règle générale, lerreur est attribuée à lélève. Léchec à une tâche donnée par le professeur signifie pour ce dernier que lélève « ne sait pas », « il n'a pas appris », « il n'a pas compris », ou bien « il confond tout » (Ragot 1991, p. 18). Lerreur est alors perçue par le professeur comme un défaut de lélève (manque de travail, défaut de caractère...). Ainsi, lorsqu'elle se produit il faut la sanctionner, et surtout ne pas la montrer, de crainte que ce mauvais exemple ne se fixe pas dans la mémoire des autres (ibid.).
Prise dinformation par le professeur et élaboration de situations didactiques
Selon Ragot (ibid.), dans cette conception, les tâches proposées aux élèves doivent avoir comme objectifs :
- de lui faire pratiquer ce quon vient de lui enseigner [...] ;
- de contrôler la maîtrise de ce quon lui a enseigné [...] ;
Ragot (1991, p. 18)
Létat de savoir se décrit dans une logique binaire : lélève sait, ou ne sait pas. On considère que lorsquun élève a réussi un exercice, il doit pouvoir réussir tout exercice qui suppose le même savoir. Ainsi, la réussite de l'élève autorise le professeur à aborder une nouvelle notion et envisager le réinvestissement des nouveaux acquis dans la suite de l'enseignement. En cas d'échec, le professeur doit envisager de tout recommencer, répéter et faire plus en proposant davantage dexercices.
2. Conception béhavioriste (comportementaliste)
Cette conception sappuie sur le modèle dapprentissage béhavioriste (Skinner 1938) qui fait appel notamment au conditionnement « stimuli-réponse » (Pavlov 1927). Le principe de cette conception est que la réussite de lélève doit être récompensée (renforcements positifs) et l'échec, au contraire, sanctionné (renforcements négatifs) et, si possible, évité, car apprendre par renforcement négatif est peu économique (Ragot 1991, p. 20).
Cette conception met laccent non plus sur la nature du savoir mathématique, mais sur la logique et la rigueur de ce savoir qui détermine lorganisation de son enseignement. Lapprentissage se fait par accumulation de savoirs, les relations entre ces savoirs se font naturellement, par la nécessité des liens logiques quils entretiennent.
Rôle du professeur
Le professeur doit, en suivant la logique interne du savoir, le présenter à lélève élément par élément. Il doit alors être capable de décomposer ce savoir en « unités discrètes » et les présenter de manière à permettre à lélève de percevoir les liens entre elles (Ragot, 1991, p. 19). Il a lardue responsabilité de concevoir des exercices progressifs, de guider les élèves dans leur réalisation et de leur communiquer les rétroactions nécessaires dans le cheminement de ces étapes. Lessentiel du travail du professeur se fait donc en amont du processus de lenseignement. Il consiste à :
choisir un objectif opérationnel, le décomposer en « unités de savoir » ;
construire une séquence denseignement permettant le développement chez lélève des compétences relatives à ces unités ;
construire le contrôle dacquis permettant de reconnaître la présence de compétences visées.
Rôle de lélève
Dans cette conception, lélève est amené à suivre pas à pas la progression définie par le professeur. Il na pas à prendre des initiatives. Il suffit quil soit motivé, fasse attention aux instructions du professeur et ait une bonne discipline dans le travail personnel.
Statut de lerreur
Dans cette conception, l'échec de lélève ne peut provenir de la séquence denseignement proposée par le professeur si celui-ci la bien préparée, en particulier sil a bien identifié des unités minimales de savoir pour lesquelles il ny a généralement quune réponse possible. Ainsi, l'erreur est une responsabilité de l'élève qui na pas suivi, pas travaillé, pas compris.
Prise dinformation par le professeur et élaboration de situations didactiques
Dans cette conception, la prise dinformations par le professeur se fera à partir de la comparaison entre les performances actuelles de lélève et celles établies a priori par le professeur. En amont de lapprentissage, le contrôle des pré-requis permet de prendre déventuelles décisions par rapport à lopportunité dengager tel ou tel élève dans un nouvel apprentissage. Les informations recueillies en aval de lapprentissage peuvent conduire lenseignant à mettre en place des actions de remédiation (exercices individuels, travail supplémentaire...) si létat actuel de savoir chez lélève est reconnu comme insuffisant pour continuer dapprendre.
3. Conception constructiviste
Dans cette conception qui sappuie sur le modèle constructiviste de lapprentissage développé par Piaget (ibid.), on sintéresse surtout aux conditions de construction du savoir mathématique.
Apprendre, cest construire ses connaissances. La connaissance est ainsi une construction de lélève, ce qui lui donne un statut différent de celui sous-jacent aux conceptions précédentes.
Dans ce modèle, on suppose que lélève possède, dans sa structure cognitive, des « schèmes » nécessaires à son apprentissage, ce qui peut lui permettre de répondre de façon adéquate aux situations qu'il a déjà rencontrées. Lélève apprend au travers de son interaction avec la situation (le problème) à laquelle il est confronté. La confrontation à une situation nouvelle peut provoquer un déséquilibre, c'est-à-dire un conflit qui lamènera à une régression (provisoire) de son état de connaissances à propos de la notion en jeu. La recherche dune solution à cette situation peut permettre la rééquilibration, la modification des schèmes favorisant la construction dune nouvelle connaissance à partir dun processus « d'assimilation et d'accommodation ».
La didactique des mathématiques emprunte à cette conception lhypothèse de construction des connaissances par lélève. La théorie des situations didactiques reprend la notion de milieu, pour modéliser les éléments sur lesquels porte l'action du sujet dans le processus de construction des connaissances.
Rôle du professeur
Pour quil y ait apprentissage chez lélève, le professeur doit organiser la rencontre de celui-ci avec un problème pour la résolution duquel les savoirs dont il dispose actuellement sont insuffisants. Le savoir prend du sens comme réponse particulièrement adaptée aux questions du problème. Étant donné que lélève construit ses connaissances à partir de ce quil sait déjà, il est utile pour le professeur de connaître létat de connaissances de lélève au moment où il envisage un nouvel apprentissage, moins dans une perspective de pré-requis que dans la perspective de recenser les savoirs présents et de les prendre en compte pour élaborer la situation didactique plus efficace.
Rôle de lélève
Dans cette conception, lélève exerce à son niveau les activités cognitives du mathématicien : recherche, production de conjectures, exploration, essais, vérification. Il « construit » les mathématiques (Ragot 1991, p. 26).
Statut de lerreur
Dans cette conception, lerreur est positivée, elle est au cur même du processus dapprentissage par lélève car elle fait partie de la reconstruction du savoir par lélève. Lerreur est un indicateur des savoirs, des représentations mises en jeu dans les ensembles de problèmes où elle se manifeste. Létat de savoir dun sujet peut être considéré comme un système en équilibre. Tout apprentissage y introduit une perturbation (déséquilibre) dont lerreur est le témoin : elle permet de voir comment le système se réorganise, évolue.
La didactique emprunte ce statut de lerreur au modèle piagétien. Brousseau (1983) affirme que :
Lerreur nest pas seulement leffet de lignorance, de lincertitude, du hasard que lon croit dans les théories empiristes ou béhavioristes de lapprentissage, mais leffet dune connaissance antérieure, qui avait son intérêt, ses succès, mais qui, maintenant, se révèle fausse, ou simplement inadaptée.
Brousseau (1983, p. 171)
Prise dinformation par le professeur et élaboration de situations didactiques
La prise dinformation par le professeur portera non seulement sur les produits finis, mais également sur la façon de procéder de l'élève. L'observation, par le professeur, de lactivité de lélève deviendra pour lui un élément déterminant pour la construction de situations didactiques. Ainsi, si le professeur vise lapprentissage, il devra concevoir des situations porteuses dun conflit qui devra être dépassé par lélève dans son processus dapprentissage.
3. Modèles de décisions didactiques
Aussi bien en sciences de léducation quen didactique des mathématiques, des modèles concernant les décisions didactiques ont été proposés. Leur caractéristique commune fait émerger au moins deux étapes dans le processus denseignement. La première consiste à révéler létat de connaissances initial de lélève, où les décisions la concernant sont prises dans le but détablir un « diagnostic ». Dans ces modèles, un diagnostic est compris soit comme lidentification de létat de connaissances de lélève sur une notion à un moment donné, soit comme le repérage derreurs de lélève, ou encore comme lidentification des procédures utilisées par lélève dans la résolution dun problème. Ce diagnostic établi par le professeur servira par la suite pour lélaboration des séquences didactiques qui amèneront lélève à construire une nouvelle connaissance.
Dans ce qui suit, nous présentons quelques modèles généraux de décisions didactiques, et ensuite des études concernant la prise de décisions à propos de la symétrie orthogonale.
3.1. Modèle proposé par Piéron
Dans le contexte de lenseignement déducation physique et sportive (E.P.S.), Piéron (1993) a étudié les comportements des professeurs et les décisions quils prenaient lors de la préparation de leurs cours. Il en a déduit un modèle de prise de décisions qui met en relief deux phases dans le processus denseignement, phase « pré-interactive » et phase « interactive » :
ref SHAPE \* MERGEFORMAT
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 8. Modèle de prise de décisions en classe (Piéron, 1993, p. 7)
La phase pré-interactive concerne la planification du cours par le professeur, lélève nétant pas présent physiquement. A ce moment-là, le professeur prend des décisions concernant en particulier le choix des tâches, des moments de les proposer aux élèves et des moyens de rétroactions possibles. La phase interactive est la situation de la salle de classe elle-même. Ici, le professeur met en place les décisions prises durant la phase pré-interactive. Il présente aux élèves les tâches choisies, évalue lactivité, les réactions ainsi que les comportements des élèves, ce qui lamène à prendre dautres décisions relatives à lévaluation et au réajustement du processus denseignement. Dans ce modèle, les deux phases ne sont pas isolées lune de lautre, car une étape dévaluation de laction entreprise par le professeur les relie en boucle.
3.2. Modèle proposé par Charnay et Mante
La motivation de Charnay et Mante (1992) est dabord la recherche des causes derreurs fréquentes des élèves pour pouvoir, ensuite, proposer une situation dapprentissage pour y remédier. Cest pourquoi ils se sont posé des questions relatives à lapprentissage (comment nos élèves apprennent-ils ?) ainsi quà lenseignement (quest-ce qui doit caractériser les activités que je propose à des élèves ?). Dans le but de répondre à ces questions, ils ont proposé le modèle suivant :
ref SHAPE \* MERGEFORMAT
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 9. Modèle de décisions didactiques proposé par Charnay & Mante (1992, p. 6)
Ce modèle précise la case « feedback » du précédent. De plus, le diagnostic se trouve aussi dans la phase interactive.
Ce modèle prévoit une phase où des hypothèses sont émises concernant lorigine des erreurs des élèves. Parmi les hypothèses possibles, les auteurs soulignent : la conception de lapprentissage qui soutient le travail du professeur ; les caractéristiques de lélève (les erreurs ont une origine ontogénique, ou bien elles sont dues aux limitations des capacités dans le domaine du traitement de linformation, par exemple), ou encore les attentes réciproques du professeur et de lélève à propos du type de tâche à résoudre (contrat didactique). Une fois le diagnostic établi, une première décision didactique doit être prise : faut-il remédier ou non à ces erreurs ? Les auteurs signalent que cette décision va dépendre du jugement du professeur au sujet des conséquences que lerreur peut apporter à tout apprentissage ultérieur et de la conception de lapprentissage de ce professeur (ibid. p. 18-20) : Cette erreur est-elle néfaste à lapprentissage ultérieur ? Est-elle utile à lacquisition dautres concepts ? Dans le cas où le professeur décide que lerreur doit être corrigée, un enchaînement de situations est mis en place. Le choix des activités à proposer sera également effectué en fonction de lorigine de lerreur précédemment identifiée, et aussi en fonction de la conception de lapprentissage du professeur. Une fois ce dispositif mis en place, le modèle prévoit un nouveau diagnostic visant dune part, à aider lélève à prendre conscience de son apprentissage et dautre part, à évaluer lefficacité du dispositif de remédiation.
3.3. Modèle proposé par Tahri
Lobjectif de Tahri (1993) a été détudier les décisions didactiques des professeurs dans le contexte de la symétrie orthogonale. Pour ce faire, elle a conçu un dispositif lui permettant danalyser les décisions prises par des professeurs. Dans son dispositif expérimental, un tuteur hybride constitué de deux tuteurs humains (des professeurs) et un tuteur artificiel, a été mis en interaction avec un binôme délèves dont il a dû piloter lapprentissage. Linteraction entre les trois tuteurs a été analysée de manière à faire émerger et dexpliciter les critères des professeurs concernant les décisions qui portent sur le choix des problèmes. Les décisions ont pu être prises soit en partie de manière automatique et en partie par des tuteurs humains, soit en totalité par les tuteurs humains si ceux-ci nétaient pas en accord avec les propositions du tuteur artificiel. Dans la démarche expérimentale, deux tuteurs humains travaillant ensemble avaient pour tâche d'examiner lécran de lélève auquel ils avaient accès à partir de leur poste, de se mettre daccord sur le diagnostic des procédures et de prendre des décisions didactiques, en acceptant ou non les propositions du tuteur artificiel.
Douze binômes d'une classe de cinquième ont participé à cette recherche, en utilisant une version du logiciel Cabri Géomètre préparée pour cette expérimentation. Lors de la prise de décisions, les tuteurs humains ont dû réagir aux difficultés des élèves liées soit à la conception de la symétrie, soit à lutilisation du logiciel Cabri Géomètre. Le scénario dune séance de travail des tuteurs humains peut être représenté par le schéma ci-dessous :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 10. Modèle de décisions didactiques proposé par Tahri (1993) : schéma simplifié dune séance de travail des tuteurs humains (Lima &Trgalová, 2005)
Les tuteurs humains prenaient des décisions concernant le diagnostic et le feedback, en fonction de la tâche proposée et de leurs interprétations de la procédure utilisée par lélève. Pour cela, ils connaissaient lensemble des problèmes quils pouvaient proposer, ainsi que la typologie des procédures de construction susceptibles dêtre mobilisées par les élèves. Le diagnostic de procédures était établi à partir de lobservation des objets géométriques produits par les élèves, des relations entre ces objets, ainsi que du discours tenu par les élèves à propos de ces objets. Ainsi, pour choisir un nouveau problème, les tuteurs humains ont considéré trois aspects : la nature de l'objet du savoir en jeu (la symétrie orthogonale), les éléments de cet objet (axe, segment...) et les relations entre ces éléments.
Les résultats montrent que les procédures utilisées par les élèves sont plutôt de type global et analytique et que, pour certains élèves, les procédures ont évolué dune procédure globale vers une procédure analytique. Daprès lauteur, une explication de ce passage de laspect global à laspect ponctuel vient de lenchaînement des situations pertinentes proposées par les professeurs.
Étant donné notre intérêt pour les prises de décisions des professeurs concernant la symétrie orthogonale, dans ce qui suit nous présentons le déroulement dune séance de travail des tuteurs humains (professeurs) et leurs prises de décisions didactiques dans un cas de réussite, ainsi que dans un cas déchec des élèves aux tâches proposées.
Décisions didactiques relatives à la symétrie orthogonale
Nous présentons ici un exemple des décisions prises par les tuteurs humains dans le cadre de la recherche de Tahri, dabord dans un cas de réussite et ensuite dans un cas déchec. Rappelons que le problème résolu par les élèves est celui de la construction du symétrique dun segment par rapport à une droite. Les variables didactiques considérées dans lanalyse sont les directions du segment et de laxe de symétrie sur la feuille (oblique, verticale, horizontale) ; lintersection de laxe de symétrie avec le segment (le segment touche laxe, le segment coupe laxe, lintersection du segment avec laxe est vide) et langle formé par ces deux éléments (0°, 90°, angle quelconque).
Décisions didactiques dans un cas de réussite (Tahri p. 171-173)
La séquence de problèmes est proposée dans lobjectif de mettre à l'épreuve les connaissances des élèves, et les problèmes sont ainsi peu à peu complexifiés.
Problème initial :
axe vertical, segment oblique, intersection vide et angle quelconquePb1 : axe oblique, segment horizontal, intersection vide et angle quelconquePb2 : axe oblique, segment non orthogonal à laxe avec une extrémité sur laxePb3 : un axe perceptivement médiatrice du segmentTableau SEQ Tableau \* ARABIC 17. Séquence de problèmes proposée par les tuteurs humains à des élèves dans un cas de réussite (Tahri, 1993)
Lors du choix du « problème initial » pour réaliser un premier diagnostic de procédures, les tuteurs humains ont estimé que la verticalité de laxe pouvait être un élément facilitateur de la résolution du problème par les élèves. Pour résoudre ce problème, les élèves ont utilisé les propriétés correctes, orthogonalité à laxe et report de distances, pour construire les symétriques des deux extrémités du segment, et ils ont ainsi obtenu la réponse correcte. Face à cette réussite des élèves, les tuteurs humains ont pris la décision de modifier les valeurs des variables « direction de laxe de symétrie » et « direction du segment », en leur soumettant un problème où laxe est oblique et le segment horizontal, avec lobjectif de tester la procédure de rappel horizontal, dautant plus que dans le problème initial, le rappel orthogonal peut être confondu avec le rappel horizontal. Les élèves ont utilisé la même procédure de résolution. Les tuteurs humains ont cherché à complexifier davantage la tâche, afin de tester la robustesse de la procédure utilisée par les élèves. Dans cette perspective, ils ont proposé le problème Pb2 où le segment a une extrémité sur laxe. En voyant les élèves réussir encore, les tuteurs décident de leur envoyer le problème Pb3 où le segment est globalement invariant (laxe de symétrie est perceptivement la médiatrice du segment), quils jugeaient dune grande complexité. Lobjectif de cette décision était damener les élèves au-delà de « lalgorithmisation » de la procédure de telle sorte quils sinterrogent sur la signification de la notion de symétrie favorisée par cette invariance globale. Laccomplissement de toutes les étapes de la séquence permet, aux yeux des tuteurs humains, dattester lacquisition de la notion de symétrie orthogonale par ces élèves.
En résumé, la logique sous-jacente aux décisions des tuteurs humains pour complexifier le problème, a consisté à jouer avec la propriété dinvariance des points sur laxe. Le problème initial et le problème Pb1 (cf. REF _Ref125703544 \h \* MERGEFORMAT Tableau 17) ne mettent pas en jeu cette propriété, et pour les résoudre, lélève peut construire les symétriques des deux extrémités du segment. Le problème Pb2 met en jeu cette propriété, sa résolution par lélève nécessite alors une réduction de la procédure (construction dune seule extrémité du segment), ce qui rend le problème plus complexe. Enfin, linvariance du segment entier dans le Pb3 ne nécessite aucune construction lors de sa résolution, ce qui peut perturber les élèves qui pensent quil faut faire une construction pour résoudre ce problème.
Décisions didactiques dans un cas déchec (Ibid. 187-190)
Problème initial : axe vertical, segment oblique, intersection vide et angle quelconque Pb1 : axe oblique, segment horizontal, segment touche laxe et angle quelconquePb2 : axe et segment horizontaux et intersection videTableau SEQ Tableau \* ARABIC 18. Séquence de problèmes proposée par les tuteurs humains à des élèves dans un cas déchec (Tahri, 1993)
En analysant la réponse des élèves au problème initial, les tuteurs humains ont diagnostiqué une procédure de construction globale erronée, qui renvoie à la conception « parallélisme ». Pour produire une situation dapprentissage chez ces élèves, ils ont proposé le problème Pb1 où le segment a une extrémité sur laxe. La finalité de ce choix était de transformer la tâche de construction du symétrique du segment en une tâche de production dun outil (cercle ou droite), afin de provoquer le passage dune procédure de construction globale vers une procédure analytique. En résolvant le problème, les élèves ont répondu à lattente des tuteurs ; cependant ils ont mis en uvre une deuxième procédure erronée, celle du prolongement qui renvoie à la conception « symétrie centrale ». Les variables du problème ont certainement favorisé lapparition de cette procédure.
Les élèves ayant déclaré avoir terminé la construction, les tuteurs humains leur ont envoyé un message pour les inciter à valider la construction par déplacement. Cette validation a provoqué un réajustement chez les élèves, les amenant à évoluer de la conception « symétrie centrale » à la conception « symétrie orthogonale ». Malgré cette évolution, le but des tuteurs humains à ce stade de la séquence, était damener les élèves à dégager et à utiliser les outils cercle et droite perpendiculaire. Pour cette raison, ils ont proposé le problème Pb2 dont les variables favorisent lutilisation de droites perpendiculaires. Les élèves ayant répondu à leurs attentes, les tuteurs ont proposé à nouveau le « problème initial » pour vérifier si les élèves réinvestissaient les outils dégagés.
Cet exemple montre que face à une situation déchec, lintention des tuteurs humains a été dabord de déstabiliser la procédure erronée, et ensuite de faire émerger des opérateurs corrects chez les élèves. Ils ont utilisé des stratégies de guidage en transformant le problème de construction du symétrique en un autre problème, avec lobjectif damener les élèves à dégager des outils géométriques pertinents pour la résolution du problème pour, ensuite, conduire les élèves à les utiliser.
3.4. Décisions didactiques dans le cadre du projet BAP : étude dun exemple concernant la symétrie orthogonale
Dans le cadre du projet européen BAP Baghera Assessment Project (Soury-Lavergne 2003, Webber 2003), nous avons étudié des décisions didactiques qui pourraient être prises par des professeurs. Ce projet se place dans la problématique des EIAH. Une plate-forme informatique d'enseignement à distance Baghera a été développée qui était destinée, dans sa première version, à la résolution de problèmes de preuve en géométrie. Elle est conçue sur une architecture multi-agents pour former une société d'agents humains et artificiels en interaction. C'est à partir de ces interactions que se développent des activités comme la création et la sélection de problèmes, la vérification d'une preuve et le diagnostic des conceptions de l'élève. De cette interaction peut également émerger un processus dapprentissage.
Le travail développé au sein du projet BAP porte sur les conceptions des élèves relatives à la notion de symétrie orthogonale.
Les idées principales sur lesquelles sappuie la recherche sont les suivants :
La connaissance humaine est constituée dune multiplicité de conceptions localement valides qui ont comme critère de pertinence leur efficacité dans des sphères de pratique spécifiques, et non leur conformité à un savoir de référence (Balacheff 2001) ;
Il nexiste pas une unique stratégie didactique efficace pour faire évoluer les connaissances de lélève, mais un ensemble de stratégies localement utilisables en fonction des connaissances dont lapprentissage est visé et des conceptions disponibles chez l'apprenant ;
Lapprentissage est un processus qui résulte dune interaction entre des agents connaissants (Balacheff 2000). Ces agents peuvent être humains (élève, professeur) ou artificiels (entités informatiques spécialisées).
Nous présentons dans ce qui suit létude de décisions didactiques à partir d'un exemple traité dans le contexte de ce projet.
Le problème de preuve ci-dessous a été proposé à des élèves de plusieurs classes de quatrième.
Problème P1
Soit le segment [AB] parallèle à la droite d. Soit [AB] le symétrique de [AB] par rapport à d. Ni A, ni B ne sont sur d. Quelle est la nature du quadrilatère ABBA ? Démontrez-le.
ref SHAPE \* MERGEFORMAT Figure SEQ Figure \* ARABIC 19. Problème Pb1 (cf. Projet BAP)
A ce problème, un élève a fourni la démonstration suivante :
Le segment [AB] est symétrique de [AB] par rapport à d, alors les 2 segments sont parallèles. Par définition [AA] est perpendiculaire à (d) et [BB] est aussi perpendiculaire à cette même droite, donc ils sont tout les 2 parallèles. Donc dans le quadrilatère AA'B'B : [AB]//[A'B'] et [BB]( [AB]. Alors le quadrilatère AA'B'B est rectangle.Le diagnostic des conceptions de lélève a été réalisé de façon automatique par Baghera, qui avait dans sa base de données les quatre conceptions de la symétrie orthogonale identifiées par Tahri (cf. p. PAGEREF _Ref125708620 \h 50). Le résultat du diagnostic de Baghera est le suivant : conception « symétrie orthogonale » ou conception « parallélisme ».
A partir de ces données, nous avons procédé à une analyse a priori des décisions didactiques possibles.
Analyse a priori des décisions didactiques
En considérant le diagnostic de Baghera, deux cas ont été envisagés :
1. Soit l'élève a utilisé l'opérateur « si [AB] = Sym ([AB], d) et (AB) // d, alors [AB] // [AB] », c'est à dire quil a utilisé l'hypothèse (AB) // d de manière implicite. Dans ce cas, la preuve est correcte (conception « symétrie orthogonale »).
2. Soit l'élève a utilisé l'opérateur « si [AB] = Sym ([AB], d), alors [AB] // [AB] ». Dans ce cas, lélève considère quun segment et son symétrique sont parallèles, ce qui indique la conception « parallélisme ».
Afin de pouvoir déterminer lequel des deux opérateurs a été utilisé, il faudra proposer des problèmes en dehors du domaine de validité de la conception « parallélisme », c'est-à-dire des problèmes où le segment n'est pas parallèle à l'axe, auquel cas la conception « parallélisme » ne permet pas de donner la réponse correcte.
Ainsi, une première décision à prendre serait celle d'affiner ce diagnostic (décision 1) en proposant un « bon » problème, qui à l'issue de ce nouveau diagnostic permettrait la confirmation de la conception « symétrie orthogonale » ou de la conception « parallélisme ».
Une fois que le diagnostic donne la nature de la conception mobilisée dans la résolution du problème proposé, deux cas de figure se présentent. Si le nouveau diagnostic confirme la conception correcte (conception symétrie orthogonale), on pourra supposer que l'élève a effectivement considéré le parallélisme du segment [AB] avec l'axe d, mais cette hypothèse est restée implicite dans la preuve produite. Deux décisions sont alors possibles : ne rien proposer à l'élève (décision 0), ou bien lui proposer des situations pour renforcer cette conception (décision 2). En revanche, si la conception confirmée est celle du parallélisme, il faudra proposer une séquence de problèmes pour faire évoluer cette conception vers une conception cible (décision 3). Dans le cadre de ce projet, nous avons réalisé une étude a priori de la décision 1 (affiner le diagnostic) que nous présentons ci-dessous :
Pour affiner le diagnostic nous avons envisagé plusieurs possibilités. Une de ces possibilités consistait à proposer à lélève un problème présentant une certaine proximité avec le problème précédent. Cette proximité serait caractérisée par au moins trois aspects : la nature de l'objet de savoir en jeu (dans notre cas, la symétrie orthogonale), les éléments de cet objet (segment, axe de symétrie, etc.), et les relations entre ces éléments (intersection de laxe et du segment, angle formé par laxe et le segment, etc.). Ainsi, le choix dun nouveau problème devrait prendre en compte dune part, l'analyse du diagnostic précédent et dautre part, les caractéristiques du problème résolu par lélève (problème P1). Dans notre exemple, ce qui va être déterminant dans ce choix est alors la position du segment [AB] par rapport à l'axe d. Autrement dit, il faudra proposer à lélève des problèmes où le segment n'est pas parallèle à l'axe, auquel cas la conception « parallélisme » ne permet pas de donner la réponse correcte. C'est l'exemple du problème P2, qui est une adaptation du problème P1 :
Problème P2
Soit le segment [AB] non parallèle et non sécant avec la droite d. Soit [AB] le symétrique de [AB] par rapport à d. Quelle est la nature du quadrilatère ABBA ? Démontrez-le.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 20. Problème Pb2 (cf. Projet BAP)
Analyse a priori du problème P2
On peut s'attendre à deux types de réponses :
R1 : C'est un parallélogramme ;
R2 : C'est un trapèze isocèle.
La réponse R1 peut être la manifestation de deux conceptions : symétrie centrale (cf. REF _Ref134603744 \h \* MERGEFORMAT Figure 21) et parallélisme (cf. REF _Ref134603858 \h \* MERGEFORMAT Figure 22). Dans les deux cas, l'argumentation peut faire appel au même opérateur « si [AB] = Sym ([AB], d) alors [AB] // [AB] », ce qui ne permet pas de disqualifier l'une ou l'autre de ces deux conceptions. En revanche, l'ordre des sommets permettra de trancher entre ces deux conceptions.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 21. R1 : « symétrie centrale » par rapport au point dintersection des diagonales du parallélogramme
Figure SEQ Figure \* ARABIC 22. R1 : « parallélisme »La réponse R2 (cf. REF _Ref134604310 \h \* MERGEFORMAT Figure 23) peut être la manifestation de deux conceptions : symétrie orthogonale et symétrie oblique. Les opérateurs possibles dans la preuve ne permettent pas de trancher entre les deux conceptions.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 23. R2 : symétrie orthogonale ou symétrie oblique
Cette brève analyse a priori montre la complexité du diagnostic. Elle met en évidence que dans ce cas particulier, il ne suffit pas de choisir un problème en dehors du domaine de validité de la conception « parallélisme » pour affiner le diagnostic.
Réponse au problème P2DiagnosticNouveau diagnosticR1 : C'est un parallélogrammeSymétrie Centrale
ParallélismeOn ne peut pas conclure
ParallélismeR2 : C'est un trapèze isocèleSymétrie Orthogonale
Symétrie ObliqueSymétrie Orthogonale
On ne peut pas conclureDans ce cas, un nouveau diagnostic est envisageable. Pour le faire, nous pouvons proposer un problème P3, ayant le même énoncé que P2, mais où l'axe d n'est pas vertical.
Problème P3
Soit le segment [AB] non parallèle et non sécant avec la droite d. Soit [AB] le symétrique de [AB] par rapport à d. Quelle est la nature du quadrilatère ABBA ? Démontrez-le.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 24. Problème Pb3 (cf. Projet BAP)
Analyse a priori du problème P3
Nous avons envisagé trois réponses à ce problème qui peuvent conduire aux diagnostics suivants :
Réponse au problème P3DiagnosticNouveau diagnosticR1 : C'est un trapèze Symétrie ObliqueOn ne peut pas conclureR2 : C'est un parallélogrammeSymétrie Centrale
ParallélismeOn ne peut pas conclure
ParallélismeR3 : C'est un trapèze isocèleSymétrie OrthogonaleSymétrie Orthogonale Nous pouvons résumer ce processus de caractérisation de la conception de cet élève de la manière suivante : pour affiner le diagnostic, nous avons construit les problèmes (P2 et P3) qui, pour l'élève, sont proches du problème P1. Mais certaines réponses à ces problèmes nécessitent de nouveaux diagnostics. Une fois que le diagnostic est affiné, c'est-à-dire qu'il donne une seule conception, trois décisions peuvent être prises : ne rien faire (décision 0), renforcer la conception (décision 1) ou déstabiliser la conception (décision 3). Chacune des deux décisions (1 et 3) mobilisera un ou plusieurs problèmes.
Signalons que ce modèle de décisions didactiques n'a pas été implémenté dans la plate-forme Baghera, restant ainsi au niveau du projet.
4. Notre modèle de décisions didactiques
A partir des modèles de décisions didactiques présentés plus haut, et en nous appuyant sur la caractérisation des contrôles susceptibles dêtre mobilisés par les élèves dans la résolution de problèmes sur la symétrie orthogonale (cf. à partir de la page PAGEREF _Ref134585777 \h 72), nous avons construit un modèle de décisions didactiques qui est présenté par le schéma ci-dessous :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 11. Modèle de Décisions Didactiques
Nous retenons les deux étapes de décisions des modèles présentés : diagnostic et processus denseignement. Cependant, dans notre modèle le diagnostic est compris comme la caractérisation des conceptions de lélève sur une notion étudiée à un moment donné (dans notre cas la symétrie orthogonale). Les structures de contrôles de ces conceptions sont décrites en termes de contrôles, aussi bien ceux qui ont été mis en uvre par lélève que ceux qui semblent absents. En effet, nous considérons que l'identification de ces contrôles chez l'élève constituera le point de départ pour la construction d'un processus d'enseignement. Par ailleurs, notre modèle ne se limitera pas à la prise en compte des quatre conceptions identifiées par Tahri (cf. p. PAGEREF _Ref134605851 \h 51), comme cétait le cas dans le contexte du Projet BAP.
Nous envisageons trois types de décisions en fonction des contrôles identifiés. Si ces contrôles sont tous corrects, deux types de décisions peuvent être prises : soit arrêter le processus d'enseignement concernant la notion en jeu, soit proposer des problèmes pour renforcer ces contrôles.
Dans le cas où au moins un des contrôles identifiés est erroné, la décision envisagée est de mettre en place un processus pour organiser un milieu dans le but de favoriser lapprentissage chez lélève. Ce processus consiste à proposer une série de problèmes bien ciblés. Il est organisé en quatre étapes :
Étape 1. Déstabiliser le ou les contrôle(s) erroné(s). Les problèmes proposés dans cette étape ont pour objectif de favoriser la mobilisation par lélève de(s) contrôle(s) correct(s), mais également des contrôles erronés de manière à provoquer un conflit entre ces contrôles. Nous supposons que ce conflit permettra de déstabiliser les contrôles erronés, une fois que lélève peut prendre conscience des limites de la validité de la procédure sappuyant sur ces contrôles. Les variables des problèmes constituant cette étape doivent alors être choisies en sorte de provoquer ce conflit.
Étape 2. Dégager des contrôles corrects. Lobjectif de cette étape est de permettre la découverte et l'appropriation par l'élève des propriétés de la notion étudiée. A partir de ces propriétés, l'élève pourra dégager des contrôles corrects.
Étape 3. Réinvestir les contrôles corrects. Dans cette étape, on propose des problèmes pour permettre l'utilisation des contrôles dégagés dans létape précédente. Pour favoriser le réinvestissement, ces problèmes doivent être du type de ceux déjà résolus.
Étape 4. Établir un nouveau diagnostic. Après la mise en place des trois étapes précédentes, il faudra tester la stabilité des contrôles dégagés par lélève. Pour ce faire, il lui faudra proposer des problèmes de types différents dans le but dévaluer si lélève est capable de réutiliser ces connaissances dans des contextes différents.
Ce modèle sera instancié pour le cas dun élève particulier, dans le chapitre 6 (cf. p. PAGEREF _Ref134599481 \h 207).
Partie B : ÉTUDE EXPÉRIMENTALE
Chapitre 5 : EXPÉRIMENTATION 1les productions des ÉLÈVES
Dans ce chapitre, nous présenterons dabord le contrat expérimental et les problèmes proposés aux élèves. Ensuite nous procéderons à lanalyse a priori de ces problèmes, et enfin à l'analyse a posteriori des productions des élèves en deux temps : analyse quantitative de lensemble des copies des élèves et analyse des trois copies construites pour lexpérimentation auprès des professeurs.
1. Introduction
Dans le chapitre 3 (cf. p. PAGEREF _Ref129930161 \h 45) nous avons réalisé une étude théorique à propos de connaissances délèves sur la notion de symétrie orthogonale. Les résultats de cette étude nous ont permis de répondre en partie à notre première question de recherche, relative à la caractérisation a priori des structures de contrôles des conceptions de la symétrie orthogonale. En effet, nous avons modélisé a priori des contrôles susceptibles dêtre mobilisés par l'élève dans la résolution des problèmes de construction et de reconnaissance de figures symétriques ; et aussi les procédures de construction, en termes de contrôles.
Cependant, à partir de la méthodologie utilisée nous navons pas eu accès a priori aux opérateurs. Nous avons alors fait l'hypothèse quune étude expérimentale pourrait apporter des éléments pour y accéder. En effet, nous pensons que nous pouvons accéder aux éléments qui caractérisent une conception, en particulier aux opérateurs et aux systèmes de représentation, à partir de l'analyse a posteriori de la production de l'élève. Lobjectif de cette expérimentation est double :
recueillir des productions délèves afin de pouvoir identifier les types de réponses et de procédures ;
concevoir des copies pour lexpérimentation suivante, menée auprès des professeurs dans le but détudier leurs prises de décisions didactiques.
2. Le public et le contrat expérimental
Dans le but dobtenir des données qui nous serviraient de base pour létude des décisions didactiques des professeurs, nous avons réalisé lexpérimentation dans une situation de classe ordinaire où les élèves ont eu à résoudre des problèmes relatifs à la symétrie orthogonale. Les élèves savaient qu'il s'agissait d'une activité proposée dans le cadre d'une recherche, et quelle ne serait pas notée.
L'expérimentation a été menée auprès de 51 élèves de deux classes de quatrième (13-14 ans dâge) dun collège à Grenoble.
Bien que la symétrie orthogonale soit étudiée en classe de sixième, étant donné que dans les problèmes proposés les élèves devaient expliquer leurs réponses, nous avons supposé que ce niveau de classe serait plus approprié à cette fin. En effet, les élèves de 4e sont habitués à formuler des justifications, car ils sont amenés à prouver des conjectures et des énoncés depuis la classe de 5e. Dautre part, parce que nous avons cherché à vérifier chez ces élèves si des connaissances erronées à propos de la symétrie ont résisté à l'enseignement.
Les élèves ont travaillé individuellement. Le professeur de mathématiques de la classe et la chercheuse ont été présents en salle de classe. Le rôle de cette dernière était dexpliquer les consignes des problèmes en cas déventuelles difficultés de compréhension des élèves.
Les élèves avaient à leur disposition la feuille d'activité, des crayons et les instruments de dessin : règle graduée, équerre et compas, et le papier calque. Ils disposaient de 50 minutes environ pour réaliser lactivité, la durée habituelle d'un cours en classe.
Nous avons proposé aux élèves cinq problèmes : deux de reconnaissance de figures symétriques, deux de construction de figures symétriques et un de reconnaissance et construction daxe de symétrie. Les feuilles dactivité fournies aux deux classes ne sont pas constituées de la même façon. Ainsi, il y a des problèmes qui ont été résolus par les élèves dune des classes seulement. La résolution des problèmes choisis ne requiert que des connaissances concernant la notion de symétrie orthogonale, choix que nous avons fait dans le but déviter des fuites au niveau de lanalyse des résultats obtenus. Dans tous les problèmes, les figures sont présentées sur papier blanc et tous les instruments de dessin (règle graduée, compas, équerre...) sont autorisés.
Nous avons choisi de demander aux élèves de justifier chaque réponse. Notre hypothèse est que ces justifications nous apporteront des éléments nous permettant de mieux interpréter les choix et les constructions des élèves, et aussi dexpliciter les opérateurs et les contrôles.
Les données recueillies ont comme support les copies des élèves.
3. Problèmes proposés aux élèves
Problèmes de reconnaissance de figures symétriques
1. Problème-flèche
Quelle est la couleur de la flèche symétrique de la flèche noire par rapport à la droite (d) ? Justifie ta réponse.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 25. Problème-flèche
2. Problème segment-losange
Soit un triangle équilatéral ABC. Le point A est le symétrique du point A par rapport à la droite d. L est le milieu du segment [AB], M est le milieu du segment [BC] et N le milieu du segment [AC]. P est lintersection de la droite (LM) avec la droite (CA) et O est lintersection de la droite (NM) avec la droite (BA). Quel est le symétrique du segment [NM] par rapport à la droite d ? Justifie ta réponse.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 26. Problème segment-losange
Problèmes de construction de figures symétriques
3. Problème-segment
Avec les instruments usuels, construis le symétrique du segment ci-dessous par rapport à la droite d. Explique ta construction.
Figure segment_1
Figure segment_2
Figure SEQ Figure \* ARABIC 27. Problème-segment
4. Problème-maison
Avec les instruments usuels construis le symétrique de la figure ci-dessous par rapport à la droite d. Explique ta construction.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 28. Problème-maison
Problème de reconnaissance et construction d'axe de symétrie
Avec la règle non graduée et le compas, construis si possible le(s) axe(s) de symétrie de chaque figure ci-dessous. Justifie chaque réponse.
a)
b)
c)
d)
Figure SEQ Figure \* ARABIC 29. Exercice 5 : problème de reconnaissance et construction daxe de symétrie
Remarque
Comme les problèmes de reconnaissance et/ou construction de laxe de symétrie sont présents dans l'enseignement de la symétrie orthogonale, nous avons souhaité initialement traiter ce type de problèmes également, et pour cette raison nous avons intégré ce problème à notre dispositif expérimental. Cependant, face à la complexité de l'analyse des problèmes de construction et de reconnaissance de figures symétriques, nous avons pris la décision de nous limiter à ces deux types de problèmes. Pour cette raison dans ce manuscrit, nous ne présentons pas l'analyse a priori ni a posteriori de ce problème. Cependant, les professeurs participant à la deuxième expérimentation ont eu accès aux réponses des élèves à ce problème également.
4. Analyse a priori
Cette analyse sappuie sur la caractérisation des contrôles et sur la description des procédures de construction, présentées précédemment.
En ce qui concerne les problèmes de construction de figures symétriques, soulignons qua priori toutes les procédures décrites dans la section 5 du chapitre 3 (cf. p. PAGEREF _Ref130182750 \h 86) peuvent être mises en oeuvre dans la construction des figures images. Cependant, le choix de la procédure de résolution dun problème dépendant des variables didactiques de celui-ci, nous supposons que certaines variables des problèmes favorisent, plus que dautres, la mise en uvre par l'élève dun type de procédure donné. Ainsi, dans lanalyse a priori des problèmes, nous navons pas lintention dêtre exhaustifs, et nous étudierons seulement les procédures qui de la manière la plus plausible nous paraissent devoir être mises en uvre par lélève, en fonction des variables du problème traité.
Pour chaque problème, nous présentons dabord une description en termes de variables didactiques, et puis lanalyse a priori.
4.1. Problème-flèche
Description du problème en termes de variables didactiques
Variable didactiqueValeurNature du problèmeReconnaissance de la figure symétrique Spécificité de la figure F (flèche noire)F possède des segments parallèles à laxe de symétrie ;
F possède un axe de symétrie qui nest ni parallèle ni perpendiculaire à laxeNature de FSimple (figure comporte peu de segments) Orientation des segments de la figure F sur la feuille Oblique ; Horizontale ; VerticaleOrientation de laxe sur la feuilleVerticaleIntersection de la figure avec laxeVidePosition relative de F et FF et toutes les figures candidates possèdent des segments parallèlesTableau SEQ Tableau \* ARABIC 19. Variables didactiques et valeurs concernant le problème flèche
Chacune des trois figures candidates au symétrique de la flèche noire (cf. REF _Ref134693673 \h \* MERGEFORMAT Figure 25, p. PAGEREF _Ref134693674 \h 128 à gauche de laxe) ont les mêmes forme et taille que celle-ci. Par ailleurs, la flèche noire et les candidates sont de part et dautre de laxe. Ainsi, bien que dans la résolution de ce problème, des contrôles liés aux critères « forme » et « taille » puissent intervenir dans le choix de lélève, et encore que cet élève puisse prendre en compte le fait que les figures objet et image sont dans des demi-plans différents délimités par la droite d (£demi-plan), ces contrôles ne permettent pas à l élève de choisir une de ces trois figures. Ainsi, nous ne considérons donc que les critères et les contrôles qui peuvent être déterminants dans le choix de la figure symétrique.
Les contrôles qui peuvent permettre de distinguer lune de ces figures comme symétrique de la flèche noire relèvent des critères « direction », « distance à laxe » et « position ». Chacune des figures candidates renvoie à des contrôles différents. Nous y reviendrons plus loin dans létude des choix possibles.
Par ailleurs, bien que le pliage et le calque ne soient pas suggérés dans l'énoncé du problème, le choix dune des flèches candidates peut relever de l'utilisation de ces outils.
En ce qui concerne le pliage, comme nous lavons prévu dans létude des procédures de construction, il peut être effectif ou mental. Dans le premier cas, un contrôle concernant la superposition des figures par pliage est mobilisé dans la reconnaissance de la figure, en fonction de la droite choisie par lélève. Le pliage mental relève de la reconnaissance par la perception globale. Nous considérons que lélève reconnaît limage dune figure par pliage mental, quand il utilise cet argument dans son explication. Cependant, lélève peut utiliser largument du pliage sans forcément contrôler son choix par la superposition effective des figures. Dans ce cas, nous navons pas les moyens daffirmer quun contrôle lié au pliage est mis en uvre par lélève. Dautres contrôles liés à lappréhension perceptive de la figure peuvent alors intervenir dans ce choix. La reconnaissance perceptive de la figure symétrique peut relever alors des contrôles liés aux critères « direction », « distance à laxe » (une distance perceptive globale de la figure à l'axe) et « position ».
Nous pouvons encore envisager que l'élève puisse choisir une de ces trois flèches comme symétrique de la flèche noire par élimination. Dans ce cas, tous les critères cités peuvent également intervenir dans le choix de lélève. Enfin, ce choix peut être un effet du contrat didactique.
Ci-après, nous cherchons à identifier les contrôles qui nous paraissent susceptibles d'être mobilisés dans le choix de chacune des flèches proposées comme réponse à ce problème.
Flèche bleue
Figure SEQ Figure \* ARABIC 30. Flèche bleue
La prise en compte des propriétés caractéristiques de la symétrie orthogonale (orthogonalité et égalité des distances à laxe) conduira lélève à choisir cette figure comme réponse. Dans ce cas, les contrôles intervenant sont (ortho et (dist.
Ce choix peut relever aussi de la prise en compte par lélève de la propriété dégalité des distances des points à laxe uniquement. Dans ce cas, (dist est le seul contrôle qui intervienne dans ce choix.
Comme il a été déjà évoqué, les résultats des recherches montrent que les orientations horizontale et verticale de laxe sur la feuille jouent un rôle perturbateur pouvant favoriser un rappel horizontal ou vertical. Ce rappel donne pour point-image un point situé sur la même droite horizontale ou verticale que le point-objet (Grenier, 1988). Ainsi, étant donné que la droite d est verticale dans ce problème, le choix de cette figure peut relever également de la prise en compte de la direction horizontale.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 31. Droites (MM) et (NN) : lignes de rappel orthogonal à laxe ou horizontal
Lutilisation du pliage effectif, ou du papier calque correctement peut aussi conduire lélève à choisir cette figure. Les contrôles qui peuvent intervenir dans ce choix sont (pliage_1 et (calque_1, respectivement.
En ce qui concerne la reconnaissance de cette figure par la perception globale, nous supposons que les contrôles susceptibles dintervenir dans ce choix sont liés aux critères « direction », « distance à laxe » et « position ». La distance dans ce cas serait une distance perceptive globale :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 32. Prise en compte dune distance globale entre les figures objet (gauche) et image (droite)
Dans ce cas, les contrôles susceptibles intervenir dans ce choix sont : (hor ou (ortho, (dist, et (rotation avec ou sans retournement.
Flèche verte
Figure SEQ Figure \* ARABIC 33. Flèche verte
La prise en compte par lélève du rappel horizontal peut mener également au choix de cette figure comme réponse. Les flèches noire (figure initiale) et verte sont à la même « hauteur » sur la feuille, ce qui peut renforcer la prise en compte par lélève de la direction horizontale. Comme dans le cas précédent, la distance à laxe peut être une distance perceptive globale entre les deux figures (flèches noire et verte) et la droite d. Les contrôles pouvant intervenir dans ce choix sont alors (hor et (dist. Par ailleurs, étant donné que les flèches noire et verte possèdent des segments parallèles, les contrôles £parallélisme_segment et/ou £translation peuvent également intervenir dans ce choix.
Flèche rouge
Figure SEQ Figure \* ARABIC 34. Flèche rouge
En se basant sur les attributs de la figure, notamment l emplacement spatio-graphique des flèches noire et rouge, nous pouvons interpréter le choix de la flèche rouge comme symétrique de la noire de deux manières différentes :
Interprétation 1 : ce choix peut relever de lalignement des points ou des segments, ce qui peut se traduire par le prolongement du grand segment de la flèche noire, et de légalité des « distances » de ces extrémités à la droite d, suivant la direction donnée par ce segment. Les contrôles qui peuvent intervenir dans ce choix sont alors (prolong et (dist.
Interprétation 2 : ce choix peut relever du parallélisme des segments correspondants en plus du prolongement. Dans ce cas, les contrôles (prolong et £parallélisme_segment sont en oeuvre.
4.2. Problème segment-losange
Étant donné que ce problème consiste à reconnaître le symétrique du segment [NM] par rapport à la droite d (cf. REF _Ref130619675 \h \* MERGEFORMAT Figure 26, p. PAGEREF _Ref134693870 \h 129), nous considérons la figure F comme étant ce segment en particulier. Cependant, dans l'analyse a priori nous prenons en compte le fait que ce segment est une sous-figure d'une figure plus complexe, le losange ABA'C.
Description du problème en termes de variables didactiques
Variable didactiqueValeurNature du problèmeReconnaissance de la figure symétrique Nature de FSimple : sous-figure dune figure complexeOrientation des segments de la figure F sur la feuille Oblique Orientation de laxe sur la feuilleObliqueIntersection de la figure avec laxeTouche (le segment [NM] à une extrémité sur la droite d)Position relative de F et FParmi les segments candidats, plusieurs sont parallèles à FTableau SEQ Tableau \* ARABIC 20. Variables didactiques et valeurs concernant le problème segment-losange
Dans cette figure, plusieurs segments peuvent être choisis comme symétriques du segment [MN]. Parmi ceux-ci, nous ne présentons que les choix les plus probables.
Segment [MP] (la réponse correcte)
Le choix de ce segment peut relever de la prise en compte par lélève de l'égalité des distances des points N et P à la droite d et/ou de lorthogonalité de la droite (NP) avec d, et aussi de linvariance des points de laxe par la symétrie orthogonale (cf. REF _Ref130619675 \h \* MERGEFORMAT Figure 26). Dans ce cas, les contrôles qui peuvent intervenir sont les suivants : (dist, (ortho, (point_invariant, (demi_plan et (rotation (avec ou sans retournement).
Contrairement à ce quon a prévu pour le « problème-flèche » où l'orientation de laxe est verticale, ici, compte tenu de loblicité de laxe, lunique direction possible pour justifier ce choix est orthogonale à l'axe.
Considérant que ce choix peut également relever de lutilisation du pliage effectif et du calque, les contrôles correspondants sont (pliage_1 et (calque_1, respectivement. Enfin, si la reconnaissance de ce segment se fait par perception globale, nous pouvons envisager la mise en uvre par lélève des contrôles (ortho et (dist, ce dernier concernant une distance perceptive globale des deux segments à laxe.
Segment [CP]
Le choix de ce segment comme symétrique de [MN] peut relever de la mise en uvre du contrôle relatif au rappel horizontal, au parallélisme du segment [CP] et [MN], et au fait que les distances des points N et P à la droite d sont égales [D(N,d)=D(P,d)]. Ce choix peut relever aussi de la mise en uvre des contrôles concernant linvariance des points de laxe et le demi-plan, car les segments [CP] et [MN] ont une extrémité sur laxe et sont de part et dautre de la droite d.
Ainsi, les contrôles qui peuvent intervenir dans le choix de ce segment sont les suivants : (dist, (hor, (point_invariant, (demi_plan £parallélisme_segment et/ou (translation (avec ou sans retournement).
Segment [MO]
Ce choix peut relever de la prise en compte par l élève de la direction donnée par le prolongement du segment [MN] et de la distance des points N et O à l axe dans cette direction, et/ou encore du fait que les points N, M, O sont alignés. Il prend en compte l'invariance du point M sur laxe et le fait que les segments [MO] et [NM] soient de part et d'autre de l'axe de symétrie. Enfin, ce choix peut relever du fait que les segments [MO] et [NM] soient parallèles.
Ainsi, les contrôles qui peuvent intervenir dans le choix de ce segment comme symétrique de [NM] sont (dist, (prolong, (point_invariant, (demi_plan, £parallélisme_segment et £rotation ou (translation (avec ou sans retournement).
4.3. Problème-segment
Description du problème en termes de variables didactiques :
Variables didactiquesValeurs Figure_1Figure_2Orientation du segment sur la feuille VerticaleOblique (presque verticale)Orientation de laxe sur la feuilleObliqueOblique (presque horizontale)Nature du problèmeConstruction de la figure symétriqueNature de FSimple (segment)Intersection de la figure avec laxeCoupeTableau SEQ Tableau \* ARABIC 21. Variables didactiques du problème-segment
Procédures analytiques
1. Équidistance
Les symétriques des extrémités du segment sont construits par la méthode sappuyant sur la propriété déquidistance, en utilisant le compas (cf. REF _Ref134774362 \h \* MERGEFORMAT Figure 35). Par cette procédure, si elle est correctement mise en Suvre l élève obtiendra la bonne réponse. Les contrôles intervenant sont £dist et £segment.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 35. Construction analytique par la méthode sappuyant sur la propriété déquidistance
2. Orthogonalité et égalité des distances à laxe
Les images des extrémités du segment sont construites en sappuyant sur les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances à laxe (cf. REF _Ref134774508 \h \* MERGEFORMAT Figure 36). Pour cela, lélève peut utiliser léquerre et la règle, ou léquerre et le compas. La mise en uvre correcte de cette procédure donne également la bonne réponse. Les contrôles intervenant sont £ortho, £dist et £segment.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 36. Construction analytique : direction orthogonale et égalité des distances des points à l axe
3. Direction horizontale sur la feuille et égalité des distances à laxe
Dans la Figure_1, étant donné lorientation verticale du segment sur la feuille, le choix de la direction horizontale peut être privilégiée par lélève.
Dans ce cas, la procédure envisagée est la suivante : les images des extrémités du segment sont construites dans la direction horizontale sur la feuille, en conservant l'égalité des distances à la droite d dans cette direction. Lélève obtiendra comme image un segment de longueur différente, comme le montre la figure ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 37. Construction analytique : direction horizontale et égalité des distances des points à l axe dans cette direction
Les contrôles intervenant dans la construction sont alors £hor, £dist et £segment. Comme nous l avons précisé dans la description des procédures analytiques (cf. chapitre 3), si £taille_1 fait partie de la structure de contrôle de la conception mobilisée par l élève, ce contrôle pourrait intervenir dans la vérification du résultat obtenu et, par conséquent, lélève pourrait être amené à rejeter la procédure.
4. Direction verticale sur la feuille et égalité des distances à laxe
Dans le cas de la Figure_2, la combinaison entre les valeurs « oblique (presque verticale) » du segment et « oblique (presque horizontale) » de laxe peut amener lélève à privilégier la direction verticale pour construire limage des extrémités du segment.
Dans ce cas, la procédure utilisée peut être la suivante : les images des extrémités du segment sont construites dans la direction verticale, en conservant les distances à la droite d dans cette direction. Lélève obtiendra comme image le segment ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 38. Construction analytique : direction verticale et égalité des distances des points à laxe dans cette direction
La direction verticale étant assez proche de la direction orthogonale à laxe, la différence des longueurs des segments objet et image nest pas assez significative pour être facilement perçue. Il ny aurait alors pas de conflit entre contrôles.
5. Demi-tour autour dun point sur laxe
Les images des extrémités du segment sont construites par demi-tour autour dun point sur la droite d. Lélève construit limage du segment comme si cétait par une symétrie centrale. Dans ce cas, en fonction du point choisi sur d plusieurs figures peuvent être obtenues comme le montrent les exemples ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 39. Construction analytique : demi-tour dun point autour dun point sur la droite d
Dans ce cas, les seuls contrôles intervenant sont £rotation et £segment.
Procédures semi-analytiques
L image d une des extrémités du segment est construite de façon analytique par une des procédures décrites précédemment, et ensuite le segment est construit globalement à partir de cette image.
a) Partie analytique : voir lanalyse précédente
b) Partie globale : Compte tenu des variables didactiques en jeu dans les problèmes proposés, dans cette partie de la procédure, les contrôles dont la mobilisation est la plus probable sont les suivants : £taille_1, £demi_plan, £point_invariant, £intersection_F/axe, £parallélisme_segment et £translation ou £rotation (suivie ou non de retournement).
Plusieurs images peuvent être construites en fonction des contrôles exercés par l élève, comme le montrent les exemples ci-dessous :
Partie analytique : £hor et £dist
Partie globale : £taille_1 et £point_invariantPartie analytique : £vert et £dist
Partie globale : £taille_1 et £intersection_F/axe (notons ici l absence de contrôle £point_invariant)Partie analytique : £hor, £dist
Partie globale : £taille_1 et £parallélisme_segment et £demi_plan, ou £rotation (avec ou sans retournement) Partie analytique : £hor, £dist
Partie globale : £parallélisme_segment, £demi_plan ; ou £taille_1 et £rotation (avec ou sans retournement) Partie analytique : £ortho et £dist
Partie globale : £taille_1 et £point_invariant
Dans ce cas, l élève obtiendra comme image une figure perceptivement correcteTableau SEQ Tableau \* ARABIC 22. Exemples de procédures semi-analytiques : problème-segment
En ce qui concerne le « segment figure_1 », lorientation verticale du segment sur la feuille et langle formé par ce segment et la droite d, peuvent amener lélève à utiliser une procédure où un segment est construit globalement sur une droite horizontale, passant par le point dintersection entre le segment initial et la droite d. Dans ce cas, on peut dire que lélève contrôle sa construction perceptivement, par la conservation des longueurs aussi bien celle du segment initial que celle des parties de ce segment se trouvant de part et dautre de laxe de symétrie et par la propriété de linvariance des points de laxe. Par cette procédure, il obtiendra une figure perceptivement correcte, comme le montre la figure ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 40. Segment figure_1 : image construite sur une droite horizontale, passant par lintersection du segment avec laxe
Si lélève nexplique pas la procédure utilisée ni ne laisse de traces sur la figure, nous naurons aucun moyen de distinguer cette procédure de celle où la direction orthogonale à laxe est prise en compte.
Procédures globales
Lélève peut construire les images des segments en ayant recours aux techniques du pliage et du calque. Dans ces cas-là, toutes les procédures décrites dans la section 5.1 du chapitre 3 (cf. p. PAGEREF _Ref134873859 \h 87) concernant lutilisation de ces techniques, sont susceptibles dêtre utilisées par lélève dans la construction de limage de ces segments. Les contrôles mobilisés dépendent de la procédure mise en uvre.
Lélève peut aussi construire limage de ces segments par la perception globale. Comme pour les procédures précédentes, les directions pouvant être privilégiées par lélève sont les suivantes : orthogonale à laxe ou horizontale pour le segment-figure_1, et orthogonale à laxe ou verticale pour le segment-figure_2. La distance considérée par lélève dans ces procédures est une « distance globale » de la figure à laxe.
Ainsi, les contrôles susceptibles d intervenir dans la construction globale de l image de ces segments sont les suivants : £ortho, £hor (ou £vert), £taille_1, £demi_plan, £point_invariant, £intersection_F/axe, £translation ou £rotation (suivie ou non de retournement). Dans ces cas-là différentes constructions peuvent être réalisées. Exemples de ces constructions ci-dessous :
£rotation, £dist (perceptive globale), £point_invariant et £taille_1£hor, £dist (perceptive globale), £taille_1, £translation et/ou £parallélisme_segment£ortho et £dist (perceptive globale), £point_invariant et £taille_1
Dans ce cas, la figure obtenue est perceptivement correcteTableau SEQ Tableau \* ARABIC 23. Exemples de procédures globales : problème-segment
4.4. Problème-maison
Description du problème en termes de variables didactiques :
Variables didactiquesValeursNature du problèmeConstruction de la figure symétriqueSpécificité de la figure FF ne possède pas de segments parallèles à laxe de symétrie
F ne possède pas daxe de symétrie Nature de FReprésente un objet réel identifiable (maison)
Complexe (composée de segments)Orientation des segments de la figure F sur la feuille Oblique ; Horizontale ; VerticaleOrientation de laxe sur la feuilleOblique Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 24. Variables didactiques et valeurs concernant le problème-maison
Les procédures les plus probables dans la construction de limage de cette figure sont les suivantes :
Procédures analytiques
1. Équidistance
Les images des sommets de la figure sont construites par la méthode sappuyant sur la propriété déquidistance. En reliant correctement les points images, lélève obtiendra la réponse correcte. Les contrôles intervenant sont £dist et £segment.
2. Orthogonalité et égalité des distances à l axe
Les images des sommets de la figure sont construites par la même procédure, décrite dans le problème précédent. Si l élève relie correctement les points images obtenus, il obtiendra la figure symétrique correcte, comme le montre la figure ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 41. Construction analytique : direction orthogonale et égalité des distances des points à l axe
Les contrôles intervenant dans cette construction sont £ortho, £dist et £segment.
3. Direction horizontale sur la feuille
Le fait que cette figure possède des segments horizontaux et verticaux sur la feuille peut favoriser le choix de la direction horizontale par l élève.
Dans ce cas, la procédure envisagée est la suivante : les images des sommets de la figure sont construites dans la direction horizontale sur la feuille, en conservant l'égalité des distances à la droite d. En reliant correctement les images obtenues, lélève obtiendra une figure comme ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 42. Construction de limage par une procédure analytique : direction horizontale et conservation de distance à laxe
Les contrôles intervenant dans la construction sont (hor, (dist et £segment. Si les contrôles £forme et £taille_1 appartiennent à la structure de contrôle de la conception mobilisée par l élève, il peut être amené à rejeter la procédure parce que ni sa forme ni sa taille ne correspondent au résultat attendu (mêmes forme et taille que la figure initiale).
4. Prolongement dun segment et égalité des distances à laxe
Lélève peut également choisir une direction donnée par le prolongement dun ou des segments de la figure. Les contrôles mobilisés sont (prolong, (dist et £segment. Dans le cas où le segment choisi est horizontal, cette direction se confond avec la direction horizontale. Dans la figure-maison, un seul segment à orientation non horizontale est envisageable : celui qui représente le toit de la maison. L élève peut donc choisir la direction dans le prolongement de ce segment. Nous considérons cependant que si les contrôles £forme et £taille_1 appartiennent à la structure de contrôle de la conception mobilisée, l élève sera amené à rejeter cette procédure, car il obtiendra comme image une figure dont la forme et la taille sont différentes de celles de la figure initiale.
5. Demi-tour autour dun point sur laxe
Les images des sommets de la figure sont construites par demi-tour autour dun point sur la droite d, comme si cétait par symétrie centrale. En reliant correctement les images obtenues, et en fonction du point choisi sur d, lélève obtiendra des figures comme celles-ci :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 43. Construction des images des sommets de la figure par demi-tour autour d un point sur d
Dans ce cas, les contrôles intervenant sont celui de conservation de distance et £segment. Cependant, le contrôle de conservation de distance n est pas celui qu on désigne par (dist puisque dans ce cas, il s agit de conservation de distance à un point de laxe. Le fait que la figure obtenue ne soit pas dans sa position standard (la figure-maison est à lenvers) mais quelle corresponde à la rotation de la figure initiale, peut amener lélève à rejeter la procédure si (rotation ne fait pas partie de la structure de contrôle de la conception mobilisée.
Procédures semi-analytiques
Pour ces procédures, limage dun ou de quelques sommets de la figure est construite analytiquement, par le biais dune des procédures montrées dans lanalyse du problème-segment. Puis en fonction de ces points, limage de la figure-maison sera construite globalement. Les contrôles envisagés sont les suivants :
a) Partie analytique : voir lanalyse des procédures analytiques ci-dessus ;
b) Partie globale : £taille_1, £forme, £demi_plan, £parallélisme_segment et £translation ou £rotation (suivie ou non de retournement). En fonction des contrôles mobilisés par l élève, plusieurs constructions peuvent être réalisées. Voici des exemples de ces constructions :
Partie analytique : £hor ou £prolong et £dist
Partie globale : £taille_1, £forme, £translation + £sens_inversePartie analytique : £prolong et £dist
Partie globale : £taille_1, £forme, £translationPartie analytique : £ortho et £dist
Partie globale : £taille_1, £forme, £sens_inverse,
Dans ce cas, l élève obtiendra comme image une figure perceptivement correcte.Figure SEQ Figure \* ARABIC 44. Exemples de procédures semi-analytiques : figure-maison
Procédures Globales
Nous nous reportons ici à l analyse faite pour les procédures semi-analytiques, tout en signalant que dans ces procédures-ci, la direction et la distance à l axe sont prises en compte par l élève de façon perceptive. Exemples de ces constructions ci-dessous :
£hor ou £prolong, £taille_1, £forme, £translation + £sens_inverse et £demi_plan £prolong et £dist (globale), £taille_1, £forme, £translation et £demi_plan£ortho et £dist (globale), £taille_1, £forme, £sens_inverse et £demi_plan
Dans ce cas, la figure obtenue peut être perceptivement correcte.Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 25. Exemples de procédures globales : problème-maison
5. Analyse a posteriori
Nous procédons à lanalyse des copies délèves en deux temps :
Dans un premier temps, nous réaliserons une analyse quantitative de lensemble des 51 copies ;
A partir de cette analyse quantitative nous construirons trois copies que nous analyserons en terme de conceptions.
5.1. Analyse quantitative : types de réponses et procédures
Nous procéderons à cette analyse problème par problème, notre objectif étant dobtenir un aperçu global des types de réponses et de procédures de construction utilisées par lensemble des élèves. Ceci nous permettra dune part, détudier le rôle des variables didactiques qui ont pu influencer les choix des élèves et dautre part, de faire des choix pour notre étude expérimentale suivante.
Signalons que dans cette partie de lanalyse, notre but nest pas de caractériser les conceptions des élèves au sens du modèle cK¢. En effet, compte tenu du caractère local dune conception nous considérons que pour ce faire il faudra analyser lensemble de la production de lélève. Cette caractérisation fera pourtant lobjet de lanalyse des copies.
Nous présentons pour chaque problème un tableau de fréquence des types de réponses données par les élèves aux problèmes de reconnaissance, et de fréquence des types de procédures utilisées dans les problèmes de construction de figures symétriques.
Pour analyser les figures construites par les élèves, nous utiliserons la catégorisation suivante :
Figure correcte : une figure est correcte quand l'élève laisse des traces (codage, feuille pliée,
) sur la figure et/ou quand il donne des explications nous permettant daffirmer que la figure a été construite en sappuyant sur les propriétés de la symétrie ;
Figure perceptivement correcte : nous considérons une figure comme perceptivement correcte quand elle est tracée correctement, mais que lélève na pas laissé de traces ni fourni dexplications permettant daffirmer que la procédure utilisée est également correcte ;
figure erronée : une figure est erronée quand elle ne correspond pas au symétrique de la figure donnée ;
figure inachevée : une figure est inachevée lorsque lélève a abandonné la construction avant daboutir à la figure complète.
5.1.1. Problème-flèche
Type de réponsesFréquence (sur 51)Flèche bleue (réponse correcte)41Flèche rouge 4Flèche verte 2Flèches rouge et bleue1Pas dindication de couleur1Pas de réponse2Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 26. Fréquences de types de réponses : problème-flèche
Flèche bleue (réponse correcte)
Le tableau précédent montre que la majorité des élèves ont choisi la bonne figure comme réponse. Parmi les 41 élèves (sur 51) qui ont donné cette réponse :
25 ont justifié leur choix en utilisant l'argument de la superposition des figures par pliage. Cependant aucun élève na plié effectivement la feuille de papier ;
4 ont justifié leur choix par légalité des distances des points à laxe ;
11 élèves ont donné des justifications variées. Par exemple, le fait que les segments reliant les points symétriques sont perpendiculaires à la droite d, ce qui caractériserait la prise en compte de la propriété d'orthogonalité par lélève concerné; le fait que la figure image est « dans l'autre sens comme dans un miroir » ce qui renvoie à la prise en compte par cet autre élève de la propriété de changement de l'orientation des angles par la symétrie orthogonale ;
1 élève na pas justifié son choix.
Flèche rouge
4 élèves ont choisi la flèche rouge comme réponse. Parmi eux, 2 justifient leur choix en évoquant la superposition des figures par pliage, sans pour autant préciser la droite le long de laquelle la feuille serait pliée. Ces élèves nont pas réalisé effectivement le pliage. Ainsi, deux hypothèses sont envisageables :
ils ont eu recours au pliage mental. Comme nous lavons prévu dans lanalyse a priori, ce pliage serait imaginé selon un axe perpendiculaire à la droite support des flèches noire et rouge, ou bien le long de la droite support des grands segments de ces deux flèches. Il se peut aussi que les élèves narrivent pas à mobiliser les images mentales du pliage, cest à dire quils peuvent très bien savoir quil faut plier le long de d mais en narrivant pas à imaginer où la figure sera placée ;
il sagit dun effet de contrat didactique. Dans la consigne du problème il est demandé dexpliquer le choix de la figure symétrique, les élèves se rappellent alors leur cours sur la symétrie où il a été dit que deux figures symétriques se superposaient par pliage. Ainsi, ils choisissent cette figure pour des raisons qui restent implicites et justifient leur choix en évoquant le pliage.
Un autre élève justifie son choix par le prolongement du grand segment de la figure initiale : « sa couleur est orange (rouge) car si on trace le prolongement de cette droite on arrive à la droite orange (rouge) ». Le dernier élève ne justifie pas sa réponse.
Flèche verte
Les 2 élèves qui ont choisi la flèche verte comme réponse justifient leur choix par la superposition des figures par pliage. Les explications données sont les suivantes : « cest la verte car si on plie par rapport à la droite, elle vient sur la verte » ; « cest la verte car elle va dans le même sens que la noire et si lon plie la feuille sur le trait, les deux flèches seront lune sur lautre ». Remarquons que dans cette dernière explication, lélève évoque le fait que les deux flèches vont « dans le même sens », ce qui nous fait penser que cet élève a fait le choix comme sil sagissait dune translation de la flèche noire dans la direction horizontale.
Flèches bleue et rouge
Un élève a choisi ces deux flèches comme réponse et donne la justification suivante : « car on simagine quon tourne la feuille, elle peut aller dans les deux sens ». Nous supposons que cet élève a procédé comme sil sagissait de rotation de la flèche noire autour dun point sur la droite d. Signalons pourtant que les élèves de cette classe n'ont pas encore étudié cette transformation.
5.1.2. Problème segment-losange
Ce problème a été proposé aux élèves dune classe seulement. Parmi les réponses de ces élèves, nous trouvons les segments [MP], [MO] et [CP]. On remarque que ces trois segments sont dans l'autre demi-plan délimité par la droite d, par rapport au segment objet. Il semble alors que les élèves contrôlent leurs choix par cette propriété Les fréquences dapparition de ces réponses sont les suivantes :
Type de réponsesFréquence (sur 26)Segment [MP] (réponse correcte)19Segment [MO]5Segment [CP]1Pas de réponse1Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 27. Fréquence de types de réponses : figure segment-losange
Segment [MP] (réponse correcte)
19 élèves ont reconnu le segment [MP] comme symétrique de [NM]. Parmi eux :
6 ont évoqué la superposition des segments [NM] et [MP] par pliage dans leurs explications, mais, comme dans le problème-flèche, le pliage effectif n'a pas été effectué ;
5 ont évoqué la superposition des points N et P et linvariance du point M sur laxe ;
6 élèves ont produit des démonstrations mathématiques pour justifier leur choix. Dans ces démonstrations, ils ont évoqué le fait que les points A et A ainsi que les triangles "ABC et "A BC, sont symétriques ;
1 élève dit : « je ne peux pas l expliquer, c est logique » ;
1 élève n'a pas justifié son choix.
Segment [MO]
5 élèves ont choisi le segment [MO] comme image de [NM]. Parmi eux, 3 élèves justifient ce choix par la superposition de ces deux segments par pliage. Lun explique que le point M est le milieu du parallélogramme BACA et que les segments [BC] et [AA] sont les diagonales de ce parallélogramme. Le dernier élève explique que les deux segments sont symétriques car « la droite ON est laxe de symétrie ».
Segment [CP]
Un seul élève ayant choisi ce segment comme image de [NM], explique : « ça se voit ». Il semble que pour faire ce choix, lélève se soit appuyé sur la perception de la figure.
5.1.3. Problème-segment
Segment figure_1
Type de réponsesFréquence (sur 51)Figure correcte25Figure perceptivement correcte17Figure erronée7Pas de réponse2Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 28. Fréquence de types de réponses : segment figure_1
Figure correcte
25 élèves ont réalisé la bonne construction. Parmi eux, 24 ont utilisé une procédure de construction analytique. Les procédures utilisées sont les suivantes :
analytique_1 : construire les droites perpendiculaires à la droite d passant par les extrémités du segment, reporter les distances de ces extrémités à laxe sur ces perpendiculaires, et relier les points construits. Pour ce faire, les élèves ont utilisé léquerre et/ou la règle graduée, et le compas (18 élèves) ;
analytique_2 : construire les symétriques des extrémités du segment par la méthode qui sappuie sur la propriété déquidistance, en utilisant le compas (cf. REF _Ref135648433 \h \* MERGEFORMAT Figure 5, p. PAGEREF _Ref135648644 \h 58). Puis relier les points construits (6 élèves).
Exemples de constructions réalisées par les élèves :
ConstructionExplication de l'élève
Figure SEQ Figure \* ARABIC 45. Proc. analytiqueJe trace une droite passant par A est perpendiculaire à la droite d. Elle coupe d en O. jai mesure la distance [AO] puis je la reporte de lautre coté de la droite d sur la perpendiculaire.
*Pareil pour B.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 46. Proc. analytiqueJai reporté les points avec mon compas et je les ai reliés.Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 29. Exemples de construction du symétrique du segment figure_1 : figures correctes
Un seul élève a construit le symétrique du segment en utilisant le pliage effectif (procédure globale).
Soulignons qu'aucun élève n'a réalisé cette construction par le biais d'une procédure semi-analytique.
Figure perceptivement correcte
17 élèves ont construit une figure perceptivement correcte. Les procédures utilisées sont les suivantes :
analytique_3 : construire des droites perceptivement perpendiculaires à laxe, reporter les distances des extrémités à laxe sur ces droites, et relier les points construits (6 élèves) ;
globale : construction dun segment perceptivement symétrique du segment donné (11 élèves).
Exemples de ces constructions :
Construction Explication de lélève
Figure SEQ Figure \* ARABIC 47. Proc. analytiqueNon justifiée
Figure SEQ Figure \* ARABIC 48. Proc. globaleCar si on plie la feuille au niveau de la droite (d) la figure se superposera (pliage effectif non réalisé)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 30. Exemples de construction de limage du segment figure_1 : figures perceptivement correctes
Comme précisé dans lanalyse a priori, lorientation verticale du segment sur la feuille et langle formé entre ce segment et la droite d fait apparaître une ambiguïté. Est-ce la procédure où la direction orthogonale, légalité de distance, linvariance du point sur laxe et la longueur du segment sont pris en compte par lélève ? Ou est-ce celle où limage du segment est construite sur une droite horizontale passant par le point invariant entre le segment et d ? Étant donné que les élèves qui ont réalisé ces constructions nont pas donné assez dinformations, nous navons pas délément pour trancher entre ces deux procédures.
Aucun de ces 17 élèves na utilisé de procédures de type semi-analytique dans sa construction.
Figure erronée
Parmi les 7 élèves qui ont construit une figure erronée, 4 ont utilisé des procédures globales et 1 élève une procédure semi-analytique. Pour les deux autres, leurs réponses ne permettent pas de distinguer si la procédure utilisée est analytique ou semi-analytique. Dans le tableau ci-dessous, nous donnons deux exemples de constructions réalisées, et aussi une description des procédures que nous avons identifiées :
Procédure identifiéeConstruction Explication de lélèveReport de la distance dune des extrémités du segment à la droite d dans la direction horizontale, et construction dun segment parallèle et de même longueur
Figure SEQ Figure \* ARABIC 49. Proc. semi-analytique Construction non justifiéeLa figure image est obtenue par une « rotation » du segment initial autour d'un point qui n'est pas sur l'axe
Figure SEQ Figure \* ARABIC 50. Proc. globaleComme si on prenait le segment et on le bougeait. On ne peut rien affirmer
Figure SEQ Figure \* ARABIC 51. Proc analytique ? Semi analytique ?Jai tracé la symétrie par rapport à la droite d :Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 31. Exemples de construction de limage du segment figure_1 : figures erronées
A la différence de ce que nous avons observé dans la construction de « figures correctes » et « perceptivement correctes », nous vérifions que les procédures utilisées par les élèves sont assez diversifiées. Signalons que 3 de ces élèves ont construit un segment parallèle à celui de départ, comme si cétait par translation horizontale du segment sur la feuille. Lorientation verticale du segment sur la feuille a pu favoriser le choix de cette procédure par ces élèves.
Segment figure_2
Ce problème ayant été résolu par les élèves dune des classes seulement, dans le tableau suivant nous ajoutons une troisième colonne pour montrer la fréquence des réponses données par ces mêmes élèves au problème segment-figure_1. Ce qui nous permettra de comparer les résultats des deux problèmes et dobserver leffet des variables didactiques (orientation du segment, orientation de laxe) sur les procédures des élèves.
Les résultats obtenus sont les suivants :
Réponses des élèvesFréquence (sur 26)Figure_2Figure_1Figure correcte1214Figure perceptivement correcte36Figure erronée94Pas de réponse22Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 32. Fréquence de types de réponses : segment figure_2
Figure correcte
12 élèves ont construit correctement le symétrique de ce segment. Parmi eux, 11 ont utilisé les procédures analytiques identifiées dans la construction de limage du segment « figure_1 » : analytique_1 (8 élèves) et analytique_2 (3 élèves). Le douzième élève a construit le symétrique du segment en pliant effectivement la feuille de papier.
Exemples de constructions réalisées par les élèves :
ConstructionExplication de l'élève
Figure SEQ Figure \* ARABIC 52. Proc. analytiqueA laide de léquerre, du compas et de la règle
Figure SEQ Figure \* ARABIC 53. Proc. analytiqueSi on plie, les deux segments se superposentTableau SEQ Tableau \* ARABIC 33. Exemples de constructions de limage du segment figure_2 : figures correctes
Ces élèves ont utilisé ces mêmes procédures pour construire limage du segment-figure_1. Ceci peut indiquer que la différence de valeurs des variables « orientation du segment » et « orientation de laxe » sur la feuille dans les deux figures, nait pas induit ces élèves à changer de procédure.
Figure perceptivement correcte
3 élèves ont construit ce type de figure. Parmi eux : 2 ont construit leur figure par le biais de la procédure « analytique_3 » identifiée dans construction du segment-figure_1.
Le troisième élève a utilisé une procédure de construction globale. Dans le tableau ci-dessous nous montrons la construction de deux de ces élèves :
ConstructionExplication de l'élève
Figure SEQ Figure \* ARABIC 54. Proc. analytiqueConstruction non justifiée
Figure SEQ Figure \* ARABIC 55. Proc. globaleJai construit le segment de lautre côtéTableau SEQ Tableau \* ARABIC 34. Exemples de constructions de limage du segment figure_2 : figures perceptivement correctes
La procédure globale utilisée par ce dernier élève (cf. REF _Ref135706855 \h \* MERGEFORMAT Figure 55) peut être décrite de la manière suivante : construire limage du segment de même longueur, en conservant linvariance du point sur laxe et une distance globale. Le choix dune direction perceptivement orthogonale à laxe a pu également intervenir dans cette procédure.
Nous vérifions sur le tableau de fréquence (cf. REF _Ref131842095 \h \* MERGEFORMAT Tableau 32) que le nombre de constructions de figures perceptivement correctes est le double dans la figure_1. La majorité de ces figures ont été construites par le biais dune procédure globale. Cependant, étant donné que ces procédures laissent apparaître une ambiguïté dans linterprétation et que les élèves nont pas donné assez dinformations sur la construction réalisée, nous navons pas le moyen dexpliquer la différence constatée dans ces résultats.
Figure erronée
9 élèves ont construit comme image une figure erronée. Parmi ceux-ci, 5 ont utilisé une procédure de construction analytique, 3 une procédure globale et la réponse donnée par le dernier ne nous permet pas de distinguer si la procédure utilisée est analytique ou semi- analytique. Exemples de ces procédures et des constructions des élèves données au tableau suivant :
Procédure identifiéeConstruction Explication de lélèveReport des distances des extrémités du segment à la droite d dans une direction qui semble être presque orthogonale à laxe. Puis, construction du segment à partir de points construits
Figure SEQ Figure \* ARABIC 56. Proc. analytiqueConstruction non justifiéeConstruction des extrémités du segment autour dun point sur la droite d. Lélève procède comme si cétait par symétrie centrale
Figure SEQ Figure \* ARABIC 57. Proc. analytiqueAvec le compas je reporte les mesures des segments par rapport à la droite dConstruction dun segment parallèle juste à côté de celui de départ, cependant sans conserver la longueur du segment initial
Figure SEQ Figure \* ARABIC 58. Proc. globaleConstruction non justifiéeConstruction dun segment parallèle à celui de départ. L'élève procède comme si c'était une translation du segment initial dans la direction horizontale
Figure SEQ Figure \* ARABIC 59. Proc. globaleConstruction non justifiéeTableau SEQ Tableau \* ARABIC 35. Exemples de construction de limage du segment figure_2 : figures erronées
Comme dans le segment-figure_1, les procédures utilisées par les élèves pour construire une figure erronée sont assez variées. 4 de ces élèves ont construit un segment parallèle à celui de départ, cependant même dans ces cas-là, les procédures utilisées sont assez différentes, comme montré dans le tableau ci-dessus. Lhypothèse selon laquelle lorientation du segment sur la feuille (presque verticale) a pu favoriser les choix de ces élèves, est ici envisagée.
Notons que dans ce problème, 9 élèves ont construit une figure erronée alors quils ont été 4 à donner ce type de réponse au segment-figure_1. Les 4 mêmes élèves ont construit une figure erronée dans les deux cas. Les 5 autres ont construit une figure perceptivement correcte comme image du segment-figure_1, par le biais dune procédure globale.
5.1.4. Problème-maison
RéponsesFréquence (sur 51)Figure correcte23Figure perceptivement correcte12Figure erronée10Figures inachevées3Pas de réponse3Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 36. Fréquence de types de réponses : figure-maison
Figure correcte
23 élèves ont construit correctement le symétrique de la figure-maison. Parmi eux, 21 ont utilisé les procédures analytiques suivantes :
construire les symétriques des points remarquables de la figure F à laide de droites perpendiculaires à laxe, passant par ces points et reportant la distance de ces points à laxe de lautre côté de celui-ci. Puis tracer la figure symétrique en reliant ces points (15 élèves) ;
construire les symétriques des points remarquables de la figure F par la méthode basée sur la propriété déquidistance, puis tracer la figure symétrique en reliant ces points (6 élèves).Exemples de constructions réalisées :
Construction Explication de lélève
Figure SEQ Figure \* ARABIC 60. Proc. analytiqueJe pars dun point, je lui trace sa perpendiculaire par rapport à (d). Je mesure du point a (d) et je trace son symétrie.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 61. Proc. analytiqueJai utilisé la même méthode que dans lexercice précédent (avec le compas) . Jai juste rajouté dautres lettres pour ne pas me perdre.Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 37. Exemples de construction de limage de la figure-maison : figures correctes
2 élèves ont construit les images de la figure par pliage effectif, et pliage effectif et calque.
Figures perceptivement correctes
12 élèves ont construit une figure perceptivement correcte. Dans ces constructions nous avons identifié des procédures analytique et semi-analytique. Les procédures utilisées sont les suivantes :
analytique : construire des droites perceptivement perpendiculaires à la droite d, passant par les sommets de la figure donnée, reporter les distances des sommets à la droite d sur ces droites, et relier ces points pour construire limage de la figure (3 élèves)
semi-analytique : construire des droites perceptivement perpendiculaires à la droite d, passant par un ou plusieurs sommets de la figure, et reporter les distances de ces sommets à la droite d sur ces droites, pour construire les images de ces sommets. A partir de cela, le reste de la figure est construit globalement (9 élèves).
Exemples de constructions réalisées par ces procédures :
Construction Explication de lélève
Figure SEQ Figure \* ARABIC 62. Proc. semi-analytiqueConstruction non justifiée
Figure SEQ Figure \* ARABIC 63. Proc. semi-analytiqueJai commencé à tracer la droite du toit car elle est perpendiculaire à la droite (d) et jai construit la maison à partir de cette droiteTableau SEQ Tableau \* ARABIC 38. Exemples de construction de limage de la figure-maison : figures perceptivement correctes
Aucun élève na construit une figure « perceptivement correcte » par une procédure globale. En revanche, ils ont souvent utilisé des procédures semi-analytiques. Nous supposons que ceci est dû à la complexité de la figure. Ainsi, pour construire l'image dune telle figure, l'élève sappuie au moins sur un élément (un ou plusieurs points) de la figure initiale pour construire son image.
Nous avons vérifié également que tous les élèves ayant utilisé ces procédures pensaient à inverser l'orientation des angles dans leur construction. Ceci peut indiquer que cette propriété de symétrie orthogonale est une connaissance disponible chez ces élèves.
Figure erronée
10 élèves ont construit une figure erronée. Comme dans la construction des images des segments, nous avons identifié des procédures de construction très diverses, pouvant être globale (4), semi-analytique (5) ou analytique (1). Parmi les constructions réalisées, nous présentons ci-dessous cinq exemples représentatifs des procédures utilisées :
Procédure identifiéeConstruction Explication de l'élèveConstruction de limage de la figure comme si cétait par une translation suivie dun retournement pour inverser lorientation des angles de la figure de départ, dans une direction horizontale ou celle donnée par le prolongement dun segment de F
Figure SEQ Figure \* ARABIC 64. Proc. globaleComme si on plié la maison sur la droite dConstruction de limage de la figure comme si cétait par une translation de lautre côté de laxe, dans une direction horizontale ou celle donnée par le prolongement dun segment de F
Figure SEQ Figure \* ARABIC 65. Proc. globaleConstruction non justifiéeReport des distances de quelques sommets de la figure à laxe dans la direction horizontale, puis construction de la figure image
Figure SEQ Figure \* ARABIC 66. Proc. semi-analytiqueConstruction non justifiéeProlongement du segment qui représente le toit de la maison. Prolongement du segment qui représente la base de la maison. Construction de la figure image à partir du point dintersection entre les deux droites construites
Figure SEQ Figure \* ARABIC 67. Proc. semi-analytiqueJai tracé la maison comme un pliage en prolongeant et rapportant les droitesReport de la distance dun point de la figure à laxe sur une droite orthogonale à laxe et construction du symétrique de ce point. A partir de ce point, construction de limage, ayant les mêmes forme et taille que la figure initiale
Figure SEQ Figure \* ARABIC 68. Proc. semi-analytique
Jai tracé la perpendiculaire A à la droite d et pareil pour les autresTableau SEQ Tableau \* ARABIC 39. Exemples de construction de limage de la figure-maison : figures erronées
Comme nous pouvons le constater, dans la plupart des cas la taille et la forme de la figure initiale sont conservées. Parmi les dix « figures erronées » construites, une seule (cf. REF _Ref131935357 \h \* MERGEFORMAT Figure 66) na pas la même forme que la figure initiale. Certes, lélève qui a construit cette figure n'explique pas sa construction, mais on voit que les distances de certains sommets de la figure à la droite d ont été reportées de lautre côté de cette droite, dans la direction horizontale. Contrairement à ce que nous avions prévu, la déformation de la figure obtenue na vraisemblablement pas gêné cet élève car il na pas rejeté sa procédure. 7 élèves sur 10 ont choisi la direction horizontale. Comme prévu, le fait que cette figure possède plusieurs segments horizontaux et verticaux, quelle représente un objet réel identifiable et de plus, quelle soit présentée dans sa position standard, a pu amener ces élèves à faire ce choix dans leurs constructions.
Notons également que la majorité de ces élèves pensent à inverser l'orientation des angles dans leur construction.
Figure inachevée
3 ont réalisé ce type de construction. Nous interprétons ainsi les procédures utilisées par ces élèves dans la partie construite :
Procédure identifiéeConstructionExplication de l'élèveConstruction de limage dun sommet de la figure F en conservant la distance à laxe considérée soit dans la direction horizontale, soit dans celle du prolongement dun segment horizontal de F, puis abandon.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 69. Proc. analytiqueJe narrive pas Construction de deux droites soit perceptivement orthogonales à laxe, soit dans la direction donnée par le prolongement dun segment oblique de F, puis abandon.
Pliage de la feuille de papier le long de la droite d
Figure SEQ Figure \* ARABIC 70. Proc. globaleConstruction non justifiéeConstruction dimages de quelques points de F en conservant la distance à laxe dune part dans la direction horizontale ou dans le prolongement dun segment horizontal, et dautre part dans le prolongement dun segment oblique de F ; construction dimages de deux sous-figures à partir de ces points ; puis abandon
Figure SEQ Figure \* ARABIC 71. Proc. Semi-analytiquePas trouvé. DésoléeFigure SEQ Figure \* ARABIC 72. Exemples de construction de limage de la figure-maison : figures inachevées
Cest uniquement pour ce problème que nous trouvons cette catégorie de réponses, nous faisons donc lhypothèse que la complexité de la tâche (due à la complexité de la figure), ajoutée au fait que cette figure représente un objet réel, peut être à lorigine des difficultés de ces élèves.
Pour le dernier élève (cf. Figure 70), par exemple, le constat que les sous-figures construites ne puissent pas donner limage de la maison la éventuellement conduit à abandonner sa construction. Ceci témoignerait dun conflit entre les contrôles théorique et perceptif probablement mobilisés : dune part ceux relatifs aux critères « direction » et « distance », et dautre part ceux relatifs aux critères « taille » et « forme ». Cependant, pour identifier ces éventuels conflits ainsi que leurs origines, nous pensons quil faudrait étudier lensemble de la production de cet élève en termes de conception.
5.1.5. Conclusion
Cette conclusion concerne les résultats de lanalyse quantitative où nous avons étudié les réponses données par les 51 élèves de deux classes de quatrième au collège, aux problèmes de reconnaissance et de construction des figures symétriques. Nous comparerons les résultats obtenus en termes de réussite et déchec dans ces tâches et nous soulignerons le rôle que certaines variables didactiques ont pu jouer dans les réponses des élèves. Par ailleurs, dans les problèmes de construction, nous comparerons les résultats obtenus en termes de types de procédures utilisées dans la construction des figures.
Cas de réussite
Les taux de réussite des élèves pour chacun des problèmes sont les suivants :
Problèmes résolus% de réussiteReconnaissance de figures symétriquesFlèche80Segment-losange73Construction de figures symétriquesSegment figure_149figure_246Maison45Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 40. Taux de réussite des élèves par problème résolu
Ce tableau montre que les élèves ont mieux réussi les problèmes de reconnaissance que les problèmes de construction. Il semble donc que la nature des problèmes de reconnaissance où les réponses sont données joue un rôle dans ces résultats, car la possibilité de donner une réponse erronée y est moindre.
La majorité des élèves ayant donné la bonne réponse aux problèmes de reconnaissance justifient leurs choix par la propriété de superposition des figures symétriques par pliage mais ce pliage nest pas effectif. En revanche, la plupart des constructions correctes sont basées sur la mise en uvre des propriétés dégalité des distances des points à laxe et/ou dorthogonalité à laxe. Ceci peut montrer que dans la résolution de problèmes de construction, les élèves mettent en uvre dautres connaissances relatives à la symétrie orthogonale, au-delà de la superposition de figures symétriques par pliage.
Un élément important à considérer dans ces résultats est que dans les problèmes de construction, nous avons considéré une catégorie de figures qui sont « perceptivement correctes ». Si nous considérions ces constructions comme correctes le taux de réussite en serait modifié, comme le montre la dernière colonne du tableau suivant :
Problèmes résolus% de figures correctes% de figures correctes et perceptivement correctesReconnaissance de figures symétriquesFlèche80---Segment-losange73---Construction de figures symétriquesSegment figure_14982figure_24658Maison4569Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 41. Taux de réussite des élèves en considérant les figures « perceptivement correctes » comme « correctes »
Notons que, dans ce cas, le taux de réussite au problème segment-figure_1 serait comparable à celui des problèmes de reconnaissance de figures symétriques. Le fait que dans la plupart des cas les images de cette figure (figure_1) aient été construites par une des procédures globales et que les variables de cette figure laissent voir une ambiguïté dans l'interprétation de ces procédures, pourrait être une explication de ce résultat.
Cas déchec
Dans les problèmes de reconnaissance, les choix de la « flèche rouge » (cf. problème-flèche, p. PAGEREF _Ref132084638 \h 128) et du segment [MO] (cf. problème segment-losange, p. PAGEREF _Ref132084680 \h 129) sont les réponses les plus fréquentes chez les élèves. Comme nous lavons montré dans l'analyse a priori, ces réponses renvoient au choix d'une direction donnée par le prolongement dun segment de la figure. Étant donné que ces élèves sont en classe de quatrième et quen classe de cinquième ils ont déjà étudié la symétrie centrale, il est possible que les connaissances relatives à cette symétrie aient pu intervenir dans le choix de ces élèves.
Dans les problèmes de construction, la direction horizontale et/ou celle donnée par le prolongement dun segment de la figure (dans le cas de la figure-maison) ont été préférées par les élèves. Les orientations verticale et horizontale des segments sur la feuille ont pu favoriser ces choix par les élèves.
Cette analyse montre aussi que tous les élèves ont abouti à la construction de limage des segments. Cependant, dans le problème-maison trois élèves ont abandonné leur construction. Nous avons supposé que le fait quil sagisse dune figure complexe et quelle représente un objet réel, peut être à lorigine de labandon de la construction par ces élèves.
Procédures identifiées chez les élèves dans les problèmes de construction
Comme nous lavons montré au cours de lanalyse, les élèves ont utilisé différentes procédures de construction. Les taux dutilisation par type de procédure sont les suivants :
Type de procéduresSegment figure_1
(%)Segment figure_2
(%)Figure-maison (%)Analytique617552Semi-analytique2-33Globale332115Analytique ou semi-analytique44-Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 42. Type de procédures utilisées par les élèves dans les problèmes de construction
Comme le montre le tableau, les procédures de construction analytiques ont été privilégiées par les élèves dans la résolution des trois problèmes de construction. Le fait que les instruments de dessin aient été mis à disposition des élèves, et que nous leur ayons rappelé quils pouvaient les utiliser, a pu jouer un rôle dans ce choix des élèves.
Le pliage effectif et le calque (qui renvoie aux procédures globales) ne sont presque pas utilisés par les élèves. Ces techniques ne sont pas mentionnées explicitement dans la consigne des problèmes, cest pourquoi les élèves ny ont pas recouru.
Notons que les procédures analytiques ont été plus utilisées dans la construction de limage des segments, et moins dans la construction de limage de la figure-maison. En revanche, lutilisation des procédures semi-analytiques est plus fréquente dans la construction de cette dernière. En effet, les élèves n'ont presque pas utilisé ces procédures dans la construction du segment. Ceci semble confirmer les résultats de la recherche de Tahri (cf. Tahri 199, p. 214-215) qui a été placée dans la problématique de la construction de limage dun segment par rapport à une droite. Nous supposons que les élèves ont eu recours aux procédures semi-analytiques dans le problème maison dans le but de prendre appui sur des éléments de la figure, pour ensuite mener à bien leur construction de façon perceptive globale.
Nous observons également, dans le tableau ci-dessus, que les procédures globales ont été plus utilisées dans la construction de limage du segment-figure_1. Dans la plupart des cas, la figure construite était « perceptivement correcte ». Ainsi, nous reprenons notre hypothèse selon laquelle lorientation du segment a pu amener les élèves à construire globalement un segment horizontal sur la feuille.
5.2. Construction et analyse de copies : caractérisation de conceptions
Lobjectif de cette analyse est de caractériser les conceptions mobilisées par ces élèves au sens du modèle cK¢.
Pour réaliser cette analyse, nous avons choisi trois copies délèves, que nous appellerons Anissa, Béatrice et Cédric. Les copies dAnissa et de Cédric sont des copies fictives, construites à partir des réponses données par les élèves qui ont participé à l'expérimentation. La copie de Béatrice est la vraie copie dune de ces élèves. Le choix de ces copies a été fait en fonction de nos intérêts didactiques car ces copies sont celles qui seront fournies aux professeurs dans le but détudier leurs prises de décisions didactiques.
Les réponses données dans ces copies ne sont pas celles de la majorité des élèves. Le choix de ces copies réside plutôt dans notre intérêt à fournir aux professeurs une certaine diversité de réponses et de procédures de construction identifiées dans l'analyse quantitative, afin de pouvoir accéder à des séquences didactiques plus riches au sens de la pluralité des problèmes pouvant être proposés par les professeurs, ce qui peut nous apporter un plus large éventail de données relatives à leurs décisions.
Ci-après, nous explicitons les raisons du choix de ces copies.
Copie « Anissa »
Cette copie a été conçue de sorte que les réponses et les procédures de construction fournies présentent une certaine convergence. Avec ce choix, nous avons l'intention de vérifier auprès des professeurs si cette convergence dans les réponses entraînera ou non des ressemblances dans les types de décisions prises, que ce soit à propos de la prise d'information sur l'activité d'Anissa ou de la construction du processus d'enseignement.
Par ailleurs, nous avons voulu proposer une copie où toutes les réponses données par lélève sont erronées. Ce choix nous semble pertinent par rapport aux questions que nous nous posons à ce propos : dans la prise dinformation sur lactivité dAnissa, les professeurs considéreront-ils simplement que toutes ses réponses sont erronées ? Dans leurs décisions, prendront-ils en compte les connaissances correctes éventuellement mobilisées par Anissa, malgré ses réponses erronées ? En fonction de cette prise d'information, quels types de dispositifs proposeront-ils de mettre en place dans le but de susciter un apprentissage chez Anissa ?
Copie « Béatrice »
Il sagit, comme nous lavons mentionné, dune vraie copie d'un des élèves ayant participé à l'expérimentation. Nous lavons choisi d'une part parce que, contrairement à la copie dAnissa, elle comporte des réponses assez variées, qui peuvent relever de conceptions également variées. Nous pensons que cette spécificité de la copie rendra plus complexe la tâche de prise d'information par les professeurs sur ce à quoi correspond la symétrie orthogonale pour Béatrice et par conséquent, la tâche de conception dune séquence d'enseignement adaptée. Nous supposons alors que des décisions didactiques variées peuvent être prises par les différents professeurs visant lapprentissage de cette notion mathématique par Béatrice.
Une autre raison pour laquelle nous avons choisi cette copie est que cette élève a construit correctement le symétrique des segments, mais na pas réussi à construire le symétrique de la figure-maison. Ce choix nous permettra daborder plus précisément le rôle que peut jouer la complexité d'une figure dans le choix des procédures de construction par les élèves.
Copie « Cédric »
Comme dans le cas de Béatrice, Cédric donne aussi bien des réponses correctes querronées. Cependant, malgré cette diversité il y a une certaine cohérence dans ses réponses. Ceci nous permettra d'aborder les cas où la stabilité d'une conception peut conduire lélève à abandonner le processus de résolution d'un problème.
La composition des copies
Ces copies comportent les problèmes suivants :
Reconnaissance de figures symétriques : problèmes « flèche » et « segment-losange » ;
Construction de figures symétriques : « segment » et « maison » ;
Reconnaissance et construction d'axe de symétrie. Comme déjà précisé, un problème de cette nature a été proposé aux élèves et cependant, nous nen tiendrons pas compte dans nos analyses.
Pour ce faire, nous avons tout d'abord réalisé une étude détaillée de chacune des réponses de ces élèves en cherchant à identifier les procédures utilisées, ainsi que les élément de la (ou des) conception(s) en oeuvre dans la résolution : contrôles, opérateurs et système de représentation. Pour cela, nous avons utilisé loutil danalyse présenté au chapitre 3 (cf. p. PAGEREF _Ref131417677 \h 71 et PAGEREF _Ref130182750 \h 86). Nous avons analysé les réponses données aux problèmes de reconnaissance en termes de critères de choix (direction, distance à laxe, sens
). En ce qui concerne les problèmes de construction, nous avons cherché à identifier les procédures utilisées (analytique, semi-analytique et globale) et par le biais de ces procédures, nous avons identifié les éléments qui caractérisent la (ou les) conception(s) mobilisée(s). Enfin, nous avons mis en relation les éléments de conceptions identifiées dans l'analyse de chaque problème.
Nous présentons ci-après les résultats de ces deux analyses.
5.2.1. Copie Anissa
a) Analyse de la production
Problème-flèche
Figure SEQ Figure \* ARABIC 73. Réponse dAnissa au problème-flèche
Étant donné quAnissa na pas réalisé daction visible sur la figure, notre analyse sera fondée dune part, sur les variables didactiques portées sur la figure et dautre part, sur le choix de lélève et lexplication quelle donne pour le justifier.
Parmi les flèches candidates, Anissa a choisi celle dont tous les segments sont parallèles aux segments correspondants à la flèche donnée (la noire). Cependant, lhypothèse du parallélisme des segments ne suffit pas à expliquer ce choix car dans ce cas, deux réponses peuvent être envisagées : la flèche rouge ou la flèche verte. Anissa explique quelle a choisi la flèche verte parce quelle « va dans le même sens que la noire », ce qui pourrait vouloir dire que les deux flèches pointent vers la même direction (dans la signification courante du mot).
Comme nous lavons mentionné dans lanalyse a priori (cf. REF _Ref132202924 \h \* MERGEFORMAT Figure 31, p. PAGEREF _Ref132202943 \h 133), le fait que laxe soit vertical sur la feuille, la direction des droites (MM) et (NN) sur la figure citée peut être considérée aussi bien comme orthogonale à laxe quhorizontale (ligne de rappel horizontale). Ainsi, le choix dAnissa relatif au critère « direction » correspond à une des valeurs « orthogonale à laxe » ou « horizontale ».
Pour le critère « distance à laxe », nous considérons que sa valeur est « distance globale conservée ». Cette distance renvoie ici probablement à D(M,d)=D(N,d) et D(N,d)=D(M,d).
Comme nous lavons montré dans lanalyse a priori, les segments qui composent les flèches verte et noire sont parallèles, ce qui favorise la mise en Suvre du contrôle £parallélisme_segment. Nous faisons cette même considération par rapport à la mobilisation du contrôle relatif au critère « position », qui peut se traduire par le contrôle « £translation » ou £translation suivie de retournement.
Dans son explication, Anissa évoque le pliage le long de la droite d, et cependant elle ne le réalise pas effectivement. Nous supposons quelle sait que deux figures symétriques se superposent par pliage et quelle utilise cette connaissance pour justifier son choix. Nous pouvons faire deux hypothèses : le recours au pliage mental est utilisé ici comme moyen de validation a posteriori de son choix, ou bien cette évocation est un effet du contrat didactique sans aucune intention de validation. Comme précisé dans l analyse a priori, nous considérons que le pliage mental relève de la mise en Suvre de contrôles liés à la perception globale. Dans ce cas les contrôles concernés seraient les mêmes que ceux mentionnés ci-dessus : £parallélisme_segment et « £translation » ou £translation suivie de retournement.
Dans le tableau ci-dessous nous présentons les contrôles qui ont pu intervenir dans le choix (flèche verte) d Anissa :
CritèresValeursContrôles« direction »horizontale ou orthogonale£hor ou £ortho« distance à l axe »distance globale conservée£dist« position »translation
translation suivie d un retournement£translation
£translation + £sens_inverseAutres contrôles£parallélisme_segmentTableau SEQ Tableau \* ARABIC 43. Problème-flèche : contrôles qui ont pu intervenir dans le choix dAnissa
En ce qui concerne les opérateurs, étant donné la nature du problème Anissa na pas agi sur les figures ou du moins, elle na pas laissé de traces dactions éventuelles (traits, marques...). Bien quils aient pu être mis en uvre mentalement ou sans laisser de trace, comme le fait destimer une égalité de longueurs ou de mesurer une distance, ce qui ne nécessite pas que l'on voie l'élève mettre en oeuvre cette action, bien qu'il y en ait une, nous navons pas dindications pour pouvoir formaliser les opérateurs.
Quant à la taille et à la forme de la figure initiale, elles sont évidemment conservées. Comme précisé dans lanalyse a priori, nous ne pouvons pas affirmer que des contrôles liés à ces critères aient été effectivement mis en oeuvre par Anissa dans son choix. Nous faisons cette même considération concernant le contrôle (demi_plan (les figures objet et image sont dun côté et de lautre par rapport à laxe).
Ainsi, en ce qui concerne le choix de la « flèche verte » par Anissa, nous considérons que pour elle la symétrie orthogonale, quand laxe de symétrie est vertical, correspond à une translation (suivie éventuellement du retournement) de la figure dans la direction orthogonale ou horizontale, de lautre côté de laxe, tout en conservant une distance globale à laxe.
Problème-losange
Figure SEQ Figure \* ARABIC 74. Réponse dAnissa au problème-losange
Lexplication donnée par Anissa à ce problème montre que son choix relève dune approche perceptive globale de la figure sur la feuille. Elle na pas de doute, la réponse est évidente : « ça se voit ». Cette réponse est en cohérence avec la précédente : les segments objet et image sont parallèles et les extrémités correspondantes des segments sont sur des droites horizontales sur la feuille. Cependant, étant donné que dans ce problème, lorientation de la droite d est oblique, le choix dAnissa nous permet de décider entre la direction orthogonale à laxe et horizontale, contrairement au problème précédent. Ceci écarte la possibilité, dans la résolution de ce problème de la mobilisation du contrôle £ortho envisagé dans le problème précédent.
Soulignons que pour ce problème, Anissa n évoque pas le pliage dans son explication.
En ce qui concerne la conservation des distances à laxe, nous sommes dans la même situation que précédemment : il semble quAnissa conserve une distance globale à laxe qui peut se traduire par légalité des distances suivantes : D(M,d)=D(C,d) et D(N,d)=D(P,d).
Nous considérons que le contrôle « (demi_plan » a pu être mobilisé dans la résolution de ce problème car contrairement au cas précédent où toutes les figures candidates sont dans le même demi-plan délimité par la droite d, Anissa avait ici dautres choix ne relevant pas de la mise en uvre de ce contrôle. De plus, elle a choisi un segment qui a une extrémité sur laxe. Dans ce cas, le contrôle (extrémité_sur_axe a pu également intervenir dans ce choix.
En ce qui concerne les contrôles liés aux critères « forme » et « taille », nous faisons les mêmes hypothèses que dans le problème précédent, à savoir quils ninterviennent pas nécessairement.
Ainsi, les contrôles qui ont pu intervenir dans le choix dAnissa sont les suivants :
CritèresValeursContrôles« direction »horizontale £hor « distance à l axe »distance globale conservée£dist« position »translation (éventuellement suivie de retournement)£ translation
£ translation + £sens_inverseAutres contrôles£parallélisme_segment£extrémité_sur_axeTableau SEQ Tableau \* ARABIC 44. Problème segment-losange : contrôles qui ont pu intervenir dans le choix dAnissa
Ainsi, à partir de la réponse dAnissa à ce problème, nous faisons lhypothèse que pour elle, la symétrie orthogonale correspondrait à une translation (éventuellement suivie de retournement) de la figure dans la direction horizontale, de lautre côté de laxe de symétrie, tout en conservant une distance globale à laxe.
Problème-segment
Figure SEQ Figure \* ARABIC 75. Réponse dAnissa au problème-segment
Anissa a construit comme image du segment un segment parallèle de même longueur et « juste à côté » du segment donné. La construction dAnissa ne nous permet pas daffirmer si la droite d ou un point de cette droite ont été pris en compte dans cette construction. Malgré ce fait, nous tentons didentifier des éléments qui puissent caractériser une conception de symétrie orthogonale mise en uvre par Anissa dans cette construction.
En analysant plus précisément la construction réalisée et en nommant A, B, A et B les extrémités des segments objet et image respectivement, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude quelle est la direction choisie par Anissa pour construire ce segment. Comme nous pouvons le constater dans la figure ci-dessous, la direction de (AA) semble parallèle à laxe, tandis que celle de (BB) est plutôt horizontale sur la feuille.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 76. Droite (AA) perceptivement parallèle à la droite d et (BB) perceptivement horizontale
Dans la construction de ce segment, Anissa a pu mettre en uvre lune des trois procédures suivantes :
Procédure analytique
Anissa a pu construire le point A dans la direction parallèle à laxe et B dans la direction horizontale, puis construire le segment [AB]. Étant donné que la nature de ce problème est la construction dune figure symétrique ce qui, contrairement aux problèmes précédents, oblige lélève à réaliser des actions concrètes sur la figure, nous avons des indications pour pouvoir identifier des opérateurs susceptibles dêtre mis en uvre par Anissa. Ces opérateurs probables sont les suivants :
RA1p : Construire limage dun point à une certaine distance de ce point dans la direction parallèle à laxe ;
RA1h : Construire limage dun point à une certaine distance de ce point dans la direction horizontale ;
RA2 : Construire limage dun segment à partir des images des extrémités du segment donné.
Remarquons la coexistence chez lélève de deux contrôles qui sont, a priori, contradictoires. Le fait que (AA) soit parallèle (ou presque) à laxe peut sexpliquer par la tentative dAnissa de prendre en compte « loblicité » de laxe de symétrie qui nest pas habituelle dans les problèmes scolaires traditionnels de symétrie orthogonale. Par ailleurs, la partie du segment donné au-dessus de laxe est assez courte et par conséquent, son extrémité est relativement proche de laxe, ce qui a pu également favoriser la prise en compte par Anissa de la direction donnée par cet axe. En revanche, lextrémité B du segment est plus éloignée de laxe, la direction de ce dernier ninfluencerait pas alors le choix de la direction pour construire B. On peut penser que ce serait alors le rappel horizontal, présent dans la résolution des problèmes de reconnaissance, qui sest imposé.
Procédure semi-analytique
Anissa a pu construire le point A dans la direction parallèle à laxe, pour la même raison que précédemment, puis a construit un segment parallèle et de la même longueur. Ainsi, les opérateurs éventuels sont :
RA1p
RA3 : Construire limage dun segment à partir dune extrémité, parallèle au segment donné, de même longueur que celui-ci.
Ainsi, elle naurait pas besoin de choisir une direction pour construire B. La construction perceptive aurait introduit une imprécision qui laisserait penser que la direction (BB) serait horizontale.
Procédure globale
Le segment (AB) est construit perceptivement, en faisant glisser la règle horizontalement. Limprécision de la construction serait alors à lorigine de la différence des directions pour A et B. Dans ce cas, lopérateur mobilisé serait le suivant :
RA4 : Tracer limage dun segment donné parallèle, de même longueur et à proximité du segment initial, en faisant glisser une règle dans la direction horizontale.
Les réponses aux problèmes de reconnaissance nous font privilégier la dernière hypothèse.
La distance considérée par Anissa semble être une distance perceptive globale. Il sagit dune part de construire le segment image assez proche du segment objet, et dautre part de faire en sorte que les distances des extrémités correspondantes des segments à laxe soient égales, du moins perceptivement. Ceci renvoie à la mobilisation dun contrôle de distance globale à laxe.
En ce qui concerne la position du segment image par rapport à la position du segment initial, il semble quelle corresponde à une translation (éventuellement suivie de retournement) de la figure objet dans la direction horizontale. Cependant, le contrôle mobilisé peut être également lié au parallélisme.
Les contrôles concernant la conservation de la taille (ici, la longueur du segment) et de la forme (ici, limage dun segment est un segment) peuvent être concernés dans cette construction. En revanche, il semble que le contrôle demi-plan soit absent. Le fait que le segment coupe laxe de symétrie peut avoir favorisé la non mobilisation de ce contrôle. Cependant, on remarque que le segment construit coupe également laxe de symétrie, ce qui indique la mise en uvre du contrôle (intersection_F/axe.
Ainsi, dans le tableau ci-dessous, à partir des critères de choix et des valeurs envisagées, nous répertorions lensemble des contrôles qui ont pu intervenir dans la construction réalisée par Anissa par le biais des trois procédures décrites ci-dessous :
CritèresValeursContrôles« direction »horizontale
parallèle à laxe£hor (les trois procédures)
£direction_autre (procédure analytique)« distance à l axe »distance globale conservée£dist« taille »conservée£taille_1« forme »conservée£forme« position »translation (éventuellement suivie de retournement)£translation
£translation + £sens_inverseAutres contrôles£parallélisme_segment£intersection_F/axe£segment (procédure analytique)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 45. Problème-segment : contrôles qui ont pu être mobilisés par Anissa
Ainsi, nous concluons que limage dun segment par la symétrie orthogonale correspondrait pour Anissa à la translation du segment dans une direction horizontale sur la feuille. Toutefois, il est possible que lorientation non standard de laxe de symétrie (presque horizontale) ait provoquée une déstabilisation au niveau du contrôle lié à la direction horizontale (£hor), notamment si une procédure analytique ou semi-analytique a été mise en place dans la construction.
Problème-maison : construction de la figure symétrique
Figure SEQ Figure \* ARABIC 77. Construction de limage de la figure maison par Anissa
Anissa na pas expliqué comment elle avait réalisé sa construction. Ainsi, pour mener cette analyse nous ne nous appuyons que sur la figure construite.
Pour cette construction, nous envisageons les procédures suivantes :
Procédure semi analytique
La distance à laxe dun des points de F est reportée de lautre côté de laxe dans la direction horizontale. Lopérateur correspondant mobilisé peut être :
RA5 : Construire le symétrique dun point à la même distance de laxe dans la direction horizontale.
Ensuite la figure image est construite globalement, à lidentique avec la figure donnée. Alors, lopérateur peut être le suivant :
RA6 : Construire le symétrique de la figure F à partir dun point, F correspondant à une translatée de F dans la direction horizontale et de lautre côté de laxe.
Procédure globale
La figure image est construite globalement dans une direction horizontale, à la même distance à laxe que la figure objet, cette distance étant perçue de manière globale. Dans ce cas, lopérateur probable est le suivant :
RA7 : Faire glisser la figure F dans la direction horizontale, de lautre côté de laxe et à la même distance de celui-ci que F.
Dans ces deux procédures, la direction choisie semble horizontale, comme le laisse penser le tracé de la droite qui passe par la base de la maison. Le choix de la direction donnée par le segment qui représente la base de la maison peut se justifier dune part, par le fait que la figure-maison représente un objet réel dans sa position habituelle, ce qui peut déterminer que la construction commence par la base. Dautre part, par le fait que la figure est présentée dans la position standard (le grand rectangle a ses côtés horizontaux et verticaux), ce qui favorise le rappel horizontal. Dans ce cas, les variables « nature de la figure F », avec pour valeurs « représentant un objet réel identifiable », et « orientation des segments sur la feuille » avec pour valeurs « horizontale » et « verticale », semblent avoir joué un rôle crucial dans les choix de l élève. Ces variables didactiques peuvent alors être à l origine de la mobilisation des contrôles erronés concernant les critères de « direction » (£hor) et « position» (£translation).
En ce qui concerne le contrôle par la distance à laxe, il dépend du type de procédure mise en place par Anissa. Si la procédure est du type global, la distance se réfère à une position déquilibre entre les figures objet et image. Si la procédure est semi analytique, il sagit de reporter la distance à laxe dun point de F de lautre côté de laxe, dans la direction choisie. Dans ce cas, il sagit vraisemblablement du point quon nomme point A dans la figure ci-dessous ( REF _Ref120623895 \h \* MERGEFORMAT Figure 78) et qui est le sommet de la figure le plus proche de laxe de symétrie, comme on peut supposer à partir du tracé de la droite passant par la base de la maison.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 78. Report de distance dun point de la figure à la droite d (point A)
Remarquons cependant que le point A nest pas limage de A par la symétrie orthogonale dans la figure image construite. Il est possible que ce point ait pu être pris en compte dans lintention de fixer la « distance » à laxe de la figure symétrique avant sa construction globale.
La taille et la forme de la figure F sont conservées, ainsi que lorientation des angles. La position de F par rapport à celle de F peut donc être interprétée comme la translation de la figure F dans la direction horizontale. Le sens de la figure F est alors le même que celui de F.
Dans le tableau ci-dessous nous listons, à partir des critères et des valeurs, les contrôles qui ont pu être mis en uvre par Anissa dans les deux procédures envisagées :
CritèresValeursContrôles« direction »horizontale£hor« distance à l axe »conservée£dist « taille »conservée£taille_1« forme »conservée£forme« position »translation£translationAutres contrôles£parallélisme_segment
£demi_planTableau SEQ Tableau \* ARABIC 46. Problème maison : contrôles qui ont pu être mobilisés par Anissa
Cette analyse est cohérente avec les analyses des problèmes précédents. Ainsi nous pouvons considérer que pour Anissa, la symétrie orthogonale dune figure correspondrait à une translation de cette figure dans une direction horizontale, en conservant une distance à laxe soit globale, soit dun point de F. De cette manière, la taille, la forme et lorientation des angles de la figure initiale sont conservées.
A partir des résultats de lanalyse, problème par problème que nous venons de présenter, nous chercherons maintenant à caractériser les conceptions mobilisées par Anissa dans la résolution de ces problèmes.
b) Caractérisation de conceptions
Dans lanalyse du problème segment, nous avons envisagé un conflit éventuel entre les contrôles relatifs à la direction (direction horizontale et parallèle à laxe). Cependant, au vu de lensemble des réponses données, le choix de la direction horizontale paraît plus probable.
A l exception du problème segment, le contrôle £demi_plan semble être présent dans la résolution de tous les autres problèmes. Autrement dit, les points symétriques sont d un côté et de l autre de l axe de symétrie. De plus, Anissa considère l invariance des points sur laxe, comme en témoigne sa réponse au problème « segment-losange ». Ainsi pour elle, limage dun segment qui a une extrémité sur laxe a aussi une extrémité sur laxe, et si le segment objet coupe laxe, le segment image le coupe aussi.
Dans lensemble des réponses données par Anissa, nous remarquons une certaine stabilité des contrôles concernant la translation, le parallélisme des segments et la direction horizontale, ce qui nous permet davancer que pour Anissa la symétrie orthogonale correspond à une translation de la figure F donnée, dans la direction horizontale, tout en conservant une distance à laxe, soit globale, soit dun point de F. La figure symétrique F a par conséquent même taille, même forme et même sens que la figure F. Le schéma ci-dessous représente lensemble des contrôles et des opérateurs identifiés et les relations entre ces éléments :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 12. Mise en relation des contrôles et opérateurs identifiés chez Anissaref SHAPE \* MERGEFORMAT
Notons, sur le schéma ci-dessus, que (extrémité_sur_axe est lunique contrôle qui ne soit pas en relation avec les opérateurs identifiés. En effet, nous avons supposé que ce contrôle avait pu intervenir dans le choix du segment [CP] comme symétrique de [NM], dans le problème segment-losange. Étant donné que ce contrôle se serait manifesté uniquement dans un problème de reconnaissance (la valeur « touche » pour la variable « intersection de la figure avec laxe » nintervient pas dans les autres problèmes) et que, dans ce type de problèmes, les opérateurs éventuellement à luvre sont difficilement identifiables, nous navons pas pu dégager dopérateurs en lien avec ce contrôle. Dautre part, nous navons pas eu les moyens de vérifier la présence de ce contrôle dans dautres problèmes.
Étant donné que les contrôles identifiés sont pour la plupart liés à la perception globale de la figure, nous faisons lhypothèse que le système de représentation (L) qui permet lexpression de ces contrôles, est constitué par le registre spatio-graphique.
Dans lanalyse de cette copie, nous avons fait lhypothèse que certaines variables des problèmes ont pu favoriser la manifestation de certains contrôles. Ainsi, dans le tableau ci-dessous nous mettons en relation les variables didactiques des problèmes et leurs valeurs avec ces contrôles :
Variables didactiques/ValeursContrôles favorisésOrientation des segments de la figure F sur la feuille/ Horizontale/ Verticale£hor
£parallélisme_droite (orientation presque horizontale)Orientation de l axe sur la feuille / Verticale / Presque horizontaleSpécificité de la figure F/ F possède des segments parallèles à l axe de symétrie£parallélisme_segment
£translationIntersection de la figure avec l axe/ Vide£demi_planTableau SEQ Tableau \* ARABIC 47. Relation entre variables des problèmes résolus et contrôles identifiés chez Anissa
A partir de ce tableau nous pouvons constater que les trois premières variables didactiques semblent favoriser la manifestation des contrôles erronés liés au rappel horizontal, au parallélisme des segments et/ou translation, tandis que la quatrième variable favorise la manifestation dun contrôle mathématiquement correct. Cette mise en relation nous servira de base pour la construction dune séquence didactique lors de linstanciation du modèle de décisions didactiques que nous proposerons pour Anissa.
5.2.2. Copie Béatrice
a) Analyse de la production
Problème-flèche
Figure SEQ Figure \* ARABIC 79. Réponse de Béatrice au problème - flèche
Étant donné que Béatrice explicite la raison de son choix, cette analyse sera fondée dune part sur les caractéristiques de la figure choisie, et dautre part sur lexplication fournie.
Parmi les trois flèches proposées, Béatrice a choisi la « flèche rouge », celle qui se trouve de lautre côté de laxe dans le prolongement du grand segment de la flèche noire.
Comme nous lavons précisé, dans ce problème toutes les figures candidates ont même taille et la même forme que la figure initiale. Ainsi nous navons pas les moyens daffirmer que ces propriétés ont été effectivement mobilisées par Béatrice, car elle navait pas le choix de ne pas les conserver. En ce qui concerne la position de la « flèche rouge » (figure choisie) par rapport à celle de la « flèche noire » (figure initiale), nous pouvons linterpréter comme si cétait une rotation de 180° de la flèche noire autour dun point situé sur la droite d.
Il est également possible que le parallélisme des segments correspondants dans les deux figures ait pu jouer un rôle dans la validation du choix de Béatrice. Ceci nous amène à supposer que le contrôle par le parallélisme (£parallélisme_segment) a pu être également exercé dans ce choix. Toutefois, il n est pas évident dans sa production que ce contrôle ait été nécessairement mobilisé.
Largument utilisé par Béatrice pour expliquer son choix est celui de la superposition des figures par pliage, cependant, comme lavait fait Anissa qui a donné la même explication pour justifier le choix de la flèche verte, elle na pas effectivement plié la feuille de papier. Bien que le pliage sur la droite d ne donne pas la superposition des flèches noire et rouge, nous pouvons supposer que Béatrice a effectivement pensé au pliage le long de la droite d, par effet de contrat par exemple, mais ses images mentales ne sont pas correctes. Ainsi, comme dans le cas dAnissa, un contrôle relatif au pliage na pas été forcément exercé dans ce choix.
Lensemble des contrôles qui nous paraissent donc être intervenus dans le choix de la « flèche rouge » par Béatrice sont les suivants :
CritèresValeursContrôles« direction »prolongement£prolong« distance à l axe »distance globale à l axe conservée£dist« position »Rotation suivie éventuellement d un retournement£rotation
£rotation + £sens_inverseAutres contrôles£parallélisme_segmentTableau SEQ Tableau \* ARABIC 48. Problème-flèche : contrôles qui ont pu intervenir dans le choix de Béatrice
Nous supposons donc que pour Béatrice, limage dune figure par symétrie orthogonale se trouve dans le prolongement dun segment de la figure initiale, ce segment étant un élément significatif de celle-ci (ici, le segment le plus long de la flèche qui est en même temps son axe de symétrie), tout en conservant une distance à laxe dans la direction choisie.
Problème-losange
Figure SEQ Figure \* ARABIC 80. Réponse de Béatrice au problème segment_losange
Comme nous lavons montré dans lanalyse a priori, plusieurs segments peuvent être choisis comme symétrique du segment [MN]. Béatrice a choisi le segment [MO], ce qui est cohérent avec la réponse précédente (choix de la flèche rouge) car ce segment se trouve dans le prolongement du segment initial.
Béatrice justifie son choix en expliquant que « ON est laxe de symétrie ». Elle considère probablement que le segment [ON] est laxe de symétrie du parallélogramme ABCA. Cependant, dans son discours Béatrice fait référence à la droite d. Nous pouvons supposer alors que le rôle exercé par cette droite dans ce choix est celui de délimiter les deux demi-plans où se situent les deux segments, ce qui renvoie à la mobilisation du contrôle £demi_plan.
Comme nous lavons prévu dans lanalyse a priori, en considérant les attributs de la figure on peut supposer que dautres contrôles aient pu intervenir dans le choix de Béatrice. Ces contrôles sont listés dans le tableau ci-dessous :
CritèresValeursContrôles« direction »prolongement£prolong« distance à l axe »distance globale à l axe conservée£dist« position »rotation (avec au sans retournement)£rotation
£rotation + £sens_inversetranslation (avec ou sans retournement)£translation
£translation + £sens_inverseAutres contrôles£parallélisme_segment£demi_plan£point_invariantTableau SEQ Tableau \* ARABIC 49. Problème segment-losange : contrôles qui ont pu intervenir dans le choix de Béatrice
Béatrice a choisi comme image du segment [MN] un segment qui est sur la même droite support. Ceci confirmerait lhypothèse précédente selon laquelle pour elle limage dune figure par la symétrie orthogonale se trouve dans le prolongement dun segment de la figure initiale, tout en conservant une distance à laxe dans la direction choisie. Les figures objet et image se trouvent dans les demi-plans différents délimités par laxe de symétrie, et le segment choisi a un point invariant sur laxe. Cependant, étant donné que la plupart des contrôles attribués aux choix de Béatrice sont fondés sur les attributs de la figure, ces hypothèses sont encore à confirmer.
Problème-segment
Figure SEQ Figure \* ARABIC 81. Réponse de Béatrice au problème-segment
La construction réalisée par Béatrice et son explication indiquent quelle a utilisé une procédure analytique. Béatrice explique quelle a tracé « la droite A perpendiculaire à la droite ». Daprès le dessin, il sagit vraisemblablement de la droite (AA), dont la perpendicularité à la droite d est indiquée par le code correspondant. Béatrice utilise le codage sur la figure pour montrer que sa construction repose également sur la propriété déquidistance des points à laxe.
Ainsi, la procédure analytique utilisée serait la suivante :
1. Construire des droites perpendiculaires à d, passant par les extrémités du segment donné ;
2. Construire les symétriques de ces extrémités, en reportant leurs distances à laxe sur ces perpendiculaires.
Les opérateurs qui ont pu être mis en uvre par Béatrice dans cette construction sont les suivants :
RB1 : Construire une droite perpendiculaire à la droite d passant par un point ;
RB2 : Construire le symétrique dun point en conservant la distance à laxe dans la direction orthogonale à celui-ci ;
RB3 : Construire le symétrique dun segment comme le segment joignant les symétriques des extrémités du segment objet.
Signalons que Béatrice a nommé le segment initial [BA] et le segment image [AB] ; le couple de points A et B se retrouve ainsi dans le demi-plan au-dessus de laxe, et le couple Aet B dans le demi-plan au-dessous. Il est probable quelle a dabord construit la figure sans avoir nommé les points puis, en vue délaborer lexplication demandée dans lénoncé du problème, Béatrice a décidé de les nommer, visant uniquement à faciliter lexpression de largumentation. Notons que son discours traduit quelques difficultés dans lutilisation du langage mathématique, par exemple, elle appelle droite A la droite (AA). Dans notre analyse, nous ne tenons pas compte de ces difficultés.
Les contrôles susceptibles d être mis en Suvre par Béatrice dans la résolution de ce problème sont les suivants :
CritèresValeursContrôles« direction »orthogonale à l axe£ortho« distance à l axe »distance à l axe conservée£distautre contrôle£segmentTableau SEQ Tableau \* ARABIC 50. Contrôles qui ont pu intervenir dans la construction de limage du segment par Béatrice
Nous considérons que dans la résolution de ce problème, Béatrice mobilise des contrôles corrects du point de vue mathématique. Notons alors que le contrôle dorthogonalité relatif au critère « direction » nest pas cohérent avec ses choix précédents, où un contrôle lié au prolongement dun segment a vraisemblablement été mobilisé. Nous supposons que le fait que ce problème soit un problème de construction de la figure symétrique joue un rôle important dans ce changement, ce qui met en évidence le rôle de la variable didactique « nature du problème ». En fait, comme nous lavons mentionné dans lanalyse a priori, les problèmes de construction appartiennent à un autre ensemble de problèmes, qui nest plus de reconnaître le symétrique dune figure donnée, mais de réaliser des actions concrètes sur la figure. Ainsi, le fait dexécuter ces actions peut inciter lélève à faire des conjectures basées sur dautres connaissances que la perception et, par conséquent, dautres contrôles peuvent alors être mobilisés.
En revenant à la construction de Béatrice, il est possible que la variable dintersection du segment avec laxe ait aussi joué un rôle important dans sa résolution. Le fait que le segment coupe laxe de symétrie peut bloquer dune certaine manière le contrôle du prolongement mobilisé dans les problèmes précédents. Ainsi, dans limpossibilité de prolonger le segment, Béatrice a recouru à un autre contrôle, qui est le contrôle correct.
Nous concluons alors que dans la résolution de ce problème, Béatrice mobilise une conception de la symétrie orthogonale qui est caractérisée par la mise en uvre des contrôles dorthogonalité et de conservation dégalité des distances des points de la figure à laxe.
Problème-maison
Figure SEQ Figure \* ARABIC 82. Construction de limage de la figure-maison par Béatrice
Notre hypothèse est que pour construire la figure image (à droite de la droite d), Béatrice utilise une procédure semi-analytique. Les raisons pour lesquelles nous faisons cette hypothèse seront expliquées plus loin. Nous interprétons la procédure utilisée de la manière suivante :
1. Construire la droite perpendiculaire à la droite d, passant par le sommet nommé « point A » sur la figure et construire le symétrique de ce point (A) sur cette droite, tout en gardant sa distance à d.
2. A partir de A et, en sappuyant sur la direction donnée par la droite (AA), construire globalement la figure image, tout en gardant les longueurs des segments, la forme de la figure initiale et en inversant lorientation des angles.
Bien que dans cette construction Béatrice nait pas utilisé le codage de perpendicularité et dégalité de distance sur la figure, notre interprétation que la droite (AA) est perpendiculaire à la droite d sappuie sur son explication « jai tracé la perpendiculaire A à la droite d ». Ceci nous fait penser que pour construire le point A elle a utilisé la même procédure que pour construire les symétriques des extrémités du segment dans le problème précédent. Ainsi, cest la direction « orthogonale à laxe » que nous retenons dans cette analyse.
Lhypothèse que la construction de la figure image est globale provient du fait que, bien que A soit le symétrique du point A par la symétrie orthogonale daxe d, les sommets B, C et D de la figure image ne correspondent pas aux symétriques de B, C et D respectivement par cette symétrie ; notons par exemple que la diagonale du rectangle ABCD donne le segment qui représente la base du toit de la figure image. Compte tenu que Béatrice arrive à achever sa construction, malgré le fait que ces points ne soient pas symétriques, nous supposons que ces points ont été nommés a posteriori.
Les opérateurs qui ont pu être mis en uvre par Béatrice dans cette construction sont les suivants :
RB1 : Construire une droite perpendiculaire à d passant par un point ;
RB2 : Construire le symétrique dun point en conservant la distance à laxe dans la direction orthogonale à celui-ci ;
RB4 : À partir dun point construit, tracer la figure image (F), tout en conservant la taille et la forme de la figure initiale (F) et en inversant lorientation des angles.
Nous considérons que les contrôles concernant les critères « direction » et « distance à laxe » sont exercés lors de la construction du point A, symétrique de A. Ensuite, lemplacement de la figure image par rapport à la figure initiale est défini en fonction de la direction de la droite (AA) précédemment tracée ; ceci nous amène à envisager la mobilisation de contrôles liés aux critères « position » et « sens ». La position de la figure image construite par Béatrice est très particulière par rapport à celle de F, qui ne correspond ni à une translation ni à une rotation suivies de retournement, ce qui nous amène à attribuer la valeur « autre » au critère « position » (cf. REF _Ref132282535 \h \* MERGEFORMAT Tableau 9, p. PAGEREF _Ref132282549 \h 83). Par contre, la spécificité de la figure-maison (ne possède pas daxe de symétrie) nous permet didentifier que Béatrice prend en compte le changement dorientation des angles par la symétrie orthogonale.
Ainsi, les contrôles susceptibles dêtre mis en uvre par Béatrice dans cette construction sont les suivants :
CritèresValeursContrôles« direction »orthogonale à laxe£ortho« distance à l axe »distance à l axe conservée :
ponctuelle pour la construction de A
globale pour la construction de la figure complète£dist« taille »conservée£taille_1« forme »conservée£forme« position »autre£position_autre : l image de la figure est construite en fonction d une direction précédemment définie.« sens »sens inverse£sens_inverseTableau SEQ Tableau \* ARABIC 51. Contrôles qui ont pu intervenir dans la construction de l image de la figure-maison par Béatrice
Le fait que Béatrice a construit correctement le symétrique dun point de la figure montre quelle a réinvesti les connaissances utilisées dans la construction du symétrique du segment dans le problème précédent. Cependant, ces connaissances nont pas été réinvesties dans la construction des autres points de la figure. Pour les construire, Béatrice change de procédure de construction : elle passe dune procédure analytique correcte à une procédure semi-analytique incorrecte. La question qui se pose concerne les raisons qui ont pu amener Béatrice à changer de procédure au cours de la résolution du problème et, par conséquent, à abandonner les contrôles corrects au profit des contrôles liés à la perception globale de la figure.
Étant donné que dans la construction de limage du segment (problème précédent) ce changement ne s'est pas produit, nous pouvons supposer que la complexité de la figure a pu gêner Béatrice. En dautres termes, le fait que la figure-maison soit composée de nombreuses sous-figures et comporte de nombreux sommets, a pu amener Béatrice à changer de procédure avec le but de simplifier la construction car la procédure analytique savère être longue et fastidieuse.
Ainsi, cette construction de Béatrice indique quelle connaît les propriétés dégalité des distances des points à laxe et dorthogonalité de la symétrie orthogonale et elle les utilise pour construire le symétrique dun point ou dun segment. Toutefois, dès quil sagit dune figure complexe, elle a recours à une procédure semi-analytique, et construit la figure image en conservant la taille et la forme de la figure initiale et en inversant lorientation des angles.
b) Caractérisation de conceptions
Nous avons vu que dans la résolution des problèmes de reconnaissance, le choix des figures par Béatrice nous a amenée à considérer le contrôle (prolong lié à la direction donnée par le prolongement dun segment. Cependant, dans ses constructions nous ne trouvons plus la manifestation de ce contrôle. Si lon prend comme hypothèse que le contrôle £prolong a été mobilisé dans la reconnaissance des figures symétriques, dans les problèmes de construction il serait abandonné au profit d un contrôle correct du point de vue des mathématiques. En effet, dans la construction du segment Béatrice, a recouru au contrôle lié à la propriété dorthogonalité de la symétrie orthogonale : (ortho. Cependant, elle ne sait lutiliser que quand la figure comporte peu de points. Ceci révèle une certaine instabilité de ce contrôle chez Béatrice.
Dans le schéma ci-dessous nous mettons en relation lensemble des contrôles et des opérateurs identifiés dans la production de Béatrice :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 13. Mise en relation des contrôles et opérateurs identifiés chez Béatrice
Remarquons sur le schéma que cinq contrôles ne sont pas en relation avec les opérateurs identifiés. Il sagit de contrôles dont on suppose quils ont été mobilisés dans les problèmes de reconnaissance. Étant donné la spécificité de ces problèmes et que nous ne trouvons pas dindices prouvant quils ont été exercés dans les problèmes de construction, nous navons pas les moyens daffirmer que ces contrôles aient été mobilisés par Béatrice.
Nous avons fait lhypothèse, par exemple, que le contrôle £prolong éventuellement mobilisé dans les problèmes de reconnaissance de la figure symétrique a pu être bloqué par la variable « intersection de la figure avec l axe », dans la construction de l image du segment par la suite. Cependant, ceci reste une hypothèse.
Cette analyse montre la complexité de la caractérisation de conceptions au sens du modèle cK¢. En effet, bien que nous soyons capables de caractériser des éléments de conception(s), nous navons pas les moyens daffirmer quil sagit vraiment dune conception et si oui, que cette conception est unique ou multiple.
En ce qui concerne le système de représentation, nous identifions dans les problèmes de construction notamment, un changement de registre passant du géométrique au spatio-graphique, et vice-versa. Notons par exemple que dans la reconnaissance de limage de la « figure flèche », Béatrice valide son choix par la superposition des figures par pliage, ce qui caractériserait un registre spatio-graphique. Dans la construction de limage du segment et dun point de la figure-maison, elle passe à un registre géométrique. Elle met en uvre les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances à laxe pour construire ces images. Pour cela, elle se sert des instruments de dessin (léquerre, le compas
). Nous supposons que le changement de nature du problème, ainsi que lexplicitation dans la consigne des problèmes de construction relative à lutilisation possible de ces instruments, ont contribué à ce changement de registre. Cependant, après cela Béatrice est confrontée à la complexité de la « figure maison ». Alors elle change à nouveau de registre en effectuant un retour au registre spatio-graphique.
Lanalyse conduite ci-dessus soulève quelques questions concernant les raisons qui ont pu favoriser le changement de contrôles et de registre de représentation. Sagit-il de lévolution dune conception vers une autre, ou bien de la cohabitation de plusieurs conceptions chez ce même élève ?
Ceci confirme la complexité détablir un diagnostic de conceptions. Nous pensons que pour déterminer sil sagit dévolution de conceptions ou de cohabitation de conceptions, il faudra, suite à un changement de procédure par lélève, lui proposer des problèmes dont les variables pourront favoriser davantage la manifestation des contrôles caractéristiques de la conception initiale supposée évoluée, ce qui ne sest pas produit dans lensemble de problèmes proposés à Béatrice.
En analysant cette copie, nous avons identifié dans les problèmes résolus, des variables qui ont pu amener lélève à mobiliser certains contrôles. Dans le tableau ci-contre, nous indiquons ces variables avec leurs valeurs respectives, et nous les mettons en relation avec les contrôles identifiés :
Variables didactiques/ValeursContrôlesNature du problème/ Reconnaissance de la figure symétrique
Intersection de la figure avec l axe/ Vide/ Touche£prolong Nature du problème/ Construction de la figure symétrique Figure/ Simple (segment)£dist
£orthoFigure/ Complexe£taille1
£forme
£position_autre
£sens_inverse Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 52. Relation entre variables des problèmes résolus et contrôles identifiés chez Béatrice
5.2.3. Copie Cédric
a) Analyse de la production
Problème-flèche
Figure SEQ Figure \* ARABIC 83. Réponse de Cédric au problème-flèche
Cédric a choisi la bonne figure symétrique : la flèche bleue. Daprès son explication, nous supposons que son choix est contrôlé par légalité des distances de « la pointe » des deux flèches noire et bleue à la droite d. Cependant, la flèche rouge vérifie également cette propriété. Ainsi, nous supposons quun autre critère est intervenu, probablement celui de « direction ». Dans ce cas, la direction choisie serait « orthogonale à laxe » ou « horizontale ».
CritèresValeursContrôles« distance à l axe »distance à l axe conservée£dist « direction »orthogonale à l axe
horizontale£ortho
£horTableau SEQ Tableau \* ARABIC 53. Contrôles qui ont pu intervenir dans le choix de la flèche bleue par Cédric
Problème segment-losange
Figure SEQ Figure \* ARABIC 84. Réponse de Cédric au problème segment-losange
Comme symétrique du segment [MN], Cédric a choisi le segment [MO]. Pour justifier son choix, il évoque « légalité des distances », ce qui est cohérent avec lexplication donnée dans le problème précédent. Étant donné que les deux segments ont une extrémité sur laxe (le point M), légalité des distances évoqué par Cédric renvoie aux distances de N et de O à ce point M. Comme nous lavons montré dans lanalyse a priori, le choix de ce segment peut relever du prolongement du segment [MN], car les segments [MN] et [MO] sont sur la même droite support. Le parallélisme de ces segments peut aussi intervenir dans ce choix, mais compte tenu de la réponse de Cédric au problème précédent, la mise en uvre dun contrôle par le parallélisme nest pas ici envisageable.
Ainsi, les contrôles qui ont pu intervenir dans le choix de Cédric sont les suivants :
CritèresValeursContrôles« direction »prolongement£prolong« distance à l axe »distance globale à l axe conservée£dist« position »rotation (avec au sans retournement)£rotation
£rotation + £sens_inversetranslation (avec ou sans retournement)£translation
£translation + £sens_inverseAutres contrôles£demi_plan£point_invariantTableau SEQ Tableau \* ARABIC 54. Contrôles qui ont pu intervenir dans le choix du segment [MO] par Cédric
Le traitement de la réponse donnée par Cédric à ce problème nous permet de déceler chez lui une stabilité confirmée du contrôle £dist. Remarquons que pour le critère distance on ne trouve pas le même choix que dans le problème précédent. En effet, si Cédric avait envisagé la direction orthogonale à l axe ou horizontale dans ce problème, il aurait choisi les segments [MP] ou [PC] comme symétriques de [MN], et le choix du prolongement dans le problème-flèche aurait conduit lélève à la réponse « flèche rouge ».
Ceci nous amène à supposer que pour Cédric la symétrie orthogonale est caractérisée par la conservation des distances des points à laxe, mais il semble ignorer quune direction est également importante.
Problème-segment
Figure SEQ Figure \* ARABIC 85. Construction de la figure-segment par Cédric
Daprès lexplication de lélève, on pourrait supposer que la procédure est analytique. En analysant sa construction, nous vérifions quil a construit un segment pointillé dont la longueur correspond à la distance dune des extrémités du segment initial à la droite, dans une direction difficilement interprétable.
Cependant, pour la construction de la deuxième extrémité il ny a plus conservation de distance. Étant donné que le contrôle de distance à laxe semble stable chez lélève, nous supposons que la construction na pas été réalisée comme elle est décrite, mais quil sagit plutôt dune procédure semi-analytique qui a été mise en uvre.
La procédure envisagée est la suivante :
1. Construire limage dune des extrémités du segment dans une direction qui semble aléatoire, en reportant la distance à laxe dans cette direction.
2. A partir de ce point, construire le segment image en conservant la longueur du segment initial, de sorte que le segment image passe par le point invariant sur laxe de symétrie.
Ainsi, les opérateurs susceptibles dêtre mis en uvre par Cédric dans cette procédure sont les suivants :
RC1a : Construire le symétrique dun point en conservant la distance à laxe, dans une direction aléatoire ;
RC2 : Construire un segment de longueur donnée à partir dune extrémité.
Par ailleurs, étant donné que Cédric construit limage du segment de même longueur en considérant le point invariant, il semble quil ait mobilisé les contrôles de conservation de longueur et dinvariance de point sur laxe. Ainsi, nous faisons lhypothèse que les contrôles qui ont pu intervenir dans la construction de Cédric, sont les suivants :
CritèresValeursContrôles« direction »autre£direction_autre« distance à l axe »Distance à l axe conservée£dist« taille »conservée£taille1« forme »conservée£formeAutre contrôle£point_invariantTableau SEQ Tableau \* ARABIC 55. Contrôles qui ont pu intervenir dans la construction de l image du segment par Cédric
La construction du symétrique d un segment par Cédric confirme l hypothèse que pour lui, la symétrie orthogonale est caractérisée par légalité des distances dun point et son symétrique à laxe, prise dans une direction aléatoire. De plus, la propriété de conservation de la longueur du segment ainsi que linvariance de point sur laxe, sont prises en compte.
Problème-maison
Figure SEQ Figure \* ARABIC 86. Problème-maison Cédric
Comme nous pouvons constater dans la figure ci-dessus, Cédric na pas achevé sa construction. Il a construit seulement deux morceaux de la figure symétrique, puis abandonné la construction. Toutefois, nous pouvons repérer dans la partie construite des éléments qui donnent des indications à propos de la procédure utilisée par lélève et par conséquent, sur les contrôles et les opérateurs que Cédric a pu mobiliser. Étant donné que sa construction nest pas achevée, Cédric ne sest pas senti obligé dexpliquer comment il a construit les morceaux de la figure. Il nexprime que son regret de ne pas être arrivé à finir sa construction. Ainsi, notre analyse ne sera fondée que sur la partie de la construction réalisée.
En observant précisément cette construction, nous faisons la même hypothèse que précédemment concernant le type de procédure de construction utilisée : une procédure semi-analytique qui consisterait à :
1. Construire limage dun point ou des points de la figure dans une direction donnée, tout en conservant la distance à laxe dans cette direction ;
2. A partir de ce point ou de ces points, construire globalement limage de la figure, sans pourtant forcément conserver les longueurs des segments et la forme de la figure initiale.
Il cherche à concilier procédure analytique et conservation de forme et de taille. Labsence de contrôle de direction rend cet effort infructueux. En effet, il prend la direction horizontale ou celle donnée par le prolongement du segment supérieur de la cheminée puis pour le reste de la cheminée, il essaie de conserver la forme. Pour le rectangle, il prend la direction du prolongement du segment du toit. Visiblement, il na aucune idée de la direction à choisir. Les opérateurs qui ont pu intervenir dans la mise en uvre de cette procédure sont les suivants :
RC1o/prol/h : Construire le symétrique dun point en conservant la distance à laxe, dans une direction orthogonale à laxe/dans le prolongement dun segment/horizontale.
RC3 : Construire une figure image en conservant les longueurs des segments.
Comme précédemment, il nous paraît évident que Cédric exerce un contrôle concernant légalité des distances des points à laxe. Les droites construites en trait pointillé et en trait plein sur la figure, témoignent de ceci. Cependant, la direction dans laquelle cette distance a pu être prise peut être interprétée de différentes manières :
dans la construction du quadrilatère correspondant à limage de la cheminée de la maison, cette direction est celle donnée par le prolongement dun segment (segment supérieur de la cheminée), ou horizontale.
dans la construction de limage du grand rectangle, cette direction est soit orthogonale à laxe, soit celle donnée par le prolongement du segment qui représente le toit. Dans ce cas, la deuxième droite aurait été construite comme parallèle à la première.
Par ailleurs, sauf pour lun des segments du quadrilatère qui représente la cheminée de la maison, la longueur des segments de la figure initiale est toujours conservée par Cédric. La non conservation de la longueur de ce segment peut être due à la petite taille de ce quadrilatère et au fait que son image ait été construite globalement.
Remarquons encore que dans la plupart des cas, la mesure des angles de la figure initiale n est pas conservée et, par conséquent, les images des quadrilatères possèdent des formes différentes de ceux de départ. Ceci peut témoigner de la non mobilisation du contrôle £forme lors de la construction des sous-figures de la figure-maison. Cependant, nous supposons que le fait davoir obtenu des images de formes différentes est une des raisons qui ont pu amener Cédric à abandonner sa construction. Le contrôle relatif à la forme aurait alors été exercé comme moyen de vérification.
Ainsi, les contrôles qui ont pu intervenir dans la construction de Cédric sont les suivants :
CritèresValeursContrôles« direction »prolongement dun segment de F
orthogonale à laxe
horizontale £prolong ou £hor
£ortho ou £prolong« distance à l axe »distance à l axe conservée£dist« taille »conservée£taille1« forme »conservée£formeTableau SEQ Tableau \* ARABIC 56. Contrôles qui ont pu intervenir dans la construction de l image de la figure-maison par Cédric
La construction fournie confirme la stabilité des contrôles £dist, et £taille1 chez Cédric.
En ce qui concerne les contrôles relatifs à la direction, d une part l orientation horizontale/verticale des segments sur la feuille ne nous permet pas de trancher entre les contrôles £hor et £prolong. D autre part, le fait que la direction donnée par le prolongement du segment qui représente le toit de la maison soit perceptivement orthogonale à l axe ne nous permet pas de trancher entre £ortho et £prolong. Ainsi, à cause de ces ambiguïtés nous ne pouvons pas avancer de contrôles concernant ce critère de choix.
En ce qui concerne le contrôle par la forme de la figure initiale, nous avons initialement interprété la non conservation des mesures de certains angles de la figure par labsence de ce contrôle pendant la phase dexécution. Toutefois, comme nous lavons dit, ce contrôle a pu être exercé comme moyen de valider le résultat obtenu. Comme nous lavons précisé, le fait davoir obtenu des figures de formes différentes de celles des figures objets et de plus, très éloignées lune de lautre, ce qui ne correspondait pas à la figure attendue, a probablement amené Cédric à abandonner sa construction. Nous faisons lhypothèse quil sagit ici dun conflit entre le contrôle concernant la forme de la figure et le contrôle par la distance à laxe. En fait, dans les problèmes de reconnaissance, la forme des figures ne jouait pas un rôle important dans le choix de la figure symétrique, étant donné que toutes les figures proposées avaient la même forme que la figure objet. En ce qui concerne la construction du segment, la nature simple de la figure ne favorise pas un tel conflit. En revanche, la complexité de la figure-maison joue ici un rôle important car elle est révélatrice de ce conflit chez Cédric.
Nous concluons alors que pour Cédric, la symétrie orthogonale serait caractérisée par la conservation des distances des points à laxe dans des directions choisies au hasard, la conservation des longueurs des segments, ainsi que la conservation de la forme de la figure initiale.
b) Caractérisation de conceptions
Indépendamment des variables des problèmes résolus, nous trouvons dans la production de Cédric une stabilité du contrôle lié à légalité des distances des points à l axe (£dist). Cependant, cette distance n'est pas forcément considérée dans la direction orthogonale. La direction considérée dans chaque problème est choisie de la manière la plus convenable, parfois elle semble même aléatoire, par exemple dans la construction de l image du segment. Les contrôles £taille_1 et £forme semblent assez stables chez Cédric. Ainsi, dans la construction de l image d une figure, un conflit entre les contrôles (dist et (forme s est produit. Ce conflit est du à labsence de contrôle relatif à la direction.
Cette analyse montre que les contrôles identifiés sont liés à un registre spatio-graphique. Ceci est mis en évidence notamment dans la résolution du problème-maison.
Dans le schéma ci-dessous, nous mettons en relation les contrôles et les opérateurs identifiés dans lanalyse de la production de Cédric :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 14. Mise en relation des contrôles et opérateurs identifiés chez Cédric
Le schéma qui précède montre bien la diversité des contrôles qui sont en relation avec l'opérateur « RC1o/prol/h » concernant la construction de l'image d'un point en conservant la distance à laxe, dans une direction donnée. Dans certains cas, compte tenu des variables du problème résolu, cette mise en relation est encore à confirmer.
Dans le tableau ci-dessous nous mettons en relation les contrôles et les variables didactiques qui ont pu favoriser la manifestation de ces contrôles :
Variables didactiques/ValeursContrôles favorisésOrientation des segments de la figure F sur la feuille/ Horizontale / Verticale£prolong ou £hor Position relative de F et F'/ F et F' possèdent des segments qui sont sur la même droite support£prolongIntersection de la figure avec l'axe/ ToucheNature de F/ Complexe£formeTableau SEQ Tableau \* ARABIC 57. Relation entre les variables didactiques et contrôles identifiés chez Cédric
5.2.4. Conclusion
Caractérisation des conceptions
L'objectif principal de cette analyse a été de caractériser, au sens du modèle cK¢, les conceptions mises en uvre par ces trois élèves dans la résolution des problèmes proposés. Létude théorique que nous avons réalisée au chapitre 3, nous a permis de caractériser a priori les contrôles susceptibles d'être mobilisés par les élèves dans la résolution de problèmes de reconnaissance et de construction de figures symétriques. La méthodologie utilisée ne nous a pas permis daccéder aux autres éléments des conceptions. Pour cette raison, nous avons mis en place une expérimentation pour pouvoir dégager ces éléments à partir de lanalyse de laction de lélève.
En nous appuyant sur les contrôles identifiés a priori, nous avons étudié les productions de trois élèves. Cette étude nous a permis de dégager chez ces élèves les contrôles, les opérateurs et les systèmes de représentation des conceptions mobilisées dans la résolution des problèmes proposés.
En ce qui concerne les opérateurs, nous les avons identifiés seulement dans les réponses des élèves aux problèmes de construction. En effet, les opérateurs étant attestés dans l'action et vu que dans la résolution de ce type de problème lélève réalise des actions concrètes sur la figure, nous avons pu décrire les procédures utilisées en termes dopérateurs mis en oeuvre. En revanche, le caractère implicite de laction dans la résolution de problèmes de reconnaissance nous a empêchés daccéder à ces éléments, du moins à partir de la méthodologie utilisée.
Dans le but de caractériser les conceptions de ces élèves, nous avons mis en relation les éléments de conceptions identifiés, notamment les contrôles avec les opérateurs et les variables des problèmes résolus. Dans le cas où il y a une convergence dans le type de contrôles mobilisés tout au long de la résolution des problèmes (copie Anissa, par exemple), nous avons remarqué que cette mise en relation sétablissait plus facilement. Ceci pourrait laisser penser que nous sommes face à une conception unique chez lélève. Dans le cas où il ny a pas cette convergence (Béatrice, par exemple), la mise en relation des éléments identifiés devient une tâche plus complexe. Les variables didactiques des problèmes résolus contribuent à cette complexité. Lanalyse de la copie Béatrice a montré que les variables « nature du problème » (construction et reconnaissance de figures symétriques) et « nature de la figure F » (simple et complexe) ont favorisé la mise en uvre de contrôles différents par lélève. Ceci nous a amenés à supposer quil pouvait sagir soit dun cas dévolution de la conception initialement mobilisée, soit dun cas de cohabitation de conceptions différentes chez ce même élève. Ce constat soulève les questions suivantes :
A partir des contrôles, des opérateurs et des systèmes de représentation utilisés par un sujet dans la résolution de problèmes, comment savoir si une ou plusieurs conceptions sont présentes chez ce sujet ? Comment les caractériser ?
Comment distinguer un cas de cohabitation entre plusieurs conceptions différentes, dun cas dévolution dune conception vers une autre chez un sujet ?
Éléments des conceptions et des procédures
Comme nous lavons déjà précisé, pour décider de lemplacement de la figure image par rapport à la figure initiale et à laxe de symétrie, lélève doit considérer un certain nombre de critères (direction, distance de laxe ...). Létude théorique (cf. chapitre 3) concernant les procédures de construction montre que dans la mise en oeuvre des procédures globales, les critères associés à laction de lélève sont nombreux, son action sappuyant sur la perception de la figure. Par conséquent, davantage de contrôles sont susceptibles dintervenir. En revanche, dans les procédures analytiques (construction de la figure symétrique point par point), les contrôles liés à la perception ninterviennent plus. Laction de lélève sappuie sur les propriétés mathématiques et par conséquent, les contrôles mobilisés sont dordre théorique.
La relation entre les éléments des conceptions et le type de procédure utilisée par les trois élèves apparaît dans les schémas « mise en relation des contrôles et des opérateurs ». Notons chez Anissa (cf. REF _Ref135198283 \h \* MERGEFORMAT Schéma 12, p. PAGEREF _Ref135198319 \h 177) quaux opérateurs liés à la construction globale de la figure (RA4, RA5, RA6 et RA7), sont associés plusieurs contrôles. Le schéma est alors relativement « dense ». Chez Cédric, nous avons identifié des procédures de construction semi-analytiques. Sur le schéma correspondant (cf. p. PAGEREF _Ref135743780 \h 194) il y a moins de liaisons entre les opérateurs et les contrôles identifiés. Ceci sexplique par le fait quune partie de la procédure est analytique. Le schéma associé à Béatrice (cf. p. PAGEREF _Ref135743210 \h 186) nous permet de repérer la relation entre les éléments de conceptions et les procédures, dans le cas des procédures analytiques. En effet, aux opérateurs mobilisés (RB1, RB2 et RB3) est associé un seul contrôle.
Force didactique des contrôles
Les résultats de létude réalisée mettent en avant lintérêt didactique détudier lactivité de lélève en termes de contrôles. La copie Béatrice est un exemple illustratif de ceci. Ses réponses paraissent confuses, parfois contradictoires. Dans certaines situations, elle semble mobiliser des connaissances correctes (du point de vue de lobservateur) sur la notion de symétrie orthogonale, alors que dans dautres, non. Lanalyse de sa production en termes de contrôles a permis de révéler chez elle un raisonnement cohérent au cours de la résolution des problèmes.
Lintérêt didactique détudier les conceptions de lélève à partir de la structure de contrôles de celles-ci réside ainsi dans le fait quelle fait émerger la rationalité de lélève lorsquil résout des problèmes, même si cette rationalité peut paraître faible, voire inexistante aux yeux de lobservateur de son activité.
Le repérage des éléments des conceptions de ces trois élèves savère importante pour notre recherche, car il constitue le point de départ pour la construction de situations didactiques. Dans le cadre de notre recherche nous avons pu repérer ces éléments grâce à une analyse détaillée de productions des élèves, en nous appuyant sur le modèle cK¢. Nous sommes conscients que dans sa pratique le professeur, naura pas les moyens de descendre jusquà ce niveau de granularité. Notre intérêt est alors de savoir de quel est le niveau danalyse de lactivité de lélève dont ils ont besoin dans le but de construire un processus denseignement. Cest ce que nous étudierons dans la deuxième partie de notre expérimentation.
Au chapitre suivant, nous présenterons la partie de notre étude expérimentale concernant la prise de décisions didactiques par les professeurs.
Chapitre 6 : expÉrimentation 2 ÉTUDE de prises de dÉcisions didactiques
Dans ce chapitre, nous présenterons tout dabord le public concerné et le contrat expérimental. Puis, nous instancierons le modèle de décisions didactiques, proposé dans le chapitre 4, dans le cas dun élève particulier. Ensuite, nous présenterons la méthodologie danalyse des productions des professeurs. Enfin, nous présenterons lanalyse des productions des professeurs et les principaux résultats obtenus.
1. Introduction
Notre objectif principal est de répondre à nos questions de recherche concernant la construction par les professeurs de processus d'enseignement sur la notion de symétrie orthogonale. Rappelons ces questions :
Q3 : Quels sont les types de problèmes favorisant le passage dune conception Ci à une conception Cj et comment décrire ces problèmes en termes de variables didactiques ?
Q4 : Sur quels éléments se fondent les décisions didactiques prises par un professeur dont lobjectif est de faire évoluer les conceptions mobilisées par un élève ?
Initialement, nous avons supposé que les études théorique et expérimentale auprès des élèves pourraient nous apporter des éléments de réponse aux questions relatives à la caractérisation de conceptions. Lidée de départ a été de pouvoir disposer dune « donnée connue », [conceptionproblème], qui puisse nous servir auprès des professeurs dans létude de leurs prises de décisions didactiques. Comme nous lavons déjà précisé, la méthodologie que nous avons utilisée dans cette étude, ne nous a pas permis de caractériser les conceptions délèves. En revanche, nous avons pu caractériser les éléments des conceptions délèves relatifs à la notion de symétrie orthogonale. Cette caractérisation, notamment de la structure de contrôle, devient alors le point de départ pour létude des décisions didactiques prises par les professeurs.
Par ailleurs, afin de repérer des éléments sur lesquels se fondent les décisions didactiques prises par les professeurs, nous nous appuierons sur le modèle des niveaux du professeur proposé par Margolinas (2002, 2005). Nous chercherons à dégager dans les productions des professeurs, les éléments suivants :
les éléments identifiés par les professeurs dans l'activité de lélève, et la façon dont ils sont pris en compte dans leurs décisions didactiques ;
les éléments de leurs projets globaux d'enseignement (niveau +2) et des projets éducatifs (niveau +3) qui influencent leurs décisions.
2. Public et Contrat expérimental
La tâche proposée aux professeurs a été de construire des séquences didactiques pour les trois élèves dont nous avons présenté les copies. Étant donné la complexité de la tâche à réaliser, nous avons contacté quelques professeurs avant de définir le contrat expérimental pour négocier avec eux leur participation la plus adaptée à l'expérimentation. Notre seul critère de sélection des professeurs a été leur expérience dans l'enseignement secondaire ou primaire (cycle 3). Nous avons choisi de solliciter des professeurs expérimentés, dune part parce que nous avons supposé que ces professeurs auraient plus de facilité et de naturel pour expliciter leurs choix et leurs décisions. Dautre part, nous navions pas lintention de réaliser une étude comparative de prise de décisions entre professeurs expérimentés et professeurs novices. Lors de ces rencontres, nous avons présenté nos objectifs de recherche et la tâche à réaliser. Nous leur avons proposé soit de nous accorder des entretiens, soit de répondre à des questionnaires. Devant la difficulté du travail et le volume de temps nécessaire pour sa réalisation, ces professeurs ont préféré répondre à des questionnaires.
Nous avons alors préparé un dossier pour donner à tous les professeurs le même point de départ. Ce dossier a été constitué des documents suivants : « fiche de lenseignant » ; copies délèves ; consigne de la tâche à réaliser ; questionnaire ;et une série de problèmes. Ce dossier a été fourni à onze professeurs. Nous avons laissé à ceux-ci un temps suffisamment long pour la réalisation de la tâche.
3. Dossier fourni aux professeurs
Nous présenterons ci-après chacun de ces documents, afin de mieux expliciter et justifier nos choix expérimentaux.
Fiche de l'enseignant
1) Vous enseignez actuellement :
( ) Au collège Précisez le niveau __________________________________
( ) Au lycée Précisez le niveau __________________________________
( ) A luniversité Précisez le niveau __________________________________
( ) Autre Précisez __________________________________
2) Vous avez _______ année(s) dexpérience dans lenseignement.
3) Parmi les situations ci-dessous, quelle est, selon vous, celle qui est la plus favorable (mettez + dans la case correspondante) et la moins favorable (mettez - dans la case correspondante) pour lacquisition dune connaissance par lélève ?
a. ( ) Lélève assiste au cours clairement présenté par lenseignant, est attentif, écoute et note
b. ( ) Lélève résout des problèmes
c. ( ) Lélève est guidé progressivement par lenseignant vers la connaissance visée.
4) Avez-vous fait une formation en didactique des mathématiques ?
( ) Oui ( ) Non
Si oui, précisez laquelle (Formation Initiale à lIUFM, Stage de Formation Continue, IREM, DEA, Doctorat
)Nous avons préparé cette fiche dans le but de recueillir auprès des professeurs des informations concernant leurs activités et expériences denseignement.
Les deux premières questions concernent le niveau dexercice des professeurs au moment de lexpérimentation (avril, 2004), ainsi que leur ancienneté. La troisième question incite les professeurs à se situer par rapport aux conceptions de lenseignement/apprentissage (cf. chapitre 4). La situation de l'« item a » renvoie à la conception transmissive, celle de l'« item b » à la conception constructiviste, et enfin celle de « c » à la conception béhavioriste. La quatrième question cherche à savoir si les professeurs ont bénéficié dune formation en didactique des mathématiques.
Bien que nous n'ayons pas pour objectif de construire une typologie de professeurs à partir de ces données, les réponses à ces questions nous semblent importantes dans la mesure où elles nous permettent davoir quelques informations sur les professeurs sujets de notre expérimentation qui pourront nous aider à mieux comprendre leurs choix et décisions.
Copies des élèves
Nous avons fourni aux professeurs les copies « Anissa », « Béatrice » et « Cédric ». Rappelons que lanalyse a posteriori de ces copies en termes déléments de conceptions sur la symétrie orthogonale chez lélève, est présentée dans le chapitre précédent (cf. à partir de la page p. PAGEREF _Ref133921885 \h 166).
Consigne
Voici les copies de quatre élèves de quatrième qui ont travaillé sur quelques problèmes autour de la symétrie axiale.
Au vu des résultats, quelle séquence dapprentissage proposeriez-vous à chacun de ces élèves ? Pour construire ces séquences, vous devez vous appuyer sur les problèmes proposés dans lannexe. Chaque copie est accompagnée de deux questions où lon vous demande de justifier le plus précisément possible tous les choix que vous faites : les éléments pris en compte, les raisons du choix des problèmes, conditions dutilisation de ces problèmes (quels instruments, techniques, moyens de validation à disposition de lélève ?)
Si aucun des problèmes proposés ne vous convient, précisez pourquoi et ce que vous proposeriez à lélève.L'objectif de cette consigne a été de présenter aux professeurs les copies des élèves, de préciser la tâche à réaliser, ainsi que les contraintes imposées (choix de problèmes dans une liste de problèmes préétablie, nécessité de justifier tous les choix).
Questionnaire
1) Pourriez-vous décrire ce quest la symétrie axiale pour cet élève (propriétés attribuées à cette notion par lélève, types derreurs, moyens de contrôle
).
2) Quelle séquence dapprentissage proposez-vous pour cet élève ? Justifiez tous les choix faits dans cette séquence :
a) les éléments pris en compte
b) les raisons du choix de problèmes et conditions dutilisation de ces problèmes (quels instruments, techniques, moyens de validation sont à disposition de lélève)
c) dautres remarquesLa première question concerne la prise dinformation du professeur sur lactivité de lélève, et la seconde la construction du processus denseignement quil propose pour cet élève.
Les professeurs ont rempli un questionnaire par élève. La méthodologie danalyse des productions des professeurs sera présentée plus loin.
Série de problèmes
Nous avons fourni aux professeurs une « série de problèmes ». Notre objectif étant de repérer les variables didactiques sur lesquelles les professeurs pourraient jouer dans leur séquence denseignement, nous avons cherché à limiter le nombre de variables à prendre en compte dans notre analyse. Ceci nous a amené à restreindre le choix de problèmes de la part des professeurs. De plus, ce choix répond à la demande de certains professeurs exprimée lors de la négociation initiale. Cependant, pour ne pas obliger les professeurs à proposer les problèmes qui ne leur conviendraient pas, nous avons précisé dans la consigne que dautres problèmes pouvaient être proposés en veillant à faire justifier leurs propositions.
Pour construire cette série de problèmes, nous nous sommes appuyés sur létude des programmes et manuels scolaires. Par ailleurs, nous avons pris en compte les variables didactiques et les valeurs présentées au chapitre 3 (cf. p. 69) et aussi les problèmes proposés dans la séquence denseignement que nous avons construit pour lélève Anissa. Cette séquence sera présentée dans la section suivante.
La série de problèmes fournis aux professeurs est constituée de dix-huit problèmes. Dans le tableau ci-dessous, nous décrivons ces problèmes en termes de variables didactiques et des valeurs prises en compte dans leur choix. Ces problèmes fournis tels quels aux professeurs (consignes, figures...), sont donnés en annexe (cf. annexe 2, p. XIII).
Variables didactiquesValeursPb 01Pb 02Pb 03Pb 04Pb 05Pb 06Pb 07Pb 08Pb 09Pb 10Pb 11Pb 12Pb 13Pb 14Pb 15Pb 16Pb 17Pb 18Nature du problèmeConstruction de la figure symétrique Construction de laxe de symétrieReconnaissance de la figure symétriqueReconnaissance de laxe de symétrieIdentification des propriétés de la symétrie orthogonalePreuveSpécificité de la figure FF possède des segments parallèles à laxe de symétrieF ne possède pas de segments parallèles à laxe de symétrieF possède des segments perpendiculaires à laxe de symétrieF ne possède pas de segments perpendiculaires à laxe de symétrieF possède un ou des axes de symétrieF ne possède pas daxes de symétrieF possède un axe de symétrie parallèle à laxe dF possède un axe de symétrie perpendiculaire à laxe dF est proche de laxeF est codéeF nest pas donnéeNature de FGéométrique usuelleGéométrique non usuelleReprésentant un objet réel identifiable
Simple Complexe
Variables didactiquesValeursPb 01Pb 02Pb 03Pb 04Pb 05Pb 06Pb 07Pb 08Pb 09Pb 10Pb 11Pb 12Pb 13Pb 14Pb 15Pb 16Pb 17Pb 18Orientation des segments de F sur la feuilleHorizontale VerticaleObliqueOrientation de laxe sur la feuilleHorizontale VerticaleObliqueIntersection de F avec laxeVideTouche CoupeRègle graduée Règle non graduéeÉquerre CompasPliageCalque Type de papierBlancQuadrillé PointilléPosition relative de F et FF et F possèdent des segments parallèles F et Fne possèdent pas de segments parallèles F et F possèdent des segments ayant une même droite supportF et F ne possèdent pas de segments ayant une même droite supportTableau SEQ Tableau \* ARABIC 58. Série de problèmes : description en termes de variables didactiques et leur valeurs
4. Instanciation du modèle de décisions didactiques pour le cas dAnissa
Comme nous lavons annoncé au chapitre 4, nous instancierons ici le modèle de décisions didactiques pour le cas dun élève particulier. Pour cela, nous avons choisi lun des trois élèves, dont nous avons caractérisé des éléments des conceptions. Parmi ces élèves, nous choisissons « Anissa » car nous avons identifié chez elle un nombre important de contrôles erronés (cf. p. 165). Linstanciation du modèle pour cette élève nous permettra de proposer et danalyser des problèmes qui peuvent permettre la déstabilisation des contrôles, et ensuite de prendre des décisions didactiques visant lapprentissage de la symétrie orthogonale par Anissa.
Puisque nous sommes conscients que le sujet n'a pas forcément les mêmes choix que l'observateur, nous ne chercherons pas à comparer les décisions didactiques prises par les professeurs à légard dAnissa, avec celles qui serons proposées dans cette instanciation du modèle. En effet, notre étude est placée dans un cadre théorique précis, tandis que les décisions didactiques des professeurs dépendront de contraintes liées à leur histoire, leurs expériences, leurs conceptions, parmi dautres.
Par ailleurs, à partir de cette instanciation du modèle nous chercherons à dégager des éléments pour :
construire la « série de problèmes » à fournir aux professeurs ;
construire une méthode pour analyser les productions de ces professeurs.
Comme nous l avons montré, les contrôles erronés identifiés chez Anissa sont liés à la direction horizontale (£hor), à la translation des figures dans cette direction (£translation) et/ou au parallélisme des segments (£parallélisme_segment). D après le modèle, dans les cas où au moins un contrôle erroné est identifié chez lélève, la décision envisagée consiste à proposer une séquence didactique composée de quatre étapes dans le but damener cette élève à passer dune conception (Ci) où des contrôles erronés sont présents, à une autre (Cj) caractérisée par des contrôles corrects du point de vue mathématique.
Ainsi, le modèle de décisions didactiques instancié pour le cas dAnissa est représenté en fond gris dans le schéma ci-dessous :
Schéma SEQ Schéma \* ARABIC 15. Instanciation du modèle de décisions didactiques pour le cas dAnissa
Pour construire la séquence didactique, nous avons déterminé les objectifs d'enseignement pour chacune des quatre étapes. Ensuite, en fonction des objectifs fixés et en prenant en compte la relation entre les contrôles identifiés et les variables des problèmes résolus (cf. p. PAGEREF _Ref135245844 \h 178), nous avons choisi les types de problèmes qui nous ont paru les plus adaptés pour répondre aux objectifs fixés.
Séquence didactique
Tout d'abord, précisons l'objectif pour chacune des étapes de la séquence :
Étape 1 : problèmes pour déstabiliser les contrôles erronés identifiés :
« direction horizontale » : £hor
faire prendre conscience à Anissa qu un segment et son image par la symétrie orthogonale n ont pas nécessairement leurs extrémités correspondantes sur une droite horizontale sur la feuille.
« parallélisme » : £parallélisme_segment
amener Anissa à comprendre qu un segment et son image par la symétrie orthogonale ne sont pas parallèles, dans le cas général.
« translation » : £translation
montrer à Anissa que la figure symétrique ne correspond pas nécessairement à une translation de la figure initiale sur la feuille. Ceci peut déstabiliser aussi le parallélisme et la conservation du sens de la figure.
Étape 2 : problèmes pour dégager les contrôles corrects :
amener Anissa à substituer le contrôle £hor lié au rappel horizontal par le contrôle £ortho lié à la propriété d'orthogonalité de la symétrie ;
en s appuyant sur la conservation de distance à laxe chez Anissa, mettre en échec le contrôle de distance globale et lamener à développer le contrôle de distance correct.
Étape 3 : problèmes pour réinvestir les contrôles corrects
Favoriser le réinvestissement par Anissa des contrôles corrects dégagés dans létape précédente.
Étape 4 : problèmes pour établir un nouveau diagnostic
Tester la stabilité des contrôles corrects supposés acquis.
Ci-après, nous présenterons les types de problèmes constituant chacune de ces étapes, ainsi que des exemples de ces types de problèmes et une analyse a priori des problèmes donnés comme exemples.
Étape 1 : déstabilisation des contrôles erronés
Dans la résolution des problèmes de reconnaissance de figures symétriques, Anissa a évoqué la superposition des figures par pliage. Cependant, étant donné qu'elle ne l'effectue pas, nous avons supposé que le contrôle par superposition des figures par pliage nest pas intervenu dans ses choix. Ainsi, un premier problème à proposer à Anissa dans ce processus d'enseignement serait le suivant :
Problème 1
Vérifier par pliage toutes les réponses données aux problèmes précédents, en pliant la feuille le long de la droite d.
En effectuant ces pliages, Anissa constaterait que les figures ne se superposent pas. Ceci pourrait l'amener à admettre que quelque chose ne va pas dans ses réponses, ce qui pourrait constituer une première invalidation des résultats obtenus. Cependant, bien que cette invalidation soit importante pour l'apprentissage d'Anissa, nous pensons quelle nest pas suffisante pour amener Anissa à prendre conscience des limites de la conception mobilisée. En effet, il va falloir lamener à identifier les raisons pour lesquelles sa conception ne conduit pas au bon résultat, en dautres termes il va falloir déstabiliser les contrôles erronés. Pour cela, nous allons lui proposer des problèmes qui favorisent la mobilisation des contrôles erronés, mais qui en même temps provoquent un conflit entre ces contrôles et les contrôles corrects de la conception.
Nous proposons alors un problème que lon peut caractériser en termes de variables didactiques, comme dans le tableau ci-après. Dans la deuxième colonne, nous décrivons l'effet que nous attendons chez Anissa.
Problème 2
Variable didactique/ ValeurEffet attendu dans la résolution du problèmeNature du problème/ Construction de la figure symétrique Mobilisation des contrôles pour construire la figure (dans la reconnaissance, lélève peut résoudre le problème autrement, sans nécessairement recourir aux contrôles)Orientation des segment de la figure F sur la feuille / horizontaux/ verticauxManifestation des contrôles £hor, £translation, £parallélisme_segmentOrientation de l axe sur la feuille / ObliqueConflit entre les contrôles £hor, £translation, £parallélisme_segment et £demi_plan et/ou £dist (globale).Spécificité de la figure F / figure très proche de l axeIntersection de la figure avec l axe/ VideManifestation du contrôle £demi_planTableau SEQ Tableau \* ARABIC 59. Variables didactiques du problème 2 et effets attendus dans la résolution du problème
Pour justifier le choix de ces variables didactiques et de leurs valeurs, nous donnerons ci-dessous un exemple de ce type de problème, et procéderons ensuite à son analyse a priori. Il est à noter que cette analyse sera conduite sous la contrainte de la conception identifiée chez Anissa.
Exemple de ce type de problème
Construis le triangle symétrique du triangle ABC avec les instruments de dessin. Vérifie ta réponse par pliage.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 87. Un exemple de problème du type « problème 2 »
Analyse a priori
Dans la figure donnée, les sommets du triangle ne sont pas codés. Cependant, dans cette analyse nous le nommons triangle ABC (cf. REF _Ref120697492 \h \* MERGEFORMAT Figure 88). Le fait que les segments [AB] et [BC] soient respectivement vertical et horizontal sur la feuille, ce qui entraîne que le triangle ABC est dans la position considérée comme standard dans le cas dun triangle rectangle, peut favoriser la manifestation des contrôles liés au parallélisme des segments et/ou de translation, et encore ceux liés aux rappels horizontal ou vertical.
En mobilisant sa conception, Anissa pourrait mettre en uvre une des procédures de résolution suivantes :
1. Procédure analytique
Cette procédure consisterait à :
reporter les distances des points A, B et C à laxe dans la direction horizontale ou verticale ;
construire leurs symétriques A, B et C ;
relier ces points en construisant le triangle ABC symétrique de ABC.
En utilisant la ligne de rappel horizontale, lélève obtiendra le point A très éloigné de laxe, voire en dehors de la feuille de papier, comme le montre la figure ci-dessous :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 88. Procédure de construction analytique : lignes de rappel horizontal
En fonction de l'emplacement du triangle ABC sur la feuille de papier, l'utilisation de cette procédure pourrait produire une figure en dehors des limites de la feuille de papier, ce qui pourrait fonctionner comme un élément d'invalidation de la procédure. Même si lon considère que la figure image puisse être construite dans les limites de la feuille, le triangle image obtenu (ABC) aurait forme et taille différentes de celles du triangle ABC (cf. p. PAGEREF _Ref134521396 \h 94). Comme nous l'avons montré dans la description de ces types de procédures, les contrôles liés à la perception globale (forme, taille) de la figure peuvent intervenir dans la phase dexécution de la tâche et/ou de vérification de la solution finale, en provoquant un conflit entre ceux-ci et les contrôles théoriques liés à la direction et à l'égalité des distances.
2. Procédure semi-analytique
Cette procédure consisterait à :
construire la droite passant par la base du triangle (dans le cas de la ligne de rappel horizontale) ;
reporter la distance du point B (le sommet plus proche de laxe) à la droite d de lautre côté de cette droite pour construire son image B ;
construire globalement l'image du triangle, tout en gardant la forme, la taille et lorientation des angles de ABC.
Par le biais de cette procédure, Anissa obtiendrait comme image de ABC un triangle qui coupe la droite d (cf. REF _Ref118895787 \h \* MERGEFORMAT Figure 89). Ceci pourrait provoquer un conflit entre les contrôles erronés £hor, £parallélisme_segment et/ou £translation et £dist, avec le contrôle £demi_plan.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 89. Procédure de construction semi-analytique : ligne de rappel horizontale
Cette constatation par l élève pourrait contribuer à linvalidation de la procédure, ce qui se confirmerait par pliage. Cependant, nous pouvons envisager également que cette situation de conflit amène Anissa à essayer dadapter sa procédure, en faisant en sorte que la figure construite ne coupe pas l'axe de symétrie. Une façon de faire, cest de prendre en compte la distance du sommet A à la droite d, toujours dans la direction horizontale. Comme dans la procédure analytique, le triangle image obtenu serait très éloigné du triangle ABC, voire en dehors de la feuille de papier, ce qui invaliderait encore la procédure car Anissa sait que la figure image ne doit pas être très éloignée de celle de départ (conservation de distance globale). Anissa peut être ainsi amenée à changer de direction, en passant à une direction verticale. Dans ce cas, elle obtiendrait comme image une figure qui ne coupe pas laxe de symétrie, comme le montre la figure ci-après.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 90. Procédure de construction semi-analytique : ligne de rappel verticale
Ici, la vérification par pliage peut savérer nécessaire pour montrer que les figures ne se superposent pas, et ainsi invalider la procédure.
3. Procédure globale
Cette procédure consisterait à :
estimer perceptivement une distance globale de la figure à laxe dans une direction horizontale ou verticale ;
construire la figure image globalement dans cette direction (sans nécessairement construire une droite).
Dans ce cas, une situation de conflit entre les contrôles est moins attendue car la distance est conservée perceptivement. Dans ce cas aussi, la procédure serait invalidée par le pliage.
Nous supposons que ces échecs amèneront Anissa par la suite à prendre lune des deux décisions suivantes :
changer de procédure, ce qui pourrait provenir du changement de conception ;
abandonner la construction. Cet abandon peut traduire une prise de conscience de linsuffisance de sa conception par lélève. Mais lélève peut abandonner également une construction parce quil pense que le problème na pas de solution. Le pliage peut encore jouer un rôle important dans ce cas, pour montrer quil est possible de construire la figure image.
Ainsi, faudra-t-il ensuite proposer à Anissa des problèmes qui lui permettent de dégager les outils pour construire cette image.
Étape 2 : dégager les contrôles corrects
Étant donné que le contrôle concernant la direction horizontale a été identifié chez Anissa et que la distance à laxe a été prise en compte dans cette direction, lobjectif principal de cette étape est de l'amener à identifier la propriété dorthogonalité de la symétrie. Nous espérons qu'en dégageant cette propriété, Anissa prendra conscience, en même temps, du fait que les distances des points à laxe doivent être prises en compte dans la direction orthogonale. Par ailleurs, la symétrie orthogonale chez Anissa est confondue avec la translation, cest pourquoi il nous semble important de déstabiliser aussi le contrôle £translation, et par conséquent celui de conservation du « sens » de la figure initiale.
Nous souhaitons amener ainsi Anissa à remplacer ces contrôles erronés par des contrôles corrects : £ortho et £sens_inverse. Puisqu'il nous paraît essentiel de lui proposer des problèmes qui offrent un nombre important dinformations permettant didentifier les propriétés de la symétrie, nous proposons un problème qui peut être décrit en termes de variables comme suit :
Problème 3
Variable didactique/ ValeurEffet attendu dans la résolution du problèmeNature du problème/ Identification des propriétés de la symétrie orthogonalePermet lidentification des propriétés de la symétrie orthogonaleSpécificité de la figure/ F ne possèdent pas daxes de symétrieFacilite la prise de conscience que les figures F et F ont leur sens inverse.Nature de F/ Représentant un objet réel identifiable / Codée (points nommés, droites joignant les points et leurs symétriques tracées)Facilite lidentification des propriétés suivantes : (AA) est orthogonale à laxe ; la distance des points A et A à l'axe est considérée dans cette direction ; la figure F a le « sens inverse » de celui de F.Orientation de laxe sur la feuille / ObliquePermet déviter la confusion entre direction orthogonale et horizontaleTableau SEQ Tableau \* ARABIC 60. Variables didactiques du problème 3 et effets attendus dans la résolution du problème
Exemple de ce type de problème
Un exemple de ce type de problème a été montré dans le chapitre 3 :
Les figures F et F sont symétriques (A est le symétrique de A, B est le symétrique de B,...)
a) Que peux-tu dire à propos de la droite (d) ?
b) Que peux-tu dire à propos des segments [AA] et [BB] ?
(tu peux utiliser léquerre, la règle graduée ou le compas)Figure SEQ Figure \* ARABIC 91. Un problème didentification des propriétés de la symétrie orthogonale (cf. p. PAGEREF _Ref132897011 \h 66)
Analyse a priori
Dans ce type de problème, tous les éléments de la symétrie orthogonale (la figure objet F, la transformation T représentée par la droite d, la figure image F) sont donnés. La tâche de lélève consiste à identifier la relation entre ces éléments.
Dans l'exemple ci-dessus, le fait que certains points de la figure soient nommés, que lon précise que les points A et A sont symétriques et que les droites joignant ces points à leurs symétriques soient tracées dans la figure, peut aider lélève à reconnaître que ces droites sont perpendiculaires à la droite d et que les distances des points et de leurs symétriques à d prises dans cette direction sont les mêmes. Ceci peut amener Anissa à dégager le contrôle £ortho, et à remplacer le contrôle de distance globale ou de distance prise dans la direction horizontale. Par ailleurs, le fait que la figure proposée représente un objet réel identifiable et qu'elle ne possède pas d'axes de symétrie (les oiseaux se regardent comme dans un miroir) permet de mettre en évidence que les sens des figures objet et image sont inverses, ce qui peut amener Anissa à dégager le contrôle £sens_inverse qui se substituera au contrôle erroné £même_sens.
Étape 3 : réinvestir les contrôles corrects
Les problèmes proposés dans cette étape doivent permettre à Anissa de réinvestir les contrôles supposés dégagés dans létape précédente. Pour ce faire, nous proposons des problèmes de types suivants :
Problème 4
Variable didactique/ ValeurEffet attendu dans la résolution du problèmeNature de problème / De preuve : prouver que F est ou non la transformée de F par la symétrie orthogonaleMobilisation des contrôles dégagés dans l étape 2 : £ortho, £sens_inverseSpécificité de la figure/ Ne possède pas d axe de symétrie Mobilisation et explicitation de £sens_inverseType de papier / Quadrillé Le quadrillage remplace les instruments de dessin : au lieu de mesurer la distance, on la « lit » en comptant les carreaux, lorthogonalité se voit aussi dans le cas où laxe est vertical ou horizontal, sans quon ait besoin dutiliser léquerre.
Le quadrillage permet la reconnaissance perceptive des propriétés géométriques (perpendicularité, égalité de longueurs).Position relative de F et F'/F et F possèdent des segments parallèlesF correspond à la figure obtenue par la conception diagnostiquée initialement chez Anissa. Elle va être amenée à expliciter pourquoi cette réponse est incorrecte, ce qui devrait contribuer à labandon de la conception initiale.Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 61. Variables didactiques du problème 4 et effets attendus dans la résolution du problème
Exemple de ce type de problème
Indique pourquoi les deux maisons ne sont pas symétriques par rapport à la droite (d). a)
b)
Figure SEQ Figure \* ARABIC 92. Rappel d'un problème de preuve (cf. p. PAGEREF _Ref132898656 \h 67, « item a » et « b »)
Analyse a priori
Par la consigne, Anissa sait que les figures ne sont pas symétriques par rapport à la droite d. Elle doit alors expliquer pourquoi elles ne le sont pas. Dans la figure de l'« item a », le quadrillage permet à l'élève de repérer que les sommets des triangles représentant les toits des deux maisons et les petits rectangles représentant les portes et les fenêtres ne sont pas à la même distance de la droite d. Ainsi, pour expliquer que ces deux figures ne sont symétriques, Anissa peut mobiliser le contrôle lié à la conservation d'égalité des distances des points à l'axe. Il se peut aussi que le contrôle £sens_inverse intervienne dans la résolution du problème. Dans le cas de la figure de l « item b », il est attendu d'Anissa qu elle mobilise les contrôles £ortho et £dist dans son explication.
Problème 5
Nous proposerons aussi à Anissa des problèmes de reconnaissance et de construction de figures symétriques. Ces problèmes peuvent être décrits par des combinaisons des valeurs des variables didactiques décrites ci-dessous :
Variable didactique/ ValeurEffet attendu sur la résolution du problèmeNature de problème / Construction et/ou reconnaissance de figures symétriquesRéinvestissement de £ortho et £sens_inverse
Mobilisation de £dist dans la direction orthogonale à l axeSpécificité de la figure/ Ne possède pas d axe de symétrieOrientation de l axe sur la feuille / Verticale/ ObliqueIntersection de la figure avec laxe/ Vide/ ToucheTableau SEQ Tableau \* ARABIC 62. Variables didactiques du problème 5 et effets attendus dans sa résolution
Exemples de ce type de problème
Exemple 1 :
Indique par oui ou non si le point B est le symétrique du point A par rapport à la droite (d). Sinon, construis dans ton cahier le symétrique A de A
Figure SEQ Figure \* ARABIC 93. Problème de reconnaissance et construction de figures symétriques
Variables didactiques prises en compte dans ce choix :
Nature du problème / Problème de reconnaissance et de construction de figures symétrique
Orientation de laxe de symétrie / Oblique
Exemple 2 :
Construis le symétrique de chaque figure par rapport à la droite (d)
Figure SEQ Figure \* ARABIC 94. Un problème de construction (cf. p. PAGEREF _Ref132900462 \h 66 : item a)
Variables didactiques prises en compte dans ce choix :
Nature de problème / Construction de figures symétriques
Spécificité de la figure / F ne possède pas daxe de symétrie
Orientation de laxe de symétrie / Verticale
Intersection de la figure avec laxe / Touche
Étape 4 : établir un nouveau diagnostic
Pour tester la stabilité des contrôles supposés acquis par Anissa dans les étapes précédentes, il va falloir lui proposer des problèmes du même type que ceux résolus, à partir desquels nous avons identifié les contrôles erronés, mais aussi dautres types de problèmes pour mettre à lépreuve ces nouveaux contrôles.
Ainsi, nous proposerons à Anissa des problèmes qui peuvent être décrits par les variables didactiques et leurs valeurs ci-dessous :
Problème 6
Variables didactiques/ ValeursObjectif fixéNature de problème / Construction et/ou reconnaissance de figures symétriquesTester la stabilité du contrôle £ortho
Vérifier si la distance à l axe est prise en compte dans la direction orthogonaleNature de F / géométrique usuelle ou non / Représentant un objet réel, identifiable ou nonOrientation des segments de la figure sur la feuille / Horizontale/ Verticale/ ObliqueOrientation de laxe sur la feuille/ Horizontale ou presque/ Verticale ou presque / ObliqueIntersection de la figure avec laxe/ Vide/ Touche/ CoupeSpécificités des figures / F possède axe de symétrie ou nonTester la stabilité du contrôle £sens_inverse Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 63. Problèmes pour établir un nouveau diagnostic et les objectifs fixés
Exemples de problèmes de ce type
Exemple 1 :
Dans chaque cas, l une des figures ci-dessous est la symétrique de la figure nommée par rapport à la droite (d). Laquelle ?a)
b)
Figure SEQ Figure \* ARABIC 95. Rappel d'un problème de reconnaissance de figures symétriques (cf. p. PAGEREF _Ref132902233 \h 65)
Variables didactiques prises en compte dans ce choix :
Nature du problème / Problème de reconnaissance de figures symétriques
Orientation de laxe / Oblique
Orientation des segments de la figure F sur la feuille / Horizontale et verticale, ou non
Intersection de la figure avec laxe / coupe
Exemple 2 :
Construis le symétrique de chaque figure par rapport à la droite d :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 96. Rappel d'un problème de construction de figures symétriques (cf. p. PAGEREF _Ref132902297 \h 66)
Variables didactiques prises en compte dans ce choix :
Nature de problème / Problème de construction de figures symétriques
Spécificité de la figure / F ne possède pas daxe de symétrie
Orientation des segments de la figure F sur la feuille / Horizontale et verticale
Orientation de laxe de symétrie / Oblique
Intersection de la figure avec l axe / Coupe
Ainsi, en proposant ce projet d enseignement, nous avons envisagé de faire passer Anissa d une conception où la structure de contrôle contiendrait les contrôles erronés £hor, £translation et £parallélisme_segment, à une conception cible dont la structure de contrôle devrait contenir les contrôles £ortho et £dist.
5. Méthode d analyse des productions des professeurs
Dans ce manuscrit, nous présenterons l'analyse des productions de cinq professeurs seulement, sur les dix qui nous ont répondu. Le choix de ces professeurs a été motivé uniquement par la richesse et la clarté de leur discours justificatif, afin de mieux interpréter les décisions qu'ils avaient prises.
Les analyses sont fondées sur les réponses des professeurs aux questionnaires. Deux de ces professeurs (Prof_4 et Prof_5) nous ont accordé ultérieurement un entretien, dans le but dobtenir des informations complémentaires sur les raisons de leurs choix. Dans ces deux cas là nous analysons également leurs réponses aux questions posées.
Tout dabord nous donnerons les réponses des professeurs à la fiche de lenseignant, ce qui nous permettra de présenter les professeurs. Ensuite, nous procéderons à lanalyse des productions des professeurs concernant chacun des trois élèves. Nous réaliserons une « lecture horizontale des données », c'est-à-dire que nous analyserons les productions de chaque professeur pour un même élève. Nous pensons que cette lecture pourrait nous apporter des éléments pour mieux comprendre les décisions des professeurs.
Les analyses sont réalisées en deux temps.
Dans un premier temps, nous analysons les réponses des professeurs à la première question concernant la prise d'information sur l'activité de l'élève. Nous découpons cette réponse en des extraits dans le but d'identifier, d'une part comment le professeur se représente la notion de symétrie orthogonale de chaque élève, et d'autre part, sur quels contrôles, ou absence de contrôles chez lélève, il sest basé pour prendre ses décisions
Nous illustrons cette méthode à partir de la réponse donnée par un des professeurs à propos de lactivité d« Anissa » :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 97. Réponse dun professeur à la question 1 concernant la copie « Anissa »
Dans cette réponse, nous avons souligné les extraits pris en compte dans l'analyse. Nous avons traité ces extraits en les interprétant ainsi en termes de contrôles :
Extraits du questionnaire du ProfesseurContrôlesLa symétrie axiale semble être une transformation qui conserve les grandeurs (distance, angle)£taille_1
£formeElle l associe au « glissement » donc à la translation£translationLe « glissement » est majoritairement horizontal£horTableau SEQ Tableau \* ARABIC 64. Extrait de production d un professeur : interprétation en termes de contrôles
Dans un deuxième temps, nous traitons les réponses des professeurs à la deuxième question concernant la construction du processus d'enseignement.
A partir des justifications données par les professeurs, nous cherchons à identifier les objectifs des professeurs en choisissant ces problèmes. A partir dun extrait de la séquence didactique proposée par ce même professeur pour Anissa, nous donnons un exemple montrant comment nous procédons :
Figure SEQ Figure \* ARABIC 98. Extrait de la réponse dun professeur à la question 2 concernant la copie « Anissa »
Ce professeur propose à Anissa, comme premier problème de la séquence, de reprendre sa réponse au problème-flèche, en lassociant au problème « Pb 01 » de la série, où il est indiqué que les figures sont symétriques. Pour cela, le professeur propose lutilisation du pliage, du calque, de léquerre et du compas. Il s'attend à ce qu'en comparant ces deux problèmes (les flèches qui sécartent contrairement aux oiseaux qui se regardent), Anissa se rende compte de la fausseté de sa réponse. Ceci peut l amener à dégager le contrôle £sens_inverse. De plus, le professeur propose à Anissa d utiliser l équerre et le compas. L utilisation de ces instruments peut amener l élève à penser à la perpendicularité et à la distance.
Nous organisons alors les données et les objectifs selon le tableau ci-dessous :
Extraits du questionnaire du ProfesseurProblèmeObjectifEn premier lieu par pliage, transparence (ou calque) jassocierais le Pb 01 et la figure 1 (figure-flèche) de manière à faire retrouver la flèche bleue à Anissa.
Il lui faudra faire les observations suivantes :
- les oiseaux face à face
- la flèche sécartant de laxe d
- perpendicularité par rapport à la droite d (équerre)
- égalité des distances
de A à l axe et de A à l axe, de B à l axe et de B à l axe (utilisation du compas)Problème-flècheAmener l élève à prendre conscience de la non validité de sa procédure, en dégageant £sens_inverse, par la mise en Suvre de £pliage_2 et £calque_1
Amener l élève à dégager les contrôles £ortho et £distPb_01Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 65. Extrait de production d un professeur : projet didactique
Nous commencerons par analyser la copie Anissa et, au fur et à mesure que nous progresserons dans lanalyse des autres copies, nous ferons des retours sur les décisions prises par les professeurs concernant les copies déjà analysées. Nous avons fait ce choix dans le but, dune part déviter des répétitions éventuelles, et dautre part dintroduire le plus tôt possible une discussion des résultats. En analysant la production des professeurs, nous chercherons à identifier les connaissances sur lesquelles ils sappuient pour prendre leurs décisions didactiques.
Après avoir analysé les productions des professeurs pour chacun des trois élèves, nous présenterons une synthèse des résultats obtenus. Ceci servira à mettre en évidence les convergences et divergences des décisions prises par les différents professeurs pour un même élève.
6. Analyse des résultats
Il est à noter que les citations et les mots employés par les professeurs sont écrits en italiques.
6.1. Fiche de lenseignant
Questions 1, 2 et 4 :
Id professeurActivité actuelleNombre dannées d'expérienceFormation en didactique des mathématiquesProf_1Professeur de collège 6e, 4e et 3e25Oui. DEA EIAHDProf_2 Professeur de collège
5e, 4e et 3e20NonProf_3Professeur formateur à l'IUFM37Oui. DEAProf_4Professeur de collège
6e, 4e et 3e10NonProf_5Professeur de collège
5e, 4e et 3e33NonTableau SEQ Tableau \* ARABIC 66. Fiche de lenseignant : réponses aux questions de 1, 2 et 4
Comme nous pouvons le constater à partir du tableau, tous les professeurs ont une longue expérience dans l'enseignement secondaire et lun deux est professeur formateur à lIUFM. Deux professeurs ont suivi une formation en didactique des mathématiques.
Question 3 :
Id professeurRéponsesProf_11. (-) 2. ( ) 3. (+)
mais ça dépend des élèves : tous ne fonctionnent pas de manière identiqueProf_2 1. (-) 2. (+) 3. (+)Prof_31. ( ) 2. ( ) 3. ( )
(-) Le prof s'en tient à une des 3 propositions ci-dessus
(+) Le professeur choisit en fonction de la connaissance des élèves, du moment de l'apprentissage, etc. Prof_41. (-) 2. ( ) 3. (+)Prof_51. ( ) 2. (-) 3. (+)
Pour la majorité des élèvesTableau SEQ Tableau \* ARABIC 67 Fiche de lenseignant : réponses à la question 3
La situation privilégiée par la majorité des professeurs (4 sur 5) est celle où lélève acquiert des connaissances dans des situations où il est guidé progressivement par le professeur. Parmi ces professeurs, les Prof_1, Prof_3 et Prof_5 soulignent que le choix dune situation ou de lautre dépend de la connaissance du professeur relative au fonctionnement de lélève. La situation qui paraît la moins favorable (3 sur 5) est celle qui renvoie à la conception transmissive de lapprentissage.
Le Prof_3 a préféré ne pas répondre à cette question telle quelle a été posée, et a fait lui-même des propositions. En effet, pour lui, le professeur choisit une des trois situations proposées en fonction de plusieurs facteurs, dont les connaissances quil a des élèves et le moment de lapprentissage.
6.2. Décisions didactiques pour le cas d'Anissa
6.2.1. Analyse des productions des professeurs
Professeur 1
Prise dinformation sur l'activité dAnissa
Le professeur décrit comment il comprend ce quest la symétrie orthogonale pour Anissa, par le biais de quatre propriétés. Les propriétés formulées et codées par le professeur et les contrôles que nous leur associons sont les suivants :
Extraits du questionnaire du Prof_1Contrôles associésP1 : limage dun segment par la symétrie est un segment parallèle £parallélisme_segmentP2 : le segment et son image ont même longueur £taille1P3 : le segment image est obtenu en déplaçant horizontalement le segment antécédent £hor
£translationP4 : le segment et son image sont de part et d autre de l axe£demi_planTableau SEQ Tableau \* ARABIC 68. Prof_1 : Prise dinformation sur lactivité dAnissa
La conservation de lorientation des segments par la symétrie (parallélisme) est fortement remarquée chez Anissa par ce professeur. Daprès lui, cette propriété se manifeste dans toutes ses réponses.
La question qui se pose est de savoir comment le professeur prend en compte les propriétés quil a identifiées, et quels sont les autres éléments sur lesquels il sappuie pour élaborer son projet denseignement. Nous présentons ci-dessous la séquence didactique proposée.
Séquence didactique
La séquence proposée est composée de sept problèmes, que le professeur organise en trois étapes comme le montre ce tableau :
Extraits du questionnaire du Prof_1ProblèmeObjectifsFaire comprendre à Anissa quun segment et son image ne sont pas forcément parallèles Problème-flècheÉtape 1 : avec du papier calque
Amener l élève à dégager £calque_1
Déstabiliser £parallélisme_segment et £horPb segment-losangeFaire observer les deux propriétés fondamentales de la symétrie : perpendicularité et distances des points à l'axe
Constater que P3 est fausse. Anissa doit comprendre (on l espère !) que pour aller de A à A' on se déplace perpendiculairement à d puis d'une distance égale, l'horizontale n'ayant rien à voir là-dedansPb 01Étape 2 : avec Pb 0
Amener l élève à dégager £ortho et £dist
Faire formuler les propriétés liées aux propriétés fondamentales : £ortho et £dist
Renforcer les contrôles £ortho, £dist et £taillePour justifier le choix de C ou D, Anissa doit reformuler avec ses mots la propriété de perpendicularité.
Pour discriminer C et D, elle reformulera la ppté des distances.Pb 15Renforcer l'assimilation et l'énonciation des deux pptés. Le dessin b permet en outre à Anissa d'évoquer la non-isométrie des figures, ppté qu'elle semble avoir bien intégrée.Pb 02Je demande à Anissa de nommer les points puis leur image [...]. Je l'invite à contrôler avec le calque, si l'observation « à vue d'il » ne suffit pas.
Je lui demanderai de rédiger un programme de construction.Pb 04« Étape 3 : Anissa va construire elle-même des images ou des axes de symétrie »
Amener l élève à réinvestir les connaissances anciennes et nouvelles : les contrôles £demi_plan £ortho, £dist et £calque_1Les segments isométriques apparaissent clairement. En se servant de sa ppté P4, Anissa devrait identifier C et E images de B et D, puis tracer la droite qui doit passer par A.
Dans ce Pb 05, les deux pptés fondamentales de la symétrie sont vérifiéesPb 05Pour quAnissa formule successivement, dans a puis b, la non-vérification de ces deux propriétés.Pb 12Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 69. Prof_1 : Séquence didactique proposée pour Anissa
Le premier élément sur lequel ce professeur sappuie pour prendre ses décisions, ce sont les propriétés à partir desquelles il a caractérisé la conception de la symétrie orthogonale chez Anissa. Parmi ces propriétés, deux sont erronées : P1 qui renvoie au contrôle £parallélisme_segment, et P3 renvoyant aux contrôles £translation et £hor.
La première décision du professeur est de reprendre les réponses d Anissa aux problèmes de reconnaissance. La consigne quil propose consiste à décalquer l'axe de symétrie et la figure F et à retourner le calque en faisant coïncider l'axe et son image calquée. Cette consigne vise à enseigner à Anissa lutilisation correcte de la technique du calque ou à réactiver cette technique chez elle. Il sattend à ce quAnissa puisse dégager et disposer dun moyen de contrôle lié à la propriété de superposition de deux figures symétriques. Lélève devra en même temps prendre conscience du fait que le symétrique dun segment nest pas nécessairement parallèle au segment initial. En effet, le professeur explique que son objectif est de faire comprendre à Anissa quun segment et son image ne sont pas forcément parallèles. En ce qui concerne le problème segment-losange, le professeur propose de disposer laxe dans l'orientation verticale. Comme il laffirme, son but est dattirer l'attention d'Anissa sur leffet-miroir de la symétrie. En effet, en s'appuyant sur le fait que les élèves sont visuels, il essaye d'amener Anissa à utiliser cet effet-miroir comme un moyen perceptif de validation. Daprès lui, la disposition de laxe verticalement pourrait faciliter cette visualisation.
Dans cette première étape de la séquence, les décisions du professeur sappuient tout dabord sur les recommandations institutionnelles (programmes scolaires, instructions officielles) concernant lenseignement de la symétrie orthogonale au collège, où lutilisation de la technique du calque tient une place importante. Grâce à cette technique, il cherche à déstabiliser le contrôle £parallélisme_segment. Pour lui, l évolution de la conception identifiée chez Anissa passe nécessairement par la déstabilisation de ce contrôle. Ce professeur s appuie également sur le fait que les élèves sont très « visuels », ce qui leur permet de sapproprier facilement les moyens de contrôle liés à la perception globale des figures symétriques (effet miroir, par exemple). Ces décisions prennent donc appui sur sa pratique de lenseignement et sur ses connaissances du fonctionnement des élèves.
Le professeur propose ensuite des problèmes avec lobjectif damener Anissa à identifier, formuler et mettre en uvre les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances des points à laxe, ce quil appelle les propriétés fondamentales de la symétrie. Ces deux propriétés lui paraissent essentielles pour lapprentissage de cette notion. Cette décision est alors due à ses connaissances mathématiques. Dans sa séquence, le professeur sappuie aussi sur les connaissances correctes identifiées chez Anissa, par exemple la propriété P4 (isométrie).
Le premier problème proposé dans la deuxième étape est « Pb 01 ». Signalons que lénoncé de ce problème indique que les figures données sont symétriques par rapport à la droite d. Le professeur sattend alors à ce quen se servant du codage sur la figure (droites de liaison entre les points symétriques) et du fait de laxe oblique, Anissa constate la fausseté (ou non validité) de la propriété P3 (déplacement horizontal). Elle sera alors amenée, dune part à substituer le contrôle £hor par le contrôle £ortho, et d autre part à prendre conscience que les distances des points à l axe doivent être conservées dans la direction orthogonale à l axe. Le deuxième problème proposé est « Pb 15 ». Le professeur s'attend à ce quAnissa choisisse les points C ou D comme symétriques de A et quelle explicite la propriété de perpendicularité pour justifier ce choix. Par la suite, pour choisir entre C et D, elle sera amenée à expliciter la propriété dégalité des distances des points à laxe.
Après avoir envisagé damener Anissa à dégager et à formuler les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances de la symétrie orthogonale, le professeur propose « Pb 02 ». Son objectif est dune part de renforcer lassimilation et lénonciation de ces propriétés par Anissa, et dautre part, damener Anissa à mettre en uvre la propriété correcte « P2 » (conservation des longueurs des segments par la symétrie orthogonale). Daprès lui, la figure de l« item b » où les deux figures ont des dimensions différentes peut permettre à Anissa dévoquer la non-isométrie des figures.
A ce stade, le professeur signale que jusquà ce moment, il na pas encore proposé à Anissa de problème de construction. Elle na travaillé que sur des figures données. Il va donc falloir que lélève réalise elle-même des constructions, ce qui est lobjectif de la troisième étape de sa séquence : Anissa va construire elle-même des images ou des axes de symétrie.
Le premier problème proposé dans la troisième étape est « Pb 04 ». Le professeur demande de compléter la consigne de ce problème ainsi : je demande à Anissa de nommer les points, puis leur image. Elle choisit elle-même ses instruments (de dessin). Je linvite à contrôler avec du papier calque si lobservation « à vue dil » ne suffit pas. En complément, je lui demande de rédiger un programme de construction. Le professeur laisse à lélève toute latitude pour choisir les instruments de dessin à utiliser dans la construction des figures images. Il peut ainsi repérer les propriétés de symétrie que lélève met en uvre spontanément, sans quelles soient induites par la consigne demandant dutiliser tel ou tel instrument. En ce qui concerne les moyens de validation, il sattend à ce quAnissa mobilise les contrôles par la perception globale (à vue dil).
Les deux derniers problèmes proposés par ce professeur consistent à construire laxe de symétrie de deux figures. Nous envisageons trois hypothèses qui ont pu amener ce professeur à proposer des problèmes de cette nature dans cette étape de la séquence. La première est que le professeur a disposé de la copie complète de lélève, où elle a résolu un problème de cette nature. La deuxième est que ces problèmes font partie de la « série de problèmes » que nous lui avons fournie. La dernière hypothèse concerne la nature du problème elle-même. En effet, un problème de construction de laxe nécessite la reconnaissance de figures symétriques par rapport à une droite qui nest pas tracée. Pour construire laxe de symétrie dune figure, lélève doit dabord identifier deux sous-figures symétriques et pour les identifier, il doit mettre en uvre les propriétés de la symétrie. Comme le précise le professeur, il sattend à ce quAnissa réinvestisse les connaissances dégagées dans les étapes précédentes (les propriétés fondamentales) ainsi que la propriété P4, pour résoudre ces problèmes. Ceci montre une fois de plus que le professeur prend en compte les connaissances correctes disponibles chez lélève dans la construction de son projet denseignement.
Le professeur termine sa séquence didactique en soulignant sa décision de ne pas montrer à Anissa les cas où un segment et son symétrique sont parallèles. Pour lui, si lélève réussit cette séquence, cela suffit pour une première remédiation. Il ajoute que létude de ce cas serait lobjet de la prochaine étape de son projet denseignement. En effet, lobjectif de cette séquence na pas été de traiter tous les aspects de la symétrie, mais plutôt de faire évoluer la conception initiale dAnissa vers une conception intermédiaire où ni les contrôles par le parallélisme des segments, ni la direction horizontale ne feront plus partie de sa structure de contrôle.
Professeur 2
Prise dinformation de l'activité sur l'élève
Propriétés identifiées par le professeur chez AnissaContrôles associésPour Anissa, la symétrie axiale semble être une transformation qui conserve les grandeurs (distance, angle)£taille_1
£formeElle l associe au « glissement », donc à la translation£translationLe « glissement » est majoritairement horizontal£horTableau SEQ Tableau \* ARABIC 70. Prof_2. : prise d information sur l activité d Anissa
Notons que ce professeur identifie chez Anissa des connaissances correctes et erronées (du point de vue des mathématiques), à propos de la symétrie orthogonale. Les connaissances correctes sont relatives à la conservation des longueurs des segments et des mesures des angles par cette symétrie. Les connaissances erronées relèvent de la confusion de la symétrie avec le glissement (la translation) dans la direction horizontale.
Séquence Didactique
Extraits du questionnaire du Prof_2ProblèmeObjectifEn premier lieu par pliage, transparence (ou calque) jassocierais le Pb 01 et la figure 1 (figure-flèche) de manière à faire retrouver la flèche bleue à Anissa.
Il lui faudra faire les observations suivantes :
- les oiseaux face à face
- la flèche sécartant de laxe d
- perpendicularité par rapport à la droite d (équerre)
- égalité des distances
de A à laxe et de A à laxe, de B à laxe et de B à laxe (utilisation du compas)Pb-flècheAmener lélève à prendre conscience de la non validité de sa procédure, en dégageant £sens_inverse, par la mise en Suvre de £pliage_2 et £calque_1
Amener l élève à dégager les contrôles £ortho et £distPb 01Pour vérifier que l image du symétrique prend corps dans son espritConstruire figures symétriques à main levée (cf. REF _Ref136173512 \h Figure 99)Établir un nouveau diagnosticRecherche du symétrique d un point sur quadrillage sans pliage, sans calque - utilisation de l équerre pour vérification de la règle graduéePb 15Renforcer les contrôles £ortho et £dist
Amener l élève à dégager le contrôle £point_invariant (Pb 07) Idée analogue sur Pb 07 mais sur une figure, et l observation du point D qui est sur l axe et qui a pour symétrique DPb 07Faire énoncer les raisons pour lesquelles la symétrie n est pas vérifiée
Anissa doit comprendre son erreur sur la figure 4 (figure-maison) et se corriger avec le Pb 18Pb 02Amener lélève à énoncer les propriétés dorthogonalité, égalité des distances et invariance des points sur laxePb 18Exercices dentraînementPb 04Amener lélève à réinvestir les contrôles £ortho, £dist et £point_invariantPb 06Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 71. Prof 2 : séquence didactique proposée pour Anissa
Comme pour le Prof_1, la première décision de ce professeur est de reprendre avec Anissa ses réponses de la copie aux problèmes de reconnaissance de figures symétriques. En proposant lutilisation du pliage et du calque, son but est damener Anissa à comparer sa réponse au problème flèche (flèche verte) avec la figure du « Pb 01 », où il est dit que les deux figures données sont symétriques. Comme nous lavons montré plus haut, cette comparaison peut servir à conduire Anissa à prendre conscience de la non validité de sa procédure, en lamenant à dégager le contrôle (sens_inverse. De plus, en utilisant les instruments de dessin, Anissa pourra constater la perpendicularité à la droite d des droites qui relient les points objet et image et la conservation des distances des points à laxe.
Le professeur propose ensuite un problème de construction du symétrique de figures à main levée. Soulignons que ce problème nest pas dans la série de problèmes fournie :
Compléter à main levée pour que d soit axe de symétrie :Situation 1
Situation 2
Figure SEQ Figure \* ARABIC 99. Problème de construction de figures symétriques à main levée
Le professeur cherche ainsi à vérifier que limage du symétrique prend corps dans son esprit (dAnissa). Il sagit donc dune évaluation des connaissances dAnissa au cours du processus denseignement. Notons que la figure de la situation 2 a un point invariant sur laxe. Rappelons que dans la résolution du problème-segment par Anissa, le contrôle £point_invariant est absent. Ainsi, même si dans sa prise d information ce professeur ne se réfère pas à la non mobilisation de cette propriété chez Anissa, nous faisons l hypothèse que celle-ci pourrait être un objectif de son projet denseignement. Ceci pourrait montrer un aspect de la connaissance mathématique du professeur, pour qui linvariance des points sur laxe est une propriété indispensable de la symétrie, donc une des premières à enseigner, indépendamment de ce quil observe dans lactivité de lélève.
Ensuite, le professeur propose des problèmes de reconnaissance de points symétriques sur quadrillage (Pb 15 et Pb 07), à résoudre en utilisant la règle graduée et léquerre. Comme il laffirme, ces instruments de dessin doivent être utilisés dans un but de vérification. Ils fonctionneraient comme outil pour la mise en uvre de contrôles liés aux propriétés de la symétrie. En proposant le problème « Pb 07 » (cf. p. PAGEREF _Ref120195465 \h XVII), le professeur explicite son objectif de faire émerger chez Anissa la propriété dinvariance des points sur laxe : [...] idée analogue sur Pb 07 mais sur une figure et lobservation du point D qui est sur laxe et qui a pour symétrique D. Ceci confirme notre hypothèse ci-dessus.
Létape suivante du processus denseignement a pour objectif damener Anissa à énoncer les propriétés de la symétrie orthogonale, notamment lorthogonalité et légalité des distances de points à laxe. Pour cela, le problème proposé est « Pb 02 » où il sagit de se servir des propriétés de symétrie pour expliquer pourquoi deux figures données ne sont pas symétriques. Le professeur explique quen résolvant ce problème, Anissa doit comprendre son erreur sur la figure-maison. Nous supposons quil sattend à ce quAnissa ne réalise plus un glissement (une translation) de la figure initiale, mais plutôt quelle soit déjà capable dexpliquer les raisons pour lesquelles les figures données dans ce problème ne soient pas symétriques. Ensuite, dans le but de permettre à Anissa de corriger son erreur commise dans la figure-maison, il propose le problème « Pb 18 ». En effet, ce problème est assez proche du problème maison, dans le sens que la figure donnée à construire est également une maison.
Ensuite, le professeur propose les problèmes quil classifie comme des exercices dentraînement : « Pb 04 » (construction de figures symétriques) et « Pb 06 » (reconnaissance et construction daxe de symétrie). Il ne donne pas les raisons de son choix. Les variables en jeu dans les problèmes sont les suivantes : nature du problème (construction de la figure symétrique et construction et reconnaissance de laxe de symétrie respectivement), nature de F (complexe), intersection de la figure avec laxe (touche et coupe en Pb 04) et spécificité de F (ne possède pas d axe de symétrie). Compte tenu de ces variables en jeu dans les problèmes, nous pensons que le professeur veut amener Anissa à réinvestir les contrôles £ortho, £dist, £point_invariant, et éventuellement £sens_inverse.
Le professeur signale encore quaprès avoir effectué les constructions, Anissa doit utiliser soit le papier calque, soit le pliage comme moyen de vérifier lexactitude de ses constructions, tout au long de la séquence. En effet, lutilisation de ces techniques peut lui permettre de contrôler ses constructions par superposition des figures.
Professeur 3
Prise d'information sur l'activité de l'élève
Au vu de la production dAnissa, le professeur considère deux cas :
Cas 1) Anissa a déjà étudié la translation
Extraits du questionnaire du Prof_3Contrôle associéAnissa sait que la symétrie correspond à un pliage, mais ne contrôle pas ni mentalement ni physiquement son affirmation.£pliage_1Anissa parle de flèches qui vont dans le même sens. Les flèches qui vont dans le même sens sont vues à propos de la translation.£translation Pour tous les autres tracés, 3 et 4, Anissa effectue une translation horizontale (parallèle à un bord) £translation, £horLe parallélisme est prégnant [...]. L axe passe au milieu des 2 coins de maisons en bas. Mais cette connaissance s efface devant la prégnance du parallélisme dans 3) : il n était pas possible de faire passer l axe « au milieu » tout en dessinant les 2 segments parallèles£parallélisme_segment
£dist
£demi_plan Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 72. Prof_3 : Prise dinformation sur lactivité dAnissa dans le cas où elle a étudié la translation
Cas 2) Anissa na pas étudié la translation
Extraits du questionnaire du Prof_3Contrôle associéSes images mentales liées à la symétrie sont à revoir. Il se trouve quelles recouvrent des images mentales liées à la translation£translationTableau SEQ Tableau \* ARABIC 73. Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 74. Prof_3 : Prise d information sur l activité d Anissa dans le cas où elle n a pas étudié la translation
Notons que dans la prise d information sur l activité d Anissa, le professeur sappuie sur ses connaissances des programmes des classes de collège. Sachant quAnissa est une élève de classe de quatrième et ayant pris connaissance de ses réponses aux problèmes, il se demande si elle a déjà étudié la translation ou non.
Dans le premier cas, le professeur suppose quAnissa a pu confondre ses nouvelles connaissances, celles de la translation, avec les anciennes, celles de la symétrie. Dans le deuxième cas, les images mentales de la symétrie chez Anissa seraient liées à la translation.
Comme il ne connaît pas lhistoire « scolaire » de lélève, il propose deux séquences didactiques différentes, une pour chaque cas.
Séquences didactiques
Cas 1) Anissa a étudié la translation
Dans ce cas, le professeur prend les décisions didactiques dans le but de permettre à Anissa de dissocier les connaissances de ces deux transformations :
Extraits du questionnaire du Prof_3ProblèmeObjectifFaire travailler Anissa sur les 2 transformations à la fois
Reconnaître, distinguer en utilisant le vocabulaire lié aux transformations
Vérifier physiquementManipuler des figures découpées : une figure, une translatée et une symétriqueAmener lélève à reconnaître et distinguer la symétrie orthogonale de la translationFaire faire des dessins à main levée
Faire évoquer mentalement laction de pliage et de glissementDessiner à main levée des symétriques et des translatées de figuresTableau SEQ Tableau \* ARABIC 75. Prof_3 : Séquence didactique proposée pour Anissa dans le cas où elle a déjà étudié la translation
Notons que les situations proposées sappuient sur la manipulation et les tracés des images de figures à main levée. La manipulation devrait permettre de dégager des images mentales associées à chacune des deux transformations, et les tracés à main levée nécessitent leur mobilisation de ces images pour anticiper la réponse.
Cas 2) Anissa na pas étudié la translation
Dans ce cas, son objectif principal est la mise en relation de la symétrie avec le pliage. La séquence didactique proposée est alors la suivante :
Extraits du questionnaire du Prof_3ProblèmeObjectifsOn ne travaille cette fois que sur la symétrie qui devrait être mise en relation avec le pliagePb 01Amener lélève à re-dégager le pliage comme opérateur et moyen de contrôle- image globale
- remise en cause des images actuellesPb 17Déstabiliser le contrôle £translationPb 12- approche plus « fine » sur quadrillage
- mise en relation de pointsPb 02Amener l élève à mettre en relation un point et son symétriquePb 07Pb 16Pb 15- tracés (demander d abord une anticipation globale)
- vers lénoncé des propriétés et usagePb 18Amener lélève à formuler et réinvestir les propriétés dégagéesPb 04Pb 08, etc.Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 76. Prof_3 : Séquence didactique proposée pour Anissa dans le cas où elle na pas étudié la translation
Avant de présenter cette séquence, le professeur signale que la symétrie doit être mise en relation avec le pliage, tout au long de lactivité. Il propose que le pliage serve dans la résolution des problèmes soit pour effectuer la symétrie, cest à dire comme un outil pour laction permettant de transformer le problème initial (opérateur) : soit pour vérifier (au départ ou après coup), cest à dire comme moyen de contrôle dans la planification de la tâche ou la vérification après exécution de cette tâche, ou soit encore pour anticiper une action, cest à dire comme moyen de contrôle permettant de planifier la tâche. Pour cette raison, il donne les figures sur un support qui permet le pliage effectif.
Le premier problème proposé (Pb 01) dans cette séquence denseignement vise à amener Anissa à re-dégager cette mise en relation : symétrie/pliage. Daprès le Prof_3, ce problème permet lutilisation du pliage pour vérifier au départ. Il ne donne plus dexplications à propos de ce choix. Cependant, nous pouvons supposer quil sappuie sur le fait quil est dit dans la consigne que les figures sont symétriques pour atteindre ce but. En sappropriant cette relation, Anissa pourrait lutiliser comme un outil pour laction (un opérateur) ou comme un moyen de contrôle (£pliage_2). Étant donné que le pliage occupe une place privilégiée dans l enseignement de la symétrie, nous supposons que cette décision du professeur s appuie sur ses connaissances des programmes et instructions officiels. Ensuite, en envisageant quAnissa se serve du pliage en tant quopérateur et/ou moyen de contrôle, ses décisions sont prises dans le but de remettre en cause des images actuelles qui pour lui, sont liées à limage dune translation, autrement dit déstabiliser le contrôle (translation. Dans cet objectif, il propose « Pb 12 » et « Pb 17 », en insistant toujours sur le pliage. Pour la figure de l« item a » du « Pb 12 », le professeur sattend à ce quen mobilisant le pliage comme opérateur, Anissa puisse constater que le parallélogramme ne possède pas daxe de symétrie. De même, il sattend à ce que lutilisation du pliage dans le problème « Pb 17 » puisse amener Anissa à se rendre compte que deux segments parallèles ne sont pas forcément symétriques par rapport à cette droite. Cest ce qui nous amène à penser que le professeur cherche ainsi à déstabiliser le contrôle £translation et par ce biais, le contrôle £parallélisme_segment.
Le professeur passe ensuite à une nouvelle phase de la séquence, qu il appelle une approche plus fine sur quadrillage. Il cherche à amener Anissa à dégager les propriétés de la symétrie orthogonale, sans pour autant perdre de vue la relation symétrie/pliage. Pour cela, le professeur propose à Anissa une série de problèmes (Pb 02, Pb 07, Pb 16 et Pb 15) dans le but de la faire travailler sur la mise en relation des points (objet et image) par la symétrie orthogonale. Enfin, il propose une série « ouverte » de problèmes (Pb 18, Pb 04, Pb 08
). Les problèmes cités concernent la reconnaissance et/ou construction de figures symétriques. Les explications données par le professeur sont seulement celles montrées dans lextrait ci-dessus : tracés (demander dabord une anticipation globale) ; vers lénoncé des propriétés et usage. Il sagit certainement de réinvestissement par Anissa des connaissances dégagées dans les étapes précédentes (pliage et propriétés de la symétrie).
Professeur 4
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _4Contrôles associésLaxe de symétrie doit plus ou moins partager la figure entre une partie gauche et une partie droit.Autre : contrôle lié à la construction de laxeValidation du caractère symétrique par 2 aspects.
(i)Par lexistence de côtés parallèles dun côté et de lautre, voire par la possibilité de passer de lune à lautre par translation.
(ii) Apparemment, nécessité dune deuxième validation par la prise en compte, de façon mal définie, dune égalité de distances des 2 parties par rapport à laxe :
- peut être distance moyenne (Exe 1 et 2) ;
- la longueur du morceau daxe entre les 2 segments symétriques semble être égale à la longueur du bout de segment qui dépasse par dessus (Exe 3) ;
- la distance à l axe (mesuré horizontalement) de la base des maisons est la même.£parallélisme_segment
£demi_plan
£translation£dist (globale)
£horTableau SEQ Tableau \* ARABIC 77. Prof_4 : Prise dinformation sur lactivité dAnissa
Tout dabord le professeur identifie quAnissa reconnaît que les figures objet et image sont situées dun côté et de lautre de laxe de symétrie, mais seulement dans le cas où laxe de symétrie ne coupe pas la figure. Ceci renvoie à lidentification dun contrôle lié à la construction de laxe que nous navons pas formalisé, étant donné que cette problématique est en dehors du champ de notre recherche. Par ailleurs, le professeur observe que la reconnaissance de figures symétriques par Anissa est effectuée, dune part par le parallélisme des segments correspondants et/ou la translation de la figure, dans la direction horizontale ; et dautre part par légalité des distances des points à laxe. Cependant, il perçoit que légalité des distances chez Anissa varie en fonction des variables du problème résolu. A ce propos, il envisage les cas suivants :
dans la reconnaissance de figures symétriques, cette distance correspond à une distance moyenne. Lors de lentretien, il explique ce quest pour lui une distance moyenne : une distance prise à vue dil / la figure image nest pas très éloignée / le milieu de la flèche, par exemple, est à peu près à la même distance de chaque côté [...] ;
dans la construction de la figure-segment, cette distance correspond à la longueur du morceau daxe entre les 2 segments symétriques ;
dans la construction de la figure-maison, cette distance correspond à la distance à laxe de la base des maisons (mesurée horizontalement).
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_4ProblèmeObjectifChoix non justifié dans le questionnairePb 01Amener l élève à dégager les contrôles £ortho et £dist
Montrer un modèle pour être utilisé par la suite dans la résolution d un autre problème
Consolider le nouvel acquis : amener l élève à mettre en Suvre les contrôles £ortho et £dist, et aussi £pliage_2- dire d abord si oui ou non, B est le symétrique de A en vérifiant par pliage
- l enseignant fait le point [& ]
- en prenant comme modèle la figure c, construis à léquerre et à la règle graduée le symétrique A de A pour les figures a), b) et d)
- lenseignant incite enfin à vérifier par pliagePb 08 modifiéComme consolidation du nouvel acquis lélimination de B comme symétrique de A peut préparer le terrain à refaire correctement lexercice 4) (figure-maison)Pb 15Pour tendre à défaire lidée que 2 segments symétriques sont parallèles nécessairement [...]
Le professeur incite à valider ceci par pliage, et par la propriété correcte « de distances égales » mise en évidence grâce au Pb 08 (modifié)Pb 17Amener l élève à formuler la propriété que deux segments parallèles ne sont pas forcément symétriques : déstabiliser £parallélisme_segment
Amener l élève à utiliser £pliage_2 comme moyen de validationJe modifierais le d) pour que les maisons soient symétriques (avec l axe oblique)
Et la consigne : Dans 3 des cas il n y a pas de symétrie. Indique pourquoi.Pb 02 modifiéAmener l élève à réinvestir les contrôles £ortho et £distJe nommerai d abord A le coin de la maison le plus près de l axe. Ferait faire construire son symétrique A en précisant que l instrument de construction est l équerre et la règle graduéePb 18 modifiéTableau SEQ Tableau \* ARABIC 78. Prof_4 : Séquence didactique proposée pour Anissa
Comme premier problème de cette séquence, le professeur propose « Pb 01 ». Il explique que tout au début de la construction de son projet il avait éliminé ce problème, mais quensuite il est revenu sur sa décision et propose ce problème au tout début de la séquence denseignement. Cependant, il ne précise pas les raisons qui l'ont amené à changer sa décision. Lors de lentretien, nous lui avons donc demandé ses raisons. Sa réponse est la suivante :
Extrait de lentretien : Lidée, cest damener lélève à voir quil y a un angle droit ici (lintersection de [AA] avec la droite d) et que les longueurs sont les mêmes ici de chaque côté... cétait un petit peu abrupt, le travail avec le problème 8 (Pb 08). Alors, on fait observer à lélève ces propriétés pour quil puisse construire un tout petit peu ces choses-là / sapproprier ces propriétés qui ont été un peu parachutées... dans le problème 8 [...].
Le professeur se réfère au « Pb 08 » car cest ce problème quil avait choisi pour commencer sa séquence. En se rendant compte de la complexité de ce problème, il a donc décidé de faire un travail préparatoire pour permettre à Anissa de dégager les propriétés de la symétrie (orthogonalité à laxe et égalité de distances des points à laxe) et ensuite à les mettre en uvre pour résoudre le problème « Pb 08 ».
Le problème suivant est donc « Pb 08 ». Cependant, le professeur propose une modification dans ce problème. Daprès lui, ce problème doit être travaillé avec Anissa de la manière suivante :
Anissa doit dabord utiliser le pliage. Cette utilisation peut lui permettre d« anticiper » si le point B est symétrique de A, pour chaque figure ;
Puis, le professeur souhaite faire le point sur les réponses de lélève, en commençant par litem c qui est le seul cas où B est symétrique de A / [AB] est perpendiculaire à (d), alors (d) passe par le milieu de [AB] ;
Ensuite, en prenant comme modèle la figure de l« item c », il propose à Anissa de construire limage du point A dans les autres items du problème, en utilisant léquerre et la règle graduée ;
Enfin, il demande dutiliser à nouveau le pliage comme moyen de vérification.
Les étapes proposées visent à apprendre à Anissa à se servir des propriétés de la symétrie pour construire le symétrique dun point. Nous pensons avoir repéré ici une caractéristique de la pratique de ce professeur, qui pourrait indiquer que sa conception denseignement/apprentissage est celle de guider lélève dans son apprentissage. Notons que cette conception correspond à celle indiquée par le professeur dans sa « fiche de lenseignant » comme la plus favorable à lapprentissage. Dans lobjectif davoir plus dinformations à ce propos, nous avons demandé au professeur dexpliquer plus précisément les raisons des modifications apportées au problème initial. Voici un extrait de la réponse donnée par le professeur :
Extrait de lentretien : On a mis quelques étapes [...] des étapes, cest pas forcément très, très bien [...]. Cest vrai quune partie du travail est tout mâché pour lélève ... sans que lélève cherche [...] et là, on lui donne tout. Tout mâcher... est un petit peu conditionner lélève... peut être que sil est conditionné, il arrivera à faire quelque chose danalogue dans une situation semblable, après. Donc ça... ça nest pas extraordinaire, mais ça peut permettre aux élèves de faire quelque chose dans un exercice comme ça [...]. Dailleurs on fait souvent comme ça en sixième dans les exemples de démonstration... les premières démonstrations sont en sixième avec les propriétés [...]. Tout est détaillé [...].
Notons dabord que le professeur sappuie sur son expérience denseignant pour prendre cette décision à légard dAnissa. Puis, il considère que, même si le guidage a des limites, il sait quil fonctionne dans certains cas. Ainsi, les connaissances qui interviennent dans sa décision relèvent de son expérience denseignant.
Il propose ensuite à Anissa de résoudre le problème « Pb 15 » dans le but de lamener à consolider les nouvelles connaissances. A partir de lidentification par Anissa du symétrique dun point, il envisage de préparer le terrain pour quAnissa puisse construire correctement le symétrique de la figure-maison. Son objectif était de permettre à Anissa de mener à bien la construction de limage de la figure-maison, et de manière plus générale, limage dune figure complexe. Mais pour cela, il veut dabord quelle se défasse de lidée que 2 segments symétriques sont nécessairement parallèles. En dautres termes, il faudra déstabiliser le contrôle £parallélisme_segment identifié chez Anissa. Pour cela, il lui propose le problème « Pb 17 ». En effet, dans ce problème sont données trois figures, dont deux ont les segments objet et image parallèle entre eux. Ainsi, il nous semble que le professeur joue avec cette variable pour amener Anissa à formuler cette propriété. En effet, puisquil est dit dans la consigne quune seule figure, parmi les trois données, est symétrique, Anissa doit conclure que pour que les segments parallèles soient symétriques à la droite d, il faudra quils soient également parallèles à cette droite. Il se peut alors que ceci corresponde à lattente du professeur.
Le problème proposé ensuite est « Pb 02 ». Toutefois, le professeur propose de le modifier de la façon suivante : Je modifierais le d) pour que les maisons soient symétriques (avec laxe oblique). La nouvelle consigne est la suivante : Dans 3 de ces cas, il ny a pas symétrie. Indique pourquoi. Comme il avait fait dans « Pb 08 » en apportant cette modification au problème initial, lobjectif du professeur était de mettre à disposition dAnissa « un modèle » sur lequel lélève pourrait sappuyer dans la résolution du problème.
Enfin, le professeur propose « Pb 18 ». Toutefois, comme il lavait fait avec les problèmes précédents, il modifie le problème de sorte quAnissa puisse avoir un point dappui pour démarrer sa construction : je nommerais dabord A le coin de la maison le plus proche de laxe. Ferais construire son symétrique A en précisant que les instrument de construction sont léquerre et la règle graduée. Lors de lentretien, nous avons également demandé au professeur des informations complémentaires à propos de cette décision. Sa réponse est la suivante :
Extrait de lentretien : Jamorcerais un tout petit peu la construction...je mettrais un point A quelque part [...]. On ne laisse pas à lélève toute la liberté... jai déjà donné des exercices de construction comme ça aux élèves...ça narrive en général pas en début de chapitre, cest plutôt après, quand ils connaissent toutes les méthodes...enfin les méthodes que je donne...la méthode privilégiée cest léquerre et puis...la règle [...]. En fait, ça amorce la construction mais c'est-à-dire que lélève, du coup, il fait un...et ça devient répétitif et...mais, dans un contrôle, par exemple, je mettrais pas le point.
Cette explication confirme la préférence de ce professeur pour les situations de guidage dans sa pratique de classe. En effet, il ne laisse pas toute liberté à lélève. Lindication dutilisation de léquerre et de la règle peut amener lélève à penser immédiatement à la perpendicularité et à la conservation des distances. Cest donc une sorte de guidage. De plus, il guide lélève vers une procédure de construction analytique : il travaille le symétrique dun point, puis dans une figure complexe il propose de nommer un point proche de laxe : pour amener lélève à repérer les points dans une figure complexe pour construire son image analytiquement.
Professeur 5
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _5Contrôles associésLe mot pliage est écrit, mais il na aucune signification pour elle ...(absence du contrôle £pliage_2)...car elle effectue des glissements horizontaux (confusion avec la translation qui est au programme de quatrième ?).£hor
£translationTableau SEQ Tableau \* ARABIC 79. Prof_5 : Prise d information sur l activité d Anissa
Comme le Prof_3, ce professeur se demande si Anissa a déjà étudié la translation en classe de quatrième. Il suppose que les connaissances mises en uvre par Anissa peuvent être le résultat dune confusion entre la symétrie orthogonale et la translation. Comme le montre le tableau ci-dessus, ce professeur ne met en évidence que des connaissances erronées (du point de vue des mathématiques) mises en oeuvre par Anissa. Ainsi, dans le but de construire son projet denseignement, sa première décision est : tout est à retravailler. Pour cela, la séquence didactique proposée est la suivante :
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_5ProblèmeObjectifLes figures ne sont pas symétriques, cest écrit
donc son exercice 4 est faux (ce doit être sa conclusion) (à loral)Pb 02
(item a)Phase « yeux » :
Amener lélève à développer les images mentales de la symétrie en relation avec pliage par rapport à laxe : dégager (pliage_2
Amener lélève à prendre conscience de la non validité de sa procédure
Amener l élève à dégager £ortho, £dist, et £sens_inverseLes figures sont symétriques. On a plié suivant quelle droite ? On a effectué une symétrie par rapport à& (dialogue proposé par le professeur)
On remarque à nouveau que les oiseaux sont face à face et pas « dans le même sens » : pas de glissement.
- Elle répond aux questions posées en visualisant lorthogonalité et les distances égales (codage marqué)
En masquant le texte, je lui proposerais de tourner la feuille et de visualiser la figure quand laxe est horizontal, vertical.Pb 01réponses b. c. d. à me donner (à loral).
Je lierais le c au reflet de la maison dans leauPb 02 (b, c, d)Toujours à loral mais sans justification (bien avec sa réponse 3)Pb 17La phase des « yeux » étant terminée, elle doit apprendre à construire des images
(à l équerre)
Symétrique d un pointAvec quadrillagePb 15Amener l élève à réinvestir les contrôles £ortho, et £dist et £sens_inverse
Vérifier à chaque étape pour analyser les erreurs éventuelles : établir un nouveau diagnosticPb 07Sans quadrillagePb 08Symétrique dune figure
Pb 04 : commencer par c. puis a, puis b et je vérifierais à chaque étape pour analyser les erreurs éventuelles.Construction du symétrique dun trianglePb 04Pb 18Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 80. Prof_5 : Séquence didactique proposée pour Anissa
La première étape de son projet denseignement est appelée phase des yeux par le professeur. Pour cela, il propose un travail à loral tout dabord avec la figure de l« item a » du problème « Pb 02 », puis avec « Pb 01 », et ensuite il revient sur les « items b, c et d » du « Pb 02 ».
Pour donner plus de précisions à propos de sa décision de travailler en sappuyant sur la visualisation, nous avons interrogé le professeur lors dun entretien. Voici un extrait de sa réponse :
Extrait de lentretien : Lenfant, elle confondait le symétrique avec un glissement. Donc lobjectif était juste de faire remarquer que ça na pas glissé, sinon lanimal serait tourné dans lautre sens (figure problème Pb 01). [...]. Les élèves sont très, très visuels [...] je crois que je me suis vraiment mis dans la tête que cétait une enfant qui avait vraiment de très grosses difficultés... et quelle na pas du tout assimilé ce quétait la symétrie... Donc, dans la mesure où il navait plus rien... voire même quelque chose de faux... cest vrai que mon objectif nétait pas de passer tout de suite à la ma-thé-ma-ti-sation enfin... le terme nest pas bon... tu vois ce que je veux dire. Donc... appuyer énormément sur le visuel et après commencer à voir lorthogonalité et la distance à laxe.
Comme le Prof_1, ce professeur considère que les élèves sont très visuels. Alors, il sappuie sur cette connaissance du fonctionnement des élèves pour montrer à Anissa que la symétrie orthogonale ne correspond pas à un glissement. Pour cela, le professeur a choisi des figures qui représentent des objets réels identifiables et qui ne possèdent pas daxe de symétrie. Il nous semble quil sappuie sur ces variables pour atteindre son but qui est de montrer à Anissa que cette propriété est fausse. Ceci peut mener à la déstabilisation du contrôle erroné lié à la translation. De plus, étant donné quil démarre un processus denseignement de cette notion mathématique chez Anissa, le travail appuyé sur le visuel peut lui permettre par la suite dintroduire lenseignement des propriétés mathématiques.
Pour travailler cette phase de la séquence, le professeur prend une décision qui semble fondamentale pour son projet denseignement : il décide de conduire un travail à loral avec Anissa. Lors de lentretien, nous lui avons demandé plus de précisions sur cette décision. Voici un extrait de sa réponse :
Extrait de lentretien : Parce que sil y a une erreur, elle nest pas écrite là (sur le papier) [...]. Donc... à mon avis... il me semble quelle sefface plus vite de la tête de lenfant : première chose. Deuxième chose, ils naiment pas trop écrire... ils ont des difficultés avec lécriture [...]. Ils disent quelque chose et immédiatement moi je peux soit leur poser des questions concernant, soit... alors que quand cest à lécrit, il faut déjà donner du temps [...]. A loral, on peut quand même questionner beaucoup lélève.
De cet extrait, nous retenons plusieurs éléments. Le professeur propose un travail à loral dabord parce quil connaît le fonctionnement de lélève : sil y a une erreur, elle nest pas écrite. Ceci pourrait éviter que lerreur « se fixe dans la tête » de lélève. Il sait également que les élèves naiment pas écrire, et quoralement ils auraient plus de facilité pour répondre aux questions du professeur. Par ailleurs, puisque le travail à loral permet linteraction avec plusieurs élèves à la fois, ceci permet au professeur de gagner du « temps ». Comme nous pouvons le constater, toutes ces connaissances sur lesquelles le professeur sappuie pour prendre ses décisions sont fondées sur son expérience de lenseignant, sa connaissance des élèves, et aussi du fonctionnement de la classe.
En choisissant « Pb 01 », le professeur envisage de conduire avec Anissa le dialogue suivant : les figures sont symétriques. On a plié suivant quelle droite ? On a effectué une symétrie par rapport à... Cette démarche peut être interprétée comme une sorte d« effet Topaze » (Brousseau 1998), dans le sens où le professeur choisit des questions auxquelles la réponse correcte peut être donnée facilement par lélève. Puis, il propose à Anissa dobserver que les figures objet et image (les oiseaux) sont face à face pour amener Anissa à conclure quil ne peut sagir dun glissement, comme sa conception ly ferait penser. Nous pouvons interpréter ce but comme celui de déstabiliser le contrôle (translation. Avec la même activité, il masque le texte (lénoncé du problème), et propose de tourner la feuille de papier en mettant laxe de symétrie dans lorientation verticale et horizontale. Nous avons demandé au professeur plus de précisions à propos de ces choix. Il explique quen proposant de mettre laxe dans la position verticale, il souhaitait transformer la situation, en une situation, classique où les élèves font moins derreurs, en général. En ce qui concerne sa décision de masquer le texte, il explique quune fois que laxe serait dans lorientation verticale, le texte se retrouverait penché. Daprès lui, ceci pourrait être un élément perturbateur pour Anissa. Ces deux derniers choix pourraient indiquer que ce professeur avait lintention déviter lerreur chez Anissa et de la mettre ainsi dans une situation de succès.
Après cette étape du travail effectué en sappuyant sur laspect visuel de la symétrie, le professeur passe à une autre étape, où Anissa doit apprendre à construire des figures symétriques. Pour cela, il propose tout dabord des problèmes sur le quadrillage et lutilisation de léquerre. Anissa doit identifier les points symétriques, et puis construire ces figures. Puis, il propose un problème qui ne figure pas dans la « série » où Anissa doit dabord construire le symétrique dun triangle par rapport à un axe vertical. Ensuite, le symétrique dun triangle par rapport à un axe oblique. Le problème « Pb 04 » est ensuite proposé, cependant les figures doivent être construites dans lordre suivant : dabord « item c », puis « item a » et enfin « item b ». Daprès lui, le professeur cherche à complexifier le problème peu à peu. Il explique en quoi consiste cette complexification :
Extrait de lentretien : Je commencerais avec le quadrillage... ça peut aider, au départ. [...] après le triangle avant le « quatre » (Pb 04)... parce quil y a beaucoup de symétriques entre guillemets à construire. Je crois simplement quau lieu davoir cinq points, jai commencé par trois. [...]. Donc le triangle... trois points, ça me paraissait plus simple à faire [...].
De plus, pour ce problème le professeur se propose de vérifier à chaque étape le travail dAnissa dans le but danalyser déventuelles erreurs. Nous pouvons interpréter cet objectif comme celui détablir un nouveau diagnostic de la conception dAnissa. Enfin, il propose le problème « Pb 18 ». Cependant, il suggère que ce problème doit être résolu par Anissa à domicile. Le professeur justifie cette décision :
Extrait de lentretien : je préfère à domicile parce quil y a quand même beaucoup de travail... et pour le faire en classe, ça prendrait un sacré temps !
Nous voyons dans cette explication que pour prendre cette décision, le professeur situe son projet denseignement pour Anissa dans le contexte de son projet pour la classe. Il sait que cette activité prendra du temps car il y a beaucoup de symétriques de points à construire. Le professeur sappuie une fois de plus sur ses connaissances sur le fonctionnement de lélève et de la classe, pour prendre sa décision.
6.2.2. Synthèse des résultats obtenus
La prise dinformation sur lactivité dAnissa
Contrôles (£)Prof_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5£dist £hor£taille_1£forme£translation£parallélisme_segment£demi_plan£pliage_1£pliage_2absentAutre contrôleautreTableau SEQ Tableau \* ARABIC 81. Prise dinformation des professeurs sur lactivité dAnissa : description en termes de contrôles
Le tableau ci-dessus montre la caractérisation de la structure de contrôle de la conception initiale, identifiée chez Anissa par les 5 professeurs participant à notre expérimentation. Pour les cinq professeurs, la symétrie orthogonale chez Anissa correspond à une translation de la figure dans la direction horizontale. Bien que la conservation des longueurs des segments, des mesures des angles et du parallélisme des segments correspondants soient implicites dans la translation, certains professeurs indiquent la prise en compte par Anissa de ces éléments dans ses réponses.
Pour le Prof_5, le mot pliage na aucune signification pour Anissa. Nous avons interprété cet argument du professeur par l absence de contrôle £pliage_2. Le Prof_3 suppose qu Anissa sait que la symétrie correspond à un pliage, cependant cette connaissance est erronée. Nous avons traduit ce propos du professeur par l identification du contrôle £pliage_1.
Tous les professeurs, sauf le Prof_5, ont identifié des connaissances correctes (du point de vue des mathématiques) chez Anissa, malgré le fait que ses réponses soient toutes erronées. Ces contrôles relèvent de la propriété de conservation des distances, des longueurs des segments et des mesures des angles par la symétrie orthogonale. La prise en compte par Anissa du fait que les figures symétriques sont dun côté et de lautre de laxe de symétrie, a été remarquée par trois professeurs.
Projets denseignement
Prof_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5Amener l élève à dégager £calque_1Amener l élève à prendre conscience de la non validité de sa procédure, en dégageant £sens_inverse, par la mise en Suvre de £pliage_2 et £calque_1Anissa a étudié la translation :
Amener l élève à reconnaître et distinguer la symétrie orthogonale de la translationAmener l élève à dégager les contrôles £ortho et £distAmener l élève à développer les images mentales de la symétrie en relation avec pliage par rapport à l axe : dégager (pliage_2Déstabiliser £parallélisme_segment et £horAmener l élève à dégager les contrôles
£ortho et £distAnissa n a pas étudié la translation : Amener l élève à re-dégager le pliage comme opérateur et moyen de contrôleMontrer un modèle pour l utiliser par la suite dans la résolution d un autre problèmeAmener l élève à prendre conscience de la non validité de sa procédure, en dégageant £sens_inverseAmener l élève à dégager £ortho et £distÉtablir un nouveau diagnosticDéstabiliser le contrôle £translationConsolider le nouvel acquis : amener l élève à mettre en Suvre £ortho et £dist, et aussi £pliage_2Amener l élève à dégager £ortho et £distFaire formuler les propriétés liées aux propriétés « fondamentales » : £ortho et £distRenforcer les contrôles £ortho et £distAmener l élève à mettre en relation un point et son symétriqueAmener l élève à formuler que deux segments parallèles ne sont pas forcément symétriques : déstabiliser £parallélisme_segmentVérifier à chaque étape pour analyser les erreurs éventuelles : établir un nouveau diagnosticRenforcer les contrôles £ortho, £dist et £tailleAmener l élève à dégager le contrôle £point_invariant Amener l élève à formuler et réinvestir les propriétés dégagéesAmener l élève à utiliser £pliage_2 comme moyen de validationAmener l élève à réinvestir les connaissances anciennes et nouvelles : les contrôles £demi_plan, £ortho, £dist et £calque_1 Amener l élève à énoncer les propriétés d orthogonalité, égalité des distances et invariance des points sur l axeAmener l élève à réinvestir les contrôles £ortho et £distAmener l élève à réinvestir les contrôles £ortho, £dist et £point_invariantTableau SEQ Tableau \* ARABIC 82. Objectifs des projets d enseignement des professeurs : cas Anissa
Dans ce qui suit, nous allons essayer de caractériser la conception cible du projet didactique pour Anissa, vue par chaque professeur.
Lobjectif du Prof_1 est denseigner à Anissa les propriétés fondamentales de la symétrie orthogonale, à savoir orthogonalité et égalité des distances. Daprès sa conception denseignement/apprentissage, il est nécessaire damener lélève à prendre conscience de linsuffisance de ses connaissances anciennes avant de lengager dans lapprentissage de nouvelles connaissances. Il cherche alors à déstabiliser les contrôles erronés liés à la translation, la direction horizontale et le parallélisme des segments symétriques. Par ailleurs, il sappuie sur les contrôles valides identifiés chez Anissa et cherche à les renforcer. Il nous semble alors que la structure de contrôle de la conception cible contiendrait les contrôles suivants : £ortho, £dist (correspondant aux propriétés fondamentales), £taille_1, £demi_plan (contrôles corrects présents chez Anissa), £calque_1.
Le Prof_2 cherche également dans un premier temps à amener l élève à se rendre compte que ses connaissances de la symétrie sont erronées. Pour cela, il lamène à plier ou à décalquer la figure afin dobserver que la figure symétrique nest pas obtenue par la translation, car elle a le sens inverse par rapport à la figure de départ. Dans un deuxième temps, il met en place une phase denseignement des propriétés dorthogonalité et dégalité des distances de la symétrie. Enfin, il amène lélève à dégager la propriété de linvariance des points sur laxe de symétrie. Ainsi, la structure de contrôle de la conception visée contiendrait les contrôles suivants : £ortho, £dist (correspondant aux propriétés de la symétrie), £calque_1, £point_invariant.
Le Prof_3 part du constat que les images mentales relatives à la symétrie chez Anissa correspondent à la translation. Son objectif est donc dune part de déstabiliser ces images mentales et dautre part, de les remplacer par des images mentales correctes liées à la symétrie. Pour cela, il se sert du pliage. La conception cible serait donc celle caractérisée par le pliage, dont la structure de contrôle contient les contrôles suivants : £pliage_2, £ortho, £dist.
Le Prof_4 constate également que pour Anissa la symétrie correspond à une translation. C est pourquoi il envisage une séquence d enseignement pour lui enseigner les propriétés d orthogonalité et dégalité des distances de la symétrie orthogonale dégagées par lutilisation du pliage. Il suppose que grâce à ses nouvelles connaissances correctes, Anissa rejettera ses anciennes connaissances erronées, notamment celle liée au parallélisme des segments symétriques. La structure de contrôle de la conception visée contiendrait ainsi les contrôles suivants : £ortho, £dist et £pliage_2.
Le Prof_5 constate qu Anissa ne sait rien sur la symétrie, car toutes les réponses qu elle a fournies sont erronées. Dans un premier temps, comme le Prof_3, il cherche à développer chez Anissa des images mentales liées à la symétrie en sappuyant sur le pliage. Il souhaite en particulier quAnissa prenne conscience que la symétrie inverse le sens de la figure. Dans la suite de la séquence, il cherche à faire dégager les propriétés dorthogonalité et d égalité des distances. La conception cible devrait alors contenir les contrôles suivants : £pliage_2, £sens_inverse, £ortho et £dist.
Problèmes choisis
ProblèmeProf_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5Pb 01Pb 02Pb 03Pb 04Pb 05Pb 06Pb 07Pb 08Pb 09Pb 10Pb 11Pb 12Pb 13Pb 14Pb 15Pb 16Pb 17Pb 18Pb-flèchePb segment-losangePb-segmentPb-maisonAutres problèmesTableau SEQ Tableau \* ARABIC 83. Problèmes choisis par les professeurs dans les séquences didactiques pour Anissa
Les professeurs ont utilisé largement les problèmes de la « série » fournie. Les problèmes « Pb 01, Pb 02 et Pb 15 » ont été les plus indiqués par les professeurs, suivis de très près par le problème « Pb 18 ». Remarquons également que deux professeurs reprennent les problèmes déjà résolus par Anissa, et trois professeurs proposent des problèmes autres que ceux que nous leur avons fournis.
Cependant, il est à noter que plusieurs professeurs ont modifié les consignes initiales dans le but de les adapter aux objectifs visés. De plus, comme nous lavons montré dans lanalyse, les variables didactiques prises en compte dans le choix des problèmes divergent également en fonction de ces objectifs. De même pour les instruments de dessin, techniques et moyens de validation mis à disposition des élèves. Pour illustrer ceci, montrons lexemple du problème « Pb 01 » :
Prof_1. Son objectif est de faire remarquer à Anissa les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances à laxe qui sont, pour lui, fondamentales concernant lapprentissage de la symétrie orthogonale par Anissa. Son attente est quAnissa puisse constater la fausseté (ou non validité) de la propriété P3 (déplacement horizontal) et prendre conscience que légalité des distances des points à laxe doit être conservée dans la direction orthogonale à laxe. Compte tenu de cette attente, nous avons fait lhypothèse quil sappuie dune part sur le fait que laxe de symétrie de Pb 01 soit oblique, et aussi sur le « codage » sur la figure.
Prof_2. En associant ce problème au problème-flèche et en indiquant lutilisation du pliage et du calque, il cherche à amener Anissa à prendre conscience de la non validité de sa procédure, qui renvoie à un glissement horizontal. De plus, en indiquant lutilisation de léquerre et du compas, il sattend à ce quAnissa puisse constater la perpendicularité à la droite « d » des droites qui relient les points objet et image, et aussi légalité des distances des points à laxe. Il sappuie sur le fait que F (figure) représente un objet réel identifiable, ne possède pas daxe de symétrie (les oiseaux sont face à face), quelle soit codée et éventuellement, sur lorientation oblique de laxe.
Prof_3. Son objectif étant damener Anissa à re-dégager la mise en relation symétrie/pliage, il se sert de ce problème pour quelle puisse vérifier au départ. Nous avons supposé quil ait pu sappuyer sur le fait quil est dit dans la consigne que les figures sont symétriques, pour atteindre son but.
Prof_4. Le but de ce professeur est de faire un travail préparatoire permettant à Anissa de dégager les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances à laxe. Pour cela, il sappuie sur le codage sur la figure.
Prof_5. Comme le Prof_2, ce professeur amène Anissa à observer que les oiseaux sont face à face, il envisage de lamener à se rendre compte que la symétrie orthogonale ne correspond pas à un glissement. Pour cela, il sappuie sur le fait que les élèves sont très visuels. Nous avons supposé dans le choix de ce problème, quil avait pu prendre en compte que la figure représentait un objet réel identifiable et quelle ne possède pas daxe de symétrie.
Comme nous pouvons le constater dans cette brève analyse, dans la plupart des cas, lassociation des variables didactiques aux choix des professeurs est faite par hypothèse, car elle na pas été explicitée par ces professeurs. Ceci nous a empêché de décrire les problèmes choisis en termes de variables didactiques, comme nous lavons fait dans linstanciation du modèle pour cette élève, présentée plus haut.
Connaissances intervenant dans la prise de décisions didactiques par les professeurs
Au cours de lanalyse, nous avons mis en évidence les connaissances qui ont pu intervenir dans la prise de décisions des professeurs. Les connaissances identifiées sont résumées pour chaque professeur dans les tableaux ci-dessous :
Professeur 1
Connaissances des programmes :
symétrie et pliagetechnique du calque Connaissances des mathématiques
propriétés fondamentales : orthogonalité et égalité des distances la symétrie est caractérisée par la superposition de figures par pliage Connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et du fonctionnement des élèves :
aspect visuel de la symétrie Conception de lenseignement/apprentissage
on ne peut pas apprendre une nouvelle connaissance tant quon nest pas conscient que nos anciennes sont insuffisantes (déstabilisation des connaissances erronées avant den dégager de nouvelles) ;amener lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennes on apprend à partir de ce quon sait déjà (appui sur les connaissances anciennes correctes) apprentissage progressif (première remédiation dans un premier temps, avant de passer à des cas plus complexes)la formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Professeur 2
Connaissances des programmes :
symétrie et pliagetechnique du calqueConnaissances des mathématiques
propriétés dorthogonalité, dégalité des distances et dinvariance des pointsConception de lenseignement/apprentissage
amener lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennesles connaissances nouvelles permettent dinvalider les anciennesvérifier leur acquisition au cours de lapprentissage (établir un nouveau diagnostic) la formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Professeur 3
Connaissances des programmes :
symétrie et pliagemanipulation apprentissage de transformations, au collège Connaissances des mathématiques
la symétrie est caractérisée par la superposition de figures par pliage Conception de lenseignement/apprentissage
on ne peut pas apprendre une nouvelle connaissance tant quon nest pas conscient que nos anciennes connaissances sont insuffisantes (déstabilisation des connaissances erronées avant de dégager den nouvelles) anticipation de laction à réaliser la formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Professeur 4
Connaissances des programmes :
symétrie et pliageConnaissances des mathématiques
propriétés dorthogonalité et dégalité des distances Connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et du fonctionnement des élèves :
Les situations de guidage fonctionnent en certains cas Conception denseignement/apprentissage
Lélève apprend à partir des exercices progressifs ; le professeur guide lélève dans leur réalisation en proposant des étapes, des méthodes ; « mâcher » le travail de lélève pour lui faciliter la tâchele contrôle des pré-requis permet de prendre des décisions par rapport à lopportunité dengager lélève dans un nouvel apprentissage lorsque lélève a réussi un exercice, il doit réussir tout exercice qui met en jeu le même savoir mobilisation de connaissances nouvelles pour déstabiliser des connaissances erronées la formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Professeur 5
Connaissances des programmes :
symétrie et pliageConnaissances des mathématiques
propriétés dorthogonalité et dégalité des distances Connaissances relevant de lexpérience de lenseignement et du fonctionnement des élèves :
Les élèves sont très visuels (sappuyer sur la visualisation avant de passer à la mathématisation), efficacité du travail à oral, gagner du temps)Conception denseignement/apprentissage
en cas déchec de lélève, le professeur doit envisager de tout recommencer le professeur prépare des exercices progressifs (construction dun point symétriques, deux points...) importance du réinvestissement des connaissances vérification régulière des acquis de lélève : établir un nouveau diagnosticConnaissances des programmes
En suivant les recommandations des programmes scolaires, tous les professeurs privilégient la nécessité daborder la symétrie par le pliage
Connaissances mathématiques
Dans leurs projets denseignement de la symétrie orthogonale pour Anissa, les professeurs privilégient des entrées mathématiques différentes :
Prof_1 privilégie une entrée par les propriétés de lorthogonalité et dégalité des distances à laxe, quil les appelle propriétés fondamentales. Prof_4 et Prof_5 privilégient également cette entrée-là. Le Prof_4, par le biais de lutilisation de léquerre et de la règle graduée dans la construction des figures symétriques. Le Prof_5 semble mettre laccent plutôt sur lorthogonalité étant donné quil recommande seulement lutilisation de léquerre dans la construction de symétrique des figures ;
Prof_2 ajoute à ces deux propriétés celle de linvariance des points sur laxe de la symétrie ;
Prof_3 privilégie lenseignement de la symétrie par la superposition de figures par pliage.
Connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et du fonctionnement des élèves
Trois professeurs semblent sappuyer sur ce type de connaissances pour prendre leurs décisions didactiques. Le fait que les élèves soient très visuels est remarqué par les Prof_1 et Prof_5. Le Prof_5 propose un travail à loral, car il connaît son efficacité. Le Prof_4 propose des situations de guidage, en affirmant que même sil est conscient des limites de cette approche il sait quelle fonctionne dans certains cas.
Conception denseignement/apprentissage
Les professeurs sont unanimes sur le fait que la formulation des propriétés et le réinvestissement des connaissances sont importants pour lapprentissage par lélève.
Les Prof_1 et Prof_3 semblent considérer que lélève ne peut pas apprendre une nouvelle connaissance tant quil nest pas conscient que les anciennes soient insuffisantes. Ils cherchent alors à déstabiliser des connaissances erronées tout au début du processus dapprentissage par Anissa. Le prof Prof_4 envisage de déstabiliser les connaissances erronées de celle-ci dans une étape ultérieure de ce processus, grâce aux nouvelles connaissances acquises dans une étape antérieure.
Les Prof_1 et Prof_2 cherchent à amener lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennes.
6.3. Décisions didactiques pour le cas de Béatrice
6.3.1. Analyse des productions des professeurs
Professeur 1
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _1Contrôles associés« Quand on plie, une figure et son image se superposent » mais Béa ne sait pas clairement comment on doit plier (ex 1 et 2).(pliage_1La droite qui passe par un point et son image est ( à laxe, et on reporte la longueur point-axe pour avoir limage.(ortho
(distUn segment et son image sont de part et dautre de laxe.(demi_planTableau SEQ Tableau \* ARABIC 84. Prof_1 : Prise dinformation sur lactivité de Béatrice
Le professeur signale sa difficulté à identifier des éléments de conception constants chez Béatrice. Pour lui, cette difficulté vient du fait que Béatrice réussit mieux dans les problèmes de construction de figures symétriques que dans ceux de reconnaissance.
Séquence didactique
Comme pour Anissa, le professeur organise sa séquence didactique en quatre étapes. La dernière concerne la construction daxe de symétrie. Nous présentons ci-dessous lanalyse des trois premières étapes.
Extraits du questionnaire du Prof_1ProblèmeObjectifsBéa parle de pliage : je vais essayer de lui faire trouver quon ne plie pas nimporte comment.
Elle essaie différents pliages jusquà ce quelle trouve le bon : cette bonne pliure donne laxe. Découper et plier la figure « trapèze » de l« exercice 5 »1ère étape
Amener lélève à re-dégager £pliage_2Réciproquement, c est l axe qui doit donner la pliure : Béa va donc plier les dessins des ex. 1-2 pour trouver les bons segments-images.Problème-flèche
Problème segment-losangeBéa sait bien construire l image d un segment en construisant les images des extrémités : je lui demande de vérifier par pliage que sa construction de lexercice 3 est bonne.
Elle peut être sûre de sa méthode. Pb-segment2ème étape
Amener lélève à réinvestir le contrôle (pliage_2Je lui demande de nommer les extrémités des segments et de repasser chaque segment avec une couleur différente (pour quelle les identifie visuellement).
Contrôle par pliage : les segments de même couleur doivent se superposer.Pb 04 (item a)
Pb 04 (item c)Je demande à Béa danalyser ce qui est juste et ce qui est faux dans ce quelle a produit, au besoin en mettant de la couleur.
Elle sera amenée à utiliser les 2 pptés quelle connaît : [AA](d et distances points-droite égales.Pb-maison3ème étape
Amener lélève à réinvestir les connaissances anciennes ((ortho, (dist)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 85. Prof_1 : Séquence didactique proposée pour Béatrice
La première décision du professeur sappuie sur les informations prises sur lactivité de Béatrice. Elle ne sait pas plier, alors il faudra lui apprendre la technique du pliage. Pour cela, le professeur se sert des exercices quelle a résolus. Le premier problème repris est celui du « trapèze isocèle » (cf. annexe 1 p. VII), dont la consigne est de tracer les axes de symétrie des figures. Béatrice doit découper la figure et faire des pliages. Le professeur sattend à ce que Béatrice saperçoive que seule une pliure permet la superposition des deux parties de la figure, et que cette bonne pliure donne laxe de symétrie. Béatrice doit plier ensuite les dessins des problèmes figure-flèche et segment-losange, pour se rendre compte que cest laxe qui donne la pliure. Notons que comme pour Anissa, ce professeur sappuie sur des connaissances institutionnelles pour prendre cette décision.
Le professeur reprend ensuite la réponse de Béatrice au problème-segment, où elle a construit correctement la figure symétrique, et lui demande de la vérifier par pliage. Son objectif est de valoriser la procédure correcte de Béatrice. En effet, le professeur sattend à ce quen réalisant le pliage, Béatrice se rassure comme quoi sa méthode de construction du symétrique dun segment est juste, pour pouvoir ensuite la réinvestir dans la construction du symétrique dune figure complexe.
Le problème suivant concerne la construction du symétrique de figures complexes (Pb 04). Dans ce problème, Béatrice doit dabord nommer les extrémités des segments de chaque figure et ensuite repasser chaque segment avec une couleur différente. Daprès le professeur : couleur après couleur, elle construit les images. Ensuite, pour vérifier que les segments de même couleur sont symétriques, Béatrice doit réaliser le pliage.
Le professeur reprend ensuite le problème-maison. Cependant, il nenvisage pas de demander à Béatrice de re-construire la figure : Pour linstant, je ne lui demande pas de refaire lexercice 4 (problème-maison), mais plutôt danalyser sa construction et de dire ce qui est juste et ce qui est faux dans ce quelle a fait. Avec cette décision, le professeur cherche à amener Béatrice à réinvestir ses connaissances liées aux propriétés dorthogonalité et dégalité des distances à laxe : contrôles (ortho et (dist pour identifier les erreurs commises.
Rappelons que dans le projet denseignement pour lélève Anissa, la première décision du professeur a été de lui apprendre la technique du calque. Il envisage ensuite de déstabiliser les connaissances erronées identifiées avant de lamener à dégager de nouvelles connaissances. Dans son projet pour Béatrice, son but est dabord de lui apprendre à bien utiliser la technique du pliage, puis de renforcer ses connaissances anciennes correctes. En effet, Béatrice sait construire correctement le symétrique dun segment, ces connaissances sont donc localement stables. Elle aurait donc une conception correcte de la symétrie sur les problèmes de construction du symétrique dun segment. Cependant, ses connaissances ne sont pas réinvesties dans dautres problèmes, elles ne sont donc pas globalement stables. En effet, Béatrice a mobilisé une autre conception sur ces problèmes. Ainsi, à part le pliage, le professeur nenvisage pas de lui faire apprendre de nouvelles connaissances. En termes du modèle cK¢, nous pourrions dire que le professeur ne cherche pas à faire évoluer sa conception initiale dans en vue de déstabiliser des éléments faux par dautres, corrects, mais plutôt à élargir la sphère de pratique de sa conception initiale.
Les projets construits par ce professeur à légard de ces deux élèves montrent que pour prendre ses décisions, il sappuie fortement sur ce quil observe dans lactivité de lélève. Ceci semble confirmer la caractérisation de sa conception denseignement/apprentissage, que nous avons présentée suite à lanalyse dAnissa.
Professeur 2
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _2Contrôles associésIdées confuses pour Béatrice.
Elle semble posséder
* la construction du symétrique dun point, dun segment figure 3) et 4) (construction de A)
* lidée de conservation des grandeurs (distances angles).(taille_1
(forme* lidée que laxe de symétrie passe par le milieu du segment reliant un point et son image, mais lidée de la perpendicularité est confuse
(dist
(ortho (non stable)
(demi_planTableau SEQ Tableau \* ARABIC 86. Prof_2 : Prise dinformation de lactivité de Béatrice
Pour ce professeur, Béatrice a des connaissances correctes sur la symétrie orthogonale dans un domaine restreint : elle sait construire correctement le symétrique dun point et dun segment. Par ailleurs, elle sait que la symétrie conserve les grandeurs (longueurs et angles) et que le symétrique dune figure est situé de lautre côté de laxe de symétrie. Cependant, la connaissance sur lorthogonalité chez Béatrice lui semble moins stable.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_2ProblèmeObjectifsJe proposerais à Béatrice le Pb 15 pour commencer, avec vérification par pliage de manière à mettre en évidence [AC](d et égalité des distances à laxe.Pb 15Amener lélève à mettre en Suvre les contrôles £ortho et £dist à partir de la vérification par pliage : stabilisation de ces contrôlesPuis le Pb 01 Avec observation
- de la position des oiseaux face à face
- de la construction point par point
(tracés d autres points et segments en pointillé)Pb 01Amener l élève à dégager £sens_inverse
Amener vers la procédure analytiqueAvec formulation des erreurs et mise en place de la vérification point par point, objet par objet (fenêtre, porte& )
J utiliserais le quadrillage d) pour lui proposer de construire par quadrillage limage de la maison par symétrie, avec vérification à léquerre et au compas
Ce dernier quadrillage pourrait servir de « témoin » pour le Pb 18Pb 02
+
Construction de limage de la maison « item d » sur le quadrillageAmener lélève à formuler (expliciter) les raisons des erreurs
Amener lélève à réinvestir les contrôles (dist et (ortho
Amener lélève à mettre en oeuvre la propriété dinvariance des points sur laxe[
] je placerais sur le Pb 18 le nom de quelques points pour inciter Béatrice à travailler point par point, et avec vérification finale par pliage ou calque.Pb 18Pour construire limage dune figure ayant des points dintersection avec laxePb 04Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 87. Prof_2 : Séquence didactique proposée pour Béatrice
Ce professeur fait démarrer sa séquence didactique en proposant à Béatrice le problème « Pb 15 ». Son but est de lamener à mettre en évidence, sur la figure, les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances à laxe après avoir plié le dessin. Ensuite, dans le problème « Pb 01 », Béatrice doit observer que les oiseaux sont face à face, probablement pour se rendre compte du changement du sens de la figure par la symétrie. Il veut attirer son attention également sur le fait que la figure a été construite point par point, comme en témoignent les droites en pointillés qui relient les points à leurs symétriques.
Puis, le professeur propose « Pb 02 » en ajoutant [...] avec formulation des erreurs et mise en place de la vérification point par point, objet par objet (fenêtre porte
). Nous pensons que le professer veut que Béatrice mette en uvre les connaissances relatives aux propriétés mises en évidence dans les problèmes précédents. Il sagirait alors de réinvestissement de ces connaissances comme moyens de contrôle, pour expliquer ce qui est faux dans les figures données. Avec le même problème, Béatrice doit maintenant construire le symétrique de la figure de l« item d » sur un quadrillage, tandis que la vérification est à faire avec équerre et compas, donc pour vérifier les deux propriétés de la symétrie : orthogonalité et égalité des distances à laxe. Selon le professeur, cette construction servira de témoin pour ensuite pouvoir construire une figure semblable (Pb 18) sur papier blanc. Dans le problème « Pb 18 », il propose de nommer quelques sommets de la figure dans le but dinciter Béatrice à faire la construction point par point. La vérification par pliage ou calque est cette fois recommandée.
A la fin de cette séquence, le professeur propose à Béatrice le problème « Pb 04 ». Son but est damener Béatrice à construire limage des figures qui coupent laxe de symétrie. Notons que, dans sa prise dinformation sur lactivité de Béatrice, il ne se réfère pas explicitement au fait quelle prenne ou non en compte la propriété dinvariance des points par la symétrie dans la résolution des problèmes. Cette décision pourrait alors être interprétée comme celle de complexifier la tâche, ce qui pourrait servir à tester la stabilité des connaissances de Béatrice. Par ailleurs, ceci confirmerait notre hypothèse dans létude de la séquence proposée pour Anissa, selon laquelle lappropriation de la propriété dinvariance de points sur laxe semble essentielle chez le professeur pour lapprentissage de la symétrie orthogonale par lélève.
Professeur 3
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _3Contrôle associéSait utiliser les instruments pour construire le symétrique dun point(ortho
(dist N a pas d image mentale du symétrique d une figure (cf. 3)
(confusion symétrie centrale / symétrie axiale ?)£dist_point/point (lié à la symétrie centrale)La symétrie est associée au pliage mais comme Anissa& (pliage_1Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 88. Prof_3 : Prise dinformation de lactivité de Béatrice
Selon ce professeur, Béatrice sait utiliser les instruments pour construire le symétrique dun point, il reconnaît chez elle un savoir-faire, c'est-à-dire des opérateurs. Cependant, lexplication donnée par le professeur ne nous permet pas daffirmer quelles connaissances il identifie chez Béatrice. Si nous considérons la méthode utilisée par Béatrice dans la construction des points symétriques, nous pourrons envisager que les contrôles associés à ce savoir-faire seraient (ortho et (dist.
Ensuite, en faisant référence à la construction de limage du segment par Béatrice, le professeur sinterroge sur la possibilité dune confusion, chez elle, entre les notions de symétrie centrale et de symétrie axiale. Cette question peut avoir son origine dune part dans les réponses de Béatrice aux problèmes de reconnaissance, et dautre part dans la manière dont elle a nommé les extrémités des segments objet et image dans le problème-segment (cf. p. 178). Notons encore que le professeur remarque les difficultés de Béatrice pour mobiliser les images mentales du symétrique dune figure, ainsi que celles liées au pliage.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_3ProblèmeObjectifIdem Anissa en ce qui concerne limage du pliagePb 01Amener l élève à re-dégager £pliage_2Pb 17Pb 12Éviter les tracés dans un premier temps,
C'est-à-dire transformer les connaissances d action en connaissances pour reconnaître et justifierPb 07Amener l élève à mobiliser les connaissances mises en Suvre pour construire des figures symétriques dans la reconnaissance et la preuve : (ortho et (distPb 15Pb 08Pb 17Pb 02Tracer les axes de symétriesPb 06Amener l élève à réinvestir (ortho et (dist et £pliage_2Pb 11Pb 12Pb 16Tracer le symétrique de figures (en anticipant) et en verbalisantPb-maisonChoix non justifiéPb 13Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 89. Prof_3 : Séquence didactique proposée pour Béatrice
Dans son projet denseignement, sa première décision est de proposer à Béatrice les mêmes problèmes que ceux pour Anissa, afin de re-dégager la technique du pliage. Ensuite, le professeur propose une série de problèmes de reconnaissance de figures symétriques. Il affirme avoir choisi des problèmes de cette nature dans le but déviter les tracés dans un premier temps. Son but est damener Béatrice à transformer les connaissances daction en connaissances pour reconnaître et justifier. Nous supposons que le professeur souhaite amener Béatrice à réinvestir les connaissances quelle arrive à mettre en uvre dans la construction de la figure symétrique (action concrète), dans des problèmes de reconnaissance et de justification (action implicite).
Le professeur propose ensuite une série de problèmes, où il sagit de tracer des axes de symétrie. Il reprend ensuite le problème-maison, en précisant seulement son but d« anticiper » et de « verbaliser », comme il lavait fait pour Anissa. Enfin, il propose le problème « Pb 13 », mais il ne donne aucune explication concernant ce choix. De cette analyse nous retenons que le professeur sappuie fortement sur ce quil observe de lactivité de lélève, pour construire son projet denseignement. Il a identifié des connaissances correctes chez Béatrice, quelle ne mobilise pas dans des problèmes de reconnaissance. Il propose alors un certain nombre de problèmes de cette nature afin damener Béatrice à réinvestir ses connaissances dans ces problèmes.
Professeur 4
Prise dinformation de l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _4Contrôles associésIl semble que pour Béatrice 2 figures symétriques situées de part et dautre dun axe et se tournant le dos, font idéalement lune par rapport à lautre, un angle de 180°.£dist_point/point (lié à la symétrie centrale)
£demi_planQuand il s agit d effectuer une construction, Béatrice pense à prendre l équerre, elle sait construire le symétrique d un point isolé, mais sa représentation fausse de ce que sont deux figures symétriques la gêne.£ortho (non stable)A mesure que l on trace le symétrique d une figure, celle-ci pour Béatrice doit partir en sens inverse de la figure initiale en s en éloignant le plus vite possible.
Pour le 3) et le 4) (problème-segment et problème-maison) c était bien commencé mais pour le 3) Béatrice semble perdre de vue qu elle construit le symétrique d un segment initial,et que celui-ci sera baptisé finalement [A B]£dist_point/point (symétrie centrale)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 90. Prof_4 : Prise dinformation de lactivité de Béatrice
Ce professeur fait lhypothèse que Béatrice associe la symétrie orthogonale à la symétrie centrale dans les problèmes de reconnaissance, mais quelle sait construire le symétrique dun point isolé. Cependant, selon lui elle a une mauvaise représentation des figures symétriques. Lors dun entretien, nous avons demandé au professeur ce quil voulait dire par : représentation fausse de ce que sont deux figures symétriques. Son explication est la suivante :
Extrait de lentretien avec le professeur : Elle sait construire les images des extrémités du segment. Elle a bien construit aussi le segment, mais
elle ne nomme pas correctement ses extrémités. [
]. Ses réponses à ces problèmes là (problèmes de reconnaissance)
laisse penser quelle fait une confusion.
La prise dinformation de ce professeur va alors dans le même sens que celle du Prof_3.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_4ProblèmeObjectifBut : approche pratique du pliage
(Béatrice a montré, par sa justification de lexercice 1 (problème-flèche) quelle na pas une « connaissance concrète » de leffet dun pliage)Pb 09Amener lélève à re-dégager le contrôle (pliage_2But : permettre au professeur de sassurer que Béatrice ne refait pas lerreur du parallélogrammePb 12Établir un nouveau diagnosticPb 03 précédé du pb 07 qui facilite le pb 03 (au moins pour le b, car ce sont des rectangles séloignant obliquement de laxe)Pb 07Montrer un modèle à utiliser par la suite dans la résolution dun autre problèmeReconnaître, cette fois-ci sans pliage, des figures symétriques qui ne se « tournent pas le dos »Pb 03Déstabiliser un contrôle lié à la symétrie centrale (distance point/point) But : mettre en place un outil de vérification qui prenne en compte la perpendicularité de la symétrie dune figure, et ceci point par point.Pb 01Amener lélève à dégager (ou renforcer) le contrôle (ortho
Approche point par pointGrâce à ceci, peu- être que Béatrice, si elle refaisait lexercice 4) (problème-maison), ne se baserait pas uniquement sur un point construit à l équerre pour faire le symétrique de la maison Pb 02Amener l élève à réinvestir £ortho
£distTableau SEQ Tableau \* ARABIC 91. Prof_4 : Séquence didactique proposée pour Béatrice
Tout dabord, le professeur propose le problème « Pb 09 », dont la consigne est dexpliquer à quelquun dautre comment construire les figures symétriques en utilisant le papier calque et le pliage. Dans la figure, laxe de symétrie nest pas tracé, la tâche de Béatrice consiste alors à utiliser ces techniques pour repérer comment les figures ont été construites, et aussi pour retrouver les axes de symétrie des figures données. Comme le montre lextrait de questionnaire dans le tableau ci-dessus, son but est de travailler lapproche pratique du pliage. Cet objectif est confirmé lors de lentretien, comme le montre lextrait suivant :
Extrait de lentretien du professeur : Pour donner un sens quand elle dit
quand elle parle de plier [
] elle ne visualise pas précisément ce que ça fait, un pliage. Lidée cest de donner du sens quand elle dit plier [
] pour
pour arriver à faire un pliage
mentalement, pour placer correctement un axe de symétrie
ou pour voir les choses éventuellement avant de les construire
heu
pour avoir un outil de contrôle de ce quon fait.
Ainsi, la première décision de ce professeur est damener Béatrice à re-dégager le contrôle par la superposition des figures par pliage qui est, daprès lui, important dans la phase de planification et dexécution de laction. Notons que, même si lutilisation du calque est recommandée dans la consigne du problème, dans son discours le professeur ne se réfère quà lutilisation du pliage.
Le professeur propose ensuite à Béatrice le « Pb 12 ». Il sagit de reconnaître et construire les axes de symétrie, et ensuite de vérifier par pliage. Rappelons que Béatrice a reconnu deux axes de symétrie dans le parallélogramme de lexercice 5 (cf. annexe 1. p. VIII). Étant donné quune des figures du « Pb 12 » est un parallélogramme, le professeur sattend à ce que Béatrice mobilise le contrôle du pliage pour reconnaître que cette figure ne possède pas daxe de symétrie. Cette décision du professeur est prise alors dans le but de sassurer que Béatrice ne refait pas lerreur du parallélogramme, donc détablir un nouveau diagnostic.
Le professeur propose ensuite à Béatrice le problème « Pb 03 », son but étant damener Béatrice à reconnaître, cette fois-ci sans pliage, des figures symétriques qui ne se « tournent pas le dos ». En effet, les figures objet et image de l« item a » ne possèdent pas de segments qui sont situés sur la même droite support, tandis que dans l« item b », une des figures candidates à limage du rectangle possède des segments qui sont sur la même droite support. Nous faisons lhypothèse que le professeur sappuie sur cette variable didactique pour montrer à Béatrice que par la symétrie orthogonale, les segments objet et image ne sont pas forcément sur la même droite support. Ceci servirait alors à déstabiliser un contrôle lié à la symétrie centrale (conservation de distances des points à un point de laxe, centre de symétrie), que nous navons pas formalisé dans notre étude. Cependant, avant de proposer ce problème, il donne « Pb 07 ». Il explique que ce problème faciliterait la résolution de « Pb 03 ». Étant donné que la figure de ce problème possède des segments qui sont sur la même droite support, nous avons demandé au professeur en quoi consisterait cette facilité. Lexplication du professeur est la suivante :
Extrait de lentretien du professeur : Les rectangles là (Pb 03) et là (Pb 07) sont assez proches
alors ça peut aider à
à reconnaître la bonne figure symétrique.
Le professeur sattend à ce quen comparant les rectangles de « Pb 03 » à ceux de « Pb 07 », où il est dit dans la consigne quils sont symétriques, Béatrice puisse reconnaître la figure symétrique. Cest ici que réside la facilité évoquée par le professeur. Il nous semble alors que par cette décision, le professeur cherche dune certaine manière à donner à Béatrice un modèle sur lequel elle puisse sappuyer pour trouver la réponse correcte. Ceci confirmerait notre hypothèse que pour prendre ses décisions, ce professeur à tendance à « mâcher » le travail de lélève pour lui faciliter la tâche.
Ensuite, le professeur propose les problèmes « Pb 01 » et « Pb 02 » dans le but de : mettre en place un outil de vérification qui prenne en compte la perpendicularité de la symétrie dune figure, et ceci point par point. Comme information complémentaire pour ce choix, il dit :
Extrait de lentretien du professeur : Les rectangles là (Pb 03) et là (Pb 07) sont assez proches
alors ça peut aider à
à reconnaître la bonne figure symétrique.
Le professeur sattend à ce quen comparant les rectangles de « Pb 03 » à ceux de « Pb 07 », où il est dit dans la consigne quils sont symétriques, Béatrice puisse reconnaître la figure symétrique. Cest ici que réside la facilité évoquée par le professeur. Il nous semble alors que par cette décision, le professeur cherche dune certaine manière à donner à Béatrice un modèle sur lequel elle puisse sappuyer pour trouver la réponse correcte. Ceci confirmerait notre hypothèse que, pour prendre ses décisions, ce professeur cherche à faciliter la tâche de lélève.
Ensuite, le professeur propose les problèmes « Pb 01 » et « Pb 02 » dans le but de : mettre en place un outil de vérification qui prenne en compte la perpendicularité de la symétrie dune figure, et ceci point par point. Comme information complémentaire pour ce choix, voici ce quil dit :
Extrait de lentretien du professeur : La perpendicularité pour avoir un moyen de contrôle supplémentaire
elle a une méthode de construction, en fait
mais pour la maison, heu
ça serait bien de construire un point, un deuxième point et
à partir de deux points elle peut continuer
un triangle, un rectangle [
]. Auparavant elle sait construire un point
à léquerre, là, bon, bah [
] peut-être que
peut-être que cest pas le problème 1 directement appliqué à celui-ci (problème-maison), cest le problème 1 appliqué au problème 2 où il y a justement il a une maison, là [
]. Puis, cest la proximité entre celle-ci (item d de Pb 02) et celle-là (problème-maison) qui peut permettre de voir les angles droits
elle aura tout ce quil faut pour appliquer la méthode quelle connaît, dailleurs [
] elle passera dune maison à lautre, alors.
Nous voyons alors que par le choix de ces problèmes, le professeur cherche à renforcer chez Béatrice sa connaissance à propos de la perpendicularité dans la symétrie orthogonale. Pour ce faire, il prépare une situation de guidage. Sur « Pb 01 », Béatrice peut observer la propriété dorthogonalité. Puis, comme dans létape précédente (Pb 03 et Pb 07), il se sert de la proximité des figures (dans ce cas, il ne fait référence quà la figure de l« item a » de « Pb 02 ») et la figure-maison (nature de F, orientation de laxe
).
Professeur 5
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _5Contrôles associésElle semble confondre symétrie axiale et symétrie centrale.£dist_point/point (lié à la symétrie centrale)Elle connaît le mot pliage, mais ne plie pas suivant l axe (exercice 1)(pliage_1Elle sait construire les symétriques de deux points (ex 3) (Problème-segment) mais essaie d utiliser (mal) les propriétés de la symétrie quand beaucoup de symétriques sont nécessaires (ex. 4) (Problème-maison)£ortho (non stable)
£dist (non stable)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 92. Prof_5 : Prise d information de l activité de Béatrice
La prise d information de ce professeur sur lactivité de Béatrice est assez proche de celles des Prof_3 et Prof_4. Dune part, il suppose que Béatrice peut confondre les symétries axiale et centrale, et dautre part il reconnaît quelle sait construire les symétriques des points.
Comme le Prof_1, ce professeur identifie chez Béatrice un contrôle par pliage (£pliage_1) qui n est pas forcément le long de la droite d.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_5ProblèmeObjectifVisualisation du symétrique ( quel pliage ?
pliage suivant quelle droite ? (oral)Pb 01Amener lélève à développer les images mentales de la symétrie en relation avec pliage par rapport à laxe : re-dégager (pliage_2Pb 07Mise en pratique avec du calquePb 09 « item b »Le pliage étant identifié, je proposerais le Pb 02 (oral) [
] Je parlerais de reflet dans leau (c)Pb 02 « item c »Construction du symétrique dune figure
Ensuite nous étudierons le symétrique dune figure
Elle nomme correctement les images respectives (ce quelle na pas su faire dans lexercice 4).Pb 07Amener à bien nommer un point et son symétrique
Amener lélève à identifier les points symétriquesEnsuite, à léquerre (pour les mêmes raisons quAnissa et Cédric)
Je lui expliquerais après construction comment elle pourrait utiliser les conservations des longueurs, des angles
Construire le symétrique des trianglesAmener lélève à réinvestir (ortho et (dist
Vérifier à chaque étape pour analyser les erreurs éventuelles : établir un nouveau diagnostic
Montrer lutilisation de « taille » et « forme »Pb 04Pb 18Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 93. Prof_5 : Séquence didactique proposée pour Béatrice
Ce professeur commence sa séquence didactique en travaillant sur les problèmes « Pb 01 » et « Pb 07 ». Comme pour Anissa, il propose un travail à loral. La question quil poserait à Béatrice est la suivante : pliage suivant quelle droite ? Nous supposons que cette décision est liée au constat que Béatrice ne plie pas selon laxe. Pour confirmer, nous avons demandé au professeur plus dinformations à propos de ce choix. Il explique que pour ces deux problèmes, son objectif a été le même que pour Anissa : sappuyer beaucoup sur le visuel. Les problèmes proposés ensuite ont le même but, cest à dire de travailler laspect « visuel » de la symétrie et « à loral ». Béatrice doit réaliser une manipulation avec le papier calque sur la figure de l« item b » du problème Pb 09. En supposant que le pliage ait été identifié par Béatrice, le professeur propose de parler du reflet dans leau dans le cas de la figure de l« item c » du « Pb 02 ». Cette même décision a été prise à légard dAnissa.
Ainsi, dans cette première phase de sa séquence, lobjectif du professeur est damener Béatrice à dégager le contrôle (pliage_2 (pliage selon la droite d).
Après, il envisage détudier le symétrique dune figure. Pour cela il reprend le problème Pb 07. Dans ce problème, le professeur insiste sur la mise en relation des points symétriques. Il souhaite ainsi à remédier à lerreur de Béatrice commise dans le problème-segment. A ce propos, le professeur dit :
Extrait de lentretien du professeur : Je massure que là (Pb 07), elle nomme correctement les images [
] et je lui ferais voir que là (problème-segment), il y a un petit problème.
Dans le but de favoriser la construction de figures symétriques par Béatrice, le professeur lui propose la même séquence de problèmes quà Anissa : « Pb 04 » ; construction du symétrique des triangles (en jouant avec les variables dintersection de la figure avec laxe et lorientation de laxe sur la feuille) et ensuite « Pb 18 ». A partir dun travail avec léquerre et/ou le quadrillage, le but du professeur est damener Béatrice à utiliser ses connaissances à propos de lorthogonalité et de légalité des distances à laxe.
Contrairement au cas dAnissa, pour Béatrice ce professeur ne sarrête pas là. Il se propose de lui expliquer comment elle pourrait utiliser les conservations des longueurs, des angles.... Étant donné que dans sa prise dinformation sur lactivité de Béatrice, il ne se réfère pas au fait quelle prenne ou non en compte ces propriétés de la symétrie, nous lui avons demandé plus dinformations à propos de cette décision. Lexplication donnée est la suivante :
Extrait de lentretien du professeur : Elle sait construire le symétrique dun point [
]. Je suppose quelle le ferait [
] elle aura la bonne réponse [
]. Et peut-être que je lui aurais dit quelle peut gagner du temps. Je veux dire par là
le rectangle une fois quon a les trois sommets
les trois symétriques construits
on peut terminer le rectangle
même si on oublie la symétrie. [
] pour lui proposer un raccourci efficace.
Nous voyons ici que puisquil est conscient que Béatrice sait construire le symétrique dun point, le professeur envisage de lui faire faire léconomie de la construction dans le cas dune figure complexe. En effet, si la figure comporte beaucoup de points, on peut être plus efficace si lon sappuie sur les propriétés de conservation de la symétrie (longueur des segments, mesure des angles...).
6.3.2. Synthèse des résultats obtenus
La prise d information sur l activité de Béatrice
Contrôles (£)Prof_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5£dist non stable£orthonon stablenon stablenon stable£taille_1£forme£demi_plan£pliage_1£pliage_2Autre £dist_point/point£dist_point/point£dist_point/pointTableau SEQ Tableau \* ARABIC 94. Prise d information des professeurs sur l activité de Béatrice : description en termes de contrôles
Tous les professeurs constatent que Béatrice a une idée de lorthogonalité et dégalité des distances. Elle sait construire correctement le symétrique dun point, voire dun segment. Cependant, ces connaissances ne sont pas mises en uvre dans la reconnaissance de figures symétriques ni dans la construction du symétrique dune figure complexe. Ainsi, trois des professeurs signalent la non stabilité du contrôle lié à lorthogonalité.
Pour trois professeurs, Béatrice semble confondre les symétries orthogonale et centrale. La distance prise en compte est, selon eux, une distance point-point. Ainsi, un nouveau contrôle se dégage : £dist_point/point.
Par ailleurs, trois professeurs constatent également que Béatrice à une idée du pliage, mais qu elle ne plie pas suivant l axe de symétrie. Deux des professeurs identifient chez Béatrice le contrôle £demi_plan.
Le Prof_2 reconnaît chez Béatrice le contrôle par la taille et la forme de la figure.
Projets d enseignement
Prof_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5Amener l élève à re-dégager £pliage_2Amener l élève à mettre en Suvre les contrôles £ortho et £dist à partir de la vérification par pliage : stabilisation des contrôles (dist et (orthoAmener l élève à re-dégager £pliage_2Amener l élève à re-dégager le contrôle (pliage_2Amener l élève à développer les images mentales de la symétrie en relation avec pliage par rapport à l axe : re-dégager (pliage_2Amener l élève à réinvestir le contrôle (pliage_2Amener l élève à dégager £sens_inverseAmener l élève à mobiliser les connaissances mises en Suvre pour construire des figures symétriques dans la reconnaissance et la preuve : (ortho et (distÉtablir un nouveau diagnosticAmener lélève à re-dégager le contrôle (pliage_2Amener lélève à réinvestir les connaissances anciennes ((ortho, (dist)Amener à la procédure analytiqueAmener lélève à réinvestir (ortho et (dist et £pliage_2Montrer un modèle utilisé par la suite dans la résolution d un autre problèmeAmener l élève à bien nommer un point et son symétriqueAmener l élève à formuler les raisons des erreursDéstabiliser un contrôle lié à la symétrie centrale (distance point/point)Amener lélève à identifier les points symétriquesAmener lélève à réinvestir les contrôles (dist et (orthoAmener lélève à dégager (ou renforcer) le contrôle (ortho
Approche point par pointAmener lélève à réinvestir les contrôles £ortho, £dist et £sens_inverseAmener l élève à mettre en oeuvre la propriété d invariance des points sur l axeAmener l élève à réinvestir £ortho
£distVérifier à chaque étape pour analyser les erreurs éventuelles : établir un nouveau diagnosticMontrer lutilisation de « taille » et « forme »Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 95. Objectifs des projets denseignement des professeurs : cas Béatrice
Le Prof_1 constate que Béatrice na pas une idée claire à propos du pliage. Cest pourquoi il souhaite lamener tout dabord à re-dégager le contrôle par la superposition des figures par pliage. De plus, daprès le professeur Béatrice aurait une conception efficace de la symétrie sur les problèmes de construction dun point ou dun segment, mais cette conception nest pas réinvestie dans la résolution dautres problèmes. Ainsi, dans son projet denseignement pour cette élève, il ne cherche pas à déstabiliser des contrôles erronés, comme il lavait fait pour Anissa. Il ne cherche pas à faire évoluer sa conception initiale, mais plutôt à élargir sa sphère de pratique. Ainsi, il envisage de renforcer les contrôles corrects identifiés chez cette élève, à savoir (ortho et (dist. Dans ce but, il reprend la construction correcte réalisée par Béatrice dans le problème segment et lui demande de vérifier sa réponse en pliant. Il veut ainsi lassurer que la procédure utilisée est correcte. De façon analogue, le professeur reprend la construction erronée de lélève dans le problème maison, pour lamener à analyser ce qui est juste et ce qui est faux dans sa construction. Dans cette phase, Béatrice doit mettre en uvre ses connaissances dorthogonalité et dégalité des distances, les propriétés fondamentales de la symétrie orthogonale pour ce professeur. Ainsi, la structure de contrôle de la conception visée par ce professeur contiendrait les contrôles suivants : £pliage_2, £ortho, £dist.
Le Prof_2 constate que chez Béatrice l idée de la perpendicularité est confuse. Ainsi, il cherche tout d abord à l amener à vérifier, en utilisant le pliage, les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances, ainsi que le fait que la symétrie inverse le sens de la figure. Ensuite, il conduit Béatrice vers une procédure analytique, où elle pourra mettre en uvre ces deux propriétés pour construire correctement le symétrique des figures. Comme pour Anissa, il envisage damener Béatrice à dégager la propriété de linvariance des points sur laxe de symétrie, ce qui confirmerait que pour lui, cette propriété est fondamentale pour l apprentissage de la symétrie orthogonale. Il nous semble alors que la structure de contrôle de la conception cible contiendrait les contrôles suivants : £pliage_2, £ortho, £dist, £sens_inverse, £point_invariant.
Pour le Prof_3, Béatrice n a pas d image mentale du symétrique dune figure. Il constate que Béatrice sait construire le symétrique dun point, mais quelle semble confondre les symétries orthogonale et centrale. Ainsi, son objectif est damener Béatrice à re-dégager le contrôle par pliage. Puis elle doit réinvestir ses connaissances mobilisées dans la construction du symétrique dun point, dans la résolution dautres problèmes. Comme pour Anissa, la conception cible serait donc celle caractérisée par le pliage, dont la structure de contrôle contient les contrôles suivants : £pliage_2, £ortho, £dist.
Le Prof_4 constate d une part que Béatrice semble confondre les symétries orthogonale et centrale, et d autre part la non stabilité du contrôle d orthogonalité. Ainsi, son premier objectif est d amener cette élève à re-dégager le contrôle par la superposition des figures par pliage, ce qui pourrait être réutilisé par la suite dans les phases de planification et dexécution daction à réaliser. Puis, il cherche à déstabiliser le contrôle erroné lié à la symétrie centrale chez Béatrice. Ensuite, il met en place un outil de vérification qui prend en compte la perpendicularité de la symétrie, ainsi que légalité des distances de la symétrie. Ainsi, la structure de contrôle de la conception visée contiendrait les contrôles suivants : £pliage_2, £ortho, £dist.
Le Prof_5 constate que Béatrice ne sait pas plier suivant l axe. Comme les Prof_3 et Prof_4, il s interroge sur une confusion éventuelle chez Béatrice entre les deux symétries. Comme le Prof_4, il constate la non stabilité du contrôle £ortho. Son projet d enseignement pour cette élève est assez proche de celui proposé pour Anissa. En effet, son premier objectif est celui d amener Béatrice à dégager le contrôle par pliage. Il envisage également d amener lélève à prendre conscience que la symétrie inverse le sens de la figure. Ensuite, il cherche à faire dégager les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances. De cette façon, la structure de contrôle de la conception visée contiendrait les contrôles suivants : £pliage_2, £sens_inverse, £ortho, £dist.
Problèmes choisis
ProblèmeProf_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5Pb 01Pb 02Pb 03Pb 04Pb 05Pb 06Pb 07Pb 08Pb 09Pb 10Pb 11Pb 12Pb 13Pb 14Pb 15Pb 16Pb 17Pb 18AutresPb-flèchePb segment-losangePb-segmentPb-maisonExercice 5 (axe de sym.) Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 96. Problèmes choisis par les professeurs dans les séquences didactiques pour Béatrice
Notons dans le tableau ci-dessus que le choix des problèmes par les professeurs vis-à-vis de lapprentissage de Béatrice est assez diversifié. Il ny a unanimité sur aucun problème, contrairement au cas dAnissa. Les problèmes les plus fréquemment choisis sont « Pb 01 » et « Pb 04 ». Le premier (problème didentification de propriétés de la symétrie) a été proposé par quatre professeurs, dans le but damener Béatrice à stabiliser le contrôle dorthogonalité. Le dernier problème (construction de figures complexes) est proposé, plutôt vers la fin des séquences, dans le but de permettre à Béatrice de réinvestir les connaissances dégagées.
Il est à noter également que contrairement à ce quon a observé chez Anissa, le problème dit « Pb 15 » (reconnaissance du symétrique dun point sur quadrillage) est très peu proposé par les professeurs. Ils expliquent ce fait par la constatation que Béatrice sait construire le symétrique dun point, voire dun segment. En effet, chez Anissa ce problème a été proposé plutôt dans le but de lamener à construire le symétrique dun point.
Remarquons également que le Prof_1 a repris la majorité des réponses de Béatrice. Ceci confirme sa tendance à sappuyer sur les contrôles valides identifiés chez lélève dans le but de les renforcer.
Connaissances intervenant dans la prise de décisions didactiques par les professeurs
Dans les tableaux ci-dessous, nous avons ajouté les données identifiées dans les projets des professeurs pour Anissa, afin de permettre une confrontation des résultats obtenus.
Professeur 1
ConnaissancesAnissaBéatriceConnaissances des programmes :
symétrie et pliagetechnique du calque manipulation Connaissances des mathématiques
propriétés fondamentales : orthogonalité et égalité des distances la symétrie est caractérisée par la superposition de figures par pliage Connaissances relevant dexpérience de lenseignement et du fonctionnement des élèves :
aspect visuel de la symétrie Conception de lenseignement/apprentissage
on apprend à partir de ce quon sait déjà (appui sur les connaissances anciennes correctes) on ne peut pas apprendre une nouvelle connaissance tant quon nest pas conscient que nos anciennes soient insuffisantes (déstabilisation des connaissances erronées avant den dégager de nouvelles) ; amener lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennes ;apprentissage progressif (première remédiation dans un premier temps avant de passer à des cas plus complexes)la formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Il nous semble que ce professeur sest appuyé sur les mêmes connaissances pour construire les deux projets denseignement. La différence réside dans le fait quil nenvisage pas pour Béatrice la déstabilisation des connaissances erronées ni leur substitution par dautres connaissances. Ceci est cohérent avec son objectif de renforcement de connaissances correctes chez cette élève.
Professeur 2
ConnaissancesAnissaBéatriceConnaissances des programmes :
symétrie et pliagetechnique du calque Connaissances des mathématiques
propriétés de lorthogonalité, dégalité des distances et dinvariance des pointsConception de lenseignement/apprentissage
on apprend à partir de ce quon sait déjà (appui sur les connaissances anciennes correctes) les connaissances nouvelles permettent dinvalider les anciennesamener lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennes ;vérifier leur acquisition en cours dapprentissage (établir un nouveau diagnostic) la formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Ce professeur ne propose pas de problèmes pour établir un nouveau diagnostic dans le cas de Béatrice.
Professeur 3
ConnaissancesAnissaBéatriceConnaissances des programmes :
symétrie et pliagemanipulation apprentissage de transformations, au collège Connaissances des mathématiques
la symétrie est caractérisée par la superposition de figures par pliage Conception de lenseignement/apprentissage
on ne peut pas apprendre une nouvelle connaissance tant quon nest pas conscient que nos anciennes soient insuffisantes (déstabilisation des connaissances erronées avant den dégager de nouvelles) la formulation favorise lapprentissage anticipation de laction à réaliser importance du réinvestissement des connaissances Comme pour le Prof_1, lunique différence concerne la déstabilisation des connaissances erronées, ce qui nest pas envisagé par ce professeur vis-à-vis de son projet construit en fonction de son observation de lactivité de lélève.
Professeur 4
ConnaissancesAnissaBéatriceConnaissances des programmes :
symétrie et pliageConnaissances des mathématiques
propriétés de lorthogonalité et dégalité des distances Connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et du fonctionnement des élèves :
Les situations de guidage fonctionnent en certains cas Conception denseignement/apprentissage
Lélève apprend à partir des exercices progressifs ; le professeur guide lélève dans leur réalisation, en proposant des étapes ; « mâcher » le travail de lélève pour lui faciliter la tâchele contrôle des pré-requis permet de prendre des décisions par rapport à lopportunité dengager lélève dans un nouvel apprentissage lorsque lélève a réussi un exercice, il doit réussir tout exercice qui met en jeu le même savoir mobilisation de connaissances nouvelles pour déstabiliser des connaissances erronées importance du réinvestissement des connaissances Il est à noter que pour ce professeur, les résultats sont tous convergents.
Professeur 5
ConnaissancesAnissaBéatriceConnaissances des programmes :
symétrie et pliageConnaissances des mathématiques
propriétés de lorthogonalité et dégalité des distances Connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et du fonctionnement des élèves :
Les élèves sont très visuels (sappuyer sur la visualisation avant de passer à la mathématisation), efficacité du travail à loral, gagner du temps)Conception denseignement/apprentissage
en cas déchec de lélève, le professeur doit envisager de tout recommencer le professeur prépare des exercices progressifs (construction dun point symétriques, deux points...) importance du réinvestissement des connaissances vérification régulière des acquis de lélève : établir un nouveau diagnosticÉtant donné que Béatrice a donné des réponses correctes à certains problèmes, ce professeur na pas lintention de tout retravailler chez cette élève.
6.4. Décisions didactiques pour le cas de Cédric
6.4.1. Analyse des productions des professeurs
Professeur 1
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _1Contrôles associésCédric se rappelle quil y a une histoire de « distances égales » mais pour lui, il sagit de distances entre deux points, non de distance point-droite.
Il ne connaît pas la définition de la distance point-droite, lidée de perpendicularité napparaît que dans lexercice 4 et encore pas toujours.£dist_point/point
(ortho (quasi-absent)Cédric sait qu un segment et son image sont situés de part et d autre de l axe de symétrie.(demi_planTableau SEQ Tableau \* ARABIC 97. Prof_1 : Prise d information sur l activité de Cédric
Ce professeur repère chez Cédric une idée de légalité de distances, mais cela semble être la distance entre deux points, cest à dire de points à un point de laxe, plutôt que la distance de points à laxe. Il remarque également que lorthogonalité nest pratiquement pas mobilisée dans la production de Cédric.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_1ProblèmeObjectifIl sagit de montrer à Cédric quil y a plusieurs segments joignant un point et une droite, mais un seul de longueur minimale : on lobtient avec la perpendicularité. Pb 101ère étape : Redécouvrir la notion de distance dun point à une droite
Amener lélève à dégager le contrôle (ortho
Amener lélève à distinguer (dist (point-droite) de (dist_point/point
Amener lélève à formuler (ortho et (distIl sagit de consolider les observations du Pb précédent, en faisant bien la distinction entre les 2 cas de figures : (perpendiculaire équivaut à distance point-droite) et (non-perpendiculaire équivaut à non distance point-droite).
Sur le dessin : d est une médiane de [AC], [AD], [AE] et [AF], mais la médiatrice de du segment [AC] seulement.
Il doit donc comprendre que d doit être perpendiculaire au segment. Il doit être amené à dire que les deux propriétés sont indispensables.Pb 15Je lui fais reprendre lexercice 5c (parallélogramme) pour quil analyse sa construction et trouve lerreur quil a faite.
Jespère quà ce stade il a compris de façon ferme et définitive que les 2 pptés (perpendiculaire + distances égales) sont indissociables et à utiliser conjointement.Exe 5
« item c »2ère étape analyse des erreurs faites
Amener lélève à mettre en uvre les contrôles (ortho et (dist pour analyser sa construction et expliciter les raisons des erreurs commisesCédric va mettre en pratique ce quil vient dapprendre avec le Pb18, semblable à lexercice 4 (problème-maison) quil avait un peu amorcé mais pas terminé. Instruments laissés au choix de lélève.Pb 18Amener lélève à réinvestir (ortho et (dist pour construire et pour analyser Enfin, je lui demanderai danalyser ce quil a produit dans lex4, de déterminer ce quil a fait juste et ce quil a fait faux.Problème-maisonTableau SEQ Tableau \* ARABIC 98. Prof_1 : Séquence didactique proposée pour Cédric
Comme pour Anissa et Béatrice, ce professeur propose une séquence didactique partagée en plusieurs étapes. Dans la première étape, il propose tout dabord le problème « Pb 10 » (chercher le parcours le plus court). En montrant à Cédric quil y a plusieurs segments joignant un point et une droite, mais un seul de longueur minimale, il cherche à lamener à mettre en relation la notion de droite perpendiculaire avec la distance la plus courte entre un point et une droite. Ensuite il propose le « Pb 15 » dans le but de « consolider » la connaissance dégagée dans la résolution du problème précédent. Par ce problème, il cherche à amener Cédric à faire la distinction entre perpendiculaire (distance point-droite) et non-perpendiculaire (non distance point-droite). Il envisage de montrer à Cédric que la droite d est la médiane pour quatre des segments formés entre le point objet et les candidats à son image ([AC], [AD], [AE] et [AF]) et que pour un segment seulement ([AC]) la droite d est la médiatrice. Comme il laffirme, il sattend à ce que Cédric soit capable de comprendre que, dans ce dernier cas, la droite d est perpendiculaire à [AC]. De plus, le professeur veut que Cédric prenne conscience que les deux propriétés dorthogonalité et dégalité de distances sont indispensables dans la symétrie orthogonale. Ceci confirme lhypothèse que ce professeur considère ces propriétés mathématiques comme fondamentales pour lapprentissage de la symétrie orthogonale.
Létape suivante de sa séquence vise à amener Cédric à analyser sa construction dans l« exercice 5 » pour identifier les erreurs quil a commises. Rappelons que ce problème concerne la reconnaissance et la construction daxes de symétrie dans le cas dun trapèze isocèle (5a), dun rectangle (5b) et dun parallélogramme (5c). Cédric a réussi la tâche dans les deux premiers cas, mais il a tracé 4 axes de symétrie dans le parallélogramme. Lattente du professeur est quà cette étape de la séquence, Cédric soit déjà capable de reconnaître son erreur sur le parallélogramme, grâce à la mobilisation des deux propriétés de la symétrie. A lissue de cette étape, Cédric devra comprendre de façon ferme et définitive que les 2 pptés (perpendiculaire + distances égales) sont indissociables et à utiliser conjointement.
Ensuite, le professeur passe à la dernière étape de sa séquence, en ayant pour but de favoriser le réinvestissement par Cédric des connaissances « nouvelles ». Pour cela, il propose dabord le problème « Pb 18 ». Comme il laffirme, il a choisi ce problème car il est « semblable » au problème-maison dont la construction a été abandonnée par Cédric. En ce qui concerne lutilisation des instruments de dessin, il laisse à lélève toute liberté de les choisir, afin de ne pas influencer les procédures de résolution quil mettra en oeuvre. Ensuite, il reprend la réponse de Cédric au problème-maison, dans le but de lamener à analyser ce qui est juste et ce qui est faux dans sa construction.
Comme pour les élèves précédents, le professeur sappuie fortement sur ce quil observe de lactivité de lélève pour construire son projet denseignement. De plus, cette analyse confirme aussi que, pour ce professeur, lapprentissage de la symétrie orthogonale par lélève passe par lapprentissage des propriétés dorthogonalité et dégalité de distances à laxe.
Professeur 2
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _2Contrôles associésCédric semble avoir une idée globale de la symétrie avec égalité de distances ;- par contre, il ne dispose pas doutils de construction correcte et fait une confusion entre symétrie axiale et symétrie centrale. £dist_point/pointIl ne semble pas percevoir la conservation des angles.(absence du contrôle £forme)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 99. Prof_2 : Prise d information sur l activité de Cédric
Comme le Prof_1, ce professeur identifie chez Cédric la connaissance de légalité des distances. Il remarque quil manque des outils à Cédric pour mener à bien la construction du symétrique dune figure, sans pour autant expliciter de quels outils il sagit. De plus, il lui semble que Cédric confond les symétries axiale et centrale. Cette hypothèse peut être fondée sur la réponse de Cédric au problème segment-losange. Enfin, le professeur suppose que Cédric ne prend pas en compte la propriété de conservation des angles. Ceci peut être dû au fait que Cédric na pas contrôlé sa construction de limage du grand rectangle de la figure-maison par cette propriété.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_2ProblèmeObjectifJe commencerais par lui présenter des situations oui-non mêlant différentes transformations [...] afin de fixer sa représentation sur la symétrie axiale.Problèmes de reconnaissance de laxe de symétrieAmener lélève à développer les images mentales associée à la symétrie axiale par opposition aux autres isométriesPuis, je proposerais un travail sur quadrillage avec systématiquement la vérification
- par pliage,
- par utilisation de l équerre.Symétrique d un pointPb 15Amener l élève à dégager (ortho, et £dist et/ ou mettre en Suvre (point_invariant
Amener l élève à formuler des explications : mise en uvre de (ortho et (pliage_2Symétrique dune figure et observation du symétrique du point DPb 07Formulation des explications et construction avec quadrillage et vérification à léquerrePb 02Construction sur quadrillage de la figure de l« item d)Avec observation sur les oiseaux et utilisation du milieu de [AA] et [BB]Pb 01Application au Pb 06 et vérification par pliage conservation angles
Construction de la maison à léquerre compas (ou règle graduée) et en plaçant des points A, B pour rappeler le Pb 01
Vérification par pliage (ou calque) Pb 06Amener l élève à dégager £forme
Amener l élève à réinvestir (ortho et (dist
Amener l élève à mettre en Suvre (pliage_2 ou (calque_1Pb 18Pour travailler sur des figures qui ont des intersections avec laxe (construction à léquerre pour rappeler le Pb 01)Pb 04Amener lélève à réinvestir (point_invariant, (ortho, (dist et (formeTableau SEQ Tableau \* ARABIC 100. Prof_2 : Séquence didactique proposée pour Cédric
Le professeur commence sa séquence en proposant un problème de reconnaissance et de construction de laxe de symétrie. Comme il laffirme, dans ce problème les isométries sont mêlées. Le but de son choix est damener Cédric à fixer sa représentation sur la symétrie axiale. La consigne du problème autorise lutilisation du papier calque dans la résolution de ce problème.
Ensuite, il propose à Cédric un travail sur quadrillage, avec vérification par pliage et à léquerre. Il propose alors les problèmes : Pb 15, Pb 07 et Pb 02. Lobjectif du « Pb 15 » est damener Cédric à reconnaître le symétrique dun point. Compte tenu des instruments et des techniques mis à disposition de Cédric, nous supposons quil souhaite lamener à mettre en oeuvre les propriétés dorthogonalité et dégalité de distances à laxe. En proposant « Pb 07 », il envisage de faire passer Cédric de lidentification de symétriques des points isolés à celle des symétriques des sommets dune figure. Par ailleurs, en proposant ce problème, le professeur explicite son objectif de faire observer par Cédric le point invariant sur laxe. Cette décision du professeur confirme notre hypothèse faite dans lanalyse des copies « Anissa » et « Béatrice » selon laquelle, pour ce professeur, cette propriété est fondamentale pour lapprentissage par lélève de la symétrie orthogonale, indépendamment de son état de connaissances. Cette décision est due alors à sa connaissance mathématique. Enfin, en proposant « Pb 02 », le but du professeur est damener Cédric à formuler des explications et à construire le symétrique dune figure sur quadrillage. Il insiste sur la vérification avec léquerre, pour renforcer chez Cédric la connaissance de la propriété dorthogonalité.
Nous pouvons interpréter les objectifs du professeur en proposant cette séquence destinée à amener Cédric à la fois à dégager et à mettre en uvre les contrôles (ortho et (point_invariant, et à renforcer le contrôle (dist.
Le professeur propose ensuite « Pb 01 » dans le but que Cédric « observe » les oiseaux et « utilise » le milieu des segments [AA] et [BB]. Il nous semble que le professeur cherche encore à montrer à Cédric légalité des distances des points symétriques à laxe.
Le professeur propose ensuite « Pb 06 » en demandant à Cédric de vérifier par pliage et dobserver la conservation des angles de la figure. En fait, il sagit certainement de mettre en évidence la conservation de la mesure des angles, que lon voit bien avec les triangles qui sont superposables. Le professeur cherche à faire dégager le contrôle par la forme qui semble avoir manqué à Cédric dans la construction du problème-maison, car il a construit un quadrilatère non rectangle comme symétrique du rectangle. Donc son but était damener Cédric à dégager (_forme. Puis, il propose « Pb 18 ». Pour construire la figure symétrique, Cédric doit utiliser léquerre et le compas (ou la règle graduée). Cependant, le professeur fait une modification du « Pb 18 ». Il placerait deux points A et B sur la figure pour rappeler à Cédric ce quil a observé dans le « Pb 01 ». En mettant ces points en évidence sur la figure, ainsi quen indiquant les instruments à utiliser, il met en place une sorte de guidage pour que Cédric puisse mener à bien sa construction. Il semble que le professeur envisage damener Cédric à mettre en uvre le contrôle (ortho. Par ailleurs, il se réfère à la conservation des angles dégagés dans le problème « Pb 06 ». Ceci peut indiquer quil envisage également damener Cédric à réinvestir le contrôle (_forme. Enfin, il suggère de vérifier la construction par pliage ou calque. Le professeur termine sa séquence, en proposant à Cédric de travailler avec des figures qui coupent laxe de symétrie (Pb 04). En effet, il cherche à amener Cédric à réinvestir le contrôle (point_invariant quil a dégagé dans le travail sur « Pb 07 ». Le professeur indique à nouveau lutilisation de léquerre pour rappeler le Pb 01. Cette décision semble confirmer la conception mathématique du professeur qui soutient de la construction de ses projets denseignement de la symétrie orthogonale. Pour lui, lenseignement la symétrie orthogonale passe par lapprentissage par lélève de la propriété dinvariance des points sur laxe.
Professeur 3
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _3Contrôles associésDans la construction (ou la reconnaissance) du symétrique d un point, l égale distance est prise en compte. C est beaucoup plus fluctuant pour la perpendicularité.£dist
£ortho (non stable)Problème d anticipation et planification 4) (problème-maison) si plus complexe.absence de contrôles danticipationTableau SEQ Tableau \* ARABIC 101. Prof_3 : Prise dinformation sur lactivité de Cédric
Comme les Prof_1 et Prof_2, ce professeur identifie un contrôle concernant légalité des distances chez Cédric. De plus, comme le Prof_1, il constate une certaine instabilité du contrôle lié à la perpendicularité. En ce qui concerne le problème-maison, il semble expliquer labandon de la construction de Cédric par la difficulté danticiper et de planifier l action à réaliser.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_3ProblèmeObjectifSi l hypothèse « égale distance » est réaliste, Cédric dira plutôt E que C Pb 15a) Tester l absence du contrôle £ortho
Amener l élève à re-dégager £dist et £orthoDonc retour sur la connaissancePb 08Pb 01Justification avec perpendicularité et milieuPb 12b) Amener l élève à réinvestir £dist et £orthoPb 13Pb 11Faire remarquer la conservation des longueurs et des angles (le symétrique et la figure sont superposables par pliage)Pb 04c) Amener l élève mettre en Suvre £taille_1, £forme et vérification par £pliage_2Pb 18 Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 102. Prof_3 : Séquence didactique proposée pour Cédric
Pour Cédric, le professeur propose une séquence didactique partagée en trois étapes. La première consiste à vérifier son hypothèse sur létat de connaissances de lélève avant de proposer une activité de remédiation. Il propose alors le problème « Pb 15 ». Le choix du symétrique de A permet au professeur de conclure si lélève envisage lorthogonalité ou non. En effet, la prise en compte de lorthogonalité et de légalité des distances mène au choix de C, tandis que la prise en compte de légalité des distances uniquement, mène au choix de E. Dans le deuxième cas, le professeur propose les problèmes « Pb 08 » et « Pb 01 », dans le but damener Cédric à dégager la connaissance manquante. Dans ces problèmes, la perpendicularité des droites reliant deux points symétriques à laxe, ainsi que légalité de distances, sont mises en évidence par le codage sur les figures.
Dans létape « b » de sa séquence, le professeur propose les trois problèmes suivants : « Pb 12 », « Pb 13 » et « Pb 11 », concernant la reconnaissance et/ou la construction daxe de symétrie de figures données. Daprès lexplication du professeur, son but est damener Cédric à justifier quune droite est axe de symétrie dune figure avec les propriétés de « perpendicularité » et de « milieu ».
Dans létape « c », le professeur propose les problèmes « Pb 04 » et « Pb 18 ». Il sagit de problèmes de construction du symétrique des figures complexes. Le but du professeur est damener Cédric à remarquer la conservation des longueurs et des angles. Ceci se ferait par lutilisation du pliage pour vérifier la construction : le symétrique et la figure sont superposables par pliage. Nous avons observé dans lanalyse des productions du professeur pour Anissa et Béatrice, que ce professeur insistait sur la mise en relation symétrie/pliage. Cette décision pour Cédric confirme cette hypothèse.
Comme dernier problème de sa séquence, il propose à Cédric le « Pb 18 ». Pour cette décision, lunique explication donnée est : dans lépreuve. Il nous semble que le but du professeur est de tester la stabilité des connaissances acquises au cours de la résolution des problèmes. Autrement dit, son but serait détablir un nouveau diagnostic.
Professeur 4
Prise dinformation sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _4Contrôles associésJai du mal à me faire une idée.
Cédric semble savoir à peu près reconnaître que 2 figures sont symétriques (exercice1 (problème-flèche) 5a) b) en partie pour le 4) (problème-maison)) mais il perd ses repères dans un environnement plus complexe (exercice2) (problème segment-losange)
Il semble manquer de moyens sûrs ou stables de validation de ses choix ou de ses constructions, ou dun manque de moyens de contrôle.
Extrait de lentretien : non stable, ça veut dire [
] que là (problème-maison, droites perceptivement orthogonales à laxe) il a lair dy avoir quelque chose de perpendiculaire à laxe
et là (même problème droite horizontale) il fait quelque chose qui nest pas perpendiculaire.(ortho (non stable)
Manque de contrôle pour validerTableau SEQ Tableau \* ARABIC 103. Prof_4 : Prise dinformation sur lactivité de Cédric
En ce qui concerne les problèmes de reconnaissance, le professeur identifie chez Cédric une certaine compétence à reconnaître deux figures symétriques, mais qui nest pas stable dans un environnement plus complexe. Ici, le professeur se réfère au problème segment-losange, où le segment est une sous-figure dune figure complexe et où Cédric a donné une réponse erronée. En prenant en compte également les constructions de Cédric, il identifie une certaine instabilité, voire un manque, de moyens de contrôle. Lors de lentretien, nous lui avons demandé en quoi consistait pour lui cette instabilité, ce manque de contrôle. Lexplication du professeur (cf. tableau ci-dessus) renvoie à la non stabilité du contrôle (ortho.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_4ProblèmeObjectifJe lui proposerais un travail pour quil fasse (avec) avec plus de « rigueur » ses constructions du symétrique dun point, à l équerre et à la règle graduée.
Fait soigneusement (angles bien droits) Pb 08Amener l élève à dégager £ortho, et aussi £dist Si le symétrique d un segment (Pb d axe oblique) (gêne pour Cédric à l exercice 2)Pb 15 Le problème Pb 04 qui combine différents axes et la possibilité de faire des constructions simples et soignéesPb 04Amener l élève à mettre en Suvre £dist et £orthoOù l on voit (pour le a)) (item a : parallélogramme) que 2 segments de même longueur, à la même distance d un axe et parallèles à cet axe, peuvent ne pas être symétriques (s ils sont décalés)Pb 12Montrer la non validité de £parallélisme_segmentTableau SEQ Tableau \* ARABIC 104. Prof_4 : Séquence didactique proposée pour Cédric
Ce professeur propose tout d abord un travail avec le problème « Pb 08 » (reconnaissance et construction dun point symétrique) en envisageant que Cédric fasse avec plus de « rigueur » la construction du symétrique dun point. Pour construire ces points, il doit utiliser léquerre et la règle graduée. Le choix de cette méthode confirme notre hypothèse faite au cours de lanalyse de la copie Anissa, quen proposant ces instruments il amène lélève à penser aux propriétés dorthogonalité et dégalité de distance, ce qui constitue une sorte de guidage. Puis, il propose « Pb 15 » qui consiste à identifier le symétrique dun point donné sur quadrillage. Il prend en compte le fait que laxe de symétrie dans ce problème est oblique, ce qui a pu gêner Cédric dans la reconnaissance du symétrique du segment [MN] dans le problème segment-losange. Nous pensons que par ce problème, le professeur veut amener Cédric à mettre en uvre les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances dans le cas, plus simple, dune figure qui ne comporte quen un point isolé.
Ensuite, le professeur propose des problèmes de construction de figures symétriques. Il précise deux raisons pour le choix de ce problème. Dune part, parce que les axes de symétrie dans les figures données ont des orientations différentes (verticale, oblique, horizontale). Dautre part, parce que ce problème donne la possibilité de faire des constructions simples et soignées. Daprès le professeur, la simplicité réside dans le fait que ces figures possèdent peu de segments, contrairement à la maison. Cette deuxième raison peut montrer un effort du professeur pour simplifier la tâche de lélève. Ceci montre que la caractérisation de sa conception denseignement/apprentissage suite à lanalyse dAnissa et Béatrice, se confirme.
Pour terminer sa séquence, il propose le problème « Pb 12 » (reconnaissance et construction daxe de symétrie). Dans ce choix, il ne prend en compte que le parallélogramme (item a). Son but est de montrer à Cédric que 2 segments de même longueur, à la même distance dun axe et parallèles à cet axe peuvent ne pas être symétriques (sils sont décalés). Dans sa prise dinformation sur lactivité de cet élève, le professeur ne se réfère pas à la conservation ou non, par Cédric, du parallélisme des segments dans la résolution des problèmes. Nous lui avons alors demandé de nous fournir des informations supplémentaires à propos de ce choix ,et aussi comment il pense montrer cela à Cédric. Le professeur répond quil avait fait ce choix à cause de la réponse de lélève au problème segment-losange (rappelons que Cédric a choisi le segment symétrique dans le prolongement du segment initial) et quil le travaillerait avec le pliage, par exemple. Nous pensons alors que ce professeur peut attribuer le choix du segment [MO] comme symétrique de [NM] (problème segment-losange) à la conservation du parallélisme des segments symétriques. Ainsi, en proposant ce problème, il cherche à montrer la non validité de £parallélisme_segment.
Professeur 5
Prise d information sur l'activité de l'élève
Extraits du questionnaire du Prof _5Contrôles associésIl lie la symétrie à la notion de distance mais indifféremment, distance à une droite (sait-il vraiment ce que c est ?) ou distance à un point.£dist_point/point
£ortho (non stable) Dès que l axe est oblique, il ne visualise pas le symétrique d une figure. Il ne sait pas construire le symétrique d un point.Manque dimages mentales, donc de moyens de contrôle pour anticiperIl est plus performant dans la recherche daxes. A noter quil trace un axe supposé, puis lélimine sans penser à leffacer (l« item d » de lexercice 5). Là aussi, pas de constructions, mais distances£distTableau SEQ Tableau \* ARABIC 105. Prof_5 : Prise d information sur l activité de Cédric
Le professeur identifie un contrôle de distance chez Cédric, mais il se pose la question : de quelle distance s agit-il ? Distance à une droite ou distance à un point ? Le professeur sinterroge à propos de la prise en compte de la perpendicularité par Cédric. Plus loin, dans sa séquence, le professeur affirme : il reporte les longueurs mais hésite entre perpendicularité ou pas. De plus, pour lui, Cédric a une difficulté à « visualiser » une figure symétrique ou à construire le symétrique dun point quand laxe de symétrie est oblique. Cela signifie labsence de contrôles pour anticiper une action.
Séquence didactique
Extraits du questionnaire du Prof_5ProblèmeObjectifComment superposer F et F ? Quelle manipulation ?
Oral :
Le mot pliage devrait revenir dans sa tête
Pliage suivant quelle droite ?
Cest une symétrie par rapport à quelle droite ?Pb 01Amener lélève à développer les images mentales de la symétrie en relation avec le pliage le long de laxe : re-dégager (pliage_2Ensuite je proposerais, comme avec Anissa, de mettre en relief lorthogonalité (il reporte les longueurs, mais hésite entre perpendicularité ou pas (exercice 4) (problème-maison)Voir séquence didactique proposée pour Anissa (cf. p. PAGEREF _Ref136674043 \h 240)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 106. Prof_5 : Séquence didactique proposée pour Cédric
Comme pour les élèves Anissa et Béatrice, ce professeur démarre sa séquence didactique pour Cédric avec un travail à loral, en sappuyant sur laspect visuel de la symétrie. Pour ce faire, il propose le problème Pb 01. Son objectif est de réactiver les connaissances de Cédric sur le pliage et par la même occasion, laider à développer les images mentales associées à la symétrie. Ensuite, il propose la même séquence de problèmes que pour Anissa, qui consiste à construire le symétrique dun point dabord, et puis des figures symétriques (avec ou sans quadrillage), en utilisant léquerre. Cependant, le professeur signale que cette fois-ci il mettrait laccent sur lorthogonalité, même si pour les autres élèves il recommande également lutilisation de léquerre.
Dans la prise dinformation sur lactivité dAnissa, ce professeur na explicité que des connaissances erronées. Chez Béatrice et Cédric, il identifie quelques connaissances correctes, même si elles ne lui semblent pas suffisamment stables. Cependant, le professeur propose la même séquence de problèmes pour ces trois élèves. Nous lui avons demandé plus dinformations à propos de cette décision. Sa réponse à cette question est la suivante :
Extrait de lentretien : Oui bah
cette fois-ci, mon but étant de faire remarquer lorthogonalité, quoi
là, lui les distances égales
mais lorthogonalité il voit beaucoup moins. Donc, ces seraient les mêmes éléments, mais ces seraient sans doute pas les mêmes questions [
]. Je mettrais laccent sur lorthogonalité.
La réponse du professeur indique que dans son projet denseignement, la différence entre ces trois élèves réside dans les étapes du travail à loral, où il adapterait les questions à chaque élève.
6.4.2. Synthèse des résultats obtenus
La prise dinformation sur lactivité de Cédric
Contrôles (£)Prof_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5£dist £orthoquasi absentnon stablenon stablenon stable£demi_plan£formeabsent£pliage_2Autre £dist_point/
point£dist_point/
pointabsence £ p/ anticiperabsence
£ p/ valider£dist_point/ point
absence £ p/ anticiperTableau SEQ Tableau \* ARABIC 107. Prise d information des professeurs sur l activité de Cédric : description en termes de contrôles
Comme nous pouvons le constater à partir du tableau ci-dessus, l avis quasi unanime des professeurs est que Cédric possède le contrôle par légalité des distances, Cependant, pour trois de ces professeurs il sagit de la distance point/point, comme chez Béatrice. Par ailleurs, le contrôle par lorthogonalité est identifié comme non stable, voire quasi absent chez Cédric.
Trois professeurs remarquent labsence de contrôles pour anticiper ou pour valider chez Cédric. Le Prof_2 suppose labsence du contrôle (forme.
Projets denseignement
Prof_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5Amener l élève à dégager le (orthoAmener l élève à développer les images mentales associées à la symétrie axiale par opposition aux autres isométriesTester l absence du contrôle £ortho
Amener l élève à re-dégager £dist et £orthoAmener l élève à dégager £ortho, et aussi £distAmener l élève à développer les images mentales de la symétrie en relation avec pliage par rapport à l axe : re-dégager (pliage_2Amener l élève à distinguer (dist (point-droite) de (dist_point/pointAmener l élève à dégager (ortho, et £dist et/ou mettre en Suvre (point_invariantAmener l élève à réinvestir £dist et £orthoAmener l élève à mettre en Suvre £dist et £orthoAmener l élève à réinvestir les contrôles £ortho, £dist et £sens_inverseAmener l élève à formuler (ortho et (distAmener l élève à formuler des explications : mise en Suvre de (ortho et (pliage_2Amener l élève à mettre en Suvre £taille_1, £forme et vérifier par £pliage_2Montrer la non validité de £parallélisme_segmentVérifier à chaque étape pour analyser les erreurs éventuelles : établir un nouveau diagnosticAmener l élève à mettre en Suvre (ortho et (dist pour analyser sa construction, et formulerAmener l élève à dégager £formeAmener l élève à réinvestir (ortho et (dist, pour construire et pour analyserAmener lélève à réinvestir (ortho et (distAmener lélève à mettre en uvre (pliage_2 et (calque_1
Amener lélève à réinvestir (point_invariant, (ortho, (dist et (formeTableau SEQ Tableau \* ARABIC 108. Objectifs des projets denseignement des professeurs : cas Cédric
Daprès le Prof_1, Cédric mobilise un contrôle par légalité des distances, mais il ne sagit pas pour lui de la distance point/droite ((dist). Son premier objectif est alors de faire redécouvrir à Cédric la notion de distance dun point à une droite. En effet, daprès sa conception denseignement/apprentissage, il amène lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennes. Pour cela, il propose des problèmes où Cédric sera amené à distinguer les distances point/point et point/droite, cette dernière étant liée à la notion de droite perpendiculaire. Ensuite, comme pour les deux élèves précédentes, le professeur amène Cédric à formuler les propriétés fondamentales de la symétrie. Cédric doit aussi se servir de ces propriétés pour expliciter les raisons des erreurs commises dans la résolution des problèmes de la copie. Ainsi, il nous semble que la structure de contrôle de la conception cible contiendra les contrôles suivants : (dist, (ortho.
Le Prof_2 constate également que Cédric à une idée globale de la symétrie avec égalité des distances. Cependant, pour lui, Cédric fait une confusion entre les symétries orthogonale et centrale. De plus, il ne semble pas percevoir la conservation des angles par la symétrie. Son premier objectif est alors de développer chez lélève les images mentales associées à la symétrie axiale par opposition aux autres isométries. Ensuite, comme pour les deux élèves précédents et daprès sa conception mathématique de la symétrie orthogonale, son objectif est denseigner à Cédric les propriétés dorthogonalité, dégalité des distances et celle dinvariance des points sur laxe de symétrie. Létape suivante de son projet denseignement pour Cédric est de lamener à dégager le contrôle par la forme de la figure. La structure de contrôle de la conception visée contiendrait ainsi les contrôles suivants : (dist, (ortho, (point_invariant, (forme.
Comme les professeurs précédents, le Prof_3 identifie un contrôle chez Cédric concernant légalité des distances, mais il constate une certaine instabilité du contrôle lié à la perpendicularité. Ainsi, son premier objectif est de vérifier son hypothèse sur létat de connaissance de lélève avant de proposer une activité de remédiation. Il propose alors un problème pour tester labsence de (ortho. Si son hypothèse se confirme, il envisage damener Cédric à dégager ce contrôle absent. Il envisage également damener Cédric à remarquer la conservation des longueurs et des angles par la symétrie, en lui montrant que les figures symétriques se superposent par pliage. Ainsi, la structure de contrôle de la conception cible contiendrait les contrôles suivants : (ortho, (dist, (taille_1, (forme, (pliage_2.
Le Prof_4 identifie chez Cédric une certaine compétence pour reconnaître des figures symétriques, mais constate linstabilité du contrôle lié à la perpendicularité et le manque de contrôles de validation. Il envisage alors damener lélève à dégager le contrôle par la perpendicularité. Par ailleurs, il suppose que la réponse erronée de Cédric à un des problèmes de reconnaissance peut être liée à une association par lélève de la symétrie axiale et du parallélisme des segments. Pour cette raison, il envisage également de montrer à Cédric, par lutilisation du pliage, la non validité du contrôle (parallélisme_segment. La conception cible devrait alors contenir les contrôles suivants : (ortho, (dist, (pliage_2.
Le Prof_5 suppose également que Cédric lie la symétrie à la notion de distance, toutefois, il ne sagirait pas de la distance point/droite. De plus, il constate chez lélève un manque dimages mentales, donc de moyens de contrôles pour anticiper. Son projet denseignement pour Cédric est assez proche de ceux proposés pour Anissa et Béatrice. Il amène dabord lélève à dégager le contrôle par pliage, puis à prendre conscience que la symétrie inverse le sens de la figure, et enfin à dégager et à réinvestir les contrôles liés aux propriétés dorthogonalité et dégalité des distances. Ainsi, la structure de contrôle de la conception visée devrait contenir les contrôles suivants : (ortho, (dist, (sens_inverse, (pliage_2.
Les problèmes choisis
ID ProblèmeProf_1Prof_2Prof_3Prof_4Prof_5Pb 01Pb 02Pb 03Pb 04Pb 05Pb 06Pb 07Pb 08Pb 09Pb 10Pb 11Pb 12Pb 13Pb 14Pb 15Pb 16Pb 17Pb 18AutresPb-flèchePb segment-losangePb-segmentPb-maisonExercice 5 (reconnaissance et construction daxe de symétrie)Tableau SEQ Tableau \* ARABIC 109. Problèmes choisis par les professeurs dans les séquences didactiques pour Cédric
Comme dans le cas de Béatrice, le choix des problèmes par les professeurs pour favoriser lapprentissage de Cédric est diversifié. Toutefois quatre problèmes ressortent comme les plus fréquemment proposés par les professeurs : Pb 01, Pb 04, Pb 15 et Pb 18.
Avec les problèmes « Pb 01 » et « Pb 15 », les professeurs cherchent à faire travailler lélève sur les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances à laxe de la symétrie. Le Prof_4 utilise le Pb 15 dans le but de tester son hypothèse concernant labsence du contrôle (ortho. Les problèmes « Pb 04 » et « Pb 18 » sont proposés dans le but de réinvestir ces connaissances.
Connaissances intervenant dans la prise de décisions didactiques par les professeurs
Professeur 1
ConnaissancesAnissaBéatriceCédricConnaissances des programmes :
symétrie et pliagetechnique du calque manipulation Connaissances des mathématiques
propriétés fondamentales : orthogonalité et égalité des distances la symétrie est caractérisée par la superposition de figures par pliage Connaissances relevant dexpérience de lenseignement et du fonctionnement des élèves :
aspect visuel de la symétrie Conception de lenseignement/apprentissage
on apprend à partir de ce quon sait déjà (appui sur les connaissances anciennes correctes) on ne peut pas apprendre une nouvelle connaissance tant quon nest pas conscient que nos anciennes soient insuffisantes (déstabilisation des connaissances erronées avant de dégager des nouvelles) ; amener lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennes ;apprentissage progressif (première remédiation dans un premier temps, avant de passer à des cas plus complexes)la formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Professeur 2
ConnaissancesAnissaBéatriceCédricConnaissances des programmes :
symétrie et pliagetechnique du calque Connaissances des mathématiques
propriétés dorthogonalité, dégalité des distances et dinvariance des pointsConception de lenseignement/apprentissage
on apprend à partir de ce quon sait déjà (appui sur les connaissances anciennes correctes) les connaissances nouvelles permettent dinvalider les anciennesamener lélève à dégager de nouvelles connaissances qui se substitueront aux anciennes ;vérifier leur acquisition en cours de lapprentissage (établir un nouveau diagnostic) le professeur prépare des exercices progressifs (guider lélève pour quil puisse mener à bien sa constructionla formulation favorise lapprentissage importance du réinvestissement des connaissances Professeur 3
ConnaissancesAnissaBéatriceCédricConnaissances des programmes :
symétrie et pliagemanipulation apprentissage de transformations, au collège Connaissances des mathématiques
la symétrie est caractérisée par la superposition de figures par pliage Conception de lenseignement/apprentissage
on ne peut pas apprendre une nouvelle connaissance tant quon nest pas conscient que nos anciennes soient insuffisantes (déstabilisation des connaissances erronées, avant den dégager de nouvelles) la formulation favorise lapprentissage anticipation de laction à réaliser importance du réinvestissement des connaissances
Professeur 4
ConnaissancesAnissaBéatriceCédricConnaissances des programmes :
symétrie et pliageConnaissances des mathématiques
propriétés de lorthogonalité et dégalité des distances Connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et du fonctionnement des élèves :
Les situations de guidage fonctionnent en certains casConception denseignement/apprentissage
Lélève apprend à partir des exercices progressifs ; le professeur guide lélève dans leur réalisation, en proposant des étapes ; « mâcher » le travail de lélève pour lui faciliter la tâchele contrôle des pré-requis permet de prendre des décisions par rapport à lopportunité dengager lélève dans un nouvel apprentissage lorsque lélève a réussi un exercice, il doit réussir tout exercice qui met en jeu le même savoir mobilisation de connaissances nouvelles pour déstabiliser des connaissances erronées importance du réinvestissement des connaissances Professeur 5
ConnaissancesAnissaBéatriceCédricConnaissances des programmes :
symétrie et pliageConnaissances des mathématiques
propriétés dorthogonalité et dégalité des distances Connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et du fonctionnement des élèves :
Les élèves sont très visuels (sappuyer sur la visualisation avant de passer à la mathématisation), efficacité du travail à loral, gagner du temps)Conception denseignement/apprentissage
en cas déchec de lélève, le professeur doit envisager de tout recommencer le professeur prépare des exercices progressifs (construction dun point symétrique, deux points...) vérification régulière des acquis de lélève : établir un nouveau diagnosticimportance du réinvestissement des connaissances
6.5. Conclusion
Lobjectif de cette expérimentation auprès des professeurs a été de répondre à deux questions de recherche. La première consiste à savoir quels sont les types de problèmes qui peuvent favoriser le passage dune conception initiale (Ci) à une conception cible (Cj), et comment décrire ces problèmes en termes de variables didactiques. La deuxième question concerne lidentification des éléments qui fondent les décisions didactiques prises par les professeurs dans le but de faire évoluer Ci vers Cj. Pour ce faire, nous avons fourni aux professeurs les copies « Anissa », « Béatrice » et « Cédric ». Lanalyse de ces copies a été présentée dans le chapitre précédent.
Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés dune part sur la formalisation des contrôles relatifs à la symétrie orthogonale que nous avons réalisée a priori, et dautre part sur le modèle des niveaux du professeur qui nous a servi doutil danalyse des productions des professeurs. Étant donné que nos professeurs sont placés au niveau du « projet didactique » (niveau +1) (cf. schéma 7, p. 41), nous avons cherché à identifier dans leurs productions les connaissances liées à leurs projets « global » (niveau +2) et « éducatif » (niveau +3) qui ont pu influencer leurs décisions didactiques.
Les connaissances qui semblent avoir influencé les décisions des professeurs sont les suivantes :
connaissances des programmes scolaires ;
connaissances relevant de lexpérience de lenseignant et des connaissances du fonctionnement des élèves ;
connaissances mathématiques ;
conceptions de lenseignement/apprentissage.
Prise dinformation sur lactivité de lélève (détermination des Ci)
Les résultats de nos études montrent que les conceptions des professeurs à propos de lenseignement/apprentissage semblent avoir joué un rôle essentiel dans lidentification des conceptions initiales des élèves.
En partant des mêmes copies délèves, les professeurs ont fait des diagnostics différents. Certains professeurs ont identifié chez lélève des contrôles corrects en plus de contrôles faux, même dans les cas où toutes les réponses données par lélève sont erronées. Dautres semblent avoir repéré seulement ce qui est erroné dans ces réponses. Prenons lexemple des Prof_1 et Prof_5 dans le cas dAnissa :
Le Prof_1 semble sappuyer sur le fait que lélève apprend à partir de ce quil sait déjà. Il cherche alors à trouver ce qui est juste et ce qui est faux, dans la production de cette élève. De cette manière, il constate dune part que pour Anissa limage dun segment par la symétrie est un segment parallèle et que le segment image est obtenu par le déplacement horizontal. Dautre part, il constate quelle connaît la propriété de conservation de longueurs des segments par la symétrie, et quelle sait que les figures symétriques sont de part et dautre de laxe. La structure de contrôle de la conception Ci identifiée par ce professeur chez Anissa, contiendrait ainsi les contrôles erronés (parallélisme_segment, (translation, (hor, et les contrôles corrects (taille_1, (demi-plan.
Le Prof_5 considère quen cas déchec, tout est à recommencer. Étant donné que les réponses dAnissa sont toutes erronées, il constate labsence du contrôle par superposition des figures par pliage chez cet élève, et que pour elle, la symétrie correspond à un glissement horizontal. Dans ce cas, la structure de contrôle de la conception Ci identifiée contiendrait les contrôles erronés suivants : (translation et (hor.
Ces exemples montrent que la conception initiale (Ci) identifiée par ces deux professeurs chez Anissa, nest pas la même.
Construction des projets didactiques (détermination des Cj)
Les résultats de nos études montrent que la construction des projets denseignement des professeurs est fortement influencée par leurs conceptions sur lenseignement/apprentissage, ainsi que par leurs propres connaissances à propos de la symétrie orthogonale. Pour illustrer ceci, reprenons encore les exemples des Prof_1 et Prof_5. A partir du diagnostic de la conception initiale chez Anissa, ces professeurs proposent les projets denseignement suivants :
Pour le Prof_1, il est nécessaire damener lélève à prendre conscience de linsuffisance de ses connaissances anciennes, avant de lengager dans lapprentissage de nouvelles connaissances. Ainsi, il cherche dabord à déstabiliser les contrôles erronés en proposant un travail avec le papier calque. Ensuite il cherche à renforcer les contrôles corrects pour enfin amener lélève à dégager les connaissances nouvelles, orthogonalité et conservation des distances à l axe. La structure de contrôle de la conception cible contiendrait les contrôles suivants : £ortho, £dist, £taille_1, £demi_plan, £calque_1 ;
Le Prof_5 cherche à développer chez Anissa des images mentales liées à la symétrie en s appuyant sur le pliage. Anissa doit aussi prendre conscience que la symétrie inverse le sens de la figure. Dans la suite de la séquence, il cherche à faire dégager les propriétés dorthogonalité et dégalité des distances. La structure de contrôle de la conception cible contiendrait les contrôles suivants : £pliage_2, £sens_inverse, £ortho et £dist.
Comme pour la conception initiale (Ci), ces exemples montrent que la conception cible (Cj) envisagée par ces professeurs peut être également différente.
Nous avons essayé de repérer les connaissances mathématiques à propos de la symétrie orthogonale qui semblent avoir influencé les décisions de chacun des professeurs :
Pour le Prof_1, lorthogonalité et légalité des distances sont les propriétés fondamentales à lapprentissage de la symétrie orthogonale par lélève. Les Prof_4 et Prof_5 ont privilégié également ces propriétés dans leurs projets.
Le Prof_2, indépendamment de ce quil observe dans lactivité de lélève, envisage de lui enseigner la propriété dinvariance des points sur laxe de symétrie. Il semble que pour lui, lenseignement de cette propriété soit essentiel pour lapprentissage de cette notion par lélève ;
Pour le Prof_3, cest la mise en relation de la symétrie avec la superposition des figures par pliage qui est laspect de la symétrie le plus important ;
Étant donné que les conceptions initiale et cible ne sont pas les mêmes pour tous les professeurs, nous navons pas pu faire danalyse comparative en termes de problèmes utilisés par les professeurs pour favoriser le passage de lune à lautre. Ces résultats montrent que la méthodologie adoptée nous a permis dapporter des éléments de réponse à la question Q4. Néanmoins, cette méthodologie a pu être une contrainte dans la recherche de la réponse à la question Q3. Il nous semble que pour décrire le passage dune conception à une autre, il aurait fallu donner aux professeurs les conceptions Ci et Cj. Ceci reste ainsi, dans cette recherche, une perspective ouverte.
Conclusion et Perspectives de Recherche
Retour à la problématique et questions de recherche
Cette thèse sinscrit dans la problématique de létude de prise de décisions didactiques. Notre principal intérêt a été détudier la façon dont les professeurs prennent les décisions didactiques afin de faire avancer les élèves vers lapprentissage dune connaissance visée, et aussi les contraintes qui influencent ces décisions. Ceci nous a amené à modéliser, dans un premier temps, les connaissances des élèves concernant un objet mathématique donné.
Notre recherche est ancrée dans la Théorie des Situations Didactiques (Brousseau, 1998), où une connaissance est caractérisée par les situations ou les problèmes qui lui sont spécifiques. En effet, cette théorie sintéresse à la modélisation des connaissances que lon veut enseigner, ou celles que lon veut que lélève apprenne. De plus, elle préconise que les connaissances se manifestent essentiellement comme des instruments de contrôle des situations. Ainsi, au sein de cette théorie, nous avons choisi des outils qui contiennent des principes méthodologiques et des règles pour rendre compte de notre objectif de modélisation des connaissances délèves dune part, et de la prise de décisions didactiques dautre part. Ces outils sont dune part le modèle cK¢ (Balacheff 1995, 2002), et dautre part le modèle des niveaux de lactivité des professeurs (Margolinas 2002, 2005).
Dans le modèle cK¢, lapprentissage est considéré comme le passage dune conception à une autre. En partant de cette hypothèse, nous avons cherché à caractériser les conceptions délèves sur un objet mathématique donné. La notion mathématique que nous avons choisie est la symétrie orthogonale. Le choix dune notion du domaine géométrique est issu dune part, de lhypothèse que la géométrie peut favoriser linteraction entre les connaissances liées à la perception et les connaissances géométriques. Cette caractéristique de la géométrie estintéressante pour notre modélisation, dans la mesure où elle facilite le repérage des connaissances sous-jacentes à la résolution des problèmes par lélève. Dautre part, le choix de la symétrie orthogonale a été motivé par les résultats des recherches dans ce domaine qui sont significatifs et consistants, constituant ainsi un point de départ pour notre étude.
En nous appuyant sur la formalisation proposée par le modèle cK¢ où une conception est caractérisée par le quadruplet (P, R, L, (), nous avons fait le choix dentrer dans la modélisation à partir de lidentification de la structure de contrôle des conceptions de la symétrie orthogonale. Ce choix est fondé sur lhypothèse que ces structures prennent une place importante dans létude a priori des comportements dun sujet qui résout un problème, car ils rendent compte de son fonctionnement dans la conduite de laction réalisée (Gaudin, 2005). De cette problématique sont issues les deux premières questions de recherche :
Q1 : Comment caractériser lensemble des contrôles des conceptions susceptibles dêtre mobilisés par lélève dans la résolution dun problème relatif à la symétrie orthogonale ?
Q2 : À partir de lensemble des contrôles, peut-on accéder aux autres éléments qui caractérisent une conception, notamment les opérateurs et les problèmes ? Si oui, comment ?
Nous empruntons au modèle cK¢ lhypothèse que laction rationnelle dun sujet résolvant un problème est localement logique du point de vue de lobservateur. Ainsi, une conception C mise en uvre par un sujet peut fonctionner pour résoudre un certain type de problème, et ne plus fonctionner pour en résoudre un autre. Une conception C est alors légitimée par une sphère de pratique. Cette légitimité simpose alors en fonction du problème que le sujet résout. En effet, il existe des problèmes qui peuvent révéler la fausseté ou les limites de C, dautres qui permettent de la renforcer, et dautres encore qui permettent de la déstabiliser.
Cette hypothèse nous amène au cur de la problématique de modélisation des décisions didactiques des professeurs. Étant donné que lapprentissage est considéré comme le passage dune conception à une autre, nous nous sommes demandé quels types de problèmes favorisaient ce passage. De cette interrogation est issue notre troisième question de recherche :
Q3 : Quels sont les types de problèmes qui favorisent le passage dune conception initiale Ci à une conception cible Cj, et comment décrire ces problèmes en termes de variables didactiques ?
Par ailleurs, nous nous sommes intéressés à la question de savoir quels sont les éléments qui pourraient intervenir dans le choix de tels problèmes par les professeurs. La question que nous nous sommes posée est alors la suivante :
Q4 : Sur quels éléments se fondent les décisions didactiques prises par un professeur dont lobjectif est de faire évoluer les conceptions mobilisées par un élève ?
Dans ce qui suit, nous montrerons les principaux résultats de cette recherche.
Principaux résultats
Étude théorique
Dans le but de répondre aux questions Q1 et Q2, nous avons envisagé de modéliser les connaissances sur la symétrie orthogonale dun élève générique.
Dans un premier temps, nous avons précisé la nature des problèmes mettant en jeu la symétrie orthogonale et les variables à prendre en compte dans notre recherche. Pour ce faire, nous avons pris comme point de départ les résultats des recherches concernant la problématique de construction du symétrique dun segment, les orientations des programmes officiels en vigueur en France pour la classe de sixième du collège, ainsi que lanalyse de quelques manuels scolaires. Nous avons ciblé les types de problèmes : reconnaissance et construction de figures symétriques. Étant donné que les recherches précédentes sont placées dans la problématique de construction du symétrique dun segment par rapport à laxe de symétrie, nous avons choisi délargir notre étude aux figures complexes (composées de segments, darcs de cercle
).
Dans un deuxième temps, en partant de lhypothèse que les contrôles rendent compte des critères qui renvoient au choix, à la décision, à ladéquation et à la validité dune action (Gaudin, 2002), nous avons réalisé une étude théorique de la notion de symétrie orthogonale du point de vue mathématique et didactique. Cette étude nous a permis didentifier les critères qui peuvent être pris en compte par les élèves dans la résolution des problèmes de reconnaissance et de construction de figures symétriques, et denvisager les différentes valeurs quils peuvent admettre. Ces critères et les valeurs associées nous ont permis daccéder aux contrôles mis en uvre dans la résolution de tels problèmes. De plus, nous avons également formalisé dautres contrôles qui ne relèvent pas de ces critères. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les théorèmes en acte identifiés dans les recherches, et sur létude des programmes et manuels scolaires.
Par ailleurs, lanticipation de laction concrète que lélève peut réaliser sur la figure dans les problèmes de construction, nous a permis de décrire a priori les procédures susceptibles dêtre utilisées par lélève dans la résolution de ces problèmes (globales, semi-analytiques et analytiques). Soulignons que ces procédures ne concernent que les problèmes de construction de figures symétriques. En effet, le caractère implicite de laction dans les problèmes de reconnaissance, qui rend difficile lanticipation de cette action de lélève, ne nous a pas permis de réaliser une telle description.
A partir de cette étude théorique, nous navons pas réussi à caractériser les autres éléments des conceptions. Nous pensons que la méthodologie adoptée nest pas appropriée pour atteindre cet objectif. Ceci nous a conduit à mettre en place une expérimentation auprès des élèves pour pouvoir dégager ces éléments à partir des actions observées.
Expérimentation auprès des élèves
1. Résultats de lanalyse quantitative
Létude quantitative nous donne un aperçu global des types de réponses, et des procédures utilisées par les élèves. Ce qui nous a permis didentifier les variables didactiques qui ont pu influencer les choix de procédures des élèves.
Les résultats montrent que les élèves ont mieux réussi les problèmes de reconnaissance que les problèmes de construction. Notre hypothèse est que le fait que les réponses soient données joue un rôle important dans ces résultats. En effet, dans la résolution de ce type de problème, lélève na pas besoin dexécuter des actions concrètes sur la figure, la tâche consiste simplement à choisir parmi les figures candidates celle qui lui semble la plus pertinente. Ce choix peut relever de plusieurs aspects (explicitation des propriétés géométriques qui permettent daffirmer que deux figures sont symétriques, perception spatio-graphique des figures symétriques, élimination de figures peu plausibles). Ainsi, la possibilité de donner une réponse erronée serait plus limitée.
Par ailleurs, cette étude confirme les résultats des recherches concernant le rôle de certaines variables didactiques. Les orientations verticale et horizontale des segments sur la feuille ont amené plusieurs élèves à choisir la direction horizontale, ou celle donnée par le prolongement dun segment de la figure.
En ce qui concerne le type de procédures utilisées dans la construction, nos études montrent que les élèves privilégient les procédures analytiques (correctes ou non) pour construire les images des figures. Nous avons fait lhypothèse que les instruments de dessin mis à disposition des élèves a pu jouer un rôle dans ce choix des élèves. Les procédures semi-analytiques apparaissent davantage dans la construction de limage de la figure complexe (figure-maison) que dans la construction de limage du segment. Nous avons fait lhypothèse que les élèves ont eu recours à ces procédures dans le but de prendre appui sur les éléments de la figure, pour ensuite construire son image de façon perceptive globale. Ils sappuient alors spontanément sur les propriétés de conservation des longueurs des segments et des mesures des angles par la symétrie.
2. Résultats de lanalyse des copies Anissa, Béatrice et Cédric
Dans le but détudier les décisions didactiques des professeurs, nous avons souhaité leur fournir les données à partir desquelles nous pourrions identifier les éléments sur lesquels ils sappuient pour construire des séquences denseignement. Pour cela, nous étions amenés à réaliser une analyse de ces copies en termes de modèle cK¢.
Nous avons élaboré trois copies présentant une certaine diversité en termes de conceptions mobilisées. Pour les analyser, nous nous sommes appuyés sur la formalisation des contrôles construite a priori. Cette étude nous a permis didentifier chez ces élèves les contrôles, les opérateurs et les systèmes de représentation des conceptions mobilisées par ces élèves dans la résolution de quatre problèmes donnés. Cependant, nous avons pu identifier les opérateurs mobilisés par les élèves dans les problèmes de construction, seulement. En effet, à partir de la méthodologie utilisée (analyse des copies), le caractère implicite de laction des élèves dans les problèmes de reconnaissance ne nous a pas permis daccéder à ces éléments. Nous pensons quil faudrait mettre en place un dispositif spécifique (une étude de cas avec enregistrement vidéo des actions des élèves, des entretiens avec les élèves, par exemple), et pouvoir accéder aux éléments de laction de lélève, notamment les opérateurs, mobilisés dans la résolution de problèmes.
Pour atteindre notre objectif de caractérisation des conceptions de ces trois élèves, nous avons mis en relation les éléments de conceptions dégagés chez ces élèves : les contrôles avec les opérateurs et les variables des problèmes résolus. Cette mise en relation nous a montré que dans certains cas, les variables du problème ont favorisé chez lélève la mise en uvre de contrôles différents. Nous avons fait lhypothèse quil pouvait sagir soit dun cas dévolution de la conception initialement mobilisée par lélève, soit dun cas de cohabitation de conceptions chez cet élève. Cependant, la caractérisation des éléments des conceptions ne nous semble pas suffisante pour caractériser la (ou les) conception(s) présente(s) chez le sujet. La question qui se pose est : comment savoir, à partir de ces éléments, sil sagit dune ou de plusieurs conceptions cohabitant chez un même sujet ? Ainsi, la question de la caractérisation des conceptions reste-t-elle encore ouverte.
Par ailleurs, cette étude montre la pertinence et lefficacité de la formalisation des contrôles que nous avons réalisée, dans le but de modéliser les connaissances de lélève sur la symétrie orthogonale. En effet, dans certains cas où les réponses des élèves paraissaient confuses, voire contradictoires, grâce à lanalyse en termes de contrôles nous avons pu reconstituer un raisonnement cohérent chez le sujet dans la résolution des problèmes. Nous pensons ainsi avoir mis en évidence lintérêt, didactique, détudier lactivité de lélève en termes de structure de contrôle.
La caractérisation des éléments des conceptions, notamment de la structure de contrôle chez ces trois élèves, constitue le point de départ pour étudier la prise de décisions didactiques des professeurs.
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