André ANTIBI - Td corrigé
Par exemple, l'élève X va réussir sa première épreuve le 20 septembre, l'élève Y
..... carrière d'enseignant, j'étais convaincu qu'un «bon » sujet d'examen devait
donner ...... En 1947 avec 3% (22 fois moins qu'en 2010) , il baisse encore plus:.
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INCLUDEPICTURE "http://www.lesindustriesduplatre.org/files/colloque_diaporama/images/big/1854.jpg" \* MERGEFORMATINET LÉVALUATION PAR CONTRAT DE CONFIANCE
- Pour mieux évaluer les compétences
- Pour mieux tirer parti du soutien scolaire
- Pour supprimer la constante macabre et linjustice qui en découle
Colloque du MCLCM (()
Samedi 14 Mai 2011
(() Mouvement contre la constante macabre
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au Conseil Régional dÎle de France
Actes réalisés par G. Lauton.
Sommaire
PgAuteurFonctionsContribution02Gérard LautonPrésident du Comité dorganisationPréface03Comité dorganisationProgramme du Colloque05André AntibiPrésident du MCLCMIntroductionINTERVENTIONS INAUGURALES et LIMINAIRESAndré AntibiPrésident du MCLCMIsabelle This-Saint-JeanVice-présidente, C.Rég. dÎle de FranceJean-Michel BlanquerDirecteur général de lEnsnt ScolaireDidier GeigerDirecteur de lIUFM de CréteilChristian RégnautVice-président du CEVU de lUPECMathieu HanotinVice-président du Conseil Gal du 93TEXTES DES EXPOSÉS07André AntibiPrésident du MCLCMConstante macabre, évaluation par contrat de confiance (EPCC), et évaluation par compétences (13Jacques MoisanAncien Doyen de lInspection générale de MathématiquesEnseignement par compétences : former et évaluer (15Guy BrousseauLauréat de la Médaille Félix KleinPhénomènes macrodidactiques et Contrat de Confiance (TABLE RONDE20Jacques GrosperrinDéputé, Commission des Affaires Culturelles et de lÉducationUne nouvelle approche de lévaluation des élèves (22Jean-Louis AuducFormateur denseignantsLévaluation par contrat de confiance (25Corinne CrocCoordinatrice EPCC (Secondaire,
Disciplines scientifiques)Une nouvelle mission pour l'EPCC (27Recteur Philippe JoutardHistorienLévaluation en question (ORGANISMES PARTENAIRES30Claudine CauxPrésidente de la PEEPPour une évaluation positive du travail de nos enfants à lécole, afin que chacun trouve sa voie dexcellence (31Isabelle TardéDéléguée générale de la FAPÉEUne école investie de sens pour tous (32Emmanuel ZemmourPrésident de lUNEFPour un droit à la réussite et à une évaluation au service de la progression dans les universités (Eunice Mangado-LunettaPorte-parole de lAFEVATELIERS (France)36Arnold BacMembre du Bureau du MCLCMRompre avec nos constantes ? (38Romain FayelCoordinateur EPCC (Primaire)« LEPCC pour mieux évaluer les compétences et tirer profit du soutien scolaire » (40Compte-rendu de lAtelier Enseignement Primaire42Monique TantotCoordinatrice EPCC (Primaire)LEPCC pour récompenser le travail (43Florence BuffCoordinatrice EPCC (Secondaire, Disciplines littéraires)« LEPPC » dans les matières littéraires (48Corinne CrocCompte-rendu de lAtelier Enseignement Secondaire49Ludovic dEstampesCoordinateur EPCC (Écoles dingénieur)La constante « anti-macabre » (Intervention au sujet de lAtelier Post-Bac51Jean-Paul KellerCoordinateur EPCC (Classes Prépa.)Poursuite dune expérience dEPCC en CPGE (Intervention au sujet de lAtelier Post-Bac53Gérard LautonCoordinateur EPCC (Post-Bac)Contenus, compétences, accompagnement : les atouts de lEPCC (Intervention au sujet de lAtelier Post-Bac56Georges BelmonteChef dÉtabl nt. (Lycée St Christophe)LEPCC renforcé (57Philippe NiémecPrincipal de CollègeLEPCC et le socle commun (Jacques MoisanAtelier Personnels de direction et dinspectionATELIERS : contributions sur les expériences menées à létranger59Mohamed AkkarCoordinateur EPCC (Maroc)LÉcole de lAvenir et lAvenir de lÉcole au Maroc (Intervention sur les débats des Ateliers56Manuel Diaz RegueiroCoordinateur EPCC (Espagne)Las competencias en matemáticas y la evaluación por contrato de confianza (Intervention sur les débats des Ateliers59Salma ElaoudCoordinatrice EPCC (Tunisie)La situation en Tunisie : un témoignage (Intervention sur les débats des Ateliers60Daniel JustensCoordinateur EPCC (Belgique)L'ÉPCC dans l'enseignement supérieur économique en milieu diversifié (61Jacques NavezCoordonateur EPCC (Afrique Subsaharienne)EPCC : situation en Afrique subsaharienne, en Haïti, au Burundi (64Stéphane LucianiIllustrateurIllustrations (ouvrages dAndré Antibi)N.B. : HYPERLINK "http://mclcm.free.fr/110514/AUDIO/Audio.Colloque.MCLCM.2011.14Mai.html" http://mclcm.free.fr/110514/AUDIO/Audio.Colloque.MCLCM.2011.14Mai.html.Préface par
Gérard Lauton, président
du Comité dorganisation
Accueilli dans lhémicycle du Conseil Régional dÎle de France, le Colloque 2011 du Mouvement contre la Constante macabre a été remarqué. Cet accueil a traduit un vif intérêt de la part du Conseil Régional dÎle de France, de son président Jean-Paul Huchon, de sa Vice-présidente Isabelle This-Saint-Jean, ainsi que de sa Vice-présidente Henriette Zoughebi pour le thème du Colloque., pour le thème du Colloque. Au seuil de lévénement, Le Monde avait consacré une pleine page au thème de lévaluation des élèves, avec des accents sur le phénomène de la Constante macabre.
Une vingtaine dintervenants avaient répondu à lappel à contributions préalable, rendant possible lédition des Pré-Actes du Colloque mis à la disposition de lensemble des participants. Le déroulement du Colloque a confirmé lengagement de nombreux acteurs et partenaires du système éducatif pour une autre logique de lévaluation. En témoigne Léventail et la qualité des partenaires institutionnels et associatifs du Colloque du 14 Mai 2011.
Cet ensemble de réflexions et de comptes-rendus dexpérimentation permet de mesurer les avancées réalisées depuis le Colloque de lan dernier à Toulouse.
Les démarches engagées par les acteurs et partenaires du MCLCM présidé par mon ami André Antibi en faveur dune autre culture et dautres pratiques de lévaluation recueillent un soutien accru. Lampleur et la diversité de ce soutien sont le meilleur atout pour que les signaux, émis au plan institutionnel, dune reconnaissance du phénomène de la Constante macabre, samplifient. De quoi ouvrir la voie à la mise en place de modalités alternatives dans lensemble des cycles du système éducatif.
Notons quun accent particulier a été mis dans ce Colloque 2011 sur la place de lévaluation des élèves dans la Formation des maîtres, à un moment où celle-ci fait lobjet dun débat renouvelé.
Débats et contributions sont en ligne sur le site HYPERLINK "http://MCLCM.fr" http://MCLCM.fr.
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- Pour mieux évaluer les compétences
- Pour mieux tirer parti du soutien scolaire
- Pour supprimer la constante macabre et linjustice qui en découleColloque du MCLCM (()
Samedi 14 Mai 2011Conseil Régional dÎle de France
Hémicycle 57, rue de Babylone 75007 Paris(() Mouvement contre la constante macabre((() UPEC : Université Paris Est CréteilMatinaprès midi09H 00ACCUEIL DES PARTICIPANTSEXPOSÉ de Guy Brousseau, lauréat de la Médaille Félix Klein :" Phénomènes macro-didactiques et constante macabre ".14H 1509H 30INAUGURATION, ouverture par Isabelle This Saint-Jean (Enseignement Supérieur, Recherche) et Henriette Zoughebi, (Lycées, Politique éducative), Vice-présidentes du Conseil régional dÎle de France, avec :
Jean-Michel Blanquer, Directeur général de lEnseignement scolaire,
Simone Bonnafous, Présidente de lUPEC ((()
François David, Président de FORMIRIS
Didier Geiger, Directeur de lIUFM de Créteil (UPEC).ATELIERS14H 30SecteursCoordonnateursPrimaireRomain Fayel et Monique TantotSecondaireFlorence Buff Disciplines littéraires1Corinne Croc Disciplines scientifiques210H 00EXPOSÉ DINTRODUCTION, par
André Antibi, Président du MCLCM.Post-BacLudovic dEstampes, écoles dingénieurs,
Jean-Paul Keller, classes préparatoires
Gérard Lauton, universités.
Emmanuel Zemmour, Président de lUNEF.10H 40EXPOSÉ de Jacques Moisan, ancien Doyen de lInspection Générale de Mathématiques :
" Enseignement par compétences : former et évaluer ".10H 55INTERVENTIONS " FLASH ", organismes partenaires :
Thierry Cadart, SG du SGEN-CFDT,
Éric Favey, SG Adjnt de la Ligue de lEnseignement,
Patrick Gonthier, SG de l'UNSA-Éducation,
Bernadette Groison, SG de la FSU,
Mathieu Hanotin, Vice-Prdt du Conseil général du 93.
Eunice Mangado-Lunetta, Dirce Déléguée de lAFEVPersonnels deGeorges Belmonte, Philippe Niémec.Direction / InspectionDaniel Amédro, Jacques Moisan, Pierre Viala.ÉtrangerMohamed Akkar (Maroc),
Manuel Diaz Regueiro (Espagne),
Salma Elaoud (Tunisie),
Daniel Justens (Belgique),
Jacques Navez (Afrique subsaharienne).11H 20PAUSE.1. Français, Langues, Histoire-Géographie, Sciences Éco. & Sociales, Philosophie, Documentalistes, Arts plastiques, Education musicale.11H 45TABLE RONDE animée par le Recteur PhilippeJoutard, Historien, avec la participation de :2. Mathématiques, Sciences expérimentales (Chimie, Physique, SVT), Technologie, EPS.· Jean-Louis Auduc, Formateur denseignants (UPEC)
· Victor Colombani, Président de lUnion Nationale Lycéenne (UNL),
· Corinne Croc, Professeur de lycée, membre du Bureau du MCLCM.
· Jacques Grosperrin, Président de la Commission des Affaires culturelles et de lÉducation de lAssemblée nationale,
· Recteur André Legrand, ancien Directeur des lycées.PAUSE.16H 00INTERVENTIONS " FLASH ", parents délèves :
Béatrice Barraud, Présidente de l'UNAPEL,
Claudine Caux, Présidente de la PEEP,
Jean-Jacques Hazan, Président de la FCPE
Isabelle Tardé, Déléguée générale de la FAPÉE.16H 30COMPTE-RENDU des ATELIERS
Coordination : Arnold Bac.16H 45CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
par André Antibi.17H 1513H 00DÉJEUNER.FIN du Colloque.17H 30Inscription : formulaire en ligne sur : HYPERLINK "http://mclcm.fr" http://mclcm.frContacts : André Antibi, président du MCLCM
Mél : HYPERLINK "mailto:antibi@cict.fr" antibi@cict.fr Tél : 06 86 41 52 24.Gérard Lauton, président du Comité dorganisation
Mél : HYPERLINK "D:\\_MES_SITES_WEB\\MCLCM\\110514\\lauton@u-pec.fr"lauton@u-pec.fr Tél : 06 80 30 61 69.
Isabelle This-Saint-Jean, Vice-présidente
du Conseil Régional dÎle de FranceJe suis extrêmement heureuse de vous accueillir dans notre hémicycle, et cela pour plusieurs raisons. Quand Monsieur Antibi est venu me voir avec Gérard Lauton, je nai pas hésité une seconde à leur proposer que les portes de lhémicycle du Conseil Régional leur soient ouvertes, et cela pour plusieurs raisons.
Un regain indispensable de débats de société
La première raison, cest que je crois que nous sommes dans un moment où il est absolument indispensable que la réflexion, lélaboration de pistes nouvelles, se déroulent, et que le Conseil Régional peut être un endroit où ce genre de réflexions peuvent être menés. Ce type dendroit est aujourdhui beaucoup trop rare. Les dialogues entre les élus politiques que nous sommes et les enseignants, les chercheurs, les médecins, les magistrats, tous les professionnels, sont extrêmement difficiles à mener. On narrive pas aujourdhui à avoir des débats, et je pense quil est indispensable que lon ouvre un certain nombre dendroits pour que ces choses se produisent, et je crois que le Conseil Régional dIle de France est un endroit de ce type, doit être un endroit de ce type. Cétait la première raison.
Lenjeu social dune réflexion sur les pratiques
La deuxième raison est quune réflexion sur lÉcole, sur lenseignement, sur la pédagogie, est aujourdhui, on le sait tous, absolument indispensable. Nous savons que nous sommes face à des difficultés très grandes. Nous savons quil faut absolument que lon réfléchisse sur nos pratiques je dis cela parce que je suis moi-même enseignante dans le supérieur , il faut que lon réfléchisse sur la manière dont nous accompagnons nos élèves ; il faut que lon réfléchisse avec les responsables que sont les parents, les éducateurs, les enfants, avec les étudiants, avec tous les personnels qui sont dans les établissements. Nous avons absolument besoin aujourdhui de cette réflexion parce que lenseignement est une chose absolument cruciale vous le savez, vous partagez cette conviction une chose absolument cruciale pour faire des hommes et des femmes de demain, des citoyens émancipés, libres, qui arrivent à porter une dynamique. Cest cela quil faut que lon arrive à faire, alors quaujourdhui nous sommes dans une période de doutes. Nos concitoyens sont très profondément désespérés ; cela se voit de plein de façons. La société française va très mal et je crois quune partie de la solution viendra de léducation que nous apportons à nos enfants, du système denseignement supérieur dont jai la charge pour lÎle de France, qui doit jouer un rôle majeur dans a construction des futurs citoyens de demain. Je crois que vraiment cest un point essentiel.
De vraies ambitions et priorités nationales
Il faut que lon ait pour 2012 une politique réellement ambitieuse, que lon en fasse vraiment une priorité et que là je parle pour le secteur dont jai la responsabilité dans lenseignement supérieur et la recherche, on ne soit pas dans laffichage dune priorité alors que la réalité est toute autre, que les moyens ne sont pas au rendez vous. Les milliards planent au dessus des universités. Ils ne se posent jamais. Le paysage institutionnel est devenu totalement illisible. Non, la réforme des universités na pas été une réussite. Pendant des mois et des mois, le personnel de la recherche et de lenseignement supérieur été massivement dans la rue, et il ne lest plus parce quil est profondément désespéré. Je ne vais pas égrener toutes les raisons qui font que lenseignement supérieur et la recherche sont en crise, comme lÉcole, mais nous voyons bien que nous avons des difficultés majeures en face de nous.
Lévaluation, pourquoi, pour qui, comment ?
La troisième raison pour laquelle jai souhaité ouvrir les portes de notre conseil régional, et qui a fait que le Président Jean-Paul Huchon a tout a fait accepté la proposition que je lui ai faite et sassocie au mot de bienvenue que je vous apporte actuellement, ainsi que Henriette Zoughebi, la Vice présidente en charge des Lycées, la principale raison pour laquelle je nai pas hésité une seconde, est que la réflexion sur lévaluation est une réflexion quil nous faut absolument mener. Il nous faut la mener évidemment à lÉcole mais il nous faut la mener bien au-delà. La réflexion que vous avez autour de la constante macabre, autour de lévaluation à lÉcole, est une réflexion qui sinscrit dans une réflexion nécessaire beaucoup plus générale autour de lévaluation. Lévaluation évidemment, mais lévaluation pourquoi faire ? Lévaluation comment la faire ? Je le sais parce que dans notre secteur, le secteur encore une fois dont jai la responsabilité en Île de France qui est celui de lenseignement superieur et de la recherche, il y a eu aujourdhui une crise majeure autour de lévaluation ; on a expliqué que les enseignants chercheurs ne voulaient pas être évalués ; cest absolument faux, ils ne veulent pas être évalués nimporte comment et pour nimporte quoi, et cest cela le problème majeur. Lévaluation, cela doit accompagner quelquun, cela doit être un instrument pour accompagner quelquun dans une trajectoire ascendante, et non pas une évaluation règlement. Et cest une question absolument centrale que lon retrouve à lÉcole, que lon retrouve dans la recherche, que lon retrouve à lhôpital, que l'on retrouve dans tous les secteurs. Cest la question autour de la politique du chiffre et de ses aberrations. Aujourdhui, on en atteint les limites. Il est absolument indispensable que lon réfléchisse là-dessus.
Il nous reste enfin, pour les hommes et les femmes de gauche, 360 jours pour traiter toutes ces questions, et je vous remercie de prendre à bras le corps aujourdhui une partie de cette question extrêmement importante. Donc voila, je ne serai pas plus longue. Je vous souhaite dexcellents débats. Je vous écouterai avec beaucoup dattention et beaucoup dintérêt ce matin. Malheureusement, cet après-midi, je serai obligée de vous laisser. Merci !
« Les milliards planent au dessus des universités, ils ne se posent jamais
». Illustration de Stéphane Luciani
Jean-Michel Blanquer, Directeur général
de lEnseignement ScolairePar ses propos André Antibi, semblent indiquer que tout le monde sait ce quest la DGESCO, Direction Générale de lEnseignement Scolaire. Je sais que je madresse à un public dinitiés, mais je lexplicite. Je voudrais dabord lui rendre hommage, le remercier, vous remercier les uns et les autres, car je sais bien que cest une équipe qui est derrière lui. En tout cas je voudrais le remercier à la fois pour ce quil fait depuis si longtemps. Que lon soit daccord à 100 % avec lui, ou bien en désaccord profond, en accord partiel ou presque complet avec lui, quelle que soit la position que lon a on ne peut que rendre hommage à un travail inlassable, un travail qui justement permet un débat comme celui qui a lieu aujourdhui. Je trouve quune assemblée qui se réunit le samedi matin pour parler de lévaluation des élèves ne peut être composée de personnes de bonne foi et de bonne volonté, et je crois que cest à saluer très fortement. Donc merci pour tout ce qui amène à cela, et merci évidemment pour linvitation.
Les enjeux du thème de ce Colloque
Alors évidemment, venir à une réunion comme celle-ci de ma part avec linstitution que je représente, nest pas neutre. Il sagit bien entendu de montrer lintérêt que nous éprouvons pour ce qui se passe ici, même si bien sûr les avant-gardismes qui ont pu se réaliser jusqu'à présent au titre de la lutte contre la constante macabre, doivent être regardés toujours à la fois avec intérêt, prudence et attention, pour arriver à déventuelles généralisations à lensemble du système scolaire. Quand on sapprête à toucher 12 millions délèves par des mesures, on est évidemment très attentif à ce qui a pu être dit sur un sujet, démontré sur un sujet, doù limportance dailleurs des expérimentations, ce qui est le cas pour le sujet qui nous occupe aujourdhui puisque les théories qui ont pu être développées autour de la lutte contre la constante macabre ont déjà fait lobjet dexpérimentation et surtout dexpériences que lont peut regarder aujourdhui, et que lon peut évaluer. Alors, il y a beaucoup de thèmes qui sont charriés sur un sujet comme celui-ci et aujourdhui et aujourdhui je crois que vous avez décidé surtout de vous concentrer sur lévaluation par le contrat de confiance.
Le nouveau contexte de lévaluation des élèves
Je voudrais quand même dire quelques mots sur lévaluation en tant que telle, mais surtout quelques mots de plus en essayant dêtre bref parce que jai bien conscience que nous sommes juste dans lintroduction du colloque, sur le contrat de confiance et les idées quil y a derrière le contrat de confiance. Après évidemment, on peut toujours discuter des mots qui ont beaucoup dimportance mais il faut bien voir ce que lon entend derrière ces mots. Alors sagissant de lévaluation, elle se développe dans le système scolaire notamment depuis la loi de 2005. Lévaluation par compétences est consacrée par la notion même de socle commun de connaissances et de compétences. Il est évident que le socle commun de connaissances et de compétences est une mesure qui se déploie sur la longue durée. Il y a besoin à la fois dune sensibilisation, dune formation, de changements dans les mentalités. Il va de soi quune mesure comme celle-ci a besoin dun certain temps pour se déployer ce que nous avons pu voir dans le temps mais elle vient de connaître en 2010 2011 une étape dans son existence qui est extrêmement importante, puisque désormais, le Livret personnel de compétences est présent dans tous les collèges et que le Livret personnel de compétences touche la classe de 3ème au moment ou les élèves atteignent la dernière année de la scolarité obligatoire, donc au moment où ils vont passer le Brevet.
Le tournant de lévaluation des compétences
Nous devons faire converger lévaluation par compétence du socle commun de compétences et de connaissances et lobtention du Brevet qui conclut un cycle très important, une étape très importante de la vie de lélève. En fait, ce socle commun de connaissances et de compétences est aujourdhui une réalité dans notre système aussi bien quà lécole et au collège. Bien entendu, il provoque une révolution tranquille, une révolution peut-être progressive, parfois peu être trop lente mais une révolution qui à quand même lieu parce quelle se traduit dabord par le travail autour de la notion de compétences, ensuite par un travail qui est beaucoup plus en équipe parce que les compétences supposent une approche collective de ce qui est fait par lélève et en continu, en beaucoup plus grand dans la scolarité de lélèves puisque le Livret personnel de compétences et lapproche par les compétences supposent évidemment que dune année sur lautre, ce que lélève a acquis est pris en considération. Il y a aussi un élément très important de lévolution du système qui est à prendre en compte et qui est je crois le corollaire de tous ces éléments. Cest la personnalisation du parcours, le fait quaujourdhui un élève doit pouvoir tout au long de sa scolarité connaître des éléments de personnalisation, ce qui ne va pas du tout à lencontre du principe dégalité, mais au contraire qui est au service du principe dégalité parce quil faut savoir prendre des élèves dans toutes leurs différences, leurs forces, leurs faiblesses, et savoir évidemment trouver les effets de levier pour compenser les faiblesses et tenir compte des forces. Cest là encore, je crois, lesprit de lévaluation fondée sur la confiance, que de chercher non pas en quoi lélève à faibli et ce en quoi il pourrait être enfoncé, si vous me permettez lexpression, mais plutôt dès lors quil a des faiblesses, comment on y remédie, sur quelle force on sappuie pour y remédier.
Les atouts de laide personnalisée
Cette approche doit reposer sur de laide personnalisée, doù le déploiement de la démarche de personnaliser dans le premier degré comme dans le second degré. Ce sont les 2 heures daide personnalisée à lécole, cest laccompagnement éducatif le soir au collège de 16 à 18 heures et dautres mesures qui vont avec ça. Mais cest aussi cette année en classe de seconde les 2 heures daide personnalisée qui doivent être consacrées en grande partie à ce sujet. Laide personnalisée suppose aussi des évolutions pédagogiques. Autrement dit, elle ne concerne pas que les 2 heures concernées, elle concerne létat desprit dans laquelle on envisage lévolution de lélève. Un professeur des écoles, par exemple, qui au cours de la semaine a pendant 2 heures un élève qui a des difficultés, aura une approche très différente de cet élève ensuite lorsquil laura en classe, parce que tout simplement il la mieux connu, pu développer une pédagogie particulière pour lui, etc
De lévaluation-sanction à lévaluation-bilan
Cest donc tout un état desprit qui innerve le système ; cet état desprit qui prend du temps à se déployer. Il suppose une évolution des pratiques, des mentalités, mais il forme un tout avec la question de lévaluation de lélève parce quencore une fois, il ne sagit plus dune évaluation-sanction ; il doit sagir dune évaluation-levier, dune évaluation qui permette de donner à tous le socle commun de connaissances et de compétences en respectant des paliers qui sont communs à tous, mais aussi en respectant des parcours qui peuvent être différents pour tous, que la loi a créés en instituant le Programme personnalisé de réussite éducative, qui est une réalité aujourdhui pour une dizaine de milliers délèves. Ce que je dis nest pas abstrait, cest déjà en train de rentrer dans les faits. Cette évaluation par des compétences doit se traduire aussi par une évaluation-bilan à certains moments de la scolarité.
Dans la Circulaire de rentrée qui vient de sortir, nous proposons une expérimentation dévaluation en fin de 5ème qui a fait couler beaucoup dencre. Je laborde directement puisque quil est important de clarifier les choses sur ces questions, parce que ce que nous avons voulu faire et expérimenter, car sur ces sujets je le répète, il faut commencer à petite échelle et évaluer pour voir ensuite comment aller plus loin. Ce que nous voulons faire en réalité, cest structurer le socle commun de connaissances et de compétences aussi bien à léchelle individuelle de lélève quà toutes les échelles collectives, échelles de la classe de lécole, de la circonscription, du département, de lacadémie, du pays.
évaluation-bilan et évaluation diagnostique
En fait, cette structuration du socle dans le temps signifie quil y a des moments-clefs dans la vie de lélève où lon regarde où il est arrivé. Cest le cas en fin de CE1, en fin de CE2 ce sera le cas, on peut le penser, en fin de 5ème. Non pas pour un quelconque palier dorientation, on serait alors dans lévaluation-sanction évoquée à linstant, mais au contraire pour faire le point sur la situation dans laquelle il est, sachant quil ya un point sur lequel jinsiste souvent beaucoup. Cest que lon ne doit jamais opposer évaluation-bilan et évaluation diagnostique ; il faut évidement les deux. Et même lorsque lon fait une évaluation-bilan de fin dannée, elle doit évidemment servir au début de lannée suivante pour justement créer ce continuum au service de lélève. Et par ailleurs, nous avons déployé par les temps qui courent des évaluations diagnostiques toujours plus fines et plus nombreuses, dont les enseignants pourront se servir de la façon quils souhaiteront ; ce qui est naturel pour une évaluation diagnostique parce ce que les évaluations diagnostiques ne supposent pas des remontées nationales.
Une approche qualitative de lévaluation
En revanche, les évaluations-bilan permettent non seulement de venir en appui de lélève mais elles permettent aussi davoir une idée de ce qui se passe collectivement. Alors, il ne sagit pas dans ce cas dévaluations chiffrées mais bien dune évaluation qualitative puisque ce sont des dizaines ditems qui sont remplis par les élèves. Cette évaluation qualitative à toutes les échelles du système est extrêmement utile pour son évolution. Aujourdhui quand un recteur vient au ministère parler de la situation de son académie, nous regardons ce qui se passe en CE1, en CM2, c'est-à-dire en fin de cycle 2, en fin de cycle 3, en français, en mathématiques. On regarde les faiblesses des élèves ; on essaie de comprendre ce qui a failli en matière de formation sur tel et tel sujet, en matière danimation pédagogique, pourquoi tel département voisin dun autre et comparable à lui réussit moins bien sur un sujet etc.
Ceci peut se produire à toutes les échelles et cest est un vecteur de progrès. Dailleurs sur certains points, notamment dailleurs en mathématiques dans le Premier Degré, nous commençons à enregistrer de premiers rebonds de performance des élèves, qui sont modestes à ce stade, mais que lon attribue à une série de mesures qui ont pu être prises pour renforcer lacquisition des fondamentaux dans le 1er degré.
Les effets en retour des évaluations
Donc, lévaluation a, je dirais, pris dans ce sens-là, trois catégories de vertus. Une vertu en amont, les acteurs anticipent lévaluation. Quand on critique cet aspect, on dit que lon va faire bachoter les évaluations, que lon va avoir des acteurs trop centrés sur ce que contient lévaluation, mais en réalité lorsque les choses sont bien faites, on a pas du tout ce risque même sil faut évidemment le prendre en compte puisque, bien au contraire, on a des gens qui savent à quoi se référer. Un petit peu comme le baccalauréat qui nest pas une évaluation mais un examen mais pour lequel de la même façon, on a un point de repère final qui permet au système de se caler, ce qui me fera la transition tout à lheure avec lévaluation par confiance puisque cest un peu près la même idée. On sait le genre de choses que lon attend en fin dannée. Simplement, on sy prépare, on sy attend et on le fait.
Ensuite, il y a lintérêt intrinsèque de lévaluation. Je ny reviens pas, je lai dit, c'est-à-dire lévaluation à toutes les échelles pour commencer par celle de lélève lui-même. Et puis en troisième lieu, il y a les effets en aval de lévaluation, cest-a-dire lutilisation que lon peut faire de lévaluation pour lélève. Ce nest évidemment pas laspect le plus inintéressant ; cest laspect le plus concret, le plus pratique, celui qui permet de déployer une aide personnalisée. Donc cette logique permet à lévaluation dans le temps extrêmement importante. On la retrouve dans le cas des évaluations communes à toute la France, et aujourdhui cest chaque année 800 000 élèves par corde qui passent ces évaluations, mais on la retrouve aussi pour dautres logiques dévaluations.
Le concept-clef du contrat de confiance
Je crois maintenant que si lon veut aborder la question du contrat de confiance, on tient là un concept clé qui doit traduire une très grande évolution souhaitable pour le système scolaire français. On en parlait à linstant avec Philippe Joutard, cétait avant que je prenne la parole, il me citait un exemple comme on en a tant, délèves français en situation internationale, en situation de comparaison. Ces élèves, excellents par ailleurs et dun excellent niveau scolaire lorsquil sagissait de sexprimer en public avec dautres élèves excellents aussi, issus dautres cultures et dautres systèmes scolaires, avaient de fait beaucoup plus de mal à sexprimer, à sortir de certaines inhibitions. Nous savons bien que cest un de nos défauts, et dailleurs, cest un peu le défaut de nos qualités, et il ne faut simplement pas perdre les qualités en question. Le cartésianisme français et certaines méthodes déductives sont de beaux socles pour la culture mais nous devons combattre nos défauts ; notamment une culture plutôt descendante des choses, une culture qui laisse beaucoup trop peu la parole à lélève, sans pour autant ne plus tomber dans la caricature de nos solutions.
Faire converger bienveillance et exigence
Nous savons bien que dans les décennies passées, les meilleures intentions ont parfois débouché sur des erreurs pédagogiques et que ces erreurs aujourdhui nous sont renvoyées au visage lorsque lon fait des réformes qui vont dans le sens justement, pour parler en termes très généraux, dune bienveillance vis-à-vis de lélève ; cette bienveillance allant de pair avec une exigence. Je crois que cest un grand point daccord que lon a avec André Antibi, on en a parlé encore récemment : cest la convergence entre bienveillance et exigence. Je crois que le risque dans ce que nous voyons en ce moment, cest le fait que des critiques puissent surgir en nous disant quau fond on voudrait supprimer les notes, ce qui nest pas exact, que lon voudrait gommer les difficultés et que de ce fait, il y aurait une forme de démission du système vis-à-vis de la difficulté de lélève. Je sais que je parle devant des gens qui en sont convaincus et cest évidemment tout le contraire de ça. Il sagit de sappuyer sur les forces de lélève, de montrer de la bienveillance à lélève, de donner un statut à lerreur dans notre système, de faire naître en France le droit à lerreur. Cest vrai comme chez les enfants, comme chez les adultes, de développer la capacité dinitiative, la capacité dadaptation, ce en donnant un autre statut à lévaluation, en donnant un autre statut, même à lexamen cest à dire un statut de valorisation de compétence, un statut de validation dune capacité, un statut de consécration dun niveau quon a pu atteindre. Et donc, sans rien perdre de ce quil peut y avoir de positif dans nos modes classiques dévaluation, notamment lémulation, le plaisir de réussir, la conscience que lon a quand on a échoué, toutes ces choses qui sont importantes à conserver mais qui ne doivent pas être à lencontre de la réussite de lélève, qui doivent être mises au service de lélève grâce à une évaluation par compétences qui sache faire droit à la personnalisation des parents.
Trois exemples réels de traitement de lévaluation
Je terminerai très vite en vous donnant trois exemples très rapides qui sont très récents pour moi, puisqu ils résultent de mes déplacements sur le terrain des 2 dernières semaines. Un exemple à Montpellier, un exemple à Strasbourg, et un exemple qui date dhier à Lille.
À Montpellier, jai discuté pendant un quart de journée avec des professeurs dune équipe dun établissement. Dans cet établissement, les professeurs modifient lemploi du temps pratiquement tous les 15 jours en fonction de lévaluation par compétences quils réalisent des élèves. Autrement dit, vous prenez une classe de 5ème par exemple, vous découpez le programme de mathématiques en 5 phases. Par exemple, lélève X va réussir sa première épreuve le 20 septembre, lélève Y la rate le 20 septembre. Alors on va tout mettre en uvre du 20 septembre au 5 octobre pour que lélève Y réussisse ce quil na pas réussi le 20 septembre. Pendant ce temps, avec lélève X, on fait ce quil faut pour quil passe à létape 2, mais on va donner plus dheures de maths à lélève Y pour quen fin dannée tout le monde se retrouve avec lacquisition des compétences.
À Strasbourg, dans un collège qui a expérimenté Cours le matin Sport laprès-midi, lévaluation par compétences a conduit les professeurs tout simplement à élaborer leurs outils dévaluation. Cest, je crois, un point très important : voir comment les professeurs se saisissent dune logique dévaluation et sont contents aussi de dégager des critères auxquels finalement linstitution naurait pas pensé. Dans un cas comme celui-ci, par exemple, des critères en matière de santé, en plus de critères de réussite scolaire.
À Lille, en troisième lieu, on voit des enseignants qui là aussi cest le facteur commun à tous ces exemples travaillent en équipe, ont une connaissance très personnalisée des élèves, mais qui se sont répartis le travail pour laccompagnement éducatif, de façon à tenir compte des difficultés et à voir lequel dentre eux est le compétent pour assurer cette aide personnalisée à lélève qui en a besoin.
Lappui dune ligne directrice et de linitiative locale
Comme vous le voyez, il y a à la fois des éléments communs dans ces trois exemples. Des exemples comme ça, je sais que chacun dentre vous peut en citer des dizaines, puisque beaucoup de choses existent sur le terrain sur ces questions. Mais ce quils ont en commun ces exemples, cest le travail en équipe, une approche par compétences au service de la transmission des connaissances. Et de nouveau, je souhaite ardemment que lon en finisse avec des fausses oppositions entre transmissions des savoirs et validation des compétences, cest bien entendu lun au service de lautre. La vocation fondamentale de lÉcole, cest de transmettre des savoirs, la question est quelle le fasse effectivement et que ca réussisse. Et donc cest un point majeur. Donc, il y a des facteurs communs. Le troisième, cest lévaluation en fonction dune bienveillance vis-à-vis de lélève, ce qui pour moi est un mot clé. Mais elles ont en même temps des spécificités, là cela renvoie à notre capacité à faire confiance aux professeurs. On ne peut pas dire à la fois que lon veut désinhiber les élèves et donner des injonctions trop encadrantes pour les professeurs. Il faut à la fois quon ait une ligne directrice, un élément dappui. De ce point de vue là, vous pouvez regarder sur le site EDUSCOL, les instruments que nous donnons aux professeurs pour cela, donc un point de référence et en même temps une capacité dinitiative qui désinhibe tout les acteurs, les professeurs, mais au travers des professeurs, bien entendu, les élèves
.Didier Geiger,
Directeur de lIUFM de CréteilMadame la vice Présidente du Conseil régional, Monsieur le Directeur Général de lenseignement scolaire Messieurs les Recteurs, puisquil y a des recteurs dans cette assemblée ; Monsieur le Député, Mes chers collègues, Mes chers Amis, lorsque André Antibi et Gérard Lauton mont sollicité pour nous associer à ce colloque, lIUFM de lAcadémie de Créteil a tout de suite répondu présent.
Les IUFM, la formation des enseignants, lévaluation
Les IUFM, nous en avons beaucoup parlé, une certaine presse en a énormément parlé, soit pour les critiquer, soit pour au contraire les mettre en valeur lors de la réforme qui est en cours des nouvelles modalités de formation et de recrutement des enseignants. Mais lIUFM a souhaité sy associer parce que nous sommes effectivement toujours présents dans le monde de la formation des enseignants. Sil ny avait pas dIUFM aujourdhui, je crois quaucun des dispositifs de master qui conduisent à ce métier ne pourrait exister aujourdhui, et je pense que dans bon nombre dacadémies, le Directeur Général de lEnseignement Scolaire le sait, la formation des fonctionnaires stagiaires ne pourrait avoir lieu dans de nouvelles modalités. Alors parmi les éléments de formation des futurs enseignants, il est évident que lévaluation des élèves tient une place tout à fait importante.
Le Directeur Général vient de dire quelques mots de cette évaluation, et cest vraiment à la fois pour nos équipes enseignantes, mais aussi pour toutes les équipes qui sintéressent à la recherche dans le monde de léducation, un sujet qui doit être tout à fait prégnant, un sujet de première importance, dautant plus que nous touchons là un domaine qui est celui de lexpérimentation, et de lexpérimentation sur une population qui est vivante, sur une population qui, en ayant été bien formée ou mal formée, et ceci dès le primaire, aura une vie active extrêmement longue. Et cela, dès les premiers éléments denseignement, on pourrait dire déjà dès la maternelle, dès les premières évaluations qui pourraient avoir lieu à la fin de la maternelle, à la fin de tous les cycles de lécole primaire, à la fin du collège, à la fin du lycée, et je pourrais même dire à la fin des études supérieures.
Tout ceci peut enchaîner complètement une vie de quelquun qui aura une expérience professionnelle selon les cas pendant 30, 40 ans voire plus. Cest pourquoi nous avons souhaité nous associer à cette manifestation. Je ne vais pas être plus long, je crois quil faut pouvoir entrer le plus vite possible dans le cur même du sujet.
Jaurais souhaité également excuser Madame Simone Bonnafous, Présidente de lUniversité Paris-Est Créteil, qui aurait aimé être des nôtres aujourdhui, mais qui est retenue par une autre manifestation. Je crois que Christian Régnaut va également dire quelques mots. Merci.
Christian Régnaut
Vice-Président du CEVU de lUPEC
Je voudrais simplement rappeler pourquoi lUPEC est relativement très présente dans ce Colloque. Cela tient tout dabord au fait que Gérard Lauton et donc Monsieur Antibi, y avaient déjà tenu un premier colloque en 2009. Nous avions ainsi déjà accueilli cette manifestation concernant la constante macabre dans notre université. Nous connaissions donc linvestissement dAndré Antibi et de Gérard Lauton, ainsi que de leurs partenaires, sur ce sujet de la constante macabre.
Je voulais simplement rappeler que lUPEC est très concernée par ce problème dévaluation. Pour quelles raisons ? Parce que, comme vient de le rappeler Didier Geiger, lIUFM de Créteil a été intégré à notre université ; lIUFM dans sa relation organique avec lensemble des établissements de lAcadémie, dans la réalité de ses différents sites qui se sont donc ainsi rattachés à luniversité Paris-Est Créteil il y a quelques années.
Madame Simone Bonnafous, qui a été Vice-présidente de la Conférences des Présidents dUniversité (CPU), sest investie en particulier dans la Commission de la Pédagogie. Elle est donc particulièrement soucieuse de ces questions pédagogiques. Nous avons fortement adhéré au Plan Licence 1 et maintenant nous en sommes au Plan Licence 2 qui est justement basé sur la lutte contre léchec dans lenseignement supérieur au niveau Licence. Il y a beaucoup moins de problèmes au niveau Master. On est au cur du programme de ce Colloque.
Notre établissement se vit comme la grande université à lEst de Paris, avec également aujourdhui son PRES Pôle dEnseignement Supérieur et de Recherche. Ainsi, Notre université Paris-Est Créteil forme un ensemble avec luniversité de Marne-La-Vallée, mais aussi avec les Grandes Écoles de ce territoire qui comprend maintenant le site de Val dEurope et laire de Dysneyland. Cest donc une vaste zone avec le Val de Marne, la Seine et Marne, une population très importante, très diversifiée qui connaît des problèmes sociaux-économiques importants.Dans un tel contexte avec ses dimensions sociales, économiques et politiques, il est très important pour nous de faire le maximum pour les enfants de la région, de fixer nos jeunes dans ces territoires-là, ce qui ne veux pas dire quils nauraient pas le droit daller à Paris-Centre, mais nous nous revendiquons en tant que région de banlieue, à la frontière Paris-banlieue, dans la perspective du Grand Paris. Je voulais simplement dire que lensemble de ce territoire, avec sa population très nombreuse, est effectivement très importante au niveau de lÎle de France en termes demplois futurs, avec son activité économique appelée à connaître une expansion.
Alors, pour revenir sur le problème de la constante macabre, je dirais que nous avons sensiblement les mêmes problèmes que lon peut rencontrer dans lenseignement secondaire. Nous nous efforçons de valoriser nos étudiants. Nous avons notamment pour cela le dispositif du Portefeuille dExpériences et de Compétences (PEC). Ce qui se fait au Lycée peut être repris de la même façon en Licence, où les étudiants sont amenés à sexprimer et à se mesurer par eux-mêmes, à sauto évaluer au fur et à mesure quils progressent dans leur formation.
Pour terminer, je voudrais évoquer ce qui me paraît comme un point important pour les universités. Lévaluation des étudiants se traduit par des examens ; il ne sagit pas donc dévaluer pour faire de la sélection. La sélection, elle sexerce déjà au travers des concours des Grandes Écoles, mais aussi au début des études de Santé, etc. Un examen, pour nous, cest fait pour évaluer effectivement à divers stades le niveau dun étudiant, et en aucun cas on ne doit se servir de lévaluation pour faire de la sélection. Sinon luniversité perd son sens.
On peut sinspirer de ce qui se fait à ce sujet au Canada : cest un niveau qui est requis, on ne va pas dire un niveau minimum, mais en tout cas un niveau correct, pour avoir son diplôme, et on devrait pouvoir amener à ce niveau au moins, pour direun chiffre comme cela, au moins 80% voire 90 % de nos étudiants. Cest ce qui se passe au Québec et dans bien dautres pays.
On voit quils arrivent bien à amener 90 % de leurs étudiants au moins à un niveau correct pour un employeur, sans parler des meilleurs évidemment. Après, on observe une croissance exponentielle de léchelle des notes, mais il y a pas cette espèce délimination systématique détudiants trop souvent constatée, et qui induit le découragement.
Donc, pour nous, il y a lieu dêtre attentif à cet aspect de notre système qui limite limpact du Plan Réussite en licence. Madame Bonnafous est tout à fait sur cette longueur donde là. Une juste évaluation dépend bien entendu de toutes les modalités de laccompagnement, du soutien, des contrôles continus, en visant à ce que létudiant reprenne confiance.En tout cas, on constate aujourdhui que les idées de Monsieur Antibi ont fait beaucoup de progrès et sont montées en puissance au niveau national. En atteste le fait que Madame This Saint Jean est ici, ainsi que Monsieur le Recteur Blanquer, dont je rappelle quil a aussi été le Recteur de lAcadémie de Créteil.
Je pense que si ces personnes sont là aujourdhui, cest bien quil y a une plus grande sensibilité à ce problème de lévaluation et des échelles de notes qui sont trop souvent une source déchec, et il faut évidemment se pencher sur le problème. Voila, ce que je voulais dire pour aujourdhui.
Mathieu Hanotin
Vice-président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Dabord merci de me donner la parole, Monsieur Antibi. Bonjour à tous, je souhaitais donc intervenir ce matin dans ce débat, dabord parce que on me la proposé, et sans doute parce que je suis Vice-président du Conseil Général dun département, la Seine Saint Denis, qui est pleinement confronté à la problématique de léchec scolaire.
Un tel constat nous a tous fait réfléchir avec lAFEV nous participons régulièrement à ses initiatives avec lensemble des acteurs, avec lÉducation Nationale, sur comment est-ce que lon parvient aussi à trouver des idées et des clés de solutions dans un premier temps.
À ce sujet, je voulais tout dabord ici apporter puisque cest un petit peu le jeu mon soutien à linitiative de ce Colloque, à toutes ces réflexions qui sont menées parce que lon ne peut pas en rester dans létat dans lequel on est aujourdhui. Tout dabord, je pense que les éléments qui doivent justement nous faire réfléchir, face au constat dun décrochage scolaire massif dans notre système, sur comment on arrive à apporter des solutions. Encore une fois pas seulement pour ceux qui réussissent, parce que le constat que je peux faire en tant quélu de Seine Saint Denis, cest que nous avons un système qui marche plutôt bien, même en Seine Saint Denis, quoi qui puisse être dit, pour ceux qui réussissent, pour ceux qui sont accompagnés dans leurs parcours de réussite. Par contre, ce système lessive complètement les jeunes qui dès 12 ans, dès 13 ans se retrouvent dans une situation déchec, avec une déclinaison très variable, ça va des exclusions scolaires, derrière les questions souvent dun décrochage social, de la violence, etc.
Donc, quand on réfléchit justement aux origines de ces phénomènes, on est amené à sinterroger et à identifier les constantes des élèves qui se sont retrouvés à un moment donné en situation déchec. À ce propos, jai pris connaissance de la réflexion menée par Monsieur Antibi et par son association autour justement de la question de lévaluation, et elle ma vraiment parue cruciale. Donc, je le lui ai dit, même si je ne suis pas sûr évidemment que ce soit la seule question. Je ne suis pas sûr que cest en changeant lévaluation que lon changera la donne sur lensemble des problèmes. Mais encore une fois, il faut les prendre un par un et essayer dapporter des pierres qui permettent, je suis daccord avec cela, de regagner la confiance. On peut la regagner par le biais de lévaluation en tant que telle sur ce qui est au programme, mais aussi en intégrant dans cette dimension dévaluation ce qui peut aider à raccrocher à un parcours de réussite les jeunes au travers de leur parcours éducatif au sens large. Les questions culturelles par exemple, les questions des dispositifs un petit peu extérieurs menés pour partie par les collectivités locales, comment est-ce que ça peut faire également partie dun parcours de réussite dun jeune. Je peux vous faire part de mon expérience, notamment concernant un certain nombre de jeunes, y compris certains qui sont très très loin dans le décrochage scolaire, des jeunes qui pour certains sont décrocheurs au sein dune SEGPA. Je pense à un exemple très précis dans un collège à Pantin. Dans ce cas, on a pu grâce à un projet culturel les raccrocher à une logique dacquisition de connaissances, de compétences, de savoirs, dun point de vue général, et il a suffi dun ou deux déclencheurs qui nétaient peut être pas forcément ceux identifiés explicitement dans le programme, mais qui ont permis de se remettre dans le train. Donc voila, cest aussi à cela que je pense important de réfléchir ensemble. Les questions de lévaluation au sein de la classe, elles sont prioritaires, et on peut voir comment elles amènent aussi à élargir le champ à lacte éducatif au sens large. Merci.
Introduction au Colloque 2011 par
André Antibi, Président du MCLCM
Nos colloques annuels se succèdent. À loccasion de cette quatrième rencontre, il me semble nécessaire de faire le point sur notre combat qui a pris naissance il y a huit ans déjà !
En ce qui concerne lexistence de la constante macabre, on peut considérer que notre action a été efficace. Ce dysfonctionnement, qui « pourrit » notre système éducatif, est reconnu par pratiquement tous les partenaires du système éducatif, par les enseignants eux-mêmes. Il en est souvent question dans les médias.
Concernant sa suppression effective sur le terrain, la situation est malheureusement moins encourageante, malgré lexistence dune solution possible, la mise en pratique du système dévaluation par contrat de confiance (EPCC). Un très grand nombre de professeurs mettent déjà en pratique ce système basé sur la confiance et le travail, 30 000 environ. On pourrait sen satisfaire. Mais, malgré les efforts de notre mouvement (MCLCM), la majorité des enseignants se trouve encore en dehors de cette problématique. En clair, il devient nécessaire que les instances officielles manifestent un soutien plus net à notre combat, sans pour autant contraindre nos collègues enseignants et les parents délèves sans explications, et sans quils aient été préalablement convaincus du bien-fondé de cette action.
Depuis cinq ans, nous demandons un simple courrier officiel signalant que notre pays est victime de la constante macabre, que cette situation est anormale, quune moyenne de classe de 10 sur 20 signifie en général que la moitié des élèves environ est en échec, et donc quil faut changer de politique dans le domaine de lévaluation, que de très nombreux élèves sont injustement en échec, malgré leur travail et leurs acquis, que les premières victimes de la constante macabre sont les enfants de milieu défavorisé,
Une telle prise de position semble impossible, malgré le soutien quasi unanime des partenaires du système éducatif, toutes tendances confondues. Nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas comprendre cette situation.
Il me semble utile dinsister sur un point important : les enseignants sont tout à fait disposés à évoluer, à se remettre en question ; mais il faut expliquer, discuter, débattre, convaincre, et non pas imposer comme cest malheureusement trop souvent le cas. Cette affirmation nest pas la conséquence dune certaine forme de naïveté de ma part. Ainsi par exemple, sur 3020 enseignants interrogés après mes conférences, 96% reconnaissent que la constante macabre existe (1% ne le reconnaissent pas) et 89% pensent quil faut la supprimer (1% pensent le contraire).
Notre système éducatif souffre dun manque de confiance, entre les professeurs, les élèves et leurs parents, mais aussi entre les professeurs et les décideurs trop souvent en décalage avec les préoccupations des enseignants. Ainsi par exemple, il est inadmissible que de nombreux enseignants soient obligés de réaliser une évaluation par compétences en étant astreints à répondre à des questions, trop imprécises, trop nombreuses ou trop ambitieuses, dont on ne comprend pas toujours le sens.
Il faut garder lespoir, faire confiance à lénorme majorité de nos collègues enseignants, et renouveler notre demande de soutien plus net et plus fort au Ministère. Malgré des périodes de découragement quil nous arrive de traverser, nous navons pas le droit darrêter notre combat.
Cest dans cet esprit que ce colloque est organisé, grâce à de précieux soutiens : Ministère de lÉducation nationale, Conseil Régional dÎle de France, Université Paris Est Créteil et sa composante, lIUFM de lAcadémie de Créteil, Conseil Général du 93, Café Pédagogique, IREM de Toulouse. Un grand merci aux très nombreux intervenants qui ont bien voulu accepter notre invitation et manifester ainsi leur soutien à notre action.
Pour terminer, je tiens à remercier les Membres du Comité de Programme de ce colloque, Jean-Louis Auduc, Arnold Bac, Corinne Croc, Philippe Joutard, et tout particulièrement mon collègue et ami Gérard Lauton, Président du Comité dorganisation de ce colloque, chargé de la réalisation des Pré-Actes, pour son dévouement sans limite et lénorme travail quil a effectué.
André Antibi, Président du Mouvement contre la Constante macabreConstante macabre, évaluation par contrat de confiance (EPCC), et évaluation par compétencesUniversité Toulouse 31. La constante macabre : de quoi sagit-il ?
Imaginez un professeur excellent avec des élèves excellents. Si dans un tel contexte, toutes les notes sont bonnes (elles devraient lêtre bien sûr), le professeur est montré du doigt, et est considéré comme un professeur laxiste, voire pas très sérieux. Les parents délèves et les élèves eux-mêmes suspecteraient a priori un professeur dune matière importante dont la moyenne de classe serait souvent de 14 ou 15 sur 20.
Ainsi, sous la pression de la société, les enseignants semblent obligés, pour être crédibles, de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes, même dans les classes de bon niveau : une constante macabre en quelque sorte.
Il y a quelques cas où ce dysfonctionnement existe peu ; par exemple dans les matières considérées, à tort, comme secondaires (musique, arts plastiques, éducation physique et sportive), dans lenseignement professionnel. Ces exceptions sont encourageantes car elles montrent que la constante macabre nest pas liée en profondeur à la nature des français, puisque il suffit de changer de matière pour ne plus la rencontrer.
Les enseignants sont-ils conscients dun tel dysfonctionnement ?
Non, en général. Moi même, durant les vingt premières années de ma carrière denseignant, jétais convaincu quun «bon » sujet dexamen devait donner lieu à une moyenne de 10 sur 20, quelles que soient les conditions de travail et les qualités de lenseignant et des élèves. Or, avec une moyenne de classe de 10 sur 20, la moitié des élèves environ est en situation déchec. Cest aberrant, absurde, grotesque quand on en prend conscience, et pourtant cela est vrai. Une tradition ridicule qui se perpétue de génération en génération : il est très difficile de remettre en cause un système dans lequel on baigne.
Cependant, après mes conférences sur ce thème, une énorme majorité denseignants (96%) reconnaît lexistence de ce phénomène, surtout lorsque jexplique comment nous faisons, inconsciemment, pour obtenir une telle constante : difficulté des questions, longueur du sujet, barème
Ce résultat encourageant a été obtenu par une enquête réalisée dans quinze académies auprès de 3020 enseignants à la fin dune réunion sur ce thème à laquelle ils étaient tenus dassister.*
Pourquoi ce phénomène est-il inconscient ?
Je propose trois réponses possibles à cette question :
la tradition
Lêtre humain naime pas ne pas faire comme tout le monde ; donc lorsquune situation existe, on la reconduit sans se poser de questions, tout bêtement en quelque sorte. Certains aimeraient peut-être y voir des raisons hautement politiques ; je suis convaincu du contraire. Cette conviction est dailleurs étayée par lorigine des soutiens au mouvement contre la constante macabre : on y retrouve une très grande diversité de sensibilités, dans lenseignement public et dans lenseignement privé.
*Signalons que pratiquement tous les partenaires du système éducatif reconnaissent lexistence de la constante macabre et souhaitent sa disparition : Ministère, syndicat dInspecteurs dacadémie, associations des Directeurs Diocésains, de Parents délèves, syndicats de Professeurs, de Chefs détablissement, détudiants, de lycéens,
(voir site mclcm.fr)
La courbe de Gauss :
On pense quune répartition de notes est un phénomène naturel, et donc quil est normal quelle donne lieu à une courbe de Gauss. Or une répartition de notes nest évidemment pas un phénomène naturel analogue par exemple à une répartition de tailles ou de poids dindividus. Dautre part, même si cétait un phénomène naturel, pourquoi une telle courbe serait-elle centrée à 10 ?...
Une remarque à ce sujet : ce qui est un phénomène naturel, cest la vitesse dacquisition dune notion par un élève. Il ny a aucune raison pour que tous les élèves comprennent une notion nouvelle à la même vitesse. Mais lors dune évaluation, si les règles du jeu sont bien définies, la situation est tout à fait différente : deux élèves ayant consacré un temps différent à leurs révisions, peuvent avoir les mêmes résultats si les compétences exigibles sont acquises.
Confusion entre phase dapprentissage et phase dévaluation*
Pendant la phase dapprentissage, il est normal que certains élèves éprouvent plus de difficulté que dautres ; Par suite, si on ne prend pas garde à différencier cette phase et la phase dévaluation, on pourrait en déduire que le phénomène de constante macabre est normal. Signalons à ce sujet que la phase dévaluation représente une très petite partie du temps denseignement, 10% environ. Pendant la phase dapprentissage, il est souhaitable de proposer aux élèves des activités riches, parfois sources dobstacles ; sans oublier bien-sûr de motiver les bons élèves.
Quelques conséquences catastrophiques de ce dysfonctionnement
- Chaque examen est un concours déguisé. La lutte contre léchec scolaire restera donc vaine.
- Échec injuste et artificiel de nombreux élèves qui, faisant partie des moins bons élèves dune classe, ont une mauvaise note malgré leur travail et la compréhension des notions de base.
- Perte de confiance dans les rapports entre élèves et enseignants.
- Perte de confiance en soi des élèves français.
- Trop nombreux cours particuliers : il ne suffit pas de comprendre pour sen sortir; il faut absolument éviter de faire partie du mauvais « tiers » de la classe.
- Mal-être des élèves français à lécole. À ce sujet, une enquête internationale PISA est particulièrement éloquente : sur 41 pays (250000 élèves interrogés), la France occupe la dernière place dans le domaine du bien-être à lécole.
- Baisse inquiétante du nombre détudiants dans les filières scientifiques. Plus précisément, la sélection des élèves sappuie souvent sur leurs résultats en math et en physique (à une époque, cest le latin qui jouait ce rôle). Par suite, ces disciplines, pourtant passionnantes, sont considérées comme difficiles et plaisent moins.
Comment les enseignants obtiennent-ils « leur » constante macabre ?
Jai repéré dix pièges dans lesquels les enseignants tombent inconsciemment pour ne pas échapper à la constante macabre. .A titre dexemples, en voici cinq dont je suis pleinement victime.
La question cadeau : il sagit dun phénomène bien français : « En France, si un professeur est convaincu que tous les élèves répondront à une question, il ne la pose pas »
* Dans cet article le mot « évaluation » signifie « évaluation sommative »
Des sujets bien équilibrés : lorsque lon élabore le sujet de contrôle, on commence par des questions faciles (mais pas cadeau
), puis on y met des questions de plus en plus difficiles, et à la fin des questions pour les meilleurs quil ne faut surtout pas oublier. Je dois avouer que lorsque je fais un sujet de ce type, jéprouve un réel sentiment de satisfaction, sans me rendre compte quen réalité je construis « ma courbe de Gauss »
Barème : pour illustrer ce point, je vais dabord présenter une situation que jai souvent connue. Je dois corriger un paquet de copies ; Je prends mon courage à deux mains, je fais un barème, et je commence à corriger. Première copie : 19 sur 20, deuxième copie : 18,5, troisième copie : 19,5. Je devrais être satisfait, me dire que les élèves ont bien travaillé, que jai bien expliqué. Eh bien NON ! Je nai jamais pensé cela. Je me dis que ça ne va pas, et, très naturellement, sans aucune pointe de méchanceté, convaincu du bien-fondé de ma démarche, je réajuste mon barème pour que les notes soient plus « normales », c'est-à-dire(en France) plus basses
Des sujets trop longs : quand on a limpression que le sujet risque dêtre trop facile, on le rallonge. Il sagit en quelque sorte dun phénomène de compensation
Au sujet de la longueur des sujets, on ne peut que déplorer une lacune énorme dans les programmes officiels : il ny a pas un mot susceptible daider les enseignants à élaborer des sujets de longueur convenable. Cela semble surréaliste, mais cest malheureusement vrai !
Faire en sorte que le meilleur élève ne termine pas avant la fin du temps imparti : on ne se rend évidemment pas compte quen élaborant un sujet dans cet esprit, on « macabrise » son évaluation, car il ne sagit plus de tester des compétences clairement définies. Il convient au contraire se dire quil est normal que les meilleurs élèves terminent avant la fin de lépreuve ; Il suffit alors de poser une question difficile hors-barème et non notée pour valoriser comme il se doit ce type délèves.
Ce phénomène est-il présent dans dautres pays ?
Non en général, sauf dans quelques pays qui, traditionnellement, sinspirent du modèle éducatif français : Afrique francophone, Espagne, quelques pays dAmérique latine, Belgique.
2. Une solution possible : lévaluation par contrat de confiance (EPCC)
Principal objectif : permettre concrètement et simplement à lenseignant de se « libérer » de la constante macabre.
Un système dévaluation destiné à éradiquer ce phénomène a été expérimenté pendant trois ans. Il sagit du système dévaluation par contrat de confiance (EPCC). Ce système est très facile à utiliser et ne nécessite aucun moyen supplémentaire(2). Il est déjà mis en pratique par des milliers denseignants.
Cette méthode dévaluation repose sur le principe de base suivant : lélève doit prendre conscience du fait que les efforts quil fournit ne sont pas vains, que le travail est une valeur importante.
Réalisation pratique
Programme de révision : une semaine environ avant chaque contrôle de connaissances, l'enseignant donne un programme très détaillé de révisions; plus précisément, il choisit et communique une liste de points (cours, exercices,
) « balayant » toutes les notions fondamentales du programme officiel, déjà traités et corrigés en classe. L'élève est informé que les 4/5 environ de l'épreuve du contrôle porteront sur certains des points de la liste. Précisons quil ne sagit nullement de communiquer le sujet du contrôle à lavance!
Cette liste, qui peut contenir certains points des programmes précédents, doit être telle quun apprentissage par cur immédiat soit impossible.
Séance de questions-réponses : un ou deux jours environ avant l'épreuve, l'enseignant organise une séance de questions-réponses au cours de laquelle les élèves peuvent demander des explications ou des précisions sur certains points mal compris.
Élaboration et correction du sujet : le sujet du contrôle doit être de longueur raisonnable ; il est normal que les meilleurs élèves terminent avant la fin du temps imparti. On peut leur proposer des questions difficiles non notées. Dautre part, les règles de rédaction, malheureusement absentes des programmes officiels, doivent être précisées par lenseignant.
Les résultats
Les expérimentations de ce système font apparaître très clairement les points suivants :
La constante macabre est supprimée.
Les élèves font leurs révisions en confiance, bien moins stressés.
Les moyennes de classe augmentent de 2 à 3 points sur 20 mais cette augmentation n'est pas uniforme: certains élèves découragés jusqu'ici mais travailleurs augmentent leur moyenne de 5 à 6 points.
Les notes restent étalées, mais cette fois les élèves qui n'ont pas de bons résultats sont responsabilisés : ils savent pourquoi: trop de lacunes antérieures, manque de travail...
Une très forte majorité d'élèves aime ce système.
Point très important : les élèves, mis en confiance, travaillent beaucoup plus. Ainsi, ce système n'est en rien laxiste. Il est destiné à supprimer la constante macabre mais aussi à encourager et récompenser le travail.
Je suis convaincu que le système EPCC serait utile même dans les pays où il ny a pas de constante macabre. En effet, dans ce cas, il arrive souvent que les bonnes notes soient la conséquence de sujets trop faciles. Avec lEPCC, les listes de révision contiennent tous les points du programme, et les exercices posés au contrôle peuvent être faciles ou plus délicats
3. LEPCC pour réaliser efficacement une évaluation par compétences
Un système dévaluation par compétences offre un avantage indiscutable : il permet de mieux repérer les parties du programme acquises par lélève, et celles qui ne le sont pas encore. Mais très souvent, il est difficile à mettre en place par lenseignant : classes trop chargées, rédaction imprécise des compétences,
Jai participé à de nombreuses rencontres avec des professeurs à ce sujet. Il en ressort nettement que les enseignants sont perturbés par cette nouvelle façon dévaluer les élèves, certains avouant même quils remplissent parfois des grilles de compétences en mettant des croix presque au hasard
Le système EPCC peut permettre de remédier à cette situation préoccupante. Plus précisément, on peut associer à chaque compétence une liste de points bien précis (définitions, théorèmes, démonstrations, textes littéraires,
). Ces points constitueront alors une liste de contrôle(s) de révision EPCC. Selon la note obtenue à ce(s) contrôle(s), lélève aura acquis ou non la compétence.
En cas de non acquisition, lélève pourrait avoir la possibilité, en fin de chaque trimestre par exemple, de bénéficier dun nouveau contrôle EPCC portant sur la compétence non acquise.
Ce nest pas lévaluation par compétences en tant que telle quil faut rejeter, mais la présentation qui en est faite actuellement aux enseignants, beaucoup trop éloignée des réalités de terrain. Contrairement à ce que certains pourraient penser, je peux affirmer que les professeurs sont prêts à faire évoluer leur enseignement, mais il faut que les changements soient proposés en concertation, avec eux, dans un vrai climat de confiance.
A ce sujet, lenquête que jai effectuée auprès de 3020 enseignants de 15 académies est particulièrement significative. Après lune de mes conférences-débats sur le thème de la constante macabre et de lEPCC, ils devaient répondre par écrit, de façon anonyme, aux trois questions suivantes
- la constante macabre existe-t-elle ? ( réponses : OUI : 96% - NON :1% )
- faut-il la supprimer ? ( réponses : OUI : 89% - NON : 1% )
- êtes vous favorable à lEPCC ? ( réponses : OUI :84% - NON : 1% )
Il convient de bien comprendre que lorsquun enseignant reconnaît que la constante macabre existe, il reconnaît quil a évalué certains élèves de manière injuste, sans sen rendre compte ; quil a fait souffrir des élèves inconsciemment. Il sagit donc dune forte remise en cause, qui honore le corps enseignant.
4. Constante macabre et évaluation par compétences
Est ce quune évaluation par compétences permettra de supprimer la constante macabre ? Pour répondre à cette question, il convient de bien différencier la théorie et la pratique.
En théorie, sil était possible daffirmer quune compétence est acquise ou ne lest pas, il est clair quil ny aurait plus de constante macabre sous sa forme usuelle ; si tous les élèves dune classe ont acquis la compétence, il ny aurait plus délèves en échec.
Malheureusement, la réalité est différente. En effet, en dehors de certains cas particuliers, il est impossible de dire sans ambiguité si une compétence est acquise ; dans ce climat dimprécision, la constante macabre réapparaît tout naturellement. Cest le cas par exemple dans lenseignement primaire. Plus précisément, les enseignants sont invités à mettre trois types dappréciation, « acquis », « non acquis », « en voie dacquisition ». Inconsciemment, ils se sentent obligés de mettre des élèves dans chacun des trois groupes pour avoir limpression davoir évalué correctement.
A ce sujet, lanecdote suivant peut avoir un caractère cocasse : trois inspecteurs de léducation nationale, convaincus du combat contre la constante macabre, ont avoué au cours dune de mes conférences quils seraient très choqués sils inspectaient un professeur qui ne mettrait aucune appréciation « non acquis » à un contrôle
Dautre part, il convient de prendre garde au point suivant : une évaluation par compétences trop stricte peut parfois même conduire à une augmentation du phénomène de constante macabre. Plus précisément, lorsquil est question dévaluation par compétences, on sappuie parfois sur certaines analogies avec le domaine manuel. Par exemple, on ne comprendrait pas que lon attribue à un élève plombier la compétence « savoir réparer une fuite deau », si cet élève narrive à ses fins quune fois sur deux
En procédant ainsi dans certaines disciplines scolaires, on risquerait daugmenter le niveau dexigence. On sait en effet quil est possible dêtre reçu à un examen de haut niveau sans avoir acquis toutes les compétences associées au programme de cet examen.
Il convient dinsister sur un point : la constante macabre nest pas un problème de notation, cest un problème profond de culture de lévaluation. Pour changer cette culture, les professeurs ont besoin dêtre aidés de façon concrète et réaliste ; le système EPCC permet datteindre cet objectif. Il nest en rien incompatible avec une évaluation par compétences, au contraire, comme on la vu ci-dessus.
5 .EPCC et soutien scolaire : le système EPCC renforcé
Introduction
Nous présentons, dans le cas où des moyens supplémentaires sont disponibles, des possibilités de renforcement du système EPCC. Des expérimentations de tels systèmes sont soutenues par le ministère de lÉducation nationale.
Le système EPCC présenté ci-dessus est très facile à mettre en place et ne nécessite aucun moyen supplémentaire. Malheureusement, malgré ce système, quelques élèves peuvent encore être en situation déchec. Il ne sagit plus cette fois dun échec artificiel, conséquence de la constante macabre. Lorsque des moyens supplémentaires sont disponibles (présence déducateurs, soutien scolaire, aide aux devoirs,
), il est possible de renforcer le système EPCC. Des expérimentations dun système EPCC renforcé, facile à mettre en application, ont lieu actuellement. A une époque où on parle beaucoup de soutien scolaire, ce système permet de savoir quels sont les élèves qui en ont vraiment besoin.
Un premier exemple
Voici les points forts de la mise en pratique dun système EPCC renforcé en cours dexpérimentation dans un établissement qui dispose déducateurs :
1. Programme de révision :
Le professeur transmet à léducateur la liste de questions communiquée aux élèves avant le contrôle, ainsi que les corrigés. Souvent, une photocopie de cahier délève peut suffire.
2. Préparation de la séance de questions-réponses
Léducateur :
- organise la répartition des élèves en trinômes
- nintervient pas dans le travail des trinômes
- transmet à lenseignant les fiches de questions élaborées par les différents trinômes
3. Léducateur assiste à la séance de questions-réponses
4. Entre la séance de questions-réponses et le contrôle, léducateur
- aide les élèves qui ont encore certaines lacunes
- en rend compte à lenseignant
Remarque : cest le professeur, bien-sûr, qui coordonne la collaboration avec les éducateurs.
Dautres possibilités
Lexemple précédent montre comment il est possible de coordonner une action entre lenseignant et dautres collaborateurs qui doivent sadapter à ses méthodes pédagogiques.
En fonction des collaborateurs disponibles, dautres systèmes EPCC renforcés peuvent être mis en place.
Un second exemple
Le système suivant, plus souple que le précédent, va être mis en application dans un collège où des séances daide aux devoirs existent déjà. Ces séances regroupent chacune une dizaine délèves en difficulté. Dans le cadre du système EPCC, lanimateur de telles séances disposera de la liste de révision et dune photocopie de cahier délève. Dans ces conditions, il est clair que son aide sera plus ciblée et plus efficace. Afin de faciliter le travail de léducateur, il peut être envisagé, dans chaque matière, délaborer des listes de révision communes à plusieurs classes (sans forcément poser un devoir commun).
Intérêt de telles expérimentations
Actuellement, le Ministère de lEducation Nationale met laccent sur la lutte contre léchec scolaire et propose des mesures et des moyens dans ce sens.
Il est clair que les expérimentations décrites ci-dessus sinscrivent tout à fait dans le cadre de cette politique. En effet :
- Il est évident quaucune mesure ne sera efficace tant que la constante macabre ne sera pas supprimée ; lEPCC permet datteindre un tel objectif.
- Le système EPCC permet de repérer les élèves qui ont vraiment besoin de soutien scolaire. A ce sujet, il convient de signaler le point suivant : le fait de classer de manière injuste un élève dans le groupe qui nécessite un soutien peut être démotivant, et parfois même traumatisant.
- Le soutien scolaire doit être structuré. Il ne suffit pas de débloquer des moyens financiers pour que tout sarrange ; le système EPCC renforcé permet de mettre en place une manière dutiliser judicieusement les moyens destinés au soutien scolaire.
Références :
«La constante macabre ou comment a-t-on découragé des générations délèves », André Antibi,(2003), éditions Mathadore,Nathan
« Les notes : la fin du cauchemar, ou comment supprimer la constante macabre », André Antibi, (2007), éditions Mathadore, Nathan
« Actes du colloque du Sénat : « lévaluation par contrat de confiance », (2008), éditions Nathan
* site du mouvement contre la constante macabre : mclcm.fr ( documents officiels, témoignages, vidéos,
).
Jacques Moisan, ancien Doyen de lInspection générale de MathématiquesEnseignement par compétences :
former et évaluerEnseignement par compétences
Sous le vocable ambigu denseignement par compétences, est désigné un enseignement dont lobjectif est lacquisition non seulement de connaissances mais aussi des compétences pour les mettre en uvre.
Ce nest pas très original car, bien entendu, dans toute formation, les connaissances à acquérir doivent être mises en situation donc sont accompagnées dun apprentissage de compétences. La caractéristique essentielle dun enseignement par compétences est que ce sont les compétences à acquérir qui guident la formation et qui, du coup, guident aussi lévaluation.
Une des références, connue de tous, denseignement par compétences est celui de la conduite automobile. Il sagit dassimiler un certains nombres de connaissances intellectuelles, relatives par exemple à la réglementation (code de la route) où à la mécanique automobile (rôle de lembrayage), dapprendre les gestes techniques liés à la conduite et en même temps dacquérir les compétences liées à ces connaissances tant intellectuelles que techniques.
Une notion importante dans l'enseignement et dans l'évaluation des compétences est celui du niveau de compétence attendu : pour reprendre l'exemple de la conduite automobile, on ne demande pas le même niveau de compétences pour une conduite de tourisme, une conduite professionnelle ou une conduite en compétition sportive. De même dans l'évaluation PISA, on distingue six niveaux de compétence. Ainsi en mathématiques, ces niveaux sont définis officiellement ainsi :
Niveau 1 : Répondre à des questions qui sont formulées de manière familière, contiennent toutes les informations nécessaires et sont clairement définies. Exécuter des procédures de routine sur instruction directe.
Niveau 2 : Extraire dune seule source les informations pertinentes et comprendre une forme de représentation isolée. Appliquer des algorithmes, formules, procédures ou conventions élémentaires.
Niveau 3 : Exécuter des procédures clairement décrites, aussi celles qui requièrent des décisions successives. Utiliser et interpréter des représentations fondées sur plusieurs sources dinformations, puis en tirer directement des conclusions.
Niveau 4 : Utiliser avec succès des modèles explicites pour des situations complexes. Choisir et intégrer différentes formes de représentation, puis les relier directement à des situations réelles, argumenter avec souplesse.
Niveau 5 : Développer des modèles pour des situations complexes et les utiliser. Choisir, comparer et évaluer des stratégies de résolution de problèmes appropriées en vue de gérer des situations complexes. Appliquer, au moyen de formes de représentation adéquates, des connaissances adaptées à des situations données, travailler selon une stratégie.
Niveau 6 : Conceptualiser, généraliser et utiliser des informations se référant à des problèmes complexes. Mettre en relation diverses sources dinformations et formes de représentation, puis combiner divers éléments. Développer de nouvelles approches et stratégies permettant de gérer des situations inconnues.
Dans les formations professionnelles, tout au moins dans les disciplines professionnelles, la formation et lévaluation sappuient sur un référentiel de compétences. Les compétences à acquérir qui sont des compétences-métier sont répertoriées exhaustivement ainsi que le niveau attendu pour chacune d'entre elles. Lévaluation qui en découle a toutes les caractéristiques dune évaluation par contrat de confiance : on demande à lélève ou à lapprenti de reproduire un geste technique dans une situation identique ou très semblable à celle qui a été travaillée lors de la formation.
Le socle commun de connaissances et de compétences
La situation est plus compliquée au niveau du socle commun de connaissances et de compétences dont lacquisition est désormais la priorité de lenseignement obligatoire en France. Pour au moins trois raisons :
les compétences à acquérir sont des compétences générales et interdisciplinaires composées de connaissances, capacités et attitudes ;
ces compétences doivent sexercer dans la réalisation de tâches simples ou complexes liées à la vie courante ;
au collège, lacquisition par les élèves des connaissances et compétences du socle commun va de pair avec létude du programme qui a ses exigences propres parfois éloignées de celles du socle commun.
Enfin et surtout, il n'y a pas un vrai référentiel de compétences donnant en particulier le niveau de compétences attendu, même si des documents ressources (vadémécums, banques de problèmes et de situations, grilles de référence), élaborés sous la direction de l'inspection générale, fixent clairement les objectifs d'évaluation dans le domaine des mathématiques, des sciences et de la technologie. Notons en particulier que le niveau des compétences à évaluer se situe entre les niveaux 1 et 3 de la classification de PISA.
Dans mon propos, je vais essayer de montrer pourquoi et comment lEPCC a toute sa place dans lévaluation des connaissances et compétences du socle commun.
Au départ, comme je le soulignais dans mon intervention au colloque de Toulouse lan passé, il y a quelques différences importantes de démarche :
lévaluation des compétences ne peut se concevoir que dans le cadre dun enseignement par compétences, alors quune des bases de lEPCC est le changement du mode dévaluation sans modification du cadre de la formation ;
lévaluation des compétences nécessite une diversification des modalités techniques de lévaluation : pour dire les choses clairement, elle ne peut se limiter au traditionnel devoir surveillé individuel. Elle ne peut même se limiter à une évaluation de type sommatif ;
les compétences du socle commun permettent la réalisation de tâches complexes qui doivent être évaluées dans des situations globalement inédites.
Les formes dévaluation
Si lon sintéresse plus particulièrement au cas du collège qui est crucial puisque cest au collège que va être validé lacquisition des compétences du socle commun pour la très grande majorité des élèves, une des difficultés provient du fractionnement de la formation dans des champs disciplinaires distincts et le plus souvent disjoints.
Deux démarches antagonistes sont aussi irréalistes lune que lautre et conduiraient à une augmentation déraisonnable de la constante macabre :
ne vouloir évaluer les compétences des élèves quà travers la réalisation de tâches complexes inédites pluridisciplinaires ;
découper les compétences générales du socle commun en micro-compétences, évaluées une à une.
Dans la pratique que faut-il faire ?
maintenir l'évaluation sommative traditionnelle (devoirs surveillés) en en faisant évoluer le contenu afin qu'il prenne en compte dans une proportion importante les connaissances et compétences relevant du socle commun. Cette évaluation peut relever de l'EPCC ; pour la grande majorité des élèves cette évaluation devrait suffire à la validation dans le champ de la discipline des compétences du socle commun ;
compléter cette évaluation par une évaluation en situation (de type évaluation de travaux pratiques) permettant en particulier d'apprécier les capacités et attitudes d'initiative et d'autonomie : là, c'est le dialogue avec le professeur et les échanges qui doivent générer la confiance ;
si possible, prévoir une ou deux fois dans l'année une activité commune à plusieurs disciplines (par exemple pour le pilier 3) visant à valider des compétences pluridisciplinaires. Si la situation proposée doit être globalement inédite, ses implications dans les différentes disciplines doivent avoir être semblables à des exercices travaillés avec le professeur.
Enfin, et cela relève aussi de l'évaluation par contrat de confiance, chaque élève doit savoir à tout moment quelles compétences sont validées et quelles compétences sont encore à travailler pour être validées.
Guy Brousseau, Lauréat de la Médaille Félix KleinPhénomènes macrodidactiques
et Contrat de ConfianceUniversité Bordeaux 1Depuis trente ans les évaluations de masse des résultats scolaires, sont conduites analysées et interprétées suivant les mêmes principes et avec les mêmes instruments. Elles conduisent invariablement aux mêmes conclusions : léducation ne satisfait pas les attentes de la société, et aux mêmes décisions : sanctionner plus rigoureusement les élèves, les professeurs, les institutions
qui ont la charge de léducation (au moins celles que le pouvoir peut atteindre).
Depuis trente ans les faits apportent les mêmes réponses, malgré les aménagements successifs des instruments dévaluation. Les résultats sont décevants. Les sanctions ont été chaque fois aggravées, jusquà atteindre en particulier aux Etats Unis une violence, une immoralité et une absurdité inouïes. Obstinément, elles nont pas les effets escomptés.
Il est remarquable de voir quaucune alternative ne se fait jour et que les pouvoirs politiques ne trouvent, dans cette catégorie de phénomènes, aucun moyen de saffronter : Là où le Président Bush fermait les écoles et emprisonnait les professeurs «délinquants », le Président Obama offre des récompenses à ceux qui font des efforts. La seconde position est humaine mais les critères dévaluation et les moyens de leur analyse sont les mêmes.
Pourtant depuis trente ans, certaines observations, remarques, enquêtes, recherches
tendent à montrer que lorigine des difficultés est à chercher non pas dans le principe ou dans les instruments de lévaluation, mais dans linstrument idéologique, scientifique et culturel mis en uvre dans la lecture de ces résultats scolaires. Cest la culture des nouvelles institutions chargées deffectuer ces « évaluations » et surtout leur façon den tirer des conséquences qui est en cause.
Toujours partiels et généralement centrés sur la micro didactique (le rapport didactique vu à travers lactivité des professeurs et des élèves), les travaux évoqués ici ne rassemblent pas un faisceau suffisant de preuves dexplications pour convaincre, ou plutôt, ils se heurtent à une conjonction didéologies interdisciplinaires confortables et profitables. Chaque discipline vit sur une représentation de lenseignement et des connaissances qui est partagée avec les autres disciplines. Aucune nassume la responsabilité scientifique de cette représentation bien vue comme fantaisiste par chacune, mais qui est si commode dans les rapports interdisciplinaires ou dans les rapports des disciplines avec leur propre enseignement ou diffusion. Ces « conceptions alibis » noffrent surtout aucune alternative pour, au moins, interroger un phénomène de cette ampleur. Et une remise en cause dune telle ampleur noffre pas suffisamment dintérêt par rapport à dautres enjeux.
En résumé le résultat est que nos sociétés pratiquent vis-à-vis de leur enseignement, une politique primitive marquée par un empirisme débridé : si tu ne sais pas pourquoi tu nobtiens pas ce que tu veux, punis ton esclave, lui le sait.
Malencontreusement, les évaluations de masse sont en train de retirer la collation des grades aux détenteurs du savoir, les savants, les lettrés et les enseignants pour la remettre à des gestionnaires automates. Et si les lettrés savent tout de même quils ignorent beaucoup de choses, les automates lignorent.
Les enseignements publics, dans notre société libérale, sont les premières victimes de cette politique. Lalibi de la soumission au marché protège un peu les enseignements privés des coups les plus violents (mais pas du discrédit). Or les enseignements publics communs à tous les citoyens sont lexpression même du projet qua une société de partager une culture, une langue, une vie sociale communes et dy acculturer ses nouveaux arrivants, les enfants et les immigrants.
Les mesures barbares évoquées ici ont eu dabord des effets microdidactiques, principalement :
- individualiser les connaissances, les apprentissages, les engagements
- démietter les savoirs en une poussière de questions isolées que les savoirs ne peuvent plus agréger.
Pour le moindre savoir, lindividualisation et lémiettement, augmentent à leur tour démesurément le temps denseignement et dapprentissage. A lenseignement des concepts et des connaissances se substituent alors la chasse à une liste énorme derreurs initialement improbables, mais désormais de plus en plus fréquentes.
Limplication de nos sociétés dans des choix malencontreux pour lenseignement est tel quil est impossible de savoir par quel bout le voile peut être déchiré.
Que faire pour lutter contre une suspicion opiniâtre aveugle et sourde ?
Que fait-on contre les dictatures cadenassées ? On supporte, on essaie de corriger et lorsquil apparaît que cest impossible on nourrit lespoir, on se conforte quun espoir existe, on prend confiance, on senhardit
Je dois reconnaître que, si dinstinct, jai adhéré au projet dAndré Antibi parce quil est généreux et plein despoir, tout ce que mavaient appris mes recherches et mon expérience me disait que ce nétait pas une solution, que cétait inutile, condamné davance par une conjonction de facteurs aussi difficiles à contrarier que les croyances aveugles dans le créationnisme ou que lindifférence aux actions des hommes sur les forces naturelles.
Mais non ! Javais tort, je lai reconnu. À phénomène macrodidactique réponse macrodidactique
(macrodidactique : étude du comportements des grands systèmes sociaux ou des sociétés humaines vis-à-vis des connaissances et de leur enseignement.)
Quand tout est fait pour construire la défiance et la guerre de chacun contre tous, il faut développer lespérance et la confiance, la seule ressource de Pandore. Le remède sera peut être intrinsèquement inefficace ou insuffisant comme le sont les révoltes - mais il est le seul dont nous disposions actuellement pour répondre à une illusion bien plus inefficace et insuffisante. Puisque la raison microdidactique échoue, lespoir, lardeur et lenthousiasme novateurs sont les seules ressources raisonnables. Et il arrive que David triomphe de Goliath !
Note 1
Les connaissances et les savoirs sont deux fonctions de la pensée. Lobservateur les représente par des expressions bien formées, (prédicats ou propositions vraies ou fausses) et ne les distingue que par leurs rôles, qui sont différents dans les activités mathématiques et didactiques.
Les savoirs sont des connaissances qui jouent le rôle de références dans les rapports entre sujets, mais aussi pour chaque sujet, dans la formulation des connaissances et dans les raisonnements qui les impliquent.
Les connaissances (tout court) sont des pensées correctes ou non, qui se manifestent dans des actes, des formulations ou des raisonnements des sujets et principalement dans la mise en uvre des savoirs pour produire des convictions nouvelles. Un théorème peut avoir un solide statut de savoir pour un élève et pourtant il peut ne plus jouer momentanément que le rôle et le fonctionnement dune connaissance si son rôle est incertain dans la résolution dun problème.
Le fait que lobservateur doive représenter les connaissances par des textes ne doit pas inciter à penser que les connaissances fonctionnent comme les textes qui expriment les savoirs mathématiques. Les connaissances sont suscitées par des situations. Ce sont elles qui évoquent, interrogent et contribuent à organiser les savoirs avant que cette organisation devienne éventuellement savoir elle-même.
Si les savoirs sont relativement stables et se prêtent à des observations répétées assez fidèles, la plupart des connaissances sont fugitives et ne se prêtent pas à des répétitions dobservations fiables, à des formulations standardisées etc. donc à des « évaluations standard». Les manifestations de connaissances sont le plus souvent implicites, elles accompagnent la manifestation des savoirs mais ne sont pas « évaluables » par des automates.
La notion de compétence semble faite pour identifier les connaissances qui permettent létablissement et lapprentissage des savoirs. On y trouve « tous » les types classiques : « connaissances contextuelles, déclaratives (savoirs), procédurales (savoir-faire), métaconnaissances, et régulations métacognitives », accompagnés de composantes, comme « lire dans une perspective de communication, connaître le code alphabétique, tirer des inférences en lisant un texte, ajuster son rythme de lecture selon le but à atteindre », et de traductions en objectifs
, des indices de participation.... Ils sont, tout de suite interprétés en termes dobjectifs et formatés pour une évaluation. Autrement dit, ils reproduisent et prolongent les errements des évaluations de masse. Leur significativité à les plus grandes chances dêtre moindre que les précédentes.
Cette notion de compétence présente le défaut de ne pas se référer à une fonction précise dans létablissement ou lactivation dun savoir particulier, dans des circonstances déterminées. Elle se réfère à une approche très empirique et très générale des connaissances. De sorte que remplacer une partie de lapprentissage et de lenseignement dun savoir par des activités chargées de développer directement cette liste de compétence est probablement la première erreur que va produire ce nouvel avatar métadidactique de lévaluation. Ce sont les situations qui font la nécessité des connaissances et qui assurent les meilleures conditions de leur acquisition. La théorie est pour le professeur le raccourci dépouillé des apports de lhistoire. Et pour lélève la substance de référence de ses aventures épistémologiques.
En linguistique ce terme compétence désigne la capacité à produire des phrases (les performances). Le jeu dun système syntaxique (une grammaire par exemple) muni dun vocabulaire permet de produire les phrases qui expriment la pensée. Ainsi à la métaphore linguistique est associée à lhypothèse que les connaissances mathématiques seraient le résultat dun processus similaire : les structures mathématiques joueraient le rôle de structures grammaticales qui, appliquées dans des domaines différents (des mathématiques ou dailleurs), produiraient les connaissances spécifiques de ce domaine. Cette conception sous entend que la cognition serait isomorphe au savoir quelle finit par produire seulement après des siècles de travail !
Quel pronostic peut-on avancer au sujet de ce nouveau plan dévaluation ?
Lidée de développer des compétences en même temps que lon enseigne des savoirs et que lon favorise lapparition et lévolution des connaissances est excellente. à condition que les professeurs aient des techniques appropriées et quelles soient reconnues pour telles. Or les situations évoquées dans les exemples dépreuves dévaluation de compétences semblent plus ouvertes (parce que plus générales), que celle des acquisitions qui ont tant favorisé le behaviorisme, et donc plus proches de celles envisagées par le constructivisme. Serait-il possible de réconcilier ainsi les deux clans qui se déchirent sous le regard désolé des parents américains ? Je ne le crois pas. Dune part parce que la logique est la même : si les enseignants ne réussissent pas ils doivent être sanctionné et cest le parton qui fixe les normes. Pour que les situations favorisent vraiment une activité mentale efficace de la part des élèves, il faut utiliser des techniques précises assez complexes complétées par une habileté des professeurs qui ne simprovise pas. Aucune des deux idéologies didactiques répandues, la constructiviste comme la behaviouriste, ne favorise cette voie. Les conjuguer ne résoudra pas les problèmes. Dailleurs les liens entre les compétences et les apprentissages sont de nature statistique ; ils loin dêtre utilisables concrètement. Savoir que la tuberculose accable plus les miséreux que les notables ne donne aucune prise sérieuse au projet de guérir la tuberculose en supprimant la misère.
Lévaluation des compétences reprend en plus grand et en plus risqué le projet des évaluations de masse. Les professeurs avaient au moins un instrument pédagogique pour répondre aux échecs des élèves : la vieille méthode de lapprentissage behaviouriste. Pour atteindre les objectifs relatifs à la compétence, ils doivent imaginer des « situations » supposées propices au développement de ces « compétences », et attendre que la magie annoncée saccomplisse. En labsence de protocoles reconnus éléments incontournables du contrat didactique, les professeurs ainsi dépossédés de moyens dactions risquent dêtre néanmoins tenus pour responsables de léchec de la magie technocratique.
Du côté des élèves, le bilan risque dêtre bien pire, par leffet non seulement des décisions, mais par celui des termes utilisés. Les évaluations actuelles constataient, à tort ou à raison, un échec. Les évaluations de compétence vont prétendre constater la capacité à apprendre, lincompétence. Non seulement vous échouez, mais vous êtes incompétent. Comment les professeurs feront-ils face à léchec des élèves déclarés avec assurance « compétents » ?
Le pire cest que si on peut constater aujourdhui les échecs de la politique éducative fondée sur lusage des évaluations de masse pour des sanctions ad hominen, les décideurs ne courront pas ce risque avec lévaluation des compétences. Le blocage des élèves incompétents c'est-à-dire « inaptes » aura évidemment un effet direct, mais sera renforcé par leffet psychologique bien connu des pronostics sur le comportement des élèves.
Il est clair que ce nouvel instrument, comme lancien, est souhaité par divers milieux pour diverses raisons politiques, économiques ou autres, avouables ou non. Mais il faut comprendre à quel point les conséquences inéluctables de ce projet sont contraires non seulement à la raison, mais surtout à léthique éducative.
Note 2
Le constat implicite de limpuissance du système à évaluer et à utiliser ses évaluations des savoirs pour prendre des décisions pertinentes et efficaces est la constante fuite en avant. Réinterpréter les projets denseignement en termes dobjectifs, et dobjectifs « opérationnalisés » i.e. représentés par des exercices a conduit à un premier fiasco. Les objectifs de haut niveau taxonomique ont été pratiquement abandonnés car ils ne sont jamais atteints. Les professeurs ont alors utilisé les objectifs opérationnalisés au pied de la lettre et les ont donc pris comme moyens dapprentissages assortis dun effort denseignement « minimal », en fait behavioriste. Les collections dépreuves sont devenues de ce fait une représentation du savoir : collection amorphe de savoirs émiettés pour ceux qui nont pas accès au pouvoir organisateur des savoirs et des connaissances (que certains distinguent du terme un peu méprisant de théoriques, pour les trouver inutiles).
Aujourdhui, lobjectif denseigner le savoir se voit substituer lobjectif denseigner les compétences ! Si le peuple manque de pain, quil mange de la brioche !
Enseigner à accomplir une tâche est une chose qui peut se concevoir, au moins par ceux qui savent laccomplir.
Evaluer la compétence qui permet daccomplir une tâche est une ambition beaucoup plus difficile à définir, et proprement indéterminable à enseigner et à évaluer. Elle ouvre encore plus le champ à des ambitions imprécises et à des méthodes douteuses que les enseignants consciencieux auront du mal à accepter. Elle accentue le caractère infondé des reproches qui pourront être faits aux enseignants. Ce procédé est un cas dévitement connu en didactique sous le nom de « glissement métadidactique ». Si lenseignement dune connaissance échoue, il consiste à enseigner sa description, ou son explication, puis lexplication de lexplication
Il arrive que ça fonctionne. Mais la description, la représentation, la formalisation, ou la métaphore nont pas les mêmes vertus que lobjet quelles visent
Je crois que cette nouvelle initiative aura la même fonction et le même résultat que celles que nous avons dénoncées ci-dessus : sauver lillusion de la possibilité de gérer lenseignement en automates ou même comme une entreprise de construction.
Personne ne peut prendre un engagement commercial denseigner nimporte quoi à nimporte qui. Assimiler les échecs scolaires à une malfaçon ou à une tromperie commerciale dénoncée arbitrairement par le client est un déni de justice caractérisé. Le professeur en libéral enseigne sa discipline à qui prétend lapprendre et en fait lusage quil peut. Linstituteur, lui, reçoit un mandat de la nation, à quelque niveau quil enseigne ; il a une obligation de moyens, nen déplaise aux partisans de la libre pédagogie. La médecine pourtant beaucoup plus ancienne ne peut pas sengager à ce quaucun patient ne meure. Elle se limite à lobligation de moyens qui consiste à appliquer le meilleur protocole disponible dans les conditions rencontrées. Je répète ce que je disais lan dernier à ce même congrès : la prétention à obtenir en matière déducation tels résultats quon désire par la coercition est illégitime, comme lexercice dune loi scélérate peut être légale et cependant illégitime.
ASSEMBLÉE NATIONALE
Commission des Affaires Culturelles et de Léducation
Jacques Grosperrin, DéputéRAPPORT DINFORMATION du 7 avril 2010
mission sur la mise en uvre du socle commun de connaissances et de compétences au collège
N° 2446 (extraits)II. RELANCER LE SOCLE COMMUN POUR REBÂTIR LE COLLÈGE UNIQUE
A. UN SOCLE COMMUN REPRIS EN MAIN PAR LA NATION (
)
B. UNE NOUVELLE APPROCHE DE LÉVALUATION DES ÉLÈVES
La mise en uvre du socle commun est loccasion de remettre à plat le dispositif dévaluation des élèves, aujourdhui fondé sur la notation. Le ministre de léducation nationale a dailleurs demandé aux inspections générales de se pencher sur ses modalités, afin de faire des propositions. Des évolutions sont en effet inéluctables car lintroduction du socle commun fait coexister deux systèmes dévaluation : « lancien » qui évalue des disciplines, avec des notes, des moyennes et des compensations, et le « nouveau », qui évalue, de manière binaire, des compétences. Ces deux modes dévaluation ne pouvant pas sharmoniser spontanément, il faudra sans doute, à terme, adopter un mode dévaluation ne reposant que sur la certification des compétences acquises. En attendant une telle évolution du système éducatif paraissant pour lheure improbable , les modalités dévaluation pourraient être organisées sur trois piliers : la confiance, un livret de compétences numérique qui aide les élèves à progresser dans leurs apprentissages et un diplôme national du brevet entièrement repensé.
1. Une évaluation fondée sur la confiance pour renverser la « constante macabre »
En France, la notation fonctionne comme un système de tri, permettant de classer et dorienter les élèves vers les filières dexcellence
et les autres.
Selon le fondateur du Mouvement contre la constante macabre, M. André Antibi, elle transforme chaque examen en « concours déguisé », notre société attachant en effet une grande importance aux classements qui en résultent. Subissant cette pression sociale, les enseignants se sentent obligés, pour être crédibles, de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. Cette « constante macabre » conduit donc à ce quun certain nombre délèves se trouvent arbitrairement placés en situation déchec scolaire, dans le seul but de maintenir la crédibilité du système dévaluation. Les politiques de lutte contre léchec scolaire sont de ce fait rendues inopérantes, tandis que notre École souffre dun trop plein de manque de confiance et de stress et délèves à qui les parents offrent des cours particuliers pour survivre à cette perpétuelle compétition sournoise. Il nest pas étonnant que, dans ces conditions, la France occupe une place médiocre vingt-deuxième sur vingt-cinq pays dans le domaine de la qualité de vie à lécole selon un classement établi par lOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Dautres reproches peuvent être faits à ce système de « tri sélectif », dont certains ne sont pas sans conséquence pour lavenir de notre pays. Le premier tient à labsurdité du rôle joué par la moyenne, le sésame obligé pour passer dune classe et dun diplôme à lautre. Ainsi que lobserve le Syndicat national des personnels de direction de léducation nationale, la France est le seul pays au monde où le fait de ne pas savoir la moitié des connaissances à acquérir permet malgré tout de progresser dans le cursus scolaire. En outre, lobsession de la note et du classement ne constitue pas, de toute évidence, une garantie defficacité de notre système denseignement. Elle nempêche pas notre pays de disposer dune faible élite en mathématiques lenquête 2006 de PISA montre ainsi que le pourcentage délèves français de 15 ans situés au niveau 5 de compétences est de 9,9 %, contre plus de 20 % en Finlande, en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas et ses universités dêtre mal classées par luniversité Jiao-tong de Shanghai, aussi contestable soit la méthodologie utilisée par cet établissement (lUniversité Pierre et Marie Curie, la première qui figure dans le palmarès 2009, occupe la 40ème place).
Alors faut-il supprimer les notes ? La problématique est ancienne, comme le rappelle lInspection générale de léducation nationale : « La circulaire du 6 janvier 1969, relative aux compositions, notes et classements (premier et second degrés) a marqué une étape importante dans ce domaine : elle supprime les compositions (contrôle sommatif et final), les remplace par des exercices de contrôle plus réguliers (contrôle continu), substitue à la notation chiffrée de 0 à 20 une échelle dappréciation à 5 niveaux (de A à E ou de 1 à 5). Cette circulaire instaure une véritable rupture avec le système de contrôle précédent : dune part le classement des élèves et la compétition instaurée au sein de la classe sont contestés comme point dappui de lappréciation des connaissances des élèves, dautre part la primauté de la confrontation à la norme est abandonnée au profit de la prise en compte de la démarche de lélève. Plus que ses performances finales ce sont les progrès de lélève que lon doit repérer ».
Que sest-il passé depuis 1969 ? Rien ou presque. En réalité, le dispositif dévaluation na pas évolué en raison de lattachement « culturel » des enseignants et de la société, dans son ensemble, au système de la notation, malgré ses effets pervers. Par conséquent, si lon ne peut espérer, à court terme, son abandon, on devrait toutefois en limiter ses effets négatifs en lui apportant un correctif : le recours à des évaluations davantage fondées sur la confiance. Deux méthodes complémentaires pourraient être utilisées à cet effet :
la première repose sur des contrôles donnant lieu à une notation chiffrée, mais intégrés à un système d» évaluation par contrat de confiance » selon les modalités préconisées par M. André Antibi, le président du Mouvement contre la constante macabre. Ainsi, une semaine avant chaque contrôle de connaissances, le professeur distribue aux élèves une liste substantielle pour éviter le « par cur » de points (cours ou exercices), déjà traités, en précisant que les quatre cinquièmes de lépreuve portent sur certains points de cette liste. Deux ou trois jours avant lépreuve, lenseignant organise une séance de questions-réponses au cours de laquelle les élèves peuvent demander des explications sur certains points de la liste. Avec ce système, les notes augmentent, en moyenne, de deux ou trois points, certains élèves obtiennent des sauts de note spectaculaires et ceux en réelle situation déchec scolaire, qui ne doivent pas être confondus avec ceux artificiellement sacrifiés pour les besoins de la « constante macabre », sont clairement identifiés. Des mesures de remédiations dautant plus efficaces quelles sont ciblées peuvent alors leur être proposées ;
la seconde méthode consiste à développer, chez les élèves, les compétences dévaluation entre eux ou dautoévaluation. Cet objectif, qui est lun des plus difficiles de lévaluation dite formative, vise à faire en sorte que les élèves soient capables dévaluer et de réviser leur travail. Ainsi que le souligne un rapport de lOrganisation de coopération et de développement économiques consacré à cette forme dévaluation, les professeurs qui recourent à cette méthode espèrent que les élèves seront capables « de déterminer par eux-mêmes ce qui manque à leur travail et ce quils doivent faire ensuite, et de prendre la responsabilité de poursuivre jusquau bout les étapes suivantes ». Ces formes dévaluation sont tout à fait à la portée des classes du collège, ainsi que le montrent les exemples un français et un étranger mentionnés ci-dessous.
Jean-Louis Auduc, Formateur denseignantsLÉvaluation dans la formation des EnseignantsIUFM de CréteilLévaluation des acquis des élèves tout au long de leur cursus scolaire est un enjeu important pour le système éducatif français.
Il sest traduit depuis plusieurs siècles, notamment dans le second degré par la notation.
Avant que dintervenir sur les questions daujourdhui concernant lévaluation et notamment sur lenjeu qu implique une véritable formation initiale et continue concernant ce domaine, je voudrais faire deux remarques :
Depuis très longtemps, les observateurs de lécole nont pas regardé uniquement ceux qui réussissaient, mais combien échouaient ! Et cela, notamment quand il sagissait des examens terminaux, certificat détudes ou baccalauréat. Lorsque le pourcentage de reçus à ces examens était trop important par rapport au nombre de candidats, on a toujours entendu cette réflexion : « lexamen est donné » et non pas, les élèves sont bons
.
Ainsi, dans les années 1900, on sétonne quil y ait tant de reçus au baccalauréat, parmi, faut-il le rappeler les 1% de la population qui y arrive :
« Conçu pour une élite, lenseignement secondaire est donc inadapté à cette masse qui nous vient précisément de milieux sociaux, de familles dans lesquelles on na jamais possédé ou jamais ouvert un livre, en dehors de quelques ouvrages dactualité. » et lon précise « « Les élèves ne sont plus capables décrire, faute de navoir plus fait assez de latin, et ils ne comprennent pas ce quils lisent ».
Même le comité des forges, ancêtre du MEDEF, sy met :
« Les ingénieurs sont devenus incapables dutiliser leurs connaissances techniques et de présenter leurs idées dans des rapports clairs et bien rédigés. »
Si le niveau baisse avec 1% de bacheliers. En 1947 avec 3% (22 fois moins quen 2010) , il baisse encore plus:
« Tout serait simple si le bachot remplissait encore sa fonction. Mais, submergé sous le nombre des candidats qui sest accru prodigieusement, le baccalauréat a vu son niveau baisser dune façon constante, au point quil ne suffit pas actuellement à qualifier pour lenseignement supérieur. »
En 2011, la notation nest plus seulement lapanage de lécole. Tout le monde note et est noté, y compris les Etats. On a même des « agences de notation ».
Nous sommes aujourdhui dans une société de la note et bien entendu, ce qui la légitime, cest le nombre de ceux qui échouent valorisant ainsi ceux qui réussissent.
Il est extrêmement significatif quun journal comme lEquipe ait le 26 juin 2009, titré lun de ces articles : « La notation des arbitres, cest lécole des fans », tout simplement parce quaucun des arbitres notés navaient en-dessous de la moyenne !
Améliorer lévaluation des acquis des élèves est un enjeu important lorsquon observe létat des lieux du système éducatif.
Notre système éducatif se présente ainsi :
* 50% des élèves en réussite
* 15% des élèves en lourd échec
* 35% des élèves ayant connu des difficultés et ayant redoublé pendant la scolarité obligatoire, ce qui entraîne souvent un sentiment de souffrance par rapport au vécu de leur scolarité ce qui les rend réticent par rapport à la formation continue pendant le reste de leur vie.
Lapproche par compétences peut aider ces élèves à mieux cibler leur situation, leurs réussites et leurs besoins, notamment pour les élèves quon juge « moyens » et que « la constante macabre » a lhabitude de laisser au bord du chemin.
Lévaluation a toujours en France des difficultés avec les élèves « moyens », ceux qui vont occuper 95% des débats des conseils de classe et 100% des commissions dappel.
Lorsquon a voulu mettre en place une évaluation par lettre :A,B, C, D,E, cest lévaluation des élèves moyens qui a posé question aux enseignants, doù lexistence des C++ , C+, C, C-, C--, qui,de fait, ont rétabli une notation sur 10.
La mise en place dune évaluation par compétence peut nous permettre de mieux cibler les acquis et les manques des élèves moyens et ainsi de les « tirer vers le haut » et ne pas les décourager :
pour sortir du « culte » de la moyenne,
pour mieux mettre laccent sur les besoins de lélève
pour mieux définir les aides à y apporter
pour que les parents puissent mieux épauler laction des enseignants
Si lon veut préparer les familles à lintérêt des évaluations par compétences, il faut y travailler collectivement pour que les parents, notamment ceux des milieux populaires, naient pas limpression quon casse le thermomètre pour rendre lécole encore plus opaque. Rappelons-nous ce qui est arrivé ces dernières années en Suisse, au Québec, en Suède
La formation initiale et continue des personnels au cur de tout projet de mutation de notre système éducatif.
Il serait vain de penser quon peut mettre en uvre une mutation du système éducatif sans avoir une politique de formation ambitieuse des enseignants.
Celle-ci est un levier puissant pour faire réussir une réforme et donc permettre une meilleure réussite des jeunes.
Ce quon a vécu cette année et quon continue à vivre actuellement concernant labsence de politique générale de formation continue concernant le livret personnel de compétences au collège favorise toutes les difficultés, tous les blocages, toutes les peurs, tous les conservatismes.
Si lon voulait faire échouer lévaluation par compétences et sa dynamique, on ne sy prendrait pas autrement.
Que dire également du champ de ruines quest actuellement la formation initiale des enseignants.
Le démantèlement des IUFM, le calendrier des concours, labsence dun véritable cahier des charges national, ont conduit à une situation où les enseignants ont été laissé sans formation en étant à plein temps dans les établissements.
Une approche du métier basé exclusivement sur létablissement peut être un danger si ce stage devient lessentiel de la formation, car elle peut :
- conforter le stagiaire dans ses préjugés, dans ses idées préconçues sur le métier enseignant ;
- donner une seule vision des réponses à fournir par rapport à une situation sans les confronter avec dautres réponses possibles ;
- privilégier lapproche territoriale aux dépends dun cadrage national ;
- en fait favoriser le conservatisme des démarches pédagogiques en ne permettant pas de réfléchir sur la pluralité des réponses pédagogiques possibles pour mettre en situation dapprentissage les élèves ;
- conformer et formater le stagiaire sur des profils précis.
Pour en finir avec la constante macabre et mettre réellement en place réellement une évaluation par contrat de confiance, il est une ardente obligation, cest de former les enseignants aux compétences concernant lévaluation, figurant dans les textes qui définissent le métier enseignant :
- concevoir et mettre en uvre son enseignement ;
- organiser le travail de la classe ;
- prendre en compte la diversité des élèves ;
- évaluer les élèves ;
Cest le levier indispensable pour y parvenir, ce qui implique de redonner du contenu et du temps à la formation initiale des enseignants. cest dautant plus une nécessité que dans les sept ans qui viennent, plus de 50% du corps enseignant va être renouvelé.
Travailler sur lévaluation des élèves nécessite la mise en place de moments danalyse de pratiques
Les moments danalyses de pratiques, pour lesquels une grande politique de formation de formateurs est nécessaire, sont des moments décisifs pour que le stagiaire comprenne limportance dune posture réflexive , de mise à distance par rapport à ce quil a vécu dans sa classe.
Lanalyse de pratiques doit permettre au stagiaire de :
- relier les apprentissages effectués en formation et de les éclairer par une mise en perspective ;
- se référer aux savoirs constitués pour mieux nommer et comprendre lexpérience de terrain ;
- faire des choix raisonnés face à des situations complexes en se dotant de repères conceptuels, méthodologiques et éthiques ;
- dégager le caractère multiple et hétérogène du métier enseignant.
Corinne Croc, Coordinatrice EPCC (Secondaire, matières scientifiques)Une nouvelle mission pour l'EPCCProfesseur au Lycée de Pont-AudemerJe suis militante au MCLCM depuis sa création par André Antibi en 2005 et, de ce fait, expérimentatrice de la première heure du système d'évaluation par contrat de confiance (EPCC) ,soit plus de six ans d' application dans mes classes de seconde, première et terminale au lycée Jacques Prévert de Pont-Audemer dans l'Eure, six années qui nont fait que confirmer les premières impressions sur lefficacité de ce système. Les élèves retrouvent confiance en eux et en nous, ils travaillent beaucoup plus, la Constante Macabre est supprimée et les moyennes de classe flirtent aisément avec les 13 ou 14. Six années aussi qui mont permis de rencontrer de très nombreux collègues et personnels de direction, et donc de renforcer ma conviction quil est urgentissime de sattaquer au plus haut niveau à létat de délabrement dans lequel le système de notation français se trouve.
Il m'a semblé intéressant, dans le cadre du bilan fait lors du colloque annuel de notre mouvement contre la Constante Macabre, de m'intéresser aux nouveaux champs d'application de l'EPCC, à savoir son utilisation pour contribuer à évaluer les compétences et l'EPCC au service d'un soutien scolaire efficace et facile à mettre en place.
De nombreux intervenants aujourdhui, lors de ce colloque vont parler de l'EPCC au service de l'évaluation par compétences et je me contenterai de témoigner sur le problème si délicat du soutien scolaire, ce qu'André Antibi a appelé EPCC renforcé.
Je navais pas encore eu lexpérience dapporter du soutien à des élèves d'autres classes que la mienne et c'est avec la réforme du lycée, dans le cadre, entre autre, de l'aide personnalisée, que j'ai pris en charge les élèves de mes collègues. Ces derniers sont soit volontaires, soit désignés. Mon rôle, entre autres tâches, peut consister au cours de cette heure hebdomadaire à apporter une aide ponctuelle pour réviser tel ou tel chapitre, en vue ou non de l'échéance d'un contrôle. En tant qu'applicatrice du système EPCC dans mes classes, je me retrouve alors avec des élèves qui ont par exemple le chapitre " les vecteurs " à réviser sans autre précision de leur professeur. C'est d'ailleurs ainsi que j ai toujours pratiqué avant 2005. Plus vous montez dans les niveaux de classes, plus le nombre de chapitres concernés augmentent, pour arriver au "tout depuis le début de l'année" qui rassure le professeur mais qui paralyse définitivement toutes les bonnes volontés et qui amène lélève à renoncer devant la tâche abyssale qui lattend. Cest alors le « sauve qui peut », le « alea jacta est », le « Grand Bleu » que Luc Besson naurait pas renié et pour tous un grand moment de solitude. Même Jean Reno, avant daffronter les grands fonds, avait une idée précise de ce qui lattendait, pouvait se préparer à lépreuve, et ne sy présenter que lorsquil se sentait apte à la surmonter. Certains me diront que la comparaison est un peu osée mais pour un élève en difficulté, le face à face avec un énoncé ressemble souvent à un grand plongeon en apnée vers linconnu, en se pinçant le nez dune main et en prenant son stylo de lautre.
J'avais oublié à quel point ce genre de tâche est peu définie, peu explicite pour un élève, mais aussi pour quiconque chargé de l'aide aux devoirs, un parent, un aide éducateur, un membre d'une association de bénévoles, pour moi -même, et par conséquent le challenge qui consiste à avoir révisé comme il se doit le programme dun contrôle , de se sentir prêt le jour J, devient extrêmement difficile à relever voire impossible pour la majorité.
Entre le "tout est à savoir et donc à réviser " des enseignants et le "voici une liste d'exercices corrigés en cours ensemble et sur laquelle le les trois quarts du contrôle porteront " des 30000 enseignants protagonistes de lEPCC, l'écart est gigantesque. Même pour moi, pourtant enseignante de la matière dans ce niveau, je me suis trouvée confrontée à des questions du style " que leur faire réviser en priorité, sur quoi insister? «. Je nai quune heure à ma disposition. Chacun de nous a son libre arbitre dans la conception d'un contrôle et il est extrêmement difficile de deviner son contenu, et donc de venir à bout des révisions. La tâche devient sans fin, pour aider des élèves en grande difficulté, le nombre d'heures nécessaires pour les préparer et leur donner les chances de réussir face à un tel programme est lui-même non quantifiable.
Parallèlement, la collègue en charge de mes élèves, à qui je donne la liste EPCC établie pour chaque contrôle, liste que détiennent mes élèves bien sûr, a sa tâche, d'après ses dires, grandement facilitée. Mes élèves, habitués à lEPCC, s'attellent à cette tâche avec la certitude de pouvoir en venir à bout à un moment donné. Ils sont dailleurs, même si ce nest pas en assez grand nombre à mes yeux, plus facilement volontaires que les autres, pour aller à cette heure qui leur est offerte. Ils savent ce quils attendent de la collègue et que cela les avancera dans leurs propres révisions.
Je précise quil est très important de garder à lesprit quune proportion non négligeable du contrôle (80%) doit porter sur cette liste pour motiver les élèves à réviser.
Jai donc acquis la conviction que lEPCC peut apporter aussi une aide très efficace dans laide aux devoirs et le soutien scolaire dans toutes ses formes. Un aide-éducateur, comme il en existe dans certains établissements, qui a en charge des élèves de plusieurs niveaux, de plusieurs matières, verrait sa tâche grandement facilitée si les collègues concernés sobligeaient à lui donner à lavance des listes précises de points à travailler, corrigés bien sûr, et non des chapitres entiers.
Jen arrive aussi à la conclusion suivante : même dans des systèmes scolaires ne souffrant pas de la Constante Macabre, lEPCC peut améliorer le soutien scolaire et aider les élèves en grande ou moyenne difficulté.
Je nous souhaite à tous un colloque 2011 riche en échanges aussi fructueux que ceux des autres années. Il est capital, pour nous les expérimentateurs et les militants de la lutte contre la Constante Macabre de nous sentir nombreux et soutenus au plus haut niveau.
.
Recteur Philippe Joutard, HistorienLévaluation en questionLes mérites de notre système éducatif sont encore aujourdhui indéniables, quoiquon puisse en dire, il suffit de voir lattirance que suscitent nos établissements à létranger : haut niveau dexigence intellectuelle, formation générale alliant les humanités aux sciences et à la technologie, affirmation du primat de la raison et esprit critique. Certains de ses défauts initiaux sont en voie dêtre corrigés. Je songe au monopole de lintelligence verboconceptuelle.
Lintroduction de lHistoire des Arts partout et le développement dun large éventail doptions artistiques, la mise en valeur de léducation physique et sportive, la lutte pour un enseignement technologique, autant dinstruments au service dautres types dintelligences enfin reconnus par lEducation Nationale. Pourquoi faut-il que tous ces acquis indéniables soient gravement compromis par la constante macabre révélée par André Antibi, ce phénomène qui conduit pour légitimer une évaluation à donner systématiquement au moins un tiers de mauvaises notes, le groupe noté serait-il composé de futurs prix Nobel !
Cette tendance à stigmatiser avant dexclure, dès le plus jeune âge, traduit une redoutable confusion dans lobjectif de lévaluation, non pas attester dun niveau acquis, mais sélectionner. Elle est en contradiction complète avec lobjectif dune formation générale qui ne réclame pas davoir atteint partout des excellences évidemment parfaitement illusoires ; il suffit de maîtriser lessentiel de chaque domaine. Mais plus gravement encore, elle est la meilleure expression du principal défaut de notre système éducatif : développer chez les élèves une manque de confiance en eux mêmes, source de nombreux échecs, tant il est vrai que lestime de soi est une des conditions indispensables de la réussite scolaire, comme le rappellent tous les pédopsychiatres.
Ce manque de confiance se lit dans le comportement des élèves français qui beaucoup plus que dautres nations préfèrent, dans les évaluations internationales, ne pas répondre plutôt que de risquer de se tromper. Il sexprime par la tendance générale à se sous-estimer, quelle que soit la discipline, langue, mathématiques ou géographie ou lâge, élèves du primaire, du collège ou du lycée : toutes les études internationales convergent sur ce point depuis quelles existent. Plusieurs enquêtes successives ont révélé que les Français étaient parmi les peuples les plus pessimistes de la planète et beaucoup dobservateurs se sont lamentés. Mais comment en serait-il autrement quand dès le plus jeune âge, on fait perdre confiance aux enfants par une notation qui décourage une grande partie dentre eux ? Personne na évoqué cette origine, elle est pourtant réelle, le pessimisme de notre société sapprend à lécole où « lon peut toujours mieux faire » sans que rarement, les progrès même modestes soient salués. Les parents qui ont eu la chance davoir leurs enfants dans des établissements dAmérique du Nord peuvent en témoigner et le retour en France, une expérience traumatisante, à moins davoir des petits génies et encore.
Cette faiblesse nest pas récente. La notation sur 20, fort ancienne, en fournit linstrument quand elle ne lencourage pas. Depuis longtemps, certains parents « préparent leurs enfants à polytechnique dès la maternelle » et poussent les enseignants à multiplier les classements dès le plus jeune âge, la réussite de quelques-uns ne pouvant saffirmer que par léchec du plus grand nombre. Erreur fatale : une élévation du niveau général nentrave pas le développement dune élite, mais en contraire la facilite.
Au vingt-et-unième siècle, les conséquences de la constante macabre sont particulièrement graves ; un pays développé et une démocratie avancée ont besoin dune élévation générale des compétences et des connaissances pour que les futurs adultes puissent maîtriser un monde de plus en plus complexe ; il faut donc pousser le maximum délèves le plus loin possible et ne pas se contenter dun niveau minimum; par conséquent le problème de hiérarchisation ne se pose pas pendant la plus grande partie de la scolarité.
En aucune façon, lévaluation ne doit apparaître comme un concours déguisé laissant définitivement sur le chemin la grande majorité des élèves. On se lamente beaucoup sur le pourcentage délèves qui sortent du système éducatif sans qualification et de ceux qui maîtrisent mal des compétences de base, mais sest-on véritablement interrogé sur la part de la constante macabre dans ces échecs ? Comment des élèves de plus en plus nombreux ne décrocheraient-ils pas à partir de résultats qui ne sont pas dus à une absence de travail, mais à un mauvais positionnement dans la classe ?
Voila pourquoi la lutte contre la constante macabre doit être une cause nationale au sein de notre système éducatif, ce qui implique une remise en cause radicale de toute évaluation qui confond sélection et appréciation dun niveau atteint. Lévaluation par contrat de confiance est un moyen de combattre cette confusion ; il nest certainement pas le seul, mais il a déjà largement prouvé son efficacité. Au-delà, tout doit être fait pour convaincre lensemble des acteurs de lEducation nationale de modifier profondément leur conception de lévaluation ; en faire un instrument de réussite et non déchec, producteur de confiance et non de découragement.
Claudine Caux, Présidente de la PEEPPour une évaluation positive du travail de nos enfants a lécole, afin que chacun trouve sa voie dexcellenceLa PEEP a de tout temps dénoncé le système dévaluation de nos élèves en place dans lEcole et axé principalement sur la mesure de lacquisition des savoirs « académiques » et des performances scolaires.
Ce système ne permet pas dapprécier pleinement les compétences, aptitudes, capacités de nos enfants, pourtant essentielles à toute démarche dorientation (scolaire et professionnelle future) positive et active, même si (enfin !), la mise en place du Socle Commun de Compétence et de Connaissances et des Livrets de Compétences ont tendance à faire progresser les mentalités et les méthodes.
Lévaluation dite « normative » est encore trop présente et trop subjective. Une étude a démontré cette subjectivité dans la correction de copies identiques de bacheliers, dont lécart de notation sétalait de 5 à 16.
Une autre étude a démontré également que le comportement en classe des enfants influence le professeur sur la notation.
Au travers de lévaluation unique par la note, lécole organise la hiérarchie entre élèves en les incitant à se positionner par rapport à leurs pairs et non à se dépasser par rapport à eux : un élève faible va se décourager, un élève fort ne fournira pas forcément des efforts supplémentaires.
Notre système de notation ne prend donc pas en compte les progrès effectués par un élève. Or, un élève qui progresse, reconnu et valorisé par rapport à cette progression, est un élève qui va retrouver confiance en lui et qui va aller de lavant. Mais encore faut-il bien lui spécifier ce quon attend de lui, et quil ne se sente pas « piégé » dans ses évaluations.
Pour la PEEP, faire prendre conscience aux professeurs et aux élèves que lanalyse pour ces derniers, de leurs aptitudes, leurs capacités, leurs compétences, leurs progrès dans les résultats attendus est une nécessité, introduit une autre vision de lévaluation des élèves ; expliquer aussi à lélève ce quon attend de lui, laider dans sa méthodologie à apprendre en est une autre.
Cest pourquoi, la PEEP sest engagée auprès du Professeur Antibi, en étant signataire dun courrier adressé au Ministre de lEducation nationale pour demander une généralisation de lévaluation par « contrat de confiance » dans tous les niveaux de notre système scolaire.
Le Parlement européen et le Conseil de l'Union européenne ont adopté le 18 décembre 2006 une Recommandation relative à des « Compétences clés pour léducation et la formation tout au long de la vie ». Parmi elles, les compétences clés « Apprendre à apprendre », « compétences sociales et civiques » et « Esprit dinitiative et dentreprise » .Ces compétences visent donc bien des capacités et des aptitudes que tout jeune doit acquérir.
Le 21 novembre 2008, une nouvelle étape a été franchie avec ladoption de la Résolution «Mieux inclure lorientation tout au long de la vie dans les stratégies déducation et de formation tout au long de la vie » proposée par le ministre de lÉducation nationale aux ministres européens réunis au sein du Conseil, sous présidence française. Elle recommande notamment aux États membres de «favoriser lacquisition de la capacité à sorienter tout au long de la vie ».
Pour aider les jeunes à une insertion professionnelle réussie, il est donc urgent que lEcole les aide à mieux réussir leur parcours scolaire et leur orientation. Elle ne pourra atteindre cet objectif quavec une approche nouvelle : valoriser les aptitudes et compétences de chaque jeune et non plus seulement ses performances scolaires, reconnaître ses efforts et ses progressions quil soit ou non en grande difficulté, définir clairement avec lui ce que lEcole attend de lui avec des objectifs clairs et précis. En bref, lEcole doit passer dune évaluation normative à une évaluation formative.
Isabelle Tardé, Déléguée générale de la FAPÉEUne école investie de sens pour tousPeu connue en France, la FAPEE fédère la grande majorité des associations de parents délèves de lenseignement français à létranger. Elle représente à la fois les associations de parents délèves telles que nous les connaissons en France mais aussi les associations qui gèrent nombre de lycées français dans le monde.
Le réseau de lenseignement français à létranger est remarquable de par sa taille et sa vitalité. De fait, il scolarise près de 280 000 élèves dans 460 établissements ou filières homologuées par le MEN. 260 établissements ont des liens directs avec lAEFE, létablissement public administratif opérateur du ministère des affaires étrangères et animateur de lensemble (mais au sein duquel existent dautres opérateurs dont la Mission Laïque française avec 100 établissements.)
Pendant longtemps, on a appliqué in extenso notre système français (programmes et pratiques) avec la révérence conférée aux vertus de lesprit « cartésien » et des valeurs républicaines. Mais le monde évolue, comme les attentes des populations qui fréquentent nos établissements. Même paré des mérites de lexcellence quattestent les très bons résultats au baccalauréat, lenseignement français se trouve aujourdhui exposé et questionné par les parents; Les établissements français évoluent dans un environnement concurrentiel (- système éducatif local, - autres écoles internationales). Le marché de léducation se globalise et ne peut plus être purement pensé dans une logique franco-française : nombre de nos élèves se destinent à des études supérieures dans lenseignement local, dans des universités étrangères, sur des parcours et des carrières transnationaux.
Les parents ont très rapidement tiré la sonnette dalarme sur lévaluation « à la française » qui apparaît à la fois comme arbitraire et défavorable, sachant que dans les parcours transnationaux, la traduction des notes est désavantageuse pour nos élèves. Ainsi on a vu en Espagne, en Tunisie ou au Portugal, par exemple, nos élèves exclus de filières sélectives parce que le diplôme de fin détudes local était moins pénalisant que le bac.
Plus fondamentalement, les parents de la FAPEE soutiennent avec force la mise en place du socle de connaissances et de compétences parce quil doit clarifier les apprentissages permettant la valorisation du potentiel de lélève, en donnant leur vraie place à des compétences autres quacadémiques.
Nous demandons que la mise en place du socle commun saccompagne dun « syllabus » à destination des élèves et des parents qui détaille sur lannée scolaire, le programme de cours, les connaissances attendues, les différents types dévaluation, sachant que celles-ci doivent aussi récompenser leffort. Nous luttons contre un système qui génère de léchec artificiel et dans lequel, pour certains enseignements, on ne peut se maintenir quà renforts de cours particuliers. Nous voulons une évaluation par contrat de confiance.
Loin dune approche consommatrice décole, la FAPEE milite pour une vie scolaire participative. Nous croyons aux mérites éducatifs du vivre à lécole. La valorisation des talents, le sentiment dappartenance, le respect mutuel, la solidarité, la citoyenneté, la confiance en soi doivent sapprendre au même titre que les enseignements académiques. Ils se nourrissent dune vie scolaire où chacun se sent naturellement engagé.
Emmanuel Zemmour, Président de lUNEFPour un droit à la réussite et à une évaluation au service de la progression dans les universitésIntroduction
Lenseignement supérieur français a connu une véritable révolution depuis les 50 dernières années avec laugmentation importante du nombre détudiants. Ainsi le nombre détudiants dans lenseignement supérieur a été multiplié par 7, passant de 140 000 en 1960 à plus de 2,2 millions aujourdhui. Cette massification de lenseignement supérieur a profondément bouleversé le rôle et la place des universités dans la société. Dinstitutions élitistes réservées à un public privilégié, elles sont devenues le lieu de tous les espoirs pour de nouveaux publics étudiants issus de milieux sociaux qui en étaient jusqualors exclus. Pourtant cette révolution na pas été accompagnée dune transformation des structures de luniversité permettant de faire réussir le plus grand nombre détudiants. Les modèles denseignement et dévaluations nont quasiment pas évolué depuis les années 1950 : cours magistraux dans des amphis désormais bondés, examen couperet, exigences élitistes etc. Luniversité demeure un lieu de reproduction sociale. Le taux déchec est aujourdhui supérieur à 50% en première année de licence et touche en priorité les étudiants issus des milieux modestes et populaires et plus de 90 000 étudiants sortent de lenseignement supérieur chaque année sans aucun diplôme.
Lévaluation dans les universités fait partie de ces rigidités dune institution qui na pas su sadapter à la massification pour faire avancer la démocratisation de lenseignement supérieur. Les modes dévaluation sont trop souvent considérés comme de simples contraintes administratives et de gestion des flux. Labsence dune réflexion pédagogique sur lévaluation en a fait un outil pour sélectionner les étudiants par léchec tout au long de leur parcours universitaire. Le contenu des épreuves ainsi que le rythme des examens et labsence de pédagogie durant lannée universitaire sont autant dentraves à la réussite des étudiants. Les modalités de contrôle des connaissances quant à elles sont utilisées par les universités pour créer une sélection artificielle des étudiants avec un examen-sanction et des règlements anti-pédagogiques comme labsence de rattrapages ou la mise en place de notes éliminatoires. Dans ce débat sur les modes dévaluation deux visions de ce qui fait la valeur dun diplôme sopposent : ceux qui dun côté estiment quun diplôme na de la valeur que si il est rare et difficile à obtenir et qui, par les modes dévaluation créent la sélection dans les universités, et ceux qui pensent que la valeur dun diplôme se fonde sur son contenu et sur les acquis et les savoirs obtenus tout au long de lannée par létudiant.
Mais luniversité comme vecteur de reproduction des inégalités nest pas une fatalité. A lheure où la France enregistre un retard considérable en proportion de la population diplômée de lenseignement supérieur, il est nécessaire de redonner à luniversité lambition de mener chacun à la réussite. Laugmentation du nombre de diplômés est un impératif économique car si on élève le niveau de qualification dune génération on améliore la croissance du pays. Le diplôme reste également la meilleure arme des jeunes face au chômage. Il est donc impératif de transformer luniversité pour ladapter aux nouveaux enjeux, par une révolution pédagogique au sein de luniversité et par une évaluation au service de la progression des étudiants pour faire réussir le plus grand nombre. Pour cela il nous faut identifier les failles et les dysfonctionnements de notre système denseignement supérieur afin de sattaquer à chacune dentre elles et ouvrir une nouvelle étape de la démocratisation.
L'UNEF, qui est lun des premiers signataires de l'Appel « Pour une évaluation plus juste du travail des élèves et des étudiants », s'associe pleinement à l'objectif d'une évaluation affranchie de la Constante macabre dans le Post-Bac, notamment permise par le dispositif de l'Évaluation par contrat de confiance (EPCC).
CHANTIER N°1 = Permettre une évaluation complète et progressive des étudiants
LUNEF réclame :
- la mise en place de manière obligatoire et systématique dans toutes les matières dexercices dévaluation diversifiés permettant de couvrir les différents aspects de la formation acquise (oral, dissertation, travail en groupe, exposé, QCM, enquête de terrain
).
2. Multiplier les temps dévaluation pour mettre fin aux examens couperet et faire des évaluations des outils au service de la progression
LUNEF réclame :
- la mise en place dun contrôle continu généralisé permettant une évaluation tout au long de lannée, la fin de lexamen couperet et une diversification des épreuves pour que lensemble des acquis de létudiant soient évalués.
- une clarification dans les textes réglementaires des règles du contrôle continu (nombre minimum dévaluations, dispense pour les étudiants salariés) afin que sa mise en uvre soit réelle et non pénalisante pour les étudiants.
CHANTIER N°2 = Organiser les examens de manière à favoriser la réussite
1. Instaurer une véritable semaine blanche de révision.
LUNEF réclame :
- la mise en place dune véritable semaine blanche de révisions avant les examens dans toutes les universités
- la mise en uvre de dispositifs pédagogiques dans les universités pendant cette semaine de révision pour accompagner les étudiants dans la préparation de leur examen
- linstauration de barèmes clairs et précis sur chaque épreuve consultables par les étudiants, afin daméliorer la lisibilité des exigences dévaluation pour les étudiants et rendre les notations moins aléatoires dun enseignant à lautre.
2. Mettre la correction des copies au service de la progression des étudiants
LUNEF réclame :
- la garantie pour les étudiants de pouvoir consulter leur copie
- la mise en place de corrections individuelles ou collectives par les enseignants
- la garantie dun droit à une double correction des copies pour avoir lavis dun autre enseignant en cas de litige
3. Garantir la session de rattrapages dans toutes les universités
LUNEF réclame :
- la généralisation de la session de rattrapage pour laisser une seconde chance aux étudiants et le cadrage national de ses modalités (calcul des notespar rapport à la première session, temps minimum entre les deux sessions, calendrier
)
- la mise en place dun encadrement pédagogique particulier pour la préparation de cette deuxième session : modules de rattrapages, de révision de la méthodologie
- la prise en compte de la meilleure des deux notes
CHANTIER N°3 = Modifier les règlements dexamen pour mettre fin à la sélection par léchec
1. Mettre fin à un système illisible, injuste et illégal en renforçant le cadrage national des modalités dexamen par la loi
LUNEF réclame :
- un cadrage national plus strict des modalités dexamen (incluant le droit à la compensation annuelle des notes, linterdiction des notes éliminatoires, un cadrage des règles de contrôle continu
) pour assurer ainsi des modalités dévaluation justes dans toutes les universités et garantir légalité entre étudiants
- le renforcement du contrôle de légalité sur les universités pour quelles ne puissent plus contourner la loi en toute impunité et sélectionner par léchec les étudiants
2. Garantir partout le droit à la compensation annuelle des notes
LUNEF réclame :
- linscription dans larrêté Licence du droit à la compensation annuelle des notes pour garantir cette règle de calcul dans tous les établissements et mettre fin à des pratiques absurdes.
3. Des pratiques qui poussent à léchec
LUNEF réclame :
- linterdiction explicite des notes éliminatoires dans les textes réglementaires afin de supprimer cette pratique anti-pédagogique dans toutes les universités
- le renforcement du contrôle de légalité sur les universités pour sassurer du respect du droit à la compensation semestrielle des notes pour tous les étudiants
CHANTIER N°4 = Mettre en place une réelle pédagogie à luniversité
1. Renforcer lencadrement des étudiants
LUNEF réclame :
- linstauration dun pourcentage minimum de cours en petits groupes dans le volume horaire global des diplômes pour assurer un meilleur encadrement des étudiants
- la création de véritables services pédagogiques en charge du suivi des étudiants pour venir en aide aux étudiants en situation déchec
2. Pour une augmentation du volume horaire
LUNEF réclame :
- la mise en place dun cahier des charges national de la Licence garantissant notamment un minimum de 25h de cours hebdomadaire
- un plan de recrutement de 2000 enseignants-chercheur et 2000 personnels IATOSS par an pendant 5 ans pour assurer les moyens humains nécessaires à meilleur encadrement des étudiants
- lallongement des semestres pour permettre laugmentation du volume horaire et la mise en place de dispositifs daccompagnement des examens sans alourdir à outrance les rythmes universitaires
3. Pour un accompagnement pédagogique plus important et des dispositifs de lutte contre léchec
LUNEF réclame :
- la mise en place de dispositifs spécifiques pour les étudiants en situation déchec : cours de remise à niveau au 2nd semestre ou au cours du 1er (modules disciplinaires et de méthodologie)
- création de dispositifs spécifiques pour les étudiants salariés : cours du soir, enseignant-référent, allongement de la durée demprunt à la BU, rendez-vous pédagogiques réguliers
- la mise en place dune formation initiale et continue des enseignants-chercheurs aux méthodes pédagogiques et dévaluation
- la prise en compte de lactivité denseignement et de linvestissement pédagogique dans lavancement des carrières des enseignants-chercheurs
- la mise en place de lévaluation des enseignements par les étudiants
Arnold Bac, Membre du Bureau du MCLCMRompre avec nos constantes ?Coordinateur
des Ateliers « [
] jai commencé à enseigner, notamment à Sciences-Po, lélite. Jai été surpris par le fait que les étudiants français avaient un mal fou à participer, à prendre la parole. Depuis la petite école, le système rend les élèves français réticents à la participation. Ils nont pas confiance en eux.
Selon les études internationales Pisa, les jeunes Français sont les plus angoissés 71 % des élèves sont régulièrement sujets à lirritabilité, 63 % souffrent de nervosité, 40 % dinsomnies ; ils ont peur du hors-sujet, de la mauvaise note en maths, ils sont terrifiés à lidée de commettre des erreurs. La peur de léchec les ronge. On pointe du doigt les lacunes des élèves et on ne prend jamais en compte les facteurs de confiance en soi et dépanouissement. Alors que cela représente la moitié de léducation, tout autant que la somme des connaissances maîtrisées. Les professeurs sont prisonniers dun système qui les enferme dans lobsession de terminer le programme à tout prix. Et tant pis si lon perd en chemin les trois quarts des élèves [
].
Le système de la notation est aussi à revoir. Que vaut un 12 sur 20 ? Cela dépend des enseignants. Un 12 pour un professeur est une bonne note, pour un autre, une mauvaise. Cest un système qui note pour sélectionner et non pour former. La note est bien souvent vécue comme une humiliation. Cest une culture impitoyable qui a sacralisé des évaluations mettant les élèves sous pression, une culture de lexcellence, certes, mais qui enfonce les élèves les plus faibles plutôt quil ne les aide à se relever. Une culture de la nullité pour moi, à lopposé des grandioses promesses de la République.
En France, on achève bien les écoliers. Je trouve cela déplorable que lon ait plus de facilité à donner un zéro quun 20 sur 20. A Sciences-Po, une étudiante mavait rendu un travail brillant ; eh bien jai décidé de lui mettre 20, elle est tombée dans les pommes [
]. »
Ces propos, très durs, tirés de ce qua dit au « Journal du Dimanche » du 11 septembre 2010 le journaliste anglophone Peter GUMBEL, enseignant à Sciences Po Paris depuis 2004 et auteur de « On achève bien les écoliers », sont à rapprocher de propos déjà plus anciens et plus diplomatiques. Ces propos sont extraits de ceux tenus en 2004 en réponse à la question « que faut-il entendre par réussite de tous les élèves ? », propos contenus dans le rapport de la commission du Débat sur lavenir de lécole, conduite par Claude THELOT :
« La réussite dune école tient dabord à ce quelle arme tous les élèves et les futurs citoyens de connaissances, de compétences et de règles de comportement jugées aujourdhui indispensables à une vie sociale et personnelle réussie. (
) (l) école doit aider les élèves à grandir, à devenir des adultes, des personnes autonomes et responsables, à cultiver le respect de soi et celui des autres, à développer la confiance en soi et dans les autres (
). »
Lexistence de la « constante macabre » va totalement à lencontre de cela. Elle ne fait que conforter ce quénonçait le Rapport de la Cour des comptes publié en mai 2010 et intitulé "L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves" : « (
) le regard collectif sur lécole a évolué dans le sens dun moindre optimisme vis-à-vis dune institution qui, si elle a su relever le défi de la « massification », nest pas parvenue à surmonter celui de la démocratisation. Cette perception est, au demeurant, partagée par les acteurs du système scolaire, dont au premier chef les enseignants (
). ». Je naurai pas la cruauté de rappeler ici les résultats de lenquête « Programme international pour le suivi des acquis des élèves-PISA » sur notre Ecole
Or, la constante macabre est reconnu par pratiquement tous les acteurs de notre système éducatif (syndicats et associations denseignants, de chefs détablissement, dinspecteurs dacadémie, de directeurs diocésains, de lycéens, détudiants, fédérations de parents délèves, mouvements déducation populaire). Il en est question dans le rapport de la commission parlementaire « Grosperrin » sur le socle commun. Le ministère de léducation nationale, son directeur général de lenseignement scolaire, le ministre lui même, expriment leurs préoccupations sur ce sujet, notamment par le soutien quils apportent publiquement au combat conduit par André ANTIBI et le Mouvement Contre La Constante Macabre-M.C.L.C.M. La presse, des personnalités évoquent de plus en plus fréquemment lexistence de la constante macabre. Je pourrai même oser affirmer que la dénonciation de la constante macabre devient
une constante !
Mais il semble quun certain pas hésite à être franchi. Cest celui où on ferait du combat contre la constante macabre une priorité nationale, en tenant notamment compte des traditions, des cultures, voire des pesanteurs, mais aussi des avancées, des acquis propres à chaque niveau et aux différentes composantes de notre système déducation et de formation ( écoles maternelle et élémentaire, collège, lycées généraux, technologiques et professionnels, enseignement agricole, enseignement supérieur).
Daucuns pourraient dire quau-delà des mots et quau-delà dune inflation de mesures réputées réparer les dommages causés par le cur du système éducatif, il existe une sorte de résistance à justement toucher ce cur du système. Et ça, malheureusement, cela fait partie
de nos constantes !
Or, ce nest quen rompant avec ces attitudes trop constantes que notre système éducatif rompra avec sa constante macabre et aussi avec tout ce qui fait obstacle à lacquisition du socle commun de connaissances et de compétences et à la capacité à se former et séduquer tout au long de la vie.
Chiche ?
Romain Fayel, Coordinateur EPCC pour le Primaire« LEPPC pour mieux évaluer les compétences et tirer profit du soutien scolaire »Professeur des Écoles à Saintes RadegondeLévaluation des acquis des élèves par lévaluation de leurs compétences est ancrée depuis déjà près dun quart de siècle dans la culture de lécole primaire. Sa mise en place (avec linstauration du livret scolaire) lors de la loi dorientation de juillet 1989 devait notamment accompagner la politique des cycles afin de donner à chaque élève un temps dapprentissage plus adapté. Les compétences se déclinaient alors en savoir-faire (disciplinaires) et savoir-être (transversaux), au-delà des savoirs savants eux-mêmes. Les enseignants des écoles (et notamment les professeurs des écoles pour lesquels la création dun nouveau corps fut concomitante avec la mise en place des cycles) sont donc familiarisés depuis longtemps avec ce mode de validation du travail des élèves même si les pratiques restent souvent diverses.
La logique de Socle Commun, installée depuis 2005 comme nouveau cadre de référence, est venue renforcer cette culture dacquisition par compétences (voir article 9 de la loi du 23 avril 2005 : « La scolarité obligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l'acquisition d'un socle commun constitué d'un ensemble de connaissances et de compétences qu'il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société. »).
En quoi lEvaluation Par Contrat de Confiance peut-elle donc favoriser ce type dacquisition et dévaluation par compétences ? Comment faire « se croiser » ces deux logiques et quels liens peuvent les unir ?
Pour répondre à ces questions qui sont lobjet de notre colloque annuel, je me baserai sur les travaux mis en uvre autour de lEPCC dans mes différentes classes depuis six ans maintenant.
Tout dabord, après ces années de pratique, il mapparaît tout à fait clair que lEPCC ne représente pas uniquement un moyen dévaluation plus juste du travail des élèves, mais aussi une (R)évolution dans le domaine méthodologique. Jai ainsi pu constater que la méthode irrigue tout le travail scolaire de lélève en le rendant plus autonome et acteur de ses apprentissages. Pour lenseignant, cela représente un effort non négligeable de cohérence dans le choix des activités et des exercices tout au long de la séquence dapprentissage. Pour ce qui nous concerne (EPCC et compétences), il convient donc de bien les sélectionner afin dévaluer de la façon la plus précise possible les compétences en jeu dans les programmes, sous-tendant elles-mêmes celles du Socle.
A ce stade, il convient de préciser que la multiplication de compétences à travailler nest pas très judicieuse car elle peut perdre à la fois lélève et lenseignant. Je préfère donc en limiter le nombre et nen cibler que trois ou quatre qui seront facilement identifiables et déclinées tout au long de la séquence dapprentissage. Les consignes et formes de travail sont, quant à elles, bien évidemment différentes, afin dapporter une richesse dans le processus dacquisition.
En outre, il est préférable de ne valider une compétence quaprès un certain nombre doccurrences, afin dêtre certain dun niveau de maîtrise satisfaisant chez lélève. On ne validera, par exemple, de façon définitive la compétence de français « Identifier les verbes conjugué dans des phrases complexes et fournir leurs infinitifs. » quaprès un travail exhaustif sur tous les temps verbaux, ou la compétence dhistoire « Caractériser une période historique. » quaprès une étude précise des périodes historiques. On peut ici voir toute lexigence que revêt une telle démarche à court, moyen ou plus long terme.
Je tiens à mettre en évidence le fait que lEPCC nécessite une adaptation aux caractéristiques de lécole primaire. Jai ainsi pu créer, au cours de mes années dexpérimentation, un outil plus spécifique que jai nommé « FICHE MÉTHODE ». Celle-ci est bâtie autour dune liste dexercices à revoir (préconisée dans la démarche générale) mais également dune série de compétences placées du côté de lélève. Ces compétences sont plus précises et concrètes quinstitutionnelles car identifiées par lélève lui-même. Elles sont néanmoins conformes à celles sélectionnées en amont par lenseignant. La plupart du temps, six ou sept compétences de la fiche méthode recoupent donc trois ou quatre compétences générales à valider.
La démarche délaboration que je préconise est la suivante :
- recherche individuelle par lélève des compétences (sous forme de savoirs ou savoir-faire) en vue de lévaluation à travers la liste dexercices ou le cours
- validation collective avec classement et reformulation des compétences
La réalisation de cette fiche méthode est placée en amont de lévaluation entre les phases 1 (annonce du programme du contrôle) et 2 (séance de questions-réponses) de la démarche EPCC.
La mise en place de cet outil, au cur de la thématique du colloque, ma été dictée par la spécificité des élèves du primaire, à savoir un niveau dabstraction moindre que leurs camarades du second degré (y compris en CM1-CM2, niveau sur lequel jenseigne). Jai pu me rendre compte de la nécessité de faire verbaliser de façon systématique par lélève les compétences afin de lever les éventuelles zones dombre, les non-dits de la relation pédagogique. En effet, lenseignant a souvent tendance à penser que lélève a perçu de lui-même ce qui va lui être demandé en vue dune évaluation, or, très souvent, il nen est rien. En résumé, comme on le dit parfois : « Cela va sans dire mais cela va mieux en le disant
».
Pour faire le lien avec le deuxième axe du colloque (le soutien scolaire), on peut dire que lEPCC (avec la fiche méthode) constitue un bon outil en tant que guide pour le travail personnel de lélève du primaire favorisant ainsi le travail de révision. Il nexiste pas, à proprement parler, de soutien scolaire à lécole primaire mais des dispositifs tels que laide personnalisée. Il est tout à fait envisageable, pour un élève ayant des difficultés ponctuelles dans son travail, dutiliser ce temps pour laider à simprégner de la démarche EPCC. Cette dernière constituant un réel apprentissage (il faut parfois même « déconstruire » certains comportements), on guidera lélève dans la recherche et la validation des compétences (à travers la fiche méthode) ainsi que la liste des exercices à revoir (« Quest-ce quon attend de moi ? Dois-je tout refaire pour mentraîner ? Quels sont les points sur lesquels jai encore besoin daide ?).
Avec le recul, je peux affirmer que la mise en place dun « environnement EPCC » en primaire fournit un cadre de travail à la fois rassurant et mobilisateur pour lélève. Cela laide à travailler davantage et mieux en amont de lévaluation, lincitant à être impliqué en classe. Il constitue, par là-même, et de lui-même, un soutien scolaire.
Enfin, cest un dispositif apprécié par les parents qui souhaitent suivre et simpliquer dans le travail scolaire de leur enfant. Quant aux élèves nayant pas cette chance, cela leur offre la possibilité de travailler seul car la totalité des exercices ont été corrigés, expliqués et, le cas échéant, repris lors de la phase de questions-réponses. Cest là un des points cruciaux de la pratique de lEPCC : entretenir chez lélève le goût de lapprentissage et de lacquisition de lautonomie dans un cadre rassurant. On lui fournit la possibilité de se situer dans le processus de validation des compétences évaluées. De façon plus large, on offre une réponse efficace pour démocratiser laccès au(x) savoir(s). Il sagit là dun des enjeux majeurs de lécole du 21ème siècle.
Pour conclure, je livrerai une anecdote. À un élève de CM2 que jinterrogeais pour connaître son sentiment sur la méthode EPCC et qui me demandait, inquiet, comment il sen sortirait sans fiche méthode au collège, jai pu répondre quau pire, le fait davoir pratiqué ce type dévaluation ne le desservirait pas (étant sur un pied dégalité avec ses autres camarades). Comme jajoutais quau mieux, bien au contraire, cela lui serait bénéfique et quil pourrait sen inspirer sil était perdu, il ajouta : « Cétait super de travailler comme ça parce quau moins, on savait ce qui nous attendait et on napprenait pas les choses pour rien. Peut-être que ce sera pareil lannée prochaine. En tout cas, ce serait bien
».
Romain Fayel, Coordinateur EPCC pour le PrimaireCompte-rendu de lAtelier
sur lEnseignement PrimaireProfesseur des Écoles à Saintes RadegondeLes participants à latelier primaire étaient, cette année, « relativement » nombreux (une quinzaine) avec différents « publics » représentés couvrant presque lensemble des champs du premier degré.
Ainsi, on trouvait des enseignants de cycle 3, des enseignants spécialisés, une collègue ayant exercé à létranger, une conseillère pédagogique. Chose importante : étaient aussi présents des étudiants en Master préparant le concours et sintéressant au thème de lévaluation en général, et au système EPCC en particulier.
Après les présentations de convenance, tous les collègues en poste ont affirmé vouloir à plus ou moins long terme expérimenter lEPCC dans leur classe. Ils venaient donc avec un certain nombre de questions très pratiques sur la mise en uvre.
Après un exposé des motifs et spécificités de lEPCC appliquée à lécole primaire, un débat autour de questionnements divers sest tenu entre les participants.
Les premières questions traitées ont concerné la liste dexercices à revoir en amont de lévaluation (étape 1 de la démarche) : Comment établir la liste et quelle doit être sa longueur (afin, à la fois, déviter le « par-cur » ou, au contraire, une révision trop longue) ? Quel peut être le statut des « fausses réussites » (dixit un collègue présent) liées à la restitution sans compréhension ? Les élèves sont parfois choqués, au départ, que lenseignant leur redonne à lidentique les exercices vus et corrigés en amont de lévaluation. On ressent ici tout le poids des habitudes et lacceptation de « coutumes » (on devrait être interrogé sur des choses non vues ou travaillées en amont et donc « souffrir » lors de lévaluation), y compris chez ceux qui en souffrent le plus. A ce stade, les participants notent que les plus surpris restent les parents qui, ayant eux aussi vécu ou enduré un certain nombre de dysfonctionnements (dont la constante macabre), sont en demande de notes et exercent une réelle pression (plus ou moins forte selon les zones) sur un certain nombre de points (devoirs à la maison, etc.).
Premier constat de latelier qui découle de cette situation : une certaine pression, due au poids des traditions ainsi quau vécu de chacun, sexerce autour de lécole de la part de nombreux partenaires. Une proposition simple doit donc être mise en uvre ou appuyée : impliquer les partenaires de lécole et notamment les parents délèves à travers des réunions dinformation placées en début dannée scolaire (pour leur exposer les motifs de lEPCC à travers des notices explicatives servant de cadre à la mise en place) mais aussi leur proposer des références (pourquoi pas celles du site du MCLCM en créant un coin « parents » ?).
Les enseignants stagiaires ou en formation présents sur latelier signalent que le thème de lévaluation est abordé de façon très large en formation initiale (les différents stades tels que lévaluation diagnostique, etc.). Lexistence de la constante macabre ainsi que le système EPCC destiné à y mettre fin ne sont encore que (trop) rarement abordés (cela étant laissé à lappréciation du formateur, de sa connaissance du thème et de son intérêt pour cette pratique). Les enseignants en poste signalent que le fait de donner les critères dévaluation aux élèves fait bien souvent déjà partie de leur pratique mais sinterrogent sur une mise en uvre plus structurée à travers lEPCC. De nombreux collègues sinterrogent sur le fait que linstitution ne simplique pas davantage à partir du moment où le constat de lexistence dune constant macabre est quasi unanimement partagé et quune solution, expérimentée depuis de nombreuses années, existe. Ainsi, une certaine continuité dans le développement de lEPCC est dure à atteindre car les textes officiels en matière de notation et dévaluation sommative sont non contraignants (on se heurte ici à la liberté pédagogique des enseignants).
Deuxième constat de latelier : le thème de la constante macabre, même sil est connu par un nombre croissant dacteurs, nest pas encore suffisamment abordé au cours de la formation initiale et continue. Proposition simple en lien avec ce constat : linstitution doit sengager à mettre en place des actions de formation initiale et continue.
Dernier sujet dinterrogation et de discussion au sein de latelier primaire : Comment évaluer les compétences 6 et 7 du Socle Commun, qui sont plus transversales et complexes dans leur réalisation ? Concernant ce type de compétence davantage liée à lattitude face au travail, lautonomie, etc., une double-évaluation pourrait savérer bénéfique : auto-évaluation de lélève sur la base de critères de réussite définis en amont puis validation par lenseignant. Ce système, qui existe dans certains pays (comme la Finlande), offre, en outre, lavantage dimpliquer lélève encore davantage dans les apprentissages en le rendant acteur de sa réussite.
En conclusion, on peut dire que latelier primaire a été riche en débats et autres réflexions sur lEPCC et ses enjeux. Tous les acteurs se sont montrés particulièrement curieux quant à la mise en uvre du système et de ses effets, non seulement dans le champ de lévaluation, mais aussi dans tous les aspects de la vie de la classe. Les notions phares de CONTRAT et de CONFIANCE ont été ainsi mises en exergue. Des informations et autres documents pratiques leur seront communiqués par les coordonnateurs afin de faciliter la mise en uvre de lEPCC dans leur classe ou leur établissement.
Monique Tantot, Coordinatrice EPCC (Primaire)LEPPC pour récompenser le travailDirectrice honoraire de lÉcole Saint Pothin à LyonPourquoi sommes-nous encore si frileux ?
De quoi les enseignants du primaire ont-ils peur ?
Pourquoi hésitent-ils à tenter lexpérience ?
Qui ou quoi les freine ?
Voilà les questions que je me pose encore, en 2011 !
Ans le premier degré, je ne pense pas que les enseignants veulent suivre la courbe de Gauss de leurs collègues du secondaire. Nous avons encore la chance de ne pas avoir les parents sur le dos lorsque des bonnes notes sont attribuées à tous les élèves dune classe. Mais nous avons des différences de niveau par manque de travail de certains de nos écoliers et pour lentendre à longueur de journée la question primordiale est : « comment motiver ? comment les mettre au travail ?
Je mévertue à dire que lEPCC est un moyen. Jen suis même convaincue. Les élèves se démotivent, même petits, parce que leur travail ne paye pas. Peut-on leur donner tort ? que ferait-on, nous si notre travail ne donnait aucun résultats ? Soyons sérieux.
Il est impensable de donner à des enfants, en évaluation , des choses nouvelles. Ils sont perdus. Notre rôle nest pas de les perdre mais de leur donner confiance pour aller toujours plus loin.
Lélève ne doit jamais être piégé. Il doit savoir ce qui lattend. Je vous garantit que ça marche. Je lai moi-même vu de mes yeux avec mes élèves lorsque jenseignais.
Quand les enfants savent quils ne seront pas piégés, ils se mettent au travail. Il essaient de comprendre et cest là que lon voit lévolution provoquée par lEPCC. Nos élèves ne sont plus passifs, distraits, etc
ils font tout pour écouter, ils posent des questions, ils deviennent chercheurs.
Les nouveaux enseignants que jai dans mon établissement, ne veulent hélas pas comprendre et cest une défaite pour moi. Les plus anciens, eux , sont plein de certitudes, hélas ! jen ai même trouvé qui lisaient les livres dAndré, qui les recommandaient à certains parents , mais
qui ne lappliquent pas dans leur classe ! je pense quil nont pas compris correctement.
Alors, ne baissons pas les bras, parcourons la France pour en parler, écrivons, témoignons. Nous ne devons pas nous taire. Nous avons un moyen simple, économique, efficace, il nous faut convaincre.
Changeons les rapports entre enseignés et enseignants. Soyons nous enseignants, des gens fiables et digne de confiance de la part des jeunes. Notre seul but : quils deviennent plus cultivés que nous et quils aient le goût dapprendre. Cela commence dès la maternelle.
Je fais actuellement un stage de remise à niveau pour des CM2, lEPCC me sert énormément pour un retour à la confiance. Des élèves en échec depuis le CE1 voire le CP retrouve le goût dapprendre et commencent petit à petit à croire en eux. Merci André.
Florence Buff, Coordinatrice EPCC (Secondaire, matières littéraires)« LEPPC » dans une matière littéraireProfesseur au Collège Louisa Paulin de Muret
Expression écrite et évaluation par contrat de confiance
dans les matières littérairesFlorence
Buff NB : Il s'agit d'une expérience menée en Anglais, qui me semble transposable à toutes les langues vivantes, et aussi aux autres matières littéraires.
1) La problématique du transfert
En LV, les élèves sont évalués dans les cinq activités langagières suivantes :
Production orale en continu
Production orale interactive
Compréhension oraleProduction écrite
Compréhension écriteLorsque je me suis lancée dans l'expérimentation, la compétence de production écrite m'est apparue comme la plus difficile à évaluer par l'EPCC.
En effet, deux questions se sont posées à moi :
- La question du " bachotage " :
Les élèves risquaient d'apprendre les corrigés du professeur par cur, et l'on n'évaluerait plus leurs compétences d'expression, mais leurs compétences de mémorisation (certes nécessaires, mais pas suffisantes).
- La question du transfert et de l'autonomie :
Dans la compétence de production écrite, comme dans les autres, on vise l'autonomie de l'élève. L'objectif est de rendre l'élève capable d'affronter seul le même type d'activité et de mobiliser ses savoirs, ses savoir-être et ses savoir-faire dans des situation différentes de la situation d'apprentissage.
Afin d'éviter ces écueils et de garder à l'évaluation de l'expression écrite tout son sens, j'ai procédé de la façon suivante.
2) Suggestion de mise en uvre : Évaluer en cinq étapes.
Pour chaque période de l'année menant à une évaluation notée :
Étape 1 : Corrigés communs et fiches-bilans
Pour chaque scénario d'apprentissage, proposer plusieurs (au moins 6) sujets de production écrite à faire à la maison. Ces travaux sont évalués (annotés par le professeur qui indique les erreurs, et les réussites), mais non notés.
f& Pour les premières expressions écrites, proposer des corrigés communs élaborés en classe avec les élèves, en suivant pas à pas une méthode transférable :
- Amener les élèves à comprendre comment on écrit un paragraphe, analyser la démarche (comment analyser le sujet, comment mobiliser ses connaissances, comment faire un plan, comment se relire efficacement
)
- Leur proposer des méthodes pour améliorer les compétences langagières écrites : confection de fiches-bilans personnelles (Contenant à la fois des éléments proposés en classe et des éléments propres à chaque élève).
Par exemple :
fiche best-of : expressions ou tournures utilisées par l'élève et signalées par le professeur comme particulièrement recherchées ou originales (le professeur les souligne en vert dans les travaux des élèves).
L'élève sait qu'il devra transférer ces expressions à d'autres situations.
fiche erreurs fréquentes (l'élève n'écrit que les phrases correctes ).
Étape 2 : Auto-corrections et fiches-bilans
f& Pour les autres expressions écrites, ne pas élaborer de corrigé commun.
Annoter le travail personnel de chaque élève, et lui donner les moyens d'améliorer lui-même sa propre production :
- Le professeur commente les aspects positifs ou originaux du travail, les incohérences du plan, les erreurs de lecture du sujet ...
- Le professeur souligne en vert les réussites (cf fiche best-of) et en rouge les incorrections.
- Les annotations du professeur précisent pour chaque erreur de quel type d'erreur il s'agit (lexique, orthographe
).
(Donner aux élèves la fiche des annotations utilisées par le professeur).
Chaque élève est à même de s'auto-corriger.
Les élèves utilisent et complètent leurs fiches-bilans.
L' auto-correction effectuée par l'élève est validée par le professeur.
Étape 3 : Programme de l'évaluation
Plusieurs jours avant l'évaluation, donner aux élèves la liste récapitulative des sujets travaillés au cours du scénario.
Étape 4 : Préparation de l'évaluation
Prévoir une séance avant l'évaluation pour répondre aux questions des élèves au sujet des corrections et auto-corrections.
Étape 5 : Évaluation notée
Donner en évaluation notée un des sujets déjà travaillés par les élèves (en excluant les sujets qui ont donné lieu à un corrigé commun, car il s'agit d'un travail d'écriture et non d'un travail de mémorisation).
3) Bilan de l'expérimentation dans deux classes de troisième en 2005-2006
Anglais LV1 Collège Louisa Paulin de Muret, Haute-Garonne
Les bénéfices apportés par cette mise en uvre de l'EPCC ont été nombreux :
- L'EPCC a motivé les élèves, et leur a rendu confiance en eux :
Contrairement aux années précédentes, lors des évaluations de l'expression écrite, aucun élève n'a rendu feuille blanche. Tous les élèves ont "joué le jeu".
-Auparavant, trop d' élèves négligeaient cette compétence importante, car ils la trouvaient trop difficile. Ils s'avouaient "vaincus" d'avance.
- Les élèves ont été en demande de méthodes, davantage que les années précédentes. Ils ont été particulièrement réceptifs lors des élaborations de corrigés communs. Ils ont aussi apporté beaucoup de soin à l'auto-correction de leurs travaux, ce qui n'était auparavant fait que par très peu d' élèves.
L'EPCC a aidé les élèves à faire le lien entre les activités, les compétences, et l'évaluation.
Aux yeux des élèves, le professeur a quitté son rôle de censeur. Il est enfin devenu pour eux un facilitateur d'apprentissage.
- Les élèves ont ainsi développé des capacités de transfert.
Ils ont fait l'effort de développer ces capacités et de rechercher plus d'autonomie langagière, car l'apprentissage avait pris davantage de sens.
Bien que les compétences de transfert n'aient pas été notées en tant que telles, elles ont bien été travaillées et évaluées, lors des travaux à la maison et lors du travail en classe.
-Les élèves ont non seulement obtenu de meilleurs résultats que les années précédentes, mais ils ont aussi réellement progressé.
- Les bénéfices de ce type d'évaluation ont rejailli sur le travail des autres compétences. Les élèves, en confiance, ont davantage travaillé, et les relations entre le professeur et les élèves ont été très agréables. Le climat de classe a de ce fait été très propice au travail oral, ce qui a grandement facilité l'acquisition des compétences orales.
En résumé, les élèves ont davantage travaillé, ils ont progressé, et ils ont aimé ce type d'évaluation. Le bilan est très positif.
Expression orale et évaluation par contrat de confiance en langues vivantes
Comme je l'ai déjà écrit dans un article précédent sur ce site, lorsque je me suis lancée dans l'expérimentation, la compétence de production écrite m'est apparue comme la plus difficile à évaluer par l'EPCC.
Mais l'évaluation de la production orale (que ce soit la production orale en continu ou la production orale en interaction) n'allait pas non plus de soi, et ce pour des raisons similaires :
- La question du " bachotage " :
Les élèves risquaient d'écrire et d'apprendre des textes par coeur et de les réciter, et l'on n'évaluerait plus leurs compétences d'expression orale, mais uniquement leurs compétences de mémorisation. D'autre part, leurs productions perdraient l'authenticité de l'oral pour devenir de l'écrit oralisé, ce que nous voulons absolument éviter lorsque nous évaluons l'oral.
- La question du transfert et de l'autonomie :
Dans la compétence de production orale, comme dans les autres, on vise l'autonomie de l'élève.
L'objectif est de rendre l'élève capable d'affronter seul le même type d'activité et de mobiliser ses savoirs, ses savoir-être et ses savoir-faire dans des situation différentes de la situation d'apprentissage.
Afin d'éviter ces écueils et de garder à l'évaluation de l'expression orale tout son sens, j'ai procédé de la façon suivante :
1) Dire aux élèves, avec le plus de précision possible, quelle sera la *tâche finale à effectuer au début de chaque *scénario d'apprentissage, afin qu'ils puissent s'y préparer le mieux possible et tirer tout le parti des diverses *micro-tâches proposées.
2) Définir des critères d'évaluation et un barème de notation :
Je consacre toujours une séance à évaluer "à blanc" quelques élèves volontaires, en essayant de sélectionner des élèves à profils variés (un élève très à l'aise à l'oral, un élève qui a du mal à s'exprimer...).
Les élèves ne savent pas encore à ce stade quels seront précisément les critères d'évaluation de la tâche à effectuer. Ils ont préparé (chez eux ou en classe lors d'une séance précédente ) une version provisoire de leur travail.
Cette séance sert à bâtir les critères d'évaluation avec la classe. Tous les élèves sont amenés à dire pourquoi ils ont apprécié ou non les performances de leurs camarades. Ils précisent ce qui selon eux a été réussi (c'est-à-dire conforme aux exigences de la tâche), et ce qui est à améliorer. Les élèves volontaires sont bien sûrs appelés à s'auto-évaluer. Ainsi, tous les élèves comprennent ce qu'ils doivent faire pour s'acquitter avec succès de la tâche. Ils ont des modèles (de réussite ou d'échec) auxquels se référer. Par ailleurs, ils comprennent les critères d'évaluation et y adhèrent plus volontiers, puisqu'ils ont été négociés par le groupe, avec un guidage habile du professeur, bien évidemment.
Une fois que les critères d'évaluation (et le barème) ont été ainsi définis, je fabrique la grille d'évaluation et je la distribue aux élèves. La grille est pour eux un guidage précieux, une sorte de "cahier des charges". Le contrat est très clair pour eux : s'ils s'acquittent de tous les éléments requis, ils auront la note maximum.
Voici un exemple. La consigne était :
Présente la météo de la semaine dans les îles britanniques à l'aide des cartes.
Tu devras donner la météo de cinq régions au moins et citer au minimum cinq "météos" et cinq températures différentes. Tu devras parler de la météo de hier, d'aujourd'hui, et de demain. Tu devras adopter le style d'un présentateur dune présentatrice météo.
Respect de la consigneSalutations/2cinq régions/5cinq températures différentes/5cinq "météos" différentes/53 phrases pour parler du passé/33 phrases pour parler du présent/33 phrases de prédiction/3annonce du programme qui suit et salutations/4TOTAL/30Qualité de l'expressioncorrection et étendue du lexique/15correction et complexité de la syntaxe/15respect de la prononciation et de l'intonation/15cohérence du discours (plan)/10TOTAL/55Qualité de la communicationattitude et gestuelle adaptées à la situation / s'adresse au public/20expression naturelle et fluide/20parle assez fort/10efforts d'originalité/15TOTAL /65NB : Il s'agit bien d'EPCC puisque les élèves connaissent avec précision les modalités d'accomplissement de la tâche et puisque les outils (lexique, structures, géographie, gestuelle appropriée...) ont été travaillés en amont grâce aux micro-tâches ; mais il s'agit d'un EPCC "assoupli" puisque la carte météo change tous les jours. Cette forme d'EPCC est donc bien adaptée aux exigences d'une tâche finale, car elle fait appel aux compétences de transfert. Il ne s'agit pas pour les élèves d'apprendre par cur un texte écrit à l'avance, mais bien de mobiliser des connaissances, capacités et attitudes afin de prouver leur maîtrise de la compétence de production orale.
3) S'entraîner et se préparer :
Une ou deux séances sont ensuite consacrées à l'entraînement. Les élèves, par groupes de trois ou de quatre, présentent leurs productions orales à leurs camarades munis de la grille d'évaluation.
Pour les productions orales en continu : un élève parle et deux élèves évaluent (ils se partagent les items de la grille).
Pour les productions orales en interaction : deux élèves parlent et deux élèves évaluent.
Les élèves passent à tour de rôle, et ainsi, chaque élève a parlé et évalué au moins une fois.
Cet entraînement est bien sûr chronophage, mais je "récupère" le temps consacré à l'apprentissage lors de la phase d'évaluation sommative. D'autre part, il me semble que le temps consacré à l'apprentissage n'est jamais "perdu". De plus, les élèves me disent qu'ils apprennent aussi beaucoup lors de ces moments de co-évaluation.
4) Evaluation notée :
Les élèves sont maintenant totalement autonomes : ils sont installés seuls à une table au fond de la classe (tout en restant sous ma surveillance). Ils n'ont bien sûr droit à aucune aide écrite ni orale de ma part. Ils s'enregistrent à l'aide d'un micro à tour de rôle. Si la tâche requiert une composante visuelle, ou s'il s'agit d'une production orale interactive (qui fait appel au langage corporel) , j'utilise un caméscope manipulé par un autre élève ou par moi-même. Pendant ce temps, les autres élèves accomplissent une tâche écrite silencieuse en autonomie.
* Construire un scénario d'apprentissage en langue vivante, c'est :
1) Exprimer précisément la tâche que l'élève sera capable
d'accomplir à la fin de la séquence (macro-tâche).
2) Définir une série de micro-tâches visant à faire acquérir les
connaissances, capacités et attitudes nécessaires à l'accomplissement de la macro-tâche.
Ludovic dÉstampes, Coordinateur EPCC Écoles dingénieurLa constante « anti-macabre »Professeur à lENACLa constante macabre, telle que décrite par André Antibi, n'existe pas dans les grandes écoles. Nous aurions plutôt affaire à une constante anti-macabre: les élèves sont « sûrs » d'avoir leurs diplômes. Quel que soit l'enseignement (scientifique ou pas), la moyenne est suffisamment élevée pour qu'un maximum d'élèves passe en année supérieure, si bien que très peu d'élèves (voire aucun) ne se sent en situation d'échec.
Travaillant à l'ENAC (Toulouse) depuis maintenant six ans, ayant travaillé à l'INPT (Toulouse), à l'Agrocampus (Rennes) et à l'ISAE/ENSICA (Toulouse) et après en avoir discuté avec plusieurs enseignants de grandes écoles, j'ai pu constater que cette situation était générale et que la conséquence était que les élèves ne travaillaient pas assez.
Afin d'endiguer ce phénomène et tenter de « motiver » les élèves à travailler plus, plusieurs méthodes pédagogiques ont été mises en place (QCM d'auto-formation, tutorat, projets,...), mais aucune n'a donné de vrais résultats.
Dans le même temps, j'ai rencontré André Antibi, « sa » constante macabre et surtout « son » évaluation par contrat de confiance (EPCC). Si le phénomène rencontré dans les grandes écoles est très différent de celui rencontré dans les autres établissements de l'Éducation Nationale, l'EPCC a les mêmes vertus : faire travailler l'élève dans un climat de confiance.
Toutefois, la mise en place d'une telle évaluation est différente dans les grandes écoles qui n'ont souvent qu'un examen (ou deux) par enseignement pour tester les compétences de l'élève. À l'ENAC, nous utilisons une version modifiée de l'EPCC.
Comment procède-t-on à l'ENAC à la subdivision mathématiques? Chaque examen est divisé en 3 parties: une partie questions de cours, un exercice copie conforme d'un exercice vu en TD et une troisième partie d'un ou deux exercices originaux. Le nombre de points accordé aux parties non originales est supérieur à 12.
Quels sont les résultats obtenus? Dans les matières où on applique l'EPCC, on voit apparaître une plus grande motivation des élèves et un travail plus important. Les étudiants comprennent vite l'intérêt d'une telle organisation: le climat de confiance qui s'installe leur permet d'éviter la septembrisation.
L'objectif est-il atteint? Pas encore. Malgré des progrès significatifs, il est difficile de motiver tout le monde. Après une analyse plus fine, il semblerait que notre version modifiée de l'EPCC (questions de cours non données à l'avance aux élèves) n'est pas assez dans l'esprit du climat de confiance. Le pourcentage de réussite dont parle André Antibi (en effet, quelle que soit la méthode pédagogique utilisée, il est difficile d'obtenir 100 % de réussite) reste toutefois respecté.
En conclusion, l'EPCC est un très bon outil d'évaluation qui, j'en suis persuadé, peut donner de bons résultats sur la motivation des élèves. Il est important que toutes les grandes écoles qui rencontrent ce problème de motivation adoptent l'EPCC. Ce dernier est déjà utilisé dans plusieurs grandes écoles, qui commencent déjà à apprécier les bons résultats de cette méthode pédagogique.
Jean-Paul Keller, Coordinateur EPCC (Classes Préparatoires)Poursuite dune expérience dEPCC
en classe préparatoireLycée Déodat de Séverac ToulouseJenseigne les mathématiques en classe préparatoire depuis plus de trente ans et je me suis longtemps interrogé sur les véritables raisons des notes extrêmement faibles des élèves de ces classes alors quils sont recrutés parmi les meilleurs de notre enseignement secondaire. Je ne voulais pas me résigner à entendre toujours le même discours consistant à dire quil ny aurait, chaque année, quun petit lot parvenant à acquérir un niveau convenable, suivi dun grand nombre dune consternante médiocrité et enfin dune arrière garde de trainards qui ne mériteraient pas leur place. Pour compléter ce schéma, il est dusage dajouter que le niveau nen .nit pas de baisser. Singulièrement, plus les connaissances techniques de notre société progressent et plus le niveau de ceux qui sont à lorigine de leur développement baisserait. Je me trouvais confronté, sans encore y mettre un nom, au phénomène de la constante macabre. Lan dernier jai décidé de mettre en place dans ma classe de PSI une expérience dEPCC, dont jai rendu compte lors du colloque de Toulouse en mai 2010. Je peux ajouter à ce que jai dit alors que les résultats de cette classe aux concours, une fois comptabilisés en septembre, ont dépassé les prévisions les plus optimistes faites par les collègues pendant toute lannée scolaire. Cela ma conduit tout naturellement à poursuivre cette expérience cette année.
Je souhaite dire à loccasion de ce colloque pour quelles raisons lévaluation des mathématiques aux concours des Grandes Ecoles, telle quelle est pratiquée, conduit à des écueils, aussi bien en ce qui concerne les preuves écrites que les épreuves orales.
Les épreuves écrites sont trop longues. Chacune est censée constituer ce que lon appelle un beau sujet consistant, généralement, à répondre à une problématique en une quarantaine de questions réparties entre quatre ou cinq grandes parties. Dans la pratique, face à une telle situation, la plupart des candidats naborde que le début, censé être plus facile, de chacune de ces parties. Le barème, pour ne pas écraser les notes, doit sur-noter ces questions. Pour le plus grand nombre, traiter un tel type de sujet revient donc à grapiller des points, autrement dit à adopter une stratégie purement utilitaire, à lopposé de la façon dont ils se comporteront dans leur carrière professionnelle qui commence trois ou quatre ans plus tard. Un ingénieur dispose de documentation et de temps pour réfléchir. Presque personne ne peut faire de découverte en temps limité et sans aucune aide. Cest pourquoi les beaux sujets de concours, originaux, longs, contenant des parties subtiles, balayant les recoins du programme, ne peuvent convenir quà une infime minorité et désespèrent une grande masse détudiants qui ont le sentiment quils ne pourront jamais atteindre le niveau requis et acceptent comme une fatalité inévitable leur situation délève médiocre pendant leur scolarité en classe préparatoire.
Quant au contenu des épreuves orales, le meilleur alterne avec le moins bon de façon aléatoire. Les questions posées, tout en restant "dans le cadre du programme" pouvant aussi bien porter sur des domaines qui sont continuellement travaillés et donc devenus relativement familiers que sur des excroissances qui auront certes été traitées, mais rapidement et sans avoir le temps dy revenir pour en faire assimiler correctement les méthodes. Le champ des interrogations est si vaste et les mathématiques ne constituent quune part de lensemble des connaissances testées (avec les sciences physiques, linformatique, les sciences de lingénieur, les matières littéraires) que seul un petit nombre de candidats peut aborder avec une sérénité justifiée un oral de concours.
Or, une fois la sélection faite par les écoles dingénieurs, quobserve t on ? les anciens élèves de nos classes, lorsquils reviennent présenter leur nouvelle école aux futurs candidats, expliquent tous quils réussissent fort bien dans leurs études. Ils sont subitement redevenus de bons étudiants. Il y a donc une réflexion à mener sur lévaluation des élèves des classes préparatoires. La lutte contre la présence évidente de la constante macabre dans ces classes, pourtant réputées être parmi les meilleures de notre enseignement, permettrait, entre autres, de faire éclore une qualité qui nest pas développée par notre enseignement. Il sagit de la prise de confiance en soi, par le biais dune scolarité valorisant lacquisition des connaissances et préparant à la réussite aux épreuves des concours. Cette qualité, que lon reconnaît comme étant indissociable du succès dans dautres secteurs dactivité, le fameux mental des athlètes par exemple, conduit ensuite ladulte à savoir dominer des situations de stress, à croire en ses capacités dinnovation, à estimer les avantages et les inconvénients dune prise de risque. Cest ce que lingénieur doit faire tout au long de sa carrière.
Cest parce que je suis convaincu quil faut parvenir à changer létat actuel des choses dans lintérêt général de toutes les parties concernées que je poursuivrai dans mes futures classes cette expérience de lutte contre la présence de la constante macabre. Je souhaite que de nombreux collègues prennent conscience de ce phénomène et rejoignent ce combat.
Gérard Lauton, Coordinateur EPCC (Post-Bac)Contenus, compétences, accompagnement : les atouts de lEPCCUniversité Paris-Est Créteil (UPEC)Linstitution face à de nouvelles attentes de la société
Le mouvement pour une évaluation plus juste du travail des élèves et des étudiants a permis de rendre visible le phénomène de société quest la constante macabre qui, à de rares exceptions près, se manifeste aux différents étages du système éducatif. Depuis 2003, de nombreux enseignants lont identifié et se sont engagés pour sen affranchir, ou bien sont prêts à le faire. Mais linstitution en tant que telle reste réticente à reconnaître ce phénomène, à le nommer en tant que tel et à mettre le cap vers une autre culture de lévaluation. Cela suppose en effet de rompre avec une longue tradition qui veut que lon classe pour sélectionner une élite, selon la norme implicite de la rareté sans laquelle la réussite serait soi-disant galvaudée et dévaluée. Cette vision malthusienne a perdu du terrain car le gâchis que représente léchec nest plus accepté. Parmi ses causes majeures, il y a la constante macabre dont le constat devient largement partagé. Il nest plus crédible dy voir une attaque contre les enseignants vus implicitement comme hostiles à tout regard critique sur leurs propres pratiques. La ligne Maginot dun éloge de la sélection et dune surprotection des enseignants dont ils ne sont pas demandeurs ne tient plus face à lintérêt croissant des équipes éducatives pour une autre vision de lévaluation, non stigmatisante, ouvrant à une autre relation pédagogique et à une mise en valeur du travail et des acquis des apprenants, et donc de lenseignant lui-même. Par un renversement des valeurs, ce nest plus une basse échelle de notes qui serait un critère de crédibilité de lenseignant, mais plutôt une meilleure réussite de ses apprenants dès lors que sont posés les termes dune juste évaluation des acquis les incitant à travailler plus et mieux.
Formes et contextes dune évaluation plus juste du travail et des acquis
Une autre vision de lévaluation sincarne notamment dans les activités accompagnées telles que les Travaux Pratiques, les Projets Tutorés,
Dès lors que les phases de découverte, dapprentissage, de réalisation et dévaluation sont rapprochées, ces modalités savèrent moins exposées à lécueil de la constante macabre. Faut-il y voir le fait quen les notant, lenseignant a davantage conscience dévaluer pour une part la qualité et limpact en temps réel de son propre accompagnement sur la réalisation de lapprenant ? Mais si une activité attrayante se traduit par des acquis, pourquoi ne pas le reconnaître par la note ?
Les Travaux Pratiques ont trop longtemps été relégués comme contact obligé avec lexpérimental venant au bout dun long parcours dabstraction. Leur intérêt est aujourdhui davantage perçu. On les conçoit même à rebours comme une phase initiale de découverte donnant envie den savoir plus et dentrer progressivement dans les concepts, selon un autre phasage pratique théorie, de type inductif. En présentant à lélève le parcours quil doit accomplir dans un TP déterminé, léquipe éducative lui procure dutiles éclairages sur les savoirs sous-jacents, un contrat clair sur ce qui est attendu de lui et un accompagnement pour laider à le réaliser. Cest peut-être pour cela que la constante macabre est nettement moins présente dans les cycles technologiques et professionnels.
Quant aux Projets Tutorés à réaliser sur une période déterminée, ils offrent une autre forme de couplage apprentissage évaluation qui, sur la durée, autorise essais, erreurs, recherche documentaire, bifurcations autour du sujet initial, sous une forme bien différente de celle des canons académiques, avec une réalisation et une soutenance. Exigeante en encadrement, cette modalité peut donner lieu à une évaluation plus juste, à condition de ne pas y introduire après-coup des contraintes rétablissant la constante macabre.
Sagissant de la forme majoritaire des contrôles, celle de lépreuve en temps limité conçue pour évaluer les acquis sur une certaine période, le dispositif de lÉvaluation par contrat de confiance (EPCC) a fait ses preuves en termes de confiance, de regain de motivation et de réussite. Mais il peut aussi avoir dintéressantes retombées sur le plan pédagogique, avec une interaction entre évaluation et apprentissage.
LEPCC pour valider les compétences et structurer le soutien
LEPCC conduit assez naturellement à formuler, en amont des enseignements, leurs objectifs en termes de compétences. Lenseignant imaginera une présentation du programme selon une brève liste de compétences basiques, elles-mêmes déclinées en un nombre raisonnable de compétences plus ciblées. Après une phase de rodage où lenseignant semploie à cadrer son EPCC (objectifs du contrôle, compétences visées, choix des exercices du référentiel communiqué en amont, longueur et barème du sujet, conduite des séances de questions réponses,
), il pourra interpréter les résultats selon le prisme des compétences acquises ou pas encore acquises grâce au fait que le travail de révision aura été structuré par la liste.
Au-delà du bénéfice dune confiance retrouvée et dune meilleure réussite des apprenants, lEPCC est donc un atout pour la phase dapprentissage. Lenseignant va structurer les cours et mais aussi les séances de soutien (y compris questions réponses prévues par lEPCC), autour des compétences visées. Dès que la cible de révision est communiquée, mes étudiants se lancent dans un intense travail coopératif qui les amène à revisiter les notions impliquées dans les exercices, à sentraider et à me solliciter pour bien comprendre les raisonnements.
La séquence des contrôles successifs permet de faire jouer un effet-mémoire : lenseignant observant que des élèves nont pas acquis une certaine compétence en novembre, mais quavec du temps et de laccompagnement, ils lont acquise en février, peut trouver injuste que la photo floue de novembre les poursuive, alors quun nouveau test en février montrera une photo bien meilleure.
LEPCC rend très opérant un tel scénario de validation récurrente avec un programme décliné en compétences : rien nempêche de concevoir les cibles de révision des contrôles successifs avec des chevauchements permettant quune compétence visée se retrouve dun contrôle à lautre, ce qui au passage remédie à une conception fragmentée de lévaluation.
Lors du travail de correction, lenseignant peut observer quelles compétences apparaissent finalement acquises au vu dun degré raisonnable de réalisation des exercices correspondants. Cela conduit certes léquipe éducative à mémoriser pour lapprenant davantage dinformations que sa note globale à un contrôle. Mais le bénéfice attendu en termes de suivi, de réussite et de motivation justifie ce surcroît de travail de gestion des compétences des élèves, avec des moyens accrus en encadrement.
Le secteur du Post-Bac
Véritable galaxie avec, au-delà des universités, une multitude de secteurs thématiques (paramédical, travail social, ingénierie, commerce, gestion,
), le Post-Bac relève de diverses tutelles publiques et privées avec des formes dorganisation et dévaluation très diverses.
Pour les cursus universitaires (LMD, IUT,
), les textes officiels névoquent sur lévaluation des étudiants quun lot minimal de dispositions. Cest aux établissements (Conseils, composantes, départements de formation, équipes pédagogiques des cursus), quil appartient de proposer les scénarios du contrôle des connaissances. Le dispositif de lEPCC commence à être mis en pratique ici ou là, grâce au volontariat dun enseignant ou dune équipe à léchelle dune Unité dEnseignement. Pourquoi ne pas faire connaître ces expériences, en mesurer les avantages, les recommander, voire en adopter le principe à léchelle du cursus, ou même dans le Projet dÉtablissement ?
Les Conseils de Gestion (composantes) et les CEVU (universités) sont des lieux où lon peut faire valoir lintérêt de lEPCC pour de meilleures conditions dapprentissage et de réussite. Au plan national, les Comités de Suivi de la Licence et du Master peuvent être attentifs à la remontée des expérimentations de lEPCC, et en faire connaître lintérêt en lévoquant dans leurs comptes-rendus de discussions et de visites dans les établissements. Pour le Post-Bac des Lycées ou celui des Écoles, on peut faire de même afin de promouvoir une évaluation plus juste.
Nul besoin dinsister sur limpact dans ces divers secteurs du rôle que peuvent jouer les étudiants et leurs associations, qui selon les textes sont fondés à participer à part entière aux décisions sur lévaluation de leur travail et de leurs acquis.
Georges Belmonte, Chef dÉtablissementLEPCC renforcé à lInstitut Saint ChristopheLycée privé Saint Christophe
32140 MasseubeQuelques éléments de réflexion EPCC selon la philosophie de létablissement.
Vous trouverez dans le texte ci-après quelques éléments de réflexion que nous partageons au sein de léquipe pédagogique et éducative de lInstitut Lasalle Saint Christophe. LÉvaluation Par Contrat de Confiance (EPCC) est un outil central dans notre dispositif de mise en confiance des jeunes. Elle est généralisée mais non exclusive dautres types dévaluation.
La réussite scolaire est une des composantes de la réussite dun jeune.
Cette réussite scolaire est plurifactorielle. Nos équipes (éducateurs et enseignants) ont coutume didentifier quatre facteurs essentiels :
Les réalités familiales (comportement éducatifs, attitudes éducatives, statut et environnement social, représentations sociales et mise en perspectives de lhistoire familiale,
)
Linstitution scolaire (pratiques pédagogiques, regard sur le jeune,
)
Lenvironnement des pairs et lenvironnement social plus généralement
Les caractéristiques personnelles (aptitudes ou handicap,
)
Dans notre volonté de comprendre, les déterminismes ou les paradoxes de réussite ou déchec, il nous faut sérier et mesurer linfluence de ces différents facteurs.
La question de lévaluation, noyau dur de linstitution scolaire, ne peut expliquer à elle seule le sentiment de réussite ou déchec ressenti par un jeune. A notre niveau, ce que lon peut affirmer simplement ; cest que les acteurs de linstitution scolaire et nos équipes en particulier ont la volonté dêtre proactifs dans la réussite des jeunes.
Dans le cadre de nos réflexions au sein de lInstitut Lasalle Saint Christophe que je dirige, nous avons repris lidée quun fonctionnement social se base en particulier, sur trois éléments :
Un ensemble de mythes (ensemble de représentations explicatives dune réalité sociale, de ses causes et conséquences) qui canalisent les comportements individuels.
Un ensemble de rites qui donnent corps à ces mythes et qui conditionnent les comportements individuels (normes, règles implicites ou explicites,
)
Une perception commune du « vivre ensemble » qui concourent à expliquer les anticipations des comportements individuels.
Je ne développerai pas toutes les actions mises en uvre à chacun de ces niveaux. Je vais simplement insister sur le rôle joué par du système de lévaluation par contrat de confiance renforcé :
Au niveau des mythes :
Le premier mythe scolaire est que lécole élève (à tous les sens du terme) le jeune. Dans la mesure où lEPCC concoure à la valorisation et au renforcement de lestime de soi, elle corrobore ce mythe.
LEPCC corrobore également le mythe de la valorisation du travail et par le travail. Rappelons-nous la fable de la Fontaine le laboureur et ses enfants :
D'argent, point de caché. Mais le Père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Si un jeune qui travaille ne réussit pas, quadvient-il de la représentation de lEcole comme ascenseur social ? Un élève qui travaille doit réussir et non pas peut réussir.
Enfin le troisième mythe est celui de la volonté et de lengagement. Cest le sentiment pour le jeune quil nest pas simplement la résultante de déterminisme mais quil est acteur de son devenir, quil doit aller chercher en lui ses propres ressources, dexister par son être et non son paraître, son avoir ou son appartenance.
Au niveau des rites :
Dans les lignes qui suivent, je vais présenter comment nous mettons de manière concrète lEPCC en pratique. Je soulignerai que nous avons convenu en équipe de respecter un déroulement (ritualisation) et dy mettre du sens de la valeur, cela en vaut la peine (= notion de sacré).
( Lévaluation par contrat de confiance renforcée est donc ritualisée. Son déroulement évite de laisser place à limprovisation.
Elle est prévue dans les emplois du temps hebdomadaire.
Le barème dévaluation est prévu à lavance. L'élève est informé que les 4/5 environ de l'épreuve du contrôle porteront sur certains des points de la liste (cest parfois plus).
Une semaine environ avant chaque contrôle de connaissances, l'enseignant donne un programme très détaillé de révisions; plus précisément, il choisit et communique une liste de points (cours, exercices,
) « balayant » toutes les notions fondamentales du programme officiel, déjà traités et corrigés en classe.
La suite des questions réponses est laissée à un éducateur qui le soir en étude les travaille avec les élèves.
Léducateur organise la répartition des élèves en trinômes, nintervient pas dans le travail des trinômes et transmet à lenseignant les fiches de questions élaborées par les différents trinômes.
Deux ou trois jours environ avant l'épreuve, l'enseignant organise une séance de questions-réponses au cours de laquelle les élèves peuvent demander des explications ou des précisions sur certains points mal compris.
Le contrôle est prévu sous surveillance de léducateur.
Le professeur corrige les contrôles.
Au niveau de la perception du « vivre ensemble »
Nous déterminons 4 types de situations de « vivre ensemble » :
( Paix et sérénité : le cadre légal et légitime fait consensus, les sanctions posées et le système dévaluation et de valorisation sont acceptées. Les mythes et les rites sont en cohérence par rapport au vécu.
Nous recherchons à tout mettre en uvre pour rester dans ce premier cas de figure (le consensus largement partagé). LEPCC y contribue pour une bonne part car elle permet un cadre de sérénité qui utilise lévaluation dans le seul but de mettre en valeur le travail réalisé. En effet, lobjectif de lévaluation nest pas de surprendre, de prendre en défaut le jeune.
Plusieurs observations déducateurs ou de professeurs nous indiquent que cest un moment que les jeunes vivent comme plus importants que les autres contrôles.
Nous aimerions aller plus loin et sacraliser un peu plus ces séquences. Lévaluation ne doit pas être réduite à un contrôle hétéronome mais être comprise aussi et surtout comme un outil pour soi dans une démarche dautonomie.
( Rébellion organisée : Cette situation na encore jamais rencontrées dans linstitut. le cadre légal et légitime ne fait plus consensus et de multiples revendications apparaissent qui contestent les principes retenus pour les évaluations. Les mythes sont contestés et les rites vécus comme système coercitif. Cette situation a été peu rencontrée dans notre situation, pour ce qui a trait à lévaluation.
Il faut, alors, ouvrir le débat et comprendre les raisons du dysfonctionnement et des insatisfactions. Lopposition étant souvent explicite et souvent argumentée, il suffit de poser le conflit en termes de besoins pour cheminer vers sa solution. Un tiers médiateur peut aider le collègue concerné à sortir par le haut de ce type de situation.
( De nature tyrannique : Cest le fait du prince, lenseignant décide unilatéralement de mettre des zéros par exemple pour non possession des affaires scolaires. Cest considéré comme un abus de pouvoir. Les mythes ne sont pas contestés mais les rites ne sont plus en cohérence. Bien que faiblement, elle est la plus souvent rencontrée dans les trois autres types de scénarii hormis le scénario où il y a consensus.
Cette situation dite de « nature tyrannique », compromet gravement le climat du « vivre ensemble » scolaire (relation professeur-élèves et professeurs entre eux). Léquipe doit marquer un clair refus de ce type de situation et aider les collègues concernés à y mettre fin.
( De nature terroriste : Cest une situation où un petit nombre délèves, par intimidation cherche à faire basculer lensemble des pairs dans lopposition à lenseignant, contestation de lévaluation, des conditions de lévaluation ou détournement des fins de lévaluation par la « pompe » par exemple. Le rapport de force est engagé avec linstitution. La majorité dite silencieuse (car elle ne dévoilera jamais ces comportements) attend souvent lissue du rapport de force pour caler son comportement. Les mythes et les rites sont contestés et de nouveaux tendent de simposer par lintimidation. La loi du silence et la loi du plus fort cherchent à prendre la place de lordre institutionnel. Le choix doit sétablir entre Institution ou communautarisme.
Dans cette situation dite de nature « terroriste », lopposition de la communauté éducative doit être ferme et totale. Elle peut gangréner petit à petit le fonctionnement. Parfois la tentation de lenseignant est de se recroqueviller sur lui-même et léquipe doit chercher à briser lisolement. Les attitudes de harcèlement denseignant peuvent aussi être un corollaire de ce type de situation. Laisser sinstaller des évaluations biaisées donne crédit à la loi du plus fort ou loi de la jungle. Dans certaines situations de défaitisme, certains jeunes peuvent linstaller.
Les avantages indiscutables du système de lEPCC renforcé
En guise de conclusion, je résumerai mes propos comme suit :
LEPCC renforcée est un outil quil faut analyser à trois niveaux, sur ce quelle fait passer dans le vécu social : au niveau des représentations, des comportements et des anticipations.
Au niveau des représentations, elle donne à lEcole un rôle proactif.
Au niveau des comportements son caractère prévisible rassure.
Et au niveau des anticipations, elle est de nature à maintenir un climat de paix et de sérénité où le jeune sent que lon cherche à le responsabiliser et non pas à linfantiliser ou le conduire à dénaturer les objectifs du contrôle où linstitution est bafouée.
Philippe Niémec, Principal de CollègeLEPCC et le socle communAvec lévaluation par les compétences quimpose la maîtrise par tous les élèves du socle commun de connaissances et de compétences (article D311-6 à 9 du code de léducation), notre regard sur lévaluation des élèves commence à changer.
Ce changement implique de considérer lélève comme le principal acteur de ses apprentissages et donc de limpliquer en organisant avec lui les conditions de son évaluation et de sa réussite. Démagogie, diront les inconditionnels de la notation surprise, de lévaluation qui vise principalement à trier les élèves et non à les former. Reconnaissons quil nest pas si facile de rompre totalement dans notre société avec les pratiques découlant de lélitisme républicain.
Lapprentissage se construit avec la mise en uvre de stratégies dévaluation à trois moments clés : au début, cest lévaluation diagnostique, en cours, cest lévaluation formative et à la fin, cest lévaluation finale ou sommative. La principale difficulté, cest notre attachement à laspect sommatif qui nous conduit à organiser une série de mini examens tout au long de lannée scolaire au détriment de laspect formatif dont limportance est souvent négligée dans les faits. Comment corriger cette tendance ?
Tout dabord, en considérant que lévaluation est un élément majeur du processus de formation, et ceci dans toute les disciplines avec une attention toute particulière pour lévaluation en cours de formation. Lévaluation par contrat de confiance, lEPCC, intervient alors comme un élément de pondération, de responsabilisation et dencouragement de nos élèves. Le contrôle continu devient dans ce cadre un véritable outil au service des apprentissages.
Ensuite, en rendant opérationnel le livret personnel de compétences (LPC). Celui-ci permet de renseigner progressivement les items des compétences du socle commun et denregistrer au fur et à mesure de la scolarité obligatoire la validation de chaque compétence. Rappelons que ce LPC constitue une partie du livret scolaire à lécole primaire (renseigné en CE1 et en CM2). Au collège, le LPC est renseigné au palier 3 au plus tard en fin de troisième. Le renseignement du livret est collégial et nécessite un travail en commun au sein de léquipe pédagogique. En concertation avec le professeur principal, le chef détablissement valide, in fine, lattestation qui sera remise au responsable légal et transmise au lycée ou au CFA où lélève poursuit lacquisition des connaissances et des compétences du socle commun lorsquil ne les maîtrise pas toutes.
Ainsi, lévaluation des élèves prend concrètement une autre forme et un autre sens que la notation traditionnelle représentée par une note séchelonnant de 0 à 20. Laspect formatif de lévaluation devient dominant. Avec lEPCC comme avec lévaluation du socle commun, lenjeu prioritaire, ce sont les progrès en termes de connaissances et de compétences réalisés par la très grande majorité de nos élèves et non la réussite, aussi remarquable soit elle, de quelques-uns.
Mohamed Akkar, Coordinateur EPCC (Maroc)LÉcole de lAvenir et lAvenir de lÉcole au Maroc : léchec scolaire est une constante macabre (suite sans fin)Université Bordeaux 1Plus quailleurs, chez nous au Maroc, pour les humbles et les puissants, comme pour les classes moyennes, lEcole et lEducation représentent un atout considérable pour les jeunes. Quand on discute avec une femme de ménage ou un cadre supérieur, on constate que les deux accordent à léducation et la formation de leurs enfants une priorité sans limite et pour des raisons légitimes différentes : la première considère que cest la réussite scolaire qui permettra à ses enfants de ne pas être plus tard domestiques et le second est convaincu que lavenir de son fils ou fille, le maintien de leur standing de vie ainsi que la bonne gestion de la fortune amassée seraient en danger en cas déchec aux études. En un mot pour les modestes et les riches, pour les pauvres ou les nantis, lEcole est une valeur sûre de promotion qui doit générer emploi, richesse et prospérité.
Ceci nous amène tout naturellement à examiner dans quelle mesure lEducation Nationale répond aux espoirs fondés de toutes les couches de la société marocaine et combien délèves trouvent dans lenseignement ce quils en attendent.
Une statistique précise et désolante nous met tout de suite mal à laise et dans lembarras : si en France un jeune sur cinq décroche de lécole en cours de route et sort sans diplôme, au Maroc il sagit malheureusement de trois jeunes sur cinq qui quittent lenseignement sans aucun diplôme et à peine un sur dix arrive au niveau de lenseignement supérieur.
Dans chaque pays, les responsables proposent souvent des solutions pour vaincre léchec scolaire. Actuellement en France, on vient de se rendre compte que ce dernier na pas été vaincu par le Collège unique ! Donc on va faire une nouvelle réforme qui consisterait à grouper les faibles ensemble, pour quils demeurent
faibles car on les a catalogués! Au Maroc on soccupe de lautre bout du classement. On a créé des classes, voire des lycées dexcellence, pour sauver les meilleurs, pour quils le restent plus longtemps, sinon pour toujours ! Ainsi on crée du même coup la catégorie des enseignants dexcellence.
Est-ce que la lutte contre la constante macabre apporterait une solution ? De nombreux formateurs répondent oui et se basent sur les mille et une expériences menées par des enseignants bénévoles pratiquant lEPCC.
Je rappelle quau Maroc, au niveau de la formation des maîtres du Primaire et du Secondaire, les formateurs tentent quelques expériences avec les élèves-maîtres et élèves professeurs dans les C.P.R. et autres E.N.S.
Moi-même au Maroc, dans des réunions au niveau central du Ministère de lEducation, au niveau régional académique et au niveau local, jai maintes fois attiré lattention des responsables de léducation sur les liens étroits entre léchec scolaire et la constante macabre ! Mais je dois avouer que nombreux parmi ces responsables me demandent pourquoi, une fois que je leur ai narré ce qui se passe en France (colloques du MCLCM, livres, professeurs pratiquant lEPCC, Syndicats, associations de parents délèves, Médias, Inspecteurs, Educateurs, Formateurs qui soutiennent le MCLCM), il nexiste aucun texte, aucune directive officielle de la part des autorités de léducation nationale en France reconnaissant le problème et proposant des actions ! Quand je parle de lEspagne, de la Belgique ou encore de la Tunisie, certaines questions sont encore posées sur les actions concrètes menées contre ce mal !
Il y a des questions à poser aussi et surtout ici en France. Bien quil nexiste pas dopposition déclarée à la cause défendue par le MCLCM, il me semble que certains responsables décideurs, considèrent que malgré tout, la répartition des trois tiers parmi les élèves correspond à la réalité des compétences et que cest simplement tout à fait normal quil y ait des « pauvres », « des moyens » et « des brillants », ces derniers étant destinés à gouverner la masse du milieu et à sacrifier les mauvais ! Ceci peut être discuté à la rigueur au niveau des grandes écoles, mais pas dans lenseignement secondaire et encore moins dans lenseignement élémentaire car la constante macabre existe aussi à lécole primaire !
Je termine ma courte contribution par un rappel que jai déjà évoqué en mai de lannée dernière à Toulouse : jai un grand souci de voir se développer des recherches didactiques pour éclairer un peu la question de la constante macabre et celle des possibilités de contrat de confiance ou non.
Manuel Diaz Regueiro, Coordinateur EPCC (Espagne)Las competencias en matemáticas y la evaluación por contrato de confianzaPresidente de la Asociación Gallega de Profesores de Educación MatemáticaExiste en la sociedad europea actual una doble tendencia: la tendencia a medir y comparar la enseñanza de las matemáticas en los diferentes países, en los diferentes sistemas educativos, utilizando como referente las competencias matemáticas.
Existe una tendencia a valorar que todo el alumnado alcance el mayor nivel matemático posible. El mayor nivel matemático, en abstracto, sin entender a que nos estamos refiriendo, si al beneficio del alumno ciudadano o al país como entidad competitiva. El Informe Cockcroft ya señalaba que lo que se veía en las clases de matemáticas no tenía relación con la vida real, no se practicaba posteriormente como se practica la comunicación oral o escrita y era olvidado en poco tiempo. Pocos recuerdan lo que se les enseñó en las clases de matemáticas.
Además una cita de Alan Bishop lo corrobora:
"El problema radica en que las matemáticas se han convertido en algo tan importante en todos los países desarrollados del mundo que la sociedad actual espera, en general, que a todos los alumnos se les enseñe muchas matemáticas."
O la de de John Allen Paulos:
"Me angustia y me aflige una sociedad, la mía, que depende tanto de las matemáticas y de la ciencia y que, sin embargo, parece tan indiferente al anumerismo y al analfabetismo científico de muchos de sus ciudadanos".
Emma Castelnuovo resume la situación actual:
"Se observa también en muchos países que los programas de matemáticas están siempre sobrecargados y tienden a un tecnicismo operacional. El resultado es que los alumnos, sumergidos en las operaciones y en las reglas que deben aprender son pasivos y se refugian en las recetas."
Otras contradicciones apuntan a la obligatoriedad democrática de enseñar a todos los estudiantes matemáticas y de que ciertas matemáticas, demasiados abstractas o complejas, necesitan un camino adecuado de enseñanza que ni los países (dedicándole menos horas de enseñanza) o el profesorado están dispuestos a promover. Quieren, o dicen que quieren, pero hacen poco por resolverlo. El discurso no es coherente con la acción. No se favorecen los aspectos manipulativos de la enseñanza de las matemáticas, ni técnicas de aprendizaje colaborativo, ni se promueven investigaciones en cuanto a ciertas tareas canónicas que ejemplifiquen la modelización en un curso determinado y para un determinado tipo de alumnado, por poner un ejemplo de competencia matemática completa. Si buscamos en Internet podemos encontrar cuatro o cinco ejemplos aquí, otros tantos allá, pero nada de un corpus de tareas canónico. Sin embargo, por lo que se ve, en PISA saben poner ejemplos de esas tareas. ¿No es un poco absurdo que haya profesores que sí saben poner tareas, pero los profesores de a pie no tengan suficientes conocimientos para poner en marcha en sus aulas la enseñanza por competencias?
Por otro lado, Antibi en La constante macabra nos enseña que ese elemento de prestigio social que conlleva la selección de los estudiantes, hace que el profesor, de manera inconsciente use mal la distribución normal por presuponer que debe suspender el 50% de los alumnos, e incluso basa su prestigio en el % de suspensos de su clase.
Ante este cuadro de intereses sociales, de países, de profesores e incluso de alumnos bastante contradictorio, ¿qué podemos hacer?
¿Cómo podemos conjugar los distintos intereses en juego en la educación actual de manera que satisfaga a los jóvenes, a los gobiernos, a los profesores, a los países?
En primer lugar, olvidándonos del contenido concreto. No es relevante que el estudiante sepa que las tres alturas de un triángulo se cortan en el ortocentro, si sabemos que el alumno manejó el concepto de baricentro e incluso sabe que una plancha triangular se sostiene si se apoya en ese punto, sabe que toda estructura hecha con triángulos es rígida, etc. Se trata de enseñarle a ver que conocer ciertas cuestiones será de utilidad en su vida de ciudadano, pero sobre todo se trata de que desarrolle y utilice su mente y argumente, comunique, piense y razone, modelice, represente y utilice lenguaje simbólico, formal, técnico y las operaciones, es decir tenga competencia matemática que es la capacidad de los estudiantes para analizar, razonar y comunicar eficazmente sus ideas al tiempo que se plantean, formulan, resuelven e interpretan tareas matemáticas en una variedad de contextos.
OCDE/Pisa define de la siguiente manera la competencia matemática: la capacidad individual para identificar y comprender el papel que desempeñan las matemáticas en el mundo, emitir juicios bien fundados, utilizar las matemáticas y comprometerse con ellas, y satisfacer las necesidades de la vida personal como ciudadano constructivo, comprometido y reflexivo.
El foco de esta evaluación PISA se centra en establecer si los estudiantes pueden utilizar lo que han aprendido en situaciones usuales de la vida cotidiana, en vez de limitarse a conocer qué contenidos han aprendido y son capaces de reproducir. Es más, PISA devalúa el concepto de matemáticas usual que valora casi exclusivamente la reproducción. El buen reproductor o loro repetidor no es el que tiene el mejor nivel, ya que sobre el nivel de reproducción está el de conexiones y el de reflexión.
Los ítems de conexión abarcan problemas que no son meramente rutinarios pero que se sitúan aún en contextos familiares; plantean mayores exigencias en su interpretación y requieren establecer relaciones entre distintas representaciones de una situación o enlazar diferentes aspectos de la situación con el fin de desarrollar una solución. Los ítems Carpintero, Estanterías, Niveles de CO2 y Respaldo al presidente ejemplifican esta clase de complejidad en las tareas.
Los ítems de reflexión requieren competencias que necesitan de comprensión y reflexión por parte del alumno, creatividad para identificar conceptos matemáticos relevantes o establecer vínculos con los conocimientos adecuados para encontrar las soluciones. Estas competencias se requieren para problemas que exigen generalización, explicación o justificación de resultados. Los ítems Chatear, Basura y El mejor coche (pregunta 2) ejemplifican esta mayor complejidad en las tareas.
En general, en muchas de las tareas PISA la demanda que se requiere al estudiante no es la definición de grupo, el conocimiento de teoremas complejos y raros, sino las competencias ya apuntadas.
La única manera posible de que eses aprendizajes sean efectivos, se realicen por la mayor parte de la población de estudiantes es que se sientan motivados: puede ser por la mayor utilidad de los aprendizajes, porque realmente no se necesitan aprendizajes memorísticos, porque se refieren a la vida real y a situaciones y contextos conocidos, pero también, apunta Antibi, porque con ellos se consigue tener éxito:
"Intentar motivar a nuestros alumnos es algo muy importante. Pero para poder alcanzar este objetivo, es conveniente saber lo que es motivante para ellos, y para esto, estar a la escucha de sus gustos, teniendo conciencia que ellos pueden ser totalmente distintos a los nuestros.
Yo también estoy convencido de que pueden existir medios más eficaces para motivar a nuestros alumnos:
- Para empezar, el éxito. Un alumno que tiene éxito en sus tareas le toma gusto, en general, a lo que hace y está motivado. No se trata, sin embargo, de no plantear más que ejercicios fáciles. Yo pienso que hace falta distinguir los trabajos sometidos a una evaluación y los otros. Los primeros deben ser accesibles al mayor número, recurrir a actividades análogas a aquellas encontradas ya por el alumno, recompensar el trabajo realizado. Otras actividades más abiertas deben por supuesto ser propuestas al alumno; se insistiría más entonces en las ideas de resolución que sobre la resolución completa del ejercicio.
- Más generalmente, ciertas actividades consideradas por la mayoría de los estudiantes como motivantes, incluso si algunas lo son menos para los profesores. Para este punto efectivamente hay que recordar que la diferencia generacional entre profesores y alumnos es gigantesca. Si la distancia entre Santiago y París pasó en diez años de varios días o al menos ocho horas a solamente dos horas, la distancia entre lo que siente, vive e interesa a un alumno actual y a su profesor de matemáticas se ha multiplicado por cuatro también, son cuatro veces más distantes los alumnos actuales de sus profesores "medios".
El éxito está en la base del contrato de confianza. Los alumnos se motivan porque obtienen resultados, saben que la tarea a realizar no es imposible y el profesor es un facilitador de su aprendizaje del que pueden esperar toda ayuda y comprensión y no tiene el aspecto de juez seleccionador que fue en el pasado. Pero es que, además, lo mismo que las competencias de lenguaje oral y escrita se aprenden poniéndolas en práctica, las competencias matemáticas sólo es posible aprenderlas ejercitándolas, utilizándolas. Y para la mayoría de los estudiantes ese aprendizaje no puede ni debe ser como una olimpíada matemática, difícil, seleccionadora e incomprensible, a veces. " Días antes de la prueba, el profesor facilita a los alumnos una lista de cuestiones que resumen las enseñanzas inculcadas en el periodo que se pretende evaluar; entre ellas se incluyen las que van a salir en el examen. Son cuestiones del programa oficial, que el alumno ya ha visto. El día de la prueba tendrá que resolver varios puntos de esa lista, con la ventaja de que conoce de antemano la respuesta. Y después habrá una reunión con los alumnos, para aclarar dudas y facilitar la solución a los que no la han sabido. El profesor entonces no aparece como una persona que va a poner trampas.". Dijo Antibi en Bilbao.
¿Soluciona este contrato el problema del aprendizaje de competencias y la subida de nivel de los países en competencia matemática?
Pues veamos, ya que lo que se mide en PISA es el nivel medio de competencia matemática que es directamente proporcional al tiempo que los alumnos individuales dedicaron a prepararse en pensar y razonar, representar, etc. está claro que el tiempo medio dedicado a las matemáticas subió porque más alumnos no se han sentido outside, y la mayoría se ha sentido integrado.
Lo que sí habrá bajado será el nivel de suspensos en matemáticas pero habría que preguntarse si un nivel de suspensos elevado en un país, como en España, no representa realmente una desventaja que los países deben de considerar, apoyando precisamente la evaluación por contrato de confianza.
La motivación en matemáticas: ¿La del profesor? ¿La del alumno? André Antibi. Actas de las IX JAEM de Lugo.
La competencia matemática en PISA. Luis Rico.
Salma Elaoud, Coordinatrice EPCC (Tunisie)La situation en Tunisie : un témoignageUniversité de SfaxAprès un parcours universitaire sans problème, je me suis trouvée, très jeune, enseignante à luniversité pour assurer des travaux dirigés de mathématiques pour des étudiants en informatique et multimédia, assez motivés. Lambiance de travail dans mes classes était bonne jusquau jour de lévaluation : des questions, un devoir, une surveillance, un temps limité et des notes.
Jai toujours aimé mon rôle denseignante, et je crois avoir réussi à communiquer à mes étudiants. avec engouement, mes connaissances et mon goût des mathématiques. Je nai jamais douté de mes compétences scientifiques pour enseigner, mais je me suis souvent posé la question « Comment proposer un bon examen ? ». Un jour où je remettais mes notes, lAdministrateur ma demandé dune manière ironique :
« Où sont les mauvaises notes ? ».
Jai alors pris conscience quil fallait mettre desmauvaises notes dans une classe pour que la situation paraisse normale.
« La constante macabre » découverte par le Professeur André Antibi et le système dévaluation « traditionnel » sur lequel il a mis laccent, a été à lorigine dun certain dysfonctionnement de notre système dévaluation en Tunisie.
Dans lenseignement supérieur, la situation nest comparable ni à celle de lenseignement de base ni à celle de lenseignement secondaire ; lenseignant est maitre de sa classe : il trace sa stratégie denseignement et par conséquent lévaluation de ses étudiants. Je me suis rapidement orientée vers lapplication du système dévaluation par contrat de confiance dans mes classes et ce pour que mes étudiants retrouvent les notes quils méritent et la récompense de leur travail.
Lidée est partagée par plusieurs de mes collègues, surtout ceux qui sont en début de carrière et ne sont pas encore influencés par les traditions de lenseignement. Avec beaucoup de conviction, mais en petit pourcentage, des assistants à luniversité appliquent le système dévaluation par contrat de confiance dans leurs classes avec un résultat clair et visible. Les étudiants sont motivés davantage et une relation de confiance sinstalle entre eux et leurs enseignants.
Par contre, à lécole de base, aux collèges et aux lycées, la situation se révèle plus délicate : les enseignants sont contrôlés et évalués par leurs inspecteurs. Leur conviction de la présence délèves-victimes de la constante macabre dans leurs classes ne savère pas suffisante pour quils puissent se décider à changer de règles du jeu et à expérimenter lévaluation par contrat de confiance. Malheureusement, les inspecteurs imposent les méthodologies de travail et le système dévaluation des élèves. Lenseignant se trouve avec peu de liberté et trop de contraintes.
Je garde lespoir quun jour la Tunisie adoptera ce système dévaluation et le mettra en pratique dans toute ses institutions.
Daniel Justens, Coordinateur EPCC (Belgique)L'évaluation par contrat de confiance dans l'enseignement supérieur économique en milieu diversifié : une façon d'éviter les problèmes sémantiquesHaute École Francisco Ferrer de BruxellesLa Haute École Francisco Ferrer de Bruxelles est un exemple réussi d'établissement de niveau universitaire proposant des filières diverses, destinées au plus grand nombre, intégrant la diversité et la mixité culturelle, assurant des formations initiales aussi bien que continuées, et donnant ainsi à tous, jeunes et moins jeunes de toutes origines, un accès aux savoirs et aux compétences afin de permettre au plus grand nombre des perspectives de carrières enrichissantes. La transmission du savoir est une mission fondamentale de l'enseignement. Mais au-delà du savoir, il est aussi important de s'atteler à la formation d'une génération d'individus capables d'agir de manière responsable dans une société démocratique, basée sur le respect mutuel entre humains. De tels hommes doivent s'enorgueillir de bien plus que de têtes bien pleines. Ils sont supposés être capables d'autonomie dans leurs démarches, ce qui implique une capacité à rechercher et obtenir des informations fiables, à les accueillir avec esprit critique, à les trier, les analyser, se les approprier pour enfin en faire la synthèse et être à même d'une démarche intellectuelle propre les conduisant en toute circonstance à une prise de décision basée sur leur raison. Pour y arriver, il faut les initier à la confiance.
Dans le contexte difficile de la population bruxelloise, très hétérogène, l'enseignement doit s'accompagner d'un contrat didactique clair et respecté, limpide pour ceux qui s'engagent dans la voie des études supérieures. La population est excessivement variée, multiple, faites d'étudiants d'âges et d'origines différentes, apportant des expériences variées. Des jeunes sortant du secondaire ou en situation d'échec dans les universités, attendent une vraie formation universitaire, intégrant une dimension plus humaine. Des actifs, engagés depuis plusieurs années dans une vie professionnelle prenante, sont désireux de parfaire leur formation et de se mettre à niveau dans leur discipline. Ces demandes variées, claires mais parfois contradictoires peuvent être satisfaites dans le cadre des cours, qui sont donnés sans sclérose. Mais au delà des cours dispensés se pose le problème de l'évaluation des savoirs engrangés. Des barrières apparaissent, nées de la différence de langue, de culture, qui ne permettent pas nécessairement à l'apprenant, qui a acquis certains savoirs, de bien montrer son niveau d'acquisition.
C'est dans ce contexte que l'évaluation par contrat de confiance prend tout son sens dans un enseignement supérieur de niveau universitaire : les questions sont connues. Aucun problème sémantique n'apparaît lors de l'examen. Et même si l'évaluation à ce niveau se fait avec de petites différences dans les énoncés, ces dernières ne peuvent en aucun cas modifier le sens des questions qui doit rester limpide pour l'apprenant. L'organisation de séances de TP et de questions/réponses permet à chacun de vaincre les difficultés tant au niveau de la compréhension des contenus, qu'au niveau des exigences qui se dissimulent derrière certains énoncés, clairs pour l'enseignant, pas toujours pour l'apprenant. Malgré certains problèmes liés par exemple aux tentatives de fraude - tous les étudiants ne sont pas dignes des efforts que l'on déploie pour eux -, l'évaluation par contrat de confiance fait que la majorité des étudiants désireux de se former travaillent et travaillent davantage que s'ils n'avaient pas reçu le précieux contrat.
Fait troublant : la rédaction du contrat est également un travail considérable pour l'enseignant, un travail renouvelé chaque année, car des fiches de solutions des problèmes précédents ne tardent pas à circuler, donnant des réponses types (bonnes ou mauvaises) aux exercices déjà proposés. La voie de l'EPCC n'est pas celle de la facilité. Faisons en sorte qu'elle soit celle de la réussite.
Jacques Navez, Coordinateur EPCC (Afrique Subsaharienne)Évaluation par Contrat de Confiance
Situation en Afrique subsaharienne, en Haïti, au BurundiUniversité de LiègeLes progrès réalisés à lUniversité du Burundi sont importants. Sous la double pression des autorités et des représentants des étudiants, qui sont conscients du problème de la constante macabre et qui désirent y apporter une solution.
Un séminaire de Pédagogie Universitaire y a été consacré en février 2011. Le système dévaluation auquel les étudiants sont soumis est qualifié officiellement d« évaluation continue ». Voici les effets ressentis par les étudiants toujours victimes de la constante macabre. La diapositive suivante est extraite du discours dun représentant des étudiants. EMBED PowerPoint.Slide.8 Les délégués des étudiants réclament des séances dinformation dans toutes les facultés ; jai pu organiser une première séance en faculté des Sciences.
Pour les étudiants qui ont déjà bénéficié de lévaluation par Contrat de Confiance, dans mes cours ou dans ceux de collègues, le principal intérêt est la diminution du stress.
Pour moi, le principal intérêt que je constate est une meilleure connaissance de la matière.
En Sciences, tous les étudiants finalistes reçoivent dans leur cours de méthodologie une information sur la constante macabre et sur lévaluation par Contrat de Confiance, on espère ainsi en tirer un effet multiplicatif.
Les autorités académiques qui souhaitent prendre des mesures pour réduire le taux déchec songent à prendre des mesures allant dans le sens de lévaluation par contrat de confiance.
Un grande séance dinformation sur la constante macabre et lévaluation par contrat de confiance a pu être organisée le 3 mai dans le cadre du 50e anniversaire de la Faculté des Sciences. Cette manifestation a rassemblé près de 500 personnes : des collègues de la Faculté des sciences, des étudiants de terminale des deux plus gros lycées de Bujumbura, accompagnés de leurs professeurs, des parents délèves et des étudiants de lUniversité.
Les participants se sont montrés vivement intéressés et ils ont réclamé lapplication de lévaluation par contrat de confiance dans leurs lycées.
En République Démocratique du Congo
La situation à Kinshasa nest pas satisfaisante. Kinshasa est une énorme métropole et la constante macabre y sévit dans tous les niveaux denseignement.
La situation à luniversité nationale (UNIKIN) est particulièrement aiguë, les taux déchecs sont excessivement élevés, la difficulté des questions posées ne tient pas compte des conditions dans lesquelles lenseignement a été donné (peu de syllabus, exercices mal préparés, travaux dirigés bâclés, travaux pratiques éludés
) ; les étudiants parlent de loterie
Quelques professeurs des départements de mathématique et de physique ont pu être convaincus de la nécessité de lutter contre la constante macabre.
Il est difficile de toucher beaucoup de professeurs, comme par exemple en Faculté de Médecine, ils sont peu disponibles, accaparés par de nombreuses tâches extérieures.
A Bukavu, dans la province du Sud Kivu (Est de la RDC) des efforts ont pu être entrepris grâce à des assistants de lInstitut Supérieur Pédagogique. On en est au stade dune prise de conscience de la constante macabre mais pas encore de la volonté dy mettre fin.
Au Rwanda
Jai pu rencontrer le Ministre de lEducation Nationale et lui faire part de lexistence du Mouvement de Lutte contre la Constante Macabre. Il sest montré extrêmement intéressé. Il veut faire quelque chose dans son pays. Je lui ai donné les deux livres dAndré Antibi.
En Haïti
La situation en Haïti est fort comparable à celle de la RDC. Lévaluation externe de fin du secondaire (qui correspond au bac français) est un modèle à ne pas suivre. Elle prive le pays de cadres dont il aurait bien besoin et fait le bonheur de certaines universités privées (souvent liées à des Eglises) qui acceptent des étudiants sans le bac.
Jai pu approcher certains responsables et leur parler des travaux dAndré Antibi.
ACTES DU COLLOQUE DU SÉNAT EN 2006
HYPERLINK "http://MCLCM.fr" http://MCLCM.frIllustrations de Stéphane Luciani.
chargée de la Recherche et de lEnseignement Supérieur Professeure à lUniversité PARIS 1 Panthéon-Sorbonne.
Chargée des Lycées.
N.B. : les intertitres sont de la Rédaction.
Henriette Zoughebi était présente dans une autre manifestation se déroulant le même jour sur lÉcole publique en Île de France.
N.B. : les intertitres sont de la Rédaction.
Conseil des Études et de la Vie Universitaire.
Université Paris-Est Créteil (cf. Paris 12).
Il sagit dun « réseau intégré et fonctionnel, formé de composantes cognitives, affectives, sociales, sensorimotrices, susceptible dêtre mobilisé en actions finalisées face à une famille de situations, fondé sur lappropriation de modes dinteraction et doutils socioculturels. (Composantes cognitives : connaissances déclaratives (savoirs) procédurales (savoir-faire) contextuelles métaconnaissances et régulations métacognitives). Extrait de « Acquisition et évaluation des compétences en situation scolaire » Linda Allal Université de Genève.
En désordre, dans la théorie des situations ce nest pas la forme qui détermine la fonction, les connaissances déclaratives ne sont pas confondues avec les savoirs, et toutes les connaissances peuvent avoir une fonction métacognitive par exemple.
Composantes cognitives (comprendre le concept de numération ordinale et cardinale, élaborer une stratégie de jeu, tenir compte des contraintes de compétition/coopération ; Composante socio-affective : contribuer à un rapport de respect mutuel entre joueurs etc.
Les éducateurs se partagent en deux clans soutenus par des idéologues et des expériences contradictoires. Ces deux théories sont construites sans véritables liens ni avec les pratiques des professeurs , ni avec des études véritablement scientifiques visant directement les phénomènes didactiques et les études technologiques indispensables. Conjuguer les deux méthodes ne palliera pas à leur défaut commun.
Audition du 20 janvier 2010.
« Assurer le bien-être des enfants », OCDE, 2009. La qualité de vie scolaire comprend deux indicateurs couvrant la tranche dâge allant de 11 à 15 ans et reposant sur des données collectées en 2005-2006 : le premier rend compte des brimades physiques et psychologiques et le second rend compte des enfants qui déclarent aimer lécole.
Audition du 28 janvier 2010.
» Les livrets de compétences : nouveaux outils pour lévaluation des acquis », rapport n° 2007-048 de lInspection générale de léducation nationale, juin 2007.
Audition du 20 janvier 2010..
« Lévaluation formative. Pour un meilleur apprentissage dans les classes secondaires », OCDE, 2005.
Lenseignement du français. Imprimerie Nationale. 1909)
( Revue Universitaire, 1911 [1], page 58).
Le Monde, Gilbert Gadoffre, 16 mai 1947
Lécole des fans était une émission de Jacques Martin diffusé sur France 2 où tous les candidats avaient la note 10.
dont on sait quelles ne sont pas opposables aux connaisyz{|}~§¨= > @ ïçãçÛ矴§|hTC2 h^L56CJOJQJ^JaJ hÚYL56CJOJQJ^JaJ&h9"hÚYL56CJOJQJ^JaJ'h9"hÚYL6@ðÿCJ$KH0OJQJaJ$*h9"hÚYL56@ðÿCJ$KH0OJQJaJ$h9"hÚYLOJQJ^JjÝ!hðUh9"h4X¤OJQJ^Jh4X¤h9"hÚYLOJQJ^J+h9"hÚYL6@ðÿCJKH0OJQJ^JaJjhdUhÚYLjhÚYLU hzÆh >ÉCJOJQJ^JaJ}~¨úî¦î^P?7¤@¤ð$If^7gd9"$¤x$Ifa$gd9"Gkd!$$IfTFÖÿY,Å,
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