Le commentaire de document - histoire
1) Prenez connaissance du document : lisez plusieurs fois attentivement le texte
et ... le texte les mots et expressions relevant de la géographie et de la
chronologie, ... des cours et des TD ; éventuellement, complétez par des lectures
spécialisées. ..... Récapitulatif : brève introduction du sujet, présentation du texte
et de son ...
part of the document
LANALYSE DE DOCUMENT
LE COMMENTAIRE DE DOCUMENT EN HISTOIRE A LUNIVERSITE
Lalanne Sophie
Université Paris I Panthéon Sorbonne
Maître de Conférences
HYPERLINK "mailto:sophielalanne@free.fr" sophielalanne@free.fr
HYPERLINK "http://pheacie.univ-paris1.fr" http://pheacie.univ-paris1.fr
Pourquoi faire des commentaires de documents en histoire ? Et pourquoi en faire autant ?
Vous vous êtes sans doute déjà posé ces deux questions. La réponse en est simple : le commentaire de document, cest la pratique même de lhistoire.
Cest le document qui permet décrire lhistoire des peuples et des individus, et cest le commentaire qui permet, quel que soit le type de document étudié (texte, plan, carte, objet, image
), de passer du matériau brut à lanalyse historique. Le commentaire historique fait du simple document une source pour lhistoire.
Si lon vous contraint à pratiquer sans fin cet exercice, cest non seulement quil est inhérent à la pratique de lhistoire (mais vous ne vous destinez peut-être pas à devenir historien vous-même), mais aussi quil est difficile ! Sans doute beaucoup plus difficile que la dissertation par exemple, qui est souvent lalternative lors des examens, et qui attire pourtant généralement un moins grand nombre détudiants.
Dans le cadre de vos études dhistoire, il sagit aussi bien de vous initier à une période de lhistoire et à une culture au sens large que de vous transmettre la méthode du commentaire de document. Il faut garder à lesprit cette ambivalence de lexercice.
Quel est le but dun commentaire de document ?
Le commentaire a pour but de rendre le document parfaitement compréhensible par quelqu'un qui ne laurait pas eu entre les mains ou qui naurait aucune connaissance de la période considérée. Il doit donc être aussi exhaustif que possible, c'est-à-dire qu'il doit traiter tous les passages intéressants et tous les aspects du document, mais dune manière ordonnée et pédagogique.
La principale difficulté réside dans le fait qu'il faut éclairer le document des connaissances acquises par dautres sources (autres documents, articles et ouvrages), mais ne pas s'en éloigner. La critique interne reste la base de tout commentaire.
I. Le commentaire de texte : premiers conseils de méthode
II. Organisation du travail
III. La composition du commentaire
IV. La mise en forme du commentaire
I. Le Commentaire : Premiers conseils de méthode
Un commentaire de document doit être structuré et logique. Le plus souvent, c'est un commentaire composé qui présente le document selon un plan thématique, mais ce nest pas une obligation. Dans le cas où il s'agirait de commenter plusieurs documents, il est impératif de les présenter de manière globale : vous devez éviter à tout prix de traiter les documents l'un après l'autre.
Il existe deux écueils à éviter qui sont bien connus des étudiants dhistoire (et de leurs professeurs !):
- la paraphrase qui napporte rien de plus au texte que ce quil dit lui-même et se contente de le répéter (en général en moins clair, et parfois avant même de citer le texte lui-même)
- lexposé général qui utilise le document comme support dun cours magistral et le néglige. Si un titre a été donné au(x) document(s), pensez quil ne sagit nullement dun sujet de dissertation mais seulement dun outil pédagogique.
En règle générale, noubliez jamais quil y a en histoire bien peu de certitudes. Il vaut toujours mieux formuler des hypothèses, exposer les termes des débats historiographiques qui peuvent exister et faire preuve de sens critique que dasséner des affirmations ou de passer sous silence les difficultés et les points obscurs. Cela ne signifie par autant que vous êtes invité(e) à porter des jugements sur lauteur ou à dénigrer les informations quil vous donne : lobjectivité est la règle.
Un commentaire de document doit aussi permettre de bien utiliser ses connaissances : nhésitez pas à comparer le document étudié à d'autres documents connus, que ce soit pour les rapprocher ou pour les opposer. Toutes les différences de point de vue sont précieuses pour l'historien : elles doivent attirer tout spécialement son attention.
Faites attention pour finir aux opinions voilées, aux parti-pris idéologiques, aux modèles culturels (et notamment littéraires), etc. Ces systèmes idéologiques ou culturels peuvent d'ailleurs faire l'objet d'un commentaire, et sont souvent très utiles pour l'élaboration dune problématique et dun plan.
II. Organisation du travail
Un commentaire de document se bâtit en plusieurs phases. Plus votre préparation sera précoce, plus votre commentaire aura de chances d'être intéressant et bien conçu (pensez également que les livres ne seront pas toujours disponibles au moment où vous en aurez besoin).
Nous avons décliné cette préparation en dix étapes pour vous guider et pour vous aider à mémoriser cette méthode. Il sagit évidemment dune méthode parmi dautres. Chacun a ses « trucs » et il est seulement question daider ceux qui souhaitent sinitier au commentaire de document en histoire délaborer leur propre méthode. Les autres y trouveront peut-être quelques moyens daméliorer leur façon de faire
Dans tous les cas, essayez de donner à cet exercice un tour un peu ludique : accompagner votre travail de dessins, de cartes, de graphiques (que vous garderez pour vous) peut être un moyen de clarifier votre pensée et de dédramatiser leffort intellectuel qui est attendu de vous !
Cf version résumée dans la fiche « Méthode des dix étapes » (en version pdf ?)
1) Prenez connaissance du document : lisez plusieurs fois attentivement le texte et définissez la nature du document.
Il faut prendre du temps pour cette opération qui est une des plus délicates et ne pas se précipiter à l'aveuglette. N'écrivez rien au début ; ne soulignez les mots importants dans un texte qu'une fois que vous êtes bien sûr(e) de son interprétation.
2) Abordez le document de manière globale : repérez la construction du texte en en dégageant le plan et le sens général, définissez son contenu.
S'il y a plusieurs documents à commenter, étudiez les points communs mais aussi les différences.
Si besoin, évaluez la dimension littéraire du texte et mettez en évidence les effets recherchés par l'auteur. Demandez-vous en quoi ces effets ont pu modifier la nature de votre information.
3) Recherchez le vocabulaire : cherchez dans le texte les mots et expressions relevant de la géographie et de la chronologie, ainsi que les termes techniques et les mots dont le sens est mal connu.
Faites des listes et explicitez les termes un par un à laide de dictionnaires, de manuels, des cours et des TD ; éventuellement, complétez par des lectures spécialisées. A cette phase du travail, il faut avoir daté le texte, la biographie de lauteur et tous les événements. Dessinez éventuellement une échelle chronologique.
4) Etudiez le texte comme source : identifiez la nature de la source, lauteur, le contexte, lintérêt historique du document.
Il va falloir maintenant donner à ce texte son statut de source pour lhistoire et établir très précisément ce statut. Cela passe par une caractérisation de la nature de la source. A quel type de source historique avez-vous affaire ?
Il faut aussi collecter sur lauteur du texte toutes les informations nécessaires à une première compréhension globale. Il sagit donc surtout dinformations générales.
Allez ensuite chercher l'ouvrage dont le document est tiré. Lisez les passages qui précèdent et qui suivent le texte, la table des matières, les notices, les introductions, les résumés. Profitez de loccasion pour lire luvre en entier, surtout si vous avez à préparer le commentaire dans le cadre de votre contrôle continu.
Dégager lintérêt historique du document est une étape importante quil ne faut pas sauter. Il existe généralement plusieurs enjeux historiques et historiographiques dans les textes qui sont choisis par vos enseignants pour vous initier à létude dune période de lhistoire en même temps quà la méthode du commentaire. Vous pouvez en identifier quelques uns à cette étape de votre travail. Demandez-vous par exemple : pourquoi votre professeur a-t-il choisi ce document plutôt quun autre ?
5) Faites lanalyse complète et systématique du texte
Il sagit évidemment de lanalyse linéaire du document qui va par la suite fournir la matière de votre commentaire. Les étapes préliminaires vont vous aider à dégager les éléments les plus intéressants.
Lanalyse ne consiste pas à répéter ce que dit le texte ni à dire autrement ce quil dit déjà. Ce serait de la paraphrase.
Lanalyse consiste à interroger le texte, à le comparer à dautres, à mettre en parallèle et éventuellement en contradiction plusieurs passages du texte, à expliciter les points obscurs (sans tomber dans lexcursus ou lexposé général !). Il sagit dont de relever et développer tout ce qui mérite une définition (les termes institutionnels, par exemple), une explication (comme les allusions à élucider, les problèmes historiques, le vocabulaire technique, les personnages à identifier, etc.) ou une critique (à légard dune donnée que lon peut infirmer ou confirmer, dun gauchissement des faits, dune partialité de lauteur, dune omission, etc.).
Attention :
a) ne fuyez pas les problèmes, ne passez pas sous silence les passages obscurs ou confus : au contraire, citez-les et proposez des interprétations sans chercher à trancher. Cest souvent là que se trouvent les poins les plus intéressants et que se nichent les meilleures problématiques !
b) à la suite de vos lectures, vous allez revenir sur cette analyse : cest normal. Il est nécessaire en effet dopérer un va-et-vient permanent entre vos lectures et votre analyse du document, de manière à éviter le risque de lexposé.
6) Dégagez le thème principal
Puisque vous ne savez pas encore très bien où vous allez, vous pouvez éventuellement en identifier deux, et vous choisirez plus tard.
Pour dégager le thème principal, énumérez les thèmes qui sont évoqués dans le texte ou ressortent de lanalyse puis choisissez-en un. Soit ce thème se dégagera de lui-même, soit il faudra le choisir en fonction de sa pertinence et son intérêt, soit il faudra trouver le moyen de synthétiser plusieurs thèmes. Pensez notamment à rattacher ce thème à celui qui est développé en cours
Cela peut vous éviter quelques déconvenues.
Une fois défini le thème principal, définissez précisément la manière dont le document laborde.
7) Etablissez une bibliographie
Le plus efficace est de partir de la bibliographie élaborée par vos professeurs et imprimée dans votre manuel de T.D. (et à défaut, dun manuel récent). A partir de deux ou trois titres, vous pourrez « remonter » dans la bibliographie en ajoutant des ouvrages plus spécialisés et en vous constituant votre propre réseau. Vous pouvez compter aussi sur les fichiers électroniques des bibliothèques qui permettent une entrée par mot-clé et sur certains sites web recommandés dans des portails spécialisés.
Vous pouvez consulter par exemple le site de lEcole doctorale dHistoire de lUniversité Paris I, à partir de lentrée « Formations », en choisissant la période adéquate (ex : HYPERLINK "http://edoc-histoire.univ-paris1.fr/antiquite.htm" http://edoc-histoire.univ-paris1.fr/antiquite.htm).
Lorsquon sengage dans des études supérieures, il faut également se préparer à lire des textes en anglais. En histoire, il est difficile dexclure de la bibliographie les ouvrages écrits en anglo-américain. Commencez à vous familiariser avec la lecture de langlais académique : elle nest pas si difficile.
8) Lisez le plus possible, et les ouvrages les plus pertinents
Lobjectif est de rassembler des idées générales sur le thème principal, de rechercher des idées précises sur des points qui posent problème, de mettre au jour les débats historiographiques qui peuvent diviser la communauté scientifique sur votre texte, enfin de continuer à expliciter le texte. Il vaut mieux privilégier quelques ouvrages bien choisis que de consulter une multitude de livres périmés ou sans intérêt. Pensez donc à travailler dans une bibliothèque bien fournie ou à fréquenter plusieurs bibliothèques.
Enfin, gardez toujours un dictionnaire sur un coin de votre table. Il vous servira à tout moment.
9) Elaborez une problématique (et une seule !)
Une problématique est un fil directeur qui permet de proposer une analyse du texte appréhendé dans sa globalité.
Certains professeurs ne vous demanderont pas de formuler une problématique. Tous, sans exception, vous évalueront sur votre capacité à « mener » un devoir, donc à suivre un fil directeur. Autant donc le formuler clairement et lannoncer en introduction
Une problématique est un fil directeur « intelligent » : elle offre à la réflexion historique le moyen de progresser au fur et à mesure de lanalyse, elle dégage des enjeux historiographiques et elle vise à susciter la curiosité en mettant en évidence lintérêt du document. Elle est en quelque sorte le moteur qui permet au commentaire dêtre dynamique.
Il existe toujours plusieurs problématiques possibles (trois ou quatre le plus souvent) : choisissez-la en fonction de sa pertinence, de son intérêt pour létude du thème abordé en cours, mais aussi de vos compétences, de votre niveau détudes et de vos goûts personnels (Quel type dhistoire préfèrez-vous ? Quel type de sujet ?).
a) Les étapes précédentes vous ont permis de cerner une problématique. Après avoir fait les lectures nécessaires, il faut maintenant refermer les livres.
Vous allez pouvoir revenir en effet à votre thème principal car ce sera votre point de départ pour lélaboration dune problématique. Au besoin, vous pouvez vous aider des autres thèmes ainsi que de lanalyse de détail que vous avez faite et que vous regrouperez en deux ou trois grandes rubriques.
Songez qu'il vous faudra développer votre problématique tout au long du commentaire et donc orienter votre plan en fonction d'elle : ne la choisissez ni trop simple, ni trop compliquée.
Posez une seule question : ce sera déjà bien assez ! Si vous aviez deux thèmes principaux, il faut maintenant en choisir un. Poser plusieurs questions ne donne pas limpression de labondance mais révèle lincertitude dans laquelle vous vous trouvez
Si vous posez plusieurs questions, vous ne saurez jamais vraiment où vous allez, et ni votre lecteur ni votre auditoire ne le sauront à votre place. Vous êtes seul maître à bord.
b) Comment élaborer votre problématique.
A cette étape, il va falloir faire un saut qualitatif, cest-à-dire faire le saut de la réflexion, avancer vers linconnu, vous jeter à leau, bref, en un mot
réfléchir !
Nhésitez pas pour cela à avancer des idées, et même à formuler toutes les idées qui vous passent par la tête. Cest un travail préparatoire qui nengage à rien et, comme la réflexion est toujours un jeu dinvention, vous aurez de bonnes chances de trouver des idées intéressantes. Toutes les idées ne sont pas de bonnes idées, mais toutes ont le droit de sexprimer dans un premier temps. Vous aurez tout le temps de les critiquer ensuite.
Quelques exemples de réflexions à mener :
-définir les différents niveaux du texte, les décalages, les contradictions
-comparer le document avec dautres, lauteur avec dautres, la source avec dautres, la période avec dautres
-dégager les traits généraux et les particularités
-multiplier les niveaux d'analyse : se situer à des niveaux différents de réflexion (société, politique, institution, historiographie
)
-enquêter pour savoir sil ny a pas un débat historiographique sur le document à commenter
-revenir au thème principal pour voir sil ny a pas un débat historiographique sur ce thème, dont le document pourrait rendre compte
-aller systématiquement vers tout ce qui fait problème (les contradictions internes, les paradoxes, les contradictions avec ce qui a été lu ou vu en cours, les passages obscurs
)
-revenir sans cesse à la réalité des faits, au sujet lui-même (ou au thème principal) dans ce quil a de plus concret.
En effet, c'est en rapprochant des faits, des idées, des documents différents qu'on stimule la réflexion. La pensée fonctionne par analogie et par comparaison, nourrissez-la de cette énergie. Plus elle sera stimulée, plus elle sera productive.
Si vous avez plusieurs textes à commenter, appuyez-vous de préférence au départ sur le texte le plus intéressant (cest-à-dire sur le plus analytique, le moins descriptif). Votre problématique pourra être une manière de reformuler la question : que m'apprend la mise en parallèle de ces documents ? Quand il n'y a qu'un document, la comparaison avec d'autres documents est implicite : qu'est-ce qui fait l'originalité (donc l'intérêt) de ce document ?
c) Comment formuler votre problématique
Il faut trouver une formule, et une seule, sous la forme dune question de préférence (quil sagisse dune interrogation directe ou indirecte).
Nota bene :
Une interrogation directe se formule sous la forme : particule interrogative (pourquoi, quand, quel
), inversion du sujet et du verbe, point dinterrogation ( ?). En revanche, une interrogation indirecte doit prendre la forme suivante : proposition principale (« Nous nous demanderons donc »
), particule interrogative (pourquoi, quand, quel
), sujet puis verbe (sans inversion !), point final (sans point dinterrogation !).
Cette question doit :
-exposer ou suggérer en une phrase tous les aspects mis en évidence jusqu'alors (ou bien un seul qui attirera lattention sur les autres)
-susciter la réflexion
-appeler une réponse qui ne soit pas un simple plan dexposition mais une argumentation (évitez donc les problématiques qui commencent par : « Comment
? »)
-ne pas impliquer un jugement de valeur, souvent anachronique dailleurs (ex : « La démocratie athénienne était-elle vraiment une démocratie ? »)
-ne pas être une question rhétorique qui contient en elle-même la réponse (ex : « Mais limpérialisme athénien nest-il pas, pour Thucydide, la cause principale des guerres du Péloponnèse ? » alors que cest lidée principale du texte).
La problématique na pas à annoncer la réponse. Elle pose seulement une question. Avec lhabitude et un peu dhabileté, on peut même ménager un petit effet de suspens ou un effet de surprise.
Cest assurément un important travail que délaborer une bonne problématique, mais souvenez-vous que cest lessentiel du travail : avec une bonne problématique, on a une bonne introduction et un bon plan. La difficulté en effet, ce nest pas de répondre aux questions, cest de poser les bonnes questions. Par ailleurs, comme vous serez évalué(e) sur vos connaissances mais aussi sur votre capacité danalyse, avec une bonne problématique, vous serez assuré(e) davoir la moyenne
A condition évidemment de la traiter ! Il ne suffit pas évidemment de lénoncer en introduction.
10) Dressez le plan du commentaire en fonction de la problématique choisie.
Le plan de votre commentaire doit être une analyse construite et progressive du texte qui réponde à la problématique que vous avez formulée. Cest rarement un plan linéaire, même si ce plan nest pas exclu (à condition quil permette un approfondissement de lanalyse).
Le travail est donc identique à celui que nécessite tout commentaire composé. Il s'agit d'élaborer un plan qui rende compte du contenu du document et qui réponde progressivement à la question soulevée en introduction. Le plan doit donc amener le lecteur ou lauditoire à approfondir la réflexion en suivant votre argumentation, basée sur une lecture précise du texte.
Cela signifie donc quil nexiste pas de bon plan sans problématique. Les plans qui vous viennent à lesprit lorsque vous navez pas encore de problématique sont toujours des plans dexposition, des plans descriptifs, le plus souvent paraphrastiques.
En raison de sa longueur et de sa complexité, le commentaire de texte doit se décomposer en parties. Le nombre de parties peut varier à volonté mais ne doit pas dépasser le chiffre de quatre. Le plus souvent, on en distingue trois, mais, en ce qui concerne la technique du commentaire de document, cela relève davantage de la tradition que dune nécessité interne. Noubliez pas de découper également les parties en sous-parties pour faciliter encore la compréhension.
En règle générale, évitez les plans à tiroir et les présentations répétitives et systématiques. Si vous avez plusieurs documents à commenter, évitez de séparer les différents documents (ex. : I. le premier document ; II. Le deuxième document ; III. le troisième document) car cest précisément la comparaison des documents et la synthèse qui sont intéressantes.
Un bon plan est pédagogique : il part déléments simples et approfondit par étapes la réflexion sur le texte.
III. La composition du commentaire
Dans un devoir écrit, tout absolument doit être rédigé et lossature du devoir ne doit pas apparaître sous forme de titres. En revanche, elle doit être mise en évidence au fur et à mesure pour guider le lecteur. De même, à loral, il convient de trouver des formules élégantes pour guider lauditoire sans insister lourdement sur la structure du plan.
Dans les deux cas, le plus simple est dannoncer le plan général en fin dintroduction puis dannoncer au début de chaque partie de quoi il va être question (en annonçant les sous-parties par exemple) pour conclure provisoirement à la fin de chaque partie. Cela assure des transitions en évitant le paragraphe creux et détaché de tout contexte que lon trouve parfois, dans les devoirs écrits, entre deux parties.
Le commentaire de document, une fois rédigé ou mis en forme pour une présentation orale, doit comporter trois grandes parties : une introduction, un commentaire, une conclusion.
a) lintroduction
La première phrase de l'introduction peut porter sur le thème auquel se rattache le document. Elle permet dintroduire le sujet en évitant les démarrages abrupts (sur lauteur par exemple) ou les généralités un peu stupides (« De tous temps les hommes
»).
Le plus important cependant est de présenter le document, son contenu (en le résumant par exemple et en en faisant le plan) et son auteur. Suivra une première analyse globale et rapide. Cest cette première analyse qui débouchera sur une problématique, cest-à-dire sur une question posée au document en fonction des enjeux quil soulève. Cette question ne doit pas tomber comme un cheveu sur la soupe ! Elle doit découler naturellement de votre présentation du texte.
Le plan du commentaire sera donc une réponse argumentée et progressive à cette question. Il doit être annoncé à la fin de lintroduction, car à tout moment, le lecteur ou lauditoire doit savoir où il est, où il va et où il est mené.
Pour résumer, les étapes 1, 2, 4, 6, 9 et 10 vous permettront de rédiger, dans lordre, votre introduction. Tout le reste passera dans le corps du commentaire.
Récapitulatif : brève introduction du sujet, présentation du texte et de son auteur, analyse globale, formulation de la problématique, annonce du plan.
Si, à loral, vous avez le temps de lire le texte à haute voix, vous devrez le faire après avoir présenté le document mais plutôt avant davoir expliqué qui était son auteur et quel était son contenu. Votre première analyse sera dautant plus intéressante quelle sappuiera sur une connaissance partagée du document.
b) le commentaire de document proprement dit
Mettez en ordre vos idées et vos connaissances en fonction de la problématique et du plan que vous avez choisis : il sagit donc dordonner tous les éléments que vous avez extraits du texte lors de lanalyse linéaire. Vous pouvez reprendre cette analyse et cocher, par exemple, vos commentaires au fur et à mesure pour vérifier que vous nen avez pas oublié. Ou bien vous pouvez inscrire dans la marge, devant chaque commentaire, le numéro de la partie dans laquelle celui-ci devra sinsérer.
L'analyse du document doit être aussi exhaustive que possible et mettre en lumière tous les passages importants du document. Cependant, il ne vous sera pas possible de tout commenter et il vous faudra opérer un tri ; de même, il vous faudra renoncer à certaines connaissances que vous aurez acquises sur le sujet. Cest votre capacité à faire ce tri et donc à hiérarchiser les éléments en fonction de leur importance, selon des critères raisonnés, qui sera évaluée.
Vérifiez en tout cas, à la fin de votre préparation, que vous avez cité puis commenté toutes les phrases et expressions essentielles du texte (au regard de votre problématique). Tout au long du commentaire, ne vous éloignez pas du texte, mais citez-le abondamment. Mieux vaut cependant quelques analyses poussées quune cascade de citations à peine commentées.
Ainsi, votre commentaire sera une alternance danalyses densemble (mises en évidence par la construction du plan) et danalyses de détail (à partir de citations commentées du texte).
Attention : toute citation du texte doit être suivie (et non précédée) dune ou deux phrases danalyse. Pas de citation sans analyse ! Aucune citation na valeur dautorité : elle ne vaut que par lanalyse que vous en faites.
c) la conclusion
La conclusion est dabord une réponse à la question formulée en introduction. Mais cest aussi un moyen de reprendre les étapes de la réflexion menée et den rappeler les éléments essentiels. Aucune analyse nouvelle ne doit figurer dans la conclusion. Si vous découvrez que vous avez oublié quelque chose, il est trop tard : ce nest plus le moment de bricoler.
Au contraire, la conclusion doit être aboutie, réfléchie, et surtout pas bâclée. Vous pouvez même la rédiger au début de votre préparation, après avoir rédigé votre introduction (en lécrivant, au propre, sur une intercalaire), de manière à ne pas la rédiger à la va-vite, au dernier moment.
Une conclusion nest pas un résumé de votre devoir. Vous devez apporter du neuf, par exemple en jetant un regard distancié sur votre propre travail ou en replaçant votre thème de réflexion dans une perspective plus large. Cest ce quon appelle « ouvrir » une conclusion.
Dans la dernière phrase, évitez de poser une nouvelle question. Elle suggérerait que vous navez pas épuisé le sujet, que vous venez den découvrir la portée ou, pire, que vous avez enfin trouvé une problématique !
IV. La mise en forme du commentaire
Le commentaire peut se présenter sous une forme orale ou sous une forme écrite.
a) L'explication de texte à l'oral
Comme il n'est pas question de lire un commentaire tout préparé, il vaut mieux ne rien rédiger à lavance, ce qui rend pratiquement impossible limprovisation et entraîne souvent un dépassement du temps imparti (en général une vingtaine de minutes). On peut éventuellement rédiger lintroduction et la conclusion, qui sont toujours des moments assez délicats.
Noubliez pas en tout cas de vous présenter avec une montre (pas un téléphone portable, interdit en salle dexamen et en cours) et de la regarder fréquemment (bien que discrètement). Les uns ont tendance à accélérer sous leffet du stress, les autres à ralentir : « connaissez-vous vous-mêmes », il sera plus facile de corriger votre défaut !
S'en tenir au temps imparti n'est pas une contrainte arbitraire et répressive : c'est un moyen pour vous d'apprendre à discipliner votre élocution, à maîtriser totalement votre discours. La contrainte horaire fait partie de l'exercice et cest une donnée que lon peut faire varier à volonté. Vous aurez toujours, dans le cadre de votre profession, à présenter des rapports ou à établir des comptes-rendus en public. Plus vous pratiquerez, plus lexercice perdra de sa difficulté
et de sa charge émotive.
Pour vous entraîner, répétez chez vous une ou deux fois la veille, à votre bureau ou plutôt devant un camarade, un colocataire ou un membre de votre famille qui pourra vous donner un avis extérieur. Et tenez compte des remarques qui vous auront été faites en même temps que de vos problèmes de gestion du temps.
Pensez à écrire au tableau les noms et les mots susceptibles d'être mal connus de votre auditoire. Là encore, cest à vous den choisir un nombre raisonnable (une dizaine au maximum).
Analyser, ce n'est pas juger. A l'oral plus encore qu'à l'écrit, on peut être tenté de prendre position : ce n'est pas le but du commentaire de document. Vous devez viser la neutralité de lhistorien.
A l'oral, montrez de l'intérêt pour le texte : si vous vous ennuyez, tout le monde s'ennuiera avec vous et ce sera une faute grave. Soyez agréable à écouter. Regardez vos camarades, en ayant conscience que vous leur apprenez quelque chose : dans la plupart des cas, vous serez seul (avec lenseignant, bien sûr !) à connaître le sujet dont traite le document.
b) Le commentaire de document à l'écrit
Il y a peu de différences avec le commentaire oral, en dehors du fait qu'il faut passer à un mode d'expression écrit et donc soigner la langue et le style. Inutile de rédiger le commentaire le plus long possible. La longueur n'influe en rien sur la note, qui se fondera sur votre compréhension du document, vos connaissances et sur votre maîtrise de la technique du commentaire. Au contraire, les longs devoirs sont souvent verbeux et erratiques
Vous noublierez pas de découper vos parties ou sous-parties en paragraphes pour faciliter la lecture de votre commentaire. Un paragraphe fait environ un tiers de page et recouvre une unité thématique. Il faut donc faire des alinéas (en allant à la ligne et en faisant un léger retrait à la ligne suivante). Sautez également une ou deux lignes entre vos parties. Evitez en revanche de sauter des lignes partout, mais également daller à la ligne à chaque phrase. Vos lecteurs ne sont pas analphabètes.
Pour gagner du temps, il peut être utile de trouver un moyen rapide de citer des extraits du document, mais surtout, ne sacrifiez pas l'analyse détaillée du texte.
Comment citer le texte ?
Toute citation doit être compréhensible et introduite par quelques mots dexplication. Les références du texte doivent toujours être données mais de manière à ne pas gêner la lecture. En général, on les place entre parenthèses à la suite de la citation. Ex. : «
. » (l. 6).
Vous pouvez éventuellement faire des coupes dans le texte (à condition que cela ne nuise pas à la compréhension) en les indiquant par le symbole [
]. Vous pouvez aussi modifier un mot (par exemple, remplacer un pronom par le nom du personnage en question, modifier le temps ou le mode dun verbe) en le plaçant entre deux crochets droits [ ]. En tout cas, le lecteur ne doit pas être obligé davoir le texte sous les yeux pour comprendre votre commentaire.
Conclusion : A quoi reconnaît-on un bon commentaire de document ?
Un bon commentaire se reconnaît facilement : cest celui qui permettrait, dans le cas où le texte serait perdu, de le reconstituer. Il doit donc distinguer clairement ce qui appartient au propre au document et ce qui relève de votre analyse.
C'est donc un commentaire qui ménage une progression logique, suivant les étapes d'un raisonnement, et qui guide son lecteur ou son auditoire. Cest aussi un commentaire qui cite abondamment le texte et fait suivre toute citation dune brève analyse.
Il comporte donc à la fois des analyses de détail (éclaircissement du texte, interprétations
) et une analyse densemble (emmenée par la problématique).
En dernier ressort, noubliez pas que ce commentaire doit être pour vous l'occasion de montrer que vous avez compris le texte, que vous avez des connaissances nombreuses et solides sur le programme et que vous pouvez faire la preuve de vos capacités danalyse et de votre esprit critique.