LETTRE ENCYCLIQUE
À partir des récits bibliques, nous considérons l'être humain comme un sujet, qui
..... sont en train d'apparaître par rapport à la dégradation de l'environnement, ...
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par lutilisation irresponsable et par labus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à lexploiter. La violence quil y a dans le cur humain blessé par le péché se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans leau, dans lair et dans les êtres vivants. Cest pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui « gémit en travail denfantement » (Bm 8, 22). Nous oublions que nous-mêmes, nous sommes poussière (cf. Gn 2, 7). Notre propre corps est constitué déléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure.
Rien de ce monde ne nous est indifférent
3. Il y a plus de cinquante ans, quand le monde vacillait au bord dune crise nucléaire, le Pape saint HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-xxiii/fr.html" Jean XXIII a écrit une Encyclique dans laquelle il ne se contentait pas de rejeter une guerre, mais a voulu transmettre une proposition de paix. Il a adressé son message HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-xxiii/fr/encyclicals/documents/hf_j-xxiii_enc_11041963_pacem.html" Pacem in terris « aux fidèles de lunivers » tout entier, mais il ajoutait « ainsi quà tous les hommes de bonne volonté ». À présent, face à la détérioration globale de lenvironnement, je voudrais madresser à chaque personne qui habite cette planète. Dans mon Exhortation HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" Evangelii gaudium, jai écrit aux membres de lÉglise en vue d'engager un processus de réforme missionnaire encore en cours. Dans la présente Encyclique, je me propose spécialement dentrer en dialogue avec tous au sujet de notre maison commune.
4. Huit ans après HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-xxiii/fr/encyclicals/documents/hf_j-xxiii_enc_11041963_pacem.html" Pacem in terris, en 1971, le bienheureux Pape HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr.html" Paul VI sest référé à la problématique écologique, en la présentant comme une crise qui est « une conséquence...dramatique » de lactivité sans contrôle de lêtre humain : « Par une exploitation inconsidérée de la nature [lêtre humain] risque de la détruire et dêtre à son tour la victime de cette dégradation ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn2" \o "" [2] Il a parlé également à la FAO de la possibilité de « leffet des retombées de la civilisation industrielle, [qui risquait] de conduire à une véritable catastrophe écologique », en soulignant « lurgence et la nécessité dun changement presque radical dans le comportement de lhumanité », parce que « les progrès scientifiques les plus extraordinaires, les prouesses techniques les plus étonnantes, la croissance économique la plus prodigieuse, si elles ne saccompagnent dun authentique progrès social et moral, se retournent en définitive contre lhomme ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn3" \o "" [3]
5. Saint HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr.html" Jean-Paul II sest occupé de ce thème avec un intérêt toujours grandissant. Dans sa HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_04031979_redemptor-hominis.html" première Encyclique, il a prévenu que lêtre humain semble « ne percevoir dautres significations de son milieu naturel que celles de servir à un usage et à une consommation dans limmédiat ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn4" \o "" [4] Par la suite, il a appelé à une conversion écologique globale. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn5" \o "" [5] Mais en même temps, il a fait remarquer quon sengage trop peu dans « la sauvegarde des conditions morales dune écologie humaine authentique». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn6" \o "" [6] La destruction de lenvironnement humain est très grave, parce que non seulement Dieu a confié le monde à lêtre humain, mais encore la vie de celui-ci est un don qui doit être protégé de diverses formes de dégradation. Toute volonté de protéger et daméliorer le monde suppose de profonds changements dans « les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourdhui les sociétés ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn7" \o "" [7] Le développement humain authentique a un caractère moral et suppose le plein respect de la personne humaine, mais il doit aussi prêter attention au monde naturel et « tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn8" \o "" [8] Par conséquent, la capacité propre à lêtre humain de transformer la réalité doit se développer sur la base du don des choses fait par Dieu à l'origine. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn9" \o "" [9]
6. Mon prédécesseur HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr.html" Benoît XVI a renouvelé linvitation à « éliminer les causes structurelles des dysfonctionnements de léconomie mondiale et à corriger les modèles de croissance qui semblent incapables de garantir le respect de lenvironnement». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn10" \o "" [10] Il a rappelé quon ne peut pas analyser le monde seulement en isolant lun de ses aspects, parce que « le livre de la nature est unique et indivisible » et inclut, entre autres, lenvironnement, la vie, la sexualité, la famille et les relations sociales. Par conséquent, « la dégradation de lenvironnement est étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn11" \o "" [11] Le Pape Benoît nous a proposé de reconnaître que lenvironnement naturel est parsemé de blessures causées par notre comportement irresponsable. Lenvironnement social a lui aussi ses blessures. Mais toutes, au fond, sont dues au même mal, cest-à-dire à lidée quil nexiste pas de vérités indiscutables qui guident nos vies, et donc que la liberté humaine na pas de limites. On oublie que « lhomme nest pas seulement une liberté qui se crée de soi. Lhomme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn12" \o "" [12] Avec une paternelle préoccupation, il nous a invités à réaliser que la création subit des préjudices, là « où nous-mêmes sommes les dernières instances, où le tout est simplement notre propriété que nous consommons uniquement pour nous-mêmes. Et le gaspillage des ressources de la Création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn13" \o "" [13]
Unis par une même préoccupation
7. Ces apports des Papes recueillent la réflexion dinnombrables scientifiques, philosophes, théologiens et organisations sociales qui ont enrichi la pensée de lÉglise sur ces questions. Mais nous ne pouvons pas ignorer quoutre lÉglise catholique, dautres Églises et Communautés chrétiennes comme aussi dautres religions ont nourri une grande préoccupation et une précieuse réflexion sur ces thèmes qui nous préoccupent tous. Pour prendre un seul exemple remarquable, je voudrais recueillir brièvement en partie lapport du cher Patriarche cuménique Bartholomée, avec qui nous partageons lespérance de la pleine communion ecclésiale.
8. Le Patriarche Bartholomée sest référé particulièrement à la nécessité de se repentir, chacun, de ses propres façons de porter préjudice à la planète, parce que « dans la mesure où tous nous causons de petits préjudices écologiques », nous sommes appelés à reconnaître « notre contribution petite ou grande à la défiguration et à la destruction de la création ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn14" \o "" [14] Sur ce point, il sest exprimé à plusieurs reprises dune manière ferme et stimulante, nous invitant à reconnaître les péchés contre la création : « Que les hommes dégradent lintégrité de la terre en provoquant le changement climatique, en dépouillant la terre de ses forêts naturelles ou en détruisant ses zones humides ; que les hommes portent préjudice à leurs semblables par des maladies en contaminant les eaux, le sol, lair et lenvironnement par des substances polluantes, tout cela, ce sont des péchés » ; HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn15" \o "" [15] car « un crime contre la nature est un crime contre nous-mêmes et un péché contre Dieu ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn16" \o "" [16]
9. En même temps, Bartholomée a attiré lattention sur les racines éthiques et spirituelles des problèmes environnementaux qui demandent que nous trouvions des solutions non seulement grâce à la technique mais encore à travers un changement de la part de lêtre humain, parce quautrement nous affronterions uniquement les symptômes. Il nous a proposé de passer de la consommation au sacrifice, de lavidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager, dans une ascèse qui « signifie apprendre à donner, et non simplement à renoncer. Cest une manière daimer, de passer progressivement de ce que je veux à ce dont le monde de Dieu a besoin. Cest la libération de la peur, de lavidité, de la dépendance ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn17" \o "" [17] Nous chrétiens, en outre, nous sommes appelés à « accepter le monde comme sacrement de communion, comme manière de partager avec Dieu et avec le prochain à une échelle globale. Cest notre humble conviction que le divin et lhumain se rencontrent même dans les plus petits détails du vêtement sans coutures de la création de Dieu, jusque dans linfime grain de poussière de notre planète ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn18" \o "" [18]
Saint François dAssise
10. Je ne veux pas poursuivre cette Encyclique sans recourir à un beau modèle capable de nous motiver. Jai pris son nom comme guide et inspiration au moment de mon élection en tant quÉvêque de Rome. Je crois que François est lexemple par excellence de la protection de ce qui est faible et dune écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité. Cest le saint patron de tous ceux qui étudient et travaillent autour de lécologie, aimé aussi par beaucoup de personnes qui ne sont pas chrétiennes. Il a manifesté une attention particulière envers la création de Dieu ainsi quenvers les pauvres et les abandonnés. Il aimait et était aimé pour sa joie, pour son généreux engagement et pour son cur universel. Cétait un mystique et un pèlerin qui vivait avec simplicité et dans une merveilleuse harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec lui-même. En lui, on voit jusquà quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, lengagement pour la société et la paix intérieure.
11. Son témoignage nous montre aussi quune écologie intégrale requiert une ouverture à des catégories qui transcendent le langage des mathématiques ou de la biologie, et nous orientent vers lessence de lhumain. Tout comme cela arrive quand nous tombons amoureux dune personne, chaque fois quil regardait le soleil, la lune ou les animaux même les plus petits, sa réaction était de chanter, en incorporant dans sa louange les autres créatures. Il entrait en communication avec toute la création, et il prêchait même aux fleurs « en les invitant à louer le Seigneur, comme si elles étaient dotées de raison ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn19" \o "" [19] Sa réaction était bien plus quune valorisation intellectuelle ou quun calcul économique, parce que pour lui, nimporte quelle créature était une sur, unie à lui par des liens daffection. Voilà pourquoi il se sentait appelé à protéger tout ce qui existe. Son disciple saint Bonaventure rapportait que, « considérant que toutes les choses ont une origine commune, il se sentait rempli dune tendresse encore plus grande et il appelait les créatures, aussi petites soient-elles, du nom de frère ou de sur ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn20" \o "" [20] Cette conviction ne peut être considérée avec mépris comme un romantisme irrationnel, car elle a des conséquences sur les opinions qui déterminent notre comportement. Si nous nous approchons de la nature et de lenvironnement sans cette ouverture à létonnement et à lémerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. La pauvreté et laustérité de saint François nétaient pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d'usage et de domination.
12. Dautre part, saint François, fidèle à lÉcriture, nous propose de reconnaître la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté : « La grandeur et la beauté des créatures font contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13, 5), et « ce que Dieu a dinvisible depuis la création du monde, se laisse voir à lintelligence à travers ses uvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Bm 1, 20). Cest pourquoi il demandait quau couvent on laisse toujours une partie du jardin sans la cultiver, pour quy croissent les herbes sauvages, de sorte que ceux qui les admirent puissent élever leur pensée vers Dieu, auteur de tant de beauté. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn21" \o "" [21] Le monde est plus quun problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange.
Mon appel
13. Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation dunir toute la famille humaine dans la recherche dun développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet damour, il ne se repent pas de nous avoir créés. Lhumanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. Je souhaite saluer, encourager et remercier tous ceux qui, dans les secteurs les plus variés de lactivité humaine, travaillent pour assurer la sauvegarde de la maison que nous partageons. Ceux qui luttent avec vigueur pour affronter les conséquences dramatiques de la dégradation de lenvironnement sur la vie des plus pauvres dans le monde, méritent une gratitude spéciale. Les jeunes nous réclament un changement. Ils se demandent comment il est possible de prétendre construire un avenir meilleur sans penser à la crise de lenvironnement et aux souffrances des exclus.
14. Jadresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons lavenir de la planète. Nous avons besoin dune conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. Le mouvement écologique mondial a déjà parcouru un long chemin, digne dappréciation, et il a généré de nombreuses associations citoyennes qui ont aidé à la prise de conscience. Malheureusement, beaucoup defforts pour chercher des solutions concrètes à la crise environnementale échouent souvent, non seulement à cause de lopposition des puissants, mais aussi par manque dintérêt de la part des autres. Les attitudes qui obstruent les chemins de solutions, même parmi les croyants, vont de la négation du problème jusquà lindifférence, la résignation facile, ou la confiance aveugle dans les solutions techniques. Il nous faut une nouvelle solidarité universelle. Comme lont affirmé les Évêques dAfrique du Sud, « les talents et limplication de tous sont nécessaires pour réparer les dommages causés par les abus humains à l'encontre de la création de Dieu ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn22" \o "" [22] Tous, nous pouvons collaborer comme instruments de Dieu pour la sauvegarde de la création, chacun selon sa culture, son expérience, ses initiatives et ses capacités.
15. Jespère que cette Lettre encyclique, qui sajoute au Magistère social de lÉglise, nous aidera à reconnaître la grandeur, lurgence et la beauté du défi qui se présente à nous. En premier lieu, je présenterai un bref aperçu des différents aspects de la crise écologique actuelle, en vue de prendre en considération les meilleurs résultats de la recherche scientifique disponible aujourdhui, den faire voir la profondeur et de donner une base concrète au parcours éthique et spirituel qui suit. À partir de cet aperçu, je reprendrai certaines raisons qui se dégagent de la tradition judéo-chrétienne, afin de donner plus de cohérence à notre engagement en faveur de lenvironnement. Ensuite, jessaierai darriver aux racines de la situation actuelle, pour que nous ne considérions pas seulement les symptômes, mais aussi les causes les plus profondes. Nous pourrons ainsi proposer une écologie qui, dans ses différentes dimensions, incorpore la place spécifique de lêtre humain dans ce monde et ses relations avec la réalité qui lentoure. À la lumière de cette réflexion, je voudrais avancer quelques grandes lignes de dialogue et daction qui concernent aussi bien chacun de nous que la politique internationale. Enfin, puisque je suis convaincu que tout changement a besoin de motivations et dun chemin éducatif, je proposerai quelques lignes de maturation humaine inspirées par le trésor de lexpérience spirituelle chrétienne.
16. Bien que chaque chapitre possède sa propre thématique et une méthodologie spécifique, il reprend à son tour, à partir dune nouvelle optique, des questions importantes abordées dans les chapitres antérieurs. Cest le cas spécialement de certains axes qui traversent toute lEncyclique. Par exemple : lintime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète ; la conviction que tout est lié dans le monde ; la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie ; linvitation à chercher dautres façons de comprendre léconomie et le progrès ; la valeur propre de chaque créature ; le sens humain de lécologie ; la nécessité de débats sincères et honnêtes ; la grave responsabilité de la politique internationale et locale ; la culture du déchet et la proposition dun nouveau style de vie. Ces thèmes ne sont jamais clos, ni ne sont laissés de côté, mais ils sont constamment repris et enrichis.
PREMIER CHAPITRE
CE QUI SE PASSE DANSNOTRE MAISON
17. Les réflexions théologiques ou philosophiques sur la situation de lhumanité et du monde, peuvent paraître un message répétitif et abstrait, si elles ne se présentent pas de nouveau à partir dune confrontation avec le contexte actuel, en ce quil a dinédit pour lhistoire de lhumanité. Voilà pourquoi avant de voir comment la foi apporte de nouvelles motivations et de nouvelles exigences face au monde dont nous faisons partie, je propose de nous arrêter brièvement pour considérer ce qui se passe dans notre maison commune.
18. Laccélération continuelle des changements de lhumanité et de la planète sassocie aujourdhui à lintensification des rythmes de vie et de travail, dans ce que certains appellent rapidación. Bien que le changement fasse partie de la dynamique des systèmes complexes, la rapidité que les actions humaines lui imposent aujourdhui contraste avec la lenteur naturelle de lévolution biologique. À cela, sajoute le fait que les objectifs de ce changement rapide et constant ne sont pas nécessairement orientés vers le bien commun, ni vers le développement humain, durable et intégral. Le changement est quelque chose de désirable, mais il devient préoccupant quand il en vient à détériorer le monde et la qualité de vie dune grande partie de lhumanité.
19. Après un temps de confiance irrationnelle dans le progrès et dans la capacité humaine, une partie de la société est en train dentrer dans une phase de plus grande prise de conscience. On observe une sensibilité croissante concernant aussi bien lenvironnement que la protection de la nature, tout comme une sincère et douloureuse préoccupation grandit pour ce qui arrive à notre planète. Faisons un tour, certainement incomplet, de ces questions qui aujourdhui suscitent notre inquiétude, et que nous ne pouvons plus mettre sous le tapis. Lobjectif nest pas de recueillir des informations ni de satisfaire notre curiosité, mais de prendre une douloureuse conscience, doser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde, et ainsi de reconnaître la contribution que chacun peut apporter.
I. POLLUTION ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Pollution, ordure et culture du déchet
20. Il existe des formes de pollution qui affectent quotidiennement les personnes. Lexposition aux polluants atmosphériques produit une large gamme deffets sur la santé, en particulier des plus pauvres, en provoquant des millions de morts prématurées. Ces personnes tombent malades, par exemple, à cause de linhalation de niveaux élevés de fumées provenant de la combustion quelles utilisent pour faire la cuisine ou pour se chauffer. À cela, sajoute la pollution qui affecte tout le monde, due aux moyens de transport, aux fumées de lindustrie, aux dépôts de substances qui contribuent à lacidification du sol et de leau, aux fertilisants, insecticides, fongicides, désherbants et agro-chimiques toxiques en général. La technologie, liée aux secteurs financiers, qui prétend être lunique solution aux problèmes, de fait, est ordinairement incapable de voir le mystère des multiples relations qui existent entre les choses, et par conséquent, résout parfois un problème en en créant un autre.
21. Il faut considérer également la pollution produite par les déchets, y compris les ordures dangereuses présentes dans différents milieux. Des centaines de millions de tonnes de déchets sont produites chaque année, dont beaucoup ne sont pas biodégradables : des déchets domestiques et commerciaux, des déchets de démolition, des déchets cliniques, électroniques et industriels, des déchets hautement toxiques et radioactifs. La terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir. À plusieurs endroits de la planète, les personnes âgées ont la nostalgie des paysages dautrefois, qui aujourdhui se voient inondés dordures. Aussi bien les déchets industriels que les produits chimiques utilisés dans les villes et dans lagriculture peuvent provoquer un effet de bio-accumulation dans les organismes des populations voisines, ce qui arrive même quand le taux de présence dun élément toxique en un lieu est bas. Bien des fois, on prend des mesures seulement quand des effets irréversibles pour la santé des personnes se sont déjà produits.
22. Ces problèmes sont intimement liés à la culture du déchet, qui affecte aussi bien les personnes exclues que les choses, vite transformées en ordures. Réalisons, par exemple, que la majeure partie du papier qui est produit, est gaspillée et nest pas recyclée. Il nous coûte de reconnaître que le fonctionnement des écosystèmes naturels est exemplaire : les plantes synthétisent des substances qui alimentent les herbivores ; ceux-ci à leur tour alimentent les carnivores, qui fournissent dimportantes quantités de déchets organiques, lesquels donnent lieu à une nouvelle génération de végétaux. Par contre, le système industriel na pas développé, en fin de cycle de production et de consommation, la capacité dabsorber et de réutiliser déchets et ordures. On nest pas encore arrivé à adopter un modèle circulaire de production qui assure des ressources pour tous comme pour les générations futures, et qui suppose de limiter au maximum lutilisation des ressources non renouvelables, den modérer la consommation, de maximiser lefficacité de leur exploitation, de les réutiliser et de les recycler. Aborder cette question serait une façon de contrecarrer la culture du déchet qui finit par affecter la planète entière, mais nous remarquons que les progrès dans ce sens sont encore très insuffisants.
Le climat comme bien commun
23. Le climat est un bien commun, de tous et pour tous. Au niveau global, cest un système complexe en relation avec beaucoup de conditions essentielles pour la vie humaine. Il existe un consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence dun réchauffement préoccupant du système climatique. Au cours des dernières décennies, ce réchauffement a été accompagné de lélévation constante du niveau de la mer, et il est en outre difficile de ne pas le mettre en relation avec laugmentation dévénements météorologiques extrêmes, indépendamment du fait quon ne peut pas attribuer une cause scientifiquement déterminable à chaque phénomène particulier. Lhumanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou laccentuent. Il y a, certes, dautres facteurs (comme le volcanisme, les variations de lorbite et de laxe de la terre, le cycle solaire), mais de nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde de nitrogène et autres) émis surtout à cause de lactivité humaine. En se concentrant dans latmosphère, ils empêchent la chaleur des rayons solaires réfléchis par la terre de se perdre dans lespace. Cela est renforcé en particulier par le modèle de développement reposant sur lutilisation intensive de combustibles fossiles, qui constitue le cur du système énergétique mondial. Le fait de changer de plus en plus les utilisations du sol, principalement la déforestation pour lagriculture, a aussi des impacts.
24. À son tour, le réchauffement a des effets sur le cycle du carbone. Il crée un cercle vicieux qui aggrave encore plus la situation, affectera la disponibilité de ressources indispensables telles que leau potable, lénergie ainsi que la production agricole des zones les plus chaudes, et provoquera lextinction dune partie de la biodiversité de la planète. La fonte des glaces polaires et de celles des plaines daltitude menace dune libération à haut risque de méthane ; et la décomposition de la matière organique congelée pourrait accentuer encore plus lémanation de dioxyde de carbone. De même, la disparition de forêts tropicales aggrave la situation, puisquelles contribuent à tempérer le changement climatique. La pollution produite par le dioxyde de carbone augmente lacidité des océans et compromet la chaîne alimentaire marine. Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et dune destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. Lélévation du niveau de la mer, par exemple, peut créer des situations dune extrême gravité si on tient compte du fait que le quart de la population mondiale vit au bord de la mer ou très proche, et que la plupart des mégapoles sont situées en zones côtières.
25. Le changement climatique est un problème global aux graves répercussions environnementales, sociales, économiques, distributives ainsi que politiques, et constitue lun des principaux défis actuels pour lhumanité. Les pires conséquences retomberont probablement au cours des prochaines décennies sur les pays en développement. Beaucoup de pauvres vivent dans des endroits particulièrement affectés par des phénomènes liés au réchauffement, et leurs moyens de subsistance dépendent fortement des réserves naturelles et des services de lécosystème, comme lagriculture, la pêche et les ressources forestières. Ils nont pas dautres activités financières ni dautres ressources qui leur permettent de sadapter aux impacts climatiques, ni de faire face à des situations catastrophiques, et ils ont peu daccès aux services sociaux et à la protection. Par exemple, les changements du climat provoquent des migrations danimaux et de végétaux qui ne peuvent pas toujours sadapter, et cela affecte à leur tour les moyens de production des plus pauvres, qui se voient aussi obligés démigrer avec une grande incertitude pour leur avenir et pour l'avenir de leurs enfants. Laugmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation environnementale, est tragique ; ces migrants ne sont pas reconnus comme réfugiés par les conventions internationales et ils portent le poids de leurs vies à la dérive, sans aucune protection légale. Malheureusement, il y a une indifférence générale face à ces tragédies qui se produisent en ce moment dans diverses parties du monde. Le manque de réactions face à ces drames de nos frères et surs est un signe de la perte de ce sens de responsabilité à légard de nos semblables, sur lequel se fonde toute société civile.
26. Beaucoup de ceux qui détiennent plus de ressources et de pouvoir économique ou politique semblent surtout sévertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes, en essayant seulement de réduire certains impacts négatifs du changement climatique. Mais beaucoup de symptômes indiquent que ces effets ne cesseront pas dempirer si nous maintenons les modèles actuels de production et de consommation. Voilà pourquoi il devient urgent et impérieux de développer des politiques pour que, les prochaines années, lémission du dioxyde de carbone et dautres gaz hautement polluants soit réduite de façon drastique, par exemple en remplaçant lutilisation de combustibles fossiles et en accroissant des sources dénergie renouvelable. Dans le monde, il y a un niveau daccès réduit à des énergies propres et renouvelables. Il est encore nécessaire de développer des technologies adéquates daccumulation. Cependant, dans certains pays, des progrès qui commencent à être significatifs ont été réalisés, bien quils soient loin datteindre un niveau suffisant. Il y a eu aussi quelques investissements dans les moyens de production et de transport qui consomment moins dénergie et requièrent moins de matière première, comme dans le domaine de la construction ou de la réfection dédifices pour en améliorer lefficacité énergétique. Mais ces bonnes pratiques sont loin de se généraliser.
II. LA QUESTION DE LEAU
27. Dautres indicateurs de la situation actuelle concernent lépuisement des ressources naturelles. Nous sommes bien conscients de limpossibilité de maintenir le niveau actuel de consommation des pays les plus développés et des secteurs les plus riches des sociétés, où lhabitude de dépenser et de jeter atteint des niveaux inédits. Déjà les limites maximales dexploitation de la planète ont été dépassées, sans que nous ayons résolu le problème de la pauvreté.
Leau potable et pure représente une question de première importance, parce quelle est indispensable pour la vie humaine comme pour soutenir les écosystèmes terrestres et aquatiques. Les sources deau douce approvisionnent des secteurs sanitaires, agricoles et de la pêche ainsi quindustriels. La provision deau est restée relativement constante pendant longtemps, mais en beaucoup dendroits la demande dépasse loffre durable, avec de graves conséquences à court et à long terme. De grandes villes qui ont besoin dune importante quantité deau en réserve, souffrent de périodes de diminution de cette ressource, qui nest pas toujours gérée de façon équitable et impartiale aux moments critiques. Le manque deau courante senregistre spécialement en Afrique, où de grands secteurs de la population nont pas accès à une eau potable sûre, ou bien souffrent de sécheresses qui rendent difficile la production daliments. Dans certains pays, il y a des régions qui disposent de leau en abondance et en même temps dautres qui souffrent de grave pénurie.
29. Un problème particulièrement sérieux est celui de la qualité de leau disponible pour les pauvres, ce qui provoque beaucoup de morts tous les jours. Les maladies liées à leau sont fréquentes chez les pauvres, y compris les maladies causées par les micro-organismes et par des substances chimiques. La diarrhée et le choléra, qui sont liés aux services hygiéniques et à lapprovisionnement en eau impropre à la consommation, sont un facteur significatif de souffrance et de mortalité infantile. Les eaux souterraines en beaucoup dendroits sont menacées par la pollution que provoquent certaines activités extractives, agricoles et industrielles, surtout dans les pays où il ny a pas de régulation ni de contrôles suffisants. Ne pensons pas seulement aux décharges des usines. Les détergents et les produits chimiques quutilise la population dans beaucoup dendroits du monde continuent de se déverser dans des rivières, dans des lacs et dans des mers.
30. Tandis que la qualité de leau disponible se détériore constamment, il y a une tendance croissante, à certains endroits, à privatiser cette ressource limitée, transformée en marchandise sujette aux lois du marché. En réalité, laccès à leau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce quil détermine la survie des personnes, et par conséquent il est une condition pour lexercice des autres droits humains. Ce monde a une grave dette sociale envers les pauvres qui nont pas accès à leau potable, parce que cest leur nier le droit à la vie, enraciné dans leur dignité inaliénable. Cette dette se règle en partie par des apports économiques conséquents pour fournir leau potable et lhygiène aux plus pauvres. Mais on observe le gaspillage deau, non seulement dans les pays développés, mais aussi dans les pays les moins développés qui possèdent de grandes réserves. Cela montre que le problème de leau est en partie une question éducative et culturelle, parce que la conscience de la gravité de ces conduites, dans un contexte de grande injustice, manque.
31. Une grande pénurie deau provoquera laugmentation du coût des aliments comme celle du coût de différents produits qui dépendent de son utilisation. Certaines études ont alerté sur la possibilité de souffrir dune pénurie aiguë deau dans quelques décennies, si on nagit pas en urgence. Les impacts sur lenvironnement pourraient affecter des milliers de millions de personnes, et il est prévisible que le contrôle de leau par de grandes entreprises mondiales deviendra lune des principales sources de conflits de ce siècle. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn23" \o "" [23]
III. LA PERTE DE BIODIVERSITÉ
32. Les ressources de la terre sont aussi objet de déprédation à cause de la conception de léconomie ainsi que de lactivité commerciale et productive fondées sur limmédiateté. La disparition de forêts et dautres végétations implique en même temps la disparition despèces qui pourraient être à lavenir des ressources extrêmement importantes, non seulement pour lalimentation, mais aussi pour la guérison de maladies et pour de multiples services. Les diverses espèces contiennent des gènes qui peuvent être des ressources-clefs pour subvenir, à lavenir, à certaines nécessités humaines ou pour réguler certains problèmes de lenvironnement.
33. Mais il ne suffit pas de penser aux différentes espèces seulement comme à déventuelles ressources exploitables, en oubliant quelles ont une valeur en elles-mêmes. Chaque année, disparaissent des milliers despèces végétales et animales que nous ne pourrons plus connaître, que nos enfants ne pourront pas voir, perdues pour toujours.
Limmense majorité disparaît pour des raisons qui tiennent à une action humaine. À cause de nous, des milliers despèces ne rendront plus gloire à Dieu par leur existence et ne pourront plus nous communiquer leur propre message. Nous nen avons pas le droit.
34. Probablement, cela nous inquiète davoir connaissance de lextinction dun mammifère ou dun oiseau, à cause de leur visibilité plus grande. Mais, pour le bon fonctionnement des écosystèmes, les champignons, les algues, les vers, les insectes, les reptiles et linnombrable variété de micro-organismes sont aussi nécessaires. Certaines espèces peu nombreuses, qui sont dhabitude imperceptibles, jouent un rôle fondamental pour établir léquilibre dun lieu. Certes, lêtre humain doit intervenir quand un géo-système entre dans un état critique ; mais aujourdhui le niveau dintervention humaine, dans une réalité si complexe comme la nature, est tel que les constants désastres provoqués par lêtre humain appellent une nouvelle intervention de sa part, si bien que lactivité humaine devient omniprésente, avec tous les risques que cela implique. Il se crée en général un cercle vicieux où lintervention de lêtre humain pour résoudre une difficulté, bien des fois, aggrave encore plus la situation. Par exemple, beaucoup doiseaux et dinsectes qui disparaissent à cause des agro-toxiques créés par la technologie, sont utiles à cette même agriculture et leur disparition devra être substituée par une autre intervention technologique qui produira probablement dautres effets nocifs. Les efforts des scientifiques et des techniciens, qui essaient dapporter des solutions aux problèmes créés par lêtre humain, sont louables et parfois admirables. Mais en regardant le monde, nous remarquons que ce niveau dintervention humaine, fréquemment au service des finances et du consumérisme, fait que la terre où nous vivons devient en réalité moins riche et moins belle, toujours plus limitée et plus grise, tandis quen même temps le développement de la technologie et des offres de consommation continue de progresser sans limite. Il semble ainsi que nous prétendions substituer à une beauté, irremplaçable et irrécupérable, une autre créée par nous.
35. Quand on analyse limpact environnemental dune entreprise, on en considère ordinairement les effets sur le sol, sur leau et sur lair, mais on ninclut pas toujours une étude soignée de son impact sur la biodiversité, comme si la disparition de certaines espèces ou de groupes danimaux ou de végétaux était quelque chose de peu dimportance. Les routes, les nouvelles cultures, les grillages, les barrages et dautres constructions prennent progressivement possession des habitats, et parfois les fragmentent de telle manière que les populations danimaux ne peuvent plus migrer ni se déplacer librement, si bien que certaines espèces sont menacées dextinction. Il existe des alternatives qui peuvent au moins atténuer limpact de ces ouvrages, comme la création de corridors biologiques, mais on observe cette attention et cette prévention en peu de pays. Quand on exploite commercialement certaines espèces, on nétudie pas toujours leur forme de croissance pour éviter leur diminution excessive, avec le déséquilibre de lécosystème qui en résulterait.
36. La sauvegarde des écosystèmes suppose un regard qui aille au-delà de limmédiat, car lorsquon cherche seulement un rendement économique rapide et facile, leur préservation nintéresse réellement personne. Mais le coût des dommages occasionnés par la négligence égoïste est beaucoup plus élevé que le bénéfice économique qui peut en être obtenu. Dans le cas de la disparition ou de graves dommages à certaines espèces, nous parlons de valeurs qui excèdent tout calcul. Cest pourquoi nous pouvons être des témoins muets de bien graves injustices, quand certains prétendent obtenir dimportants bénéfices en faisant payer au reste de lhumanité, présente et future, les coûts très élevés de la dégradation de lenvironnement.
37. Quelques pays ont progressé dans la préservation efficace de certains lieux et de certaines zones sur terre et dans les océans où lon interdit toute intervention humaine qui pourrait en modifier la physionomie ou en altérer la constitution originelle. Dans la préservation de la biodiversité, les spécialistes insistent sur la nécessité daccorder une attention spéciale aux zones les plus riches en variétés despèces, aux espèces endémiques rares ou ayant un faible degré de protection effective. Certains endroits requièrent une protection particulière à cause de leur énorme importance pour lécosystème mondial, ou parce quils constituent dimportantes réserves deau et assurent ainsi dautres formes de vie.
38. Mentionnons, par exemple, ces poumons de la planète pleins de biodiversité que sont lAmazonie et le bassin du fleuve Congo, ou bien les grandes surfaces aquifères et les glaciers. On nignore pas limportance de ces lieux pour toute la planète et pour lavenir de lhumanité. Les écosystèmes des forêts tropicales ont une biodiversité dune énorme complexité, presquimpossible à répertorier intégralement, mais quand ces forêts sont brûlées ou rasées pour développer des cultures, dinnombrables espèces disparaissent en peu dannées, quand elles ne se transforment pas en déserts arides. Cependant, un équilibre délicat simpose, quand on parle de ces endroits, parce quon ne peut pas non plus ignorer les énormes intérêts économiques internationaux qui, sous prétexte de les sauvegarder, peuvent porter atteinte aux souverainetés nationales. De fait, il existe « des propositions dinternationalisation de lAmazonie, qui servent uniquement des intérêts économiques des corporations transnationales ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn24" \o "" [24] Elle est louable la tâche des organismes internationaux et des organisations de la société civile qui sensibilisent les populations et coopèrent de façon critique, en utilisant aussi des mécanismes de pression légitimes, pour que chaque gouvernement accomplisse son propre et intransférable devoir de préserver lenvironnement ainsi que les ressources naturelles de son pays, sans se vendre à des intérêts illégitimes locaux ou internationaux.
39. Le remplacement de la flore sauvage par des aires reboisées, qui généralement sont des monocultures, ne fait pas ordinairement lobjet dune analyse adéquate. En effet, ce remplacement peut affecter gravement une biodiversité qui nest pas hébergée par les nouvelles espèces quon implante. Les zones humides, qui sont transformées en terrain de culture, perdent aussi lénorme biodiversité quelles accueillaient. Dans certaines zones côtières, la disparition des écosystèmes constitués par les mangroves est préoccupante.
40. Les océans non seulement constituent la majeure partie de leau de la planète, mais aussi la majeure partie de la grande variété des êtres vivants, dont beaucoup nous sont encore inconnus et sont menacés par diverses causes. Dautre part, la vie dans les fleuves, les lacs, les mers et les océans, qui alimente une grande partie de la population mondiale, se voit affectée par lextraction désordonnée des ressources de pêche, provoquant des diminutions drastiques de certaines espèces. Des formes sélectives de pêche, qui gaspillent une grande partie des espèces capturées, continuent encore de se développer. Les organismes marins que nous ne prenons pas en considération sont spécialement menacés, comme certaines formes de plancton qui constituent une composante très importante dans la chaîne alimentaire marine, et dont dépendent, en définitive, les espèces servant à notre subsistance.
41. En pénétrant dans les mers tropicales et subtropicales, nous trouvons les barrières de corail, qui équivalent aux grandes forêts de la terre, parce quelles hébergent approximativement un million despèces, incluant des poissons, des crabes, des mollusques, des éponges, des algues, et autres. Déjà, beaucoup de barrières de corail dans le monde sont aujourdhui stériles ou déclinent continuellement : « Qui a transformé le merveilleux monde marin en cimetières sous-marins dépourvus de vie et de couleurs ? ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn25" \o "" [25] Ce phénomène est dû en grande partie à la pollution qui atteint la mer, résultat de la déforestation, des monocultures agricoles, des déchets industriels et des méthodes destructives de pêche, spécialement celles qui utilisent le cyanure et la dynamite. Il saggrave à cause de lélévation de la température des océans. Tout cela nous aide à réaliser comment nimporte quelle action sur la nature peut avoir des conséquences que nous ne soupçonnons pas à première vue, et que certaines formes dexploitation de ressources se font au prix dune dégradation qui finalement atteint même le fond des océans.
42. Il est nécessaire dinvestir beaucoup plus dans la recherche pour mieux comprendre le comportement des écosystèmes et analyser adéquatement les divers paramètres de limpact de toute modification importante de lenvironnement. En effet, toutes les créatures sont liées, chacune doit être valorisée avec affection et admiration, et tous en tant quêtres, nous avons besoin les uns des autres. Chaque territoire a une responsabilité dans la sauvegarde de cette famille et devrait donc faire un inventaire détaillé des espèces quil héberge, afin de développer des programmes et des stratégies de protection, en préservant avec un soin particulier les espèces en voie dextinction.
IV. DÉTÉRIORATION DE LA QUALITÉ DE LA VIE HUMAINE ET DÉGRADATION SOCIALE
43. Si nous tenons compte du fait que lêtre humain est aussi une créature de ce monde, qui a le droit de vivre et dêtre heureux, et qui de plus a une dignité éminente, nous ne pouvons pas ne pas prendre en considération les effets de la dégradation de lenvironnement, du modèle actuel de développement et de la culture du déchet, sur la vie des personnes.
44. Aujourdhui nous observons, par exemple, la croissance démesurée et désordonnée de beaucoup de villes qui sont devenues insalubres pour y vivre, non seulement du fait de la pollution causée par les émissions toxiques, mais aussi à cause du chaos urbain, des problèmes de transport, et de la pollution visuelle ainsi que sonore. Beaucoup de villes sont de grandes structures inefficaces qui consomment énergie et eau en excès. Certains quartiers, bien que récemment construits, sont congestionnés et désordonnés, sans espaces verts suffisants. Les habitants de cette planète ne sont pas faits pour vivre en étant toujours plus envahis par le ciment, lasphalte, le verre et les métaux, privés du contact physique avec la nature.
45. À certains endroits, en campagne comme en ville, la privatisation des espaces a rendu difficile laccès des citoyens à des zones particulièrement belles. À dautres endroits, on crée des urbanisations écologiques seulement au service de quelques-uns, en évitant que les autres entrent pour perturber une tranquillité artificielle. Une ville belle et pleine despaces verts bien protégés se trouve ordinairement dans certaines zones sûres , mais beaucoup moins dans des zones peu visibles, où vivent les marginalisés de la société.
46. Parmi les composantes sociales du changement global figurent les effets de certaines innovations technologiques sur le travail, lexclusion sociale, linégalité dans la disponibilité et la consommation dénergie et dautres services, la fragmentation sociale, laugmentation de la violence et lémergence de nouvelles formes dagressivité sociale, le narcotrafic et la consommation croissante de drogues chez les plus jeunes, la perte didentité. Ce sont des signes, parmi dautres, qui montrent que la croissance de ces deux derniers siècles na pas signifié sous tous ses aspects un vrai progrès intégral ni une amélioration de la qualité de vie. Certains de ces signes sont en même temps des symptômes dune vraie dégradation sociale, dune rupture silencieuse des liens dintégration et de communion sociale.
47. À cela sajoutent les dynamiques des moyens de communication sociale et du monde digital, qui, en devenant omniprésentes, ne favorisent pas le développement dune capacité de vivre avec sagesse, de penser en profondeur, daimer avec générosité. Les grands sages du passé, dans ce contexte, auraient couru le risque de voir séteindre leur sagesse au milieu du bruit de linformation qui devient divertissement. Cela exige de nous un effort pour que ces moyens de communication se traduisent par un nouveau développement culturel de lhumanité, et non par une détérioration de sa richesse la plus profonde. La vraie sagesse, fruit de la réflexion, du dialogue et de la rencontre généreuse entre les personnes, ne sobtient pas par une pure accumulation de données qui finissent par saturer et obnubiler, comme une espèce de pollution mentale. En même temps, les relations réelles avec les autres tendent à être substituées, avec tous les défis que cela implique, par un type de communication transitant par Internet. Cela permet de sélectionner ou déliminer les relations selon notre libre arbitre, et il naît ainsi un nouveau type démotions artificielles, qui ont plus à voir avec des dispositifs et des écrans quavec les personnes et la nature. Les moyens actuels nous permettent de communiquer et de partager des connaissances et des sentiments. Cependant, ils nous empêchent aussi parfois dentrer en contact direct avec la détresse, linquiétude, la joie de lautre et avec la complexité de son expérience personnelle. Cest pourquoi nous ne devrions pas nous étonner quavec loffre écrasante de ces produits se développe une profonde et mélancolique insatisfaction dans les relations interpersonnelles, ou un isolement dommageable.
V. INÉGALITÉ PLANÉTAIRE
48. Lenvironnement humain et lenvironnement naturel se dégradent ensemble, et nous ne pourrons pas affronter adéquatement la dégradation de lenvironnement si nous ne prêtons pas attention aux causes qui sont en rapport avec la dégradation humaine et sociale. De fait, la détérioration de lenvironnement et celle de la société affectent dune manière spéciale les plus faibles de la planète : « Tant lexpérience commune de la vie ordinaire que linvestigation scientifique démontrent que ce sont les pauvres qui souffrent davantage des plus graves effets de toutes les agressions environnementales ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn26" \o "" [26] Par exemple, lépuisement des réserves de poissons nuit spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale et nont pas les moyens de la remplacer ; la pollution de leau touche particulièrement les plus pauvres qui nont pas la possibilité dacheter de leau en bouteille, et lélévation du niveau de la mer affecte principalement les populations côtières appauvries qui nont pas où se déplacer. Limpact des dérèglements actuels se manifeste aussi à travers la mort prématurée de beaucoup de pauvres, dans les conflits générés par manque de ressources et à travers beaucoup dautres problèmes qui nont pas assez despace dans les agendas du monde. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn27" \o "" [27]
49. Je voudrais faire remarquer que souvent on na pas une conscience claire des problèmes qui affectent particulièrement les exclus. Ils sont la majeure partie de la planète, des milliers de millions de personnes. Aujourdhui, ils sont présents dans les débats politiques et économiques internationaux, mais il semble souvent que leurs problèmes se posent comme un appendice, comme une question qui sajoute presque par obligation ou de manière marginale, quand on ne les considère pas comme un pur dommage collatéral. De fait, au moment de laction concrète, ils sont relégués fréquemment à la dernière place. Cela est dû en partie au fait que beaucoup de professionnels, de leaders dopinion, de moyens de communication et de centres de pouvoir sont situés loin deux, dans des zones urbaines isolées, sans contact direct avec les problèmes des exclus. Ceux-là vivent et réfléchissent à partir de la commodité dun niveau de développement et à partir dune qualité de vie qui ne sont pas à la portée de la majorité de la population mondiale. Ce manque de contact physique et de rencontre, parfois favorisé par la désintégration de nos villes, aide à tranquilliser la conscience et à occulter une partie de la réalité par des analyses biaisées. Ceci cohabite parfois avec un discours vert . Mais aujourdhui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître quune vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur lenvironnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres.
50. Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de santé reproductive . Mais « sil est vrai que la répartition inégale de la population et des ressources disponibles crée des obstacles au développement et à lutilisation durable de lenvironnement, il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn28" \o "" [28] Accuser laugmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes. On prétend légitimer ainsi le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion quil serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait même pas contenir les déchets dune telle consommation. En outre, nous savons quon gaspille approximativement un tiers des aliments qui sont produits, et « que lorsque lon jette de la nourriture, cest comme si lon volait la nourriture à la table du pauvre ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn29" \o "" [29] De toute façon, il est certain quil faut prêter attention au déséquilibre de la distribution de la population sur le territoire, tant au niveau national quau niveau global, parce que laugmentation de la consommation conduirait à des situations régionales complexes, à cause des combinaisons de problèmes liés à la pollution environnementale, au transport, au traitement des déchets, à la perte de ressources et à la qualité de vie, entre autres.
51. Linégalité naffecte pas seulement les individus, mais aussi des pays entiers, et oblige à penser à une éthique des relations internationales. Il y a, en effet, une vraie dette écologique , particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à lutilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays. Les exportations de diverses matières premières pour satisfaire les marchés du Nord industrialisé ont causé des dommages locaux, comme la pollution par le mercure dans lexploitation de lor ou par le dioxyde de souffre dans lexploitation du cuivre. Il faut spécialement tenir compte de lutilisation de lespace environnemental de toute la planète, quand il sagit de stocker les déchets gazeux qui se sont accumulés durant deux siècles et ont généré une situation qui affecte actuellement tous les pays du monde. Le réchauffement causé par lénorme consommation de certains pays riches a des répercussions sur les régions les plus pauvres de la terre, spécialement en Afrique, où laugmentation de la température jointe à la sécheresse fait des ravages au détriment du rendement des cultures. À cela, sajoutent les dégâts causés par lexportation vers les pays en développement des déchets solides ainsi que de liquides toxiques, et par lactivité polluante dentreprises qui sautorisent dans les pays moins développés ce quelles ne peuvent dans les pays qui leur apportent le capital : « Nous constatons que souvent les entreprises qui agissent ainsi sont des multinationales, qui font ici ce quon ne leur permet pas dans des pays développés ou du dénommé premier monde. Généralement, en cessant leurs activités et en se retirant, elles laissent de grands passifs humains et environnementaux tels que le chômage, des populations sans vie, lépuisement de certaines réserves naturelles, la déforestation, lappauvrissement de lagriculture et de lélevage local, des cratères, des coteaux triturés, des fleuves contaminés et quelques uvres sociales quon ne peut plus maintenir ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn30" \o "" [30]
52. La dette extérieure des pays pauvres sest transformée en un instrument de contrôle, mais il nen est pas de même avec la dette écologique. De diverses manières, les peuples en développement, où se trouvent les plus importantes réserves de la biosphère, continuent dalimenter le développement des pays les plus riches au prix de leur présent et de leur avenir. La terre des pauvres du Sud est riche et peu polluée, mais laccès à la propriété des biens et aux ressources pour satisfaire les besoins vitaux leur est interdit par un système de relations commerciales et de propriété structurellement pervers. Il faut que les pays développés contribuent à solder cette dette, en limitant de manière significative la consommation de lénergie non renouvelable et en apportant des ressources aux pays qui ont le plus de besoins, pour soutenir des politiques et des programmes de développement durable. Les régions et les pays les plus pauvres ont moins de possibilités pour adopter de nouveaux modèles en vue de réduire limpact des activités de lhomme sur lenvironnement, parce quils nont pas la formation pour développer les processus nécessaires, et ils ne peuvent pas en assumer les coûts. Cest pourquoi il faut maintenir claire la conscience que, dans le changement climatique, il y a des responsabilités diversifiées et, comme lont exprimé les Évêques des États-Unis, on doit se concentrer « spécialement sur les besoins des pauvres, des faibles et des vulnérables, dans un débat souvent dominé par les intérêts les plus puissants ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn31" \o "" [31] Nous avons besoin de renforcer la conscience que nous sommes une seule famille humaine. Il ny a pas de frontières ni de barrières politiques ou sociales qui nous permettent de nous isoler, et pour cela même il ny a pas non plus de place pour la globalisation de lindifférence.
VI. LA FAIBLESSE DES RÉACTIONS
53. Ces situations provoquent les gémissements de sur terre, qui se joignent au gémissement des abandonnés du monde, dans une clameur exigeant de nous une autre direction. Nous navons jamais autant maltraité ni fait de mal à notre maison commune quen ces deux derniers siècles. Mais nous sommes appelés à être les instruments de Dieu le Père pour que notre planète soit ce quil a rêvé en la créant, et pour quelle réponde à son projet de paix, de beauté et de plénitude. Le problème est que nous navons pas encore la culture nécessaire pour faire face à cette crise ; et il faut construire des leaderships qui tracent des chemins, en cherchant à répondre aux besoins des générations actuelles comme en incluant tout le monde, sans nuire aux générations futures. Il devient indispensable de créer un système normatif qui implique des limites infranchissables et assure la protection des écosystèmes, avant que les nouvelles formes de pouvoir dérivées du paradigme techno-économique ne finissent par raser non seulement la politique mais aussi la liberté et la justice.
54. La faiblesse de la réaction politique internationale est frappante. La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans léchec des Sommets mondiaux sur lenvironnement. Il y a trop dintérêts particuliers, et très facilement lintérêt économique arrive à prévaloir sur le bien commun et à manipuler linformation pour ne pas voir affectés ses projets. En ce sens, le Document dAparecida réclame que « dans les interventions sur les ressources naturelles ne prédominent pas les intérêts des groupes économiques qui ravagent déraisonnablement les sources de la vie ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn32" \o "" [32] Lalliance entre léconomie et la technologie finit par laisser de côté ce qui ne fait pas partie de leurs intérêts immédiats. Ainsi, on peut seulement sattendre à quelques déclarations superficielles, quelques actions philanthropiques isolées, voire des efforts pour montrer une sensibilité envers lenvironnement, quand, en réalité, toute tentative des organisations sociales pour modifier les choses sera vue comme une gêne provoquée par des utopistes romantiques ou comme un obstacle à contourner.
55. Peu à peu certains pays peuvent enregistrer des progrès importants, le développement de contrôles plus efficaces et une lutte plus sincère contre la corruption. Il y a plus de sensibilité écologique de la part des populations, bien que cela ne suffise pas pour modifier les habitudes nuisibles de consommation, qui ne semblent pas céder mais samplifient et se développent. Cest ce qui arrive, pour donner seulement un exemple simple, avec laugmentation croissante de lutilisation et de lintensité des climatiseurs. Les marchés, en cherchant un gain immédiat, stimulent encore plus la demande. Si quelquun observait de lextérieur la société planétaire, il sétonnerait face à un tel comportement qui semble parfois suicidaire.
56. Pendant ce temps, les pouvoirs économiques continuent de justifier le système mondial actuel, où priment une spéculation et une recherche du revenu financier qui tendent à ignorer tout contexte, de même que les effets sur la dignité humaine et sur lenvironnement. Ainsi, il devient manifeste que la dégradation de lenvironnement comme la dégradation humaine et éthique sont intimement liées. Beaucoup diront quils nont pas conscience de réaliser des actions immorales, parce que la distraction constante nous ôte le courage de nous rendre compte de la réalité dun monde limité et fini. Voilà pourquoi aujourdhui « tout ce qui est fragile, comme lenvironnement, reste sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn33" \o "" [33]
57. Il est prévisible que, face à lépuisement de certaines ressources, se crée progressivement un scénario favorable à de nouvelles guerres, déguisées en revendications nobles. La guerre produit toujours de graves dommages à lenvironnement comme à la richesse culturelle des populations, et les risques deviennent gigantesques quand on pense aux armes nucléaires ainsi quaux armes biologiques. En effet, « malgré linterdiction par des accords internationaux de la guerre chimique, bactériologique et biologique, en réalité la recherche continue dans les laboratoires pour développer de nouvelles armes offensives capables daltérer les équilibres naturels ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn34" \o "" [34] Une plus grande attention est requise de la part de la politique pour prévenir et pour sattaquer aux causes qui peuvent provoquer de nouveaux conflits. Mais cest le pouvoir lié aux secteurs financiers qui résiste le plus à cet effort, et les projets politiques nont pas habituellement de largeur de vue. Pourquoi veut-on préserver aujourd'hui un pouvoir qui laissera dans lhistoire le souvenir de son incapacité à intervenir quand il était urgent et nécessaire de le faire ?
58. Dans certains pays, il y a des exemples positifs de réussites dans les améliorations de lenvironnement tels que lassainissement de certaines rivières polluées durant de nombreuses décennies, ou la récupération de forêts autochtones, ou lembellissement de paysages grâce à des uvres dassainissement environnemental, ou des projets de construction de bâtiments de grande valeur esthétique, ou encore, par exemple, grâce à des progrès dans la production dénergie non polluante, dans les améliorations du transport public. Ces actions ne résolvent pas les problèmes globaux, mais elles confirment que lêtre humain est encore capable dintervenir positivement. Comme il a été créé pour aimer, du milieu de ses limites, jaillissent inévitablement des gestes de générosité, de solidarité et dattention.
59. En même temps, une écologie superficielle ou apparente se développe, qui consolide un certain assoupissement et une joyeuse irresponsabilité. Comme cela arrive ordinairement aux époques de crises profondes, qui requièrent des décisions courageuses, nous sommes tentés de penser que ce qui est en train de se passer nest pas certain. Si nous regardons les choses en surface, au-delà de quelques signes visibles de pollution et de dégradation, il semble quelles ne soient pas si graves et que la planète pourrait subsister longtemps dans les conditions actuelles. Ce comportement évasif nous permet de continuer à maintenir nos styles de vie, de production et de consommation. Cest la manière dont lêtre humain sarrange pour alimenter tous les vices autodestructifs : en essayant de ne pas les voir, en luttant pour ne pas les reconnaître, en retardant les décisions importantes, en agissant comme si de rien nétait.
VII. DIVERSITÉ DOPINIONS
60. Finalement, reconnaissons que diverses visions et lignes de pensée se sont développées à propos de la situation et des solutions possibles. À lextrême, dun côté, certains soutiennent à tout prix le mythe du progrès et affirment que les problèmes écologiques seront résolus simplement grâce à de nouvelles applications techniques, sans considérations éthiques ni changements de fond. De lautre côté, dautres pensent que, à travers nimporte laquelle de ses interventions, lêtre humain ne peut être quune menace et nuire à lécosystème mondial, raison pour laquelle il conviendrait de réduire sa présence sur la planète et dempêcher toute espèce dintervention de sa part. Entre ces deux extrêmes, la réflexion devrait identifier de possibles scénarios futurs, parce quil ny a pas une seule issue. Cela donnerait lieu à divers apports qui pourraient entrer dans un dialogue en vue de réponses intégrales.
61. Sur beaucoup de questions concrètes, en principe, lÉglise na pas de raison de proposer une parole définitive et elle comprend quelle doit écouter puis promouvoir le débat honnête entre scientifiques, en respectant la diversité dopinions. Mais il suffit de regarder la réalité avec sincérité pour constater quil y a une grande détérioration de notre maison commune. Lespérance nous invite à reconnaître quil y a toujours une voie de sortie, que nous pouvons toujours repréciser le cap, que nous pouvons toujours faire quelque chose pour résoudre les problèmes. Cependant, des symptômes dun point de rupture semblent sobserver, à cause de la rapidité des changements et de la dégradation, qui se manifestent tant dans des catastrophes naturelles régionales que dans des crises sociales ou même financières, étant donné que les problèmes du monde ne peuvent pas être analysés ni sexpliquer de façon isolée. Certaines régions sont déjà particulièrement en danger et, indépendamment de toute prévision catastrophiste, il est certain que lactuel système mondial est insoutenable de divers points de vue, parce que nous avons cessé de penser aux fins de laction humaine : « Si le regard parcourt les régions de notre planète, il saperçoit immédiatement que lhumanité a déçu lattente divine ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn35" \o "" [35]
DEUXIEME CHAPITRE
LEVANGILE DE LA CREATION
62. Pourquoi inclure dans ce texte, adressé à toutes les personnes de bonne volonté, un chapitre qui fait référence à des convictions de foi ? Je nignore pas que, dans les domaines de la politique et de la pensée, certains rejettent avec force lidée dun Créateur, ou bien la considèrent comme sans importance au point de reléguer dans le domaine de lirrationnel la richesse que les religions peuvent offrir pour une écologie intégrale et pour un développement plénier de lhumanité. Dautres fois on considère quelles sont une sous-culture qui doit seulement être tolérée. Cependant, la science et la religion, qui proposent des approches différentes de la réalité, peuvent entrer dans un dialogue intense et fécond pour toutes deux.
I. LA LUMIÈRE QUOFFRE LA FOI
63. Si nous prenons en compte la complexité de la crise écologique et ses multiples causes, nous devrons reconnaître que les solutions ne peuvent pas venir dune manière unique dinterpréter et de transformer la réalité. Il est nécessaire davoir aussi recours aux diverses richesses culturelles des peuples, à lart et à la poésie, à la vie intérieure et à la spiritualité. Si nous cherchons vraiment à construire une écologie qui nous permette de restaurer tout ce que nous avons détruit, alors aucune branche des sciences et aucune forme de sagesse ne peut être laissée de côté, la sagesse religieuse non plus, avec son langage propre. De plus, lÉglise catholique est ouverte au dialogue avec la pensée philosophique, et cela lui permet de produire diverses synthèses entre foi et raison. En ce qui concerne les questions sociales, cela peut se constater dans le développement de la doctrine sociale de lÉglise, qui est appelée à senrichir toujours davantage à partir des nouveaux défis.
64. Par ailleurs, même si cette Encyclique souvre au dialogue avec tous pour chercher ensemble des chemins de libération, je veux montrer dès le départ comment les convictions de la foi offrent aux chrétiens, et aussi à dautres croyants, de grandes motivations pour la protection de la nature et des frères et surs les plus fragiles. Si le seul fait dêtre humain pousse les personnes à prendre soin de lenvironnement dont elles font partie, « les chrétiens, notamment, savent que leurs devoirs à lintérieur de la création et leurs devoirs à légard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn36" \o "" [36] Donc, cest un bien pour lhumanité et pour le monde que nous, les croyants, nous reconnaissions mieux les engagements écologiques qui jaillissent de nos convictions.
II. LA SAGESSE DES RÉCITS BIBLIQUES
65. Sans répéter ici lentière théologie de la création, nous nous demandons ce que disent les grands récits bibliques sur la création et sur la relation entre lêtre humain et le monde. Dans le premier récit de luvre de la création, dans le livre de la Genèse, le plan de Dieu inclut la création de lhumanité. Après la création de lêtre humain, il est dit que « Dieu vit tout ce quil avait fait : cela était très bon » (Gn 1, 31). La Bible enseigne que chaque être humain est créé par amour, à limage et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). Cette affirmation nous montre la très grande dignité de toute personne humaine, qui « nest pas seulement quelque chose, mais quelquun. Elle est capable de se connaître, de se posséder, et de librement se donner et entrer en communion avec dautres personnes ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn37" \o "" [37] Saint Jean-Paul II a rappelé que lamour très particulier que le Créateur a pour chaque être humain lui confère une dignité infinie. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn38" \o "" [38] Ceux qui sengagent dans la défense de la dignité des personnes peuvent trouver dans la foi chrétienne les arguments les plus profonds pour cet engagement. Quelle merveilleuse certitude de savoir que la vie de toute personne ne se perd pas dans un chaos désespérant, dans un monde gouverné par le pur hasard ou par des cycles qui se répètent de manière absurde ! Le Créateur peut dire à chacun de nous : « Avant même de te former au ventre maternel, je tai connu » (Jr 1, 5). Nous avons été conçus dans le cur de Dieu, et donc, « chacun de nous est le fruit dune pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn39" \o "" [39]
66. Les récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds enseignements sur lexistence humaine et sur sa réalité historique. Ces récits suggèrent que lexistence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. Selon la Bible, les trois relations vitales ont été rompues, non seulement à lextérieur, mais aussi à lintérieur de nous. Cette rupture est le péché. Lharmonie entre le Créateur, lhumanité et lensemble de la création a été détruite par le fait davoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées. Ce fait a dénaturé aussi la mission de « soumettre » la terre (cf. Gn 1, 28), de « la cultiver et la garder» (Gn 2, 15). Comme résultat, la relation, harmonieuse à lorigine entre lêtre humain et la nature, est devenue conflictuelle (cf. Gn 3, 17-19). Pour cette raison, il est significatif que lharmonie que vivait saint François dAssise avec toutes les créatures ait été interprétée comme une guérison de cette rupture. Saint Bonaventure disait que par la réconciliation universelle avec toutes les créatures, dune certaine manière, François retournait à létat dinnocence. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn40" \o "" [40] Loin de ce modèle, le péché aujourdhui se manifeste, avec toute sa force de destruction, dans les guerres, sous diverses formes de violence et de maltraitance, dans labandon des plus fragiles, dans les agressions contre la nature.
67. Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée. Cela permet de répondre à une accusation lancée contre la pensée judéo-chrétienne : il a été dit que, à partir du récit de la Genèse qui invite à dominer la terre (cf. Gn 1, 28), on favoriserait lexploitation sauvage de la nature en présentant une image de lêtre humain comme dominateur et destructeur. Ce nest pas une interprétation correcte de la Bible, comme la comprend lÉglise. Sil est vrai que, parfois, nous les chrétiens avons mal interprété les Écritures, nous devons rejeter aujourdhui avec force que, du fait davoir été créés à limage de Dieu et de la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les autres créatures. Il est important de lire les textes bibliques dans leur contexte, avec une herméneutique adéquate, et de se souvenir quils nous invitent à cultiver et garder le jardin du monde (cf. Gn 2, 15). Alors que cultiver signifie labourer, défricher ou travailler, garder signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre lêtre humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures ; car, en définitive, « au Seigneur la terre » (Ps 24, 1), à lui appartiennent « la terre et tout ce qui sy trouve » (Dt 10, 14). Pour cette raison, Dieu dénie toute prétention de propriété absolue : « La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre mappartient, et vous nêtes pour moi que des étrangers et des hôtes » (Lv 25, 23).
68. Cette responsabilité vis-à-vis dune terre qui est à Dieu implique que lêtre humain, doué dintelligence, respecte les lois de la nature et les délicats équilibres entre les êtres de ce monde, parce que « lui commanda, eux furent créés, il les posa pour toujours et à jamais sous une loi qui jamais ne passera » (Ps 148, 5b-6). Cest pourquoi la législation biblique sattarde à proposer à lêtre humain diverses normes, non seulement en relation avec ses semblables, mais aussi en relation avec les autres êtres vivants : « Si tu vois tomber en chemin lâne ou le buf de ton frère, tu ne te déroberas pas [...] Si tu rencontres en chemin un nid avec des oisillons ou des ufs, sur un arbre ou par terre, et que la mère soit posée sur les oisillons ou les ufs, tu ne prendras pas la mère sur les petits » (Dt 22, 4.6). Dans cette perspective, le repos du septième jour nest pas proposé seulement à lêtre humain, mais aussi « afin que se reposent ton âne et ton buf » (Ex 23, 12). Nous nous apercevons ainsi que la Bible ne donne pas lieu à un anthropocentrisme despotique qui se désintéresserait des autres créatures.
69. En même temps que nous pouvons faire un usage responsable des choses, nous sommes appelés à reconnaître que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu et, « par leur simple existence ils le bénissent et lui rendent gloire » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn41" \o "" [41], puisque « le Seigneur se réjouit en ses uvres » (Ps 104, 31). Précisément en raison de sa dignité unique et par le fait dêtre doué dintelligence, lêtre humain est appelé à respecter la création avec ses lois internes, car « le Seigneur, par la sagesse, a fondé la terre » (Pr 3, 19). Aujourd'hui lÉglise ne dit pas seulement que les autres créatures sont complètement subordonnées au bien de lhomme, comme si elles navaient aucune valeur en elles-mêmes et que nous pouvions en disposer à volonté. Pour cette raison, les Évêques dAllemagne ont enseigné au sujet des autres créatures qu« on pourrait parler de la priorité de lêtre sur le fait dêtre utile » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn42" \o "" [42]. Le Catéchisme remet en cause, de manière très directe et insistante, ce qui serait un anthropocentrisme déviant : « Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres [...] Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. Cest pour cela que lhomme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn43" \o "" [43]
70. Dans le récit concernant Caïn et Abel, nous voyons que la jalousie a conduit Caïn à commettre linjustice extrême contre son frère. Ce qui a provoqué à son tour une rupture de la relation entre Caïn et Dieu, et entre Caïn et la terre dont il a été exilé. Ce passage est résumé dans la conversation dramatique entre Dieu et Caïn. Dieu demande : « Où est ton frère Abel ? ». Caïn répond quil ne sait pas et Dieu insiste : « Quas-tu fait ? Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile » (Gn 4, 9-11). La négligence dans la charge de cultiver et de garder une relation adéquate avec le voisin, envers lequel jai le devoir dattention et de protection, détruit ma relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre. Quand toutes ces relations sont négligées, quand la justice nhabite plus la terre, la Bible nous dit que toute la vie est en danger. Cest ce que nous enseigne le récit sur Noé, quand Dieu menace dexterminer lhumanité en raison de son incapacité constante à vivre à la hauteur des exigences de justice et de paix : « La fin de toute chair est arrivée, je lai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes » (Gn 6, 13). Dans ces récits si anciens, emprunts de profond symbolisme, une conviction actuelle était déjà présente : tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres.
71. Même si « la méchanceté de lhomme était grande sur la terre » (Gn 6, 5) et que Dieu « se repentit davoir fait lhomme sur la terre » (Gn 6, 6), il a cependant décidé douvrir un chemin de salut à travers Noé qui était resté intègre et juste. Ainsi, il a donné à lhumanité la possibilité dun nouveau commencement. Il suffit dun être humain bon pour quil y ait de lespérance ! La tradition biblique établit clairement que cette réhabilitation implique la redécouverte et le respect des rythmes inscrits dans la nature par la main du Créateur. Cela se voit, par exemple, dans la loi sur le Sabbat. Le septième jour, Dieu se reposa de toutes ses uvres. Il ordonna à Israël que chaque septième jour soit un jour de repos, un Sabbat (cf. Gn 2, 2-3 ; Ex 16, 23 ; 20, 10). Par ailleurs, une année sabbatique fut également instituée pour Israël et sa terre, tous les sept ans (cf. Lv 25, 1-4), pendant laquelle un repos complet était accordé à la terre ; on ne semait pas, on moissonnait seulement ce qui était indispensable pour subsister et offrir lhospitalité (cf. Lv 25, 4-6). Enfin, passées sept semaines dannées, cest-à-dire quarante-neuf ans, le Jubilé était célébré, année de pardon universel et d« affranchissement de tous les habitants » (Lv 25, 10). Le développement de cette législation a cherché à assurer léquilibre et léquité dans les relations de lêtre humain avec ses semblables et avec la terre où il vivait et travaillait. Mais en même temps cétait une reconnaissance que le don de la terre, avec ses fruits, appartient à tout le peuple. Ceux qui cultivaient et gardaient le territoire devaient en partager les fruits, spécialement avec les pauvres, les veuves, les orphelins et les étrangers : « Lorsque vous récolterez la moisson de votre pays, vous ne moissonnerez pas jusquà lextrême bout du champ. Tu ne glaneras pas ta moisson, tu ne grappilleras pas ta vigne et tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ton verger. Tu les abandonneras au pauvre et à létranger » (Lv 19, 9-10).
72. Les Psaumes invitent souvent lêtre humain à louer le Dieu créateur : « qui affermit la terre sur les eaux, car éternel est son amour ! » (Ps 136, 6). Mais ils invitent aussi les autres créatures à le louer : « Louez-le Soleil et Lune, louez-le, tous les astres de lumière ; louez-le, cieux des cieux, et les eaux par-dessus les cieux ! Quils louent le nom du Seigneur : lui commanda et ils furent créés » (Ps 148, 3-5). Nous existons non seulement par le pouvoir de Dieu, mais aussi face à lui et près de lui. Cest pourquoi nous ladorons.
73. Les écrits des prophètes invitent à retrouver la force dans les moments difficiles en contemplant le Dieu tout-puissant qui a créé lunivers. Le pouvoir infini de Dieu ne nous porte pas à fuir sa tendresse paternelle, parce quen lui affection et vigueur se conjuguent. De fait, toute saine spiritualité implique en même temps daccueillir lamour de Dieu, et dadorer avec confiance le Seigneur pour sa puissance infinie. Dans la Bible, le Dieu qui libère et sauve est le même qui a créé lunivers, et ces deux modes divins dagir sont intimement et inséparablement liés : « Ah Seigneur, voici que tu as fait le ciel et la terre par ta grande puissance et ton bras étendu. À toi, rien nest impossible ! [...] Tu fis sortir ton peuple Israël du pays dÉgypte par signes et prodiges » (Jr 32, 17.21). « Le Seigneur est un Dieu éternel, créateur des extrémités de la terre. Il ne se fatigue ni ne se lasse, insondable est son intelligence. Il donne la force à celui qui est fatigué, à celui qui est sans vigueur il prodigue le réconfort » (Is 40, 28b-29).
74. Lexpérience de la captivité à Babylone a engendré une crise spirituelle qui a favorisé un approfondissement de la foi en Dieu, explicitant sa toute-puissance créatrice, pour exhorter le peuple à retrouver lespérance dans sa situation malheureuse. Des siècles plus tard, en un autre moment dépreuves et de persécution, quand lEmpire romain cherchait à imposer une domination absolue, les fidèles retrouvaient consolation et espérance en grandissant dans la confiance au Dieu tout-puissant, et ils chantaient : « Grandes et merveilleuses sont tes uvres, Seigneur, Dieu Maître-de-tout ; justes et droites sont tes voies, ô Roi des nations » (Ap 15, 3). Sil a pu créer lunivers à partir de rien, il peut aussi intervenir dans ce monde et vaincre toute forme de mal. Par conséquent linjustice nest pas invincible.
75. Nous ne pouvons pas avoir une spiritualité qui oublie le Dieu tout-puissant et créateur. Autrement, nous finirions par adorer dautres pouvoirs du monde, ou bien nous nous prendrions la place du Seigneur au point de prétendre piétiner la réalité créée par lui, sans connaître de limite. La meilleure manière de mettre lêtre humain à sa place, et de mettre fin à ses prétentions dêtre un dominateur absolu de la terre, cest de proposer la figure dun Père créateur et unique maître du monde, parce quautrement lêtre humain aura toujours tendance à vouloir imposer à la réalité ses propres lois et intérêts.
III. LE MYSTÈRE DE LUNIVERS
76. Pour la tradition judéo-chrétienne, dire création, cest signifier plus que nature, parce quil y a un rapport avec un projet de lamour de Dieu dans lequel chaque créature a une valeur et une signification. La nature sentend dhabitude comme un système qui sanalyse, se comprend et se gère, mais la création peut seulement être comprise comme un don qui surgit de la main ouverte du Père de tous, comme une réalité illuminée par lamour qui nous appelle à une communion universelle.
77. « Par la parole du Seigneur les cieux ont été faits » (Ps 33, 6). Il nous est ainsi indiqué que le monde est issu dune décision, non du chaos ou du hasard, ce qui le rehausse encore plus. Dans la parole créatrice il y a un choix libre exprimé. Lunivers na pas surgi comme le résultat dune toute puissance arbitraire, dune démonstration de force ni dun désir dauto-affirmation. La création est de lordre de lamour. Lamour de Dieu est la raison fondamentale de toute la création : « Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu nas de dégout pour rien de ce que tu as fait ; car si tu avais haï quelque chose, tu ne laurais pas formé » (Sg 11, 24). Par conséquent, chaque créature est lobjet de la tendresse du Père, qui lui donne une place dans le monde. Même la vie éphémère de lêtre le plus insignifiant est lobjet de son amour, et, en ces peu de secondes de son existence, il lentoure de son affection. Saint Basile le Grand disait que le Créateur est aussi « la bonté sans mesure », HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn44" \o "" [44] et Dante Alighieri parlait de l« amour qui meut le soleil et les étoiles ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn45" \o "" [45] Voilà pourquoi à partir des uvres créées, on sélève « vers sa miséricorde pleine damour ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn46" \o "" [46]
78. En même temps, la pensée judéo-chrétienne a démystifié la nature. Sans cesser de ladmirer pour sa splendeur et son immensité, elle ne lui a plus attribué de caractère divin. De cette manière, notre engagement envers elle est davantage mis en exergue. Un retour à la nature ne peut se faire au prix de la liberté et de la responsabilité de lêtre humain, qui fait partie du monde avec le devoir de cultiver ses propres capacités pour le protéger et en développer les potentialités. Si nous reconnaissons la valeur et la fragilité de la nature, et en même temps les capacités que le Créateur nous a octroyées, cela nous permet den finir aujourdhui avec le mythe moderne du progrès matériel sans limite. Un monde fragile, avec un être humain à qui Dieu en confie le soin, interpelle notre intelligence pour reconnaître comment nous devrions orienter, cultiver et limiter notre pouvoir.
79. Dans cet univers, constitué de systèmes ouverts qui entrent en communication les uns avec les autres, nous pouvons découvrir dinnombrables formes de relations et de participations. Cela conduit à penser également à lensemble comme étant ouvert à la transcendance de Dieu, dans laquelle il se développe. La foi nous permet dinterpréter le sens et la beauté mystérieuse de ce qui arrive. La liberté humaine peut offrir son apport intelligent à une évolution positive, mais elle peut aussi être à lorigine de nouveaux maux, de nouvelles causes de souffrance et de vrais reculs. Cela donne lieu à la passionnante et dramatique histoire humaine, capable de se convertir en un déploiement de libération, de croissance, de salut et damour, ou en un chemin de décadence et de destruction mutuelle. Voilà pourquoi laction de lÉglise ne tente pas seulement de rappeler le devoir de prendre soin de la nature, mais en même temps « elle doit aussi surtout protéger lhomme de sa propre destruction ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn47" \o "" [47]
80. Cependant Dieu, qui veut agir avec nous et compte sur notre coopération, est aussi capable de tirer quelque chose de bon du mal que nous commettons, parce que « lEsprit Saint possède une imagination infinie, propre à lEsprit divin, qui sait prévoir et résoudre les problèmes des affaires humaines, même les plus complexes et les plus impénétrables ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn48" \o "" [48] Il a voulu se limiter lui-même de quelque manière, en créant un monde qui a besoin de développement, où beaucoup de choses que nous considérons mauvaises, dangereuses ou sources de souffrances, font en réalité partie des douleurs de lenfantement qui nous stimulent à collaborer avec le Créateur. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn49" \o "" [49] Il est présent au plus intime de toute chose, sans conditionner lautonomie de sa créature, et cela aussi donne lieu à lautonomie légitime des réalités terrestres. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn50" \o "" [50] Cette présence divine, qui assure la permanence et le développement de tout être, « est la continuation de laction créatrice ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn51" \o "" [51] LEsprit de Dieu a rempli lunivers de potentialités qui permettent que, du sein même des choses, quelque chose de nouveau peut surgir : « La nature nest rien dautre que la connaissance dun certain art, concrètement lart divin inscrit dans les choses, et par lequel les choses elles-mêmes se meuvent vers une fin déterminée. Comme si lartisan constructeur de navires pouvait accorder au bois de pouvoir se modifier de lui-même pour prendre la forme de navire ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn52" \o "" [52]
81. Bien que lêtre humain suppose aussi des processus évolutifs, il implique une nouveauté qui nest pas complètement explicable par lévolution dautres systèmes ouverts. Chacun de nous a, en soi, une identité personnelle, capable dentrer en dialogue avec les autres et avec Dieu lui-même. La capacité de réflexion, largumentation, la créativité, linterprétation, lélaboration artistique, et dautres capacités inédites, montrent une singularité qui transcende le domaine physique et biologique. La nouveauté qualitative qui implique le surgissement dun être personnel dans lunivers matériel suppose une action directe de Dieu, un appel particulier à la vie et à la relation dun Tu avec un autre tu. À partir des récits bibliques, nous considérons lêtre humain comme un sujet, qui ne peut jamais être réduit à la catégorie dobjet.
82. Mais il serait aussi erroné de penser que les autres êtres vivants doivent être considérés comme de purs objets, soumis à la domination humaine arbitraire. Quand on propose une vision de la nature uniquement comme objet de profit et dintérêt, cela a aussi de sérieuses conséquences sur la société. La vision qui consolide larbitraire du plus fort a favorisé dimmenses inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de lhumanité, parce que les ressources finissent par appartenir au premier qui arrive ou qui a plus de pouvoir : le gagnant emporte tout. Lidéal dharmonie, de justice, de fraternité et de paix que propose Jésus est aux antipodes dun pareil modèle, et il lexprimait ainsi avec respect aux pouvoirs de son époque : « Les chefs des nations dominent sur elles en maîtres, et les grands leur font sentir leur pouvoir. Il nen doit pas être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur» (Mt 20, 25-26).
83. Laboutissement de la marche de lunivers se trouve dans la plénitude de Dieu, qui a été atteinte par le Christ ressuscité, axe de la maturation universelle. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn53" \o "" [53] Nous ajoutons ainsi un argument de plus pour rejeter toute domination despotique et irresponsable de lêtre humain sur les autres créatures. La fin ultime des autres créatures, ce nest pas nous. Mais elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusquau terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ ressuscité embrasse et illumine tout ; car lêtre humain, doué dintelligence et damour, attiré par la plénitude du Christ, est appelé à reconduire toutes les créatures à leur Créateur.
IV. LE MESSAGE DE CHAQUE CRÉATURE DANS LHARMONIE DE TOUTE LA CRÉATION
84. Quand nous insistons pour dire que lêtre humain est image de Dieu, cela ne doit pas nous porter à oublier que chaque créature a une fonction et quaucune nest superflue. Tout lunivers matériel est un langage de lamour de Dieu, de sa tendresse démesurée envers nous. Le sol, leau, les montagnes, tout est caresse de Dieu. Lhistoire de lamitié de chacun avec Dieu se déroule toujours dans un espace géographique qui se transforme en un signe éminemment personnel, et chacun de nous a en mémoire des lieux dont le souvenir lui fait beaucoup de bien. Celui qui a grandi dans les montagnes, ou qui, enfant, sasseyait pour boire leau au ruisseau, ou qui jouait sur une place de son quartier, quand il retourne sur ces lieux se sent appelé à retrouver sa propre identité.
85. Dieu a écrit un beau livre « dont les lettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans lunivers ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn54" \o "" [54] Les Évêques du Canada ont souligné à juste titre quaucune créature ne reste en dehors de cette manifestation de Dieu : « Des vues panoramiques les plus larges à la forme de vie la plus infime, la nature est une source constante démerveillement et de crainte. Elle est, en outre, une révélation continue du divin ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn55" \o "" [55] Les Évêques du Japon, pour leur part, ont rappelé une chose très suggestive : « Entendre chaque créature chanter lhymne de son existence, cest vivre joyeusement dans lamour de Dieu et dans lespérance ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn56" \o "" [56] Cette contemplation de la création nous permet de découvrir à travers chaque chose un enseignement que Dieu veut nous transmettre, parce que « pour le croyant contempler la création cest aussi écouter un message, entendre une voix paradoxale et silencieuse ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn57" \o "" [57] Nous pouvons affirmer qu« à côté de la révélation proprement dite, qui est contenue dans les Saintes Écritures, il y a donc une manifestation divine dans le soleil qui resplendit comme dans la nuit qui tombe ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn58" \o "" [58] En faisant attention à cette manifestation, lêtre humain apprend à se reconnaître lui-même dans la relation avec les autres créatures : « Je mexprime en exprimant le monde ; jexplore ma propre sacralité en déchiffrant celle du monde ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn59" \o "" [59]
86. Lensemble de lunivers, avec ses relations multiples, révèle mieux linépuisable richesse de Dieu. Saint Thomas dAquin faisait remarquer avec sagesse que la multiplicité et la variété proviennent « de lintention du premier agent », qui a voulu que « ce qui manque à chaque chose pour représenter la bonté divine soit suppléé par les autres », HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn60" \o "" [60] parce qu« une seule créature ne saurait suffire à [...] représenter comme il convient » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn61" \o "" [61] sa bonté. Cest pourquoi nous avons besoin de saisir la variété des choses dans leurs relations multiples. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn62" \o "" [62] Par conséquent, on comprend mieux limportance et le sens de nimporte quelle créature si on la contemple dans lensemble du projet de Dieu. Le Catéchisme lenseigne ainsi : « Linterdépendance des créatures est voulue par Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, laigle et le moineau : le spectacle de leurs innombrables diversités et inégalités signifie quaucune des créatures ne se suffit à elle-même. Elles nexistent quen dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les unes des autres ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn63" \o "" [63]
87. Quand nous prenons conscience du reflet de Dieu qui se trouve dans tout ce qui existe, le cur expérimente le désir dadorer le Seigneur pour toutes ses créatures, et avec elles, comme cela est exprimé dans la belle hymne de saint François dAssise :
« Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,spécialement messire frère soleil,qui est le jour, et par lui tu nous illumines.Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,de toi, Très Haut, il porte le signe.Loué sois-tu, mon Seigneur,pour sur lune et les étoiles,dans le ciel tu les as forméesclaires, précieuses et belles.Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent,et pour lair et le nuage et le ciel sereinet tous les temps,par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sur eau,qui est très utile et humble,et précieuse et chaste.Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère feu,par lequel tu illumines la nuit,et il est beau et joyeux, et robuste et fort ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn64" \o "" [64]
88. Les Évêques du Brésil ont souligné que toute la nature, en plus de manifester Dieu, est un lieu de sa présence. En toute créature habite son Esprit vivifiant qui nous appelle à une relation avec lui. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn65" \o "" [65] La découverte de cette présence stimule en nous le développement des « vertus écologiques ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn66" \o "" [66] Mais en disant cela, noublions pas quil y a aussi une distance infinie entre la nature et le Créateur, et que les choses de ce monde ne possèdent pas la plénitude de Dieu. Autrement, nous ne ferions pas de bien aux créatures, parce que nous ne reconnaîtrions pas leur vraie et propre place, et nous finirions par exiger delles indûment ce que, en leur petitesse, elles ne peuvent pas nous donner.
V. UNE COMMUNION UNIVERSELLE
89. Les créatures de ce monde ne peuvent pas être considérées comme un bien sans propriétaire : « Tout est à toi, Maître, ami de la vie » (Sg 11, 26). Doù la conviction que, créés par le même Père, nous et tous les êtres de lunivers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle, une communion sublime qui nous pousse à un respect sacré, tendre et humble. Je veux rappeler que « Dieu nous a unis si étroitement au monde qui nous entoure, que la désertification du sol est comme une maladie pour chacun et nous pouvons nous lamenter sur lextinction dune espèce comme si elle était une mutilation ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn67" \o "" [67]
90. Cela ne signifie pas que tous les êtres vivants sont égaux ni ne retire à lêtre humain sa valeur particulière, qui entraîne en même temps une terrible responsabilité. Cela ne suppose pas non plus une divinisation de la terre qui nous priverait de lappel à collaborer avec elle et à protéger sa fragilité. Ces conceptions finiraient par créer de nouveaux déséquilibres pour échapper à la réalité qui nous interpelle. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn68" \o "" [68] Parfois on observe une obsession pour nier toute prééminence à la personne humaine, et il se mène une lutte en faveur dautres espèces que nous nengageons pas pour défendre légale dignité entre les êtres humains. Il est vrai que nous devons nous préoccuper que dautres êtres vivants ne soient pas traités de manière irresponsable. Mais les énormes inégalités qui existent entre nous devraient nous exaspérer particulièrement, parce que nous continuons à tolérer que les uns se considèrent plus dignes que les autres. Nous ne nous rendons plus compte que certains croupissent dans une misère dégradante, sans réelle possibilité den sortir, alors que dautres ne savent même pas quoi faire de ce quils possèdent, font étalage avec vanité dune soi-disant supériorité, et laissent derrière eux un niveau de gaspillage quil serait impossible de généraliser sans anéantir la planète. Nous continuons à admettre en pratique que les uns se sentent plus humains que les autres, comme sils étaient nés avec de plus grands droits.
91. Le sentiment dunion intime avec les autres êtres de la nature ne peut pas être réel si en même temps il ny a pas dans le cur de la tendresse, de la compassion et de la préoccupation pour les autres êtres humains. Lincohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic danimaux en voie dextinction mais qui reste complètement indifférent face à la traite des personnes, se désintéresse des pauvres, ou semploie à détruire un autre être humain qui lui déplaît. Ceci met en péril le sens de la lutte pour lenvironnement. Ce nest pas un hasard si dans lhymne à la création où saint François loue Dieu pour ses créatures, il ajoute ceci : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi ». Tout est lié. Il faut donc une préoccupation pour lenvironnement unie à un amour sincère envers les êtres humains, et à un engagement constant pour les problèmes de la société.
92. Dautre part, quand le cur est authentiquement ouvert à une communion universelle, rien ni personne nest exclu de cette fraternité. Par conséquent, il est vrai aussi que lindifférence ou la cruauté envers les autres créatures de ce monde finissent toujours par sétendre, dune manière ou dune autre, au traitement que nous réservons aux autres êtres humains. Le cur est unique, et la même misère qui nous porte à maltraiter un animal ne tarde pas à se manifester dans la relation avec les autres personnes. Toute cruauté sur une quelconque créature « est contraire à la dignité humaine». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn69" \o "" [69] Nous ne pouvons pas considérer que nous aimons beaucoup si nous excluons de nos intérêts une partie de la réalité : « Paix, justice et sauvegarde de la création sont trois thèmes absolument liés, qui ne pourront pas être mis à part pour être traités séparément sous peine de tomber de nouveau dans le réductionnisme ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn70" \o "" [70] Tout est lié, et, comme êtres humains, nous sommes tous unis comme des frères et des surs dans un merveilleux pèlerinage, entrelacés par lamour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi, avec une tendre affection, à frère soleil, à sur lune, à sur rivière et à mère terre.
VI. LA DESTINATION COMMUNE DES BIENS
93. Aujourdhui croyants et non croyants, nous sommes daccord sur le fait que la terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. Pour les croyants cela devient une question de fidélité au Créateur, puisque Dieu a créé le monde pour tous. Par conséquent, toute approche écologique doit incorporer une perspective sociale qui prenne en compte les droits fondamentaux des plus défavorisés. Le principe de subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, le droit universel à leur usage, est une règle dor du comportement social, et « le premier principe de tout lordre éthico-social ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn71" \o "" [71] La tradition chrétienne na jamais reconnu comme absolu ou intouchable le droit à la propriété privée, et elle a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée. Saint Jean-Paul II a rappelé avec beaucoup de force cette doctrine en affirmant que « Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour quelle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn72" \o "" [72] Ce sont des paroles denses et fortes. Il a souligné qu« un type de développement qui ne respecterait pas et nencouragerait pas les droits humains, personnels et sociaux, économiques et politiques, y compris les droits des nations et des peuples, ne serait pas non plus digne de lhomme ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn73" \o "" [73] Avec une grande clarté, il a expliqué que « lÉglise défend, certes, le droit à la propriété privée, mais elle enseigne avec non moins de clarté que sur toute propriété pèse toujours une hypothèque sociale, pour que les biens servent à la destination générale que Dieu leur a donnée ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn74" \o "" [74] Par conséquent, il a rappelé qu« il nest [...] pas permis, parce que cela nest pas conforme au dessein de Dieu, de gérer ce don dune manière telle que tous ces bienfaits profitent seulement à quelques uns ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn75" \o "" [75] Cela remet sérieusement en cause les habitudes injustes dune partie de lhumanité. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn76" \o "" [76]
94. Le riche et le pauvre ont une égale dignité parce que « le Seigneur les a faits tous les deux » (Pr 22, 2), « petits et grands, cest lui qui les a faits » (Sg 6, 7), et « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45). Cela a des conséquences pratiques, comme celles quont énoncées les Évêques du Paraguay : « Tout paysan a le droit naturel de posséder un lot de terre raisonnable, où il puisse établir sa demeure, travailler pour la subsistance de sa famille et avoir la sécurité de lexistence. Ce droit doit être garanti pour que son exercice ne soit pas illusoire mais réel. Cela signifie que, en plus du titre de propriété, le paysan doit compter sur les moyens déducation technique, sur des crédits, des assurances et la commercialisation ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn77" \o "" [77]
95. Lenvironnement est un bien collectif, patrimoine de toute lhumanité, sous la responsabilité de tous. Celui qui sapproprie quelque chose, cest seulement pour ladministrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier lexistence des autres. Pour cette raison, les Évêques de Nouvelle Zélande se sont demandés ce que le commandement « tu ne tueras pas » signifie quand « vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle manière quils volent aux nations pauvres, et aux futures générations, ce dont elles ont besoin pour survivre ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn78" \o "" [78]
VII. LE REGARD DE JÉSUS
96. Jésus reprend la foi biblique au Dieu créateur et met en relief un fait fondamental : Dieu est Père (cf. Mt 11, 25). Dans les dialogues avec ses disciples, Jésus les invitait à reconnaître la relation paternelle que Dieu a avec toutes ses créatures, et leur rappelait, avec une émouvante tendresse, comment chacune delles est importante aux yeux de celui-ci : « Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux as ? Et pas un dentre eux nest en oubli devant Dieu » (Lc 12, 6). « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit» (Mt 6, 26).
97. Le Seigneur pouvait inviter les autres à être attentifs à la beauté quil y a dans le monde, parce quil était lui-même en contact permanent avec la nature et y prêtait une attention pleine daffection et de stupéfaction. Quand il parcourait chaque coin de sa terre, il sarrêtait pour contempler la beauté semée par son Père, et il invitait ses disciples à reconnaître dans les choses un message divin : « Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson » (Jn 4, 35). « Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé quun homme a pris et semé dans son champ. Cest bien la plus petite de toutes les graines, mais quand il a poussé, cest la plus grande des plantes potagères, qui devient même un arbre » (Mt 13, 31-32).
98. Jésus vivait en pleine harmonie avec la création, et les autres sen émerveillaient : « Quel est donc celui-ci pour que même la mer et les vents lui obéissent ? » (Mt 8, 27). Il napparaissait pas comme un ascète séparé du monde ou un ennemi des choses agréables de la vie. Il disait, se référant à lui-même : « Vient le Fils de lhomme, mangeant et buvant, et lon dit : voilà un glouton et un ivrogne» (Mt 11, 19). Il était loin des philosophies qui dépréciaient le corps, la matière et les choses de ce monde. Cependant, ces dualismes malsains en sont arrivés à avoir une influence importante chez certains penseurs chrétiens au long de lhistoire, et ont défiguré lÉvangile. Jésus travaillait de ses mains, au contact direct quotidien avec la matière créée par Dieu pour lui donner forme avec son habileté dartisan. Il est frappant que la plus grande partie de sa vie ait été consacrée à cette tâche, dans une existence simple qui ne suscitait aucune admiration. « Nest-il pas le charpentier, le fils de Marie ?» (Mc 6, 3). Il a sanctifié de cette manière le travail et lui a conféré une valeur particulière pour notre maturation. Saint Jean-Paul II enseignait qu« en supportant la peine du travail en union avec le Christ crucifié pour nous, lhomme collabore en quelque manière avec le Fils de Dieu à la Rédemption ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn79" \o "" [79]
99. Pour la compréhension chrétienne de la réalité, le destin de toute la création passe par le mystère du Christ, qui est présent depuis lorigine de toutes choses : « Tout est créé par lui et pour lui » (Col 1, 16). HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn80" \o "" [80] Le Prologue de lÉvangile de Jean (1, 1-18) montre lactivité créatrice du Christ comme Parole divine (Logos). Mais ce prologue surprend en affirmant que cette Parole « sest faite chair » (Jn 1, 14). Une Personne de la Trinité sest insérée dans le cosmos créé, en y liant son sort jusquà la croix. Dès le commencement du monde, mais de manière particulière depuis lIncarnation, le mystère du Christ opère secrètement dans lensemble de la réalité naturelle, sans pour autant en affecter lautonomie.
100. Le Nouveau Testament ne nous parle pas seulement de Jésus terrestre et de sa relation si concrète et aimable avec le monde. Il le montre aussi comme ressuscité et glorieux, présent dans toute la création par sa Seigneurie universelle : « Dieu sest plu à faire habiter en lui toute plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix » (Col 1, 19-20). Cela nous projette à la fin des temps, quand le Fils remettra toutes choses au Père et que « Dieu sera tout en tous » (1Co 15, 28). De cette manière, les créatures de ce monde ne se présentent plus à nous comme une réalité purement naturelle, parce que le Ressuscité les enveloppe mystérieusement et les oriente vers un destin de plénitude. Même les fleurs des champs et les oiseaux quémerveillé il a contemplés de ses yeux humains, sont maintenant remplis de sa présence lumineuse.
TROISIEME CHAPITRE
LA RACINE HUMAINEDE LA CRISE ECOLOGIQUE
101. Il ne sert à rien de décrire les symptômes de la crise écologique, si nous nen reconnaissons pas la racine humaine. Il y a une manière de comprendre la vie et lactivité humaine qui a dévié et qui contredit la réalité jusquà lui nuire. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous arrêter pour y penser ? Dans cette réflexion, je propose que nous nous concentrions sur le paradigme technocratique dominant ainsi que sur la place de lêtre humain et de son action dans le monde.
I. LA TECHNOLOGIE : CRÉATIVITÉ ET POUVOIR
102. Lhumanité est entrée dans une ère nouvelle où le pouvoir technologique nous met à la croisée des chemins. Nous sommes les héritiers de deux siècles dénormes vagues de changement : la machine à vapeur, le chemin de fer, le télégraphe, lélectricité, lautomobile, lavion, les industries chimiques, la médecine moderne, linformatique, et, plus récemment, la révolution digitale, la robotique, les biotechnologies et les nanotechnologies. Il est juste de se réjouir face à ces progrès, et de senthousiasmer devant les grandes possibilités que nous ouvrent ces constantes nouveautés, parce que « la science et la technologie sont un produit merveilleux de la créativité humaine, ce don de Dieu ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn81" \o "" [81] La modification de la nature à des fins utiles est une caractéristique de lhumanité depuis ses débuts, et ainsi la technique « exprime la tendance de lesprit humain au dépassement progressif de certains conditionnements matériels ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn82" \o "" [82] La technologie a porté remède à dinnombrables maux qui nuisaient à lêtre humain et le limitaient. Nous ne pouvons pas ne pas valoriser ni apprécier le progrès technique, surtout dans la médecine, lingénierie et les communications. Et comment ne pas reconnaître tous les efforts de beaucoup de scientifiques et de techniciens qui ont apporté des alternatives pour un développement durable ?
103. La techno-science, bien orientée, non seulement peut produire des choses réellement précieuses pour améliorer la qualité de vie de lêtre humain, depuis les objets usuels pour la maison jusquaux grands moyens de transports, ponts, édifices, lieux publics, mais encore est capable de produire du beau et de projeter dans le domaine de la beauté lêtre humain immergé dans le monde matériel. Peut-on nier la beauté dun avion, ou de certains gratte-ciels ? Il y a de belles uvres picturales et musicales réalisées grâce à lutilisation de nouveaux instruments techniques. Ainsi, dans la recherche de la beauté de la part de celui qui produit la technique, et en celui qui contemple cette beauté, se réalise un saut vers une certaine plénitude proprement humaine.
104. Mais nous ne pouvons pas ignorer que lénergie nucléaire, la biotechnologie, linformatique, la connaissance de notre propre ADN et dautres capacités que nous avons acquises, nous donnent un terrible pouvoir. Mieux, elles donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique den faire usage, une emprise impressionnante sur lensemble de lhumanité et sur le monde entier. Jamais lhumanité na eu autant de pouvoir sur elle-même et rien ne garantit quelle sen servira toujours bien, surtout si lon considère la manière dont elle est en train de lutiliser. Il suffit de se souvenir des bombes atomiques lancées en plein XXème siècle, comme du grand déploiement technologique étalé par le nazisme, par le communisme et par dautres régimes totalitaires au service de lextermination de millions de personnes, sans oublier, quaujourdhui, la guerre possède des instruments toujours plus mortifères. En quelles mains se trouve et pourrait se trouver tant de pouvoir ? Il est terriblement risqué quil réside en une petite partie de lhumanité.
105. On a tendance à croire « que tout accroissement de puissance est en soi progrès, un degré plus haut de sécurité, dutilité, de bien-être, de force vitale, de plénitude des valeurs », HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn83" \o "" [83] comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même. Le fait est que « lhomme moderne na pas reçu léducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir », HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn84" \o "" [84] parce que limmense progrès technologique na pas été accompagné dun développement de lêtre humain en responsabilité, en valeurs, en conscience. Chaque époque tend à développer peu dauto-conscience de ses propres limites. Cest pourquoi, il est possible quaujourdhui lhumanité ne se rende pas compte de la gravité des défis qui se présentent, et « que la possibilité devienne sans cesse plus grande pour lhomme de mal utiliser sa puissance » quand « existent non pas des normes de liberté, mais de prétendues nécessités : lutilité et la sécurité ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn85" \o "" [85] Lêtre humain nest pas pleinement autonome. Sa liberté est affectée quand elle se livre aux forces aveugles de linconscient, des nécessités immédiates, de légoïsme, de la violence. En ce sens, lhomme est nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler. Il peut disposer de mécanismes superficiels, mais nous pouvons affirmer quil lui manque aujourdhui une éthique solide, une culture et une spiritualité qui le limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide.
II. LA GLOBALISATIONDU PARADIGME TECHNOCRATIQUE
106. Le problème fondamental est autre, encore plus profond : la manière dont lhumanité a, de fait, assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel. Une conception du sujet y est mise en relief qui, progressivement, dans le processus logique et rationnel, embrasse et ainsi possède lobjet qui se trouve à lextérieur. Ce sujet se déploie dans lélaboration de la méthode scientifique avec son expérimentation, qui est déjà explicitement une technique de possession, de domination et de transformation. Cest comme si le sujet se trouvait devant quelque chose dinforme, totalement disponible pour sa manipulation. Lintervention humaine sur la nature sest toujours vérifiée, mais longtemps elle a eu comme caractéristique daccompagner, de se plier aux possibilités quoffrent les choses elles-mêmes. Il sagissait de recevoir ce que la réalité naturelle permet de soi, comme en tendant la main. Maintenant, en revanche, ce qui intéresse cest dextraire tout ce qui est possible des choses par limposition de la main de lêtre humain, qui tend à ignorer ou à oublier la réalité même de ce quil a devant lui. Voilà pourquoi lêtre humain et les choses ont cessé de se tendre amicalement la main pour entrer en opposition. De là, on en vient facilement à lidée dune croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup déconomistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la presser jusquaux limites et même au-delà des limites. Cest le faux présupposé « quil existe une quantité illimitée dénergie et de ressources à utiliser, que leur régénération est possible dans limmédiat et que les effets négatifs des manipulations de lordre naturel peuvent être facilement absorbés ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn86" \o "" [86]
107. On peut dire, par conséquent, quà lorigine de beaucoup de difficultés du monde actuel, il y a avant tout la tendance, pas toujours consciente, à faire de la méthodologie et des objectifs de la techno-science un paradigme de compréhension qui conditionne la vie des personnes et le fonctionnement de la société. Les effets de lapplication de ce moule à toute la réalité, humaine et sociale, se constatent dans la dégradation de lenvironnement, mais cela est seulement un signe du réductionnisme qui affecte la vie humaine et la société dans toutes leurs dimensions. Il faut reconnaître que les objets produits par la technique ne sont pas neutres, parce quils créent un cadre qui finit par conditionner les styles de vie, et orientent les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoir déterminés. Certains choix qui paraissent purement instrumentaux sont, en réalité, des choix sur le type de vie sociale que lon veut développer.
108. Il nest pas permis de penser quil est possible de défendre un autre paradigme culturel, et de se servir de la technique comme dun pur instrument, parce quaujourdhui le paradigme technocratique est devenu tellement dominant quil est très difficile de faire abstraction de ses ressources, et il est encore plus difficile de les utiliser sans être dominé par leur logique. Cest devenu une contre-culture de choisir un style de vie avec des objectifs qui peuvent être, au moins en partie, indépendants de la technique, de ses coûts, comme de son pouvoir de globalisation et de massification. De fait, la technique a un penchant pour chercher à tout englober dans sa logique de fer, et lhomme qui possède la technique « sait que, en dernière analyse, ce qui est en jeu dans la technique, ce nest ni lutilité, ni le bien-être, mais la domination : une domination au sens le plus extrême de ce terme ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn87" \o "" [87] Et cest pourquoi « il cherche à saisir les éléments de la nature comme ceux de lexistence humaine ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn88" \o "" [88] La capacité de décision, la liberté la plus authentique et lespace pour une créativité alternative des individus, sont réduits.
109. Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son emprise sur léconomie et la politique. Léconomie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à déventuelles conséquences négatives pour lêtre humain. Les finances étouffent léconomie réelle. Les leçons de la crise financière mondiale nont pas été retenues, et on prend en compte les leçons de la détérioration de lenvironnement avec beaucoup de lenteur. Dans certains cercles on soutient que léconomie actuelle et la technologie résoudront tous les problèmes environnementaux. De même on affirme, en langage peu académique, que les problèmes de la faim et de la misère dans le monde auront une solution simplement grâce à la croissance du marché. Ce nest pas une question de validité de théories économiques, que peut-être personne aujourdhui nose défendre, mais de leur installation de fait dans le développement de léconomie. Ceux qui naffirment pas cela en paroles le soutiennent dans les faits quand une juste dimension de la production, une meilleure répartition des richesses, une sauvegarde responsable de lenvironnement et les droits des générations futures ne semblent pas les préoccuper. Par leurs comportements, ils indiquent que lobjectif de maximiser les bénéfices est suffisant. Mais le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral ni linclusion sociale. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn89" \o "" [89] En attendant, nous avons un « surdéveloppement, où consommation et gaspillage vont de pair, ce qui contraste de façon inacceptable avec des situations permanentes de misère déshumanisante » ; HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn90" \o "" [90] et les institutions économiques ainsi que les programmes sociaux qui permettraient aux plus pauvres daccéder régulièrement aux ressources de base ne se mettent pas en place assez rapidement. On na pas encore fini de prendre en compte les racines les plus profondes des dérèglements actuels qui sont en rapport avec lorientation, les fins, le sens et le contexte social de la croissance technologique et économique.
110. La spécialisation de la technologie ellemême implique une grande difficulté pour regarder lensemble. La fragmentation des savoirs sert dans la réalisation dapplications concrètes, mais elle amène en général à perdre le sens de la totalité, des relations qui existent entre les choses, dun horizon large qui devient sans importance. Cela même empêche de trouver des chemins adéquats pour résoudre les problèmes les plus complexes du monde actuel, surtout ceux de lenvironnement et des pauvres, qui ne peuvent pas être abordés dun seul regard ou selon un seul type dintérêts. Une science qui prétendrait offrir des solutions aux grandes questions devrait nécessairement prendre en compte tout ce qua produit la connaissance dans les autres domaines du savoir, y compris la philosophie et léthique sociale. Mais cest une habitude difficile à prendre aujourdhui. Cest pourquoi de véritables horizons éthiques de référence ne peuvent pas non plus être reconnus. La vie est en train dêtre abandonnée aux circonstances conditionnées par la technique, comprise comme le principal moyen dinterpréter lexistence. Dans la réalité concrète qui nous interpelle, divers symptômes apparaissent qui montrent cette erreur, comme la dégradation de lenvironnement, langoisse, la perte du sens de la vie et de la cohabitation. On voit ainsi, une fois de plus, que « la réalité est supérieure à lidée ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn91" \o "" [91]
111. La culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train dapparaître par rapport à la dégradation de lenvironnement, à lépuisement des réserves naturelles et à la pollution. Elle devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à lavancée du paradigme technocratique. Autrement, même les meilleures initiatives écologiques peuvent finir par senfermer dans la même logique globalisée. Chercher seulement un remède technique à chaque problème environnemental qui surgit, cest isoler des choses qui sont entrelacées dans la réalité, et cest se cacher les vraies et plus profondes questions du système mondial.
112. Cependant, il est possible délargir de nouveau le regard, et la liberté humaine est capable de limiter la technique, de lorienter, comme de la mettre au service dun autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral. La libération par rapport au paradigme technocratique régnant a lieu, de fait, en certaines occasions, par exemple, quand des communautés de petits producteurs optent pour des systèmes de production moins polluants, en soutenant un mode de vie, de bonheur et de cohabitation non consumériste ; ou bien quand la technique est orientée prioritaire- ment pour résoudre les problèmes concrets des autres, avec la passion de les aider à vivre avec plus de dignité et moins de souffrances ; de même quand lintention créatrice du beau et sa contemplation arrivent à dépasser le pouvoir objectivant en une sorte de salut qui se réalise dans le beau et dans la personne qui le contemple. Lauthentique humanité, qui invite à une nouvelle synthèse, semble habiter au milieu de la civilisation technologique presque de manière imperceptible, comme le brouillard qui filtre sous une porte close. Serait-ce une promesse permanente, malgré tout, jaillissant comme une résistance obstinée de ce qui est authentique ?
113. Dautre part, les gens ne semblent plus croire en un avenir heureux, ils ne mettent pas aveuglément leur confiance dans un lendemain meilleur à partir des conditions actuelles du monde et des capacités techniques. Ils prennent conscience que les avancées de la science et de la technique ne sont pas équivalentes aux avancées de lhumanité et de lhistoire, et ils perçoivent que les chemins fondamentaux sont autres pour un avenir heureux. Cependant, ils ne simaginent pas pour autant renoncer aux possibilités quoffre la technologie. Lhumanité sest profondément transformée, et laccumulation des nouveautés continuelles consacre une fugacité qui nous mène dans une seule direction, à la surface des choses. Il devient difficile de nous arrêter pour retrouver la profondeur de la vie. Sil est vrai que larchitecture reflète lesprit dune époque, les mégastructures et les maisons en séries expriment lesprit de la technique globalisée, où la nouveauté permanente des produits sunit à un pesant ennui. Ne nous résignons pas à cela, et ne renonçons pas à nous interroger sur les fins et sur le sens de toute chose. Autrement, nous légitimerions la situation actuelle et nous aurions besoin de toujours plus de succédanés pour supporter le vide.
114. Ce qui arrive en ce moment nous met devant lurgence davancer dans une révolution culturelle courageuse. La science et la technologie ne sont pas neutres, mais peuvent impliquer, du début à la fin dun processus, diverses intentions et possibilités, et elles peuvent se configurer de différentes manières. Personne ne prétend vouloir retourner à lépoque des cavernes, cependant il est indispensable de ralentir la marche pour regarder la réalité dune autre manière, recueillir les avancées positives et durables, et en même temps récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane.
III. CRISE ET CONSÉQUENCES DE LANTHROPOCENTRISME MODERNE
115. Lanthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité, parce que lêtre humain « na plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni quelle lui offre un refuge vivant. Il la voit sans suppositions préalables, objectivement, sous la forme dun espace et dune matière pour une uvre où lon jette tout, peu importe ce qui en résultera ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn92" \o "" [92] De cette manière, la valeur que possède le monde en lui-même saffaiblit. Mais si lêtre humain ne redécouvre pas sa véritable place, il ne se comprend pas bien lui-même et finit par contredire sa propre réalité : « Non seulement la terre a été donnée par Dieu à lhomme, qui doit en faire usage dans le respect de lintention primitive, bonne, dans laquelle elle a été donnée, mais lhomme, lui aussi, est donné par Dieu à lui-même et il doit donc respecter la structure naturelle et morale dont il a été doté». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn93" \o "" [93]
116. Dans la modernité, il y a eu une grande démesure anthropocentrique qui, sous dautres formes, continue aujourdhui à nuire à toute référence commune et à toute tentative pour renforcer les liens sociaux. Cest pourquoi, le moment est venu de prêter de nouveau attention à la réalité avec les limites quelle impose, et qui offrent à leur tour la possibilité dun développement humain et social plus sain et plus fécond. Une présentation inadéquate de lanthropologie chrétienne a pu conduire à soutenir une conception erronée de la relation entre lêtre humain et le monde. Un rêve prométhéen de domination sur le monde sest souvent transmis, qui a donné limpression que la sauvegarde de la nature est pour les faibles. La façon correcte dinterpréter le concept dêtre humain comme seigneur de lunivers est plutôt celle de le considérer comme administrateur responsable. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn94" \o "" [94]
117. Le manque de préoccupation pour mesurer les préjudices causés à la nature et limpact environnemental des décisions est seulement le reflet le plus visible dun désintérêt pour reconnaître le message que la nature porte inscrit dans ses structures mêmes. Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur dun pauvre, dun embryon humain, dune personne vivant une situation de handicap pour prendre seulement quelques exemples on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié. Si lêtre humain se déclare autonome par rapport à la réalité et quil se pose en dominateur absolu, la base même de son existence sécroule, parce qu« au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans luvre de la création, lhomme se substitue à Dieu et ainsi finit par provoquer la révolte de la nature ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn95" \o "" [95]
118. Cette situation nous conduit à une schizophrénie permanente, qui va de lexaltation technocratique qui ne reconnaît pas aux autres êtres une valeur propre, à la réaction qui nie toute valeur particulière à lêtre humain. Mais on ne peut pas faire abstraction de lhumanité. Il ny aura pas de nouvelle relation avec la nature sans un être humain nouveau. Il ny a pas décologie sans anthropologie adéquate. Quand la personne humaine est considérée seulement comme un être parmi dautres, qui procéderait des jeux du hasard ou dun déterminisme physique, « la conscience de sa responsabilité risque de satténuer dans les esprits ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn96" \o "" [96] Un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un bio-centrisme, parce que cela impliquerait dintroduire un nouveau déséquilibre qui, non seulement ne résoudrait pas les problèmes mais en ajouterait dautres. On ne peut pas exiger de lêtre humain un engagement respectueux envers le monde si on ne reconnaît pas et ne valorise pas en même temps ses capacités particulières de connaissance, de volonté, de liberté et de responsabilité.
119. La critique de lanthropocentrisme dévié ne devrait pas non plus faire passer au second plan la valeur des relations entre les personnes. Si la crise écologique est léclosion ou une manifestation extérieure de la crise éthique, culturelle et spirituelle de la modernité, nous ne pouvons pas prétendre soigner notre relation à la nature et à lenvironnement sans assainir toutes les relations fondamentales de lêtre humain. Quand la pensée chrétienne revendique une valeur particulière pour lêtre humain supérieure à celle des autres créatures, cela donne lieu à une valorisation de chaque personne humaine, et entraîne la reconnaissance de lautre. Louverture à un tu capable de connaître, daimer, et de dialoguer continue dêtre la grande noblesse de la personne humaine. Cest pourquoi, pour une relation convenable avec le monde créé, il nest pas nécessaire daffaiblir la dimension sociale de lêtre humain ni sa dimension transcendante, son ouverture au Tu divin. En effet, on ne peut pas envisager une relation avec lenvironnement isolée de la relation avec les autres personnes et avec Dieu. Ce serait un individualisme romantique, déguisé en beauté écologique, et un enfermement asphyxiant dans limmanence.
120. Puisque tout est lié, la défense de la nature nest pas compatible non plus avec la justification de lavortement. Un chemin éducatif pour accueillir les personnes faibles de notre entourage, qui parfois dérangent et sont inopportunes, ne semble pas praticable si lon ne protège pas lembryon humain, même si sa venue cause de la gêne et des difficultés : « Si la sensibilité personnelle et sociale à laccueil dune nouvelle vie se perd, alors dautres formes daccueil utiles à la vie sociale se dessèchent ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn97" \o "" [97]
121. Le développement dune nouvelle synthèse qui dépasse les fausses dialectiques des derniers siècles reste en suspens. Le christianisme lui-même, en se maintenant fidèle à son identité et au trésor de vérité quil a reçu de Jésus-Christ, se repense toujours et se réexprime dans le dialogue avec les nouvelles situations historiques, laissant apparaître ainsi son éternelle nouveauté. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn98" \o "" [98]
Le relativisme pratique
122. Un anthropocentrisme dévié donne lieu à un style de vie dévié. Dans lExhortation apostolique Evangelii gaudium, jai fait référence au relativisme pratique qui caractérise notre époque, et qui est « encore plus dangereux que le relativisme doctrinal». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn99" \o "" [99] Quand lêtre humain se met lui-même au centre, il finit par donner la priorité absolue à ses intérêts de circonstance, et tout le reste devient relatif. Par conséquent, il nest pas étonnant que, avec lomniprésence du paradigme technocratique et le culte du pouvoir humain sans limites, se développe chez les personnes ce relativisme dans lequel tout ce qui ne sert pas aux intérêts personnels immédiats est privé dimportance. Il y a en cela une logique qui permet de comprendre comment certaines attitudes, qui provoquent en même temps la dégradation de lenvironnement et la dégradation sociale, salimentent mutuellement.
123. La culture du relativisme est la même pathologie qui pousse une personne à exploiter son prochain et à le traiter comme un pur objet, lobligeant aux travaux forcés, ou en faisant de lui un esclave à cause dune dette. C est la même logique qui pousse à l exploitation sexuelle des enfants ou à l abandon des personnes âgées qui ne servent pas des intérêts personnels. C est aussi la logique intérieure de celui qui dit : Laissons les forces invisibles du marché réguler l économie, parce que ses impacts sur la société et sur la nature sont des dommages inévitables . S il n existe pas de vérités objectives ni de principes solides hors de la réalisation de projets personnels et de la satisfaction de nécessités immédiates, quelles limites peuvent alors avoir la traite des êtres humains, la criminalité organisée, le narcotrafic, le commerce de diamants ensanglantés et de peaux danimaux en voie dextinction ? Nest-ce pas la même logique relativiste qui justifie lachat dorganes des pauvres dans le but de les vendre ou de les utiliser pour lexpérimentation, ou le rejet denfants parce quils ne répondent pas au désir de leurs parents ? Cest la même logique du utilise et jette, qui engendre tant de résidus, seulement à cause du désir désordonné de consommer plus quil nest réellement nécessaire. Par conséquent, nous ne pouvons pas penser que les projets politiques et la force de la loi seront suffisants pour que soient évités les comportements qui affectent lenvironnement, car, lorsque la culture se corrompt et quon ne reconnaît plus aucune vérité objective ni de principes universellement valables, les lois sont comprises uniquement comme des impositions arbitraires et comme des obstacles à contourner.
La nécessité de préserver le travail
124. Dans nimporte quelle approche dune écologie intégrale qui nexclue pas lêtre humain, il est indispensable dincorporer la valeur du travail, développée avec grande sagesse par saint Jean-Paul II dans son Encyclique Laborem exercens. Rappelons que, selon le récit biblique de la création, Dieu a placé lêtre humain dans le jardin à peine créé (cf. Gn 2, 15) non seulement pour préserver ce qui existe (protéger) mais aussi pour le travailler de manière à ce quil porte du fruit (labourer). Ainsi, les ouvriers et les artisans « assurent une création éternelle » (Si 38, 34). En réalité, lintervention humaine qui vise le développement prudent du créé est la forme la plus adéquate den prendre soin, parce quelle implique de se considérer comme instrument de Dieu pour aider à faire apparaître les potentialités quil a lui-même mises dans les choses : « Le Seigneur a créé les plantes médicinales, lhomme avisé ne les méprise pas » (Si 38, 4).
125. Si nous essayons de considérer quelles sont les relations adéquates de lêtre humain avec le monde qui lentoure, la nécessité dune conception correcte du travail émerge, car si nous parlons de la relation de lêtre humain avec les choses, la question du sens et de la finalité de laction humaine sur la réalité apparaît. Nous ne parlons pas seulement du travail manuel ou du travail de la terre, mais de toute activité qui implique quelque transformation de ce qui existe, depuis lélaboration dune étude sociale jusquau projet de développement technologique. Nimporte quelle forme de travail suppose une conception dune relation que lêtre humain peut ou doit établir avec son semblable. La spiritualité chrétienne, avec ladmiration contemplative des créatures que nous trouvons chez saint François dAssise, a développé aussi une riche et saine compréhension du travail, comme nous pouvons le voir, par exemple, dans la vie du bienheureux Charles de Foucauld et de ses disciples.
126. Recueillons aussi quelque chose de la longue tradition du monachisme. Au commencement, il favorisait, dune certaine manière, la fuite du monde, essayant déchapper à la décadence urbaine. Voilà pourquoi les moines cherchaient le désert, convaincus que cétait le lieu propice pour reconnaître la présence de Dieu. Plus tard, saint Benoît de Nurcie a proposé que ses moines vivent en communauté, alliant la prière et la lecture au travail manuel (Ora et labora). Cette introduction du travail manuel, imprégné de sens spirituel, était révolutionnaire. On a appris à chercher la maturation et la sanctification dans la compénétration du recueillement et du travail. Cette manière de vivre le travail nous rend plus attentifs et plus respectueux de lenvironnement, elle imprègne de saine sobriété notre relation au monde.
127. Nous disons que « lhomme est lauteur, le centre et le but de toute la vie économico-sociale». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn100" \o "" [100] Malgré cela, quand la capacité de contempler et de respecter est détériorée chez lêtre humain, les conditions sont créées pour que le sens du travail soit défiguré. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn101" \o "" [101] Il faut toujours se rappeler que lêtre humain est « capable dêtre lui-même lagent responsable de son mieux-être matériel, de son progrès moral, et de son épanouissement spirituel». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn102" \o "" [102] Le travail devrait être le lieu de ce développement personnel multiple où plusieurs dimensions de la vie sont en jeu : la créativité, la projection vers lavenir, le développement des capacités, la mise en pratique de valeurs, la communication avec les autres, une attitude dadoration. Cest pourquoi, dans la réalité sociale mondiale actuelle, au-delà des intérêts limités des entreprises et dune rationalité économique discutable, il est nécessaire que « lon continue à se donner comme objectif prioritaire laccès au travail...pour tous». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn103" \o "" [103]
128. Nous sommes appelés au travail dès notre création. On ne doit pas chercher à ce que le progrès technologique remplace de plus en plus le travail humain, car ainsi lhumanité se dégraderait elle-même. Le travail est une nécessité, il fait partie du sens de la vie sur cette terre, chemin de maturation, de développement humain et de réalisation personnelle. Dans ce sens, aider les pauvres avec de largent doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences. Le grand objectif devrait toujours être de leur permettre davoir une vie digne par le travail. Mais lorientation de léconomie a favorisé une sorte davancée technologique pour réduire les coûts de production par la diminution des postes de travail qui sont remplacés par des machines. Cest une illustration de plus de la façon dont laction de lêtre humain peut se retourner contre lui-même. La diminution des postes de travail « a aussi un impact négatif sur le plan économique à travers lérosion progressive du capital social, cest-à-dire de cet ensemble de relations de confiance, de fiabilité, de respect des règles indispensables à toute coexistence civile ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn104" \o "" [104] En définitive, « les coûts humains sont toujours aussi des coûts économiques, et les dysfonctionnements économiques entraînent toujours des coûts humains ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn105" \o "" [105] Cesser dinvestir dans les personnes pour obtenir plus de profit immédiat est une très mauvaise affaire pour la société.
129. Pour quil continue dêtre possible de donner du travail, il est impérieux de promouvoir une économie qui favorise la diversité productive et la créativité entrepreneuriale. Par exemple, il y a une grande variété de systèmes alimentaires ruraux de petites dimensions qui continuent à alimenter la plus grande partie de la population mondiale, en utilisant une faible proportion du territoire et de leau, et en produisant peu de déchets, que ce soit sur de petites parcelles agricoles, vergers, ou grâce à la chasse, à la cueillette et la pêche artisanale, entre autres. Les économies déchelle, spécialement dans le secteur agricole, finissent par forcer les petits agriculteurs à vendre leurs terres ou à abandonner leurs cultures traditionnelles. Les tentatives de certains pour développer dautres formes de production plus diversifiées, finissent par être vaines en raison des difficultés pour entrer sur les marchés régionaux et globaux, ou parce que linfrastructure de vente et de transport est au service des grandes entreprises. Les autorités ont le droit et la responsabilité de prendre des mesures de soutien clair et ferme aux petits producteurs et à la variété de la production. Pour quil y ait une liberté économique dont tous puissent effectivement bénéficier, il peut parfois être nécessaire de mettre des limites à ceux qui ont plus de moyens et de pouvoir financier. Une liberté économique seulement déclamée, tandis que les conditions réelles empêchent beaucoup de pouvoir y accéder concrètement et que laccès au travail se détériore, devient un discours contradictoire qui déshonore la politique. Lactivité dentreprise, qui est une vocation noble orientée à produire de la richesse et à améliorer le monde pour tous, peut être une manière très féconde de promouvoir la région où elle installe ses projets ; surtout si on comprend que la création de postes de travail est une partie incontournable de son service du bien commun.
Linnovation biologique à partir de la recherche
130. Dans la vision philosophique et théologique de la création que jai cherché à proposer, il reste clair que la personne humaine, avec la particularité de sa raison et de sa science, nest pas un facteur extérieur qui doit être totalement exclu. Cependant, même si lêtre humain peut intervenir sur le monde végétal et animal et en faire usage quand cest nécessaire pour sa vie, le Catéchisme enseigne que les expérimentations sur les animaux sont légitimes seulement « si elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn106" \o "" [106] Il rappelle avec fermeté que le pouvoir de lhomme a des limites et qu« il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn107" \o "" [107] Toute utilisation ou expérimentation « exige un respect religieux de lintégrité de la création ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn108" \o "" [108]
131. Je veux recueillir ici la position équilibrée de saint Jean-Paul II, mettant en évidence les bienfaits des progrès scientifiques et technologiques, qui « manifestent la noblesse de la vocation de lhomme à participer de manière responsable à laction créatrice de Dieu dans le monde ». Mais en même temps il rappelait qu« aucune intervention dans un domaine de lécosystème ne peut se dispenser de prendre en considération ses conséquences dans dautres domaines ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn109" \o "" [109] Il soulignait que lÉglise valorise lapport de « létude et des applications de la biologie moléculaire, complétée par dautres disciplines, comme la génétique et son application technologique dans lagriculture et dans lindustrie » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn110" \o "" [110], même sil affirme aussi que cela ne doit pas donner lieu à une « manipulation génétique menée sans discernement » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn111" \o "" [111] qui ignore les effets négatifs de ces interventions. Il nest pas possible de freiner la créativité humaine. Si on ne peut interdire à un artiste de déployer sa capacité créatrice, on ne peut pas non plus inhiber ceux qui ont des dons spéciaux pour le développement scientifique et technologique, dont les capacités ont été données par Dieu pour le service des autres. En même temps, on ne peut pas cesser de préciser toujours davantage les objectifs, les effets, le contexte et les limites éthiques de cette activité humaine qui est une forme de pouvoir comportant de hauts risques.
132. Cest dans ce cadre que devrait se situer toute réflexion autour de lintervention humaine sur les végétaux et les animaux qui implique aujourdhui des mutations génétiques générées par la biotechnologie, dans le but dexploiter les possibilités présentes dans la réalité matérielle. Le respect de la foi envers la raison demande de prêter attention à ce que la science biologique elle-même, développée de manière indépendante par rapport aux intérêts économiques, peut enseigner sur les structures biologiques ainsi que sur leurs possibilités et leurs mutations. Quoiquil en soit, lintervention légitime est celle qui agit sur la nature « pour laider à sépanouir dans sa ligne, celle de la création, celle voulue par Dieu ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn112" \o "" [112]
133. Il est difficile démettre un jugement général sur les développements de transgéniques (OMG), végétaux ou animaux, à des fins médicales ou agro-pastorales, puisquils peuvent être très divers entre eux et nécessiter des considérations différentes. Dautre part, les risques ne sont pas toujours dus à la technique en soi, mais à son application inadaptée ou excessive. En réalité, les mutations génétiques ont été, et sont très souvent, produites par la nature elle-même. Même celles provoquées par lintervention humaine ne sont pas un phénomène moderne. La domestication des animaux, le croisement des espèces et autres pratiques anciennes et universellement acceptées peuvent entrer dans ces considérations. Il faut rappeler que le début des développements scientifiques de céréales transgéniques a été lobservation dune bactérie qui produit naturellement et spontanément une modification du génome dun végétal. Mais dans la nature, ces processus ont un rythme lent qui nest pas comparable à la rapidité quimposent les progrès technologiques actuels, même quand ces avancées font suite à un développement scientifique de plusieurs siècles.
134. Même en labsence de preuves irréfutables du préjudice que pourraient causer les céréales transgéniques aux êtres humains, et même si, dans certaines régions, leur utilisation est à lorigine dune croissance économique qui a aidé à résoudre des problèmes, il y a des difficultés importantes qui ne doivent pas être relativisées. En de nombreux endroits, suite à lintroduction de ces cultures, on constate une concentration des terres productives entre les mains dun petit nombre, due à « la disparition progressive des petits producteurs, qui, en conséquence de la perte de terres exploitables, se sont vus obligés de se retirer de la production directe». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn113" \o "" [113] Les plus fragiles deviennent des travailleurs précaires, et beaucoup demployés ruraux finissent par migrer dans de misérables implantations urbaines. Lextension de la surface de ces cultures détruit le réseau complexe des écosystèmes, diminue la diversité productive, et compromet le présent ainsi que lavenir des économies régionales. Dans plusieurs pays, on perçoit une tendance au développement des oligopoles dans la production de grains et dautres produits nécessaires à leur culture, et la dépendance saggrave encore avec la production de grains stériles qui finirait par obliger les paysans à en acheter aux entreprises productrices.
135. Sans doute, une attention constante, qui porte à considérer tous les aspects éthiques concernés, est nécessaire. Pour cela, il faut garantir une discussion scientifique et sociale qui soit responsable et large, capable de prendre en compte toute linformation disponible et dappeler les choses par leur nom. Parfois, on ne met pas à disposition toute linformation, qui est sélectionnée selon les intérêts particuliers, quils soient politiques, économiques ou idéologiques. De ce fait, il devient difficile davoir un jugement équilibré et prudent sur les diverses questions, en prenant en compte tous les paramètres pertinents. Il est nécessaire davoir des espaces de discussion où tous ceux qui, de quelque manière, pourraient être directement ou indirectement concernés (agriculteurs, consommateurs, autorités, scientifiques, producteurs de semences, populations voisines des champs traités, et autres) puissent exposer leurs problématiques ou accéder à linformation complète et fiable pour prendre des décisions en faveur du bien commun présent et futur. Il sagit dune question denvironnement complexe dont le traitement exige un regard intégral sous tous ses aspects, et cela requiert au moins un plus grand effort pour financer les diverses lignes de recherche, autonomes et interdisciplinaires, en mesure dapporter une lumière nouvelle.
136. Dautre part, il est préoccupant que certains mouvements écologistes qui défendent lintégrité de lenvironnement et exigent avec raison certaines limites à la recherche scientifique, nappliquent pas parfois ces mêmes principes à la vie humaine. En général, on justifie le dépassement de toutes les limites quand on fait des expérimentations sur les embryons humains vivants. On oublie que la valeur inaliénable de lêtre humain va bien au-delà de son degré de développement. Du reste, quand la technique ignore les grands principes éthiques, elle finit par considérer comme légitime nimporte quelle pratique. Comme nous lavons vu dans ce chapitre, la technique séparée de léthique sera difficilement capable dautolimiter son propre pouvoir.
QUATRIEME CHAPITRE
UNE ECOLOGIE INTEGRALE
137. Étant donné que tout est intimement lié, et que les problèmes actuels requièrent un regard qui tienne compte de tous les aspects de la crise mondiale, je propose à présent que nous nous arrêtions pour penser aux diverses composantes dune écologie intégrale, qui a clairement des dimensions humaines et sociales.
I. LÉCOLOGIE ENVIRONNEMENTALE, ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
138. Lécologie étudie les relations entre les organismes vivants et lenvironnement où ceux-ci se développent. Cela demande de sasseoir pour penser et pour discuter avec honnêteté des conditions de vie et de survie dune société, pour remettre en question les modèles de développement, de production et de consommation. Il nest pas superflu dinsister sur le fait que tout est lié. Le temps et lespace ne sont pas indépendants lun de lautre, et même les atomes ou les particules sous-atomiques ne peuvent être considérés séparément. Tout comme les différentes composantes de la planète physiques, chimiques et biologiques sont reliées entre elles, de même les espèces vivantes constituent un réseau que nous navons pas encore fini didentifier et de comprendre. Une bonne partie de notre information génétique est partagée par beaucoup dêtres vivants. Voilà pourquoi les connaissances fragmentaires et isolées peuvent devenir une forme dignorance si elles refusent de sintégrer dans une plus ample vision de la réalité.
139. Quand on parle denvironnement, on désigne en particulier une relation, celle qui existe entre la nature et la société qui lhabite. Cela nous empêche de concevoir la nature comme séparée de nous ou comme un simple cadre de notre vie. Nous sommes inclus en elle, nous en sommes une partie, et nous sommes enchevêtrés avec elle. Les raisons pour lesquelles un endroit est pollué exigent une analyse du fonctionnement de la société, de son économie, de son comportement, de ses manières de comprendre la réalité. Étant donné lampleur des changements, il nest plus possible de trouver une réponse spécifique et indépendante à chaque partie du problème. Il est fondamental de chercher des solutions intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes naturels entre eux et avec les systèmes sociaux. Il ny a pas deux crises séparées, lune environnementale et lautre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature.
140. À cause de la quantité et de la variété des éléments à prendre en compte, il devient indispensable, au moment de déterminer limpact dune initiative concrète sur lenvironnement, de donner aux chercheurs un rôle prépondérant et de faciliter leur interaction, dans une grande liberté académique. Ces recherches constantes devraient permettre de reconnaître aussi comment les différentes créatures sont liées et constituent ces unités plus grandes quaujourdhui nous nommons écosystèmes. Nous ne les prenons pas en compte seulement pour déterminer quelle est leur utilisation rationnelle, mais en raison de leur valeur intrinsèque indépendante de cette utilisation. Tout comme chaque organisme est bon et admirable, en soi, parce quil est une créature de Dieu, il en est de même de lensemble harmonieux dorganismes dans un espace déterminé, fonctionnant comme un système. Bien que nous nen ayons pas conscience, nous dépendons de cet ensemble pour notre propre existence. Il faut rappeler que les écosystèmes interviennent dans la capture du dioxyde de carbone, dans la purification de leau, dans le contrôle des maladies et des épidémies, dans la formation du sol, dans la décomposition des déchets, et dans beaucoup dautres services que nous oublions ou ignorons. Beaucoup de personnes, remarquant cela, recommencent à prendre conscience du fait que nous vivons et agissons à partir dune réalité qui nous a été offerte au préalable, qui est antérieure à nos capacités et à notre existence. Voilà pourquoi, quand on parle dune utilisation durable, il faut toujours y inclure la capacité de régénération de chaque écosystème dans ses divers domaines et aspects.
141. Par ailleurs, la croissance économique tend à produire des automatismes et à homogénéiser, en vue de simplifier les procédures et de réduire les coûts. Cest pourquoi une écologie économique est nécessaire, capable dobliger à considérer la réalité de manière plus ample. En effet, « la protection de lenvironnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolément». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn114" \o "" [114] Mais en même temps, devient actuelle la nécessité impérieuse de lhumanisme qui, en soi, fait appel aux différents savoirs, y compris à la science économique, pour un regard plus intégral et plus intégrant. Aujourdhui lanalyse des problèmes environnementaux est inséparable de lanalyse des contextes humains, familiaux, de travail, urbains, et de la relation de chaque personne avec elle-même qui génère une façon déterminée dentrer en rapport avec les autres et avec lenvironnement. Il y a une interaction entre les écosystèmes et entre les divers mondes de référence sociale, et ainsi, une fois de plus, il savère que « le tout est supérieur à la partie ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn115" \o "" [115]
142. Si tout est lié, létat des institutions dune société a aussi des conséquences sur lenvironnement et sur la qualité de vie humaine : « Toute atteinte à la solidarité et à lamitié civique provoque des dommages à lenvironnement ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn116" \o "" [116] Dans ce sens, lécologie sociale est nécessairement institutionnelle et atteint progressivement les différentes dimensions qui vont du groupe social primaire, la famille, en passant par la communauté locale et la Nation, jusquà la vie internationale. À lintérieur de chacun des niveaux sociaux et entre eux, se développent les institutions qui régulent les relations humaines. Tout ce qui leur porte préjudice a des effets nocifs, comme la perte de la liberté, linjustice et la violence. Divers pays salignent sur un niveau institutionnel précaire, au prix de la souffrance des populations et au bénéfice de ceux qui tirent profit de cet état des choses. Tant dans ladministration de lÉtat que dans les diverses expressions de la société civile, ou dans les relations entre citoyens, on constate très souvent des conduites éloignées des lois. Celles-ci peuvent être correctement écrites, mais restent ordinairement lettre morte. Peut-on alors espérer que la législation et les normes relatives à lenvironnement soient réellement efficaces ? Nous savons, par exemple, que des pays dotés dune législation claire pour la protection des forêts continuent dêtre des témoins muets de la violation fréquente de ces lois. En outre, ce qui se passe dans une région exerce, directement ou indirectement, des influences sur les autres régions. Ainsi, par exemple, la consommation de narcotiques dans les sociétés opulentes provoque une demande constante ou croissante de ces produits provenant de régions appauvries, où les conduites se corrompent, des vies sont détruites et où lenvironnement finit par se dégrader.
II. LÉCOLOGIE CULTURELLE
143. Il y a, avec le patrimoine naturel, un patrimoine historique, artistique et culturel, également menacé. Il fait partie de lidentité commune dun lieu et il est une base pour construire une ville habitable. Il ne sagit pas de détruire, ni de créer de nouvelles villes soi-disant plus écologiques, où il ne fait pas toujours bon vivre. Il faut prendre en compte lhistoire, la culture et larchitecture dun lieu, en maintenant son identité originale. Voilà pourquoi lécologie suppose aussi la préservation des richesses culturelles de lhumanité au sens le plus large du terme. Dune manière plus directe, elle exige quon fasse attention aux cultures locales, lorsquon analyse les questions en rapport avec lenvironnement, en faisant dialoguer le langage scientifique et technique avec le langage populaire. Cest la culture, non seulement dans le sens des monuments du passé mais surtout dans son sens vivant, dynamique et participatif, qui ne peut pas être exclue lorsquon repense la relation de lêtre humain avec lenvironnement.
144. La vision consumériste de lêtre humain, encouragée par les engrenages de léconomie globalisée actuelle, tend à homogénéiser les cultures et à affaiblir limmense variété culturelle, qui est un trésor de lhumanité. Cest pourquoi prétendre résoudre toutes les difficultés à travers des réglementations uniformes ou des interventions techniques, conduit à négliger la complexité des problématiques locales qui requièrent lintervention active des citoyens. Les nouveaux processus en cours ne peuvent pas toujours être incorporés dans des schémas établis de lextérieur, mais ils doivent partir de la culture locale elle-même. Comme la vie et le monde sont dynamiques, la préservation du monde doit être flexible et dynamique. Les solutions purement techniques courent le risque de soccuper des symptômes qui ne répondent pas aux problématiques les plus profondes. Il faut y inclure la perspective des droits des peuples et des cultures, et comprendre ainsi que le développement dun groupe social suppose un processus historique dans un contexte culturel, et requiert de la part des acteurs sociaux locaux un engagement constant en première ligne, à partir de leur propre culture. Même la notion de qualité de vie ne peut être imposée, mais elle doit se concevoir à lintérieur du monde des symboles et des habitudes propres à chaque groupe humain.
145. Beaucoup de formes hautement concentrées dexploitation et de dégradation de lenvironnement peuvent non seulement épuiser les ressources de subsistance locales, mais épuiser aussi les capacités sociales qui ont permis un mode de vie ayant donné, pendant longtemps, une identité culturelle ainsi quun sens de lexistence et de la cohabitation. La disparition dune culture peut être aussi grave ou plus grave que la disparition dune espèce animale ou végétale. Limposition dun style de vie hégémonique lié à un mode de production peut être autant nuisible que laltération des écosystèmes.
146. Dans ce sens, il est indispensable daccorder une attention spéciale aux communautés aborigènes et à leurs traditions culturelles. Elles ne constituent pas une simple minorité parmi dautres, mais elles doivent devenir les principaux interlocuteurs, surtout lorsquon développe les grands projets qui affectent leurs espaces. En effet, la terre nest pas pour ces communautés un bien économique, mais un don de Dieu et des ancêtres qui y reposent, un espace sacré avec lequel elles ont besoin dinteragir pour soutenir leur identité et leurs valeurs. Quand elles restent sur leurs territoires, ce sont précisément elles qui les préservent le mieux. Cependant, en diverses parties du monde, elles font lobjet de pressions pour abandonner leurs terres afin de les laisser libres pour des projets dextraction ainsi que pour des projets agricoles et de la pêche, qui ne prêtent pas attention à la dégradation de la nature et de la culture.
III. LÉCOLOGIE DE LA VIE QUOTIDIENNE
147. Pour parler dun authentique développement il faut sassurer quune amélioration intégrale dans la qualité de vie humaine se réalise ; et cela implique danalyser lespace où vivent les personnes. Le cadre qui nous entoure influe sur notre manière de voir la vie, de sentir et dagir. En même temps, dans notre chambre, dans notre maison, sur notre lieu de travail et dans notre quartier, nous utilisons lenvironnement pour exprimer notre identité. Nous nous efforçons de nous adapter au milieu, et quand un environnement est désordonné, chaotique ou chargé de pollution visuelle et auditive, lexcès de stimulations nous met au défi dessayer de construire une identité intégrée et heureuse.
148. La créativité et la générosité sont admirables de la part de personnes comme de groupes qui sont capables de transcender les limites de lenvironnement, en modifiant les effets négatifs des conditionnements et en apprenant à orienter leur vie au milieu du désordre et de la précarité. Par exemple, dans certains endroits où les façades des édifices sont très abîmées, il y a des personnes qui, avec beaucoup de dignité, prennent soin de lintérieur de leurs logements, ou bien qui se sentent à laise en raison de la cordialité et de lamitié des gens. La vie sociale positive et bénéfique des habitants répand une lumière sur un environnement apparemment défavorable. Parfois, lécologie humaine, que les pauvres peuvent développer au milieu de tant de limitations, est louable. La sensation dasphyxie, produite par lentassement dans des résidences et dans des espaces à haute densité de population, est contrebalancée si des relations humaines dun voisinage convivial sont développées, si des communautés sont créées, si les limites de lenvironnement sont compensées dans chaque personne qui se sent incluse dans un réseau de communion et dappartenance. De cette façon, nimporte quel endroit cesse dêtre un enfer et devient le cadre dune vie digne.
149. Il est aussi clair que lextrême pénurie que lon vit dans certains milieux qui manquent dharmonie, despace et de possibilités dintégration, facilite lapparition de comportements inhumains et la manipulation des personnes par des organisations criminelles. Pour les habitants des quartiers très pauvres, le passage quotidien de lentassement à lanonymat social, qui se vit dans les grandes villes, peut provoquer une sensation de déracinement qui favorise les conduites antisociales et la violence. Cependant, je veux insister sur le fait que lamour est plus fort. Dans ces conditions, beaucoup de personnes sont capables de tisser des liens dappartenance et de cohabitation, qui transforment lentassement en expérience communautaire où les murs du moi sont rompus et les barrières de légoïsme dépassées. Cest cette expérience de salut communautaire qui ordinairement suscite de la créativité pour améliorer un édifice ou un quartier. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn117" \o "" [117]
150. Étant donné la corrélation entre lespace et la conduite humaine, ceux qui conçoivent des édifices, des quartiers, des espaces publics et des villes, ont besoin de lapport de diverses disciplines qui permettent de comprendre les processus, le symbolisme et les comportements des personnes. La recherche de la beauté de la conception ne suffit pas, parce quil est plus précieux encore de servir un autre type de beauté : la qualité de vie des personnes, leur adaptation à lenvironnement, la rencontre et laide mutuelle. Voilà aussi pourquoi il est si important que les perspectives des citoyens complètent toujours lanalyse de la planification urbaine.
151. Il faut prendre soin des lieux publics, du cadre visuel et des signalisations urbaines qui accroissent notre sens dappartenance, notre sensation denracinement, notre sentiment dêtre à la maison, dans la ville qui nous héberge et nous unit. Il est important que les différentes parties dune ville soient bien intégrées et que les habitants puissent avoir une vision densemble, au lieu de senfermer dans un quartier en se privant de vivre la ville tout entière comme un espace vraiment partagé avec les autres. Toute intervention dans le paysage urbain ou rural devrait considérer que les différents éléments dun lieu forment un tout perçu par les habitants comme un cadre cohérent avec sa richesse de sens. Ainsi les autres cessent dêtre des étrangers, et peuvent se sentir comme faisant partie dun nous que nous construisons ensemble. Pour la même raison, tant dans lenvironnement urbain que dans lenvironnement rural, il convient de préserver certains lieux où sont évitées les interventions humaines qui les modifient constamment.
152. Le manque de logements est grave dans de nombreuses parties du monde, tant dans les zones rurales que dans les grandes villes, parce que souvent les budgets étatiques couvrent seulement une petite partie de la demande. Non seulement les pauvres, mais aussi une grande partie de la société rencontrent de sérieuses difficultés pour accéder à son propre logement. La possession dun logement est très étroitement liée à la dignité des personnes et au développement des familles. Cest une question centrale de lécologie humaine. Si déjà des agglomérations chaotiques de maisons précaires se sont développées dans un lieu, il sagit surtout durbaniser ces quartiers, non déradiquer et dexpulser. Quand les pauvres vivent dans des banlieues polluées ou dans des agglomérations dangereuses, « si lon doit procéder à leur déménagement [...], pour ne pas ajouter la souffrance à la souffrance, il est nécessaire de fournir une information adéquate et préalable, doffrir des alternatives de logements dignes et dimpliquer directement les intéressés ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn118" \o "" [118] En même temps, la créativité devrait amener à intégrer les quartiers précaires dans une ville accueillante : « Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement ! Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies despaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de lautre ! ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn119" \o "" [119]
153. La qualité de vie dans les villes est étroitement liée au transport, qui est souvent une cause de grandes souffrances pour les habitants. Dans les villes, circulent beaucoup dautomobiles utilisées seulement par une ou deux personnes, raison pour laquelle la circulation devient difficile, le niveau de pollution élevé, dénormes quantités dénergie non renouvelable sont consommées et la construction dautoroutes supplémentaires se révèle nécessaire ainsi que des lieux de stationnement qui nuisent au tissu urbain. Beaucoup de spécialistes sont unanimes sur la nécessité daccorder la priorité au transport public. Mais certaines mesures nécessaires seront à grand-peine acceptées pacifiquement par la société sans des améliorations substantielles de ce transport, qui, dans beaucoup de villes, est synonyme de traitement indigne infligé aux personnes à cause de lentassement, de désagréments ou de la faible fréquence des services et de linsécurité.
154. La reconnaissance de la dignité particulière de lêtre humain contraste bien des fois avec la vie chaotique que les personnes doivent mener dans nos villes. Mais cela ne devrait pas détourner lattention de létat dabandon et doubli dont souffrent aussi certains habitants des zones rurales, où les services essentiels narrivent pas, et où se trouvent des travailleurs réduits à des situations desclavage, sans droits ni perspectives dune vie plus digne.
155. Lécologie humaine implique aussi quelque chose de très profond : la relation de la vie de lêtre humain avec la loi morale inscrite dans sa propre nature, relation nécessaire pour pouvoir créer un environnement plus digne. Benoît XVI affirmait quil existe une écologie de lhomme parce que « lhomme aussi possède une nature quil doit respecter et quil ne peut manipuler à volonté ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn120" \o "" [120] Dans ce sens, il faut reconnaître que notre propre corps nous met en relation directe avec lenvironnement et avec les autres êtres vivants. Lacceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme don du Père et maison commune ; tandis quune logique de domination sur son propre corps devient une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine. La valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent. De cette manière, il est possible daccepter joyeusement le don spécifique de lautre, homme ou femme, uvre du Dieu créateur, et de senrichir réciproquement. Par conséquent, lattitude qui prétend « effacer la différence sexuelle parce quelle ne sait plus sy confronter » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn121" \o "" [121], nest pas saine.
IV. LE PRINCIPE DU BIEN COMMUN
156. Lécologie intégrale est inséparable de la notion de bien commun, un principe qui joue un rôle central et unificateur dans léthique sociale. Cest « lensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes quà chacun de leurs membres, datteindre leur perfection dune façon plus totale et plus aisée ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn122" \o "" [122]
157. Le bien commun présuppose le respect de la personne humaine comme telle, avec des droits fondamentaux et inaliénables ordonnés à son développement intégral. Le bien commun exige aussi le bien-être social et le développement des divers groupes intermédiaires, selon le principe de subsidiarité. Parmi ceux-ci, la famille se distingue spécialement comme cellule de base de la société. Finalement, le bien commun requiert la paix sociale, cest-à-dire la stabilité et la sécurité dun certain ordre, qui ne se réalise pas sans une attention particulière à la justice distributive, dont la violation génère toujours la violence. Toute la société et en elle, dune manière spéciale lÉtat, a lobligation de défendre et de promouvoir le bien commun.
158. Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant dinégalités et où sont toujours plus nombreuses les personnes marginalisées, privées des droits humains fondamentaux, le principe du bien commun devient immédiatement comme conséquence logique et inéluctable, un appel à la solidarité et à une option préférentielle pour les plus pauvres. Cette option implique de tirer les conséquences de la destination commune des biens de la terre, mais, comme jai essayé de lexprimer dans lExhortation apostolique Evangelii gaudium, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn123" \o "" [123] elle exige de considérer avant tout limmense dignité du pauvre à la lumière des convictions de foi les plus profondes. Il suffit de regarder la réalité pour comprendre que cette option est aujourdhui une exigence éthique fondamentale pour la réalisation effective du bien commun.
V. LA JUSTICE ENTRE GÉNÉRATIONS
159. La notion de bien commun inclut aussi les générations futures. Les crises économiques internationales ont montré de façon crue les effets nuisibles quentraîne la méconnaissance dun destin commun, dont ceux qui viennent derrière nous ne peuvent pas être exclus. On ne peut plus parler de développement durable sans une solidarité intergénérationnelle. Quand nous pensons à la situation dans laquelle nous laissons la planète aux générations futures, nous entrons dans une autre logique, celle du don gratuit que nous recevons et que nous communiquons. Si la terre nous est donnée, nous ne pouvons plus penser seulement selon un critère utilitariste defficacité et de productivité pour le bénéfice individuel. Nous ne parlons pas dune attitude optionnelle, mais dune question fondamentale de justice, puisque la terre que nous recevons appartient aussi à ceux qui viendront. Les Évêques du Portugal ont exhorté à assumer ce devoir de justice : « Lenvironnement se situe dans la logique de la réception. Cest un prêt que chaque génération reçoit et doit transmettre à la génération suivante». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn124" \o "" [124] Une écologie intégrale possède cette vision ample.
160. Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? Cette question ne concerne pas seulement lenvironnement de manière isolée, parce quon ne peut pas poser la question de manière fragmentaire. Quand nous nous interrogeons sur le monde que nous voulons laisser, nous parlons surtout de son orientation générale, de son sens, de ses valeurs. Si cette question de fond nest pas prise en compte, je ne crois pas que nos préoccupations écologiques puissent obtenir des effets significatifs. Mais si cette question est posée avec courage, elle nous conduit inexorablement à dautres interrogations très directes : pour quoi passons-nous en ce monde, pour quoi venons-nous à cette vie, pour quoi travaillons-nous et luttons-nous, pour quoi cette terre a-t-elle besoin de nous ? Cest pourquoi, il ne suffit plus de dire que nous devons nous préoccuper des générations futures. Il est nécessaire de réaliser que ce qui est en jeu, cest notre propre dignité. Nous sommes, nous-mêmes, les premiers à avoir intérêt à laisser une planète habitable à lhumanité qui nous succédera. Cest un drame pour nous-mêmes, parce que cela met en crise le sens de notre propre passage sur cette terre.
161. Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie. Nous pourrions laisser trop de décombres, de déserts et de saletés aux prochaines générations. Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de lenvironnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel, parce quil est insoutenable, peut seulement conduire à des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà périodiquement dans diverses régions. Latténuation des effets de lactuel déséquilibre dépend de ce que nous ferons dans limmédiat, surtout si nous pensons à la responsabilité que ceux qui devront supporter les pires conséquences nous attribueront.
162. La difficulté de prendre au sérieux ce défi est en rapport avec une détérioration éthique et culturelle, qui accompagne la détérioration écologique. Lhomme et la femme du monde post-moderne courent le risque permanent de devenir profondément individualistes, et beaucoup de problèmes sociaux sont liés à la vision égoïste actuelle axée sur limmédiateté, aux crises des liens familiaux et sociaux, aux difficultés de la reconnaissance de lautre. Bien des fois, il y a une consommation des parents, immédiate et excessive, qui affecte leurs enfants de plus en plus de difficultés pour acquérir une maison et pour fonder une famille. En outre, notre incapacité à penser sérieusement aux générations futures est liée à notre incapacité à élargir notre conception des intérêts actuels et à penser à ceux qui demeurent exclus du développement. Ne pensons pas seulement aux pauvres de lavenir, souvenons-nous déjà des pauvres daujourdhui, qui ont peu dannées de vie sur cette terre et ne peuvent pas continuer dattendre. Cest pourquoi, « au-delà dune loyale solidarité intergénérationnelle, lurgente nécessité morale dune solidarité intra-générationnelle renouvelée doit être réaffirmée ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn125" \o "" [125]
CINQUIEME CHAPITRE
QUELQUES LIGNES DORIENTATION ET DACTION
163. Jai cherché à analyser la situation actuelle de lhumanité, tant dans les fissures qui sobservent sur la planète que nous habitons, que dans les causes plus profondément humaines de la dégradation de lenvironnement. Bien que cette observation de la réalité nous montre déjà en soi la nécessité dun changement de direction, et nous suggère certaines actions, essayons à présent de tracer les grandes lignes de dialogue à même de nous aider à sortir de la spirale dautodestruction dans laquelle nous nous enfonçons.
I. LE DIALOGUE SUR LENVIRONNEMENT DANS LA POLITIQUE INTERNATIONALE
164. Depuis la moitié du siècle dernier, après avoir surmonté beaucoup de difficultés, on a eu de plus en plus tendance à concevoir la planète comme une patrie, et lhumanité comme un peuple qui habite une maison commune. Que le monde soit interdépendant ne signifie pas seulement comprendre que les conséquences préjudiciables des modes de vie, de production et de consommation affectent tout le monde, mais surtout faire en sorte que les solutions soient proposées dans une perspective globale, et pas seulement pour défendre les intérêts de certains pays. Linterdépendance nous oblige à penser à un monde unique, à un projet commun. Mais la même intelligence que lon déploie pour un impressionnant développement technologique, ne parvient pas à trouver des formes efficaces de gestion internationale pour résoudre les graves difficultés environnementales et sociales. Pour affronter les problèmes de fond qui ne peuvent pas être résolus par les actions de pays isolés, un consensus mondial devient indispensable, qui conduirait, par exemple, à programmer une agriculture durable et diversifiée, à développer des formes dénergies renouvelables et peu polluantes, à promouvoir un meilleur rendement énergétique, une gestion plus adéquate des ressources forestières et marines, à assurer laccès à leau potable pour tous.
165. Nous savons que la technologie reposant sur les combustibles fossiles très polluants surtout le charbon, mais aussi le pétrole et, dans une moindre mesure, le gaz a besoin dêtre remplacée, progressivement et sans retard. Tant quil ny aura pas un développement conséquent des énergies renouvelables, développement qui devrait être déjà en cours, il est légitime de choisir lalternative la moins nuisible et de recourir à des solutions transitoires. Cependant, on ne parvient pas, dans la communauté internationale, à des accords suffisants sur la responsabilité de ceux qui doivent supporter les coûts de la transition énergétique. Ces dernières décennies, les questions denvironnement ont généré un large débat public qui a fait grandir dans la société civile des espaces pour de nombreux engagements et un généreux dévouement. La politique et lentreprise réagissent avec lenteur, loin dêtre à la hauteur des défis mondiaux. En ce sens, alors que lhumanité de lépoque post-industrielle sera peut-être considérée comme lune des plus irresponsables de lhistoire, il faut espérer que lhumanité du début du XXIème siècle pourra rester dans les mémoires pour avoir assumé avec générosité ses graves responsabilités.
166. Le mouvement écologique mondial a déjà fait un long parcours, enrichi par les efforts de nombreuses organisations de la société civile. Il nest pas possible ici de les mentionner toutes, ni de retracer lhistoire de leurs apports. Mais grâce à un fort engagement, les questions environnementales ont été de plus en plus présentes dans lagenda public et sont devenues une invitation constante à penser à long terme. Cependant, les Sommets mondiaux de ces dernières années sur lenvironnement nont pas répondu aux attentes parce que, par manque de décision politique, ils ne sont pas parvenus à des accords généraux, vraiment significatifs et efficaces, sur lenvironnement.
167. Il convient de mettre laccent sur le Sommet planète Terre, réuni en 1992 à Rio de Janeiro. Il y a été proclamé que « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn126" \o "" [126] Reprenant des éléments de la Déclaration de Stockholm (1972), il a consacré la coopération internationale pour préserver lécosystème de la terre entière, lobligation pour celui qui pollue den assumer économiquement la charge, le devoir dévaluer limpact sur lenvironnement de toute entreprise ou projet. Il a proposé comme objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans latmosphère pour inverser la tendance au réchauffement global. Il a également élaboré un agenda avec un programme daction et un accord sur la diversité biologique, il a déclaré des principes en matière de forêts. Même si ce Sommet a vraiment été innovateur et prophétique pour son époque, les accords nont été que peu mis en uvre parce quaucun mécanisme adéquat de contrôle, de révision périodique et de sanction en cas de manquement, navait été établi. Les principes énoncés demandent encore des moyens, efficaces et souples, de mise en uvre pratique.
168. Parmi les expériences positives, on peut mentionner, par exemple, la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination, avec un système de déclaration, de standards et de contrôles ; on peut citer également la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées dextinction, qui inclut des missions de vérification de son respect effectif. Grâce à la Convention de Vienne pour la protection de la couche dozone, et sa mise en uvre à travers le Protocole de Montréal et ses amendements, le problème de lamincissement de cette couche semble être entré dans une phase de solution.
169. Pour ce qui est de la protection de la diversité biologique et en ce qui concerne la désertification, les avancées ont été beaucoup moins significatives. Sagissant du changement climatique, les avancées sont hélas très médiocres. La réduction des gaz à effet de serre exige honnêteté, courage et responsabilité, surtout de la part des pays les plus puissants et les plus polluants. La Conférence des Nations Unies sur le développement durable, dénommée Rio+20 (Rio de Janeiro 2012), a émis un long et inefficace Document final. Les négociations internationales ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position des pays qui mettent leurs intérêts nationaux au dessus du bien commun général. Ceux qui souffriront des conséquences que nous tentons de dissimuler rappelleront ce manque de conscience et de responsabilité. Alors que se préparait cette Encyclique, le débat a atteint une intensité particulière. Nous, les croyants, nous ne pouvons pas cesser de demander à Dieu quil y ait des avancées positives dans les discussions actuelles, de manière à ce que les générations futures ne souffrent pas des conséquences dajournements imprudents.
170. Certaines des stratégies de basse émission de gaz polluants cherchent linternationalisation des coûts environnementaux, avec le risque dimposer aux pays de moindres ressources de lourds engagements de réduction des émissions, comparables à ceux des pays les plus industrialisés. Limposition de ces mesures porte préjudice aux pays qui ont le plus besoin de développement. Une nouvelle injustice est ainsi ajoutée sous couvert de protection de lenvironnement. Comme toujours, le fil est rompu à son point le plus faible. Étant donné que les effets du changement climatique se feront sentir pendant longtemps, même si des mesures strictes sont prises maintenant, certains pays aux maigres ressources auront besoin daide pour sadapter aux effets qui déjà se produisent et qui affectent leurs économies. Il reste vrai quil y a des responsabilités communes mais différenciées, simplement parce que, comme lont relevé les Évêques de Bolivie, « les pays qui ont bénéficié dun degré élevé dindustrialisation, au prix dune énorme émission de gaz à effet de serre, ont une plus grande responsabilité dans lapport de la solution aux problèmes quils ont causés ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn127" \o "" [127]
171. La stratégie dachat et de vente de crédits de carbone peut donner lieu à une nouvelle forme de spéculation, et cela ne servirait pas à réduire lémission globale des gaz polluants. Ce système semble être une solution rapide et facile, sous lapparence dun certain engagement pour lenvironnement, mais qui nimplique, en aucune manière, de changement radical à la hauteur des circonstances. Au contraire, il peut devenir un expédient qui permet de soutenir la sur-consommation de certains pays et secteurs.
172. Les pays pauvres doivent avoir comme priorité léradication de la misère et le développement social de leurs habitants ; bien quils doivent analyser le niveau de consommation scandaleux de certains secteurs privilégiés de leur population et contrôler la corruption. Il est vrai aussi quils doivent développer des formes moins polluantes de production dénergie, mais pour cela ils doivent pouvoir compter sur laide des pays qui ont connu une forte croissance au prix de la pollution actuelle de la planète. Lexploitation directe de labondante énergie solaire demande que des mécanismes et des subsides soient établis, de sorte que les pays en développement puissent accéder au transfert de technologies, à lassistance technique, et aux ressources financières, mais toujours en faisant attention aux conditions concrètes, puisque « on névalue pas toujours de manière adéquate la compatibilité des infrastructures avec le contexte pour lequel elles ont été conçues ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn128" \o "" [128] Les coûts seraient faibles si on les comparait aux risques du changement climatique. De toute manière, cest avant tout une décision éthique, fondée sur la solidarité entre tous les peuples.
173. Étant donnée la fragilité des instances locales, des accords internationaux sont urgents, qui soient respectés pour intervenir de manière efficace. Les relations entre les États doivent sauvegarder la souveraineté de chacun, mais aussi établir des chemins consensuels pour éviter des catastrophes locales qui finiraient par toucher tout le monde. Il manque de cadres régulateurs généraux qui imposent des obligations, et qui empêchent des agissements intolérables, comme le fait que certaines entreprises et certains pays puissants transfèrent dans dautres pays des déchets et des industries hautement polluants.
174. Mentionnons aussi le système de gestion des océans. En effet, même sil y a eu plusieurs conventions internationales et régionales, léparpillement et labsence de mécanismes sévères de réglementation, de contrôle et de sanction finissent par miner tous les efforts. Le problème croissant des déchets marins et de la protection des zones marines au-delà des frontières nationales continue de représenter un défi particulier. En définitive, il faut un accord sur les régimes de gestion, pour toute la gamme de ce quon appelle les biens communs globaux.
175. La même logique qui entrave la prise de décisions drastiques pour inverser la tendance au réchauffement global, ne permet pas non plus datteindre lobjectif déradiquer la pauvreté. Il faut une réaction globale plus responsable, qui implique en même temps la lutte pour la réduction de la pollution et le développement des pays et des régions pauvres. Le XXIème siècle, alors quil maintient un système de gouvernement propre aux époques passées, est le théâtre dun affaiblissement du pouvoir des États nationaux, surtout parce que la dimension économique et financière, de caractère transnational, tend à prédominer sur la politique. Dans ce contexte, la maturation dinstitutions internationales devient indispensable, qui doivent être plus fortes et efficacement organisées, avec des autorités désignées équitablement par accord entre les gouvernements nationaux, et dotées de pouvoir pour sanctionner. Comme la affirmé Benoît XVI dans la ligne déjà développée par la doctrine sociale de lEglise : « Pour le gouvernement de léconomie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de lenvironnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle quelle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, [saint] Jean XXIII». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn129" \o "" [129] Dans cette perspective, la diplomatie acquiert une importance inédite, en vue de promouvoir des stratégies internationales anticipant les problèmes plus graves qui finissent par affecter chacun.
II. LE DIALOGUE EN VUE DE NOUVELLES POLITIQUESNATIONALES ET LOCALES
176. Non seulement il y a des gagnants et des perdants entre les pays, mais aussi entre les pays pauvres, où diverses responsabilités doivent être identifiées. Pour cela, les questions concernant lenvironnement et le développement économique ne peuvent plus se poser seulement à partir des différences entre pays, mais demandent quon prête attention aux politiques nationales et locales.
177. Face à la possibilité dune utilisation irresponsable des capacités humaines, planifier, coordonner, veiller, et sanctionner sont des fonctions impératives de chaque État. Comment la société prépare-t-elle et protège-t-elle son avenir dans un contexte de constantes innovations technologiques ? Le droit, qui établit les règles des comportements acceptables à la lumière du bien commun, est un facteur qui fonctionne comme un modérateur important. Les limites quune société saine, mature et souveraine doit imposer sont liées à la prévision, à la précaution, aux régulations adéquates, à la vigilance dans lapplication des normes, à la lutte contre la corruption, aux actions de contrôle opérationnel sur les effets émergents non désirés des processus productifs, et à lintervention opportune face aux risques incertains ou potentiels. Il y a une jurisprudence croissante visant à diminuer les effets polluants des activités des entreprises. Mais le cadre politique et institutionnel nest pas là seulement pour éviter les mauvaises pratiques, mais aussi pour encourager les bonnes pratiques, pour stimuler la créativité qui cherche de nouvelles voies, pour faciliter les initiatives personnelles et collectives.
178. Le drame de l"immédiateté" politique, soutenue aussi par des populations consuméristes, conduit à la nécessité de produire de la croissance à court terme. Répondant à des intérêts électoraux, les gouvernements ne prennent pas facilement le risque de mécontenter la population avec des mesures qui peuvent affecter le niveau de consommation ou mettre en péril des investissements étrangers. La myopie de la logique du pouvoir ralentit lintégration de lagenda environnemental aux vues larges, dans lagenda public des gouvernements. On oublie ainsi que « le temps est supérieur à lespace», HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn130" \o "" [130] que nous sommes toujours plus féconds quand nous nous préoccupons plus délaborer des processus que de nous emparer des espaces de pouvoir. La grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on uvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme. Il est très difficile pour le pouvoir politique dassumer ce devoir dans un projet de Nation.
179. En certains lieux, se développent des coopératives pour lexploitation dénergies renouvelables, qui permettent lauto suffisance locale, et même la vente des excédents. Ce simple exemple montre que linstance locale peut faire la différence alors que lordre mondial existant se révèle incapable de prendre ses responsabilités. En effet, on peut à ce niveau susciter une plus grande responsabilité, un fort sentiment communautaire, une capacité spéciale de protection et une créativité plus généreuse, un amour profond pour sa terre ; là aussi, on pense à ce quon laisse aux enfants et aux petits-enfants. Ces valeurs ont un enracinement notable dans les populations aborigènes. Étant donné que le droit se montre parfois insuffisant en raison de la corruption, il faut que la décision politique soit incitée par la pression de la population. La société, à travers des organismes non gouvernementaux et des associations intermédiaires, doit obliger les gouvernements à développer des normes, des procédures et des contrôles plus rigoureux. Si les citoyens ne contrôlent pas le pouvoir politique national, régional et municipal un contrôle des dommages sur lenvironnement nest pas possible non plus. Dautre part, les législations des municipalités peuvent être plus efficaces sil y a des accords entre populations voisines pour soutenir les mêmes politiques environnementales.
180. On ne peut pas penser à des recettes uniformes, parce que chaque pays ou région a des problèmes et des limites spécifiques. Il est aussi vrai que le réalisme politique peut exiger des mesures et des technologies de transition, à condition quelles soient toujours accompagnées par le projet et par lacceptation dengagements progressifs contraignants. Mais, tant au niveau national que local il reste beaucoup à faire, comme, par exemple, promouvoir des formes déconomies dénergie. Ceci implique de favoriser des modes de production industrielle ayant une efficacité énergétique maximale et utilisant moins de matière première, retirant du marché les produits peu efficaces du point de vue énergétique, ou plus polluants. On peut aussi mentionner une bonne gestion des transports, ou des formes de construction ou de réfection dédifices qui réduisent leur consommation énergétique et leur niveau de pollution. Dautre part, laction politique locale peut sorienter vers la modification de la consommation, le développement dune économie des déchets et du recyclage, la protection des espèces et la programmation dune agriculture diversifiée avec la rotation des cultures. Il est possible dencourager lamélioration agricole de régions pauvres par les investissements dans des infrastructures rurales, dans lorganisation du marché local ou national, dans des systèmes dirrigation, dans le développement de techniques agricoles durables. On peut faciliter des formes de coopération ou dorganisation communautaire qui défendent les intérêts des petits producteurs et préservent les écosystèmes locaux de la déprédation. Il y a tant de choses que lon peut faire !
181. La continuité est indispensable parce que les politiques relatives au changement climatique et à la sauvegarde de lenvironnement ne peuvent pas changer chaque fois que change un gouvernement. Les résultats demandent beaucoup de temps et supposent des coûts immédiats, avec des effets qui ne seront pas visibles au cours du mandat du gouvernement concerné. Cest pourquoi sans la pression de la population et des institutions, il y aura toujours de la résistance à intervenir, plus encore quand il y aura des urgences à affronter. Quun homme politique assume ces responsabilités avec les coûts que cela implique, ne répond pas à la logique defficacité et dimmédiateté de léconomie ni à celle de la politique actuelle ; mais sil ose le faire, cela le conduira à reconnaître la dignité que Dieu lui a donnée comme homme, et il laissera dans lhistoire un témoignage de généreuse responsabilité. Il faut accorder une place prépondérante à une saine politique, capable de réformer les institutions, de les coordonner et de les doter de meilleures pratiques qui permettent de vaincre les pressions et les inerties vicieuses. Cependant, il faut ajouter que les meilleurs mécanismes finissent par succomber quand manquent les grandes finalités, les valeurs, une compréhension humaniste et riche de sens qui donnent à chaque société une orientation noble et généreuse.
III. DIALOGUE ET TRANSPARENCE DANS LES PROCESSUS DE PRISE DE DÉCISIONS
182. La prévision de limpact sur lenvironnement des initiatives et des projets requiert des processus politiques transparents et soumis au dialogue, alors que la corruption, qui cache le véritable impact environnemental dun projet en échange de faveurs, conduit habituellement à des accords fallacieux au sujet desquels on évite information et large débat.
183. Une étude de limpact sur lenvironnement ne devrait pas être postérieure à lélaboration dun projet de production ou dune quelconque politique, plan ou programme à réaliser. Il faut quelle soit insérée dès le début, et élaborée de manière interdisciplinaire, transparente et indépendante de toute pression économique ou politique. Elle doit être en lien avec lanalyse des conditions de travail et lanalyse des effets possibles, entre autres, sur la santé physique et mentale des personnes, sur léconomie locale, sur la sécurité. Les résultats économiques pourront être ainsi déduits de manière plus réaliste, prenant en compte les scénarios possibles et prévoyant éventuellement la nécessité dun plus grand investissement pour affronter les effets indésirables qui peuvent être corrigés. Il est toujours nécessaire darriver à un consensus entre les différents acteurs sociaux, qui peuvent offrir des points de vue, des solutions et des alternatives différents. Mais à la table de discussion, les habitants locaux doivent avoir une place privilégiée, eux qui se demandent ce quils veulent pour eux et pour leurs enfants, et qui peuvent considérer les objectifs qui transcendent lintérêt économique immédiat. Il faut cesser de penser en terme dinterventions sur lenvironnement, pour élaborer des politiques conçues et discutées par toutes les parties intéressées. La participation requiert que tous soient convenablement informés sur les divers aspects ainsi que sur les différents risques et possibilités ; elle ne se limite pas à la décision initiale dun projet, mais concerne aussi les actions de suivi et de surveillance constante. La sincérité et la vérité sont nécessaires dans les discussions scientifiques et politiques, qui ne doivent pas se limiter à considérer ce qui est permis ou non par la législation.
184. Quand déventuels risques pour lenvironnement, qui affectent le bien commun, présent et futur, apparaissent, cette situation exige que « les décisions soient fondées sur une confrontation entre les risques et les bénéfices envisageables pour tout choix alternatif possible ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn131" \o "" [131] Cela vaut surtout si un projet peut entraîner un accroissement de lutilisation des ressources naturelles, des émissions ou des rejets, de la production de déchets, ou une modification significative du paysage, de lhabitat des espèces protégées, ou dun espace public. Certains projets qui ne sont pas suffisamment analysés peuvent affecter profondément la qualité de vie dans un milieu pour des raisons très diverses, comme une pollution acoustique non prévue, la réduction du champ visuel, la perte de valeurs culturelles, les effets de lutilisation de lénergie nucléaire. La culture consumériste, qui donne priorité au court terme et à lintérêt privé, peut encourager des procédures trop rapides ou permettre la dissimulation dinformation.
185. Dans toute discussion autour dune initiative, une série de questions devrait se poser en vue de discerner si elle offrira ou non un véritable développement intégral : Pour quoi ? Par quoi ? Où ? Quand ? De quelle manière ? Pour qui ? Quels sont les risques ? À quel coût ? Qui paiera les coûts et comment le fera-t-il ? Dans ce discernement, certaines questions doivent avoir la priorité. Par exemple, nous savons que leau est une ressource limitée et indispensable, et y avoir accès est un droit fondamental qui conditionne lexercice des autres droits humains. Ceci est indubitable et conditionne toute analyse de limpact environnemental dune région.
186. Dans la Déclaration de Rio de 1992, il est affirmé : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, labsence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard ladoption de mesures effectives » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn132" \o "" [132] qui empêcheraient la dégradation de lenvironnement. Ce principe de précaution permet la protection des plus faibles, qui disposent de peu de moyens pour se défendre et pour apporter des preuves irréfutables. Si linformation objective conduit à prévoir un dommage grave et irréversible, bien quil ny ait pas de preuve indiscutable, tout projet devra être arrêté ou modifié. Ainsi, on inverse la charge de la preuve, puisque dans ce cas il faut apporter une démonstration objective et indiscutable que lactivité proposée ne va pas générer de graves dommages à lenvironnement ou à ceux qui y habitent.
187. Cela nentraîne pas quil faille sopposer à toute innovation technologique qui permette daméliorer la qualité de vie dune population. Mais, dans tous les cas, il doit toujours être bien établi que la rentabilité ne peut pas être lunique élément à prendre en compte et que, au moment où apparaissent de nouveaux critères de jugement à partir de lévolution de linformation, il devrait y avoir une nouvelle évaluation avec la participation de toutes les parties intéressées. Le résultat de la discussion pourrait être la décision de ne pas avancer dans un projet, mais pourrait être aussi sa modification ou lélaboration de propositions alternatives.
188. Dans certaines discussions sur des questions liées à lenvironnement, il est difficile de parvenir à un consensus. Encore une fois je répète que lÉglise na pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique, mais jinvite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies naffectent pas le bien commun.
IV. POLITIQUE ET ÉCONOMIE EN DIALOGUE POUR LA PLÉNITUDE HUMAINE
189. La politique ne doit pas se soumettre à léconomie et celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme defficacité de la technocratie. Aujourdhui, en pensant au bien commun, nous avons impérieusement besoin que la politique et léconomie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie, spécialement de la vie humaine. Sauver les banques à tout prix, en en faisant payer le prix à la population, sans la ferme décision de revoir et de réformer le système dans son ensemble, réaffirme une emprise absolue des finances qui na pas davenir et qui pourra seulement générer de nouvelles crises après une longue, couteuse et apparente guérison. La crise financière de 2007-2008 était une occasion pour le développement dune nouvelle économie plus attentive aux principes éthiques, et pour une nouvelle régulation de lactivité financière spéculative et de la richesse fictive. Mais il ny a pas eu de réaction qui aurait conduit à repenser les critères obsolètes qui continuent à régir le monde. La production nest pas toujours rationnelle, et souvent elle est liée à des variables économiques qui fixent pour les produits une valeur qui ne correspond pas à leur valeur réelle. Cela conduit souvent à la surproduction de certaines marchandises, avec un impact inutile sur lenvironnement qui, en même temps, porte préjudice à de nombreuses économies régionales. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn133" \o "" [133] La bulle financière est aussi, en général, une bulle productive. En définitive, nest pas affrontée avec énergie la question de léconomie réelle, qui permet par exemple que la production se diversifie et saméliore, que les entreprises fonctionnent bien, que les petites et moyennes entreprises se développent et créent des emplois.
190. Dans ce contexte, il faut toujours se rappeler que « la protection de lenvironnement ne peut pas être assurée uniquement en fonction du calcul financier des coûts et des bénéfices. Lenvironnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn134" \o "" [134] Une fois de plus, il faut éviter une conception magique du marché qui fait penser que les problèmes se résoudront tout seuls par laccroissement des bénéfices des entreprises ou des individus. Est-il réaliste despérer que celui qui a lobsession du bénéfice maximum sattarde à penser aux effets environnementaux quil laissera aux prochaines générations ? Dans le schéma du gain il ny a pas de place pour penser aux rythmes de la nature, à ses périodes de dégradation et de régénération, ni à la complexité des écosystèmes qui peuvent être gravement altérés par lintervention humaine. De plus, quand on parle de biodiversité, on la conçoit au mieux comme une réserve de ressources économiques qui pourrait être exploitée, mais on ne prend pas en compte sérieusement, entre autres, la valeur réelle des choses, leur signification pour les personnes et les cultures, les intérêts et les nécessités des pauvres.
191. Quand on pose ces questions, certains réagissent en accusant les autres de prétendre arrêter irrationnellement le progrès et le développement humain. Mais nous devons nous convaincre que ralentir un rythme déterminé de production et de consommation peut donner lieu à dautres formes de progrès et de développement. Les efforts pour une exploitation durable des ressources naturelles ne sont pas une dépense inutile, mais un investissement qui pourra générer dautres bénéfices économiques à moyen terme. Si nous ne souffrons pas détroitesse de vue, nous pouvons découvrir que la diversification dune production plus innovante, et ce avec un moindre impact sur lenvironnement, peut être très rentable. Il sagit douvrir le chemin à différentes opportunités qui nimpliquent pas darrêter la créativité de lhomme et son rêve de progrès, mais dorienter cette énergie vers des voies nouvelles.
192. Par exemple, un chemin de développement productif plus créatif et mieux orienté pourrait corriger le fait quil y a un investissement technologique excessif pour la consommation et faible pour résoudre les problèmes en suspens de lhumanité ; il pourrait générer des formes intelligentes et rentables de réutilisation, dutilisation multifonctionnelle et de recyclage ; il pourrait encore améliorer lefficacité énergétique des villes. La diversification de la production ouvre dimmenses possibilités à lintelligence humaine pour créer et innover, en même temps quelle protège lenvironnement et crée plus demplois. Ce serait une créativité capable de faire fleurir de nouveau la noblesse de lêtre humain, parce quil est plus digne dutiliser lintelligence, avec audace et responsabilité, pour trouver des formes de développement durable et équitable, dans le cadre dune conception plus large de ce quest la qualité de vie. Inversement, il est moins digne, il est superficiel et moins créatif de continuer à créer des formes de pillage de la nature seulement pour offrir de nouvelles possibilités de consommation et de gain immédiat.
193. De toute manière, si dans certains cas le développement durable entraînera de nouvelles formes de croissance, dans dautres cas, face à laccroissement vorace et irresponsable produit durant de nombreuses décennies, il faudra penser aussi à marquer une pause en mettant certaines limites raisonnables, voire à retourner en arrière avant quil ne soit trop tard. Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage nest pas soutenable, tandis que dautres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. Cest pourquoi lheure est venue daccepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en dautres parties. Benoît XVI affirmait qu« il est nécessaire que les sociétés technologiquement avancées soient disposées à favoriser des comportements plus sobres, réduisant leurs propres besoins dénergie et améliorant les conditions de son utilisation ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn135" \o "" [135]
194. Pour que surgissent de nouveaux modèles de progrès nous devons « convertir le modèle de développement global», HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn136" \o "" [136] ce qui implique de réfléchir de manière responsable « sur le sens de léconomie et de ses objectifs, pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn137" \o "" [137] Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de lenvironnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu leffondrement. Il sagit simplement de redéfinir le progrès. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès. Dautre part, la qualité réelle de vie des personnes diminue souvent à cause de la détérioration de lenvironnement, de la mauvaise qualité des produits alimentaires eux-mêmes ou de lépuisement de certaines ressources dans un contexte de croissance économique. Dans ce cadre, le discours de la croissance durable devient souvent un moyen de distraction et de justification qui enferme les valeurs du discours écologique dans la logique des finances et de la technocratie ; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises se réduit dordinaire à une série dactions de marketing et dimage.
195. Le principe de la maximalisation du gain, qui tend à sisoler de toute autre considération, est une distorsion conceptuelle de léconomie : si la production augmente, il importe peu que cela se fasse au prix des ressources futures ou de la santé de lenvironnement ; si lexploitation dune forêt fait augmenter la production, personne ne mesure dans ce calcul la perte quimplique la désertification du territoire, le dommage causé à la biodiversité ou laugmentation de la pollution. Cela veut dire que les entreprises obtiennent des profits en calculant et en payant une part infime des coûts. Seul pourrait être considéré comme éthique un comportement dans lequel « les coûts économiques et sociaux dérivant de lusage des ressources naturelles communes soient établis de façon transparente et soient entièrement supportés par ceux qui en jouissent et non par les autres populations ou par les générations futures ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn138" \o "" [138] La rationalité instrumentale, qui fait seulement une analyse statique de la réalité en fonction des nécessités du moment, est présente aussi bien quand cest le marché qui assigne les ressources, que lorsquun État planificateur le fait.
196. Quen est-il de la politique ? Rappelons le principe de subsidiarité qui donne la liberté au développement des capacités présentes à tous les niveaux, mais qui exige en même temps plus de responsabilité pour le bien commun de la part de celui qui détient plus de pouvoir. Il est vrai quaujourdhui certains secteurs économiques exercent davantage de pouvoir que les États eux-mêmes. Mais on ne peut pas justifier une économie sans politique, qui serait incapable de promouvoir une autre logique qui régisse les divers aspects de la crise actuelle. La logique qui ne permet pas denvisager une préoccupation sincère pour lenvironnement est la même qui empêche de nourrir le souci dintégrer les plus fragiles, parce que « dans le modèle actuel de succès et de droit privé, il ne semble pas que cela ait un sens de sinvestir pour que ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins pourvus, puissent se faire un chemin dans la vie ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn139" \o "" [139]
197. Nous avons besoin dune politique aux vues larges, qui suive une approche globale en intégrant dans un dialogue interdisciplinaire les divers aspects de la crise. Souvent la politique elle-même est responsable de son propre discrédit, à cause de la corruption et du manque de bonnes politiques publiques. Si lÉtat ne joue pas son rôle dans une région, certains groupes économiques peuvent apparaître comme des bienfaiteurs et sapproprier le pouvoir réel, se sentant autorisés à ne pas respecter certaines normes, jusquà donner lieu à diverses formes de criminalité organisée, de traite de personnes, de narcotrafic, et de violence, très difficiles à éradiquer. Si la politique nest pas capable de rompre une logique perverse, et de plus reste enfermée dans des discours appauvris, nous continuerons à ne pas faire face aux grands problèmes de lhumanité. Une stratégie de changement réel exige de repenser la totalité des processus, puisquil ne suffit pas dinclure des considérations écologiques superficielles pendant quon ne remet pas en cause la logique sous-jacente à la culture actuelle. Une saine politique devrait être capable dassumer ces défis.
198. La politique et léconomie ont tendance à saccuser mutuellement en ce qui concerne la pauvreté et la dégradation de lenvironnement. Mais il faut espérer quelles reconnaîtront leurs propres erreurs et trouveront des formes dinteraction orientées vers le bien commun. Pendant que les uns sont obnubilés uniquement par le profit économique et que dautres ont pour seule obsession la conservation ou laccroissement de leur pouvoir, ce que nous avons ce sont des guerres, ou bien des accords fallacieux où préserver lenvironnement et protéger les plus faibles est ce qui intéresse le moins les deux parties. Là aussi vaut le principe : « lunité est supérieure au conflit ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn140" \o "" [140]
V. LES RELIGIONS DANS LE DIALOGUE AVEC LES SCIENCES
199. On ne peut pas soutenir que les sciences empiriques expliquent complètement la vie, la structure de toutes les créatures et la réalité dans son ensemble. Cela serait outrepasser de façon indue leurs frontières méthodologiques limitées. Si on réfléchit dans ce cadre fermé, la sensibilité esthétique, la poésie, et même la capacité de la raison à percevoir le sens et la finalité des choses disparaissent. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn141" \o "" [141] Je veux rappeler que « les textes religieux classiques peuvent offrir une signification pour toutes les époques, et ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons [...] Est-il raisonnable et intelligent de les reléguer dans lobscurité, seulement du fait quils proviennent dun contexte de croyance religieuse ? ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn142" \o "" [142] En réalité, il est naïf de penser que les principes éthiques puissent se présenter de manière purement abstraite, détachés de tout contexte, et le fait quils apparaissent dans un langage religieux ne les prive pas de toute valeur dans le débat public. Les principes éthiques que la raison est capable de percevoir peuvent réapparaître toujours de manière différente et être exprimés dans des langages divers, y compris religieux.
200. Dautre part, toute solution technique que les sciences prétendent apporter sera incapable de résoudre les graves problèmes du monde si lhumanité perd le cap, si lon oublie les grandes motivations qui rendent possibles la cohabitation, le sacrifice, la bonté. De toute façon, il faudra inviter les croyants à être cohérents avec leur propre foi et à ne pas la contredire par leurs actions ; il faudra leur demander de souvrir de nouveau à la grâce de Dieu et de puiser au plus profond de leurs propres convictions sur lamour, la justice et la paix. Si une mauvaise compréhension de nos propres principes nous a parfois conduits à justifier le mauvais traitement de la nature, la domination despotique de lêtre humain sur la création, ou les guerres, linjustice et la violence, nous, les croyants, nous pouvons reconnaître que nous avons alors été infidèles au trésor de sagesse que nous devions garder. Souvent les limites culturelles des diverses époques ont conditionné cette conscience de leur propre héritage éthique et spirituel, mais cest précisément le retour à leurs sources qui permet aux religions de mieux répondre aux nécessités actuelles.
201. La majorité des habitants de la planète se déclare croyante, et cela devrait inciter les religions à entrer dans un dialogue en vue de la sauvegarde de la nature, de la défense des pauvres, de la construction de réseaux de respect et de fraternité. Un dialogue entre les sciences elles-mêmes est aussi nécessaire parce que chacune a lhabitude de senfermer dans les limites de son propre langage, et la spécialisation a tendance à devenir isolement et absolutisation du savoir de chacun. Cela empêche daffronter convenablement les problèmes de lenvironnement. Un dialogue ouvert et respectueux devient aussi nécessaire entre les différents mouvements écologistes, où les luttes idéologiques ne manquent pas. La gravité de la crise écologique exige que tous nous pensions au bien commun et avancions sur un chemin de dialogue qui demande patience, ascèse et générosité, nous souvenant toujours que « la réalité est supérieure à lidée ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn143" \o "" [143]
SIXIEME CHAPITRE
EDUCATION ET SPIRITUALITE ECOLOGIQUES
202. Beaucoup de choses doivent être réorientées, mais avant tout lhumanité a besoin de changer. La conscience dune origine commune, dune appartenance mutuelle et dun avenir partagé par tous, est nécessaire. Cette conscience fondamentale permettrait le développement de nouvelles convictions, attitudes et formes de vie. Ainsi un grand défi culturel, spirituel et éducatif, qui supposera de longs processus de régénération, est mis en évidence.
I. MISER SUR UN AUTRE STYLE DE VIE
203. Étant donné que le marché tend à créer un mécanisme consumériste compulsif pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées, dans une spirale dachats et de dépenses inutiles. Le consumérisme obsessif est le reflet subjectif du paradigme techno-économique. Il arrive ce que Romano Guardini signalait déjà : lêtre humain « accepte les choses usuelles et les formes de la vie telles quelles lui sont imposées par les plans rationnels et les produits normalisés de la machine et, dans lensemble, il le fait avec limpression que tout cela est raisonnable et juste ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn144" \o "" [144] Ce paradigme fait croire à tous quils sont libres, tant quils ont une soi-disant liberté pour consommer, alors que ceux qui ont en réalité la liberté, ce sont ceux qui constituent la minorité en possession du pouvoir économique et financier. Dans cette équivoque, lhumanité postmoderne na pas trouvé une nouvelle conception delle-même qui puisse lorienter, et ce manque didentité est vécu avec angoisse. Nous possédons trop de moyens pour des fins limitées et rachitiques.
204. La situation actuelle du monde « engendre un sentiment de précarité et dinsécurité qui, à son tour, nourrit des formes dégoïsme collectif ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn145" \o "" [145] Quand les personnes deviennent autoréférentielles et sisolent dans leur propre conscience, elles accroissent leur voracité. En effet, plus le cur de la personne est vide, plus elle a besoin dobjets à acheter, à posséder et à consommer. Dans ce contexte, il ne semble pas possible quune personne accepte que la réalité lui fixe des limites. À cet horizon, un vrai bien commun nexiste pas non plus. Si cest ce genre de sujet qui tend à prédominer dans une société, les normes seront seulement respectées dans la mesure où elles ne contredisent pas des besoins personnels. Cest pourquoi nous ne pensons pas seulement à léventualité de terribles phénomènes climatiques ou à de grands désastres naturels, mais aussi aux catastrophes dérivant de crises sociales, parce que lobsession dun style de vie consumériste ne pourra que provoquer violence et destruction réciproque, surtout quand seul un petit nombre peut se le permettre.
205. Cependant, tout nest pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à lextrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux quon leur impose. Ils sont capables de se regarder eux-mêmes avec honnêteté, de révéler au grand jour leur propre dégoût et dinitier de nouveaux chemins vers la vraie liberté. Il ny a pas de systèmes qui annulent complètement louverture au bien, à la vérité et à la beauté, ni la capacité de réaction que Dieu continue dencourager du plus profond des curs humains. Je demande à chaque personne de ce monde de ne pas oublier sa dignité que nul na le droit de lui enlever.
206. Un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social. Cest ce qui arrive quand les mouvements de consommateurs obtiennent quon nachète plus certains produits, et deviennent ainsi efficaces pour modifier le comportement des entreprises, en les forçant à considérer limpact environnemental et les modèles de production. Cest un fait, quand les habitudes de la société affectent le gain des entreprises, celles-ci se trouvent contraintes à produire autrement. Cela nous rappelle la responsabilité sociale des consommateurs : « Acheter est non seulement un acte économique mais toujours aussi un acte moral ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn146" \o "" [146] Cest pourquoi, aujourdhui « le thème de la dégradation environnementale met en cause les comportements de chacun de nous ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn147" \o "" [147]
207. La Charte de la Terre nous invitait tous à tourner le dos à une étape dautodestruction et à prendre un nouveau départ, mais nous navons pas encore développé une conscience universelle qui le rende possible. Voilà pourquoi jose proposer de nouveau ce beau défi : Comme jamais auparavant dans lhistoire, notre destin commun nous invite à chercher un nouveau commencement [...] Faisons en sorte que notre époque soit reconnue dans lhistoire comme celle de léveil dune nouvelle forme dhommage à la vie, dune ferme résolution datteindre la durabilité, de laccélération de la lutte pour la justice et la paix et de lheureuse célébration de la vie. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn148" \o "" [148]
208. Il est toujours possible de développer à nouveau la capacité de sortir de soi vers lautre. Sans elle, on ne reconnaît pas la valeur propre des autres créatures, on ne se préoccupe pas de protéger quelque chose pour les autres, on na pas la capacité de se fixer des limites pour éviter la souffrance ou la détérioration de ce qui nous entoure. Lattitude fondamentale de se transcender, en rompant avec lisolement de la conscience et lautoréférentialité, est la racine qui permet toute attention aux autres et à lenvironnement, et qui fait naître la réaction morale de prendre en compte limpact que chaque action et chaque décision personnelle provoquent hors de soi-même. Quand nous sommes capables de dépasser lindividualisme, un autre style de vie peut réellement se développer et un changement important devient possible dans la société.
II. ÉDUCATION POUR LALLIANCE ENTRE LHUMANITÉ ET LENVIRONNEMENT
209. La conscience de la gravité de la crise culturelle et écologique doit se traduire par de nouvelles habitudes. Beaucoup savent que le progrès actuel, tout comme la simple accumulation dobjets ou de plaisirs, ne suffit pas à donner un sens ni de la joie au cur humain, mais ils ne se sentent pas capables de renoncer à ce que le marché leur offre. Dans les pays qui devraient réaliser les plus grands changements dhabitudes de consommation, les jeunes ont une nouvelle sensibilité écologique et un esprit généreux, et certains dentre eux luttent admirablement pour la défense de lenvironnement ; mais ils ont grandi dans un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement dautres habitudes. Cest pourquoi nous sommes devant un défi éducatif.
210. Léducation environnementale a progressivement élargi le champ de ses objectifs. Si au commencement elle était très axée sur linformation scientifique ainsi que sur la sensibilisation et la prévention de risques environnementaux, à présent cette éducation tend à inclure une critique des mythes de la modernité (individualisme, progrès indéfini, concurrence, consumérisme, marché sans règles), fondés sur la raison instrumentale ; elle tend également à sétendre aux différents niveaux de léquilibre écologique : au niveau interne avec soi-même, au niveau solidaire avec les autres, au niveau naturel avec tous les êtres vivants, au niveau spirituel avec Dieu. Léducation environnementale devrait nous disposer à faire ce saut vers le Mystère, à partir duquel une éthique écologique acquiert son sens le plus profond. Par ailleurs, des éducateurs sont capables de repenser les itinéraires pédagogiques dune éthique écologique, de manière à faire grandir effectivement dans la solidarité, dans la responsabilité et dans la protection fondée sur la compassion.
211. Cependant, cette éducation ayant pour vocation de créer une citoyenneté écologique se limite parfois à informer, et ne réussit pas à développer des habitudes. Lexistence de lois et de normes nest pas suffisante à long terme pour limiter les mauvais comportements, même si un contrôle effectif existe. Pour que la norme juridique produise des effets importants et durables, il est nécessaire que la plupart des membres de la société laient acceptée grâce à des motivations appropriées, et réagissent à partir dun changement personnel. Cest seulement en cultivant de solides vertus que le don de soi dans un engagement écologique est possible. Si une personne a lhabitude de se couvrir un peu au lieu dallumer le chauffage, alors que sa situation économique lui permettrait de consommer et de dépenser plus, cela suppose quelle a intégré des convictions et des sentiments favorables à la préservation de lenvironnement. Accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble, et il est merveilleux que léducation soit capable de les susciter jusquà en faire un style de vie. Léducation à la responsabilité environnementale peut encourager divers comportements qui ont une incidence directe et importante sur la préservation de lenvironnement tels que : éviter lusage de matière plastique et de papier, réduire la consommation deau, trier les déchets, cuisiner seulement ce que lon pourra raisonnablement manger, traiter avec attention les autres êtres vivants, utiliser les transports publics ou partager le même véhicule entre plusieurs personnes, planter des arbres, éteindre les lumières inutiles. Tout cela fait partie dune créativité généreuse et digne, qui révèle le meilleur de lêtre humain. Le fait de réutiliser quelque chose au lieu de le jeter rapidement, parce quon est animé par de profondes motivations, peut être un acte damour exprimant notre dignité.
212. Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que lon peut constater, parce quelles suscitent sur cette terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible. En outre, le développement de ces comportements nous redonne le sentiment de notre propre dignité, il nous porte à une plus grande profondeur de vie, il nous permet de faire lexpérience du fait quil vaut la peine de passer en ce monde.
213. Les milieux éducatifs sont divers : lécole, la famille, les moyens de communication, la catéchèse et autres. Une bonne éducation scolaire, dès le plus jeune âge, sème des graines qui peuvent produire des effets tout au long dune vie. Mais je veux souligner limportance centrale de la famille, parce qu« elle est le lieu où la vie, don de Dieu, peut être convenablement accueillie et protégée contre les nombreuses attaques auxquelles elle est exposée, le lieu où elle peut se développer suivant les exigences dune croissance humaine authentique. Contre ce quon appelle la culture de la mort, la famille constitue le lieu de la culture de la vie ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn149" \o "" [149] Dans la famille, on cultive les premiers réflexes damour et de préservation de la vie, comme par exemple lutilisation correcte des choses, lordre et la propreté, le respect pour lécosystème local et la protection de tous les êtres créés. La famille est le lieu de la formation intégrale, où se déroulent les différents aspects, intimement reliés entre eux, de la maturation personnelle. Dans la famille, on apprend à demander une permission avec respect, à dire merci comme expression dune juste évaluation des choses quon reçoit, à dominer lagressivité ou la voracité, et à demander pardon quand on cause un dommage. Ces petits gestes de sincère courtoisie aident à construire une culture de la vie partagée et du respect pour ce qui nous entoure.
214. Un effort de sensibilisation de la population incombe à la politique et aux diverses associations. À lÉglise également. Toutes les communautés chrétiennes ont un rôle important à jouer dans cette éducation. Jespère aussi que dans nos séminaires et maisons religieuses de formation, on éduque à une austérité responsable, à la contemplation reconnaissante du monde, à la protection de la fragilité des pauvres et de lenvironnement. Étant donné limportance de ce qui est en jeu, de même que des institutions dotées de pouvoir sont nécessaires pour sanctionner les attaques à lenvironnement, nous avons aussi besoin de nous contrôler et de nous éduquer les uns les autres.
215. Dans ce contexte, « il ne faut pas négliger la relation qui existe entre une formation esthétique appropriée et la préservation de lenvironnement». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn150" \o "" [150] Prêter attention à la beauté, et laimer, nous aide à sortir du pragmatisme utilitariste. Quand quelquun napprend pas à sarrêter pour observer et pour évaluer ce qui est beau, il nest pas étonnant que tout devienne pour lui objet dusage et dabus sans scrupule. En même temps, si lon veut obtenir des changements profonds, il faut garder présent à lesprit que les paradigmes de la pensée influent réellement sur les comportements. Léducation sera inefficace, et ses efforts seront vains, si elle nessaie pas aussi de répandre un nouveau paradigme concernant lêtre humain, la vie, la société et la relation avec la nature. Autrement, le paradigme consumériste, transmis par les moyens de communication sociale et les engrenages efficaces du marché, continuera de progresser.
III. LA CONVERSION ÉCOLOGIQUE
216. La grande richesse de la spiritualité chrétienne, générée par vingt siècles dexpériences personnelles et communautaires, offre une belle contribution à la tentative de renouveler lhumanité. Je veux proposer aux chrétiens quelques lignes dune spiritualité écologique qui trouvent leur origine dans des convictions de notre foi, car ce que nous enseigne lÉvangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et de vivre. Il ne sagit pas de parler tant didées, mais surtout de motivations qui naissent de la spiritualité pour alimenter la passion de la préservation du monde. Il ne sera pas possible, en effet, de sengager dans de grandes choses seulement avec des doctrines, sans une mystique qui nous anime, sans « les mobiles intérieurs qui poussent, motivent, encouragent et donnent sens à laction personnelle et communautaire». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn151" \o "" [151] Nous devons reconnaître que, nous les chrétiens, nous navons pas toujours recueilli et développé les richesses que Dieu a données à lÉglise, où la spiritualité nest déconnectée ni de notre propre corps, ni de la nature, ni des réalités de ce monde ; la spiritualité se vit plutôt avec celles-ci et en elles, en communion avec tout ce qui nous entoure.
217. Sil est vrai que « les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands », HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn152" \o "" [152] la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure. Mais nous devons aussi reconnaître que certains chrétiens, engagés et qui prient, ont lhabitude de se moquer des préoccupations pour lenvironnement, avec lexcuse du réalisme et du pragmatisme. Dautres sont passifs, ils ne se décident pas à changer leurs habitudes et ils deviennent incohérents. Ils ont donc besoin dune conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure. Vivre la vocation de protecteurs de luvre de Dieu est une part essentielle dune existence vertueuse ; cela nest pas quelque chose doptionnel ni un aspect secondaire dans lexpérience chrétienne.
218. Pour proposer une relation saine avec la création comme dimension de la conversion intégrale de la personne, souvenons-nous du modèle de saint François dAssise. Cela implique aussi de reconnaître ses propres erreurs, péchés, vices ou négligences, et de se repentir de tout cur, de changer intérieurement. Les Évêques australiens ont su exprimer la conversion en termes de réconciliation avec la création : « Pour réaliser cette réconciliation, nous devons examiner nos vies et reconnaître de quelle façon nous offensons la création de Dieu par nos actions et notre incapacité dagir. Nous devons faire lexpérience dune conversion, dun changement du cur ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn153" \o "" [153]
219. Cependant, il ne suffit pas que chacun samende pour dénouer une situation aussi complexe que celle quaffronte le monde actuel. Les individus isolés peuvent perdre leur capacité, ainsi que leur liberté pour surmonter la logique de la raison instrumentale, et finir par être à la merci dun consumérisme sans éthique et sans dimension sociale ni environnementale. On répond aux problèmes sociaux par des réseaux communautaires, non par la simple somme de biens individuels : « Les exigences de cette uvre seront si immenses que les possibilités de linitiative individuelle et la coopération dhommes formés selon les principes individualistes ne pourront y répondre. Seule une autre attitude provoquera lunion des forces et lunité de réalisation nécessaires ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn154" \o "" [154] La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire.
220. Cette conversion suppose diverses attitudes qui se conjuguent pour promouvoir une protection généreuse et pleine de tendresse. En premier lieu, elle implique gratitude et gratuité, cest-à-dire une reconnaissance du monde comme don reçu de lamour du Père, ce qui a pour conséquence des attitudes gratuites de renoncement et des attitudes généreuses même si personne ne les voit ou ne les reconnaît : « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite [...] et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 3-4). Cette conversion implique aussi la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de lunivers une belle communion universelle. Pour le croyant, le monde ne se contemple pas de lextérieur mais de lintérieur, en reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres. En outre, en faisant croître les capacités spécifiques que Dieu lui a données, la conversion écologique conduit le croyant à développer sa créativité et son enthousiasme, pour affronter les drames du monde en soffrant à Dieu « comme un sacrifice vivant, saint et agréable » (Bm 12, 1). Il ne comprend pas sa supériorité comme motif de gloire personnelle ou de domination irresponsable, mais comme une capacité différente, lui imposant à son tour une grave responsabilité qui naît de sa foi.
221. Diverses convictions de notre foi développées au début de cette Encyclique, aident à enrichir le sens de cette conversion, comme la conscience que chaque créature reflète quelque chose de Dieu et a un message à nous enseigner ; ou encore lassurance que le Christ a assumé en lui-même ce monde matériel et quà présent, ressuscité, il habite au fond de chaque être, en lentourant de son affection comme en le pénétrant de sa lumière ; et aussi la conviction que Dieu a créé le monde en y inscrivant un ordre et un dynamisme que lêtre humain na pas le droit dignorer. Quand on lit dans lÉvangile que Jésus parle des oiseaux, et dit qu « aucun deux nest oublié au regard de Dieu » (Lc 12, 6) : pourra-t-on encore les maltraiter ou leur faire du mal ? Jinvite tous les chrétiens à expliciter cette dimension de leur conversion, en permettant que la force et la lumière de la grâce reçue sétendent aussi à leur relation avec les autres créatures ainsi quavec le monde qui les entoure, et suscitent cette fraternité sublime avec toute la création, que saint François dAssise a vécue dune manière si lumineuse.
IV. JOIE ET PAIX
222. La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie, et encourage un style de vie prophétique et contemplatif, capable daider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. Il est important dassimiler un vieil enseignement, présent dans diverses traditions religieuses, et aussi dans la Bible. Il sagit de la conviction que moins est plus. En effet, laccumulation constante de possibilités de consommer distrait le cur et empêche dévaluer chaque chose et chaque moment. En revanche, le fait dêtre sereinement présent à chaque réalité, aussi petite soit-elle, nous ouvre beaucoup plus de possibilités de compréhension et dépanouissement personnel. La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. Cest un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose déviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs.
223. La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce nest pas moins de vie, ce nest pas une basse intensité de vie mais tout le contraire ; car, en réalité ceux qui jouissent plus et vivent mieux chaque moment, sont ceux qui cessent de picorer ici et là en cherchant toujours ce quils nont pas, et qui font lexpérience de ce quest valoriser chaque personne et chaque chose, en apprenant à entrer en contact et en sachant jouir des choses les plus simples. Ils ont ainsi moins de besoins insatisfaits, et sont moins fatigués et moins tourmentés. On peut vivre intensément avec peu, surtout quand on est capable dapprécier dautres plaisirs et quon trouve satisfaction dans les rencontres fraternelles, dans le service, dans le déploiement de ses charismes, dans la musique et lart, dans le contact avec la nature, dans la prière. Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités quoffre la vie.
224. La sobriété et lhumilité nont pas bénéficié dun regard positif au cours du siècle dernier. Mais quand lexercice dune vertu saffaiblit dune manière généralisée dans la vie personnelle et sociale, cela finit par provoquer des déséquilibres multiples, y compris des déséquilibres environnementaux. Cest pourquoi, il ne suffit plus de parler seulement de lintégrité des écosystèmes. Il faut oser parler de lintégrité de la vie humaine, de la nécessité dencourager et de conjuguer toutes les grandes valeurs. La disparition de lhumilité chez un être humain, enthousiasmé malheureusement par la possibilité de tout dominer sans aucune limite, ne peut que finir par porter préjudice à la société et à lenvironnement. Il nest pas facile de développer cette saine humilité ni une sobriété heureuse si nous nous rendons autonomes, si nous excluons Dieu de notre vie et que notre moi prend sa place, si nous croyons que cest notre propre subjectivité qui détermine ce qui est bien ou ce qui est mauvais.
225. Par ailleurs, aucune personne ne peut mûrir dans une sobriété heureuse, sans être en paix avec elle-même. La juste compréhension de la spiritualité consiste en partie à amplifier ce que nous entendons par paix, qui est beaucoup plus que labsence de guerre. La paix intérieure des personnes tient, dans une large mesure, de la préservation de lécologie et du bien commun, parce que, authentiquement vécue, elle se révèle dans un style de vie équilibré joint à une capacité dadmiration qui mène à la profondeur de la vie. La nature est pleine de mots damour, mais comment pourronsnous les écouter au milieu du bruit constant, de la distraction permanente et anxieuse, ou du culte de lapparence ? Beaucoup de personnes font lexpérience dun profond déséquilibre qui les pousse à faire les choses à toute vitesse pour se sentir occupées, dans une hâte constante qui, à son tour, les amène à renverser tout ce quil y a autour deux. Cela a un impact sur la manière dont on traite lenvironnement. Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à retrouver lharmonie sereine avec la création, à réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure, dont la présence « ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn155" \o "" [155]
226. Nous parlons dune attitude du cur, qui vit tout avec une attention sereine, qui sait être pleinement présent à quelquun sans penser à ce qui vient après, qui se livre à tout moment comme un don divin qui doit être pleinement vécu. Jésus nous enseignait cette attitude quand il nous invitait à regarder les lys des champs et les oiseaux du ciel, ou quand en présence dun homme inquiet « il fixa sur lui son regard et laima » (Mc 10, 21). Il était pleinement présent à chaque être humain et à chaque créature, et il nous a ainsi montré un chemin pour surmonter lanxiété maladive qui nous rend superficiels, agressifs et consommateurs effrénés.
227. Sarrêter pour rendre grâce à Dieu avant et après les repas est une expression de cette attitude. Je propose aux croyants de renouer avec cette belle habitude et de la vivre en profondeur. Ce moment de la bénédiction, bien quil soit très bref, nous rappelle notre dépendance de Dieu pour la vie, il fortifie notre sentiment de gratitude pour les dons de la création, reconnaît ceux qui par leur travail fournissent ces biens, et renforce la solidarité avec ceux qui sont le plus dans le besoin.
V. AMOUR CIVIL ET POLITIQUE
228. La préservation de la nature fait partie dun style de vie qui implique une capacité de cohabitation et de communion. Jésus nous a rappelé que nous avons Dieu comme Père commun, ce qui fait de nous des frères. Lamour fraternel ne peut être que gratuit, il ne peut jamais être une rétribution pour ce quun autre réalise ni une avance pour ce que nous espérons quil fera. Cest pourquoi, il est possible daimer les ennemis. Cette même gratuité nous amène à aimer et à accepter le vent, le soleil ou les nuages, bien quils ne se soumettent pas à notre contrôle. Voilà pourquoi nous pouvons parler dune fraternité universelle.
229. Il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde, que cela vaut la peine dêtre bons et honnêtes. Depuis trop longtemps déjà, nous sommes dans la dégradation morale, en nous moquant de léthique, de la bonté, de la foi, de lhonnêteté. Lheure est arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi. Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque lémergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le développement dune vraie culture de protection de lenvironnement.
230. Lexemple de sainte Thérèse de Lisieux nous invite à pratiquer la petite voie de lamour, à ne pas perdre loccasion dun mot aimable, dun sourire, de nimporte quel petit geste qui sème paix et amitié. Une écologie intégrale est aussi faite de simples gestes quotidiens par lesquels nous rompons la logique de la violence, de lexploitation, de légoïsme. En attendant, le monde de la consommation exacerbée est en même temps le monde du mauvais traitement de la vie sous toutes ses formes.
231. Lamour, fait de petits gestes dattention mutuelle, est aussi civil et politique, et il se manifeste dans toutes les actions qui essaient de construire un monde meilleur. Lamour de la société et lengagement pour le bien commun sont une forme excellente de charité qui, non seulement concerne les relations entre les individus mais aussi les « macro-relations: rapports sociaux, économiques, politiques». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn156" \o "" [156] Cest pourquoi, lÉglise a proposé au monde lidéal dune « civilisation de lamour ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn157" \o "" [157] Lamour social est la clef dun développement authentique : « Pour rendre la société plus humaine, plus digne de la personne, il faut revaloriser lamour dans la vie sociale au niveau politique, économique, culturel , en en faisant la norme constante et suprême de laction ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn158" \o "" [158] Dans ce cadre, joint à limportance des petits gestes quotidiens, lamour social nous pousse à penser aux grandes stratégies à même darrêter efficacement la dégradation de lenvironnement et dencourager une culture de protection qui imprègne toute la société. Celui qui reconnaît lappel de Dieu à agir de concert avec les autres dans ces dynamiques sociales doit se rappeler que cela fait partie de sa spiritualité, que cest un exercice de la charité, et que, de cette façon, il mûrit et il se sanctifie.
232. Tout le monde nest pas appelé à travailler directement en politique ; mais au sein de la société germe une variété innombrable dassociations qui interviennent en faveur du bien commun en préservant lenvironnement naturel et urbain. Par exemple, elles soccupent dun lieu public (un édifice, une fontaine, un monument abandonné, un paysage, une place) pour protéger, pour assainir, pour améliorer ou pour embellir quelque chose qui appartient à tous. Autour delles, se développent ou se reforment des liens, et un nouveau tissu social local surgit. Une communauté se libère ainsi de lindifférence consumériste. Cela implique la culture dune identité commune, dune histoire qui se conserve et se transmet. De cette façon, le monde et la qualité de vie des plus pauvres sont préservés, grâce à un sens solidaire qui est en même temps la conscience dhabiter une maison commune que Dieu nous a prêtée. Ces actions communautaires, quand elles expriment un amour qui se livre, peuvent devenir des expériences spirituelles intenses.
VI. LES SIGNES SACRAMENTAUX ET LE REPOS POUR CÉLÉBRER
233. Lunivers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier. Il y a donc une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée, dans le visage du pauvre. Lidéal nest pas seulement de passer de lextérieur à lintérieur pour découvrir laction de Dieu dans lâme, mais aussi darriver à le trouver en toute chose HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn159" \o "" [159], comme lenseignait saint Bonaventure : « La contemplation est dautant plus éminente que lhomme sent en lui-même leffet de la grâce divine et quil sait trouver Dieu dans les créatures extérieures ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn160" \o "" [160]
234. Saint Jean de la Croix enseignait que ce quil y a de bon dans les choses et dans les expériences du monde « se rencontre[nt] en Dieu éminemment et à linfini, ou pour mieux dire, chacune de ces excellences est Dieu même, comme toutes ces excellences réunies sont Dieu même » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn161" \o "" [161]. Non parce que les choses limitées du monde seraient réellement divines, mais parce que le mystique fait lexpérience de la connexion intime qui existe entre Dieu et tous les êtres, et ainsi « il sent que Dieu est toutes les choses » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn162" \o "" [162]. Sil admire la grandeur dune montagne, il ne peut pas la séparer de Dieu, et il perçoit que cette admiration intérieure quil vit doit reposer dans le Seigneur : « Les montagnes sont élevées ; elles sont fertiles, spacieuses, belles, gracieuses, fleuries et embaumées. Mon Bien-Aimé est pour moi ces montagnes. Les vallons solitaires sont paisibles, agréables, frais et ombragés. Leau pure y coule en abondance. Ils charment et recréent les sens par leur végétation variée et par les chants mélodieux des oiseaux qui les habitent. Ils procurent la fraîcheur et le repos par la solitude et le silence qui y règnent. Mon Bien-Aimé est pour moi ces valons ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn163" \o "" [163]
235. Les Sacrements sont un mode privilégié de la manière dont la nature est assumée par Dieu et devient médiation de la vie surnaturelle. À travers le culte, nous sommes invités à embrasser le monde à un niveau différent. Leau, lhuile, le feu et les couleurs sont assumés avec toute leur force symbolique et sincorporent à la louange. La main qui bénit est instrument de lamour de Dieu et reflet de la proximité de Jésus-Christ qui est venu nous accompagner sur le chemin de la vie. Leau qui se répand sur le corps de lenfant baptisé est signe de vie nouvelle. Nous ne nous évadons pas du monde, et nous ne nions pas la nature quand nous voulons rencontrer Dieu. Cela peut se percevoir particulièrement dans la spiritualité chrétienne orientale : « La beauté, qui est lun des termes privilégiés en Orient pour exprimer la divine harmonie et le modèle de lhumanité transfigurée, se révèle partout : dans les formes du sanctuaire, dans les sons, dans les couleurs, dans les lumières, dans les parfums». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn164" \o "" [164] Selon lexpérience chrétienne, toutes les créatures de lunivers matériel trouvent leur vrai sens dans le Verbe incarné, parce que le Fils de Dieu a intégré dans sa personne une partie de lunivers matériel, où il a introduit un germe de transformation définitive : « Le christianisme ne refuse pas la matière, la corporéité, qui est au contraire pleinement valorisée dans lacte liturgique, dans lequel le corps humain montre sa nature intime de temple de lEsprit et parvient à sunir au Seigneur Jésus, lui aussi fait corps pour le salut du monde ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn165" \o "" [165]
236. Dans lEucharistie, la création trouve sa plus grande élévation. La grâce, qui tend à se manifester dune manière sensible, atteint une expression extraordinaire quand Dieu fait homme, se fait nourriture pour sa créature. Le Seigneur, au sommet du mystère de lIncarnation, a voulu rejoindre notre intimité à travers un fragment de matière. Non den haut, mais de lintérieur, pour que nous puissions le rencontrer dans notre propre monde. Dans lEucharistie la plénitude est déjà réalisée ; cest le centre vital de lunivers, le foyer débordant damour et de vie inépuisables. Uni au Fils incarné, présent dans lEucharistie, tout le cosmos rend grâce à Dieu. En effet, lEucharistie est en soi un acte damour cosmique : « Oui, cosmique! Car, même lorsquelle est célébrée sur un petit autel dune église de campagne, lEucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur lautel du monde ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn166" \o "" [166] LEucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la création. Le monde qui est issu des mains de Dieu, retourne à lui dans une joyeuse et pleine adoration : dans le Pain eucharistique, « la création est tendue vers la divinisation, vers les saintes noces, vers lunification avec le Créateur lui-même ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn167" \o "" [167] Cest pourquoi, lEucharistie est aussi source de lumière et de motivation pour nos préoccupations concernant lenvironnement, et elle nous invite à être gardiens de toute la création.
237. Le dimanche, la participation à lEucharistie a une importance spéciale. Ce jour, comme le sabbat juif, est offert comme le jour de la purification des relations de lêtre humain avec Dieu, avec lui-même, avec les autres et avec le monde. Le dimanche est le jour de la résurrection, le premier jour de la nouvelle création, dont les prémices sont lhumanité ressuscitée du Seigneur, gage de la transfiguration finale de toute la réalité créée. En outre, ce jour annonce « le repos éternel de lhomme en Dieu » HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn168" \o "" [168]. De cette façon, la spiritualité chrétienne intègre la valeur du loisir et de la fête. Lêtre humain tend à réduire le repos contemplatif au domaine de limproductif ou de linutile, en oubliant quainsi il retire à luvre quil réalise le plus important : son sens. Nous sommes appelés à inclure dans notre agir une dimension réceptive et gratuite, qui est différente dune simple inactivité. Il sagit dune autre manière dagir qui fait partie de notre essence. Ainsi, laction humaine est préservée non seulement de lactivisme vide, mais aussi de la passion vorace et de lisolement de la conscience qui amène à poursuivre uniquement le bénéfice personnel. La loi du repos hebdomadaire imposait de chômer le septième jour « afin que se reposent ton buf et ton âne et que reprennent souffle le fils de ta servante ainsi que létranger » (Ex 23, 12). En effet, le repos est un élargissement du regard qui permet de reconnaître à nouveau les droits des autres. Ainsi, le jour du repos, dont lEucharistie est le centre, répand sa lumière sur la semaine tout entière et il nous pousse à intérioriser la protection de la nature et des pauvres.
VII. LA TRINITÉ ET LA RELATION ENTRE LES CRÉATURES
238. Le Père est lultime source de tout, fondement aimant et communicatif de tout ce qui existe. Le Fils, qui le reflète, et par qui tout a été créé, sest uni à cette terre quand il a été formé dans le sein de Marie. LEsprit, lien infini damour, est intimement présent au cur de lunivers en lanimant et en suscitant de nouveaux chemins. Le monde a été créé par les trois Personnes comme un unique principe divin, mais chacune delles réalise cette uvre commune selon ses propriétés personnelles. Cest pourquoi « lorsque [...] nous contemplons avec admiration lunivers dans sa grandeur et sa beauté, nous devons louer la Trinité tout entière ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn169" \o "" [169]
239. Pour les chrétiens, croire en un Dieu qui est un et communion trinitaire, incite à penser que toute la réalité contient en son sein une marque proprement trinitaire. Saint Bonaventure en est arrivé à affirmer que, avant le péché, lêtre humain pouvait découvrir comment chaque créature « atteste que Dieu est trine ». Le reflet de la Trinité pouvait se reconnaître dans la nature « quand ce livre nétait pas obscur pour lhomme et que le regard de lhomme navait pas été troublé ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn170" \o "" [170] Le saint franciscain nous enseigne que toute créature porte en soi une structure proprement trinitaire, si réelle quelle pourrait être spontanément contemplée si le regard de lêtre humain nétait pas limité, obscur et fragile. Il nous indique ainsi le défi dessayer de lire la réalité avec une clé trinitaire.
240. Les Personnes divines sont des relations subsistantes, et le monde, créé selon le modèle divin, est un tissu de relations. Les créatures tendent vers Dieu, et cest le propre de tout être vivant de tendre à son tour vers autre chose, de telle manière quau sein de lunivers nous pouvons trouver dinnombrables relations constantes qui sentrelacent secrètement HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn171" \o "" [171]. Cela nous invite non seulement à admirer les connexions multiples qui existent entre les créatures, mais encore à découvrir une clé de notre propre épanouissement. En effet, plus la personne humaine grandit, plus elle mûrit et plus elle se sanctifie à mesure quelle entre en relation, quand elle sort delle-même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures. Elle assume ainsi dans sa propre existence ce dynamisme trinitaire que Dieu a imprimé en elle depuis sa création. Tout est lié, et cela nous invite à mûrir une spiritualité de la solidarité globale qui jaillit du mystère de la Trinité.
VIII. LA REINE DE TOUTE LA CRÉATION
241. Marie, la Mère qui a pris soin de Jésus, prend soin désormais de ce monde blessé, avec affection et douleur maternelles. Comme, le cur transpercé, elle a pleuré la mort de Jésus, maintenant elle compatit à la souffrance des pauvres crucifiés et des créatures de ce monde saccagées par le pouvoir humain. Totalement transfigurée, elle vit avec Jésus, et toutes les créatures chantent sa beauté. Elle est la Femme « enveloppée de soleil, la lune est sous ses pieds, et douze étoiles couronnent sa tête » (Ap 12, 1). Élevée au ciel, elle est Mère et Reine de toute la création. Dans son corps glorifié, avec le Christ ressuscité, une partie de la création a atteint toute la plénitude de sa propre beauté. Non seulement elle garde dans son cur toute la vie de Jésus quelle conservait fidèlement (cf. Lc 2, 51.51), mais elle comprend aussi maintenant le sens de toutes choses. Cest pourquoi, nous pouvons lui demander de nous aider à regarder ce monde avec des yeux plus avisés.
242. A côté delle, dans la Sainte Famille de Nazareth, se détache la figure de saint Joseph. Il a pris soin de Marie et de Jésus ; il les a défendus par son travail et par sa généreuse présence, et il les a libérés de la violence des injustes en les conduisant en Égypte. Dans lÉvangile, il apparaît comme un homme juste, travailleur, fort. Mais de sa figure, émane aussi une grande tendresse, qui nest pas le propre des faibles, mais le propre de ceux qui sont vraiment forts, attentifs à la réalité pour aimer et pour servir humblement. Voilà pourquoi il a été déclaré protecteur de lÉglise universelle. Il peut aussi nous enseigner à protéger, il peut nous motiver à travailler avec générosité et tendresse pour prendre soin de ce monde que Dieu nous a confié.
IX. AU-DELÀ DU SOLEIL
243. A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu (cf. 1 Co 13, 12) et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de lunivers qui participera avec nous à la plénitude sans fin. Oui, nous voyageons vers le sabbat de léternité, vers la nouvelle Jérusalem, vers la maison commune du ciel. Jésus nous dit : « Voici, je fais lunivers nouveau » (Ap 21, 5). La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée dune manière lumineuse, occupera sa place et aura quelque chose à apporter aux pauvres définitivement libérés.
244. Entre-temps, nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a été confiée, en sachant que tout ce qui est bon en elle sera assumé dans la fête céleste. Ensemble, avec toutes les créatures, nous marchons sur cette terre en cherchant Dieu, parce que « si le monde a un principe et a été créé, il cherche celui qui la créé, il cherche celui qui lui a donné un commencement, celui qui est son Créateur ». HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftn172" \o "" [172] Marchons en chantant ! Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de lespérance.
245. Dieu qui nous appelle à un engagement généreux, et à tout donner, nous offre les forces ainsi que la lumière dont nous avons besoin pour aller de lavant. Au cur de ce monde, le Seigneur de la vie qui nous aime tant, continue dêtre présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce quil sest définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux chemins. Loué soit-il.
* * *
246. Après cette longue réflexion, à la fois joyeuse et dramatique, je propose deux prières : lune que nous pourrons partager, nous tous qui croyons en un Dieu Créateur Tout-Puissant ; et lautre pour que nous, chrétiens, nous sachions assumer les engagements que nous propose lÉvangile de Jésus, en faveur de la création.
Prière pour notre terre
Dieu Tout-Puissant qui es présent dans tout luniverset dans la plus petite de tes créatures,Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,répands sur nous la force de ton amour pour quenous protégions la vie et la beauté.Inonde-nous de paix, pour que nous vivionscomme frères et surssans causer de dommages à personne.Ô Dieu des pauvres,aide-nous à secourir les abandonnéset les oubliés de cette terrequi valent tant à tes yeux.Guéris nos vies,pour que nous soyons des protecteurs du mondeet non des prédateurs,pour que nous semions la beautéet non la pollution ni la destruction.Touche les cursde ceux qui cherchent seulement des profitsaux dépens de la terre et des pauvres.Apprends-nous à découvrirla valeur de chaque chose,à contempler, émerveillés,à reconnaître que nous sommes profondément unisà toutes les créaturessur notre chemin vers ta lumière infinie.Merci parce que tu es avec nous tous les jours.Soutiens-nous, nous ten prions,dans notre lutte pour la justice, lamour et la paix.
Prière chrétienne avec la création
Nous te louons, Père, avec toutes tes créatures, qui sont sorties de ta main puissante.Elles sont tiennes, et sont remplies de ta présencecomme de ta tendresse.Loué sois-tu.
Fils de Dieu, Jésus,toutes choses ont été créées par toi.Tu tes formé dans le sein maternel de Marie,tu as fait partie de cette terre,et tu as regardé ce monde avec des yeux humains.Aujourdhui tu es vivant en chaque créatureavec ta gloire de ressuscité.Loué sois-tu.
Esprit-Saint, qui par ta lumièreorientes ce monde vers lamour du Pèreet accompagnes le gémissement de la création,tu vis aussi dans nos curspour nous inciter au bien.Loué sois-tu.
Ô Dieu, Un et Trine,communauté sublime damour infini,apprends-nous à te contemplerdans la beauté de lunivers,où tout nous parle de toi.Éveille notre louange et notre gratitudepour chaque être que tu as créé.Donne-nous la grâcede nous sentir intimement unis à tout ce qui existe.Dieu damour, montre-nousnotre place dans ce mondecomme instruments de ton affectionpour tous les êtres de cette terre,parce quaucun nest oublié de toi.Illumine les détenteurs du pouvoir et de largentpour quils se gardent du péché de lindifférence,aiment le bien commun, promeuvent les faibles,et prennent soin de ce monde que nous habitons.Les pauvres et la terre implorent :Seigneur, saisis-nouspar ta puissance et ta lumièrepour protéger toute vie,pour préparer un avenir meilleur,pour que vienneton Règne de justice, de paix, damour et de beauté.Loué sois-tu.Amen.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 24 mai 2015, solennité de Pentecôte, en la troisième année de mon Pontificat.
Franciscus
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref1" \o "" [1] François dAssise, Cantique des créatures. SC 285, p. 343-345.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref2" \o "" [2] Lett. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/apost_letters/documents/hf_p-vi_apl_19710514_octogesima-adveniens.html" Octogesima adveniens (14 mai 1971), n. 21 : AAS 63 (1971), 416-417.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref3" \o "" [3] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/speeches/1970/documents/hf_p-vi_spe_19701116_xxv-istituzione-fao.html" Discours à loccasion du 25ème anniversaire de la FAO (16 novembre 1970), n. 4 : AAS 62 (1970), 833.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref4" \o "" [4] Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_04031979_redemptor-hominis.html" Redemptor hominis (4 mars 1979), n. 15 : AAS 71 (1979), 287.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref5" \o "" [5] Cf. HYPERLINK "https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2001/documents/hf_jp-ii_aud_20010117.html" Catéchèse (17 janvier 2001), n. 4 : Insegnamenti 24/1 (2001), 179 ; L´Osservatore Romano, éd. française (par la suite ORf) (23 janvier 2001), n. 4, p. 12.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref6" \o "" [6] Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html" Centesimus annus (1er mai 1991), n. 38 : AAS 83 (1991), 841.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref7" \o "" [7] Ibid., n. 58 : p. 863.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref8" \o "" [8] Jean-Paul II, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_30121987_sollicitudo-rei-socialis.html" Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), n. 34 : AAS 80 (1988), 559.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref9" \o "" [9] Cf. Id., Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html" Centesimus annus (1er mai 1991), n. 37 : AAS 83 (1991), 840.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref10" \o "" [10] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2007/january/documents/hf_ben-xvi_spe_20070108_diplomatic-corps.html" Discours au Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, (8 janvier 2007) : AAS 99 (2007), n. 73.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref11" \o "" [11] Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" \l "51." Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 51 : AAS 101 (2009), 687.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref12" \o "" [12] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2011/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20110922_reichstag-berlin.html" Discours au Deutscher Bundestag HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2011/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20110922_reichstag-berlin.html" , Berlin (22 septembre 2011) : AAS 103 (2011), 664.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref13" \o "" [13] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2008/august/documents/hf_ben-xvi_spe_20080806_clero-bressanone.html" Discours au clergé du Diocèse de Bolzano-Bressanone HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2008/august/documents/hf_ben-xvi_spe_20080806_clero-bressanone.html" (6 août 2008) : AAS 100 (2008), 634.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref14" \o "" [14] Message pour la Journée de prière pour la sauvegarde de la création (1er septembre 2012).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref15" \o "" [15] Discours à Santa Barbara, California (8 novembre 1997) ; cf. John Chryssavgis, On Earth as in Heaven: Ecological Vision and Iniciatives of Ecumenical Patriarch Bartholomew, Bronx, New York
2012.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref16" \o "" [16] Ibid.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref17" \o "" [17] Conférence au Monastère dUtstein, Norvège (23 juin 2003).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref18" \o "" [18] Discours au I er Sommet de Halki : «Global Responsibility and Ecological Sustainability: Closing Remarks», Istanbul (20 juin 2012).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref19" \o "" [19] Thomas de Celano, Vita prima de saint François, XXIX, 81 : FF 460.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref20" \o "" [20] Legenda Maior, VIII, 6 : FF 1145.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref21" \o "" [21] Cf. Thomas de Celano, Vita Secunda de saint François, CXXIV, 165 : FF 750.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref22" \o "" [22] Conférence des évêques catholiques d'Afrique du Sud, Pastoral Statement on the Environmental Crisis (5 septembre 1999).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref23" \o "" [23] Cf. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/november/documents/papa-francesco_20141120_visita-fao.html" \l "SALUT_AU_PERSONNEL_DE_LA_FAO" Salut au personnel de la FAO (20 novembre 2014) : AAS 106 (2014), 985.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref24" \o "" [24] Vème Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, Document dAparecida (29 juin 2007), n. 86.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref25" \o "" [25] Conférence des évêques catholiques des Philippines, Lettre pastorale What is Happening to our Beautiful Land? (29 janvier 1988).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref26" \o "" [26] Conférence épiscopale bolivienne, Lettre pastorale sur lenvironnement et le développement humain en Bolivie El universo, don de Dios para la vida (2012), 17.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref27" \o "" [27] Cf. Conférence épiscopale allemande : Commission pour les affaires sociales, Der Klimawandel: Brennpunkt globaler, intergenerationeller und ökologischer Gerechtigkeit (septembre 2006), 28-30.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref28" \o "" [28] Conseil Pontifical «Justice et Paix », HYPERLINK "http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html" Compendium de la Doctrine Sociale de lÉglise, n. 483.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref29" \o "" [29] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2013/documents/papa-francesco_20130605_udienza-generale.html" Catéchèse (5 juin 2013) : Insegnamenti 1/1 (2013), 280 ; ORf (5 juin 2013), n. 23, p. 3.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref30" \o "" [30] Évêques de la région de Patagonie-Comahue (Argentine), Mensaje de Navidad (décembre 2009), 2.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref31" \o "" [31] Conférence des évêques catholiques des États-Unis d'Amérique, Global Climate Change: A Plea for Dialogue, Prudence and the Common Good (15 juin 2001).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref32" \o "" [32] Vème Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, Document dAparecida (29 juin 2007), 471.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref33" \o "" [33] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 56 : AAS 105 (2013), 1043.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref34" \o "" [34] Jean-Paul II, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, n. 12 : AAS 82 (1990), 154.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref35" \o "" [35] Id., HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2001/documents/hf_jp-ii_aud_20010117.html" Catéchèse (17 janvier 2001), 3 : Insegnamenti 24/1 (2001) ; ORf (23 janvier 2001) n. 4, p. 12.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref36" \o "" [36] Jean-Paul II, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, n. 15 : AAS 82 (1990), 156.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref37" \o "" [37] Catéchisme de lÉglise Catholique, n. 357.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref38" \o "" [38] Cf. Angelus à Osnabrück (Allemagne) avec des personnes vivant des situations de handicap (16 novembre 1980) : Insegnamenti 3/2 (1980), 1232 ; ORf (18 novembre 1980), n. 47, p. 3.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref39" \o "" [39] Benoît XVI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20050424_inizio-pontificato.html" Homélie de la messe inaugurale du ministère pétrinien (24 avril 2005) : AAS 97 (2005), 711.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref40" \o "" [40] Cf. Legenda Maior, VIII, 1 : FF 1134.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref41" \o "" [41] Catéchisme de lÉglise Catholique, n. 2416.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref42" \o "" [42] Conférence épiscopale allemande, Zukunft der Schöpfung Zukunft der Menschheit. Erklärung der Deutschen Bischofskonferen.Z .Zu Fragen der Umwelt und der Energieversorgung (1980), II, 2.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref43" \o "" [43] Catéchisme de lÉglise Catholique, n. 339.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref44" \o "" [44] Hom. in Hexaemeron, 1, 2, 10 : PG 29, 9.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref45" \o "" [45] La Divine Comédie. Paradis, Chant XXXIII, 145.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref46" \o "" [46] Benoît XVI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2005/documents/hf_ben-xvi_aud_20051109.html" Catéchèse (9 novembre 2005) : Insegnamenti 1 (2005) , 768.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref47" \o "" [47] Id., Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" \l "51." Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 51 : AAS 101 (2009), 687.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref48" \o "" [48] Jean-Paul II, Catéchèse (24 avril 1991), 6 : Insegnamenti 14/1 (1991), 856.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref49" \o "" [49] Le Catéchisme explique que Dieu a voulu créer un monde en route vers sa perfection ultime, et que ceci implique la présence de limperfection et du mal physique : cf. Catéchisme de lEglise Catholique, n. 310.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref50" \o "" [50] Cf. Conc. cum. Vat. II, Const. past. HYPERLINK "http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651207_gaudium-et-spes_fr.html" Gaudium et spes, sur lÉglise dans le monde de ce temps, n. 36.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref51" \o "" [51] Thomas dAquin, Somme théologique I, q. 104, art. 1, ad 4.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref52" \o "" [52] Id., In octo libros Physicorum Aristotelis expositio, lib II, lectio 14.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref53" \o "" [53] Lapport de P. Teilhard de Chardin se situe dans cette perspective ; cf. Paul VI, Discours dans un établissement de chimie pharmaceutique (24 février 1966) : Insegnamenti 4 (1966), 992-993 ; Jean-Paul II, Lettre au Révérend P. George V. Coyne (1er juin 1988) : Insegnamenti 11/2 (1988), 1715 ; Benoît XVI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20090724_vespri-aosta.html" Homélie pour la célébration des Vêpres à Aoste (24 juillet 2009) : Insegnamenti 5/2 (2009), 60.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref54" \o "" [54] Jean-Paul II, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2002/documents/hf_jp-ii_aud_20020130.html" Catéchèse (30 janvier 2002), n. 6 : Insegnamenti 25/1 (2002), 140.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref55" \o "" [55] Conférence des évêques catholiques du Canada : Commission des affaires sociales, Lettre pastorale sur lImpératif écologique chrétien (4 octobre 2003), 1.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref56" \o "" [56] Conférence des évêques du Japon, Reverence for Life. A Message for the Twenty-First Century (janvier 2001), n. 89.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref57" \o "" [57] Jean-Paul II, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2000/documents/hf_jp-ii_aud_20000126.html" Catéchèse (26 janvier 2000), n. 5 : Insegnamenti 23/1 (2000), 123.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref58" \o "" [58] Id., HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2000/documents/hf_jp-ii_aud_20000802.html" Catéchèse (2 août 2000), n. 3 : Insegnamenti 23/2 (2000), 112.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref59" \o "" [59] Paul Ricur, Philosophie de la volonté : Finitude et culpabilité, Paris 2009, p. 216.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref60" \o "" [60] Somme Théologique I, q. 47, art. 1.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref61" \o "" [61] Ibid.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref62" \o "" [62] Cf. Ibid., art. 2, ad. 1 ; art 3.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref63" \o "" [63] Catéchisme de lÉglise Catholique, n. 340.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref64" \o "" [64] Cantique des créatures, SC 285, p. 343.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref65" \o "" [65] Cf. Conférence nationale des évêques du Brésil, A Igreja e a questáo ecológica, 1992, 53-54.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref66" \o "" [66] Ibid., 61.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref67" \o "" [67] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "Avoir_soin_de_la_fragilit%C3%A9" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 215 : AAS 105 (2013), 1109.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref68" \o "" [68] Cf. Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" \l "14." Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 14 : AAS 101 (2009), 650.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref69" \o "" [69] Catéchisme de lÉglise Catholique, n. 2418.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref70" \o "" [70] Conférence de lÉpiscopat de la République Dominicaine, Carta pastoral sobre la relación del hombre con la naturaleza, (21 janvier 1987).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref71" \o "" [71] Jean-Paul II, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_14091981_laborem-exercens.html" Laborem exercens (14 septembre 1981), n. 19 : AAS 73 (1981), 626.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref72" \o "" [72] Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html" Centesimus annus (1er mai 1991), n. 31 : AAS 83 (1991), 831.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref73" \o "" [73] Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_30121987_sollicitudo-rei-socialis.html" Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), n. 33 : AAS 80 (1988), 557.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref74" \o "" [74] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/1979/january/documents/hf_jp-ii_spe_19790129_messico-cuilapan-indios.html" Discours aux indigènes et paysans du Mexique, Cuilapán (29 janvier 1979), n. 6 : AAS 71 (1979), 209.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref75" \o "" [75] Homélie de la messe pour les agriculteurs à Recife, Brésil (7 juillet 1980), n. 4 : AAS 72 (1980), 926.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref76" \o "" [76] Cf. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, n. 8 : AAS 82 (1990), 152.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref77" \o "" [77] Conférence épiscopale paraguayenne, Lettre pastorale El campesino paraguayo y la tierra (12 juin 1983), n. 2, 4, d.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref78" \o "" [78] Conférence épiscopale de Nouvelle Zélande, Statement on Environmental Issues, Wellington (1er septembre 2006).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref79" \o "" [79] Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_14091981_laborem-exercens.html" Laborem exercens (14 sep. 1981), n. 27 : AAS 73 (1981), 645.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref80" \o "" [80] Pour cette raison saint Justin a pu parlé de « semences du Verbe » dans le monde : cf. II Apologia 8, 1-2 ; 13, 3-6 : PG 6, 457-458 ; 467.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref81" \o "" [81] Jean-Paul II, Discours aux représentants des hommes de la science, de la culture et des hautes études à lUniversité des Nations-Unies, Hiroshima (25 février 1981), n. 3 : AAS 73 (1981), 422.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref82" \o "" [82] Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" \l "69." Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 69 : AAS 101 (2009), 702.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref83" \o "" [83] Romano Guardini, Das Ende der Neuzeit, Würzburg 91965, p. 87 (édition française : La fin des temps modernes, Paris 1952, p. 92, par la suite éd. fr.).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref84" \o "" [84] Ibid., (éd. fr. : p. 92).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref85" \o "" [85] Ibid., p. 87-88 (éd. fr. : p. 93).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref86" \o "" [86] Conseil Pontifical « Justice et Paix », HYPERLINK "http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html" Compendium de la Doctrine sociale de lÉglise, n. 462.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref87" \o "" [87] Romano Guardini, Das Ende der Neuzeit, p. 63-64 (éd. fr. : La fin des temps modernes, p. 68).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref88" \o "" [88] Ibid., (éd. fr. : p. 68).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref89" \o "" [89] Cf. Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" \l "35." Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 35 : AAS 101 (2009), 671.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref90" \o "" [90] Ibid., n. 22 : p. 657.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref91" \o "" [91] Exhort. apost. Evangelii gauúum (24 novembre 2013), n. 231 : AAS 105 (2013), 1114.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref92" \o "" [92] Romano Guardini, Das Ende der Neuzeit, p. 63 (éd. fr. : La fin des temps modernes, p. 68).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref93" \o "" [93] Jean-Paul II, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html" Centesimus annus (1er mai 1991), n. 38 : AAS 83 (1991), 841.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref94" \o "" [94] Cf. Déclaration Love for creation. An Asian Response to the Ecological Crisis, Colloque organisé par la Fédération des Conférences Épiscopales dAsie, Tagaytay (31 janvier 5 février 1993), 3.3.2.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref95" \o "" [95] Jean-Paul II, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html" Centesimus annus (1er mai 1991), n. 37 : AAS 83 (1991), 840.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref96" \o "" [96] Benoît XVI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/messages/peace/documents/hf_ben-xvi_mes_20091208_xliii-world-day-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2010, n. 2 : AAS 102 (2010), 41.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref97" \o "" [97] Id., Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" \l "28." Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 28 : AAS 101 (2009), 663.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref98" \o "" [98] Cf. Vincent de Lerins, Commonitorium primumm, chap. 23 : PL 50, 668 : « Ut annis scilicet consolidetur, dilatetur tempore, sublimetur aetate ».
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref99" \o "" [99] N. 80 : AAS 105 (2013), 1053.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref100" \o "" [100] Conc. cuménique Vat. II, Const. past. HYPERLINK "http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651207_gaudium-et-spes_fr.html" Gaudium et spes, sur lÉglise dans le monde de ce temps, n. 63.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref101" \o "" [101] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html" Centesimus annus (1er mai 1991), n. 37 : AAS 83 (1991), 840.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref102" \o "" [102] Paul VI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/encyclicals/documents/hf_p-vi_enc_26031967_populorum.html" Populorum progressio (26 mars 1967), n. 34 : AAS 59 (1967), 274.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref103" \o "" [103] Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" \l "32." Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 32 : AAS 101 (2009), 666.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref104" \o "" [104] Ibid.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref105" \o "" [105] Ibid.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref106" \o "" [106] Catéchisme de lÉglise Catholique, n. 2417.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref107" \o "" [107] Ibid., n. 2418.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref108" \o "" [108] Ibid., n. 2415.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref109" \o "" [109] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, n. 6 : AAS 82 (1990), 150.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref110" \o "" [110] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/1981/october/documents/hf_jp-ii_spe_19811003_accademia-scienze.html" Discours à lAcadémie Pontificale des Sciences (3 octobre 1981), n. 3 : Insegnamenti 4/2 (1981), 333.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref111" \o "" [111] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, n. 7 : AAS 82 (1990), 151.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref112" \o "" [112] Jean-Paul II, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/1983/october/documents/hf_jp-ii_spe_19831029_ass-medica-mondiale.html" Discours à la 35ème Assemblée Générale de lAssociation Médicale Mondiale (29 octobre 1983), n. 6 : AAS 76 (1984), 394.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref113" \o "" [113] Conférence épiscopale dArgentine : Commission de Pastorale sociale, Una tierra para todos (juin 2005), 19.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref114" \o "" [114] Déclaration de Rio sur lenvironnement et le développement (14 juin 1992), Principe 4.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref115" \o "" [115] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "Le_tout_est_sup%C3%A9rieur_%C3%A0_la_partie" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 237 : AAS 105 (2013), 1116.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref116" \o "" [116] Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 51 : AAS 101 (2009), 687.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref117" \o "" [117] Certains auteurs ont montré les valeurs qui souvent se vivent, par exemple dans les villas, bidonvilles ou favelas de lAmérique Latine : cf. Juan Carlos Scannone, La irrupción del pobre y la logica de la gratuidad, dans : Juan Carlos Scannone y Marcelo Perine (edd.), Irrupción del pobre y quehacer filosófico. Hacia una nueva racionalidad, Buenos Aires 1993, p. 225-230.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref118" \o "" [118] Conseil Pontifical « Justice et Paix », HYPERLINK "http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html" Compendium de la Doctrine Sociale de lEglise, n. 482.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref119" \o "" [119] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "Avoir_soin_de_la_fragilit%C3%A9" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 210 : AAS 105 (2013), 1107.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref120" \o "" [120] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2011/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20110922_reichstag-berlin.html" Discours au Deutscher Bundestag, Berlin (22 septembre 2011) : AAS 103 (2011), 668.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref121" \o "" [121] Catéchèse (15 avril 2015) : ORf (16 avril 2015), n. 16, p. 2.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref122" \o "" [122] Conc. cum. Vat. II, Const. past. Gaudium et Spes, sur lÉglise dans le monde de ce temps, n. 26.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref123" \o "" [123] Cf. n. 186-201 : AAS 105 (2013), 1098-1105.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref124" \o "" [124] Conférence épiscopale portugaise, Lettre pastorale Responsabilidade solidária pelo bem comum (15 septembre 2003), 20.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref125" \o "" [125] Benoît XVI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/messages/peace/documents/hf_ben-xvi_mes_20091208_xliii-world-day-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2010, n. 8 : AAS 102 (2010), 45.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref126" \o "" [126] Déclaration de Rio sur lenvironnement et le développement (14 juin 1992), Principe 1.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref127" \o "" [127] Conférence des évêques de Bolivie, Lettre pastorale sur lenvironnement et le développement humain en Bolivie El universo, don de Dios para la vida (2012), 86.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref128" \o "" [128] Conseil Pontifical « Justice et Paix », Energia, justicia y paz, n. IV, 1, Cité du Vatican (2013), p. 57.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref129" \o "" [129] Benoît XVI, Lett. Enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 67 : AAS 101 (2009), 700.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref130" \o "" [130] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "Le_temps_est_sup%C3%A9rieur_%C3%A0_l%E2%80%99espace" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 222 : AAS 105 (2013), 1111.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref131" \o "" [131] Conseil pontifical « Justice et Paix », HYPERLINK "http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html" Compendium de la Doctrine Sociale de lEglise, n. 469.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref132" \o "" [132] Déclaration de Rio sur lenvironnement et le âveloppement (14 juin 1992), Principe 15.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref133" \o "" [133] Cf. Conférence de l'Épiscopat mexicain : Coommission de la Pastorale sociale, Jesucristo, vida y esperanza de los indígenas y campesinos (14 janvier 2008).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref134" \o "" [134] CConseil pontifical « Justice et Paix », HYPERLINK "http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html" Compendium de la Doctrine Sociale de lEglise, n. 470.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref135" \o "" [135] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/messages/peace/documents/hf_ben-xvi_mes_20091208_xliii-world-day-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2010, n. 9 : AAS 102 (2010), 46.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref136" \o "" [136] Ibid.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref137" \o "" [137] Ibid., n. 5 : p. 43.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref138" \o "" [138] Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 50 : AAS 101 (2009), 686.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref139" \o "" [139] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "Avoir_soin_de_la_fragilit%C3%A9" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 209 : AAS 105 (2013), 1107.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref140" \o "" [140] Ibid., n. 228 : p. 1113.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref141" \o "" [141] Cf. Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20130629_enciclica-lumen-fidei.html" Lumen fidei (29 juin 2013), n. 34 : AAS 105 (2013), 577 : « La lumière de la foi, dans la mesure où elle est unie à la vérité de lamour, nest pas étrangère au monde matériel, car lamour se vit toujours corps et âme ; la lumière de la foi est une lumière incarnée, qui procède de la vie lumineuse de Jésus. Elle éclaire aussi la matière, se fie à son ordre, reconnaît quen elle souvre un chemin dharmonie et de compréhension toujours plus large. Le regard de la science tire ainsi profit de la foi : cela invite le chercheur à rester ouvert à la réalité, dans toute sa richesse inépuisable. La foi réveille le sens critique dans la mesure où elle empêche la recherche de se complaire dans ses formules et laide à comprendre que la nature est toujours plus grande. En invitant à lémerveillement devant le mystère du créé, la foi élargit les horizons de la raison pour mieux éclairer le monde qui souvre à la recherche scientifique ».
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref142" \o "" [142] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "Le_dialogue_social_dans_un_contexte_de_libert%C3%A9_religieuse" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 256 : AAS 105 (2013), 1123.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref143" \o "" [143] HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "La_r%C3%A9alit%C3%A9_est_plus_importante_que_l%E2%80%99id%C3%A9e" Ibid., n. 231: p. 1114.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref144" \o "" [144] Romano Guardini, Das Ende der Neuzeit, Würzburg 91965, p. 66-67 (éd. fr. : La fin des temps modernes, Paris 1952, p. 71-72).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref145" \o "" [145] Jean-Paul II, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, n. 1 : AAS 82 (1990), 147.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref146" \o "" [146] Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 66 : AAS 101 (2009), 699.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref147" \o "" [147] Id., HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/messages/peace/documents/hf_ben-xvi_mes_20091208_xliii-world-day-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2010, n. 11 : AAS 102 (2010), 48.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref148" \o "" [148] La Charte de la Terre, La Haye (29 juin 2000).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref149" \o "" [149] Jean-Paul II, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html" Centesimus annus (1er mai 1991), n. 39 : AAS 83 (1991), 842.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref150" \o "" [150] Id., HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, n. 14 : AAS 82 (1990), 155.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref151" \o "" [151] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "Chapitre_5_" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 261 : AAS 105 (2013), 1124.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref152" \o "" [152] Benoît XVI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20050424_inizio-pontificato.html" Homélie pour linauguration solennelle du ministère pétrinien (24 avril 2005) : AAS 97 (2005), 710.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref153" \o "" [153] Conférence des évêques catholiques dAustralie, A New Earth The Environmental Challenge, Canberra (2002).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref154" \o "" [154] Romano Guardini, Das Ende der Neuzeit, p. 72 (éd. fr. : p. 77).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref155" \o "" [155] Exhort. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html" \l "D%C3%A9fis_des_cultures_urbaines" Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 71 : AAS 105 (2013), 1050.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref156" \o "" [156] Benoît XVI, Lett. enc. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html" Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 2 : AAS 101 (2009), 642.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref157" \o "" [157] Paul VI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/messages/peace/documents/hf_p-vi_mes_19761208_x-world-day-for-peace.html" Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1977 : AAS 68 (1976), 709.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref158" \o "" [158] Conseil Pontifical « JustiCe et Paix », HYPERLINK "http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html" Compendium de la Doctrine Sociale de lEglise, n. 582.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref159" \o "" [159] Un maître spirituel, Alî al-Khawwâç, à partir de sa propre expérience, soulignait aussi la nécessité de ne pas trop séparer les créatures du monde de lexpérience intérieure de Dieu. Il affirmait : « Il ne faut donc pas blâmer de parti pris les gens de chercher lextase dans la musique et la poésie. Il y a un secret subtil dans chacun des mouvements et des sons de ce monde. Les initiés arrivent à saisir ce que disent le vent qui souffle, les arbres qui se penchent, leau qui coule, les mouches qui bourdonnent, les portes qui grincent, le chant des oiseaux, le pincement des cordes, les sifflement de la flûte, le soupir des malades, le gémissement de laffligé.... », Eva De Vitray-Meyerovitch [éd.], Anthologie du soufisme, Paris 1978, p. 200.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref160" \o "" [160] In II Sent., 23, 2, 3.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref161" \o "" [161] Cantique spirituel, XIV-XV, 5 (uvres complètes, Paris 1990, p. 409-410).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref162" \o "" [162] Ibid.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref163" \o "" [163] Ibid., XIV, 6-7 (p. 410).
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref164" \o "" [164] Jean-Paul II, Lett. apost. HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/apost_letters/1995/documents/hf_jp-ii_apl_19950502_orientale-lumen.html" Orientale lumen (2 mai 1995), n. 11 : AAS 87 (1995), 757.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref165" \o "" [165] Ibid.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref166" \o "" [166] Lett. enc. HYPERLINK "http://www.vatican.va/holy_father/special_features/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_20030417_ecclesia_eucharistia_fr.html" Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003), n. 8 : AAS 95 (2003), 438.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref167" \o "" [167] Benoît XVI, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2006/documents/hf_ben-xvi_hom_20060615_corpus-christi.html" Homélie à loccasion de la Messe du Corpus Domini (15 juin 2006) : AAS 98 (2006), 513.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref168" \o "" [168] Cf. Catéchisme de lEglise catholique, n. 2175.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref169" \o "" [169] Jean-Paul II, HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2000/documents/hf_jp-ii_aud_20000802.html" Catéchèse (2 août 2000), n. 4 : Insegnamenti 23/2 (2000), 112.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref170" \o "" [170] Quaest. disp. de Myst. Trinitatis, 1, 2, concl.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref171" \o "" [171] Cf. Thomas DAquin, Summa Theologiae I, q. 11, art. 3 ; q. 21, art. 1, ad 3 ; q. 47, art. 3.
HYPERLINK "http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html" \l "_ftnref172" \o "" [172] Basilio Magno, Hom. in Hexaemeron, 1, 2, 6: PG 29, 8.
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