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Le Cx des fusées - Numericable

15 oct. 2007 ... Dans le cas plus compliqué, où le fuselage de la fusée n'est pas tubulaire (c-à-d de .... L'ogive est l'élément aérodynamique auquel nous attribuons ...... gradient de pression négatif (détente), de même que l'accélération des filets, ...... elle demande à être corrigée par le choix d'un Cx individuel assez fort.




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al est voué à se dissiper totalement entre l’instant de Fin de Propulsion et l’instant de culmination.

Or l’action inexorable de la pesanteur terrestre a ceci de limpide que son résultat n’est fonction que de la durée pendant laquelle cette pesanteur a agi. Dans notre cas, la pesanteur agit entre la Fin de Propulsion et l’instant de culmination. Appelons TBalCulm cette durée (pour Temps Balistique de Culmination).

À l’instant de la culmination, le bilan de la pesanteur sur le capital initial de vitesse de la fusée se résume à : – g TBalCulm .

Il en résulte que la part de ce capital de vitesse qui n’a pas été dissipée par la gravité, à savoir VFinProp – g TBalCulm , ne peut l’avoir été que par la Traînée atmosphérique (il n’y a pas d’autres forces entrant en jeu dans le mouvement balistique de la fusée).

C’est donc une chose qu’on ne dit pas assez :

La différence VFinProp – g TBalCulm représente le cumul des pertes de vitesse par Traînée Atmosphérique pendant la phase balistique ascendante d’une fusée.


Or, dans le cas d’une fusée à Cx constant et se déplaçant verticalement, on peut intégrer analytiquement le mouvement de la fusée d’après son équation différentielle. On connaît donc le temps qui lui faut, depuis la fin de sa propulsion, pour atteindre son apogée.

Le  HYPERLINK \l "vol_dl_fusee" Vol de la Fusée  donne ce Temps Balistique de Culmination :

TBalCulm =  EQ \f( 1 ;  EQ \r( ; bg ) ) Arctan[ EQ \r( ;  EQ \f( b ; g ) ) VFinProp]

équation où :
VfinProp est la vitesse acquise en fin de propulsion
g l accélération de la pesanteur
et b est le fameux Coefficient Balistique dont la valeur est ½ÁSCx /M , quantité où l on reconnaît :
Á la masse volumique de l air traversé,
S la section de référence de la fusée (la section de l ogive souvent) ayant présidé au calcul du Cx,
Cx le coefficient de freinage atmosphérique, considéré comme constant,
et M la masse de la fusée à sec de carburant, encore nommée masse balistique.


On peut se reporter, au sujet de ce Coefficient Balistique b, à notre texte  HYPERLINK "http://perso.numericable.fr/fbouquetbe63/gomars/la_fusee_en_vol_balistique7.doc" La fusée en vol balistique qui en donne une traduction beaucoup plus parlante.

Nous proposons également, à la fin de ce texte, une formulation beaucoup plus intuitive du  HYPERLINK \l "calcul_temps_bal" Temps Balistique de Culmination.



Résumons juste l’entrée en matière ci-dessus en disant qu’il est aisé de connaître le Temps Balistique de Culmination. Et que, ce Temps connu, la portion de Vitesse de Fin de Propulsion qui est consommée en freinage atmosphérique peut en être facilement déduite.

Voici d’ailleurs, pour les non calculeux, un abaque donnant, en pourcentage de la Vitesse de Fin de Propulsion, ces pertes de vitesses occasionnées par la Traînée en fonction du Coefficient Balistique b et de ladite Vitesse de Fin de Propulsion :
attention, verticales ajoutées dans Word !!



Sous le graphique des pourcentages de pertes , nous proposons un autre graphique permettant de calculer le Coefficient Balistique b selon la Masse à Sec de la fusée et le diamètre de son ogive, ceci pour un Cx usuel de 0,35. 

En effet, la valeur dudit Coefficient Balistique b = ½ÁSCx /M ne dépend, près du sol de notre planète, que de la section de référence (section de l ogive, le plus souvent) (donc de son diamètre), du Cx qui y est attaché, et de la Masse à Sec (ou Masse Balistique) de l engin.

Détaillons la façon de se servir de ces graphiques couplés, sur l’exemple d’une fusée à eau dotée d’un Cx type de 0,35, d’un diamètre 80 mm et d’une Masse à Sec de 0,170 Kg :

( Choisir sur l’abaque du bas la courbe correspondant au diamètre de l’ogive de la fusée (pour nous c’est la courbe bleu dense).

( Repérer sur cette courbe l’abscisse correspondant à la Masse à Sec de notre fusée (0,17 Kg).

( Élever une verticale depuis cette abscisse jusqu’au graphe supérieur (c’est la verticale bleu dense).

( En traversant les deux axes horizontaux, cette verticale nous indique le coefficient balistique de notre fusée.

( Le point où la verticale bleue dense coupe la vitesse de Fin de Propulsion espérée (50 m/s, ici) nous donne le pourcentage de vitesse que la fusée perdra du fait de la Traînée durant sa phase balistique ascendante : pour nous c’est 28 %…


La modicité de ce pourcentage est ici due au fait que les fusées à eau de base n’atteignent pas de grandes vitesses. De plus, le modèle choisi est d’une masse plutôt forte, ce qui produit les deux résultats favorables de limiter fortement sa vitesse de fin de propulsion et d’augmenter sa Masse Balistique.
Mais la lecture de ces familles de courbes nous convainc également que si l’on propulsait la même fusée à eau à des vitesses plus grandes (par augmentation de la Pression Initiale), les pertes endurées par Traînée deviendraient beaucoup plus importantes…

Une même augmentation des pertes par Traînée serait obtenue si l’on diminuait la Masse à Sec de la fusée (par exemple jusqu’à 0,1 Kg ) : Cela aurait pour double effet défavorable de diminuer sa Masse Balistique (verticale bleue claire) et d’élever sa Vitesse de Fin de Propulsion (qui passerait alors à 65 m/s). Le pourcentage des pertes par Traînée dépasse alors les 45 %…

La fusée à eau bute donc vraiment sur le mur de l’atmosphère…


Les fusées à feu, en particulier les Minifusées et Fusée Expérimentales, échapperaient à cette malédiction (du fait de leur plus faible diamètre et de leur plus forte Masse Balistique) s’il ne leur prenait pas de tutoyer les fortes vitesses !

La verticale rouge illustre l’exemple d’une telle fusée de diamètre 40 mm et de Masse à Sec 0,50 Kg (toujours au même Cx de 0,35) : selon sa Vitesse de Fin de Propulsion, elle peut dissiper jusqu’à 50 % de son capital de vitesse en freinage atmosphérique… 

Recalons notre pensée sur un dernier exemple : Les fusées à feu de la catégorie Minifusée Cariacou, ont fréquemment des temps de montée à l'apogée de 10 s (à partir de l'instant de Fin de Propulsion). Il en résulte que sur les 125 m/s de leur vitesse de Fin de Propulsion, 21 % sont dissipés en freinage atmosphérique. Correction de ce %age le 29 05 07


Attention cependant à ne pas se fabriquer une vision trop simple des choses : le fait d’améliorer la pénétration dans l’air de la fusée (en la dotant d’un Coefficient Balistique plus favorable, càd plus faible) lui permettra de voler plus longtemps vers son apogée (en montant donc plus haut), mais la gravité tirera alors parti de ce Temps Balistique accru pour freiner la fusée selon son inexorable loi g TBalCulm…



CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE Cx

Avant d’entrer dans le vif de notre sujet, nous nous devons de rappeler que c’est commettre une grave imprudence que de parler de Cx d’un mobile sans préciser à quelle section ce Cx est attaché.

Rappelons que la Traînée d’un corps ne peut être déterminé que par des mesures en soufflerie ou en vol.
Bien sûr, une fois que cette Traînée (qui est une force) a été mesurée (en soufflerie, par exemple), il est tentant de la diviser par la pression dynamique 1/2ÁV² de l écoulement, pression qui caractérise tout à fait sa vitesse& Cette pression dynamique 1/2ÁV² est également la surpression causée par l arrêt des particules d air au point d arrêt :


La division d une force par une pression ayant les dimensions d’une surface, il est alors naturel de se demander à quoi correspond la surface qui résulte de cette division. La réponse est qu’elle ne correspond à aucune surface particulière (dans le cas de nos fusées, elle est plus petite que la section frontale, par exemple).

On ne sait pas ce qu’est cette surface, mais on peut l’appeler la Surface de Traînée, ou Surface Équivalente de Traînée. 

On pourrait en rester là et dire que le mobile testé possède telle surface équivalente de Traînée (égale à la Traînée divisée par 1/2ÁV² ).

Cependant , on choisit en général, de diviser également cette surface équivalente de Traînée par une surface de référence. Nous disons bien une surface de référence, mais ce n est pas particulièrement cette surface qui est à l’origine de la Traînée : quelque fois même cette surface n’a pas d’existence physique dans le mobile : ainsi, si l’on prend comme surface de référence, pour la voiture de record dessinée ci-dessous, sa maîtresse section frontale (ainsi que le font les ingénieurs en automobile), on peut comprendre que cette maîtresse section est une silhouette mais que cette silhouette n’est aucunement l’une des sections de la voiture : il n’est pas possibl,e en effet, de faire tenir cette silhouette dans le volume de la voiture, du moins perpendiculairement à son axe d’avancement.


Les avionneurs, quant à eux, utilisent comme surface de référence l’aire des ailes de l’avion (aire des ailes vues de dessus). Cela peut paraître troublant puisque, par exemple, la Traînée de l’aile ou même de l’avion est exprimée par rapport à cette aire qui n’est pas perpendiculaire à l’écoulement (qui lui est même parallèle). Mais cela facilite leurs calculs…

Les fuséistes pratiquent autrement : ils prennent comme surface de référence la section maximale de l’ogive (qui est la section du tube du fuselage, dans le cas de fusées simples) et ceci même lorsque la fusée est en incidence, càd lorsqu’elle se présente en travers à l’écoulement de l’air… 

Dans le cas plus compliqué, où le fuselage de la fusée n’est pas tubulaire (c-à-d de section constante) mais au contraire fuselé (comme pour la fusée de Tintin) les fuséistes prendront comme référence la maîtresse section du fuselage (à son plus fort diamètre). 

Lorsque le fuselage est formé de tubes de sections différentes, ça devient plus compliqué. Il y a le choix, mais les fuséistes semblent attachés à la section frontale de la seule ogive.

Pour continuer ce tour d’horizon de la diversité culturelle selon les secteurs technologiques, faisons état d’une curiosité qui montre que la surface de référence peut même être dématérialisée : Dans leurs études, les concepteurs de ballons dirigeables se réfèrent à une surface tout à fait virtuelle qui vaut la puissance 2/3 du volume du ballon !  

Je ne sais comment pratiquent les concepteurs de sous-marins, mais ils doivent également prendre comme section de référence la maîtresse section de leurs créations…

Qui saura comment font les concepteurs d’hélicoptères ?



Pour finir d’argumenter cette mise en garde sur le choix de la surface de référence, il faut rappeler également que la Traînée d’un corps est la somme de deux Traînées :
–la Traînée de Pression, somme vectorielle de toutes les composantes sur l’axe de Traînée  des forces de pression appliquées à la surface du corps (deux exemples de ces forces P sont dessinés en rouge ci-dessous : des surpressions par rapport à la Pression Atmosphérique et des dépressions).
–la Traînée de Friction, somme vectorielle de toutes les composantes sur l’axe de Traînée des forces de friction appliquées à la surface du corps, chacune de ces forces de friction étant évidemment contenue dans le plan tangent à la surface du corps au point considéré (deux exemples de ces forces Fr, ici exagérées, sont dessinés en bleu ci-dessous) :









On comprend alors que si la maîtresse section peut être ressentie comme la section de référence pour la Traînée de Pression, c’est une autre surface, non pas perpendiculaire à l’écoulement mais plutôt parallèle, qui sera ressentie comme génératrice de la Traînée de Friction…

Nous venons d’écrire que les exemples de forces bleues Fr ont été exagérés sur notre dessin, mais il faut quand-même se remémorer que pour un corps de révolution fuselé comme ci-dessous :



… corps qui présente une longueur de 7 fois son diamètre, la Traînée de frottement vaut le double de la Traînée de Pression (pour ce corps, le Cx est alors de 0,1 ).
Nous devons cette remarque au Cours d’ HYPERLINK \l "interaction_cours" InterAction qui nous a formidablement fait progresser dans la connaissance de l’Aérodynamique.

Cette prépondérance de la Traînée de Friction n’est que la conséquence malheureuse du profilage du corps, puisque, en améliorant sa forme, on lui a ajouté également de la surface, laquelle est alors le siège d’une importante Traînée de Friction. 

Si donc on devait opter pour la surface de référence la plus représentative de la Traînée de ce corps, on ne devrait pas prendre sa section frontale mais plutôt la surface responsable de la Traînée de Friction, qui est sa surface de friction  …

Il est d’ailleurs instructif de noter que nos fusées ont des rapports longueur/diamètre proche de ce chiffre 7 et souvent même plus importants.


Pour conclure sur ce choix d’une surface de référence, répétons que la surface de référence n’est pas particulièrement responsable de la Traînée d’un corps : La Traînée est générée par l’ensemble de la surface enveloppant le corps, cette surface enveloppe étant l’interface au travers de laquelle le corps informe le fluide de sa présence et au travers de laquelle, en retours, le fluide transmet sa réponse de Traînée et éventuellement de Portance…

Mais il s’avère que référencer la Traînée à une surface quelconque du corps permet de comparer les Traînées de corps de formes homothétiques et d’échelles différentes.
En effet, toutes les surfaces d’un corps évoluent comme le carré de sa dimension caractéristique (sa longueur ou son diamètre, par ex.) : donc, quelles que soient les surfaces de référence choisies, celles-ci évolueront de concert lorsqu’on modifiera l’échelle du mobile (pour passer par exemple du modèle testé en soufflerie au prototype réel)… Pour cette dernière raison, on pourrait tout aussi bien prendre comme surface de référence la surface du logo de la compagnie aérospatiale qui a construit l’engin, du moins si ce logo évoluait homothétiquement lors des changements d’échelle.

La fonction du Cx est donc de permettre la comparaison de corps de formes similaires mais d’échelles différentes…

Quoi qu’il en soit, le choix d’une surface de référence est sans importance si l’on attache toujours au Cx la section qui a servi à son calcul : ce qui intéressera toujours l’ingénieur au moment de la définition d’un mobile, ce n’est pas tant le Cx que le SCx, puisque c’est ce produit recomposé qui lui permettra de calculer les performances de sa création…


À titre d’exemple, parlons de l’aérodynamique des TGV. À leur vitesse commerciale de 300 Km/h, 90 % de l’énergie qu’ils dépensent est perdue en Traînée aérodynamique. Ce pourcentage passe à 95 pour la rame de TGV ayant porté le record à 574,8 Km/h. Comme cette dernière dissipait à l’instant du record la coquette puissance de 19,6 MW (mégaWatt), il est assez facile de calculer son SCx. En effet, la puissance évoquée équivaut au produit TV de la Traînée T par la vitesse V de l engin. Comme T vaut ½ÁSCxV² , le SCx vaut 2P/ÁV3 càd, dans le cas de la rame du record, 7,86 m²  .

Diviser ce SCx par la surface frontale de l engin peut apparaître comme un réflexe légitime. Le Cx vaut alors ------- Connaître la surface frontale !!. Mais ce réflexe est discutable dans la mesure où la Traînée d’un train provient beaucoup plus de sa surface latérale de friction (surface mouillée) que de sa surface frontale. C’est si vrai que connecter deux rames identiques doublera le Cx référencé à la surface frontale alors que celui-ci demeurera presque constant si on le référence à la surface latérale du train : Ce dernier Cx sera donc beaucoup plus utile pour effectuer des comparaisons entre différentes configurations roulantes (le produit SCx prenant alors en compte la surface latérale du train, laquelle est très peu différente du produit de la longueur du train par le périmètre de sa maîtresse section). À ce titre, un Cx ferroviaire linéaire (càd lié à la longueur du train) serait d’ailleurs plus avantageux…



Pour ce qui concerne l’automobile,  HYPERLINK \l "th_faure" Th. Faure signale que, si le véhicule de tourisme aérodynamiquement parfait pourrait prétendre à un Cx de 0,15, les Cx actuels marquent plutôt une remontée à 0,35 après être descendus, auparavant, à une valeur de 0,30…

Dans ce Cx des véhicules de tourisme, la Traînée de Pression compte pour 60 % et celle de Friction pour 5 %. Cette primauté de la Traînée de Pression sur celle de Friction est propre à l’automobile de tourisme, puisque, pour des raisons d’encombrement, on ne peut la doter d’un profilage arrière idéal (qui réduirait la Traînée de Pression, quitte à augmenter légèrement celle de Friction)…
Les accessoires (rétroviseurs, échappement, etc.) représentent 25 % du Cx total de ces mêmes véhicules. 


Le Cx d’un semi-remorque est supérieur à 0,55 et peut s’élever à 0,8 (HYPERLINK "http://www2.mech.kth.se/courses/5C1211/KTH_Scania1.pdf"document Scania).


Relevons de même que si la Traînée des cyclistes dépend grandement de leur position sur le vélo, de cette position dépend aussi leur surface frontale (le cycliste en danseuse en offrant une beaucoup plus grande que le cycliste couché) : il n’est donc pas possible de référencer les mesures de Traînée effectuées en soufflerie à une surface frontale donnée. L’usage est alors de ne donner pour le cycliste que le produit SCx, produit que l’on devrait nommer sa surface équivalente (et non son ‘‘coefficient de pénétration’’ comme on le trouve écrit).

Le site Sport & Performance donne pour le couple cycliste-vélo la surface équivalente suivante :
• 0,40 m² pour un cycliste traditionnel avec bras tendus
• 0,35 m² pour un cycliste traditionnel avec bras fléchis
• 0,30 m² pour un cycliste traditionnel avec bras en bas du guidon
• 0,25 m² pour un cycliste "contre la montre" ou triathlète

Il précise que, dans ces chiffres, le vélo n'intervient que pour 10 %…

Insistons sur le fait que ces chiffres ne sont pas des Cx mais de SCx… C’est d’ailleurs nous-mêmes qui avons ajouté d’autorité leur dimension (le m²), ne pouvant nous rendre complice d’un manquement autorisant toutes les confusions.

Si vous êtes un géant (harmonieux) et que vous faites du vélo, il faudra pondérer ces valeurs par le carré de votre coefficient linéaire de gigantisme (le carré de 1,2 , par exemple), votre monture étant censée s’adapter à vos imposantes mensurations.

Terminons en précisant qu’un individu de stature normale volant sous un parapente développe un SCx de 0,4 m² (ce Cx intègre la Traînée des suspentes et de la sellette). Si cette sellette est profilée derrière le pilote, le SCx descend à 0,25 m²  .(article de Luc Armant)



LA TRAÎNÉE DE PRESSION DE L’OGIVE

L’ogive est l’élément aérodynamique auquel nous attribuons instinctivement la fonction délicate de fendre l’air. Convaincus que cette fonction d’intrusion est forcément coupable, nous sommes donc prêts à admettre en retour le prix d’une Traînée de Pression d’ogive conséquente.
Pourtant il n’en est rien : dans la pratique, ce prix est extrêmement faible.

C’est surprenant parce que la Traînée de Pression est celle à laquelle on pense le plus facilement, sans doute parce que, lorsque l’on est pris dans une rafale de vent on considère que c’est surtout cette Traînée de Pression qui nous secoue  .
De la même façon, c’est la Traînée de Pression d’un bâtiment (lorsqu’il est soumis au vent) qui occasionne des efforts importants sur les vitres et les portes, et donc les fait claquer ou s’ouvrir intempestivement…

Nous donnerons plus loin la raison de cette modestie de la Traînée de Pression de l’ogive d’une fusée ; mais voici déjà pour nous en convaincre quelques valeurs de Cx d’ogives mesurées sur le graphe d’un  HYPERLINK \l "doc_lebaron_321espace" document du CNES relatant des tests de l’ONERA.
Ces tests concernent trois ogives dites ‘‘adaptées’’ d’élancement variant de 3 à 5 diamètres  et de formes classiques, apparemment gothique (je préfère personnellement utiliser ce qualificatif pour les ogives de cette forme plutôt que celui d’ogival, ceci afin éviter de devoir écrire ogive ogivale) :

Ogive d’élancement 5 : Cx = 0,002
Ogive d’élancement 4 : Cx = 0,005
Ogive d’élancement 3 : Cx = 0,02


Excel nous propose alors une régression pour ce Cx, selon l’élancement de l’ogive. Il serait stupide de ne pas l’utiliser, à peine simplifiée, pour les élancements différents de ces valeurs entières 3, 4 et 5 :

Cx = 3 ÉOg -4,5 avec ÉOg l’élancement propre de l’ogive

Le même document précise que ‘‘pour les fusées Faon ou Cabri, au nombre de Mach M = 0,8, le coefficient de Traînée d’onde reste inférieur à 0,01’’  . Quand on sait que l’expression ‘‘Traînée d’onde’’ recouvre ce que nous appelons dans ce texte le Cx de pression de l’ogive, on peut être certain que ce Cx de pression demeure dans des valeurs extrêmement faibles aux vitesses subsoniques…


Ces valeurs de Cx sont à comparer avec le Cx de l’avant du corps de révolution fuselé ci-dessous, déjà évoqué et tiré du Cours d’InterAction :



… corps 7 fois plus long que son diamètre.

Ce Cx de pression amont (càd des surfaces partant de son avant jusqu’au maître couple) vaut simplement 0,03 ! Nous y revenons plus bas…


Le document  HYPERLINK \l "rocket_drag_analysis" Rocket Drag Analysis , ainsi que le rapport de tests en soufflerie basse vitesse  HYPERLINK \l "model_rocket_drag_ana" Model Rocket Drag Analysis (se méfier de la presque homonymie des deux documents) proposent d’autres Cx d’ogives profilées ou coniques. Ces données sont énoncées plus bas, avec celle du  HYPERLINK \l "vol_dl_fusee" Vol de la Fusée de Gil Denis, dans le chapitre HYPERLINK \l "qq_valeurs_cx"QUELQUES VALEURS DU CX DE FUSÉES ET MICROFUSÉES .

Mais voici déjà un graphe illustrant l’ensemble de ces Cx de Pression d’ogive :



Les marques en bleu dense sont les données tirées de  HYPERLINK \l "rocket_drag_analysis" Rocket Drag Analysis.
En vert fluo sont celles tirées de  HYPERLINK \l "model_rocket_drag_ana" Model Rocket Drag Analysis.
En rouge celles présentées par  HYPERLINK \l "vol_dl_fusee" Le Vol de la Fusée.


Les marques triangulaires représentent les ogives coniques.

Les marques de forme carrée représentent le Cx d’ogives fuselées (parabolique, elliptique ou « adaptée »). Ces marques dessinent, par exemple, la courbe noire (Cx de pression des ogives adaptées des HYPERLINK \l "doc_lebaron_321espace"tests ONERA ).

On peut juger que cette courbe noire est correctement disposée par rapport à la courbe rouge  ou, si l’on préfère, la courbe bleu dense des cônes de Rocket Drag Analysis.
La courbe bleu clair n’est autre que la régression Cx = 3 ÉOg -4,5 que nous avons justifiée ci-dessus.

Il est patent que la marque carrée bleu dense de gauche pourrait servir à la prolongation de la courbe noire (cette courbe doit, logiquement, rester inférieure aux courbes des cônes).



Les marques rondes de différentes couleurs indiquent le Cx de pression de l’ogive hémisphérique (ou, en jaune, de la moitié avant de la sphère à son premier régime  ) selon les différentes sources. La marque ronde bleue dense (Rocket Drag Analysis) nous paraît un peu basse.

En vert fluo figurent les données avancées par Model Rocket Drag Analysis. Dans cette couleur, l’ogive parabolique (marque carrée) et le cône (marque triangulaire) s’éloignent beaucoup du chœur des autres mesures. 

La marque en x bleue dense est celle d’une ogive plate à bords arrondis.



Le carré fuchsia figure l’avant du corps d’élancement 7 d’InterAction. Ce Cx de pression est, lui aussi, raisonnablement proche de la courbe noire tirée des tests ONERA, du moins exprime-t-il assez que le Cx de pression des ogives normalement élancées est très faible !





Cette modicité du Cx des ogives doit surprendre beaucoup de lecteurs (comme elle nous a surpris dans notre naïveté). En effet on imagine assez facilement que la Traînée d’un corps est due principalement au fait que sa face avant doit écarter les filets d’air et qu’elle bourre, en quelque sorte, dans la masse du fluide.

En réalité, l’étude des pressions sur l’avant d’une sphère (à ses deux régimes d’écoulement) montre que seule une zone située aux alentours du point d’arrêt est en surpression (33 % de la surface frontale de la sphère  ) :






Par l’amabilité d’ HYPERLINK \l "interaction_cours" InterAction

Le reste de la demi-sphère avant se révèle en dépression, en application stricte du principe de Bernoulli, du fait de l’accélération nécessaire du fluide : celui-ci est en effet soumis à la loi de conservation des débits : il faut bien qu’il accélère pour contourner l’obstacle, sinon il y aurait accumulation sans fin de particules de ce fluide.
Et l’aire sur laquelle règne cette dépression amont est importante (66 % de la surface frontale totale) !…


On peut donc vraiment dire que la partie arrière de l’hémisphère avant est aspirée vers l’avant par le fluide, fluide qui, pourtant, est rien moins que brutalisé par cet hémisphère ! 


Cette même affirmation paradoxale peut être également faite à propos de l’avant du corps fuselé de révolution de longueur 7D cité plus haut et dont  HYPERLINK \l "interaction_cours" InterAction (à qui nous devons une grande part de notre connaissance) publie la carte des pressions…





Par l’amabilité d’ HYPERLINK \l "interaction_cours" InterAction


InterAction dresse le bilan des Cx de pression :

surpression amont : Cxp = 0,0877
dépression en amont du maître-couple : Cxp = -0,0586
dépression en aval du maître-couple : Cxp = 0,0341
surpression aval  : Cxp = -0,0301

Au total: Cxp = 0,0331
Sur la partie avant Cxp = 0,0291

La modicité du bilan des pressions sur la seule partie avant de ce corps (0,0291) est due, comme dans le cas de l’hémisphère avant, au fait que la projection frontale de la zone de surpressions avant (près du point d’arrêt) est trois fois moindre que celle de la zone de dépression qui suit…

Quant à la partie arrière, elle crée un Cxp encore plus faible de 0,004 .



Dans ses commentaires de son logiciel RocDrag, John S. Kallend note pour sa part : « Assume forebody pressure drag negligible (according to Hoerner) », ce qui résume tout à fait notre chapitre.



LA TRAÎNÉE DE FRICTION D’UNE FUSÉE

Il a été dit plus haut que la Traînée d’un mobile était la somme de sa Traînée de Pression et de sa Traînée de Friction.

R.GOUGNOT , dans son HYPERLINK \l "RGougnotCoursAero"cours d’aérodynamique signale que la Traînée de frottement représente environ la moitié de la Traînée totale d’un avion. Ce n’est pas rien.
Nous verrons que pour nos fusées qui se déplacent en bas subsonique cette proportion est encore plus forte. Mais l’importance de cette proportion n’est pas due au hasard : les constructeurs de fusées ont été amenés à ajuster les deux postes de la Traînée (Traînée de Pression et Traînée de Friction) pour que le total de ces deux postes soit minimum. Et c’est ainsi qu’empiriquement, au fil des ans, on en est arrivé à cette silhouette élancée à laquelle nous reconnaissons immanquablement une fusée.

Nous y reviendrons plus bas dans une étude d’ingénierie consacrée au HYPERLINK \l "ogivo_cylindr_trainee_mini"Corps Ogivo-cylindrique de volume donné de Traînée minimum .




On pense trop facilement que seuls des liquides comme l’eau et surtout l’huile peuvent produire des effets de viscosité sensibles. Mais l’air est également un fluide visqueux qui adhère à la surface des objets, même lorsque ceux-ci sont en mouvements par rapport à lui.
En cela, l’air est tout à fait comme l’eau et les autres fluides : il colle si bien aux objets qu’il existe toujours une couche d’air adhérant à la surface d’un objet en mouvement.

Recouvrant cette couche adhérant à la paroi, vient alors une autre couche qui glisse un petit peu par rapport à la première couche adhérente. Puis, à mesure que l’on s’éloigne de l’objet, les couches successives d’air reprennent de la vitesse relative.











Freinage dû à la friction de l’air

Chaque couche fluide étant animée d’une vitesse différente, il y a une force de friction entre les différentes couches. Mais la force qui nous intéresse le plus est la force entre la première couche d’air (adhérente) et la surface du mobile. Plutôt que d’une force de Friction, il s’agit d’une force de tension : Bien que cet air soit immobile, il tire en arrière la surface du mobile (entraîné qu’il est par la couche suivante) ; on pourrait dire que les molécules de la première couche ont les pieds collés sur le mobile mais qu’elles sont comme tirées de côté par les cheveux par la deuxième couche d’air…C’est cela qui occasionne sur les mobiles le freinage que l’on qualifie de freinage de friction.

Pour quantifier ce freinage, il est pratique d’introduire la notion de Coefficient de Friction. Appelons-le Cf .

L’expérience démontre que la force de Friction F est principalement proportionnelle à la surface SM qui est baignée par le fluide en mouvement.

De plus, et par chance ineffable, la susdite force de Friction F est, comme les forces de Pression sur le mobile, proportionnelle à la Pression Dynamique de l’écoulement ½ ÁV2.

La force de Friction F est donc proportionnelle à ½ ÁV2 SM:

On définit alors le Coefficient de Friction sur la surface SM comme le coefficient de proportionnalité Cf :

Cf =  EQ \f( F ;½ ÁV2 SM)


La surface SM sera donc la référence de nos calculs. Nous reviendrons à la fin de ce texte sur sa détermination exacte, mais il n’y a pas grande erreur à considérer qu’elle est tout simplement celle qui est baignée par le fluide dans son écoulement. Pour cette raison, on l’appelle la Surface Mouillée (par comparaison avec la surface concernée par l’écoulement de l’eau autour d’un navire).


Inversement, à chaque fois qu’on fera mention d’un Coefficient de Friction Cf , ce sera en référence implicite à la surface SM sur laquelle cette friction s’opère. La force résultante F en étant tirée par le simple produit Cf ½ ÁV2 SM .

Mais si l on désire référencer la Friction à une surface de référence différente (et en général les fuséistes choisissent SOg , la section frontale de l ogive), le produit Cf SM devra être divisé par cette section. Ainsi le Cx de friction Cxf d’une fusée de surface mouillée SM s’écrira, en référence à la section frontale d’ogive SOg :

Cxf =  EQ \f(Cf SM ; SOg)

Notons d’ailleurs que la terminaison xf de Cxf signale systématiquement une Traînée de Friction référencée à une section frontale.

En conclusion, mémorisons qu’il est possible de référencer et les forces de Pression et les forces de Friction à la même Pression Dynamique et à la même surface de référence (par le jeu  EQ \f( SM ; SOg) ).

C’est ce qui conduira à l’établissement d’un Cx unique, Cx unique comptable de l’action des forces de Pression et de Friction sur l’ensemble du mobile.


QUANTIFICATION DE LA FRICTION

Des générations de chercheurs se sont penchées sur la quantification du Coefficient de Friction. À force d’essais répétés, en sondant l’écoulement de différents fluides sur des plaques planes, ils ont fini par établir de façon rigoureuse que le Coefficient de Friction, en sus de dépendre de la Surface Mouillée et de la Pression Dynamique de l’écoulement, dépend d’un nombre sans dimension appelé Nombre de Reynolds. 

Ce Nombre de Reynolds caractérise l’écoulement du fluide autour d’un objet. Il intègre la vitesse de l’écoulement, les propriétés du fluide et la longueur de cet objet.
Il s’écrit :

Re =  EQ \f( V L ; ½ )

avec :
V la vitesse de l écoulement et L sa longueur (soit longueur et vitesse de la fusée dans notre cas)
½ la viscosité cinématique du fluide traversé. Pour l air, en atmosphère standard au niveau du sol on retient souvent :
½ = 1,43 10-5 m2/s


Quand nous disons que le Nombre de Reynolds caractérise l’écoulement, cela signifie que :
À Nombre de Reynolds Re égal, l’écoulement autour d’un objet sera toujours le même.


Ainsi et par exemple : si la Vitesse de l’écoulement V est multiplié par un coefficient k et que la longueur du corps L est divisée par le même k, le nombre de Reynolds Re est inchangé et l’écoulement est le même.

De même le changement du fluide ne se ressent, dans le Nombre de Reynolds, qu’à travers ½ , la viscosité cinématique du fluide considéré. Le choix d un fluide plus visqueux pourra compenser une diminution de la vitesse d écoulement ou (et) de la longueur de l objet se déplaçant dans le fluide, de telle sorte que le Reynolds reste constant. C est pourquoi il est fréquent de tester l’aérodynamique des voitures dans un courant d’eau (veine hydraulique) :



Image ONERA, tirée du cours de  HYPERLINK \l "cours_jean_delery" Jean Délery

et des sous-marins en soufflerie :



Image ONERA, tirée du cours de  HYPERLINK \l "cours_jean_delery" Jean Délery


D’une façon générale, pour nos fusées qui, finalement, s’éloignent assez peu du sol, on pourra retenir pour la valeur du Nombre de Reynolds l’approximation suivante :

Re =70 000 V L 


Donnons ainsi deux exemples de Re :

Pour une fusée à eau de 0,5 m de longueur acquerrant une vitesse de 55 m/s , le Re sera de : 70 000 * 0,5 * 55 , soit Re H" 2 millions.

Pour une minifusée d 1 m de long propulsée à 250 m/s le Re sera de : 70 000 * 1 * 250 , soit Re H" 18 millions.


Lorsque le fluide où se déplace le mobile est l eau douce, l approximation à utiliser est Re = 910 000 V L .

Rappelons, à cet égard, l initiative d un  HYPERLINK \l "fusees_a_eau_polytechnique" groupe d étudiants de Polytechnique qui ont entrepris de mesurer en piscine le Cx de leur fusée à eau. La forte viscosité cinématique de l’eau aidant, un remorquage sous-marin de leur engin à des vitesses de l’ordre de 2 m/s suffisait pour l’obtention du nombre de Reynolds correspondant à une vitesse proche de 100 km/h dans l’air.



Ce Nombre de Reynolds étant défini, on peut présenter l’évolution assez complexe du Coefficient de Friction auquel est soumise une plaque plane dans un écoulement  .

Exposons cette évolution en partant des petits Nombres de Reynolds :
Pour des Re partant de 105 , par ex., le Coefficient de Friction diminue en suivant la courbe bleu clair :



L’équation de cette courbe est CfLam =  EQ \f(1,328 ;  EQ \r( ; Re ) ) 

Si l’on s’intéresse précisément à l’écoulement du fluide à la surface de la plaque, on peut observer que plus on est près de la plaque et plus la vitesse relative du fluide (vitesse par rapport à la plaque) est faible : l’écoulement se fait par lames (ou couches) successives de fluide, ces lames glissant sans heurt les unes sur les autres. Plus une lame de fluide est proche de la plaque et plus sa vitesse relative est faible :











Parce que cet écoulement le long de la plaque se fait en lames successives, on le qualifie de laminaire.

On appelle la zone où le fluide tend à être freiné la couche limite.

Le freinage dû à la plaque se faisant cependant sentir théoriquement jusqu’à l’infini, on définit la couche limite comme la couche où l’écoulement relatif du fluide possède une vitesse de 0 à 99 % de la vitesse de l’écoulement en l’absence de la plaque (ou à l’infini en présence de la plaque).

Le profil des vitesses de l’écoulement laminaire le long de la plaque dessine une courbe quadratique :
















Cette courbe a été déterminée par Blasius. Son équation est :

 EQ \f(u;U") = 2 (  EQ \f(y;´) )  (  EQ \f(y;´) )2

´ étant l épaisseur locale de la couche limite, y la distance à la paroi, u la vitesse locale des filets fluide et U" la vitesse de l écoulement loin de la plaque..

Le coefficient de Friction du fluide sur la plaque est proportionnel à la dérivée de cette courbe de vitesse à son point de contact sur la plaque.

Cette théorie s’accorde très bien avec les études effectuées sur la plaque plane (études ayant donnée la courbe bleu clair du graphe déjà présenté ci-dessus ).
Dans la pratique, donc, plus la vitesse du fluide croît (ou plutôt son Re), plus le Coefficient de Friction décroît…


Le Coefficient de Friction passerait donc de 4 millièmes pour un Re de 100 000 à presque rien si ne se produisait pas un phénomène particulier : la couche limite qui entoure l’objet de couches successives glissant laminairement les unes sur les autres voit soudain son architecture modifiée : le déplacement du fluide y devient petit à petit turbulent. On dit que la couche limite transite vers une régime turbulent.

Cette transition produit alors, à mesure que Re croît, une augmentation du Coefficient de Friction (d’autant plus qu’il avait chuté auparavant) : C’est la courbe rouge ci-dessous.

 

(cette courbe de transition est le fruit d’une approximation, elle est moins précise que la courbe bleu clair)

Sur la plaque plane tant interrogée, le déclenchement de cette transition peut se produire pour un Reynolds un peu inférieur à 500 000. Le déclenchement de la transition dépend en effet de la rugosité de la surface plane placée dans l’écoulement.


Dans le cas de nos fusées, qui ne sont pas des plaques planes mais des corps en volume, un autre phénomène intervient je veux parler de la présence du point de recompression et nous verrons qu’on peut s’attendre à ce que la transition susdite se produise après cette valeur de Reynolds ReTrans = 500 000 , ou du moins après la valeur déterminée par la seule rugosité de la surface… La courbe rouge visualisant l’évolution du Cf en sera décalée d’autant vers la droite.

InterAction précise ainsi :
« Cette courbe de transition n'est valable en fait que pour une plaque plane. Pour un profil, bien qu'elle garde la même forme, elle se translatera plus ou moins sur le graphique, selon l'évolution de ce profil, de son angle d'incidence, et d'un certain nombre d'autres facteurs qui ne sont pas tous maîtrisés : bruits, vibrations, température, humidité, niveau de poli des surfaces, etc. »

Voici quelques courbes de transition allant d’une transition anticipée (mauvais état de surface de l’ogive) à une transition normalement retardée (bon état de surface de l’ogive) :




Nous reviendrons sur les facteurs qui retardent la transition de la couche limite sur l’ogive, mais notons l’équation des courbes de transition selon le Re de transition. Cette équation est due à Schlichting :

Pour une transition à ReTrans = 0,5 106 :

CfTrans =  EQ \f(0,031 ; Re1/7 ) -  EQ \f(1440; Re )


Pour une transition à ReTrans = 3 106 , la valeur du coefficient 1440 est changée en 8700 :

CfTrans =  EQ \f(0,031 ; Re1/7 ) -  EQ \f(8700; Re )



Précisons que les premiers termes de ces équations (termes en puissance – 1/7ème) proviennent des équations du Cf de la couche limite turbulente que nous allons évoquer plus loin. Il y est ajouté un incrément hyperbolique négatif (par exemple  EQ \f(1440; Re ) ) dont le numérateur est variable selon ReTrans (par exemple 1440 ou 8700) et qui tend vers zéro pour les grands Reynolds. De cette façon l’ordonnée de la transition rejoint celle donnée par le premier terme pour les grand Re (par exemple  EQ \f(0,031;Re1/7 ) , équation du Cf pour la couche limite turbulente que nous allons bientôt étudier)…


D’une façon générale, et si l’on s’en tient à l’intersection des courbes de Cf laminaire et de Cf de transition sur le graphe, on peut se risquer à proposer une valeur du coefficient de l’incrément hyperbolique négatif pour tous les Re de Transition. La famille de courbes des Transitions s’écrit alors, en fonction du Reynolds ReTrans auquel commence la transition :

CfTrans =  EQ \f(0,031 ; Re1/7 ) -  EQ \f((0,0029 ReTrans + 150); Re )

Cette régression ne peut être très fautive, mais nous ne savons si elle est corroborée par les essais en soufflerie ou en veine hydraulique.


Ajoutons qu’InterAction donne une autre équation de transition, en la présentant pour plus fidèle à la réalité pour un Reynolds de transition de 0,5 106 :

CfTrans = 0,455 . [Log(Re)] -2,58 -  EQ \f(1700; Re )

Lorsque la transition est effectuée, le Coefficient de Friction suit assez précisément la courbe bleu dense :



On obtient en laboratoire la partie haute de cette courbe bleu dense en forçant la transition de l’écoulement de la couche limite par une astuce expérimentale (nous y reviendrons). C’est pourquoi on peut qualifier cette partie haute de la courbe de courbe de Turbulence Forcée.


La formule dessinant cette courbe bleu dense est donnée par Barrowman (citant Hama) comme étant :

CfTurb =  EQ \f( 1 ; (3,46*Log(Re) - 5,6)2 )


Cet usage des logarithmes décimaux peut paraître, à première vue, désuet. Mais dès lors que l’on échelonne les Nombres de Reynolds possibles par puissances de 10, leur logarithme décimal n’est autre que cette puissance de 10 (ou encore le nombre de zéro du nombre qui suivent le 1).
Néanmoins, si l’on préfère s’en tenir aux logarithmes népériens, le même coefficient de frottement créé par une couche limite turbulente est :

CfTurb =  EQ \f( 1 ; (1,503*Ln(Re) - 5,6)2 )

E. Bilgen, de l'école  HYPERLINK \l "univ_montreal" Polytechnique de Montréal, donne la rédaction de Schlichting  pour ce Coeff de friction en turbulent sur la plaque complète :

CfTurb =  EQ \f(0,031 ; Re1/7 )

C’est cette équation qui sert de base aux deux premières équations du Cf de Transition citées plus haut.


InterAction donne pour ce Cf turbulent :

CfTurb = 0,455 . [Log(Re)] -2,58

Cette équation sert de base à l’autre équation du Cf de Transition citée également plus haut.

Si l’on préfère les logarithmes népériens, on peut cependant prendre :

CfTurb = 3,9131624 [Ln(Re)] -2,58



De la même façon, dans Architecture du voilier,  HYPERLINK \l "p_gutelle" Pierre Gutelle cite pour le coefficient de frottement de la plaque en couche limite turbulente la loi :

Cf =  EQ \f(0,072 ; Re1/5 )



Voici les courbes que produisent ces quatre formulations (la courbe de Barrowman est toujours en bleu dense) :



Les deux segments horizontaux bleu dense et rouge figurent respectivement les Re type maximum atteints par les fusées à eau et à feu selon leurs caractéristiques (ces Re maxi correspondent aux vitesses maximum des engins ; en vol le Re de la fusée passera donc de 0 à un Re maxi situé sur l’un de ces deux segments).

Nous ne pouvons nous ériger en arbitre de ces formulations : elles donnent d’ailleurs des valeurs du même ordre dans le domaine de Re qui nous intéresse.
Tout au plus pouvons-nous remarquer que certaines courbes naissent d’une équation très simplifiée, ce qui peut être utile.



Mais reprenons notre ‘‘montée en Reynolds’’ :

Intervient à présent à nous un phénomène qui pourrait simplifier nos calculs, du moins dans certains cas :
Lorsque le rugosité de la fusée est sensible  , il arrive un moment, le Re continuant d’augmenter, où le Cf du fuselage va cesser de descendre sur la courbe bleue pour se stabiliser à une valeur fixe. Cette valeur palier est indépendante du Re , mais elle dépend de la rugosité relative R r =  EQ \f(Rf ; Lf ) de la surface du fuselage, càd le quotient de la rugosité absolue Rf sur la longueur de l’écoulement Lf (très proche de la longueur de la fusée, dans notre cas). Selon cette rugosité relative, la valeur du Cf se stabilisera donc à une hauteur différente : C’est ce phénomène qui dessine les paliers horizontaux fuchsia sur le tableau ci-dessous :

Attention ajout des Rr dans Word !



Le Cf constant qui en résulte vaut :

Cf = 0,032 ( EQ \f(Rf ; Lf )) 0,2
où Rf est la hauteur moyenne des aspérités du fuselage
et Lf la longueur de l’écoulement, (très proche de celle du fuselage), ces deux longueurs étant exprimées toutes deux en mètres, ou du moins dans la même unité).


Barrowman donne encore, selon la même rugosité relative, la valeur critique du Re où le Cf devient constant et indépendant du Re :

ReCr = 51 [ EQ \f(Rf ; Lf )]–1,039

De ce point de vue particulier, on peut entrevoir une loi plus directe donnant le passage au Cf constant (on dit avantageusement complètement rugueux). En effet l’exposant 1,039 est assez proche de l’unité, assez du moins pour qu’on puisse écrire, avec l’idée de s’affranchir de la longueur de la fusée Lf :

ReCr =  EQ \f( V Lf ; ½ ) H" 51 [ EQ \f(Lf;Rf )]

Rf H"  EQ \f(51 ½;V) H"  EQ \f(0,73 10-3;V) dans le cas usuel d une viscosité à ½ = 1,43 10-5 m2/s

& qui est une approximation de la hauteur moyenne des rugosités du fuselage conduisant à une stagnation du Coefficient de Friction, soit 15 ¼m pour une fusée croisant à 50 m/s et 3,7 ¼m pour une fusée croisant à 200 m/s.


Un calcul plus précis donne :

ReCr =  EQ \f( V Lf ; ½ ) H" 51  EQ \f(Lf;Rf ) [ EQ \f(Lf;Rf )]0,039

quasi-égalité qui entraîne :

Rf H"  EQ \f(51 ½;V) [ EQ \f(Lf;Rf )]0,039

soit dans le cas usuel d une viscosité à ½ = 1,43 10-5 m2/s

Rf H"  EQ \f(0,73 10-3;V) [ EQ \f(Lf;Rf )]0,039


La rugosité relative  EQ \f(Rf ; Lf ) de nos engins prenant des valeurs allant de 1 à 400 10  6, le terme à la puissance 0,039 endossera des valeurs variant de 1,7 (grande fusée de 1m très lisse) à 1,36 (courte fusée de 0,5m très rugueuse).
Il s’ensuit que la rugosité absolue d’une grande fusée (autour de 1 m) qui rendra cette fusée justiciable d’un Cf complètement rugueux est :

Rf H"  EQ \f(1,24 10-3;V)

Rf est la rugosité absolue au-delà de laquelle le fuselage de cette grande fusée pourra être calculé en Cf totalement rugueux ;
V étant la vitesse de la fusée à laquelle le Cf vaut d être calculé.

Le numérateur de cette formule deviendra 10-3 pour une petite fusée de 0,5 m…

On peut alors noter que :

(pour une fusée à eau de 0,5 m navigant à 50 m/s cette rugosité est de 20 microns.

(pour une fusée à feu de 1 m navigant à 200 m/s cette rugosité est de 6,2 microns.

Quelle que soit leur longueur, les fusées les plus rapides gagneront donc à présenter une rugosité absolue plus faible (un meilleur poli) que les fusées plus lentes…

Autrement dit, et si l’on se réfère toujours à notre  HYPERLINK \l "courbe_Cf_selon_Re" tableau général des coefficients de friction, un meilleur fini aérodynamique permettra à la friction des fusées les plus rapides de poursuivre leur décroissance avec la vitesse…

Mais les plus grandes pourront présenter une rugosité absolue un tout petit peu plus faible sans se rendre coupable d’une stagnation de leur Coefficient de Friction.


Le cours d’Interaction donne pour ce Cf complètement rugueux la régression un peu plus compliquée suivante :
Cf = [1,89 - 1,62 Log(  EQ \f(Rf ; Lf ) )]-2.5

Ce qui revient à écrire, de façon plus moderne  :

Cf = [1,89 -0,703*Ln(  EQ \f(Rf ; Lf ) )]-2.5

Voici la comparaison de ces valeurs (en fuchsia, continu pour Barrowman et pointillé pour InterAction) :

Attention ajout des Rr dans Word !


Pour une rugosité relative de 10-5, ces deux sources s’accordent ; pour une rugosité relative de 10-4, leur écart est insignifiant.

Nous ne saurions prendre parti quant au réalisme des différentes courbes qui sont d’ailleurs assez proches ; de sorte que la simplicité de leur équation peut devenir un critère de choix…

Les Re atteignables en Fusée à eau ou à feu sont toujours figurés par des segments horizontaux, mais partant cette fois de la vitesse nulle.

Notons encore (mais c’est le sujet du paragraphe qui suit) qu’une rugosité relative de 10-4 correspond à celle d’une fusée de 0,5 m de longueur grossièrement peinte à la bombe : ce mode de finition causera donc un excès de Friction sensible (le Cf stagnera à 5 millième alors qu’un meilleur poli le laisserait descendre à presque 3 millième)…



Résumons pour finir ce chapitre consacré à l’évolution du Coefficient de Friction sur la surface d’un mobile :

Le Cf évolue selon le Re.
Pour les faibles Re la couche Limite sur le mobile est Laminaire et le Cf évolue suivant une courbe descendante.
À un certain moment, la Couche Limite devient instable et tend à devenir turbulente. Ce fait occasionne un vif accroissement du Cf selon une courbe dite de Transition.
Si le Re continue à croître, la Couche Limite est décidément turbulente et le Cf évolue selon une courbe de nouveau descendante (mais placée plus haut que la courbe du Cf Laminaire).
Si le Re dépasse une certaine valeur, liée à la rugosité relative de la surface du mobile, le Cf se stabilise à une valeur constante et indépendante du Re.


Le Cf déterminé de la sorte représente le Coefficient de Friction global sur toute la surface baignée par le fluide (la surface mouillée SM.). La force de friction F sur cette surface est donc :

F = ½ ÁV2 SM Cf


Nous exposons  HYPERLINK \l "calcul_separatif_cf" en fin de texte un calcul encore différent de la Friction sur une surface au long de laquelle la Couche Limite adopte les deux régimes : laminaire et turbulent. Au lieu de se baser sur la courbe dite de Transition, ce calcul se fait séparément pour la partie laminaire et pour la partie turbulente.



Évaluation de la rugosité absolue d’un fuselage :

Le cours d’ HYPERLINK \l "interaction_cours" InterAction déclare : « On qualifie de rugueuse une surface présentant de nombreuses aspérités, la distance entre deux aspérités consécutives étant de l'ordre de leur hauteur. » Le même cours défini plus loin la rugosité comme la « hauteur des aspérités ».

La rugosité absolue d’une surface est la hauteur moyenne de ses aspérités, mesurée depuis le fond d’un creux jusqu’au sommet d’un pic. 

L’évaluation de cette rugosité, qui compte pour beaucoup dans l’estimation du Cx d’une fusée, mériterait d’être automatisé (à partir d’une mesure laser). Seule une telle mesure, en effet, serait exempte de subjectivité.

En l’absence d’un tel dispositif, le tableau suivant, tiré du texte de Barrowman citant Horner  , donne une description des différentes rugosités.

Dans la citation de Barrowman, la hauteur moyenne des aspérités est exprimée dans une troisième colonne selon une unité particulière, le mil  .
Nous avons fait disparaître cette colonne par prophilaxie  , mais cette origine empirique doit explique la mention ‘‘Approximate’’ :

Approximate Surface Roughness Heights of
Physical Surfaces

Type of surfacesApproximate
micronsSurfaces like a « mirror »0Surface of average glass0,1Finished ans polished surfaces0,5Aircraft-type sheet-metal surfaces2Optimum paint-sprayed surfaces5Planes wooden boards;15Paint in aircraft-mass production20Steel plating-bare50Smooth cement surface50Surface with asphalt-type coating100Dip-galvanized metal surface150Incorrectly sprayed aircraft paint200Natural surface of cast iron250Raw wooden boards500Average concrete surface1000

 HYPERLINK \l "p_gutelle" Pierre Gutelle, donne, quant à lui :

Type de surfaceRugosité absolue en micronsSurface poncée et polie0,5Peinture marine poncée50Métal galvanisé150Bois nu500
Le logiciel  HYPERLINK \l "aerolab" Aerolab ,de Hans Olaf Toft, présente une autre échelle de rugosité absolue :

Type de surfaceRugosité absolue en micronsAbsolutely smooth0,1 à 0,5Polished metal or wood0,6 à 1,7Natural sheet metal2,1 à 4Carefully painted5 à 7,7Painted9,6 à 68,2Rough metal84,7 à 600


Le logiciel  HYPERLINK \l "roccad" Roccad annonce une règle peu être un peu trop simple :

‘‘For rough and unfinished surfaces, multiply values [les valeurs des Cx annoncés] by 1.25.’’

Le logiciel  HYPERLINK \l "rocdrag" Rocdrag, quant à lui, propose quatre types de rugosité absolue. Après ouverture de ses fichiers  , il est possible de bâtir le tableau suivant :

Type de surfaceRugosité absolue en micronsHighly polished paint or similar polished surface2,54 Sprayed, smooth gloss paint or similar12,7Rough or matt paint25,4Unfinished wood, poor quality paint, or worse203,2


LE COEFFICIENT DE FRICTION D’APRÈS LE CNES

Dans un  HYPERLINK \l "doc_lebaron_321espace" document du CNES, M. LEBARON précise pour le Coefficient de Friction :

‘‘En première approximation, il varie suivant la relation :

Cf =  EQ \f( 1 ;  EQ \r(; Re ) ) pour Re < 106

et il renvoie sans autre commentaire sur un diagramme proposé par l’ONERA :


On note au bas de ce graphique :
« Coefficient de frottement Cf en fonction de Re (régime turbulent) »

Le diagramme est établi pour différents nombres de Mach, mais, c’est évidemment la seule courbe liée au Mach H" 0 qui nous intéresse pour la présente et modeste étude&

Il faut alors comprendre que, pour les Re  106 elle se produit à travers une couche limite en régime turbulent en dessinant le graphe reproduit ci-dessus.

Reportée dans un tableau Excel, ces informations donnent :



De fait, lorsque l’on reporte ces deux courbes vert d’eau et bleue très pale sur le graphe général précédemment établi d’après les enseignements de Barrowman et d’InterAction on obtient bien :
Attention : ajout d’étiquettes dans Word !

 

La friction en couche limite laminaire pronostiquée par l’ONERA est donc un peu plus faible (~ un quart) que celle prévue par Barrowman, mais cette différence est de peu d’importance. L’ONERA a au moins le mérite de proposer une formule très mnémotechnique de la friction laminaire…
Rappelons que nos autres sources avançaient la formulation :

CfLam =  EQ \f(1,328 ;  EQ \r(; Re ) )

Par contre, nous notons avec grand intérêt que le CNES nous autorise à sauter la phase de transition de la couche limite (courbe rouge ou orange) pour ne considérer que la courbe de friction laminaire puis turbulente. C’est un élément simplificateur fort intéressant. Il doit se justifier, à mon sens, par le fait que dans le domaine des fusées :

(la plage de vitesse correspondant à ces courbes rouge ou orange (de transition) est passée en un temps suffisamment bref, du moins pour une fusée à feu ;

(cette transition du régime laminaire de la couche limite vers le régime turbulent est peut être plus aléatoire et donc moins modélisable que lors des essais de laboratoire ;

(bien que pratiquement l’écoulement laminaire peut subsister pratiquement jusqu’à un Reynolds de 70 millions (ce qui correspond pour une ogive de 20 cm de haut à une vitesse très supersonique, cette ogive devant être parfaitement polie), on est en droit de penser que la recompression partielle des filets d’air  qui se produit au raccord ogive-partie cylindrique du fuselage entraîne de fait une transition de la couche limite vers le régime turbulent sur cette partie cylindrique  .

Ladite partie cylindrique représentant la plus grande partie de la surface de friction, l’erreur consistant à appliquer à l’ogive le Cf turbulent du fuselage sera peu importante… Il ne faut d’ailleurs pas avoir un œil très exercé pour noter sur le graphe que l’écart entre le Cf laminaire et le Cf Turbulent est quasi constant ; il vaut un peu moins de 3 millième dans la plage de Reynolds qui nous intéresse. C’est donc ce ‘‘un peu moins de 3 millième’’ que l’on devra appliquer à la surface mouillée de l’ogive pour corriger le choix de la Couche Limite turbulente sur toute la fusée. Pour une ogive adaptée ou ‘‘gothique’’ d’élancement 3, il est facile de donner une valeur à cette correction sur le Cx : elle est de 0,025  …

(si l’on est à la recherche d’un Cx unique (qui sera donc un Cx moyen ou équivalent sur toute la plage des vitesses qui animent la fusée), il est évident qu’on doit accorder plus d’importance aux Cf les plus forts (dans l’intégration de la Traînée au long du vol ascendant de la fusée, ce sont bien les plus forts Cf qui tiennent le rôle le plus important). Il est donc sage de s’attacher à leur recherche plutôt qu’à des Cx qui interviennent à des faibles vitesses…

Dessinons à nouveau pour fixer nos idées le même graphique avec, près de l’axe des abscisses, les plages de vitesses des fusées correspondant au Re atteints (en bleu clair une fusée à eau de 0,5 m atteignant 60 m/s et en rouge une Minifusée de 1 m atteignant 175 m/s) :

Attention ajout des Rr dans Word !


À droite du segment rouge de la Minifusée à feu, le mur du son n’est pas si loin : il serait franchi au Re de 2 107 par la Minifusée.

Si l’on s’autorise de l’opinion de M  LEBARON et du CNES citée un peu plus haut, opinion qui conjecture une transition immédiate du Cf depuis la courbe laminaire jusqu’à la courbe turbulente (sans passer donc par une courbe rouge ou orange) :

(on peut imaginer qu’une fusée à eau d’un excellent état de surface puisse relever des deux calculs de Cf (en laminaire vert d’eau ou bleu pâle et en turbulent bleu très pâle)
(on doit prévoir qu’une fusée à eau de mauvais état de surface (présence de rubans adhésifs plus ou moins gaufrés et froissés sur le fuselage et spécialement au raccord ogive-partie cylindrique du fuselage) ressortisse d’un calcul à Cf constant (totalement rugueux) (Cf de 6 à 8 millièmes, par ex., selon son état de surface)…

(la Minifusée, quant à elle, semble devoir ne rester que peu de temps dans la zone justiciable du calcul en laminaire : sa couche limite transitera très vite vers le turbulent (spécialement et à notre avis par le fait de la recompression au raccord de l’ogive sur le fuselage cylindrique). Toutefois un excellent fini de sa surface reculera peut-être cette transition, mais essentiellement près de l’ogive…


Mais il faut également penser que, dans un cas comme dans l’autre, ce sont les Cx suscités par les plus fortes vitesses (et donc les plus fort Re ) qui occasionneront le plus de freinage atmosphérique : l’attribution d’un Cx de friction unique en devient plus simple pour la Minifusée (Cf décidément turbulent), et plus compliqué pour une petite fusée à eau de belle facture (fusée de 0,5 L dotée d’un ‘‘fini aérodynamique’’, par exemple), cas où l’on pourra hésiter entre le régime laminaire et le régime turbulent…

Il faut d’ailleurs noter qu’après transition (s’il en est une), les couches limite des fusées conserveront longtemps leur état turbulent même après le ralentissement due à l’effet de la gravité : il est très difficile en effet à la Couche Limite de revenir d’elle-même en arrière vers le régime laminaire.





FORCE RÉSULTANTE DE FRICTION SUR LE FUSELAGE
(correctif de tridimensionnalité de la surface de friction) :

Nous avons dit que la force de friction sur le fuselage est proportionnelle au coefficient de friction et à la surface mouillée du fuselage.
Dès lors que l’on aura pu calculer (ou estimer) ce Coefficient de Friction, le Cx de Friction du fuselage pourrait facilement être obtenu. Il suffirait de prendre le produit du Cf par la surface mouillée et de le diviser par la surface de référence (souvent la section frontale de l’ogive).

Si Sm est la surface mouillée, Cf le coefficient de frottement s’exerçant sur le fuselage et Sog la section de l’ogive, le Cx de friction Cxf sur le fuselage serait donc :

Cxf =  EQ \f(SmCf ; Sog )

(rappelons que nous revenons à la fin de ce texte sur la détermination exacte de la surface mouillée)


Mais dans les faits, le fuselage d’une fusée n’étant pas une plaque plane, il convient d’appliquer au coefficient de friction Cf un certain correctif.

InterAction signale à ce propos :
« Même dans le meilleur des cas, c'est à dire lorsque le corps est exempt de traînée de pression et qu'il ne présente, apparemment, que de la traînée de frottement (cas des corps parfaitement profilés), on constate que la traînée mesurée est supérieure à la stricte traînée de frottement d'une plaque plane parallèle à l'écoulement et de même surface. C'est là le signe qu'une interférence s'est établie entre l'épaisseur du volume [(qui est ici nouvelle)…] et le phénomène de couche limite [qui fait toujours qu'un véritable tapis est entraîné derrière le profil, ce que la technique de la cuve à bulles d'hydrogène permet d'ailleurs de bien mettre en évidence (fig.21 a). Or, il ne s'agit pas encore de décollement dont les remous et les turbulences bouleversent, comme le montre la figure 21 b, le sillage de façon fort différente (le quadrillage de cette figure est obtenu en croisant deux fils générateurs de bulles d`hydrogène). … ] Le déficit mesuré entre profil et plaque plane est tout de même de l'ordre de 10 % (variable selon l'épaisseur relative du profil considéré) »


Barrowman fait état de ce phénomène, en citant l’ouvrage d’Hoerner :

« The body skin friction coefficient must be corrected for the fact tnat the body is not a flat plane »


Le correctif qu’il adopte est un multiplicateur qui s’applique en dernier, au moment du calcul de la Traînée de friction du fuselage. Il vaut :

[1+ EQ \f( 0,5 ; El ht ) ] ( El ht étant l’élancement hors tout de la fusée.)

En conséquence de quoi le Coefficient de Friction dudit fuselage devient :

[1+ EQ \f( 0,5 ; El ht ) ]Cf


Nous pourrions nommer ce correctif : correctif de tridimensionnalité ou de courbure.
Il traduit en effet que les résultats de l’étude de la friction sur la plaque plane (qui est un objet bi-dimensionnel  ) doivent être adaptés, du fait que le fuselage d’une fusée est un objet défini par trois dimensions.
Pour un élancement hors-tout de 5, ce coefficient correctif vaut donc 1,1 ; pour un élancement hors tout de 15 il vaut 1,033 (nous produisons une courbe de son évolution plus bas).

Une autre source, le programme HYPERLINK \l "rocdrag"Rocdrag , s’autorisant également du même Hoerner, avance pourtant comme correctif un correctif de courbure (correction for curvature) :

faut-il faire compter le 1,02 dans cette correction ?
=1,02{1 + 1,5  EQ \f(1; Elht )1,5+ 7 [ EQ \f(1; Elht )1,5]2}

Ces deux correctifs semblent correspondre à la même volonté et donner des résultats assez proches pour des élancements hors-tout usuels, du moins si l’on ne fait pas intervenir le coefficient 1,02 (celui utilisé par Barrowman est en jaune et celui utilisé par Rocdrag en fuchsia) :




Si l’on fait intervenir ce coefficient 1,02 la comparaison est un peu moins flatteuse :



Nous ne savons que penser de cette différence d’interprétation.

Insistons cependant sur le fait que ce correctif s’applique au produit SmCf et ne doit pas être confondu avec certains correctifs permettant de prédire la Surface Mouillée Sm d’après les seuls Diamètre et Élancement d’une fusée.



Une correction identique de tridimensionnalité semble devoir être appliquée lors du calcul du Cf de Couche Limite des ailerons.



PROBLÈME DE LA LAMINARITÉ DE L’OGIVE

La plupart des pyrofuséistes apportent beaucoup de soins au dessin de leur ogive ainsi qu’au poli de sa surface.

Si l’on se fie à nos affirmations sur le Cx de Pression de l’ogive, ce dernier demeure assez faible (pour une forme correctement profilée, du moins en subsonique incompressible).

Quant au Cx de Friction de cette même ogive, l’on doit y revenir :

Si l’ogive est baignée dans une Couche Limite laminaire, sa Traînée de Friction découlera du Cf de Friction attaché au nombre de Reynolds de l’écoulement laminaire.
Reproduisons encore une fois les courbes du Cf selon le nombre de Reynolds :

Attention : ajout du trait vert fluo dans Word !


Bien que le Cf sur l’ogive ne soit pas constant durant le vol (ainsi que le montre ce graphe, puisque la vitesse de notre engin varie) on peut quand-même en donner une estimation raisonnable. En effet, nous savons que les valeurs de ce Cx variable qui auront le plus d’effet sur le freinage atmosphérique de la fusée sont les valeurs correspondant aux plus fortes vitesses (voir à ce sujet notre texte  HYPERLINK "http://perso.numericable.fr/~fbouquetbe63/gomars/cx_moyen.doc" Existe-t-il un Cx moyen pour les fusées ?).

Les abscisses logarithmiques utilisées dans ce graphe compriment singulièrement l’échelle des Re (et donc des vitesses, puisque la longueur de la fusée reste invariable  ). Les variations du Cf en sont donc notablement diminuées.
Par exemple, si l’évaluation du Cf en laminaire devait se faire sur une plage de vitesse allant de la moitié de la vitesse maximum à cette vitesse maximum (mais cette plage est même beaucoup trop large s’il s’agit de déterminer un Cx moyen) cela nous conduirait à une moyennisation sur la plage vert fluo indiquée sur le graphe.
Cette largeur de segment vert fluo correspond à une multiplication par deux de la vitesse : on voit pourtant que le Cf en Couche Limite Laminaire y demeure assez près de 0,0005.


Si la Couche Limite sur l’ogive se fait Turbulente (par exemple à cause d'aspérités diverses genre interrupteurs ou plans de joint, ou à partir d’une certaine vitesse à cause d’un défaut général d’état de surface), observons le surcroît de Cx que cela occasionne :

L’écart entre les courbes du Cf Laminaire et Turbulent est quasi constant et de l’ordre ~ 0,003.

Sauter cet écart vers le haut produit alors (sur la seule surface mouillée de l’ogive) un surcroît de Cx de :

0,003 SMog /SOg .

(voir à ce sujet la note sur les Surfaces mouillées  HYPERLINK \l "Note_SMDP" en fin de texte)

Pour une fusée courante d’élancements d’ogive 3 ce surcroît de Cx est alors de 0,025 , soit 6 % d’un Cx total de 0,4.

Bien sûr, cette surtaxe aérodynamique est tout à fait dans la marge d’erreur de notre estimation du Cx général de la fusée, mais ne pas en tenir compte serait perpétrer une erreur volontairement. Aussi la question suivante vaut d’être posée :


La Couche Limite sur l’ogive est-elle Laminaire ou Turbulente ?

Si l’ogive est suffisamment lisse (càd si elle possède un état de surface correct et si elle ne fait montre d’aucune aspérité : têtes de boulons, antenne, joints de trappe et autres interrupteurs) sa Couche Limite garde de grandes chances d’être laminaire.

Ceci parce que la transition Laminaire/Turbulent de la Couche Limite se produit difficilement lorsque l’écoulement de l’air est en phase d’accélération. Or le fluide accélère de la pointe de l’ogive jusqu’au raccordement de celle-ci sur la partie cylindrique du fuselage. À ce sujet InterAction précise bien :
« La transition peut être déclenchée par une recompression, même partielle, générée par la forme géométrique d'un profil. »
Et plus loin : « C'est aussi [cette solution qui est] retenue pour déclencher la transition immédiatement au bord d'attaque sur plaque plane, par l'utilisation d'une arête arrondie (Cette transition immédiate est alors obtenue pour une vitesse de veine de 35 m/s). »

Il est utile ici de représenter schématiquement l’évolution des vitesses et des pressions le long du fuselage d’une fusée ogivo-cylindrique (ceci évidemment à l’extérieur de la Couche Limite)   :


























Les vitesses sont en bleu : l’horizontale bleue est la vitesse de l’écoulement à distance de la fusée. 
Les pressions sont en rouge. En dessous de l’horizontale en pointillés bleus et rouges, elles sont inférieures à la pression atmosphérique (ralentissement du fluide). Au-dessus elles sont supérieures (accélération du fluide).
À gauche de la verticale bleue est donc la zone de surpression (proche du point d’arrêt).

La cadence à laquelle la vitesse de l’écoulement le long de la partie cylindrique du fuselage se rapproche de celle de l’écoulement à l’infini ne nous est pas connue actuellement. Sa connaissance serait pourtant utile, car elle doit influer sur la Traînée de culot…

L’observation de ce schéma indique que le raccordement de l’ogive sur le fuselage constitue bien, pour chaque filet d’air, le point de recompression. Cette recompression a de fortes chances de déclencher la transition de l’écoulement de la Couche Limite depuis le Laminaire jusqu’au Turbulent et ceci d’autant plus que, dans beaucoup de cas, le raccordement de l’ogive sur le fuselage est également un raccordement matériel (avec un plan de joint plus ou moins bien réalisé)…


InterAction Cours 2 : « L'expérience montre qu'un gradient de pression négatif (détente), de même que l'accélération des filets, stabilisent la laminarité et reculent la transition. A l'inverse, un gradient de pression positif (recompression), de même que le ralentissement des filets, fragilisent la laminarité et favorisent la transition. Ils la fragilisent, mais ils ne la provoquent pas. Toutefois, comme la laminarité est un état particulièrement instable, elle ne tient guère longtemps […]
Ainsi, le fait de maintenir une accélération permet de repousser le point de transition bien au-delà du Reynolds de 500 000 obtenu avec les plaques planes.
Il faut citer en exemple le fuselage de l"'Avanti" dont la forme a été étudiée […] par des aérodynamiciens compétents dont le souci a été de préserver un maximum de laminarité sur le fuselage, par recul de la transition aux limites du possible. Malgré sa vitesse élevée, des Reynolds de plus de 70 millions ont ainsi pu être obtenus sur cet avion. »

Il est donc théoriquement possible de prolonger la laminarité de la Couche Limite jusqu’à cette valeur de Re de 70 millions. Pour une fusée volant à 200 m/s, ce Reynolds serait celui d’une ogive longue de :

70 106 = 70 000 200 L, ce qui donne une longueur d’ogive de 5 m…



John S. DeMar, dans son rapport Model Rocket Drag Analysis note pourtant :
“For practical purposes in model rocketry, the flow will be turbulent before it passes the nosecone for most designs [Stine, 1986].”

Dans les commentaires de son logiciel  HYPERLINK \l "rocdrag" RocDrag , John S. Kallend indique :
“Body tube drag […] I use turbulent flow formula (it will surely be turbulent after the nose/bt junction)”

Et, plus loin : “Schoenherr equation for smooth turbulent flow”.


Alain Bugeau, d’ HYPERLINK \l "interaction_cours" InterAction , fait état dans Laminarité et aviation légère des différentes méthodes permettant de lever le doute sur le type de Couche Limite baignant un corps profilé : Ces méthodes permettent de relever en vol le front de transition entre la Couche Limite Laminaire et la Couche Limite Turbulente. Voici une très intéressante image montrant cette ligne frontière sur un carénage de roue d’avion léger, objet assez proche d’une ogive de fusée :


Image de Laminarité et aviation légère d’InterAction

L’avant de l’objet est à gauche.
Il est remarquable que le front de Transition se situe bien aux points où le carénage de la roue achève de se faire sa place dans l’air, càd au point de recompression.

L’avancée du front déclenchée par le boulon doit nous servir d’exemple à ne pas suivre : toute aspérité risque bien de provoquer une transition prématurée de la Couche Limite.



FRICTION SUR LES AILERONS D’EMPENNAGE :

D'après le  HYPERLINK \l "doc_lebaron_321espace" document du CNES cité plus haut, une fusée donne lieu à deux calculs de friction :
(un pour le fuselage (ogive et corps cylindrique), le nombre de Reynolds étant fondé sur la longueur de ce fuselage (depuis la pointe de l'ogive jusqu'au culot) et la surface étant la surface mouillée de ce fuselage.

(puis un autre pour les ailerons d'empennage, le nombre de Reynolds étant fondé sur la corde (moyenne) d'un aileron et la surface étant la surface mouillée totale de l'empennage (8 faces pour un empennage de 4 ailerons).


Conséquemment, le coefficient de friction sur l’empennage sera alors un peu plus fort que celui à appliquer au fuselage. En effet, si l’on retient comme Coefficient de Friction sur l’empennage la valeur du Coefficient de Friction en Turbulent donnée par l'école Polytechnique de Montréal (à cause de sa simplicité) :

CfEmp =  EQ \f(0,031 ; Re1/7 )

on peut le réécrire :

CfEmp =  EQ \f(0,031 ; (U CordMoy / ½ )1/7 )


Cette valeur est à comparer à celle du coefficient de friction sur le fuselage :

CfFuse =  EQ \f(0,031 ; (U LFuse / ½ )1/7 ) (LFuse étant la longueur de celui-ci)


Le quotient entre les deux longueurs caractéristiques LFuse et CordMoy ayant souvent un ordre de grandeur de 10, la puissance 1/7 de ce quotient est de 1,4 , ce qui nous informe raisonnablement sur la proportion des deux coefficients de friction : le Cf de l’empennage sera fréquemment 1,4 fois plus fort que celui du fuselage. Attention cependant : ces deux Cf ne s’appliquent pas à la même surface (la surface mouillée totale des ailerons restant inférieure d’un facteur 3 à10 à celle du fuselage)…


John S DeMar, dans  HYPERLINK \l "rocket_drag_analysis" Rocket Drag Analysis propose d’agir différemment selon que la Couche Limite sur les ailerons est en régime Laminaire, de Transition ou Turbulente (ce régime dépendant bien sûr du Reynolds découlant de la corde moyenne de ces ailerons). C’est une affirmation qui vaut son poids. Nous serions d’ailleurs assez proche ici de la problématique de la friction sur les ailes de planeurs et d’avions, si les ailes de nos fusées n’étaient pas, la plupart du temps, des profils minces.

Ce dernier cas des profils minces n’est autre que celui de la plaque plane en couche limite turbulente forcée. Cette couche limite est forcée par le fait qu’on a tout simplement arrondi son bord d’attaque, ce qui provoque une recompression de l’écoulement et un passage automatique de la Couche Limite à l’écoulement turbulent.

Faisons-nous l’écho une nouvelle fois la parole d’InterAction :
« [ ] la transition peut être déclenchée par une recompression, même partielle, générée par la forme géométrique d'un profil. C'est […]cette solution qui est retenue pour déclencher la transition immédiatement au bord d'attaque sur plaque plane, par l'utilisation d'une arête arrondie. Cette transition immédiate est alors obtenue pour une vitesse de veine de 35 m/s. »

Remarquons que cette vitesse de transition immédiate de 35 m/s (126 Km/h) est décidément très faible pour des fusées à feu, surtout par rapport aux vitesses qui occasionneront le gros de leur freinage atmosphérique (voir notre texte Existe-t-il un Cx moyen pour les fusées ? ).

Notre opinion est qu’on peut être fondé à penser que, sur les ailerons de nos fusées, la couche limite se développe automatiquement sous un régime de Turbulence Forcée, et ceci d’autant plus que l’écoulement (au moins à la racine desdits ailerons) est largement pollué par la présence du fuselage (en couche Limite Turbulente).

À cet égard, John S. Kallend commente ainsi le problème du régime de la Couche Limite sur les ailerons : « More likely turbulent because of interference with body »

Mais il utilise cependant la formule du Cf de Couche Limite Laminaire lorsque le Reynolds demeure en dessous de seulement 100 000 : il accepte donc l’idée d’un transition anticipée de la Couche Limite   ; notons pour notre compte que ce Reynolds propre de 100 000 est atteint, pour des ailerons de seulement 5 cm de corde moyenne, à la vitesse de 100 km/h.

L’existence d’un régime Laminaire de la Couche Limite sur les ailerons nous paraît donc anecdotique.



On peut également ajouter que, l’écart entre les courbes du Cf en Couche Limite Turbulente et Laminaire demeurant près de 0,003, pour quatre ailerons d’envergure et de corde moyenne égale au diamètre de la fusée, l’erreur consistant à baser le calcul sur la friction sur un écoulement laminaire plutôt que turbulent conduit à une erreur sur le Cx de 8D² 0,003 / (ÀD²/4) , càd 0,03, soit un peu moins de son dixième.
Cette erreur n est pas négligeable, mais son occurrence semble devoir être limitée aux très basse vitesses, lesquelles comptent pour presque rien dans le bilan des pertes de vitesse lors de la montée à culmination.



Une correction de tridimensionnalité (identique à celle spécifiée pour la friction du fuselage) semble devoir être appliquée lors du calcul de la Traînée des ailerons.
Pour le calcul en Couche Limite Turbulente, RocDrag adopte à cet effet, comme correction, le coefficient multiplicateur:

1 + 2 éprelat + 60(éprelat)4

On devine que éprelat est l’épaisseur relative des ailerons (quotient de leur épaisseur sur leur corde moyenne).


L’épaisseur relative étant nécessairement faible (de l’ordre de 5 %), le terme de degré quatre est négligeable et la correction se fait assez proche du dixième en sus.



Cx DE CULOT :

La zone immédiatement en aval du culot de la fusée est typiquement une zone de décollement des filets d’air.
Par analogie avec les tourbillons encombrés de débris flottants qui se forment derrière certains obstacles à l’écoulement des fleuves (comme les piles de ponts) on la qualifie de zone d’eau morte.
La dénomination actuelle de la Traînée générée par le culot évolue cependant en Traînée d’arrière corps…

Cette Traînée est une Traînée de pression, dans la mesure où aucune des forces de friction existant sur le culot ne peut avoir de projection sur l’axe de l’engin (le culot est supposé plan et perpendiculaire à cet axe).

 HYPERLINK \l "RGougnotCoursAero" R.GOUGNOT nous indique que la Traînée de culot peut représenter de 20 à 40 % de la Traînée totale, ce qui n’est pas rien…

Il faut d’ailleurs noter que selon que le propulseur est en fonctionnement ou non la Traînée de culot s’avère différente. Nous en resterons, pour le moment, à la seule phase balistique (propulseur éteint, donc).


Cx de culot d’une fusée ogivo-cylindrique :

John Barrowman citant Hoerner donne une expression assez simple du Cx de Culot d’une fusée ogivo-cylindrique (nommons mnémotechniquement celui-ci Cxq ). Ce Cxq est directement fonction du Cx de Friction du fuselage (Cx de Friction référencé à l’aire frontale de l’ogive ; appelons le CxfFuse pour Cx de Friction du Fuselage). Voici cette expression :

Cxq =  EQ \f(0,029; EQ \r (; CxfFuse) )

Les Cxq et CxfFuse d’AeroLab, Rocdrag, Rocket Drag Analysis et Model Rocket Drag Analysis vérifient bien cette relation.
Le CxfFuse présent sous la racine carrée vaut évidemment CfFuse  EQ \f(SmFuse ; SOg ) , CfFuse étant le coefficient de friction le long du fuselage complet (bien que cela ne soit pas précisé par John Barrowman).

Sur ce point précis de la valeur à prendre pour le CxfFuse dans cette formule du Cxq , l’auteur de  HYPERLINK \l "rocket_drag_analysis" Rocket Drag Analysis utilise la valeur CfFuse  EQ \f(SmFuse ; SOg ) augmentée du Cx de Pression de l’ogive. Celui-ci étant assez faible, la différence n’est pas très grande, mais cet ajout reste à justifier : en particulier, une ogive présentant un très mauvais Cx de Pression diminue alors de fait le Cx de Culot, ce qui vaudrait à être vérifié…


Si l’on s’en tient pourtant à l’utilisation sous le radical du seul Cx de Friction du fuselage, le Cx de culot peut donc s’exprimer sous la forme :

Cxq =  EQ \f(0,029; EQ \r (;Cf EQ \f(SmFuse;SOg) ))
où SmFuse est l'aire mouillée de la fusée ogivo-cylindrique 
SOg l'aire de référence (ici également l’aire du culot).
et Cf le coefficient de friction de l’air sur le fuselage et l’ogive.

Dans son texte, John Barrowman présente ce Cxq comme s’appliquant à ‘‘l’aire de la base’’ (‘‘base area’’). À notre sens (et toujours en phase non propulsée) il doit donc s’appliquer à l’aire du culot Sq. y compris celle de la tuyère (car, si cette aire n’offre pas physiquement une surface à la pression de culot, elle permet la mise à cette pression de l’ensemble de la cavité du moteur et donc en particulier l’aire opposée à la section de la tuyère, au fond du moteur). C’est pourquoi, dans ce cas de la fusée ogivo-cylindrique, nous assimilons l’aire de la base à l’aire de référence SOg.


Notons, en observant les deux formules précédentes, que si le Cx de friction sur le fuselage est plus fort, le Cx de Culot sera plus faible. Càd que pour une fusée plus lente (le nombre de Reynolds plus faible entraînant un Cf plus fort) le Cx de culot sera un peu plus faible (toutes choses égales par ailleurs)  …
On peut aussi noter que l’évolution du Cx de culot compense en partie l’évolution du Cx de friction sur le fuselage…

Comme Cf SmFuse représente la force de friction sur le fuselage, on doit admettre que tout ce passe comme si le Cx de culot dépendait de l’inverse de la racine carrée de la force de friction sur le fuselage. 

Ce ne peut être qu’une impression car en aucun cas les particules de fluide générant la dépression de culot ne sont porteuses d’une information sur la force de friction qu’elles ont précédemment administrée durant leur course. Chaque particule de fluide n’est porteuse que des informations correspondant à son état, à savoir sa Pression et son vecteur Vitesse. Cependant, la friction le long du fuselage a bien épaissi sa Couche Limite. Et l’état de cette Couche Limite est donc révélatrice de la friction qui s’est opérée en amont…

La dépendance du Coefficient de Traînée de Culot du Coefficient de Friction du fuselage Cf doit donc s’expliquer par le fait qu’à cette distance de l’ogive la Couche Limite a déjà atteint une épaisseur importante et que la recirculation  qui se produit au culot est alimenté, non pas par un fluide à la vitesse de l’engin mais par des veines de fluide notablement ralenties par la friction sur le fuselage.

Il doit également y avoir l’influence de la recompression des filets d’air : plus long est les le fuselage et plus est complète la recompression, ce qui base la (dé)pression de culot sur une (dé)pression plus faible, donc un moindre ralentissement du mobile…

Voici une captation par l’ONERA de la recirculation sur un arrière corps :


Image obtenue par Henri Werlé en tunnel hydrodynamique, diffusée par Interaction sur la page La Traînée

Nous y avons symbolisé, en bleu, l’enroulement torique des filets fluides supérieurs.

Voici une représentation plus experte de cette même recirculation, tirée du cours de  HYPERLINK \l "cours_jean_delery" Jean Délery , :



Image tirée du cours de  HYPERLINK \l "cours_jean_delery" Jean Délery


Si l’on se souvient à présent que le Coefficient de Friction créé par une couche limite turbulente est donné par le même Barrowman pour :

Cf =  EQ \f( 1 ; (1,503*Ln(Re) - 5,6)2 )


…on peut réécrire le Cx de culot pour ce cas de la fusée ogivo-cylindrique sous la forme :

Cxq =  EQ \f(0,029 (1,503*Ln(Re) - 5,6);  EQ \r (;  EQ \f(SmFuse ; SOg ) ) )

soit :

Cxq =  EQ \f( 0,0436*Ln(Re) - 0,1624;  EQ \r (;  EQ \f(SmFuse ; SOg ) ) )

Si l’on préfère utiliser la valeur du coefficient de frottement de la couche limite turbulente d’InterAction, à savoir 3,913 [Ln(Re)] - 2,58 , l’on sera conduit à l’expression du Cx de culot suivante :


Cxq =  EQ \f(0,01466 [Ln(Re)]1,29;  EQ \r (;  EQ \f(SmFuse ; SOg ) ) )


Ces expressions du Cx de culot, basées sur deux évaluations différentes du Cf , laissent entendre que Cxq sera d’autant plus fort que l’aire de l’ogive SOg et donc l’aire du culot Sq (ce sont les mêmes) seront fortes par rapport à la surface mouillée.
Attention : Nous parlons bien ici du Coefficient de Traînée Cxq et pas de la Traînée de Culot (qui est évidemment plus forte si la surface qui en est le siège est plus grande)…
Plus une fusée sera trapue, donc et plus son Cx de culot sera fort… 


Valeur approchée du Cx de culot pour une fusée ogivo-cylindrique :

Comme le quotient  EQ \f(SmFuse ; Sq ) est globalement proportionnel à l’élancement hors-tout de la fusée (dans le cas où les élancements de l’ogive et de la partie cylindrique croissent ensemble), on peut raisonnablement écrire, selon la formulation que l’on retient pour le coefficient de friction (Barrowman ou InterAction) :

Cxq =  EQ \f( 0,0436*Ln(Re) - 0,1624; 2 EQ \r (; k eHT) )

ou encore :

Cxq =  EQ \f(0,01466 [Ln(Re)]1,29; 2 EQ \r (; k eHT))

où :
Re est le nombre de Reynolds du fuselage,
k est une constante un peu inférieure à 1 caractérisant le rapport entre la surface mouillée de la fusée et la surface ÀDL du cylindre circonscrit à ce fuselage (voir notre  HYPERLINK \l "Note_SMDP" note en fin de texte)
et eHT est l élancement hors-tout de la fusée

À élancement hors-tout égal (fusée de même silhouette), le Cxq de culot s’accroîtra donc doucement avec le Reynolds du fuselage donc sa taille et sa vitesse…

Ce Cxq diminuera par contre à mesure que l’élancement général de la fusée augmente  . L’élancement de la fusée n’intervient cependant que comme sa racine carrée. …

Voici cet accroissement en fonction du Reynolds et pour des élancements hors-tout de la fusée évoluant de 5 à 20 (courbes en traits pleins) :



Les horizontales bleue et rouge illustrent toujours la zone de Re maximum usuelle des fusée à eau et à feu…

Cette famille de courbes des Cxq est tracée ici pour une longueur de fusée de 0,5 m, mais cette longueur n’intervient nullement dans la formulation du Cxq (puisque nous graduons nos abscisses selon les Re) :

Cxq =  EQ \f(0,01466 [Ln(Re)]1,29; 2 EQ \r (; k eHT))

Mais, par contre, si l’on se pose la question de savoir quel Cxq moyen on devra retenir de tous les Cxq d’une courbe donnée, et si l’on retient pour ce Cxq moyen l’option d’une moyenne ciné-quadratique (voir à ce sujet notre texte  HYPERLINK "http://perso.numericable.fr/~fbouquetbe63/gomars/cx_moyen.doc" Existe-t-il un Cx moyen pour les fusées ? ) il faut alors faire référence à la vitesse de l’écoulement et donc l’extraire du Re selon la longueur de la fusée.

Ce Cxq moyen apparaît ci-dessus en pointillés à titre d’exemple pour l’élancement hors tout de 5 et pour des longueurs de fusée 0,4, 0,8 et 1,2 m.
On doit d’ailleurs reconnaître que ces trois courbes pointillées sont assez proches les unes des autres…

Rappelons que par définition le Cxq moyen ciné-quadratique est alors unique et doit être pris sur le présent graphe à la verticale du Re maximum atteint par la fusée…


Ceci acquis, le parti-pris de ne considérer que l’élancement hors tout revient à considérer que l’élancement de l’ogive évolue conjointement avec l’élancement hors-tout (à coefficient k constant, comme sur ce graphe). C’est un péché mineur ; mais cela produit quand même des ogives exagérément pointue pour les grands élancements.

Le calcul complet du Cxq (réalisé avec des ogives arborant un élancement constant de 3) donne les marques triangulaires rouges et bleues sur le graphe ci-dessus.
On voit que l’option sur le coefficient k (ici 0,8) a été prise pour calquer avec l’élancement hors tout de 5 mais que cette option ne convient plus tout à fait pour l’élancement de 20…

On peut donc avoir le tentation de réaliser le calcul complet de la surface mouillée de la fusée. Voici ce calcul établi pour des fusées dotées d’une ogive d’élancement constant 3 et arborant, pour leur seule partie cylindrique des élancements évoluant de 2 à 17 (même élancements hors tout que précédemment, donc) :



Les trois courbes en pointillés donnent, pour comparaison, le Cxq ciné-quadratique pour l’élancement cylindrique de 2 (soit 5 d’élancement hors tout) et pour des longueurs de fusée 0,4, 0,8 et 1,2 m.
Ce Cxq moyen ciné-quadratique étant probablement plus utile que le Cxq variable, le voici pour les mêmes élancements de la seule partie cylindrique de 2 à 17 (élancement d’ogive 3) et pour des longueurs de fusée 0,4, 0,8 et 1,2 m :



Rappelons que ce Cxq moyen est unique et doit être lu en regard du Re maximum atteint par la fusée.

Pour chaque élancement cylindrique, la courbe en trait plein correspond à une longueur de fusée de 0,8 m et deux courbes en pointillés à des longueurs de 0,4 et 1,2 m : ces deux dernières courbes sont très proches celle en très plein : on peut donc raisonnablement prétendre que pour un même élancement cylindrique, la longueur exacte de la fusée intervient très peu sur le Cxq …

Extension au Cx de culot de l’hémisphère

Afin de pousser dans ses limites la formulation de Hoerner citée plus haut par John Barrowman, à savoir :

Cxq =  EQ \f( 0,0436*Ln(Re) - 0,1624;  EQ \r (;  EQ \f(SmFuse ; SOg ) ) )

… nous avons eu l’idée de l’appliquer au Cx de culot d’un hémisphère (cet hémisphère étant alors considéré comme une fusée dotée d’une ogive hémisphérique et d’un fuselage de longueur nulle)  . Voici le résultat de cette application quelque peu extrême :



Ce résultat n’est pas si mauvais ! En effet, le Cx de pression d’un hémisphère est réputé être égal à 0,4 . Or cet hémisphère ne produisant que très peu de Cx de pression, on peut considérer que cette valeur de 0,4 n’est due qu’à la Traînée de culot de l’hémisphère.
La formulation d’Hoerner, poussée par notre curiosité dans ses retranchements, donne donc un résultat du bon ordre de grandeur. La courbe qu’elle produit vise d’ailleurs, pour les petits Reynolds, les 0,4 évoqués ; nous ne savons cependant pas expliquer pourquoi elle diverge depuis cette valeur.



Calcul du Cx d’un fuselage seul :

Dans HYPERLINK \l "fluid_dynamic_drag_hoerner"l’un de ses ouvrages, Hoerner donne la courbe du Cx d’un cylindre à nez arrondi (“Rounded noze cylinder”) en fonction de son élancement général, ainsi que le Cx d’un cylindre à bout plat également en fonction de son élancement.

Ces deux cylindres sont évidemment placés parallèlement à l’écoulement et leur Cx exprimé en référence à la section du cylindre : ÀD²/4 :



Le Cx du cylindre à nez arrondi est en bas en rouge et celui du cylindre à bouts plats en haut en rouge également (ces deux Cx étant probablement des Cx complets, à savoir de Pression et de Friction).

En vert fluo et en bleu clair nous avons reproduit les Cx annoncés pour le même cylindre à bout plat par InterAction (Cx de Pression) et l’ HYPERLINK \l "univ_montreal" Université de Montréal (sans doute également Cx de Pression).


Il est patent que le Cx complet du cylindre à nez arrondi (objet qui n’est autre qu’un corps ogivo-cylindrique, càd ce fameux fuselage seul qui nous intéresse) est assez faible (pour un élancement général de 4, il vaut 0,2). Il incorpore ici la forte Traînée de Culot.

Lorsque l’élancement croît au-delà de 6, le Cx total tend à remonter légèrement du fait de l’accroissement de la Traînée de Friction sur la partie cylindrique.

On peut penser que c’est à partir de telles courbes qu’Hoerner a établi la loi donnant la Traînée de culot du corps ogivo cylindrique.

En fuchsia, nous avons rajouté la courbe du Cx complet d’un corps ogivo-cylindrique calculé selon les formules d’Hoerner  .
Nous avons attribué à ce corps un élancement d’ogive de 3,55 et supposé qu’il évolue à 60 m/s dans l’air, son diamètre étant de 0,1 m  . Ces présupposés donnent une courbe fuchsia tout à fait proche de la courbe rouge tirée des tests en soufflerie.

C’est ce calcul que nous explicitons à présent.



Le Calcul du Cx du fuselage seul, selon Hoerner :

On se souvient que la Traînée de la fusée est primordialement due à la friction sur son fuselage et à sa Traînée de culot. On se souvient aussi que, lorsque la friction sur le fuselage se fait plus forte, le Cx de Culot se fait un peu plus faible. La Traînée de culot corrige donc dans une certaine mesure l’accroissement de Cx dû à la Traînée de Friction (accroissement consécutif, par exemple à un allongement de la fusée ou un ralentissement de sa vitesse).

À ce stade de notre étude, il est donc raisonnable d’affirmer que l’essentiel du SCx de fuselage d’une fusée ogivo-cylindrique (partie cylindrique et ogive, mais sans prise en compte de la Traînée des ailerons) tiendra dans la somme Cf SmFuse + CxqSog .
Cette somme sera peu différente de :

SCx H" (1,503*Ln(Re) - 5,6) -2 SmFuse +  EQ \f( 0,0436*Ln(Re) - 0,1624;  EQ \r (;  EQ \f(SmFuse ; SOg ) ) ) Sog

Le même produit SCx basé sur le Cf annoncé par InterAction sera :

SCx H" 3,913 [Ln(Re)] -2,58 SmFuse +  EQ \f(0,01466 [Ln(Re)]1,29;  EQ \r (;  EQ \f(SmFuse ; SOg ) ) ) Sog

Application numérique approchée de ce Cx du fuselage seul :

Comme le quotient  EQ \f(SmFuse ; Sog ) (surface mouillée sur la section de l’ogive) est très proche de 4ÉlancFuse+2,7ÉlancOg (si ÉlancFuse et ÉlancOg sont les élancements respectifs du fuselage seul et de l’ogive type gothique ou adaptée), le Cx de fuselage d’une fusée ogivo-cylindrique en couche limite turbulente (mais non totalement rugueuse) devrait être peu différent de :

Cx H" (1,503*Ln(Re) - 5,6) -2 (4ÉlancFuse+2,7ÉlancOg) +  EQ \f( 0,0436*Ln(Re) - 0,1624;  EQ \r (; 4ÉlancFuse+2,7ÉlancOg) )

ou, si l on table sur la valeur du Cf d InterAction :

Cx H" 3,913 [Ln(Re)] -2,58 (4ÉlancFuse+2,7ÉlancOg)+  EQ \f(0,01466 [Ln(Re)]1,29;  EQ \r (; 4ÉlancFuse+2,7ÉlancOg) )


Voici ce que donne ces deux expressions, pour des fusées d’élancement d’ogive 3 et d’élancement hors-tout croissants par multiplication par 1,3 à partir de 7 (à savoir : 7, 9,10, 11,83, 15,38, 20 et 26) :




Dans une même couleur, les courbes en trait plein sont basées sur le Cf turbulent donné par Barrowman et les courbes suggérées par les marques en croix sont basées sur le Cf donné par InterAction.

Sur l’axe des Reynolds les deux segments bleu et rouge vifs correspondent aux Re maximum atteints par des fusées à eau ou à feu…


Si l’on désire naviguer sur ces courbes, il faut se souvenir qu’augmenter l’élancement hors-tout du fuselage accroît en proportion le Reynolds de la fusée.
C’est pourquoi nous avons échelonné ici lesdits élancements par multiplication par un coefficient de 1,3 : cette multiplication permet, à chaque changement de courbe d’effectuer, par une simple translation, l’adaptation du Re au nouvel élancement ; le module de cette translation est donnée par le segment vert près du point de rencontre des axes du graphe  Et nous avons même fait mieux : nous avons dessiné les courbes obliques grises sombres qui précisent la direction locale permettant le passage d’un point (sur la courbe d’un élancement) à un autre point (sur la courbe de l’élancement suivant ou précédent) et ceci avec adaptation automatique du Re…

Un exemple d’utilisation de cet abaque est donné dans le coin gauche : Supposons que notre projet de fusée arbore un élancement hors-tout de 7 (courbe jaune) et croise à une vitesse lui donnant un Reynolds de 0,3 millions (verticale rouge). la rencontre de cette verticale avec la courbe jaune promet un Cx de 0,236 (horizontale orange).
Supposons à présent que, l’évolution du projet oblige à un accroissement de l’élancement jusqu’à 9,1 (courbe vert fluo). Le passage vers cette courbe verte doit se faire parallèlement à la courbe grise locale : cela donne le cheminement fuchsia). Le nouvel élancement augure alors, à la même vitesse de la fusée, d’un nouveau Cx de 0,264 (horizontale orange).

Pour compléter le Cx total d’une fusée, il faudra bien sûr prendre en compte la Traînée des ailerons d’empennage (ce qui fera ajouter disons ~ 0,1 au Cx fourni par l’abaque ci-dessus). Le fait de ne prendre en compte la Traînée d’empennage qu’après la détermination du Cx du seul fuselage peut être légitimé assez facilement par le fait que la dimension des ailerons est indépendant de l’élancement hors-tout d’une fusée (cette règle est assez facile à démontrer ; ses effets s’observent statistiquement sur les fusées existantes, dont les longues ont des ailerons de même taille que les courtes).


Au vu de l’abaque ci-dessus, on peut être surpris de ce que le Cx du fuselage des fusées de moindre allongement est plus faible. Mais cette faiblesse du Cx des fusées de faible allongement est imputable à la moindre importance de la surface mouillée par rapport à la surface de référence. Et il faut garder à l’esprit que ce qui freinera la fusée n’est pas le Cx mais le produit SCx. Or, proportionnellement à leur volume, ces fusées possèdent une aire frontale plus importante.
Pour une fusée de volume (et donc de masse) donnée, il n’y a donc pas de gain à espérer de la diminution de l’élancement de la fusée puisque que celui-ci entraînera un accroissement de la section frontale de la fusée. À ce propos, se reporter au calcul d’ingénierie sur la silhouette générale des fusées figurant  HYPERLINK \l "ogivo_cylindr_trainee_mini" plus loin dans ce texte…

Cette règle vaut évidemment pour les fusées à propulsion par liquide (qu’elles soient à feu ou à eau). Pour des fusées à feu dont le moteur est choisi "sur étagère", la même règle ne tient plus : le S du produit SCx est alors fixé par la classe de moteur choisie et plus l’élancement de la fusée sera faible et plus sera faible la Traînée. Notre abaque trouve alors sa pleine utilité…


Une autre façon de décrire l’évolution du Cx du fuselage seul (Cx de friction sur ogive et partie cylindrique, plus Cx de culot) est de le faire en fonction du Cf déterminé par l’écoulement sur le fuselage (que ce Cf soit déterminé par une couche limite turbulente simple ou par une couche limite d’écoulement totalement rugueux   ). Voici cette description, les élancements hors-tout évoluant de 5 à 26, l’ogive étant toujours d’élancement 3 :



La lecture de ce graphe nous enseigne que pour les élancements propres aux fusées à feu (disons à partir de 11), le Cx du fuselage seul est quasi-linéaire par rapport au coefficient de friction effectif sur le fuselage. 

Lors du vol de la fusée, du moins lorsque se sera établi sur le fuselage le régime de Couche Limite turbulente, ce Cf diminuera donc jusqu’à se stabiliser au Cf totalement rugueux appelé par l’état de surface de l’engin. Dans les deux cas le Cx du fuselage seul peut être déduit de ce graphe…

En bas à gauche le croisement des courbes peut apparaître comme curieux. Mais si l’on effectue un zoom sur cette partie de la courbe, on obtient cette image :



Le redressement des courbes est donc dû à leur formulation mathématique, même s’il peut paraître curieux qu’une fusée de Cf plus faible (tendant par exemple vers 0,001) voit son Cx augmenter : cet effet contre-productif du polissage du fuselage provient en droite ligne de la formulation du Cx de culot de Hoerner :

Cxq =  EQ \f(0,029; EQ \r (;Cf EQ \f(SmFuse;SOg) ))

Cela signifie que lorsque la valeur sous le radical (qui n’est autre que la force de friction sur le fuselage) devient faible, le Cx de culot s’en voit renforcé et ceci plus fortement que le Cx de friction sur le seul fuselage cylindrique se voit chuter…

L’observation de ces graphiques en référence avec le tableau général des Cf laminaires et turbulents nous enseigne également que les fusées d’élancement hors-tout 5 et 7 (courbes kaki et vert d’herbe), soit la plupart des fusées à eau de 0,5L à 1,5L, présentent des Cx de fuselage un peu inférieurs à 0,2 pour des rugosités raisonnables. 



Cx de culot d’une fusée à petit culot :

Pour une fusée à petit culot (dont l’aire de culot Sq est différente de la surface de référence SOg ), le jeu sur les surfaces de référence fera que le Cx de culot Cxq sera :

Cxq =  EQ \f(0,029  EQ \f( Sq ; SOg );  EQ \r (; Cf  EQ \f(SmFuse ; Sq )) )
où :
SmFuse est l'aire mouillée du fuselage de la fusée
Sq l'aire de sa base.
Cf le coefficient de frottement sur le fuselage
et SOg la surface de référence présidant à l’expression du Cx, càd ici celle de l’ogive.


Cx de culot en Phase Propulsée :

Selon que le propulseur est en fonctionnement ou non, l’écoulement tourbillonnaire de l’air au culot s’avère différent.

En effet le jet propulsif pyrotechnique est tout à fait susceptible d’entraîner certaines veines fluides de la zone d’eau morte en aval du culot à des vitesses supérieures à celles atteintes en phase non propulsée.
Voici le schéma de la recirculation au culot d’un corps de révolution propulsé :


Image tirée du cours de  HYPERLINK \l "cours_jean_delery" Jean Délery

On remarque, d’une part que la surface de recirculation est fortement réduite par la présence du jet propulsif (c’est donc l’aire du culot moins l’aire de la tuyère), d’autre part que ce jet propulsif réduit le tore tourbillonnaire à une reliquat externe (repéré ci dessus par la lettre D1 ) (en réalité, la phase propulsive se produisant en premier, c’est plutôt le petit tore ci dessus qui prend de l’ampleur pour couvrir tout le culot en phase balistique).


En conséquence de quoi la Traînée de culot prend une autre valeur. Un HYPERLINK \l "DocCommAero_Sellier"document général sur les essais en soufflerie précise, par exemple, pour un culot cylindrique :
‘‘Propulseur allumé : environ la moitié des valeurs précédentes’’ (valeurs données pour M = 1, 2 et 3, il est vrai).

Nous ne possédons pas d’autre données que celles-ci. Mais il est vrai que la Phase Propulsive ne rentre pas dans le cadre de cette étude.
Au demeurant, la brièveté relative de cette Phase Propulsive ne permet pas à la Traînée atmosphérique de modifier significativement la vitesse de Fin de Propulsion.



Cx de bord d’attaque des ailerons

Les fuséistes réalisent en général les ailerons de leurs engins à partir de plaques planes (tôle d’aluminium, par ex.). Ils se contentent d’arrondir le mieux possible (en demi-cylindre) les bords d’attaque et de fuite de ces ailerons. 
D’après Barrowman, le bord d’attaque de tels ailerons présente un Cx négligeable (nous recoupons donc en 2D nos observations effectuées en 3D pour les ogives).
Nous présentons quand-même en fin de texte une  HYPERLINK \l "note_cxp_ba" note sur la prise en compte de ce Cx de bord d’attaque des ailerons.

Cx de bord de fuite des ailerons


Mais le Cx du bord de fuite (même arrondi également en demi-cylindre) présente un Cx notable. Ce n’est rien d’autre qu’un Cx de culot en 2D, l’écoulement de l’air étant fortement décollé dans cette zone comme c’est le cas en aval du culot d’un fuselage…

John Barrowman, citant S.F. Hoerner, en donne la valeur, en expliquant qu’elle est issue de la résolution théorique d’un problème bidimensionnel   :


CxFuiteEmp = n  EQ \f( 0,135 ;  EQ \r( 3 ; 2CfEmp  EQ \f( CordEmp ; ÉpFuiteAile )) )  EQ \f( SfAil ; SOg )

où :
n est le nombre d’ailerons
CfEmp le coefficient de friction sur l’empennage
CordEmp est la corde moyenne de l’aileron
ÉpFuiteAile est l’épaisseur du bord de fuite des ailerons
SfAil est la surface frontale d’un aileron
et SOg , toujours, la surface de référence


Autant dire que le Cx d’un aileron référencé à sa propre section frontale est :

CxPropreFuiteEmp =  EQ \f( 0,135 ;  EQ \r( 3 ; 2CfEmp  EQ \f( CordEmp ; ÉpFuiteAile )) )

Voici la famille de courbes de ce Cx propre selon différentes valeurs de l’épaisseur relative de l’aileron  EQ \f( CordEmp ; ÉpFuiteAile ) (de 1/100ème à 1/10ème), sur une plage de Reynolds possiblement atteinte par fusée à eau et à feu :



On doit alors observer que les ailerons à forte épaisseur relative sont doublement pénalisés : par leur plus fort Cx et par leur plus forte section frontale.

L’Université de  HYPERLINK \l "univ_montreal" Montréal estime à 0,64 le Cx d’un corps de deux dimensions d’une épaisseur relative de 1/6 (soit 0,166, càd plus épais que le plus épais de nos ailerons qui est représenté ci-dessus en noir). Il est évidemment tentant de porter cette valeur sur notre graphe : c’est le carré bleu dense que l’on aperçoit ci-dessus.
Cette valeur n’est pas donnée comme liée à un Reynolds particulier, mais on peut en douter. Elle comprend de toutes façons et le Cx de pression du bord d’attaque et le Cx de friction, ce qui n’explique pourtant pas sa valeur double.



Dans son application pratique et en référence à la section d’ogive, la formulation de Hoerner donne un Cx de culot d’ailerons non négligeable : autour de 0,1 pour l’empennage d’une fusée à feu ou à eau réalisé en matériau plat de 2 mm d’épaisseur.

Il peut alors paraître tentant de mieux profiler le bord de fuite des ailerons, en amenuisant progressivement leur épaisseur. Ce travail est peut être pourtant inutile dans la mesure où se produira sans doute un décollement de l’écoulement sur la partie ainsi amenuisée des ailerons…

CX DES ASPÉRITÉS ET SAILLIES

Une fusée présente nécessairement de petites aspérités : tête de rivets ou boulons, plans de joint de séparation ou de trappe, senseurs divers (prise de pression, de son ou d’images), interrupteur et connecteurs.

Toutes ces saillies ou défaut dans la continuité de la forme entraîneront un surcroît de Traînée.

Néanmoins, on peut penser que plus une aspérité se trouvera en aval de l’écoulement (vers l’arrière de la fusée) et moins la surtaxe aérodynamique qui en naîtra sera importante. Ceci pour trois raisons :
(plus le défaut de forme se trouve en aval de l’écoulement et moins la surface de fuselage concernée par son sillage sera importante. En particulier, une aspérité située à la pointe de l’ogive entraînera une transition de la Couche Limite du laminaire vers le turbulent sur une grande longueur et une grande largeur de sillage (qui aurait pu demeurer en laminaire autrement) (voir la photo du  HYPERLINK \l "carenage_roue" carénage de roue d’avion léger).
(plus une aspérité est située en arrière de la fusée et plus elle risque d’être noyée dans la couche limite de celui-ci, (voir  HYPERLINK \l "ep_cl" plus bas le chapitre sur l’épaisseur de la Couche Limite)
(plus une aspérité est placée loin en aval et moins la vitesse de l’écoulement hors couche limite est importante (la vitesse de l’écoulement, qui avait été augmentée par le passage de l’ogive, retrouve sa valeur à l’infini) savoir si cet effet est important !

Une façon simple de prendre en compte une saillie sur le fuselage est de considérer qu’elle ne génère qu’un Cx individuel (càd qu’il n’y a pas ingérence de la perturbation qu’elle crée sur l’écoulement principal sur le fuselage).
Cette hypothèse de la non-ingérence étant quelque peu exagérée, elle demande à être corrigée par le choix d’un Cx individuel assez fort. Ceci bien que les saillies dont nous parlons aient nécessairement le pied noyé dans la couche limite du fuselage, ce qui diminue quelque peu la vitesse d’écoulement sur ce pied.

Ce choix du Cx individuel non ingérant est celui qu’a opéré  HYPERLINK \l "rocdrag" RocDrag. Ce logiciel compte un Cx propre de 1 pour toute aspérité s’élevant sur le fuselage (Cx rapporté à l’aire frontale de cette aspérité), ce qui constitue une approche sécuritaire ; il faut préciser que les aspérités que l’auteur dessine sont composées de parallélépipèdes.

 HYPERLINK \l "rocket_drag_analysis" Rocket Drag Analysis opère de même pour les anneaux circulaires plats ou les cylindres dans lesquels une tige-guide va coulisser au lancement. Dans le cas des cylindres, l’auteur rajoute la Traînée de Friction des surfaces internes et externes du tube, en proposant un choix entre les différent régimes (nous penserions plus facilement que la Couche Limite adopte automatiquement le régime turbulent)…

Les tests en soufflerie de  HYPERLINK \l "model_rocket_drag_ana" Model Rocket Drag Analysis dégagent une augmentation de 29 % du Cx total de 0,68  lors de l’adjonction d’un tube-guide le long d’une fusée type. Ce tube-guide présente une longueur valant 27 % de celle de la fusée pour un diamètre valant 23 % de celui du fuselage.

Cependant, deux anneaux en fil de fer jouant le même rôle n’élèvent le Cx que de 18 % .

Livrons-nous à un exercice un rapide sur cet exemple, en considérant le tube-guide comme plein :

L’ajout du tube-guide d’un diamètre de 23 % de celui du fuselage augmente alors la section de ce fuselage de (1,23/1)², soit ~ 51% . Dans ces conditions, on peut écrire pour le nouveau S’Cx’ (que les tests mesurent comme 129 % de l’ancien) :

S’Cx’ = 1,29SCx = SCx + (0,51 S)CxTG

…CxTG étant le Cx propre du tube-guide. Celui-ci vaut donc :

CxTG =  EQ \f( (1,29 - 1)Cx ; 0,51 )

…soit CxTG = 57 % du Cx de la fusée sans ce tube-guide, ce qui correspond à un Cx propre de l’appendice très inférieur à 1…

On peut donc enrichir notre réflexion en tirant de cet exemple la conclusion que calculer l’augmentation du Cx en considérant le tube guide comme plein conduit à exagérer sa Traînée. Par contre, considérer sa section comme ouverte au 2/3 apparaît comme raisonnable. 



Rappelons que Gil Denis, dans  HYPERLINK \l "vol_dl_fusee" Le Vol de la Fusée, considère que le Cx total d’une microfusée est augmentée de 0,2 points du fait de la présence de tubes-guides.



ÉPAISSEUR DE LA COUCHE LIMITE SUR UNE FUSÉE

L’épaisseur de la Couche Limite laminaire évolue selon la distance au début de l’écoulement en respectant la loi :

eclLam =  EQ \f(5x ; EQ \r(; Re(x)))

x étant la distance parcouru par le fluide depuis l avant du mobile.

Sous le radical, Re(x) est bien le nombre de Reynolds local, basé sur la distance x ; il vaut donc :  EQ \f( U x ; ½) .

Dans ces conditions, l épaisseur de la Couche Limite laminaire évolue donc, depuis la pointe de la fusée, comme une parabole couchée :

eclLam l=  EQ \f(5  EQ \r(;x); EQ \r(; EQ \f(U;½)))

Pour nos applications numériques courantes près du sol, il est cependant plus pratique d’utiliser la formule :

eclLam = 0,0183  EQ \r(; EQ \f(x;U))
x étant la distance parcouru par le fluide depuis la pointe de la fusée
U étant la vitesse de la fusée


Il en résulte que plus la fusée est longue (plus x est grand) et plus la Couche Limite Laminaire est épaisse.
Et que plus la fusée va vite (plus U est grand) est plus la Couche Limite Laminaire est mince.

Voici en bleu clair l’épaisseur de cette couche limite laminaire sur une fusée à eau de 0,5 L (longueur 395 mm) animée d’une vitesse de 50 m/s :



Elle est donc très faible (1,1 mm au raccord de l’ogive sur la partie cylindrique) et 1,6 mm au culot.

Notons que si la vitesse de la fusée vient à être multipliée par quatre (200 m/s), l’expression de l’épaisseur ci-dessus nous indique que la Couche Limite laminaire sera deux fois plus mince.
De la même façon, et pour mémoire, une fusée de 800 mm croisant à 200 m/s (720 Km/h) entraînera avec elle une Couche Limite laminaire de 1,2 mm.


Nous écrivons ‘‘pour mémoire’’, car il n’est pas du tout donné que la Couche Limite soit laminaire jusqu’au culot de telles fusées.
Plus précisément, il y a de fortes chances que seule l’ogive de la fusée soit enveloppée d’une Couche Limite laminaire, cette Couche Limite devenant turbulente dès le raccordement de l’ogive sur la partie cylindrique (voir à ce sujet le chapitre sur le HYPERLINK \l "laminarite_ogive"problème de la laminarité de l’ogive)…

Si la partie cylindrique du fuselage entraîne une couche limite turbulente, l’École Polytechnique de Montréal en donne l’épaisseur eclTurb , selon la distance x au début de l’écoulement (et non la distance à partir du point de transition Laminaire-Turbulent) :

eclTurb =  EQ \f(0,16 x ; Re(x)1/7 )


Comme le Nombre de Reynolds vaut lui-même  EQ \f( U x ; ½) , l épaisseur eclTurb vaut :

eclTurb =  EQ \f(0,16 x6/7 ;  EQ \f( U1/7 ; ½1/7))

Dans la vie quotidienne du fuséiste, cette formule devient, près du sol :

eclTurb H" 31  EQ \f( x 6/7 ; U1/7 )
x étant la distance parcouru par le fluide depuis la pointe de la fusée
U étant la vitesse de la fusée

C’est dire que la Couche Limite s’épaissit presque proportionnellement à la distance parcouru par le fluide depuis la pointe de l’ogive…

Mais l’observation de la même formule nous enseigne que, comme pour la Couche Limite Laminaire, cette épaisseur est plus faible pour les vitesses d’écoulement plus grandes (selon une évolution pas très marquée toutefois : 1,4 fois plus épaisse lorsque l’écoulement se fait 10 fois moins rapide).

Voici la Couche Limite Turbulente de la fusée de 395 mm croisant à 50 m/s :



Elle est très peu épaisse sur l’ogive, parce que nous avons repris l’hypothèse d’un écoulement laminaire sur cette partie ; au raccord ogive-partie cylindrique l’épaisseur de la couche limite saute de 1,1 mm (valeur en laminaire) à 4,6 mm (valeur en turbulent calculé depuis la pointe de l’ogive).

Ce saut n’est d’ailleurs pas bien défini dans nos sources, mais il doit se plus faire progressivement que sur notre dessin…

Au culot, l’épaisseur de la couche limite turbulente dépasse 8 mm…

Une fusée de 800 mm se déplaçant à 200 m/s traînerait 12 mm de Couche Limite turbulente à son culot, épaisseur respectable qui commence à noyer la racine des ailerons …
Ces chiffres fixent bien l’ordre de grandeur de l’épaisseur de la couche limite.


Pour la même couche limite turbulente, Pierre Gutelle, dans  HYPERLINK \l "p_gutelle" Architecture du voilier, donne l’épaisseur suivante :

eclTurb =  EQ \f(0,38 x ; Re1/5 ) 

C’est la valeur qu’annonce également InterAction (exactement  EQ \f(0,37 x ; Re1/5 ) ).


Ces quantifications empiriques ne se disqualifient pas mutuellement. Elles donnent sensiblement les mêmes épaisseurs (à moins de 10 % près) pour quatre fusées de 400 ou 800 mm croisant à 50 ou 200 m/s Elles ont donc chacune leur valeur, pour notre usage de fuséistes.

Quant à la couche limite turbulente d’un TGV croisant à la vitesse record de 574,8 Km/h, un  HYPERLINK \l "tgv_record" document relatif à ce record la donne à 220 et 300Km/h, à --- m de l’avant de la motrice, comme épaisse de ------, --------------
Couche limite sur le TGV du record.

Ceci admis, et si l’on cherche à étendre la réflexion en embrassant l’ensemble du monde, les équations d’épaisseur ci-dessus ne sauraient pourtant rendre compte de la couche limite formée lors des écoulements à nombre de Reynolds infini. Or ce nombre tend bien vers l’infini lorsque, non pas la vitesse  , mais la longueur de l’écoulement augmente : cas de mobiles très long et surtout cas de l’écoulement du vent météo au-dessus de la planète.

Pour satisfaire à ce cas particulier de la Couche Limite Éolienne et du moins lorsque l’atmosphère est ‘‘neutre’’  , il est proposé par  HYPERLINK \l "predict_voiliers" J-Ph Boin et ses collègues une équation :

Uz = U(z/z0)(1/7)

avec U = vitesse du vent à 20 m d’altitude


Voir également à ce sujet un  HYPERLINK \l "congeres" texte canadien sur la formation des congères.

Parlant des édifices de grande hauteur, HYPERLINK \l "RGougnotCoursAero"R. Gougnot indique quant à lui une hauteur de la couche limite terrestre variant entre 300 et 500 m selon qu’il s’agit d’un site en rase campagne ou du centre d’une ville.

Au-dessus de la mer, en conditions météorologiques moyennes, Marchaj propose comme loi d’évolution du vent en fonction de l’altitude :

Uz = 0,558 U z1/6

avec z exprimé en mètres et U le vent mesuré à 30,05 m (soit 100 pieds)

Vérifier : référence Luc Armand uniquement Ce coef de 0,558 donne un U faux à l’altitude de 30,05 m. C’est 0,567 qui conviendrait. Mais il faut penser au reste de la courbe qui doit respecter les relevés de vitesses

Nul doute que l’écoulement éolien est alors passé en mode « totalement rugueux »…

QUELQUES VALEURS DU CX DE FUSÉES ET MICROFUSÉES


Le  HYPERLINK \l "vol_dl_fusee" Vol de la Fusée, de Gil Denis (publication Planète-Sciences Espace) propose une sommation des Cx élémentaires des microfusées.

À force de lire ce texte, j’ai fini par comprendre cela :

Section de référence des Cx :

Le Cx est établi en référence à la maîtresse section du fuselage (la section du tube, sans la surface frontale des ailerons). Ceci n’est malencontreusement pas précisé dans le texte…

Cx minimal :

La valeur minimale concevable pour le Cx d’une microfusée est de 0,4.

Ici, il faut rappeler que les microfusées sont des engins à plein culot ou encore ogivo-cylindrique, càd composé d’une ogive surmontant un fuselage cylindrique, ce fuselage gardant son diamètre jusqu’au bas de la fusée (comme d’ailleurs pour la plupart des minifusées et les fusées expérimentales). Si donc ces engins sont dotés d’une ogive et d’ailerons ne générant aucune Traînée de Pression (cas extrême d’une ogive très aérodynamique et d’ailerons extrêmement minces, très petits et très bien profilés), la Traînée de l’ensemble ne sera due qu’à la Traînée de Friction et à la Traînée de culot. Ce Cx minimal est donc de 0,4 d’après Gil Denis …



Cx élémentaires

Le Vol de la fusée donne d’autres indications :

Selon que l’état de surface de la fusée est bon ou mauvais il faudra ajouter au bilan des Cx élémentaires la valeur de 0 à 0,4 points.  

Selon que la fusée est dotée ou non d’un tube-guide, on doit porter au bilan des Traînées 0 ou 0,2 points (le tube-guide est une paille collée sur le côté de la fusée dans laquelle coulisse une tige faisant office de rampe de lancement).

Selon que le profilage des ailerons est bon ou mauvais, il faut rajouter au bilan 0 ou 1,7 points (ce qui est beaucoup).

Pour finir, Gil Denis donne les Traînées supplémentaires à porter au bilan pour les différentes formes d’ogives. Voici ces estimations retranscrites ici (cette citation est un hommage à son travail) :

Forme de l’ogive Traînée supplémentaire

Ogivale  0

Parabolique 0

Conique longue +0,1
(h>D)

Conique courte +0,2
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