histoire de l'appontage de 1910 a 1952 - Je veux faire partie du CaM
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CHAPITRE 2
HISTOIRE DE LAPPONTAGE DE 1910 A 1952
PREMIERES EXPERIENCES EMBARQUEES
Premier décollage maritime
Premier appontage
Espoirs prématurés et attentes
LE TEMPS DUNE GUERRE MONDIALE
Nouvelles tentatives
Nouveaux espoirs
Les bases du porte-avions moderne
DUNE GUERRE MONDIALE A LAUTRE
La méthode en T (Teste)
Les brins darrêts
La méthode en L (Lartigue)
La méthode américaine
VERS UN SYSTEME MODERNE
1. Du pont droit au pont oblique
Sur internet :
- Wikipedia « naval aviation », « aircraft carrier » et « Landing signal officer »
- www.netmarine.net
Un siècle a peine après lavènement de lEole de Clément ADER, il est aisé de mesurer les progrès réalisés dans le domaine de laéronautique.
Cependant, la gestation et la mise au point de ce premier « avion » demandèrent énormément de temps, de réflexion, détudes, mais aussi et surtout de persévérance. Au sein de cette aéronautique naissante, laviation embarquée allait demander un profond bouleversement des mentalités et létude dun nouveau concept.
En effet, si cest en 1890 que lEole effectue son premier saut de puce, dès 1895 Clément Ader écrit :
« Un bateau porte-avions devient indispensable
Dabord le pont sera dégagé de tout obstacle : plat, le plus large possible sans nuire aux qualités nautiques de la carène ; il présentera laspect dune aire datterrissage. Laire de pont devra être dégagé de tout obstacle au lancement de lavion, lavant complètement libre, a son abordage (appontage), cest larrière qui le sera »
A partir de ces évènements, il est possible dimaginer les longues discussions et combats que les quelques esprits non conventionnels de lépoque ont dû affronter pour arriver a faire admettre un point de vue, une idée, ainsi que le déploiement dinventions et dinnovations technologiques quallaient entraîner cette nouvelle arme : le couple navire-aéronefs.
Si le problème du catapultage fut maîtrisé assez rapidement, plus de quatre-vingt ans après, lappontage reste toujours une des phases les plus délicates techniquement.
Aussi, découvrons tout au long de ce mémoire « lévolution des systèmes dappontage », des balbutiements à lappontage de lan 2000.
CHAPITRE 1
PREMIERES EXPERIENCES EMBARQUEES
Premier décollage maritime
Aux Etats-Unis, en 1910, une des plus formidables ères technologiques et humaines débute. A la suite de lannonce dune tentative de décollage dun aéronef à partir du pont dun paquebot allemand, la marine américaine, se lance dans la compétition. Pressentant un conflit et à linstigation du capitaine de vaisseaux Washington Z. Chambers, elle décide de transformer le cuirassé léger USS « Birmingham », en installant une rampe de 25m de long sur 7m30 de large à lavant du bâtiment. Dans le même temps, elle obtient le concours du pilote de démonstration de chez Curtiss, Eugène B. Ely. Alors que la tentative de décollage du paquebot allemand est annulée à la suite dun incident technique, Ely décolle pour la première fois dun bâtiment le 14 novembre 1910 à bord dun petit biplan Curtiss.
Si cette première expérience au monde est une réussite, elle ne représente quune petite étape dans la naissance de laviation embarquée. Il faut encore pouvoir rentrer et se poser sur la même plate-forme ! Plus ambitieux encore est lappontage.
Eugène Ely, Premier décollage.
Eugène Ely
Premier appontage
Dans lenthousiasme général, le capitaine de vaisseaux Chambers obtient lautorisation pour Ely dapponter sur un bâtiment. Le choix se porte alors sur un gros cuirassé, lUSS Pennsylvania. Afin de permettre à Ely de se poser, une plate-forme en bois de 36m de long sur 10m de large est installée à larrière du bâtiment au dessus du pont et des tourelles. Lextrémité arrière de la plate-forme est en pente vers le haut et des toiles tendues à lavant et sur les bords masquent les superstructures et peuvent agir comme des barrières de sécurité.
Cependant cette plate-forme ne suffit pas. Lavion tricycle de type Curtiss D4 de larmée, quutilise Ely pour sa tentative ne possède pas de freins. Il envisage donc de se poser, lUSS Pennsylvania faisant route, afin de permettre de ralentir sa vitesse et sa course datterrissage par le vent soufflant sur le pont et davoir une meilleurs maîtrise de son appareil. Mais bien évidemment, cela ne suffit pas pour stopper un avion de 450 kg arrivant à 60 km/h.
Les marins inventent alors un système simple. Vingt-deux câbles sont tendus à une hauteur de 25cm grâce à deux madriers longitudinaux. Pour freiner lavion ces câbles traînent des sacs de sable de 25 kg à chaque extrémité. Enfin, trois paires de petits crochets fixés entre les roues permettent de saisir facilement ces câbles transversaux.
Le 18 janvier 1911 presque tous les éléments sont réunis. Malgré lencombrement de la baie de San Francisco et la décision du commandant de rester à lancre, Ely décide de tenter lexpérience.
Eugène Ely, premier appontage.
Il décolle du terrain de Présidio et met le cap vers lSS Pennsylvania. Après une présentation parfaite alors que le vent a tourné de larrière vers le travers, Ely cabre légèrement lappareil à la verticale de la poupe pour réduire sa vitesse tandis que les crochets des roues engagent le douzième câble. Le Curtiss sarrête alors en 9m et à 15m de la superstructure devant lui.
Eugène Ely, premier appontage.
Eugène Ely après le premier appontage sur le pont de lUSS Pennsylvania
Espoirs prématurés et attentes
Cette expérience est un succès, Ely redécolle de la même plate-forme 45 minutes plus tard. Les principes de travail daéronefs évoluant à partir de bâtiments sont en place. Malgré cela, lappontage du pilote américain fait figure dévènement prématuré et reste inexploitable quelques années. En effet, il nexiste aucune technique dappontage et surtout, aucun bâtiment conçu et étudié dans le but unique de faire décoller et apponter des aéronefs. Ce quà fait Ely, pilote de démonstration, est un acte individuel de la part dun « cascadeur » au faîte de son art. Toutes les grandes puissances se trouvent confrontées à un manque daéronefs fiables, mais aussi de pilotes confirmés ayant la capacité de réaliser avec succès cette performance. De plus, la philosophie de lépoque donne la priorité aux canons et il est inconcevable de construire un bâtiment sans cette arme.
Pourtant à limage dAder, certains pensent sérieusement au futur porte-aéronefs, tel que le commandant britannique Mark Kerr, avec un pont continu et un bloc passerelle-cheminées déporté sur le coté. Toutefois, malgré lexploit dEly, toutes les grandes nations préfèrent se tourner vers une autre invention de cette époque, lhydravion ; Le développement de ce dernier règle le problème de la suppression des canons pour un pont plat ainsi que celui de lappontage.
Lhydravion décolle de petites plate-formes, se pose ensuite sur leau avant dêtre remonté par une grue, le tout dans de meilleures conditions de sécurités que lappontage. De plus, cet exercice reste à la portée dun plus grand nombre de pilotes. Quelques semaines après lexploit dEly, les premiers bâtiments réservés à la branche aéronavale commencent à apparaître. La première guerre mondiale confirme lidée et la nécessité pour les états-majors de détenir des porte-aéronefs au sein de leur flotte.
Mais lappontage est toujours un obstacle. Il faut attendre 1917 en Grande Bretagne, et la volonté de maîtriser lespace aérien maritime pour que les essais reprennent.
Eugène Ely, premier décollage
CHAPITRE 2
LE TEMPS DUNE GUERRE MONDIALE
Nouvelles tentatives
Après les résultats encourageants de laction aéronavale du début de la guerre, il apparaît très vite aux yeux de létat- majors britannique la nécessité de développer cette nouvelle arme. Si lhydravion et le porte-hydravions ont tout dabord été préférés, ceux-ci montrent des limites par leur fragilité et leur difficulté demploi par forte mer. De ce fait, il est décidé de transformer le grand croiseur léger « Furious » en porte-avions. Armé en juin 1917 et après la construction dune plate-forme sur lavant du bâtiment, il effectuent une série d essais à la mer avec succès. Le groupe daviation, embarqué à bord sous la conduite du commandant descadrille Ernest Dunning va essayer de perfectionner les techniques existantes. En effet, Dunning penses quil est possible de renouveler et de développer lexploit dEly. Après un vol parallèle au bateau, en route à faible vitesse, lavion se glisse par une présentation en biais autour de la cheminée et de la superstructure, puis pose sur le pont avant.
Les avions ne disposant toujours pas de freins sur les roues, le système darrêt se compose uniquement de cabillots spéciaux fixés aux bords de fuite des ailes, quune équipe de manuvre courant derrière lappareil agrippe pour empêcher lavion de redecoller.
Le 2 août 1917, profitant de conditions de vent idéales, 21 nuds, et dun navire filant à 10 nuds, Dunning tente et réussit le premier appontage sur un navire en marche. Après avoir amené son Sopwith Pup à une vitesse proche de la vitesse minimale de sustentation, longé le bâtiment à bâbord, il glisse au dessus du toit du hangar et apponte au milieu de la rampe.
Le 7 août, renouvelant sa tentative avec un vent beaucoup plus fort, il réussit à apponter mais endommage un de ses gouvernails de profondeur. Le même jour, après le dépannage, il recommence. Cette fois-ci, il se présente un peu plus haut au dessus du pont. Ayant dépassé la limite permettant un appontage sûr, il fait signe à léquipe de manuvre quil effectue un second circuit. Cest alors que le moteur de son Sopwith cale, le biplan se pose lourdement sur une roue, avant de faire un tonneau et de tomber à la mer en entraînant son pilote dans la noyade. LAmirauté interdit provisoirement les appontages
Nouveaux espoirs
Cette tragédie va malgré tout permettre le développement didées comme celles de Mark Kerr. En septembre 1917, une commission denquête désignée par létat-major britannique conclut quafin de permettre un appontage en sécurité, la plate-forme doit faire au moins 100m de long sur toute la largeur du bâtiment. La suite de cette enquête et lexpérience acquise vont permettre de modifier les plans du porte-avions HMS « Argus » en cours de construction de façon à le transformer en véritable pont plat. Durant cette période, le HMS « Furious » est renvoyé au chantier pour transformation. Le canon arrière de 18 pouces est remplacé pas une plate-forme de 95m de long et de 23m de large. Les plate-formes avant et arrière sont reliées par deux petits passages à tribord et bâbord permettant le passage des aéronefs.
HMS « Furious »
Le dispositif de freinage adopté consiste en un maillage de câbles longitudinaux ou « cordes à violon » et de câbles transversaux espacés de 10m amortis par des sacs de sable et maintenus par des madriers à environ 15cm au dessus du pont. Les premiers permettent de guider lavion, les seconds de les stopper. Pour compléter le dispositif , lavion est muni de crochets montés sur lessieu du train puis plus tard sur des patins qui aggripent un ou plusieurs de ces câbles longitudinaux. Enfin un crochet de queue abaissé par le pilote permet daccrocher les câbles transversaux et darrêter lavion.
De plus, la plate-forme dappontage sachève à hauteur de la cheminée centrale par un filet, une barrière de sécurité constituée de cordes suspendues à un portique pliant. Ce système repris et légèrement modifié est installé par la suite sur le premier porte-avions américain, lUSS « Langley ».
USS « Langley »
Si les essais effectués à terre avec un certain succès permettent loptimisme, les essais à la mer davril 1918 sur le HMS « Furious » sont un semi échec. En effet, la combinaison de rafales de vent, de remous et de contre courants provoqués par les gaz chauds sortant de la cheminée ainsi que le courant dair circulant autour de la superstructure, imprévisible à terre, entraînent de nombreux accidents. Sur treize tentatives, trois seulement aboutissent, les autres se soldant par des bris de trains, dhélices par « cheval de bois » et pour certains par des blessures corporelles. Une nouvelle fois, les essais dappontage sont suspendus.
Pourtant la solution est là : supprimer la cheminé et la passerelle afin dobtenir un vrai pont plat. Mais la guerre continue et il est impensable de remettre le HMS « Furious » en chantier ; il faut attendre le HMS « Argus », premier vrai porte-avion de lhistoire.
HMS « Argus »
Celui-ci bénéficie en 1918 dune petite modification par rapport au HMS « Furious » : la suppression des câbles transversaux. Un système ingénieux permet aux câbles longitudinaux posés sur le pont de guider et de freiner lavion en même temps. Afin dobtenir lécartement voulu pour que les crochets suspendus à lessieu de lavion accrochent les câbles, lascenseur qui se trouve au milieu du pont denvol est descendu de 23cm.
Lorsque lavion passe, après son premier appontage, sur lascenseur abaissé, les crochets agrippent les câbles. A lavant du creux formé par lascenseur, une petite rampe permet de remonter au niveau du pont. La tension des câbles et les frottements suffisent alors pour obtenir limmobilisation de lavion.
Cependant, ce système oblige lappareil à avoir un train particulièrement haut pour éviter que lhélice ne touche les câbles et une cellule plus robuste pour supporter les efforts de torsion dus aux embardées. Une des solutions inventées par les américains en 1921 pour pallier aux problèmes de « cheval de bois » est un système de « skis » destiné à empêcher lavion de piquer du nez.
Les bases du porte-avions moderne
Alors que le HMS « Furious » montre ses limites, la sortie de chantier du HMS « Argus » en septembre 1918 correspond aussi au changement de la philosophie des états-majors dans lapproche de la guerre navale. La menace que représente un porte-avions au sein dune force navale ne peut plus être négligée. Les constructions futures des HMS « Eagles » et « Hermes » anglais, de lUSS « Langley » américain et des autres ponts plats ne font que confirmer ce fait.
Le HMS « Argus » est un pont plat de 172m de long sur 20m de large.
Du fait de la suppression de lîlot central, les marins gouvernent dune passerelle escamotable et la fumée sort à larrière du navire par des conduit horizontaux. Ce système provoquant toujours de fortes turbulences est toutefois considéré par les pilotes comme étant moins dangereux.
Enfin le HMS « Argus » capable de filer à 20 nuds emporte 20 appareils. Ce type de bâtiments pose cependant un problème spécifique : la conciliation de la navigation maritime et de lactivité aérienne.
Cest en 1917, en pensant au HMS « Eagles » et « Hermes » que les anglais inventent lîlot latéral. Celui-ci regroupe la passerelle de navigation et daviation ainsi que les conduits de cheminés. Dans lensemble, malgré la persistance du problème de turbulence, lîlot est apprécié des pilotes lors de lapproche pour saligner. Toutefois il reste à le placer sur le pont. Sur les conseils du capitaine de vaisseaux Nicholson, (chef du service aviation du « Furious »), du capitaine de vaisseau Hall et du fait de la tendance des pilotes à venir sur le gauche après un appontage raté , létat-major décide de le construire à tribord.
Pour des spécialistes français de lappontage, il existerait dautres raisons pour que lîlot ait été installé à tribord. La première est une question de droit maritime car il sagit de voir surtout la partie droite de la mer, par où les bâtiments ayant la priorité sont susceptibles darriver. La seconde consiste en la disposition naturelle du pilote à tourner à gauche : la main droite étant sur le manche, la gauche sur la manette des gaz, le pilote à tendance à regarder à gauche et donc à tourner à gauche. La dernière raison dordre plus technique, est quà cette époque toute les hélices tournent à droite, ce qui entraîne sur les monomoteurs, un champ aérodynamique dissymétrique en sens inverse. La cellule de lavion construite pour compenser cet écart ne peut au cours de la remise des gaz après un appontage manqué, empêcher un mouvement de lavion vers la gauche, doù un circuit plus aisé par la gauche.
Quelque soit la raison exacte, il est certain que les japonais, les seuls qui essayèrent dinstaller lîlot à bâbord sur le porte-avion « Hiryu » en 1939, enregistrèrent deux fois plus daccidents sur celui-ci.
Si les bases du futur porte-avion sont jetées à la fin de la première guerre mondiale, il nexiste en revanche aucune doctrine bien définie pour lappontage. Après que les précurseurs américains et anglais aient ouvert la voie, cest en France que va se développer le concept et la technique de lappontage
CHAPITRE 3
DUNE GUERRE MONDIALE A LAUTRE
1. La méthode en T (Teste)
A la fin de la première guerre mondiale, la France ne possède pas de porte-avions. Cependant elle sintéresse aux expériences anglaises et pendant quune mission est envoyée en Grande-Bretagne, le lieutenant de vaisseau Teste est chargé par le capitaine de frégate de lEscaille, Commandant de laviation maritime, deffectuer des essais.
En 1920, la mission remet ses conclusions et démontre la nécessité de transformer un bâtiment en porte-avions. Le choix se porte alors sur la coque inachevée du cuirassé « Béarn », rouillant depuis la fin de la guerre aux « chantiers de la Méditerranée » à la Seyne. En vue dexpériences dappontages, la coque du « Béarn » est sommairement aménagée. Une plate-forme en bois de 35m de long et 9m de large est construite. Contrairement aux américains, Teste choisit dutiliser un train de sacs de sable, transversal, pour arrêter son avion lors de sa première tentative.
Cependant, les crédits accordés pour la transformation du « Béarn » étant épuisés, lorsque lEscaille demande des machines pour son bateau, il obtient une réponse négative. Les expériences se font donc en rade de Toulon, le « Béarn » sur coffre.
A cette époque lappontage se fait bien évidement à vue. Teste imagine un procédé de guidage afin de mettre cette performance à la portée de pilotes moyens tout en gagnant en précision et en sécurité.
Deux mires sont fixées sur le pont du navire, lune à l extrémité avant, la seconde rabattable sur larrière de la passerelle. Ces mires matérialisent une ligne horizontale, passant sensiblement dans laxe du navire et a une hauteur donnée au dessus du pont. Lorsque le pilote se présente à basse altitude sur larrière du porte-avions, il aperçoit les mires et en approche, cherche à les aligner. Une fois cet alignement réalisé le pilote est assuré que ses roues passent à un mètre au dessus du pont.
Lorsque lavion à franchi la tranche arrière du navire à hauteur convenable, la mire arrière sefface pour lui laisser le passage. Il ne reste plus au pilote quà couper les gaz pour se poser sur le pont et le crochet de lavion agrippe les brins transversaux.
Cette méthode mise au point sur le terrain de Hyères le Palyvestre permet à Teste dapponter pour la première fois sur le « Béarn » en rade de Toulon le 22 octobre 1920.
Après un décollage aux commandes dun « Hanriot » monoplace, Teste effectue sa présentation. Au dessus du pont, à 50cm de haut, il coupe les gaz, lavion accroche le brin et Teste sarrête en 30m. Immédiatement, il redécolle pour à nouveau apponter. A trois reprises, il effectue la manuvre, cest un succès.
Teste en courte finale sur le « Béarn »
En quelques jours dix appontages sont effectués sur différents types dappareils et un seul accident est à noter. La première méthode dappontage existe et fonctionne.
Le temps de limprovisation et des cascadeurs se termine.
Cette méthode pourtant montre quelques inconvénients. Le pilote, obligé de se présenter sur larrière du porte-avions à très basse altitude subit de ce fait les inévitables turbulences de sillage, ce qui en cas de panne moteur ou derreur de manuvre à hauteur de la poupe peut être fatal. Il est également difficile de viser les mires. En effet, le réflexe de regarder le pont peut les faire perdre de vue et entraîner une perte de contrôle dangereuse à proximité de lîlot.
Amélioré par la suite, la méthode en T assure dans la plupart des marines les progrès de lappontage dans des conditions satisfaisantes de sécurité. Les accidents en utilisant cette méthode sont rares, par contre ils sont presque toujours mortel. De ce fait, la standardisation des pilotes ne fut jamais atteinte.
Toutefois par sa méthode, Teste réhabilite le système darrêt par brins transversaux. Cette technique, est après modernisation toujours employée de nos jours.
2. Les brins darrêts
Si le système darrêt employé par Ely puis par Teste peut paraître primitif, il nen est pas moins efficace. Le problème réside dans lutilisation de sacs de sable qui demandent après chaque appontage un travail de remise en condition relativement long et lourd de la part de léquipe de manuvre.
Durant les années 20, le système évolue. De chaque bord du pont sont installés des pylônes supportant des poids de 5 à 100 kg ressemblant à des contre-poids dascenseur. Par lintermédiaire de câble et de poulies, les poids sont soulevés les uns après les autres à mesure que lavion accroche les filins. Mais, la remise en uvre est toujours longue et épuisante.
A près divers essais de dispositifs électriques et hydrauliques, le choix se porte finalement en 1929 sur le système de freins Schneider Fieux. Il sagit dun limiteur deffet de friction progressif avec rattrapage dexcentrement. Celui-ci se présente sous la forme de brins tendus en travers du pont, espacés dune dizaines de mètres.
Ces brins reliés à des câbles en fil dacier, passent par une poulie et sallongent vers larrière où ils vont senrouler sur le tambour du limiteur deffort à friction. Lallongement très faible au cours du premier mètre parcouru après laccrochage, augmente progressivement au fur et à mesure que le brin accentue sa forme en « épingle à cheveux ».
Parallèlement, et afin de remplacer le dispositif de câbles longitudinaux par des câbles transversaux, la Marine Américaine essaie un dispositif presque automatique grâce à lappareil « Norden ».
Il se présente sous la forme dun tambour denviron 90cm de diamètre portant à la surface un gorge en spirale dans laquelle senroule le câble. Afin que le déroulement se fasse correctement et pour éviter de mettre un guide mobile pour le câble, le tambour peut monter et descendre le long dun arbre autour duquel il tourne. Chaque tambour (un à chaque extrémité du câble) est muni dun frein pour ralentir sa rotation et, dun moteur électrique pour retendre le câble une fois celui-ci décroché après lappontage.
En raison de la tendance du câble à se dérouler plus vite dun des tambours (lavion nattrape pas toujours le câble au milieu), il est décidé de réunir les extrémités de chaque câble (appelé « courant ») et de les fixer à un seul appareil de freinage dit à pression constante ou décélération constante. Cet appareil est constitué dun cylindre dans lequel un liquide comprimé peut sécouler par un orifice calibré vers un réservoir rempli dair. A mesure que le câble se tend, le liquide passe dans le réservoir où il comprime lair. La vitesse de passage du liquide étant réglée par un clapet, il est possible de la faire varier suivant le poids et la vitesse dappontage des différents avions. La détente de lair quant à elle, permet ensuite le retour du piston et la remise en place du câble.
Le résultat se concrétise pour lavion par un freinage court et brutal qui saccommode bien au procédé dappontage de lépoque. Lavion arrivant en perte de vitesse doit sarrêter avant les barrières de sécurités.
Enfin pour réduire le nombre dappareils de freinage, les « courants » sont installés de façon quils puissent être reliés deux par deux à un seul appareil.
Après avoir essayé de supprimer tout système de freinage fixe en 1925 en le remplaçant par un simple freinage aérodynamique, grâce à des ailes à fentes Handley-Page, la Royal Navy abandonne le système des câbles longitudinaux en 1926. Elle revient à la technique des câbles transversaux et à la crosse darrêt.
Malgré leurs études sur le système darrêt transversal, les américains ne ladoptent définitivement quà partir de 1929.
Ce dispositif modernisé par la suite, débouche avec l apparition des avions à réaction et de la piste oblique à la mise en place dun système de freinage à élongation constante quelque soit la vitesse dentrée dans les brins.
Une came étrangle lorifice de sortie du liquide de frein en proportion de lavance du piston dans le cylindre cest-à-dire, en proportion du chemin parcouru par lavion sur le pont. Celui-ci, très peu freiné à larrivé, lest de plus en plus jusquà larrêt, mais de façon progressive. Toujours utilisé de nos jours, ce dispositif est un des élément les plus importants de la méthode standard dappontage sur porte-avions.
Au début des années 30, la méthode en T commence à montrer ses limites. Durant cette décennie apparaissent deux autres méthodes différentes.
3. La méthode en L (Lartigue)
Du fait des performances accrues des appareils, de la taille et de la conception des porte-avions, les inconvénients du dispositif des mires horizontales saggravent. Toutes les marines se mettent alors à la recherche dune nouvelle méthode. Un français, le capitaine de vaisseau Lartigue met au point un procédé plus satisfaisant.
Pour éviter au pilote le présentation à basse altitude en vol horizontal, le capitaine de vaisseau Lartigue a lidée de matérialiser au moyen de mires, non plus une ligne horizontale parallèle au pont, mais une ligne de descente normale de 5 à 10 degrés suivie par lappareil pour atterrir sur le pont comme sil sagissait dun terrain ordinaire.
Une mire rouge à effacement, surélevée de quelques mètres est installée sur larrière du pont tandis quune marque blanche tracée sur lavant matérialise sensiblement le point dimpact des roues. Selon la force du vent relatif, la passerelle signale par pavillon le point à ajuster, sur lavant ou larrière du repère.
Lors de la présentation, le pilote apercevant la mire, met en coïncidence avec la marque du pont, puis règle sa descente pour maintenir cet alignement.
Lors du passage de lavion au niveau de la tranche arrière du navire, un servant rabat la mire pour laisser le passage à lappareil, signifiant ainsi au pilote quil doit réduire les gaz. Lappareil légèrement cabré accroche les brins quelques seconde plus tard.
Grâce à cette présentation haute, non seulement les turbulences de sillage sont moindres mais laéronef est stabilisé sur le plan de descente. De plus, le pilote jouit dune vue imprenable lui permettant de passer larrondi du bâtiment avec une marge de sécurité confortable.
Cette méthode est un progrès énorme puisque lintervalle entre deux appontage est réduit de moitié, passant ainsi de 6 à 3 minutes et permet dentraîner un très grand nombre de pilotes, de jour comme de nuit.
En effet, Jozan et Lartigue adaptent leur méthode au travail nocturne. Pour cela le pont est balisé latéralement par deux rampes électriques et la mire éclairée est alignée sur un sabord lumineux.
En 1935, si les progrès accomplis par les moteurs à pistons ont permis daméliorer les performances de tous les avions militaires, ceux de laéronautique navale marquent le pas.
Deux difficultés se présentent pour eux : laccroissement excessif de la vitesse datterrissage et le manque de visibilité sur lavant. En effet, plus les moteurs sont puissants, plus ils sont longs, ce qui rejette le poste de pilotage sur larrière et diminue la visibilité horizontale sur lavant. De plus, la vitesse de descente étant plus forte, il faut pour la réduire cabrer davantage lappareil. Ces deux effets conjugués interdisent donc lemploi sur les porte-avions des nouveaux chasseurs monomoteurs (Curtiss F11C et BF2C, Grumman F2F et F3F, Hawker Osprey et Nimrod) entrant en service à cette époque aux Etats-Unis et en Angleterre. Il faut trouver un solution.
La méthode américaine
Au cours dappontages sur le porte-avions américain USS « Langley », alors quil commente en gesticulant les fautes du pilote en courte finale, un officier (CDR Kenneth Whiting) saperçoit que ce dernier comprend la signification de ces gestes et corrige ses erreurs. Un des personnages les plus populaires de laviation embarquée vient de naître : le « Paddle » (ou Bats man pour les anglais). Les indications de cet officier de pont aident le pilote dans sa dernière phase dappontage, durant laquelle il cesse dapercevoir le pont. En effet les pilotes dès le début ont lidée daugmenter le piqué pendant la première phase dappontage de manière à assurer une bonne présentation, quitte à accentuer le cabrage pour freiner larrivée sur le pont et renoncer délibérément à toute visibilité.
Cependant, ce procédé met les trains datterrissage à dure épreuve. Lavion accroche un en position très cabrée., à vive allure et saffale littéralement sur le pont. Il faut alors renforcer les jambes de trains et les amortisseurs. Une fois ces perfectionnement obtenus, lappontage « aux ordres » devient de pratique courante. Un officier pilote expérimenté, placé sur une plate-forme en encorbellement à bâbord arrière et au niveau du premier brin, indique par signaux à bras les manuvre à faire. Le pilote na plus alors quà se conformer à ces indications.
Pour rendre les signaux plus visibles, lofficier dappontage brandit des raquettes analogues à celles du jeu de tennis de table doù lappellation familière de « Paddles ».
De nuit, il porte sur les jambes, le torse, les bras et le pourtour des raquettes, des guirlandes faites de minuscules lampes électriques.
Le « Bats man » ou « Paddle »
Au départ, le « Paddle » se limite à trois signaux : « Continuez comme ça », « Coupez les gaz et posez vous ! », et « Remettez les gaz ! »
Malgré ces progrès, la manuvre demande beaucoup de rigueur de la part du pilote. La mise en uvre d appareils de plus en plus lourds et puissants oblige à une pratique assidue à terre et à bord.
Toujours dans un but doptimisation une procédure dapproche à vitesse réduite, à altitude faible et constante, clôture un circuit standardisé autour du bâtiment.
De jour le pilote enveloppe le navire en virage à gauche puis redresse doucement en arrivant parallèle au bâtiment. Le pilote dispose alors de lespace latéral et des créneaux de temps nécessaires pour préparer son avion : action vitales, prise de configuration dappontage avec assiette, altitude stabilisé. Passant le travers de la poupe il part en virage jusquà atteindre la tangente du sillage où lavion doit se retrouver aligné dans laxe du porte-avions à laltitude stabilisée. L appareil passe alors larrondi à une hauteur de sécurité convenable, vitesse réglée, axé perpendiculairement aux brins.
Aux Etats-Unis, les avions se présentant en vol horizontal (méthode en T), Le paddle indique seulement la position de lavion par rapport à la trajectoire idéale, sans donner dordres au pilote sauf, remise des gaz et éléments de sécurité.
Cette méthode dappontage à laide dun « Paddle » est adoptée par la Grande Bretagne avec quelque correctifs. Les Britanniques utilisent lapproche en pente (approche en L) et le Paddle contrairement à la méthode américaine est directif dans ses instructions.
Au fil du temps, la palette de signaux du Paddle sétoffe.
A la différence des Britanniques et des Américains, les Français nutilisent lOfficier dappontage quaprès la seconde guerre mondiale.
LSO versus F7U Cutlass
De leur coté les Japonais utilisent un système assez différent. Lorsque les avions désirent apponter, ils volent à une distance de 400 à 600m du bâtiment, sous le vent. Lorsque le porte-avions est prêt à les recevoir, un officier de pont le signale au pilote par un code lumineux.
A ce moment là, lavion qui se trouve le plus proche de lîlot vire de façon à arriver à un point situé à peu prêt à 800m derrière le porte-avions, à une altitude de 200m environ. Aucun système de signalisation sur le pont denvole naide le pilote à juger de la façon dont il se rapproche de la piste, cest à lui de lestimer. Tout ce quil voit, cest un jet de vapeur à lavant pour lui indiquer la direction du vent. Pour lui permettre de juger de sa hauteur des feux lumineux sont placés au centre et de chaque coté du pont.
Enfin quelque soit la méthode, T, L, américaine ou Japonaise, si la crosse naccroche pas les brins, lavion donne du nez dans la barrière.
En 1939, il est possible dapponter dans les deux sens, par lavant ou larrière selon le vent, mais la catapulte impose lappontage par larrière. Cela oblige alors le porte-avions à modifier sa route pour se mettre face au vent.
Durant la seconde guerre mondiale, lorganisation des manuvres daviation est maîtrisée dans les escadres anglo-saxonnes et japonaises. Chez les alliés, la méthode se standardise, le temps entre deux appontages se réduit considérablement. Si le porte-avions démontre quil devient enfin lélément indispensable dune marine moderne désirant obtenir la maîtrise des mers, les systèmes dappontage névoluent pas. Il faut attendre la fin des années 40 et le début des années 50 pour voir un nouveau bond dans leur évolution.
CHAPITRE 4
VERS UN SYSTEME MODERNE
Du pont droit au pont oblique
Après la guerre, toutes les nations possédant des porte-avions sinterrogent sur la façon de faire décoller et apponter des avions à réaction sur le pont des porte-avions. Dès 1945 les américains procèdent à des essais. Cependant, comme lappontage se fait avec laide partielle dun moteur à pistons, ces essais ne sont pas jugés concluant. De ce fait, cest à un chasseur à réaction britannique, le Vampire 1, que revient lhonneur dapponter le premier sur le porte-avion HMS « Ocean » le 3 décembre 1945. Mais les réacteur posent différent problèmes, les aéronefs deviennent de plus en plus lourds et de plus en plus rapides. Les vitesses dappontage passent de 100 km/h à 150 nuds.
Lautre problème soulevé par la conception de ces nouveaux appareils est le risque dune décapitation par la barrière dite de sécurité. En effet, les premiers chasseurs à réaction, fuselés, tricycles et courts sur patte ont le nez nu. De ce fait, les pilotes sont protégés par une forte tige dacier à la base du pare-brise (ce problème étant résolu plus tard par ladoption dune barrière haute en nylon écroui).
Enfin, le spectacle des ponts droits embouteillés de létrave à larrondi, relève la saturation et la non adaptation de ce type de bâtiments à une aéronautique navale moderne et efficace. Il faut modifier cette géométrie.
USS « Saratoga »
Cest à nouveau les Britannique qui résolvent le problème. Dès 1948 ils installent sur le HMS « Warrior » un pont de caoutchouc souple. Le but étant en premier ressort de se passer du train datterrissage et du même coup, de supprimé le dispositif darrêt sur le porte-avions. Les premiers essais effectués par un chasseur « Vampire » dont les roues restent escamotées prouvent le bien fondé de cette innovation. Mais cette méthode nest pas adoptée car elle ôte lavantage fondamental de laviation navale qui est de pouvoir indifféremment atterrir ou apponter.
Il faut attendre le mois daoût 1951 à Bedford lors dun colloque au British Royal Aircraft Establishment est une esquisse de Dennis Campbell, futur commandant du HMS « Ark Royal » pour révolutionner le monde des porte-avions.
HMS « Ark Royal »
En faisant pivoter de quelques degrés la bande gauche du pont, celle-ci recouvre le pont en biais et fait saillie à bâbord avant. Senclavent alors non plus deux mais trois aires spécifiques :
une zone avant pour le catapultage
une zone latérale oblique pour apponter sans risques et permettre une remise de gaz à tout avion manquant sa présentation
une zone centrale triangulaire de rangement, vaste, sûre et commode.
Cette disposition capitale approuvée par le colloque en février est expérimentée dès 1952 sur le HMS « Triumph ».
Pour ces essais, la zone dappontage dune oblique de 10 degrés est délimitée sur le pont par des balises et un certain nombre dobstacles à bâbord. Les avions devant pour ces essais toucher le pont puis repartir, les câbles darrêt sont laissés dans leur ancien alignement, de sorte quil ne peuvent pas servir à stopper les appareils effectuant la manuvre.
Aux Etats-Unis, les mêmes essais effectués sur le USS « Midway » sont jugés satisfaisants. Dès septembre 1952 le porte-avions USS « Antietam » est mis en chantier pour transformation ainsi que le HMS « Ark Royal » anglais.
Trois mois plus tard lUSS Antietam » en ressort équipé dun pont denvol oblique formant un angle de 8 degrés et avec 6 câbles darrêt au lieu de 13, alignés selon un axe perpendiculaire à cette piste.
4000 appontages sur ce pont permettent alors de démontrer laccroissement de sécurité et autorisent la transformation des porte-avions de la classe « Essex ».
La piste oblique offre enfin la possibilité de catapulter et de faire apponter des avions en même temps en toute sécurité. Le problème de la barrière de sécurité est supprimé. Si la piste oblique pousse elle aussi (comme lavènement du réacteur) dans le sens du gigantisme, tout est prêt pour faire entrer laviation embarquée dans une nouvelle aire dont le HMS Ark Royal et le USS Forrestal sont les précurseurs.
HMS Centaur (gauche) / USS Antietam (droite)
Pourtant, tous les problèmes ne sont pas réglés. Entre 1945 et 1955 les chasseurs doublent de vitesse et de poids. Les constructeurs cherchent à garantir outre de sévères limites structurales (impact et décélération), le vol à basse vitesse, un des facteurs clé de lappontage.
Par sa conception et la réduction des dimensions des moteurs, lavion à réaction permet au pilote davoir une vue dégagée dur lavant, une assiette moins cabrée et donc de mieux contrôler son approche en se fiant à ses réflexes, sous la seule réserve quun système de mires suffisamment précis laide à se placer.
Toutefois, même au régime d appontage en phase de descente, linterprétation et lexécution des ordre donnés par le paddle imposent des délais trop longs.
La nécessité pour le pilote de contrôler exactement sa vitesse sur le tableau de bord lempêche de garder les yeux fixés en dehors. LEre du paddle touche à sa fin.