Macroéconomie monétaire - 2eme année d'économie et de gestion
Voir l'exercice corrigé en cours, semaine du 5 janvier. 2.- Investissement et
politique monétaire. a) Pour trouver le niveau de production et le niveau des prix
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Macroéconomie monétaire
TOC \t "Titre de chapitre;1;Titre de section;2;Titre de paragraphe;3;Titre de paragraphe 2;4;Titre de paragraphe 3;5" Introduction PAGEREF _Toc100677198 \h 1
Chapitre 1 : La demande de la monnaie. PAGEREF _Toc100677199 \h 2
Section 1 : La détention de monnaie dans une optique transactionnelle. PAGEREF _Toc100677200 \h 2
A- Les origines de la théorie quantitative. PAGEREF _Toc100677201 \h 2
1- La genèse de la théorie quantitative. PAGEREF _Toc100677202 \h 2
2- La poursuite de lanalyse jusquau XIXème siècle. PAGEREF _Toc100677203 \h 3
B- La formulation de la théorie quantitative. PAGEREF _Toc100677204 \h 4
1- Monnaie et équilibre général. PAGEREF _Toc100677205 \h 4
2- Léquation dIrving Fisher. PAGEREF _Toc100677206 \h 4
3- Lanalyse de lécole de Cambridge. PAGEREF _Toc100677207 \h 5
Section 2 : Les analyses keynésiennes et post-keynésiennes de la demande de monnaie. PAGEREF _Toc100677208 \h 6
A- La demande keynésienne de monnaie. PAGEREF _Toc100677209 \h 6
1- La préférence pour la liquidité. PAGEREF _Toc100677210 \h 6
2- Les motifs de détention de la monnaie. PAGEREF _Toc100677211 \h 6
B- Les approfondissements de lanalyse keynésienne. PAGEREF _Toc100677212 \h 7
1- La reformulation de lencaisse transactionnelle par Baumol. PAGEREF _Toc100677213 \h 7
2- La demande de monnaie dans lanalyse de Tobin. PAGEREF _Toc100677214 \h 9
Section 3 : La théorie friedmanienne de la demande de monnaie. PAGEREF _Toc100677215 \h 10
A- La demande de monnaie analysée par Friedman. PAGEREF _Toc100677216 \h 10
1- Présentation générale du cadre danalyse. PAGEREF _Toc100677217 \h 10
2- La formulation de la demande de monnaie. PAGEREF _Toc100677218 \h 11
B- La reformulation de la théorie quantitative. PAGEREF _Toc100677219 \h 11
Chapitre 2 : La monnaie et léquilibre macroéconomique. PAGEREF _Toc100677220 \h 12
Section 1 : Loffre agrégée. PAGEREF _Toc100677221 \h 12
A- Loffre et la demande de travail. PAGEREF _Toc100677222 \h 12
1- Maximisation des profits et demande de travail des entreprises. PAGEREF _Toc100677223 \h 12
2- Offre de travail des ménages. PAGEREF _Toc100677224 \h 13
B- Fonctionnement du marché du travail, de lemploi et de loffre de biens. PAGEREF _Toc100677225 \h 14
C- Leffet dun choc doffre sur léquilibre macroéconomique. PAGEREF _Toc100677226 \h 17
Section 2 : La dynamique de court terme des économies : inflation et chômage PAGEREF _Toc100677227 \h 18
A- Inflation et inflation anticipée. PAGEREF _Toc100677228 \h 18
B- La courbe de Phillips. PAGEREF _Toc100677229 \h 19
C- Les modifications apportées à la courbe de Phillips. PAGEREF _Toc100677230 \h 19
Section 3 : Les enchaînements dynamiques de court et moyen terme. PAGEREF _Toc100677231 \h 19
A- Les interactions entre la masse monétaire, la production, le chômage et linflation. PAGEREF _Toc100677232 \h 19
B- Les implications des trois relations. PAGEREF _Toc100677233 \h 22
C- La dynamique dajustement. PAGEREF _Toc100677234 \h 22
D- Les débats entre classiques et nouveaux keynésiens PAGEREF _Toc100677235 \h 25
Conclusion : PAGEREF _Toc100677236 \h 26
Introduction
On va faire une analyse théorique du rôle de la monnaie, la neutralité de la monnaie, son influence sur la croissance économique, le chômage, le niveau des prix. Le premier chapitre traitera la demande de monnaie puisquon pourra faire le tour de relations monétaires fondamentales (place de la monnaie dans le choix des agents, relation monnaie / taux dintérêt). On abordera ensuite le débat fondamental sur la neutralité de la monnaie. On consacrera un chapitre à létude de la monnaie par rapport aux équilibres macroéconomiques. On fera lanalyse de la politique monétaire sous une forme théorique.
Chapitre 1 : La demande de la monnaie.
Cest un chapitre transitoire avec la fin du premier semestre qui sert aussi de base pour la compréhension des chapitres futurs. Lobjectif de ce chapitre est détudier les fondements des comportements des agents en ce qui concerne leur détention de monnaie. Les autorités monétaires cherchent à contrôler la quantité de monnaie en circulation. Il est donc souhaitable de comprendre ce qui incite les gens à en détenir. On verra quil existe une autre donnée indispensable, la stabilité dans le temps ou non. Il existe trois grandes approches de la demande de monnaie :
- Celle qui met laccent sur le caractère transactionnel de la monnaie. Historiquement, ce sont les premières théories qui ont existé. La monnaie nest jamais détenue pour elle-même mais dans le but deffectuer des transactions rapidement.
- La théorie keynésienne et post-keynésienne. Elle repose sur la vision keynésienne de la monnaie. Le concept de base est la notion de préférence pour la liquidité. Il va montrer que la demande de monnaie est de la demande de liquidités. La monnaie est par essence lactif liquide sans risques.
- Une approche plus contemporaine à la base des concepts monétaristes. On renoue avec la conception transactionnelle, réelle/ On se base surtout sur la conception de Friedman. On va essayer de donner une base microéconomique à la fonction de demande macroéconomique de la monnaie. Il y a un point commun avec la théorie keynésienne ; la monnaie est un actif parmi dautres. La monnaie est une forme de détention de richesse qui sera choisie en la comparant à dautres formes (actions, obligations,
)
Section 1 : La détention de monnaie dans une optique transactionnelle.
Lidée de départ est que les agents détiennent de la monnaie pour acheter des biens ou des services. Plus on aura des besoins de transaction, plus on va détenir de la monnaie en quantité. Cest la logique de la théorie quantitative. On va voir comment elle est élaborée ; la quantité de monnaie présente dans léconomie est étroitement liée au nombre dunités monétaires échangées dans le cadre des transactions.
A- Les origines de la théorie quantitative.
Au départ, la théorie quantitative nest pas une théorie de la demande de monnaie. Il nempêche. Les origines de cette théorie remontent au XVIème siècle. Cest la première fois quon soppose sur de vrais problèmes monétaires.
1- La genèse de la théorie quantitative.
On fait remonter le premier débat monétaire à une controverse entre deux personnes, Jean Bodin et le seigneur de Malestroit. Au XVIème siècle, on a une forte augmentation des prix un peu partout en Europe. Elle préoccupe les autorités royales à lépoque, dautant plus quelle contraste avec plusieurs siècles de stabilité des prix. Il y a une Chambre des Comptes à Paris à qui on demande denquêter sur ce problème et de rendre un rapport (Enquête sur le renchérissement de toutes choses et de la dépréciation de la monnaie). Le rapport est rendu en 1556 par Malestroit. Il ny a pas de hausse réelle des prix en France. La hausse des prix est une illusion et en fait le coût de la vie na pas augmenté. Limpression est la conséquence logique de la dépréciation de lunité de compte par rapport au métal. A lépoque, lunité de compte est la livre et la livre est définie par une certaine quantité de métal. Malestroit remarque que le souverain très souvent à lépoque a tendance à modifier la définition de lunité de compte. Le souverain déprécie lunité de compte en annonçant que dans une unité de compte il y a de moins en moins de quantité de métal. A partir de ce moment, une même quantité de métal va correspondre à un nombre croissant dunités de compte.
Exemple :
Au départ, une livre vaut 20 grammes dargent.
Un bien vaut 10 livres
Donc ce bien représente 200 grammes dargent.
Ensuite, une livre vaut 16 grammes dargent.
Ce bien vaut toujours 200 grammes dargent.
Donc ce bien va valoir 12,5 livres.
Ce sont les prix en unité de compte qui donnent limpression dune hausse des prix. Par contre, la quantité de métal à donner contre un même bien reste identique. Il ny a donc pas de hausse des prix.
Jean Bodin répond aux conclusions de Malestroit en 1568 (Réponse au paradoxe de Monsieur de Malestroit). La hausse des prix constatée en France nest pas seulement purement illusoire. Il reconnaît lincidence de la dépréciation de lunité de compte (hausse nominale des prix) mais il considère quil y a aussi une hausse réelle, hausse de la quantité de métal à fournir pour acheter un même bien (hausse réelle). La hausse des prix débute en Espagne. On a de grosses découvertes dor en Amérique. Les produits espagnols vont devenir moins compétitifs au niveau international. LEspagne augmente ses importations et diminuera ses exportations, la balance commerciale se dégrade. On a une sortie de métaux précieux dEspagne à destination des voisins européens, qui voient des métaux précieux arriver chez eux, entraînant une hausse des prix. Il ne théorise pas cela, cest seulement une observation historique. Mais on le considère malgré tout comme un précurseur de la théorie quantitative : il y a une relation directe entre la quantité de monnaie en circulation dans un pays et les prix.
2- La poursuite de lanalyse jusquau XIXème siècle.
Jusquau XVIIème siècle, lanalyse de Bodin a assez peu dinfluence. On est en pleine époque mercantiliste ; or pour les mercantilistes la quantité de métal est vue comme un phénomène positif dans la mesure où on considère que cest une manière de favoriser le commerce et lindustrie. Pendant deux siècles, on est dans une analyse totalement différente qui ne veut pas prendre en compte les avancées de Bodin. Il est isolé dans son analyse monétaire chez les mercantilistes. Au milieu du XVIIIème siècle, on a à nouveau un courant qui va essayer de mettre en relation hausse de la quantité de monnaie en circulation et hausse des prix. Ce mouvement démarre en 1752 avec David Hume. La hausse de la quantité de monnaie en circulation entraîne une hausse proportionnelle des prix selon lui. En 1755, Richard Cantillon va apporter une nouveauté à lédifice ; il essaie de chercher les raisons qui peuvent expliquer la hausse de la monnaie en circulation. Normalement, il ny a pas de hausse miraculeuse. La cause en sera le solde commercial, excédent pour expliquer lafflux de monnaie. En cas dexcédent commercial, des individus vont profiter des ventes à létranger ; ils bénéficieront dun supplément de monnaie. Cest ce supplément de monnaie qui va être utilisé pour augmenter la consommation. Il va y avoir une demande additionnelle de biens et services dans léconomie. Cest cette demande additionnelle qui pousse les prix à la hausse. Il y a une relation entre la quantité de monnaie en circulation, la demande réelle et le niveau des prix. Il y a un lien entre lactivité réelle et lactivité monétaire. Il montre quil ny a pas de relation systématique entre la quantité de monnaie et les prix. Il faut quil y ait une hausse de la consommation des agents. Si il y a épargne, la théorie quantitative ne fonctionne plus. Il ny aura pas de hausse sur tous les produits homogène. Les biens particulièrement demandés se renchériront davantage. On a des phénomènes nouveaux intéressants, le détour par la sphère réelle pour expliquer lévolution des prix. Malgré tout, Cantillon reste un précurseur de la théorie quantitative. Pour lui, il y a une conséquence importante à laugmentation de la quantité de monnaie, la hausse des prix. Il justifie mieux la hausse des prix mais naborde pas le problème de la modification de lactivité réelle. Au cours du XIXème siècle, grande époque de la théorie classique, on a un renforcement de la vision quantitativiste. On va aller vers une vision de plus en plus extrémiste de la dichotomie. Dès 1803, on a lanalyse de Jean-Baptiste Say. La monnaie est un voile qui masque la réalité des échanges. Il montre quà chaque échange de produits contre de la monnaie que lindividu qui récupère de la monnaie va systématiquement réutiliser la monnaie pour acheter un autre produit dans la mesure où la monnaie a été un simple intermédiaire, elle a facilité les échanges mais rendu un service mineur. Il est inutile de la prendre en considération pour analyser léconomie. Il existe deux sphères dichotomiques lune à lautre, avec dun côté la sphère réelle (biens et services) et de lautre la sphère monétaire qui aura une importance secondaire. Ricardo, en 1817 ; puis Mill en 1848 reprennent cette analyse. Les classiques reprennent les idées et les théories de Say. Dans tous les cas, la monnaie est uniquement perçue comme un intermédiaire des échanges. Elle est détenue pour être dépensée rapidement. La détention de monnaie sera forcément égale aux marchandises quelle permet dacheter. Lencaisse monétaire est une encaisse de transaction. Cest une encaisse forcément et uniquement faite dans une perspective de paiement.
B- La formulation de la théorie quantitative.
Les classiques et les pré-classiques ont déjà indirectement explicité la théorie quantitative mais la vraie formulation de cette théorie remonte aux néo-classiques, en la formalisant mathématiquement.
1- Monnaie et équilibre général.
Walras (1870) a entrepris une démarche et induit des conclusions représentatives de lanalyse néo-classique de la monnaie et de la théorie quantitative. Il y a un équilibre réel de léconomie, de chaque marché qui existe sans monnaie. Lorsquon introduit la monnaie, léquilibre initial nest pas modifié. La monnaie est neutre. Walras soccupe de léquilibre au sein du système réel sans monnaie, avec n marchés en équilibre, n équations représentatives de ces marchés. Il y a une solution à léquation qui permet déquilibrer chaque marché. On peut trouver un équilibre réel dans léconomie, sans intervention de la monnaie. Léquilibre correspond à un ensemble de prix relatifs, mais aucun bien ne sert spécifiquement de monnaie. Il y a un deuxième temps dans lanalyse ; cette fois on étudie le marché de la monnaie. On égalise loffre et la demande de monnaie. On va considérer que loffre de monnaie est exogène, décidée par les autorités monétaires. On se soucie de la demande de monnaie seule. Cest une demande indirecte de biens. On veut de la monnaie pour la dépenser assez rapidement. Cette demande sera égale à la somme des valeurs de toutes les demandes de biens.
EMBED Equation.3
Avec p prix, q quantité et H demande de monnaie.
Walras appelle la demande de monnaie lencaisse désirée. Il faut égaliser offre et demande de monnaie. Loffre est exogène, déterminée par les autorités monétaires. qr la quantité échangée de chaque bien sur une période donnée dans une économie est déterminée par des variables réelles. Lorsque loffre de monnaie varie, seuls les prix peuvent varier pour rétablir léquilibre dans léquation lorsque loffre de monnaie varie. Ce constat va permettre à Walras détablir sa formulation de la théorie quantitative. Toute augmentation ou diminution dans la quantité de monnaie marchandise a pour effet une augmentation ou une diminution proportionnelle dans les prix. Lintroduction de la monnaie ne modifie pas léquilibre réel. On a le secteur réel et le secteur monétaire et il y a dichotomie entre les deux secteurs. Loffre de monnaie et la quantité de monnaie ont une influence sur les prix, mais le monétaire na pas dinfluence sur le réel.
2- Léquation dIrving Fisher.
En 1911, Irving Fisher publie le pouvoir dachat de la monnaie. Il explique sa formulation de la théorie quantitative. Cest probablement léquation la plus connue de la théorie quantitative.
MV = PT
M quantité de monnaie en circulation.
V vitesse de circulation de la monnaie.
P niveau général des prix.
T volume de transaction.
Pour expliquer cette équation, il part de lidée quun individu qui reçoit un produit donne en contrepartie un montant équivalent en monnaie. A un niveau macroéconomique, la valeur globale des échanges va sécrire EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 ensemble des biens échangés dans léconomie sur la période. Il estime quon peut remplacer cela par un bien composite T. Il va faire la même chose avec les prix, n prix pi remplacés par un indicateur synthétique P. Ils correspondent à la valeur totale des échanges. Cet échange est permis en contrepartie de paiements dun montant équivalent, représentés par deux variables, M quantité de monnaie en circulation dans léconomie pouvant être utilisée plusieurs fois sur la période ; V permettra donc de prendre en compte ce phénomène. Cest le nombre de fois où en moyenne la quantité de monnaie est utilisée pendant la période. Lhypothèse de départ est simple. On déduit une relation de causalité entre la monnaie et les prix. Seul P est endogène et dépend des autres variables. T est exogène, fixé dans la sphère réelle, V vitesse de transaction variable exogène fonction des habitudes de paiement des agents dans léconomie. M est la masse monétaire, décision autonome des autorités monétaires. Donc P varie quand la masse monétaire va varier. Pour Irving Fisher, on peut avoir une analyse dichotomique de léconomie puisquil vient de démontrer la théorie quantitative. Ce nest pas une véritable analyse en terme de demande de monnaie. On a une équation des échanges. On a raisonné en terme dencaisse nécessaire pour effectuer des transactions. On na pas essayé de réfléchir sur la quantité de liquidités réellement demandées par les agents ; donc sur une véritable demande de monnaie.
3- Lanalyse de lécole de Cambridge.
Alfred Marshall et Auguste Pigou en sont les plus éminents membres. On est toujours dans la théorie quantitative. On met en avant la demande de monnaie, lencaisse désirée. Cest la vision aboutie des classiques avant le renouveau contemporain. Ils commencent à annoncer des éléments annonciateurs de Keynes. Marshall a une analyse postérieure à son ouvrage de référence. Cest le premier à vraiment écrire une demande déquation de monnaie. En fait, il reste très proche des analyses précédentes. On détient de la monnaie pour saisir des opportunités de transaction. On peut détenir de la monnaie dans le temps puisque des opportunités de transaction peuvent se profiler dans lavenir. Il ny a pas forcément égalité entre la quantité de monnaie et le volume des transactions. Il est le premier à analyser le désir dencaisse des individus. Il va être le premier à expliquer quil y a une certaine opportunité pour les ménages à détenir de la monnaie mais il remarque que lencaisse sous forme monétaire a un coût et ce coût est le manque à gagner conséquence du renoncement à lintérêt sur un produit dépargne. Selon Marshall, les ménages vont faire un arbitrage, entre encaisse monétaire pour une partie, et sous forme de placement pour le reste afin de bénéficier dun intérêt. Pour lui, lencaisse monétaire dépend de deux choses ; le revenu et le patrimoine. « Les habitants dun pays estiment quils doivent conserver par devers eux du pouvoir dachat comptant atteignant en moyenne un dixième de leurs revenus annuels et un cinquantième de leur fortune. » Il dit que cest du pouvoir dachat comptant. Les individus vont souhaiter garder une encaisse monétaire réelle, et non nominale. La quantité nominale est M et lencaisse monétaire réelle est EMBED Equation.3 . M est lencaisse observée, la masse monétaire observée, celle qui induit linflation. EMBED Equation.3 sera lencaisse monétaire réelle. Ce sera une variable exprimée compte tenu de lévolution des prix ; ce sera le pouvoir dachat de la monnaie. Cela exprimera la quantité de monnaie en terme de biens et services quelle permet dacquérir. Marshall ne remet absolument pas en cause la théorie quantitative par contre son analyse est particulièrement novatrice, dabord parce quil exprime une encaisse monétaire désirée. Il est le premier à relier demande de monnaie au revenu. On est passé dune approche en terme de transactions à une approche en terme dencaisse, et cest ce point-là qui va servir de base aux travaux dArthur Pigou.
Pigou suit Marshall en reprenant lidée dune demande de monnaie, il pense que les individus souhaitent conserver de la monnaie pour deux raisons qui correspondent à deux fonctions monétaires : la monnaie est un moyen de paiement, elle permet de faire des achats ; la monnaie est une réserve de valeur et parce quelle permet de garder du pouvoir dachat, on va en garder pour des paiements futurs. Pigou, très clairement en conclut que la monnaie est utile puisquelle sert pour des achats immédiats mais aussi parce quelle peut être utilisée pour des achats futurs. Pour les deux motifs, la demande de monnaie sera fonction du revenu. On va donc déterminer une encaisse nominale fonction de k, P et Y. Y est le revenu réel, P le revenu nominal et k le coefficient correspondant à la partie du revenu que les individus souhaitent conserver sous forme monétaire. Cette question permet de mieux comprendre pourquoi les prix varient quand lencaisse monétaire varie. Pigou explique que si M augmente à un moment donné. Lencaisse réelle est EMBED Equation.3 . On sait que lencaisse réelle voulue par les individus est proportionnelle au revenu. EMBED Equation.3 > EMBED Equation.3 donc les individus consomment jusquà ce que P1 atteigne P2. On aboutira donc à EMBED Equation.3 = EMBED Equation.3 . On appellera plus tard cela leffet dencaisse réelle.
La théorie quantitative a été élaborée par les classiques et les néo-classiques. Le sujet central est de montrer que la quantité de monnaie en circulation varie avec le niveau général des prix. Il y a une opposition idéologique avec les keynésiens. La monnaie ne peut pas être utilisée pour influencer des variables réelles. On fait seulement varier les prix. La théorie quantitative nest pas une équation de demande de monnaie. Par contre, on se rapproche de plus en plus dune théorie de demande de monnaie, notamment avec Pigou. Lencaisse monétaire dépend seulement du revenu. On va mettre avec Keynes en avant une deuxième variable importante, le taux dintérêt.
Section 2 : Les analyses keynésiennes et post-keynésiennes de la demande de monnaie.
Dans les années 30, on arrive à lanalyse keynésienne. Keynes est issu de lécole de Cambridge. Keynes considère que la théorie quantitative est valable, quelle va sappliquer, mais dans une situation particulière, le plein emploi. En situation de sous-emploi, me mécanisme quantitativiste ne sapplique pas et les ajustements économiques vont se faire par les quantités et non par les prix. Toute lanalyse keynésienne démarre sur la base de son analyse de la monnaie, notamment avec deux concepts originaux, la préférence pour la liquidité et les motifs de détention de la monnaie.
A- La demande keynésienne de monnaie.
1936 : Théorie générale de lemploi, de lintérêt et de la monnaie.
Dès le départ dans la conception keynésienne, les phénomènes monétaires vont directement influencer les variables réelles, emploi, production,
On va étudier la demande de monnaie. Elle va être un déterminant important des taux dintérêt. Le niveau des taux dintérêt va conditionner linvestissement, qui conditionne le niveau de production, qui conditionne lemploi.
1- La préférence pour la liquidité.
Cest cette préférence pour la liquidité qui justifie lexistence et lémergence dune demande de monnaie. Les individus ont un revenu, quils consomment en partie (propension à consommer) et une fois cette consommation effectuée, il reste un résidu, lépargne. Une fois cette épargne constituée, les individus font face à un choix, soit garder lépargne sous forme liquide (demande de monnaie), soit va placer largent (obligations). Lintérêt du placement est de bénéficier dune rémunération. Les individus détiennent largent sous les deux formes. Les deux formes de détention de richesse présentent des avantages. Lavantage de la détention de richesses sous forme no monétaire est lintérêt. « Lintérêt est la récompense pour la renonciation à la liquidité pour une période déterminée », selon Keynes. Le taux dintérêt intervient chez Keynes au niveau de la répartition de lépargne. Pour les néo-classiques, le taux dintérêt intervient dès la décision de lacte de consommation. Larbitrage seffectue entre le présent et le futur. Le taux dintérêt est déterminé par la demande dinvestissement des entreprises (demande demprunt) et de loffre de placement des individus. Lintérêt des titres est davoir une rémunération. Si on garde largent sous forme monétaire, cest que lencaisse monétaire présente des avantages, la monnaie permet mieux de faire face à lincertitude. La monnaie est lactif le plus sur, le plus liquide ; or les individus ont peur de lavenir, ils ont conscience de ne pas maîtriser les fluctuations des cours ; de ce fait ils apprécient particulièrement la monnaie parce que cest un actif qui nengendre pas de coût de conservation. Les individus vont garder de la monnaie pour faire des transactions, mais aussi du fait de leur conscience davoir des anticipations, ils vont garder une encaisse monétaire supérieur à leur besoin de transaction. Ils sont prêts à payer le prix du service de la liquidité et le prix de ce service-là est le coût dopportunité qui est un manque à gagner. La monnaie est le lien entre le présent et le futur. Du fait de cet avantage, le taux dintérêt ne va pas toujours suffire à convaincre les individus à placer leur épargne. Keynes ne remet pas en cause totalement la vision classique, la vision traditionnelle (il y aura de demande pour faire des transactions). Par contre, il introduit un concept nouveau, la préférence pour la liquidité qui va justifier un supplément dencaisse monétaire. On va désirer un supplément dencaisse et cest sur ce supplément dencaisser quon va trouver un nouveau facteur déterminant, le taux dintérêt.
2- Les motifs de détention de la monnaie.
Keynes reprend et poursuit lanalyse de Pigou. Il considère quil existe trois grands motifs de détention de la monnaie :
- Motif de transaction. La monnaie est une encaisse disponible pour acheter, pour effectuer des transactions. Cest un fondement important de la demande de monnaie. Keynes approfondit cela en 1936 dans la Théorie Générale en la subdivisant entre celle des entreprises et celle des ménages. Il utilise lexpression de motif de revenu (demande dencaisse). Il y a un décalage temporel entre le moment où le ménage reçoit le revenu, son salaire et le moment où il effectue ses dépenses. On reçoit son salaire en fin de mois alors que les dépenses sétalent au cours du mois. Pendant ce laps de temps, on a besoin de monnaie. De ce fait le versement du salaire va être assimilé comme une reconstitution régulière de lencaisse monétaire. Pour les entreprises, Keynes parle de motif professionnel. Les entreprises subissent un décalage entre le moment des recettes, le moment où on encaisse les ventes et le moment où il va falloir effectuer les dépenses. Lencaisse monétaire permet aux entreprises de financer ce décalage. Keynes considère dans les deux cas que les motifs sont positivement reliés au revenu. Dune manière générale, on peut estimer que lorsque on a un revenu élevé ; on aura des besoins de monnaie importants. La demande de monnaie est liée positivement au revenu.
- Motif de précaution. Dans ce premier cas, on a des dépenses planifiées par les agents quon considère comme régulières. Le motif de précaution va au contraire requérir des liquidités pour faire face aux imprévus, les dépenses soudaines, achat dune voiture suite à un accident ; et des dépenses consécutives à la saisie dopportunités dachat. Selon Keynes, ces raisons vont conduire les individus à se constituer une réserve de pouvoir dachat. Cette réserve va être assez constante dans le temps pour chaque individu en fonction de ses dépenses habituelles. Le motif de précaution va justifier une demande de monnaie proportionnelle aux dépenses habituelles. On a mis en évidence lexistence dune encaisse monétaire de précaution.
- Motif de précaution. Il est lié au désir des agents de faire des gains sur les actifs, principalement la volonté de faire des plus-values sur les actifs boursiers (obligations). Lidée de départ est que lorsque on anticipe une hausse des taux dintérêt, on va anticiper une baisse des cours des obligations. Donc, lorsque les individus anticipent une hausse des taux dintérêt, ils vont chercher à bénéficier de la baisse du cours des actions, donc vendront tendanciellement leurs obligations à un cours élevé pour en racheter si besoin à un prix plus bas. Donc, dans ces périodes, on aura des encaisses monétaires pour motif de spéculation qui vont augmenter. Inversement, en période danticipation de baisse des taux dintérêt, on va anticiper une hausse des cours des titres. On va acheter des titres pour bénéficier de la hausse. Lencaisse monétaire va diminuer. La demande de monnaie va être fonction de la succession des achats et des ventes de titres. Elle va être négativement corrélée au taux dintérêt.
- Keynes rajoute un quatrième motif sur lequel in insiste moins, le degré de préférence pour la liquidité. On a toujours cette notion dincertitude, les agents auront plus ou moins confiance en lavenir. Dans les phases doptimisme, les agents auront un faible degré de préférence pour la liquidité ; et inversement dans les périodes pessimistes, on aura un fort degré de préférence pour la liquidité.
Léquation de demande de monnaie chez Keynes est définie ainsi :
Md = L0 + L1 (Y) + L2 (i)
Une partie de la demande de liquidité est fonction du revenu (motif de transaction et motif de transaction) et une partie de la demande est fonction du taux dintérêt. La demande de monnaie dépend de plusieurs facteurs et non uniquement le revenu. Le fait de montrer la dépendance à plusieurs facteurs traduit linstabilité de la demande de monnaie. Le revenu chez Keynes est le revenu courant, susceptible de fluctuer dans le temps.
B- Les approfondissements de lanalyse keynésienne.
Il est possible danalyser le motif de transaction de deux manières différentes :
- La théorie quantitative. Lencaisse de transaction est simplement proportionnelle au besoin de transaction sur la période. Cest une manière exogène daller chercher le montant de monnaie dans léconomie. Keynes na pas amené de choses nouvelles.
- On part dune logique différente dès le départ. La demande de monnaie va être la conséquence dun calcul rationnel de la part des agents. Les agents vont chercher à maximiser leur utilité sous contrainte. La demande de monnaie sera la conséquence dun calcul logique et volontaire. Leur idée est de complexifier lanalyse. Sans critiquer Keynes, ils vont essayer de clarifier lanalyse keynésienne. On va montrer que le taux dintérêt est une variable qui va justifier la demande de monnaie sans revenir sur lencaisse de spéculation.
1- La reformulation de lencaisse transactionnelle par Baumol.
William Baumol est un américain. Sa grande analyse date de 1952. Il montre que lencaisse de transaction dépend du taux dintérêt en partie. Il applique la théorie des stocks à la monnaie, bien connue en gestion, il la transpose à la monnaie. Au niveau de la gestion, une entreprise va pouvoir déterminer le volume optimal de ses stocks de marchandises en tenant compte dun certain nombre de données objectives (coûts de stockage, régularité des ventes). Il reprend cette logique et lapplique aux stocks de monnaie détenus par les individus, puis passer au niveau supérieur par agrégation.
La première donnée objective sera le revenu de lindividu, qui sera dépensé de façon régulière, progressive pendant la période. Ensuite, il faudra déterminer ce qui fait partie du revenu (conservation sous forme liquide, placement). Ce montant va générer un coût dopportunité (le fait de ne pas être rémunéré) lié au taux dintérêt. Il y aura un deuxième coût qui est le fait que chaque fois quon devra convertir de la monnaie, on va faire face à un coût, le coût de courtage. Lagent aura alors tendance à vouloir épargner. Au niveau de la formalisation, on va partir dun montant de revenus T. Lensemble du revenu va être dépensé sur la période et le montant des transactions sera égal au revenu. Ce montant est connu avec certitude et le revenu est versé régulièrement dans le temps. On retrouve une deuxième grande variable, C montant de la liquidité régulièrement prélevée par les individus. C sera une quantité fixe. = n, n sera le nombre moyen de fois pendant la période où on va transformer son revenu sous forme liquide.
Lencaisse monétaire moyenne dans léconomie sera EMBED Equation.3 . On va formaliser les coûts liés aux stocks de monnaie : le coût dopportunité et le coût de courtage. Le coût dopportunité est lié à la renonciation à lintérêt. On a une parte qui sélève à EMBED Equation.3 * i (coût dopportunité). On a ensuite un coût de courtage. Ce coût sera subi à chaque conversion de liquidités en placement. Ce coût de conversion va être fonction du nombre de transactions effectuées n = . Ce coût de courtage est aussi lié à un montant b, coût unitaire du courtage. On estime que ce coût est fixe. Le coût total de détention de lencaisse monétaire sera la somme des deux.
CT = EMBED Equation.3 * i + nb = EMBED Equation.3 * i + EMBED Equation.3
Le problème consiste à déterminer C, le montant de largent liquide quon va retirer sachant que le but systématiquement est de faire face à toutes les transactions et en même temps minimiser le coût de lencaisse monétaire. Il suffit dannuler.
EMBED Equation.3
EMBED Equation.3
Remarque :
On a deux variables importantes T et i. La demande de monnaie dépend du niveau des transactions T. La demande de monnaie sera une fonction croissante par rapport au revenu. Mais il ny a pas proportionnalité entre les deux, doù lintérêt de montrer linstabilité de la demande de monnaie, beaucoup plus grande quen théorie quantitative. Cest une variable plus explicative que dans la théorie keynésienne. La demande de monnaie es inversement proportionnelle aux évolutions des taux dintérêt. On est dans des conclusions purement keynésiennes avec des outils purement microéconomiques.
T = EMBED Equation.3
ic² est le montant des transactions et des revenus. La politique monétaire est particulièrement efficace, puisquelle permet dinfluencer la quantité de monnaie en circulation M3.
2- La demande de monnaie dans lanalyse de Tobin.
On va avoir une démarche similaire. La demande de monnaie dans lanalyse de Tobin (1958) est montrée dans son implication sur les phénomènes réels. Il utilise des outils de gestion (théorie du portefeuille) pour tirer de ces analyses des conclusions microéconomiques. Il revient aussi sur la notion dencaisse de spéculation et retire de lanalyse de Keynes quelle est liée à lincertitude par rapport à lavenir. Ce qui est intéressant pour Tobin est lexistence danticipations incertaines. Il considère quil y a une certaine confusion chez Keynes au niveau de lencaisse de spéculation et de précaution parce que Keynes justifie cela par rapport à lincertitude face à lavenir. Lincertitude fait part une encaisse de précaution et une encaisse de spéculation pour tirer profit des plus-values. Keynes nest pas très convaincant dans sa prise en compte de lincertitude. Keynes a amené cette notion de risque, dincertitude qui va être prise en compte par les agents. Là encore, on part avec des hypothèses nouvelles avec lidée que la demande de monnaie est fonction inverse du taux dintérêt. Tobin utilise une analyse de portefeuille. On va raisonner comme en gestion, comme en microéconomie avec un agent-type. Lagent détient un portefeuille, un ensemble dactifs, et la monnaie nest quun actif parmi dautres. Ce qui va être déterminant dans lallocation du portefeuille est la notion de risques, les agents ont conscience de lincertitude par rapport à lavenir. Cette conscience va expliquer leur comportement dans la répartition de leur portefeuille, notamment au niveau individuel, les agents ne vont jamais mettre tous leurs ufs dans le même panier (allocation des risques). Les agents vont détenir en permanence une partie de leur portefeuille sous forme monétaire puisque par définition cest lactif le moins risqué qui existe. En même temps, on ne détiendra jamais la totalité de son portefeuille sous forme monétaire. La base de la théorie du portefeuille de Tobin est que les agents détiennent systématiquement à la fois des actifs monétaires et des actifs non monétaires car ils cherchent à sassurer contre le risque. La demande de monnaie va correspondre aux actifs monétaires détenus par le portefeuille des agents. Les agents vont faire un choix de portefeuille, qui va correspondre à un portefeuille systématiquement diversifié avec un choix optimal en fonction des rendements attendus et des risques encourus. On va chercher à maximiser le rendement et minimiser le risque.
Plus lécart type sera élevé, plus on aura dactifs monétaires. On a trouvé le portefeuille optimal avec un rendement et un risque donnés. Lanalyse de Baumol permet de confirmer la vision keynésienne de la demande de monnaie. Si on fait lhypothèse que le taux dintérêt augmente, la pente de la droite de marché va augmenter, pour un même risque, le portefeuille rapporte plus. On est prêt à prendre davantage de risques : on passe de EMBED Equation.3 à EMBED Equation.3 . Lagent aura moins dactifs monétaires dans son portefeuille : la demande de monnaie diminue. Donc la hausse du taux dintérêt fait diminuer la demande de monnaie.
On a une modification de lappréciation du risque. On anticipe un risque plus fort. Lincertitude par rapport à lavenir augmente. On va considérer que lécart type augmente. Le nouveau portefeuille correspond à un écart type qui a diminué. On augmente les actifs monétaires dans le portefeuille. Lécart type va diminuer. La demande de monnaie dans léconomie va augmenter. Si on nintègre plus le risque, on sassure contre ce risque en intégrant davantage de monnaie dans le portefeuille. La demande de monnaie va ici augmenter lorsque le risque augmente. Cest aussi une vision keynésienne des choses : la demande de monnaie peut varier y compris quand le taux dintérêt reste stable. Il y a un aspect psychologique, une aversion pour le risque qui va influer sur la demande de monnaie.
La demande de monnaie ne dépend pas dune seule variable stable ; elle est directement liée aux fluctuations de taux dintérêt, du revenu courant et à lattitude par rapport à lavenir. A terme, cela va permettre de conclure que la demande de monnaie est instable ; et cette instabilité de la demande de monnaie va être liée à linstabilité des taux dintérêt, donc de linvestissement et de léconomie.
Section 3 : La théorie friedmanienne de la demande de monnaie.
Milton Friedman 1956. Il publie un article fondamental, la théorie quantitative de la monnaie, une nouvelle présentation. Cest le fondement du renouveau libéral en économie. Cest la base de lécole de Chicago. Cest la base du monétarisme traditionnel quon oppose aux ultramonétaristes.
A- La demande de monnaie analysée par Friedman.
Il choisit dabord délibérément de travailler sur une demande de monnaie de longue période, il raisonne sur le long terme. Cela va lui permettre de renouer avec la théorie quantitative classique. Son point de départ est assez proche de Tobin et Baumol. Il part de lidée que les agents ont un patrimoine et la monnaie est un actif patrimonial parmi dautres. La monnaie est une des composantes du portefeuille. On va la détenir car elle a une certaine utilité, sachant quon va comparer cette utilité avec celle des autres composantes du portefeuille.
1- Présentation générale du cadre danalyse.
On va appliquer la théorie pure du consommateur, on considère donc la monnaie comme un actif dont on va mesurer lutilité. Cette utilité est fonction dun service rendu par la monnaie (possibilité de dépenser, déchanger). On applique la théorie néo-classique de base, la monnaie est substituable aux autres biens et la décision de sa demande va provenir de la confrontation entre lutilité de la dernière unité de monnaie détenue et le rendement marginal des actifs concurrents. Friedman réunifie les motifs dencaisse : il ne considère que le seul motif de transaction. La monnaie est avant tout un intermédiaire des échanges. En même temps, il reprend les apports keynésiens notamment il va accepter lidée que le taux dintérêt peut influencer la demande de monnaie mais en restant dans le cadre de lencaisse de transaction. Lagrégation des demandes individuelles importe en macroéconomie dans le sens où cela permet de comprendre les fondements microéconomiques. Il cherche à justifier le comportement des individus. Le problème est quil est difficile de soutenir que les agents aient les mêmes comportements. On va travailler sur un agent représentatif qui possède les caractéristiques moyennes du groupe. De ce fait, il sera représentatif de ce quon devrait retrouver par agrégation au niveau macroéconomique. La demande de monnaie au niveau macroéconomique correspondra à lagrégation de demande de monnaie individuelle. Ceci va permettre de nier linfluence de leffet redistribution.
2- La formulation de la demande de monnaie.
Friedman raisonne surtout sur une demande de monnaie des ménages. Trois ensembles de facteurs influencent la demande de monnaie, la richesse totale, le prix et les rendements des actifs alternatifs à la monnaie, les goûts et préférences des individus. La richesse totale dun individu est la valeur totale de lensemble des revenus quun agent estime pouvoir toucher au cours de sa vie. Elle va représenter la contrainte de budget à lintérieur de laquelle il devra faire son choix. Pour schématiser les choses, Friedman considère que la richesse totale est fonction du revenu moyen de longue période Y. Ce Y est un revenu de long terme lié au patrimoine de lindividu. Cest un revenu stable donc cela na rien à voir avec le Y de court terme keynésien qui est susceptible dévoluer.
- Les prix et rendements de la monnaie et des placements alternatifs. On a un portefeuille où se mêlent monnaie et autres actifs. Ce choix va être lié au rendement anticipé des différents actifs alternatifs. Friedman considère quil y a cinq actifs envisageables, monnaie, obligations, actions, biens physiques, capital humain. A partir de là, il va introduire une nouvelle variable dans la demande de monnaie, le niveau général des prix P. Quand on a une augmentation du niveau général des prix, on va réduire le pouvoir dachat de la monnaie. On retrouve aussi le taux dintérêt sur le marché des obligations rb, le taux dintérêt sur les actions (dividendes) rC, le capital humain et son rendement w. Il prend en compte cette variable car il considère que les agents nont pas le même comportement si on tire son revenu du capital ou du travail. Cela permet de prendre en compte la proportion respective des deux formes de revenu. Le rendement anticipé des actifs physiques EMBED Equation.3 est représentatif de la plus ou moins-value des actifs immobiliers.
- Les goûts et préférences de lagent type. Les individus détiennent de la monnaie car cela procure un service, parce quelle a une utilité. Le montant de lencaisse monétaire va être fonction de lattitude de lagent par rapport à ce service. Il va prendre en compte un paramètre EMBED Equation.3 qui correspondre à lattitude de la monnaie à rendre un service.
Md = f (rb, P, Y, rc, w, EMBED Equation.3 , EMBED Equation.3 )
Cest la demande de monnaie de lindividu, et par agrégation la demande de monnaie au niveau macroéconomique.
B- La reformulation de la théorie quantitative.
Cest à partir de cette demande de monnaie que Friedman va essayer de reformuler la théorie quantitative. Il va dabord chercher à simplifier cette formule pour diminuer le nombre de variables. W et p sont assez difficilement quantifiables. Par agrégation, on va penser que les choses vont se compenser. On
va faire lhypothèse quils seront assez stables et ninfluenceront pas les demandes de monnaie. rb et re sont les taux dintérêt dans léconomie. Or, sur le long terme, ils reviennent à leur niveau naturel. Donc les taux dintérêt sont stables. La variable sur les actifs monétaires peut être enlevée car elle contient le niveau général des prix. On retrouve ainsi :
EMBED Equation.3
La demande de monnaie est fonction dune variable Y, stable dans le temps. Y ne varie pas. Une variation de Md entraînera une variation de P.
Cest la base du renouveau libéral. Cela lui permet de montrer que la politique monétaire est inefficace pour relancer léconomie sur le long terme. Puisque la demande de monnaie en terme réel est stable ; avec une politique monétaire expansive, les agents vont se retrouver avec une encaisse supérieure à ce quils voulaient. Donc laugmentation des dépenses provoque inexorablement une augmentation des prix. Sur le long terme, on reviendra toujours au niveau initial et réel des variables monétaires. La politique monétaire est inefficace. Linflation est dangereuse pour léconomie. Il y a eu des études empiriques sur la demande de monnaie. Si on essaie de trouver des points communs dans les résultats, on trouve une élasticité de la demande par rapport au taux dintérêt négative, mais lélasticité est faible, supérieure à 0,5. On trouve une relation statistique entre le revenu et la demande de monnaie, supérieure à 0,5. On estime quil est très difficile davoir des tests représentatifs de mesure des agrégats monétaires. Léconomie souterraine est aussi susceptible de fausser les résultats. On a trouvé aux Etats-Unis une encaisse monétaire moyenne de 2000 $ dont la moitié en billets de 100 $, liée aux divers trafics.
Chapitre 2 : La monnaie et léquilibre macroéconomique.
On a trois modèles danalyse possibles en théorie économique, les modèles classiques ou néo-classiques (plein emploi), avec un ajustement par les prix ; les modèles keynésiens. Les prix sont fixes, rigides et les ajustements se font par les quantités. On est dans un raisonnement keynésien, ISLM. Lintérêt de ces modèles est quon analyse le lien marché des biens et services et marché monétaire. Le troisième modèle est lintroduction du marché du travail. On est dans le cas où les trois marchés sont interdépendants. Dans ce cadre-là, on va poser le problème de la fixation des salaires.
Section 1 : Loffre agrégée.
Cest la production de lensemble des entreprises pendant une période donnée. Le travail est un des deux facteurs de production importants. Il est normal dintégrer le travail et le marché du travail, son corollaire dans lanalyse de la demande de travail des entreprises.
A- Loffre et la demande de travail.
On cherche à analyser comment les entreprises fixent le niveau de leur production. Leur décision va dépendre de deux facteurs, capital et travail. En ce qui concerne le capital, elles peuvent décider dinvestir pour augmenter leur stock de capital et leur production. Mais on considère en fait que les délais entre la décision dinvestir et laugmentation effective de la production sont assez importants dans la réalité. On considère que le délai dajustement est compris entre 18 et 30 mois. Dans la logique de court moyen terme, on va considérer que le stock de capital est une donnée exogène. On évacue le fait quon puisse toucher sur le taux dutilisation des capacités de production. Le capital est une donnée, cela ne va pas permettre daugmenter la production. Le travail va être la variable dajustement pour lentreprise. Le fait de pouvoir faire varier le temps de travail est une réalité (heures supplémentaires, interim, CDD).
1- Maximisation des profits et demande de travail des entreprises.
On cherche à comprendre comment les entreprises déterminent les quantités quelles décident de produire et les quantités de travail liées à ces productions. Lhypothèse centrale est que les entreprises cherchent à maximiser leurs profits. A cette hypothèse centrale, on rajoute diverses hypothèses qui correspondent au prix de vente et à la productivité du travail. En ce qui concerne le prix de vente, on considère que les entreprises ne le fixent pas mais que cest le marché. De la même façon, les entreprises ne fixent pas les salaires nominaux. Les entreprises sont preneuses de prix, elles ne décident pas des prix. Par contre, elles les connaissent. En ce qui concerne lhypothèse de productivité du travail, pour un stock de capital donné, la production de chaque nouveau travailleur décroît avec le nombre de travailleurs déjà en place. Cest lhypothèse de décroissance de la productivité marginale du travail. Cette décroissance ne vient pas dune insuffisance du côté du travailleur, mais ceci sexplique étant donné que le stock de capital est fixe, à chaque nouveau travailleur, on aura une plus petite quantité de capital par travailleur. Lefficacité du travail diminue du fait de lhypothèse de stabilité du stock de capital.
Dans un premier temps, on suppose le stock de capital fixe. Les entreprises sont price takers. Les prix des biens et services que les entreprises vendent sont donnés, les entreprises ne décident pas du montant des salaires. La productivité du travail a tendance à décroître à chaque unité de travail supplémentaire utilisé dans lentreprise/ Si on intègre cela à lobjectif de maximisation du profit, lentreprise a intérêt à embaucher tant que la productivité marginale du travail restera supérieure au salaire réel. Comme à chaque nouvelle embauche, la productivité diminue, il y a un moment où lentreprise va arrêter son embauche. Notre entreprise va déterminer son offre de travail de cette façon, puisquon détermine le stock de capital, on connaît le niveau de production de la quantité produite dans léconomie.
SHAPE \* MERGEFORMAT
Cest une vision assez traditionnelle. La demande de travail baisse si le salaire augmente.
A un salaire réel faible, on associe une demande de travail relativement élevée. Sous-entendu, il faut des salaires bas. A contrario si le salaire réel est relativement élevé, on aura une demande de travail relativement faible. Pour aller plus loin si on relâche certaines hypothèses, on peut imaginer certains cas où les salaires réels seront constants et où la demande de travail augmente. Dès que la productivité va augmenter, on pourra réembaucher. Le rendement marginal de la dernière unité de travail sera supérieur au salaire. Si il y a décision daugmentation du capital, il y a décision dinvestissement également en situation de choc exogène, surtout linnovation ou le progrès technique. A salaire réel constant, on peut augmenter la demande de travail mais les hypothèses changent :
SHAPE \* MERGEFORMAT
On a donc plus de demande de travail et plus de production. Les chocs de productivité sont favorables mais pas les envolées de pouvoir dachat. Cette théorie est commune à Keynes, aux classiques, mais chacun lexploite dune manière différente.
2- Offre de travail des ménages.
Le rôle des ménages dans léconomie est de travailler et avec leur salaire de consommer et dépargner.
Ces trois variables sont liées :
On travaille pour avoir la satisfaction de consommer, lépargne étant toujours à plus ou moins long terme une consommation différée. Quest-ce qui pousse les individus à augmenter leur offre de travail ? La question semble bête car la réponse est a priori lappât du gain. Cependant, les choses semblent plus compliquées que cela car beaucoup de paramètres entrent en jeu ; la quantité de personnes en âge de travailler, lenvironnement social et culturel est évident et relativement important. On a donc un caractère structurel qui est difficile à changer. On le considère surtout comme exogène. Dès que lon part de lhypothèse de court terme, on sait que certaines actions sont envisageables pour modifier cela. Un Etat qui veut soutenir lemploi des femmes met en place des crèches par exemple.
A court terme, le niveau de salaire est le seul à changer. Cest le seul paramètre important. Au niveau macroéconomique, comment évolue loffre de travail en fonction du niveau du salaire réel ? La réponse est peu évidente puisquelle fait lobjet de plusieurs débats. Deux effets dopposent : le premier est leffet de substitution où on pense que si les salaires augmentent, alors les individus vont vouloir travailler davantage, le travail est plus efficace. On a une relation positive entre salaire et offre de travail ; le second est leffet de revenu. Quand les salaires réels vont augmenter, loffre de travail va diminuer. On profite du fait que le salaire augmente pour travailler moins dans le but de profiter de plus de loisirs.
Ce sont des effets contraires et au niveau macroéconomique, on a certains individus qui iront vers le premier effet et dautres vers le second. On est donc plutôt dans un raisonnement microéconomiques. Les conclusions microéconomiques sont aussi vraies au niveau macroéconomique.
Ces effets contraires posent des problèmes.
Par hypothèse, on accepte dans un premier temps que leffet de substitution lemporte, on reste donc dans une vision traditionnelle des choses où lorsque le prix du travail augmente, loffre de travail augmente. Dans la réalité, ceci est très discuté aujourdhui.
SHAPE \* MERGEFORMAT
Si on imagine linfluence des autres déterminants sur loffre de travail, si on imagine le salaire constant :
SHAPE \* MERGEFORMAT
Une nouvelle incitation pousse à augmenter loffre de travail. Cest un levier important mais ce nest pas le seul déterminant de loffre de travail. Lincitation peut passer par des politiques telles que la prime pour lemploi, typique de la politique des Etats-Unis au début des années 80 avec une très forte baisse du taux dimposition.
B- Fonctionnement du marché du travail, de lemploi et de loffre de biens.
On a vu que dun côté on a une demande de travail décroissante en fonction des salaires réels, on a une offre de travail croissante par rapport aux salaires réels.
Cette confrontation va sopérer sur le marché du travail et cest de cette confrontation et du niveau des salaires issu de cette confrontation quon va déterminer le niveau demploi. Cest dans le fonctionnement du marché du travail quon aura des divergences entre les contemporains, les keynésiens et les monétaristes. Par rapport au fonctionnement du marché du travail, on estime quil y a trois visions :
- Lidée selon laquelle les salaires nominaux sont flexibles. Les salaires seront ici la variable dajustement. On réintègre cette idée sur le marché du travail. Le niveau du salaire fluctue systématiquement pour égaliser offre et demande de travail. A terme, on na jamais de chômage.
- Les salaires nominaux rigides, cest la vision keynésienne. Les salaires ne fluctuent pas sur le marché du travail pour ramener léquilibre. Loffre et la demande de travail peuvent donc diverger. Il y aura donc du chômage.
- Les salaires réels rigides. Les choses sont beaucoup plus complexes. Si les salaires réels sont fixes, il ny a pas de variable dajustement. Ceci est une justification du chômage.
Salaires nominaux flexibles :
On a une flexibilité parfaite des salaires. En vision néo-classique de base, dès que loffre de travail est supérieure à la demande de travail, le salaire nominal diminue on se retrouve donc immédiatement à un niveau de salaire qui égalise offre et demande de travail.
SHAPE \* MERGEFORMAT
On a un marché qui sera toujours systématiquement à léquilibre où le point déquilibre égalise loffre et la demande de travail. On aura systématiquement un salaire qui fluctue. On aura donc une situation déquilibre qui est sans chômage dans léconomie. Compte tenu des salaires, personne ne cherche de travail.
Quand les prix varient, par hypothèse quils augmentent, passant de p0 à p1, les salaires réels diminuent donc les entreprises augmentent leur demande de travail donc loffre de travail diminue.
En situation de pénurie de travail, la demande de travail est supérieure à loffre de travail, les salaires nominaux augmentent et le nouveau salaire nominal est EMBED Equation.3
SHAPE \* MERGEFORMAT
Loffre de biens est totalement dépendante du niveau des prix. Si on regarde les autres variables susceptibles dinfluencer loffre globale (on relâche certaines hypothèses).
- Si on essaie de mener une politique pour augmenter loffre de travail, on peut faciliter le travail des femmes (aide maternelle), augmenter limpôt sur le revenu, instaurer une prime pour lemploi. On aura une offre de travail en augmentation, une hypothèse de salaire flexible, donc si loffre augmente, les salaires diminuent, les salaires réels diminuent, donc les entrepreneurs vont augmenter la demande de travail, il y aura donc une augmentation de la production et un effet positif sur le PIB. Tout part donc dune baisse des salaires.
- Si on a un choc doffre du a un progrès technique, du à une vague dinnovation, la production devient plus rentable car chaque salarié aura une productivité plus important, donc la demande de travail est plus rentable, le PIB augmente, on a un effet de spirale positive.
On est dans une représentation purement néoclassique, la flexibilité permanente des salariés va permettre de toujours équilibrer le marché du travail, ce qui permet dexclure totalement la notion de chômage involontaire. On fait descendre le salaire jusquà ce que les agents refusent de travailler pour ce niveau de salaire.
Critique :
Lhypothèse nest pas du tout réaliste. Lorsque le chômage atteint 10% de la population active, il y a du chômage involontaire. Il est difficile de dire quen France il y ait un marché du travail équilibré. La réponse qui paraît évidente est que par rapport à notre modèle, le chômage est la conséquence de la flexibilité insuffisante des salaires, cest parce que les salaires ne fluctuent pas suffisamment quon se trouve dans une telle situation. Il faut supprimer toutes les entraves à la flexibilité des salaires, faire sauter les barrières institutionnelles, réduire ou supprimer le SMIC, éviter lindexation des salaires.
La rigidité des salaires :
Pourquoi les salaires sont-ils rigides ?
Quelles sont les conséquences de cette rigidité ?
On fait plutôt lhypothèse dun marché du travail déséquilibré, la rigidité des salaires va être la conséquence soit de la rigidité nominale, soit de la rigidité réelle. On étudie le plus souvent la rigidité nominale.
Année tAnnée t + 1
Salaire nominal rigideAnnée t + 1
Salaire réel rigideW nominal150015001575p100105105w / p1514,315
Dans la réalité, il y a probablement coexistence rigidité réelle et rigidité nominale, quoi quil en soit elles ont probablement des conséquences assez différentes sur le marché du travail, cela peut se comprendre et se justifier assez facilement, on comprend assez bien quemployeurs et salariés font des contrats de travail en terme nominal et au niveau de la rigidité on comprend que les salaires nominaux ne peuvent pas fluctuer en permanence. La rigidité est à la baisse car il est difficile de faire accepter une baisse de revenu aux agents. La rigidité à la baisse est supérieure à la rigidité à la hausse. Lhypothèse de rigidité des salaires nominaux est assez réaliste.
SHAPE \* MERGEFORMAT
Lhypothèse de rigidité apporte du chômage dans léconomie. Lajustement sur le marché du travail se fera côté court, cest la quantité la plus faible. Ici, la quantité demandée qui va déterminer le niveau demploi dans léconomie.
Hausse des prix en t + 1 :
Le chômage a diminué, les salaires réels diminuent.
Sous lhypothèse de salaires nominaux rigides, EMBED Equation.3
Courbe de Phillips : Le niveau de chômage est une fonction décroissante du niveau des prix.
Loffre global, le PIB potentiel de léconomie est lui aussi une fonction croissante du niveau général des prix.
Hypothèse :
Chômage pour justifier la courbe doffre globale.
Dautres variables peuvent modifier Y :
- La hausse de loffre de travail de la part des ménages, la baisse des impôts, laugmentation du nombre de crèches. Les prix restent inchangés et les salaires nominaux rigides. Il ny a pas de conséquence sur le marché du travail en terme demploi et pas de conséquences sur léconomie réelle : aucune conséquence particulière.
- Le progrès technique, la hausse du capital, la hausse de la productivité ; la demande de travail augmente donc Y, le PIB potentiel augmente. Loffre globale devrait augmenter, lemploi augmenter, le chômage diminuer.
Rigidité des salaires réels (pouvoir dachat) :
Certains entrepreneurs acceptent délibérément de fournir des salaires nominaux et réels supérieurs à ceux qui permettraient léquilibre. On peut justifier ce comportement. Si le salaire est plus élevé, lentrepreneur attire et garde les meilleurs salariés, les plus motivés. Cela réduit le turnover.
Certaines entreprises acceptent de fournir des salaires plus élevés que le salaire déquilibre. Ils ont intérêt à cette situation en période inflationniste, ils vont accepter daugmenter les salaires nominaux pour maintenir des salaires réels élevés. On justifie la fixation de salaires réels en économie. Les entreprises price makers font les salaires. Si les salaires réels sont supérieurs au salaire déquilibre, on est en situation dun chômage naturel structurel potentiel.
Le niveau demploi est déterminé dans léconomie, le niveau des prix est déterminé par la demande de travail. Le niveau demploi et de production sont considérés comme naturels. Le PIB naturel est relativement constant dans léconomie. Toutes les grandes variables de léconomie dépendent normalement et avant tout du niveau de salaire réel.
C- Leffet dun choc doffre sur léquilibre macroéconomique.
On considère que les chocs sont exogènes pour lentreprise, les chocs peuvent provenir soit dune politique économique (décision pouvoirs publics) soit dune autre modification de la rentabilité pour une raison quelconque.
SHAPE \* MERGEFORMAT
On a une hausse de loffre avec des salaires flexibles. La hausse de loffre globale entraînera une hausse de lactivité économique saccompagnant dune baisse des prix. La hausse de la productivité entraînera une hausse du salaire réel.
Salaires nominaux rigidesSalaires nominaux flexiblesPIBPrixChômagePIBPrixChoc doffre défavorable-++-+Choc doffre favorable+--+-Politique en faveur de loffre de travail==++-Politique en faveur de la demande de travail+--+-Politique en faveur de loffre de biens et services+--+-
On a u prolongement du modèle ISLM qui peut être relativement utile pour comprendre les relations entre les variables macroéconomiques. Ces modèles permettent notamment dintégrer le marché du travail, et à terme sous lhypothèse de salaires rigides de traiter le problème du chômage et de son évolution. On associe systématiquement croissance économique et baisse des prix, or dans nos économies modernes, cela semble peu représentatif de la situation. On pourra ainsi juger des relations entre les variables, associé à de léconométrie. Mais ces modèles restent limités, car on y introduit pas de dynamique, pas de modèles cumulatifs.
Section 2 : La dynamique de court terme des économies : inflation et chômage
On parle de dynamique de court terme, non seulement pour analyser les conséquences immédiates dun choc, mais pour expliquer les phénomènes cumulatifs, et notamment le fait que lévolution dune variable sur une période t dépend aussi de lévolution passée. On parle de dynamique de moyen ou de long terme quand on tient compte des stocks de capital, de connaissance. Sur une période t, on investit dans la connaissance, il y a une hausse du capital humain. Les conséquences ne se feront que sur le moyen et le long terme. Au niveau du court terme, on considère que ces décisions là sont encore inopérantes. Ce qui va être déterminant, cest lexistence des anticipations qui sera à lorigine des phénomènes dynamiques de court terme.
A- Inflation et inflation anticipée.
Linflation anticipée va parfois avoir une grande importance. Comment les agents font ces anticipations ? Dans les modèles, on a deux possibilités :
- Les anticipations adaptatives. Ce sera souvent de celles-là dont on parlera.
- Les anticipations rationnelles.
Dans le cas des anticipations adaptatives, à un moment donné, on considère que les anticipations dépendent de linflation constatée sur la période précédente, dun coefficient EMBED Equation.3 qui prend en compte lerreur danticipation sur la période précédente.
EMBED Equation.3 avec 0 < EMBED Equation.3 < 1
Si EMBED Equation.3 = 0, on est dans le cas danticipations naïves.
Plus EMBED Equation.3 croit, et plus on se rapproche des anticipations adaptatives.
Les anticipations rationnelles sont la vision contemporaine la plus développée : elle est développée par les monétaristes les plus récents. Les agents font la meilleure anticipation possible sur une variable, compte tenu de linformation disponible. Lanticipation rationnelle nest donc pas toujours lanticipation parfaite. Lanticipation rationnelle est une inflation autour de 2% mais si la BCE avait une politique forte de baisse des taux dintérêt, elle pourrait être malgré tout profitable à léconomie.
Quelques études du FMI traitent ce point en quantifiant les erreurs danticipation. Pour la France, les erreurs danticipation sont assez faibles, de lordre de 0,2% par an. La moyenne cache malgré tout des erreurs danticipation qui peuvent être beaucoup plus importantes sur une année (de lordre de 1%). Lexistence derreurs ponctuelles montre que la variable anticipation peut avoir des conséquences importantes au niveau macroéconomique.
B- La courbe de Phillips.
Phillips a publié un article que lon considère comme fondamental pour les politiques économiques actuelles, en 1958. Cest uniquement une étude statistique qui porte sur la Grande-Bretagne sur une période comprise entre 1861 et 1957. Il existe une relation inverse entre deux grandes variables de léconomie, le taux de chômage et le taux de croissance des salaires nominaux. A lorigine, la courbe de Phillips est une relation empirique non linéaire et décroissante qui lie les deux variables. Très rapidement, dès 1960, on a Paul Samuelson et Robert Solow qui confirment la courbe de Phillips sur la période 1900-1960 aux Etats-Unis. On trouve la même relation en France. Très nettement, on a une relation inverse entre lévolution du taux de chômage et les salaires.
SHAPE \* MERGEFORMAT e comme
On fait lhypothèse que le taux de variation est similaire à lévolution des salaires. A taux de chômage faible, on a un taux dinflation élevé. A taux dinflation bas voire négatif, on a un taux de chômage élevé. On a un point j particulier qui correspond à la stabilité des prix. Cette stabilité des prix se fait avec un taux de chômage non négligeable. A partir des années 60, on présente la politique macroéconomique comme un choix de société. Ce choix consiste à savoir quel point on veut atteindre sur la courbe de Phillips. Les gouvernements sengagent dans un sens et dans lautre et accepte le sacrifice à payer soit pour faire baisser linflation, soit pour faire baisser le chômage.
Au niveau théorique, on peut comprendre aisément les choses. A taux de chômage faible, les salariés vont assez facilement obtenir des augmentations de salaire, les employeurs vont augmenter leurs prix, on va se retrouver avec des taux dinflation particulièrement élevés. On rentre dans des spirales prix / salaires. Quand le taux de chômage est élevé, les hausses de salaires seront moindres ; par la même le taux dinflation est faible aussi. On se retrouve à la fin des années 60 dans une situation très favorable à lacceptation de la courbe de Phillips. On a une explication théorique assez plausible de la relation et des statistiques tout à fait convaincantes.
C- Les modifications apportées à la courbe de Phillips.
En France, on est dans une situation plus heurtée. Entre 1970 et 2000, on trouve là encore des nuages de points qui ne permettent absolument pas de trouver de relation. La courbe de Phillips ne sapplique plus après les années 60, elle ne représente plus la réalité. Ca a posé un certain nombre de problèmes aux théoriciens, notamment aux keynésiens. Ils vont essayer de justifier pourquoi la courbe de Phillips nest plus pertinente.
Section 3 : Les enchaînements dynamiques de court et moyen terme.
On va essayer détudier les relations entre les grandes variables microéconomiques. On va utiliser linflation et le chômage mais on va aussi rajouter la masse monétaire et linflation.
A- Les interactions entre la masse monétaire, la production, le chômage et linflation.
SHAPE \* MERGEFORMAT
Relation de court moyen terme, 3 4 ans.
Lidée est daller de la masse monétaire au chômage, quelles sont les conséquences de la variation de la masse monétaire sur le chômage ?
-> La loi dOkun. Elle lie la productivité et le chômage. Okun est un économiste américain et un peu comme Phillips il a montré une relation uniquement empirique et cette relation empirique concerne la croissance américaine et le chômage. De façon globale, la loi dOkun fait référence à une relation assez stable entre le taux de croissance et le taux de chômage. Elle se fait sur la base de relations réelles.
SHAPE \* MERGEFORMAT
La droite de régression est lordre de grandeur de la loi dOkun.
EMBED Equation.3
Si EMBED Equation.3 chômage = + 1,12 %
Si EMBED Equation.3 chômage = - 0,2 %
La loi dOkun montre que la réalité est plus complexe que le raisonnement théorique traditionnel utilisé. Par la régression économique, on vient de montrer quil existe bien une relation entre croissance économique et chômage mais la droite montre aussi que la relation est moins simpliste. Traditionnellement, on considère que lemploi et la production augmentent dans les mêmes proportions. Lorsque lemploi augmente de 1%, le chômage ne diminue pas nécessairement de 1%. La loi dOkun permet une vision plus précise des choses. Les lois dOkun reconnus pour les pays occidentaux sont de la forme 0,4 EMBED Equation.3 - 3%. Le 3% est le taux de croissance potentiel. Cest le taux de croissance quil faut atteindre dans léconomie pour maintenir le chômage constant. On justifie quil soit positif par deux phénomènes :
- Laugmentation de la population active.
- Les gains de productivité dans léconomie.
La hausse du chômage en France peut donc sexpliquer ainsi.
Le 0,4 est le coefficient dOkun. Il met en avant le contenu en emploi de la croissance. Plus on aura un coefficient fort et plus la croissance de la production sera créatrice demploi. Comment explique-t-on que la croissance nest pas plus fortement créatrice demploi ? Ceci sexplique par deux phénomènes :
- La rétention de main duvre. Les entreprises pendant les périodes de faible croissance limitent les licenciements et en période de faible croissance les entreprises limitent les embauches. Il y a un certain nombre dembauches qui ne seront pas proportionnelles aux variations de lactivité, service comptable ou service des achats par exemple.
- Le taux de participation sur le marché du travail. Quand on réussit à avoir un effet positif sur lemploi, on a tendanciellement de plus en plus dinactifs qui viennent proposer leur travail sur le marché du travail (chômeurs découragés, femmes au foyer). Le taux dactivité augmente lorsque lemploi augmente. La variation du taux du chômage ne sera pas proportionnelle à la variation des emplois.
Le coefficient dOkun est relativement stable sur le court terme, par contre il varie sur le long terme. Durant les années 60-70, il y a un écart assez important entre les grands pays occidentaux (USA : 0,4, France : 0,17, Japon 0,02). Durant les vingt dernières années, les coefficients dOkun tendent à ségaliser, sauf au Japon où le taux est de 0,12. La Grande-Bretagne a un coefficient de 0,5. Ceci est du à lassouplissement des règles du travail, à une concurrence accrue. Les entreprises doivent faire fluctuer plus rapidement leurs effectifs.
EMBED Equation.3 Ecriture générale de la loi dOkun.
Cest une relation réelle empirique. Petit à petit, cest devenu une loi économique, la loi dOkun. Cest devenu une véritable loi macroéconomique. La croissance de la production favorise la baisse du chômage, mais il ny a pas non plus un lien strictement proportionnel entre les deux variables. Au niveau théorique, cette loi dOkun est importante.
-> La courbe de Phillips.
Phillips a lui aussi montré une relation empirique entre taux de chômage et croissance réelle des salaires. Il y a eu de nombreuses améliorations apportées à la courbe de Phillips initiale. La courbe de Phillips est le résultat de toutes les améliorations apportées.
EMBED Equation.3
Le taux dinflation sur une période est la conséquence de deux grands phénomènes :
EMBED Equation.3 taux dinflation à la période t-1
EMBED Equation.3 inflation anticipée.
EMBED Equation.3 produit de la différence entre Ut et Um, taux de chômage réellement observé et taux de chômage structurel. Lorsque cette différence est élevée, les hausses de salaire sont plus difficiles à obtenir ; et de EMBED Equation.3 , paramètre mesurant limpact du taux de chômage sur lévolution de linflation. Um se situe autour de 8% en Europe, 6% aux USA. Le coefficient est particulièrement fort aux Etats-Unis, proche de 1, en Europe il tourne autour de 0,7 0,8.
-> Demande globale
On va relier la masse monétaire et linflation avec la production EMBED Equation.3 .
La demande globale sur une période t sera directement proportionnelle au niveau des encaisses réelles EMBED Equation.3 . On considère quà terme la demande globale sera égale à la production globale. Si la masse monétaire augmente à un moment donné, on va avoir une hausse des taux dintérêt. La baisse des taux dintérêt va entraîner laugmentation de la demande et à terme la hausse de la production EMBED Equation.3 .
EMBED Equation.3 : taux de croissance sur la période t
EMBED Equation.3 : taux de croissance de la masse monétaire sur la période t.
EMBED Equation.3 : évolution sur la période du niveau général des prix.
On vient de montrer que la croissance est égale à la différence entre croissance de la masse monétaire et inflation. Si on a un taux dinflation élevé, on aura un effet défavorable sur la croissance, si le taux dinflation est faible, on aura un effet favorable sur la croissance.
B- Les implications des trois relations.
On va regarder les résultats à moyen terme. Quels sont les résultats à moyen terme quon peut tirer de ces équations ? On considère sur le moyen terme le taux de chômage est constant EMBED Equation.3 , sous cette hypothèse, si on reprend la loi dOkun EMBED Equation.3 . gy est le taux de croissance potentielle de léconomie. Si on passe à un raisonnement à moyen terme EMBED Equation.3 , on aboutit à lidée que le taux dinflation à un moment donné dans une économie est la différence entre hausse de la masse monétaire et croissance économique. EMBED Equation.3 . Cette différence entre ces deux variables est le taux de croissance ajusté de la masse monétaire. On vient de montrer que le supplément de masse monétaire peut être utilisé de deux façons, soit pour augmenter les transactions dans léconomie, soit pour payer des biens qui ont une valeur nominale qui augmente. Dès que la masse monétaire augmente plus vite que la production, il y aura inflation. Laugmentation de la masse monétaire nest pas inflationniste tant quelle suit les besoins de la production. On vient de justifier la position de Friedmann sur la masse monétaire. Linflation est toujours et partout un phénomène monétaire. On retombe sur une vision moderne de la théorie quantitative. Si la production augmente, on va avoir une augmentation des transactions dans léconomie, une augmentation de la demande réelle de monnaie. Si la Banque Centrale ne procure pas ce supplément de liquidités, lajustement va se faire par les prix. Cest la position de Friedmann. Linflation sera toujours la conséquence dune mauvaise maitrise de la masse monétaire.
SHAPE \* MERGEFORMAT
A moyen terme.
C- La dynamique dajustement.
On va la voir sous deux angles :
- Un angle littéraire, intuitif qui correspond à la façon dont Friedmann explique la transmission des impulsions monétaires.
- La trajectoire de désinflation.
Explication de la dynamique dajustement par Friedmann :
On part de lidée que croissance économique et croissance monétaire sont positives. Il faut distinguer deux périodes très différentes :
- Lajustement de court terme qui correspond aux enchaînements dynamiques (étape keynésienne). Il va y avoir une augmentation de la masse monétaire. La quantité de monnaie aux mains des individus augmente. Les individus vont utiliser ce supplément de liquidités pour augmenter les achats. Il y a un degré de substitution entre les actifs. Il va y avoir une chronologie dans les choix des individus. La première attitude des individus est dacheter des titres sur les marchés financiers. Il y a augmentation des achats sur les marchés financiers, doù hausse du prix des actions, des individus prennent leurs bénéfices entretenant la hausse. On explique la bulle spéculative comme conséquence de limpulsion monétaire. Les individus conscients des risques se retirent du marché financier, en sorientant sur le marché immobilier, où logiquement les prix augmentent. Petit à petit, il y aura un effet sur le réel de la politique expansive. Il y a des effets positifs sur la production, lemploi,
Laction positive va se diffuser, la demande augmenter. Le marché des biens et services profitera à terme de cet effet richesse. A la fin de cette étape keynésienne, le choc monétaire a des effets positifs sur léconomie réelle, en terme de hausse de la production, de baisse du chômage. Les conséquences ne sont pas immédiates, de lordre de deux trois ans. Sur le court terme, on a un volant de main duvre et des capacités productives disponibles. On a des effets positifs éventuels sur le court terme.
- Létape classique. Les enchaînements dynamiques aboutiront aux résultats de moyen terme déjà décrits. Cest létape inéluctable qui fait suite systématiquement à létape keynésienne. A partir du moment où il y a une demande supplémentaire sur le marché des biens et services avec une hausse des prix, en terme de pouvoir dachat les revenus des ménages nont finalement pas augmenté. Les ménages finissent par revenir à leur comportement initial. La production retombe à son niveau initial. Toutes les grandes variables reviennent à leur niveau naturel. Les prix ont augmenté, mais le taux de chômage, le taux de croissance réel na pas augmenté. Friedmann explique que pendant létape keynésienne les agents sont victimes de lillusion monétaire. La Banque Centrale lorsquelle augmente la masse monétaire provoque une impression de richesse, lillusion monétaire qui explique le comportement dachat des ménages. Petit à petit, les agents comprennent quils sont victimes dune illusion, avec les prémices dune hausse des prix. Ils vont corriger leur comportement, intégrer la hausse des prix. Ce sont les anticipations adaptatives quon oppose aux anticipations rationnelles. Lillusion monétaire va disparaître au fur et à mesure que les agents anticipent la hausse.
SHAPE \* MERGEFORMAT
On peut avoir deux interprétations de cette vision :
- Une vision plutôt libérale qui voit la politique monétaire comme dangereuse puisque inutile à moyen terme et à court terme, génératrice de déséquilibres notamment du fait de linflation. Léconomie sera perturbée, les comportements sains entravés. La politique monétaire est inutile et dangereuse.
- Une vision moins libérale. Friedmann accepte les conséquences positives à court terme. On peut justifier une politique monétaire de court terme dans certaines circonstances qui le justifieraient, en cas notamment de chocs exogènes qui risquerait dengendrer récession ou dépression. Elle ne se justifie donc quen des cas exceptionnels. On crée de linflation sans remettre en question durablement chômage et croissance économique.
La désinflation.
Dans lhypothèse dune désinflation, à court terme on va avoir une augmentation du taux de chômage, puis une baisse de linflation.
SHAPE \* MERGEFORMAT
Lobjectif est de limiter linflation. Cette notion prend tout son sens sur le moyen terme. Il ny aura pas de hausse définitive et durable du taux de chômage. Une Banque Centrale aura un objectif prioritaire, le maintien des prix mais elle ne peut pas perdre de vue dautres objectifs, le chômage et le produit global. Il y a un grand débat non encore clos qui consiste à se demander comment mener une politique de désinflation et quel est lintérêt du pays, désinflation brutale ou en douceur.
On part de la courbe de Phillips EMBED Equation.3 . Si on décide une désinflation brutale, en supposant EMBED Equation.3 = 1 et lobjectif est de passer de 14% à 4% en taux dinflation. EMBED Equation.3 = - 10%, il faut donc que Ut soit supérieur de 10% à Un, donc le taux de chômage courant doit être supérieur de 10% au taux de chômage naturel. Si on assouplit quelque peu les choses, en passant de 14% à 4% en deux ans ; on passe de 14% à 9% puis de 9% à 4%. EMBED Equation.3 = - 5 % pour lannée 1 ; le taux de chômage courant doit être supérieur de 5% au taux de chômage structurel de léconomie. Plus lobjectif sétalera dans le temps, moins il sera douloureux. Globalement, la Banque Centrale subit une chose sur laquelle elle na aucune prise, cest la quantité de chômage supplémentaire à accepter pour atteindre une désinflation donnée. Cest le ratio de sacrifice défini par EMBED Equation.3 . Quand on parle de sacrifice en taux de chômage, ceci nest pas définitif. La Banque Centrale a le choix dans la distribution du chômage supplémentaire dans le temps. Le problème de la Banque Centrale est de choisir ce laps de temps. Une désinflation se paiera par un taux de chômage très forte et une chute du PIB.
Ainsi si on veut passer dune inflation de 14% à 4%, avec un taux de chômage structurel de 6,5%, on obtient un taux de chômage de 16,5% et une baisse du PIB de 22%. Cela montre lampleur de la dégradation des variables réelles quand on veut aller trop vite en terme de désinflation.
On a probablement intérêt à réduire linflation de manière progressive. Lidée est que la Banque Centrale va programmer une trajectoire cible de linflation sur plusieurs années. A partir de là, elle va manipuler le taux de croissance de la masse monétaire afin datteindre des objectifs ciblés en terme dinflation tout en sassurant que les niveaux en terme de chômage et de PIB restent raisonnables. On calcule le sentier de désinflation.
Sentier de désinflation.
EMBED Equation.3 = 0,4 EMBED Equation.3 = 1 Un = 6 % Gy = 3 %
Année012345678Taux dinflation14%12%10%8%6%4%4%4%4%Taux de chômage6%8%8%8%8%8%6%6%6%Croissance PIB3%3%3%3%3%3%8%3%3%Croissance MM17%15%13%11%9%7%12%7%7%
Pour arriver à une désinflation de 10%, on doit le payer en terme de taux de chômage (ratio de sacrifice). Il va falloir le payer avec 10% de taux de chômage supplémentaire. Grâce à un taux de chômage courant supérieur au taux de chômage structurel, les producteurs pourront faire pression sur les salaires. A partir de lannée 6, on redescendra au taux de chômage structurel.
SHAPE \* MERGEFORMAT
La première année, la croissance est particulièrement mauvaise. Pour amorcer la désinflation, il faut augmenter le chômage car la production diminue. La sixième année, on a un taux de croissance important puisquil faut provoquer le retour au taux de chômage structurel. Cest par le taux de croissance de la masse monétaire que la Banque Centrale va agir conjointement sur le taux de chômage et de croissance. La baisse de la masse monétaire va provoquer une baisse de la demande, une baisse de la production, une hausse du chômage, de la désinflation. Ensuite, la croissance de la masse monétaire sert à maintenir une croissance en volume de 3% et daccompagner la désinflation. Quelle que soit la valeur des paramètres, le sentier de la désinflation sera toujours assez proche de cela. Selon cette approche traditionnelle, il y a toujours un sacrifice en terme de chômage pour la désinflation. On a les caractéristiques de la politique monétaire et le fait que les Banques Centrales doivent prendre en considération les conséquences de la politique monétaire sur les variables réelles. Cest lapproche de Friedmann, des premiers monétaristes. On revient toujours à moyen terme à nos variables naturelles. Limplication du monétaire sur le réel est indéniable. On a deux grands groupes déconomistes qui réfutent cette approche traditionnelle.
D- Les débats entre classiques et nouveaux keynésiens
Les deux mouvements se développent sur une critique de lapproche traditionnelle. La critique démarre avec les anticipations rationnelles des nouveaux classiques.
- Lucas et Sargent font partie de ces nouveaux classiques. Ils prolongent la vision monétariste traditionnelle mais les auteurs récents radicalisent la vision monétariste. Ces partisans de la NEC fondent la nouvelle macroéconomie classique. Léconomie retrouve instantanément sa trajectoire naturelle en cas de choc monétaire. Il ny a pas dillusions monétaires, pas danticipations adaptatives, pas de différence entre les approches de court terme et de moyen terme. On reste toujours sur la verticale de la courbe de Phillips, parce que les anticipations sont rationnelles.
EMBED Equation.3
On considère que cette courbe est représentative de la vision de Friedmann. Pour Lucas, cette hypothèse est sans fondement, si on considère que les agents sont rationnels, on va considérer quils sont suffisamment rationnels pour intégrer immédiatement les nouvelles informations dans leur calcul. Si la Banque Centrale annonce un choc monétaire, une orientation particulière de sa politique monétaire, arriver à une désinflation par exemple, les agents intègrent cette information dans leur calcul et comportement, ils vont anticiper la désinflation si la Banque Centrale est crédible. De ce fait, ils ne vont plus baser leur action en se préoccupant de linflation des années précédentes.
EMBED Equation.3
La désinflation est envisageable tout en restant au taux de chômage structurel mais sous condition daccepter deux choses importantes, les agents sont rationnels et correctement informés de la politique monétaire et la politique monétaire annoncée doit être crédible. Un certain nombre déconomistes de la NEC reconnaissent implicitement quil y a toujours un sacrifice en terme de taux de chômage, notamment Sargent mais lobjectif de ces travaux sera de montrer que lapproche traditionnelle surestime ce ratio de sacrifice. Un certain nombre de travaux statistiques montrent que la désinflation dans beaucoup de pays est obtenue sans augmentation excessive du taux de chômage. Compte tenu de ceci, si on veut mener une désinflation, il faut être le plus clair et le plus simple possible pour être crédible et efficace dans les anticipations des agents. La politique monétaire de désinflation doit donc être rapide doit donc être rapide. Toujours dans la mouvance de la NEC, sest développée la théorie des cycles réels (Kydland, Prescott). Cest un prolongement de la nouvelle macroéconomie classique. Il y a un certain nombre de données statistiques qui montrent de façon assez inéluctable que les variations monétaires accompagnent très souvent les variations économiques et les évolutions de la masse monétaire précédant de quelques mois les évolutions du réel (PIB). Cela pose un gros problème à la NEC. Les chocs monétaires sont liés aux chocs réels, les provoquant même probablement. Cela a obligé les partisans de la NEC à affiner leur analyse. Ils vont montrer quil existe deux types de monnaie : une monnaie interne et une monnaie externe.
La monnaie interne est une monnaie endogène, cest une monnaie qui suit les besoins de léconomie réelle. A un moment donné dans léconomie réelle, on va avoir des entreprises qui vont décider de produire, qui vont demander des crédits bancaires. A la suite du crédit bancaire, loffre de monnaie va augmenter très rapidement dans la mesure où les délais de création monétaire sont très courts. En ce qui concerne la production, il va falloir le temps dacheter les machines, dembaucher, de produire ; ce délai sera donc beaucoup plus long. Concrètement, on a bien une offre de bien conjointe à une offre de monnaie. Logiquement, le problème temporel explique pourquoi on trouve des variations de la masse monétaire antérieure aux variations de lactivité économique. Ce qui est important, cest que les phénomènes sont liés au départ à la décision de production de la part de certains entrepreneurs. Or du point de vue des partisans du cycle réel, ceci ne se justifie que par les perspectives de rentabilité liées à des raisons réelles, innovations notamment. Cest un choc réel de léconomie réelle qui va être à lorigine de laugmentation de lactivité réelle. La masse monétaire ne fait que suivre les besoins de lactivité réelle.
On a aussi de la monnaie externe, exogène. La monnaie est produite sur décision autonome de la Banque Centrale ; Dans ce cas-là, les variations de loffre de monnaie ne suivent pas les besoins internes de léconomie ; elles ne saccompagnent pas dune augmentation quantitative. Les variations de monnaie externe sont à lorigine de la variation des prix. La politique monétaire ne peut jamais être utilisée pour influencer les variables réelles, soit la monnaie suit passivement les besoins de léconomie, soit elle vient dune décision de la Banque Centrale.
- Les nouveaux keynésiens. On sest interrogé sur lexistence dune contre-révolution keynésienne. Il existe un mouvement, la NEK avec S. Fischer et J. Stiglitz. Leurs arguments sont écartés dans un contexte déséquilibré et une récession conjoncturelle. On retrouve un certain nombre de concepts communs. Ces personnes-là ne peuvent être englobées dans les néo-classiques. On a recours au concept dincertitude dans lanalyse, on conclut au caractère instable de léconomie. On a la volonté de ne jamais travailler en dichotomie. Il y a une rupture assez importante aussi par rapport à la tradition keynésienne sur le plan analytique. Les keynésiens font de la microéconomie. On a la même façon danalyser léconomie. Les conclusions et les conseils de politique restent nuancés. Les nouveaux keynésiens sont plus nuancés, très peu prônent une intervention régulière et massive pour ramener léquilibre. Loutil de Fischer est de montrer la rigidité des salaires. Ce quil montre cest que du fait de cette rigidité des salaires, la politique monétaire doit être annoncée à lavance si on veut quelle soit efficace. Si on veut provoquer une désinflation, il est souhaitable damorcer très doucement la baisse de la masse monétaire dans la mesure où il faut laisser le temps aux agents pour quils intègrent la désinflation dans les négociations salariales. Ce nest quune fois que les agents auront intégrés cela quon pourra véritablement mener une politique de désinflation sans nuire trop fortement au chômage et au PIB. Pour les nouveaux keynésiens, ce sont les rigidités dans leur ensemble, notamment de salaires qui expliquent les retards dajustement et donc les autorités monétaires doivent prendre en compte ces phénomènes dans leur politique et leur action et leur conclusion est que la désinflation est souhaitable. Elle est possible probablement avec un coût acceptable en terme de taux de chômage moindre que dans lapproche classique, à condition de le faire sur une période longue et de ne pas la recommencer de manière trop brutale. Les rigidités, les contrats trop longs atténuent lefficacité des politiques monétaires.
Conclusion :
A partir du moment où on accepte les trois relations à moyen terme, tout le monde est daccord pour dire que les pays se retrouvent à leur taux de chômage structurel, à leur taux de croissance potentiel, cest le taux de croissance de la masse monétaire qui détermine les prix. A court terme, le débat est plus nuancé. On a une approche traditionnelle qui accorde une grande importance aux relations monnaie / réel, en terme de coût du chômage pour la désinflation. Les années 80 ont affirmé cela. Certains auteurs relativisent les liens entre réel et monétaire à court terme. Les nouveaux classiques estiment que le coût en terme de chômage reste acceptable. Statistiquement, on retrouve lidée quune désinflation rapide est moins coûteuse. En ce qui concerne les nouveaux keynésiens qui mettent plutôt en avant lidée de rigidité de salaire, les ratios de sacrifice pour le chômage sont plutôt plus faibles dans les pays où les contrats sont plus courts.