La thermorégulation - Cours, examens et exercices gratuits et corrigés
Projet n°4 : La centrale de traitement d'air. Avril .... Le cycle thermodynamique (le
changement d'état, la pression) ... Utilisation du diagramme de l'air humide.
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La thermorégulation
Introduction
La température corporelle est une variable physiologique essentielle car la vie organique dépend des réactions au cours desquelles l'énergie chimique est transformée en chaleur et que la vitesse de ces réactions dépend de la température.
Pour cette raison, le maintien d'une température corporelle relativement constante est une nécessité pour le fonctionnement optimal du cerveau complexe des mammifères et des oiseaux. Ces animaux ont développé un dispositif de régulation de la chaleur qui leur permet de maintenir dans les conditions normales leur température centrale dans des limites de variation qui n'excèdent pas ± 2°C
Sommaire
TOC \o "1-4" \h \z \u HYPERLINK \l "_Toc243484884" 1. Léquilibre thermique PAGEREF _Toc243484884 \h 2
HYPERLINK \l "_Toc243484885" 1.1. Température corporelle et environnement thermique PAGEREF _Toc243484885 \h 2
HYPERLINK \l "_Toc243484886" 1.1.1. Température centrale : PAGEREF _Toc243484886 \h 2
HYPERLINK \l "_Toc243484887" 1.1.2. Homéothermie et hétérothermie: PAGEREF _Toc243484887 \h 4
HYPERLINK \l "_Toc243484888" 1.1.3. Le système isolant corporel PAGEREF _Toc243484888 \h 4
HYPERLINK \l "_Toc243484889" 1.2. Thermogenèse, thermolyse et température ambiante PAGEREF _Toc243484889 \h 5
HYPERLINK \l "_Toc243484890" 1.2.1. La thermogenèse PAGEREF _Toc243484890 \h 5
HYPERLINK \l "_Toc243484891" 1.2.2. La thermolyse : PAGEREF _Toc243484891 \h 7
HYPERLINK \l "_Toc243484892" 1.2.3. La zone de neutralité thermique: PAGEREF _Toc243484892 \h 8
HYPERLINK \l "_Toc243484893" 2. Réponses physiologiques aux variations de la température ambiante PAGEREF _Toc243484893 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc243484894" 2.1. Lutte contre le froid PAGEREF _Toc243484894 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc243484895" 2.1.1. Limitation de la thermolyse PAGEREF _Toc243484895 \h 10
HYPERLINK \l "_Toc243484896" 2.1.2. Augmentation de la thermogenèse PAGEREF _Toc243484896 \h 14
HYPERLINK \l "_Toc243484897" 2. 2. Lutte contre la chaleur PAGEREF _Toc243484897 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc243484898" 2.2.1. Facilitation de la thermolyse sensible PAGEREF _Toc243484898 \h 16
HYPERLINK \l "_Toc243484903" 2.2.2. Augmentation des pertes insensibles PAGEREF _Toc243484903 \h 19
HYPERLINK \l "_Toc243484907" 2.2.3. Réduction de la thermogenèse PAGEREF _Toc243484907 \h 25
HYPERLINK \l "_Toc243484910" 3. Mécanismes de régulation de la température corporelle PAGEREF _Toc243484910 \h 26
HYPERLINK \l "_Toc243484911" 3.1. Les bases neuronales de la thermosensibilité PAGEREF _Toc243484911 \h 27
HYPERLINK \l "_Toc243484912" 3.1.1. La thermosensibilité du système nerveux central PAGEREF _Toc243484912 \h 27
HYPERLINK \l "_Toc243484913" 3.1.2. Les thermorécepteurs périphériques PAGEREF _Toc243484913 \h 28
HYPERLINK \l "_Toc243484914" 3.2. Coordination des réponses thermorégulatrices PAGEREF _Toc243484914 \h 30
HYPERLINK \l "_Toc243484915" 3.2.1. Modèle de Hammel PAGEREF _Toc243484915 \h 30
HYPERLINK \l "_Toc243484916" 3.2.2. Les réponses thermorégulatrices PAGEREF _Toc243484916 \h 31
HYPERLINK \l "_Toc243484917" 3.3. Mécanismes de lhyperthermie PAGEREF _Toc243484917 \h 32
HYPERLINK \l "_Toc243484918" 3.3.1. La fièvre PAGEREF _Toc243484918 \h 33
HYPERLINK \l "_Toc243484919" 3.3.2. Le coup de chaleur PAGEREF _Toc243484919 \h 34
1. Léquilibre thermique
1.1. Température corporelle et environnement thermique
1.1.1. Température centrale :
Pour comprendre léquilibre thermique, il faut un vocabulaire. Pour cela, je vais définir certaines notions :
Par définition, on appelle :
Température ambiante, la température radiante pour un régime de convection libre et un degré hygrométrique de 50%.
La température centrale, qui fait lobjet des mécanismes de contrôle, est le niveau moyen de l'énergie thermique de l'organisme. Elle est exprimée en degré Celsius (°C) et se repère à l'aide d'instruments étalonnés (thermomètre, thermocouple, thermistance).
Dans la pratique vétérinaire, lévaluation de la température centrale est lacte technique le plus courant et tout vétérinaire doit connaître ses caractéristiques.
Il faut savoir que lorganisme se décompose du point de vue de la thermorégulation en deux zones, le noyau et lenveloppe (lécorce) :
Le noyau est la zone de production de chaleur . Il est constitué des organes perfusés par le sang artériel dont la température est maintenue constante. Il représente environ 80% de la masse corporelle. Chez lhomme, la température centrale varie de 36,5 à 37 C°
Le reste de la masse corporelle constitue lenveloppe qui correspond au système isolant corporel et qui inclue la peau, les tissus cutanés et la graisse des tissus sous-cutanés.. On admet que la température de lécorce est celle du revêtement cutané sus jacent. Pour simplifier on admet que la température de la peau est la même en tout point Tcut. Elle varie avec la température extérieure 33C° à 25 C°, 35 C° à 34 C°. La chaleur produite par le noyau sécoule à travers lécorce La température de la peau doit toujours permettre le transfert de chaleur du noyau à la périphérie. La peau est le lieu de dissipation de la chaleur vers lextérieur qui va dépendre du gradient de température entre la température de lenveloppe et la température ambiante.
Chez les ruminants, la température intra-ruminale est supérieure à la température rectale en raison de l'extra-chaleur produite par les micro-organismes du rumen.
La température rectale (10cm de l'anus) est très voisine de la température centrale. Comme il existe un gradient de température dans le rectum, il est important d'insérer le thermomètre à une profondeur constante). Le tableau 1 donne les températures rectales normales des animaux domestiques et le rang des variations physiologiques. Un vétérinaire doit connaître la température rectale moyenne et ses fluctuations physiologiques. La température rectale peut varier avec
Lespèce
L'âge : la température est plus élevée en raison de la production de chaleur liée à la croissance
Le stade physiologique : la progestérone produite par le corps jaune a une action hyperthermiante
Le niveau de production, au cours le la lactation, la température dune vache forte productrice de lait (40-50Kg/j) peut atteindre 39.5-40°C)
Et selon un rythme journalier.
AnimalValeur moyenne (°C)RangEtalon37.637.2-38.1Jument37.837.3-38;2Poulain (quelques jours)39.3Chameau37.534.2-40.7Vache à viande38.336.7-39.1Vache laitière38.638.0-39.3Mouton39.138.3-39.9Chèvre39.138.5-39.7Porc39.238.7-39.8Chien38.937.9-39.9Chat38.638.1-39.2Lapin39.538.6-40.1Poulet41.740.6-43.0
Tableau 1: Température rectale chez les animaux domestiques (d'après Dukes physiology of domestic animals)
Variations diurnes de la température
Chez les animaux diurnes, la température maximale est observée en début daprès-midi alors que la température minimale est observée le matin. Ce rythme est inversé chez les animaux nocturnes. Ainsi, chez le chien, la réalisation de mesures standardisées des paramètres physiologiques a mis en évidence, chez cette espèce, un rythme nycthéméral de la température corporelle. Ces rythmes ont été reproduits chez le chien privé de nourriture pendant 60h (figure 1).
Figure 1 : Evolution temporelle de la température rectale dun chien représentatif qui a reçu sa ration à 10h00 chaque jour (triangle). Les mesures ont été réalisées toutes les 3h. Les barres horizontales blanches et noires indiquent les durées respectives des phases de lumière et dobscurité (daprès Piccione et al., 2005. J Vet Med A 52 :377).
Lamplitude du rythme circadien de la température est variable selon les espèces. Chez la brebis, des mesures de température par radiotélémétrie ont montré que les variations diurnes de la température sont de lordre de 1°C et quelle ne présente pas de variation saisonnière.
1.1.2. Homéothermie et hétérothermie:
Les espèces homéothermes ont une température corporelle constante. Bien entendu, nous allons nous intéresser aux espèces endohoméothermes (mammifères, oiseaux) qui ont développé un dispositif de régulation de la chaleur qui leur permet de maintenir dans les conditions normales leur température centrale dans des limites de variation qui n'excèdent pas ± 2°C. Chez les espèces exohoméothermes, la constance de la température centrale est due à un habitat à température constante (ex:parasites du tube digestif). Les espèces homéothermes peuvent exercer leurs activités usuelles dans un rang important de variation de la température externe.
Les espèces hétérothermes dont la température centrale varie directement avec celle de l'environnement ont une activité dépendante de la température externe. Ces espèces nont pas les moyens énergétiques dassurer la thermorégulation. Elles nont pas la capacité de production de chaleur nécessaire pour compenser les pertes dans des conditions extérieures variables. Par contre, elles ont des stratégies comportementales qui vont leur permettre de maintenir la température comme on voit ici, le lézard qui sexpose au soleil. Lautonomie énergétique est un avantage distinctif des mammifères et oiseaux.
1.1.3. Le système isolant corporel
La peau, les tissus cutanés et la graisse des tissus sous-cutanés sont des systèmes isolants corporels. La graisse est particulièrement importante car sa conductance de la chaleur correspond à un tiers de la conductance des autres tissus. En labsence dun écoulement sanguin depuis lorgane interne chauffé vers la peau, les propriétés isolantes du corps dun homme (mâle) correspondent à environ ¾ de celles dun ensemble de vêtements usuel. Chez lhomme, le degré disolation dépend de lépaisseur du tissu gras sous cutané.
Chez les animaux, 2 systèmes disolants sont systématiquement mis en uvre par les endohoméothermes, la fourrure ou le plumage et la graisse sous-cutanée. La graisse peut être accumulée en épaisseurs considérables, notamment chez les animaux des régions froides. Ainsi, chez le phoque, la graisse sous cutanée représente 58% de la surface de section totale. Elle facilite par ailleurs la thermorégulation par rapport à la fourrure ou au plumage ; le sang peut en effet amener ici les calories à lextérieur de la couche graisseuse. Cest également un isolant mieux adapté que la fourrure ou le plumage pour des animaux aquatiques. Fourrures et plumages sont isolants dans la mesure où ils retiennent une couche plus ou moins importante dair. Ces isolants présentent sur la graisse lavantage de la légèreté et dun réglage dépaisseur rapide par le contrôle dérection de la pilosité. Nous verrons que ce réglage est un moyen important de lutte contre le froid Lacquisition de ces couches isolantes est un élément essentiel dans lapparition de lhoméothermie.
1.2. Thermogenèse, thermolyse et température ambiante
Léquilibre thermique résulte du maintien à des niveaux équivalents de la production de chaleur ou thermogenèse et des pertes de chaleur ou thermolyse. Pour quil y ait maintien de la température centrale, il faut quil y ait à tout moment égalité de ces processus. La constance de la température centrale est due à l'égalité de la thermogenèse et de la thermolyse. Ces deux processus s'évaluent selon les recommandations du SI en joule (J) ou en watt (W) avec 1W=1J/s. La calorie (cal) est égale à 4.18J. Une calorie correspond à la quantité de chaleur nécessaire pour augmenter de 1°C la température de 1 gramme d'eau.
1.2.1. La thermogenèse
La thermogenèse est la résultante de l'activité métabolique des différents tissus et organes. Elle est exprimée par la quantité de chaleur libérée au cours des réactions chimiques car toute lénergie utilisée par lorganisme est convertie en chaleur. Quatre vingt quinze pour cent de lénergie dépensée par lorganisme dérive des réactions doxydation. La thermogenèse peut être estimée à partir de la consommation d'oxygène. Ainsi, la thermogenèse est mesurée en calorimétrie indirecte par l'appréciation de la consommation d'oxygène (VO2), le rejet de gaz carbonique (VCO2) et le rejet de méthane chez les ruminants (VCH4).
L'équation 1 permet d'estimer de façon précise la thermogenèse. L'équation 2 est généralement suffisante.
M=16.17 VO2 + 5.021 VCO2 2.167 VCH4 équation 1
M=20.46 VO2 équation 2
Avec M en KJ, et les volumes en litres.
Chez les mammifères, la thermogenèse est fonction de la taille de l'animal. L'équation 3 permet d'évaluer la thermogenèse pour un mammifère de poids P selon l'équation 3.
M=16.74 P0.75 équation 3
P0.75 correspond au poids métabolique.
Thermogenèse de base:
La thermogenèse de base (métabolisme de base ou métabolisme de jeûne chez les ruminants) correspond à la production thermique minimum enregistrée chez l'animal au repos, à jeun et dans des conditions de neutralité thermique (tableau 2).
EspècePoids (kg)KJ. 24h-1.kg-1Watt (W)Homme64134.299Vache60054.9381Mouton46.4112.961Porc12879.8118Cheval44147.2241Chien15214.8537Chat3.0211.87.3Rat0.282416.51.35Souris0.02886.20.20Cobaye0.410357.81.70Lapin2.98234.28.0Rhésus4.2206.010Poule2.0296.86.9
Tableau 2: Thermogenèse de base chez différentes espèces (d'après Blaxter, 1969 et Kleiber, 1975).
Thermogenèse facultative:
Dans les conditions normales, l'animal se déplace, se nourrit, se reproduit; cela entraîne une thermogenèse supplémentaire qualifiée d'extrachaleur. Le tableau 3 présente un bilan énergétique pour un mouton de 50kg entretenu sur un pâturage. Les facteurs qui augmentent lactivité chimique des cellules augmentent également la thermogenèse.
ActivitéThermogenèse (KJ. 24h-1)% du totalPrise de nourriture (9h)846.4512.5Rumination (8h)50.160.7Position debout (12h)150.482.2Marche (6km)752.411.0Métabolisme de base501673.6TOTAL6815100Tableau 3 : Thermogenèse (KJ/24h) pour un mouton de 50kg entretenu sur un pâturage (daprès Ingram et Mount, 1975).
Chez une vache forte productrice laitière ou chez un animal en engraissement, la thermogenèse endogène peut être doublée. Dans certains organes dont le foie et le cur, la production de chaleur est relativement constante. Les muscles squelettiques apportent quant à eux une contribution variable à la production de chaleur. Au cours du travail musculaire, plus de 80% de la chaleur corporelle est produite par les muscles squelettiques.
1.2.2. La thermolyse :
La thermolyse correspond à lensemble des déperditions dénergie calorique. Elle se mesure par calorimétrie directe et sexprime en Joules comme la thermogenèse. La thermolyse peut seffectuer selon différentes modalités physiques que lon classe en pertes sensibles et pertes insensibles.
Les pertes sensibles correspondent aux pertes que lon perçoit, elles saccompagnent dune sensation de froid. Elles peuvent seffectuer par :
- Radiation : perte de chaleur par les rayonnements électromagnétiques. Des rayonnements électromagnétiques sont également émis par les murs et dautres objets vers lorganisme.
- Conduction : elle exige un contact matériel entre lanimal et le milieu. Ces pertes dépendent de la matière (objet, fluide) qui fait lobjet de la conduction à travers sa conductance thermique (constante k). Si lon met la main sur une surface de métal ou une surface en bois qui sont à la même température (la température ambiante), on na pas la même sensation à cause de la capacité supérieure du métal à diffuser la chaleur. La perte de chaleur par conduction de la surface corporelle vers lair représente une proportion importante des pertes de chaleurs. Les pertes par conduction vers lair dépendent du gradient de température entre la température ambiante et la température de la surface corporelle. Ce gradient peut sannuler ce qui conduit à larrêt des pertes par conduction à moins que lair ne soit renouvelé et quun air non réchauffé soit continuellement apporté au contact de la peau, ce qui conduit à un phénomène qui est la « convection de lair ».
- La convection : La convection correspond à une perte dénergie calorique par renouvellement dun fluide (air, eau) autour de lanimal. Une faible quantité de convection a toujours lieu autour du corps en raison de la tendance de lair adjacent à la peau à sélever au cours de son réchauffement. Quand lorganisme est exposé au vent, la perte de température par convection est accrue.
Le gradient thermique peut également sinverser, ce qui va entraîner un apport dénergie par lenvironnement. A ce moment là, le seul moyen de perdre de la chaleur est lévaporation de leau qui est qualifiée de pertes insensibles.
- Evaporation de leau
1.2.3. La zone de neutralité thermique:
Ce graphique (figure 3) est essentiel pour comprendre les grands équilibres.
Laxe des x représente la température ambiante et laxe des y, le niveau de production ou de perte de chaleur. La température centrale est représentée dans la partie supérieure de la figure. Il y a une gamme de températures ambiantes pour laquelle la température centrale ne varie pas et qui correspond à la zone dhoméothermie. La température léthale inférieure est la température ambiante au dessous de laquelle lanimal meurt dhypothermie. Bien entendu, la valeur absolue de cette température dépend de sa durée dapplication. Lorsque la température ambiante devient supérieure à la température léthale supérieure, il y a mort par hyperthermie ou coup de chaleur. Les zones dhypothermie et dhyperthermie correspondent à des zones où les capacités de régulation de la température sont dépassées.
Dans la zone dhoméothermie, le maintien de la température centrale se fera pour des niveaux différents de la thermogenèse et de la thermolyse selon la valeur de la température ambiante (figure 3). Dans la zone dhoméothermie, on distingue différentes zones :
-Une zone de neutralité thermique limitée par la température critique inférieure et la température critique supérieure. La zone de neutralité thermique pour un niveau de nutrition donné est définie comme étant lintervalle des températures ambiantes pour lequel la thermogenèse est à son minimum et pour lequel la thermolyse nest assurée ni par la sudation, ni par une augmentation de la fréquence respiratoire. La thermolyse totale correspond à la somme de la thermolyse sensible et insensible. Les courbes correspondant à la thermogenèse et à la thermolyse totale qui devraient être superposées dans la zone dhoméothermie ont été décalées pour des raisons pédagogiques.
Quand la température devient inférieure à la température critique inférieure, on constante que lanimal voit sa thermolyse sensible augmenter de façon proportionnelle à la diminution de température. Pour maintenir sa température centrale, il augmente sa thermogenèse jusquà latteinte des températures léthales inférieures pour lesquelles la thermolyse est supérieure à la thermogenèse. Cette zone correspond à la zone de lutte contre le froid.
La situation se présente de façon différente au dessus de la température critique supérieure qui est la température à partir de laquelle lanimal va changer ses modalités de thermolyse. Quand la température ambiante augmente, lanimal ne peut plus maintenir le gradient de température entre la température de la surface corporelle et la température ambiante, la thermolyse sensible diminue. La thermolyse sensible peut même devenir négative quand le gradient de température sinverse, ce qui entraîne un apport dénergie ou thermogenèse exogène.
La seule façon de maintenir la température sera daugmenter lévaporation de leau. Lanimal devra augmenter ses pertes deau.
Figure 3 : Représentation schématique des relations entre thermogenèse, thermolyse et température ambiante. TCI : température critique inférieure, TCS : température critique supérieure, MS : métabolisme de sommet.
La figure 4 donne les valeurs moyennes des températures critiques et précise létendue de la zone de neutralité thermique pour les différentes espèces animales. Il est important de connaître les valeurs des températures critiques inférieures et supérieures.
La température critique inférieure est généralement basse à lexception de celle du porcelet et du poussin qui en raison de leur taille ont un rapport surface sur volume favorable aux déperditions caloriques et qui nont pas disolant corporel (plumes, tissu adipeux). Elle varie en fonction des conditions nutritionnelles, environnementales et en fonction de lâge. Ainsi , la température critique inférieure du veau est de 13°C, celle de la vache tarie est de 5°C alors que celle dune vache en lactation (30L/j) est de -34°C. Chez le mouton, elle diminue avec lépaisseur de la toison et est bien supérieure à jeun quau cours dun régime dentretien. La température critique supérieure ne varie pas. Dans les élevages, il ny a en général pas de problèmes liés à la lutte contre le froid. Par contre le problème le plus important est la lutte contre la chaleur lors des canicules qui a pour conséquence la mort danimaux, en particulier de volailles.
Figure 4 : Zone de neutralité thermique et températures critiques usuelles adaptées daprès Bianca (1976).
2. Réponses physiologiques aux variations de la température ambiante
2.1. Lutte contre le froid
Quand la température de lenvironnement chute, des moyens sont mis en uvre pour empêcher une chute de la température corporelle. Cette régulation contre le froid résulte dune diminution de la perte de chaleur (régulation physique). Si cette régulation ne permet pas le maintien de la température corporelle, la production de chaleur doit être accrue, ce qui correspond à une régulation chimique.
2.1.1. Limitation de la thermolyse
Dans la zone de lutte contre le froid, la thermolyse est augmentée. Cette augmentation est freinée par les adaptations physiologiques, anatomiques et comportementales.
- Adaptation physiologique
Le contrôle des pertes de chaleur implique la réduction des apports caloriques aux surfaces déchanges (téguments extérieurs) et la limitation de la déperdition de chaleur par évaporation deau. Dans la zone de lutte contre le froid, les pertes par évaporation deau sont minimales et constantes quelle que soit la température. Chez la vache, les pertes sont de 16W soit 2% de la thermolyse totale. Les calories produites par lactivité métabolique sont distribuées dans lorganisme via la circulation sanguine. Le contrôle de lapport des calories aux surfaces déchange (téguments externes) va impliquer des processus de vasodilatation et vasoconstriction des capillaires cutanés ainsi que lorganisation déchangeurs de chaleurs entre artères et veines.
- Réduction du débit sanguin dans les différentes structures jouant le rôle de radiateur (cornes, queue, oreilles..). Chez le bovin placé à 5°C, la température de la queue est de 11°C et celle des oreilles de 7°C. Ces températures sélèvent à 36-38°C en ambiance thermique chaude. Chez le mouton placé à 0°C, la température de lextrémité des cornes est 1°C alors quà 33°C de température ambiante, elle sélève à 33-34°C. Afin déviter les gelures, le débit sanguin augmente de façon épisodique (réaction de chasse, figure 5).
Figure 5: Réaction de chasse au niveau de loreille du porc placé à une température de 5°C. Chaque 20-+23mm, le sang irrigue loreille et en augmente la température
- Redistribution sanguine au niveau des membres : Au niveau des membres, le débit sanguin total ne peut pas être réduit car lapport doxygène aux muscles doit être assuré. En revanche, le retour veineux se fait par les veines profondes dans la zone de lutte contre le froid alors quil emprunte les veines périphériques dans la zone de lutte contre la chaleur. Dans la lutte contre le froid, le sang veineux montant se réchauffe au contact du sang artériel qui se refroidit en descendant. Cela permet la récupération de chaleur par contre courant ; de plus, la diminution de la température au niveau des extrémités réduit le gradient thermique ce qui limite la thermolyse sensible (figure *). Les déperditions de chaleur sont particulièrement importantes au niveau des extrémités qui ont un rapport surface/volume favorisant les échanges. On voit donc apparaître à leurs niveaux des échangeurs de chaleur consistant la plupart du temps en un arrangement de veines entourant une artère ventrale. Cet arrangement permet le réchauffement du sang veineux venant de la peau par le sang artériel et donc le refroidissement de celui-ci avant quil natteigne la peau, évitant ainsi une déperdition de chaleur. La présence de ces échangeurs rend compte de ce que lon appelle lhétérothermie périphérique dans laquelle la température de lextrémité des membres peut être très inférieure à la température centrale (figure 6). On retrouve ce système dans les nageoires des mammifères marins, les membres des oiseaux et des mamifères.
Figure 6 : Circulation sanguine veineuse dans les membres en fonction de la température ambiante et échange de chaleur. Dans la lutte contre le froid, la majeure partie du sang veineux remonte par les veines profondes, ce qui assure une récupération de chaleur à partir du sang artériel. Dans la lutte contre la chaleur, le sang veineux remonte par les veines superficielles. Il en résulte que le sang artériel arrivant au niveau de la peau est plus chaud, e qui facilite les pertes sensibles. VT : veine tibiale, At : artère tibiale, VS : Veine saphène.
Redistribution au niveau de la peau : La présence de réseaux capillaires sous-cutanés (profond et superficiel) séparés par du tissu adipeux permet de modifier les qualités isolantes de la peau par une redistribution du sang entre les réseaux capillaires (Figure 7).
Figure 7 : Conductance thermique de la peau. Dans la lutte contre le froid, le sang passe dans le réseau capillaire profond (RCP). Cela augmente lisolation thermique sous réserve quun pannicule adipeux (TA) sépare le réseau capillaire profond de la peau. Dans la lutte contre la chaleur, le sang passe dans le réseau capillaire superficiel (RCS), ce qui facilite les pertes sensibles.
- Adaptation anatomiques
Deux paramètres influencent le passage des calories à travers les surfaces déchange : lisolation et le rapport surface/volume. Deux systèmes disolants sont mis en uvre par les endothermes : la fourrure ou le plumage et la graisse sous cutanée. Fourrures et plumages sont isolants dans la mesure où ils retiennent une couche plus ou moins importante dair. Les qualités isolantes du pelage ou de la toison sont fonctions de ses caractéristiques : densité, longueur, structure des poils. La piloérection (contrôle dérection de la pilosité) permet un réglage rapide de lépaisseur du pelage. Le tableau 4 précise la valeur de la conductance thermique du pelage et de la toison des mammifères. La forte valeur observée chez le porcelet est due à la faible densité de la pilosité. Chez le mouton, lisolation thermique augmente avec la longueur de la laine jusquà 10cm. Les espèces de petit format nont pas la possibilité davoir une forte isolation thermique par leur pelage car la longueur du poil doit rester proportionnelle à la taille du sujet. Les poils fins et sans canaux médullaires sont de meilleure qualité isolante (poils dhiver).
EspècesConductance (W.m-2. C-1)Vache10.5Mouton Merinos4-4.8Mouton Cheviot8.2Porcelet40.3Tableau 4 : Conductance thermique ((W.m-2. C-1) du pelage des mammifères (daprès Blaxter, 1969).
La graisse sous cutanée présente lavantage dêtre très isolante. Elle peut par ailleurs être accumulée en épaisseurs considérables, notamment chez les animaux des régions froides (phoque), cest un isolant adapté au milieu aquatique.
A plus long terme, la morphologie de lanimal peut être modifiée afin de limiter la thermolyse, ce qui se traduit par une diminution du rapport surface/volume. En effet, les pertes seront dautant moins importantes que le volume est grand par rapport à la surface. Dans ce cadre, les animaux polaires sont en général de forme massive, trapue alors que les animaux des pays chauds présentent des formes plus élancées. Les espèces massives des régions chaudes sont inféodées au milieu aquatique comme par exemple lhippopotame ou présentent des structures externes ayant un rapport surface/volume favorisant largement les pertes (oreilles des éléphants dAfrique).
Adaptation comportementale
Des mécanismes comportementaux thermorégulateurs existent chez les poïkilothermes, ce qui représente une première forme de contrôle de la température centrale. Chez les oiseaux, les migrations saisonnières sont une bonne solution à la lutte contre le froid. Pour les mammifères, les possibilités de déplacement sont limitées ; en revanche, on observe le regroupement en colonies importantes. Chez le porc, ce phénomène est très net (figure 8). Au niveau de lindividu, une réduction des pertes sensibles est permise par ladoption dune posture qui limite la surface exposée au froid comme la curled-up position.
Figure 8: Thermorégulation comportementale chez le porcelet. Evolution de la thermogenèse chez le porcelet isolé ou en groupe selon la température ambiante, daprès Mount, 1965.
2.1.2. Augmentation de la thermogenèse
Dans la zone de lutte contre le froid, lanimal augmente sa thermogenèse jusquà atteindre un maximum qualifié de métabolisme de sommet (figure 2). Le rapport métabolisme de sommet sur métabolisme de base est fonction de lespèce (tableau 5).
EspèceRapport métabolisme de sommet/métabolisme de baseHomme5Mouton adulte7Agneau 5kg5Porcelet3Chien3.5Chaton2Rat5Souris7.4Lapin3.5Canard4.9Tableau 5 : Rapport entre le métabolisme de base et le métabolisme de sommet
Laugmentation de la thermogenèse est soit dorigine mécanique (frisson thermique) soit dorigine métabolique (augmentation de la thermogenèse des tissus). En zone de neutralité thermique, la thermogenèse mécanique (tonus musculaire) représente 20% de la thermogenèse totale. Dans la lutte contre le froid, ce pourcentage peut sélever à 80%. Le frisson est une fonction involontaire du corps, il consiste en une trémulation musculaire avec une fréquence de 10 par seconde. Les oscillations musculaires sont précédées par une augmentation du tonus musculaire. Dun point de vue thermodynamique, le frisson thermique est beaucoup plus efficace que les contractions musculaires volontaires.
La thermogenèse « métabolique » est obtenue par augmentation du métabolisme général et met en uvre des hormones à effets métaboliques (adrénaline, thyroxine). La thermogenèse métabolique est particulièrement importante au niveau du tissu adipeux brun (nouveau-né, hivernants). Le tissu adipeux brun est un tissu adipeux spécialisé dans la production de chaleur ; ce tissu est spécifique des mammifères. Il est développé chez les hivernants, les nouveau-nés (sauf le porcelet) et chez certaines espèces, lors de lacclimatation au froid (chien, rat, chat, lapin).
Chez les hibernants, le rat, le chat
, il est localisé entre les 2 scapula où il entoure les gros vaisseaux partant et arrivant au cur. Il en résulte que lénergie thermique réchauffera en priorité le cerveau. Chez les ruminants, la totalité du tissu adipeux à la naissance est brun (3% du poids corporel). Il est situé autour des reins et dans le mésentère. Sa couleur brune est due à la richesse de lirrigation, jusquà 20% du débit cardiaque) et à une grande richesse des adipocytes en mitochondries (en particulier en cytochromes présents dans ces organites). Il est innervé par le système nerveux sympathique. La lipolyse est assurée par la libération de noradrénaline par le système sympathique sous laction dune baisse de la température. Loxydation se fait sur place et dégage de la chaleur. Contrairement aux autres tissus adipeux, le tissu adipeux brun possède les enzymes qui lui permettent de consommer ses propres réserves de triglycérides après hydrolyse alors que le tissu adipeux blanc qui en est dépourvu ne eu que délivrer les acides gras et le glycérol dans la circulation. Les mitochondries paraissent particulières car elles peuvent fonctionner de manière découplée, produisant peu dATP mais beaucoup de chaleur. Lactivation du métabolisme du tissu adipeux brun joue un rôle important dans les processus de réchauffement intervenant chez les hibernants au sortir du sommeil
2. 2. Lutte contre la chaleur
2.2.1. Facilitation de la thermolyse sensible
Redistribution au niveau de la peau :
La présence de réseaux capillaires sous-cutanés (profond et superficiel) séparés par du tissu adipeux permet de modifier les qualités isolantes de la peau par une redistribution du sang entre les réseaux capillaires (Figure 7).
Pour certains endroits du corps, comme les oreilles de léléphant, du lapin, on observe une augmentation du débit sanguin qui facilite les pertes sensibles. Ces zones jouent le rôle de radiateurs (oreilles, queue, cornes, jabot). Pour ces zones, le rapport volume/surface est favorable aux déperditions caloriques et, généralement, les poils y sont courts et peu denses. Quand il fait froid, il ny a pratiquement pas de sang qui circule dans ces zones.
Redistribution sanguine au niveau des membres :
Les déperditions de chaleur sont particulièrement importantes au niveau des extrémités qui ont un rapport surface/volume favorisant les échanges. Au niveau des membres, le débit sanguin total ne peut pas être réduit car lapport doxygène aux muscles doit être assuré. Par contre, on observe une redistribution sanguine au niveau des membres que lon va illustrer à partir dun membre du cheval. Tout le monde a remarqué que sur un cheval qui a chaud, on voit les veines sous la peau. Ceci résulte du fait que dans la zone de lutte contre la chaleur, le retour veineux emprunte la veine saphène qui est une veine périphérique. Il en résulte que le sang artériel arrivant au niveau de la peau qui na pas été refroidi par des échanges de chaleur à contre courant avec le sang veineux est plus chaud (37°C), ce qui facilite les pertes sensibles en augmentant le gradient thermique.
En revanche, le retour veineux se fait par les veines tibiales profondes dans la zone de lutte contre le froid. Le sang veineux montant se réchauffe au contact du sang artériel qui se refroidit en descendant. Cela permet la récupération de chaleur par contre courant ; de plus, la diminution de la température au niveau des extrémités réduit le gradient thermique ce qui limite la thermolyse sensible (figure 6). On voit donc apparaître à leurs niveaux des échangeurs de chaleur consistant la plupart du temps en un arrangement de veines entourant une artère ventrale. Cet arrangement permet le réchauffement du sang veineux venant de la peau par le sang artériel et donc le refroidissement de celui-ci avant quil natteigne la peau, évitant ainsi une déperdition de chaleur. La présence de ces échangeurs rend compte de ce que lon appelle lhétérothermie périphérique dans laquelle la température de lextrémité des membres peut être très inférieure à la température centrale.
Cas particulier du cerveau :
Le problème posé est celui de la température du cerveau qui doit être finement régulée car la température du cerveau ne doit pas augmenter de 1°C. Or chez certaines espèces comme les antilopes pourchassées par un prédateur, la température centrale peut atteindre 43°C. Il existe chez cette espèce un dispositif qui permet de réguler la température du cerveau. Ainsi, chez les ongulés et les carnivores, la température du cerveau est contrôlée grâce à une irrigation spéciale permettant une dissociation entre les température cérébrale et corporelle (figure 9).
Chez le mouton, le sang artériel irriguant lencéphale part du polygone de Willis. Ce réseau est largement alimenté à partir du sang carotidien, ce dernier passant par un amas de vaisseaux formant un réseau admirable. Ce réseau baigne dans le sang veineux du sinus caverneux. Le sang arrivant au sinus provient des premières voies respiratoires où il a pu se refroidir (espèces à log nez, surface importante des cornets, polypnée thermique). Il en résulte que ce sang veineux va refroidir le sang artériel. En conséquence, la température cérébrale sera inférieure à celle du sang quittant le cur. Un tel système existe également chez certains oiseaux. Chez lhomme, le cheval et le lapin qui nont pas de rete carotidien, lartère carotidienne interne traverse le sinus cranial caverneux, ce qui permet un échange de chaleur à contre courant et une thermorégulation du système nerveux central. En raison du caractère athlétique du cheval et de la forte demande de thermorégulation au cours de lexercice, un autre mécanisme est requis, il est assuré par la paire de poches gutturales remplies dair qui enveloppent les artères carotidiennes internes.
SHAPE \* MERGEFORMAT
Figure 9: Thermorégulation du cerveau. La température du sang carotidien est diminuée au niveau dun réseau admirable par le sang du sinus caverneux provenant des premières voies respiratoires
Cas particulier du testicule :
Le développement du scrotum nest pas universel chez les mammifères. Un tiers des animaux maintiennent leurs testicules en position intra-abdominale dont léléphant, le rhinocéros et les mammifères. Les oiseaux nont pas de scrotum. Ainsi, la nécessité dune température testiculaire inférieure à la température corporelle nest pas universelle et représente une adaptation évolutive de certains mammifères. Chez ces espèces, la spermatogenèse exige une température testiculaire inférieure à la température corporelle (stérilité du cryptorchide). Il existe 5 dispositifs anatomiques qui permettent de réduire la température testiculaire 1) le muscle dartos 2) et le muscle crémaster qui en se relâchant quand la température ambiante augmente éloignent les testicules du corps qui est une source de chaleur, 3) le système déchange de chaleur à contre courant. Le sang chaud de lartère testiculaire est refroidi par des échanges à contre-courant au niveau du plexus pampiniforme formé par les veines testiculaires (figure 10) 4) labsence de tissu adipeux, et 5) des glandes sudoripares abondantes qui contribuent aux pertes de chaleur par évaporation deau. Un échauffement du scrotum chez le bélier déclenche une polypnée thermique.
On entend par vaisseaux pampiniformes, les veines & les artères spermatiques, contenues dans une enveloppe commune; on leur a donné ce nom, parce qu'elles forment un grand nombre de circonvolutions qui paraissent entortillées comme les tendrons de la vigne
. SHAPE \* MERGEFORMAT
Figure 10 : Thermorégulation du testicule chez le bélier, adapté daprès Waites et Moule (1961).
Quand la température ambiante augmente, lanimal ne peut plus maintenir le gradient de température entre la température de la surface corporelle et la température ambiante, la thermolyse sensible diminue. La thermolyse sensible peut même devenir négative quand le gradient de température sinverse, ce qui entraîne un apport dénergie ou thermogenèse exogène. La seule façon de maintenir la température sera daugmenter lévaporation de leau. Lanimal devra augmenter ses pertes deau.
2.2.2. Augmentation des pertes insensibles
Lévaporation de leau est un processus efficace de refroidissement du corps, lévaporation dun gramme deau emporte 2400J. Dans des conditions normales de température et dhumidité, environ 25% de la chaleur produite chez lanimal au repos est perdue par évaporation de leau à partir de la peau et de lépithélium respiratoire. Cette perte insensible deau cutanée et respiratoire est relativement constante dans les conditions basales.
Une augmentation du débit sanguin au niveau de la peau augmente cette perte mais les mécanismes de sudation et de polypnée thermique sont plus efficaces pour augmenter la perte de chaleur par évaporation. En particulier seuls ces mécanismes sont efficaces lorsque la température ambiante est supérieure à la température cutanée
Chez toutes les espèces placées à une température ambiante supérieure à la température rectale, léchauffement sera dautant plus rapide que la surface corporelle est grande par rapport au volume. Il en résulte que les espèces de petit format devront évaporer, relativement à leur poids une quantité deau plus importante que les espèces de grand format (figure 11). Les réserves deau ne sont pas comparables selon les espèces. Cela explique également que les 2 modalités dévaporation de leau (sudation et polypnée thermique) ne revêtent pas la même importance chez les espèces animales (figure 12). La sudation est prédominante chez les espèces de grande taille alors que la polypnée thermique se voit dans les espèces de taille plus réduite. La polypnée présente un avantage par rapport à la sudation : en conservant le gradient thermique au niveau de la peau, elle limite les apports exogènes dénergie et donc les pertes deau alors que dans la sudation, la peau peut être refroidie à une température inférieure à la température ambiante, ce qui entraîne un apport exogène dénergie. Chez lhomme, la polypnée thermique est incompatible avec la vocalisation. Seule la sueur évaporée est efficace
Figure 11: Quantité deau (% du poids corporel) nécessaire pour maintenir la température centrale constante lorsque la température ambiante est de 40°C (double échelle logarithmique) daprès Folk (1966).
Figure 12 : Importance respective de la sudation et de la polypnée thermique chez les différentes espèces animales (adapté daprès Bianca, 1968).
La sudation
La sudation seffectue par une élimination de leau par les glandes sudoripares. Elle se distingue de la perspiration qui correspond à une perte deau par diffusion à travers la peau. Sur le plan histologique, on distingue deux types de glandes sudoripares : les glandes eccrines et apocrines. Les glandes eccrines assurent la sudation chez les espèces domestiques. Les glandes apocrines se développent à partir des follicules pileux, elles sont situées au niveau des aisselles chez lhomme.
Figure 13 : Glandes sudoripares chez différentes espèces de mamifères. SNS : système nerveux sympathique, A : adrénaline, Ach : acétylcholine, M : cellules myoépithéliales, adapté daprès Whittow (1973).
Une glande sudoripare qui est une structure tubulaire constituée de 2 parties : (1) une portion contournée qui sécrète la sueur et (2) un canal qui passe à travers le derme et lépiderme de la peau. La composition de la sécrétion primaire est très poche de celle du plasma, à lexception des protéines plasmatiques. La réabsorption ionique à lieu le long du canal, le degré de réabsorption dépend du niveau de sudation. Quand la stimulation est faible, le passage du fluide dans le canal est lent, tous les ions Na et Cl sont réabsorbés. La plupart de leau est également réabsorbée en raison de la diminution de la pression osmotique du fluide, cela va conduire à une concentration des autres constituants : urée, acide lactique, ions K. Alternativement, quand la stimulation est importante, la réabsorption est limitée et la réabsorption de leau est réduite.
La sueur est un liquide riche en eau et généralement hypotonique par rapport au plasma en raison du processus de réabsorption. La sueur du cheval contient des glycoprotéines qui vont favoriser la dispersion de la sueur sur le pelage et donc augmenter lévaporation. Cette glycoprotéine est responsable de lécume que lon retrouve au niveau des zones de frottement (propriétés moussantes).
Les glandes eccrines (primates, coussinets plantaires du chat) sont innervées mais les cellules épithéliales qui les entourent répondent aux catécholamines (adrénaline, noradrénaline, figure 13). Cette sécrétion est stimulée par les fibres nerveuses cholinergiques du système nerveux sympathique qui se terminent près des cellules glandulaires Les glandes apocrines sont mises en jeu par des stimuli psychologiques (émotion
). Cependant ces glandes peuvent également être stimulées par la noradrénaline et ladrénaline circulantes en labsence dinnervation noradrénergique. Il est possible que chez lhomme, les glandes sudoripares des pieds et des mains reçoivent une innervation noradrénergique et cholinergique. En effet, des états émotionnels qui activent le système nerveux sympathique entraînent une sudation locale dans ces zones. De même, au cours de lexercice qui active le système nerveux sympathique, une sudation localisée des mains et des pieds est observée, lhumidification de ces surfaces pourrait permettre lassèchement de ces surfaces de la peau
La densité des glandes sudoripares est importante chez lhomme, la vache et le cheval (tableau 4). Elle est faible chez les carnivores. Chez le porc, il existe des glandes sudoripares mais elles ne répondent quà des stimulations pharmacologiques. Le mouton ne sue pas en raison de la présence dune toison qui ne permet pas lévaporation optimale de la sueur. Chez cette espèce, la thermolyse insensible est faible, le taux maximum de sécrétion de sueur dun mouton soumis à un stress thermique est de 63g/m-2h-1, ce qui signifie quune brebis peut dissiper environ 40kcal par heure via la sudation. Chez cette espèce, lévaporation de leau via les mouvements respiratoires est plus importante que chez la vache.
EspèceDensité par cm²Thermolyse insensibleTempérature ambiante (°C)g.m-2 h-1HommeFace : 200-350
Main : 2000
Tronc : 200Condition maximale1000-3000 g in totoBovinsTronc : 2000
Encolure : 2500
Membre : 100040145Chèvre4050OvinsTronc : 250
Scrotum : 20003063Chameau57240Porc3524Cheval40100Ane40166
Tableau 6 : Densité des glandes sudoripares et perte deau par sudation (déprès Whithow, 1971 ; Ingram et Mount, 1975).
La polypnée thermique :
Une des fonctions du système respiratoire est la thermorégulation. Comme les échanges gazeux respiratoires nécessitent lhumidification de lair inspiré, une augmentation du débit de ventilation respiratoire va également élever lévaporation de leau.
La polypnée thermique se traduit par une brusque accélération des mouvements respiratoires. La fréquence obtenue correspond à la fréquence de résonance de la cage thoracique, ce qui explique quelle inversement proportionnelle à la taille de lanimal. Cette fréquence optimale (tableau 7) permet dentretenir les mouvements respiratoires sans augmentation excessive de la thermogenèse. Il faut que la cage thoracique soit petite pour que cela aille vite.
Idéalement, laugmentation de la ventilation doit être confinée aux espaces morts où à lieu lhumidification et ne doit pas compromettre les échanges gazeux, une exigence qui est atteinte par une augmentation de la fréquence respiratoire et une diminution proportionnelle du volume courant, qui correspond à la définition de la polypnée (figure 14). La polypnée thermique nest pas une tachypnée respiratoire. La polypnée se fait dans des endroits stratégiques : nez.
Chez le chien, la fréquence respiratoire peut ainsi passer de 30-40 inspirations par minutes à 300-400. Le halètement vise à augmenter le flux dair essentiellement dans les conduits où seffectue lessentiel des recondensations deau et non au niveau des surfaces alvéolaires. En cas dhalètement important, la ventilation alvéolaire augmente cependant significativement. Dès lors lalcalose sinstalle et peut devenir un élément limitant du processus, lanimal tire la langue eT meurt.
Les mouvements de lair sur une surface humide (muqueuse nasale, trachéale) assurent une perte importante deau et partant dénergie.
EspècesPoids (kg)Fréquence respiratoire (min-1)Débit (l.min-1)Chien1-1742054Porc20-2639031Mouton32-3729485Chèvre50-6026548Buf122-172163255
Tableau 7 : Polypnée thermique, fréquence respiratoire maximale. La fréquence respiratoire maximale est inversement proportionnelle au poids (daprès Wittow, 1973).
Figure 14 : Paramètres respiratoires en fonction de la température ambiante (saprès Bianca et Findlay, 1962).
La polypnée est généralement accompagnée dune augmentation de la production salivaire et peut permettre une augmentation considérable de la thermolyse insensible si lhumidité de lair inspiré nest pas trop élevée.
Les oiseaux qui nont pas de glandes sudoripares augmentent lévaporation non seulement via la polypnée thermique mais également par un mécanisme appelé « gular flutter » qui consiste en des oscillations rapides du plancher fin du bec et de la partie supérieure du gosier.
Les mammifères terrestres qui ne présentent pas de polypnée thermique sont léléphant et lhomme. Léléphant na pas de mécanismes de pertes de chaleur par évaporation identifiés. Léléphant stocke la chaleur au cours de la journée et la dissipe au cours de la nuit.
Chez le chien, linspiration se fait essentiellement par le nez alors que lexpiration se fait par la bouche (Schmidt-Nielsen et al., 1970, Science 169 : 1102). Ce circuit permet de dutiliser au mieux lévaporateur nasal au refroidissement des muqueuses. L'air chaud inspiré est refroidi par les muqueuses en se chargeant d'humidité. Leau contenue dans lair provenant de cet échangeur et des poumons peut en effet se condenser sur les muqueuses buccales et surtout sur la langue qui pend à lextérieur ; lévaporation de cette eau va également servir au refroidissement (lair frais expiré cède son humidité aux muqueuses "asséchées"). Comme nous lavons signalé précédemment, lévaporateur nasal est couplé chez différentes espèces à un échangeur (rete carotidien) se trouvant sous le cerveau (figure 7). Cet ensemble va contribuer largement au maintien de la balance thermique cérébrale.
.
Thermolyse insensible dorigine comportementale :
Chez le porc, les glandes sudoripares ne sont pas mises en jeu dans la lutte contre la chaleur et le porc ne présente pas de polypnée respiratoire. Toutefois, le porc en se couvrant de boue humide peut assurer une thermolyse sensible très importante (figure 15). Lévaporation deau dure plus longtemps si lanimal se couvre de boue car leau est ainsi maintenue plus longtemps sur le corps.
Figure 15 : Thermolyse insensible dorigine comportementale chez le porc. Chez lanimal couvert de boue, la thermolyse par évaporation atteint des valeurs similaires à celle dune sudation importante. Leau a une action plus courte. La flèche indique le moment de lapplication de leau ou de la boue (Ingram, 1965).
2.2.3. Réduction de la thermogenèse
Réduction de la thermogenèse endogène
Dans la lutte contre la chaleur, lanimal peut réduire sa thermogenèse facultative (extrachaleur). Chez les ruminants, la prise de nourriture est réduite ; il en résulte une chute de la production de lait (figure 16). La prise de nourriture est déplacée, la consommation alimentaire se faisant de préférence la nuit. Les vaches des pays chauds sont acclimatées, elles produisent moins de lait en résultat dun mécanisme endocrinien dadaptation.
Figure 16 : Représentation schématique des effets de la température environnante sur la prise de nourriture et la lactation chez la vache, adapté daprès Hafez, 1968.
Réduction de la thermogenèse exogène
Le milieu environnant peut apporter de lénergie à lanimal, notamment par rayonnement. Sous les tropiques, lapport par les radiations peut atteindre 1000Wm-2, soit 4 fois la thermogenèse endogène. Cet apporte est limité par la présence dune toison ou du pelage (figure 17). Chez le mouton tondu placé en plein soleil, la consommation deau peut être 4 fois supérieure à celle dun mouton en laine, cela est dû au fait que lénergie radiante échauffe la laine dont la température peut sélever à 85°C. La laine ainsi échauffée remet cette énergie sous forme de radiation. En revanche si lanimale est tondu, la peau sera échauffée, doù un apport exogène dénergie important.
Lapport exogène dénergie peut être limité par ladoption dune position vis-à-vis du soleil minimisant la surface exposée. De même, les bovins peuvent se regrouper pour former un cercle dombre dans lequel ils placent leur tête.
Figure 17 : Bilan en énergie thermique chez un mouton Mérinos enlainé placé en plein soleil à 40°C. Les rayonnements solaires apportent une grande quantité dénergie (thermogenèse exogène). Cela échauffe la toison à 85°C. la toison réémet cette énergie sous forme de radiation à grande longueur donde. En labsence ed toison, lénergie solaire arriverait à la peau, ce qui obligerait lanimal à augmenter de façon très importante sa thermolyse par évaporation (daprès Mac Farlan, 1964).
3. Mécanismes de régulation de la température corporelle
La température corporelle est régulée presque entièrement via des mécanismes nerveux de rétrocontrôle, et pratiquement tous opèrent à travers des centres de régulation de la température localisés dans lhypothalamus. Lexistence de ces mécanismes implique celle de détecteurs de température qui déterminent si la température corporelle est trop élevée ou trop basse.
3.1. Les bases neuronales de la thermosensibilité
3.1.1. La thermosensibilité du système nerveux central
Des études expérimentales basées sur lapplication locale de hautes températures ou de basses températures à laide dune thermode on montré que la principale région du cerveau où la chaleur appliquée via une thermode est capable dinfluencer le contrôle de la température est laire préoptique de lhypothalamus et à un degré moindre, les régions adjacentes de lhypothalamus antérieur.
Ainsi, chez le chat, le début de lapplication dune température élevée au niveau de lhypothalamus (43°C) est suivie au bout de 1-2 minutes dune augmentation du taux des pertes deau par évaporation (figure 18). Ce taux reste élevé tant que la température est maintenue et diminue lentement après larrêt de lapplication du thermocouple.
Figure 18 : Réponse en termes de pertes deau par évaporation à lapplication de températures élevées au niveau de lhypothalamus à laide dun thermocouple (daprès J Physiol, 1982, 322 : 457). Température ambiante de 38°C.
Des réponses thermorégulatrices sont également induites par des altérations de la température de la moelle épinière chez les mammifères et les oiseaux. Chez les mammifères, laire préoptique joue un rôle majeur dans la régulation de la température alors que chez les oiseaux, la sensibilité de la moelle épinière jouerait un rôle prédominant.
Laire préoptique contient un grand nombre de neurones sensibles à la chaleur, ces neurones sont activés lorsque la température augmente (10 fois pour une augmentation de température de 10°C). Parallèlement, des neurones sensibles au froid sont retrouvés dans lhypothalamus, le septum et la substance réticulée du mésencéphale.
Dautres neurones sont activés en réponse à des signaux transmis au cerveau via des thermorécepteurs situés au niveau de la peau et des tissus profonds du corps. Ces signaux interagiraient avec ceux en provenance des neurones thermosensibles pour constituer un système efficace de contrôle de la température corporelle.
Lhypothalamus est le principal centre dintégration de la thermorégulation : rôle de «thermostat ».
Les neurones de lhypothalamus doivent être capables de percevoir les variations de la température centrale et dinitier les ajustements physiologiques qui vont permettre de maintenir la température centrale à un niveau caractéristique de lespèce, 37.2°C chez lhomme. Cette température est appelée « température de consigne des mécanismes de contrôle de la température ».
Concept de température de consigne hypothalamique
La figure 19 montre le niveau extrêmement critique de la température à partir de laquelle débute la perte de chaleur et à laquelle sinterrompt laugmentation de la production de chaleur qui est de 37.1 °C chez lhomme . Quand la température augmente au dessus de ce niveau, le taux de perte de chaleur devient supérieur au taux de production de chaleur et la température se rapproche de 37.1°C . Cette température est appelée température de consigne des mécanismes de contrôle de la température.
Figure 19 : Effet de la température hypothalamique sur (1) la perte de chaleur par évaporation et (2) la production de chaleur causée par lactivité musculaire et les frissons thermiques.
3.1.2. Les thermorécepteurs périphériques
La peau est dotée à la fois de récepteurs sensibles à la chaleur et de récepteurs sensibles au froid. Comme les récepteurs somesthésiques, les thermorécepteurs sont des terminaisons nerveuses libres. Chez lhomme, il y aurait beaucoup plus de récepteurs sensibles au froid (10 fois plus environ) que de récepteurs sensibles à la chaleur. La détection périphérique de la température est essentiellement la détection des basses températures. Chez lanimal, on ne sait pas si les perceptions du froid et de la chaleur sont équivalentes. Les données expérimentales ont cependant été obtenues chez lanimal par des techniques délectrophysiologie. Ainsi, il a été montré quà température constante, les thermorécepteurs ont une activité déquilibre (réponse statique) dont la fréquence dépend de la température absolue. Quand la température augmente brusquement, les récepteurs sensibles à la chaleur ont une fréquence dactivité augmentée de façon transitoire (réponse phasique). Les récepteurs sensibles au froid se comportent de façon opposée, avec une augmentation de lactivité (fréquence) quand la température chute brutalement (figure 20). Certaines régions jouent un rôle plus important que dautres dans le contrôle de la température corporelle. Par exemple, le chauffage local de la peau du scrotum chez le bélier induit une polypnée thermique plus aisément que le chauffage dautres régions de la peau.
Figure 20: Fréquence de décharge dune simple fibre nerveuse sensible au froid (en bleu) et dune simple fibre sensible au chaud (en orange) obtenues quand les récepteurs de la patte sont exposés à une température comprise entre 10 et 50°C.
Des récepteurs thermosensibles sont également présents dans certaines parties du corps (moelle épinière, viscères abdominaux et autour des grandes veines). Ils détecteraient les diminutions de température plutôt que leur augmentation. Lensemble des récepteurs périphériques jouerait un rôle essentiel dans la prévention de lhypothermie.
3.2. Coordination des réponses thermorégulatrices
3.2.1. Modèle de Hammel
En 1965, Hammel a décrit un modèle dans lequel de simples connexions synaptiques de neurones régulent la température corporelle autour dune température de consigne. La plupart des composants de ce modèle sont représentés dans la figure 21.
La plupart des récentes études électrophysiologiques confortent ce modèle. Lhypothalamus est une importante région thermosensible qui contrôle les réponses physiologiques et comportementales. Le côté droit de la figure montre lamplitude de la thermolyse et de la thermogenèse induites par un changement de la température de laire préoptique de lhypothalamus. Quand la température de laire préoptique est augmentée au-delà de la température de consigne, la thermolyse est augmentée proportionnellement à laugmentation de température. Le refroidissement de laire préoptique induit une réaction de thermogenèse proportionnelle à lamplitude des variations de la température. La majorité des neurones montrent peu de variation de leur activité en fonction de la température hypothalamique. Ces neurones sont qualifiés de neurones insensibles à la température (notés I). Environ, 20% des neurones sont sensibles à la chaleur et répondent de façon intense à une augmentation de la température (notés W). Ces 2 types de neurones forment un réseau synaptique avec des neurones effecteurs qui contrôlent les réponses thermorégulatrices spécifiques. Il y a deux types différents de neurones effecteurs : ceux qui contrôlent une réponse de type thermolyse et ceux qui contrôlent une réponse de type thermogenèse. Si lon considère les neurones effecteurs de la thermolyse, le modèle de Hammel suggère que ces neurones sont ou bien des neurones spontanément activés ou bien des neurones silencieux activés par les neurones sensibles à la chaleur et inhibés par les neurones insensibles.
Dans la figure 18, les lignes en pointillés du graphique au dessus du neurone effecteur de la thermolyse représentent les 2 influences synaptiques antagonistes où la fréquence des potentiels daction activateurs a le même profil que celle des neurones sensibles à la chaleur et où la fréquence des potentiels daction inhibiteurs a le même profil que celle des neurones insensibles à la chaleur. On peut noter que les 2 courbes se croisent à une température proche de 37°C, suggérant que ces 2 effets sannulent à 37°C. Le concept de Hammel est que la sommation des 2 effets synaptiques antagonistes détermine la fréquence des potentiels daction du neurone effecteur. La courbe au trait plein montre la fréquence des potentiels daction du neurone effecteur basée sur ces 2 influences antagonistes. A 37°C, lactivité des neurones effecteurs de la thermolyse est nulle (annulation des influences). Au dessous de 37°C, lactivité est minimale (influence inhibitrice). Au dessus de 37°C, la fréquence des potentiels daction augmente car elle est augmentée de façon proportionnelle à al température par linfluence des neurones sensibles à la chaleur alors que linhibition de lactivité est constante. Cest le phénomène inverse qui est observé pour les neurones effecteurs de la thermogenèse dont la fréquence des potentiels daction augmente de façon proportionnelle à la diminution de la température au dessous de la température de consigne et est minimale à partir de 37°C.
Hammel a ainsi identifié les composants neuronaux dun système de rétrocontrôle négatif, la température de consigne est la température à laquelle les actions synaptiques inhibitrices et activatrices sannulent.
Figure 21 : Adaptation du modèle de Hammel HT (1965) pour expliquer la régulation de la température autour dune valeur de consigne par un réseau synaptique ed neurones hypothalamiques. SP: neurone de la corne dorsale de la moelle épinière. OC: chiasma optique. MB: corps mamillaires
Les nombreux signaux de détection de température en provenance des récepteurs périphériques aident au contrôle de la température à travers lhypothalamus. Ces signaux sont combinés avec ceux qui ont pour origine les récepteurs périphériques pour induire des réactions de pertes ou de production de chaleur du corps.
Lorsque la température hypothalamique augmente et devient supérieure à la température de consigne, il y a activation des systèmes neuronaux effecteurs de la thermolyse et inhibition de lactivité des systèmes neuronaux effecteurs de la thermogenèse.
3.2.2. Les réponses thermorégulatrices
Les réponses thermorégulatrices sont les suivantes :
Réponse viscéro-motrice: ajustement de lactivité du SN autonome
Contrôle de la circulation sanguine. La vasodilatation des vaisseaux sanguins de la peau. Elle résulte de linhibition des centres sympathiques de lhypothalamus postérieur impliqués dans la vasoconstriction.
Contrôle de la sudation. Les signaux en provenance de lhypothalamus qui induisent la sudation sont transmis via les voies nerveuses du système nerveux autonome de la moelle jusquà la peau.
Contrôle de la thermogenèse chimique. Les mécanismes qui entraînent une augmentation de la production de chaleur, comme la thermogenèse chimique, sont inhibés.
Centre nerveux respiratoire (pons)
Contrôle de la polypnée thermique. Un centre nerveux localisé au niveau du pons contrôle la polypnée. Ce centre modifie le profil normal de respiration pour permettre une respiration rapide et superficielle.
Réponse motrice somatique
Contrôle de lactivité musculaire. Les tremblements (frissons thermiques) qui visent à augmenter la production de chaleur sont inhibés.
Réponse humorale: hormones thyroïdiennes.
Dans la lutte contre le froid ou le chaud, les organismes ont tendance à enclencher dabord les réactions les moins coûteuses ; réactions comportementales, vaosconstriction ou vasodilatation et réponses pilomotrices (érection ou affaissement du plumage ou des poils) arriveront avant les frissons, la sudation ou le halètement.
3.3. Mécanismes de lhyperthermie
Lhyperthermie qui signifie une température corporelle supérieure au rang normal de la température, peut résulter de :
Modifications de la température de consigne
Effet de la déshydratation : Plus les écarts de température qui peuvent être supportés sont grands, plus les économies qui peuvent être réalisées par lorganisme sont grandes. Le cas du chameau est très illustratif à ce propos. On remarque en effet que les écarts de température corporelle quil peut supporter sont fonction de son degré dhydratation. Un chameau déshydraté laissera fluctuer sa température corporelle journalièrement beaucoup plus largement par rapport à la valeur de consigne quun autre bien hydraté (jusquà 7°C). Cette stratégie va lui permettre de diminuer significativement les pertes deau liées au refroidissement par sudation
La fièvre : Il faut parler de la fièvre, car il est fondamental pour un vétérinaire de comprendre les mécanismes de la fièvre. La fièvre résulte de leffet des substances pyrogènes.
Perte de thermorégulation
Dépassement des capacités de dissipation de la chaleur: coup de chaleur
Perturbation des systèmes de régulation (pathologique, pharmacologique
3.3.1. La fièvre
Je nexpliquerai que lhyperthermie fébrile. Laugmentation de la température est favorable pour lutter contre les infections, elle permet à lanimal de mieux résister aux infections.
Modification de la température de consigne hypothalamique dans les maladies fébriles, effets des pyrogènes
La plupart des protéines, des produits de dégradation des protéines et dautres substances, en particulier les toxines liposaccharides sécrétées par les bactéries peuvent induire une augmentation de la température de consigne hypothalamique. Ces substances sont qualifiées de pyrogènes. Ce sont les pyrogènes sécrétés par les bactéries pathogènes ou libérées par les tissus corporels lésés qui sont responsables de la fièvre dans les conditions pathologiques.
Cependant, beaucoup de pyrogènes bactériens en particulier les endotoxines des bactéries gram -, peuvent entraîner de la fièvre très sévère en agissant de manière indirecte.
Les bactéries ou leurs produits de dégradation sont présents dans le sang sont phagocytés par les leucocytes circulants et les macrophages tissulaires. Ces 2 types cellulaires digèrent à leur tour les produits bactériens et libèrent dans les fluides corporels une substance pyrogène endogène (interleukines). Ces pyrogènes passe la barrière hémato-encéphalique atteint lhypothalamus et produit de la fièvre, augmentant la température en 8-10 minutes. Les pyrogènes induisent la production de prostaglandines E2 par les cellules de lhypothalamus, les prostaglandines induisent à leur tour la réaction de fièvre en augmentant la température de consigne.
Quand les valeurs de la température de consigne sont augmentées au-dessus de la normale, tous les mécanismes qui augmentent la température sont mis en jeu : conservation et augmentation de la production de chaleur. Quelques heures après que la température de consigne ait atteint une valeur supérieure, la température corporelle a atteint ce niveau (figure 22).
Figure 22 : Effet dun changement de la température de consigne hypothalamique
Laspirine réduit la fièvre en inhibant la production de prostaglandines, ceci explique labsence deffet de laspirine chez une personne normale qui ne produit pas de substances pyrogènes. Les substances qui réduisent la fièvre sont dites antipyrétiques.
Quand la valeur de la température de consigne est augmentée par des substances pyrogènes, une déshydratation, la température met quelques heures à atteindre la nouvelle température de consigne. Comme la température du sang est inférieure à la température de consigne, les mécanismes daugmentation de la température sont activés. Le patient a une sensation de froid alors que sa température est normale. La peau devient froide en raison de la vasoconstriction et le patient frissonne (frissons thermiques activés). Les frissons continuent jusquà ce que la température atteigne la nouvelle valeur de la température de consigne. A cette valeur, il ny a plus de sensation de froid ou de chaleur. La température est régulée à cette nouvelle valeur tant que le facteur responsable de laugmentation de la température de consigne poursuit ses effets. Si ce facteur est supprimé, la température de consigne est réduite et retrouve son niveau normal. La température élevée induit les mécanismes de lutte contre la chaleur : sudation, vasodilatation cutanée, on parle de deffervescence* .
3.3.2. Le coup de chaleur
Lorsque la température extérieure est très élevée, si lair est sec et que les courants de convection de lair sont suffisants pour permettre une évaporation rapide, une personne peut rester plusieurs heures à une température ambiante très élevée (60°C) sans effets délétères.. Par contre si lhumidité de lair est de 100% ou si le corps est dans leau, la température augmente même si la température ambiante est sensiblement supérieure à 34°C. Si une personne a une activité physique intense, cette température critique peut atteindre 29-32°C.
Les mécanismes de lutte contre al chaleur peuvent être également compromise lors dun exercice intense (ex : cheval de course).
Il a cependant une limite du taux maximal de perte de chaleur même avec une sudation maximale. De plus, quand la température de lhypothalamus devient excessive , sa capacité de régulation diminue. Quand la température augmente et atteint 41-42°C, la personne développe un coup de chaleur dont les symptômes sont le vertige, perte de conscience si la température ne diminue pas. Les effets des très hautes températures corporelles sont les atteintes des parenchymes des cellules, cellules nerveuses en particulier. Une étude rétrospective chez le chien réalisée en Israël à partir de 54 cas de chiens présentant un coup de chaleur a mis en évidence une thrombopénie. La température élevée induit une atteinte des cellules endothéliales et la libération de thromboplastine et une coagulation intravasculaire disséminée qui consomme les plaquettes sanguines. Le taux de mortalité a été de 50% malgré la mise en place dun traitement approprié (J Vet Intern Med, 2006, 20 : 38).
Lacclimatation à la chaleur est fondamentale, elle permet une augmentation du taux maximal de sudation et une réduction des pertes de sels dans les urines et la transpiration.
Conclusion
La thermorégulation fait intervenir un très grand nombre de fonctions physiologiques et comportementales ajustées pour permettre le maintien de la température corporelle relativement constante et indépendante des fluctuations temporelles et climatiques. Ces ajustements physiologiques et comportementaux sont coordonnés par une région de lhypothalamus qui est thermosensible et qui contrôle lactivité de systèmes neuronaux effecteurs des mécanismes de régulation de la température. Les anomalies ou le dépassement de ces mécanismes de contrôle ont des conséquences physiopathologiques.
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