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13. La commercialisation du compost - Compostage des déchets ...

?found that former elite athletes (27-39 yrs) from a range of sports had no more ...... The radiological changes, however, were no greater and the number of discs affected was also very similar[96] ...... Sambrook PN, MacGregor AJ, & Spector TD. ...... [58] A confidence interval ? See Glossary. [59] p. 743 and Table 3 at p. 742.




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rincipale cause de ces dysfonctionnements. Pourquoi ? Parce que la majorité de la population n’a pas les moyens de payer une taxe d’enlèvement des ordures ménagères (OM) à la hauteur des coûts réels (achat et entretien de véhicules spécialisés lourds, mise en place de centres de stockage des déchets équipés et bien gérés, salaires).

Alors, peut-on localement, dans sa concession, dans un quartier, dans une petite ville, trouver une solution écologique, économiquement et socialement viable ? Oui, à condition d’aider un peu la nature… Des déchets riches en matière organique, très humides : c’est juste ce qu’il faut pour faire un compost qui pourra être utilisé pour cultiver des légumes et des fleurs, pour améliorer la croissance des arbres ou des surfaces herbeuses. En effet, l’utilisation de compost peut améliorer beaucoup les rendements : il garde mieux l’humidité dans le sol, lui redonne de la matière organique et constitue un moyen de lutter contre l’érosion. Ce n’est pas un engrais, mais il permet de diminuer les quantités d’engrais utilisées, en limitant les pertes.

Malgré de nombreuses tentatives de développement du compostage dans les PED, peu de réalisations, pour diverses raisons aujourd’hui bien identifiées, sont réellement opérationnelles aujourd'hui. Nous proposons dans ce guide des méthodes simples, pour que la population, les associations et les responsables administratifs des villes puissent créer, à moindre coût, de petites unités décentralisées.

Des associations de quartiers, des groupes de jeunes, des municipalités ont expérimenté cette méthode avec succès. Ceci a permis d’assainir des zones urbaines tout en procurant du travail à plusieurs personnes pour le traitement des déchets mais aussi pour développer des cultures.

Le compostage des déchets est à coup sûr une bonne solution pour le traitement des déchets ménagers dans les PED : donnons-nous les moyens d’y arriver !

Paul Vermande
Coordinateur du Réseau de Chercheurs « Environnement et Développement Durable » de l’AUF
Président du CEFREPADE


Nos remerciements vont principalement à l’AUF, Agence Universitaire de la Francophonie et à l’ADEME, Agence (française) De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, qui ont financé la mise en commun du travail de plusieurs équipes de recherche et experts venant de pays différents. Ce sont près de 25 personnes, experts membres du CEFREPADE, de France, Cameroun, Haïti, Maroc, Burkina Faso, Madagascar, qui ont travaillé ensemble et contribué à la rédaction et à la relecture de ce document :

Paul Vermande, Pascale Naquin, Fouad Zahrani, Rémy Bayard , Rémy Gourdon, de l’INSA de Lyon ; Emmanuel Ngnikam et Max Ndame Ngangue de l’ENSP de Yaoundé ; Guy Matejka de l’ENSIL de Limoges ; Anie Bras, Joaneson Lacour, Evens Emmanuel de l’Université Quisqueya de Port-au-Prince ; Bernard Morvan du CEMAGREF de Rennes ; Denis Montange du CIRAD de Montpellier ; Samuel Yonkeu et Lydie Yiougo du 2IE de Ouagadougou, Emilienne Rasoanandrasana de l’Université de Mahajanga ; Hery Rajaomanana de l’ONE à Antananarivo ; Valentin Mouafo, ingénieur consultant à Yaoundé ; Mustapha Brakez du bureau d’étude SEGU de Casablanca ; Roger Tchuente de l’ONG CIPRE de Yaoundé ; Sandrine Kayap du projet « Assainissement de Yaoundé ».

Sommaire

 TOC \o "1-2" \h \z  HYPERLINK \l "_Toc211784155" Introduction et remerciements  PAGEREF _Toc211784155 \h 2
 HYPERLINK \l "_Toc211784156" Sommaire  PAGEREF _Toc211784156 \h 3
 HYPERLINK \l "_Toc211784157" Contexte et objectif de ce travail  PAGEREF _Toc211784157 \h 4
 HYPERLINK \l "_Toc211784158" Généralités sur le compost et le compostage  PAGEREF _Toc211784158 \h 5
 HYPERLINK \l "_Toc211784159" 1. Au préalable : bien comprendre les effets attendus d’une gestion appropriée de la matière organique dans les sols  PAGEREF _Toc211784159 \h 6
 HYPERLINK \l "_Toc211784160" 2. Les autres bonnes raisons pour faire du compost  PAGEREF _Toc211784160 \h 8
 HYPERLINK \l "_Toc211784161" 3. Les différents types d’installations de compostage  PAGEREF _Toc211784161 \h 9
 HYPERLINK \l "_Toc211784162" 4. Rapide bilan sur le compostage dans les PED  PAGEREF _Toc211784162 \h 10
 HYPERLINK \l "_Toc211784163" 5. Le fonctionnement d’une unité décentralisée de compostage  PAGEREF _Toc211784163 \h 12
 HYPERLINK \l "_Toc211784164" Comment aborder la mise en place d’un projet de compostage  PAGEREF _Toc211784164 \h 16
 HYPERLINK \l "_Toc211784165" pour qu’il soit pérenne ?  PAGEREF _Toc211784165 \h 16
 HYPERLINK \l "_Toc211784166" 1. Les bonnes questions à se poser au départ  PAGEREF _Toc211784166 \h 17
 HYPERLINK \l "_Toc211784167" 2. La méthodologie proposée  PAGEREF _Toc211784167 \h 19
 HYPERLINK \l "_Toc211784168" 3. Compost : l’étude des besoins et du marché  PAGEREF _Toc211784168 \h 22
 HYPERLINK \l "_Toc211784169" 4. Les gisements de déchets disponibles  PAGEREF _Toc211784169 \h 24
 HYPERLINK \l "_Toc211784170" 5. L’identification des acteurs  PAGEREF _Toc211784170 \h 26
 HYPERLINK \l "_Toc211784171" 6. L’étude du contexte institutionnel et réglementaire  PAGEREF _Toc211784171 \h 27
 HYPERLINK \l "_Toc211784172" 7. Le montage administratif et organisationnel de la structure  PAGEREF _Toc211784172 \h 28
 HYPERLINK \l "_Toc211784173" 8. L’étude d’impact environnemental  PAGEREF _Toc211784173 \h 30
 HYPERLINK \l "_Toc211784174" 9. Le choix de la technologie à mettre en oeuvre  PAGEREF _Toc211784174 \h 32
 HYPERLINK \l "_Toc211784175" 10. Le montage financier : recettes et dépenses potentielles  PAGEREF _Toc211784175 \h 38
 HYPERLINK \l "_Toc211784176" 11. La formation du personnel – Risques et règles d’hygiène et de sécurité  PAGEREF _Toc211784176 \h 40
 HYPERLINK \l "_Toc211784177" 12. Communication, animation, sensibilisation  PAGEREF _Toc211784177 \h 42
 HYPERLINK \l "_Toc211784178" 13. La commercialisation du compost  PAGEREF _Toc211784178 \h 44
 HYPERLINK \l "_Toc211784179" Suivi à mettre en place pour garantir la pérennité de la structure  PAGEREF _Toc211784179 \h 46
 HYPERLINK \l "_Toc211784180" 1. Suivi d’exploitation  PAGEREF _Toc211784180 \h 47
 HYPERLINK \l "_Toc211784181" 2. Suivi technique  PAGEREF _Toc211784181 \h 48
 HYPERLINK \l "_Toc211784182" 3. Suivi financier  PAGEREF _Toc211784182 \h 49
 HYPERLINK \l "_Toc211784183" 4. Suivi environnemental, sanitaire et social  PAGEREF _Toc211784183 \h 50
 HYPERLINK \l "_Toc211784184" 5. Suivi de la qualité du compost  PAGEREF _Toc211784184 \h 51
 HYPERLINK \l "_Toc211784185" 6. Suivi de la commercialisation  PAGEREF _Toc211784185 \h 52
 HYPERLINK \l "_Toc211784186" 7. Suivi de la communication  PAGEREF _Toc211784186 \h 53
 HYPERLINK \l "_Toc211784187" 8. Suivi de la formation  PAGEREF _Toc211784187 \h 54
 HYPERLINK \l "_Toc211784188" En conclusion…  PAGEREF _Toc211784188 \h 55
 HYPERLINK \l "_Toc211784189" Références bibliographiques  PAGEREF _Toc211784189 \h 56
 HYPERLINK \l "_Toc211784190" Annexes  PAGEREF _Toc211784190 \h 59
 HYPERLINK \l "_Toc211784191" Annexe 1  PAGEREF _Toc211784191 \h 60
 HYPERLINK \l "_Toc211784192" Annexe 2  PAGEREF _Toc211784192 \h 61
 HYPERLINK \l "_Toc211784193" Annexe 3  PAGEREF _Toc211784193 \h 62
 HYPERLINK \l "_Toc211784194" Annexe 4  PAGEREF _Toc211784194 \h 63
 HYPERLINK \l "_Toc211784195" Annexe 5  PAGEREF _Toc211784195 \h 64

Contexte et objectif de ce travail

En 2005, l’AUF créait le réseau de chercheurs « Environnement et Développement Durable » qui, dès 2006, faisait paraître son 1er appel à collaborations sur le thème : « Outils d’aide à la décision pour une gestion durable de l’environnement ». Dans le cadre de cet appel, un groupe de scientifiques proposait un projet intitulé : « Gestion des déchets urbains et développement durable : aide au développement du compostage dans les grandes villes du Sud ». Au fil des mois et des échanges, deux évidences apparurent :

Ce projet devait se concrétiser par un guide pratique, élaboré par un groupe d’experts forts de leur expérience mais aussi validé sur le terrain, ce qui dépassait le cadre du projet AUF, limité à 2 années.

La nécessité, pour les experts ainsi réunis, de se rassembler autour d’un réseau consacré à l’aide au montage et au suivi de projets dans les PED, relatifs notamment à la gestion des déchets. Car si le besoin et la volonté de faire étaient bien là, les difficultés auxquelles les porteurs de projets étaient en général confrontés avaient tendance à couper court les initiatives.

C’est ainsi qu’a été créé en juillet 2007 le CEFREPADE, Centre Francophone de Recherche Partenariale sur l’Assainissement, les Déchets et l’Environnement, association de droit français mais à vocation internationale.

Le compostage des déchets urbains est très vite apparu comme le programme prioritaire à mettre en place, permettant d’associer amélioration de la salubrité et donc de la santé, formation et donc éducation, création et formalisation d’emplois et donc lutte contre la pauvreté,… en droite ligne avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement, engagements semble-t-il si difficiles à tenir…

Divers projets d’implantation de plate-formes décentralisées de compostage, au Maroc, en Haïti, au Cameroun, en Algérie, au Burkina Faso, à Madagascar, en Argentine,… pour lesquels le soutien du CEFREPADE est sollicité, devraient bientôt voir le jour. La rédaction d’un guide pratique, présentant une méthodologie d’élaboration et de suivi de projets de compostage, a alors été décidée afin d’assister les porteurs de projets.

C’est cette version de travail que vous avez aujourd’hui entre les mains. Elle a pour vocation d’évoluer au cours des mois et des années qui viennent, pour s’enrichir grâce aux nouvelles expériences acquises et faire ainsi l’objet d’actualisations régulières. Elle sera aussi rapidement illustrée et mise en page de façon plus conviviale.


N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et expériences !



Pascale Naquin
Coordinatrice du CEFREPADE
pascale.naquin@cefrepade.org

 HYPERLINK "http://www.cefrepade.org" www.cefrepade.org

Généralités sur le compost et le compostage

Denis Montange - Emmanuel Ngnikam – Paul Vermande



Le compostage est un mode de stabilisation et de traitement des déchets organiques biodégradables utilisant le processus naturel de décomposition de la matière organique en présence d’air. Une élévation de la température pendant plusieurs semaines, reflet de l’activité de très nombreux microorganismes, permet d’aboutir à un produit final stable (stockage possible et utilisation sur les sols sans impact négatif sur l'environnement) : le compost.
Ce premier chapitre a pour objectif de donner un aperçu général sur le compost et le compostage des déchets ménagers, en particulier dans le contexte des pays en développement.




Au préalable : bien comprendre les effets attendus d’une gestion appropriée de la matière organique dans les sols

Les agriculteurs considèrent généralement qu’un sol riche en matière organique (MO) est un sol fertile, qui donne de bons rendements. Pourquoi ? Peut-on donc résoudre le problème de la fertilisation des cultures en apportant de la matière organique ?

Regardons donc quels sont les intérêts des apports de matière organique dans les sols.

Conservation du stock humique des sols

Pour conserver le stock humique du sol, on peut essayer de limiter la minéralisation (en diminuant par exemple la température du sol par des couvertures végétales mortes ou vivantes). Mais la méthode la plus efficace est d’accroître les apports de MO préhumifiées (composts ou fumiers compostés).
La qualité de la MO apportée est un facteur essentiel du stockage du carbone (C) dans le sol et le rapport C/N (carbone sur azote) de cette MO est un indicateur nécessaire mais pas suffisant pour la caractériser. Des travaux ont montré que des matériaux à C/N élevé, comme par exemple la coque d’arachide compostée, peuvent enrichir sensiblement le sol en C alors qu’à l’inverse, la paille de sorgho, avec un C/N identique mais moins riche en fibres, va induire, une fois incorporée au sol, une minéralisation de la MO et de sa fraction organo-minérale, ce qui conduit à un bilan de C total négatif pour le sol.
L’apport de matières organiques très riches en composés carbonés facilement assimilables ou biodégradables entraîne une surconsommation de l’azote du sol par les microorganismes qui ont alors une grande source d’énergie à leur disposition et utilisent l’azote pour leurs synthèses. Cela entraîne une organisation de l’azote minéral qui ne sera disponible pour les cultures qu’après la mort de ces microorganismes et la minéralisation des corps microbiens (phénomène appelé « faim d’azote »). D’où l’importance du compostage, permettant l’humification préalable de la matière organique.

Nutrition azotée des plantes

La norme française relative aux amendements organiques (NFU 44-051) stipule que le total N+P2O5+K2O doit être inférieur à 7% (avec N< 3%) mais on est généralement plus près de 1 % de N selon les composants du mélange à composter. De plus, seule une partie de l’azote est de nature minérale (30% environ) et donc facilement assimilable par les plantes.
Ainsi, pour compenser les exportations d’azote d’1 hectare de maïs (4 t /ha de grain exportant 64 kg de N), il faut 140 kg d’urée (46% de N) et, avec un compost contenant 0.3% de N, il faut en apporter entre 21 (si N tout minéral) et 64 tonnes (30% de N minéral dans le compost).
Cependant il existe d’autres produits organiques qui sont beaucoup plus riches en azote, comme les fientes de volaille, et qui peuvent être mélangés aux composts de végétaux. Il est difficile de substituer intégralement l’azote minéral par des composts car les quantités à appliquer à l’hectare seraient beaucoup trop importantes. Par contre, les quantités à épandre seront plus réalistes avec des produits plus riches en azote.
En général, l’agriculteur associe dans ses cultures une fumure organique avec de l’engrais azoté pour diminuer les pertes d’azote et améliorer les réserves azotées du sol.

Capacité d’échange cationique des sols (CEC) et agent de chélation

Des travaux portant sur un ensemble de sols d’Afrique de l’Ouest ont montré que la CEC croît en raison inverse de la taille des fractions, les CEC des fractions de la taille des argiles étant toujours les plus élevées ; de plus, c’est bien la teneur en C qui semble partout gouverner les valeurs de la CEC, y compris dans les fractions fines. Ces travaux soulignent que les amendements organiques compostés, ayant un impact sur le contenu de la fraction de la taille des argiles, contribuent au maintien de la CEC du sol. Le degré d’humification des amendements organiques est donc un déterminant primordial de la CEC d’autant plus important que le sol est sableux et que la biodégradation est active.

Structuration du sol et développement racinaire

La présence de matières organiques dans les sols augmente la porosité (et donc l’aération) du sol et favorise de ce fait l’enracinement (action physique). Il est à noter que la MO doit être enfouie car, si elle est incorporée dans les premiers centimètres seulement, elle favorise un enracinement superficiel qui accroît le risque de stress hydrique de la plante en cas de sécheresse. Les apports de MO en surface par les couvertures ont une décomposition lente du fait du faible contact entre les éléments végétaux et le sol qui contient les microorganismes décomposeurs.

Rétention de l’eau dans le sol

La matière organique apportée au sol favorise la résistance à la sécheresse des plantes en agissant à deux niveaux : (1) sur les propriétés du sol pour un meilleur enracinement et (2) avec une capacité de rétention améliorée. En ce qui concerne la rétention de l’eau, les matières organiques présentent un pouvoir de mouillabilité qui varie selon la nature de la MO, mouillabilité qui est un facteur important de régulation de la teneur en eau dans le sol. Plus les matières végétales sont humifiées, plus elles retiennent de l’eau ; à titre d’exemple, la paille retient 250 à 260 kg d’eau par 100 kg ; le fumier, 800 à 850 kg par 100 kg.

Suppression des effets phytotoxiques

Après enfouissement de certains produits organiques peu décomposés comme les pailles par exemple, apparaissent généralement des problèmes de carence en N et/ou de phytotoxicité liés à la libération d’acides-phénols ; par ailleurs, certains précédents culturaux, en particulier le sorgho, peuvent engendrer dans certaines conditions un effet dépressif sur la culture suivante (allélopathie). Le compostage des pailles, dans le premier cas, et l’apport de fumier, dans le deuxième cas, permettent de lever l’effet de ces facteurs limitants.

En conclusion, il est important de connaître la qualité du carbone contenu dans la matière organique : les déchets de bois riches en lignine se décomposeront plus difficilement que les pailles plus riches en cellulose. Il faut distinguer aussi les matières organiques d’origine animale (fientes de poules, fumiers de bovins, lisiers,…) des produits d’origine végétale (composts de déchets verts, pailles, écumes de sucrerie) : les produits animaux sont généralement plus riches en azote minéral que les matières organiques végétales et ont des effets de fertilisation plus rapides mais aussi plus fugaces. L’amélioration de la structure du sol sera moins marquée. Le potentiel humus des produits animaux est très faible. De plus, il faut faire très attention dans l'utilisation des composts contenant des produits d'origine animale, du fait de la pandémie de grippe aviaire par exemple. Attention donc à la traçabilité des produits entrant dans la composition du compost commercialisé.


Les autres bonnes raisons pour faire du compost

Des raisons environnementales

Moins de déchets en décharge
Dans les centres urbains et même les bourgs ruraux, la production de déchets subit une croissance de plus en plus forte et les autorités locales n’ont pas toujours les moyens adéquats pour répondre au besoin de propreté urbaine. Dans certaines grandes villes comme Yaoundé, au Cameroun, la production de déchets atteint déjà un ratio de 1 kg par jour et par habitant [Ngnikam, 2006]. Par ailleurs, la présence massive des fractions fermentescibles dans ces déchets (60 à 90% selon les villes) fait du compostage une méthode appropriée pour leur valorisation. Si le compostage est bien mené, cela permet de réduire le gisement des déchets à transporter et à mettre en décharge. Cette méthode de traitement permet par ailleurs de réduire les dépôts anarchiques des déchets dans les quartiers peu accessibles, dans la mesure où on a l’opportunité de les traiter en amont, dans des sites décentralisés.

Des déchets biologiquement stabilisés
R. T. Haug (1980), cité par Mustin (1987), définit le compostage comme la décomposition biologique et la stabilisation des substrats organiques dans les conditions « thermophiles » : on constate une élévation de la température, reflet de l’activité de très nombreux microorganismes pour aboutir à un produit final stable rendant son stockage possible et permettant son utilisation sur les sols sans impact négatif. Pour cet auteur, le compostage est donc avant tout une technique de stabilisation et de traitement des déchets organiques. On peut aussi le définir comme un processus biologique assurant la décomposition partielle des constituants organiques des déchets en un produit organique stable, riche en composés humiques, le compost.

Moins de gaz à effet de serre
Le compostage des ordures ménagères se fait par biodégradation des déchets fermentescibles en présence d’oxygène. Cette dégradation aérobie, contrairement à la fermentation anaérobie dans les décharges, ne produit pas de méthane. La dégradation aérobie de la matière organique produit de la vapeur d’eau, du gaz carbonique (émission compensée par la quantité de CO2 consommée par les plantes lors de la photosynthèse) et de la chaleur. Une partie de l’azote organique et minéral est convertie en azote gazeux mais ce dernier n’étant pas un gaz à effet de serre, il n’a pas d’effet sur le réchauffement global. Par rapport à la mise en décharge, le compostage permet donc de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans les conditions de la ville de Yaoundé, les travaux de Ngnikam ont montré que le compostage, par rapport à la mise en décharge classique, permet une réduction de 1,77 t ECO2 (équivalent CO2) par tonne d’ordure ménagère traitée [Ngnikam et al, 2002].

Des raisons économiques.

Plus de rendement pour les cultures, moins d’engrais
Bien qu’en faibles quantités, le compost apporte des éléments minéraux aux plantes. Couplé aux effets positifs de la matière organique, cela permet d’améliorer le rendement des cultures. Des essais d’ajout de compost sur des cultures ont montré, en fonction des sites, une amélioration du rendement pouvant aller de 50 jusqu’à 100%. Cette amélioration des rendements permet d’augmenter les revenus des agriculteurs et de réduire les efforts à déployer pour le défrichement de nouvelles terres agricoles.
Par ailleurs, le compost ayant la potentialité d’augmenter la capacité de fixation des éléments fertilisants apportés par les engrais, permet ainsi de réduire la quantité totale nécessaire pour une culture.

Des emplois créés
Les besoins en main d’œuvre pour la gestion des déchets est fonction du type de traitement et du degré de mécanisation. Le compostage artisanal, méthode de traitement la plus pourvoyeuse en main d’œuvre, permet de créer trois emplois par tonne/jour de déchets traités (sans compter les emplois créés pendant la phase d’utilisation du compost dans les champs). Il s’agit ici d’une main d’œuvre non qualifiée, constituée de manœuvres non spécialisés. Cela peut ainsi constituer une des solutions au problème d’emploi des jeunes dans les grandes villes et leurs périphéries. Par rapport à la mise en décharge, le compostage même industriel permet de créer sept fois plus d’emplois par tonne de déchets traités.

Les différents types d’installations de compostage

Le compostage à petite échelle ou compostage artisanal

Plusieurs techniques de compostage à petite échelle ont été utilisées, surtout dans les villes des pays en développement. Quelle que soit la méthode, les unités de compostage artisanal utilisent exclusivement des matériels légers (brouette, pelle, fourche, machette, etc.), ce qui réduit les besoins en maintenance. La faible productivité de ces systèmes ne permet de traiter que des quantités limitées de déchets. Le compostage en andain retourné semble être bien adapté à cause des contraintes d’espace souvent rencontrées en milieu urbain.

Les installations semi industrielles

Ces installations sont des adaptations des procédés artisanaux. Ce sont en réalité des installations semi mécanisées qui ont une capacité de traitement plus importante que des unités artisanales. En effet, avec ce procédé, on peut atteindre une capacité de traitement de 50 tonnes d’ordures ménagères par jour. Lorsque les déchets non fermentescibles récupérés peuvent trouver des débouchés sur le marché local, ces installations servent aussi de centres de tri.
Ces installations sont souvent caractérisées par :
la mécanisation des postes de réception et de transport interne des déchets (manutention par des chargeurs sur pneus ou par des grappins, puis transport par tapis roulants) ;
le tri manuel des déchets non fermentescibles ;
la fermentation en andain retourné manuellement ou par des chargeurs sur pneus. Le criblage du compost final se fait à l’aide d’un crible manuel ou électrique.
L’autre caractéristique de ces installations est l’utilisation d’une main d’œuvre importante, surtout au poste de tri qui emploie en général plus des deux tiers du personnel de l’usine [G. Bertolini (1996)]. Ce système ne peut donc être envisagé que là où la main d’œuvre est bon marché.

Le compostage industriel
D'une manière générale, on distingue deux grandes catégories d'installations industrielles de compostage suivant la technique de fermentation utilisée :
Une fermentation qui s'effectue en andains successifs sur une surface plane, le plus souvent à l'abri de la pluie et du vent. Dans ce système, l'apport de l'air est fait par retournements successifs de la masse ou par aération forcée [Mustin (1987) et Gillet (1985)].
Une fermentation en système fermé, où il est possible de contrôler les paramètres comme le débit d'air, l'humidité, etc. Les retournements sont remplacés par un brassage permanent ou intermittent des déchets.
Dans certains cas, un broyage est effectué presque au début de la chaîne de traitement. Cela présente l'inconvénient majeur que les éléments indésirables peuvent être broyés et dispersés dans la masse des déchets, ce qui rend leur tri très difficile après cette opération (verre ou plastique par exemple). Bien plus, il y a un risque de diffusion des métaux lourds dans la matière organique à composter, notamment après éclatement des piles et des batteries. Cette pratique est à proscrire absolument lorsqu’on travaille sur ordures ménagères en mélange.
Ces procédés de traitement ne sont souvent pas adaptés à la nature des déchets des villes africaines très humides ou très riches en sable comme c’est le cas des villes côtières et sahéliennes. Plusieurs auteurs s'accordent sur le fait que les usines de compostage installées dans les villes africaines n'ont pas fonctionné plus de 6 ans après leur mise en place. Ce bilan est attribuable en premier lieu à une inadéquation des procédés aux spécificités des ordures ménagères et en second lieu à l'absence d'études de marché préalables à l’utilisation du compost. Enfin, la maintenance et le suivi technique sont en général insuffisants [Rajaomanana (1996) ; Wass et al (1996) et Gillet (1985)].

Rapide bilan sur le compostage dans les PED

Il ne s’agit pas ici de présenter les opérations passées ou actuelles de manière exhaustive, mais de s’arrêter sur quelques exemples caractéristiques.
Les unités décentralisées : exemple du Cameroun
Pour répondre à la crise de gestion des déchets qu’ont connu les principales villes du Cameroun entre 1991 et 1998, diverses expériences de compostage artisanal ont été initiées dans les villes du pays [CIPCRE, 1997], [CPSS et AFVP, 1997], [Ndoumbe et al, 1995]. L’initiative est venue de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique en 1992, où à partir d’un site pilote réalisé au sein du campus, des essais de compostage ont été menés, permettant ainsi une bonne maîtrise des paramètres techniques et scientifiques, indispensable pour le développement du système [Ngnikam et al, 1993]. Les autres expériences ont été développées par les ONG d’abord dans le quartier Messa Carrière à Yaoundé. Cette expérience, qui s’est fondée sur la participation financière des populations, a été très fructueuse. En effet, dans un délai assez court, les partenaires du projet sont parvenus à atteindre l’un des objectifs de l’opération à savoir le recrutement de 4 jeunes rémunérés à 20 000 FCFA/mois pour 4 heures de travail par jour. Cette somme était supportée par la population dont les déchets étaient collectés et traités dans la compostière. Chaque ménage bénéficiaire payait une somme forfaitaire de 200 FCFA par mois (0,30 Euro) [Ndoumbe et al, 1995]. En 1995, la ville de Yaoundé comptait 15 sites de compostage mis en place avec l’appui de divers bailleurs de fonds dont le PNUD et la Coopération française. Après Yaoundé, des projets de compostage ont été développés à Bafoussam où huit sites de compostage ont été installés, puis à Bafang, Nkongsamba, Garoua et enfin Maroua en 2004.
En dehors de quatre sites à Bafoussam et de Maroua, toutes les expériences de compostage ci-dessus n’ont pas survécu longtemps après l’arrêt des subventions des bailleurs de fonds qui avaient permis leur mise en œuvre. Les facteurs ayant contribué à l’arrêt de ces projets ont été :
La courte durée de financement, n’ayant pas permis la consolidation du projet sur le terrain.
L’inadéquation entre le coût de production et les prix de vente du compost dans certaines localités. La perte observée était de 12 000 FCFA par tonne de déchet traité à Bafoussam, où toute la production annuelle de compost était vendue, mais où l’activité était déficitaire à cause des charges de fonctionnement élevées.
L’insuffisance, dans le cas de Yaoundé, de la surface agricole susceptible d’utiliser le compost issu des sites de compostage. En effet, à Yaoundé, le coût de production du compost (6300 FCFA/tonne d’ordure) était inférieur au prix de vente (7500 FCFA/tonne) [Ngnikam, 2000]. Le problème d’écoulement du compost a été l’un des facteurs d’échec (8 tonnes écoulées par mois contre une production de 180 tonnes par mois) [Ngnikam et al, 1998]. Ce décalage était aussi dû aux conditions climatiques de Yaoundé. En effet, le broyage du compost ne pouvait se faire en saison des pluies à cause de l’humidité ; de ce fait, les opérations de broyage et de vente étaient concentrées uniquement sur trois mois de l’année (de janvier à mars) [Ngnikam et al, 1998].
Le manque de soutien de la part des autorités municipales.
La mise en place par l'Etat d'un programme de collecte de déchets à haute intensité de main d'œuvre (le Programme Social d'Urgence) qui ramassait les déchets sans demander de contrepartie financière aux ménages a été l'une des causes d'arrêt des activités de compostage artisanal à Yaoundé.

Les unités industrielles

Dans les P.E.D, les usines de compostage présentent souvent des technologies provenant des pays industrialisés, sans aucune adaptation aux conditions locales.

En considérant les informations tirées de la bibliographie et celles de l’analyse des procédés de compostage dans les P.E.D, il apparaît que les réacteurs verticaux ou horizontaux sont peu employés et présentent deux inconvénients majeurs : un investissement élevé et une utilisation d’équipements sophistiqués posant des problèmes de maintenance. Les deux procédés fréquemment rencontrés sont la mise en andains et le tube rotatif. La première solution doit être différenciée de la mise en andain traditionnelle à petite échelle, action réalisée par les O.N.G ou les associations de quartiers. A une échelle industrielle, l’apport d’air se fait par retournement mécanisé ou par aération forcée. La main d’œuvre nécessaire est abondante pour conduire ces différents équipements. Le procédé en andain est généralement plus long que la fermentation accélérée en tube rotatif, qui conditionne mieux le déchet pour le traitement via un meilleur déchiquetage et une homogénéisation complète des déchets.

La chaîne de traitement est très complexe, du fait du grand nombre d’étapes et des multiples méthodes de fermentation. Cette diversité permet certes l’adaptation de cette filière à tous les déchets biodégradables, mais elle demeure une difficulté dans le choix de la chaîne de production de compost la mieux adaptée aux conditions locales dans les villes des P.E.D.

L’analyse du fonctionnement de ces usines montre que les dysfonctionnements qui apparaissent sont d’origines diverses : difficultés de commercialisation du compost (compost qui, de plus, est souvent de mauvaise qualité), qui obligent l’usine à fonctionner en régime intermittent, problèmes de renouvellement des équipements lors de pannes (pour des raisons économiques ou car le personnel n’a pas les moyens techniques ou les compétences pour intervenir), odeurs nauséabondes,… Les causes de dysfonctionnements ou d’arrêts d’usines ne sont pas toujours spécifiques aux procédés de fermentation employés, ni aux pays concernés. En effet, certaines causes comme des problèmes politiques ou des difficultés de commercialisation sont liées au contexte socio-économique du lieu d’implantation de l’usine [Zurbrugg (2003 b)]. Il est évidemment nécessaire de les minimiser, notamment en réalisant une étude de marché concernant les débouchés du compost [Grossman, 2004].

Des unités de compostage industriel ont été installées par exemple :
A l’Ile Maurice où l’usine d’une capacité de 40 tonnes/jour construite en 1965 a arrêté ses activités en 1970 à cause de la mévente du compost, non pas par manque de débouchés mais en raison de la qualité de celui-ci. Le manque d’études préalables était à l’origine de cet échec [Colardeau (1976)].
Au Sénégal, une usine a été installée à Dakar en 1968 et a fermé deux ans plus tard. La présence de sable dans les ordures a altéré les broyeurs pour lesquels il n’y avait pas de pièces de rechange.
Au Brésil, certaines unités de compostage ont résisté plus longtemps, à cause d’une recherche permanente de qualité/prix et d’une publicité soutenue auprès des utilisateurs de compost. L’usine de Sao-Paulo par exemple a multiplié ses résultats de vente par six entre 1978 et 1988, en réduisant le prix de vente du compost de 22 à 5 $ la tonne et en faisant une publicité auprès des cultivateurs [Guaraldo (1987)] cité par [Rajaomanana (1996)].
Dans les usines de compostage d'ordures ménagères implantées dans les pays en développement, outre les problèmes d'exploitation et les problèmes techniques, c'est la mévente du compost qui constitue l'une des raisons essentielles de l'échec de ces usines.


Le fonctionnement d’une unité décentralisée de compostage

Une unité décentralisée de compostage est une unité artisanale, gérée par une association locale, les habitants d’un quartier ou une petite municipalité, impliquant fortement les populations concernées. C’est à ce type d’unité qu’est consacré ce guide pratique.

Le chapitre suivant traitera de tout ce qu’il faut faire pour se donner les plus grandes chances de réussite. Mais avant cela, il est important de savoir comment fonctionne une unité artisanale de compostage.

Reconnaissance d’un espace pour installer l’unité

La dimension de l’espace dépendra des quantités de substrats à traiter (voir les chapitres suivants). Cependant on peut dire qu’au minimum 400 m2 sont nécessaires pour traiter entre 500 et 1000 kilos de déchets par jour.
L’unité de compostage devra être protégée par une clôture pour que les animaux ne viennent pas y divaguer et s’alimenter.
Il est indispensable d’avoir accès à un point d’eau à proximité, pour pouvoir arroser le compost en cours de fermentation durant les périodes sèches.
Enfin il est recommandé d’avoir un terrain bénéficiant d’un peu d’ombre pendant une partie de la journée pour éviter une évaporation trop forte et pour le bien-être des ouvriers.
Il faut prévoir que des liquides pourront s’échapper des tas de compost en fermentation (on les appelle des lixiviats) et qu’il faut éviter qu’ils contaminent le sol ou les eaux disponibles à proximité (ruisseaux, nappe phréatique,…) : pour cela, on peut mettre de grandes feuilles de plastique en dessous des tas, faire un système de rigoles pour récupérer ces liquides qui ruisselleront.

Tri des substrats à composter

Il est relativement facile de composter des substrats issus des végétaux et qui sont totalement organiques : les déchets verts de jardinage et d’élagage des arbustes, les résidus de cultures agricoles, les déchets des marchés…
Mais le plus souvent, les unités de compostage doivent traiter des ordures ménagères. Il est indispensable alors d’éliminer au maximum les substances qui ne sont pas des matières fermentescibles et sont indésirables dans un compost : ce sont principalement les matières plastiques, les objets en verre, les métaux, les matériaux minéraux grossiers, les produits chimiques, les piles et accus… On peut laisser du papier et du carton à condition de les fragmenter en morceaux de faibles dimensions (ils permettent d’absorber une partie de l’eau s’il y en a trop). Un bon compost ne doit pas avoir de verre, ni de matières plastiques pour être bien accepté par les agriculteurs. Les matériaux indésirables sont mis en tas dans un coin de la compostière et évacués régulièrement vers une décharge ou un centre d’enfouissement technique. Les matériaux dangereux (batteries, piles, peintures, déchets médicaux,…) doivent être stockés dans des conditions sécurisées. Certains matériaux peuvent être valorisés lorsque les filières locales existent.
En vue d’établir le bilan matière, les matières fermentescibles sont pesées dans de grands récipients (poubelles ou bidons) et les poids sont notés sur un cahier de suivi de la compostière. A défaut de bascule, on peut aussi compter le nombre de récipients déversés, récipients dont on mesurera le volume et que l’on pèsera à vide et à plein au moins au démarrage pour avoir une idée de la masse moyenne de matière contenue dans chacun d’entre eux
En première approximation, une tonne de matière organique donne, après compostage, 330 kg de compost à 30% d’humidité (le tiers du poids initial).

Confection des andains et suivi du processus de compostage

Les matières fermentescibles triées sont mises en tas de 1,5 à 2 m de hauteur que l’on appelle des andains. Les andains peuvent être ronds, en forme de cônes ou allongés sur toute la longueur de l’espace.
Le mieux est de constituer ces tas par couches successives, séparées éventuellement par des branchages ou des copeaux de bois qui auront pour rôle de faciliter la circulation de l’air à l’intérieur du tas. (rappelons que le compostage est une fermentation aérobie qui nécessite que l’air puisse oxyder la MO facilement dégradable). Si les substrats mis en tas ou en andains se compriment facilement, la présence de branchages est indispensable, mais s’ils contiennent suffisamment d’éléments structurants (pailles, tiges, éléments ligneux…), on se contente d’empiler les substrats jusqu’à la hauteur désirée.
L’oxydation des substances organiques facilement biodégradables résulte de la consommation de ces substances par des microorganismes, présents naturellement dans ces substrats-déchets. Leur respiration produit du gaz carbonique et dégage de la chaleur exactement comme pour l’activité humaine. On peut voir de la vapeur d’eau se dégager des tas si ceux-ci sont suffisamment importants.

La reproduction et la multiplication de ces micro-organismes se font à des vitesses très rapides. Ceci nécessite la présence de substances azotées. Il faudra donc veiller à apporter suffisamment d’azote dans le tas de déchets à composter, éventuellement par des déjections animales ou des restes de nourriture.

Contrôles à effectuer

L’humidité des substrats doit toujours être d’environ 50% pendant la fermentation pour que les micro-organismes puissent vivre, consommer la matière organique facilement dégradable et se reproduire. Les déchets frais ont souvent une humidité supérieure : il faut veiller à ce que l’aération puisse bien avoir lieu, sinon on aurait une fermentation anaérobie qui produirait des mauvaises odeurs.

Il faut mesurer la température tous les 2 ou 3 jours avec un thermomètre ou une canne thermométrique en métal reliée à un lecteur numérique (échelle de 10 à 100°C) et établir la courbe d’échauffement. Celle-ci doit avoir à peu près l’allure de la courbe donnée ci-après. Pour obtenir une bonne hygiénisation du compost, pour qu’il ne contienne plus de bactéries pathogènes susceptibles de donner des maladies ni de graines donnant naissance à des mauvaises herbes, il faut que la température de l’andain reste supérieure à 65°C pendant au moins 5 jours entre la première et la deuxième semaine. La période de stabilisation ou de maturation du compost va se faire à une température voisine de 35°C pendant quelques semaines (voir l’allure générale de la courbe d’évolution de température au cœur d’un andain ci-dessous).






















Pour un suivi scientifique minimal :

- Prendre un échantillon représentatif (environ 100 g) et déterminer l’humidité au laboratoire par chauffage à l’étuve à 105 °C jusqu’à poids constant (pesées avant et après le chauffage).
- Détermination de la matière organique totale : prendre un échantillon représentatif d’environ 10 g (celui qui a servi à déterminer l’humidité par exemple) et le calciner à 550°C pendant 4 heures (pesée avant et après la combustion).
- Déterminer le pH du substrat en mettant une quantité (environ 50 grammes de matières fraîches) dans 100 ml d’eau distillée. Faire 3 mesures de pH. Suivre l’évolution du pH au cours de la fermentation. Il doit toujours rester proche de la neutralité, donc de la valeur 7.

Ces déterminations sont indispensables pour le démarrage d’un essai et pour tout nouveau substrat utilisé.
Elles pourront être renouvelées à plusieurs stades de la fermentation.

Retournement des andains

Il faut retourner les andains au moins 4 fois tout au long de la fabrication du compost qui durera 3 à 4 mois sous un climat chaud : 3 fois pendant les 2 mois de fermentation à température élevée puis une fois au cours des 2 mois de maturation (NB : pour certains substrats comme les restes de cuisine, très rapidement biodégradables, 3 retournements sont nécessaires au cours du 1er mois). On le fera en s’efforçant à chaque fois de mettre au centre du tas la fraction de substrat qui était à l’extérieur, pour que l’oxygénation soit la plus complète possible et atteindre un bon niveau de stabilisation.
La maturation n’est pas nécessaire pour les composts qui seront utilisés en arboriculture. Elle est par contre indispensable pour les cultures de légumes et de fleurs, sinon leur croissance sera perturbée (rapide au début, on observe ensuite un affaiblissement de la plante).
Lors d’un retournement, il est possible de faire des contrôles, notamment de l’humidité. Il faut noter que la température va remonter après le premier ou le deuxième retournement.

Tamisage

Le compost avant l’utilisation peut être tamisé à une maille de 10 mm environ , surtout s’il fait l’objet d’une commercialisation ou d’une utilisation dans des pots de fleurs. Le refus de tamisage, c'est-à-dire la fraction qui ne passe pas à travers le tamis ou le grillage, peut être ré-introduit sur un nouveau tas de compost dont il favorisera la fermentation par ensemencement des micro-organismes qui sont encore présents sur ces refus.
Si on dispose d’un broyeur et surtout si on veut commercialiser le produit obtenu, il est conseillé de soumettre le compost mûr à une opération de broyage : celle-ci permettra de n’avoir pratiquement plus de refus au tamisage et elle donnera un aspect très fin au produit final. Par contre, cela n’est possible qu’en absence de plastiques.

Utilisation du compost

Il est recommandé de faire à proximité immédiate du site de compostage un jardin de démonstration pour montrer les performances obtenues avec le compost mature. En général les visiteurs ou les acheteurs potentiels du compost sont assez intéressés par un tel jardin où l’on peut planter aussi bien des légumes que des fleurs sans utiliser d’engrais ou très peu ; des comparaisons sont possibles dans ces démonstrations en aménageant aussi des plates-bandes témoins sans compost et d’autres avec une fertilisation minérale recommandée.

Les quantités à mettre varient beaucoup : depuis 1 kg jusqu’à 10 kg par m2 selon l’usage (voir les ouvrages spécialisés pour cela ou demander conseil à des agronomes).
Pour la commercialisation du compost il est recommandé de le vendre à proximité immédiate du lieu de fabrication compte tenu du coût du transport et du fait que sa valeur marchande n’est pas très élevée (teneurs faibles en éléments fertilisants N, P et K). Mais il possible de s’associer ou de le vendre à des marchands d’engrais pour en faire un produit à plus forte valeur commerciale.

Quelques contraintes et difficultés

Organisation et encombrement de l’espace : il est indispensable de bien organiser l’espace dans l’unité de compostage. Une surface bien délimitée doit être réservée aux refus, c'est-à-dire tout ce qui n’est pas susceptible d’être composté. Le tri des matières plastiques, celui des cartons et des papiers ou encore du verre, peut donner lieu à des actions rémunératrices de récupération si des entreprises sont présentes dans le secteur. Les refus sont évacués régulièrement ou dès qu’une gêne apparaîtra.
Un abri sécurisé doit être installé soit sur le site soit à proximité pour recevoir les outils, les vêtements, les documents nécessaires pour suivre le bon fonctionnement de l’unité de compostage.
Le tri des déchets urbains est long, difficile et fatigant : pour éviter de le faire sur le sol, il est utile de mettre en place un plateau solidement implanté d’une hauteur de 1,2 m environ, d’une largeur de 0,8 à 1 m et d’une longueur variable suivant le nombre de travailleurs ; cela permet le tri les déchets en gardant la station debout. Les employés à ce poste ne devraient pas travailler plus de 5 heures par jour ou permuter sur d’autres tâches. Il faut également essayer de travailler à l’ombre (choisir un terrain arboré, mettre des ombrières ou planter des arbres à croissance rapide).
Attention aux animaux en divagation (nécessité d’une clôture), aux serpents qui viennent se chauffer dans le compost en cours de maturation, aux insectes que l’on n’élimine jamais complètement mais que de bons retournements éloignent.
Les grosses pluies risquent de modifier le processus du compostage et de lessiver le compost. Pour éviter cela, on peut mettre de grandes feuilles de bananiers dans les pays où il y en a (elles peuvent servir aussi à faire de l’ombre sur les tas) ou prendre tout simplement des feuilles en matière plastique et les étendre sur les andains quand les pluies arrivent.


Comment aborder la mise en place d’un projet de compostage
pour qu’il soit pérenne ?

Rémy Bayard – Mustapha Brakez - Anie Bras - Evens Emmanuel - Guy Matejka - Denis Montange - Bernard Morvan - Valentin Mouafo - Emmanuel Ngnikam - Pascale Naquin - Hery Rajaomanana
Emilienne Rasoanandrasana - Roger Tchuente - Samuel Yonkeu - Sandrine Kayap



La création et la gestion d’installations artisanales de compostage dans une stratégie de lutte contre la pauvreté impliquent préalablement un travail d’étude de faisabilité. Ce travail renvoie aussi bien aux domaines classiques de développement urbain (analyse des institutions locales, sociologie, urbanisme, assainissement, etc.) qu’aux domaines de la gestion d’entreprises (marketing, production, organisation, gestion, finances, etc.).

Le compostage pratiqué à l’échelle artisanale garde encore une dimension écologique et sociale susceptible de motiver de nombreux acteurs parmi lesquels les ONG et les groupes de la base. La rentabilité aléatoire et les risques financiers de la filière du compostage qui font encore que peu d’entrepreneurs privés osent s’y lancer tout au moins seuls, ne doivent nullement constituer une entrave majeure.

Malgré les expériences du passé, les perspectives de développement du compostage comme filière de gestion des ordures ménagères et de promotion de développement durable restent bonnes dans les pays en développement. L’environnement actuel commande tout simplement la prise en compte de l’émergence de nouvelles formes de collaboration entre les municipalités, la société civile et les petits opérateurs formels/informels.

Ce chapitre se veut un outil destiné aux porteurs de projets, pour qu’ils aient tous les éléments leur permettant de mettre en place un projet de compostage pérenne.


Les bonnes questions à se poser au départ

le montage et la mise en œuvre d’un projet de compostage, comme tout autre projet de développement, mérite qu’on s’assure de sa durabilité. Les réponses à quelques questions clés que nous avons identifiées ici permettront aux porteurs de projets de s’assurer qu’ils répondent à un besoin réel et qu’ils seront durables. Les questions sont répertoriées à chaque étape de la vie d’un projet :
Avant le montage;
Pendant le montage du projet ;
Pendant la mise en œuvre du projet.

Etape 1 : Avant le montage du projet

Question n°1 : Qui est le porteur du projet ? Quelles sont les institutions et/ou personnes à impliquer dans le projet ?

Il s’agira à travers cette question d’analyser les différentes parties prenantes : le promoteur du projet, les partenaires, les associés, les bénéficiaires, afin de préciser clairement le rôle de chacun pendant la phase de montage du projet et de sa mise en œuvre.
Voici quelques éléments subsidiaires qui pourront aider au choix des parties prenantes à cette étape de réflexion :
Définir la représentativité des différents interlocuteurs et déterminer s’ils sont des acteurs aptes à prendre des décisions en matière de gestion des déchets ;
Vérifier si la préoccupation du porteur correspond bien à un enjeu national ou local ;
Vérifier si cette idée de projet correspond à une priorité pour le développement de la ville ou de la région.

Question n°2 : Quels sont les besoins prioritaires auxquels pourra répondre le futur projet ?
Une unité de compostage pourra répondre à un besoin de dépollution : dans ce cas la rentabilité de l’unité peut se mesurer uniquement par rapport au tonnage des déchets traités dans les conditions techniques et environnementales acceptables ;
Une unité de compostage pourra aussi répondre à un besoin d’amendement organique et d’autres produits valorisables : dans ce cas, son montage financier devra s’appuyer sur une étude économique classique ;
Une unité de compostage pourra aussi répondre à un double objectif de dépollution et de production d’amendement organique.

Question n°3 : Comment le projet s’articule t-il avec la politique nationale de gestion des déchets ?
Il faut étudier l’articulation du projet avec la politique ou stratégie nationale de gestion des déchets si elles existent. Sinon, vérifier si le projet est en adéquation avec le plan de développement municipal ou régional.

Question n°4 : Quelle sera la taille de l’unité ?
La taille de l’unité sera retenue en fonction des besoins d’amendement organique à couvrir ou des quantités de déchets à traiter si l’objectif de dépollution est privilégié. Dans tous les cas, il faut faire un compromis entre les besoins en amendement organique et l’objectif de dépollution qui est souvent privilégié par les élus locaux. On peut envisager de créer, à la place d’une seule unité centralisée, un certain nombre de petites unités dans différents points de la zone de production de déchets. Cela peut permettre aussi la prise en compte des coûts d’approche des matières organiques dans le coût total du traitement.

Question n°5 : Comment choisir le type de matériel ?
Le choix du type de matériel est fonction de la taille de l’unité, du niveau de développement technologique local et de la nature des déchets en présence. Le promoteur du projet devra s’assurer qu’il existe une filière d’approvisionnement en pièces détachées pour les matériels choisis et qu’il existe des personnels dans la région ou le pays capables d’assurer la maintenance des équipements retenus.

Question n°6 : Quel sera le coût de ce service ?
Quel que soit l’objectif visé par le projet, il faut avoir une maîtrise du coût du service en vue d’avoir les éléments pour l’évaluation de la rentabilité économique et financière. De la couverture du coût de service par les parties prenantes dépendra la durabilité du projet. A cette étape, il faut tenir compte des amortissements et des charges d’exploitation :
L’amortissement des investissements est variable en fonction du type d’équipement à mettre en place et du montage administratif envisagé (régie directe, affermage, concession, etc…) ;
Les charges d’exploitation doivent prendre en compte : les charges fixes (salaires, assurances, etc.) et les charges variables (consommables, maintenance, frais généraux, etc.).

Question n°7 : Quelles sont les recettes potentielles?
La vente des matières recyclables est-elle possible, et si oui, quelle pourra être son importance dans la trésorerie de l’entreprise ?
La vente de compost : à quel prix ? Pour couvrir quel besoin ? Quelle est la norme de qualité exigée par les consommateurs ?
L’économie potentielle réalisée dans la collecte et le transport (on évite notamment à la collectivité le transport de la matière organique vers la décharge, souvent éloignée) pourra-t-elle être intégrée dans la trésorerie de l’unité ? Si oui, de quelle manière ?
Pourra-t-on tenir compte des coûts de dépollution (gaz à effet de serre non émis ?).


Etape 2 : Pendant le montage du projet


Question n°8 : Quels sont les éléments économiques à prendre en compte ?
Comment le service de collecte est-il effectué et avec quel budget ?
Existe-t-il un marché pour le compost dans la région ?
Ce marché est-il rentable ? Est-il durable ?
Quels pourront être les freins au développement du marché de compost ou de produits valorisables ?
Quelle est l’influence des facteurs extérieurs sur l’évolution de ce marché (saisons, autres évènements…) ?

Question n°9 : Quels sont les éléments à prendre en compte dans le montage financier ?
Quelles formes d’amortissement utiliser (technique ou financier) ?
Doit-on prendre en compte les coûts indirects de dépollution dans l’analyse ?
Le projet permet-il de réaliser des économies dans la collecte et le transport des déchets ?


Question n°10 : Quel partenariat développer ?
Partenariat public / privé ?
Partenariat public / public ?
Montage entièrement privé ?



La méthodologie proposée


Un projet de compostage ne peut réussir que s’il est mené avec méthode, en prenant bien en compte tout ce qui peut influer sur sa réussite. Voici ici résumées les grandes lignes de la démarche méthodologique que nous proposons et qui feront l’objet ensuite d’un développement plus approfondi.

Les conditions de départ à rassembler

Un contexte initial propice :
Volonté locale et non projet imposé
Atmosphère saine entre les acteurs

Une volonté et un appui politiques
Parce qu’il s’agit de mettre en place un outil de service public
Parce que la responsabilité incombe aux pouvoirs publics qui doivent veiller au bon déroulement de toute la chaîne
Parce c’est aux manques de volonté et d’appui politiques que beaucoup d’échecs sont à imputer

Des compétences diverses
Parce que le problème est complexe
Parce que, qui dit durable, dit a minima économiquement soutenable, socialement équitable et acceptable pour l’environnement

Des étapes à respecter
Parce qu’elles sont interdépendantes et que de la réponse à une question dépend la suite de la démarche

Les étapes à respecter

Nous avons résumé ci-dessous, un peu comme dans un pense-bête, les différentes étapes nécessaires. Ces étapes sont ensuite présentées en détail dans les chapitres suivants.

L’analyse du besoin en compost
Besoins des sols (végétalisation, lutte contre l’érosion, amélioration de la rétention en eau).
Besoins pour l’agriculture (types de cultures, surfaces exploitées, amendements et engrais utilisés).
Étude de marché détaillée : quelles qualités, quelles quantités, pour qui et à quel prix ?

L’analyse des gisements de déchets disponibles (nature, quantités, localisation, modes de collecte)
• Déchets ménagers : Étude approfondie indispensable de leur composition par type d’habitat ou niveau socio-économique : teneur en matière fermentescible (peut varier de 5 à 80%), en matières potentiellement recyclables, en éléments indésirables (déchets dangereux des ménages et des entreprises, déchets inertes comme le sable). Étude des quantités produites par habitant et par type d’habitat. Organisation de la collecte, mode de traitement et d’élimination.
• Autres gisements de déchets organiques produits sur le secteur et devenir : déchets de l’agriculture et de l’élevage, déchets des industries agro-alimentaires,…
• Autres déchets produits sur le secteur et devenir (cela permet de savoir s’il y a un risque de contamination par des déchets autres lors de la collecte).

L’identification des acteurs et de leurs rôles
•Acteurs publics : organismes chargés des déchets et de l’agriculture (ministères, syndicats, organismes publics), collectivités territoriales, centres de recherche, laboratoires, éventuels bailleurs de fonds.
• Acteurs privés : entreprises de collecte et de traitement, ONG (locales, nationales, internationales), centres de recherche, laboratoires, bureaux d’études.

Associer dès le départ pour chaque volet les acteurs susceptibles de devenir des partenaires: c’est la meilleure garantie que l’on pensera à tout et cela permet de se répartir le travail.

Le montage de la structure : aspects administratifs, réglementaires, économiques, techniques et sociaux
Bien planifier cette phase. Se fixer des objectifs, des délais, sinon elle dure vite très longtemps.

Aspects administratifs et réglementaires
Connaître les possibilités offertes en fonction du pays, les avantages et inconvénients de chaque type de structure.
Connaître la réglementation applicable en matière de gestion des déchets et d’utilisation d’amendements organiques .

Aspects économiques
Réfléchir très en amont au montage financier (plusieurs options possibles).
Établir la trame du budget prévisionnel de l’opération : besoins en investissement et en fonctionnement, liste des postes à envisager de recettes et de dépenses.
Actualiser ce budget au fur et à mesure de l’avancement du projet (conséquences des choix faits).

Aspects techniques
En fonction du débouché réaliste du compost (t/an) : nature et quantité des déchets pris en charge (t/j) : déchets ménagers, en mélange ou collecte sélective des biodéchets ; autres déchets organiques
(( besoin ou non de broyeurs selon leur nature).
Choix d’une technologie adaptée (différente si 5 ou 50 t/j ; mécanisation plus ou moins poussée).
Devenir des fractions non compostables : élimination en décharge ou valorisation partielle envisagée (mode de tri ?) ?

Aspects sociaux
Nombre d’emplois nécessaires (responsables, ouvriers).
Niveaux de qualification pré-requis, besoins de formation.
Prise en compte du secteur informel (coopération, intégration ?).
Choix de la nature des contrats de travail.
Règles d’hygiène et sécurité, conditions de travail.

La communication, la sensibilisation, la formation

Quelles cibles ?
Personnel : prévoir les modules de formation nécessaires.
Agriculteurs, pépiniéristes, paysagistes,… : sensibiliser les futurs utilisateurs du compost.
Grand public : les sensibiliser, surtout si leur collaboration est nécessaire (tri en amont, précollecte,…).
Riverains des centres de regroupement et de traitement : présenter le projet pour anticiper les problèmes et prévoir les mesures compensatoires liées aux nuisances possibles.
Enfants, pour préparer l’avenir.

Quels moyens ?
Formation après le recrutement.
Parcelles témoin (avec et sans compost, avec d’autres amendements) ; vente de petits plants en pots ; diffusion des informations scientifiques et techniques (qualité des composts, influence sur les rendements, doses appliquées,…) : pour cela, une expérience pilote préalable, ouverte aux visites, peut être menée sur une petite quantité de déchets (appui possible sur un lycée agricole).
Réunions de quartiers, interventions dans les écoles.
Presse, radio, télévision locale.
Prévoir le suivi à long terme

Il ne doit pas y avoir de projet et d’objectifs visés, sans très rapidement une première évaluation des objectifs atteints pour un éventuel recadrage et un suivi permanent pour éviter les dérives.

Comité de suivi associant toutes les parties prenantes pour évaluer les résultats tous les 6 mois puis tous les ans.
Des bilans : technique, financier, social, environnemental et sanitaire.
Un suivi permanent de la qualité du compost et des essais sur parcelles
Un suivi en terme de sensibilisation et de communication, pour améliorer le système en permanence

En conclusion

Cette démarche peut sembler lourde mais elle conditionne la durabilité des projets : il y a trop d’exemples d’opérations avortées, il ne faut plus reproduire cela.

C’est une approche qui nécessite une bonne coordination. Il faut impérativement un chef de projet motivé, l’implication forte de partenaires aux compétences complémentaires et un soutien politique sans faille.






Compost : l’étude des besoins et du marché


Pourquoi faire du compost de bonne qualité ?

Faire du compost à partir des déchets biodégradables permet de résoudre, au moins partiellement, les problèmes liés à leur gestion : pollution olfactive par rapport aux voisins, pollution de la nappe phréatique du fait des écoulements de la masse de matière en fermentation, incendies liés à la production de méthane par fermentation...

On peut aussi vouloir faire du compost parce que l’on veut vendre aux agriculteurs un amendement organique ou un engrais organique pour une production agricole améliorée.

Une chose est sûre : il ne faut pas se lancer dans la fabrication de compost sans s’assurer au préalable qu’un débouché stable existe pour celui-ci. En effet, l’équilibre financier des unités de compostage ne peut espérer être atteint que si le compost peut se vendre en quantité et à un coût suffisants.

Il faut également s’assurer d’avoir des matières organiques de qualité, disponibles toute l’année ou au moins pendant toute la période de production car la principale qualité d’un compost, en plus de sa composition et de sa teneur en éléments fertilisants, c’est son homogénéité.

Si on veut fidéliser une clientèle, il est tout à fait indispensable de maintenir une qualité des produits qui seront commercialisés. On peut donc s'inspirer des critères de la norme française NF U44-051, sans en avoir toutes les contraintes réglementaires d'analyses régulières qui renchérissent le prix du produit final. L'intérêt de la normalisation est la protection de l'acheteur du produit, mais aussi une bonne publicité pour le producteur qui indique, en respectant cette norme, qu’il s'engage sur la qualité des produits qu'il met en vente.


Pourquoi utilise-t-on du compost ?

On utilise du compost :
1/ parce que l’on n’a pas d’engrais minéral disponible ou qu'il est trop cher,
2/ parce que la matière organique du compost est gratuite (on le fabrique avec les résidus de ses propres cultures) et qu'on n'a pas d'animaux pour consommer les résidus organiques,
3/ parce que l’on a l’habitude d’utiliser du compost, du fumier ou les résidus de culture,
4/ parce que le lieu de fabrication du compost est proche et que le coût de transport est réduit,
5/ parce que l’on a accès à beaucoup de main d’œuvre peu chère et que l'application de grandes quantités de matières organiques ne pose pas de problèmes,
6/ parce que le sol cultivé est peu fertile ; ce sol a besoin d'une amélioration de la « capacité d'échange cationique » qui permettrait de tamponner le pH pour une meilleure nutrition des plantes en éléments minéraux.


Pourquoi n’utilise-t-on pas de compost ?

1/ le compost est de mauvaise qualité :
Il apporte ou propage des graines de mauvaises herbes et des maladies des plantes.
L’apport de matières organiques crée une faim d’azote pour les cultures, car le compost est très pauvre en azote et mal décomposé. Il n'y aura donc pas d'azote minéral pour la croissance de la culture, c'est ce que l'on appelle une faim d'azote.
2/ la production de compost se fait loin de la parcelle de l’utilisateur et le coût de transport est trop important par rapport à la quantité d’éléments fertilisants apportés. En effet, comme les composts sont peu riches en NPK, il faut transporter de grandes quantités pour remplacer les engrais minéraux. En plus de cela, les composts sont généralement humides, ce qui fait que l'on paye aussi le transport de l'eau.
Il est indispensable de connaître la quantité d'azote disponible dans la matière organique appliquée. C'est pour cela que la norme française pour les composts demande maintenant que soit indiqué le potentiel de minéralisation du carbone et de l'azote.
3/ l’utilisateur a peu de main-d’œuvre disponible pour appliquer le compost (cf. ci-dessus : les quantités à épandre sont importantes pour fertiliser une parcelle sans engrais minéral). On touche du doigt un des problèmes liés à l'utilisation du compost quand on est dans une agriculture non mécanisée. Ce qui est réalisable sur de petites surfaces, comme les jardins de cases par exemple, est beaucoup plus difficile à envisager quand on travaille en grandes cultures.
4/ les résidus de culture sont récupérés pour d’autres usages (i.e. protéger le sol de l’érosion, faire des clôtures ou faire du feu) ou bien sont donnés à manger aux animaux. Dans ces conditions, on peut envisager de composter les excréments des animaux qui ont déjà digéré une partie de la matière organique.
5/ il n’y a pas de tradition d’utilisation de la matière organique dans la zone, comme par exemple dans certaines zones d’élevage extensif.

Capacité des utilisateurs à acheter le compost

Si l’on doit commercialiser un compost, il faut vérifier le marché que l’on veut atteindre. En effet, si les principaux utilisateurs cultivent pour une auto consommation, ils auront beaucoup de mal à financer l’achat d’intrants extérieurs. De plus, s'ils ont peu d'argent, ils risquent de privilégier les engrais minéraux qui ont un effet immédiat. Par contre, si les utilisateurs vendent une grande partie de leur production, ils pourront financer l’achat d’intrants allogènes.
Mise à part la concurrence entre deux composts d’origine diverse, la seule concurrence qui peut exister est entre le compost et les engrais minéraux. Les engrais minéraux sont disponibles toute l’année, ils sont efficaces, car les éléments fertilisants sont tout de suite disponibles pour les cultures, et ils sont concentrés, ce qui permet de transporter de petites quantités pour fertiliser de grandes surfaces.
Il est à noter que les composts produits localement à partir de résidus locaux peuvent être carencés en un élément fertilisant si les résidus sont eux-mêmes carencés. Il est difficile de corriger une carence dans ces conditions sans organiser un transfert de fertilité par une concentration des résidus dans une zone particulière : exemple du fumier des vaches récupéré à l'étable ; alors que les vaches sont nourries sur une vaste zone de pâturages, ces fumiers sont ensuite utilisés dans les champs plus petits, beaucoup plus près de la ferme et la fertilité de ces champs résulte du fait que les éléments fertilisants contenus dans l’alimentation des animaux proviennent d’une zone plus vaste.

Le compost n'apporte pas seulement des éléments fertilisants. Il va améliorer progressivement le sol s'il est mis en quantité suffisante. Il est bien évident qu'apporter 1 tonne de compost par hectare ne représentera aucune amélioration des conditions du sol (on considère qu'il y a environ 2000 tonnes de sol cultivé par hectare). On peut envisager de l'appliquer de manière localisée, comme par exemple dans le trou de plantation pour des arbres dans un verger. Dans ces conditions, ce n'est pas l'effet fertilisant qui est recherché mais l'effet amélioration de la structure du sol. On peut même l'envisager comme étant un support de culture dans les cas où le sol est de très mauvaise qualité. Les cultures maraîchères sur des sols très organiques sont un des principaux cas de ces cultures « hors sol ».

Les gisements de déchets disponibles


Indispensable pour tout plan de gestion de déchets solides urbains, l’étude du gisement de déchets, les caractéristiques des déchets collectés et la composition de leur part biodégradable sont nécessaires pour évaluer le potentiel de production d’un compost de qualité.

Gisement de déchets solides

Les déchets urbains qui peuvent être compostés sont ceux qui sont biodégradables ; mais ils sont souvent en mélange avec d’autres déchets solides parfois recyclables mais aussi toxiques. On peut trouver des ordures ménagères, notamment la fraction fermentescible des OM (FFOM), les déchets des marchés (restes de fruits et légumes), les déchets verts (tontes et déchets d’élagage des arbres).
D’autres bio-déchets tels les boues de vidange ou les résidus d’élevage sont compostables à condition qu’ils soient prétraités.
Tous proviennent des ménages, des marchés et de la voirie municipale.

Il est nécessaire dans un premier temps de connaître leur localisation ; il faut donc quantifier le gisement potentiel par quartiers (ou secteurs sociaux d’habitat).

Une campagne de mesure est nécessaire pour être au plus près de la production (kg/j/ménage ou kg/j/habitant) ; aussi sectorisation de la ville est primordiale, comme celle réalisée à Nouakchott, Mauritanie (Alouéimine et al, 2006, voir figure ci-après).

 SHAPE \* MERGEFORMAT 

Schéma d’échantillonnage des OM


Caractérisation des déchets


La masse minimale d’échantillon à prélever par secteur, en vue de la caractérisation, peut être par exemple donnée par la relation du test de Student (voir annexe 1). Elle est obtenue après quartage d’une masse plus élevée, représentative du flux que l’on cherche à caractériser (Rea et al, 1997 ; Salant et al, 1994 ; Couty et al, 1997). Plus la masse des échantillons sera élevée, plus la précision sur la teneur en éléments peu présents sera bonne.

La caractérisation des échantillons comprend deux aspects, physique et chimique : le premier concerne le tri granulométrique et par catégories, le deuxième la composition chimique.
Tri physique

Il peut être réalisé sur déchets secs ou sur déchets bruts donc humides (cf normes françaises AFNOR).

*Tri par taille : le tri commence par les déchets hétéroclites habituellement non rencontrés. Ensuite, des cribles plans (table de tri) ou cylindriques (trommel) permettent de séparer 3 fractions : >100mm, 100-20 mm et 100mm, 1/8 de la fraction 20-100mm et pas du tout (sauf si on veut mieux la caractériser) la fraction